PREMIÈRE SECTION.
ESPÈCES DIVERSES DES PARALOGISMES.
CHAPITRE PREMIER.
But général de ce traité : différence du syllogisme et de la
réfutation sophistique. - Définition du sophiste et de la
sophistique.
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[165a] § 1. Περὶ δὲ τῶν σοφιστικῶν ἐλέγχων
καὶ τῶν φαινομένων μὲν ἐλέγχων, ὄντων δὲ παραλογισμῶν ἀλλ´ οὐκ
ἐλέγχων, λέγωμεν ἀρξάμενοι κατὰ φύσιν ἀπὸ τῶν πρώτων.
§ 2. Ὅτι μὲν οὖν οἱ
μὲν εἰσὶ συλλογισμοί, οἱ δ´ οὐκ ὄντες δοκοῦσι, φανερόν. Ὥσπερ γὰρ
καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων τοῦτο γίνεται διά τινος ὁμοιότητος, καὶ ἐπὶ τῶν
λόγων ὡσαύτως ἔχει. Καὶ γὰρ τὴν ἕξιν οἱ μὲν ἔχουσιν εὖ, οἱ δὲ
φαίνονται, φυλετικῶς φυσήσαντες καὶ ἐπισκευάσαντες αὑτούς, καὶ καλοὶ
οἱ μὲν διὰ κάλλος, οἱ δὲ φαίνονται, κομμώσαντες αὑτούς. Ἐπί τε τῶν
ἀψύχων ὡσαύτως· καὶ γὰρ τούτων τὰ μὲν ἄργυρος τὰ δὲ χρυσός ἐστιν
ἀληθῶς, τὰ δ´ ἔστι μὲν οὔ, φαίνεται δὲ κατὰ τὴν αἴσθησιν, οἷον τὰ
μὲν λιθαργύρινα καὶ τὰ καττιτέρινα ἀργυρᾶ, τὰ δὲ χολοβάφινα χρυσᾶ. Τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον καὶ συλλογισμὸς καὶ ἔλεγχος ὁ μὲν ἔστιν, ὁ δ´
οὐκ ἔστι μέν, φαίνεται δὲ διὰ τὴν ἀπειρίαν· οἱ γὰρ ἄπειροι ὥσπερ ἂν
ἀπέχοντες πόρρωθεν θεωροῦσιν.
§ 3. Ὁ μὲν [165b] γὰρ συλλογισμὸς ἐκ τινῶν
ἐστι τεθέντων ὥστε λέγειν ἕτερον ἐξ ἀνάγκης τι τῶν κειμένων διὰ τῶν
κειμένων,
§ 4. ἔλεγχος δὲ συλλογισμὸς μετ´ ἀντιφάσεως τοῦ συμπεράσματος.
§ 5. Οἱ δὲ τοῦτο ποιοῦσι μὲν οὔ, δοκοῦσι δὲ διὰ πολλὰς αἰτίας· ὧν εἷς
τόπος εὐφυέστατός ἐστι καὶ δημοσιώτατος, ὁ διὰ τῶν ὀνομάτων. Ἐπεὶ
γὰρ οὐκ ἔστιν αὐτὰ τὰ πράγματα διαλέγεσθαι φέροντας, ἀλλὰ τοῖς
ὀνόμασιν ἀντὶ τῶν πραγμάτων χρώμεθα ὡς συμβόλοις, τὸ συμβαῖνον ἐπὶ
τῶν ὀνομάτων καὶ ἐπὶ τῶν πραγμάτων ἡγούμεθα συμβαίνειν, καθάπερ ἐπὶ
τῶν ψήφων τοῖς λογιζομένοις. Τὸ δ´ οὐκ ἔστιν ὅμοιον· τὰ μὲν γὰρ
ὀνόματα πεπέρανται καὶ τὸ τῶν λόγων πλῆθος, τὰ δὲ πράγματα τὸν
ἀριθμὸν ἄπειρά ἐστιν. Ἀναγκαῖον οὖν πλείω τὸν αὐτὸν λόγον καὶ
τοὔνομα τὸ ἓν σημαίνειν. Ὥσπερ οὖν κἀκεῖ οἱ μὴ δεινοὶ τὰς ψήφους
φέρειν ὑπὸ τῶν ἐπιστημόνων παρακρούονται, τὸν αὐτὸν τρόπον καὶ ἐπὶ
τῶν λόγων οἱ τῶν ὀνομάτων τῆς δυνάμεως ἄπειροι παραλογίζονται καὶ
αὐτοὶ διαλεγόμενοι καὶ ἄλλων ἀκούοντες. Διὰ μὲν οὖν ταύτην τὴν
αἰτίαν καὶ τὰς λεχθησομένας ἔστι καὶ συλλογισμὸς καὶ ἔλεγχος
φαινόμενος οὐκ ὢν δέ.
§ 6. Ἐπεὶ δ´ ἐστί τισι μᾶλλον πρὸ ἔργου τὸ δοκεῖν
εἶναι σοφοῖς ἢ τὸ εἶναι καὶ μὴ δοκεῖν (ἔστι γὰρ ἡ σοφιστικὴ
φαινομένη σοφία οὖσα δ´ οὔ, καὶ ὁ σοφιστὴς χρηματιστὴς ἀπὸ
φαινομένης σοφίας ἀλλ´ οὐκ οὔσης), δῆλον ὅτι ἀναγκαῖον τούτοις καὶ
τοῦ σοφοῦ ἔργον δοκεῖν ποιεῖν, μᾶλλον ἢ ποιεῖν καὶ μὴ δοκεῖν. Ἔστι
δ´ ὡς ἓν πρὸς ἓν εἰπεῖν ἔργον περὶ ἕκαστον τοῦ εἰδότος ἀψευδεῖν μὲν
αὐτὸν περὶ ὧν οἶδε, τὸν δὲ ψευδόμενον ἐμφανίζειν δύνασθαι. Ταῦτα δ´
ἐστὶ τὸ μὲν ἐν τῷ δύνασθαι δοῦναι λόγον, τὸ δ´ ἐν τῷ λαβεῖν. Ἀνάγκη
οὖν τοὺς βουλομένους σοφιστεύειν τὸ τῶν εἰρημένων λόγων γένος
ζητεῖν· πρὸ ἔργου γάρ ἐστιν· ἡ γὰρ τοιαύτη δύναμις ποιήσει φαίνεσθαι
σοφόν, οὗ τυγχάνουσι τὴν προαίρεσιν ἔχοντες.
§ 7. Ὅτι μὲν οὖν ἔστι τι τοιοῦτον
λόγων γένος, καὶ ὅτι τοιαύτης ἐφίενται δυνάμεως οὓς καλοῦμεν
σοφιστάς, δῆλον
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1. § 1. Mais parlons des réfutations
sophistiques, c'est-à-dire des réfutations qui paraissent en être de
véritables, mais qui n'en sont pas réellement et ne sont que des
paralogismes. Nous commencerons naturellement par les principes.
§ 2. Il est évident que, parmi les
syllogismes, les uns en sont de véritables, et que les autres le
paraissent sans en être. Comme pour tant d'autres choses, cette
confusion se produit ici par une certaine ressemblance que peuvent
présenter aussi les discours. Ainsi, parmi le hommes, les uns ont
bien réellement la santé, les autre n'en ont que l'apparence, se
gonflant eux-mêmes et se parant, comme on gonfle et comme on pare
les victimes offertes par les tribus. Les uns sont beaux par leur
propre beauté, les autres ne font que le paraître parce qu'ils se
sont bien ornés eux-mêmes. On pourrait appliquer cette observation
même aux choses inanimées ainsi, celles-ci sont véritablement de
l'argent, celles-là de l'or, d'autres ne le sont pas réellement et
le paraissent à nos sens qu'elles trompent : par exemple, le plomb
et la litharge paraissent de l'argent, et les choses dorées
paraissent de l'or. De même pour le syllogisme et la réfutation :
l'une est réellement syllogisme, l'autre ne l'est pas, mais elle
paraît l'être à des yeux inexpérimentés; car les gens sans
expérience ne voient les choses que comme s'ils les regardaient à
une grande distance.
§ 3. Le [165b] syllogisme est
un raisonnement où, certaines données étant posées, on tire de ces
données quelque conclusion, qui en sort nécessairement, et qui est
différente de ces données.
§ 4. La réfutation, au contraire, est
un syllogisme avec contradiction de la conclusion. § 5. Les
sophistes ne le font pas réellement, mais ils paraissent le faire à
plus d'un titre : et le lieu le plus naturel et le plus commun de
tous ceux par lesquels on produit cette apparence est celui qui ne
tient qu'aux mots. En effet, comme on ne peut discuter en apportant
les choses mêmes, et qu'il faut se servir des mots comme
représentation, au lieu des choses qu'ils remplacent, nous croyons
que ce qui arrive aux mots arrive également aux choses, comme on
conclut des cailloux au compte que l'on veut faire. Or ici, la
ressemblance n'est pas tout à fait complète; car les mots sont
limités ainsi que le nombre des définitions, mais les choses sont
innombrables. Il est donc nécessaire qu'une même définition et qu'un
seul nom signifient plusieurs choses. De même donc que ceux qui ne
savent pas bien se servir des cailloux sont dupés par ceux qui le
savent, de même, pour les discours: ceux qui ne connaissent pas la
puissance des mots font de faux raisonnements, soit en discutant
eux-mêmes, soit en écoutant les autres. Cette cause donc, et celles
qui seront dites plus tard, font qu'il y a le syllogisme apparent et
la réfutation qui paraît en être une, mais qui, cependant, n'est pas
véritablement une réfutation.
§ 6. Comme il y a certaines gens qui
s'occupent plus de paraître sages que de l'être réellement sans le
paraître; car la sophistique n'est pas autre chose qu'une sagesse
apparente et qui n'est point réelle, et le sophiste ne cherche qu'à
tirer un lucre d'une sagesse apparente qui n'a rien de vrai, il est
clair que ces gens-là cherchent plutôt à sembler faire œuvre de
sagesse qu'à le faire réellement sans le paraître. Du reste, et pour
comparer les choses une à une, c'est l'œuvre en chaque chose de
celui qui sait, d'abord de ne pas se tromper lui-même dans ce qu'il
sait, et ensuite de pouvoir démasquer celui qui trompe; et ces deux
mérites consistent, l'un à pouvoir donner la raison des choses, et
l'autre à l'apprécier quand un autre la donne. Il y a donc nécessité
que ceux qui veulent jouer le rôle de sophistes cherchent des
discours du genre que nous venons de dire; car c'est là ce qu'il
leur faut, puisque c'est ce talent qui les fera paraître sages, et
c'est précisément là ce qu'ils désirent et se proposent.
§ 7. Qu'il y ait un tel genre de
discours, et que ceux que nous appelons sophistes recherchent ce
talent, c'est ce qui est évident. |
La rédaction de ce dernier traité
l'Organon, me semble de beaucoup inférieure à celle de tous les
précédents. Les répétitions y sont très fréquentes; le style en est
fort obscur; des ellipses peu justifiables rendent souvent la pensée
énigmatique; le sujet ne s'y développe pas avec clarté, bien qu'il
suive très régulièrement un plan tracé à l'avance dont il ne
s'écarte pas. En un mot, si la pensée est, sans aucun doute,
d'Aristote, la forme me paraîtrait ne lui point appartenir, du moins
tout entière. Ou il n'aura pu mettre la dernière main à cet ouvrage,
et il l'aura laissé imparfait: ou nous avons ici l'œuvre d'une main
étrangère, celle d'un disciple, par exempte, rédigeant fidèlement
les leçons du maître dans l'ensemble et dans les détails, mais
substituant un style un peu inexpérimenté au style magistral du
philosophe. Je ne saurais prononcer entre ces deux hypothèses; mais
je ne pense pas qu'on puisse, après une lecture attentive, ne pas
reconnaître la différence qu'offre ce dernier ouvrage comparé à tous
les autres. Je m'étonne qu'aucun commentateur n'ait fait cette
remarque avant moi ; mais, si elle est nouvelle, je crois pouvoir
affirmer qu'elle n'en est pas moins juste.
Le commentaire sur les Réfutations des Sophistes, attribué à
Alexandre, n'est évidemment pas de lui, puisque, dès tes premières
pages on y cite Athénée et Proclus voir l'édition de Berlin, page
206,a, 6.
§ 1. Mais..., cette conjonction
semble indiquer que ce livre ne devrait pas être séparé de ceux qui
le précèdent.
§ 2. Offertes par les tribus.
Dans les sacrifices, les tribus d'Athènes rivalisaient entre elles à
qui présenterait les plus belles victimes et l'on employait toute
espèce d'artifices pour les parer et les grossir.
§ 3. On tire... quelque conclusion,
L'édition de Berlin a dans le texte : on dit.., et donne en variante
la leçon ordinaire que j'ai conservée , et qui ne semble meilleure.
Cette définition du syllogisme est d'ailleurs identique a celle qui
est reflétée dans les Topiques, liv, 1, ch. 1, § 3 et dans
les Première Analytiques, liv. 1, ch. 1, § 8.
§ 4 Avec contradiction de la
conclusion, Contredisant la conclusion donnée antérieurement sur
le même sujet par l'adversaire. Il faut rapprocher cette
définition de cette des Premiers Analytiques, liv. 2, ch. 1,
§ 2.
§ 5.. On conclut des cailloux,
on se «ervait jadis pour compter de cailloux, comme on se sert
encore dans .nos campagnes de moyens tout aussi grossiers.
— Dupés... de même pour le
discours, voir l'Euthydême de Platon.
— Qui seront dites plus tard
voir spécialement les ch. 4 et 5 plus loin, et l'on peut ajouter
d'une manière générale, tout le Traité des Réfutations
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CHAPITRE II.
Espèces diverses des argumentations au nombre de quatre. |
1. Πόσα δ´ ἔστιν εἴδη τῶν λόγων τῶν
σοφιστικῶν, καὶ ἐκ πόσων τὸν ἀριθμὸν ἡ δύναμις αὕτη συνέστηκε, καὶ
πόσα μέρη τυγχάνει τῆς πραγματείας ὄντα, καὶ περὶ τῶν ἄλλων τῶν
συντελούντων εἰς τὴν τέχνην ταύτην ἤδη λέγωμεν.
§ 2.
Ἔστι δὴ τῶν ἐν τῷ διαλέγεσθαι λόγων τέτταρα γένη, διδασκαλικοὶ καὶ
διαλεκτικοὶ καὶ πειραστικοὶ καὶ ἐριστικοί· [166a] διδασκαλικοὶ μὲν
οἱ ἐκ τῶν οἰκείων ἀρχῶν ἑκάστου μαθήματος καὶ οὐκ ἐκ τῶν τοῦ
ἀποκρινομένου δοξῶν συλλογιζόμενοι (δεῖ γὰρ πιστεύειν τὸν
μανθάνοντα), διαλεκτικοὶ δ´ οἱ ἐκ τῶν ἐνδόξων συλλογιστικοὶ
ἀντιφάσεως, πειραστικοὶ δ´ οἱ ἐκ τῶν δοκούντων τῷ ἀποκρινομένῳ καὶ
ἀναγκαίων εἰδέναι τῷ προσποιουμένῳ ἔχειν τὴν ἐπιστήμην (ὃν τρόπον
δέ, διώρισται ἐν ἑτέροις), ἐριστικοὶ δ´ οἱ ἐκ τῶν φαινομένων
ἐνδόξων, μὴ ὄντων δέ, συλλογιστικοὶ ἢ φαινόμενοι συλλογιστικοί. § 3.
Περὶ
μὲν οὖν τῶν ἀποδεικτικῶν ἐν τοῖς Ἀναλυτικοῖς εἴρηται, περὶ δὲ τῶν
διαλεκτικῶν καὶ πειραστικῶν ἐν ἄλλοις· περὶ δὲ τῶν ἀγωνιστικῶν καὶ
ἐριστικῶν νῦν λέγωμεν. |
§ 1. Combien il y a d'espèces
d'argumentations sophistiques, quel est le nombre de celles par
lesquelles on peut former ce talent, et combien il y a de parties
dans cette étude, c'est ce que nous allons dire, en y ajoutant tout
ce qui peut en outre compléter cet art.
§ 2. Il y a quatre genres de
raisonnements possibles dans la discussion : l'instructif, le
dialectique, l'exercitif et le contentieux. [166a]
L'instructif part des principes propres de chaque science, et non
pas des opinions particulières de celui qui répond; car il faut que
le disciple croie à ce qu'on lui dit. Le dialectique est celui qui
conclut syllogistiquement la contradiction, en partant de principes
probables. L'exercitif part de principes posés par celui qui répond,
et que doit nécessairement connaître celui qui se donne pour
posséder la science : quelle est ici la méthode à suivre, c'est ce
qu'on a dit ailleurs. Enfin le raisonnement contentieux procède de
principes qui paraissent probables et qui ne le sont pas: il est
syllogistique ou paraît l'être. § 3. On a déjà parlé dans les
Analytiques du genre instructif et démonstratif, et ailleurs, du
dialectique et de I'exercitif : il faut parler ici des arguments de
contention et de dispute.
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§ 2. L'instructif... l'exercitif,
J'ai dû prendre ces mots quoique peu convenables, pour éviter de
longues périphrases. Les développements qui suivent en font
d'ailleurs bien comprendre le sens.
- Ailleurs, Topiques, liv. I,
ch. 3 et surtout liv. 8, ch. 4, et suivants.
§ 3. Dans les Analytiques, Les
Derniers.
- Du genre instructif et
démonstratif, L'édition de Berlin dit seulement démonstratif. -
Et ailleurs, dans les
Topiques. On voit qu'ici l'ordre de l'Organon est l'ordre
habituellement adopté, ce qui réfute l'opinion de ceux qui voulaient
placer les Topiques et le Réfutations des Sophistes
avant les Derniers Analytiques, comme l'on fait plusieurs
éditeurs.
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CHAPITRE III.
Buts divers qu'on peut se proposer
dans l'argumentation éristique.
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§ 1.
Πρῶτον δὴ ληπτέον πόσων στοχάζονται οἱ ἐν τοῖς λόγοις ἀγωνιζόμενοι
καὶ διαφιλονεικοῦντες. § 2. Ἔστι δὲ πέντε ταῦτα τὸν ἀριθμόν, ἔλεγχος καὶ
ψεῦδος καὶ παράδοξον καὶ σολοικισμὸς καὶ πέμπτον τὸ ποιῆσαι
ἀδολεσχῆσαι τὸν προσδιαλεγόμενον (τοῦτο δ´ ἐστὶ τὸ πολλάκις
ἀναγκάζεσθαι ταὐτὸ λέγειν), ἢ τὸ μὴ ὂν ἀλλὰ [τὸ] φαινόμενον ἕκαστον
εἶναι τούτων. § 3. Μάλιστα μὲν γὰρ προαιροῦνται φαίνεσθαι ἐλέγχοντες,
δεύτερον δὲ ψευδόμενόν τι δεικνύναι, τρίτον εἰς παράδοξον ἄγειν,
τέταρτον δὲ σολοικίζειν ποιεῖν (τοῦτο δ´ ἐστὶ τὸ ποιῆσαι τῇ λέξει
βαρβαρίζειν ἐκ τοῦ λόγου τὸν ἀποκρινόμενον)· τελευταῖον δὲ τὸ
πλεονάκις ταὐτὸ λέγειν.
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§ 1. II faut se rendre compte,
d'abord, de ce que se proposent ceux qui aiment ainsi à lutter de
paroles dans des discussions. § 2. II y a cinq choses qu'ils peuvent
avoir en vue : la réfutation, l'erreur, le paradoxe, le solécisme,
et, en cinquième lieu, de faire bavarder celui qui discute avec eux
: j'entends par bavarder, lui faire répéter vainement plusieurs fois
la même chose. D'ailleurs, ils peuvent poursuivre ce qui n'est pas,
mais paraît être pour chacune de ces choses. § 3. De ces cinq
objets, celui qu'ils préfèrent, c'est de paraître réfuter leur
antagoniste ; en second lieu, c'est de montrer qu'ils fait quelque
erreur; troisièmement, de le pousser au paradoxe; quatrièmement, de
le forcer à commettre un solécisme, c'est-à-dire de contraindre par
leur raisonnement celui qui répond, à parler comme un véritable
barbare; enfin, en cinquième lieu, de lui faire redire plusieurs
fois les mêmes choses. |
§ 3. Ceux qui savent apprennent,
l'équivoque porte sur le mot : apprennent, qui signifie à la fois,
apprendre pour soi , s'instruire; et apprendre aux autres,
enseigner. L'équivoque est la même en français qu'en grec. Voir dans
l'Euthydème de Platon en sophisme à peu près semblable, p. 371 et
suiv., trad. de M. Cousin.
- Ce qui doit être, l'équivoque
roule sur ces mots:
- Est assis et debout, qu'il
est malade et bien portant, l'homonymie consiste Ici en ce que le
participe assis, comme l'adjectif malade peuvent être également pris
soit au présent soit au passé. Ceci est expliqué plus bas : se
portait bien... ne se porte pas bien, par la diversité même des
temps. |
CHAPITRE IV.
Deux espèces principales de
réfutations : 1° l'une purement verbale; 2° l'autre relative aux
choses.
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§ 1.
Τρόποι δ´ εἰσὶ τοῦ μὲν ἐλέγχειν δύο· οἱ μὲν γάρ εἰσι παρὰ τὴν λέξιν,
οἱ δ´ ἔξω τῆς λέξεως. § 2. Ἔστι δὲ τὰ μὲν παρὰ τὴν λέξιν ἐμποιοῦντα τὴν
φαντασίαν ἓξ τὸν ἀριθμόν· ταῦτα δ´ ἐστὶν ὁμωνυμία, ἀμφιβολία,
σύνθεσις, διαίρεσις, προσῳδία, σχῆμα λέξεως. Τούτου δὲ πίστις ἥ τε
διὰ τῆς ἐπαγωγῆς καὶ συλλογισμός, ἄν τε ληφθῇ τις ἄλλος καὶ ὅτι
τοσαυταχῶς ἂν τοῖς αὐτοῖς ὀνόμασι καὶ λόγοις μὴ ταὐτὸ δηλώσαιμεν.
§ 3. Εἰσὶ δὲ παρὰ μὲν τὴν ὁμωνυμίαν οἱ τοιοίδε τῶν λόγων, οἷον ὅτι
μανθάνουσιν οἱ ἐπιστάμενοι, τὰ γὰρ ἀποστοματιζόμενα μανθάνουσιν οἱ
γραμματικοί· τὸ γὰρ μανθάνειν ὁμώνυμον, τό τε ξυνιέναι χρώμενον τῇ
ἐπιστήμῃ καὶ τὸ λαμβάνειν ἐπιστήμην. Καὶ πάλιν ὅτι τὰ κακὰ ἀγαθά· τὰ
γὰρ δέοντα ἀγαθά, τὰ δὲ κακὰ δέοντα· διττὸν γὰρ τὸ δέον, τό τ´
ἀναγκαῖον, ὃ συμβαίνει πολλάκις καὶ ἐπὶ τῶν κακῶν (ἔστι γὰρ κακόν τι
ἀναγκαῖον)—καὶ τἀγαθὰ δὲ δέοντά φαμεν εἶναι. Ἔτι 〈τὸ〉 τὸν αὐτὸν
καθῆσθαι καὶ ἑστάναι, καὶ κάμνειν καὶ ὑγιαίνειν. Ὅσπερ γὰρ ἀνίστατο,
ἕστηκεν, καὶ ὅσπερ [166b] ὑγιάζετο, ὑγιαίνει· ἀνίστατο δ´ ὁ
καθήμενος καὶ ὑγιάζετο ὁ κάμνων. Τὸ γὰρ τὸν κάμνοντα ὁτιοῦν ποιεῖν ἢ
πάσχειν οὐχ ἓν σημαίνει, ἀλλ´ ὁτὲ μὲν ὅτι ὁ νῦν κάμνων [ἢ
καθήμενος], ὁτὲ δ´ ὃς ἔκαμνε πρότερον. Πλὴν ὑγιάζετο μὲν καὶ κάμνων
καὶ ὁ κάμνων· ὑγιαίνει δ´ οὐ κάμνων ἀλλ´ ὁ κάμνων, οὐ νῦν, ἀλλ´ ὁ
πρότερον.
§ 4. Παρὰ δὲ τὴν ἀμφιβολίαν οἱ τοιοίδε· τὸ βούλεσθαι λαβεῖν με
τοὺς πολεμίους. Καὶ "ἆρ´ ὅ τις γινώσκει, τοῦτο γινώσκει;" καὶ γὰρ
τὸν γινώσκοντα καὶ τὸ γινωσκόμενον ἐνδέχεται ὡς γινώσκοντα σημῆναι
τούτῳ τῷ λόγῳ. Καὶ "ἆρα ὃ ὁρᾷ τις, τοῦτο ὁρᾷ; ὁρᾷ δὲ τὸν κίονα, ὥστε
ὁρᾷ ὁ κίων". Καὶ "ἆρα ὃ σὺ φῂς εἶναι, τοῦτο σὺ φῂς εἶναι; φῂς δὲ
λίθον εἶναι· σὺ ἄρα φῂς λίθος εἶναι". Καὶ "ἆρ´ ἔστι σιγῶντα λέγειν;"
διττὸν γὰρ καὶ τὸ σιγῶντα λέγειν, τό τε τὸν λέγοντα σιγᾶν καὶ τὸ τὰ
λεγόμενα.
§ 5. Εἰσὶ δὲ τρεῖς τρόποι τῶν παρὰ τὴν ὁμωνυμίαν καὶ τὴν
ἀμφιβολίαν· εἷς μὲν ὅταν ἢ ὁ λόγος ἢ τοὔνομα κυρίως σημαίνῃ πλείω,
οἷον ἀετὸς καὶ κύων· εἷς δὲ ὅταν εἰωθότες ὦμεν οὕτω λέγειν· τρίτος
δὲ ὅταν τὸ συντεθὲν πλείω σημαίνῃ, κεχωρισμένον δὲ ἁπλῶς. Οἷον τὸ
"ἐπίσταται γράμματα"· ἑκάτερον μὲν γάρ, εἰ ἔτυχεν, ἕν τι σημαίνει,
τὸ "ἐπίσταται" καὶ τὸ "γράμματα"· ἄμφω δὲ πλείω, ἢ τὸ τὰ γράμματα
αὐτὰ ἐπιστήμην ἔχειν ἢ τῶν γραμμάτων ἄλλον.
Ἡ μὲν οὖν ἀμφιβολία καὶ ὁμωνυμία παρὰ τούτους τοὺς τρόπους ἐστίν.
§ 6. Παρὰ δὲ τὴν σύνθεσιν τὰ τοιάδε, οἷον τὸ δύνασθαι καθήμενον βαδίζειν
καὶ μὴ γράφοντα γράφειν (οὐ γὰρ ταὐτὸ σημαίνει ἂν διελών τις εἴπῃ
καὶ συνθεὶς ὡς δυνατὸν τὸ "καθήμενον βαδίζειν" [καὶ "μὴ γράφοντα
γράφειν"]· καὶ τοῦθ´ ὡσαύτως, ἄν τις συνθῇ τὸ "μὴ γράφοντα γράφειν"·
σημαίνει γὰρ ὡς ἔχει δύναμιν τοῦ μὴ γράφων γράφειν· ἐὰν δὲ μὴ συνθῇ,
ὅτι ἔχει δύναμιν, ὅτε οὐ γράφει, τοῦ γράφειν), καὶ "μανθάνει νῦν
γράμματα, εἴπερ μανθάνει ἃ ἐπίσταται". Ἔτι τὸ ἓν μόνον δυνάμενον
φέρειν πολλὰ δύνασθαι φέρειν.
§ 7.
Παρὰ δὲ τὴν διαίρεσιν ὅτι τὰ πέντ´ ἐστὶ δύο καὶ τρία, καὶ περιττὰ
καὶ ἄρτια, καὶ τὸ μεῖζον ἴσον· τοσοῦτον γὰρ καὶ ἔτι πρός. Ὁ γὰρ
αὐτὸς λόγος διῃρημένος καὶ συγκείμενος οὐκ ἀεὶ ταὐτὸ σημαίνειν ἂν
δόξειεν, οἷον "ἐγώ ς´ ἔθηκα δοῦλον ὄντ´ ἐλεύθερον" καὶ τὸ
"πεντήκοντ´ ἀνδρῶν ἑκατὸν λίπε δῖος Ἀχιλλεύς".
[167a] § 8. Παρὰ δὲ τὴν προσῳδίαν ἐν μὲν τοῖς ἄνευ γραφῆς διαλεκτικοῖς
οὐ ῥᾴδιον ποιῆσαι λόγον, ἐν δὲ τοῖς γεγραμμένοις καὶ ποιήμασι
μᾶλλον. Οἷον καὶ τὸν Ὅμηρον ἔνιοι διορθοῦνται πρὸς τοὺς ἐλέγχοντας
ὡς ἄτοπον εἰρηκότα "τὸ μὲν οὐ καταπύθεται ὄμβρῳ"· λύουσι γὰρ αὐτὸ τῇ
προσῳδίᾳ, λέγοντες τὸ "ου" ὀξύτερον. Καὶ τὸ περὶ τὸ ἐνύπνιον τοῦ
Ἀγαμέμνονος, ὅτι οὐκ αὐτὸς ὁ Ζεὺς εἶπεν "δίδομεν δέ οἱ εὖχος
ἀρέσθαι", ἀλλὰ τῷ ἐνυπνίῳ ἐνετέλλετο διδόναι. Τὰ μὲν οὖν τοιαῦτα
παρὰ τὴν προσῳδίαν ἐστίν.
§ 9.
Οἱ δὲ παρὰ τὸ σχῆμα τῆς λέξεως συμβαίνουσιν ὅταν τὸ μὴ ταὐτὸ ὡσαύτως
ἑρμηνεύηται, οἷον τὸ ἄρρεν θῆλυ ἢ τὸ θῆλυ ἄρρεν ἢ τὸ μεταξὺ θάτερον
τούτων, ἢ πάλιν τὸ ποιὸν ποσὸν ἢ τὸ ποσὸν ποιόν, ἢ τὸ ποιοῦν πάσχον
ἢ τὸ διακείμενον ποιοῦν, καὶ τἆλλα δ´ ὡς διῄρηται πρότερον· ἔστι γὰρ
τὸ μὴ τῶν ποιεῖν ὂν ὡς τῶν ποιεῖν τι τῇ λέξει σημαίνειν. Οἷον τὸ
ὑγιαίνειν ὁμοίως τῷ σχήματι τῆς λέξεως λέγεται τῷ τέμνειν ἢ
οἰκοδομεῖν· καίτοι τὸ μὲν ποιόν τι καὶ διακείμενόν πως δηλοῖ, τὸ δὲ
ποιεῖν τι. Τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων.
§ 10. Οἱ μὲν οὖν παρὰ τὴν λέξιν
ἔλεγχοι ἐκ τούτων τῶν τόπων εἰσίν. |
§ 1. Il y a deux manières de réfuter :
l'une s'adresse au mot, l'autre est en dehors du mot. § 2. Les
causes qui font illusion relativement aux mots, sont au nombre de
six : c'est l'homonymie, l'amphibologie, la combinaison, la
division, la prosodie et la forme même du mot. On peut démontrer par
la méthode d'induction et par le syllogisme, ou telle autre méthode,
que l'on peut exprimer une chose qui n'est pas la même, d'autant de
façons qu'on vient de dire, par les mêmes mots et les mêmes paroles.
§ 3. Pour l'homonymie, il y a des
raisonnements du genre de celui-ci : Ceux qui savent, apprennent;
car les grammairiens apprennent les choses qu'ils font réciter de
mémoire. C'est qu'apprendre est un homonyme, et signifie également
faire comprendre en se servant de la science et acquérir la science.
On prouve encore que les maux sont des biens; car ce qui doit être
est un bien, et les maux doivent être. C'est que, devoir être a un
double sens, et signifie, d'une part, le nécessaire, ce qui se
présente souvent même pour les maux; car il y a tel mal qui est
nécessaire; et, d'autre part, nous disons que les biens sont aussi
ce qui doit être. Autre homonymie : on prouve que le même individu
est assis et debout, qu'il est malade et bien portant; car celui qui
s'est levé, est debout, et celui qui s'est guéri est bien portant.
Or, c'était un individu assis qui se levait, un malade [166b]
qui se guérissait; car cette expression, que le malade fait ou
souffre une chose quelconque, n'a pas une signification unique, mais
tantôt elle veut dire que, telle personne est assise ou malade
maintenant, et tantôt il s'agit d'une personne qui l'était
auparavant. Oui, sans doute, le malade se portait bien même en étant
malade, mais il ne se porte pas bien étant malade; c'est le malade
qui se porte bien, mais ce n'est pas le malade qui l'est maintenant,
c'est celui qui l'était auparavant.
§ 4. Quant à l'amphibologie, en voici
un exemple: Vous voulez ma prise des ennemis: Quelqu'un qui connait
connaît-il cela? Car on peut entendre par cette expression, et
désigner ainsi comme connaissant, et celui qui connaît, et la chose
qui est connue? Est-ce que ce que celui-ci voit, voit cela? Il voit
la colonne, de sorte que c'est la colonne qui voit. Et encore, ce
que tu dis être est-ce que tu le dis être? Et tu dis que c'est une
pierre, tu dis donc que tu es une pierre? Enfin, est-ce que celui
qui se tait parle? Car cette expression, celui qui qui se tait
parle, a deux sens; d'abord, que celui qui parle se tait, et que ce
sont les choses mêmes qui se taisent.
§ 5. II y a trois espèces dans
l'homonymie et dans l'amphibologie; l'une, quand l'expression ou le
mot a proprement plusieurs sens, comme aigle, chien; l'autre qui
procède de l'usage où nous sommes d'employer ces mots; la troisième,
enfin, quand le mot en combinaison a plusieurs sens, mais qu'il n'en
a qu'un absolument quand il est isolé. Par exemple, savoir les
lettres; car chacun de ces mots pris à part ne signifient qu'une
seule chose: savoir, et les lettres ; mais tous deux réunis ont
plusieurs sens; d'abord, que ce sont les lettres elles-mêmes qui ont
la science, ou que c'est un autre qui a la science des lettres.
L'homonymie et l'amphibologie ont donc
ces diverses espèces.
§ 6. Voici celles de la combinaison :
par exemple, que celui qui est assis peut marcher, et que celui qui
n'écrit pas peut écrire; car le sens n'est pas le même, si l'on
prétend ainsi, en séparant les idées, ou en les réunissant, qu'il
est possible que l'individu assis, marche, et que celui qui n'écrit
pas, écrive. Et de même, si l'on réunit ces deux idées que celui qui
n'écrit pas écrit; car cela signifie alors que celui qui n'écrit pas
écrit; et si l'on ne réunit pas les idées, cela veut dire qu'il a la
faculté d'écrire même lorsqu'il n'écrit pas. Et il apprend
maintenant la grammaire, puisqu'il apprenait ce qu'il sait. Et de
même encore que celui qui ne peut porter qu'une seule chose peut
cependant en porter plusieurs.
§ 7. Pour la division, c'est, par
exemple, que cinq sont deux et trois, et qu'ainsi ils sont pairs et
impairs: et que le plus grand est égal; car il est d'abord autant,
et, en outre, il a du plus. En effet, la même expression combinée ou
divisée ne signifie plus la même chose. Ainsi : Je t'ai fait libre
d'esclave, et le divin Achille laissa cinquante hommes de cent.
[167a] § 8. Dans la prosodie,
il n'est pas facile de se tromper quand on ne fait que discuter en
paroles sans écrire, mais c'est bien plutôt dans les choses écrites
et dans les poésies. Par exemple, il y a des gens qui défendent
Homère contre ceux qui lui font un crime d'avoir dit: II n'est pas
atteint par sa pluie. On défend cette expression par une règle de
prosodie, en disant que le mot en discussion doit être marqué d'un
accent aigu: et dans le songe d'Agamemnon, que ce n'est pas Jupiter
lui-même qui dit : Nous lui accordons d'obtenir sa prière, mais
qu'il ordonne au songe de la lui accorder. Voilà donc des
observations relatives à la prosodie.
§ 9. Quant aux arguments tirés de la
forme du mot, ils ont lieu quand ce qui n'est pas la même chose est
exprimé de la même façon : par exemple, le masculin pris au féminin,
ou le féminin au masculin : ou bien lorsque le neutre est pris pour
l'un ou pour l'autre: ou bien la qualité pour la quantité; ou à
l'inverse, la quantité pour la qualité, ou l'action pour la
souffrance, ou l'action pour la disposition. Et ainsi du reste,
contre les divisions faites précédemment; car il est possible
d'exprimer par le mot , comme étant de la catégorie de l'action, ce
qui n'est pas de la catégorie de l'action : ainsi, se bien porter,
est, pour la simple forme du mot, tout à fait la même chose que
couper et construire; et, cependant, l'un exprime que l'on a
certaine qualité, certaine disposition, et l'autre, que l'on fait
certaine chose. Et de même pour tout le reste.
§ 10. Les arguments tirés des mots
sont donc de ces différentes espèces. |
§ 4. Vous voulez ma prise des
ennemis, J'ai cherché à rendre par cette phrase fort peu
correcte, l'amphibologie de la phrase grecque qui signifie à la fois
: vous voulez que je prenne les ennemis : et vous voulez que les
ennemis me prennent. Notre langue, privée de cas, ne peut faire
comprendre ces amphibologies qui ne reposent que sur la confusion de
deux régimes. II faut absolument, pour comprendre les exemples qui
suivent, avoir le texte grec sous les yeux. La traduction française
toute fidèle qu'elle est ne peut présenter que des obscurités
inintelligibles. Notre langue est trop claire pour se prêter à ces
équivoques si faciles en grec et en latin.
- Tu es une pierre, Voir l'Euthydéme
de Platon, p. 117, trad. de M. Cousin.
- Celui qui se tait parle, La
phrase grecque peut signifier aussi : Dire des choses qui se
taisent. Voir l'Euthydéme, p. 420, trad. de M. Cousin.
§ 5. Comme aigle, Aigle en grec
signifie d'abord l'oiseau de ce nom et un ornement en architecture.
- Chien peut signifier en
français comme en grec, d'abord l'animal de ce nom, puis une
constellation.
- Savoir les lettres, L'édition
de Berlin donne cette leçon en variante, et dans le texte : Sait les
lettres, ce qui en grec forme également une amphibologie, qui
n'existe point du tout en français.
§ 6. Celui qui est assis, La
grammaire en grec permet également de joindre le mot qui signifie :
Celui qui est assis, à pouvoir et à marcher. Dans le premier sas
l'assertion est vraie, dans le second elle est fausse.
- Et il apprend maintenant,
Ceci est la conclusion d'un syllogisme fait par les sophistes :
Celui qui sait la grammaire maintenant l'a apprise: or un tel sait
la grammaire, donc il l'apprend maintenant. L'amphibologie porte sur
le mot : maintenant, qui en grec peut se joindre également soit au
mot : sait, qui précède, soit aux mots : l'a apprise, qui suivent.
- Peut en porter plusieurs, Non
pas ensemble, mais successivement.
§ 7. Je t'ai fait libre, La
phrase grecque peut également signifier: Je t'ai fait libre
d'esclave que tu étais, ou esclave de libre que tu étais.
- Le divin Achille,.. La
phrase grecque peut signifier également : laissa cinquante hommes
sur cent, ou cent hommes, sur cinquante. Le français ne se prête pas
à ces équivoques que sa clarté ne permet pas de reproduire.
§ 8. Homère, Iliad. chant 23, v. 328,
Le mot dont il s'agit peut signifier, avec un esprit doux et sans
accent, la négation ne pas, et avec l'accent aigu, Il signifie :
dans l'endroit où. Nous lisons aujourd'hui ce mot sans accent dans
le passage cité et les meilleures éditions le prennent pour la
négation et non pour l'adverbe. Aristote nous apprend dans sa
Poétique, ch. 25, édit. de Berlin, p. 1161, a, 22. que c'est
Hippias de Thasos qui défendait ainsi ces deux passages d'Homère.
- Et dans le songe d'Agamemnon,
La portion de vers que cite Aristote ne se retrouve plus dans nos
éditions d'Homère, du moins au passage qu'il indique. Voir le début
du second chant de l'Iliade: Elle se retrouve ailleurs, chant
21, v 297. On sait qu'Aristote avait fait une édition d'Homère pour
Alexandre, la fameuse édition de la Cassette.
- Nous lui accordons... de la
lui accorder, Le mot grec peut avoir les deux sens.
§ 9. Précédemment, Voir les
Catégories.
§10. Espèces, L'édition de
Berlin dit : lieux, sans d'ailleurs justifier cette leçon qui n'est
pas mauvaise, mais que je n'adopte pas.
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CHAPITRE V.
Des paralogismes en dehors du mot :
sept espèces.
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§ 1. Τῶν δ´
ἔξω τῆς λέξεως παραλογισμῶν εἴδη ἔστιν ἑπτά, ἓν μὲν παρὰ τὸ
συμβεβηκός, δεύτερον δὲ τὸ ἁπλῶς ἢ μὴ ἁπλῶς ἀλλὰ πῂ ἢ ποὺ ἢ ποτὲ ἢ
πρός τι λέγεσθαι, τρίτον δὲ τὸ παρὰ τὴν τοῦ ἐλέγχου ἄγνοιαν,
τέταρτον δὲ τὸ παρὰ τὸ ἑπόμενον, πέμπτον δὲ τὸ παρὰ τὸ 〈τὸ〉 ἐν ἀρχῇ
λαμβάνειν, ἕκτον δὲ τὸ 〈τὸ〉 μὴ αἴτιον ὡς αἴτιον τιθέναι, ἕβδομον δὲ
τὸ τὰ πλείω ἐρωτήματα ἓν ποιεῖν.
§ 2.
Οἱ μὲν οὖν παρὰ τὸ συμβεβηκὸς παραλογισμοί εἰσιν ὅταν ὁμοίως ὁτιοῦν
ἀξιωθῇ τῷ πράγματι καὶ τῷ συμβεβηκότι ὑπάρχειν. Ἐπεὶ γὰρ τῷ αὐτῷ
πολλὰ συμβέβηκεν, οὐκ ἀνάγκη πᾶσι τοῖς κατηγορουμένοις καὶ καθ´ οὗ
κατηγορεῖται ταὐτὰ πάντα ὑπάρχειν. Οἷον "εἰ ὁ Κορίσκος ἕτερον
ἀνθρώπου, αὐτὸς αὑτοῦ ἕτερος· ἔστι γὰρ ἄνθρωπος". Ἢ εἰ Σωκράτους
ἕτερος, ὁ δὲ Σωκράτης ἄνθρωπος, ἕτερον ἀνθρώπου φασὶν ὡμολογηκέναι
διὰ τὸ συμβεβηκέναι οὗ ἔφησεν ἕτερον εἶναι, τοῦτον εἶναι ἄνθρωπον.
§ 3.
Οἱ δὲ παρὰ τὸ ἁπλῶς τόδε ἢ πῇ λέγεσθαι καὶ μὴ κυρίως, ὅταν τὸ ἐν
μέρει λεγόμενον ὡς ἁπλῶς εἰρημένον [167b] ληφθῇ, οἷον, εἰ τὸ μὴ ὄν
ἐστι δοξαστόν, ὅτι τὸ μὴ ὂν ἔστιν· οὐ γὰρ ταὐτὸ τὸ εἶναί τέ τι καὶ
εἶναι ἁπλῶς. Ἢ πάλιν ὅτι τὸ ὂν οὐκ ἔστιν ὄν, εἰ τῶν ὄντων τι μὴ
ἔστιν, οἷον εἰ μὴ ἄνθρωπος· οὐ γὰρ ταὐτὸ τὸ μὴ εἶναί τι καὶ ἁπλῶς μὴ
εἶναι. Φαίνεται δὲ διὰ τὸ πάρεγγυς τῆς λέξεως καὶ μικρὸν διαφέρειν
τὸ εἶναί τι τοῦ εἶναι, καὶ τὸ μὴ εἶναί τι τοῦ μὴ εἶναι. Ὁμοίως δὲ
καὶ τὸ παρὰ τὸ πῂ καὶ τὸ ἁπλῶς· οἷον ὁ Ἰνδός, ὅλος μέλας ὤν, λευκός
ἐστι τοὺς ὀδόντας· λευκὸς ἄρα καὶ οὐ λευκός ἐστιν. Ἢ εἰ ἄμφω πῄ, ὅτι
ἅμα τὰ ἐναντία ὑπάρχει. Τὸ δὲ τοιοῦτον ἐπ´ ἐνίων μὲν παντὶ θεωρῆσαι
ῥᾴδιον, οἷον εἰ, λαβὼν τὸν Αἰθίοπα εἶναι μέλανα, τοὺς ὀδόντας ἔροιτ´
εἰ λευκός· εἰ οὖν ταύτῃ λευκός, ὅτι μέλας καὶ οὐ μέλας οἴοιτ´ 〈ἂν〉
διειλέχθαι, συλλογιστικῶς τελειώσας τὴν ἐρώτησιν. Ἐπ´ ἐνίων δὲ
λανθάνει πολλάκις, ἐφ´ ὅσων, ὅταν πῂ λέγηται, κἂν τὸ ἁπλῶς δόξειεν
ἀκολουθεῖν, καὶ ἐν ὅσοις μὴ ῥᾴδιον θεωρῆσαι πότερον αὐτῶν κυρίως
ἀποδοτέον. Γίνεται δὲ τὸ τοιοῦτον ἐν οἷς ὁμοίως ὑπάρχει τὰ
ἀντικείμενα· δοκεῖ γὰρ ἢ ἄμφω ἢ μηδέτερον δοτέον ἁπλῶς εἶναι
[κατηγορεῖν]· οἷον, εἰ τὸ μὲν ἥμισυ λευκὸν τὸ δ´ ἥμισυ μέλαν,
πότερον λευκὸν ἢ μέλαν;
§ 4.
Οἱ δὲ παρὰ τὸ μὴ διωρίσθαι τί ἐστι συλλογισμὸς ἢ τί ἔλεγχος ἄλλως
παρὰ τὴν ἔλλειψιν γίνονται τοῦ λόγου· ἔλεγχος μὲν γάρ ἐστιν
ἀντίφασις τοῦ αὐτοῦ καὶ ἑνός, μὴ ὀνόματος ἀλλὰ πράγματος, καὶ
ὀνόματος μὴ συνωνύμου ἀλλὰ τοῦ αὐτοῦ, ἐκ τῶν δοθέντων ἐξ ἀνάγκης (μὴ
συναριθμουμένου τοῦ ἐν ἀρχῇ), κατὰ ταὐτὸ καὶ πρὸς ταὐτὸ καὶ ὡσαύτως
καὶ ἐν τῷ αὐτῷ χρόνῳ. Τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον καὶ τὸ ψεύσασθαι περί
τινος. Ἔνιοι δὲ ἀπολιπόντες τι τῶν λεχθέντων φαίνονται ἐλέγχειν,
οἷον ὅτι ταὐτὸ διπλάσιον καὶ οὐ διπλάσιον· τὰ γὰρ δύο τοῦ μὲν ἑνὸς
διπλάσια, τῶν δὲ τριῶν οὐ διπλάσια. Ἢ εἰ τὸ αὐτὸ τοῦ αὐτοῦ διπλάσιον
καὶ οὐ διπλάσιον, ἀλλ´ οὐ κατὰ ταὐτό· κατὰ μὲν γὰρ τὸ μῆκος
διπλάσιον, κατὰ δὲ τὸ πλάτος οὐ διπλάσιον. Ἢ εἰ τοῦ αὐτοῦ καὶ κατὰ
ταὐτὸ καὶ ὡσαύτως, ἀλλ´ οὐχ ἅμα· διόπερ ἐστὶ φαινόμενος ἔλεγχος. Ἕλκοι δ´ ἄν τις τοῦτον καὶ εἰς τοὺς παρὰ τὴν λέξιν.
§ 5.
Οἱ δὲ παρὰ τὸ τὸ ἐν ἀρχῇ λαμβάνειν γίνονται μὲν οὕτως καὶ τοσαυταχῶς
ὁσαχῶς ἐνδέχεται τὸ ἐξ ἀρχῆς αἰτεῖσθαι, φαίνονται δ´ ἐλέγχειν διὰ τὸ
μὴ δύνασθαι συνορᾶν τὸ ταὐτὸν καὶ τὸ ἕτερον.
[168a] § 6. Ὁ δὲ παρὰ τὸ ἑπόμενον ἔλεγχος διὰ τὸ οἴεσθαι ἀντιστρέφειν
τὴν ἀκολούθησιν· ὅταν γὰρ τοῦδε ὄντος ἐξ ἀνάγκης τόδε ᾖ, καὶ τοῦδε
ὄντος οἴονται καὶ θάτερον εἶναι ἐξ ἀνάγκης. Ὅθεν καὶ αἱ περὶ τὴν
δόξαν ἐκ τῆς αἰσθήσεως ἀπάται γίνονται· πολλάκις γὰρ τὴν χολὴν μέλι
ὑπέλαβον διὰ τὸ ἕπεσθαι τὸ ξανθὸν χρῶμα τῷ μέλιτι· καὶ ἐπεὶ
συμβαίνει τὴν γῆν ὕσαντος γίνεσθαι διάβροχον, κἂν ᾖ διάβροχος,
ὑπολαμβάνομεν ὗσαι. Τὸ δ´ οὐκ ἀναγκαῖον.
§ 7. Ἔν τε τοῖς ῥητορικοῖς αἱ
κατὰ τὸ σημεῖον ἀποδείξεις ἐκ τῶν ἑπομένων εἰσίν· βουλόμενοι γὰρ
δεῖξαι ὅτι μοιχός, τὸ ἑπόμενον ἔλαβον, ὅτι καλλωπιστὴς ἢ ὅτι νύκτωρ
ὁρᾶται πλανώμενος. Πολλοῖς δὲ ταῦτα μὲν ὑπάρχει, τὸ δὲ
κατηγορούμενον οὐχ ὑπάρχει. § 8. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐν τοῖς συλλογιστικοῖς,
οἷον ὁ Μελίσσου λόγος ὅτι ἄπειρον τὸ ἅπαν, λαβὼν τὸ μὲν ἅπαν
ἀγένητον (ἐκ γὰρ μὴ ὄντος οὐδὲν ἂν γενέσθαι), τὸ δὲ γενόμενον ἐξ
ἀρχῆς γενέσθαι· εἰ μὴ οὖν γέγονεν, ἀρχὴν οὐκ ἔχειν τὸ πᾶν, ὥστ´
ἄπειρον. Οὐκ ἀνάγκη δὲ τοῦτο συμβαίνειν· οὐ γὰρ εἰ τὸ γενόμενον ἅπαν
ἀρχὴν ἔχει, καὶ εἴ τι ἀρχὴν ἔχει, γέγονεν, ὥσπερ οὐδ´ εἰ ὁ πυρέττων
θερμός, καὶ τὸν θερμὸν ἀνάγκη πυρέττειν.
§ 9.
Ὁ δὲ παρὰ τὸ 〈τὸ〉 μὴ αἴτιον ὡς αἴτιον, ὅταν προσληφθῇ τὸ ἀναίτιον ὡς
παρ´ ἐκεῖνο γινομένου τοῦ ἐλέγχου. Συμβαίνει δὲ τὸ τοιοῦτον ἐν τοῖς
εἰς τὸ ἀδύνατον συλλογισμοῖς· ἐν τούτοις γὰρ ἀναγκαῖον ἀναιρεῖν τι
τῶν κειμένων. Ἐὰν οὖν ἐγκαταριθμηθῇ 〈τι〉 ἐν τοῖς ἀναγκαίοις
ἐρωτήμασι πρὸς τὸ συμβαῖνον ἀδύνατον, δόξει παρὰ τοῦτο γίνεσθαι
πολλάκις ὁ ἔλεγχος, οἷον ὅτι οὐκ ἔστι ψυχὴ καὶ ζωὴ ταὐτόν. Εἰ γὰρ
φθορᾷ γένεσις ἐναντίον, καὶ τῇ τινὶ φθορᾷ ἔσται τὶς γένεσις· ὁ δὲ
θάνατος φθορά τις καὶ ἐναντίον ζωῇ, ὥστε γένεσις ἡ ζωὴ καὶ τὸ ζῆν
γίνεσθαι· τοῦτο δ´ ἀδύνατον· οὐκ ἄρα ταὐτὸν ἡ ψυχὴ καὶ ἡ ζωή. Οὐ δὴ
συλλελόγισται· συμβαίνει γάρ, κἂν μή τις ταὐτὸ φῇ τὴν ζωὴν τῇ ψυχῇ,
τὸ ἀδύνατον, ἀλλὰ μόνον ἐναντίον ζωὴν μὲν θανάτῳ, ὄντι φθορᾷ, φθορᾷ
δὲ γένεσιν. Ἀσυλλόγιστοι μὲν οὖν ἁπλῶς οὐκ εἰσὶν οἱ τοιοῦτοι λόγοι,
πρὸς δὲ τὸ προκείμενον ἀσυλλόγιστοι. Καὶ λανθάνει πολλάκις οὐχ ἧττον
αὐτοὺς τοὺς ἐρωτῶντας τὸ τοιοῦτον.
§ 10. Οἱ μὲν οὖν παρὰ τὸ ἑπόμενον καὶ
παρὰ τὸ μὴ αἴτιον λόγοι τοιοῦτοί εἰσιν·
§ 11. οἱ δὲ παρὰ τὸ τὰ δύο
ἐρωτήματα ἓν ποιεῖν, ὅταν λανθάνῃ πλείω ὄντα καὶ ὡς ἑνὸς ὄντος
ἀποδοθῇ [168b] ἀπόκρισις μία. Ἐπ´ ἐνίων μὲν οὖν ῥᾴδιον ἰδεῖν ὅτι
πλείω καὶ ὅτι οὐ δοτέον μίαν ἀπόκρισιν, οἷον "πότερον ἡ γῆ θάλαττά
ἐστιν ἢ ὁ οὐρανός;" ἐπ´ ἐνίων δ´ ἧττον, καὶ ὡς ἑνὸς ὄντος ἢ
ὁμολογοῦσι τῷ μὴ ἀποκρίνεσθαι τὸ ἐρωτώμενον ἢ ἐλέγχεσθαι φαίνονται.
Οἷον ἆρ´ οὗτος καὶ οὗτός ἐστιν ἄνθρωπος; ὥστ´ ἄν τις τύπτῃ τοῦτον
καὶ τοῦτον, ἄνθρωπον ἀλλ´ οὐκ ἀνθρώπους τυπτήσει. Ἢ πάλιν, ὧν τὰ μέν
ἐστιν ἀγαθὰ τὰ δ´ οὐκ ἀγαθά, πάντα ἀγαθὰ ἢ οὐκ ἀγαθά; ὁπότερον γὰρ
ἂν φῇ, ἔστι μὲν ὡς ἔλεγχον ἢ ψεῦδος φαινόμενον δόξειεν ἂν ποιεῖν· τὸ
γὰρ φάναι τῶν μὴ ἀγαθῶν τι εἶναι ἀγαθὸν ἢ τῶν ἀγαθῶν μὴ ἀγαθὸν
ψεῦδος. Ὁτὲ δὲ προσληφθέντων τινῶν κἂν ἔλεγχος γίνοιτο ἀληθινός,
οἷον εἴ τις δοίη ὁμοίως ἓν καὶ πολλὰ λέγεσθαι λευκὰ καὶ γυμνὰ καὶ
τυφλά. Εἰ γὰρ τυφλὸν τὸ μὴ ἔχον ὄψιν πεφυκὸς δ´ ἔχειν, καὶ τυφλὰ
ἔσται τὰ μὴ ἔχοντα ὄψιν πεφυκότα δ´ ἔχειν. Ὅταν οὖν τὸ μὲν ἔχῃ τὸ δὲ
μὴ ἔχῃ, τὰ ἄμφω ἔσται ἢ ὁρῶντα ἢ τυφλά· ὅπερ ἀδύνατον. |
§ § 1. II y a sept espèces de
paralogismes en dehors du mot; l'une tirée de l'accident, l'autre de
ce que le terme qui devrait être pris absolument ne l'est pas
absolument, mais est pris avec une restriction de lieu, ou de telle
autre relation : la troisième est relative à l'ignorance de la
réfutation, la quatrième à la conséquence, la cinquième à la
pétition de principe; la sixième vient de ce qu'on a donné pour
cause, ce qui ne l'est pas; la septième enfin, c'est de réunir
plusieurs questions en une seule.
§ 2. Les paralogismes relatifs à
l'accident ont lieu, quand on croit qu'une chose quelconque est
aussi bien à l'accident qu'à la chose même. En effet, de ce que
plusieurs choses peuvent être comme accidents à une même chose, il
n'est pas nécessaire que tous ces accidents soient à tous les
attributs de la chose et au sujet qui a ces attributs; car de cette
façon toutes choses seront identiques, ainsi que le prétendent les
sophistes. Par exemple, si Coriscus est autre chose que homme, il
sera autre que lui-même; car il est homme: ou s'il est autre que
Socrate, et que Socrate soit homme, les sophistes soutiennent qu'on
accorde par là qu'il est autre chose que homme, attendu que l'être
relativement auquel on a dit qu'il était autre, a pour accident
d'être homme.
§ 3. Les paralogismes qui tiennent à
ce qu'une chose qui devrait être dite absolument est prise avec
restriction, et non proprement, ont lieu, quand on prend [167b]
ce qui est dit au particulier comme absolu ; ainsi, par exemple, au
lieu de dire que le non être est concevable on dit que le non être
est; car ce n'est pas du tout chose identique d'être telle chose ou
d'être absolument. Ou encore si l'on dit que l'être n'est pas
réellement, parce qu'il n'est pas l'une des choses qui sont, et par
exemple qu'il n'est pas homme : car ce n'est pas une expression
identique de n'être pas quelque chose, et de n'être pas absolument.
L'erreur vient de la ressemblance de l'expression, et il semble
qu'il n'y a pas grande différence entre être telle chose et être, et
entre ne pas tire telle chose et ne pas être. On confond de même et
la restriction et le sens absolu; par exemple, si l'Indien étant
tout à fait noir il est cependant blanc par les dents, il est tout à
la fois blanc et non blanc; ou bien s'il est les deux, en quelque
façon à la fois, il faut donc que les contraires coexistent en lui.
Tout le monde peut aisément voir dans certains cas des paralogismes
de ce genre; par exemple, si supposant que l'Ethiopien est noir, on
demande s'il est blanc par les dents. Si donc il est blanc de cette
façon, on pourra croire avoir prouvé par syllogisme qu'il est noir
et non noir tout à la fois, quand on aura terminé son interrogation.
Mais cette erreur reste souvent cachée: et c'est dans tous les cas
où lorsqu'on dit la chose avec une restriction, le sens absolu
semblerait devoir suivre, et dans tous ceux où il n'est pas facile
de voir lequel des deux sens on doit prendre au propre. Et cela se
présente toutes les fois que les opposés sont également au sujet. Il
paraît, en effet, ou que les deux en même temps, ou que ni l'un ni
l'autre, ne doivent être attribués absolument : par exemple, si une
moitié est blanche et l'autre moitié noire, on demande si la chose
est blanche ou noire?
§ 4. D'autres paralogismes ont lieu
parce qu'on n'a pas défini ce que c'est que le syllogisme ou la
réfutation, et ils tiennent à l'oubli de la définition, la
réfutation est la contradiction d'une seule et même chose, non pas
d'un mot, mais d'une chose réelle : et si c'est un mot, non pas d'un
mot synonyme, mais du même mot, restant le même nécessairement
d'après les données initiales, sans compter le principe, et restant
le même relativement au même rapport pour la même chose de la même
manière et dans le même temps. Et de même quand on se trompe sur
quelque point. Parfois en laissant de côté une partie des conditions
qu'on vient d'indiquer, on paraît réfuter : et l'on dit, par
exemple, qu'une même chose est double et n'est pas double; car deux
sont le double de un, mais ne sont pas le double de trois. Et si la
même chose est le double, et n'est pas le double d'une même chose,
c'est que ce n'est pas sous le même rapport ; car elle est le double
en longueur et ne l'est pas en largeur. Ou bien, si elle est le
double de la même chose sous le même rapport et la même façon, ce ne
sera pas en même temps. Aussi n'est-ce une réfutation qu'en
apparence. Du reste, on pourrait ramener ce paralogisme à ceux qui
sont relatifs aux mots.
§ 5. Ceux qui ont lieu par pétition de
principe se font de la même manière, et d'autant de façons, qu'on
peut faire pétition de principe; ils semblent réfuter, parce qu'on
ne peut voir nettement le même et l'autre.
[168a] § 6. La réfutation
relative à la conséquence a lieu parce qu'on suppose que la
consécution est réciproque. Ainsi, lorsque telle chose étant, telle
autre est de toute nécessité, on pense en outre que cette dernière
étant, l'autre sera nécessairement aussi. C'est de là que se forment
encore même des erreurs de sensation dans la pensée : car souvent on
a pris de la bile pour du miel, parce que la couleur jaunâtre est un
conséquent du miel. Et comme il arrive quand il pleut que la terre
devient glissante, si elle est glissante on suppose qu'il a plu :
mais il n'y a rien là de nécessaire.
§ 7. Dans la rhétorique, les
démonstrations tirées d'un signe viennent aussi des conséquents. Si
l'on veut prouver que tel homme est débauché, on prend la
conséquence, laquelle est qu'il se pare beaucoup , et qu'on le voit
errer la nuit. Or ces circonstances se présentent pour bien des
gens, mais l'attribut ne leur appartient pas. § 8. Et de même dans
les discussions par syllogismes : par exemple, le mot de Mélissus
qui soutient que l'univers est infini parce qu'il suppose que
l'univers est incréé; car rien ne se fait de rien, mais ce qui est a
été dès le commencement. Si donc l'univers n'a pas été créé,
l'univers n'a pas de commencement, il est donc infini. Mais il n'y a
pas de nécessité à cela; car, de ce que tout ce qui a été créé a un
commencement, il ne s'ensuit pas que si quelque chose a un
commencement il ait été créé, pas plus que si celui qui a la fièvre
a chaud, il n'y a pas nécessité que celui qui a chaud ait la fièvre.
§ 9. Ceux qui tiennent à ce qu'on
prend pour cause ce qui ne l'est pas ont lieu, lorsqu'on prend ce
qui n'est pas cause comme si la réfutation en venait. C'est ce qui
se présente dans les syllogismes par réduction à l'absurde; car dans
ces syllogismes, il faut nécessairement détruire quelqu'une des
données initiales. Si donc on a compté dans les propositions
nécessaires, avant la conclusion, la proposition absurde, la
réfutation semblera tenir à cette proposition même. Et par exemple,
quand on soutient que l'âme et la vie ne sont pas la même chose. En
effet, si la génération est contraire à la destruction, telle
génération sera contraire à telle destruction, mais la mort est une
sorte de destruction, et elle est contraire à la vie : ainsi la vie
est génération, et vivre c'est être engendré. Or, ceci est absurde;
donc l'âme et la vie ne sont pas identiques. Ici l'on n'a pas fait
certainement de syllogisme ; car la conséquence absurde se produit
sans même avancer que l'âme et la vie sont la même chose; mais il
suffit de soutenir que la vie est contraire à la mort, qui est une
destruction, et que la génération est contraire à la destruction.
Ces raisonnements ne sont pas tout à fait incapables de conclure,
mais ils ne concluent pas pour l'objet en question : et ce vice
échappe souvent à ceux-là même qui posent les questions.
§ 10. Tels sont donc les paralogismes
relatifs à la conséquence et à ce qui n'est pas cause.
§ 11. Ceux qui consistent à ne faire
de deux questions qu'une seule, ont lieu quand on ne sait pas qu'il
y a plusieurs choses, et qu'on donne une seule réponse, comme s'il
n'y avait, en effet, [168b] qu'une chose en question.
Parfois, il est facile de voir qu'il y a plusieurs choses, et qu'il
ne faut pas donner de réponse unique. Par exemple, la terre est-elle
mer ou ciel? Parfois cela est moins facile, et l'on répond comme
s'il n'y avait qu'une seule chose, et alors on se trouve réfuté; ou
bien l'on accorde le sujet en discussion en ne répondant pas à ce
qu'on demande, et alors on paraît être réfuté. Par exemple, on
demande si un tel et un tel est homme? et on conclut que si l'on
frappe tel et tel, on frappera un homme et non pas des hommes. Ou
encore Si l'on demande, de choses dont les unes sont bonnes et dont
les autres ne le sont pas, toutes ensemble sont-elles bonnes ou ne
le sont-elles pas ? Quoi qu'on dise, on risque de prêter à une
réfutation, ou de paraître faire du moins une erreur apparente; car
il y a une égale erreur à dire que, parmi des choses qui ne sont pas
bonnes, telle chose est bonne, et que, parmi des choses qui sont
bonnes, telle chose ne l'est pas. Parfois aussi, en ajoutant
certaines données, c'est une véritable réfutation qu'on se prépare.
Ainsi, par exemple, si on suppose que une ou plusieurs choses sont
également dites blanches, et nues, et aveugles: car si un être est
aveugle, qui n'a pas la vue quand il est fait naturellement pour
l'avoir, les choses qui n'ont pas la vue, quand elles sont faites
par la nature pour l'avoir, seront aussi aveugles. Si donc, l'une a
la vue et que l'autre ne l'ait pas, les deux ensemble seront ou
aveugles ou voyantes, ce qui est impossible. |
§ 2. Car de cette façon... Les
Sophistes, L'édition de Berlin ne donne cette phrase que dans les
variantes, et non dans le texte.
- Il sera autre que lui-même,
Voir l'Euthydème de Platon, pas. 420, trad. de M. Cousin.
§ 3. Ce qui est dit au particulier,
avec restriction et avec une relation qui le limite.
§ 4. Sans compter le principe,
C'est-à-dire sans faire de pétition de principe. L'expression peut
paraître assez singulière.
§ 5. D'autant de façons qu'on peut
faire pétition de principe, voir Topiques, liv. 8. ch.
13, et surtout Premiers Analytiques, liv. 2, ch. 16.
- Le même et l'autre,
Distinguer les deux formes diverses sous lesquelles se présente le
principe que l'on répète.
§ 5. On a pris, C'est la leçon
de l'édition de Berlin: les éditions ordinaires donnent : on prend.
§ 7. Tirées de signes, Ce sont
les enthymèmes , Voir Premiers Analytiques, liv. 2, ch. 27, §
1.
§ 9. Avant la conclusion la
proposition absurde, L'édition de Berlin dit seulement : Si donc on
a compté dans les propositions relativement à la conclusion
absurde..., ce qui n'a pas de sens. J'ai conservé la leçon
ordinaire. - La vie est génération, Proposition absurde.
§ 11. Ou ciel. L'édition de
Berlin donne : ou le ciel, et alors un pourrait entendre comme a
fait le commentaire d'Alexandre : la terre est-elle la mer? le ciel
est-il la mer?
- On répond, et alors on se trouve
réfuté, L'édition de Berlin supprime ces deux phrases sans citer
d'autorité. C'est une leçon déjà adoptée par Sylburge; j'ai préféré
suivre la leçon ordinaire.
- Un tel et un tel est homme,
au lieu de : sont hommes.
|
CHAPITRE VI.
On peut rapporter tous les
paralogismes à l'ignorance de la définition vraie de la réfutation -
Résumé.
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§ 1.
Ἢ δὴ οὕτως διαιρετέον τοὺς φαινομένους συλλογισμοὺς καὶ ἐλέγχους, ἢ
πάντας ἀνακτέον εἰς τὴν τοῦ ἐλέγχου ἄγνοιαν, ἀρχὴν ταύτην
ποιησαμένους· ἔστι γὰρ ἅπαντας ἀναλῦσαι τοὺς λεχθέντας τρόπους εἰς
τὸν τοῦ ἐλέγχου διορισμόν. § 2. Πρῶτον μὲν εἰ ἀσυλλόγιστοι· δεῖ γὰρ ἐκ
τῶν κειμένων συμβαίνειν τὸ συμπέρασμα ὥστε λέγειν ἐξ ἀνάγκης ἀλλὰ μὴ
φαίνεσθαι. § 3. Ἔπειτα καὶ κατὰ τὰ μέρη τοῦ διορισμοῦ. Τῶν μὲν γὰρ ἐν τῇ
λέξει οἱ μέν εἰσι παρὰ τὸ διττόν, οἷον ἥ τε ὁμωνυμία καὶ ὁ λόγος καὶ
ἡ ὁμοιοσχημοσύνη (σύνηθες γὰρ τὸ πάντα ὡς τόδε τι σημαίνειν), ἡ δὲ
σύνθεσις καὶ διαίρεσις καὶ προσῳδία τῷ μὴ τὸν αὐτὸν εἶναι τὸν λόγον
ἢ τὸ ὄνομα τὸ διαφέρον. Ἔδει δὲ καὶ τοῦτο, καθάπερ καὶ τὸ πρᾶγμα
ταὐτόν, εἰ μέλλει ἔλεγχος ἢ συλλογισμὸς ἔσεσθαι, οἷον εἰ λώπιον, μὴ
ἱμάτιον συλλογίσασθαι ἀλλὰ λώπιον. Ἀληθὲς μὲν γὰρ κἀκεῖνο, ἀλλ´ οὐ
συλλελόγισται, ἀλλ´ ἔτι ἐρωτήματος δεῖ εἰ ταὐτὸν σημαίνει, πρὸς τὸν
ζητοῦντα τὸ διὰ τί.
§ 4.
Οἱ δὲ παρὰ τὸ συμβεβηκὸς ὁρισθέντος τοῦ συλλογισμοῦ φανεροὶ
γίνονται. Τὸν αὐτὸν γὰρ ὁρισμὸν δεῖ καὶ τοῦ ἐλέγχου γίνεσθαι, πλὴν
προσκεῖσθαι τὴν ἀντίφασιν· ὁ γὰρ ἔλεγχος συλλογισμὸς ἀντιφάσεως. Εἰ
οὖν μὴ ἔστι συλλογισμὸς τοῦ συμβεβηκότος, οὐ γίνεται ἔλεγχος. Οὐ γὰρ
εἰ τούτων ὄντων ἀνάγκη τόδ´ εἶναι (τοῦτο δ´ ἐστὶ λευκόν), ἀνάγκη
λευκὸν εἶναι διὰ τὸν συλλογισμόν. Οὐδ´ εἰ τὸ τρίγωνον [169a] δυοῖν
ὀρθαῖν ἴσας ἔχει, συμβέβηκε δ´ αὐτῷ σχήματι εἶναι ἢ πρώτῳ ἢ ἀρχῇ,
ὅτι σχῆμα ἢ ἀρχὴ ἢ πρῶτον τοῦτό ἐστιν· οὐ γὰρ ᾗ σχῆμα οὐδ´ ᾗ πρῶτον
ἀλλ´ ᾗ τρίγωνον ἡ ἀπόδειξις. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων. Ὥστ´ εἰ ὁ
ἔλεγχος συλλογισμός τις, οὐκ ἂν εἴη ὁ κατὰ συμβεβηκὸς ἔλεγχος. Ἀλλὰ
παρὰ τοῦτο καὶ οἱ τεχνῖται καὶ ὅλως οἱ ἐπιστήμονες ὑπὸ τῶν
ἀνεπιστημόνων ἐλέγχονται· κατὰ συμβεβηκὸς γὰρ ποιοῦνται τοὺς
συλλογισμοὺς πρὸς τοὺς εἰδότας· οἱ δ´ οὐ δυνάμενοι διαιρεῖν ἢ
ἐρωτώμενοι διδόασιν ἢ οὐ δόντες οἴονται δεδωκέναι.
§ 5.
Οἱ δὲ παρὰ τὸ πῂ καὶ ἁπλῶς, ὅτι οὐ τοῦ αὐτοῦ ἡ κατάφασις καὶ ἡ
ἀπόφασις. Τοῦ γὰρ πῂ λευκοῦ τὸ πῂ οὐ λευκόν, τοῦ δ´ ἁπλῶς λευκοῦ τὸ
ἁπλῶς οὐ λευκὸν ἀπόφασις· εἰ οὖν δόντος πῂ εἶναι λευκὸν ὡς ἁπλῶς
εἰρημένου λαμβάνει, οὐ ποιεῖ ἔλεγχον, φαίνεται δὲ διὰ τὴν ἄγνοιαν
τοῦ τί ἐστιν ἔλεγχος.
§ 6.
Φανερώτατοι δὲ πάντων οἱ πρότερον λεχθέντες παρὰ τὸν τοῦ ἐλέγχου
διορισμόν· διὸ καὶ προσηγορεύθησαν οὕτως· παρὰ γὰρ τοῦ λόγου τὴν
ἔλλειψιν ἡ φαντασία γίνεται, καὶ διαιρουμένοις οὕτως κοινὸν ἐπὶ πᾶσι
τούτοις θετέον τὴν τοῦ λόγου ἔλλειψιν.
§ 7.
Οἱ δὲ παρὰ τὸ λαμβάνειν τὸ ἐν ἀρχῇ καὶ τὸ ἀναίτιον ὡς αἴτιον τιθέναι
δῆλοι διὰ τοῦ ὁρισμοῦ. Δεῖ γὰρ τὸ συμπέρασμα "τῷ ταῦτ´ εἶναι"
συμβαίνειν, ὅπερ οὐκ ἦν ἐν τοῖς ἀναιτίοις· καὶ πάλιν "μὴ
ἐναριθμουμένου τοῦ ἐξ ἀρχῆς", ὅπερ οὐκ ἔχουσιν οἱ παρὰ τὴν αἴτησιν
τοῦ ἐν ἀρχῇ.
§ 8.
Οἱ δὲ παρὰ τὸ ἑπόμενον μέρος εἰσὶ τοῦ συμβεβηκότος· τὸ γὰρ ἑπόμενον
συμβέβηκε. Διαφέρει δὲ τοῦ συμβεβηκότος, ὅτι τὸ μὲν συμβεβηκὸς ἔστιν
ἐφ´ ἑνὸς μόνου λαβεῖν, οἷον ταὐτὸ εἶναι τὸ ξανθὸν καὶ μέλι, καὶ τὸ
λευκὸν καὶ κύκνον, τὸ δὲ παρὰ τὸ ἑπόμενον ἀεὶ ἐν πλείοσιν· τὰ γὰρ
ἑνὶ καὶ ταὐτῷ ταὐτὰ καὶ ἀλλήλοις ἀξιοῦμεν εἶναι ταὐτά· διὸ γίνεται
παρὰ τὸ ἑπόμενον ἔλεγχος. Ἔστι δ´ οὐ πάντως ἀληθές, οἷον ἂν ᾖ κατὰ
συμβεβηκός· καὶ γὰρ ἡ χιὼν καὶ ὁ κύκνος τῷ λευκῷ ταὐτόν. Ἢ πάλιν, ὡς
ἐν τῷ Μελίσσου λόγῳ, τὸ αὐτὸ εἶναι λαμβάνει τὸ γεγονέναι καὶ ἀρχὴν
ἔχειν, ἢ τὸ ἴσοις γίνεσθαι καὶ ταὐτὸ μέγεθος λαμβάνειν. Ὅτι γὰρ τὸ
γεγονὸς ἔχει ἀρχήν, καὶ τὸ ἔχον ἀρχὴν γεγονέναι ἀξιοῖ, ὡς ἄμφω ταὐτὰ
ὄντα τῷ ἀρχὴν ἔχειν, τό τε γεγονὸς καὶ τὸ πεπερασμένον. Ὁμοίως δὲ
καὶ ἐπὶ τῶν ἴσων γινομένων, [169b] εἰ τὰ τὸ αὐτὸ μέγεθος καὶ ἓν
λαμβάνοντα ἴσα γίνεται, καὶ τὰ ἴσα γινόμενα ἓν μέγεθος λαμβάνειν. Ὥστε τὸ ἑπόμενον λαμβάνει.
Ἐπεὶ οὖν ὁ παρὰ τὸ συμβεβηκὸς ἔλεγχος ἐν
τῇ ἀγνοίᾳ τοῦ ἐλέγχου, φανερὸν ὅτι καὶ ὁ παρὰ τὸ ἑπόμενον. Ἐπισκεπτέον δὲ τοῦτο καὶ ἄλλως.
§ 9.
Οἱ δὲ παρὰ τὸ τὰ πλείω ἐρωτήματα ἓν ποιεῖν ἐν τῷ μὴ διαρθροῦν ἡμᾶς
τὸν τῆς προτάσεως λόγον. Ἡ γὰρ πρότασίς ἐστιν ἓν καθ´ ἑνός· ὁ γὰρ
αὐτὸς ὅρος ἑνὸς μόνου καὶ ἁπλῶς τοῦ πράγματος, οἷον ἀνθρώπου καὶ
ἑνὸς μόνου ἀνθρώπου· ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων. Εἰ οὖν μία
πρότασις ἡ ἓν καθ´ ἑνὸς ἀξιοῦσα, καὶ ἁπλῶς ἔσται πρότασις ἡ τοιαύτη
ἐρώτησις. Ἐπεὶ δ´ ὁ συλλογισμὸς ἐκ προτάσεων, ὁ δ´ ἔλεγχος
συλλογισμός, καὶ ὁ ἔλεγχος ἔσται ἐκ προτάσεων. Εἰ οὖν ἡ πρότασις ἓν
καθ´ ἑνός, φανερὸν ὅτι καὶ οὗτος ἐν τῇ τοῦ ἐλέγχου ἀγνοίᾳ· φαίνεται
γὰρ εἶναι πρότασις ἡ οὐκ οὖσα πρότασις. Εἰ μὲν οὖν δέδωκεν ἀπόκρισιν
ὡς πρὸς μίαν ἐρώτησιν, ἔσται ἔλεγχος· εἰ δὲ μὴ δέδωκεν ἀλλὰ
φαίνεται, φαινόμενος ἔλεγχος.
§ 10. Ὥστε πάντες οἱ τόποι πίπτουσιν εἰς τὴν
τοῦ ἐλέγχου ἄγνοιαν, οἱ μὲν οὖν παρὰ τὴν λέξιν, ὅτι φαινομένη 〈ἡ〉
ἀντίφασις, ὅπερ ἦν ἴδιον τοῦ ἐλέγχου, οἱ δ´ ἄλλοι παρὰ τὸν τοῦ
συλλογισμοῦ ὅρον. |
§ 1. C'est donc ainsi qu'il faut
diviser les syllogismes apparents et les réfutations apparentes : ou
l'on peut encore les ramener à l'ignorance de la réfutation, et
partir de ce principe. En effet, on peut très bien rapporter toutes
les nuances indiquées à la définition de la réfutation. § 2.
D'abord, on le peut, si ces paralogismes ne sont pas concluants; car
il faut que la conclusion sorte des données, de telle sorte qu'on la
tire nécessairement, et que ce ne soit pas une simple apparence. §
3. Ensuite, on le peut même en ne s'attachant qu'aux parties de la
définition. Ainsi, des paralogismes relatifs au mot, les uns
viennent d'un double sens: par exemple, l'homonymie, l'amphibologie
et la similitude de forme. On admet habituellement que tous ces
paralogismes signifient quelque chose d'analogue. Quant à la
combinaison, la division et la prosodie, elles forment des
paralogismes parce que le sens n'est pas le même, ou que le mot est
différent. Or, il faudrait que le mot fût identique, comme il
faudrait que la chose le fût, pour qu'il y eût syllogisme ou
réfutation. Par exemple, s'il s'agit de vêtement, il faut conclure
non pas manteau, mais vêtement; car manteau peut être très vrai,
mais on ne l'a pas mis dans le syllogisme. Il faut donc encore se
faire accorder, par une nouvelle interrogation, que ce mot signifie
la même chose que l'autre, si l'interlocuteur demande pourquoi on
l'emploie.
§ 4. Les paralogismes relatifs à
l'accident sont de toute évidence, quand on définit le syllogisme.
Ainsi, il faut que la définition de la réfutation soit la même, si
ce n'est qu'on y ajoute la contradiction ; car la réfutation n'est
que le syllogisme de la contradiction. Si donc il n'y a pas de
syllogisme de l'accident, il n'y a pas non plus de réfutation. En
effet, si telles choses étant, il y a nécessité que telle autre
chose soit, il ne s'ensuit pas que telle chose étant blanche il y
ait nécessité que, par syllogisme, telle autre chose soit blanche.
Il n'y a pu plus nécessité que le triangle [169a] ayant ses
angles égaux à deux droits, et ayant pour accident d'être une
figure, soit comme primitif, soit comme principe, la figure primitif
ou principe, ait cette propriété du triangle. La démonstration de
cette propriété se fait du triangle. non pas en tant qu'il est
figure ou primitif, mais en tans que triangle. Et de même pour tous
les autres cas. Ainsi donc, si la réfutation est une sorte de
syllogisme, il n'y aura pas de réfutation venant de l'accident. Mais
pour, tant c'est sur ce point-là que les artistes et les habiles, en
général, sont réfutés par les ignorants; car ils font des
syllogismes de l'accident contre ceux qui savent; mais ceux qui ne
peuvent diviser la question, ou accordent ce qu'on leur demande, ou,
sans l'avoir accordé, paraissent pourtant l'avoir concédé.
§ 5. Les réfutations par expression
restrictive et absolue, ont lieu parce que la négation et
l'affirmation ne s'appliquent pas à la même chose; car de ce qui est
blanc en partie, la négation est ce qui n'est pas blanc en partie;
de ce qui est blanc absolument, la négation est ce qui n'est pas
blanc absolument. Si donc, lorsqu'on accorde que la chose est
blanche en partie, l'adversaire suppose qu'elle l'est absolument, il
ne fait pas une réfutation véritable; mais s'il paraît en faire une,
c'est seulement parce qu'on ignore ce que c'est que la réfutation.
§ 6. Les plus évidents de tous les
paralogismes sont ceux dont on a parlé d'abord, et qui sont relatifs
à la définition de la réfutation. Voici pourquoi on les a nommés
ainsi : c'est que cette apparence de réfutation se produit par
l'absence même de la définition. Mais, en divisant les paralogismes,
ainsi que nous l'avons fait, on peut dire qu'un vice commun à tous,
c'est le défaut de définition.
§ 7. Ceux qui viennent de pétition de
principe, et de ce qu'on prend pour cause ce qui ne l'est pas,
ceux-là sont évidents par la définition même de la réfutation; car
il faut que la conclusion ait lieu parce que telles propositions
sont vraies, ce qui ne peut se faire avec des termes qui ne sont pas
causes, et de plus en tenant compte du principe, ce que ne font pas
les paralogisme par pétition de principe.
§ 8. Ceux qui ont lieu par consécution
ne sont qu'une partie de ceux qui sont relatifs à l'accident; car le
conséquent n'est qu'un accident. Mais il diffère de l'accident en ce
que l'accident ne s'applique qu'à une seule chose par exemple, le
blond et le miel sont la même chose, ainsi que le blanc et le cygne;
mais le conséquent est toujours dans plusieurs choses. En effet,
pour les choses qui sont identiques à une seule et même chose, nous
admettons qu'elles sont identiques entre elles, et voilà comment a
lieu la réfutation par consécution. Mais ce n'est pas absolument
vrai, et par exemple, ceci est faux si une chose n'est blanche que
par accident. Ainsi la neige le cygne sont identiques sous le
rapport de la blancheur. Ou encore, c'est comme dans la définition
de Mélissus qui suppose que naître et avoir un commencement c'est la
même chose. Ou bien, c'est supposer qu'il y a identité entre devenir
égal et prendre la même grandeur. En effet Mélissus pense que ce qui
est né a un commencement et que ce qui a un commencement doit être
né, comme si le créé et le fini étaient tous deux identiques, en ce
qu'ils ont tous deux un commencement. Et de même pour les choses qui
deviennent égales, [169b] si l'on suppose que les choses qui
prennent une seule et même grandeur deviennent égales, et que les
choses devenues égales reçoivent aussi une même grandeur. Ainsi
Mélissus prend ici le conséquent pour le sujet même. Puis donc que
la réfutation de l'accident vient de l'ignorance de la réfutation,
il est évident qu'il en est de même du paralogisme par consécution.
On peut encore examiner ceci d'une autre manière.
§ 9. Les réfutations qui se font parce
qu'on réunit plusieurs questions en une seule, ont lieu parce qu'on
ne démembre pas, et qu'on ne divise pas la définition de la
proposition. La proposition est une seule chose dite pour une seule
chose; car la même définition ne va qu'à une seule chose et
absolument à cette seule chose: par exemple, la définition de
l'homme ne va qu'à l'homme seul : et de même pour les autres cas. Si
donc une proposition une et seule est celle qui ne prononce qu'une
chose d'une seule chose, une interrogation de ce genre sera
absolument aussi une proposition. Or, les syllogisme se composant de
propositions, et la réfutation étant un syllogisme, la réfutation
aussi se composera de propositions. Si donc la proposition n'énonce
qu'une chose d'une seule chose, il est évident que le syllogisme
rentre aussi dans l'ignorance de la réfutation. En effet, c'est
alors une proposition qui paraît être proposition sans l'être
réellement. Si donc l'on donne la réponse comme pour une seule
demande, il y aura réfutation; si on ne l'a pas donnée, mais qu'on
paraisse l'avoir donnée, ce ne sera qu'une réfutation apparente.
§ 10. En résumé donc, toutes ces
nuances reviennent à l'ignorance de la réfutation, les unes
relatives au mot parce qu'il y a contradiction apparente, ce qui
était le propre de la réfutation, les autres parce qu'elles se
rapportent à la définition du syllogisme. |
§ 6. Dont on a parlé d'abord,
Plus haut. § 1.
- Ainsi que nous l'avons fait,
Ibid., et plus haut, ch. 1. § 1.
§ 7. Il faut que la conclusion...
L'édition de Berlin dit : II faut que la conclusion se produise,
parce que telles choses sont causes qu'elle a lieu.
- En tenant compte du principe,
C'est-a-dire en ne le répétant pas dans la conclusion, en ne faisant
pas de pétition de principe.
§ 8. Le blond et le miel, Le
blond accident du miel.
- Le blanc et le cygne, le
blanc accident du cygne.
- D'une autre manière, Voir
plus loin, ch. 28, où cet autre manière sera indiquée.
§ 9. Une et seule. L'édition de
Berlin ne donne que une, et laisse seule dans les variantes.
§ 10. Toutes ces nuances,
L'édition de Berlin dit : lieux, comme elle l'a fait plus haut, ch.
4, § 10.
|
CHAPITRE VII.
Des causes de l'erreur : elles sont
identiques à celles des paralogismes.
|
§ 1. Ἡ δ´ ἀπάτη γίνεται τῶν μὲν παρὰ τὴν ὁμωνυμίαν καὶ τὸν λόγον τῷ μὴ
δύνασθαι διαιρεῖν τὸ πολλαχῶς λεγόμενον (ἔνια γὰρ οὐκ εὔπορον
διελεῖν, οἷον τὸ ἓν καὶ τὸ ὂν καὶ τὸ ταὐτόν), § 2. τῶν δὲ παρὰ σύνθεσιν
καὶ διαίρεσιν τῷ μηδὲν οἴεσθαι διαφέρειν συντιθέμενον ἢ διαιρούμενον
τὸν λόγον, καθάπερ ἐπὶ τῶν πλείστων. § 3. Ὁμοίως δὲ καὶ τῶν παρὰ τὴν
προσῳδίαν· οὐ γὰρ ἄλλο δοκεῖ σημαίνειν ἀνιέμενος καὶ ἐπιτεινόμενος ὁ
λόγος, ἐπ´ οὐδενὸς ἢ οὐκ ἐπὶ πολλῶν. § 4. Τῶν δὲ παρὰ τὸ σχῆμα διὰ τὴν
ὁμοιότητα τῆς λέξεως. Χαλεπὸν γὰρ διελεῖν ποῖα ὡσαύτως καὶ ποῖα ὡς
ἑτέρως λέγεται (σχεδὸν γὰρ ὁ τοῦτο δυνάμενος ποιεῖν ἐγγύς ἐστι τοῦ
θεωρεῖν τἀληθές, μάλιστα δ´ ἐπίσταται συνεπινεύειν), ὅτι πᾶν τὸ
κατηγορούμενόν τινος ὑπολαμβάνομεν τόδε τι, καὶ ὡς ἓν ὑπακούομεν· τῷ
γὰρ ἑνὶ καὶ τῇ οὐσίᾳ μάλιστα δοκεῖ παρέπεσθαι τὸ τόδε τι καὶ τὸ ὄν.
§ 5. Διὸ καὶ τῶν παρὰ τὴν λέξιν οὗτος ὁ τρόπος θετέος, πρῶτον μὲν ὅτι
μᾶλλον ἡ ἀπάτη γίνεται μετ´ ἄλλων σκοπουμένοις ἢ καθ´ αὑτούς (ἡ μὲν
γὰρ μετ´ ἄλλου σκέψις διὰ λόγων, ἡ δὲ καθ´ αὑτὸν οὐχ ἧττον δι´ αὐτοῦ
τοῦ πράγματος)· εἶτα καὶ καθ´ αὑτὸν ἀπατᾶσθαι συμβαίνει, [170a] ὅταν
ἐπὶ τοῦ λόγου ποιῆται τὴν σκέψιν· ἔτι ἡ μὲν ἀπάτη ἐκ τῆς ὁμοιότητος,
ἡ δ´ ὁμοιότης ἐκ τῆς λέξεως. § 6. Τῶν δὲ παρὰ τὸ συμβεβηκὸς διὰ τὸ μὴ
δύνασθαι διακρίνειν τὸ ταὐτὸν καὶ τὸ ἕτερον, καὶ ἓν καὶ πολλά, μηδὲ
τοῖς ποίοις τῶν κατηγορημάτων πάντα ταὐτὰ καὶ τῷ πράγματι
συμβέβηκεν. § 7. Ὁμοίως δὲ καὶ τῶν παρὰ τὸ ἑπόμενον· μέρος γάρ τι τοῦ
συμβεβηκότος τὸ ἑπόμενον. Ἔτι καὶ ἐπὶ πολλῶν φαίνεται καὶ ἀξιοῦται
οὕτως, εἰ τόδε ἀπὸ τοῦδε μὴ χωρίζεται, μηδ´ ἀπὸ θατέρου χωρίζεσθαι
θάτερον. Τῶν δὲ παρὰ τὴν ἔλλειψιν τοῦ λόγου καὶ τῶν παρὰ τὸ πῂ καὶ
ἁπλῶς ἐν τῷ παρὰ μικρὸν ἡ ἀπάτη· ὡς γὰρ οὐδὲν προσσημαῖνον τὸ τὶ ἢ
πῂ ἢ τὸ πὼς ἢ τὸ νῦν καθόλου συγχωροῦμεν.
§ 9. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν τὸ
ἐν ἀρχῇ λαμβανόντων καὶ τῶν ἀναιτίων καὶ ὅσοι τὰ πλείω ἐρωτήματα ὡς
ἓν ποιοῦσιν· ἐν ἅπασι γὰρ ἡ ἀπάτη διὰ τὸ παρὰ μικρόν· οὐ γὰρ
διακριβοῦμεν οὔτε τῆς προτάσεως οὔτε τοῦ συλλογισμοῦ τὸν ὅρον διὰ
τὴν εἰρημένην αἰτίαν. |
§ 1. L'erreur provient, dans les
paralogismes relatifs à l'homonymie et à la définition, de ce qu'on
ne peut distinguer les sens divers dans lesquels la chose est prise.
C'est qu'il y a certaines choses qu'il n'est pas aisé de diviser,
comme l'un, l'être, l'identique. § 2. Et pour les paralogismes
relatifs à la combinaison et à la division, c'est parce qu'on croit
qu'il n'y a pas de différence entre l'expression combinée et
l'expression divisée, comme dans la plupart des cas. § 3. Et de même
pour ceux qui se rapportent à la prosodie; car l'intonation
affaiblie ou tendue ne paraît point signifier une chose différente
dans aucun cas, ou du moins elle ne paraît pas le signifier dans
beaucoup de cas. § 4. Pour ceux qui sont relatifs à la forme du mot,
c'est par la ressemblance qu'ils se produisent. En effet, il est
difficile de bien déterminer quels sont les mots qui se disent de la
même manière et ceux qui se disent autrement. Mais celui qui peut
faire cette distinction est bien près de voir la vérité, et surtout
il sait l'accorder. C'est qu'en effet nous supposons que tout
attribut d'une chose est quelque chose, et que nous l'identifions
avec elle : et c'est ainsi que l'individuel et l'être nous
paraissent être nécessairement la conséquence de l'un et de la
substance.
§ 5. Ainsi donc, parmi les réfutations
relatives au mot, il faut placer cette espèce d'abord, parce que
l'erreur a bien plus souvent lieu , quand on discute avec les autres
que quand on discute avec soi-même; car l'examen avec un autre se
fait par des discours, tandis que l'examen à part soi se fait au
moins autant par la chose même. II arrive, du reste, que l'on se
trompe dans cet examen personnel, [170a] même quand on fait
porter son étude sur le raisonnement. L'erreur vient encore ici de
la ressemblance; et la ressemblance tient au mot. § 6. Quant aux
paralogismes de l'accident, ils ont lieu parce qu'on ne peut
distinguer le même et l'autre, l'unité et la pluralité, et que les
accidents ne sont pas toujours identiques, et pour les attributs
qualifiés et pour la chose même. § 7. Et de même pour ceux qui sont
relatifs à la consécution; car le conséquent est une partie de
l'accident. Dans la plupart des cas, il paraît, et l'on croit, que
si ceci n'est pas séparé de cela, l'une des choses ne peut pas être
séparée de l'autre. § 8. Pour ceux qui sont relatifs au défaut de
définition, et pour ceux qui ne tiennent qu'à une expression
restrictive ou absolue, l'erreur est presque insaisissable; car nous
accordons la proposition universelle, comme si telle qualité, telle
restriction, telle expression absolue, telle indication de manière
ou de temps, n'ajoutaient rien à la proposition initiale.
§ 9. Et de même pour ceux qui font
pétition de principe, ou prennent pour cause ce qui n'est pas cause,
et tous ceux qui confondent plusieurs questions en une seule. Dans
tous, en effet, l'erreur a lieu, parce qu'elle vient peu à peu; car
nous ne définissons exactement, ni la proposition ni le syllogisme,
par le motif que nous avons dit antérieurement. |
§ 3. L'intonation affaiblie ou
tendue, La prononciation diverse suivant les esprits, les
accents, les brèves et les longues, etc.
§4. Il sait l'accorder, A
l'interlocuteur qui la lui demande.
§ 9. Que nous avons dit
antérieurement, Plus haut, § 1.
|
CHAPITRE VIII.
Les syllogismes et les réfutations
sophistiques sont aussi nombreuses que les syllogismes et les
réfutations apparentes.
|
§ 1. Ἐπεὶ δ´ ἔχομεν παρ´ ὁπόσα γίνονται οἱ φαινόμενοι συλλογισμοί, ἔχομεν
καὶ παρ´ ὁπόσα οἱ σοφιστικοὶ γένοιντ´ ἂν συλλογισμοὶ καὶ ἔλεγχοι.
Λέγω δὲ σοφιστικὸν ἔλεγχον καὶ συλλογισμὸν οὐ μόνον τὸν φαινόμενον
συλλογισμὸν ἢ ἔλεγχον μὴ ὄντα δέ, ἀλλὰ καὶ τὸν ὄντα μὲν φαινόμενον
δὲ οἰκεῖον τοῦ πράγματος. Εἰσὶ δ´ οὗτοι οἱ μὴ κατὰ τὸ πρᾶγμα
ἐλέγχοντες καὶ δεικνύντες ἀγνοοῦντας, ὅπερ ἦν τῆς πειραστικῆς. Ἔστι
δ´ ἡ πειραστικὴ μέρος τῆς διαλεκτικῆς· αὕτη δὲ δύναται συλλογίζεσθαι
ψεῦδος δι´ ἄγνοιαν τοῦ διδόντος τὸν λόγον. Οἱ δὲ σοφιστικοὶ ἔλεγχοι,
ἂν καὶ συλλογίζωνται τὴν ἀντίφασιν, οὐ ποιοῦσι δῆλον εἰ ἀγνοεῖ· καὶ
γὰρ τὸν εἰδότα ἐμποδίζουσι τούτοις τοῖς λόγοις.
§ 3.
Ὅτι δ´ ἔχομεν αὐτοὺς τῇ αὐτῇ μεθόδῳ, δῆλον· παρ´ ὅσα γὰρ φαίνεται
τοῖς ἀκούουσιν ὡς ἠρωτημένα συλλελογίσθαι, παρὰ τοσαῦτα κἂν τῷ
ἀποκρινομένῳ δόξειεν, ὥστ´ ἔσονται συλλογισμοὶ ψευδεῖς διὰ τούτων ἢ
πάντων ἢ ἐνίων· ὃ γὰρ μὴ ἐρωτηθεὶς οἴεται δεδωκέναι, κἂν ἐρωτηθεὶς
θείη. Πλὴν ἐπί γέ τινων ἅμα συμβαίνει προσερωτᾶν τὸ ἐνδεὲς καὶ τὸ
ψεῦδος ἐμφανίζειν, οἷον ἐν τοῖς παρὰ τὴν λέξιν καὶ τὸν σολοικισμόν.
Εἰ οὖν οἱ παραλογισμοὶ τῆς ἀντιφάσεως παρὰ τὸν φαινόμενον ἔλεγχόν
εἰσι, δῆλον ὅτι παρὰ τοσαῦτα ἂν καὶ τῶν ψευδῶν εἴησαν συλλογισμοὶ
παρ´ ὅσα καὶ ὁ φαινόμενος ἔλεγχος. § 4. Ὁ δὲ φαινόμενος παρὰ τὰ μόρια τοῦ
ἀληθινοῦ· [170b] ἑκάστου γὰρ ἐκλείποντος φανείη ἂν ἔλεγχος, οἷον ὁ
παρὰ τὸ μὴ συμβαῖνον διὰ τὸν λόγον (ὁ εἰς τὸ ἀδύνατον), καὶ ὁ τὰς
δύο ἐρωτήσεις μίαν ποιῶν παρὰ τὴν πρότασιν, καὶ ἀντὶ τοῦ καθ´ αὑτὸ ὁ
παρὰ τὸ συμβεβηκός, καὶ τὸ τούτου μόριον, ὁ παρὰ τὸ ἑπόμενον· ἔτι τὸ
μὴ ἐπὶ τοῦ πράγματος ἀλλ´ ἐπὶ τοῦ λόγου συμβαίνειν· εἶτ´, ἀντὶ τοῦ
καθόλου τὴν ἀντίφασιν καὶ κατὰ ταὐτὸ καὶ πρὸς ταὐτὸ καὶ ὡσαύτως,
παρὰ τὸ ἐπί τι, ἢ παρ´ ἕκαστον τούτων· ἔτι παρὰ τὸ "μὴ
ἐναριθμουμένου τοῦ ἐν ἀρχῇ" 〈τὸ〉 τὸ ἐν ἀρχῇ λαμβάνειν. Ὥστ´ ἔχοιμεν
ἂν παρ´ ὅσα γίνονται οἱ παραλογισμοί· παρὰ πλείω μὲν γὰρ οὐκ ἂν
εἶεν, παρὰ δὲ τὰ εἰρημένα ἔσονται πάντες.
§ 5.
Ἔστι δ´ ὁ σοφιστικὸς ἔλεγχος οὐχ ἁπλῶς ἔλεγχος ἀλλὰ πρός τινα· καὶ ὁ
συλλογισμὸς ὡσαύτως. Ἂν μὲν γὰρ μὴ λάβῃ ὅ τε παρὰ τὸ ὁμώνυμον ἓν
σημαίνειν καὶ ὁ παρὰ τὴν ὁμοιοσχημοσύνην τὸ μόνον τόδε, καὶ οἱ ἄλλοι
ὡσαύτως, οὔτ´ ἔλεγχοι οὔτε συλλογισμοὶ ἔσονται, οὔθ´ ἁπλῶς οὔτε πρὸς
τὸν ἐρωτώμενον. Ἐὰν δὲ λάβωσι, πρὸς μὲν τὸν ἐρωτώμενον ἔσονται,
ἁπλῶς δ´ οὐκ ἔσονται· οὐ γὰρ ἓν σημαῖνον εἰλήφασιν ἀλλὰ φαινόμενον,
καὶ παρὰ τοῦδε.
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§ 1 . Puisque nous savons tous les cas
où se produisent les syllogismes apparents, nous savons aussi ceux
où se produisent les syllogismes sophistiques et les réfutations
sophistiques. J'appelle syllogisme sophistique et réfutation
sophistique, non seulement le syllogisme ou la réfutation qui
semblent l'être sans l'être réellement, mais, encore, celui qui
l'étant vraiment, paraît faussement spécial à la chose en question.
Tels sont ceux qui ne réfutent pas relativement à la chose même et
qui ne démontrent pas qu'on l'ignore; ce qui est le but même de
l'art exercitif. Mais cet art est une partie de la dialectique. Elle
peut, elle aussi, conclure le faux par l'ignorance de celui qui
donne la réponse. Quant aux réfutations sophistiques, même quand
elles concluent la contradiction, elles ne montrent pas évidemment
l'ignorance de l'adversaire; car tout ce qu'elles prétendent, c'est
d'embarrasser par ces raisonnements celui qui sait.
§ 3. Il est clair que nous les avons
aussi par la même méthode; car toutes les fois qu'il paraît aux
auditeurs que la conclusion résulte des questions posées, toutes les
fois aussi cela duit paraître également, même à celui qui répond, de
sorte que les syllogismes seront faux par ces questions mêmes, soit
toutes, soit quelques-unes. En effet, ce qu'on pense avoir accordé
sans avoir été interrogé, on l'accorderait également si l'on était
interrogé; si ce n'est que dans certains cas, il arrive qu'en
demandant ce qui manque pour la conclusion, on dévoile en même temps
l'erreur, comme dans les paralogismes relatifs aux mots et au
solécisme. Si donc les paralogismes de la contradiction ne tiennent
qu'à la réfutation apparente, il est évident qu'il y aura également
syllogisme du faux dans tous les cas où il y aura réfutation
apparente. § 4. Mais la réfutation apparente se produit par
l'omission des parties de la véritable; [170b] car, chaque
partie venant à manquer, la réfutation n'est plus qu'apparente :
comme celle qui tient à ce que la conclusion ne sort pas des données
initiales, celle qui procède par réduction à l'absurde, ou celle qui
des deux questions n'en fait qu'une seule et pèche contre la
proposition: et celle qui vient de ce que l'argument, au lieu de
porter sur la même chose, ne porte que sur l'accident, et la
réfutation qui n'est qu'une partie de celle-là, et s'adresse au
conséquent. Puis il y a encore la réfutation qui consiste à montrer
que l'argument vaut non pour la chose, mais pour les mots seuls.
Puis il y aurait aussi la réfutation qui résulte de ce que, au lieu
de l'universel, on a pris la contradiction, et pour le même objet et
sous le même rapport, et de la même façon particulièrement, ou pour
chacune de ces nuances. Reste, enfin, la réfutation relative à la
pétition de principe, quand ou tient compte de ce qui a été posé
dans le principe. Ainsi donc, nous savons tous les cas où se
produisent les paralogismes, car ils ne peuvent se produire de plus
de manières; tous ils ont lieu dans les cas qui ont été indiqués.
§ 5. La réfutation sophistique n'est
point absolument une réfutation, c'est une réfutation seulement pour
tel interlocuteur. Il en est de même du syllogisme sophistique. En
effet, si la réfutation par homonymie ne pose pas que le mot n'a
qu'un seul sens, si la réfutation par ressemblance des mots ne pose
pas qu'elle ne s'attache qu'à tel mot seulement, et si toutes les
autres ne font pas des réserves pareilles, elles ne sont plus des
syllogismes, ni absolument parlant, ni même relativement à
l'interlocuteur. Si elles font ces réserves, ce sont des syllogismes
bons pour l'interlocuteur: mais, absolument parlant, elles n'en sont
pas; car elles prennent, non pas une expression qui n'ait qu'un
sens, mais une expression qui parait seulement n'avoir qu'un sens,
et qui ne peut être ainsi comprise que de l'interlocuteur. |
§ 4. Et pèche contre la
proposition, La suppression d'un article dans l'édition de
Berlin change légèrement le sens; J'ai suivi la leçon de Pacius.
Sylburge a la leçon du l'édition de Berlin.
- Quand on tient compte, C'est
la leçon de Pacius et de Sylburge. L'édition de Berlin admet ici une
négation qu'avaient déjà donnée plusieurs éditions; le sens est
également acceptable, et peut-être même serait-il meilleur, Il
faudrait alors traduire: Quand on ne veut pas compte du principe,
c'est-à-dire qu'on le répète dans la conclusion. Voir plus haut, ch.
6 § 7.
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CHAPITRE IX.
Il faudrait posséder toutes les
sciences, pour connaître toutes les réfutations possibles, vraies ou
fausses. Il faut donc se borner aux réfutations dialectiques.
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§ 1. Παρὰ πόσα δ´ ἐλέγχονται οἱ
ἐλεγχόμενοι, οὐ δεῖ πειρᾶσθαι λαμβάνειν ἄνευ τῆς τῶν ὄντων ἐπιστήμης
ἁπάντων. Τοῦτο δ´ οὐ μιᾶς ἔστι τέχνης·
ἄπειροι γὰρ ἴσως αἱ ἐπιστῆμαι, ὥστε δῆλον ὅτι καὶ αἱ ἀποδείξεις.
Ἔλεγχοι δ´ εἰσὶ καὶ ἀληθεῖς· ὅσα γὰρ ἔστιν ἀποδεῖξαι, ἔστι καὶ
ἐλέγξαι τὸν θέμενον τὴν ἀντίφασιν τοῦ ἀληθοῦς· οἷον εἰ σύμμετρον τὴν
διάμετρον ἔθηκεν, ἐλέγξειεν ἄν τις τῇ ἀποδείξει ὅτι ἀσύμμετρος. Ὥστε
πάντων δεήσει ἐπιστήμονας εἶναι· οἱ μὲν γὰρ ἔσονται παρὰ τὰς ἐν
γεωμετρίᾳ ἀρχὰς καὶ τὰ τούτων συμπεράσματα, οἱ δὲ παρὰ τὰς ἐν
ἰατρικῇ, οἱ δὲ παρὰ τὰς τῶν ἄλλων ἐπιστημῶν.
§ 2. Ἀλλὰ μὴν καὶ οἱ ψευδεῖς
ἔλεγχοι ὁμοίως ἂν εἶεν ἐν ἀπείροις· καθ´ ἑκάστην γὰρ τέχνην ἔστι
ψευδὴς συλλογισμός, οἷον κατὰ γεωμετρίαν ὁ γεωμετρικὸς καὶ κατὰ
ἰατρικὴν ὁ ἰατρικός· λέγω δὲ τὸ κατὰ τὴν τέχνην τὸ κατὰ τὰς ἐκείνης
ἀρχάς. § 3. Δῆλον οὖν ὅτι οὐ πάντων τῶν ἐλέγχων ἀλλὰ τῶν παρὰ τὴν
διαλεκτικὴν ληπτέον τοὺς τόπους· οὗτοι γὰρ κοινοὶ πρὸς ἅπασαν τέχνην
καὶ δύναμιν. § 4. Καὶ τὸν μὲν καθ´ ἑκάστην ἐπιστήμην ἔλεγχον τοῦ
ἐπιστήμονός ἐστι θεωρεῖν, εἴ τε μὴ ὢν φαίνεται, εἴ τ´ ἔστι, διὰ τί
ἔστι· τὸν δ´ ἐκ τῶν κοινῶν καὶ ὑπὸ μηδεμίαν τέχνην τῶν διαλεκτικῶν.
§ 5. Εἰ γὰρ ἔχομεν ἐξ ὧν οἱ ἔνδοξοι συλλογισμοὶ περὶ ὁτιοῦν, ἔχομεν
[171a] ἐξ ὧν οἱ ἔλεγχοι· ὁ γὰρ ἔλεγχός ἐστιν ἀντιφάσεως
συλλογισμός, ὥστ´ ἢ εἷς ἢ δύο συλλογισμοὶ ἀντιφάσεως ἔλεγχός ἐστιν.
Ἔχομεν ἄρα παρ´ ὁπόσα πάντες εἰσὶν οἱ τοιοῦτοι. § 6. Εἰ δὲ τοῦτ´ ἔχομεν,
καὶ τὰς λύσεις ἔχομεν· αἱ γὰρ τούτων ἐνστάσεις λύσεις εἰσίν. § 7. Ἔχομεν
δέ, παρ´ ὁπόσα γίνονται, καὶ τοὺς φαινομένους, φαινομένους δὲ οὐχ
ὁτῳοῦν ἀλλὰ τοῖς τοιοῖσδε· ἀόριστα γάρ ἐστιν ἐάν τις σκοπῇ παρ´
ὁπόσα φαίνονται τοῖς τυχοῦσιν.
§ 8. Ὥστε φανερὸν ὅτι τοῦ διαλεκτικοῦ ἐστι
τὸ δύνασθαι λαβεῖν παρ´ ὅσα γίνεται διὰ τῶν κοινῶν ἢ ὢν ἔλεγχος ἢ
φαινόμενος ἔλεγχος, καὶ ἢ διαλεκτικὸς ἢ φαινόμενος διαλεκτικὸς ἢ
πειραστικός. |
§ 1. Pour savoir de combien de
manières la réfutation vraie peut avoir lieu, il ne faudrait pas
moins que posséder la connaissance totale de toutes choses. Mais il
n'y a pas d'art qui puisse jamais enseigner rien de pareil. En
effet, les sciences sont peut-être infinies en nombre, de sorte
qu'il est évident que les démonstrations le sont également. Mais il
y a des réfutations aussi qui sont vraies; car tout ce qu'on peut
démontrer, on peut aussi le réfuter en posant la contradiction du
vrai : par exemple, si l'on a supposé que le diamètre est
commensurable, on réfutera en démontrant qu'il est incommensurable.
Pour connaître toutes les réfutations, il faudrait donc tout savoir;
car les unes seront relatives aux principes de géométrie et aux
conclusions qu'on en tire, les autres aux principes de médecine, et
les autres aux principes des autres sciences. § 2. D'un autre côté, les réfutations
fausses ne seront pas moins infinies: en effet, dans chaque art il y
a le faux syllogisme; en géométrie, le géométrique; en médecine, le
médical. Quand je dis dans chaque art, j'entends toujours que le
syllogisme s'adresse aux principes de cet art.
§ 3. Il est donc
clair qu'il ne faut pas vouloir rassembler les lieux de toutes les
réfutations sans exception, mais qu'il faut se borner à celles de la
dialectique; car ces lieux-là s'étendent à tout art, à tout exercice
de l'esprit. § 4. Quant à la réfutation spéciale dans chaque
science, c'est au savant de la connaître, de distinguer, quand elle
n'est pas réelle, qu'elle est simplement apparente: et, quand elle
est vraie, pourquoi elle l'est. Quant à celle qui se tire de
principes communs, et qui n'appartient spécialement à aucun art,
c'est au dialecticien seul de l'étudier.
§ 5. En effet, si nous savions d'où se
tirent les syllogismes probables sur un sujet quelconque, nous
saurions aussi [171a] d'où se tirent les réfutations; car la
réfutation n'est que le syllogisme de la contradiction, de sorte
que, soit un, soit deux syllogismes de contradiction forment une
réfutation: et nous savons déjà tous les lieux d'où viennent les
réfutations de ce genre. § 6. Une fois arrivée à ce point, nous
aurions aussi des solutions; car les objections à ces réfutations
sont des solutions. § 7. Nous savons tous les cas où ont lieu celles
aussi qui ne sont qu'apparentes; apparentes, non pas même pour tout
le monde, mais pour telles personnes particulièrement. Mais ou
pourrait trouver, si l'on y regardait de près, qu'il y a une
infinité de faces où elles sembleraient apparentes au vulgaire.
§ 8. En résumé, on voit donc
clairement qu'il appartient au dialecticien de pouvoir connaître
tous les cas, où se produit par des principes communs, ou la
réfutation réelle, ou la réfutation simplement apparente, ou la
réfutation dialectique, ou la réfutation qui parait dialectique, ou
enfin la réfutation qui n'a pour objet que d'essayer les forces de
l'adversaire. |
§ 4. C'est au dialecticien,
L'édition de Berlin donne le pluriel sans citer d'autorité; cette
variante est sans importance.
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CHAPITRE X.
Il n'y a pas, comme on l'a dit
souvent, raisonnements de mots, raisonnements de pensée : les uns et
les autres se confondent.
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§ 1.
Οὐκ ἔστι δὲ διαφορὰ τῶν λόγων ἣν λέγουσί τινες, τὸ εἶναι τοὺς μὲν
πρὸς τοὔνομα λόγους, ἑτέρους δὲ πρὸς τὴν διάνοιαν· ἄτοπον γὰρ τὸ
ὑπολαμβάνειν ἄλλους μὲν εἶναι πρὸς τοὔνομα λόγους, ἑτέρους δὲ πρὸς
τὴν διάνοιαν, ἀλλ´ οὐ τοὺς αὐτούς. § 2. Τί γάρ ἐστι τὸ μὴ πρὸς τὴν
διάνοιαν ἀλλ´ ἢ ὅταν μὴ χρῆται τῷ ὀνόματι ἐφ´ ᾧ οἰόμενος ἐρωτᾶσθαι ὁ
ἐρωτώμενος ἔδωκεν; τὸ δ´ αὐτὸ τοῦτό ἐστι καὶ πρὸς τοὔνομα· τὸ δὲ
πρὸς τὴν διάνοιαν, ὅταν ἐφ´ ᾧ ἔδωκεν διανοηθείς. Εἰ δή τινες πλείω
σημαίνοντος τοῦ ὀνόματος οἴοιντο ἓν σημαίνειν— καὶ ὁ ἐρωτῶν καὶ ὁ
ἐρωτώμενος (οἷον ἴσως τὸ ὂν ἢ τὸ ἓν πολλὰ σημαίνει, ἀλλὰ καὶ ὁ
ἀποκρινόμενος καὶ ὁ ἐρωτῶν [Ζήνων] ἓν οἰόμενοι εἶναι εἰρήκασι, καὶ
ἔστιν ὁ λόγος ὅτι ἓν πάντα), 〈ἆρ´〉 οὗτος πρὸς τοὔνομα ἔσται ἢ πρὸς
τὴν διάνοιαν τοῦ ἐρωτωμένου διειλεγμένος; εἰ δέ γέ τις πολλὰ οἴεται
σημαίνειν, δῆλον ὅτι οὐ πρὸς τὴν διάνοιαν. § 3. Πρῶτον μὲν γὰρ περὶ τοὺς
τοιούτους ἐστὶ λόγους τὸ πρὸς τοὔνομα καὶ πρὸς τὴν διάνοιαν ὅσοι
πλείω σημαίνουσιν, § 4. εἶτα περὶ ὁντινοῦν ἐστιν· οὐ γὰρ ἐν τῷ λόγῳ ἐστὶ
τὸ πρὸς τὴν διάνοιαν εἶναι, ἀλλ´ ἐν τῷ τὸν ἀποκρινόμενον ἔχειν πως
πρὸς τὰ δεδομένα. § 5. Εἶτα πρὸς τοὔνομα πάντας ἐνδέχεται αὐτοὺς εἶναι·
τὸ γὰρ πρὸς τοὔνομα τὸ μὴ πρὸς τὴν διάνοιαν εἶναί ἐστιν ἐνταῦθα. Εἰ
γὰρ μὴ πάντες, ἔσονταί τινες ἕτεροι οὔτε πρὸς τοὔνομα οὔτε πρὸς τὴν
διάνοιαν· οἱ δέ φασι πάντας, καὶ διαιροῦνται ἢ πρὸς τοὔνομα ἢ πρὸς
τὴν διάνοιαν εἶναι πάντας, ἄλλους δ´ οὔ. Ἀλλὰ μὴν ὅσοι συλλογισμοί
εἰσι παρὰ τὸ πλεοναχῶς, τούτων εἰσί τινες οἱ παρὰ τοὔνομα. Ἀτόπως
μὲν γὰρ καὶ εἴρηται τὸ παρὰ τοὔνομα φάναι πάντας τοὺς παρὰ τὴν
λέξιν· ἀλλ´ οὖν εἰσί τινες παραλογισμοὶ οὐ τῷ τὸν ἀποκρινόμενον πρὸς
τούτους ἔχειν πως, ἀλλὰ τῷ τοιονδὶ ἐρώτημα τὸν λόγον αὐτὸν ἔχειν ὃ
πλείω σημαίνει.
[171b] § 6. Ὅλως τε ἄτοπον τὸ περὶ ἐλέγχου διαλέγεσθαι ἀλλὰ μὴ πρότερον
περὶ συλλογισμοῦ· ὁ γὰρ ἔλεγχος συλλογισμός ἐστιν, ὥστε χρὴ καὶ περὶ
συλλογισμοῦ πρότερον ἢ περὶ ψευδοῦς ἐλέγχου· ἔστι γὰρ ὁ τοιοῦτος
ἔλεγχος φαινόμενος συλλογισμὸς ἀντιφάσεως. Διὸ ἢ ἐν τῷ συλλογισμῷ
ἔσται τὸ αἴτιον ἢ ἐν τῇ ἀντιφάσει (προσκεῖσθαι γὰρ δεῖ τὴν
ἀντίφασιν), ὁτὲ δ´ ἐν ἀμφοῖν, ἂν ᾖ φαινόμενος ἔλεγχος. Ἔστι δὲ ὁ μὲν
τοῦ "σιγῶντα λέγειν" ἐν τῇ ἀντιφάσει, οὐκ ἐν τῷ συλλογισμῷ, ὁ δὲ "ἃ
μὴ ἔχοι τις, δοίη ἄν" ἐν ἀμφοῖν, ὁ δὲ ὅτι ἡ Ὁμήρου ποίησις σχῆμα διὰ
τοῦ "κύκλος" ἐν τῷ συλλογισμῷ. Ὁ δ´ ἐν μηδετέρῳ ἀληθὴς συλλογισμός.
§ 7. Ἀλλὰ δή, ὅθεν ὁ λόγος ἦλθε, πότερον οἱ ἐν τοῖς μαθήμασι λόγοι πρὸς
τὴν διάνοιάν εἰσιν ἢ οὔ; καὶ εἴ τινι δοκεῖ πολλὰ σημαίνειν τὸ
τρίγωνον, καὶ ἔδωκε μὴ ὡς τοῦτο τὸ σχῆμα ἐφ´ οὗ συνεπεράνατο ὅτι δύο
ὀρθαί, πότερον πρὸς τὴν διάνοιαν οὗτος διείλεκται τὴν ἐκείνου ἢ οὔ;
§ 8.
Ἔτι εἰ πολλὰ μὲν σημαίνει τοὔνομα, ὁ δὲ μὴ νοεῖ μηδ´ οἴεται, πῶς
οὗτος οὐ πρὸς τὴν διάνοιαν διείλεκται; ἢ πῶς δεῖ ἐρωτᾶν πλὴν διδόντα
διαίρεσιν, εἴ τ´ ἐρωτήσειέ τις εἰ ἔστι σιγῶντα λέγειν ἢ οὔ, ἢ ἔστι
μὲν ὡς οὔ, ἔστι δ´ ὡς ναί, εἰ δή τις δοίη μηδαμῶς, ὁ δὲ διαλεχθείη,
ἆρ´ οὐ πρὸς τὴν διάνοιαν διείλεκται; καίτοι ὁ λόγος δοκεῖ τῶν παρὰ
τὸ ὄνομα εἶναι. Οὐκ ἄρα ἐστὶ γένος τι λόγων τὸ πρὸς τὴν διάνοιαν. §
9. Ἀλλ´ οἱ μὲν πρὸς τοὔνομά εἰσι· καίτοι οὗτοι οὐ πάντες, οὐχ ὅτι οἱ
ἔλεγχοι ἀλλ´ οὐδ´ οἱ φαινόμενοι ἔλεγχοι. Εἰσὶ γὰρ καὶ μὴ παρὰ τὴν
λέξιν φαινόμενοι ἔλεγχοι, οἷον οἱ παρὰ τὸ συμβεβηκὸς καὶ ἕτεροι.
§ 10.
Εἰ δέ τις ἀξιοῖ διαιρεῖν, ὅτι "λέγω δὲ σιγῶντα λέγειν τὰ μὲν ὡδὶ τὰ
δ´ ὡδί", ἀλλὰ τοῦτό γ´ ἐστὶ πρῶτον μὲν ἄτοπον, τὸ ἀξιοῦν· ἐνίοτε γὰρ
οὐ δοκεῖ τὸ ἐρωτώμενον πολλαχῶς ἔχειν, ἀδύνατον δὲ διαιρεῖν ὃ μὴ
οἴεται. Ἔπειτα τὸ διδάσκειν τί ἄλλο ἔσται; φανερὸν γὰρ ποιήσει ὡς
ἔχει τῷ μήτ´ ἐσκεμμένῳ μήτ´ εἰδότι μήθ´ ὑπολαμβάνοντι ὅτι ἄλλως
λέγεται· ἐπεὶ καὶ ἐν τοῖς διπλοῖς τί κωλύει τοῦτο παθεῖν; "Ἆρα ἴσαι
αἱ μονάδες ταῖς δυάσιν ἐν τοῖς τέτταρσιν; εἰσὶ δὲ [δυάδες] αἱ μὲν
ὡδὶ ἐνοῦσαι αἱ δὲ ὡδί." Καὶ "Ἆρα τῶν ἐναντίων μία ἐπιστήμη ἢ οὔ;
ἔστι δ´ ἐναντία τὰ μὲν γνωστὰ τὰ δ´ ἄγνωστα". Ὥστ´ ἔοικεν ἀγνοεῖν ὁ
τοῦτο ἀξιῶν ὅτι ἕτερον [172a] τὸ διδάσκειν τοῦ διαλέγεσθαι, καὶ
ὅτι δεῖ τὸν μὲν διδάσκοντα μὴ ἐρωτᾶν ἀλλ´ αὐτὸν δῆλα ποιεῖν, τὸν δ´
ἐρωτᾶν. |
§ 1. Il n'y a pas cette différence
entre les raisonnements que l'on prétend parfois y trouver,
raisonnements de mots et raisonnements de pensée. Il est absurde de
croire que les raisonnements de mots soient autres que les
raisonnements de pensée, et que les uns et les autres ne soient pas
les mêmes. § 2. Qu'est-ce, en effet, que raisonner contre la
pensée, si ce n'est se servir du mot qu'a accordé l'interlocuteur,
dans un sens où il n'a pas cru être interrogé? Mais cela même aussi
se rapporte au mot. Rester dans la pensée, c'est comprendre la chose
dans le sens où l'interlocuteur l'a donnée. Mais si, lorsque le mot
a plusieurs sens, on s'imagine qu'il n'en a qu'un seul, aussi bien
celui qui interroge que celui qui est interrogé: par exemple,
l'autre, l'un, ont plusieurs sens; mais si Zénon qui interroge et
son interlocuteur ont supposé dans l'interrogation qu'il n'y avait
qu'un sens unique, et que l'on trouve à cette conclusion que tout
est un ; si, dis-je quelqu'un agit ainsi, il aura discuté non pas
seulement la fin mais aussi la pensée pour l'objet en question. Que,
si l'on supposait au contraire que le mot a plusieurs sens, il est
clair que ce n'est pas à la pensée que l'argument s'adresse. § 3. En
effet, c'est dans les raisonnements qui ont plusieurs sens qu'il
faut d'abord chercher cette distinction du mot et de la pensée. § 4.
Puis ensuite, il faut voir à qui ils s'adressent; car ce n'est pas
tant dans l'expression que consiste le raisonnement relatif à la
pensée; que dans la disposition particulière où se trouve
l'interlocuteur, relativement aux principes accordés. § 5. Il se
peut de plus que tous ces raisonnements de pensée s'adressent aussi
au mot, puisqu'ici ne s'adresser qu'au mot, c'est ne point
s'adresser à la pensée. En effet, s'ils ne s'y rapportaient pas
tous, il y en aurait alors quelques uns qui seraient tout autres et
qui ne seraient ni de mot ni de pensée. Mais on prétend que tous les
raisonnements sont ainsi, et on les divise tous en raisonnements de
mot et raisonnements de pensée, n'en voulant pas reconnaître
d'autres. Pourtant, parmi tous les syllogismes qui tiennent aux sens
divers des mots, il y en a quelques uns qui ne sont pas relatifs au
mot. En effet, c'est à tort qu'on prétend appeler tous les
paralogismes d'expression paralogismes de mots. Mais il y a sûrement
certains paralogismes qui ont lieu, non pas parce que celui qui
répond est à l'égard de la question disposé de telle façon, mais
parce que l'argumentation elle-même renferme une question qui peut
présenter plusieurs significations.
[171b] § 6. Il est aussi tout à
fait absurde de discuter sur la réfutation sans avoir préalablement
discuté sur le syllogisme; car la réfutation n'est qu'un syllogisme,
de sorte qu'il faut avoir discuté sur le syllogisme avant de passer
à la fausse réfutation. En effet, cette réfutation n'est que le
syllogisme apparent de la contradiction. Ainsi, la cause de l'erreur
est ou dans le syllogisme ou dans la contradiction ; car il faut
ajouter aussi la contradiction, et tantôt elle est dans les deux, si
c'est une réfutation apparente. Ainsi, clans le cas de ce
paralogisme que celui qui se tait parle, l'erreur est dans la
contradiction et non dans le syllogisme. Dans cet autre que l'on
peut donner ce que l'on n'a point, l'erreur est dans les deux. Dans
cet autre enfin, que la poésie d'Homère est une figure parce qu'elle
est un cycle, l'erreur est dans le syllogisme. Mais là où l'erreur
n'est ni de l'un ni de l'autre côté, le syllogisme est vrai.
§ 7. Mais pour revenir au point d'où
la discussion est partie, y a-t-il dans les mathématiques des
raisonnements qui s'adressent ou ne s'adressent pas à la pensée? Et
s'il paraît à quelqu'un que triangle a plusieurs sens, et si on l'a
concédé, sans que ce soit d'ailleurs pour cette figure de laquelle
on conclut qu'il a ses angles égaux à deux droits, le raisonnement
ainsi obtenu répond-il, ou non, à la pensée de l'interlocuteur?
§ 8. Si le mot a plusieurs sens, et
qu'on ne le sache pas, ou qu'on n'y pense pas, comment le
raisonnement peut-il ne pas répondre à la pensée? Ou bien comment
faut-il poser l'interrogation, si ce n'est de demander de nouveau,
après avoir obtenu la division, s'il est possible que celui qui se
tait parle, ou si ce n'est pas possible; ou bien si c'est en partie
impossible et en partie possible? Si l'interlocuteur ne fait aucune
concession et que l'on continue de discuter, doit-on dire pour cela
qu'on n'a point argumenté contre sa pensée? Et cependant le
raisonnement, dans ce cas, parait un simple raisonnement de mots. Il
n'y a donc pas un genre particulier de raisonnements relativement à
la pensée. § 9. Il y eu a quelques uns qui ne sont relatifs qu'aux
mots; mais l'on ne saurait mettre dans cette classe, je ne dis pas
seulement toutes les réfutations, mais encore toutes les réfutations
apparentes; car il y a aussi des réfutations apparentes qui ne sont
pas relatives à l'expression: par exemple, celles qui sont relatives
à l'accident, et bien d'autres.
§ 10. Mais si l'on prétend diviser
ainsi : Quand je dis que celui qui se tait parle..., la chose est en
partie de cette façon, est en partie d'une autre. La première
observation à faire tout d'abord c'est qu'il est absurde de penser
ainsi ; car quelquefois la chose mise en questions ne paraît pas
avoir plusieurs façons d'être, et il est impossible de diviser ce
qu'on ne pense pas comme multiple. De plus, que sera-ce
qu'expliciter la chose, si ce n'est faire connaître évidemment ce
qu'elle est à l'interlocuteur qui n'a point recherché, qui ne sait
si elle peut être autrement, et qui ne le suppose même pas? Et qui
empêche même de faire cela pour les choses qui ne sont pas doubles?
Les unités sont-elles donc, égales aux dyades dans le nombre quatre?
Or, les dyades sont, celles-ci de cette façon, celles-là d'une
autre. Y a-t-il ou n'y a-t-il pas une notion unique des contraires?
Mais parmi les contraires les uns sont connus, les autres inconnus.
Ainsi donc, on paraît ignorer quand on pense cela, [172a]
qu'enseigner est tout autre chose que discuter, et qu'il faut que
celui qui enseigne n'interroge pas, mais éclaircisse lui-même les
choses, tandis que l'autre doit interroger. |
§ 5. Qui ne sont pas relatifs au
mot, L'édition de Berlin ne donne pas de négation. C'est la
leçon qu'adopte Sylburge. Ce qui suit ne semble exiger la leçon que
je conserve avec Pacius et Isingrinius.
§ 6. Que celui qui se tait parle,
L'équivoque consiste en ce que la phrase grecque peut également
signifier : celui qui se tait parle ; ou bien : dire des choses qui
se taisent; Voir plus haut, chap. 4, et § 4, et l'Euthydème
de Platon, p. 120, de la trad. de V. Cousin.
- Cycle, signifie également en
grec cercle et une espèce de poésie.
§ 10. Les unités sont-elles donc
égales aux dyades, Les unités qui sont dans le nombre quatre
sont, étant prises ensemble, égales aux deux dyades qui composent ce
nombre; mais les unités prise séparément ne sont pas égales au
dyades prises séparément aussi.
|
CHAPITRE XI.
Différences des divers arts qui
concernent le raisonnement : rôle de la démonstration ; rôle de la
dialectique ; caractère de la sophistique et du raisonnement
contentieux.
|
§ 1.
Ἔτι τὸ φάναι ἢ ἀποφάναι ἀξιοῦν οὐ δεικνύντος ἐστὶν ἀλλὰ πεῖραν
λαμβάνοντος· ἡ γὰρ πειραστική ἐστι διαλεκτική τις καὶ θεωρεῖ οὐ τὸν
εἰδότα ἀλλὰ τὸν ἀγνοοῦντα καὶ προσποιούμενον. § 2. Ὁ μὲν οὖν κατὰ τὸ
πρᾶγμα θεωρῶν τὰ κοινὰ διαλεκτικός, ὁ δὲ τοῦτο φαινομένως ποιῶν
σοφιστικός, § 3. καὶ συλλογισμὸς ἐριστικὸς καὶ σοφιστικός ἐστιν εἷς μὲν ὁ
φαινόμενος συλλογιστικὸς περὶ ὧν ἡ διαλεκτικὴ πειραστική ἐστι, κἂν
ἀληθὲς τὸ συμπέρασμα ᾖ (τοῦ γὰρ διὰ τί ἀπατητικός ἐστι), καὶ ὅσοι μὴ
ὄντες κατὰ τὴν ἑκάστου μέθοδον παραλογισμοὶ δοκοῦσιν εἶναι κατὰ τὴν
τέχνην. Τὰ γὰρ ψευδογραφήματα οὐκ ἐριστικά (κατὰ γὰρ τὰ ὑπὸ τὴν
τέχνην οἱ παραλογισμοί), οὐδέ γ´ εἴ τί ἐστι ψευδογράφημα περὶ
ἀληθές, οἷον τὸ Ἱπποκράτους ἢ ὁ τετραγωνισμὸς ὁ διὰ τῶν μηνίσκων. Ἀλλ´ ὡς Βρύσων ἐτετραγώνιζε τὸν κύκλον, εἰ καὶ τετραγωνίζεται ὁ
κύκλος, ἀλλ´ ὅτι οὐ κατὰ τὸ πρᾶγμα, διὰ τοῦτο σοφιστικός. Ὥστε ὅ τε
περὶ τῶνδε φαινόμενος συλλογισμὸς ἐριστικὸς λόγος, καὶ ὁ κατὰ τὸ
πρᾶγμα φαινόμενος συλλογισμός, κἂν ᾖ συλλογισμός, ἐριστικὸς λόγος·
φαινόμενος γάρ ἐστι κατὰ τὸ πρᾶγμα, ὥστ´ ἀπατητικὸς καὶ ἄδικος. Ὥσπερ γὰρ ἡ ἐν ἀγῶνι ἀδικία εἶδός τι ἔχει καὶ ἔστιν ἀδικομαχία τις,
οὕτως ἐν ἀντιλογίᾳ ἀδικομαχία ἡ ἐριστική ἐστιν· ἐκεῖ τε γὰρ οἱ
πάντως νικᾶν προαιρούμενοι πάντων ἅπτονται, καὶ ἐνταῦθα οἱ
ἐριστικοί. § 4. Οἱ μὲν οὖν τῆς νίκης αὐτῆς χάριν τοιοῦτοι ἐριστικοὶ
ἄνθρωποι καὶ φιλέριδες δοκοῦσιν εἶναι, οἱ δὲ δόξης χάριν τῆς εἰς
χρηματισμὸν σοφιστικοί· ἡ γὰρ σοφιστική ἐστιν, ὥσπερ εἴπομεν,
χρηματιστική τις ἀπὸ σοφίας φαινομένης· διὸ φαινομένης ἀποδείξεως
ἐφίενται, καὶ τῶν λόγων τῶν αὐτῶν μὲν [εἴσιν] οἱ φιλέριδες καὶ οἱ
σοφισταί, ἀλλ´ οὐ τῶν αὐτῶν ἕνεκεν, καὶ λόγος ὁ αὐτὸς μὲν ἔσται
σοφιστικὸς καὶ ἐριστικός, ἀλλ´ οὐ κατὰ ταὐτόν, ἀλλ´ ᾗ μὲν νίκης
φαινομένης 〈ἕνεκα〉, ἐριστικός, ᾗ δὲ σοφίας, σοφιστικός· καὶ γὰρ ἡ
σοφιστική ἐστι φαινομένη σοφία τις ἀλλ´ οὐκ οὖσα. § 5. Ὁ δ´ ἐριστικός
ἐστί πως οὕτως ἔχων πρὸς τὸν διαλεκτικὸν ὡς ὁ ψευδογράφος πρὸς τὸν
γεωμετρικόν· ἐκ γὰρ τῶν αὐτῶν τῷ διαλεκτικῷ παραλογίζεται, καὶ ὁ
ψευδογράφος τῷ γεωμέτρῃ. Ἀλλ´ ὁ μὲν οὐκ ἐριστικός, ὅτι ἐκ τῶν ἀρχῶν
καὶ συμπερασμάτων [172b] τῶν ὑπὸ τὴν τέχνην ψευδογραφεῖ· ὁ δ´ ὑπὸ
τὴν διαλεκτικὴν περὶ τἆλλα ὅτι ἐριστικὸς ἔσται δῆλον. Οἷον ὁ
τετραγωνισμὸς ὁ μὲν διὰ τῶν μηνίσκων οὐκ ἐριστικός, ὁ δὲ Βρύσωνος
ἐριστικός· καὶ τὸν μὲν οὐκ ἔστι μετενεγκεῖν ἀλλ´ ἢ πρὸς γεωμετρίαν
μόνον, διὰ τὸ ἐκ τῶν ἰδίων εἶναι ἀρχῶν, τὸν δὲ πρὸς πολλούς, ὅσοι μὴ
ἴσασι τὸ δυνατὸν ἐν ἑκάστῳ καὶ τὸ ἀδύνατον· ἁρμόσει γάρ. Ἢ ὡς
Ἀντιφῶν ἐτετραγώνιζεν. Ἢ εἴ τις μὴ φαίη βέλτιον εἶναι ἀπὸ δείπνου
περιπατεῖν διὰ τὸν Ζήνωνος λόγον, οὐκ ἰατρικός· κοινὸς γάρ. Εἰ μὲν
οὖν πάντῃ ὁμοίως εἶχεν ὁ ἐριστικὸς πρὸς τὸν διαλεκτικὸν τῷ
ψευδογράφῳ πρὸς τὸν γεωμέτρην, οὐκ ἂν ἦν περὶ ἐκείνων ἐριστικός· §
6. νῦν
δ´ οὐκ ἔστιν ὁ διαλεκτικὸς περὶ γένος τι ὡρισμένον, οὐδὲ δεικτικὸς
οὐδενός, οὐδὲ τοιοῦτος οἷος ὁ καθόλου. Οὔτε γάρ ἐστιν ἅπαντα ἐν ἑνί
τινι γένει, οὔτε, εἰ εἴη, οἷόν τε ὑπὸ τὰς αὐτὰς ἀρχὰς εἶναι τὰ ὄντα.
§ 7. Ὥστ´ οὐδεμία τέχνη τῶν δεικνυουσῶν τινα φύσιν ἐρωτητική ἐστιν· οὐ
γὰρ ἔξεστιν ὁποτερονοῦν τῶν μορίων δοῦναι· συλλογισμὸς γὰρ οὐ
γίνεται ἐξ ἀμφοῖν. Ἡ δὲ διαλεκτικὴ ἐρωτητική ἐστιν, εἰ δ´ ἐδείκνυεν,
εἰ καὶ μὴ πάντα, ἀλλὰ τά γε πρῶτα καὶ τὰς οἰκείας ἀρχὰς οὐκ ἂν
ἠρώτα· μὴ διδόντος γὰρ οὐκ ἂν ἔτι εἶχεν ἐξ ὧν ἔτι διαλέξεται πρὸς
τὴν ἔνστασιν.
§ 8. Ἡ δ´ αὐτὴ καὶ πειραστική· οὐδὲ γὰρ ἡ πειραστικὴ
τοιαύτη ἐστὶν οἵα ἡ γεωμετρία, ἀλλ´ ἣν ἂν ἔχοι καὶ μὴ εἰδώς τις. Ἔξεστι γὰρ πεῖραν λαβεῖν καὶ τὸν μὴ εἰδότα τὸ πρᾶγμα τοῦ μὴ εἰδότος,
εἴπερ καὶ δίδωσιν, οὐκ ἐξ ὧν οἶδεν οὐδ´ ἐκ τῶν ἰδίων ἀλλ´ ἐκ τῶν
ἑπομένων, ὅσα τοιαῦτά ἐστιν ἃ εἰδότα μὲν οὐδὲν κωλύει μὴ εἰδέναι τὴν
τέχνην, μὴ εἰδότα δ´ ἀνάγκη ἀγνοεῖν. (Ὥστε φανερὸν ὅτι οὐδενὸς
ὡρισμένου ἡ πειραστικὴ ἐπιστήμη ἐστίν. Διὸ καὶ περὶ πάντων ἐστί·
πᾶσαι γὰρ αἱ τέχναι χρῶνται καὶ κοινοῖς τισιν. § 9. Διὸ πάντες καὶ οἱ
ἰδιῶται τρόπον τινὰ χρῶνται τῇ διαλεκτικῇ καὶ πειραστικῇ· πάντες γὰρ
μέχρι τινὸς ἐπιχειροῦσιν ἀνακρίνειν τοὺς ἐπαγγελλομένους.) Ταῦτα δ´
ἐστὶ τὰ κοινά· ταῦτα γὰρ οὐδὲν ἧττον ἴσασιν αὐτοί, κἂν δοκῶσι λίαν
ἔξω λέγειν. Ἐλέγχουσιν οὖν ἅπαντες· ἀτέχνως γὰρ μετέχουσι τούτου οὗ
ἐντέχνως ἡ διαλεκτική ἐστι, καὶ ὁ τέχνῃ συλλογιστικῇ πειραστικὸς
διαλεκτικός. Ἐπεὶ δ´ ἐστὶ πολλὰ μὲν ταὐτὰ κατὰ πάντων, οὐ τοιαῦτα δ´
ὥστε φύσιν τινὰ εἶναι καὶ γένος ἀλλ´ οἷα αἱ ἀποφάσεις, τὰ δ´ οὐ
τοιαῦτα ἀλλὰ ἴδια, ἔστιν ἐκ τούτων περὶ ἁπάντων πεῖραν λαμβάνειν καὶ
εἶναι [173a] τέχνην τινά, καὶ μὴ τοιαύτην εἶναι οἷαι αἱ
δεικνύουσαι. § 10. Διόπερ ὁ ἐριστικὸς οὐκ ἔστιν οὕτως ἔχων πάντῃ ὡς ὁ
ψευδογράφος· οὐ γὰρ ἔσται παραλογιστικὸς ἐξ ὡρισμένου τινὸς γένους
ἀρχῶν, ἀλλὰ περὶ πᾶν γένος ἔσται ὁ ἐριστικός.
§ 11. Τρόποι μὲν οὖν εἰσιν
οὗτοι τῶν σοφιστικῶν ἐλέγχων. Ὅτι δ´ ἐστὶ τοῦ διαλεκτικοῦ τὸ
θεωρῆσαι περὶ τούτων καὶ δύνασθαι ταῦτα ποιεῖν, οὐ χαλεπὸν ἰδεῖν· ἡ
γὰρ περὶ τὰς προτάσεις μέθοδος ἅπασαν ἔχει ταύτην τὴν θεωρίαν.Καὶ
περὶ μὲν τῶν ἐλέγχων εἴρηται τῶν φαινομένων. |
§ 1. Ce n'est pas quand on démontre
qu'il faut demander à l'interlocuteur d'affirmer ou de nier des
propositions; c'est seulement quand on veut essayer les forces de
l'adversaire. En effet, l'art exercitif est une sorte de
dialectique; et il examine et observe en tout sens, non pas celui
qui sait, mais celui qui ignore et qui feint de savoir. § 2. Celui
donc qui, dans une chose, ne regarde que les principes communs,
celui-là est dialecticien, et celui qui ne le fait qu'en apparence
est un sophiste. § 3. Le syllogisme contentieux et sophistique est
celui qui n'a que l'apparence d'un syllogisme, dans les matières où
la dialectique fait ses essais ordinaires, bien que la conclusion
soit vraie; car ce syllogisme nous laisse dans l'erreur sur la cause
véritable de la conclusion. On peut encore ranger dans cette classe
tous les paralogismes qui, sans être conformes à la méthode vraie de
chaque chose, paraissent être établis suivant toutes les règles de
l'art. C'est qu'en effet les descriptions fausses des choses ne sont
pas susceptibles de dispute; car les paralogismes alors se
rapportent à des choses qui sont du domaine de la science. Et il n'y
a pas lieu davantage à discussion éristique, si la description
fausse se rapporte à quelque chose de vrai, comme celle d'Hippocrate
et la quadrature par les lunules. Mais un procédé tout éristique,
c'est la méthode par laquelle Bryson carrait le cercle, si toutefois
le cercle peut être carré; mais ce n'est point parce que ce procédé
n'était pas propre à la chose qu'il était sophistique. Ainsi donc,
le syllogisme apparent, dans les choses de ce genre, est un
raisonnement contentieux; et le syllogisme apparent, tout relatif
qu'il est à la chose en question, et tout syllogisme qu'il est, est
aussi un raisonnement contentieux. En effet, il ne fait que paraître
s'appliquer à la chose; mais au fond il est trompeur et injuste.
C'est que, de même que l'injustice peut se produire aussi dans un
combat, et qu'il y a telle sorte de lutte qui est tout à fait
injuste, de même, dans la discussion, la contradiction perpétuelle
est une injustice contentieuse dans le combat. D'une part, les
lutteurs qui veulent vaincre à tout prix emploient tons les moyens
pour y parvenir; d'autre part, les disputeurs en font autant. § 4.
Ceux donc qui , pour le seul plaisir de la victoire, se montrent
ainsi, sont des hommes passionnés de la dispute et de la lutte
contentieuse. Mais ceux qui ne pensent qu'à cette réputation qui
mène à la fortune, sont des sophistes; car la sophistique est, comme
nous l'avons dit, une sorte de spéculation d'argent, établie sur une
sagesse apparente; et voilà pourquoi ils ne recherchent aussi qu'une
démonstration apparente. Les gens passionnés de disputes et les
sophistes cultivent les mêmes argumentations; mais ce n'est pas dans
le même but. Le même discours peut être sophistique et éristique
tout à la fois; mais ce ne sera pas pour la même chose. En tant
qu'il recherche une victoire apparente, il est éristique; en tant
qu'il vise à une sagesse apparente, il est sophistique; car la
sophistique n'est qu'une sorte (le sagesse apparente et non réelle.
§ 5. L'éristique est au dialecticien à peu près ce que le faux
dessinateur est au géomètre; car c'est en partant des mêmes
principes que la dialectique, que l'un fait ses paralogismes. Et
c'est bien dans ce rapport [172b] que le faux dessinateur est
à l'égard du géomètre; seulement, ce dernier n'est pas éristique par
cela qu'il dessine mal, c'est en partant des principes et des
conclusions acquises à la science. Mais celui qui se range sous la
dialectique sera évidemment éristique en une foule d'autres choses.
Prenons, par exemple, la quadrature : celle qui se fait par les
lunules n'est pas éristique; mais celle de Bryson a ce caractère.
C'est que l'une ne peut être rapportée qu'à la géométrie, parce
qu'elle part de principes qui lui sont propres; l'autre ne s'adresse
qu'au vulgaire, qui ne sait pas ce qu'il y a de possible et
d'impossible dans chaque chose, et qui s'accommode fort bien de
cette démonstration. On ne peut pas non plus traiter d'éristique la
solution de la quadrature d'Antiphon. Ou bien, si quelqu'un nie, en
s'appuyant sur l'opinion de Zénon, qu'il soit bon de se promener
après dîner, ce raisonnement n'est pas médical : il est commun. Si
donc, l'éristique était absolument au dialecticien comme le faux
dessinateur est au géomètre, il ne serait pas éristique dans tous
ces cas. § 6. Mais le dialecticien n'est pas borné à une espèce
déterminée de choses : il ne démontre rien, et il n'est point du
tout comme le philosophe, qui s'occupe de l'universel ; car toutes
choses ne sont pas dans un même genre, et, y fussent-elles, il ne
serait pas possible que tous les êtres fussent sous les mêmes
principes.
§ 7. Ainsi donc aucune science, parmi
celles qui démontrent une certaine nature de choses, n'emploie
l'interrogation. En effet, il n'est pas possible ici de donner
indifféremment une quelconque des parties; car le syllogisme ne se
forme pas également avec les deux. La dialectique, au contraire,
procède par interrogation; mais si elle démontrait, non pas tout,
mais du moins les éléments premiers et les principes spéciaux, elle
n'interrogerait pas, parce qu'en effet, si on ne lui accorde rien,
il n'y a plus aucun moyen pour elle de discuter contre l'objection
qui lui est faite.
§ 8. Tel est aussi l'art exercitif. En
effet, l'exercitif n'est pas comme la géométrie : mais on peut le
posséder sans même posséder la science; car il est possible que même
celui qui ne sait pas une chose, essaie sur cette chose celui qui ne
la sait pas. II suffit que l'interlocuteur accorde des propositions,
non pas d'après ce qu'il sait, non pas d'après les principes propres
de la chose, mais d'après ses conséquences naturelles, qu'on peut
fort bien savoir sans que pour cela on connaisse du tout la science,
et qu'on ne peut ignorer sans ignorer aussi la science. Évidemment,
donc, l'art exercitif n'est la science d'aucun objet déterminé, et
voilà pourquoi il s'applique à tout; car toutes les sciences ont à
leur usage quelques principes communs. § 9. Voilà pourquoi aussi
tous, les hommes, même peu éclairés, se servent en quelque façon de
la dialectique et de l'exercitive; car tous, jusqu'à un certain
point, cherchent à juger ceux qui leur parlent. Et ce sont là des
dispositions communes à tous; car les interlocuteurs ne le savent
pas moins, même lorsqu'ils paraissent s'égarer fort loin du sujet.
Ainsi, tout le monde fait des réfutations; mais on fait sans art ce
que fait la dialectique avec beaucoup d'art; et celui qui essaie les
forces de son adversaire avec l'art syllogistique est dialecticien.
Comme ces règles sont nombreuses et s'appliquent à tout, sans être
telles cependant qu'elles forment une espèce et un genre
particuliers, mais qu'elles sont comme les négations, tandis que
d'autres ne sont pas du tout ainsi, mais sont spéciales, on peut
essayer d'établir une méthode pour tout cela, et en tirer [173a]
un art qui, d'ailleurs, ne sera point du tout pareil aux sciences de
démonstration. § 10. C'est là ce qui fait que l'éristique n'est pas
de tout point comme le faux dessinateur; car il ne fait pas de
paralogismes pour un genre spécial de principes; mais l'éristique
s'occupe de tous les genres sans distinction.
§ 11. Telles sont donc les diverses
sortes de réfutations sophistiques. Il n'est pas difficile de voir
que c'est au dialecticien de les étudier, et de pouvoir les former;
car la méthode des propositions comprend aussi toute cette étude.
Voilà ce qu'on avait à dire sur les réfutations apparentes. |
§ 1. Et observe en tout sens,
L'édition de Berlin ne donne cette phrase que dans les variantes;
j'ai préféré la conserver dans le texte; avec les éditions
ordinaires ; elle n'est pas indispensable.
§ 3. Comme celle d'Hippocrate
de Céos, qui démontrait la quadrature du cercle par la quadrature
des lunules faites sur les côtés du carré. Il ne se servait que de
principes géométriques, bien qu'il arrivât à une conclusion erronée,
et c'est ce que l'on appelle ici description fausse.
- Bryson, au contraire,
démontrait la quadrature du cercle, sans remonter à des principes de
géométrie, et en se bornant à des principes communs. Voir sur la
méthode de Bryson et son vice dans ce chapitre un peu plus bas, § 5,
mais surtout les Derniers Analytiques, liv. 1, ch. 9, § 1.
- Dans les choses de ce genre,
c'est-à-dire ne prenant pas des principes propres à la chose et
faisant comme Bryson.
- Tout relatif qu'il est à la chose
en question, c'est-à-dire prenant les principes propres à la
chose, et faisant comme Hippocrate de Céos.
- Une injustice contentieuse dans
le combat, J'ai suivi la leçon de Pacius. Sylburge donne,
je ne sais d'après quelle autorité: est un combat injuste ou
contentieux. L'édition de Berlin change encore davantage la phrase,
bien que le sens reste toujours à peu près le même : dans la
contradiction, la discussion contentieuse est un combat injuste.
- Les lutteurs qui veulent vaincre
à tout prix, Les commentateurs grecs citent l'exemple
d'Antiloque, Iliade, chant 23, v. 426 et suiv., usant de
fraude pour vaincre.
§ 4. Comme nous l'avons dit,
voir plus haut, chap. 1, § 6.
§ 5. Le faux dessinateur, Celui
qui dessine des figures fausses en géométrie.
- Celle qui se fait par les
lunules, voir plus haut, § 3.
- Celle de Bryson, ibid. - La
quadrature d'Antiphon, par les polygones, dont les côtés
augmentaient en nombre de manière à se confondre avec la
circonférence. C'était une démonstration fausse, mais elle était
encore géométrique. - L'opinion de Zénon, que le mouvement est
impossible. Voir le petit traité sur Xénophane, etc.
§ 6. N'est pas borné à un genre
déterminé, Derniers Analytiques, liv. I, ch. 11, § 8.
C'est la ce qui fait l'importance de la dialectique.
§ 9. Comme les négations, Le
non-homme, le non–cheval sont des expressions indéterminées elles ne
désignent ni un genre, ni une espèce, ni un individu en particulier.
§ 10. Le faux dessinateur, Voir
plus haut, § 5.
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CHAPITRE XII.
Second et troisième objets de la
sophistique : faire que l'adversaire se trompe et qu'il soutienne
des paradoxes.
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§ 1. Περὶ δὲ τοῦ
ψευδόμενόν τι δεῖξαι καὶ τὸν λόγον εἰς ἄδοξόν τι ἀγαγεῖν (τοῦτο γὰρ
ἦν δεύτερον τῆς σοφιστικῆς προαιρέσεως)— πρῶτον μὲν οὖν ἐκ τοῦ
πυνθάνεσθαί πως καὶ διὰ τῆς ἐρωτήσεως συμβαίνει μάλιστα. Τὸ γὰρ
[πρὸς] μηδὲν ὁρίσαντα κείμενον ἐρωτᾶν θηρευτικόν ἐστι τούτων· εἰκῇ
γὰρ λέγοντες ἁμαρτάνουσι μᾶλλον· εἰκῇ δὲ λέγουσιν ὅταν μηδὲν ἔχωσι
προκείμενον. § 2. Τό τε ἐρωτᾶν πολλά, κἂν ὡρισμένον ᾖ πρὸς ὃ διαλέγεται,
καὶ τὸ τὰ δοκοῦντα λέγειν ἀξιοῦν, ποιεῖ τιν´ εὐπορίαν τοῦ εἰς ἄδοξον
ἀγαγεῖν ἢ ψεῦδος, ἐάν τε ἐρωτώμενος φῇ ἢ ἀποφῇ τούτων τι, ἄγει πρὸς
ἃ ἐπιχειρήματος εὐπορεῖ. Δύνανται δὲ νῦν ἧττον κακουργεῖν διὰ τούτων
ἢ πρότερον· ἀπαιτοῦνται γὰρ τί τοῦτο πρὸς τὸ ἐν ἀρχῇ. § 3. Στοιχεῖον δὲ
τοῦ τυχεῖν ἢ ψεύδους τινὸς ἢ ἀδόξου τὸ μηδεμίαν εὐθὺς ἐρωτᾶν θέσιν,
ἀλλὰ φάσκειν ἐρωτᾶν μαθεῖν βουλόμενον· χώραν γὰρ ἐπιχειρήματος ἡ
σκῆψις ποιεῖ.
§ 4.
Πρὸς δὲ τὸ ψευδόμενον δεῖξαι ἴδιος τόπος ὁ σοφιστικός, τὸ ἄγειν πρὸς
τοιαῦτα πρὸς ἃ εὐπορεῖ λόγων. Ἔστι δὲ καὶ καλῶς καὶ μὴ καλῶς τοῦτο
ποιεῖν, καθάπερ ἐλέχθη πρότερον.
§ 5.
Πάλιν πρὸς τὸ παράδοξα λέγειν σκοπεῖν ἐκ τίνος γένους ὁ
διαλεγόμενος, εἶτ´ ἐπερωτᾶν ὃ τοῖς πολλοῖς οὗτοι λέγουσι παράδοξον·
ἔστι γὰρ ἑκάστοις τι τοιοῦτον. Στοιχεῖον δὲ τούτων τὸ τὰς ἑκάστων
εἰληφέναι θέσεις ἐν ταῖς προτάσεσιν.
§ 6. Λύσις δὲ καὶ τούτων ἡ
προσήκουσα φέρεται τῷ ἐμφανίζειν ὅτι οὐ διὰ τὸν λόγον συμβαίνει τὸ
ἄδοξον· ἀεὶ δὲ τοῦτο καὶ βούλεται ὁ ἀγωνιζόμενος. § 7.
Ἔτι δ´ ἐκ τῶν βουλήσεων καὶ τῶν φανερῶν δοξῶν. Οὐ γὰρ ταὐτὰ
βούλονταί τε καὶ φασίν, ἀλλὰ λέγουσι μὲν τοὺς εὐσχημονεστάτους τῶν
λόγων, βούλονται δὲ τὰ φαινόμενα λυσιτελεῖν· οἷον τεθνάναι καλῶς
μᾶλλον ἢ ζῆν ἡδέως φασὶ [173b] δεῖν, καὶ πένεσθαι δικαίως μᾶλλον
ἢ πλουτεῖν αἰσχρῶς, βούλονται δὲ τἀναντία. Τὸν μὲν οὖν λέγοντα κατὰ
τὰς βουλήσεις εἰς τὰς φανερὰς δόξας ἀκτέον, τὸν δὲ κατὰ ταύτας εἰς
τὰς ἀποκεκρυμμένας· ἀμφοτέρως γὰρ ἀναγκαῖον παράδοξα λέγειν· ἢ γὰρ
πρὸς τὰς φανερὰς ἢ πρὸς τὰς ἀφανεῖς δόξας ἐροῦσιν ἐναντία.
§ 8.
Πλεῖστος δὲ τόπος ἐστὶ τοῦ ποιεῖν παράδοξα λέγειν, ὥσπερ καὶ ὁ
Καλλικλῆς ἐν τῷ Γοργίᾳ γέγραπται λέγων, καὶ οἱ ἀρχαῖοι δὲ πάντες
ᾤοντο συμβαίνειν, παρὰ τὸ κατὰ φύσιν καὶ κατὰ τὸν νόμον· ἐναντία γὰρ
εἶναι φύσιν καὶ νόμον, καὶ τὴν δικαιοσύνην κατὰ νόμον μὲν εἶναι
καλόν, κατὰ φύσιν δ´ οὐ καλόν. Δεῖ οὖν πρὸς μὲν τὸν εἰπόντα κατὰ
φύσιν κατὰ νόμον ἀπαντᾶν, πρὸς δὲ τὸν κατὰ νόμον ἐπὶ τὴν φύσιν
ἄγειν· ἀμφοτέρως γὰρ συμβαίνει λέγειν παράδοξα. Ἦν δὲ τὸ μὲν κατὰ
φύσιν αὐτοῖς τὸ ἀληθές, τὸ δὲ κατὰ νόμον τὸ τοῖς πολλοῖς δοκοῦν. Ὥστε δῆλον ὅτι κἀκεῖνοι, καθάπερ καὶ οἱ νῦν, ἢ ἐλέγξαι ἢ παράδοξα
λέγειν τὸν ἀποκρινόμενον ἐπεχείρουν ποιεῖν.
§ 9.
Ἔνια δὲ τῶν ἐρωτημάτων ἔχει τὸ ἀμφοτέρως ἄδοξον εἶναι τὴν ἀπόκρισιν,
οἷον πότερον τοῖς σοφοῖς ἢ τῷ πατρὶ δεῖ πείθεσθαι, καὶ τὰ συμφέροντα
πράττειν ἢ τὰ δίκαια, καὶ ἀδικεῖσθαι αἱρετώτερον ἢ βλάπτειν.
§ 10. Δεῖ δ´
ἄγειν εἰς τὰ τοῖς πολλοῖς καὶ 〈τὰ〉 τοῖς σοφοῖς ἐναντία—ἐὰν μὲν λέγῃ
τις ὡς οἱ περὶ τοὺς λόγους, εἰς τὰ τοῖς πολλοῖς, ἐὰν δ´ ὡς οἱ
πολλοί, ἐπὶ τὰ τοῖς σοφοῖς. Φασὶ γὰρ οἱ μὲν ἐξ ἀνάγκης τὸν εὐδαίμονα
δίκαιον εἶναι· τοῖς δὲ πολλοῖς ἄδοξον τὸ βασιλέα μὴ εὐδαιμονεῖν. §
11. Ἔστι δὲ τὸ εἰς τὰ οὕτως ἄδοξα ἄγειν τὸ αὐτὸ τῷ εἰς τὴν κατὰ φύσιν
καὶ κατὰ νόμον ὑπεναντίωσιν ἄγειν· ὁ μὲν γὰρ νόμος δόξα τῶν πολλῶν,
οἱ δὲ σοφοὶ κατὰ φύσιν καὶ κατ´ ἀλήθειαν λέγουσιν.
§ 12.
Καὶ τὰ μὲν παράδοξα ἐκ τούτων δεῖ ζητεῖν τῶν τόπων· |
§ 1. Quant à prouver que
l'interlocuteur se trompe, et à le mener à soutenir l'improbable, et
c'était là le second objet de la sophistique, ce résultat s'obtient
surtout en posant ses demandes d'une certaine manière, et en
dirigeant l'interrogation suivant certaine méthode. Ainsi, c'est le
rechercher, que d'interroger sur un sujet quelconque sans avoir rien
déterminé à l'avance. En effet, en parlant au hasard, on se trompe
bien davantage; et l'on parle au hasard quand le sujet n'est pas
bien spécifié. § 2. Mais demander plusieurs choses confusément, bien
qu'on ait déterminé avec soin le sujet en question, et laisser
l'interlocuteur dire ce que bon lui semble, ce sont des moyens qui
donnent quelque facilité de le conduire à soutenir l'improbable ou
le faux; et, soit qu'il réponde à rune des questions par affirmation
ou par négation, de l'amener sur un sujet où l'on aura des arguments
en nombre. Ce sont, du reste, des procédés dont il est aujourd'hui
moins aisé d'abuser qu'il ne l'était auparavant; parce que les
interlocuteurs savent fort bien demander quel rapport tout ceci peut
avoir avec le principe. § 3. L'un des moyens d'arriver à obtenir de
l'adversaire quelque assertion fausse ou improbable, c'est de ne
soutenir tout d'abord aucune thèse; mais de prétendre qu'on
n'interroge que par simple désir de savoir; car l'examen donne alors
aisément place à l'attaque.
§ 4. Le lieu spécialement sophistique
pour montrer que l'adversaire se trompe, c'est de conduire le
raisonnement sur un sujet où l'on abonde en arguments. On pourra, du
reste, user bien ou mal de ce lieu, ainsi qu'on l'a dit
précédemment.
§ 5. D'autre part, pour avancer des
paradoxes, il faut voir de quel genre de philosophes est
l'interlocuteur, et ensuite lui demander un paradoxe que les
philosophes de cette opinion soutiennent contre le vulgaire; car il
y a toujours dans chaque école quelque chose de pareil; et le moyen
ici, c'est de formuler les opinions spéciales de chacune d'elles
dans des propositions.
§ 6. La solution la plus convenable à
opposer à ces difficultés, c'est de faire voir que l'improbable ne
vient pas du raisonnement même; car c'est là ce que veut toujours
prouver celui qui vous combat. § 7. On peut encore en appeler aux
intentions et aux opinions manifestées; car on ne pense pas et on ne
dit pas toujours la même chose : mais l'on soutient souvent les
choses les plus honorables, et l'on ne veut au fond que ce qui
paraît utile. Ainsi l'on prétend hautement qu'il vaut mieux mourir
avec gloire que de vivre avec plaisir; [173b] qu'il vaut
mieux être pauvre avec honneur qu'être riche avec honte; et
cependant, au fond, on veut tout le contraire. Celui qui ne parle
que d'après ses intentions, il faut l'amener à exprimer ses opinions
avec évidence : et celui qui les exprime, il faut l'amener à
produire ses opinions cachées. De ces deux façons, il est nécessaire
qu'on le pousse à des paradoxes; car il dira le contraire, soit dans
ses opinions évidentes, soit dans ses opinions cachées.
§ 8. Le lieu le plus ordinaire pour
faire dire des paradoxes, est celui qui est attribué à Calliclès
dans le Gorgias, et que tous les anciens ont cru pouvoir employer-
On le tire de la nature et de la loi; car on prétend que la nature
et la loi sont contraires, et que la justice est belle selon la loi,
mais qu'elle ne l'est pas selon la nature. Il faut donc à celui qui
parle suivant la nature, lui répondre suivant la loi, et ramener à
la nature celui qui parle suivant la loi; car de ces deux façons, ou
arrive à des paradoxes. Ainsi, pour eux, ce qui est selon la nature
est le vrai, et c'est ce qui est selon la loi qui le paraît au
vulgaire. On voit donc évidemment que ces gens-là, tout comme ceux d'aujourd'hui,
essayaient de réfuter l'interlocuteur ou de lui faire faire des
paradoxes.
§ 9. Quelques questions sont de telle sorte, que la réponse qu'on y
fait est également improbable dans les deux sens. Par exemple :
Faut-il obéir aux sages ou à son père? Faut-il agir dans son intérêt
ou dans celui de la justice ? Vaut-il mieux souffrir le mal que de
le faire ?
§ 10. Il faut mener la discussion sur des sujets où les sages et le
vulgaire soutiennent des opinions contraires. Si l'interlocuteur
parle comme les raisonneurs habiles, on lui oppose l'opinion du
vulgaire : et s'il parle comme le vulgaire, on lui oppose les
opinions des penseurs qui ont beaucoup réfléchi. Ainsi, les uns
soutiennent que nécessairement l'homme heureux doit être juste;
mais, pour le vulgaire, ce serait chose incroyable qu'un roi ne fut
pas heureux. § 11. Mener ainsi à soutenir des opinions improbables,
c'est la même chose absolument que de mener à l'opposition de la
nature et de la loi ; car la loi est l'opinion du vulgaire, mais les
sages parlent selon la nature et selon la vérité.
§ 12. C'est donc de ces sortes de lieux qu'il faut chercher à tirer
des paradoxes. |
§ 1. C'était là le second objet de
la sophistique, voir plus haut, ch. 3, § 2.
§ 2. Ou le faux, c'est le terme
même dont il s'est servi, ch. 3, § 2, et qu'il répète ici.
§ 4. Ainsi qu'on lu dit
précédemment. Voir dans les Topiques, liv. 2, ch. 5, § 1.
§ 7. Qu'on le pousse à des
paradoxes, le mot paradoxe n'est pas pris ici dans un sens vrai
puisqu'il ne signifie que contradiction.
§ 8. Le Gorgias de Platon, voir
la traduction de M. Cousin, p- 291 et suiv.
- Et que tous les anciens, le
mot est peut-être un peu exagéré puisqu'il s'agit des sophistes.
- Ces gens-là, les
anciens sophistes.
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CHAPITRE XIII.
Cinquième objet de la sophistique ; contraindre l'adversaire à se
répéter vainement.
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§ 1. Περὶ δὲ τοῦ
ποιῆσαι ἀδολεσχεῖν, ὃ μὲν λέγομεν τὸ ἀδολεσχεῖν εἰρήκαμεν ἤδη·
§ 2. πάντες δὲ οἱ τοιοίδε λόγοι τοῦτο βούλονται ποιεῖν· εἰ μηδὲν διαφέρει
τὸ ὄνομα ἢ τὸν λόγον εἰπεῖν, διπλάσιον δὴ καὶ διπλάσιον ἡμίσεος
ταὐτό· εἰ ἄρα ἐστὶ διπλάσιον ἡμίσεος διπλάσιον, ἔσται ἡμίσεος
ἡμίσεος διπλάσιον. Καὶ πάλιν ἂν ἀντὶ τοῦ "διπλάσιον" "διπλάσιον
ἡμίσεος" τεθῇ, τρὶς ἔσται εἰρημένον, ἡμίσεος ἡμίσεος ἡμίσεος
διπλάσιον. Καὶ ἆρά ἐστιν ἡ ἐπιθυμία ἡδέος; τοῦτο δ´ ἐστὶν ὄρεξις
ἡδέος· ἔστιν ἄρα ἡ ἐπιθυμία ὄρεξις ἡδέος ἡδέος.
[174a] § 3. Εἰσὶ δὲ πάντες οἱ τοιοῦτοι τῶν λόγων ἔν τε τοῖς πρός τι,
ὅσα μὴ μόνον τὰ γένη ἀλλὰ καὶ αὐτὰ πρός τι λέγεται καὶ πρὸς τὸ αὐτὸ
καὶ ἓν ἀποδίδοται (οἷον ἥ τε ὄρεξις τινὸς ὄρεξις καὶ ἡ ἐπιθυμία
τινὸς ἐπιθυμία, καὶ τὸ διπλάσιον τινὸς διπλάσιον, καὶ διπλάσιον
ἡμίσεος), § 4. καὶ †ὅσων ἡ οὐσία, οὐκ ὄντων πρός τι ὅλως ὧν εἰσιν ἕξεις ἢ
πάθη ἤ τι τοιοῦτον ἐν τῷ λόγῳ αὐτῶν προσδηλοῦται, κατηγορουμένων†
ἐπὶ τούτοις. Οἷον τὸ περιττὸν ἀριθμὸς μέσον ἔχων· ἔστι δ´ ἀριθμὸς
περιττός· ἔστιν ἄρα ἀριθμὸς ἀριθμὸς μέσον ἔχων. Καὶ εἰ τὸ σιμὸν
κοιλότης ῥινός ἐστιν, ἔστι δὲ ῥὶς σιμή, ἔστιν ἄρα ῥὶς ῥὶς κοίλη.
§ 5.
Φαίνονται δὲ ποιεῖν οὐ ποιοῦντες ἐνίοτε διὰ τὸ μὴ προσπυνθάνεσθαι εἰ
σημαίνει τι καθ´ αὑτὸ λεχθὲν τὸ διπλάσιον ἢ οὐδέν, καὶ εἴ τι
σημαίνει, πότερον τὸ αὐτὸ ἢ ἕτερον, ἀλλὰ τὸ συμπέρασμα λέγειν εὐθύς.
Ἀλλὰ φαίνεται, διὰ τὸ τὸ ὄνομα ταὐτὸ εἶναι, ταὐτὸ καὶ σημαίνειν. |
§ 1. Quant à faire bavarder l'adversaire, nous avons déjà dit ce que
nous entendions par faire bavarder. § 2. Tous les discours de ce
genre n'ont pas d'autre but que celui-ci : s'il n'y a aucune
différence à prendre le mot ou la définition, et que le double et le
double de la moitié soient la même chose, si le double est le double
de la moitié, on dira le double de la moitié de la moitié. Et, de
plus, si au lieu de double ou prend le double de la moitié, on
répétera trois fois le double de la moitié de la moitié de la
moitié. Le désir se rapporte-t-il à ce qui est agréable? Oui, c'est
l'appétit de l'agréable; ainsi donc, le désir est l'appétit de
l'agréable de l'agréable.
[174a]
§ 3. Tous ces raisonnements ne s'adressent jamais qu'à des relatifs,
et, dans tous les cas, non seulement ce sont les genres, mais encore
les choses mêmes qui sont des relatifs, et elles se rapportent à une
seule et même chose : par exemple, l'appétit est l'appétit de
quelque chose; le désir, le désir de quelque chose; et le double est
le double de quelque chose et le double de la moitié. § 4.. Et ceci
se présente aussi pour toutes les choses dont, l'essence n'est pas
vraiment d'être des relatifs, mais qui ont des qualités, des
modifications, ou telle autre chose d'analogue, qui est exprimée
dans la définition de ces choses, au milieu des attributs qui la
composent. Par exemple, on dit que l'impair est un nombre qui a un
milieu ; or, on dit aussi nombre impair, ce qui revient à dire,
nombre nombre ayant un milieu. Et si le camus est la courbure du
nez, comme on dit aussi d'un nez qu'il est camus, on aura nez nez
courbe.
§ 5. Parfois, on paraît faire bavarder l'adversaire, quand on ne le
fait pas réellement, parce qu'on n'a pas soin de demander si le mot
en question, le double, signifie quelque chose à soi seul, ou ne
signifie rien; et quand il signifie quelque chose, si c'est la même
chose ou une chose différente. Mais c'est parce que l'on veut tirer
sur-le-champ la conclusion, et que le mot étant le même, la chose
semble aussi être la même et avoir le même sens. |
§ 1.. Nous avons déjà dit, plus haut, ch. 3, § 2.
§ 2. Si le double est le double de la moitié, l'édition de Berlin
donne cette leçon dans les variantes; dans le texte elle dit
seulement : Si le double est de la moitié, il faut nécessairement
répéter: le double.
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CHAPITRE XIV.
Du solécisme : il peut n'en être un que pour une seule personne. —
En général il tient a la confusion des genres divers dans le pronom
cela, qui s'applique au masculin, au féminin, au neutre,
indifféremment.
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§ 1.
Σολοικισμὸς δ´ οἷον μέν ἐστιν εἴρηται πρότερον· § 2. ἔστι δὲ τοῦτο καὶ
ποιεῖν καὶ μὴ ποιοῦντα φαίνεσθαι καὶ ποιοῦντα μὴ δοκεῖν, καθάπερ, ὃ
Πρωταγόρας ἔλεγεν, εἰ "ὁ μῆνις" καὶ "ὁ πήληξ" ἄρρενά ἐστιν· ὁ μὲν
γὰρ λέγων "οὐλομένην" σολοικίζει μὲν κατ´ ἐκεῖνον, οὐ φαίνεται δὲ
τοῖς ἄλλοις, ὁ δὲ "οὐλόμενον" φαίνεται μέν, ἀλλ´ οὐ σολοικίζει.
§ 3. Δῆλον οὖν ὅτι κἂν τέχνῃ τις τοῦτο δύναιτο ποιεῖν· διὸ πολλοὶ τῶν
λόγων οὐ συλλογιζόμενοι σολοικισμὸν φαίνονται συλλογίζεσθαι, καθάπερ
ἐν τοῖς ἐλέγχοις.
§ 4.
Εἰσὶ δὲ πάντες σχεδὸν οἱ φαινόμενοι σολοικισμοὶ παρὰ τόδε, [καὶ]
ὅταν ἡ πτῶσις μήτε ἄρρεν μήτε θῆλυ δηλοῖ ἀλλὰ τὸ μεταξύ. Τὸ μὲν γὰρ
"οὗτος" ἄρρεν σημαίνει, τὸ δ´ "αὕτη" θῆλυ· τὸ δὲ "τοῦτο" θέλει μὲν
τὸ μεταξὺ σημαίνειν, πολλάκις δὲ σημαίνει κἀκείνων ἑκάτερον, οἷον
"Τί τοῦτο;" "Καλλιόπη, ξύλον, Κορίσκος". Τοῦ μὲν οὖν ἄρρενος καὶ τοῦ
θήλεος διαφέρουσιν αἱ πτώσεις ἅπασαι, τοῦ δὲ μεταξὺ αἱ μὲν αἱ δ´ οὔ.
Δοθέντος δὴ πολλάκις "τοῦτο", συλλογίζονται ὡς εἰρημένου "τοῦτον"·
ὁμοίως δὲ καὶ ἄλλην πτῶσιν ἀντ´ ἄλλης. Ὁ δὲ παραλογισμὸς γίνεται διὰ
τὸ κοινὸν εἶναι τὸ "τοῦτο" πλειόνων πτώσεων· τὸ γὰρ "τοῦτο" σημαίνει
ὁτὲ μὲν "οὗτος" ὁτὲ δὲ "τοῦτον". Δεῖ δ´ ἐναλλὰξ σημαίνειν μετὰ μὲν
τοῦ "ἔστι" τὸ "οὗτος", μετὰ δὲ τοῦ "εἶναι" τὸ "τοῦτον", οἷον "ἔστι
Κορίσκος", "εἶναι Κορίσκον". Καὶ ἐπὶ τῶν θήλεων ὀνομάτων ὡσαύτως,
καὶ ἐπὶ τῶν λεγομένων μὲν σκευῶν, ἐχόντων δὲ θηλείας ἢ ἄρρενος
κλῆσιν. Ὅσα γὰρ [174b] εἰς τὸ ο καὶ τὸ ν τελευτᾷ, ταῦτα μόνα
σκεύους ἔχει κλῆσιν, οἷον ξύλον, σχοινίον· τὰ δὲ μὴ οὕτως ἄρρενος ἢ
θήλεος, ὧν ἔνια φέρομεν ἐπὶ τὰ σκεύη, οἷον ἀσκὸς μὲν ἄρρεν τοὔνομα,
κλίνη δὲ θῆλυ. Διόπερ καὶ ἐπὶ τῶν τοιούτων ὡσαύτως τὸ "ἔστι" καὶ τὸ
"εἶναι" διοίσει.
§ 5. Καὶ τρόπον τινὰ ὅμοιός ἐστιν ὁ σολοικισμὸς τοῖς
"Παρὰ τὸ τὰ μὴ ὅμοια ὁμοίως" λεγομένοις ἐλέγχοις. Ὥσπερ γὰρ ἐκείνοις
ἐπὶ τῶν πραγμάτων, τούτοις ἐπὶ τῶν ὀνομάτων συμπίπτει σολοικίζειν·
ἄνθρωπος γὰρ καὶ λευκὸν καὶ πρᾶγμα καὶ ὄνομά ἐστιν.
§ 6.
Φανερὸν οὖν ὅτι τὸν σολοικισμὸν πειρατέον ἐκ τῶν εἰρημένων πτώσεων
συλλογίζεσθαι.
§ 7. Εἴδη μὲν οὖν ταῦτα τῶν
ἀγωνιστικῶν λόγων καὶ μέρη τῶν εἰδῶν καὶ τρόποι οἱ εἰρημένοι· |
§ 1. Ce qu'est le solécisme, c'est ce
qu'on a dit précédemment. § 2. Il est possible de faire un solécisme
et de paraître en faire un quand on n'en fait pas ; et, tout en en
faisant, de ne pas paraître en faire un. Ainsi, Protagore soutient
que colère et cuirasse sont masculins. Celui donc qui dit
pernicieuse, en parlant de la colère, fait un solécisme suivant
Protagore : mais il ne semble pas en faire un aux yeux des autres :
et celui qui dit pernicieux paraît à tout le monde faire un
solécisme, et, cependant, il n'en fait pas pour Protagore. § 3.
Il est donc évident qu'on pourrait fort bien amener ceci avec un
certain art; et voilà pourquoi beaucoup de raisonnements qui ne
concluent pas de solécismes, paraissent en conclure un, comme on
peut le voir dans les réfutations.
§ 4. La plupart des solécismes apparents sont fondés sur le pronom
cela, et quand le cas n'exprime ni le masculin, ni le féminin, mais
le neutre. Le pronom celui-ci exprime le masculin, et celle-là le
féminin. Mais le mot cela veut exprimer le neutre, et souvent il
exprime aussi l'un des deux autres genres. Ainsi, par exemple, quand
on dit: Qu'est-ce que cela? c'est Calliope, c'est du bois, c'est
Coriscus. Tous les cas du masculin et du féminin diffèrent; quant à
ceux du neutre, les uns diffèrent, les
autres ne diffèrent pas. Quand on donne le pronom cela, on raisonne
souvent comme si on avait dit celui-ci. Et de même, quand on prend
tel autre cas pour tel autre. Le paralogisme alors a lieu parce que
le mot cela est commun à plusieurs cas; car cela peut exprimer
tantôt celui-ci (au nominatif), et tantôt celui-ci (à l'accusatif) ;
mais il faut exprimer successivement qu'avec le verbe est, il
signifie le nominatif, et, avec le verbe être, l'accusatif : par
exemple, Coriscus est, être Coriscus. Même observation pour les
noms féminins, et pour ce qu'on nomme les instruments, qui ont la
dénomination du masculin ou du féminin; car tous les noms [174b] qui se
terminent en ο et en n ont seuls la dénomination d'instruments. On
pourrait en citer bien des exemples : mais ceux qui ne sont pas
ainsi sont du masculin ou du féminin, et quelques-uns de ces noms
s'appliquent à des instruments. Par exemple, outre est au nom
masculin, et couchette est féminin ; et, pour ces mots, le verbe
est, et le verbe être, seront également importants.
§ 5. Le solécisme est en quelque sorte pareil aux réfutations qui
sont exprimées semblablement, pour des choses qui ne sont pas
semblables; car de même qu'il arrive alors que la réfutation porte
sur les choses mêmes, il arrive aussi que le solécisme ne porte que
sur les mots; car homme et blanc sont à la fois et une chose et un
mot.
§ 6.Il est donc évident qu'il faut chercher à conclure le solécisme
par les cas indiqués.
§ 7. Telles sont donc les espèces des
arguments contentieux et les parties de ces espèces, et les manières diverses de
les distinguer. |
§ 1. Ce qu'est le solécisme,... précédemment, voir plus haut, ch. 3,
§ 3. Seulement il plaçait le solécisme en quatrième lieu, tandis
qu'il n'en parle ici qu'au cinquième et dernier rang.
§ 2. Pernicieuse, voir le début de
l'Iliade.
§ 3. Amener ceci avec un certain art, j'ai suivi la leçon de
l'édition de Berlin qui s'appuie sans doute sur des manuscrits.
Pacius dit : Un certain art peut faire cela; Sylburge : Un habile
peut faire cela,
Le sens est toujours le même.
§ 4. C'est du bois, nom neutre en grec; les deux autres sont
féminins et masculins. — (au nominatif) (à l'accusatif), j'ai été
obligé d'ajouter ces parenthèses pour faire entendre le texte.
— Le
verbe est et le verbe être, l'un ne va qu'avec le nominatif; l'autre
ne va qu'avec l'accusatif.
§ 5. Que la réfutation porte, l'édition de Berlin supprime ces mois
sans citer d'autorité. Il est beaucoup mieux de les conserver.
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CHAPITRE ΧV.
De la disposition des questions et des procédés de l'interrogation.
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§ 1. διαφέρει δ´ οὐ μικρὸν ἐὰν ταχθῇ πως τὰ περὶ τὴν
ἐρώτησιν πρὸς τὸ λανθάνειν, ὥσπερ ἐν τοῖς διαλεκτικοῖς. Ἐφεξῆς οὖν
τοῖς εἰρημένοις ταῦτα πρῶτον λεκτέον.
§ 2.
Ἔστι δὴ πρὸς τὸ ἐλέγχειν ἓν μὲν μῆκος· χαλεπὸν γὰρ ἅμα πολλὰ
συνορᾶν· εἰς δὲ τὸ μῆκος τοῖς προειρημένοις στοιχείοις χρηστέον. §
3. Ἓν
δὲ τάχος· ὑστερίζοντες γὰρ ἧττον προορῶσιν. § 4. Ἔτι δ´ ὀργὴ καὶ
φιλονεικία· ταραττόμενοι γὰρ ἧττον δύνανται φυλάττεσθαι πάντες·
στοιχεῖα δὲ τῆς ὀργῆς τό τε φανερὸν ἑαυτὸν ποιεῖν βουλόμενον ἀδικεῖν
καὶ τὸ παράπαν ἀναισχυντεῖν. § 5. Ἔτι τὸ ἐναλλὰξ τὰ ἐρωτήματα τιθέναι,
ἐάν τε πρὸς ταὐτὸ πλείους τις ἔχῃ λόγους, ἐάν τε καὶ ὅτι οὕτως καὶ
ὅτι οὐχ οὕτως· ἅμα γὰρ συμβαίνει ἢ πρὸς πλείω ἢ πρὸς τὰ ἐναντία
ποιεῖσθαι τὴν φυλακήν. § 6. Ὅλως δὲ πάντα τὰ πρὸς τὴν κρύψιν λεχθέντα
πρότερον χρήσιμα καὶ πρὸς τοὺς ἀγωνιστικοὺς λόγους· ἡ γὰρ κρύψις
ἐστὶ τοῦ λαθεῖν χάριν, τὸ δὲ λαθεῖν τῆς ἀπάτης. § 7.
Πρὸς δὲ τοὺς ἀνανεύοντας ἅττ´ ἂν οἰηθῶσιν εἶναι πρὸς τὸν λόγον, ἐξ
ἀποφάσεως ἐρωτητέον ὡς τοὐναντίον βουλόμενον, ἢ καὶ ἐξ ἴσου ποιοῦντα
τὴν ἐρώτησιν· ἀδήλου γὰρ ὄντος τοῦ τί βούλεται λαβεῖν ἧττον
δυσκολαίνουσιν. § 8. Ὅταν τ´ ἐπὶ τῶν μερῶν διδῷ τις τὸ καθ´ ἕκαστον,
ἐπάγοντα τὸ καθόλου πολλάκις οὐκ ἐρωτητέον ἀλλ´ ὡς δεδομένῳ
χρηστέον· ἐνίοτε γὰρ καὶ αὐτοὶ οἴονται δεδωκέναι καὶ τοῖς ἀκούουσι
φαίνονται διὰ τὴν τῆς ἐπαγωγῆς μνείαν, ὡς οὐκ ἂν ἠρωτημένα μάτην. §
9. Ἐν
οἷς τε μὴ ὀνόματι σημαίνεται τὸ καθόλου ἀλλὰ τῇ ὁμοιότητι, χρηστέον
πρὸς τὸ συμφέρον· λανθάνει γὰρ ἡ ὁμοιότης πολλάκις. § 10. Πρός τε τὸ
λαβεῖν τὴν πρότασιν τοὐναντίον παραβάλλοντα [175a] χρὴ πυνθάνεσθαι·
οἷον, εἰ δέοι λαβεῖν ὅτι δεῖ πάντα τῷ πατρὶ πείθεσθαι, "Πότερον
ἅπαντα δεῖ πείθεσθαι τοῖς γονεῦσιν ἢ πάντ´ ἀπειθεῖν;" καὶ "Τὸ
πολλάκις πολλά, πότερον πολλὰ συγχωρητέον ἢ ὀλίγα;" Μᾶλλον γάρ,
εἴπερ ἀνάγκη, δόξειεν ἂν εἶναι πολλά· παρατιθεμένων γὰρ ἐγγὺς τῶν
ἐναντίων καὶ μείω καὶ μείζω φαίνεται καὶ χείρω καὶ βελτίω τοῖς
ἀνθρώποις.
§ 11.
Σφόδρα δὲ καὶ πολλάκις ποιεῖ δοκεῖν ἐληλέγχθαι τὸ μάλιστα σοφιστικὸν
συκοφάντημα τῶν ἐρωτώντων, τὸ μηδὲν συλλογισαμένους μὴ ἐρώτημα
ποιεῖν τὸ τελευταῖον ἀλλὰ συμπεραντικῶς εἰπεῖν, ὡς συλλελογισμένους,
"οὐκ ἄρα τὸ καὶ τό".
§ 12. Σοφιστικὸν δὲ καὶ τὸ κειμένου παραδόξου τὸ
φαινόμενον ἀξιοῦν ἀποκρίνεσθαι, προκειμένου τοῦ δοκοῦντος ἐξ ἀρχῆς,
καὶ τὴν ἐρώτησιν τῶν τοιούτων οὕτω ποιεῖσθαι, "πότερόν σοι δοκεῖ;"
ἀνάγκη γάρ, ἂν ᾖ τὸ ἐρώτημα ἐξ ὧν ὁ συλλογισμός, ἢ ἔλεγχον ἢ
παράδοξον γίνεσθαι, δόντος μὲν ἔλεγχον, μὴ δόντος δὲ μηδὲ δοκεῖν
φάσκοντος ἄδοξον, μὴ δόντος δέ, δοκεῖν δ´ ὁμολογοῦντος, ἐλεγχοειδές.
§ 13.
Ἔτι καθάπερ καὶ ἐν τοῖς ῥητορικοῖς, καὶ ἐν τοῖς ἐλεγκτικοῖς ὁμοίως
τὰ ἐναντιώματα θεωρητέον ἢ πρὸς τὰ ὑφ´ ἑαυτοῦ λεγόμενα ἢ πρὸς οὓς
ὁμολογεῖ καλῶς λέγειν ἢ πράττειν, ἔτι πρὸς τοὺς δοκοῦντας τοιούτους
ἢ πρὸς τοὺς ὁμοίους, ἢ πρὸς τοὺς πλείστους ἢ πρὸς πάντας. § 14. Ὥσπερ τε
καὶ ἀποκρινόμενοι πολλάκις, ὅταν ἐλέγχωνται, ποιοῦσι διττόν, ἂν
μέλλῃ συμβαίνειν ἐλεγχθήσεσθαι, καὶ ἐρωτῶντας χρηστέον ποτὲ τούτῳ
πρὸς τοὺς ἐνισταμένους—ἂν ὡδὶ μὲν συμβαίνῃ ὡδὶ δὲ μή, ὅτι οὕτως
εἴληφεν, οἷον ὁ Κλεοφῶν ποιεῖ ἐν τῷ Μανδροβούλῳ. § 15. Δεῖ δὲ καὶ
ἀφισταμένους τοῦ λόγου τὰ λοιπὰ τῶν ἐπιχειρημάτων ἐπιτέμνειν, καὶ
ἀποκρινόμενον, ἂν προαισθάνηται, προενίστασθαι καὶ προαγορεύειν. §
16. Ἐπιχειρητέον δ´ ἐνίοτε καὶ πρὸς ἄλλα τοῦ εἰρημένου, ἐκεῖνο
ἐκλαβόντας, ἐὰν μὴ πρὸς τὸ κείμενον ἔχῃ τις ἐπιχειρεῖν· ὅπερ ὁ
Λυκόφρων ἐποίησε προβληθέντος λύραν ἐγκωμιάζειν. § 17. Πρὸς δὲ τοὺς
ἀπαιτοῦντας πρὸς τί ἐπιχειρεῖ, ἐπειδὴ δοκεῖ δεῖν ἀποδιδόναι τὴν
αἰτίαν, λεχθέντων δ´ ἐνίων εὐφυλακτότερον (τὸ καθόλου συμβαῖνον ἐν
τοῖς ἐλέγχοις), λέγειν τὴν ἀντίφασιν, ὅτι ὃ ἔφησεν ἀπόφησι, ἢ ὃ
ἀπέφησε φησί, ἀλλὰ μὴ ὅτι τῶν ἐναντίων ἡ αὐτὴ ἐπιστήμη ἢ οὐχ ἡ αὐτή.
§ 18. Οὐ δεῖ δὲ τὸ συμπέρασμα προτατικῶς ἐρωτᾶν. Ἔνια δ´ οὐδ´ ἐρωτητέον
ἀλλ´ ὡς ὁμολογουμένοις χρηστέον.
§ 19. Ἐξ ὧν μὲν οὖν αἱ ἐρωτήσεις καὶ πῶς ἐρωτητέον ἐν ταῖς
ἀγωνιστικαῖς διατριβαῖς, εἴρηται. |
§ 1. Il y a grande importance, pour cacher le but qu'on poursuit, de
disposer les éléments de la question suivant une certaine méthode,
comme dans la dialectique. Il faut donc parler de cet objet d'abord,
à la suite de ce qui vient d'être dit.
§ 2. Une chose qui est utile pour réfuter, c'est la diffusion; car
il est difficile de bien voir plusieurs choses à la fois. Il faut se
servir pour la diffusion des moyens précédemment indiqués. § 3. Un
second moyen, c'est la rapidité du raisonnement. Les interlocuteurs
qui restent en arrière voient moins où on les conduit. § 4. On peut
employer aussi la colère ou l'esprit de dispute ; car, lorsque l'on
est troublé, on peut moins être sur ses gardes. Les éléments de la
colère sont de montrer évidemment qu'on veut recourir à l'injustice,
et surtout qu'on est prêt à ne rougir de rien. § 5. Il faut aussi
bouleverser l'ordre naturel des questions, soit que l'on ait
plusieurs arguments pour la même chose, soit qu'on soutienne que la
chose est et n'est pas ainsi ; car
l'adversaire doit à la fois se défendre, ou contre plusieurs choses,
ou contre les contraires. § 6. Et tout ce qui a été dit plus haut
sur les moyens de cacher sa pensée, est utile aussi dans les
discussions contentieuses. On ne cache sa pensée que pour dissimuler
son but, que pour tromper. § 7. A l'égard de ceux qui refusent ce
qu'ils croient utile au raisonnement de l'adversaire, il faut les
interroger par négation, comme si l'on voulait obtenir le contraire,
ou du moins comme si l'on faisait la demande de l'un ou de l'autre
avec une parfaite indifférence ; car, lorsqu'on ignore ce que veut
obtenir l'adversaire, on fait moins de difficultés. § 8. Lorsque
l'adversaire accorde parties à parties tous les cas particuliers, il
faut souvent ne pas pousser l'induction en interrogeant jusqu'à
l'universel; mais il faut s'en servir comme accordé. Bien plus,
quelquefois l'adversaire lui-même croit l'avoir donné ; et c'est ce
qui semble aussi aux auditeurs, parce qu'ils se souviennent de
l'induction, et qu'ils pensent que les cas particuliers n'ont point
été demandés en vain. § 9. Dans les cas où l'universel n'est point
exprimé par un mot, il faut se servir de la ressemblance de ce qui
s'en rapproche, selon que l'on en a besoin; car souvent la
ressemblance est cachée. § 10. Mais pour obtenir la proposition
qu'on veut, il faut interroger [175a] en faisant porter la comparaison sur
les contraires. S'agit-il, par exemple, d'obtenir cette proposition,
qu'il faut en tout obéir à son père, on peut demander s'il faut en
tout obéir, ou désobéir en tout, à ses parents. Et si l'on veut
prouver qu'il faut leur obéir
souvent, on doit demander s'il faut avoir pour eux peu ou beaucoup
de condescendance. En effet, il semblera plutôt que c'est beaucoup,
puisqu'il faut nécessairement en avoir. En rapprochant ainsi
les contraires, les choses paraissent avec toute leur grandeur; elles
semblent plus grandes, meilleures, ou pires.
§ 11. Ce qui, très souvent, fait croire à la réfutation, c'est
l'impudence sophistique de ceux qui interrogent, et qui, sans avoir
fait de raisonnements, sans avoir fait une dernière question, n'en
affirment pas moins cous forme de conclusion, comme s'ils avaient
fait des Syllogismes réguliers : Donc telle chose n'est pas ; donc
telle chose est.
§ 12. C'est encore un procédé sophistique de demander, que
l'adversaire réponde ce qu'il lui semblé d\m paradoxe que Ton a
soutenu, bien qu'il ait dit son avis sur le sujet posé dès le
principe, et de mettre en outre des questions de ce genre sous cette
forme : Que vous semble? car si la question est composée des
éléments mêmes du syllogisme, il faut nécessairement qu'on fasse une
réfutation ou un paradoxe, ou une sorte de réfutation. Si l'on
accorde la question, c'est une réfutation ; si on ne l'accorde pas
et qu'on dise qu'on ne l'accepte pas, on soutient un paradoxe. Si on
ne l'accorde pas, tout en disant que la chose est probable, on fait
une sorte de réfutation.
§ 13. Comme dans la rhétorique, il faut voir aussi, dans les
réfutations, aux contradictions que l'interlocuteur commet contre ce
qu'il a dit lui-même, ou contre ce qu'ont dit ou fait ceux qui
lui paraissent bien faire ou bien dire, ou contre ceux qui
paraissent être ainsi, ou contre leurs semblables, ou du moins
contre la plupart, si ce n'est contre tous. § 14. De même que
souvent ceux qui répondent, quand ils se voient réfutés, font une
distinction dans la question sur le point où la réfutation doit les
atteindre, de même ceux qui interrogent peuvent se servir de ce
moyen contre les objections, si l'objection a lieu dans un sens, et
qu'elle n'ait pas lieu dans l'autre, en disant qu'on l'a prise dans
le dernier sens, comme Cléophon le fait dans son Mandrobule. § 15.
Il faut même, en s'éloignant du sujet, retrancher tout le reste des
arguments ; mais celui qui répond, s'il s'en aperçoit d'abord, doit
aller au-devant et le dire le premier. § 16.II faut diriger aussi
ses arguments contre une chose différente de celle qui est en
question, et s'y attacher quand on n'a point d'argument contre la
question même. C'est ce que fit Lycophron, à qui l'on proposait de
faire l'éloge d'une lyre. §17. Quand l'adversaire demande qu'on
précise l'argument, parce qu'il lui paraît qu'il faut indiquer la
cause de l'erreur, et qu'une fois certains points étant fixés, il
est plus sur ses gardes, il faut, ce qui est général dans les
réfutations, dire qu'on veut soutenir la contradiction, et nier ce
que l'autre a dit, ou affirmer ce qu'il a nié. Mais il ne faut pas
dire seulement que l'on prétend soutenir que la notion des contraires est ou n'est pas
la même. § 18. Il ne faut pas demander la conclusion sous forme de
proposition ; il ne faut pas non plus demander certaines choses,
mais il faut les prendre comme accordées.
§ 19. On a donc expliqué d'où il faut tirer les questions, et
comment il faut les poser dans les discussions contentieuses. |
§ 1. Comme dans la dialectique, voir
Topiques, liv. 8, ch. 4 et suiv.
§ 2. Précédemment indiqués, voir
Topiques, liv. 8, ch. 1, § 23.
§ 6. Tout ce qui a été dit plus haut, ibid.
§ 12. Ou une sorte de réfutation, l'édition de Berlin, sans citer
d'autorité, supprime ces mots, que je garde avec Pacius.
§ 14. Cléophon, dans son Mandrobule, il ne nous est rien parvenu de
cette pièce. Le commentaire anonyme, récemmment publié par M.
Sprengel, Munich, 1842, prétend que le Mandrobule était un dialogue
platonicien.
§ 16. Lycophron est appelé sophiste dans la
Politique , liv. 3 , ch.
5, tom. 1, p. 257, de mon édit. Il est cité aussi dans la Rhétorique, voir la note,
ibid.
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SECTION DEUXIÈME.
SOLUTION DES PARALOGISMES.
CHAPITRE XVI.
De la solution des paralogismes : utilités diverses de cette étude :
pour la philosophie, pour la simple apparence. — Méthode générale de
solution : difficultés pour rappliquer.
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[175b] § 1. Περὶ δὲ ἀποκρίσεως καὶ πῶς χρὴ
λύειν καὶ τί, καὶ πρὸς τίνα χρῆσιν οἱ τοιοῦτοι τῶν λόγων ὠφέλιμοι,
μετὰ ταῦτα λεκτέον.
§ 2. Χρήσιμοι μὲν οὖν εἰσι πρὸς μὲν φιλοσοφίαν διὰ
δύο. § 3. Πρῶτον μὲν γὰρ ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ γινόμενοι παρὰ τὴν λέξιν ἄμεινον
ἔχειν ποιοῦσι πρὸς τὸ ποσαχῶς ἕκαστον λέγεται καὶ ποῖα ὁμοίως καὶ
ποῖα ἑτέρως ἐπί τε τῶν πραγμάτων συμβαίνει καὶ ἐπὶ τῶν ὀνομάτων. §
4. Δεύτερον δὲ πρὸς τὰς καθ´ αὑτὸν ζητήσεις· ὁ γὰρ ὑφ´ ἑτέρου ῥᾳδίως
παραλογιζόμενος καὶ τοῦτο μὴ διαισθανόμενος κἂν αὐτὸς ὑφ´ αὑτοῦ
τοῦτο πάθοι πολλάκις. § 5. Τρίτον δὲ καὶ τὸ λοιπὸν ἔτι πρὸς δόξαν, τὸ
περὶ πάντα γεγυμνάσθαι δοκεῖν καὶ μηδενὸς ἀπείρως ἔχειν· τὸ γὰρ
κοινωνοῦντα λόγων ψέγειν λόγους, μηδὲν ἔχοντα διορίζειν περὶ τῆς
φαυλότητος αὐτῶν, ὑποψίαν δίδωσι τοῦ δοκεῖν δυσχεραίνειν οὐ διὰ
τἀληθὲς ἀλλὰ δι´ ἀπειρίαν.
§ 6.
Ἀποκρινομένοις δὲ πῶς ἀπαντητέον πρὸς τοὺς τοιούτους λόγους,
φανερόν, εἴπερ ὀρθῶς εἰρήκαμεν πρότερον ἐξ ὧν εἰσιν οἱ παραλογισμοί,
καὶ τὰς ἐν τῷ πυνθάνεσθαι πλεονεξίας ἱκανῶς διείλομεν. § 7. Οὐ ταὐτὸ δ´
ἐστὶ λαβόντα τε τὸν λόγον ἰδεῖν καὶ λῦσαι τὴν μοχθηρίαν, καὶ
ἐρωτώμενον ἀπαντᾶν δύνασθαι ταχέως· ὃ γὰρ ἴσμεν, πολλάκις
μετατιθέμενον ἀγνοοῦμεν. Ἔτι δ´, ὥσπερ ἐν τοῖς ἄλλοις τὸ θᾶττον καὶ
τὸ βραδύτερον ἐκ τοῦ γεγυμνάσθαι γίνεται μᾶλλον, οὕτω καὶ ἐπὶ τῶν
λόγων ἔχει, ὥστε, ἂν δῆλον μὲν ἡμῖν ᾖ, ἀμελέτητοι δ´ ὦμεν,
ὑστεροῦμεν τῶν καιρῶν πολλάκις. § 8. Συμβαίνει δέ ποτε καθάπερ ἐν τοῖς
διαγράμμασιν· καὶ γὰρ ἐκεῖ ἀναλύσαντες ἐνίοτε συνθεῖναι πάλιν
ἀδυνατοῦμεν· οὕτω καὶ ἐν τοῖς ἐλέγχοις, εἰδότες παρ´ ὃ ὁ λόγος
συμβαίνει συνεῖραι, διαλῦσαι τὸν λόγον ἀποροῦμεν.
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[175b] § 1. Il faut
parler maintenant de la réponse, et dire comment il faut résoudre
les paralogismes, ce que c'est que résoudre, et à quoi sont utiles
des raisonnements de ce genre.
§ 2. Ils sont utiles à la philosophie
pour deux raisons: § 3, d'abord, comme ils ne portent le plus
souvent que sur le mot, ils apprennent d'autant mieux à voir dans
combien de sens chaque mot est dit, et quelles sont les
ressemblances et les différences de formes, dans les choses et dans
les mots. § 4. Ils sont utiles en second lieu pour les
recherches personnelles; car celui qui, trompé aisément par les
paralogismes d'un autre, ne s'en aperçoit pas, commettra la même
erreur bien plus souvent quand il sera seul avec lui-même. § 5.
Enfin, en troisième lieu, ils sont utiles même pour l'apparence, en
ce qu'on paraît s'être exercé à tous les sujets et n'être étranger à
aucun; car si quelqu'un qui prend part à la discussion blâme la
discussion, sans pouvoir en spécifier Les défauts, on est porté à
soupçonner que, s'il fait des difficultés, ce n'est pas dans
l'intérêt de la vérité, mais à cause de son ignorance.
§ 6. On voit sans peine comment il
faut agir, quand on répond à des discussions de ce genre, si nous
avons bien expliqué antérieurement d'où se tirent les paralogismes,
et si nous avons montré suffisamment les ruses qu'emploient les
sophistes en interrogeant. § 7. Ce n'est pas, du reste, une même
chose, quand on étudie un raisonnement, d'en voir et d'en corriger
le vice, et quand on est interrogé de pouvoir y répondre
sur-le-champ ; car ce que nous savons, nous le méconnaissons souvent
par cela seul qu'on le déplace. Et comme dans bien d'autres choses
le pins oit moins de promptitude vient surtout de l'exercice, il en
est de même pour les discussions, de telle sorte que si nous voyons
clairement la chose, mais que nous la négligions, nous manquons
souvent par cela seul les occasions. § 8. Il arrive aussi parfois ce
qui arrive dans les tracés des figures : après les avoir analysées,
nous ne pouvons plus les recomposer. Et de même dans les
réfutations, nous savons fort bien quel est le lieu du raisonnement,
et nous ne pouvons cependant le renverser. |
§ 1. C'est avec le chapitre 16 que les Latins faisaient commencer le
second livre de ce traité, ainsi que plusieurs éditions grecques,
celle de Sylburge entre autres. J'ai cru devoir faire une seconde
section ; au XIIe et XIIIe siècles, Averroès et Albert font deux
livres.
§ 6. Antérieurement, dans tout ce qui précède et surtout cb. 4 et
suiv.
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CHAPITRE XVII.
De la solution apparente ; elle est, dans certain cas, préférable
à
la solution vraie. — Règles pour arriver à la solution apparente.
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§ 1. Πρῶτον μὲν οὖν, ὥσπερ συλλογίζεσθαί φαμεν ἐνδόξως ποτὲ μᾶλλον ἢ
ἀληθῶς προαιρεῖσθαι δεῖν, οὕτω καὶ λυτέον ποτὲ μᾶλλον ἐνδόξως ἢ κατὰ
τἀληθές. Ὅλως γὰρ πρὸς τοὺς ἐριστικοὺς μαχετέον οὐχ ὡς ἐλέγχοντας
ἀλλ´ ὡς φαινομένους· οὐ γάρ φαμεν συλλογίζεσθαί γε αὐτούς, ὥστε πρὸς
τὸ μὴ δοκεῖν διορθωτέον. Εἰ γάρ ἐστιν ὁ ἔλεγχος ἀντίφασις μὴ
ὁμώνυμος ἔκ τινων, οὐδὲν ἂν δέοι διαιρεῖσθαι πρὸς ἀμφίβολα καὶ τὴν
ὁμωνυμίαν (οὐ γὰρ ποιεῖ συλλογισμόν), ἀλλ´ οὐδενὸς ἄλλου χάριν
προσδιαιρετέον ἀλλ´ ἢ ὅτι τὸ συμπέρασμα φαίνεται ἐλεγχοειδές. § 2. Οὔκουν
τὸ ἐλεγχθῆναι ἀλλὰ τὸ δοκεῖν εὐλαβητέον, ἐπεὶ τό γ´ ἐρωτᾶν ἀμφίβολα
καὶ τὰ [176a] παρὰ τὴν ὁμωνυμίαν ὅσαι τ´ ἄλλαι τοιαῦται
παρακρούσεις καὶ τὸν ἀληθινὸν ἔλεγχον ἀφανίζει καὶ τὸν ἐλεγχόμενον
καὶ μὴ ἐλεγχόμενον ἄδηλον ποιεῖ. Ἐπεὶ γὰρ ἔξεστιν ἐπὶ τέλει
συμπεραναμένου μὴ ὅπερ ἔφησεν ἀποφῆσαι λέγειν, ἀλλ´ 〈ἢ〉 ὁμωνύμως, εἰ
καὶ ὅτι μάλιστ´ ἔτυχεν ἐπὶ ταὐτὸ φέρων, ἄδηλον εἰ ἐλήλεγκται· ἄδηλον
γὰρ εἰ ἀληθῆ λέγει νῦν. Εἰ δὲ διελὼν ἤρετο τὸ ὁμώνυμον ἢ τὸ
ἀμφίβολον, οὐκ ἂν ἄδηλος ἦν ὁ ἔλεγχος, § 3. ὅ τ´ ἐπιζητοῦσι νῦν μὲν ἧττον
πρότερον δὲ μᾶλλον οἱ ἐριστικοί, τὸ ἢ "ναί" ἢ "οὔ" ἀποκρίνεσθαι τὸν
ἐρωτώμενον, ἐγίνετ´ ἄν. Νῦν δὲ διὰ τὸ μὴ καλῶς ἐρωτᾶν τοὺς
πυνθανομένους ἀνάγκη προσαποκρίνεσθαί τι τὸν ἐρωτώμενον, διορθοῦντα
τὴν μοχθηρίαν τῆς προτάσεως· ἐπεὶ διελομένου γε ἱκανῶς ἢ "ναί" ἢ
"οὔ" ἀνάγκη λέγειν τὸν ἀποκρινόμενον.
§ 4. Εἰ δέ τις ὑπολήψεται τὸν κατὰ ὁμωνυμίαν ἔλεγχον 〈ἔλεγχον〉 εἶναι,
τρόπον τινὰ οὐκ ἔσται διαφυγεῖν τὸ ἐλέγχεσθαι τὸν ἀποκρινόμενον· ἐπὶ
γὰρ τῶν ὁρατῶν ἀναγκαῖον ὃ ἔφησεν ἀποφῆσαι ὄνομα καὶ ὃ ἀπέφησε
φῆσαι. § 5. Ὡς γὰρ διορθοῦνταί τινες, οὐδὲν ὄφελος. Οὐ γὰρ Κορίσκον φασὶν
εἶναι μουσικὸν καὶ ἄμουσον, ἀλλὰ τοῦτον τὸν Κορίσκον μουσικὸν καὶ
τοῦτον τὸν Κορίσκον ἄμουσον. Ὁ γὰρ αὐτὸς ἔσται λόγος τὸ τοῦτον τὸν
Κορίσκον τῷ τοῦτον τὸν Κορίσκον ἄμουσον εἶναι (ἢ μουσικόν), ὅπερ ἅμα
φησί τε καὶ ἀπόφησιν. Ἀλλ´ ἴσως οὐ ταὐτὸ σημαίνει (οὐδὲ γὰρ ἐκεῖ
τοὔνομα), ὥστε τί διαφέρει; § 6. Εἰ δὲ τῷ μὲν τὸ ἁπλῶς λέγειν Κορίσκον
ἀποδώσει, τῷ δὲ προσθήσει τὸ τινὰ ἢ τόνδε, ἄτοπον· οὐδὲν γὰρ μᾶλλον
θατέρῳ· ὁποτέρῳ γὰρ ἂν οὐδὲν διαφέρει.
§ 7. Οὐ μὴν ἀλλ´ ἐπειδὴ ἄδηλος μέν ἐστιν ὁ μὴ διορισάμενος τὴν ἀμφιβολίαν
πότερον ἐλήλεγκται ἢ οὐκ ἐλήλεγκται, δέδοται δ´ ἐν τοῖς λόγοις τὸ
διελεῖν, φανερὸν ὅτι τὸ μὴ διορίσαντα δοῦναι τὴν ἐρώτησιν, ἀλλ´
ἁπλῶς, ἁμάρτημά ἐστιν, ὥστε κἂν εἰ μὴ αὐτός, ἀλλ´ ὅ γε λόγος
ἐληλεγμένῳ ὅμοιός ἐστιν.
§ 8. Συμβαίνει μέντοι πολλάκις ὁρῶντας τὴν
ἀμφιβολίαν ὀκνεῖν διαιρεῖσθαι διὰ τὴν πυκνότητα τῶν τὰ τοιαῦτα
προτεινόντων, ὅπως μὴ πρὸς ἅπαν δοκῶσι δυσκολαίνειν· εἶτ´ οὐκ ἂν
οἰηθέντων παρὰ τοῦτο γενέσθαι τὸν λόγον, πολλάκις ἀπήντησε
παράδοξον. § 9. Ὥστ´ ἐπειδὴ δέδοται διαιρεῖν, οὐκ ὀκνητέον, καθάπερ
ἐλέχθη πρότερον.
§ 10. Εἰ δὲ τὰ δύο ἐρωτήματα μὴ ἓν ἐποίει τις ἐρώτημα, οὐδ´ ἂν ὁ παρὰ τὴν
ὁμωνυμίαν καὶ τὴν ἀμφιβολίαν ἐγίνετο παραλογισμός, ἀλλ´ ἢ ἔλεγχος ἢ
οὔ. Τί γὰρ διαφέρει ἐρωτῆσαι [176b] εἰ Καλλίας καὶ Θεμιστοκλῆς
μουσικοί εἰσιν ἢ εἰ ἀμφοτέροις ἓν ὄνομα ἦν ἑτέροις οὖσιν; εἰ γὰρ
πλείω δηλοῖ ἑνός, πλείω ἠρώτησεν. Εἰ οὖν μὴ ὀρθὸν πρὸς δύο ἐρωτήσεις
μίαν ἀπόκρισιν ἀξιοῦν λαμβάνειν ἁπλῶς, φανερὸν ὅτι οὐδενὶ προσήκει
τῶν ὁμωνύμων ἀποκρίνεσθαι ἁπλῶς, οὐδ´ εἰ κατὰ πάντων ἀληθές, ὥσπερ
ἀξιοῦσί τινες. Οὐδὲν γὰρ τοῦτο διαφέρει ἢ εἰ ἤρετο, Κορίσκος καὶ
Καλλίας πότερον οἴκοι εἰσὶν ἢ οὐκ οἴκοι, εἴτε παρόντων ἀμφοῖν εἴτε
μὴ παρόντων· ἀμφοτέρως γὰρ πλείους αἱ προτάσεις· οὐ γὰρ εἰ ἀληθὲς
εἰπεῖν, διὰ τοῦτο μία ἡ ἐρώτησις. Ἐγχωρεῖ γὰρ καὶ μυρία ἕτερα
ἐρωτηθέντα ἐρωτήματα ἁπλῶς ἢ "ναί" ἢ "οὔ" ἀληθὲς εἶναι λέγειν· ἀλλ´
ὅμως οὐκ ἀποκριτέον μιᾷ ἀποκρίσει· ἀναιρεῖται γὰρ τὸ διαλέγεσθαι. Τοῦτο δ´ ὅμοιον ὡς εἰ καὶ τὸ αὐτὸ ὄνομα τεθείη τοῖς ἑτέροις.
Εἰ οὖν
μὴ δεῖ πρὸς δύο ἐρωτήσεις μίαν ἀπόκρισιν διδόναι, φανερὸν ὅτι οὐδ´
ἐπὶ τῶν ὁμωνύμων τὸ "ναί" ἢ "οὔ" λεκτέον· § 11. οὐδὲ γὰρ ὁ εἰπὼν
ἀποκέκριται, ἀλλ´ εἴρηκεν. Ἀλλ´ ἀξιοῦταί πως ἐν τοῖς διαλεγομένοις
διὰ τὸ λανθάνειν τὸ συμβαῖνον.
§ 12. Ὥσπερ οὖν εἴπομεν, ἐπειδήπερ οὐδ´ ἔλεγχοί τινες ὄντες δοκοῦσιν
εἶναι, κατὰ τὸν αὐτὸν τρόπον καὶ λύσεις δόξουσιν εἶναί τινες οὐκ
οὖσαι λύσεις· ἃς δή φαμεν ἐνίοτε μᾶλλον δεῖν φέρειν ἢ τὰς ἀληθεῖς ἐν
τοῖς ἀγωνιστικοῖς λόγοις καὶ τῇ πρὸς τὸ διττὸν ἀπαντήσει.
§ 13. Ἀποκριτέον
δ´ ἐπὶ μὲν τῶν δοκούντων τὸ "ἔστω" λέγοντα· καὶ γὰρ οὕτως ἥκιστα
γίνοιτ´ ἂν παρεξέλεγχος. Ἂν δέ τι παράδοξον ἀναγκάζηται λέγειν,
ἐνταῦθα μάλιστα προσθετέον τὸ δοκεῖν· οὕτω γὰρ ἂν οὔτ´ ἔλεγχος οὔτε
παράδοξον γίνεσθαι δόξειεν.
§ 14. Ἐπεὶ δὲ πῶς αἰτεῖται τὸ ἐν ἀρχῇ δῆλον,
οἴονται δὲ πάντως ἃν ᾖ σύνεγγυς ἀναιρετέον, καὶ μὴ συγχωρητέον εἶναι
ἔνια, ὡς τὸ ἐν ἀρχῇ αἰτοῦντος, ὅταν τι τοιοῦτον ἀξιοῖ τις ὃ
ἀναγκαῖον μὲν συμβαίνειν ἐκ τῆς θέσεως, ᾖ δὲ ψεῦδος ἢ ἄδοξον, ταὐτὸ
λεκτέον· τὰ γὰρ ἐξ ἀνάγκης συμβαίνοντα τῆς αὐτῆς εἶναι δοκεῖ θέσεως.
§ 15. Ἔτι ὅταν τὸ καθόλου μὴ ὀνόματι ληφθῇ ἀλλὰ παραβολῇ, λεκτέον ὅτι οὐχ
ὡς ἐδόθη οὐδ´ ὡς προὔτεινε λαμβάνει· καὶ γὰρ παρὰ τοῦτο γίνεται
πολλάκις ἔλεγχος. § 16. Ἐξειργόμενον δὲ τούτων ἐπὶ τὸ μὴ καλῶς δεδεῖχθαι
πορευτέον, ἀπαντῶντα κατὰ τὸν εἰρημένον διορισμόν.
§ 17. Ἐν μὲν οὖν τοῖς κυρίως λεγομένοις ὀνόμασιν ἀνάγκη ἀποκρίνεσθαι ἢ
ἁπλῶς ἢ διαιρούμενον. § 18. Ἃ δὲ συνυπονοοῦντες τίθεμεν, οἷον ὅσα μὴ σαφῶς
ἀλλὰ κολοβῶς ἐρωτᾶται, [177a] παρὰ τοῦτο συμβαίνει ὁ ἔλεγχος. Οἷον "ἆρ´ ὃ ἂν ᾖ Ἀθηναίων κτῆμά ἐστιν Ἀθηναίων;" "ναί." "Ὁμοίως δὲ
καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων· ἀλλὰ μὴν ὁ ἄνθρωπός ἐστι τῶν ζῴων;" "ναί." "Κτῆμα
ἄρα ὁ ἄνθρωπος τῶν ζῴων." Τὸν γὰρ ἄνθρωπον τῶν ζῴων λέγομεν ὅτι ζῷόν
ἐστι, καὶ Λύσανδρον τῶν Λακώνων ὅτι Λάκων. Δῆλον οὖν ὡς ἐν οἷς
ἀσαφὲς τὸ προτεινόμενον οὐ συγχωρητέον ἁπλῶς.
§ 19. Ὅταν δὲ δυοῖν ὄντοιν θατέρου μὲν ὄντος ἐξ ἀνάγκης θάτερον εἶναι
δοκῇ, θατέρου δὲ τοῦτο μὴ ἐξ ἀνάγκης, ἐρωτώμενον πότερον, δεῖ τὸ
ἔλαττον διδόναι (χαλεπώτερον γὰρ συλλογίσασθαι ἐκ πλειόνων)· ἐ
§ 20. ὰν δ´
ἐπιχειρῇ ὅτι τῷ μὲν ἔστιν ἐναντίον τῷ δ´ οὐκ ἔστιν, ἂν ὁ λόγος
ἀληθὴς ᾖ, ἐναντίον 〈εἶναι〉 φάναι, ὄνομα δὲ μὴ κεῖσθαι τοῦ ἑτέρου.
§ 21. Ἐπεὶ δ´ ἔνια μὲν ὧν λέγουσιν οἱ πολλοὶ τὸν μὴ συγχωροῦντα ψεύδεσθαι
ἂν φαῖεν ἔνια δ´ οὔ, οἷον ὅσα ἀμφιδοξοῦσιν (πότερον γὰρ φθαρτὴ ἢ
ἀθάνατος ἡ ψυχὴ τῶν ζῴων, οὐ διώρισται τοῖς πολλοῖς)—ἐν οἷς οὖν
ἄδηλον ποτέρως εἴωθε λέγεσθαι τὸ προτεινόμενον, πότερον ὡς αἱ γνῶμαι
(καλοῦσι γὰρ γνώμας καὶ τὰς ἀληθεῖς δόξας καὶ τὰς ὅλας ἀποφάνσεις) ἢ
ὡς "ἡ διάμετρος ἀσύμμετρός ἐστι", οὗ τὸ ἀληθὲς ἀμφιδοξεῖται, μάλιστα
μεταφέρων ἄν τις λανθάνοι τὰ ὀνόματα περὶ τούτων. Διὰ μὲν γὰρ τὸ
ἄδηλον εἶναι ποτέρως ἔχει τἀληθές, οὐ δόξει σοφίζεσθαι, διὰ δὲ τὸ
ἀμφιδοξεῖν οὐ δόξει ψεύδεσθαι· ἡ γὰρ μεταφορὰ ποιήσει τὸν λόγον
ἀνεξέλεγκτον.
§ 22. Ἔτι ὅσα ἄν τις προαισθάνηται τῶν ἐρωτημάτων, προενστατέον καὶ
προαγορευτέον· οὕτω γὰρ ἂν μάλιστα τὸν πυνθανόμενον κωλύσειεν. |
§ 1. D'abord donc, de même que nous disons qu'il
vaut mieux,
quelquefois raisonner d'une manière probable que d'une manière
vraie, de même il vaut mieux quelquefois chercher la solution selon
le probable que selon le vrai : car il faut combattre contre les
disputeurs, non pas comme s'ils réfutaient réellement, mais comme
s'ils paraissaient seulement le faire. En effet, nous nions qu'ils
fassent de vraies conclusions, et ainsi tous nos efforts doivent
tendre à ce qu'ils ne paraissent pas en faire. Si donc la
réfutation est une contradiction qui n'est pas homonyme, et qu'on
tire de certaines données, il n'y avait pas besoin de faire de
division, pour éviter l'amphibologie et l'homonymie, parce qu'elles
ne font pas de vrai syllogisme. Mais il ne faut établir de division
que parce que la conclusion a l'apparence
d'une réfutation. Ainsi donc, on doit prendre garde, non pas d'être
réfuté, mais seulement de le paraître. § 2. L'interrogation qui
porte sur des choses amphibologiques , [176a] ou des équivoques
d'homonymie, comme toutes les autres surprises de ce genre, font
disparaître la véritable réfutation, et ne laissent plus reconnaître
celui qui est réfuté ou celui qui ne l'est pas. En effet, comme il
est toujours permis, quand on arrive à la conclusion finale, de dire
que l'adversaire nie ce qu'on n'a pas affirmé, parce qu'il n'a fait
qu'interroger par homonymie ou par amphibologie ; et qu'ainsi l'on a
soi-même affirmé autre chose que ce qu'il a compris d'abord, et nié
dans la conclusion, bien qu'on ait tout fait pour que la discussion
portât de part et d'autre sur le même point, on ne sait jamais
clairement si l'interlocuteur est réfuté : car on ne sait si
maintenant il dit vrai. Mais si celui qui interroge avait, en
divisant, montré le sens homonyme ou amphibologique, la réfutation
ne serait plus obscure. § 3. Il arriverait précisément alors, ce que
d'ailleurs les disputeurs cherchent moins maintenant que jadis, que
l'interlocuteur interrogé répondrait par oui ou par non. Ici, au
contraire, parce que ceux qui interrogent posent mal leurs
questions, il faut que celui qui répond ajoute quelque chose à la
réponse, pour rectifier le vice de l'interrogation. Mais quand, en
interrogeant, on a bien fait la division indispensable, il faut nécessairement que celui qui répond dise oui ou non.
§ 4. Quand l'on suppose que la réfutation n'a lieu que par
homonymie, il n'est pas possible en quelque sorte que celui qui
répond évite d'être réfuté ; car il faut nécessairement, pour les
choses qui tombent sous la vue, qu'on nie le mot qu'on avait affirmé
et qu'on affirme ce qu'on avait nié. § 5. En effet, il n'y a aucune
utilité dans la rectification qu'essaient de faire quelques
interlocuteurs. Ainsi, ils soutiennent que Coriscus n'est pas à la
fois musicien et ignorant en musique, mais que tel Coriscus est bon
musicien et que tel autre Coriscus ne l'est pas. Mais ce sera la
même expression, soit qu'on dise que Coriscus, soit qu'on dise que
ce Coriscus est musicien ou ne l'est pas, ce que nie et affirme à la
fois l'interlocuteur. Mais ce n'est peut-être pas tout à fait le
même sens ; car le mot non plus n'est pas tout à fait le même; et
voilà d'où vient la différence. § 6. Mais si l'on accorde d'un côté
que le mot est pris simplement : Coriscus, et que de l'autre on
ajoute restrictivement : Ce ou quelque, cela est absurde; car la
restriction n'est pas plus à l'un qu'à l'autre ; et il n'importe en
rien auquel des deux on l'attribue.
§ 7. Toutefois, comme on ne sait pas clairement, quand on n'a pas
déterminé l'amphibologie, si l'on est , ou non réfuté, bien qu'on pût faire
la division nécessaire dans le discours, il est évident que concéder
l'interrogation sans cette définition, et absolument, c'est une
faute, de sorte que, si ce n'est l'interlocuteur même, du moins son
raisonnement a l'air d'être réfuté.
§ 8. Toutefois, il arrive souvent que tout en voyant l'amphibologie,
on répugne à faire la division, à cause du grand nombre des
propositions de ce genre, et afin de ne pas paraître élever toujours
des difficultés. Puis ensuite il arrive tout aussi souvent que, sur
le point même où l'on ne pensait pas que la discussion viendrait à
porter, on rencontre le paradoxe. § 9. Ainsi donc, puisqu'on peut
faire la division, il ne faut pas hésiter à la faire, ainsi qu'on
l'a dit antérieurement.
§ 10. Si l'on ne réunissait pas deux questions en une seule, le
paralogisme ne se formerait pas par homonymie ou amphibologie, mais
ce serait une réfutation où il n'y aurait pas même apparence de
réfutation; car, quelle différence y a-t-il à demander [176b] si Callias et
Thémistocle sont musiciens, ou s'il n'y a qu'un seul nom pour eux
deux, bien qu'ils soient autres? En effet, si ce nom désigne plus
d'une chose, on a demandé aussi plusieurs choses. Si donc, il n'est
pas bien de chercher à obtenir une seule réponse absolument pour
plusieurs questions, il est clair qu'il ne convient de répondre sous
forme absolue, par aucun. terme homonyme, quand même la réponse
serait vraie pour tous les sens du mot, comme quelques-uns
l'admettent ; car il n'y a pas plus de différence que si Ton disait
: Coriscus et Callias sont-ils ou ne sont-ils pas à la maison? Soit que tous deux soient
présents, soit que tous deux soient absents, des deux façons, il y a
toujours plusieurs propositions. Il ne suffît point, en effet, de
dire vrai, pour qu'il n'y ait qu'une seule interrogation; car il se
peut aussi qu'on propose dix, mille autres interrogations,
auxquelles on pourra répondre avec vérité par oui et par non.
Cependant il ne faut pas répondre par une seule réponse ; car c'est
détruire toute discussion. C'est absolument la même chose que si
l'on donnait un nom pareil à des choses différentes. Si donc il ne
faut pas faire une réponse unique à deux questions, il est évident
aussi qu'il ne faut pas répondre non plus par oui ou par non à des
homonymes. § 11. Car celui qui a dit ainsi ne répond pas, il n'a
fait que parler. Mais on suppose quelquefois dans les discussions
qu'il y a là une véritable réponse, parce qu'on ne voit pas ce qui
doit en résulter.
§ 12. Ainsi donc que nous l'avons dit, comme certaines réfutations
qui n'en sont pas réellement paraissent en être, de la même manière
il y a des solutions qui paraissent en être sans en être réellement.
C'est celles-là qu'il faut quelquefois produire plutôt que les
solutions vraies, dans les discussions contentieuses, et contre les
paralogismes venant du double sens d'un mot.
§ 13. Il faut répondre pour les choses que l'on admet: Soit; car, de
cette façon, il n'est pas du tout possible à l'interlocuteur de
rétorquer la réfutation. Si l'on est forcé de dire quelque paradoxe,
c'est alors surtout , qu'il faut ajouter que cela paraît ainsi ;
car, de
cette façon, il ne semblera pas qu'il y ait, ni réfutation, ni
paradoxe.
§ 14. Comme on sait très clairement ce que c'est qu'une pétition de
principes, et tout le monde accorde qu'elle a lieu si la proposition
est voisine du principe, il est certaines choses qu'il faut détruire
et non accorder, en soutenant que c'est faire une pétition de
principes. Et si l'interlocuteur demande qu'on lui accorde
précisément une proposition, qui doit nécessairement résulter de la
thèse initiale, et que cette proposition soit fausse ou improbable,
il faut élever la même objection. En effet, ce qui résulte
nécessairement de la thèse semble faire partie de la thèse même. §
15. De
plus, quand l'universel est pris, non par le mot qui le représente,
mais par comparaison, il faut faire remarquer que l'adversaire ne le
prend pas comme on le lui accordait, ou comme il l'avait lui-même
avancé; car c'est souvent à ce point même que tient la réfutation. §
16. Quand on a été repoussé de ce terrain, il faut s'en prendre à
l'irrégularité de la démonstration, et s'appuyer pour cela sur la
définition qui a été donnée du syllogisme et de la réfutation.
§ 17. Quand les mots sont pris au propre, il faut nécessairement
répondre ou absolument, ou par une distinction. § 18. Mais toutes
les fois qu'on est obligé de suppléer par la pensée, comme, par
exemple, dans toutes les questions qui ne sont pas assez claires, et
qui
sont en quelque sorte boiteuses, [177a] la réfutation se produit. Telle est
cette question : Ce qui est des Athéniens est-il la possession des
Athéniens? Oui. Et de même pour tout le reste: Mais l'homme est-il
des animaux? Oui. Ainsi l'homme est la possession des animaux; car
nous disons que l'homme est des animaux, parce qu'il est animal, et
que Lysandre est des Lacédémoniens, parce qu'il est Lacédémonien. Il
est donc évident que dans les cas où la chose proposée est obscure,
il ne faut pas acquiescer d'une manière absolue.
§ 19. Quand deux choses sont de telle sorte que, l'une étant,
l'autre doit être de toute nécessité, sans que la seconde étant, la
première soit nécessairement, il faut que celui qui est interrogé
sur ces deux termes accorde celui qui est le moins étendu ; car il
est plus difficile de faire le raisonnement, quand il porte sur plus
de choses.
§ 20. Quand l'on essaie de prouver que l'un des termes a un
contraire, et que l'autre n'en a pas, si cette assertion est vraie,
il faut dire qu'en effet, le second terme a un contraire, mais que
ce contraire n'a pas de nom.
§ 21. Comme il y a certaines choses pour lesquelles le vulgaire dit
de celui qui ne les accorde pas, qu'il se trompe, et que, pour
quelques autres choses, il ne se
prononce pas si nettement : par exemple, dans toutes celles où les
avis sont partagés, et ainsi le vulgaire n'est point décidé en
général sur la question de savoir si l'âme des animaux est
périssable ou immortelle; dans tous les cas où Ton ne sait quelle
est l'opinion vulgaire, sur le sujet en question, comme sur les
sentences, et l'on appelle sentences, et les pensées vraies, et des
assertions entières, telles que: Le diamètre est incommensurable;
dans tous ces cas, dis-je, et toutes les fois que la vérité est
controversée, le meilleur moyen de cacher sa pensée, ce sera
d'employer pour tous les mots le déplacement delà discussion. En
effet, précisément, parce qu'il y a grande obscurité sur le vrai
dans ce cas, on ne paraîtra pas faire un sophisme, et l'on ne
paraîtra même pas se tromper, puisque les opinions sont partagées.
Le déplacement de la discussion rendra le raisonnement inattaquable.
§ 22. Enfin, toutes les fois qu'on pressent une question, il faut
aller au-devant de l'objection et la dire tout d'abord; car c'est
ainsi surtout qu'on embarrassera celui qui interroge. |
§ 1. Analysées, pris au sens
propre, décomposées.
§ 2. Ou par amphibologie, l'édition de Berlin ne donne pas ces mots
et ne cite pas d'autorité qui en justifie l'omission.
— Et qu'ainsi l'on a... dans la conclusion,
l'édition de Berlin supprime encore toute cette phrase sans citer de
manuscrit. Cette phrase, qui se lie fort bien avec tout ce qui
précède et tout ce qui suit, est dans toutes les autres éditions, il
est indispensable de la conserver.
§ 5. Ou ne l'est pas, Pacius n'a pas ces mots que j'emprunte à
l'édition de Berlin, Sylburge les met entre crochets.
— Et voilà
d'où vient la différence, c'est la leçon de l'édition de Berlin :
Pacius, au contraire, a une négation : Et voilà pourquoi il n'y a
point de différence. Sylburge place encore la négation entre
crochets, c'est-à-dire qu'il en propose la suppression. La leçon de
l'édition de Berlin me semble la plus claire, et c'est là ce qui me
l'a fait adopter.
§ 9. Ainsi qu'on l'a dit antérieurement. Topiques, liv.
8, ch. 7.
§ 12. Ainsi donc que nous l'avons dit, au début même de ce traité,
ch. 1, § 1, quand il a défini la réfutation sophistique.
§ 16. La définition qui a été donnée, voir plus haut, ch. 1,
§ 3.
§ 18. Ce qui est des Athéniens, le génitif en grec peut prêter à
cette amphibologie, il peut servir à exprimer qu'une chose est la
possession d'une autre, ou qu'elle fait par-lie d'une autre.
§ 21. Et les pensées vraies, les axiomes.
— Et des assertions
entières , l'édition de Berlin donne : Et des négations entières ;
mais , comme il suffît ici, pour changer le sens, de l'omission
d'une seule lettre, on peut croire à une simple faute d'impression.
— Le déplacement de la définition, en la faisant porter sur une
proposition où l'attribut sera contraire à l'attribut de la
proposition soutenue par l'adversaire, et où le sujet sera
différent. C'est ce que le texte appelle la métaphore, en prenant ce
mot dans son sens étymologique.
|
CHAPITRE XVIII.
Moyens divers pour arriver à la solution vraie : attaquer la
proposition : attaquer la conclusion.
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§ 1.
Ἐπεὶ δ´ ἐστὶν ἡ μὲν ὀρθὴ λύσις ἐμφάνισις ψευδοῦς συλλογισμοῦ, παρ´
ὁποίαν ἐρώτησιν συμβαίνει τὸ ψεῦδος, ὁ δὲ ψευδὴς συλλογισμὸς λέγεται
διχῶς (ἢ γὰρ εἰ συλλελόγισται ψεῦδος, ἢ εἰ μὴ ὢν συλλογισμὸς δοκεῖ
εἶναι συλλογισμός), εἴη ἂν ἥ τε εἰρημένη νῦν λύσις καὶ ἡ τοῦ
φαινομένου συλλογισμοῦ παρ´ ὅ τι φαίνεται τῶν ἐρωτημάτων διόρθωσις,
ὥστε συμβαίνει τῶν λόγων τοὺς μὲν συλλελογισμένους ἀνελόντα, τοὺς δὲ
φαινομένους διελόντα λύειν. Πάλιν δ´ ἐπεὶ τῶν συλλελογισμένων λόγων
οἱ μὲν ἀληθὲς οἱ δὲ ψεῦδος ἔχουσι τὸ συμπέρασμα, τοὺς μὲν κατὰ τὸ
συμπέρασμα ψευδεῖς διχῶς ἐνδέχεται λύειν· καὶ γὰρ τῷ ἀνελεῖν τι τῶν
ἠρωτημένων καὶ τῷ δεῖξαι τὸ συμπέρασμα ἔχον οὐχ οὕτως· [177b]
τοὺς δὲ κατὰ τὰς προτάσεις τῷ ἀνελεῖν τι μόνον· τὸ γὰρ συμπέρασμα
ἀληθές. Ὥστε τοῖς βουλομένοις λύειν λόγον πρῶτον μὲν σκεπτέον εἰ
συλλελόγισται ἢ ἀσυλλόγιστος, εἶτα πότερον ἀληθὲς τὸ συμπέρασμα ἢ
ψεῦδος, ὅπως ἢ διαιροῦντες ἢ ἀναιροῦντες λύωμεν, καὶ ἀναιροῦντες ἢ
ὧδε ἢ ὧδε, καθάπερ ἐλέχθη πρότερον. Διαφέρει δὲ πλεῖστον ἐρωτώμενόν
τε καὶ μὴ λύειν λόγον· τὸ μὲν γὰρ προϊδεῖν χαλεπόν, τὸ δὲ κατὰ
σχολὴν ἰδεῖν ῥᾷον. |
§ 1. Puisque la solution vraie est de faire voir que le syllogisme
est faux, en indiquant celle des questions où est l'erreur, le
syllogisme faux peut l'être de deux
façons : par exemple, s'il a conclu faussement ; ou bien si, n'étant
pas un syllogisme, il paraît pourtant en être un. La solution
indiquée ici, et celle du syllogisme apparent , consisteraient à
rectifier celle des questions qui le fait paraître ce qu'il n'est
pas: et, par conséquent, on arrive à la solution cherchée, d'abord
en détruisant les raisonnements qui concluent réellement, et en
faisant une distinction pour ceux qui ne sont qu'apparents. § 2.
Mais comme parmi les raisonnements réguliers, les uns ont la
conclusion vraie, et les autres la conclusion fausse, on peut
résoudre de deux façons ceux qui ont la conclusion fausse,
c'est-à-dire, soit en détruisant quelqu'une des interrogations
posées, soit en montrant que la conclusion n'est point ainsi qu'on
l'a dit. Contre ceux; qui sont faux dans les propositions, il n'y a
de solution possible qu'en détruisant l'une de ces propositions,
puisque la conclusion est vraie. § 3. Ainsi donc, quand on veut
résoudre un raisonnement, il faut voir d'abord si ce raisonnement
conclut ou s'il ne conclut pas ; ensuite, si la conclusion est
vraie ou fausse, afin qu'on puisse résoudre, soit en détruisant,
soit en divisant les propositions; et l'on détruit, soit d'une
façon, soit de l'autre, comme on l'a dit plus haut. § 4. Il y a une
très grande différence, pour résoudre le raisonnement, d'être ou de
n'être pas interrogé ; car il est difficile de voir à l'avance la
solution, et il est plus facile de la voir à loisir. |
§ 3. Comme on l'a dit plus haut,
§ 1.
|
CHAPITRE XIX.
Solution pour les cas ou la
réfutation ne tient qu'a l'homonymie ou à l'amphibologie, soit dans
les propositions, soit dans la conclusion : il faut signaler les
sens divers le plus tôt qu'on le peut.
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§ 1.
Τῶν μὲν οὖν παρὰ τὴν ὁμωνυμίαν καὶ τὴν ἀμφιβολίαν ἐλέγχων οἱ μὲν
ἔχουσι τῶν ἐρωτημάτων τι πλείω σημαῖνον, οἱ δὲ τὸ συμπέρασμα
πολλαχῶς λεγόμενον· οἷον ἐν μὲν τῷ "σιγῶντα λέγειν" τὸ συμπέρασμα
διττόν, ἐν δὲ τῷ "μὴ συνεπίστασθαι τὸν ἐπιστάμενον" ἓν τῶν
ἐρωτημάτων ἀμφίβολον. Καὶ τὸ διττὸν ὁτὲ μὲν ἔστιν ὁτὲ δ´ οὐκ ἔστιν,
ἀλλὰ σημαίνει τὸ διττὸν τὸ μὲν ὂν τὸ δ´ οὐκ ὄν.
§ 2.
Ὅσοις μὲν οὖν ἐν τῷ τέλει τὸ πολλαχῶς, ἂν μὴ προσλάβῃ τὴν ἀντίφασιν
οὐ γίνεται ἔλεγχος, οἷον ἐν τῷ τὸν τυφλὸν ὁρᾶν· ἄνευ γὰρ ἀντιφάσεως
οὐκ ἦν ἔλεγχος. § 3. Ὅσοις δ´ ἐν τοῖς ἐρωτήμασιν, οὐκ ἀνάγκη προαποφῆσαι
τὸ διττόν· οὐ γὰρ πρὸς τοῦτο ἀλλὰ διὰ τοῦτο ὁ λόγος. § 4. Ἐν ἀρχῇ μὲν οὖν
πρὸς τὸ διπλοῦν καὶ ὄνομα καὶ λόγον οὕτως ἀποκριτέον, ὅτι ἔστιν ὡς,
ἔστι δ´ ὡς οὔ, ὥσπερ τῷ "σιγῶντα λέγειν" ὅτι ἔστιν ὡς, ἔστι δ´ ὡς
οὔ, καὶ τὰ δέοντα πρακτέον ἔστιν ἅ, ἔστι δ´ ἃ οὔ· τὰ γὰρ δέοντα
λέγεται πολλαχῶς· ἐὰν δὲ λάθῃ, ἐπὶ τέλει προστιθέντα τῇ ἐρωτήσει
διορθωτέον· "Ἆρ´ ἔστι σιγῶντα λέγειν;", "Οὔ, ἀλλὰ τόνδε σιγῶντα".
§ 5. Καὶ ἐν τοῖς ἔχουσι δὲ τὸ πλεοναχῶς ἐν ταῖς προτάσεσιν ὁμοίως· "Οὐκ
ἄρα συνεπίστανται ὅ τι ἐπίστανται;", "Ναί, ἀλλ´ οὐχ οἱ οὕτως
ἐπιστάμενοι". Οὐ γὰρ ταὐτόν ἐστιν ὅτι οὐκ ἔστι συνεπίστασθαι καὶ ὅτι
τοὺς ὡδὶ ἐπισταμένους οὐκ ἔστιν. § 6. Ὅλως τε μαχετέον, ἂν καὶ ἁπλῶς
συλλογίζηται, ὅτι οὐχ ὃ ἔφησεν ἀπέφησε πρᾶγμα ἀλλ´ ὄνομα, ὥστ´ οὐκ
ἔλεγχος. |
§ 1. Parmi les réfutations qui ne tiennent qu'à l'homonymie et à
l'amphibologie, les unes renferment des questions qui présentent
plusieurs sens; dans les autres, c'est la conclusion qui a des sens
divers. Ainsi, par exemple, dans le cas où l'on prétend prouver que
celui qui se tait parle, c'est la conclusion qui a un double sens.
Dans cette autre proposition : Celui qui sait ne sait pas, c'est
l'une des questions qui est amphibologique. Par exemple, ce
raisonnement : Celui qui sait faire ou dire quelque chose sait aussi
ce qu'il dit, ce qu'il fait; or, cet homme sait dire des vers
iambiques; donc il sait aussi les vers iambiques. Et ce qui a un
double sens est vrai dans un sens et ne l'est .pas dans l'autre;
ainsi le double sens exprime à la fois ce qui est et ce qui n'est
pas.
§ 2. Toutes les fois donc, qu'il y a plusieurs sens à la fin, si
l'on ne prend pas la contradiction, il n'y a pas
de réfutation : par exemple, si l'on prétend que l'aveugle voit ;
car sans contradiction, il n'y a pas de réfutation. § 3. Pour tous
les cas où la diversité de sens se trouve dans les questions, il
n'est pas nécessaire de combattre d'abord le double sens; car ce
n'est pas sur ce point que porte le raisonnement: c'est seulement un
des éléments dont on le tire. § 4. Au début donc, il faut répondre
en signalant le double sens, soit dans le mot, soit dans le
raisonnement, en disant qu'on l'accepte d'une façon, et que de
l'autre on ne l'accepte pas. Ainsi, dans cette proposition : Celui
qui se tait parle, il faut dire qu'on l'accepte en partie, et qu'en
partie on ne l'accepte pas. Et si l'adversaire a dit qu'il faut
remplir ses devoirs, il faut distinguer, en disant que les uns
doivent être remplis et d'autres ne pas l'être; car devoirs a
plusieurs sens. Si la diversité des sens a d'abord échappé, il faut
rectifier l'erreur en ajoutant à la fin quelque chose à la question
: Donc celui qui se tait parle; pas du tout; mais bien un tel qui se
tait. § 5. Et de même pour les cas où la diversité de sens est dans
les propositions : Donc on ne sait pas ce qu'on sait? Non, certes;
mais cela n'est pas vrai de ceux qui savent de telle manière; car ce
n'est pas la même chose de dire qu'il n'est pas possible de savoir
quand on sait, ou que cela n'est pas possible à ceux qui savent
d'une certaine façon. § 6. Il faut, en général, combattre son
adversaire, même quand il a conclu d'une manière absolue, en disant
qu'il a nié,
non pas la chose qu'on affirmait, mais seulement le mot, de sorte
qu'il n'y a pas de réfutation. |
§ 1. Celui qui se tait parle, on
se rappelle l'amphibologie que cette phrase présente en grec, voir
plus haut, ch. 4, § 4, et ch. 10, § 6.
— Par
exemple les vers iambiques,
l'édition de Berlin supprime toute cette phrase sans citer aucune
autorité. C'est peut-être une simple omission.
§ 2. A la fin, j'ai conservé la traduction fidèle des mots grecs, le
sens est : Dans la conclusion.
§ 4. Mais bien un tel, en ajoutant un pronom déterminatif qui a un
genre spécial, et ici, il est du masculin: la phrase ne peut plus
alors prêter à l'amphibologie.
§ 5. De cette manière, en spécifiant de quelle nature et sur quoi
porte la science, il n'y a plus lieu de faire amphibologie, et par
conséquent de tromper l'adversaire.
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CHAPITRE XX.
Solution des paralogismes par division on combinaison de mots : tous
les paralogismes ne tiennent pas, comme en l'a dit, à l'ambiguïté
du sens. Exemples divers.
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§ 1.
Φανερὸν δὲ καὶ τοὺς παρὰ τὴν διαίρεσιν καὶ σύνθεσιν πῶς λυτέον· ἂν
γὰρ διαιρούμενος καὶ συντιθέμενος ὁ λόγος ἕτερον σημαίνῃ,
συμπεραινομένου τοὐναντίον λεκτέον. § 2. Εἰσὶ δὲ πάντες οἱ τοιοῦτοι λόγοι
παρὰ τὴν σύνθεσιν ἢ διαίρεσιν· "ἆρ´ ᾧ εἶδες σὺ τοῦτον τυπτόμενον,
τούτῳ ἐτύπτετο οὗτος; καὶ ᾧ ἐτύπτετο, τούτῳ σὺ εἶδες;". § 3. Ἔχει μὲν οὖν
τι κἀκ τῶν ἀμφιβόλων [178a] ἐρωτημάτων, ἀλλ´ ἔστι παρὰ σύνθεσιν.
Οὐ γάρ ἐστι διττὸν τὸ παρὰ τὴν διαίρεσιν· οὐ γὰρ ὁ αὐτὸς λόγος
γίνεται, διαιρούμενος, εἴπερ μὴ 〈ὡς〉 καὶ τὸ "ὄρος", [καὶ] "ὅρος" τῇ
προσῳδίᾳ λεχθέν, σημαίνει ἕτερον. Ἀλλ´ ἐν μὲν τοῖς γεγραμμένοις τὸ
αὐτὸ 〈τὸ〉 ὄνομα, ὅταν ἐκ τῶν αὐτῶν στοιχείων γεγραμμένον ᾖ καὶ
ὡσαύτως (κἀκεῖ δ´ ἤδη παράσημα ποιοῦνται), τὰ δὲ φθεγγόμενα οὐ
ταὐτά. § 4. Ὥστ´ οὐ διττὸν τὸ παρὰ διαίρεσιν. Φανερὸν δὲ καὶ ὅτι οὐ
πάντες οἱ ἔλεγχοι παρὰ τὸ διττόν, καθάπερ τινές φασιν.
§ 5.
Διαιρετέον οὖν τῷ ἀποκρινομένῳ· οὐ γὰρ ταὐτὸ 〈τὸ〉 ἰδεῖν "Τοῖς
ὀφθαλμοῖς τυπτόμενον" καὶ τὸ φάναι "ἰδεῖν τοῖς ὀφθαλμοῖς"
τυπτόμενον. § 6. Καὶ ὁ Εὐθυδήμου δὲ λόγος "Ἆρ´ οἶδας σὺ νῦν οὔσας ἐν
Πειραιεῖ τριήρεις ἐν Σικελίᾳ ὤν;" § 7. καὶ πάλιν "Ἆρ´ ἔστιν ἀγαθὸν ὄντα
σκυτέα μοχθηρὸν εἶναι; εἴη δ´ ἄν τις ἀγαθὸς ὢν σκυτεὺς μοχθηρός·
ὥστ´ ἔσται ἀγαθὸς σκυτεὺς μοχθηρός". § 8. "Ἆρ´ ὧν αἱ ἐπιστῆμαι σπουδαῖαι,
σπουδαῖα τὰ μαθήματα; τοῦ δὲ κακοῦ σπουδαία ἡ ἐπιστήμη· σπουδαῖον
ἄρα μάθημα τὸ κακόν. Ἀλλὰ μὴν καὶ κακὸν καὶ μάθημα τὸ κακόν, ὥστε
κακὸν μάθημα τὸ κακόν. Ἀλλ´ ἔστι κακῶν σπουδαία ἡ ἐπιστήμη." §
9. "Ἆρ´
ἀληθὲς εἰπεῖν νῦν ὅτι σὺ γέγονας; γέγονας ἄρα νῦν." Ἢ ἄλλο σημαίνει
διαιρεθέν; ἀληθὲς γὰρ εἰπεῖν νῦν ὅτι σὺ γέγονας, ἀλλ´ οὐ "Νῦν
γέγονας". "§ 10. Ἆρ´ ὡς δύνασαι καὶ ἃ δύνασαι, οὕτως καὶ ταῦτα ποιήσαις
ἄν; οὐ κιθαρίζων δ´ ἔχεις δύναμιν τοῦ κιθαρίζειν· κιθαρίσαις ἂν ἄρα
οὐ κιθαρίζων." Ἢ οὐ τούτου ἔχει τὴν δύναμιν, τοῦ οὐ κιθαρίζων
κιθαρίζειν, ἀλλ´, ὅτε οὐ ποιεῖ, τοῦ ποιεῖν. § 11.
Λύουσι δέ τινες τοῦτον καὶ ἄλλως. Εἰ γὰρ ἔδωκεν ὡς δύναται ποιεῖν,
οὔ φασι συμβαίνειν μὴ κιθαρίζοντα κιθαρίζειν· οὐ γὰρ πάντως ὡς
δύναται ποιεῖν δεδόσθαι ποιήσειν· οὐ ταὐτὸ δ´ εἶναι ὡς δύναται καὶ
πάντως ὡς δύναται ποιεῖν. § 12. Ἀλλὰ φανερὸν ὅτι οὐ καλῶς λύουσιν· τῶν γὰρ
παρὰ ταὐτὸν λόγων ἡ αὐτὴ λύσις, αὕτη δ´ οὐχ ἁρμόσει ἐπὶ πάντας οὐδὲ
πάντως ἐρωτωμένοις, ἀλλ´ ἔστι πρὸς τὸν ἐρωτῶντα, οὐ πρὸς τὸν λόγον. |
§ 1. On voit aussi clairement comment il faut résoudre les
réfutations qui tiennent à la division et à la réunion de certains
mots; car, si la proposition divisée ou combinée a un sens
différent, il faut soutenir le contraire de la conclusion. § 2. Mais
tous les raisonnements captieux qui se fondent sur la division et la
combinaison, sont du genre des suivants : Ce par quoi tu as vu cet
homme frappé, est-ce par cela qu'il a été frappé? et ce par quoi il
a été frappé, est-ce par cela que tu l'as vu? § 3. Il y a aussi dans
cet exemple l'une des questions [178a] qui est amphibologique : mais le
paralogisme tient surtout à la combinaison; car le double sens ne
subsiste pas après la division, parce que la proposition
n'est plus la même quand elle est.divisée. Ne suffit-il pas d'un
simple changement dans la prosodie, pour que le même mot signifie
autre chose ? Mais ce mot est le même dans sa forme écrite,
puisqu'il est écrit des mêmes lettres et de la même manière; or, là
aussi il y a des signes qui font que les mots dans la prononciation
ne sont plus les mêmes; ainsi, une fois la division faite, le double
sens disparaît. § 4. II est évident aussi que toutes les réfutations
ne viennent pas, sans exception, de ce que le sens est double, ainsi
que quelques-uns le prétendent.
§ 5. Il faut donc diviser quand on répond, car ce n'est pas la même
chose de dire qu'on a vu de ses yeux tel homme frappé, et de dire
qu'on a vu tel homme frappé de ses yeux. § 6. C'est là aussi le
raisonnement d'Euthydème : Est-ce que tu vois, étant en Sicile, les
galères qui sont maintenant dans le Pirée? § 7. Ou bien encore,
est-ce qu'étant un bon tanneur il est possible d'être mauvais ? Or,
quelqu'un qui est bon tanneur pourrait
être mauvais, de sorte qu'il sera un tanneur mauvais. § 8.
L'apprentissage des choses dont la science est bonne est-il bon
aussi ? Or, l'apprentissage du mal est-il bon ? donc le mal est un
bon apprentissage. Mais le mal est mal et apprentissage à la fois :
donc le mal est un mauvais apprentissage. Mais la science de ce qui
est mal est bonne. § 9. Est-il vrai de dire maintenant que tu es né?
tu es donc né maintenant? mais par la division cela signifie autre
chose; car il est vrai de dire maintenant que tu es né, mais tu n'es
pas né maintenant. § 10. Fais-tu les choses que tu peux de la façon
que tu peux les faire? Bien que tu ne joues pas de la cithare, tu as
le pouvoir de jouer de la cithare; tu joues donc de la cithare sans
jouer de la cithare. Ou bien ne doit-on pas dire qu'on n'a pas la
puissance de jouer de la cithare quand on n'en joue pas, mais qu'on
peut le faire quand on ne le fait pas? § 11. On résout encore
autrement ce paralogisme; car si l'interlocuteur accorde qu'on fait
comme on peut faire, on soutient qu'il n'en faut pas conclure qu'on
joue de la cithare en n'en jouant pas. En effet, il n'a pas été
accordé qu'il le fera de quelque façon qu'il puisse le faire ; car
ce n'est pas la même chose de dire comme il peut, ou de dire de
quelque façon qu'il puisse le faire. § 12. Mais évidemment, cette
solution
n'est pas bonne; car pour les raisonnements identiques, la solution
est la même. Mais celle-ci ne conviendra pas à tous les
raisonnements analogues ni àtousles interlocuteurs. Elle convient
uniquement à celui qui interroge, et non pas au raisonnement
lui-même. |
§ 1. Ce par quoi tu as vu cet homme frappé, on peut entendre à la
fois par là, et les yeux avec lesquels on voyait cet homme frappé,
et le bâton avec lequel on le frappait. L'interlocuteur, qui ne fait
pas attention à cette amphibologie peut être amené à soutenir qu'il
a vu cet homme frappé avec des yeux, ou avec un bâton.
§ 3. Mais là aussi il y a des signes.,. Pacius conclut de cette
phrase qu'au temps où le traité des Réfutations a été composé, au
temps d'Aristote, on ne se servait pas d'accents ; j'en tirerais une
conclusion toute contraire, ainsi que des passages cités plus haut,
ch. 7, § 3, et ch. 4, § 8 ; c'est une question qui semble résolue
par ce passage.
§ 4. Ainsi que quelques-uns le prétendent, quelques sophistes
probablement ou quelques disciples de l'école de Mégare.
§ 6. Le raisonnement d'Euthydème, je n'ai pas trouvé ce sophisme
dans l'Euthydème de Platon, Aristote le cite encore dans la
Rhétorique, liv. 2 édit. de Berlin, p. 1401, a. 27.
— Est-ce que tu
vois , étant en Sicile,... Je n'ai pu conserver dans la phrase
française l'équivoque de la phrase grecque où l'adverbe :
maintenant, peut être joint également au verbe voir qui le précède,
et au verbe être qui le suit: la phrase alors signifie également :
Vois-tu, étant maintenant en Sicile, les galères qui sont au Pirée,
chpse absurde, ou bien : As-tu vu, quand tu étais en Sicile, les
galères qui sont maintenant dans le Pirée?
§ 7. De sorte qu'il sera un tanneur mauvais, L'édition de Berlin
donne sans citer d'autorité : De sorte que bon tanneur il sera
mauvais. La leçon ordinaire que j'ai gardée, me semble suffisante.
Le sens est évident, le paralogisme consiste en ce qu'on semble
amené à dire qu'un bon tanneur est un mauvais tanneur, au lieu de
dire qu'il est un mauvais homme.
§ 8. Mais la science de ce qui est mal est bonne, L'édition de
Berlin donne cette phrase que j'ai cru devoir conserver, mais que
n'ont pas plusieurs éditions et entre autres celle de Pacius.
§ 9. Maintenant, l'équivoque est beaucoup plus frappante en grec
qu'en français, parce que l'adverbe : maintenant, pent y être Joint
indifféremment à l'un ou à l'autre verbe.
§ 10. Les choses que tu peux, L'équivoque roule sur le sens du verbe
pouvoir qui peut signifier à la fois une faculté et un acte.
§ 12. Uniquement à celui qui interroge, c'est ce qu'on a nommé
d'abord un argument ad hominem. |
CHAPITRE ΧΧΙ.
Solution des paralogismes tenant à la prosodie.
|
§ 1.
Παρὰ δὲ τὴν προσῳδίαν λόγοι μὲν οὐκ εἰσίν, οὔτε τῶν γεγραμμένων οὔτε
τῶν λεγομένων, πλὴν εἴ τινες ὀλίγοι γένοιντ´ ἄν, οἷον οὗτος ὁ λόγος·
"Ἆρά γ´ ἐστὶ τὸ οὗ καταλύεις οἰκία;" "Ναί." "Οὐκοῦν τὸ ‘οὐ
καταλύεις’ τοῦ ‘καταλύεις’ ἀπόφασις;" [188b] "Ναί."
§ 2. "Ἔφησας δ´
εἶναι τὸ οὗ καταλύεις οἰκίαν· ἡ οἰκία ἄρα ἀπόφασις." Ὡς δὴ λυτέον,
δῆλον· οὐ γὰρ τὸ αὐτὸ σημαίνει ὀξύτερον τὸ δὲ βαρύτερον ῥηθέν. |
§ 1. Pour la prosodie, il n'y a de paralogismes, soit par
l'écriture, soit par la prononciation, qu'en très-petit nombre et du
genre de celui-ci : Est-ce là la maison où tu loges? Oui. Est-ce que
: où tu loges est la négation de : tu loges? oui; mais tu as dit que
c'était la maison où tu loges; donc la maison est négation. § 2. On
voit comment on peut résoudre cette difficulté; car le mot n'a pas
le même sens, soit qu'on le prenne avec accent aigu, soit qu'on le
prenne avec accent grave. |
§ 1. Où tu loges, Cette équivoque est analogue à celle qu'on a citée
plus haut et qui était extraite de l'Iliade, voir plus haut, ch. 4 ,
§ 8. L'adverbe de lieu : où, en grec signifie encore la négation :
ne pas; de là une équivoque qu'il est impossible de rendre en
français.
§ 2. Soit qu'on le prenne avec
accent aigu, Le texte dit seulement : prononcé plus aigu ; mais,
comme plus haut on a parlé aussi d'écriture, j'ai cru que je pouvais
préciser un peu davantage la pensée et qu'il ne s'agissait pas
seulement de prononciation. Voir plus haut, ch. 4, § 8, en note. |
CHAPITRE XXII.
Solution des paralogismes qui ne tiennent qu'a la forme des mots.
Exemples divers de sophismes avec les solutions qu'on peut leur
opposer.
|
§ 2.
Δῆλον δὲ καὶ τοῖς παρὰ τὸ ὡσαύτως λέγεσθαι τὰ μὴ ταὐτὰ πῶς
ἀπαντητέον, ἐπείπερ ἔχομεν τὰ γένη τῶν κατηγοριῶν. Ὁ μὲν γὰρ ἔδωκεν
ἐρωτηθεὶς μὴ ὑπάρχειν τι τούτων ὅσα τί ἐστι σημαίνει· ὁ δ´ ἔδειξεν
ὑπάρχον τι τῶν πρός τι ἢ ποσῶν, δοκούντων δὲ τί ἐστι σημαίνειν διὰ
τὴν λέξιν· § 2. οἷον ἐν τῷδε τῷ λόγῳ· "Ἆρ´ ἐνδέχεται τὸ αὐτὸ ἅμα ποιεῖν
τε καὶ πεποιηκέναι;" "οὔ." "Ἀλλὰ μὴν ὁρᾶν γέ τι ἅμα καὶ ἑωρακέναι τὸ
αὐτὸ καὶ κατὰ ταὐτὸ ἐνδέχεται." § 3. "Ἆρ´ ἔστι τι τῶν πάσχειν ποιεῖν τι;"
"οὔ." "Οὐκοῦν τὸ τέμνεται καίεται αἰσθάνεται ὁμοίως λέγεται καὶ
πάντα πάσχειν τι σημαίνει; πάλιν δὲ τὸ λέγειν τρέχειν ὁρᾶν ὁμοίως
ἀλλήλοις λέγεται· ἀλλὰ μὴν τό γ´ ὁρᾶν αἰσθάνεσθαί τί ἐστιν, ὥστε καὶ
πάσχειν τι ἅμα καὶ ποιεῖν." § 4. Εἰ δή τις ἐκεῖ, δοὺς μὴ ἐνδέχεσθαι ἅμα
ταὐτὸ ποιεῖν καὶ πεποιηκέναι, τὸ ὁρᾶν καὶ ἑωρακέναι φαίη ἐγχωρεῖν,
οὔπω ἐλήλεγκται, εἰ μὴ λέγοι τὸ ὁρᾶν ποιεῖν τι ἀλλὰ πάσχειν·
προσδεῖται γὰρ τούτου τοῦ ἐρωτήματος. Ἀλλ´ ὑπὸ τοῦ ἀκούοντος
ὑπολαμβάνεται δεδωκέναι, ὅτε τὸ τέμνειν ποιεῖν τι καὶ τὸ τετμηκέναι
πεποιηκέναι ἔδωκε καὶ ὅσα ἄλλα ὁμοίως λέγεται· τὸ γὰρ λοιπὸν αὐτὸς
προστίθησιν ὁ ἀκούων ὡς ὁμοίως λεγόμενον. Τὸ δὲ λέγεται μὲν οὐχ
ὁμοίως, φαίνεται δὲ διὰ τὴν λέξιν. Τὸ αὐτὸ δὲ συμβαίνει ὅπερ ἐν ταῖς
ὁμωνυμίαις· οἴεται γὰρ ἐν τοῖς ὁμωνύμοις ὁ ἀγνὼς τῶν λόγων ὃ ἔφησεν
ἀποφῆσαι πρᾶγμα, οὐκ ὄνομα. Τῷ δὲ ἔτι προσδεῖ ἐρωτήματος εἰ ἐφ´ ἓν
βλέπων λέγει τὸ ὁμώνυμον· οὕτως γὰρ δόντος ἔσται ἔλεγχος.
§ 5.
Ὅμοιοι δὲ καὶ οἵδε οἱ λόγοι τούτοις, "εἰ ὅ τις ἔχων ὕστερον μὴ ἔχει,
ἀπέβαλεν· ὁ γὰρ ἕνα μόνον ἀποβαλὼν ἀστράγαλον οὐχ ἕξει δέκα
ἀστραγάλους". Ἢ ὃ μὲν μὴ ἔχει πρότερον ἔχων, ἀποβέβληκεν, ὅσα δὲ μὴ
ἔχει ᾗ ὅσα, οὐκ ἀνάγκη τοσαῦτα ἀποβαλεῖν; ἐρωτήσας οὖν ὃ ἔχει,
συνάγει ἐπὶ τοῦ ὅσα· τὰ γὰρ δέκα ποσά. Εἰ οὖν ἤρετο ἐξ ἀρχῆς, [εἰ]
"Ὅσα τις μὴ ἔχει πρότερον ἔχων, ἆρά γε ἀποβέβληκε τοσαῦτα;", οὐδεὶς
ἂν ἔδωκεν, ἀλλ´ ἢ τοσαῦτα ἢ τούτων τι. Καὶ ὅτι δοίη ἄν τις ὃ μὴ
ἔχει· οὐ γὰρ ἔχει ἕνα μόνον ἀστράγαλον. § 6. Ἢ οὐ δέδωκεν ὃ οὐκ εἶχεν,
ἀλλ´ ὡς οὐκ εἶχε, τὸν ἕνα· τὸ γὰρ μόνον οὐ τόδε σημαίνει οὐδὲ
τοιόνδε οὐδὲ τοσόνδε, ἀλλ´ [189a] ὡς ἔχει πρός τι, οἷον ὅτι οὐ
μετ´ ἄλλου, ὥσπερ ἂν εἰ ἤρετο "ἆρ´ ὃ μή τις ἔχει δοίη ἄν;", μὴ
φάντος δὲ ἔροιτο εἰ δοίη ἄν τίς τι ταχέως μὴ ἔχων ταχέως, φήσαντος
δὲ συλλογίζοιτο ὅτι δοίη ἄν τις ὃ μὴ ἔχει. Καὶ φανερὸν ὅτι οὐ
συλλελόγισται· τὸ γὰρ ταχέως οὐ τόδε διδόναι ἀλλ´ ὧδε διδόναι ἐστίν·
ὡς δὲ μὴ ἔχει τις, δοίη ἄν, οἷον ἡδέως ἔχων δοίη ἂν λυπηρῶς.
§ 7.
Ὅμοιοι δὲ καὶ οἱ τοιοίδε πάντες· "Ἆρ´ ᾗ μὴ ἔχει χειρὶ τύπτοι ἄν", ἢ
"ᾧ μὴ ἔχει ὀφθαλμῷ ἴδοι ἄν;" οὐ γὰρ ἔχει ἕνα μόνον. § 8. Λύουσι μὲν οὖν
τινες λέγοντες ὡς καὶ ἔχει ἕνα μόνον καὶ ὀφθαλμὸν καὶ ἄλλ´ ὁτιοῦν ὁ
πλείω ἔχων· § 9. οἱ δὲ ὡς καὶ ὃ ἔχει ἔλαβεν· ἐδίδου γὰρ μίαν μόνον οὗτος
ψῆφον· "Καὶ οὗτός γ´ ἔχει", φασί, "μίαν μόνον παρὰ τούτου ψῆφον"·
§ 10. οἱ
δέ, εὐθὺς τὴν ἐρώτησιν ἀναιροῦντες, ὅτι ἐνδέχεται ὃ μὴ ἔλαβεν ἔχειν,
οἷον οἶνον λαβόντα ἡδύν, διαφθαρέντος ἐν τῇ λήψει ἔχειν ὀξύν.
§ 11. Ἀλλ´
ὅπερ ἐλέχθη καὶ πρότερον, οὗτοι πάντες οὐ πρὸς τὸν λόγον ἀλλὰ πρὸς
τὸν ἄνθρωπον λύουσιν. Εἰ γὰρ ἦν αὕτη λύσις, δόντα τὸ ἀντικείμενον
οὐχ οἷόν τε λύειν, καθάπερ ἐπὶ τῶν ἄλλων. Οἷον εἰ "ἔστι μὲν ὅ, ἔστι
δ´ ὃ οὔ" ἡ λύσις, ἂν ἁπλῶς δῷ λέγεσθαι, συμπεραίνεται· ἐὰν δὲ μὴ
συμπεραίνηται, οὐκ ἂν εἴη 〈ἡ〉 λύσις. Ἐν δὲ τοῖς προειρημένοις οὐδὲ
πάντων διδομένων φαμὲν γίνεσθαι συλλογισμόν.
§ 12.
Ἔτι δὲ καὶ οἵδ´ εἰσὶ τούτων τῶν λόγων· "Ἆρ´ ὃ γέγραπται, γέγραφέ
τις; γέγραπται δὲ νῦν ὅτι σὺ κάθησαι, ψευδὴς λόγος· ἦν δ´ ἀληθής,
ὅτ´ ἐγράφετο· ἅμα ἄρα ἐγράφετο ψευδὴς καὶ ἀληθής." Τὸ γὰρ ψευδῆ ἢ
ἀληθῆ λόγον ἢ δόξαν εἶναι οὐ τόδε ἀλλὰ τοιόνδε σημαίνει· ὁ γὰρ αὐτὸς
λόγος καὶ ἐπὶ τῆς δόξης.
§ 13. Καὶ "Ἆρ´ ὃ μανθάνει ὁ μανθάνων, τοῦτ´ ἔστιν
ὃ μανθάνει; μανθάνει δέ τις τὸ βραδὺ ταχύ." Οὐ τοίνυν ὃ μανθάνει
ἀλλ´ ὡς μανθάνει εἴρηκεν. § 14. Καὶ "Ἆρ´ ὃ βαδίζει τις πατεῖ; βαδίζει δὲ
τὴν ἡμέραν ὅλην." Ἢ οὐχ ὃ βαδίζει ἀλλ´ ὅτε βαδίζει εἴρηκεν, §
15. οὐδὲ τὸ
τὴν κύλικα πίνειν ὃ πίνει ἀλλ´ ἐξ οὗ. § 16. Καὶ "Ἆρ´ ὅ τις οἶδεν, ἢ μαθὼν
ἢ εὑρὼν οἶδεν; ὧν δὲ τὸ μὲν εὗρε τὸ δ´ ἔμαθε, τὰ ἄμφω οὐδέτερον."
Ἢ
ὃ μὲν ἅπαν, ἃ δ´ οὐχ ἅπαντα; § 17. καὶ ὅτι ἔστι τις τρίτος ἄνθρωπος παρ´
αὐτὸν καὶ τοὺς καθ´ ἕκαστον· τὸ γὰρ ἄνθρωπος καὶ ἅπαν τὸ κοινὸν οὐ
τόδε τι ἀλλὰ τοιόνδε τι ἢ ποσὸν ἢ πρός τι ἢ τῶν τοιούτων τι
σημαίνει. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τοῦ Κορίσκος [189b] καὶ Κορίσκος
μουσικός, πότερον ταὐτὸν ἢ ἕτερον; τὸ μὲν γὰρ τόδε τι, τὸ δὲ τοιόνδε
σημαίνει, ὥστ´ οὐκ ἔστιν αὐτὸ ἐκθέσθαι. Οὐ τὸ ἐκτίθεσθαι δὲ ποιεῖ
τὸν τρίτον ἄνθρωπον, ἀλλὰ τὸ ὅπερ τόδε τι εἶναι συγχωρεῖν· οὐ γὰρ
ἔστι τόδε τι εἶναι, ὥσπερ Καλλίας, καὶ ὅπερ ἄνθρωπός ἐστιν. Οὐδ´ εἴ
τις τὸ ἐκτιθέμενον μὴ ὅπερ τόδε τι εἶναι λέγοι ἀλλ´ ὅπερ ποιόν,
οὐδὲν διοίσει· ἔσται γὰρ τὸ παρὰ τοὺς πολλοὺς ἕν τι, οἷον τὸ
ἄνθρωπος. Φανερὸν οὖν ὅτι οὐ δοτέον τόδε τι εἶναι τὸ κοινῇ
κατηγορούμενον ἐπὶ πᾶσιν, ἀλλ´ ἤτοι ποιὸν ἢ πρός τι ἢ ποσὸν ἢ τῶν
τοιούτων τι σημαίνειν. |
§ 1. On voit clairement aussi comment
il faut repousser les réfutations, qui tiennent à ce que des choses,
qui ne sont pas les mêmes, sont exprimées de la même façon, une fois
que nous avons les genres des catégories. Ainsi, celui qu'on
interroge accorde que Tune des choses qui expriment l'essence
n'existe pas ; l'autre prouve au contraire l'existence substantielle
d'un terme qui, étant relatif ou de quantité, parait exprimer aussi
la substance par la forme verbale qu'il reçoit. § 2. C'est comme
dans la proposition suivante : Peut-on en même temps faire et avoir
fait une même chose ? Non, répond-on. Pourtant on peut en même temps
voir et avoir vu la mêtiie chose et sous le même rapport. § 3.
Souffrir est-il quelquefois faire? Non. Mais il est coupé, il est
brûlé, il sent, sont des mots de forme pareille ; et tous ils
expriment l'idée de souffrir. D'autre part, dire, voir, courir, sont des expressions semblables; mais voir est certainement
aussi sentir, de sorte qu'il exprime à la fois souffrir et faire
quelque chose. § 4. Mais si l'interlocuteur affirme d'abord qu'il ne
se peut pas qu'on fasse, et qu'on ait fait en même temps la même
chose, et qu'il accorde ensuite qu'on voit et qu'on a vu, il ne sera
point encore réfuté, s'il dit que voir ce n'est pas faire mais
souffrir; car il faut ajouter encore cette question. Mais l'auditeur
croit que ce point est accordé, quand il voit qu'on accorde que
couper c'est faire, et qu'avoir coupé c'est avoir fait, et toutes
les autres expressions semblables. L'auditeur ajoute de lui-même le
reste, comme étant de forme toute semblable. Cependant ici
l'expression n'est pas tout à fait pareille; mais elle le semble par
l'analogie du mot. Il arrive donc la même, chose que dans les
homonymies. En effet, pour les homonymes, celui qui ne connaît pas
bien la valeur des mots, pense que l'un des interlocuteurs a nié la
chose que l'autre affirme, et non pas seulement le mot. Mais il est
encore ici besoin d'une question, pour savoir si l'on a dit
l'homonyme en ne regardant qu'à un seul sens; car c'est parce qu'on
aura concédé ce point qu'il y aura réfutation.
§ 5. Voici encore des raisonnements tout semblables à ceux-là :
A-t-on perdu ce qu'ayant d'abord l'on n'a plus ensuite? Ainsi, celui
qui perd un seul osselet n'aura plus dix osselets. Mais a-t-on perdu
réellement ce que l'on n'a plus et qu'on avait auparavant? N'est-il
pas plutôt nécessaire de perdre autant et autant de choses qu'on
n'en a plus? Ainsi, dans la question on dit : ce qu'on a; et dans la
conclusion on dit: autant de choses qu'on a; car dix exprime une
quantité. Si donc on avait demandé tout d'abord : Quelqu'un peut-il
avoir perdu autant de choses qu'il n'en a pas après les avoir eues
auparavant, personne ne ferait cette concession; on accorderait
seulement qu'on perd autant qu'on en a, ou l'une des choses qu'on a.
§ 6. Et de même si l'on dit qu'on peut donner ce qu'on n'a pas,
parce qu'on n'a pas un seul et unique osselet. Mais on n'a point
donné ce qu'on n'avait point; on a donné cet unique osselet, de la
façon qu'on ne l'avait pas; car seul et unique ne signifie ni cette
chose, ni une chose de tel genre, ni tant de choses; mais [189a] il exprime
seulement le rapport, comme, par exemple, que cet osselet n'est pas
avec un autre. C'est donc comme si l'on demandait: Peut-on donner ce
qu'on n'a pas? si l'interlocuteur dit que non, on lui demanderait si
quelqu'un peut donner vite sans avoir vite, et s'il dit que oui, on
conclut alors que quelqu'un peut donner ce qu'il n'a pas. Mais il
est évident qu'il n'y a pas ici dé syllogisme; car, donner
rapidement n'est pas donner telle chose, mais c'est donner de telle
façon; or, l'on peut donner de la façon qu'on n'a pas ; car ayant
avec plaisir on peut donner avec chagrin.
§ 7. Tous les paralogismes suivants sont semblables : Peut-on
frapper avec la main qu'on n'a pas? Peut-on voir avec l'œil qu'on
n'a pas? C'est qu'en effet on n'a pas un seul organe. § 8. On résout
parfois ces paralogismes en disant qu'on a aussi ce seul œil ou
telle autre chose, bien qu'on en ait plusieurs. § 9. D'autres disent
qu'on a reçu la chose comme on l'a ; car cet homme ne donnait qu'un
seul caillou ; et par conséquent, disent-ils, on n'aura de cet homme
aussi qu'un seul caillou. § 10. Mais d'autres détruisent aussitôt la
question en soutenant que l'on peut avoir ce qu'on n'a point reçu :
par exemple, qu'ayant reçu du bon vin, on peut avoir du vin aigre,
s'il s'est gâté pendant qu'on le recevait.
§ 11. Mais, ainsi qu'il a été dit plus haut, toutes ces solutions
s'adressent, non pas au raisonnement, mais à l'homme ; car, si
c'était une réelle solution, il suffirait que l'interlocuteur
soutînt l'opposé, pour qu'il ne fût pas possible de résoudre comme
dans bien d'autres cas. Par exemple, si la solution est en partie
vraie et qu'en partie elle ne soit pas vraie, l'interlocuteur
répondant d'une manière absolue, il y a conclusion : mais s'il n'y a
pas conclusion, il n'y aura pas non plus de solution. Au contraire,
dans les cas antérieurs, même avec une concession complète de la
part de l'interlocuteur, nous disons qu'il n'y a pas de conclusion
régulière.
§ 12. Voici encore des raisonnements de ce genre : Quelqu'un a-t-il écrit ce qui est
écrit? Mais il est écrit que tu es assis maintenant; assertion
fausse, mais «lie était vraie quand on récrivait. Ainsi on écrivait
à la fois le vrai et le faux : car dire qu'un raisonnement est vrai
ou faux, ou bien une pensée, cela signifie non pas que telle chose
est, mais que la chose est de telle façon. Et la même remarque
s'applique à la pensée qu'au discours.
§ 13. Et encore ce paralogisme : Ce qu'apprend celui qui apprend
est-il ce qu'il apprend? Mais quelqu'un apprend la lenteur vite.
C'est que l'on a dit, non pas ce qu'il apprend, mais comment il
apprend. § 14. Quelqu'un foule-t-il à ses pieds ce qu'il marche?
Or, il marche le jour entier : mais l'on a dit non pas ce sur quoi
il marche, mais le temps durant lequel il marche. § 15. De même que,
quand on dit qu'il boit une coupe, on ne dit pas ce qu'il boit, mais
ce dans quoi il boit. § 16. Ou bien encore: Sait-on ce que l'on
sait, soit pour l'avoir appris, soit pour l'avoir trouvé ? Mais pour
des choses dont on a trouvé l'une et appris l'autre, on ne sait les
deux prises ensemble ni de l'une ni de l'autre façon. Mais n'est-ce
pas qu'ici on prend la totalité de ce qu'on sait, tandis que là on
ne prend pas cette totalité? § 17.
C'est un raisonnement analogue, quand on dit qu'il y a un troisième
homme, outre l'homme en général et tous les hommes particuliers; car
homme et tout autre terme commun n'exprime pas la substance, il
n'exprime qu'une qualité ou un relatif, ou une manière d'être, ou
quelque chose d'analogue. Et de même, quand on demande pour Coriscus
[189b] et Coriscus musicien : Est-ce la même chose ou une chose autre? car
l'un signifie une chose, l'autre signifie la chose de telle façon,
de sorte, qu'on ne peut détacher cette modification de la chose
même. Ce n'est pas d'ailleurs de la détacher qui fait le troisième
homme : mais c'est parce qu'on accorde que ce terme commun exprime
une substance; car il n'est pas possible que substantiellement ce
qu'est Callias soit ce qu'est l'homme. Du reste, il n'y aurait
aucune importance à dire que le mot abstrait n'est pas une substance
réelle, mais qu'il est une qualité; car ce sera toujours quelque
chose de distinct des individus : ce sera, par exemple, l'homme. Il
est donc évident qu'il ne faut pas accorder que le terme commun qui
est attribué à tous les individus est une chose spéciale et réelle :
il faut accorder seulement qu'il exprime une qualité, une quantité,
une relation, ou telle autre chose analogue. |
§ 1. Les genres des catégories,
Les équivoques suivantes viendront de ce que la forme toute
matérielle du mot autorisera le sophiste à passer d'une catégorie à
l'autre.
— L'existence substantielle,
aucun relatif n'existe en soi, il n'existe que dans un autre, il
n'est donc point réellement substance.
§ 3. Ιλ est brûlé, il sent, Le
verbe sentir en grec a la forme passive : en français la forme est
active et l'équivoque n'a plus lieu.
— Mais voir sentir, voir a la
forme active, et sentir la forme passive en grec ; de là la
différence.
§ 5. N'aura plut dix osselets. De ce qu'on a perdu un seul osselet,
le sophiste en conclut par équivoque qu'on en a perdu dix.
§ 6. On peut donner ce qu'on ri a pas. Ayant dix osselets, je puis
en donner un seul : or, je n'ai pas cet osselet tout seul : donc je
puis donner ce que je n'ai pas.
§ 7. Avec la main qu'on n'a pas, Sous-entendu : seule, puisqu'on en
a deux : de même pour l'œil. C'est ce que le texte explique : un
seul organe.
§ 9. Qu'on a reçu la chose comme on l'a, Cette solution semblerait
répondre, d'après Pacius, à un exemple qui n'est plus dans le texte
ordinaire, mais qu'un manuscrit donne à la fin du § 7. Vous pouvez
avoir, disent les sophistes, ce que vous n'avez pas reçu : Ainsi
vous avez dix cailloux dans la main, bien que vous n'en ayez reçu
qu'un seul : c'est qu'auparavant vous en aviez déjà neuf. On peut
répondre : non, je n'ai pas ce que je n'ai pas reçu : mais j'ai une
quantité que je n'ai pas reçue.
§ 11. Ainsi qu'il a été dit plus haut, Voir plus haut, chap. 20,
§
12.
§ 12. Quelqu'un a-t-il écrit, On a écrit pendant .que Socrate
était assis, qu'il était assis. Après qu'il s'est levé, cette
assertion devient fausse : le sophiste prouve par là, que personne
n'a écrit cette assertion, puisque personne n'a écrit une assertion
fausse.
§ 17. Un troisième homme, Critique contre la théorie des idées.
—
Détacher cette modification de la chose même, le texte dit
simplement : De sorte qu'ai ne peut exposer la chose même,
c'est-à-dire qu'on ne peut montrer que Coriscus musicien existe
indépendamment de Coriscus. J'ai cru devoir un peu modifier le sens,
tout en le conservant, pour être plus clair. Sur le sens du mot :
exposer, Voir les Premiers Analytiques, liv. 1, ch. 2, § 9, en note,
ch. 6, § 6, ch. 8, § 3.
— Est une chose spéciale et réelle.
Comme Platon le faisait en
réalisant les idées, et les reconnaissant seules pour des
substances.
|
CHAPITRE XXIII.
Solution générale des paralogismes purement verbaux
:: prendre
toujours l'opposé.
|
§ 1.
Ὅλως δ´ ἐν τοῖς παρὰ τὴν λέξιν λόγοις ἀεὶ κατὰ τὸ ἀντικείμενον ἔσται
ἡ λύσις ἢ παρ´ ὅ ἐστιν ὁ λόγος. § 2. Οἷον εἰ παρὰ σύνθεσιν ὁ λόγος, ἡ
λύσις διελόντι, εἰ δὲ παρὰ διαίρεσιν, συνθέντι. § 3. Πάλιν εἰ παρὰ
προσῳδίαν ὀξεῖαν, ἡ βαρεῖα προσῳδία λύσις, εἰ δὲ παρὰ βαρεῖαν, ἡ
ὀξεῖα. § 4. Εἰ δὲ παρ´ ὁμωνυμίαν, ἔστι τὸ ἀντικείμενον ὄνομα εἰπόντα
λύειν· οἷον, εἰ ἄψυχον συμβαίνει λέγειν, ἀποφήσαντα μὴ εἶναι δηλοῦν
ὡς ἔστιν ἔμψυχον· εἰ δ´ ἄψυχον ἔφησεν, ὁ δ´ ἔμψυχον συνελογίσατο,
[λέγειν] ὡς ἔστιν ἄψυχον. § 5. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῆς ἀμφιβολίας. §
6. Εἰ δὲ
παρ´ ὁμοιότητα λέξεως, τὸ ἀντικείμενον ἔσται λύσις. "Ἆρ´ ὃ μὴ ἔχει,
δοίη ἄν τις;" ἢ οὐχ ὃ μὴ ἔχει, ἀλλ´ ὡς οὐκ ἔχει, οἷον ἕνα μόνον
ἀστράγαλον. "Ἆρ´ ὃ ἐπίσταται, μαθὼν ἢ εὑρὼν ἐπίσταται;" ἀλλ´ οὐχ ἃ
ἐπίσταται. Καὶ εἰ ὃ βαδίζει πατεῖ, ἀλλ´ οὐχ ὅτε. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ
τῶν ἄλλων. |
§ 1. En général, dans les paralogismes purement verbaux, la solution
sera toujours dans le terme opposé à celui sur lequel porte le
raisonnement. § 2. Par exemple, si le paralogisme vient de la
combinaison, la solution s'obtiendra en divisant : s'il vient de la
division, en combinant. § 3. Si c'est de la prosodie aiguë, la
solution sera dans la prosodie grave, et réciproquement. Si c'est
dans l'homonymie que consiste le paralogisme, la solution sera dans
l'emploi du mot opposé. § 4. Par exemple, si l'on arrive dans la
conclusion à dire que l'être est animé, et que l'adversaire le nie,
il faut démontrer qu'il est animé. Si l'on a dit qu'il est inanimé,
et que l'adversaire ait soutenu qu'il est animé, il faut prouver
qu'il est inanimé. § 5. Et de même pour l'amphibologie, § 6, si
c'est par la ressemblance du mot que s'est formé le paralogisme,
l'opposé sera la solution. Ainsi : Peut-on donner ce qu'on n'a pas?
On ne peut pas donner ce qu'on n'a pas, mais on peut donner comme on
n'a pas, par exemple un osselet tout seul. Ce qu'on sait le sait-on
parce qu'on l'a appris ou trouvé? mais ce n'est pas les choses qu'on
sait. Et foule-t-on aux pieds ce qu'on marche? mais non pas quand on
marche. Et de même pour tous les autres paralogismes. |
§ 3. De la prosodie aiguë, Si l'équivoque porte sur un mot marque de
l'accent aigu, il faut chercher la solution dans le mot marqué de
l'accent grave.
§ 6. Un osselet tout seul, Quand on en a dix. On donne donc de la
façon qu'on n'a pas.
— Ce qu'on sait le sait-on, Voir plus haut, ch.
29, § 16.
— Foule-t-on aux pieds ce qu'on marche, ibid,
§ 14. Ces
exemples sont déjà connus.
|
CHAPITRE XXIV.
Solution des paralogismes tirés de l'accident : exemples divers :
solutions fautives données par quelques philosophes : solutions
vraies qu'on doit y substituer.
|
§ 1.
Πρὸς δὲ τοὺς παρὰ τὸ συμβεβηκὸς μία μὲν ἡ αὐτὴ λύσις πρὸς ἅπαντας.
Ἐπεὶ γὰρ ἀδιόριστόν ἐστι τὸ πότε λεκτέον ἐπὶ τοῦ πράγματος ὅταν ἐπὶ
τοῦ συμβεβηκότος ὑπάρχῃ, καὶ ἐπ´ ἐνίων μὲν δοκεῖ καὶ φασίν, ἐπ´
ἐνίων δ´ οὔ φασιν ἀναγκαῖον εἶναι, ῥητέον οὖν συμβιβασθέντος ὁμοίως
πρὸς ἅπαντας ὅτι οὐκ ἀναγκαῖον, ἔχειν δὲ δεῖ προφέρειν τὸ "οἷον".
§ 2. Εἰσὶ δὲ πάντες οἱ τοιοίδε τῶν λόγων παρὰ τὸ συμβεβηκός· "Ἆρ´ οἶδας ὃ
μέλλω σε ἐρωτᾶν;" "Ἆρ´ οἶδας τὸν προσιόντα, ἢ τὸν ἐγκεκαλυμμένον;"
"Ἆρ´ ὁ ἀνδριὰς σόν ἐστιν ἔργον, ἢ σὸς ὁ κύων πατήρ;" "Ἆρα τὰ
ὀλιγάκις ὀλίγα ὀλίγα;" φανερὸν γὰρ ἐν ἅπασι τούτοις ὅτι οὐκ ἀνάγκη
τὸ κατὰ τοῦ συμβεβηκότος καὶ κατὰ τοῦ πράγματος ἀληθεύεσθαι· μόνοις
γὰρ τοῖς κατὰ τὴν οὐσίαν ἀδιαφόροις καὶ ἓν οὖσιν ἅπαντα δοκεῖ ταὐτὰ
ὑπάρχειν. Τῷ δ´ ἀγαθῷ οὐ ταὐτόν ἐστιν ἀγαθῷ [180a] τ´ εἶναι καὶ
μέλλοντι ἐρωτᾶσθαι, οὐδὲ τῷ προσιόντι ἢ ἐγκεκαλυμμένῳ προσιόντι τε
εἶναι καὶ Κορίσκῳ· ὥστ´ οὐκ εἰ οἶδα τὸν Κορίσκον, ἀγνοῶ δὲ τὸν
προσιόντα, τὸν αὐτὸν οἶδα καὶ ἀγνοῶ· οὐδ´ εἰ τοῦτ´ ἔστιν ἐμόν, ἔστι
δ´ ἔργον, ἐμόν ἐστιν ἔργον, ἀλλ´ ἢ κτῆμα ἢ πρᾶγμα ἢ ἄλλο τι. Τὸν
αὐτὸν δὲ τρόπον καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων.
§ 3.
Λύουσι δέ τινες διαιροῦντες τὴν ἐρώτησιν. Φασὶ γὰρ ἐνδέχεσθαι ταὐτὸ
πρᾶγμα εἰδέναι καὶ ἀγνοεῖν, ἀλλὰ μὴ κατὰ ταὐτό· τὸν οὖν προσιόντα
οὐκ εἰδότες, τὸν δὲ Κορίσκον εἰδότες, ταὐτὸ μὲν εἰδέναι καὶ ἀγνοεῖν
φασιν, ἀλλ´ οὐ κατὰ ταὐτό.
§ 4. Καίτοι πρῶτον μέν, καθάπερ ἤδη εἴπομεν,
δεῖ τῶν παρὰ ταὐτὸ λόγων τὴν αὐτὴν εἶναι διόρθωσιν. Αὕτη δ´ οὐκ
ἔσται, ἄν τις μὴ ἐπὶ τοῦ εἰδέναι ἀλλ´ ἐπὶ τοῦ εἶναι ἤ πως ἔχειν τὸ
αὐτὸ ἀξίωμα λαμβάνῃ, οἷον "εἰ ὅδε ἐστὶ πατήρ, ἔστι δὲ σός"· εἰ γὰρ
ἐπ´ ἐνίων τοῦτ´ ἔστιν ἀληθὲς καὶ ἐνδέχεται τὸ αὐτὸ εἰδέναι καὶ
ἀγνοεῖν, ἀλλ´ ἐνταῦθα οὐδὲν κοινωνεῖ τὸ λεχθέν.
§ 5. Οὐδὲν δὲ κωλύει τὸν
αὐτὸν λόγον πλείους μοχθηρίας ἔχειν, ἀλλ´ οὐχ ἡ πάσης μοχθηρίας
ἐμφάνισις λύσις ἐστίν· ἐγχωρεῖ γὰρ ὅτι μὲν ψεῦδος συλλελόγισται
δεῖξαί τινα, παρ´ ὃ δὲ μὴ δεῖξαι, οἷον τὸν Ζήνωνος λόγον, ὅτι οὐκ
ἔστι κινηθῆναι. Ὥστε καὶ εἴ τις ἐπιχειρεῖ συνάγειν ὡς δυνατόν,
ἁμαρτάνει, κἂν [εἰ] μυριάκις ᾖ συλλελογισμένος· οὐ γάρ ἐστιν αὕτη
λύσις· ἦν γὰρ ἡ λύσις ἐμφάνισις ψευδοῦς συλλογισμοῦ παρ´ ὃ ψευδής. Εἰ οὖν μὴ συλλελόγισται, †εἰ καὶ ἀληθὲς ἢ ψεῦδος† ἐπιχειρεῖ
συνάγειν, ἡ ἐκείνου δήλωσις λύσις ἐστίν. § 6. Ἴσως δὲ καὶ τοῦτ´ ἐπ´ ἐνίων
οὐδὲν κωλύει συμβαίνειν· πλὴν ἐπί γε τούτων οὐδὲ τοῦτο δόξειεν ἄν·
καὶ γὰρ τὸν Κορίσκον ὅτι Κορίσκος οἶδε καὶ τὸ προσιὸν ὅτι προσιόν. Ἐνδέχεσθαι δὲ δοκεῖ τὸ αὐτὸ εἰδέναι καὶ μή, οἷον ὅτι μὲν λευκὸν
εἰδέναι, ὅτι δὲ μουσικὸν μὴ γνωρίζειν· οὕτω γὰρ τὸ αὐτὸ οἶδε καὶ οὐκ
οἶδεν, ἀλλ´ οὐ κατὰ ταὐτόν. Τὸ δὲ προσιὸν καὶ Κορίσκον 〈ὄν〉, καὶ ὅτι
προσιὸν καὶ ὅτι Κορίσκος, οἶδεν.
§ 7.
Ὁμοίως δ´ ἁμαρτάνουσι καὶ οἱ λύοντες ὅτι ἅπας ἀριθμὸς ὀλίγος, ὥσπερ
οὓς εἴπομεν· εἰ γάρ, μὴ συμπεραινομένου, τοῦτο παραλιπόντες ἀληθὲς
συμπεπεράνθαι φασί (πάντα γὰρ εἶναι καὶ πολὺν καὶ ὀλίγον),
ἁμαρτάνουσιν.
§ 8. Ἔνιοι δὲ καὶ τῷ διττῷ λύουσι τοὺς συλλογισμούς, οἷον
ὅτι σός ἐστι πατὴρ ἢ υἱὸς ἢ δοῦλος.
§ 9. Καίτοι φανερὸν ὡς εἰ [180b]
παρὰ τὸ πολλαχῶς λέγεσθαι φαίνεται ὁ ἔλεγχος, δεῖ τοὔνομα ἢ τὸν
λόγον κυρίως εἶναι πλειόνων. Τὸ δὲ τόνδ´ εἶναι τοῦδε τέκνον οὐδεὶς
λέγει κυρίως, εἰ δεσπότης ἐστὶ τέκνου, ἀλλὰ παρὰ τὸ συμβεβηκὸς ἡ
σύνθεσίς ἐστιν· "Ἆρ´ ἐστὶ τοῦτο σόν;" "Ναί." "Ἔστι δὲ τοῦτο τέκνον·
σὸν ἄρα τοῦτο τέκνον." Ἀλλ´ οὐ σὸν τέκνον ὅτι συμβέβηκεν εἶναι καὶ
σὸν καὶ τέκνον.
§ 10.
Καὶ τὸ εἶναι τῶν κακῶν τι ἀγαθόν· "Ἡ γὰρ φρόνησίς ἐστιν ἐπιστήμη τῶν
κακῶν". Τὸ δὲ τοῦτο τούτων εἶναι οὐ λέγεται πολλαχῶς, ἀλλὰ κτῆμα.
Εἰ
δ´ ἄρα πολλαχῶς (καὶ γὰρ τὸν ἄνθρωπον τῶν ζῴων φαμὲν εἶναι, ἀλλ´ οὔ
τι κτῆμα· καὶ ἐάν τι πρὸς τὰ κακὰ λέγηται ὡς τινός, διὰ τοῦτο τῶν
κακῶν ἐστιν, ἀλλ´ οὐ τοῦτο τῶν κακῶν), παρὰ τὸ πῂ οὖν καὶ ἁπλῶς
φαίνεται. Καίτοι ἐνδέχεται ἴσως ἀγαθὸν εἶναί τι τῶν κακῶν διττῶς,
ἀλλ´ οὐκ ἐπὶ τοῦ λόγου τούτου, ἀλλ´ εἴ τι δοῦλον εἴη ἀγαθὸν
μοχθηροῦ, μᾶλλον. Ἴσως δ´ οὐδ´ οὕτως· οὐ γὰρ εἰ ἀγαθὸν καὶ τούτου,
ἀγαθὸν τούτου ἅμα. Οὐδὲ τὸ τὸν ἄνθρωπον φάναι τῶν ζῴων εἶναι [οὐ]
λέγεται πολλαχῶς· οὐ γὰρ εἴ ποτέ τι σημαίνομεν ἀφελόντες, τοῦτο
λέγεται πολλαχῶς· καὶ γὰρ τὸ ἥμισυ εἰπόντες τοῦ ἔπους "δός μοι
Ἰλιάδα" σημαίνομεν, οἷον τὸ "μῆνιν ἄειδε, θεά". |
§ 1. Quant aux paralogismes tirés de
l'accident, la solution est une et la même pour tous. En effet,
comme on ne détermine pas les cas, où l'on peut attribuer aussi à la
chose l'attribut de l'accident, et comme dans certains cas cette
attribution est évidente et qu'on la reconnaît, et que, dans
d'autres, on dit qu'elle n'est pas nécessaire, il faut soutenir
toujours, en étendant ce raisonnement à tous les cas, que cette
attribution n'est pas nécessaire, et qu'on doit pouvoir montrer
comment elle l'est. § 2. Tous ces paralogismes de l'accident ressemblent aux suivants : Sais-tu ce que je vais te demander ? Sais-tu
celui qui s'approche, ou celui qui est caché? Cette statue est-elle
ton ouvrage? Ou ce chien est-il ton père? Est-ce que les choses peu
nombreuses, peu nombreusement prises sont peu nombreuses? Il est
évident, dans tous ces cas, qu'il n'est pas nécessaire que ce qui
est vrai de l'accident le soit aussi de la chose. En effet, ce n'est
qu'aux choses qui sont sans différence dans leur essence et qui sont
individuelles, que tous les mêmes attributs paraissent pouvoir
appartenir : or, pour un homme qui est bon, ce n'est pas la même
chose d'être bon [180a] et de devoir être interrogé, ni pour celui qui
approche ou qui est caché, ce n'est pas la même chose de s'approcher
et d'être Coriscus. De sorte que, si je connais Coriscus, et que je
ne connaisse pas celui qui s'approche, on ne peut pas dire que je
connais et que je ne connais pas le même homme. On ne peut pas
davantage, si cette chose est une œuvre et qu'elle soit à moi, dire
qu'elle est mon œuvre : mais c'est ma propriété ou ma chose, ou
telle autre expression qu'on voudra. Même solution pour tous les
autres paralogismes.
§ 3. Quelques uns résolvent la difficulté en divisant la question :
Oui, disent-ils, il se peut qu'on sache et qu'on ignore une même
chose, mais non pas sous le même rapport: par exemple, ne
connaissant pas celui qui s'approche, et connaissant Coriscus,
c'est, disent-ils, connaître et ignorer une même chose, mais non pas
sous le même rapport.
§ 4. Cependant, ainsi que nous l'avons dit, il faut pouvoir rectifier de la même manière
les raisonnements qui sont erronés par une même cause. Or, cette
rectification n'aura point lieu, si l'on prend la même assertion, non
pas avec le mot savoir, mais avec le mot être absolument, ou être de
telle ou telle façon, par exemple, si cet homme est père et qu'il
soit vôtre. En effet si pour certains cas cette solution est vraie,
et qu'on puisse savoir et ignorer une même chose, le principe admis
n'a pas du tout ici d'application.
§ 5. Rien n'empêche, du reste, que le même raisonnement n'ait
plusieurs défauts. Mais il ne suffit pas de découvrir toutes les
fautes pour que ce soit toujours une solution ; car il se peut qu'on
montre que l'adversaire a fait un faux raisonnement, sans montrer en
quoi il pèche : par exemple, comme ce principe de Zénon qu'il ne
peut y avoir de mouvement. Si donc l'on cherchait à réduire ce
raisonnement à l'absurde, on se tromperait, eût-on fait dix mille
conclusions régulières; car ce n'est pas là positivement la
solution. La solution vraie était de faire voir que le raisonnement
est faux et en quoi il est faux. Si donc l'adversaire n'a pas fait
de conclusion régulière, qu'il essaie d'ailleurs de soutenir, soit
le vrai soit le faux, montrer qu'il n'a pas conclu, ce sera la vraie
solution. § 6. Mais peut-être n'y a-t-il aucune difficulté à ce que
cela se produise dans quelques cas; seulement, dans ces cas même
qu'on vient de citer, cette solution n'est pas possible; car celui
qui connaît Coriscus sait aussi que c'est Coriscus, et celui qui
connaît ce qui s'approche connaît aussi qu'il s'approche. On peut
counaître et ne connaître pas une même chose : par exemple, on ipeut
savoir que cette personne est blanche et ne pas savoir qu'elle est
musicienne ; car, de cette façon, on sait et l'on ne sait pas une
même chose, mais non pas sous le même rapport. Mais quant à ce qui
s'approche et à Coriscus ; on sait que la chose s'approche et que
c'est Coriscus.
§ 7. De même on se trompe, et l'on ne donne pas plus de solution que
dans les cas que nous venons de citer, quand on soutient que tout
nombre est petit et grand; car, si ne faisant pas de conclusion
précise, et laissant de côté ce point, on dit qu'on a conclu le
vrai, parce que tout nombre est grand et petit, l'on se trompe
complètement.
§ 8. Quelques personnes résolvent aussi en distinguant le double
sens, dans les cas.où l'on dit, par exemple ; Donc, c'est ton père,
ou ton fils, ou ton esclave.
§ 9. Pourtant, il est clair que, si [180b] la réfutation paraît devoir
tenir à la diversité des sens, il faut que le mot ou la phrase
puisse s'appliquer en propre à plusieurs choses. Mais on ne peut
jamais dire proprement que tel soit l'enfant de tel, parce que tel
est maître de l'enfant. Mais la combinaison des idées est purement
accidentelle : Ceci est-il à toi ? Oui; mais ceci est un enfant;
c'est donc ton enfant. Oui, accidentellement, ceci est à toi et est
un enfant, mais ce n'est pas ton enfant.
§ 10. Même solution quand on dit que tel bien peut être des maux; car la réflexion est
la science des maux. Mais dire que ceci est de cela n'a pas
plusieurs sens, cela veut dire seulement que ceci est la propriété
de cela. Si donc la phrase a plusieurs sens, car nous disons que
l'homme est des animaux, eu tant qu'il en faut partie, et non en
tant qu'il en est la propriété, et si quelque chose est mis en
rapport avec le mal par la particule : de, il est par cela même des
maux : mais cependant il n'est pas au nombre des maux. L'expression,
toute restrictive qu'elle est, paraît donc prise aussi dans le sens
absolu. Cependant, un bien peut être des maux de deux façons, non
pas dans le sens qui précède, mais plutôt en ce sens où l'on dit
qu'un bou esclave est d'un méchant maître. Mais peut-être ceci même
n'est-il pas exact ; car si l'esclave est bon, et qu'il soit de ce
maître, il n'est pas bon de ce maître, en réunissant les deux
expressions. Dire que l'homme est des animaux, cela non plus n'a pas
plusieurs sens ; car on ne peut pas dire qu'une expression ait
plusieurs sens, par cela seul qu'on lui retranche quelque chose.
Ainsi, il suffit de prononcer la moitié d'un vers pour exprimer :
Donne-moi l'Iliade. Et nous disons ainsi : Donne-moi: Déesse,
chante la colère, etc., etc. |
§ 2. Sais-tu ce que je vais te demander? — Non. — Or, je demande nne
cbose que tu sais fort bien : donc tu ne sais pas ce que tu sais.
— Sais-tu celui qui est caché? — Non. — Or, c'est un de tes amis que
tu connais fort bien : donc tu ne connais pas ce que tu
connais.
— Cette statue est-elle ton ouvrage? Cette statue est à toi.
— Oui. — C'est une œuvre. — Oui. — Donc c'est une œuvre à toi, ton
œuvre.
— Ce chien est-il ton père?
Ce chien est à toi. — Oui. — Il est père. — Oui. — Donc il est père
à toi : Il est ton père, Voir l'Euthydême de Platon, p. 417, trad.
de M. Cousin.
— Les choses peu nombreuses, Quatre est un nombre petit;
pris quatre fois, il forme seize, nombre petit aussi; seize répété
seize fois sera un nombre encore petit, puisque ce n'est qu'un
nombre petit qui est répété ; et ainsi de suite, on prouverait que
les plus grands nombres sont petits.
§ 4. Ainsi que nous l'avons dit, ch. 30,
§ 12.
— La même assertion,
Celle du paragraphe précédent et les deux premières du § 2.
§ 7. Que tout nombre est petit et grand, L'édition de Berlin donne
seulement : est petit, sans citer d'autorité. J'ai conservé la leçon
ordinaire, qui cependant est peut-être moins bonne. Sylburge met le
mot grand entre crochets pour en proposer la suppression.
§ 8. Donc c'est ton père, Voir plus haut,
§ 2, et plus bas au §
suivant.
§ 10. Tel bien peut être des
maux , II faut se rappeler que le génitif en grec exprime un rapport
de propriété et de nombre tout à la fois.
— Nous disons que l'homme
est des animaux. Voir plus haut, ch. 17, § 16.
- Un bon esclave est d'un
méchant maître, L'esclave a beau avoir pour relatif nécessaire le
maître, l'esclave peut rester bon et le maître n'en être pas moins
mauvais. Du reste, la phrase grecque prête à une équivoque qu'il est
impossible de rendre en français : Elle signifie que si quelque
chose est l'esclave d'un mal (ou mauvais), il ne s'ensuit pas
qu'elle soit à la fois le bien de cela, c'est-à-dire le bien du mal.
Notre langue impose une précision et une clarté qui détruisent tous
ces jeux de mots.
— Déesse, chante la colère, Cette phrase n'a jamais
qu'un sens, malgré l'emploi tout à fait détourné auquel on l'a fait
accidentellement servir, et qui a bien quelque apparence de réalité.
|
CHAPITRE ΧΧV.
Solution des paralogismes qui tiennent
à ce qu'on prend me expression restrictive au lieu d'une expression
absolue : exemples divers.
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§ 1.
Τοὺς δὲ παρὰ τὸ κυρίως τόδε ἢ πῂ ἢ ποὺ ἢ πὼς ἢ πρός τι λέγεσθαι, καὶ
μὴ ἁπλῶς, λυτέον σκοποῦντι τὸ συμπέρασμα πρὸς τὴν ἀντίφασιν, εἰ
ἐνδέχεται τούτων τι πεπονθέναι. Τὰ γὰρ ἐναντία καὶ τὰ ἀντικείμενα
καὶ φάσιν καὶ ἀπόφασιν ἁπλῶς μὲν ἀδύνατον ὑπάρχειν τῷ αὐτῷ, πῂ
μέντοι ἑκάτερον ἢ πρός τι ἢ πώς, ἢ τὸ μὲν πῂ τὸ δ´ ἁπλῶς, οὐδὲν
κωλύει. Ὥστ´ εἰ τόδε μὲν ἁπλῶς τόδε δὲ πῄ, οὔπω ἔλεγχος, τοῦτο δ´ ἐν
τῷ συμπεράσματι θεωρητέον πρὸς τὴν ἀντίφασιν.
§ 2.
Εἰσὶ δὲ πάντες οἱ τοιοῦτοι λόγοι τοῦτ´ ἔχοντες· "Ἆρ´ ἐνδέχεται τὸ μὴ
ὂν εἶναι; ἀλλὰ μὴν ἔστι γέ τι μὴ ὄν." Ὁμοίως δὲ καὶ τὸ ὂν οὐκ ἔσται·
οὐ γὰρ ἔσται τι τῶν ὄντων. "Ἇρ´ ἐνδέχεται τὸν αὐτὸν ἅμα εὐορκεῖν καὶ
ἐπιορκεῖν;" "Ἆρ´ ἐγχωρεῖ τὸν αὐτὸν ἅμα τῷ αὐτῷ πείθεσθαι καὶ
ἀπειθεῖν;" ἢ οὔτε τὸ εἶναί τι καὶ εἶναι ταὐτόν (τὸ γὰρ μὴ ὂν οὐκ εἰ
ἔστι τι, καὶ ἔστιν ἁπλῶς), οὔτ´ εἰ εὐορκεῖ τόδε ἢ τῇδε, ἀνάγκη καὶ
εὐορκεῖν (ὁ γὰρ ὀμόσας ἐπιορκήσειν εὐορκεῖ ἐπιορκῶν τοῦτο [181a]
μόνον, εὐορκεῖ δὲ οὔ)· οὐδ´ ὁ ἀπειθῶν πείθεται, ἀλλὰ τὶ πείθεται.
§ 3. Ὅμοιος δ´ ὁ λόγος καὶ περὶ τοῦ ψεύδεσθαι τὸν αὐτὸν ἅμα καὶ
ἀληθεύειν, ἀλλὰ διὰ τὸ μὴ εἶναι εὐθεώρητον πότερον ἄν τις ἀποδοίη,
τὸ ἁπλῶς ἀληθεύειν ἢ ψεύδεσθαι, δύσκολον φαίνεται. Κωλύει δ´ αὐτὸν
οὐδὲν ἁπλῶς μὲν εἶναι ψευδῆ πῂ δ´ ἀληθῆ ἤ τινος, καὶ εἶναι ἀληθῆ
τινά, ἀληθῆ δὲ αὐτὸν μή. § 4. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν πρός τι καὶ ποὺ καὶ
ποτέ· πάντες γὰρ οἱ τοιοῦτοι λόγοι παρὰ τοῦτο συμβαίνουσιν. "Ἆρ´ ἡ
ὑγίεια ἢ ὁ πλοῦτος ἀγαθόν; ἀλλὰ τῷ ἄφρονι καὶ μὴ ὀρθῶς χρωμένῳ οὐκ
ἀγαθόν· ἀγαθὸν ἄρα καὶ οὐκ ἀγαθόν." "Ἆρα τὸ ὑγιαίνειν ἢ δύνασθαι ἐν
πόλει βέλτιον; ἀλλ´ ἔστιν ὅτε οὐ βέλτιον· ταὐτὸν ἄρα τῷ αὐτῷ ἀγαθὸν
καὶ οὐκ ἀγαθόν." Ἢ οὐδὲν κωλύει ἁπλῶς ὂν ἀγαθὸν τῷδε μὴ εἶναι
ἀγαθόν, ἢ τῷδε μὲν ἀγαθόν, ἀλλ´ οὐ νῦν ἢ οὐκ ἐνταῦθ´ ἀγαθόν; "
§ 5. Ἆρ´ ὃ
μὴ βούλοιτ´ ἂν ὁ φρόνιμος, κακόν; ἀποβαλεῖν δ´ οὐ βούλεται τἀγαθόν·
κακὸν ἄρα τἀγαθόν." Οὐ γὰρ ταὐτὸν εἰπεῖν τἀγαθὸν εἶναι κακὸν καὶ τὸ
ἀποβαλεῖν τἀγαθόν. § 6. Ὁμοίως δὲ καὶ ὁ τοῦ κλέπτου λόγος· οὐ γάρ, εἰ
κακόν ἐστιν ὁ κλέπτης, καὶ τὸ λαβεῖν ἐστι κακόν. Οὔκουν τὸ κακὸν
βούλεται, ἀλλὰ τἀγαθόν· τὸ γὰρ λαβεῖν ἀγαθόν. § 7. Καὶ ἡ νόσος κακόν
ἐστιν, ἀλλ´ οὐ τὸ ἀποβαλεῖν νόσον. § 8. "Ἆρα τὸ δίκαιον τοῦ ἀδίκου καὶ τὸ
δικαίως τοῦ ἀδίκως αἱρετώτερον; ἀλλ´ ἀποθανεῖν ἀδίκως αἱρετώτερον."
§ 9. "Ἆρα δίκαιόν ἐστι τὰ αὑτοῦ ἔχειν ἕκαστον; ἃ δ´ ἄν τις κρίνῃ κατὰ
δόξαν τὴν αὑτοῦ, κἂν ᾖ ψευδής, κύριά ἐστιν ἐκ τοῦ νόμου· τὸ αὐτὸ ἄρα
δίκαιον καὶ οὐ δίκαιον"· § 10. καὶ "πότερον δεῖ κρίνειν, τὸν τὰ δίκαια
λέγοντα ἢ τὸν τὰ ἄδικα; ἀλλὰ μὴν καὶ τὸν ἀδικούμενον δίκαιόν ἐστιν
ἱκανῶς λέγειν ἃ ἔπαθεν· ταῦτα δ´ ἦν ἄδικα." § 11. Οὐ γάρ, εἰ παθεῖν τι
ἀδίκως αἱρετόν, τὸ ἀδίκως αἱρετώτερον τοῦ δικαίως, ἀλλ´ ἁπλῶς μὲν τὸ
δικαίως, τοδὶ μέντοι οὐδὲν κωλύει ἀδίκως ἢ δικαίως. § 12. Καὶ τὸ ἔχειν τὰ
αὐτοῦ δίκαιον, τὸ δὲ τἀλλότρια οὐ δίκαιον· κρίσιν μέντοι ταύτην
δικαίαν εἶναι οὐδὲν κωλύει, οἷον ἂν ᾖ κατὰ δόξαν τοῦ κρίναντος· οὐ
γάρ, εἰ δίκαιον τῳδὶ ἢ ὡδί, καὶ ἁπλῶς δίκαιον. § 13. Ὁμοίως δὲ καὶ ἄδικα
ὄντα οὐδὲν κωλύει λέγειν γε αὐτὰ δίκαιον εἶναι· οὐ γάρ, εἰ λέγειν
δίκαιον, ἀνάγκη δίκαια εἶναι, ὥσπερ οὐδ´ εἰ ὠφέλιμον λέγειν,
ὠφέλιμα. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν δικαίων. Ὥστ´ οὐκ εἰ τὰ λεγόμενα
ἄδικα, ὁ λέγων ἄδικα νικᾶται· λέγει γὰρ ἃ λέγειν ἐστὶ δίκαια, ἁπλῶς
δὲ καὶ παθεῖν ἄδικα. |
§ 1. Quant aux paralogismes venant de
ce qu'on a pris une restriction de lieu, de temps, de manière, ou
une relation, au lieu de s'exprimer absolument, il faut les résoudre
en regardant si la conclusion a une contradiction, et si elle peut
la recevoir à quelque égard que ce soit. En effet, il est
impossible, absolument parlant, que les contraires soient à une même
chose, non plus que les opposés, ni l'affirmation et la négation.
Mais il est possible, cependant, que l'un et l'autre y soient
ensemble dans telle partie, dans telle relation, de telle façon, que
l'un y soit d'une façon restrictive, et l'autre absolument ; de
sorte que si l'un y est absolument, et l'autre avec restriction, il
n'y a pas là de réfutation. Mais c'est là ce qu'il faut voir dans la
conclusion en regardant à la contradiction.
§ 2. Tous les paralogismes de ce genre sous-entendent ce principe :
Le non-être peut-il donc être? Le non-être est certainement quelque
chose. Et de même l'être ne sera pas; car il ne sera pas quelqu'une
des choses qui sont. Le même homme peut-il en même temps jurer vrai,
et se parjurer ? Le même homme peut-il, en même temps, obéir et
désobéir au même ordre ? Mais, ne peut-on pas dire que : être
quelque chose, et être, ce n'est pas la même chose? Et ainsi, le
non-être, pour être quelque chose, n'est pas cependant absolument.
Ne peut-on pas dire encore qu'on peut jurer vrai pour telle chose et
de telle façon, sans que nécessairement l'on jure vrai? car celui
qui a juré de se parjurer, en se parjurant, jure vrai sur ce point
seul, [181a] mais il ne jure pas vrai d'une manière absolue, pas plus que
celui qui désobéit n'obéit, mais il peut obéir en quelque chose.
§ 3. C'est le même raisonnement, quand on dit que le même homme ment
et dit la vérité en même temps. Mais c'est parce qu'il n'est pas
aisé de savoir si l'on avance qu'il ment ou dit vrai absolument, que
ce cas paraît difficile. Rien n'empêche qu'absolument il ne mente,
et il ne dise vrai en un sens et à quelque égard, et qu'il ne soit
véridique pour certaines choses et ne le soit pas absolument. § 4.
Et de même pour les restrictions de relation de lieu et de temps ;
car tous ces paralogismes portent sur ce point: La santé ou la
richesse est-elle un bien ? Mais elle n'est pas un bien pour
l'insensé, ni pour celui qui ne sait pas s'en servir ; donc elle est
un bien et n'est pas un bien. Est-ce un bien d'avoir de la santé,
d'avoir du pouvoir dans l'État? Souvent, cela ne vaut pas mieux.
Ainsi donc, la même chose est bonne et pas bonne pour le même homme.
Ou bien, rien n'empêche qu'étant bonne absolument, elle ne le soit
pas pour tel homme : ou encore elle peut être bonne pour cet homme,
mais non pas maintenant, ni dans cette circonstance.
§ 5. Mais ce que ne voudrait pas l'homme sage, est-il un mal? or, il
ne veut pas perdre le bien : donc le bien est un mal. Mais ce n'est
pas la même chose de dire : Le bien est un mal, ou perdre le bien. §
6. Même solution pour le paralogisme du voleur ; car si le voleur
est un mal, prendre n'est pas aussi un mal : donc on ne veut pas le
mal quand on veut le prendre; on veut le bien, car c'est un bien de
le prendre. § 7. Et la maladie est un mal, mais ce n'en est pas un
de perdre la maladie. § 8. Le juste est-il préférable à l'injuste,
et le justement à l'injustement? Mais il vaut mieux mourir
injustement que justement. § 9. Est-il juste que chacun ait ce qui
lui appartient? or, le jugement que. chaque juge porte d'après son
opinion, bien que cette opinion soit fausse, a toute valeur d'après
la loi ; donc, la même chose est juste et ne l'est pas. § 10. Qui
doit-on condamner? celui qui dit des choses justes ou celui qui dit
des choses injustes? Mais il est juste que celui qui a été lésé dise
tout au long ce qu'il a souffert ; or, ce qu'il a souffert
était des choses injustes. § 11. En effet, de ce qu'il vaut mieux
souffrir quelque chose injustement, il ne s'ensuit pas que
l'injustement soit préférable au justement. C'est le justement qui
l'est d'une manière absolue; mais rien n'empêche que telle chose
injustement ne soit préférable à cette même chose justement. § 12.
Il est juste aussi que chacun ait ce qui lui appartient: il est
injuste d'avoir le bien d'autrui. Mais rien n'empêche cependant que
ce jugement ne soit juste; par exemple, s'il est conforme à la
conscience du juge. Toutefois si telle chose est juste de telle ou
telle façon, ce n'est pas un motif pour qu'elle soit juste
absolument. § 13. Et de même, bien que ces choses soient injustes,
rien n'empêche qu'il ne soit juste de les dire ; car de ce qu'il est
juste de les dire, il n'y a pas nécessité qu'elles soient justes, de
même qu'elles ne sont pas utiles parce qu'il est utile de les dire.
Et de même pour les choses justes. En effet, de ce que les choses
dites sont injustes, celui qui les dit ne fait pas des choses
injustes ; car il dit les choses qu'il est juste de dire, bien
qu'absolument elles soient injustes, et surtout injustes à souffrir. |
§ 2. Mais il obéit en quelque chose,
Cette phrase, que l'édition de Berlin donne ainsi que le font toutes
les autres éditions, me semble indispensable au sens. Pacius ne l'a
point, c'est sans doute une simple omission qui aura échappé à son
extrême exactitude.
§ 8. Que justement, Je conserve avec
Pacius ces mots que ne donnent ni Sylburge ni l'édition de Berlin.
§ 9. Est-il juste que chacun ait ce qui lui appartient, Oui, sans
doute; mais le juge, dont le jugement est toujours juste d'après la
loi, adjuge vos biens à un autre qui n'y a point de droit : donc la
même chose est juste et injuste.
— Celui qui dit des choses justes. En
racontant des injustices dont on a souffert, on dit, on raconte des
choses injustes : et par une équivoque spéciale à la langue grecque,
le sophiste conclut que, dans ce cas, on est absolument sur la même
ligne et aussi coupable que celui qui dit des choses injustes, qui
ment et se parjure. Le Français ne rend pas cette équivοque.
|
CHAPITRE ΧΧVΙ.
Solution des paralogismes qui pèchent
contre la déGnition de la réfutation.
|
[181b] § 1. Τοῖς δὲ παρὰ τὸν ὁρισμὸν γινομένοις τοῦ ἐλέγχου, καθάπερ
ὑπεγράφη πρότερον, ἀπαντητέον σκοποῦσι τὸ συμπέρασμα πρὸς τὴν
ἀντίφασιν, ὅπως ἔσται τὸ αὐτὸ καὶ κατὰ τὸ αὐτὸ καὶ πρὸς τὸ αὐτὸ καὶ
ὡσαύτως καὶ ἐν τῷ αὐτῷ χρόνῳ. § 2. Ἐὰν δ´ ἐν ἀρχῇ προσέρηται, οὐχ
ὁμολογητέον ὡς ἀδύνατον τὸ αὐτὸ εἶναι διπλάσιον καὶ μὴ διπλάσιον,
ἀλλὰ φατέον, μὴ μέντοι ὡδὶ ὥς ποτ´ ἦν τὸ ἐλέγχεσθαι διωμολογημένον.
§ 3. Εἰσὶ δὲ πάντες οἵδ´ οἱ λόγοι παρὰ τὸ τοιοῦτο. "Ἆρ´ ὁ εἰδὼς ἕκαστον
ὅτι ἕκαστον οἶδε τὸ πρᾶγμα; καὶ ὁ ἀγνοῶν ὡσαύτως; εἰδὼς δέ τις τὸν
Κορίσκον ὅτι Κορίσκος ἀγνοοίη ἂν ὅτι μουσικός, ὥστε ταὐτὸ ἐπίσταται
καὶ ἀγνοεῖ." § 4 ".Ἆρα τὸ τετράπηχυ τοῦ τριπήχεος μεῖζον; γένοιτο δ´ ἂν
ἐκ τριπήχεος τετράπηχυ κατὰ τὸ μῆκος· τὸ δὲ μεῖζον ἐλάττονος μεῖζον·
αὐτὸ ἄρα αὑτοῦ κατὰ ταὐτὸ μεῖζον καὶ ἔλαττον." |
[181b] § 1. Quant aux paralogismes qui
tiennent à la définition de la réfutation, ainsi qu'on l'a dit plus
haut, il faut les résoudre en opposant à la conclusion une
contradiction qui s'adresse au même objet, sous le même rapport, et
du même point de vue, et sous la même forme, et dans le même temps.
§ 2. Si l'on est interrogé dans le commencement de la discussion, il
ne faut pas convenir qu'il soit impossible qu'une même chose soit
double et non double ; mais il faut dire que cela ne se peut pas de
telle façon, comme si l'on pouvait être réfuté en en convenant. § 3.
Tous ces paralogismes rentrent dans la forme suivante : Celui qui
sait de chaque chose qu'elle est telle chose, sait-il la chose? Et
de celui qui l'ignore en est-il également? Ainsi, quelqu'un qui sait
que Coriscus est Coriscus, peut bien ignorer qu'il est musicien ; de
sorte qu'il sait et qu'il ignore la même chose. § 4. Et encore :
Une chose de quatre coudées est-elle plus grande que celle de trois?
Mais la chose de trois coudées peut, en longueur, arrivera en avoir
quatre. Or, le plus grand est plus grand que le plus petit ; donc
une chose sera plus grande et plus petite qu'elle-même. |
§ 1. Ainsi qu'on l'a dit plus haut,
Voir plus haut, ch. 5, § 1 et 4.
|
CHAPITRE ΧΧVΙΙ.
Solution des paralogismes par pétition
de principe.
|
§ 1.
Τοὺς δὲ παρὰ τὸ αἰτεῖσθαι καὶ λαμβάνειν τὸ ἐν ἀρχῇ πυνθανομένῳ, ἂν ᾖ
δῆλον, οὐ δοτέον, οὐδ´ ἂν ἔνδοξον ᾖ λέγοντι τἀληθές. § 2. Ἂν δὲ λάθῃ, τὴν
ἄγνοιαν διὰ τὴν μοχθηρίαν τῶν τοιούτων λόγων εἰς τὸν ἐρωτῶντα
μεταστρεπτέον ὡς οὐ διειλεγμένον· ὁ γὰρ ἔλεγχος ἄνευ τοῦ ἐξ ἀρχῆς. §
3. Εἶθ´ ὅτι ἐδόθη οὐχ ὡς τούτῳ χρησομένου, ἀλλ´ ὡς πρὸς τοῦτο
συλλογιουμένου, τοὐναντίον ἢ ἐπὶ τῶν παρεξελέγχων. |
§ 1. Pour les paralogismes par
pétition de principe, celui qui interroge ne doit pas l'accorder si
elle est évidente, et quand même il serait probable que l'adversaire
dit vrai. § 2. Si la pétition de principe reste cachée, il faut
rejeter cette ignorance sur celui qui interroge, et lui imputer le
vice de ces raisonnements, comme s'il n'avait pas argumenté
régulièrement; car la réfutation ne peut avoir lieu que sans la
pétition de principe. § 3. Il faut ajouter que l'on a concédé ce
point, non pas pour que l'adversaire s'en servît, mais parce qu'on
pensait qu'il conclurait par là le contraire de ce qui avait été
avancé dans les contre-réfutations. |
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CHAPITRE
ΧΧVΙΙΙ
Solution des paralogismes par
consécution fausse.
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§ 1.
Καὶ τοὺς διὰ τοῦ παρεπομένου συμβιβάζοντας ἐπ´ αὐτοῦ τοῦ λόγου
δεικτέον. § 2. Ἔστι δὲ διττὴ ἡ τῶν ἑπομένων ἀκολούθησις· ἢ γὰρ ὡς τῷ ἐν
μέρει τὸ καθόλου, οἷον ἀνθρώπῳ ζῷον (ἀξιοῦται γάρ, εἰ τόδε μετὰ
τοῦδε, καὶ τόδ´ εἶναι μετὰ τοῦδε), ἢ κατὰ τὰς ἀντιθέσεις (εἰ γὰρ
τόδε τῷδε ἀκολουθεῖ, τῷ ἀντικειμένῳ τὸ ἀντικείμενον)· § 3. παρ´ ὃ καὶ ὁ
τοῦ Μελίσσου λόγος· εἰ γὰρ τὸ γεγονὸς ἔχει ἀρχήν, τὸ ἀγένητον ἀξιοῖ
μὴ ἔχειν, ὥστ´ εἰ ἀγένητος ὁ οὐρανός, καὶ ἄπειρος. Τὸ δ´ οὐκ ἔστιν·
ἀνάπαλιν γὰρ ἡ ἀκολούθησις. |
§ 1. Il faut montrer, par le
raisonnement même, le vice des paralogismes qui ne concluent que par
le conséquent. § 2. Mais les conséquents peuvent suivre de deux
manières : c'est d'abord comme l'universel est le conséquent du
particulier, et c'est ainsi qu'animal suit homme ; car on peut
affirmer que, si le premier suit le second, le second suit aussi le
premier. Ou bien, la consécution a lieu parles antithèses; car si
l'un suit l'autre, l'opposé suit aussi l'opposé. § 3. Et c'est sur
quoi se fonde le raisonnement de Mélissus; car si ce qui est créé a
un commencement, il faut penser que ce qui n'est pas créé n'en a pas
; donc, si le ciel est incréé, il est par cela même infini. Mais
cela n'est pas exact ; car ici la consécution est renversée. |
§ 3. Le raisonnement de Mélissus, cité
aussi plus haut, ch, 5, § 8.
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CHAPITRE XXIX.
Solution des paralogismes par
addition.
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§ 1. Ὅσοι τε παρὰ τὸ προστιθέναι τι
συλλογίζονται, σκοπεῖν εἰ ἀφαιρουμένου συμβαίνει μηδὲν ἧττον τὸ
ἀδύνατον. Κἄπειτα τοῦτο ἐμφανιστέον, καὶ λεκτέον ὡς ἔδωκεν οὐχ ὡς
δοκοῦν ἀλλ´ ὡς πρὸς τὸν λόγον, ὁ δὲ κέχρηται οὐδὲν πρὸς τὸν λόγον.
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§ 1. Pour les paralogismes qui ne
concluent qu'en ajoutant quelque donnée nouvelle, il faut examiner
si, en retranchant cette addition, la conclusion absurde n'en a pas
moins lieu. Il faut ensuite montrer cela nettement : et il faut dire
que, si l'on a concédé cette assertion , ce n'est pas qu'elle parût
vraie, mais seulement parce qu'elle paraissait utile à la
discussion, bien que l'adversaire n'ait pas su l'y faire servir. |
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CHAPITRE XXX.
Solution des paralogismes par
confusion de plusieurs questions en une seule.
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§ 1. Πρὸς δὲ τοὺς τὰ πλείω ἐρωτήματα ἓν ποιοῦντας εὐθὺς ἐν ἀρχῇ
διοριστέον· ἐρώτησις γὰρ μία πρὸς ἣν μία ἀπόκρισις ἔστιν, ὥστ´ οὔτε
πλείω καθ´ ἑνὸς οὔτε ἓν κατὰ πολλῶν, ἀλλ´ ἓν καθ´ ἑνὸς φατέον ἢ
ἀποφατέον. § 2. Ὥσπερ δὲ ἐπὶ τῶν [182a] ὁμωνύμων ὁτὲ μὲν ἀμφοῖν ὁτὲ δ´
οὐδετέρῳ ὑπάρχει, ὥστε μὴ ἁπλοῦ ὄντος τοῦ ἐρωτήματος ἁπλῶς
ἀποκρινομένοις οὐδὲν συμβαίνει πάσχειν, ὁμοίως καὶ ἐπὶ τούτων. Ὅταν
μὲν οὖν τὰ πλείω τῷ ἑνὶ ἢ τὸ ἓν τοῖς πολλοῖς ὑπάρχῃ, τῷ ἁπλῶς δόντι
καὶ ἁμαρτόντι ταύτην τὴν ἁμαρτίαν οὐδὲν ὑπεναντίωμα συμβαίνει, ὅταν
δὲ τῷ μὲν τῷ δὲ μή, ἢ πλείω κατὰ πλειόνων. Καὶ ἔστιν ὡς ὑπάρχει
ἀμφότερα ἀμφοτέροις, ἔστι δ´ ὡς οὐχ ὑπάρχει πάλιν, ὥστε τοῦτ´
εὐλαβητέον· § 3. οἷον ἐν τοῖσδε τοῖς λόγοις· "Εἰ τὸ μέν ἐστιν ἀγαθὸν τὸ
δὲ κακόν, ὅτι ταῦτα ἀληθὲς εἰπεῖν ἀγαθὸν καὶ κακόν, καὶ πάλιν μήτ´
ἀγαθὸν μήτε κακόν (οὐκ ἔστι γὰρ ἑκάτερον ἑκάτερον), ὥστε ταὐτὸ
ἀγαθὸν καὶ κακὸν καὶ οὔτ´ ἀγαθὸν οὔτε κακόν", § 4. καὶ "Εἰ ἕκαστον αὐτὸ
αὑτῷ ταὐτὸ καὶ ἄλλου ἕτερον, ἐπειδὴ οὐκ ἄλλοις ταὐτὰ ἀλλ´ αὑτοῖς καὶ
ἕτερα αὑτῶν, τὰ αὐτὰ ἑαυτοῖς ἕτερα καὶ τὰ αὐτά".§ 5. Ἔτι "Εἰ τὸ μὲν
ἀγαθὸν κακὸν γίνεται, τὸ δὲ κακὸν ἀγαθόν, δύο γένοιντ´ ἄν· § 6. δυοῖν δὲ
καὶ ἀνίσων ἑκάτερον αὐτὸ αὑτῷ ἴσον· ὥστε ἴσα καὶ ἄνισα αὐτὰ αὑτοῖς".
§ 7.
Ἐμπίπτουσι μὲν οὖν οὗτοι καὶ εἰς ἄλλας λύσεις· καὶ γὰρ τὸ ἄμφω καὶ
τὸ ἅπαντα πλείω σημαίνει· οὔκουν ταὐτόν, πλὴν ὄνομα, συμβαίνει φῆσαι
καὶ ἀποφῆσαι. Τοῦτο δ´ οὐκ ἦν ἔλεγχος, ἀλλὰ φανερὸν ὅτι μὴ μιᾶς
ἐρωτήσεως τῶν πλειόνων γινομένης, ἀλλ´ ἓν καθ´ ἑνὸς φάντος ἢ
ἀποφάντος, οὐκ ἔσται τὸ ἀδύνατον. |
§ 1. Quant à ceux qui de plusieurs
questions en font une seule, il faut distinguer les questions dès le
début. Une question une est celle à laquelle il n'y a qu'une seule
réponse; et par conséquent il faut dire, non pas plusieurs choses
pour une seule ou une seule pour plusieurs, mais une pour une, soit
qu'on nie, soit qu'on affirme. § 2. De même que, [182a] dans les homonymes
où l'attribut est tantôt aux deux sens et tantôt n'est ni à l'un ni
à l'autre, la question n'étant pas simple, il n'y a point de
résultat si l'on se contente de répondre simplement , de même pour ce
cas-ci. Lors donc que plusieurs attributs sont à un seul sujet, ou
un seul attribut à plusieurs sujets, soit affirmés, soit niés, on ne
peut produire aucune contradiction, si l'on accorde simplement
l'assertion, et que l'on commette cette faute. Mais quand l'un des
termes est vrai et que l'autre ne l'est pas, et quand plusieurs
s'appliquent à plusieurs, et que les deux sont en partie aux deux,
et qu'en partie ils n'y sont pas, c'est alors qu'il faut prendre
bien garde. § 3. Par exemple, dans les raisonnements de ce genre :
Si de deux choses l'une est bonne et l'autre mauvaise, il est vrai
de dire de ces choses qu'elles sont bonnes et mauvaises. Et, à
l'inverse, il n'est pas moins vrai de dire qu'elles ne sont ni
bonnes ni mauvaises; car les deux ne sont pas les deux ; de sorte
que la même chose est bonne et mauvaise, et n'est ni bonne ni
mauvaise. § 4. De plus, comme chaque chose est identique à elle-même
et différente des autres, et comme ces choses sont identiques, non
pas à d'autres, mais à elles mêmes, et qu'elles sont autres
qu'elles-mêmes, les mêmes choses sont donc identiques à elles-mêmes
et autres qu'elles-mêmes. § 5. De plus, si le mal devient le bien,
et que le bien devienne le mal, les deux deviendront à la fois bien
et mal. § 6. De deux choses inégales, chacune est égale à elle-même,
de sorte que les mêmes choses sont égales et inégales à elles-mêmes.
§ 7. On peut encore donner d'autres
solutions à ces raisonnements. Ainsi, ces expressions : les deux et
tous, ont plusieurs significations; donc, une même chose ne peut que
verbalement être affirmée et niée ; or, ce n'est pas là une
réfutation. Mais il est évident que, quand plusieurs questions ne se
confondent pas en une seule, et qu'on ne fait qu'affirmer ou nier
une seule chose d'une seule chose, il n'y aura pas de conclusion
absurde.
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§ 2. Soit affirmés, soit niés, L'édition de Berlin supprime ces mots
sans citer d'autorité.
— Mais quand l'un des termes est vrai et que
l'autre ne l'est pas, Sylburge et l'édition de Berlin donnent le
datif au lieu du nominatif qu'ont Isingrinus et Pacius. Le sens
reste le même sauf une nuance insignifiante.
§ 4. Et différente des autres,
L'édition de Berlin, sans citer d'autorité, donne : Différente d'une
autre. Cette leçon n'est point préférable à la leçon vulgaire..
§ 7. Il n'y aura pat de conclusion
absurde, Le sophiste ne pourra point nous amener à faire de
conclusion absurde et contradictoire.
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CHAPITRE XXXI.
Solution des paralogismes par
répétition inutile de mots.
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§ 1.
Περὶ δὲ τῶν ἀπαγόντων εἰς 〈τὸ〉 τὸ αὐτὸ πολλάκις εἰπεῖν φανερὸν ὡς οὐ
δοτέον τῶν πρός τι λεγομένων σημαίνειν τι χωριζομένας καθ´ αὑτὰς τὰς
κατηγορίας, οἷον "διπλάσιον" ἀντὶ τοῦ "διπλάσιον ἡμίσεος", ὅτι
ἐμφαίνεται. Καὶ γὰρ τὸ δέκα ἐν τοῖς ἑνὸς δέουσι δέκα καὶ τὸ ποιῆσαι
ἐν τῷ μὴ ποιῆσαι καὶ ὅλως ἐν τῇ ἀποφάσει ἡ φάσις· ἀλλ´ ὅμως οὐκ εἴ
τις λέγει τοδὶ μὴ εἶναι λευκόν, λέγει αὐτὸ λευκὸν εἶναι. Τὸ δὲ
"διπλάσιον" οὐδὲ σημαίνει οὐδὲν ἴσως, ὥσπερ οὐδὲ τὸ "ἥμισυ"· εἰ δ´
ἄρα καὶ σημαίνει, ἀλλ´ οὐ ταὐτὸ καὶ συνῃρημένον. § 2. Οὐδ´ ἡ ἐπιστήμη ἐν
τῷ εἴδει (οἷον εἰ ἔστιν ἡ ἰατρικὴ ἐπιστήμη), ὅπερ τὸ κοινόν· ἐκεῖνο
δ´ ἦν ἐπιστήμη ἐπιστητοῦ. § 3. Ἐν δὲ τοῖς 〈τούτων〉 δι´ ὧν δηλοῦται
κατηγορουμένοις τοῦτο λεκτέον, ὡς οὐ τὸ αὐτὸ χωρὶς καὶ ἐν τῷ λόγῳ τὸ
δηλούμενον. Τὸ γὰρ κοῖλον κοινῇ μὲν τὸ αὐτὸ δηλοῖ ἐπὶ τοῦ σιμοῦ καὶ
τοῦ ῥοικοῦ, προστιθέμενον δὲ οὐδὲν κωλύει ἄλλα, τὸ μὲν τῇ ῥινὶ τὸ
[182b] δὲ τῷ σκέλει, σημαίνειν· ἔνθα μὲν γὰρ τὸ σιμόν, ἔνθα δὲ τὸ
ῥοικὸν σημαίνει, καὶ οὐδὲν διαφέρει εἰπεῖν ῥὶς σιμὴ ἢ ῥὶς κοίλη. §
4. Ἔτι
οὐ δοτέον τὴν λέξιν κατ´ εὐθύ· ψεῦδος γάρ ἐστιν. Οὐ γάρ ἐστι τὸ
σιμὸν ῥὶς κοίλη ἀλλὰ ῥινὸς τοδί, οἷον πάθος, ὥστ´ οὐδὲν ἄτοπον εἰ ἡ
ῥὶς ἡ σιμὴ ῥίς ἐστιν ἔχουσα κοιλότητα ῥινός. |
§ 1. Quant aux paralogismes qui mènent
à répéter plusieurs fois la même chose, il est évident qu'il ne faut
pas accorder que les catégories, prises séparément, aient par elles
seules un sens pour les relatifs. Par exemple, le double ne signifie
rien sans le double de la moitié, bien que cela paraisse tout un.
Ainsi, dix est dans dix moins un, et faire est dans ne pas faire, et
en général l'affirmation est dans'la négation; et, cependant, si
l'on
dit que telle chose n'est pas blanche, on ne dit pas qu'elle est
blanche. Mais le double n'exprime peut-être rien à lui tout seul,
pas plus que la moitié prise toute seule; ou, s'il signifie quelque
chose, il n'a pas certainement le même sens que lorsqu'il est
combiné. § 2. La science prise dans l'une de ses espèces, et, par
exemple, la science de la médecine, n'a pas le même sens que
l'expression commune; car la science est la science de ce qui est
su. § 3. Dans les attributs qui ne sont expliqués que par leurs
sujets, il faut dire que le mot pris à part n'a pas le même sens que
dans la phrase. Ainsi, par exemple, le convexe, pris communément,
exprime aussi bien le camus que l'arqué, et rien n'empêche d'y
ajouter quelque chose qui précise la signification. Mais l'un
convient au nez [182b] et l'autre aux jambes ; car convexe exprime ici le
nez camus, et là les jambes arquées : et il n'y a pas de différence
entre nez camus et nez convexe. § 4. Il ne faut pas cependaut
accorder l'expression au cas direct; car alors elle est fausse:
ainsi, le camus n'est pas le nez convexe, c'est quelque chose du
nez; et, par exemple, c'est une modification du nez; de sorte qu'il
n'y a rien d'absurde à dire que le nez camus est un nez qui a la
convexité du nez.
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§ 1. Bien que cela paraisse tout un, L'édition de Berlin remplace :
Tout un, par un senl mot qui signifie également : paraître, et qui,
par une faute d'impression, sans doute, aura été substitué à la
leçon ordinaire. Celle-ci est certainement préférable, bien que
l'autre soit suffisante aussi.
— A lui tout seul, L'édition de
Berlin ne donne cette leçon que dans les variantes; il faut la
conserver dans le texte.
§ 2. L'expression commune, La science
prise dans toute sa généralité sans aucune détermination spéciale.
—
De ce qui est su, et non de la médecine, ou de telle autre
spécialité.
§ 3. Pris communément, dans son sens
générique et sans aucune détermination spéciale.
— Le camus que l'arqué, Le camus étant spécial au nez, l'arqué l'étant aux jambes.
—
II n'y a pas de différence, pour le sens, mais seulement pour la
régularité de l'expression , conforme ou non conforme à l'usage.
§ 4. Au cas direct, au nominatif.
— Qui a la convexité du nez, la
convexité spéciale au liez, et est camus à ce tiire. |
CHAPITRE XXXII.
Solution des paralogismes par
solécismes ou fautes contre la grammaire : exemples divers.
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§ 1.
Περὶ δὲ τῶν σολοικισμῶν, παρ´ ὅ τι μὲν φαίνονται συμβαίνειν εἴπομεν
πρότερον. Ὡς δὲ λυτέον, ἐπ´ αὐτῶν τῶν λόγων ἔσται φανερόν· § 2. ἅπαντες
γὰρ οἱ τοιοίδε τοῦτο βούλονται κατασκευάζειν. "Ἆρ´ ὃ λέγεις ἀληθῶς,
καὶ ἔστι τοῦτο ἀληθῶς; φῂς δ´ εἶναί τι λίθον· ἔστιν ἄρα τι λίθον."
Ἢ
τὸ λέγειν λίθον οὐκ ἔστι λέγειν ὃ ἀλλ´ ὅν, οὐδὲ τοῦτο ἀλλὰ τοῦτον. Εἰ οὖν ἔροιτό τις, "Ἆρ´ ὃν ἀληθῶς λέγεις, ἔστι τοῦτον;", οὐκ ἂν
δοκοίη ἑλληνίζειν, ὥσπερ οὐδ´ εἰ ἔροιτο, "Ἆρ´ ἣν λέγεις εἶναι, ἔστιν
οὗτος;". Ξύλον δ´ εἰπεῖν οὗτος, ἢ ὅσα μήτε θῆλυ μήτ´ ἄρρεν σημαίνει,
οὐδὲν διαφέρει· διὸ καὶ οὐ γίνεται σολοικισμός· "Εἰ ὃ λέγεις εἶναι,
ἔστι τοῦτο, ξύλον δὲ λέγεις εἶναι, ἔστιν ἄρα ξύλον". Τὸ δὲ "Λίθος"
καὶ τὸ "Οὗτος" ἄρρενος ἔχει κλίσιν. Εἰ δή τις ἔροιτο "ἆρ´ οὗτός
ἐστιν αὕτη;", εἶτα πάλιν "Τί δ´; οὐχ οὗτός ἐστι Κορίσκος;", εἶτ´
εἴπειεν "Ἔστιν ἄρα οὗτος αὕτη", οὐ συλλελόγισται τὸν σολοικισμόν,
οὐδ´ εἰ τὸ "Κορίσκος" σημαίνει ὅπερ αὕτη, μὴ δίδωσι δὲ ὁ
ἀποκρινόμενος, ἀλλὰ δεῖ τοῦτο προσερωτηθῆναι. Εἰ δὲ μήτ´ ἔστιν μήτε
δίδωσιν, οὐ συλλελόγισται οὔτε τῷ ὄντι οὔτε πρὸς τὸν ἠρωτημένον. Ὁμοίως οὖν δεῖ κἀκεῖ τὸν λίθον σημαίνειν "Οὗτος".
Εἰ δὲ μήτε ἔστι
μήτε δέδοται, οὐ λεκτέον τὸ συμπέρασμα· φαίνεται δὲ παρὰ τὸ τὴν
ἀνόμοιον πτῶσιν τοῦ ὀνόματος ὁμοίαν φαίνεσθαι. "§ 3. Ἆρ´ ἀληθές ἐστιν
εἰπεῖν ὅτι ἔστιν αὕτη ὅπερ εἶναι φῂς αὐτήν; εἶναι δὲ φῂς ἀσπίδα·
ἔστιν ἄρα αὕτη ἀσπίδα." Ἢ οὐκ ἀνάγκη, εἰ μὴ τὸ "Αὕτη" ἀσπίδα
σημαίνει ἀλλ´ ἀσπίς, τὸ δὲ "Ταύτην" ἀσπίδα. § 4. Οὐδ´ εἰ ὃ φῂς εἶναι
τοῦτον, ἔστιν οὗτος, φῂς δ´ εἶναι Κλέωνα, ἔστιν ἄρα οὗτος Κλέωνα· οὐ
γὰρ ἔστιν οὗτος Κλέωνα· εἴρηται γὰρ ὅτι ὅ φημι εἶναι τοῦτον, ἔστιν
οὗτος, οὐ τοῦτον· οὐδὲ γὰρ ἂν ἑλληνίζοι οὕτως τὸ ἐρώτημα λεχθέν,
§ 5. "Ἆρ´ ἐπίστασαι τοῦτο; τοῦτο δ´ ἐστὶ λίθος· ἐπίστασαι ἄρα λίθος".
Ἢ
οὐ ταὐτὸ σημαίνει τὸ "Τοῦτο" ἐν τῷ "Ἆρ´ ἐπίστασαι τοῦτο;"
Καὶ ἐν τῷ
"Τοῦτο δὲ λίθος", ἀλλ´ ἐν μὲν τῷ πρώτῳ τοῦτον, ἐν δὲ τῷ ὑστέρῳ
οὗτος. § 6. "Ἆρ´ οὗ ἐπιστήμην ἔχεις, ἐπίστασαι τοῦτο; ἐπιστήμην δ´ ἔχεις
λίθου· ἐπίστασαι ἄρα λίθου." Ἢ τὸ μὲν "Οὗ" λίθου λέγει, [183a]
τὸ δὲ "τοῦτο" λίθον· ἐδόθη δ´, οὗ ἐπιστήμην ἔχεις, ἐπίστασθαι οὐ
τούτου ἀλλὰ τοῦτο, ὥστ´ οὐ τοῦ λίθου ἀλλὰ τὸν λίθον.
§ 7.
Ὅτι μὲν οὖν οἱ τοιοῦτοι τῶν λόγων οὐ συλλογίζονται σολοικισμὸν ἀλλὰ
φαίνονται, καὶ διὰ τί τε φαίνονται καὶ πῶς ἀπαντητέον πρὸς αὐτούς,
φανερὸν ἐκ τῶν εἰρημένων. |
§ 1. Pour les solécismes, nous avons
dit antérieurement comment ils se forment; quant à savoir comment il
faut les résoudre, c'est ce que les considérations suivantes
montreront. § 2. Tous reviennent au cas suivant : Ce que tu dis avec
vérité est-il vrai? Tu dis que ceci est un caillou : il y a donc
quelque chose qui est caillou. Ou bien est-ce que dire caillou ce
n'est pas dire, non point un neutre, mais un masculin; non pas cela,
mais cet? Si donc on demande :Ce que tu dis est-ce celui-là? on
semblerait ne pas parler correctement, de même qu'on ne semblerait
pas non plus bien parler si l'on disait: Celle que tu dis, n'est-ce
pas celui-là? Mais par celui-là on a voulu désigner du bois, ou bien
telle chose qui n'est ni masculine ni féminine, peu importe. Aussi,
il n'y a pas de solécisme si l'on dit : Ce que tu dis est-ce bien
cela? Or, tu dis que c'est du bois, donc c'est du bois. Mais caillou
et celui-ci sont du masculin. Si l'on disait : Celui-ci est-il
celle-là? et ensuite : Qu'est-ce? Celui-ci n'est-il pas Coriscus? et
qu'on ajoutât ensuite: Donc celui-ci est-celle-là, on n'aurait pas
conclu un solécisme, pas même si Coriscus signifie la même chose que
celle-là, tant que celui qui répond ne l'a pas accordé. Mais il faut
faire à l'avance cette convention, que si l'assertion n'est pas
vraie et qu'on ne l'accorde pas, il n'y a pas de conclusion, ni en
réalité, ni pour celui qui est interrogé. Il faut donc qu'ici aussi
caillou signifie également celui-ci; mais si cela n'est pas vrai et
qu'on ne l'accorde point, il ne faut pas admettre la conclusion. Ce
qui cause ici l'illusion, c'est qu'il paraît que le cas du nom qui
n'est pas semblable est semblable. § 3. Est-il vrai de dire: Elle
est ce que tu as dit qu'elle est? Mais tu as dit qu'elle est un
bouclier : elle est donc le bouclier? Ou bien ne peut-on pas dire
que cette conclusion n'est pas nécessaire, puisqu'elle exprime
bouclier à l'accusatif et non bouclier au nominatif, et que bouclier
à l'accusatif exige elle à l'accusatif? § 4. Quand bien même cet
homme est bien ce que tu dis qu'il est, si tu dis qu'il est Cléon,
on ne peut pas dire : Donc il est Cléon à l'accusatif; car il n'est
pas Cléon à l'accusatif; et pour cet homme dont je parle, j'ai dit
cet au nominatif et non pas cet à l'accusatif; car la question ainsi
exprimée n'est pas grammaticalement correcte. § 5. Sais-tu cela? or,
cela est une pierre : tu sais donc une pierre. Ou bien, ne doit-on
pas dire que cela n'exprime pas la même chose dans : Sais-tu cela?
et cela est une pierre; mais dans le premier cas il est à
l'accusatif, et clans le second il est au nominatif. § 6. Sais-tu ce
dont tu as la science? mais tu as la science delà pierre; donc tu
sais de la pierre. [183a] Mais d'un côté, ne dit-on pas de la pierre, et de
l'autre côté, la pierre? On a bien accordé que tu savais ce dont tu
as la science ; mais l'on a dit que tu savais, non pas de cela, mais
cela; et ici c'est n'est pas de la pierre, mais la pierre.
§ 7. On voit donc, d'après tout ceci, que ces raisonnements ne
concluent pas de vrais solécismes, mais qu'ils paraissent seulement
le faire; on: voit comment ils le paraissent, et comment il faut les
combattre. |
§ 1. Nous avons dit antérieurement, Voir plus haut, ch. 3,
§ 2.
§ 2. Ceci est un caillou, Dans la phrase grecque, caillou est à
l'accusatif, et dans la phrase suivante, qui est la conclusion du
sophiste : Quelque chose qui est caillou, il est laissé à
l'accusatif, tandis que correctement il devrait être au nominatif.
C'est là ce qui constitue le solécisme. Mais cette différence nous
échappe dans le français, qui ne distingue pas le nominatif de
l'accusatif.
— Non point un neutre , mais un masculin
, J'ai dû
altérer un peu le texte pour faire sentir la différence de deux
pronoms différents en grec, et confondus en français.
— Le cas du
nom qui n'est pas semblable, On prend aisément l'accusalif pour le
nominatif, parce que l'un et l'autre ne diffèrent que par une seule
lettre finale : en français ils ne diffèrent pas du tout.
§ 3. Elle est donc le bouclier,
Bouclier est en grec à l'accusatif, d'après la réponse précédente
qu'accepte le sophiste, au lieu d'être au nominatif comme la
grammaire l'exigerait. J'ai dû faire sentir ceci dans le texte en
ajoutant quelques mots qui ne suffisent même pas pour le rendre
intelligible ; il faut absolument avoir l'original sous les yeux.
§ 4. Donc il est Cléon à l'accusatif, J'ai ajouté encore ces deux
derniers mots pour éclaircir un peu le texte, que ce secours même
laisse encore fort obscur.
§ 5. Tu sais donc une pierre, Pierre
est ici au nominatif en grec, tandis que grammaticalement il devrait
être à l'accusatif.
§ 6. Tu sais de la pierre, Ici c'est le génitif que, d'après la
réponse, prend le sophiste, au lieu du nominatif et de l'accusatif
qu'il prenait tout à l'heure : c'est là ce qui cause le paralogisme.
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CHAPITRE XXXIII.
Les solutions ne sont pas également
faciles ou difficiles pour tous les paralogismes. Exemples divers. —
Difficultés de la solution dans les raisonnements syllogistiques et
les raisonnements contentieux.
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§ 1.
Δεῖ δὲ καὶ κατανοεῖν ὅτι πάντων τῶν λόγων οἱ μέν εἰσι ῥᾴους
κατιδεῖν, οἱ δὲ χαλεπώτεροι, παρὰ τί καὶ ἐν τίνι παραλογίζονται τὸν
ἀκούοντα, πολλάκις οἱ αὐτοὶ ἐκείνοις ὄντες· τὸν αὐτὸν γὰρ λόγον δεῖ
καλεῖν τὸν παρὰ ταὐτὸ γινόμενον. Ὁ αὐτὸς δὲ λόγος τοῖς μὲν παρὰ τὴν
λέξιν τοῖς δὲ παρὰ τὸ συμβεβηκὸς τοῖς δὲ παρ´ ἕτερον δόξειεν ἂν
εἶναι διὰ τὸ μεταφερόμενον ἕκαστον μὴ ὁμοίως εἶναι δῆλον. § 2.
Ὥσπερ οὖν
ἐν τοῖς παρὰ τὴν ὁμωνυμίαν, ὅσπερ δοκεῖ τρόπος εὐηθέστατος εἶναι τῶν
παραλογισμῶν, τὰ μὲν καὶ τοῖς τυχοῦσίν ἐστι δῆλα (καὶ γὰρ οἱ λόγοι
σχεδὸν οἱ γελοῖοι πάντες εἰσὶ παρὰ τὴν λέξιν, οἷον "Ἀνὴρ ἐφέρετο
κατὰ κλίμακος δίφρον", καὶ "Ποῖ στέλλεσθε;" "Πρὸς τὴν κεραίαν", καὶ
"Ποτέρα τῶν βοῶν ἔμπροσθεν τέξεται;" "Οὐδετέρα, ἀλλ´ ὄπισθεν ἄμφω",
καὶ "Καθαρὸς ὁ βορέας;" "Οὐ δῆτα· ἀπεκτόνηκε γὰρ τὸν πτωχὸν
κατῳνωμένον". "Ἆρ´ Εὔαρχος;" "Οὐ δῆτα, ἀλλ´ Ἀπολλωνίδης"· τὸν αὐτὸν
δὲ τρόπον καὶ τῶν ἄλλων σχεδὸν οἱ πλεῖστοι)· τὰ δὲ καὶ τοὺς
ἐμπειροτάτους φαίνεται λανθάνειν (σημεῖον δὲ τούτου ὅτι μάχονται
πολλάκις περὶ τῶν ὀνομάτων, οἷον πότερον ταὐτὸ σημαίνει κατὰ πάντων
τὸ ὂν καὶ τὸ ἕν, ἢ ἕτερον· τοῖς μὲν γὰρ δοκεῖ ταὐτὸ σημαίνειν τὸ ὂν
καὶ τὸ ἕν, οἱ δὲ τὸν Ζήνωνος λόγον καὶ Παρμενίδου λύουσι διὰ τὸ
πολλαχῶς φάναι τὸ ἓν λέγεσθαι καὶ τὸ ὄν). Ὁμοίως δὲ καὶ 〈τῶν〉 παρὰ
τὸ συμβεβηκὸς καὶ παρὰ τῶν ἄλλων ἕκαστον οἱ μὲν ἔσονται ῥᾴους ἰδεῖν
οἱ δὲ χαλεπώτεροι τῶν λόγων, καὶ λαβεῖν ἐν τίνι γένει, καὶ πότερον
ἔλεγχος ἢ οὐκ ἔλεγχος, οὐ ῥᾴδιον ὁμοίως περὶ πάντων.
§ 3.
Ἔστι δὲ δριμὺς λόγος ὅστις ἀπορεῖν ποιεῖ μάλιστα· δάκνει γὰρ οὗτος
μάλιστα. § 4. Ἀπορία δ´ ἐστὶ διττή, ἡ μὲν ἐν τοῖς συλλελογισμένοις, ὅ τι
ἀνέλῃ τις τῶν ἐρωτημάτων, ἡ δ´ ἐν τοῖς ἐριστικοῖς, πῶς εἴπῃ τις τὸ
προταθέν. Διόπερ ἐν τοῖς συλλογιστικοῖς οἱ δριμύτεροι λόγοι ζητεῖν
μᾶλλον ποιοῦσιν. § 5. Ἔστι δὲ συλλογιστικὸς μὲν λόγος δριμύτατος ἂν ἐξ
ὅτι μάλιστα δοκούντων ὅτι μάλιστα ἔνδοξον ἀναιρῇ. Εἷς γὰρ ὢν ὁ λόγος
μετατιθεμένης τῆς ἀντιφάσεως ἅπαντας ὁμοίους [183b] ἕξει τοὺς
συλλογισμούς· ἀεὶ γὰρ ἐξ ἐνδόξων ὁμοίως ἔνδοξον ἀναιρήσει [ἢ
κατασκευάσει], διόπερ ἀπορεῖν ἀναγκαῖον. Μάλιστα μὲν οὖν ὁ τοιοῦτος
δριμύς, ὁ ἐξ ἴσου τὸ συμπέρασμα ποιῶν τοῖς ἐρωτήμασι, § 6. δεύτερος δ´ ὁ
ἐξ ἁπάντων ὁμοίων· οὗτος γὰρ ὁμοίως ποιήσει ἀπορεῖν ὁποῖον τῶν
ἐρωτημάτων ἀναιρετέον. § 7. Τοῦτο δὲ χαλεπόν· ἀναιρετέον μὲν γάρ, ὅ τι δ´
ἀναιρετέον ἄδηλον. Τῶν δ´ ἐριστικῶν δριμύτατος μὲν ὁ πρῶτον εὐθὺς
ἄδηλος πότερον συλλελόγισται ἢ οὔ, καὶ πότερον παρὰ ψεῦδος ἢ
διαίρεσίν ἐστιν ἡ λύσις· § 8. δεύτερος δὲ τῶν ἄλλων ὁ δῆλος μὲν ὅτι παρὰ
διαίρεσιν ἢ ἀναίρεσίν ἐστι, μὴ φανερὸς δ´ ὢν διὰ τίνος τῶν
ἠρωτημένων ἀναίρεσιν ἢ διαίρεσιν λυτέος ἐστίν, ἢ πότερον αὕτη παρὰ
τὸ συμπέρασμα ἢ παρά τι τῶν ἐρωτημάτων ἐστίν.
§ 9.
Ἐνίοτε μὲν οὖν ὁ μὴ συλλογισθεὶς λόγος εὐήθης ἐστίν, ἐὰν ᾖ λίαν
ἄδοξα ἢ ψευδῆ τὰ λήμματα· ἐνίοτε δ´ οὐκ ἄξιος καταφρονεῖσθαι. Ὅταν
μὲν γὰρ ἐλλείπῃ τι τῶν τοιούτων ἐρωτημάτων περὶ ἃ ὁ λόγος καὶ δι´ ἅ,
[καὶ] μὴ προσλαβὼν τοῦτο καὶ μὴ συλλογισάμενος εὐήθης ὁ συλλογισμός·
ὅταν δὲ τῶν ἔξωθεν, οὐκ εὐκαταφρόνητος οὐδαμῶς, ἀλλ´ ὁ μὲν λόγος
ἐπιεικής, ὁ δ´ ἐρωτῶν ἠρώτηκεν οὐ καλῶς.
§ 10.
Ἔστι δέ, ὥσπερ λύειν ὁτὲ μὲν πρὸς τὸν λόγον ὁτὲ δὲ πρὸς τὸν ἐρωτῶντα
καὶ τὴν ἐρώτησιν ὁτὲ δὲ πρὸς οὐδέτερον τούτων—ὁμοίως καὶ ἐρωτᾶν ἔστι
καὶ συλλογίζεσθαι καὶ πρὸς τὴν θέσιν καὶ πρὸς τὸν ἀποκρινόμενον καὶ
πρὸς τὸν χρόνον, ὅταν ᾖ πλείονος χρόνου δεομένη ἡ λύσις [ἢ] τοῦ
παρόντος καιροῦ τοῦ διαλεχθῆναι πρὸς τὴν λύσιν. |
§ 1. Il faut remarquer aussi que, parmi
tous les paralogismes, il est facile pour les uns et difficile pour
les autres, de voir sur quel point et de quelle manière ils font
illusion à l'auditeur, parce qu'ils se confondent souvent les uns
avec les autres à cause de leur ressemblance. En effet il faut
appeler identique le raisonnement qui a le même point de départ, et
cette identité paraît; tenir tantôt au mot, tantôt à l'accident, et
tantôt à une autre cause encore, parce que toutes les fois qu'il y a
quelque changement, les choses ne sont plus également évidentes. §
2. C'est donc comme pour les cas d'homonymie, et c'est là, ce
semble, la source la plus ordinaire des paralogismes. Parmi ces cas,
les uns sont évidents, même aux gens les moins exercés. En effet,
presque tous les raisonnements ridicules jouent sur les mots mêmes.
Par exemple, un homme portait sur l'échelle un char. Et comment
allez-vous? À la voile. Laquelle des deux vaches mettra bas devant?
Aucune : mais toutes les deux mettront bas par derrière. Borée
est-il pur? Non, car il a tué le mendiant et le marchand. Est-ce
Evarque? Non, c'est Apollonide. Et de même pour presque tous les
autres jeux de mots. D'autres cas d'homonymie, au contraire,
échappent aux plus habiles : et la preuve, c'est que souvent ils
bataillent sur les mots. Ainsi, par exemple, l'un et l'être se
confondent-ils dans tous les cas, ou sont-ils différents? C'est
qu'en effet, pour certains philosophes, l'être et l'un semblent
exprimer tout à fait la même chose; d'autres, au contraire,
résolvent le paralogisme de Zénon et de Parménide, en prétendaut que
l'être et l'un ont plusieurs sens. Et de même pour les paralogismes
de l'accident et pour chacun des autres. Les uns seront plus faciles
à découvrir, les autres plus difficiles, et il n'est pas également
aisé pour tous de savoir dans quel genre ils sont, et s il y a ou
non réfutation véritable.
§ 3. L'argumentation la plus redoutable est celle qui soulève le
plus de doutes; car c'est celle qui gêne le plus. § 4. Le doute est
de deux sortes : ainsi, dans les raisonnements vraiment réguliers,
on ne sait quelle est celle des questions que l'on doit nier : et,
dans les discussions purement conteutieuses, on ne sait comment
exprimer la chose qu'on veut soutenir. Et voilà pourquoi, dans les
raisonnements syllogistiques, les plus embarrassants sont ceux qui
font le plus chercher. § 5. Le raisonnement syllogistique qui est le
plus embarrassant de tous, est celui par lequel on détruit ou l'on
établit l'opinion la plus probable, par les opinions les plus
probables aussi; car le raisonnement, tout en restant unique,
pourra, [183b] rien que par un déplacement de la contradiction, recevoir
toutes les mêmes conclusions. C'est qu'en effet on peut toujours,
par des propositions probables, renverser ou établir une proposition
qui n'est qu'également probable ; et c'est là ce qui cause
nécessairement le doute. Ainsi, le raisonnement le plus embarrassant
est celui où la conclusion est aussi forte que les questions. § 6.
Celui qui vient le second, à cet égard, est celui où toutes les
propositions sont égales ; car alors l'embarras est égal pour savoir
quelle est celle des questions qu'il faut attaquer. Or, il est
difficile de le savoir; on voit bien qu'il faut en détruire une;
mais laquelle? c'est ce qu'on ignore. § 7. Parmi les raisonnements
contentieux, le plus embarrassant, c'est celui dont on ne sait
d'abord s'il conclut ou ne conclut pas, et si la solution doit en
être cherchée dans la proposition fausse ou dans la division. § 8.
Le second, en difficulté, est celui dont on voit bien qu'il doit
être résolu par la division ou la négation, mais dont on ne sait sur
quelle proposition on doit faire porter la négation ou la division
pour le résoudre, la solution pouvant se rapporter également à la
conclusion ou à l'une des questions.
§ 9. Quelquefois aussi le raisonnement
qui ne conclut pas ne mérite aucune attention, si les données sont
par trop improbables, ou si elles sont fausses. Quelquefois,
cependant, il n'est pas digne de ce mépris. En effet, lorsqu'une de
ces questions vient à être oubliée, sur laquelle et par laquelle le
raisonnement s'établit, et que, négligeant de l'ajouter, on ne peut
arriver à conclure, c'est alors que le syllogisme est parfaitement
vain. Mais quand c'est par des motifs tout extérieurs qu'il ne
conclut pas, il n'est pas du tout à mépriser ; car le raisonnement
est bon, mais c'est celui qui interroge qui n'a pas bien interrogé.
§ 10. De même que l'on peut trouver la solution en s'en prenant
tantôt au raisonnement, tantôt à celui qui questionne, tantôt à la
question, et tantôt à toute autre autre chose; de même aussi, on
peut interroger et conclure en s'en prenant à la thèse, ou à celui
qui répond, ou même au temps, quand la solution exigerait plus de
temps que l'on n'en peut donner pour discuter actuellement la
solution présentée.
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§ 1. Un char, Le mot grec signifie à
la fois escabeau et char à deux roues. Je n'ai pu trouver de mot
équivoque en français. Pour réquivoque suivante, le français s'y
prête comme le grec.
— Devant, Le mot grec signifie également : par
devant et auparavant.
— Pur, Le mot grec signifie à la fois : pur,
sain, et innocent de meurtre.
— Evarque, signifie qui conduit bien les
affaires: Apollonide, au contraire, signifie qui perd les
affaires.
— Le paralogisme de Zénon et de Parménide, Arislote
l'a
combattu tout au long, Physique, liv. 1, ch. 3, édition de Berlin,
p. 186, a, 4. Seulement il y remplace Zénon par Mélissus.
§ 5. Par lequel on détruit ou l'on
établit, L'édition de Berlin, sans citer d'autorité, supprime
l'aiternalive que donnent les éditions ordinaires, et qu'il me
semble indispensable de conserver.
§ 7. Ou dans la division, Voir chap.
4, § 1 et 7 sur la division.
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TROISIÈME SECTION.
RÉSUMÉ GÉNÉRAL DE LA LOGIQUE.
CHAPITRE XXXIV.
Résumé du traité des réfutations des
sophistes. — Résumé général de toute la logique.
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§ 1. Ἐκ πόσων μὲν οὖν καὶ ποίων γίνονται τοῖς διαλεγομένοις οἱ
παραλογισμοί, καὶ πῶς δείξομέν τε ψευδόμενον καὶ παράδοξα λέγειν
ποιήσομεν, ἔτι δ´ ἐκ τίνων συμβαίνει ὁ συλλογισμός, καὶ πῶς
ἐρωτητέον καὶ τίς ἡ τάξις τῶν ἐρωτημάτων, ἔτι δὲ πρὸς τί χρήσιμοι
πάντες εἰσὶν οἱ τοιοῦτοι λόγοι, καὶ περὶ ἀποκρίσεως ἁπλῶς τε πάσης
καὶ πῶς λυτέον τοὺς λόγους καὶ τοὺς συλλογισμούς, εἰρήσθω περὶ
ἁπάντων ἡμῖν ταῦτα. § 2. Λοιπὸν δὲ περὶ τῆς ἐξ ἀρχῆς προθέσεως
ἀναμνήσασιν εἰπεῖν τι βραχὺ περὶ αὐτῆς καὶ τέλος ἐπιθεῖναι τοῖς
εἰρημένοις.
§ 3.
Προειλόμεθα μὲν οὖν εὑρεῖν δύναμίν τινα συλλογιστικὴν περὶ τοῦ
προβληθέντος ἐκ τῶν ὑπαρχόντων ὡς ἐνδοξοτάτων· τοῦτο γὰρ ἔργον ἐστὶ
τῆς διαλεκτικῆς καθ´ αὑτὴν καὶ τῆς [184a] πειραστικῆς. Ἐπεὶ δὲ
προκατασκευαστέον πρὸς αὐτὴν διὰ τὴν τῆς σοφιστικῆς γειτνίασιν, ὥστ´
οὐ μόνον πεῖραν δύνασθαι λαβεῖν διαλεκτικῶς ἀλλὰ καὶ ὡς εἰδώς, διὰ
τοῦτο οὐ μόνον τὸ λεχθὲν ἔργον ὑπεθέμεθα τῆς πραγματείας, τὸ λόγον
δύνασθαι λαβεῖν, ἀλλὰ καὶ ὅπως λόγον ὑπέχοντες φυλάξομεν τὴν θέσιν
ὡς δι´ ἐνδοξοτάτων ὁμοτρόπως. Τὴν δ´ αἰτίαν εἰρήκαμεν τούτου, ἐπεὶ
καὶ διὰ τοῦτο Σωκράτης ἠρώτα ἀλλ´ οὐκ ἀπεκρίνετο· ὡμολόγει γὰρ οὐκ
εἰδέναι. § 4. Δεδήλωται δ´ ἐν τοῖς πρότερον καὶ πρὸς πόσα καὶ ἐκ πόσων
τοῦτο ἔσται, καὶ πόθεν εὐπορήσομεν τούτων, ἔτι δὲ πῶς ἐρωτητέον καὶ
τακτέον τὴν ἐρώτησιν πᾶσαν, καὶ περί τε ἀποκρίσεων καὶ λύσεων τῶν
πρὸς τοὺς συλλογισμούς. Δεδήλωται δὲ καὶ περὶ τῶν ἄλλων ὅσα τῆς
αὐτῆς μεθόδου τῶν λόγων ἐστίν. Πρὸς δὲ τούτοις περὶ τῶν παραλογισμῶν
διεληλύθαμεν, ὥσπερ εἰρήκαμεν ἤδη πρότερον. Ὅτι μὲν οὖν ἔχει τέλος
ἱκανῶς ἃ προειλόμεθα, φανερόν·
§ 5. δεῖ δ´ ἡμᾶς μὴ λεληθέναι τὸ
συμβεβηκὸς περὶ ταύτην τὴν πραγματείαν. § 6. Τῶν γὰρ εὑρισκομένων ἁπάντων
τὰ μὲν παρ´ ἑτέρων ληφθέντα πρότερον πεπονημένα κατὰ μέρος
ἐπιδέδωκεν ὑπὸ τῶν παραλαβόντων ὕστερον, τὰ δ´ ἐξ ὑπαρχῆς
εὑρισκόμενα μικρὰν τὸ πρῶτον ἐπίδοσιν λαμβάνειν εἴωθε, χρησιμωτέραν
μέντοι πολλῷ τῆς ὕστερον ἐκ τούτων αὐξήσεως· μέγιστον γὰρ ἴσως ἀρχὴ
παντός, ὥσπερ λέγεται. Διὸ καὶ χαλεπώτατον· ὅσῳ γὰρ κράτιστον τῇ
δυνάμει, τοσούτῳ μικρότατον ὂν τῷ μεγέθει χαλεπώτατόν ἐστιν ὀφθῆναι.
Ταύτης δ´ εὑρημένης ῥᾷον τὸ προστιθέναι καὶ συναύξειν τὸ λοιπόν
ἐστιν· ὅπερ καὶ περὶ τοὺς ῥητορικοὺς λόγους συμβέβηκε, σχεδὸν δὲ καὶ
περὶ τὰς ἄλλας ἁπάσας τέχνας. Οἱ μὲν γὰρ τὰς ἀρχὰς εὑρόντες παντελῶς
ἐπὶ μικρόν τι προήγαγον· οἱ δὲ νῦν εὐδοκιμοῦντες, παραλαβόντες παρὰ
πολλῶν οἷον ἐκ διαδοχῆς κατὰ μέρος προαγαγόντων, οὕτως ηὐξήκασι,
Τεισίας μὲν μετὰ τοὺς πρώτους, Θρασύμαχος δὲ μετὰ Τεισίαν, Θεόδωρος
δὲ μετὰ τοῦτον, καὶ πολλοὶ πολλὰ συνενηνόχασι μέρη· διόπερ οὐδὲν
θαυμαστὸν ἔχειν τι πλῆθος τὴν τέχνην. § 7. Ταύτης δὲ τῆς πραγματείας οὐ
τὸ μὲν ἦν τὸ δ´ οὐκ ἦν προεξειργασμένον, ἀλλ´ οὐδὲν παντελῶς
ὑπῆρχεν. § 8. Καὶ γὰρ τῶν περὶ τοὺς ἐριστικοὺς λόγους μισθαρνούντων ὁμοία
τις ἦν ἡ παίδευσις τῇ Γοργίου πραγματείᾳ· λόγους γὰρ οἱ μὲν
ῥητορικοὺς οἱ δὲ ἐρωτητικοὺς ἐδίδοσαν ἐκμανθάνειν, εἰς οὓς
πλειστάκις ἐμπίπτειν ᾠήθησαν [184b] ἑκάτεροι τοὺς ἀλλήλων λόγους.
Διόπερ ταχεῖα μὲν ἄτεχνος δ´ ἦν ἡ διδασκαλία τοῖς μανθάνουσι παρ´
αὐτῶν· οὐ γὰρ τέχνην ἀλλὰ τὰ ἀπὸ τῆς τέχνης διδόντες παιδεύειν
ὑπελάμβανον, ὥσπερ ἂν εἴ τις, ἐπιστήμην φάσκων παραδώσειν ἐπὶ τὸ
μηδὲν πονεῖν τοὺς πόδας, εἶτα σκυτοτομικὴν μὲν μὴ διδάσκοι μηδ´ ὅθεν
δυνήσεται πορίζεσθαι τὰ τοιαῦτα, δοίη δὲ πολλὰ γένη παντοδαπῶν
ὑποδημάτων· οὗτος γὰρ βεβοήθηκε μὲν πρὸς τὴν χρείαν, τέχνην δ´ οὐ
παρέδωκεν.
§ 9. Καὶ περὶ μὲν τῶν ῥητορικῶν ὑπῆρχε πολλὰ καὶ παλαιὰ τὰ [185a]
λεγόμενα, περὶ δὲ τοῦ συλλογίζεσθαι παντελῶς οὐδὲν εἴχομεν πρότερον
λέγειν ἢ τριβῇ ζητοῦντες πολὺν χρόνον ἐπονοῦμεν. Εἰ δὲ φαίνεται
θεασαμένοις ὑμῖν, ὡς ἐκ τοιούτων ἐξ ἀρχῆς ὑπαρχόντων, ἔχειν ἡ
μέθοδος ἱκανῶς παρὰ τὰς ἄλλας πραγματείας τὰς ἐκ παραδόσεως
ηὐξημένας, λοιπὸν ἂν εἴη πάντων ὑμῶν [ἢ] τῶν ἠκροαμένων ἔργον τοῖς
μὲν παραλελειμμένοις τῆς μεθόδου συγγνώμην τοῖς δ´ εὑρημένοις πολλὴν
ἔχειν χάριν.
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§. 1. De combien de manières et de
quelles manières se produisent, dans les discussions, les
paralogismes ; quels sont les moyens de montrer que l'adversaire se
trompe et de l'amener à faire des paradoxes; comment, en outre, se
forme le syllogisme (solécisme); comment il faut interroger ; quel
est l'ordre à mettre dans les questions; quelle est l'utilité de
toutes ces recherches ; quelles sont les règles de toute réponse en
général; enfin, comment il faut résoudre les raisonnements et les
syllogismes, toutes ces questions doivent être suffisamment
éclaircies par ce qui précède. § 2. Il ne nous reste plus, après
avoir rappelé l'objet que nous nous proposions au début, qu'à le
résumer en peu de mots, et à mettre fin ainsi, à tout ce que nous
avons dit.
§ 3. Nous nous étions donc proposé de trouver un procédé
syllogistique pour traiter un sujet donné en partant des
propositions les plus probables. C'est là, en effet, l'œuvre de la
dialectique proprement dite, et de celle qui n'a en vue qu'un simple
essai [184a] des forces de l'adversaire. Mais comme on demande à la
dialectique, à cause du voisinage même de la sophistique, de nous
apprendre, non seulement à tenter les risques de la discussion d'une
manière purement dialectique, mais encore comme si nous possédions
vraiment la science, c'est là ce qui fait que nous avons donné pour
but à ce traité, non pas seulement de nous mettre en état de pouvoir
contrôler un raisonnement, mais encore, lorsque c'est nous qui
soutenons un raisonnement, de pouvoir défendre tout aussi bien la
thèse que nous adoptons par les arguments les plus probables
possible. Nous en avons dit le motif: et c'est celui qui fait que
Socrate interrogeait toujours sans jamais répondre, précisément
parce qu'il affirmait ne rien savoir. § 4. Il a été expliqué dans
les traités antérieurs à combien de questions s'appliquera cette
méthode, de combien d'éléments et de quels éléments elle se forme,
et par quels procédés nous pourrons toujours avoir des arguments.
Nous avons aussi tracé les règles de toute interrogation et l'ordre
qu'on doit y suivre; nous avons parlé des réponses et des solutions
applicables aux diverses conclusions; nous avons enfin traité de
toutes les autres choses qui font partie de cette même méthode des
discussions. De plus, nous avons étudié les paralogismes, ainsi que
nous l'avons déjà dit. Il est donc clair que les recherches que nous
nous étions imposées, peuvent trouver ici convenablement leur fin.
§ 5. Mais il faut aussi que nous nous rendions bien compte du vrai
caractère de cette étude. § 6. Parmi toutes les découvertes, les
unes reçues de mains étrangères, et antérieurement élaborées, ont
prospéré dans quelques parties par les soins de ceux qui les ont
ensuite reçues. D'autres, au contraire, trouvées dès le principe,
n'ont pris ordinairement au début qu'un accroissement très
faible,
mais cependant beaucoup plus utile que tout le développement qui
devait en sortir plus tard. La chose capitale, peut-être en tout,
c'est le commencement , comme on dit, mais c'est aussi la plus
difficile; plus la découverte a de valeur, plus il est malaisé de la
faire, quand l'objet échappe à l'observation par sa petitesse même.
Le germe une fois trouvé, il est bien plus facile d'y ajouter et d'y
réunir le reste : c'est là précisément ce qui est arrivé pour
l'étude de la rhétorique et pour presque toutes les autres sciences.
Ceux qui ont découvert les éléments n'ont absolument fait d'abord
que quelques faibles pas. Mais ceux qui, aujourd'hui, ont tant de
réputation, recevant la science comme un héritage accru petit à
petit par tant de labeurs, l'ont portée au point élevé où nous la
voyons: Tisias après les premiers inventeurs, Thrasymaque après
Tisias, Théodore après celui-ci, et tant d'autres, ont cultivé
toutes les parties de la rhétorique. Aussi, n'y a-t-il point du tout
à s'étonner que la science ait acquis tant de perfection. § 7. Mais
pour la présente étude, on ne peut pas dire que telle partie eût été
travaillée, et que telle autre n'eût point été travaillée;
antérieurement, il n'y avait absolument rien. § 8. Les gens, en
effet, qui se faisaient payer pour enseigner l'art de la dispute,
n'avaient qu'un enseignement pareil à la méthode de Gorgias.
Ils
donnaient à apprendre, les uns, des discours de rhétorique, les
autres, des séries de questions renfermant, selon eux, les sujets
sur lesquels retombent le plus habituellement [184b] les arguments des deux
interlocuteurs. Aussi l'apprentissage était-il avec eux très
rapide,
mais aussi très grossier. Enseignant, non pas l'art, mais les
résultats de l'art, ils s'imaginaient montrer quelque chose. C'est
comme si quelqu'un qui se prétendrait capable de montrer
scientifiquement à n' avoir pas mal aux pieds, enseignait, non pas à
faire des chaussures, non pas même à savoir s'en procurer de bonnes,
mais se bornait à indiquer toutes les espèces de chaussures
diverses. Ce serait là, certainement, donner des notions fort utiles
pour la pratique, mais ce ne serait pas du tout enseigner un art.
§ 9. Ainsi donc, pour la rhétorique, il y avait des travaux nombreux
et [185a] anciens. Pour la science du raisonnement, au contraire, nous
n'avions rien absolument d'antérieur à citer; mais nos pénibles
recherches nous ont coûté bien du temps et bien des peines. § 10. Si
donc il vous paraît, après avoir examiné nos travaux, que cette
science dénuée de tous antécédents analogues, n'est pas trop
inférieure aux autres sciences qu'ont accrues de successifs labeurs,
il ne vous restera plus, à vous tous, c'est-à-dire, à tous ceux qui
ont suivi ces leçons, qu'à montrer de l'indulgence pour les lacunes
de cet ouvrage, et de la reconnaissance pour toutes les découvertes
qui y ont été faites. |
Ce dernier chapitre de l'Organon est de la plus haute importance
pour l'histoire de la Logique. J'ai essayé de le faire sentir
ailleurs, Voir mon mémoire sur la Logique, tom. 1, p. 442.
§ 1. De combien de manières, Ceci a été exposé du chap. 1 jusqu'au
chap. 12.
— Et de ramener à faire des paradoxes, Ceci a été traité,
ch. 12.
— Comment en outre se forme le syllogisme, Pacius pense avec
grande raison qu'il faut lire : solécisme au lieu de syllogisme,
sujet traité au ch. 14, l'auteur omettant ici le chap. 13 où il
s'agit de la tautologie; mais ce changement qui est indispensable
n'étant autorisé par aucun manuscrit, je n'ai pas cru devoir le
faire.
-- Comme il faut interroger, quel est
l'ordre, Ceci a été traité,
ch. 15.
— Enfin comment il faut résoudre les raisonnements, C'est ce
qui a été traité du chap. 15 jusqu'à celui-ci. Tout ce paragraphe
est donc un résumé complet du traité des Réfutations.
§ 2. Au début, De la dialectique,
comme le prouve le paragraphe suivant Le traité des Réfutations,
tient à celui des Topiques comme le montre son commencement même.
§ 3. En partant des propositions les plus probables, Voir
le début
des Topiques, liv. 1, ch. 1, § 1.
§ 3. Nous en avons dit le motif, Voir plus haut, ch. 1,
§ 6.
§ 4. Dans les traités antérieurs, les
Topiques.
— A combien de questions s'appliquera cette méthode, A
quatre : la définition, le genre, le propre et l'accident. Voir les
Topiques, liv. 1, ch. 4, ch. 5 et ch. 8.
— Par quels procédés, Ce
sont les lieux communs eux-mêmes exposés dans les livres, 2, 3, 4,
5,6 et 7.
— Tracé les règles de toute interrogation, C'est l'objet
du liv. 8 des Topiques jusqu'au ch. 4.
— Des réponses, Cest l'objet
du ch. 4 à 14 du livre 8 des Topiques.
— Des solutions, Il ne s'agit
point ici du traité des Réfutations comme on pourrait le croire,
mais du ch. 3, du 8e livre des Topiques.
— Nous avons enfin traité
de toutes les autres choses, De l'exercice de la dialectique par
exemple, ch. 14, liv. 8 des Topiques, et de quelques autres
questions au début même des Topiques.
— De plus nous avons étudié les
paralogismes. Dans le traité même des Réfutations des
Sophistes.
— Ainsi que nous l'avons déjà dit, Au début de ce chapitre.
— Les recherches que nous nous étions imposées, En commençant la
dialectique.
§ 6. Pour l'étude de la rhétorique, Pacius et Sylburge disent : De la
politique. L'édition de Berlin donne aussi cette leçon dans les
variantes. J'ai préféré l'autre ; mais ici il n'y a presque aucune
différence : la politique et la rhétorique étaient confondues dans
ces temps reculés. On peut le voir par le Gorgias. Cela tenait à
toutes les institutions politiques de la Grèce.
§ 7. Mais pour la présente étude, Il
faut entendre ici surtout la dialectique. Plus bas,§ 9, il parlera de toute la Logique.
§ 8. Les gens qui se faisaient payer, Les Sophistes. Voir dans Platon, le
Protagoras, le Gorgias,
etc.
— Ils donnaient à apprendre, Voir l'Euthydème de Platon, p.
370, trad. de M. Cousin.
§ 9. Pour la science du raisonnement au contraire, Il s'agit donc
ici de toute la logique et avec grande raison, car les Analytiques
Premiers et Derniers , l'Hermenéia, les Catégories, étaient choses
encore bien plus neuves que la Dialectique, ou Topiques et les
Réfutations des Sophistes.
§ 10. Analogues, A ceux qu'avaient les autres sciences.
— A tous ceux
qui ont suivi ces leçons, C'est le sens exact du mot grec. Ceci
indiquerait évidemment que l'Organon a été rédigé pour les élèves
d'Aristote, et l'on comprendrait mieux alors comment le style en est
toujours si concis, et le plus souvent même axiômatique. Le maître
l'expliquait aux disciples.
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