Aristote : Physique

ARISTOTE

PHYSIQUE.

TOME DEUX : LIVRE V : DU MOUVEMENT. CHAPITRE Ι
 

Traduction française : BARTHÉLÉMY SAINT-HILAIRE.

livre IV chapitre XX - livre 5 chapitre II

paraphrase du livre V

 

 

 

 

LEÇONS DE PHYSIQUE

 

LIVRE V.

 

DU MOUVEMENT.

 

 

 

 

 

CHAPITRE PREMIER.

Théorie générale du mouvement; espèces diverses du changement confondu avec le mouvement; mouvement indirect et accidentel; mouvement partiel, et mouvement en soi et total. Ces distinctions s'appliquent au moteur comme au mobile. - Le changement ne peut être séparé du mouvement; changement par accident; changement partiel; changement en soi. Mouvement à partir du centre vers les extrêmes, qui sont contraires entr'eux, comme le milieu est contraire à l'un et à l'autre tout ensemble.
 

1 Μεταβάλλει δὲ τὸ μεταβάλλον πᾶν τὸ μὲν κατὰ συμβεβηκός, οἷον ὅταν λέγωμεν τὸ μουσικὸν βαδίζειν, ὅτι ᾧ συμβέβηκεν μουσικῷ εἶναι, τοῦτο βαδίζει· τὸ δὲ τῷ τούτου τι μεταβάλλειν ἁπλῶς λέγεται μεταβάλλειν, οἷον ὅσα λέγεται κατὰ μέρη (ὑγιάζεται γὰρ τὸ σῶμα, ὅτι ὁ ὀφθαλμὸς ἢ ὁ θώραξ, ταῦτα δὲ μέρη τοῦ ὅλου σώματος)· ἔστι δέ τι ὃ οὔτε κατὰ συμβεβηκὸς κινεῖται οὔτε τῷ ἄλλο τι τῶν αὐτοῦ, ἀλλὰ τῷ αὐτὸ κινεῖσθαι πρῶτον. 2 Καὶ τοῦτ' ἔστι τὸ καθ' αὑτὸ κινητόν, κατ' ἄλλην δὲ κίνησιν ἕτερον, οἷον ἀλλοιωτόν, καὶ ἀλλοιώσεως ὑγιαντὸν ἢ θερμαντὸν ἕτερον.

3  στι δὲ καὶ ἐπὶ τοῦ κινοῦντος ὡσαύτως· τὸ μὲν γὰρ κατὰ συμβεβηκὸς κινεῖ, τὸ δὲ κατὰ μέρος τῷ τῶν τούτου τι, τὸ δὲ καθ' αὑτὸ πρῶτον, οἷον ὁ μὲν ἰατρὸς ἰᾶται, ἡ δὲ χεὶρ πλήττει.

4 πεὶ δ' ἔστι μέν τι τὸ κινοῦν πρῶτον, ἔστι δέ τι τὸ κινούμενον, ἔτι ἐν ᾧ, ὁ χρόνος, καὶ παρὰ ταῦτα ἐξ οὗ καὶ εἰς [224b] ὅ ‑ πᾶσα γὰρ κίνησις ἔκ τινος καὶ εἴς τι· ἕτερον γὰρ τὸ πρῶτον κινούμενον καὶ εἰς ὃ κινεῖται καὶ ἐξ οὗ, οἷον τὸ ξύλον καὶ τὸ θερμὸν καὶ τὸ ψυχρόν· τούτων δὲ τὸ μὲν ὅ, τὸ δ' εἰς ὅ, τὸ δ' ἐξ οὗ ‑ ἡ δὴ κίνησις δῆλον ὅτι ἐν τῷ ξύλῳ, οὐκ ἐν τῷ εἴδει· οὔτε γὰρ κινεῖ οὔτε κινεῖται τὸ εἶδος ἢ ὁ τόπος ἢ τὸ τοσόνδε, ἀλλ' ἔστι κινοῦν καὶ κινούμενον καὶ εἰς ὃ κινεῖται. Μᾶλλον γὰρ εἰς ὃ ἢ ἐξ οὗ κινεῖται ὀνομάζεται ἡ μεταβολή. Διὸ καὶ ἡ φθορὰ εἰς τὸ μὴ ὂν μεταβολή ἐστιν· καίτοι καὶ ἐξ ὄντος μεταβάλλει τὸ φθειρόμενον· καὶ ἡ γένεσις εἰς ὄν, καίτοι καὶ ἐκ μὴ ὄντος. 5 Τί μὲν οὖν ἐστιν ἡ κίνησις, εἴρηται πρότερον· 6 τὰ δὲ εἴδη καὶ τὰ πάθη καὶ ὁ τόπος, εἰς ἃ κινοῦνται τὰ κινούμενα, ἀκίνητά ἐστιν, οἷον ἡ ἐπιστήμη καὶ ἡ θερμότης. 7 Καίτοι ἀπορήσειεν ἄν τις, εἰ τὰ πάθη κινήσεις, ἡ δὲ λευκότης πάθος· ἔσται γὰρ εἰς κίνησιν μεταβολή. 8 λλ' ἴσως οὐχ ἡ λευκότης κίνησις, ἀλλ' ἡ λεύκανσις. 9 στιν δὲ καὶ ἐν ἐκείνοις καὶ τὸ κατὰ συμβεβηκὸς καὶ τὸ κατὰ μέρος καὶ [τὸ] κατ' ἄλλο καὶ τὸ πρώτως καὶ μὴ κατ' ἄλλο, οἷον τὸ λευκαινόμενον εἰς μὲν τὸ νοούμενον μεταβάλλει κατὰ συμβεβηκός (τῷ γὰρ χρώματι συμβέβηκε νοεῖσθαι), εἰς δὲ χρῶμα ὅτι μέρος τὸ λευκὸν τοῦ χρώματος (καὶ εἰς τὴν Εὐρώπην ὅτι μέρος αἱ Ἀθῆναι τῆς Εὐρώπης), εἰς δὲ τὸ λευκὸν χρῶμα καθ' αὑτό.

10 Πῶς μὲν οὖν καθ' αὑτὸ κινεῖται καὶ πῶς κατὰ συμβεβηκός, καὶ πῶς κατ' ἄλλο τι καὶ πῶς τῷ αὐτὸ πρῶτον, καὶ ἐπὶ κινοῦντος καὶ ἐπὶ κινουμένου, δῆλον, καὶ ὅτι ἡ κίνησις οὐκ ἐν τῷ εἴδει ἀλλ' ἐν τῷ κινουμένῳ καὶ κινητῷ κατ' ἐνέργειαν. 11 μὲν οὖν κατὰ συμβεβηκὸς μεταβολὴ ἀφείσθω· ἐν ἅπασί τε γάρ ἐστι καὶ αἰεὶ καὶ πάντων· ἡ δὲ μὴ κατὰ συμβεβηκὸς οὐκ ἐν ἅπασιν, ἀλλ' ἐν τοῖς ἐναντίοις καὶ τοῖς μεταξὺ καὶ ἐν ἀντιφάσει· τούτου δὲ πίστις ἐκ τῆς ἐπαγωγῆς. 12 κ δὲ τοῦ μεταξὺ μεταβάλλει· χρῆται γὰρ αὐτῷ ὡς ἐναντίῳ ὄντι πρὸς ἑκάτερον· ἔστι γάρ πως τὸ μεταξὺ τὰ ἄκρα. Διὸ καὶ τοῦτο πρὸς ἐκεῖνα κἀκεῖνα πρὸς τοῦτο λέγεταί πως ἐναντία, οἷον ἡ μέση ὀξεῖα πρὸς τὴν ὑπάτην καὶ βαρεῖα πρὸς τὴν νητήν, καὶ τὸ φαιὸν λευκὸν πρὸς τὸ μέλαν καὶ μέλαν πρὸς τὸ λευκόν.

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 § 1. Tout ce qui change vient à changer, soit par accident, comme, par exemple, lorsqu'on dit que le musicien marche, parce que l'être pour lequel c'est un accident d'être musicien se met à marcher ; soit quand on dit d'une manière absolue qu'une chose change, parce qu'une partie de cette chose vient à changer, comme cela se dit de toutes les choses dont le changement n'est considéré que dans leurs parties; ainsi on dit que le corps de quelqu'un se guérit, parce que l'œil, ou la poitrine se guérissent, quoique ces organes ne soient que des parties du corps entier. Enfin, dans un dernier et troisième sens, on dit d'une chose qu'elle se meut, non plus parce qu'elle se meut par accident, ni parce que quelqu'une de ses parties est eu mouvement, niais parce qu'elle se meut primitivement elle-même, et c'est là ce qu'est le mobile en soi. § 2. Mais dans chaque espèce de mouvement, le mobile en soi est différent : par exemple, un être qui s'altère ; et dans le mouvement même de l'altération, l'être devient différent, selon qu'il se guérit on qu'il s'échauffe.

§ 3. Du reste ces distinctions sont tout à fait les mêmes pour le moteur. Ainsi ou le moteur meut accidentellement; ou il meut partiellement, parce qu'une de ses parties peut créer le mouvement; ou bien enfin, il ment en soi primitivement; par exemple, le médecin guérit, et la main frappe.

§ 4. Il y a donc ici plusieurs termes à considérer : d'abord le moteur initial ; puis le mobile, ou l'objet mu ; en troisième lien, le temps dans lequel le mouvement se fait ; enfin, outre ces trois termes, il y a encore le point d'où l'on part, et celui [224b] où l'on arrive; car tout mouvement part d'un certain point pour arriver à un autre point; et l'on doit distinguer comme très différents et le premier mobile, et le point vers lequel ce mobile cet poussé par le mouvement, et le point d'où il est parti. Soient, par exemple, le bois, le chaud et le froid. De ces trois ternies, l'un désigne l'objet, l'antre désigne l'état où il tend, et le dernier l'état d'où il part. C'est évidemment dans le bois qu'est le mouvement, et non point dans sa forme; car la forme ne donne ni ne reçoit le mouvement, non plus que le lieu ou la quantité ne le reçoivent ni ne le donnent. Mais il y a là un moteur, un mobile et un état vers lequel le mobile est mu; or, c'est l'état vers lequel tend le mouvement qui décide du nom donné au changement bien plutôt que l'état d'où le mouvement est parti. Voilà comment la destruction des choses est leur changement en non-être, bien que la chose détruite ne puisse changer qu'en venant de l'Etre; et la génération est un changement vers l'être, bien que ce soit du non-être qu'elle parte. § 5. On se rappelle que nous avons défini plus haut la nature du mouvement. § 6. Quant aux formes, aux affections et au lieu vers lequel se meuvent toutes les choses qui se meuvent, ils sont immobiles, comme, par exemple, la science ou la chaleur. § 7. Toutefois on peut se poser cette question : Si les affections des choses sont des mouvements, et si la blancheur est une affection, il pourrait donc y avoir un changement qui tendrait au mouvement. § 8. A cela il faut peut-être répondre que ce n'est pas la blancheur elle-même qui est un mouvement, mais que c'est le blanchissement. § 9. Mais ici encore on peut distinguer comme tout à l'heure et le mouvement par accident, et le mouvement d'une partie, c'est-à-dire le mouvement relatif à un autre, et le mouvement primitif qui n'a point un autre pour objet. Soit, par exemple, une chose qui devient blanche. Elle ne change qu'accidentellement en ce qu'on pense ; car, pour la couleur, c'est un pur accident d'être pensée ; elle change en une couleur; car le blanc est une partie de la couleur; elle change en étant en Europe; car Athènes où elle est fait partie de l'Europe; mais en soi, elle change en couleur blanche.

§ 10. Ainsi, l'on voit comment une chose se meut en soi, comment elle se meut par accident, et comment elle se meut et change par une de ses parties. On voit aussi ce qu'on doit entendre par primitif, soit pour le moteur soit pour le mobile. On voit enfin que le mouvement n'est pas dans la forme, et qu'il est dans le corps qui est mu, c'est-à-dire le mobile en acte. § 11. Nous laissons de côté le changement qui est accidentel ; car ce changement peut être en toutes choses, être toujours et s'appliquer à tout. Mais le changement qui n'est point accidentel, loin d'être en tout, n'est que dans les contraires, dans les intermédiaires et dans les contradictoires, comme l'induction pourrait nous le démontrer. § 12. Le changement peut avoir lieu en partant de l'intermédiaire, parce que le moyen terme est une sorte de contraire; car le changement s'applique à ce milieu, comme étant contraire à l'un et à l'autre extrême. Le milieu est, en quelque sorte, les deux extrêmes à la fois; et voilà comment on peut dire que le milieu est un contraire relativement aux extrêmes, et que les extrêmes sont des contraires relativement à lui. Par exemple, la note médiale est grave par rapport à la haute; et aiguë, par rapport à la basse; le gris est blanc par rapport au noir, et noir par rapport au blanc.

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Ch. 1. II faut remarquer que ce premier chapitre du Livre V se lie au précédent par une particule adversative, qui fait en quelque sorte une phrase unique de celle qui termine le IVe Livre, et de celle qui commence celui-ci. Ce n'est pas là une preuve bien forte que le Ve Livre soit la suite régulière des autres ; mais ce qui le démontre péremptoirement, c'est que toutes les théories antérieures n'ont été présentées que comme des préliminaires à la théorie du mouvement. Sans cette dernière, la Physique serait complètement mutilée; et elle n'aurait aucun sens. Ainsi le Ve Livre tient aux autres par les rapports les plus étroits et les plus évidents. Voir plus haut, Livre III, ch. 1, § 1; et aussi la Dissertation préliminaire sur la composition de la Physique. Ce premier chapitre sur le mouvement se trouve analysé et parfois textuellement reproduit dans la Métaphysique, Livre XI, ch. 44, p. 1067, édit. de Berlin.

§ 1. Tout te qui change, le changement se confondant toujours avec le mouvement; voir plus haut, Livre IV, ch. 15, § 7.

 - Soit par accident, ou indirectement. - Le musicien marche, c'est accidentellement ou indirectement qu'on dit du musicien qu'il marche; car ce n'est pas parce qu'il est musicien qu'il marche, et en tant que musicien il ne fait que de la musique.

- C'est un accident, ou un attribut.

 - D'une manière absolue, et sans mettre aucune limite ni réserve. Ainsi, on dit de quelqu'un qu'il est guéri, parce qu'une simple partie de lui-même, son œil, sa poitrine sont guéris de l'affection qui les affligeait; c'est qu'on prend alors la partie pour le tout; et dans ce sens le changement n'est que partiel, au lieu d'être total. Le mouvement ainsi compris est encore en quelque sorte accidentel.

- Dans un troisième et dernier sens, le texte n'est pas aussi formel.

 - Parce qu'elle se meut primitivement elle-même, c'est-à-dire dans sa totalité, et en ne puisant son mouvement qu'en elle seule.

 - Mobile en soi, c'est-à-dire ce qui est mu en soi et pour soi, sans aucun rapport à ses attributs ou à ses parties.

§ 2. Dans chaque espèce de mouvement, voir les Catégories, ch. 16, p. 128 de ma traduction.

- Un être qui s'altère, l'altération est le mouvement dans la qualité; l'être change de qualité et d'attributs sans changer de place et de quantité; ainsi, un corps qui est noir devient blanc; il s'altère ainsi et devient autre; c'est un mouvement sur place et en soi, puisque c'est l'être qui change d'un état à un autre état.

- Et dans le mouvement de l'altération, le texte n'est pas aussi précis. - Devient différent, en passant d'un état à un état différent.

- Se guérit ou qu'il s'échauffe, ces deux mouvements sont des mouvements de simple altération. De malade l'être redevient sain; et du froid, il passe à la chaleur.

§ 3. Ces distinctions, le texte n'est pas aussi formel.

- Les mêmes pour le moteur, que pour le mobile, dont on vient de parler; c'est-à-dire qu'on distingue le moteur par accident, le moteur dans une de ses parties, et enfin le moteur en soi.

- Accidentellement.., partiellement... primitivement, distinctions pareilles à celles du § 9. Ces distinctions peuvent paraître trop subtiles, quoiqu'elles soient exactes.

- Le médecin guérit, ce n'est pas l'homme qui en soi guérit; mais c’est le médecin seul, puisque c'est en tant que médecin qu'il guérit la maladie qu'il soigne comme tel.

- Et la main frappe, cet exemple n'est peut-être pas assez clair; car la main est bien la partie qui frappe directement, quand quelqu'un porte en coup à un autre; mais la main n'a pas de mouvement propre, et elle obéit à une impulsion qui ne vient pas d'elle.

§ 4. Plusieurs termes à considérer, le texte n'est pas aussi explicite.

 - Le moteur initial, le principe même du mouvement, la première cause de tout le mouvement, quelles qu'en soient les conséquences diverses.

- Ou l'objet mu, j'ai ajouté cette paraphrase.

- En troisième lieu, le texte n'est pas aussi formel.

- Le mouvement se fait, j'ai ajouté ces mots. - Ces trois termes, même observation.

- Le point ou l'état.

 - D'un certain point, ou D'un certain état.

- Et le premier mobile, c'est-à-dire le mobile qui est le premier à recevoir le mouvement.

- Ce mobile est poussé par le mouvement, le texte est moins explicite, et les formules dont se sert Aristote dans tout ce passage sont très concises.

- Le point d'où il est parti, même observation.

 - Le bois, peut-être l'exemple pouvait-il être mieux choisi, bien qu'il soit ici sans importance.

- L'état où il tend, c'est-à-dire l'état de chaleur.

- L'état d'où il part, c'est-à-dire que le bois était d'abord froid avant de devenir chaud.

- Qu'est le mouvement, ou plutôt le changement, puisqu'il s'agit d'une simple altération sans déplacement.

- Et non point dans sa forme, la forme c'est ici le chaud ou le froid, selon les états différents où le bois se trouve et la forme comprend ainsi le point de départ et le point d'arrivée.

- Le lieu, où est le corps qui meut ou qui est mu.

- Ou la quantité, qui compose le corps et lui donne ses dimensions.

 - Mais il y a là, le texte est aussi vague que ma traduction. - Et un état, ou un point.

- Qui décide du nom, le texte n'est pas tout à fait aussi formel.

- L'état d'où ce mouvement est parti, ainsi, d'une chose noire qui devient blanche, on dit qu'elle blanchit et non pas qu'elle dénoircit, parce qu'on regarde à l'état vers lequel tend le mouvement et non point à l'état d'où il part.

- Leur changement en non-être, la destruction d'une chose fait que cette chose n'est pas; mais pour ne plus être, il faut que d'abord elle ait été. Le non-être est le point où elle arrive; et l'être est au contraire le point d'où elle est partie.

- La génération, opposée à la destruction.

- Est un changement vers l'être, pour qu'une chose soit engendré ou produite, il faut d'abord qu'elle ne soit pas; et c'est en partant du non-être qu'elle arrive à être et qu'elle est.

§ 5. Nous avons défini plus haut, voir plus haut, Livre III, ch. 1, § 12

- La nature du mouvement, et il a été établi que le mouvement est dans le mobile, Livre III, ch. 1, § 3; par conséquent, le mouvement n'est ni dans le point de départ, ni dans le point d'arrivée. C'est ainsi qu'on peut rattacher ce § 5 aux idées précédentes.

§ 6. Quant aux formes, c'est-à-dire la génération et la destruction, selon que les choses naissent ou périssent.

- Aux affections, le froid ou le chaud, et autres qualités analogues.

 - Et au lieu, si le mouvement se produit par déplacement dans l'espace, au lieu de se produire par accroissement ou décroissement, et par modifications dans la qualité.

- Ils sont immobiles, et, par conséquent, ce n'est pas là qu'il faut chercher le mouvement.

 - La science, est une sorte de repos auquel l'esprit arrive par le mouvement de l'étude. Voir plus haut, Livre III, ch. 2, § 10.

- Ou la chaleur, état dernier où s'arrête le mouvement, quand le bois, par exemple, de froid qu'il était tend à devenir chaud. 

§ 7. Les affections des choses sont des mouvements, cette hypothèse est fausse; et les affections, loin d'être des mouvements, sont plutôt des repos, puisque ce sont des états définitifs auxquels le mouvement vient aboutir.

- Un changement qui tendrait au mouvement, et qui, par conséquent, ne serait pas lui-même un mouvement. Mais la blancheur, si elle est en effet une affection, n'est pas mobile pour cela; et elle est, au contraire, un état où le corps ne change plus, une fois qu'il y est arrivé.

§ 8. Ce n'est pas la blancheur elle-même, la blancheur n'est qu'un état ou une affection permanente de la chose.

- C'est le blanchissement, j'ai été obligé de forger ce mot pour répondre au mot grec, qui, sans doute, a été aussi forgé par Aristote. Il faut prendre ici le mot de Blanchissement, non pas dans le sens d'action de rendre blanc, mais dans le sens d'action de devenir blanc. Il y a alors dans cet acte incomplet qui est en voie de se produire, une sorte de mouvement qui n'est pas dans la blancheur.

§ 9. Mais ici encore, le texte dit : Dans ces choses, voulant sans doute rappeler par là les formes, les affections, et les deux points de départ et d'arrivée du mouvement.

- Comme tout a l'heure, le texte n'est pas aussi explicite; voir plus haut § 4. - C'est-à-dire, le texte ne confond pas aussi nettement les deux idées.

- A un autre, j'ai dû conserver l'indécision du texte ; mais cette expression, toute vague qu'elle est, n'a rien d'obscur après ce qui précède.

- Qui n'a point un autre pour objet, même observation ; l'être change pour lui-même et en soi ; il ne change plus par accident et relativement à autre chose que lui, comme par exemple relativement à une de ses parties.

- En ce qu'on pense, l'exemple peut paraître bizarre; voir plus haut § 4.

 - C'est un pur accident d'être pensée, comme pour le musicien c'était un pur accident de marcher; voir plus haut, § 1.

 - En une couleur, si l'on dit, en prenant ici le genre au lieu de l'espèce, que la chose change en prenant une nouvelle couleur, au lieu de préciser la blancheur.

- Une partie de la couleur, ou plutôt une espèce de la couleur. - En étant en Europe, ou plutôt : Pour arriver en Europe.

- Où elle est, j'ai ajouté ces mots, et peut-être faudrait-il dire : Où elle va, au lieu de : Où elle est, si l'on disait : Pour arriver en Europe, au lieu de : En étant en Europe. Mais on ne voit pas très clairement comment ces exemples se rapportent aux trois distinctions qui viennent d'être faites un peu plus haut; et quelques commentateurs ont supposé que le texte était altéré dans ce passage. - Mais en soi, et primitivement ou pour soi. Pour tout ce §, voir la Paraphrase.

§ 10. Par une de ses parties, le texte dit précisément : Relativement à une autre chose, c'est-à-dire: Relativement à une de ses parties. Voir plus haut § 1.

- Soit pour le moteur, soit pour le mobile, voir plus haut, §§ 1 et 3. -

 N'est pas dans la forme, voir plus haut § 4.

§ 11. Le changement qui est accidentel, ou le mouvement, puisque l'on confond le changement et le mouvement.

 - Peut être en toutes choses, ou bien aussi : Dans toutes les catégories, comme Simplicius semble le comprendre.

- Être toujours et s'appliquer à tout, ces expressions sont bien vagues ; mais la suite les éclaircit en partie.

- N'est que dans les contraires, parce que le changement vu d'un contraire d'où il part, à l'autre contraire où il arrive.

- Dans les intermédiaires, que le changement traverse nécessairement pour parvenir à l'autre contraires.

- Et dans les contradictoires, c'est-à-dire dans les propositions qui sont opposées par affirmation et négation. Voir tes Catégories, ch. 10 et 11, p. 109 et 121 de ma traduction.

§ 12. Peut avoir lieu, le texte n'est pas aussi précis.

 - Une sorte de contraire, voir sur cette théorie des extrêmes, et du milieu qui les réunit et tes sépare, la Morale à Nicomaque, Livre II, ch. 8, § 1, p. 190 de ma traduction.

- Le chargement s'applique à ce milieu, les exemples donnés à la lin du § éclaircissent cette pensée.

- La note médiale, ou peut-être : « La corde médiale, », Le sens d'ailleurs est évident.

- Le gris est blanc par rapport au noir, exemple cité bien souvent depuis Aristote.

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