Aristote : Physique

ARISTOTE

PHYSIQUE.

TOME DEUX : LIVRE II : DE  LA NATURE : CHAPITRE V

Traduction française : BARTHÉLÉMY SAINT-HILAIRE.

chapitre IV - chapitre VI

paraphrase du livre II

 

 

LIVRE II

DE LA NATURE.

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE V.

Suite de la théorie du hasard. - Le hasard n'est cause ni de ce qui est constant ni de ce qui est habituel et ordinaire ; le hasard est en dehors de l'un et de l'autre ; il est cause de ce qui se produit accidentellement, même dans les choses qui ont une fin. - Le hasard est indéterminé et toujours obscur pour l'homme ; il n'est pas raisonnable. Bonheur on malheur qu'il cause; inconstance de la fortune.
 

1 Πρῶτον μὲν οὖν, ἐπειδὴ ὁρῶμεν τὰ μὲν ἀεὶ ὡσαύτως γιγνόμενα τὰ δὲ ὡς ἐπὶ τὸ πολύ, φανερὸν ὅτι οὐδετέρου τούτων αἰτία ἡ τύχη λέγεται οὐδὲ τὸ ἀπὸ τύχης, οὔτε τοῦ ἐξ ἀνάγκης καὶ αἰεὶ οὔτε τοῦ ὡς ἐπὶ τὸ πολύ. Ἀλλ' ἐπειδὴ ἔστιν ἃ γίγνεται καὶ παρὰ ταῦτα, καὶ ταῦτα πάντες φασὶν εἶναι ἀπὸ τύχης, φανερὸν ὅτι ἔστι τι ἡ τύχη καὶ τὸ αὐτόματον· τά τε γὰρ τοιαῦτα ἀπὸ τύχης καὶ τὰ ἀπὸ τύχης τοιαῦτα ὄντα ἴσμεν.

2 Τῶν δὲ γιγνομένων τὰ μὲν ἕνεκά του γίγνεται τὰ δ' οὔ (τούτων δὲ τὰ μὲν κατὰ προαίρεσιν, τὰ δ' οὐ κατὰ προαίρεσιν, ἄμφω δ' ἐν τοῖς ἕνεκά του), ὥστε δῆλον ὅτι καὶ ἐν τοῖς παρὰ τὸ ἀναγκαῖον καὶ τὸ ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ ἔστιν ἔνια περὶ ἃ ἐνδέχεται ὑπάρχειν τὸ ἕνεκά του. Ἔστι δ' ἕνεκά του ὅσα τε ἀπὸ διανοίας ἂν πραχθείη καὶ ὅσα ἀπὸ φύσεως. 3 Τὰ δὴ τοιαῦτα ὅταν κατὰ συμβεβηκὸς γένηται, ἀπὸ τύχης φαμὲν εἶναι (ὥσπερ γὰρ καὶ ὄν ἐστι τὸ μὲν καθ' αὑτὸ τὸ δὲ κατὰ συμβεβηκός, οὕτω καὶ αἴτιον ἐνδέχεται εἶναι, οἷον οἰκίας καθ' αὑτὸ μὲν αἴτιον τὸ οἰκοδομικόν, κατὰ συμβεβηκὸς δὲ τὸ λευκὸν ἢ τὸ μουσικόν. 4 Τὸ μὲν οὖν καθ' αὑτὸ αἴτιον ὡρισμένον, τὸ δὲ κατὰ συμβεβηκὸς ἀόριστον· ἄπειρα γὰρ ἂν τῷ ἑνὶ συμβαίη).  5 Καθάπερ οὖν ἐλέχθη, ὅταν ἐν τοῖς ἕνεκά του γιγνομένοις τοῦτο γένηται, τότε λέγεται ἀπὸ ταὐτομάτου καὶ ἀπὸ τύχης (αὐτῶν δὲ πρὸς ἄλληλα τὴν διαφορὰν τούτων ὕστερον διοριστέον· νῦν δὲ τοῦτο ἔστω φανερόν, ὅτι ἄμφω ἐν τοῖς ἕνεκά τού ἐστιν).  6 Οἷον ἕνεκα τοῦ ἀπολαβεῖν τὸ ἀργύριον ἦλθεν ἂν κομιζομένου τὸν ἔρανον, εἰ ᾔδει· ἦλθε δ' οὐ τούτου ἕνεκα, ἀλλὰ συνέβη αὐτῷ ἐλθεῖν, καὶ ποιῆσαι τοῦτο τοῦ κομίσασθαι ἕνεκα· τοῦτο δὲ οὔθ' ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ φοιτῶν εἰς τὸ [197a] χωρίον οὔτ' ἐξ ἀνάγκης· 7 ἔστι δὲ τὸ τέλος, ἡ κομιδή, οὐ τῶν ἐν αὐτῷ αἰτίων, ἀλλὰ τῶν προαιρετῶν καὶ ἀπὸ διανοίας· καὶ λέγεταί γε τότε ἀπὸ τύχης ἐλθεῖν, εἰ δὲ προελόμενος καὶ τούτου ἕνεκα ἢ ἀεὶ φοιτῶν ἢ ὡς ἐπὶ τὸ πολύ [κομιζόμενος], οὐκ ἀπὸ τύχης.

8 Δῆλον ἄρα ὅτι ἡ τύχη αἰτία κατὰ συμβεβηκὸς ἐν τοῖς κατὰ προαίρεσιν τῶν ἕνεκά του. 9 Διὸ περὶ τὸ αὐτὸ διάνοια καὶ τύχη· ἡ γὰρ προαίρεσις οὐκ ἄνευ διανοίας. 10 Ἀόριστα μὲν οὖν τὰ αἴτια ἀνάγκη εἶναι ἀφ' ὧν ἂν γένοιτο τὸ ἀπὸ τύχης. Ὅθεν καὶ ἡ τύχη τοῦ ἀορίστου εἶναι δοκεῖ καὶ ἄδηλος ἀνθρώπῳ, καὶ ἔστιν ὡς οὐδὲν ἀπὸ τύχης δόξειεν ἂν γίγνεσθαι. Πάντα γὰρ ταῦτα ὀρθῶς λέγεται, εὐλόγως. 11 Ἔστιν μὲν γὰρ ὡς γίγνεται ἀπὸ τύχης· κατὰ συμβεβηκὸς γὰρ γίγνεται, καὶ ἔστιν αἴτιον ὡς συμβεβηκὸς ἡ τύχη· ὡς δ' ἁπλῶς οὐδενός· 12 οἷον οἰκίας οἰκοδόμος μὲν αἴτιος, κατὰ συμβεβηκὸς δὲ αὐλητής, καὶ τοῦ ἐλθόντα κομίσασθαι τὸ ἀργύριον, μὴ τούτου ἕνεκα ἐλθόντα, ἄπειρα τὸ πλῆθος· καὶ γὰρ ἰδεῖν τινὰ βουλόμενος καὶ διώκων καὶ φεύγων καὶ θεασόμενος.

13 Καὶ τὸ φάναι εἶναί τι παράλογον τὴν τύχην ὀρθῶς· ὁ γὰρ λόγος ἢ τῶν ἀεὶ ὄντων ἢ τῶν ὡς ἐπὶ τὸ πολύ, ἡ δὲ τύχη ἐν τοῖς γιγνομένοις παρὰ ταῦτα. Ὥστ' ἐπεὶ ἀόριστα τὰ οὕτως αἴτια, καὶ ἡ τύχη ἀόριστον. 14 Ὅμως δ' ἐπ' ἐνίων ἀπορήσειεν ἄν τις, ἆρ' οὖν τὰ τυχόντα αἴτι' ἂν γένοιτο τῆς τύχης· οἷον ὑγιείας ἢ πνεῦμα ἢ εἵλησις, ἀλλ' οὐ τὸ ἀποκεκάρθαι· ἔστιν γὰρ ἄλλα ἄλλων ἐγγύτερα τῶν κατὰ συμβεβηκὸς αἰτίων.

15 Τύχη δὲ ἀγαθὴ μὲν λέγεται ὅταν ἀγαθόν τι ἀποβῇ, φαύλη δὲ ὅταν φαῦλόν τι, εὐτυχία δὲ καὶ δυστυχία ὅταν μέγεθος ἔχοντα ταῦτα·  16 διὸ καὶ τὸ παρὰ μικρὸν κακὸν ἢ ἀγαθὸν λαβεῖν μέγα ἢ εὐτυχεῖν ἢ ἀτυχεῖν ἐστίν, ὅτι ὡς ὑπάρχον λέγει ἡ διάνοια· τὸ γὰρ παρὰ μικρὸν ὥσπερ οὐδὲν ἀπέχειν δοκεῖ. 17 Ἔτι ἀβέβαιον ἡ εὐτυχία εὐλόγως· ἡ γὰρ τύχη ἀβέβαιος· οὔτε γὰρ ἀεὶ οὔθ' ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ οἷόν τ' εἶναι τῶν ἀπὸ τύχης οὐθέν.

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§ 1. Un premier point évident, c'est que, parmi les choses, les unes étant éternellement d'une manière uniforme et les autres étant d'une certaine façon dans la pluralité des cas, le hasard ni rien de ce qui vient du hasard, ne peut du tout être la cause ni des uns ni des autres, c'est-à-dire, ni de ce qui est nécessairement et toujours, ni de ce qui est dans la pluralité des cas. Mais comme il y a encore des choses qui ont lieu en dehors de celles-là, et que tout le monde reconnaît dans ces autres choses l'effet du hasard ; il est incontestable que le hasard et la spontanéité sont quelque chose: car nous disons à la fois et que les choses de ce genre viennent du hasard, et que les choses qui viennent du hasard sont du genre de celles-là.

§ 2. Parmi toutes les choses qui ont lieu, les unes sont produites en vue d'une certaine fin ; les autres ne sont pas produites ainsi. Dans les premières, il y a tantôt préférence et intention ; tantôt il n'y en a pas. Mais ces deux cas n'en rentrent pas moins dans les choses produites en vite d'une fin. Par conséquent, il se peut évidemment que, même parmi les choses qui sont contre le cours nécessaire ou ordinaire des choses, il y en ait qui ont un certain but. Les choses ont un but toutes les fois qu'elles sont faites, ou par l'intelligence de l'homme, on par la nature ; et si ces choses arrivent indirectement et accidentellement, nous les rapportons au hasard. § 3. De même, en effet, que l'être est ou en soi, ou par accident, de même, la cause peut être ou en soi, ou simplement accidentelle. Ainsi, la cause en soi de la maison, c'est ce qui est capable de bâtir les maisons ; indirectement et accidentellement, c'est le blanc ou le musicien. § 4. La cause en soi est toujours déterminée et précise ; mais la cause par accident est indéterminée ; car un seul être peut avoir un nombre infini d'accidents. § 5. Je le répète donc : lorsque dans les choses qui ont lieu en vue d'une certaine fin, il s'en produit une accidentellement, on dit alors qu'elle est fortuite et qu'elle est spontanée. Plus tard, nous expliquerons la différence que nous mettons entre ces deux termes ; mais ici nous nous bornons à dire qu'évidemment tous deux expriment des choses qui ont un but et un pourquoi. § 6. Par exemple, quelqu'un serait bien allé au marché pour y ravoir son argent, s'il avait su qu'il pût en rapporter le prix de sa créance ; mais il n'y est pas allé dans cette intention ; et c'est accidentellement qu'il y est allé et qu'il a fait ce qu'il fallait pour rapporter son argent. Rencontrer son débiteur et se rendre dans ce lieu, n'était pour le créancier, ni [197a] un acte ordinaire, ni une nécessité. § 7. Ici la fin, c'est-à-dire le recouvrement de l'argent, n'est point une des causes qui sont dans la chose même ; c'est un acte de préférence réfléchie et d'intelligence ; et dans ce cas, on dit que l'individu est allé au marché par hasard. Mais s'il y est allé de propos délibéré et pour cet objet spécial, soit qu'il y allât toujours ou le plus ordinairement pour recouvrer sa dette, on ne peut plus dire que c'est par hasard qu'il est allé au marché.

§ 8. Donc évidemment, le hasard est une cause accidentelle dans celles de ces choses qui visant à une fin, dépendent de notre libre choix. § 9. C'est là ce qui fait aussi que le hasard et l'intelligence se rapportent à un même objet ; car il n'y a pas de choix et d'intention réfléchie sans intervention de l'intelligence. § 10. Ainsi, les causes qui produisent les effets du hasard sont nécessairement indéterminées ; et cela donne à croire que le hasard est dans le domaine de l'indéterminé, et qu'il reste profondément obscur pour l'homme. § 11. Aussi en un certain sens, il semble que rien ne peut venir du hasard, et toutes ces opinions peuvent se soutenir, parce qu'elles sont très rationnelles. A un point de vue, la chose vient du hasard ; car elle se produit indirectement et accidentellement ; et dès lors la fortune peut être considérée comme cause en tant que le fait est accidentel. Mais à parler absolument, le hasard n'est jamais cause de quoique ce soit. § 12. Par exemple, en soi la cause de la maison est le maçon qui la construit ; indirectement et accidentellement, c'est le joueur de flûte ; et il peut y avoir un nombre infini de causes qui font qu'un homme qui va sur la place publique en rapporte son argent, sans y être du tout allé dans cette intention, y allant simplement pour y voir une personne, ou parce qu'il poursuit quelqu'un en justice, ou parce qu'il y est poursuivi.

§ 13. On peut dire aussi avec toute vérité que le hasard est quelque chose de déraisonnable ; car la raison éclate dans les choses qui restent éternellement les mêmes, et dans celles qui sont le plus souvent d'une certaine façon. Le hasard, au contraire, ne se rencontre que dans les choses qui ne sont ni éternelles, ni ordinaires ; et comme les causes de ce dernier ordre sont toujours indéterminées, le hasard est indéterminé comme elles. § 14. Néanmoins on peut, dans quelques cas, se demander si ce sont bien les premières choses venues qui peuvent être les causes du hasard ; par exemple, on peut se demander si la cause de la guérison d'un malade est le bon air que le malade a pris, ou la chaleur qu'il a ressentie, et non pas la coupe de ses cheveux ; car même, parmi les causes accidentelles, il y en a qui sont plus rapprochées les unes que les autres.

§ 15. On dit que le hasard est heureux, quand il survient quelqu'heureux événement ; on dit que le hasard est malheureux, quand il survient quelque malheur. § 16. Si ces mêmes événements prennent quelque grandeur, on dit que c'est de la prospérité ou de l'infortune ; et même lorsqu'il s'en faut de très peu que le mal ou le bien ne deviennent considérables, on dit encore que c'est de l'infortune ou de la prospérité, parce que la pensée voit le mal et le bien comme s'ils étaient déjà réalisés ; et quand il s'en manque de si peu, on peut croire qu'il ne s'en manque de rien. § 17. On a d'ailleurs bien raison de dire que la prospérité est inconstante ; car la fortune elle-même est pleine d'inconstance, puisque rien de ce qui vient du hasard ne peut être ni toujours, ni même le plus fréquemment.

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Ch. V, § 1. Les unes étant éternellement, division exacte des choses et des phénomènes : les unes sont éternelles, les autres sont ordinaires. II n'y a pas place pour le hasard dans les choses de cet ordre, et ce serait un renversement de la raison que d'y supposer le hasard.

- Il y a encore des choses, ce sont précisément tes choses qu'on attribue au hasard ; elles ne sont ni éternelles ni fréquentes ; ce sont des exceptions.

- Et que tout le monde reconnaît, c'est invoquer l'autorité de l'opinion commune, du sens commun.

 - Les choses de ce genre, celles qui ne sont ni ordinaires, ni éternelles.

§ 2. En vue d'une certaine fin, ces choses ne peuvent venir que de l'intelligence de l'homme on de la nature, comme il sera dit un peu plus bas.

- Les autres ne sont pas produites ainsi, ce sont celles que l'homme fait indirectement et sans intention, et qu'il ne peut pas s'expliquer selon les lois ordinaires de la nature

- Il y a tantôt préférence et intention, voir la Morale à Nicomaque, Livre III, ch. 3, p, 13 de ma traduction, tome II.

- Dans les choses produites en vue d'une fin, mais s'il n'y a pas eu intention, le fait se produit sans ce que soit pour la fin que se proposait l'agent libre qui l'a faite.

- Et si ces choses arrivant indirectement, voir l'exemple cité plus haut, ch. 4, § 2 : quelqu'un va au marché pour foire une emplette, et il y rencontre son débiteur qu'il serait bien allé chercher, mais qu'il ne s'attendait pus à rencontrer en ce lieu. C'est donc l'effet du hasard s'il a trouvé son débiteur, et s'il s'en est fait payer. Mais c'est là un acte qu'il pouvait se proposer de faire, et qui est dans le domaine de son intelligence et de son intention.

- Indirectement et accidentellement, comme dans l'exemple que nous venons de citer. Le texte grec n'a d'ailleurs qu'un seul mot.

 - Nous les rapportons au hasard, ainsi le hasard est limité à ces choses qui auraient pu être faites en vue d'une certaine fin, et qui arrivent sans que l'homme ou la nature semblent s'être proposé cette fin dans le cas particulier qui arrive. Voir plus bas, § 5.

§ 3. De même, en effet, que l'être est en soi, voir plus haut, Livre 1, ch. 9 et 10.

 - La cause peut être ou en soi, voir plus haut, ch. 3, § 12.

 - Qui est capable de bâtir les maisons, c'est-à-dire le maçon ou l'architecte.

- Indirectement et accidentellement, il n'y a qu'un mot dans le texte.

 - C'est le blanc ou le musicien, si l'architecte est de couleur blanche et qu'on le désigne par cette qualité ; ou encore s'il a le talent de la musique, et qu'on le désigne par ce talent indirect et accidentel, en disant que c'est le musicien qui a bâti la maison.

§ 4. Déterminée et précise, ainsi la cause en soi de la maison, c'est l'architecte qui l'a bâtie ou qui peut la bâtir.

- Indéterminée, car ce peut être une des qualités en nombre infini que peut posséder l'architecte, et par l'une desquelles on peut le désigner, au lieu de le désigner par son vrai et direct rapport à la maison qu'il a construite.

§ 5. Je le répète donc, voir plus haut, § 5.

- Fortuite et spontanée. La nuance est assez difficile à rendre, et en grec elle n'est guère plus marquée que dans ma traduction.

- Plus tard, voir plus loin le ch. 6.

- Qui ont un but et un pourquoi, il serait peut-être plus exact de dire: « Qui peuvent avoir un but et un pourquoi. »

§ 6. Quelqu'un serait bien allé au marché, voir plus haut ch. 4, § 2. C'est une première condition de la chose de hasard. Elle aurait pu être l'objet d'une intention.

- Il n'y est pas allé dans cette intention, seconde condition ; car il ne se doutait pas qu'il pût rencontrer son débiteur au marché ; c'est donc un pur accident, un hasard s'il est rendu dans le lieu où se trouvait son débiteur.

- Ni un acte ordinaire ni une nécessité, troisième condition du hasard : il faut que ce suit un fait rare et non nécessaire.

§ 7. Qui sont dans la chose même, et par exemple ici dans le fait même d'aller au marché, puisque l'on petit aller bien des fois au marché sans y rencontrer son débiteur qu'on n'y cherche pas.

- C'est un acte de préférence réfléchie, on est allé au marché avec l'intention d'y acheter quelque chose ; ou bien un aurait pu y aller aussi avec l'intention de recouvrer son argent, si l'on avait su y trouver son débiteur.

§ 8. Donc évidemment, résumé de tous les éléments qui entrent dans la définition du hasard.

§ 9. Le hasard et l'intelligence, l'objet du hasard aurait pu être voulu par l'intelligence de l'homme et il ne la dépasse point ; seulement on n'a pas voulu cette chose comme elle arrive, et l'on dit alors que c'est par hasard qu'elle arrive.

- Sans intervention de l'intelligence, voir la Morale à Nicomaque, Livre III, ch. 3. § 16, page 18 de ma traduction, tome. II.

§ 10. Nécessairement indéterminées, voir plus haut § 4. - Profondément obscur pour l'homme, voir plus haut, ch. 4, § 10.

§ 11. Elles sont très rationnelles, quelque opposées qu'elles soient, toutes ces opinions sont soutenables parce qu'elles ont chacune une certaine part de vérité.

- Elle se produit indirectement, par exemple, le créancier en allant au marché y rencontre son débiteur, qu'il n'y cherchait pas.

- A parler absolument, c'est-à-dire que le hasard n'est jamais une cause en soi; et en ce sens, il n'est jamais cause de rien.

§ 12. Par exemple, en soi la cause de la maison, voir plus haut § 3.

 - Indirectement et accidentellement il n'y a toujours qu'un seul mot dans le texte grec.

- C'est le joueur de flûte, parce que l'architecte qui a construit la maison, a le talent de jouer de la flûte, et l'on peut dire que n'est le joueur de flûte qui a construit la maison.

§ 13. Quelque chose de déraisonnable, parce qu'il arrive rarement et qu'il n'est pas la suite d'une intention réfléchie.

 - Ni éternelles ni ordinaires, le texte est moins précis. - Indéterminé comme elles, voir plus haut § 10.

§ 14. Si ce sont bien les premières choses venues, ce passage n'est pas très clair; il veut dire que parmi les causes auxquelles ou peut attribuer le hasard, les unes sont plus éloignées et les autres plus proches, et qu'alors il faut les choisir et les classer.

 - Le bon air qu'il a pris, l'expression du texte n'est pas aussi pré cise.

 - Et non pas la coupe de ses cheveux, en admettant que la coupe des cheveux ait pu contribuer indirectement à la guérison, c'est là certainement une cause plus éloignée que les deux autres, également indirectes et fortuites, du bon air et de la chaleur.

- Car même, parmi les causes accidentelles, cette conclusion explique ce qui précède.

 - Plus rapprochées les unes que les autres, voir plus haut, livre II, ch. 3, § 11.

§ 15. Le hasard est heureux ... est malheureux, c'est-à-dire qu'on donne au hasard le caractère même des événements qui surviennent.

§ 16. De la prospérité ou de l'infortune, je n'ai pas pu trouver dans notre langue de meilleurs équivalents des expressions grecques ; mais la pensée me semble suffisamment claire.

- Parce que la pensée unit le mal, cette réflexion peut paraître un peu recherchée.

§ 17. Ni toujours, ni même le plus fréquemment, cette raison est très solide ; et l'explication est aussi profonde que simple.

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