Aristote : Métaphysique

ARISTOTE

MÉTAPHYSIQUE

LIVRE VII

Traduction : Alexis PIERRON et Charles ZEVORT.

Autre traduction : Barthélemy SAINT-HILAIRE : livre VII (bilingue)

 

 

LA MÉTAPHYSIQUE D’ARISTOTE.

Livre 7

 

ΒΙΒΛΙΟΝ Z

 

 

LA MÉTAPHYSIQUE D’ARISTOTE.

MÉTAPHYSIQUE D'ARISTOTE.

LIVRE SEPTIÈME.

(Z)

SOMMAIRE DU LIVRE SEPTIÈME.

I. De l’être premier. — II. Difficultés relatives à la substance. — III. De la substance. — IV. V. VI. De la forme substantielle. — VII. De la production. — VIII. La forme et l’essence de l’objet ne se produisent pas. — IX. Pourquoi certaines choses proviennent de l’art ou du hasard. — X. La définition des parties doit-elle ou non entrer dans celle du tout ? Les parties sont-elles antérieures au tout, ou le tout aux parties ? — XI. Des parties de l’espèce — XII. Conditions de la définition. — XIII. Rien d’universel n’est substance. — XIV. Réfutation de ceux qui admettent les idées comme des substances, et qui leur attribuent une existence indépendante. — XV. Il ne peut y avoir ni définition, ni démonstration de la substance des êtres sensibles particuliers. — XVI. Il n’y a pas de substance composée de substances. — XVII. Quelques observations sur la substance et la forme substantielle.

I

[1028a][10] Τὸ ὂν λέγεται πολλαχῶς, καθάπερ διειλόμεθα πρότερον ἐν τοῖς περὶ τοῦ ποσαχῶς· σημαίνει γὰρ τὸ μὲν τί ἐστι καὶ τόδε τι, τὸ δὲ ποιὸν ἢ ποσὸν ἢ τῶν ἄλλων ἕκαστον τῶν οὕτω κατηγορουμένων. Τοσαυταχῶς δὲ λεγομένου τοῦ ὄντος φανερὸν ὅτι τούτων πρῶτον ὂν τὸ τί ἐστιν, ὅπερ σημαίνει [15] τὴν οὐσίαν (ὅταν μὲν γὰρ εἴπωμεν ποῖόν τι τόδε, ἢ ἀγαθὸν λέγομεν ἢ κακόν, ἀλλ' οὐ τρίπηχυ ἢ ἄνθρωπον· ὅταν δὲ τί ἐστιν, οὐ λευκὸν οὐδὲ θερμὸν οὐδὲ τρίπηχυ, ἀλλὰ ἄνθρωπον ἢ θεόν),  τὰ δ' ἄλλα λέγεται ὄντα τῷ τοῦ οὕτως ὄντος τὰ μὲν ποσότητες εἶναι, τὰ δὲ ποιότητες, τὰ δὲ πάθη, τὰ δὲ [20] ἄλλο τι.  Διὸ κἂν ἀπορήσειέ τις πότερον τὸ βαδίζειν καὶ τὸ ὑγιαίνειν καὶ τὸ καθῆσθαι ἕκαστον αὐτῶν ὂν σημαίνει, ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων ὁτουοῦν τῶν τοιούτων· οὐδὲν γὰρ αὐτῶν ἐστὶν οὔτε καθ' αὑτὸ πεφυκὸς οὔτε χωρίζεσθαι δυνατὸν τῆς οὐσίας, ἀλλὰ μᾶλλον, εἴπερ, τὸ βαδίζον [25] τῶν ὄντων καὶ τὸ καθήμενον καὶ τὸ ὑγιαῖνον. Ταῦτα δὲ μᾶλλον φαίνεται ὄντα, διότι ἔστι τι τὸ ὑποκείμενον αὐτοῖς ὡρισμένον  (τοῦτο δ' ἐστὶν ἡ οὐσία καὶ τὸ καθ' ἕκαστον) ὅπερ ἐμφαίνεται ἐν τῇ κατηγορίᾳ τῇ τοιαύτῃ· τὸ ἀγαθὸν γὰρ ἢ τὸ καθήμενον οὐκ ἄνευ τούτου λέγεται. 6. Δῆλον οὖν ὅτι διὰ [30] ταύτην κἀκείνων ἕκαστον ἔστιν, ὥστε τὸ πρώτως ὂν καὶ οὐ τὶ ὂν ἀλλ' ὂν ἁπλῶς ἡ οὐσία ἂν εἴη.

Πολλαχῶς μὲν οὖν λέγεται τὸ πρῶτον· ὅμως δὲ πάντως ἡ οὐσία πρῶτον, καὶ λόγῳ καὶ γνώσει καὶ χρόνῳ. Τῶν μὲν γὰρ ἄλλων κατηγορημάτων οὐθὲν χωριστόν, αὕτη δὲ μόνη·  καὶ τῷ λόγῳ δὲ τοῦτο [35] πρῶτον (ἀνάγκη γὰρ ἐν τῷ ἑκάστου λόγῳ τὸν τῆς οὐσίας ἐνυπάρχειν)· καὶ εἰδέναι δὲ τότ' οἰόμεθα ἕκαστον μάλιστα, ὅταν τί ἐστιν ὁ ἄνθρωπος γνῶμεν ἢ τὸ πῦρ, [1028b][1] μᾶλλον ἢ τὸ ποιὸν ἢ τὸ ποσὸν ἢ τὸ πού, ἐπεὶ καὶ αὐτῶν τούτων τότε ἕκαστον ἴσμεν, ὅταν τί ἐστι τὸ ποσὸν ἢ τὸ ποιὸν γνῶμεν. Καὶ δὴ καὶ τὸ πάλαι τε καὶ νῦν καὶ ἀεὶ ζητούμενον καὶ ἀεὶ ἀπορούμενον, τί τὸ ὄν, τοῦτό ἐστι τίς ἡ οὐσία

(τοῦτο γὰρ οἱ μὲν ἓν εἶναί [5] φασιν οἱ δὲ πλείω ἢ ἕν, καὶ οἱ μὲν πεπερασμένα οἱ δὲ ἄπειρα) , διὸ καὶ ἡμῖν καὶ μάλιστα καὶ πρῶτον καὶ μόνον ὡς εἰπεῖν περὶ τοῦ οὕτως ὄντος θεωρητέον τί ἐστιν.
 

[1028a] L’être s’entend de plusieurs manières, comme nous l’avons exposé plus haut, dans le livre des différentes acceptions[01]. Être signifie ou bien l'essence, la 2 forme déterminée[02], ou bien la qualité, la quantité, ou chacun des autres attributs de cette sorte. Mais parmi ces acceptions si nombreuses de l'être, il est une acception première ; et l'être premier c`est sans contredit la forme distinctive, c'est-à-dire l'essence. En effet, lorsque nous attribuons à un être telle ou telle qualité, nous disons qu’il est bon ou mauvais, etc., et non point qu'il a trois coudées ou que c’est un homme ; lorsque nous voulons au contraire exprimer sa nature, nous ne disons pas qu'il est blanc ou chaud, ni qu'il a trois coudées, mais nous disons que c'est un homme ou un dieu. Les autres choses ne sont appelées êtres, que parce qu’elles ont ou des quantités de l'être premier, on des qualités, ou des modifications de cet être[03], ou quelque autre attribut de ce genre. On ne saurait donc décider si marcher, se bien porter, s'asseoir, sont, ou non, des êtres ; et de même pour tous les autres états analogues. Car aucun de ces modes n’a, par lui-même, une existence propre, aucun ne peut être séparé de la substance. Si ce sont là des êtres, à plus forte raison ce qui marche est un être, ainsi que ce qui est assis, et ce qui se porte bien. Mais ces choses ne semblent si fort marquées du caractère de l’être que parce qu’il y a sous chacune d'elles un être, un sujet déterminé. Et ce sujet, c'est 3  la substance, c‘est l'être particulier qui apparaît sous les divers attributs. Bon, assis, ne signifient rien sans cette substance. Il est donc évident que l'existence de chacun de ces modes dépend de l'existence même de la substance. D'après cela, la substance sera l'être premier ; non point tel ou tel mode de l'être, mais l'être pris dans son sens absolu.

Premier s'entend dans différents sens[04] : toutefois la substance est absolument première sous le rapport de la notion, et de la connaissance, et du temps, et de la nature. Aucun des attributs de l'être ne peut être séparé ; seule, la substance a ce privilège, et c'est en cela que consiste sa priorité sous le rapport. de la notion. Dans la notion de chacun des attributs il faut nécessairement qu’il y ait la notion de la substance elle-même ; et nous croyons connaître bien mieux chaque chose lorsque nous savons quelle est sa nature, par exemple ce que c'est que l'homme ou le feu, [1028b] que lorsque nous savons quelle est sa qualité, sa quantité, le lieu qu'elle occupe. Pour chacun de ces modes eux-mêmes nous n'en avons une connaissance parfaite que lorsque nous savons en quoi il consiste, ce que c’est que la quantité ou la qualité. Ainsi l'objet éternel de toutes les recherches, et passées et présentes, cette question éternellement posée : Qu'est-ce que l'être ? se réduit à celle-ci : Qu’est-ce que la substance ?

Les uns disent qu'il n'y a qu’un être, les autres, plusieurs ; ceux-ci qu'il n`y en a qu’un certain nombre, ceux-la, une infinité. Nos recherches, à nous 4 aussi, doivent donc avoir surtout pour but, pour but premier, unique en quelque sorte, d'examiner ce que c`est que l'être, envisagé sous ce point de vue.

II

 Δοκεῖ δ' ἡ οὐσία ὑπάρχειν φανερώτατα μὲν τοῖς σώμασιν (διὸ τά τε ζῷα καὶ τὰ φυτὰ καὶ τὰ μόρια αὐτῶν [10] οὐσίας εἶναί φαμεν, καὶ τὰ φυσικὰ σώματα, οἷον πῦρ καὶ ὕδωρ καὶ γῆν καὶ τῶν τοιούτων ἕκαστον, καὶ ὅσα ἢ μόρια τούτων ἢ ἐκ τούτων ἐστίν, ἢ μορίων ἢ πάντων, οἷον ὅ τε οὐρανὸς καὶ τὰ μόρια αὐτοῦ, ἄστρα καὶ σελήνη καὶ ἥλιος)· πότερον δὲ αὗται μόναι οὐσίαι εἰσὶν ἢ καὶ ἄλλαι, ἢ τούτων τινὲς [15] ἢ καὶ ἄλλαι, ἢ τούτων μὲν οὐθὲν ἕτεραι δέ τινες, σκεπτέον.

Δοκεῖ δέ τισι τὰ τοῦ σώματος πέρατα, οἷον ἐπιφάνεια καὶ γραμμὴ καὶ στιγμὴ καὶ μονάς, εἶναι οὐσίαι, καὶ μᾶλλον ἢ τὸ σῶμα καὶ τὸ στερεόν. Ἔτι παρὰ τὰ αἰσθητὰ οἱ μὲν οὐκ οἴονται εἶναι οὐδὲν τοιοῦτον, οἱ δὲ πλείω καὶ μᾶλλον ὄντα ἀί̈δια, ὥσπερ Πλάτων [20] τά τε εἴδη καὶ τὰ μαθηματικὰ δύο οὐσίας, τρίτην δὲ τὴν τῶν αἰσθητῶν σωμάτων οὐσίαν, Σπεύσιππος δὲ καὶ πλείους οὐσίας ἀπὸ τοῦ ἑνὸς ἀρξάμενος, καὶ ἀρχὰς ἑκάστης οὐσίας, ἄλλην μὲν ἀριθμῶν ἄλλην δὲ μεγεθῶν, ἔπειτα ψυχῆς· καὶ τοῦτον δὴ τὸν τρόπον ἐπεκτείνει τὰς οὐσίας. Ἔνιοι δὲ [25] τὰ μὲν εἴδη καὶ τοὺς ἀριθμοὺς τὴν αὐτὴν ἔχειν φασὶ φύσιν, τὰ δὲ ἄλλα ἐχόμενα, γραμμὰς καὶ ἐπίπεδα, μέχρι πρὸς τὴν τοῦ οὐρανοῦ οὐσίαν καὶ τὰ αἰσθητά.

Περὶ δὴ τούτων τί λέγεται καλῶς ἢ μὴ καλῶς, καὶ τίνες εἰσὶν οὐσίαι, καὶ πότερον εἰσί τινες παρὰ τὰς αἰσθητὰς ἢ οὐκ εἰσί, καὶ αὗται πῶς [30] εἰσί, καὶ πότερον ἔστι τις χωριστὴ οὐσία, καὶ διὰ τί καὶ πῶς, ἢ οὐδεμία, παρὰ τὰς αἰσθητάς, σκεπτέον, ὑποτυπωσαμένοις τὴν οὐσίαν πρῶτον τί ἐστιν.

L'existence de la substance semble [05] manifeste surtout dans les corps ; aussi appelons-nous substances les animaux, les plantes, et les parties des plantes et des animaux, ainsi que les corps physiques, tels que le feu, l'eau, la terre, et chacun des êtres de ce genre, et leurs parties, et ce qui provient d'une de leurs parties, ou de leur ensemble comme le ciel ; enfin les parties du ciel, les astres, la lune, le soleil. Sont-ce là les seules substances ? y en a-t-il d'autres encore ; ou bien aucune de celles-ci n'est-elle substance, et ce titre appartient-il à d'autres êtres ? c'est ce qu’il faut examiner.

Quelques-uns pensent que les limites du corps, comme la surface, la ligne, le point, et avec elle la monade, sont des substances, bien plus substances 5 même que le corps et le solide. De plus, les uns pensent qu'il n'y a rien qui soit substance, en dehors des êtres sensibles[06] ; les autres admettent plusieurs substances, et les substances, ce sont avant tout, selon eux, les êtres éternels : ainsi Platon dit que les idées et les êtres mathématiques sont d`abord deux substances, et qu'il y en a une troisième, la substance des corps sensibles. Speusippe[07] en admet un bien plus grand nombre encore : la première, c'est, selon lui, l'unité ; puis il y a un principe particulier pour chaque substance ; un pour les nombres, un autre pour les grandeurs, un autre pour l'âme ; c'est ainsi qu'il multiplie le nombre des substances. Il est enfin quelques philosophes qui regardent comme une même nature et les idées et les nombres ; et tout le reste suivant eux en dérive : les lignes, les plans, jusqu'à la substance du ciel, jusqu’aux corps sensibles.

Qui a raison ; qui a tort ? Quelles sont les véritables substances ? Y a-t-il, oui ou non, d'autres substances que les substances sensibles, et s’il y en a d'autres, quel est leur mode d’existence ? Y a-t-il une substance séparée des substances sensibles ; pourquoi et comment ? ou bien n'y a-t-il rien autre chose que les substances sensibles ? Telles sont les questions qu'il nous faut examiner, après avoir exposé d’abord ce que c'est que la substance.

III.

Λέγεται δ' ἡ οὐσία, εἰ μὴ πλεοναχῶς, ἀλλ' ἐν τέτταρσί γε μάλιστα· καὶ γὰρ τὸ τί ἦν εἶναι καὶ τὸ καθόλου [35] καὶ τὸ γένος οὐσία δοκεῖ εἶναι ἑκάστου, καὶ τέταρτον τούτων τὸ ὑποκείμενον. Τὸ δ' ὑποκείμενόν ἐστι καθ' οὗ τὰ ἄλλα λέγεται, ἐκεῖνο δὲ αὐτὸ μηκέτι κατ' ἄλλου· διὸ πρῶτον περὶ τούτου διοριστέον· [1029a][1] μάλιστα γὰρ δοκεῖ εἶναι οὐσία τὸ ὑποκείμενον πρῶτον. Τοιοῦτον δὲ τρόπον μέν τινα ἡ ὕλη λέγεται, ἄλλον δὲ τρόπον ἡ μορφή, τρίτον δὲ τὸ ἐκ τούτων  (λέγω δὲ τὴν μὲν ὕλην οἷον τὸν χαλκόν, τὴν δὲ μορφὴν τὸ σχῆμα τῆς [5] ἰδέας, τὸ δ' ἐκ τούτων τὸν ἀνδριάντα τὸ σύνολον), ὥστε εἰ τὸ εἶδος τῆς ὕλης πρότερον καὶ μᾶλλον ὄν, καὶ τοῦ ἐξ ἀμφοῖν πρότερον ἔσται διὰ τὸν αὐτὸν λόγον.

Νῦν μὲν οὖν τύπῳ εἴρηται τί ποτ' ἐστὶν ἡ οὐσία, ὅτι τὸ μὴ καθ' ὑποκειμένου ἀλλὰ καθ' οὗ τὰ ἄλλα· δεῖ δὲ μὴ μόνον οὕτως· οὐ γὰρ ἱκανόν· [10] αὐτὸ γὰρ τοῦτο ἄδηλον, καὶ ἔτι ἡ ὕλη οὐσία γίγνεται. Εἰ γὰρ μὴ αὕτη οὐσία, τίς ἐστιν ἄλλη διαφεύγει· περιαιρουμένων γὰρ τῶν ἄλλων οὐ φαίνεται οὐδὲν ὑπομένον· τὰ μὲν γὰρ ἄλλα τῶν σωμάτων πάθη καὶ ποιήματα καὶ δυνάμεις, τὸ δὲ μῆκος καὶ πλάτος καὶ βάθος ποσότητές τινες ἀλλ' [15] οὐκ οὐσίαι (τὸ γὰρ ποσὸν οὐκ οὐσία), ἀλλὰ μᾶλλον ᾧ ὑπάρχει ταῦτα πρώτῳ, ἐκεῖνό ἐστιν οὐσία. Ἀλλὰ μὴν ἀφαιρουμένου μήκους καὶ πλάτους καὶ βάθους οὐδὲν ὁρῶμεν ὑπολειπόμενον, πλὴν εἴ τί ἐστι τὸ ὁριζόμενον ὑπὸ τούτων, ὥστε τὴν ὕλην ἀνάγκη φαίνεσθαι μόνην οὐσίαν οὕτω σκοπουμένοις. [20] Λέγω δ' ὕλην ἣ καθ' αὑτὴν μήτε τὶ μήτε ποσὸν μήτε ἄλλο μηδὲν λέγεται οἷς ὥρισται τὸ ὄν. Ἔστι γάρ τι καθ' οὗ κατηγορεῖται τούτων ἕκαστον, ᾧ τὸ εἶναι ἕτερον καὶ τῶν κατηγοριῶν ἑκάστῃ (τὰ μὲν γὰρ ἄλλα τῆς οὐσίας κατηγορεῖται, αὕτη δὲ τῆς ὕλης), ὥστε τὸ ἔσχατον καθ' αὑτὸ οὔτε τὶ οὔτε ποσὸν [25] οὔτε ἄλλο οὐδέν ἐστιν· οὐδὲ δὴ αἱ ἀποφάσεις, καὶ γὰρ αὗται ὑπάρξουσι κατὰ συμβεβηκός.

Ἐκ μὲν οὖν τούτων θεωροῦσι συμβαίνει οὐσίαν εἶναι τὴν ὕλην· ἀδύνατον δέ· καὶ γὰρ τὸ χωριστὸν καὶ τὸ τόδε τι ὑπάρχειν δοκεῖ μάλιστα τῇ οὐσίᾳ, διὸ τὸ εἶδος καὶ τὸ ἐξ ἀμφοῖν οὐσία δόξειεν ἂν εἶναι μᾶλλον [30] τῆς ὕλης. Τὴν μὲν τοίνυν ἐξ ἀμφοῖν οὐσίαν, λέγω δὲ τὴν ἔκ τε τῆς ὕλης καὶ τῆς μορφῆς, ἀφετέον, ὑστέρα γὰρ καὶ δήλη· φανερὰ δέ πως καὶ ἡ ὕλη· περὶ δὲ τῆς τρίτης σκεπτέον, αὕτη γὰρ ἀπορωτάτη. Ὁμολογοῦνται δ' οὐσίαι εἶναι τῶν αἰσθητῶν τινές, ὥστε ἐν ταύταις ζητητέον πρῶτον.

6 Substance a, sinon un grand nombre de sens, du moins quatre sens principaux[08]: la substance d'un être, c'est, à ce qu'il semble, ou l'essence, ou l'universel, ou le genre, ou enfin le sujet. Le sujet, c’est ce dont tout le reste est attribut, ce qui n’est attribut de rien. Examinons donc d'abord le sujet ; [1029a] car la substance, ce doit être avant tout le sujet premier. Le sujet premier est, dans un sens, la matière, dans un autre sens, la forme, et en troisième lieu, l'ensemble de la forme et de la matière[09]. Par matière j‘entends l’airain, par exemple ; la forme, c'est la figure idéale ; l'ensemble, c'est la statue réalisée. D'après cela, si la forme est antérieure à la matière, si elle a, plus qu'elle, le caractère de l'être, elle sera antérieure aussi, 7 par la même raison, à l'ensemble de la forme et de la matière.

Nous avons donné une définition figurée de la substance, [10] en disant que c’est ce qui n’est point l'attribut d’un sujet, ce dont tout le reste est attribut. Mais il nous faut mieux que cette définition ; elle est insuffisante et obscure, et de plus, d'après cette définition, la matière devrait être considérée comme substance ; car si elle n’est pas une substance, nous ne voyons pas quelle autre chose aura ce titre : si l’on supprime les attributs, il ne reste rien, que la matière. Toutes les autres choses sont, ou bien des modifications, des actions, des puissances des corps, ou bien, comme la longueur, la largeur, la profondeur, des quantités, mais non des substances. Car la quantité n`est pas une substance : ce qui est substance, c'est plutôt le sujet premier dans lequel existe la quantité. Supprimez la longueur, la largeur, la profondeur, il ne reste rien absolument, sinon ce qui était déterminé par ces propriétés. Sous ce point de vue, la matière est nécessairement la seule substance ; et j'appelle matière ce qui n’a, de soi, ni forme, ni quantité, ni aucun des caractères qui déterminent l'être : car il y a quelque chose dont chacun de ces caractères est un attribut, quelque chose qui diffère dans son existence, de l‘être selon toutes les catégories. Tout le reste se rapporte à la substance ; la substance se rapporte à la matière. La matière première est donc ce qui, en soi, n’a ni forme, ni quantité, ni aucun autre attribut. Elle ne sera pas toutefois la négation de ces attributs, car les négations ne sont des êtres que par accident.

À considérer la question sous ce point de vue, la substance sera la matière ; mais d’un autre côté cela est impossible. Car la substance paraît avoir pour caractère essentiel d'être séparable, et d'être quelque chose de déterminé. D‘après cela, la forme, et l'ensemble de la forme et de la matière, paraissent être plutôt substance que la matière. Mais la substance réalisée[11] (je veux dire celle qui résulte de l'union de la matière et de la forme), il n'en faut pas parler. Évidemment elle est postérieure et à la forme et à la matière, et d'ailleurs ses caractères sont manifestes : la matière elle-même tombe, jusqu’à un certain point sous le sens. Reste donc à étudier la troisième, la forme. Sur celle-là il y a lieu à de longues discussions. On reconnaît généralement qu’il y a des substances des objets sensibles ; c'est de ces substances que nous allons parler d'abord.

 IV

[1029b] [1] Ἐπεὶ δ' ἐν ἀρχῇ διειλόμεθα πόσοις ὁρίζομεν τὴν οὐσίαν, καὶ τούτων ἕν τι ἐδόκει εἶναι τὸ τί ἦν εἶναι, θεωρητέον περὶ αὐτοῦ. Πρὸ ἔργου γὰρ τὸ μεταβαίνειν εἰς τὸ γνωριμώτερον.  Ἡ γὰρ μάθησις οὕτω γίγνεται πᾶσι διὰ τῶν ἧττον γνωρίμων φύσει [5] εἰς τὰ γνώριμα μᾶλλον· καὶ τοῦτο ἔργον ἐστίν, ὥσπερ ἐν ταῖς πράξεσι τὸ ποιῆσαι ἐκ τῶν ἑκάστῳ ἀγαθῶν τὰ ὅλως ἀγαθὰ ἑκάστῳ ἀγαθά, οὕτως ἐκ τῶν αὐτῷ γνωριμωτέρων τὰ τῇ φύσει γνώριμα αὐτῷ γνώριμα. Τὰ δ' ἑκάστοις γνώριμα καὶ πρῶτα πολλάκις ἠρέμα ἐστὶ γνώριμα, καὶ μικρὸν ἢ [10] οὐθὲν ἔχει τοῦ ὄντος· ἀλλ' ὅμως ἐκ τῶν φαύλως μὲν γνωστῶν αὐτῷ δὲ γνωστῶν τὰ ὅλως γνωστὰ γνῶναι πειρατέον, μεταβαίνοντας, ὥσπερ εἴρηται, διὰ τούτων αὐτῶν.

Καὶ πρῶτον εἴπωμεν ἔνια περὶ αὐτοῦ λογικῶς, ὅτι ἐστὶ τὸ τί ἦν εἶναι ἑκάστου ὃ λέγεται καθ' αὑτό. Οὐ γάρ ἐστι τὸ σοὶ [15] εἶναι τὸ μουσικῷ εἶναι· οὐ γὰρ κατὰ σαυτὸν εἶ μουσικός. Ὃ ἄρα κατὰ σαυτόν. Οὐδὲ δὴ τοῦτο πᾶν· οὐ γὰρ τὸ οὕτως καθ' αὑτὸ ὡς ἐπιφανείᾳ λευκόν, ὅτι οὐκ ἔστι τὸ ἐπιφανείᾳ εἶναι τὸ λευκῷ εἶναι. Ἀλλὰ μὴν οὐδὲ τὸ ἐξ ἀμφοῖν, τὸ ἐπιφανείᾳ λευκῇ, ὅτι πρόσεστιν αὐτό. Ἐν ᾧ ἄρα μὴ ἐνέσται λόγῳ [20] αὐτό, λέγοντι αὐτό, οὗτος ὁ λόγος τοῦ τί ἦν εἶναι ἑκάστῳ, ὥστ' εἰ τὸ ἐπιφανείᾳ λευκῇ εἶναί ἐστι τὸ ἐπιφανείᾳ εἶναι λείᾳ, τὸ λευκῷ καὶ λείῳ εἶναι τὸ αὐτὸ καὶ ἕν.

Ἐπεὶ δ' ἔστι καὶ κατὰ τὰς ἄλλας κατηγορίας σύνθετα (ἔστι γάρ τι ὑποκείμενον ἑκάστῳ, οἷον τῷ ποιῷ καὶ τῷ ποσῷ καὶ τῷ [25] ποτὲ καὶ τῷ ποὺ καὶ τῇ κινήσει), σκεπτέον ἆρ' ἔστι λόγος τοῦ τί ἦν εἶναι ἑκάστῳ αὐτῶν, καὶ ὑπάρχει καὶ τούτοις τὸ τί ἦν εἶναι, οἷον λευκῷ ἀνθρώπῳ [τί ἦν λευκῷ ἀνθρώπῳ].  Ἔστω δὴ ὄνομα αὐτῷ ἱμάτιον. Τί ἐστι τὸ ἱματίῳ εἶναι; Ἀλλὰ μὴν οὐδὲ τῶν καθ' αὑτὸ λεγομένων οὐδὲ τοῦτο. Ἢ τὸ οὐ καθ' αὑτὸ [30] λέγεται διχῶς, καὶ τούτου ἐστὶ τὸ μὲν ἐκ προσθέσεως τὸ δὲ οὔ. Τὸ μὲν γὰρ τῷ αὐτὸ ἄλλῳ προσκεῖσθαι λέγεται ὃ ὁρίζεται, οἷον εἰ τὸ λευκῷ εἶναι ὁριζόμενος λέγοι λευκοῦ ἀνθρώπου λόγον· τὸ δὲ τῷ ἄλλο αὐτῷ, οἷον εἰ σημαίνοι τὸ ἱμάτιον λευκὸν ἄνθρωπον, ὁ δὲ ὁρίζοιτο ἱμάτιον ὡς λευκόν. Τὸ δὴ λευκὸς ἄνθρωπος ἔστι μὲν λευκόν, [1030a][1] οὐ μέντοι τί ἦν εἶναι λευκῷ εἶναι.  Ἀλλὰ τὸ ἱματίῳ εἶναι ἆρά ἐστι τί ἦν εἶναί τι [ἢ] ὅλως; Ἢ οὔ; Ὅπερ γάρ τί ἐστι τὸ τί ἦν εἶναι· ὅταν δ' ἄλλο κατ' ἄλλου λέγηται, οὐκ ἔστιν ὅπερ τόδε τι, οἷον ὁ [5] λευκὸς ἄνθρωπος οὐκ ἔστιν ὅπερ τόδε τι, εἴπερ τὸ τόδε ταῖς οὐσίαις ὑπάρχει μόνον·

ὥστε τὸ τί ἦν εἶναί ἐστιν ὅσων ὁ λόγος ἐστὶν ὁρισμός. Ὁρισμὸς δ' ἐστὶν οὐκ ἂν ὄνομα λόγῳ ταὐτὸ σημαίνῃ (πάντες γὰρ ἂν εἶεν οἱ λόγοι ὅροι· ἔσται γὰρ ὄνομα ὁτῳοῦν λόγῳ, ὥστε καὶ ἡ Ἰλιὰς ὁρισμὸς ἔσται), [10] ἀλλ' ἐὰν πρώτου τινὸς ᾖ· τοιαῦτα δ' ἐστὶν ὅσα λέγεται μὴ τῷ ἄλλο κατ' ἄλλου λέγεσθαι. Οὐκ ἔσται ἄρα οὐδενὶ τῶν μὴ γένους εἰδῶν ὑπάρχον τὸ τί ἦν εἶναι, ἀλλὰ τούτοις μόνον (ταῦτα γὰρ δοκεῖ οὐ κατὰ μετοχὴν λέγεσθαι καὶ πάθος οὐδ' ὡς συμβεβηκός)· ἀλλὰ λόγος μὲν ἔσται ἑκάστου [15] καὶ τῶν ἄλλων τί σημαίνει, ἐὰν ᾖ ὄνομα, ὅτι τόδε τῷδε ὑπάρχει, ἢ ἀντὶ λόγου ἁπλοῦ ἀκριβέστερος· ὁρισμὸς δ' οὐκ ἔσται οὐδὲ τὸ τί ἦν εἶναι.

Ἢ καὶ ὁ ὁρισμὸς ὥσπερ καὶ τὸ τί ἐστι πλεοναχῶς λέγεται; Καὶ γὰρ τὸ τί ἐστιν ἕνα μὲν τρόπον σημαίνει τὴν οὐσίαν καὶ τὸ τόδε τι, ἄλλον δὲ ἕκαστον [20] τῶν κατηγορουμένων, ποσὸν ποιὸν καὶ ὅσα ἄλλα τοιαῦτα. Ὥσπερ γὰρ καὶ τὸ ἔστιν ὑπάρχει πᾶσιν, ἀλλ' οὐχ ὁμοίως ἀλλὰ τῷ μὲν πρώτως τοῖς δ' ἑπομένως, οὕτω καὶ τὸ τί ἐστιν ἁπλῶς μὲν τῇ οὐσίᾳ πὼς δὲ τοῖς ἄλλοις· καὶ γὰρ τὸ ποιὸν ἐροίμεθ' ἂν τί ἐστιν, ὥστε καὶ τὸ ποιὸν τῶν τί ἐστιν, ἀλλ' [25] οὐχ ἁπλῶς, ἀλλ' ὥσπερ ἐπὶ τοῦ μὴ ὄντος λογικῶς φασί τινες εἶναι τὸ μὴ ὄν, οὐχ ἁπλῶς ἀλλὰ μὴ ὄν, οὕτω καὶ τὸ ποιόν.

Δεῖ μὲν οὖν σκοπεῖν καὶ τὸ πῶς δεῖ λέγειν περὶ ἕκαστον, οὐ μὴν μᾶλλόν γε ἢ τὸ πῶς ἔχει· διὸ καὶ νῦν ἐπεὶ τὸ λεγόμενον φανερόν, καὶ τὸ τί ἦν εἶναι ὁμοίως ὑπάρξει πρώτως [30] μὲν καὶ ἁπλῶς τῇ οὐσίᾳ, εἶτα καὶ τοῖς ἄλλοις, ὥσπερ καὶ τὸ τί ἐστιν, οὐχ ἁπλῶς τί ἦν εἶναι ἀλλὰ ποιῷ ἢ ποσῷ τί ἦν εἶναι.Δεῖ γὰρ ἢ ὁμωνύμως ταῦτα φάναι εἶναι ὄντα, ἢ προστιθέντας καὶ ἀφαιροῦντας, ὥσπερ καὶ τὸ μὴ ἐπιστητὸν ἐπιστητόν, ἐπεὶ τό γε ὀρθόν ἐστι μήτε ὁμωνύμως φάναι [35] μήτε ὡσαύτως ἀλλ' ὥσπερ τὸ ἰατρικὸν τῷ πρὸς τὸ αὐτὸ μὲν καὶ ἕν, οὐ τὸ αὐτὸ δὲ καὶ ἕν, οὐ μέντοι οὐδὲ ὁμωνύμως· [1030b][1] οὐδὲ γὰρ ἰατρικὸν σῶμα καὶ ἔργον καὶ σκεῦος λέγεται οὔτε ὁμωνύμως οὔτε καθ' ἓν ἀλλὰ πρὸς ἕν.

 Ἀλλὰ ταῦτα μὲν ὁποτέρως τις ἐθέλει λέγειν διαφέρει οὐδέν· ἐκεῖνο δὲ φανερὸν [5] ὅτι ὁ πρώτως καὶ ἁπλῶς ὁρισμὸς καὶ τὸ τί ἦν εἶναι τῶν οὐσιῶν ἐστίν. Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τῶν ἄλλων ὁμοίως ἐστί, πλὴν οὐ πρώτως. Οὐ γὰρ ἀνάγκη, ἂν τοῦτο τιθῶμεν, τούτου ὁρισμὸν εἶναι ὃ ἂν λόγῳ τὸ αὐτὸ σημαίνῃ, ἀλλὰ τινὶ λόγῳ· τοῦτο δὲ ἐὰν ἑνὸς ᾖ, μὴ τῷ συνεχεῖ ὥσπερ ἡ Ἰλιὰς ἢ ὅσα συνδέσμω [10] ͅ, ἀλλ' ἐὰν ὁσαχῶς λέγεται τὸ ἕν· τὸ δ' ἓν λέγεται ὥσπερ τὸ ὄν· τὸ δὲ ὂν τὸ μὲν τόδε τι τὸ δὲ ποσὸν τὸ δὲ ποιόν τι σημαίνει. Διὸ καὶ λευκοῦ ἀνθρώπου ἔσται λόγος καὶ ὁρισμός, ἄλλον δὲ τρόπον καὶ τοῦ λευκοῦ καὶ οὐσίας.
 

[1029b] Nous avons déterminé en commençant [12] les diverses acceptions du mot substance, et l'une de ces acceptions est la forme essentielle [13] : occupons-nous 9 donc d'abord de l’essence, car il est bon de passer du plus connu à ce qui l'est moins. C'est ainsi que tout le monde procède dans l’étude[14] : on va de ce qui n’est point un secret de la nature, mais une connaissance personnelle, aux secrets de la nature. Et de même que dans la pratique de la vie on part du bien particulier pour arriver au bien général, lequel est le bien de chacun, de même l'homme part de ses connaissances propres pour se rendre maître des secrets de la nature. Ces connaissances personnelles et premières sont souvent bien faibles ; elles ne renferment que peu ou point de vérité : cependant c'est en partant de ces connaissances vagues, individuelles, qu'il faut s’efforcer d'arriver aux connaissances absolues ; c’est au moyen des premières, comme nous venons de le dire, qu'on peut acquérir les autres.

10 Procédons d'abord par voie de définition, et disons que l'essence de chaque être, c'est cet être en soi. Être toi, ce n'est pas être musicien ; ce n'est pas en toi que tu es musicien : ton essence est donc ce que tu es en toi. Il y a cependant des restrictions : ce n’est point l’être en soi comme une surface est blanche, car être surface ce n’est pas être blanc. L'essence n'est pas non plus la réunion des deux choses : surface blanche. Pourquoi ? Parce que le mot surface se trouve dans la définition. Pour qu'il y ait définition de l'essence d'une chose, il faut donc que dans la proposition qui exprime son caractère, ne se trouve pas le nom de cette chose. De sorte que si être surface blanche, c'était être surface polie, être blanc et être poli seraient une seule et même chose.

Le sujet peut aussi se trouver uni aux autres modes de l'être, car chaque chose a un sujet; ainsi la qualité, le temps, le lieu, le mouvement : il faut donc examiner s’il y a une définition de la forme substantielle de chacun de ces composés, et s’ils ont une forme substantielle. Y a-t-il, pour homme blanc, la forme substantielle d'homme blanc ? Exprimons homme blanc par le mot vêtement : qu'est-ce alors qu'être vêtement ? Ce n'est point, assurément , un être en soi. Une définition peut n’être point définition d'un être en soi, ou parce qu'elle dit plus que cet être, ou parce qu’elle dira moins. Ainsi, on peut définir une chose en la joignant à une autre ; par exemple, si, voulant définir le blanc, on donnait la définition de l'homme blanc. On peut, en définissant, omettre quelque chose ; par exemple, si, admettant que 11 signifie homme blanc, on définit le vêtement par le blanc. Homme blanc est blanc, il est vrai ; cependant la définition de la forme substantielle d’homme blanc, n’est point blanc, mais bien vêtement. Mais y a-t-il, oui ou non, une forme substantielle ? Oui, la forme substantielle, c'est ce qu’est proprement un être. Mais quand une chose est l'attribut d'une autre, elle n'est point une essence. Ainsi l'homme blanc n'est point une essence ; les substances seules ont une essence.

D'après ce qui précède, il y a forme substantielle pour toutes les choses dont la notion est une définition. Une définition, ce n'est pas simplement l’expression adéquate à la notion d’un objet, car alors tout nom serait une définition ; tout nom est adéquat à la notion de la chose qu`il exprime. Le mot Ιliade serait une définition. La définition est une expression désignant un objet premier ; et par objet premier j'entends tout objet qui, dans sa notion, n’est point rapporté à un autre. Il n’y aura donc point de forme substantielle pour d’autres êtres que les espèces dans le genre[15] ; seules elles auront ce privilège, parce que l’expression qui les désigne n’indique point un rapport à un autre être, ne marque pas qu'elles soient des modifications ni des accidents. Pour tous les autres êtres,  12 l'expression qui les désigne, s'ils ont un nom, doit signifier que tel être se trouve dans un autre être ; ou bien encore elle est une périphrase au lieu de l'expression simple : mais ces êtres n'ont ni définition, ni forme substantielle.

Toutefois la définition ne s'entendrait-elle pas aussi comme l'être, de différentes manières ? car l’être signifie ou bien la substance et la forme essentielle, ou bien encore chacun des attributs généraux, la quantité, la qualité, et tous les autres modes de ce genre. En effet, de même qu'il y a de l'être dans toutes ces choses, mais non pas au même titre, l'une étant un être premier, et les autres ne venant qu'a sa suite, de même aussi la définition convient proprement à la substance, et néanmoins s'applique, sous un point de vue, aux diverses catégories. Nous pouvons, par exemple, demander : Qu'est-ce que la qualité ? la qualité est donc un être, mais non absolument : il en est de la qualité comme du non-être dont quelques philosophes disent, pour pouvoir en parler, qu'il est, non pas qu'il est proprement, mais qu'il est le non-être[16].

Les recherches sur la définition de chaque être ne doivent pas dépasser les recherches sur la nature même de l'être. Ainsi donc, puisque nous savons de quoi il s'agit , nous savons aussi qu'il y a forme essentielle, d'abord et absolument pour les substances ; ensuite qu'il y a forme essentielle tout aussi bien qu'être dans les autres choses ; non point forme essentielle dans le sens absolu, mais forme de la qualité, forme 13 de la quantité. Ces divers modes sont des êtres, ou bien à titre d'équivalents de la substance[17], ou bien en tant qu’unis à la substance, ou séparés d'elle[18], de même qu'on applique la qualification d‘intelligible au non-intelligible. Mais, évidemment ces différents êtres ne sont point des équivalents de la substance, ne sont point êtres de la même manière. Il en est ici comme des diverses acceptions du mot médical[19] ; elles se rapportent à une seule et même chose, mais ne sont pas une seule et même chose, elles n'ont pas le même sens. [1030b] Le mot médical peut s'appliquer à un corps, à une opération, à un vase, mais ce ne sera point au même titre; il n'exprimera pas, dans tous les cas, une seule et même chose ; seulement ses différentes acceptions se rapportent à une même chose.

Quelque opinion du reste qu'on adopte à ce sujet, peu importe. Ce qu'il y a de bien évident, c`est que la définition première, la définition proprement dite, et la forme, appartiennent aux substances ; que néanmoins il y a définition et forme pour les autres objets, mais non plus définition première. Ces principes admis, il n'en résulte pas nécessairement que toute expression adéquate à la notion d'un objet est une définition. Cela n'est vrai que pour certains objets. Ce sera, par exemple, si l'objet est un, non pas un par continuité, comme l'Iliade, ni par un lien, mais un dans les véritables acceptions du mot[20] : l’unité s'entend d'autant 13 de manières que l'être, et l‘être exprime, ou bien telle chose déterminée, ou bien la quantité, ou encore la qualité. D'après cela, il y aura aussi une forme substantielle, une définition de l‘homme blanc : mais autre sera cette définition, autre la définition du blanc, autre la définition de la substance.

V

Ἔχει δ' ἀπορίαν, ἐάν τις μὴ φῇ ὁρισμὸν εἶναι τὸν ἐκ [15] προσθέσεως λόγον, τίνος ἔσται ὁρισμὸς τῶν οὐχ ἁπλῶν ἀλλὰ συνδεδυασμένων· ἐκ προσθέσεως γὰρ ἀνάγκη δηλοῦν.  Λέγω δὲ οἷον ἔστι ῥὶς καὶ κοιλότης, καὶ σιμότης τὸ ἐκ τῶν δυοῖν λεγόμενον τῷ τόδε ἐν τῷδε, καὶ οὐ κατὰ συμβεβηκός γε οὔθ' ἡ κοιλότης οὔθ' ἡ σιμότης πάθος τῆς ῥινός, ἀλλὰ καθ' [20] αὑτήν· οὐδ' ὡς τὸ λευκὸν Καλλίᾳ, ἢ ἀνθρώπῳ, ὅτι Καλλίας λευκὸς ᾧ συμβέβηκεν ἀνθρώπῳ εἶναι, ἀλλ' ὡς τὸ ἄρρεν τῷ ζῴῳ καὶ τὸ ἴσον τῷ ποσῷ καὶ πάντα ὅσα λέγεται καθ' αὑτὰ ὑπάρχειν. Ταῦτα δ' ἐστὶν ἐν ὅσοις ὑπάρχει ἢ ὁ λόγος ἢ τοὔνομα οὗ ἐστὶ τοῦτο τὸ πάθος, καὶ μὴ ἐνδέχεται δηλῶσαι [25] χωρίς, ὥσπερ τὸ λευκὸν ἄνευ τοῦ ἀνθρώπου ἐνδέχεται ἀλλ' οὐ τὸ θῆλυ ἄνευ τοῦ ζῴου· ὥστε τούτων τὸ τί ἦν εἶναι καὶ ὁρισμὸς ἢ οὐκ ἔστιν οὐδενὸς ἤ, εἰ ἔστιν, ἄλλως, καθάπερ εἰρήκαμεν.

Ἔστι δὲ ἀπορία καὶ ἑτέρα περὶ αὐτῶν. Εἰ μὲν γὰρ τὸ αὐτό ἐστι σιμὴ ῥὶς καὶ κοίλη ῥίς, τὸ αὐτὸ ἔσται τὸ σιμὸν καὶ τὸ [30] κοῖλον· εἰ δὲ μή, διὰ τὸ ἀδύνατον εἶναι εἰπεῖν τὸ σιμὸν ἄνευ τοῦ πράγματος οὗ ἐστὶ πάθος καθ' αὑτό (ἔστι γὰρ τὸ σιμὸν κοιλότης ἐν ῥινί), τὸ ῥῖνα σιμὴν εἰπεῖν ἢ οὐκ ἔστιν ἢ δὶς τὸ αὐτὸ ἔσται εἰρημένον, ῥὶς ῥὶς κοίλη (ἡ γὰρ ῥὶς ἡ σιμὴ ῥὶς ῥὶς κοίλη ἔσται), διὸ ἄτοπον τὸ ὑπάρχειν τοῖς τοιούτοις τὸ τί [35] ἦν εἶναι· εἰ δὲ μή, εἰς ἄπειρον εἶσιν· ῥινὶ γὰρ ῥινὶ σιμῇ ἔτι ἄλλο ἐνέσται.

[1031a][1] Δῆλον τοίνυν ὅτι μόνης τῆς οὐσίας ἐστὶν ὁ ὁρισμός. Εἰ γὰρ καὶ τῶν ἄλλων κατηγοριῶν, ἀνάγκη ἐκ προσθέσεως εἶναι, οἷον τοῦ †ποιοῦ† καὶ περιττοῦ· οὐ γὰρ ἄνευ ἀριθμοῦ, οὐδὲ τὸ θῆλυ ἄνευ ζῴου (τὸ δὲ ἐκ προσθέσεως λέγω ἐν οἷς [5] συμβαίνει δὶς τὸ αὐτὸ λέγειν ὥσπερ ἐν τούτοις). Εἰ δὲ τοῦτο ἀληθές, οὐδὲ συνδυαζομένων ἔσται, οἷον ἀριθμοῦ περιττοῦ· ἀλλὰ λανθάνει ὅτι οὐκ ἀκριβῶς λέγονται οἱ λόγοι. Εἰ δ' εἰσὶ καὶ τούτων ὅροι, ἤτοι ἄλλον τρόπον εἰσὶν ἢ καθάπερ ἐλέχθη πολλαχῶς λεκτέον εἶναι τὸν ὁρισμὸν καὶ τὸ τί ἦν [10] εἶναι, ὥστε ὡδὶ μὲν οὐδενὸς ἔσται ὁρισμὸς οὐδὲ τὸ τί ἦν εἶναι οὐδενὶ ὑπάρξει πλὴν ταῖς οὐσίαις, ὡδὶ δ' ἔσται.

Ὅτι μὲν οὖν ἐστὶν ὁ ὁρισμὸς ὁ τοῦ τί ἦν εἶναι λόγος, καὶ τὸ τί ἦν εἶναι ἢ μόνων τῶν οὐσιῶν ἐστὶν ἢ μάλιστα καὶ πρώτως καὶ ἁπλῶς, δῆλον.

Voici une autre difficulté. Si l’on dit que la proposition exprimant à la fois le sujet et l'attribut n'est pas une définition, dans quel cas un objet, non pas un objet simple, mais un objet composé, pourra-t-il donc avoir une définition ? car il faut nécessairement que la définition d'un objet composé soit composée elle-même. Voici dans quel cas. Nous avons, d'un côté nez et retroussé[21], de l'autre camus ; camus embrasse les deux choses à la fois, parce que l'une est dans l'autre, et que cela n'est pas accidentel. Le retroussé, le camus, ne sont point accidentellement des états du nez ; ils en sont des états essentiels. Il n'en est pas de même du blanc, qui peut s'appliquer à Callias ou à homme, parce que Callias est blanc, et que Callias se trouve être un homme ; il en est comme du mâle dans l'animal, de l’égal dans la quantité, et de toutes les 15 propriétés qui sont dites attributs essentiels. Par attributs essentiels j'entends ceux dans la définition desquels entre nécessairement l'idée ou le nom de l'objet dont ils sont des états ; qui ne peuvent point être exprimés abstraction faite de cet objet : le blanc peut être abstrait de l'idée d'homme ; le mâle au contraire est inséparable de celle de l'animal. D'après cela, ou bien aucun des objets composés n'aura ni essence ni définition, ou bien ce ne sera pas une définition première ; nous l'avons déjà fait observer tout à l’heure.µ

Il y a encore une difficulté sur ce sujet. Si nez camus et nez retroussé sont la même chose, camus et retroussé ne diffèrent pas non plus. Si l'on dit qu'ils diffèrent, parce qu'il est impossible de dire camus sans exprimer la chose dont camus est l'attribut essentiel, car le mot camus signifie nez retroussé ; alors, ou il sera impossible d'employer l'expression nez camus, ou bien ce sera dire deux fois la même chose, nez nez retroussé, puisque nez camus, signifiera nez, nez retroussé. C’est donc une absurdité d`admettre qu'il y ait une essence pour des objets de ce genre ; s'il y en a une, on ira à l'infini, car il y aura aussi une essence pour nez nez camus.

[1031a] Il est donc évident qu'il n'y a définition que de la substance. Pour les autres catégories, si l'on veut qu'elles soient susceptibles de définition, ce seront des définitions redondantes, comme celles de la qualité, de l'impair, lequel ne peut pas se définir sans le nombre ; du mâle, qui ne se définit point sans l'animal. Par définitions redondantes j'entends celles dans les- 16 quelles on dit deux fois la même chose, et celles-là sont dans ce cas. S'il en est ainsi, il n'y aura pas non plus de définition embrassant à la fois l'attribut et le sujet, définition du nombre impair, par exemple. Mais on donne des définitions de ces sortes d'objets ; on ne s’aperçoit pas que ces définitions sont fautives. Nous voulons bien accorder, du reste, que ces objets peuvent se définir ; mais alors, ou bien on les définira autrement, ou bien, comme nous l'avons dit, il faudra admettre différentes espèces de définitions, différentes espèces d'essences. Ainsi, sous un point de vue il ne peut y avoir ni définition ni essence, sinon pour les substances ; sous un autre, il y a définition des autres modes de l'être.

Il est évident d'ailleurs que la définition est l'expression de l'essence, et que l'essence ne se trouve que dans les substances, ou du moins qu'elle se trouve, surtout et avant tout, absolument enfin, dans les substances.

VI

[15] Πότερον δὲ ταὐτόν ἐστιν ἢ ἕτερον τὸ τί ἦν εἶναι καὶ ἕκαστον, σκεπτέον. Ἔστι γάρ τι πρὸ ἔργου πρὸς τὴν περὶ τῆς οὐσίας σκέψιν· ἕκαστόν τε γὰρ οὐκ ἄλλο δοκεῖ εἶναι τῆς ἑαυτοῦ οὐσίας, καὶ τὸ τί ἦν εἶναι λέγεται εἶναι ἡ ἑκάστου οὐσία. Ἐπὶ μὲν δὴ τῶν λεγομένων κατὰ συμβεβηκὸς δόξειεν ἂν [20] ἕτερον εἶναι, οἷον λευκὸς ἄνθρωπος ἕτερον καὶ τὸ λευκῷ ἀνθρώπῳ εἶναι (εἰ γὰρ τὸ αὐτό, καὶ τὸ ἀνθρώπῳ εἶναι καὶ τὸ λευκῷ ἀνθρώπῳ τὸ αὐτό· τὸ αὐτὸ γὰρ ἄνθρωπος καὶ λευκὸς ἄνθρωπος, ὡς φασίν, ὥστε καὶ τὸ λευκῷ ἀνθρώπῳ καὶ τὸ ἀνθρώπῳ· ἢ οὐκ ἀνάγκη ὅσα κατὰ συμβεβηκὸς εἶναι [25] ταὐτά, οὐ γὰρ ὡσαύτως τὰ ἄκρα γίγνεται ταὐτά· ἀλλ' ἴσως γε ἐκεῖνο δόξειεν ἂν συμβαίνειν, τὰ ἄκρα γίγνεσθαι ταὐτὰ τὰ κατὰ συμβεβηκός, οἷον τὸ λευκῷ εἶναι καὶ τὸ μουσικῷ· δοκεῖ δὲ οὔ)·

ἐπὶ δὲ τῶν καθ' αὑτὰ λεγομένων ἆρ' ἀνάγκη ταὐτὸ εἶναι, οἷον εἴ τινες εἰσὶν οὐσίαι ὧν ἕτεραι [30] μὴ εἰσὶν οὐσίαι μηδὲ φύσεις ἕτεραι πρότεραι, οἵας φασὶ τὰς ἰδέας εἶναί τινες; Εἰ γὰρ ἔσται ἕτερον αὐτὸ τὸ ἀγαθὸν καὶ τὸ ἀγαθῷ εἶναι, καὶ ζῷον καὶ τὸ ζῴῳ, καὶ τὸ ὄντι καὶ τὸ ὄν, [1031b][1] ἔσονται ἄλλαι τε οὐσίαι καὶ φύσεις καὶ ἰδέαι παρὰ τὰς λεγομένας, καὶ πρότεραι οὐσίαι ἐκεῖναι, εἰ τὸ τί ἦν εἶναι οὐσία ἐστίν. Καὶ εἰ μὲν ἀπολελυμέναι ἀλλήλων, τῶν μὲν οὐκ ἔσται ἐπιστήμη τὰ δ' οὐκ ἔσται ὄντα (λέγω δὲ τὸ ἀπολελύσθαι [5] εἰ μήτε τῷ ἀγαθῷ αὐτῷ ὑπάρχει τὸ εἶναι ἀγαθῷ μήτε τούτῳ τὸ εἶναι ἀγαθόν)· ἐπιστήμη τε γὰρ ἑκάστου ἔστιν ὅταν τὸ τί ἦν ἐκείνῳ εἶναι γνῶμεν, καὶ ἐπὶ ἀγαθοῦ καὶ τῶν ἄλλων ὁμοίως ἔχει, ὥστε εἰ μηδὲ τὸ ἀγαθῷ εἶναι ἀγαθόν, οὐδὲ τὸ ὄντι ὂν οὐδὲ τὸ ἑνὶ ἕν· ὁμοίως δὲ πάντα ἔστιν ἢ οὐθὲν τὰ [10] τί ἦν εἶναι, ὥστ' εἰ μηδὲ τὸ ὄντι ὄν, οὐδὲ τῶν ἄλλων οὐδέν. Ἔτι ᾧ μὴ ὑπάρχει ἀγαθῷ εἶναι, οὐκ ἀγαθόν.Ἀνάγκη ἄρα ἓν εἶναι τὸ ἀγαθὸν καὶ ἀγαθῷ εἶναι καὶ καλὸν καὶ καλῷ εἶναι, ὅσα μὴ κατ' ἄλλο λέγεται, ἀλλὰ καθ' αὑτὰ καὶ πρῶτα· καὶ γὰρ τοῦτο ἱκανὸν ἂν ὑπάρχῃ, κἂν μὴ ᾖ εἴδη, [15] μᾶλλον δ' ἴσως κἂν ᾖ εἴδη

(ἅμα δὲ δῆλον καὶ ὅτι εἴπερ εἰσὶν αἱ ἰδέαι οἵας τινές φασιν, οὐκ ἔσται τὸ ὑποκείμενον οὐσία· ταύτας γὰρ οὐσίας μὲν ἀναγκαῖον εἶναι, μὴ καθ' ὑποκειμένου δέ· ἔσονται γὰρ κατὰ μέθεξιν).

 Ἔκ τε δὴ τούτων τῶν λόγων ἓν καὶ ταὐτὸ οὐ κατὰ συμβεβηκὸς αὐτὸ ἕκαστον [20] καὶ τὸ τί ἦν εἶναι, καὶ ὅτι γε τὸ ἐπίστασθαι ἕκαστον τοῦτό ἐστι, τὸ τί ἦν εἶναι ἐπίστασθαι, ὥστε καὶ κατὰ τὴν ἔκθεσιν ἀνάγκη ἕν τι εἶναι ἄμφω

(τὸ δὲ κατὰ συμβεβηκὸς λεγόμενον, οἷον τὸ μουσικὸν ἢ λευκόν, διὰ τὸ διττὸν σημαίνειν [24] οὐκ ἀληθὲς εἰπεῖν ὡς ταὐτὸ τὸ τί ἦν εἶναι καὶ αὐτό· καὶ [25] γὰρ ᾧ συμβέβηκε λευκὸν καὶ τὸ συμβεβηκός, ὥστ' ἔστι μὲν ὡς ταὐτόν, ἔστι δὲ ὡς οὐ ταὐτὸ τὸ τί ἦν εἶναι καὶ αὐτό· τῷ μὲν γὰρ ἀνθρώπῳ καὶ τῷ λευκῷ ἀνθρώπῳ οὐ ταὐτό, τῷ πάθει δὲ ταὐτο).

 Ἄτοπον δ' ἂν φανείη κἂν εἴ τις ἑκάστῳ ὄνομα θεῖτο τῶν τί ἦν εἶναι· ἔσται γὰρ καὶ παρ' ἐκεῖνο [30] ἄλλο, οἷον τῷ τί ἦν εἶναι ἵππῳ τί ἦν εἶναι [ἵππῳ] ἕτερον. Καίτοι τί κωλύει καὶ νῦν εἶναι ἔνια εὐθὺς τί ἦν εἶναι, εἴπερ οὐσία τὸ τί ἦν εἶναι; Ἀλλὰ μὴν οὐ μόνον ἕν, ἀλλὰ καὶ ὁ λόγος ὁ αὐτὸς αὐτῶν, ὡς δῆλον καὶ ἐκ τῶν εἰρημένων· [1032a][1] οὐ γὰρ κατὰ συμβεβηκὸς ἓν τὸ ἑνὶ εἶναι καὶ ἕν. Ἔτι εἰ ἄλλο ἔσται, εἰς ἄπειρον εἶσιν· τὸ μὲν γὰρ ἔσται τί ἦν εἶναι τοῦ ἑνὸς τὸ δὲ τὸ ἕν, ὥστε καὶ ἐπ' ἐκείνων ὁ αὐτὸς ἔσται λόγος.

 Ὅτι [5] μὲν οὖν ἐπὶ τῶν πρώτων καὶ καθ' αὑτὰ λεγομένων τὸ ἑκάστῳ εἶναι καὶ ἕκαστον τὸ αὐτὸ καὶ ἕν ἐστι, δῆλον· οἱ δὲ σοφιστικοὶ ἔλεγχοι πρὸς τὴν θέσιν ταύτην φανερὸν ὅτι τῇ αὐτῇ λύονται λύσει καὶ εἰ ταὐτὸ Σωκράτης καὶ Σωκράτει εἶναι· οὐδὲν γὰρ διαφέρει οὔτε ἐξ ὧν ἐρωτήσειεν ἄν τις οὔτε ἐξ ὧν [10] λύων ἐπιτύχοι. Πῶς μὲν οὖν τὸ τί ἦν εἶναι ταὐτὸν καὶ πῶς οὐ ταὐτὸν ἑκάστῳ, εἴρηται.

 La forme substantielle est-elle la même chose que chaque être, ou en diffère-t-elle, c'est ce qu'il nous faut examiner. Cela nous sera utile pour notre recherche relativement à la substance. Chaque être ne diffère point, ce semble, de sa propre essence ; et la forme 18 est l'essence même de chaque être. Dans les êtres accidentels la forme substantielle paraît différer de l'être même : homme blanc diffère de la forme substantielle d'homme blanc. S'il y avait identité, il y aurait identité aussi entre la forme substantielle d'homme et la forme substantielle d'homme blanc ; car homme et homme blanc, c'est pour nous la même chose ; d'où il suivrait qu'il n'y a pas de différence entre la forme substantielle d'homme blanc et la forme substantielle d'homme. Admettrons-nous donc que pour tous les êtres accidentels l'être et la forme ne sont pas nécessairement la même chose ? Sans nul doute. Les termes comparés[22], en effet, ne sont pas identiques. Peut-être dira-t-on qu'il peut se faire accidentellement qu'ils soient identiques ; par exemple s'il s'agit de la forme substantielle de blanc, de la forme substantielle de musicien. Mais il n'en est pas ainsi, ce semble.

Quant aux êtres en soi, y a-t-il nécessairement identité entre l'être et la forme substantielle ? dans le cas, par exemple, des substances premières, s'il en existe, substances sur lesquelles aucune autre substance, aucune autre nature n'aurait l'antériorité, comme sont les idées selon quelques philosophes ? Si l'on admet l'existence des idées, alors le bien en soi diffère de la forme substantielle du bien, l'animal en soi de la forme de l'animal, l'être en soi de la forme substantielle de 18 l'être, [1031b] alors il doit y avoir des substances, des matières, des idées, en dehors des formes en question, et ces substances leur sont antérieures, puisque la forme est rapportée à la substance. Que si l'on sépare ainsi l'être de la forme, il n'y aura plus de science possible de l'être, et les formes de leur côté ne seront plus des êtres : et, par séparation, j'entends que dans l'être bon ne se trouve plus la forme substantielle du bien, ou que dans la forme substantielle il n'y ait pas l'être bon. Il n'y a pas science, dis-je ; car la science de chaque être c'est la connaissance de la forme substantielle de cet être. Ceci s'applique au bien et à tous les autres êtres ; de sorte que, si le bon ne se trouve point uni à la forme substantielle du bien, l'être ne sera point uni non plus à la forme substantielle de l'être, l'unité à la forme substantielle de l'unité. Mais de plus, ou bien la forme substantielle est identique à l'être pour toutes les idées, ou elle ne lui est identique pour aucune ; de sorte que si la forme substantielle d'être n'est pas l'être, il en sera de même pour tout le reste. Joignons à cela que ce qui n'a point la forme substantielle du bien n'est pas bon. Il faut donc nécessairement que le bien et la forme substantielle du bien soient une seule et même chose ; qu'il y ait identité entre le beau et la forme substantielle du beau, et qu'il en soit de même pour tous les êtres qui ne sont point attributs d'une autre chose, mais qui sont premiers et en soi. Et celte conclusion est légitime, soit qu'il y ait, ou qu'il n'y ait pas des idées, mais plus peut-être s'il y a des idées.

Il est évident encore que si les idées sont telles que le prétendent certains philosophes, le sujet de l'être 19 particulier n'est pas une substance. En effet, les idées sont nécessairement substances et non point attributs ; sans quoi elles participeraient de leur sujet.

Il résulte de ce qui précède, que chaque être ne fait qu’un avec sa forme substantielle, qu'il lui est essentiellement identique. Il en résulte également que connaître ce qu'est un être c'est connaître sa forme substantielle. Ainsi, il sort de la démonstration que ces deux choses ne sont réellement qu'une seule chose.

Quant à l'être accidentel, par exemple le musicien, le blanc, il n'est pas vrai de dire que l'être est identique à sa forme substantielle. L'être dans ce cas signifie deux choses : il y a le sujet de l'accident et l'accident lui-même ; de sorte que sous un point de vue, il y a identité entre l'être et la forme, sous l'autre, non. Il n'y a point identité entre la forme substantielle d'homme et la forme substantielle d'homme blanc ; mais il y a identité dans le sujet qui éprouve la modification.

On verra facilement l'absurdité de la séparation de l'être et de la forme substantielle, si l'on donne un nom à toute forme substantielle. En dehors de ce nom il y aura, dans le cas de la séparation, une autre forme substantielle : ainsi, il y aura une autre forme substantielle de cheval, en dehors de la forme substantielle du cheval. Et pourtant qui empêche donc de dire tout d'abord que quelques êtres ont immédiatement en eux leur forme substantielle, puisque la forme substantielle, c'est l'essence ? Non-seulement il y a identité entre ces deux choses, mais leur notion est la même, comme il résulte de ce qui pré- 20 cède ; [1032a] car ce n'est point accidentellement que l'unité et la forme substantielle de l'unité sont une même chose. Si ce sont deux choses différentes, on ira à l'infini. On aura, d'un côté, la forme substantielle de l'unité, et de l'autre, l'unité ; et ces deux termes seront à leur tour chacun dans le même cas. Il est donc évident que pour les êtres premiers, les êtres en soi, chaque être et la forme substantielle de chaque être sont une seule et même chose.

Quant à toutes les objections sophistiques qu'on pourrait élever contre cette proposition, on y a évidemment répondu quand on a résolu cette question : Y a-t-il identité entre Socrate et la forme substantielle de Socrate ? Les objections renferment en elles-mêmes tous les éléments de la solution. Ainsi, à quelle condition y a-t-il identité entre chaque être et sa forme substantielle, à quelle condition cette identité n'existe-t-elle pas, c'est ce que nous venons de déterminer.

VII

Τῶν δὲ γιγνομένων τὰ μὲν φύσει γίγνεται τὰ δὲ τέχνῃ τὰ δὲ ἀπὸ ταὐτομάτου, πάντα δὲ τὰ γιγνόμενα ὑπό τέ τινος γίγνεται καὶ ἔκ τινος καὶ τί· τὸ δὲ τὶ λέγω καθ' [15] ἑκάστην κατηγορίαν· ἢ γὰρ τόδε ἢ ποσὸν ἢ ποιὸν ἢ πού.. Αἱ δὲ γενέσεις αἱ μὲν φυσικαὶ αὗταί εἰσιν ὧν ἡ γένεσις ἐκ φύσεώς ἐστιν, τὸ δ' ἐξ οὗ γίγνεται, ἣν λέγομεν ὕλην, τὸ δὲ ὑφ' οὗ τῶν φύσει τι ὄντων, τὸ δὲ τὶ ἄνθρωπος ἢ φυτὸν ἢ ἄλλο τι τῶν τοιούτων, ἃ δὴ μάλιστα λέγομεν οὐσίας εἶναι [20] - ἅπαντα δὲ τὰ γιγνόμενα ἢ φύσει ἢ τέχνῃ ἔχει ὕλην· δυνατὸν γὰρ καὶ εἶναι καὶ μὴ εἶναι ἕκαστον αὐτῶν, τοῦτο δ' ἐστὶν ἡ ἐν ἑκάστῳ ὕλη - καθόλου δὲ καὶ ἐξ οὗ φύσις καὶ καθ' ὃ φύσις (τὸ γὰρ γιγνόμενον ἔχει φύσιν, οἷον φυτὸν ἢ ζῷον) καὶ ὑφ' οὗ ἡ κατὰ τὸ εἶδος λεγομένη φύσις ἡ ὁμοειδής [25] (αὕτη δὲ ἐν ἄλλῳ)· ἄνθρωπος γὰρ ἄνθρωπον γεννᾷ· οὕτω μὲν οὖν γίγνεται τὰ γιγνόμενα διὰ τὴν φύσιν,

αἱ δ' ἄλλαι γενέσεις λέγονται ποιήσεις. Πᾶσαι δὲ εἰσὶν αἱ ποιήσεις ἢ ἀπὸ τέχνης ἢ ἀπὸ δυνάμεως ἢ ἀπὸ διανοίας. Τούτων δέ τινες γίγνονται καὶ ἀπὸ ταὐτομάτου καὶ ἀπὸ τύχης παραπλησίως [30] ὥσπερ ἐν τοῖς ἀπὸ φύσεως γιγνομένοις· ἔνια γὰρ κἀκεῖ ταὐτὰ καὶ ἐκ σπέρματος γίγνεται καὶ ἄνευ σπέρματος. Περὶ μὲν οὖν τούτων ὕστερον ἐπισκεπτέον,

[1032b][1] ἀπὸ τέχνης δὲ γίγνεται ὅσων τὸ εἶδος ἐν τῇ ψυχῇ (εἶδος δὲ λέγω τὸ τί ἦν εἶναι ἑκάστου καὶ τὴν πρώτην οὐσίαν)· καὶ γὰρ τῶν ἐναντίων τρόπον τινὰ τὸ αὐτὸ εἶδος· τῆς γὰρ στερήσεως οὐσία ἡ οὐσία ἡ ἀντικειμένη, οἷον ὑγίεια νόσου, ἐκείνης γὰρ ἀπουσία [5] ἡ νόσος, ἡ δὲ ὑγίεια ὁ ἐν τῇ ψυχῇ λόγος καὶ ἡ ἐπιστήμη. Γίγνεται δὲ τὸ ὑγιὲς νοήσαντος οὕτως· ἐπειδὴ τοδὶ ὑγίεια, ἀνάγκη εἰ ὑγιὲς ἔσται τοδὶ ὑπάρξαι, οἷον ὁμαλότητα, εἰ δὲ τοῦτο, θερμότητα· καὶ οὕτως ἀεὶ νοεῖ, ἕως ἂν ἀγάγῃ εἰς τοῦτο ὃ αὐτὸς δύναται ἔσχατον ποιεῖν. Εἶτα ἤδη [10] ἡ ἀπὸ τούτου κίνησις ποίησις καλεῖται, ἡ ἐπὶ τὸ ὑγιαίνειν. Ὥστε συμβαίνει τρόπον τινὰ τὴν ὑγίειαν ἐξ ὑγιείας γίγνεσθαι καὶ τὴν οἰκίαν ἐξ οἰκίας, τῆς ἄνευ ὕλης τὴν ἔχουσαν ὕλην· ἡ γὰρ ἰατρική ἐστι καὶ ἡ οἰκοδομικὴ τὸ εἶδος τῆς ὑγιείας καὶ τῆς οἰκίας, λέγω δὲ οὐσίαν ἄνευ ὕλης τὸ τί ἦν εἶναι.

Τῶν δὴ γενέσεων καὶ κινήσεων ἡ μὲν νόησις καλεῖται ἡ δὲ ποίησις, ἡ μὲν ἀπὸ τῆς ἀρχῆς καὶ τοῦ εἴδους νόησις ἡ δ' ἀπὸ τοῦ τελευταίου τῆς νοήσεως ποίησις. Ὁμοίως δὲ καὶ τῶν ἄλλων τῶν μεταξὺ ἕκαστον γίγνεται. Λέγω δ' οἷον εἰ ὑγιανεῖ, δέοι ἂν ὁμαλυνθῆναι. Τί οὖν ἐστὶ τὸ ὁμαλυνθῆναι; Τοδί, [20] τοῦτο δ' ἔσται εἰ θερμανθήσεται. Τοῦτο δὲ τί ἐστι; Τοδί. Ὑπάρχει δὲ τοδὶ δυνάμει· τοῦτο δὲ ἤδη ἐπ' αὐτῷ.  Τὸ δὴ ποιοῦν καὶ ὅθεν ἄρχεται ἡ κίνησις τοῦ ὑγιαίνειν, ἂν μὲν ἀπὸ τέχνης, τὸ εἶδός ἐστι τὸ ἐν τῇ ψυχῇ, ἐὰν δ' ἀπὸ ταὐτομάτου, ἀπὸ τούτου ὅ ποτε τοῦ ποιεῖν ἄρχει τῷ ποιοῦντι ἀπὸ [25] τέχνης, ὥσπερ καὶ ἐν τῷ ἰατρεύειν ἴσως ἀπὸ τοῦ θερμαίνειν ἡ ἀρχή ̔τοῦτο δὲ ποιεῖ τῇ τρίψεἰ· ἡ θερμότης τοίνυν ἡ ἐν τῷ σώματι ἢ μέρος τῆς ὑγιείας ἢ ἕπεταί τι αὐτῇ τοιοῦτον ὅ ἐστι μέρος τῆς ὑγιείας, ἢ διὰ πλειόνων· τοῦτο δ' ἔσχατόν ἐστι, τὸ ποιοῦν τὸ μέρος τῆς ὑγιείας, καὶ τῆς οἰκίας [30] (οἷον οἱ λίθοι) καὶ τῶν ἄλλων·

ὥστε, καθάπερ λέγεται, ἀδύνατον γενέσθαι εἰ μηδὲν προϋπάρχοι. Ὅτι μὲν οὖν τι μέρος ἐξ ἀνάγκης ὑπάρξει φανερόν· ἡ γὰρ ὕλη μέρος (ἐνυπάρχει γὰρ καὶ γίγνεται αὕτη). [1033a][1] Ἀλλ' ἆρα καὶ τῶν ἐν τῷ λόγῳ; Ἀμφοτέρως δὴ λέγομεν τοὺς χαλκοῦς κύκλους τί εἰσι, καὶ τὴν ὕλην λέγοντες ὅτι χαλκός, καὶ τὸ εἶδος ὅτι σχῆμα τοιόνδε, καὶ τοῦτό ἐστι τὸ γένος εἰς ὃ πρῶτον τίθεται. Ὁ δὴ [5] χαλκοῦς κύκλος ἔχει ἐν τῷ λόγῳ τὴν ὕλην.

 Ἐξ οὗ δὲ ὡς ὕλης γίγνεται ἔνια λέγεται, ὅταν γένηται, οὐκ ἐκεῖνο ἀλλ' ἐκείνινον, οἷον ὁ ἀνδριὰς οὐ λίθος ἀλλὰ λίθινος, ὁ δὲ ἄνθρωπος ὁ ὑγιαίνων οὐ λέγεται ἐκεῖνο ἐξ οὗ· αἴτιον δὲ ὅτι γίγνεται ἐκ τῆς στερήσεως καὶ τοῦ ὑποκειμένου, ὃ λέγομεν τὴν [10] ὕλην. (οἷον καὶ ὁ ἄνθρωπος καὶ ὁ κάμνων γίγνεται ὑγιης), μᾶλλον μέντοι λέγεται γίγνεσθαι ἐκ τῆς στερήσεως, οἷον ἐκ κάμνοντος ὑγιὴς ἢ ἐξ ἀνθρώπου, διὸ κάμνων μὲν ὁ ὑγιὴς οὐ λέγεται, ἄνθρωπος δέ, καὶ ὁ ἄνθρωπος ὑγιής· ὧν δ' ἡ στέρησις ἄδηλος καὶ ἀνώνυμος, οἷον ἐν χαλκῷ σχήματος ὁποιουοῦν ἢ [15] ἐν πλίνθοις καὶ ξύλοις οἰκίας, ἐκ τούτων δοκεῖ γίγνεσθαι ὡς ἐκεῖ ἐκ κάμνοντος· διὸ ὥσπερ οὐδ' ἐκεῖ ἐξ οὗ τοῦτο, ἐκεῖνο οὐ λέγεται, οὐδ' ἐνταῦθα ὁ ἀνδριὰς ξύλον, ἀλλὰ παράγεται ξύλινος, [οὐ ξύλον,] καὶ χαλκοῦς ἀλλ' οὐ χαλκός, καὶ λίθινος ἀλλ' οὐ λίθος, καὶ ἡ οἰκία πλινθίνη ἀλλ' οὐ πλίνθοι, ἐπεὶ οὐδὲ [20] ὡς ἐκ ξύλου γίγνεται ἀνδριὰς ἢ ἐκ πλίνθων οἰκία, ἐάν τις ἐπιβλέπῃ σφόδρα, οὐκ ἂν ἁπλῶς εἴπειεν, διὰ τὸ δεῖν μεταβάλλοντος γίγνεσθαι ἐξ οὗ, ἀλλ' οὐχ ὑπομένοντος. Διὰ μὲν οὖν τοῦτο οὕτως λέγεται.
 

Entre les choses qui deviennent, les unes sont des productions de la nature, les autres de l'art, les autres du hasard[23]. Dans toute production il y a une 21 cause, un sujet, puis un être produit, et par être j'entends, ici tous les modes de l'être, essence, quantité, qualité, lieu[24]. Les productions naturelles sont celles des êtres qui proviennent de la nature. Ce dont un être provient, c'est ce qu'on appelle la matière ; ce par quoi une chose est produite est un être naturel. L'être produit, c'est ou un homme, ou une plante, ou quelqu'un des êtres de ce genre, auxquels nous donnons surtout le nom de substances. Tous les êtres qui proviennent de la nature ou de l'art, ont une matière ; car tous, ils peuvent être ou ne pas être, et cette possibilité tient à la matière qui est dans chacun d'eux. En général, et la cause productrice des êtres et les êtres produits s'appellent nature[25], car les êtres qui sont produits, la plante, l'animal, par exemple, ont une nature, et la cause productrice a, sous le rapport de la forme, une nature semblable à celle des êtres produits ; seulement cette nature se trouve dans un autre être : c'est un homme qui produit un homme. C'est ainsi qu'arrivent à l'existence les productions de la nature.

Les autres productions s'appellent créations[26]. Toutes 22 les créations sont des effets ou d'un art, ou d'une puissance, ou de la pensée. Quelques-unes aussi proviennent du hasard , de la fortune : ce sont, pour ainsi dire, des productions collatérales[27]. Il y a, par exemple, dans la nature, des êtres qui se produisent également et au moyen d'une semence, et sans semence[28]. Nous nous occuperons plus bas des productions du hasard.

[1032b] Les productions de l'art sont celles dont la forme est dans l'esprit ; et par forme j'entends l'essence de chaque chose, sa substance première. Les contraires ont, sous un point de vue , la même forme substantielle ; la substance de la privation, c'est la substance opposée à la privation, la santé est la substance de la maladie : en effet, la déclaration de la maladie n'est que l'absence de la santé. Et la santé, c'est l'idée même qui est dans l'âme, la notion scientifique ; la santé vient d'une pensée comme celle-ci : La santé est telle chose; donc il faut, si l'on veut la produire, qu'il y ait telle autre chose, par exemple l'équilibre des différentes parties ; or, pour produire cet équilibre, il faut la chaleur. Et l'on arrive ainsi successivement par la pensée à une dernière chose qu'on peut immédiatement produire. Le mouvement qui réalise cette chose se nomme opération, opération en vue de la santé. De sorte que sous un point de vue la santé vient de la santé, la maison de la maison, la maison 23 matérielle de la maison immatérielle ; car la médecine, l'art de bâtir, sont la forme de la santé et de la maison. Par essence immatérielle j'entends la forme pure.

Parmi les productions et les mouvements, les uns sont appelés pensées, les autres opérations : ceux qui proviennent de la cause productrice et de la forme sont les pensées ; ceux qui ont pour principe la dernière idée à laquelle arrive l'esprit sont des opérations. La même chose s'applique à chacun des états intermédiaires entre la pensée et la production. Ainsi, pour qu'il y ait santé, il faut qu'il y ait équilibre ; mais qu'est-ce que l'équilibre ? C'est telle chose ; et cette chose aura lieu s'il y a chaleur. Qu'est-ce que la chaleur ? Telle chose. La chaleur existe en puissance ; et le médecin peut la réaliser. Ainsi, le principe producteur, la cause motrice de la santé, si elle est le fruit de l'art, c'est l'idée qui est dans l'esprit ; si le fruit du hasard, elle aura certainement pour principe la chose même au moyen de laquelle l'eût produite celui qui la produit par l'art. Le principe de la guérison, c'est probablement la chaleur ; et on produit la chaleur par la friction. Or, la chaleur produite dans le corps est un élément de la santé, ou bien elle est suivie d'une autre chose ou de plusieurs qui sont des éléments de la santé. La dernière chose à laquelle on arrive ainsi, est la cause efficiente ; elle est un élément de la santé, de la maison : telles sont les pierres ; et de même pour tout le reste.

Il est donc impossible, comme nous l'avons dit, que rien se produise, si rien ne préexiste ; il est évident qu'il faut de toute nécessité un élément préexistant. 24 [1033a] La matière est un élément : elle est le sujet et c'est sur elle qu'a lieu la production. Dans les êtres même dont il y a définition, la matière se trouve encore. En effet, dans la définition des cercles réalisés, en général il entre deux éléments, la matière, l'airain par exemple, et ensuite la forme, telle figure, c'est-à-dire le genre premier auquel l'objet se rapporte. Dans la définition du cercle d'airain entre la matière.

L'objet produit ne prend jamais le nom du sujet d'où il vient ; on dît seulement qu'il est de la nature de ce sujet ; qu'il est de cela[29] et non pas cela[30] On ne dit point une statue pierre, mais une statue de pierre. L'homme en santé ne prend pas le nom de ce dont il est parti pour arriver à la santé ; la cause, c'est que la santé vient à la fois et de la privation de la maladie et du sujet lui-même, auquel nous donnons le nom de matière : ainsi, l'être bien portant provient et de l’homme et du malade. Cependant, la production est plutôt rapportée à la privation ; on dit qu'on devient de malade bien portant, plutôt que d'homme bien portant. C'est pourquoi l'être bien portant ne reçoit pas la qualification de malade, mais d'homme, et d’homme bien portant. Dans les circonstances où la privation n'est point apparente, ou bien quand cette privation n'a pas de nom, par exemple lorsque telle forme est produite sur l'airain, lorsque les briques, les poutres d'une maison reçoivent telle forme, la 25 même chose a lieu, ce semble, dans cette production, que pour la production de la santé, laquelle vient de la maladie ; et de même que dans ce dernier cas l'objet produit ne reçoit pas le nom de l'objet dont il provient, de même la statue ne s'appelle pas bois, mais tire son nom du bois dont elle est faite : elle est de bois et non pas bois ; elle est d'airain et non pas airain, de pierre et non pas pierre. On dit encore : une maison de briques, et non pas une maison briques. Et en effet, si l'on veut y faire attention, on verra que ce n'est point absolument que la statue vient du bois, la maison des briques ; lorsqu'une chose provient d'une autre, il y a transformation de l'une dans l'autre, le sujet ne persiste point dans son état. Telle est la raison de cette locution.

VIII

 Ἐπεὶ δὲ ὑπό τινός τε γίγνεται τὸ γιγνόμενον ̔τοῦτο δὲ [25] λέγω ὅθεν ἡ ἀρχὴ τῆς γενέσεώς ἐστἰ καὶ ἔκ τινος (ἔστω δὲ μὴ ἡ στέρησις τοῦτο ἀλλ' ἡ ὕλη· ἤδη γὰρ διώρισται ὃν τρόπον τοῦτο λέγομεν) καὶ τὶ γίγνεται (τοῦτο δ' ἐστὶν ἢ σφαῖρα ἢ κύκλος ἢ ὅ τι ἔτυχε τῶν ἄλλων),  ὥσπερ οὐδὲ τὸ ὑποκείμενον ποιεῖ, τὸν χαλκόν, οὕτως οὐδὲ τὴν σφαῖραν, εἰ μὴ [30] κατὰ συμβεβηκὸς ὅτι ἡ χαλκῆ σφαῖρα σφαῖρά ἐστιν ἐκείνην δὲ ποιεῖ. Τὸ γὰρ τόδε τι ποιεῖν ἐκ τοῦ ὅλως ὑποκειμένου τόδε τι ποιεῖν ἐστίν (λέγω δ' ὅτι τὸν χαλκὸν στρογγύλον ποιεῖν ἐστὶν οὐ τὸ στρογγύλον ἢ τὴν σφαῖραν ποιεῖν ἀλλ' ἕτερόν τι, οἷον τὸ εἶδος τοῦτο ἐν ἄλλῳ· εἰ γὰρ ποιεῖ, ἔκ τινος ἂν ποιοίη ἄλλου, τοῦτο γὰρ ὑπέκειτο· [1033b][1] οἷον ποιεῖ χαλκῆν σφαῖραν, τοῦτο δὲ οὕτως ὅτι ἐκ τουδί, ὅ ἐστι χαλκός, τοδὶ ποιεῖ, ὅ ἐστι σφαῖρα· εἰ οὖν καὶ τοῦτο ποιεῖ αὐτό, δῆλον ὅτι ὡσαύτως ποιήσει, καὶ βαδιοῦνται αἱ γενέσεις εἰς ἄπειρον.  [5] Φανερὸν ἄρα ὅτι οὐδὲ τὸ εἶδος, ἢ ὁτιδήποτε χρὴ καλεῖν τὴν ἐν τῷ αἰσθητῷ μορφήν, οὐ γίγνεται, οὐδ' ἔστιν αὐτοῦ γένεσις, [7] οὐδὲ τὸ τί ἦν εἶναι ̔τοῦτο γάρ ἐστιν ὃ ἐν ἄλλῳ γίγνεται ἢ ὑπὸ τέχνης ἢ ὑπὸ φύσεως ἢ δυνάμεωσ̓. Τὸ δὲ χαλκῆν σφαῖραν εἶναι ποιεῖ· ποιεῖ γὰρ ἐκ χαλκοῦ καὶ σφαίρας· [10] εἰς τοδὶ γὰρ τὸ εἶδος ποιεῖ, καὶ ἔστι τοῦτο σφαῖρα χαλκῆ.  Τοῦ δὲ σφαίρᾳ εἶναι ὅλως εἰ ἔσται γένεσις, ἔκ τινος τὶ ἔσται. Δεήσει γὰρ διαιρετὸν εἶναι ἀεὶ τὸ γιγνόμενον, καὶ εἶναι τὸ μὲν τόδε τὸ δὲ τόδε, λέγω δ' ὅτι τὸ μὲν ὕλην τὸ δὲ εἶδος. Εἰ δή ἐστι σφαῖρα τὸ ἐκ τοῦ μέσου σχῆμα ἴσον, τούτου τὸ μὲν [15] ἐν ᾧ ἔσται ὃ ποιεῖ, τὸ δ' ἐν ἐκείνῳ, τὸ δὲ ἅπαν τὸ γεγονός, οἷον ἡ χαλκῆ σφαῖρα.

Φανερὸν δὴ ἐκ τῶν εἰρημένων ὅτι τὸ μὲν ὡς εἶδος ἢ οὐσία λεγόμενον οὐ γίγνεται, ἡ δὲ σύνολος ἡ κατὰ ταύτην λεγομένη γίγνεται, καὶ ὅτι ἐν παντὶ τῷ γεννωμένῳ ὕλη ἔνεστι, καὶ ἔστι τὸ μὲν τόδε τὸ δὲ τόδε.

Πότερον [20] οὖν ἔστι τις σφαῖρα παρὰ τάσδε ἢ οἰκία παρὰ τὰς πλίνθους; Ἢ οὐδ' ἄν ποτε ἐγίγνετο, εἰ οὕτως ἦν, τόδε τι, ἀλλὰ τὸ τοιόνδε σημαίνει, τόδε δὲ καὶ ὡρισμένον οὐκ ἔστιν, ἀλλὰ ποιεῖ καὶ γεννᾷ ἐκ τοῦδε τοιόνδε, καὶ ὅταν γεννηθῇ, ἔστι τόδε τοιόνδε; Τὸ δὲ ἅπαν τόδε, Καλλίας ἢ Σωκράτης, ἐστὶν ὥσπερ [25] ἡ σφαῖρα ἡ χαλκῆ ἡδί, ὁ δ' ἄνθρωπος καὶ τὸ ζῷον ὥσπερ σφαῖρα χαλκῆ ὅλως. Φανερὸν ἄρα ὅτι ἡ τῶν εἰδῶν αἰτία, ὡς εἰώθασί τινες λέγειν τὰ εἴδη, εἰ ἔστιν ἄττα παρὰ τὰ καθ' ἕκαστα, πρός γε τὰς γενέσεις καὶ τὰς οὐσίας οὐθὲν χρησίμη· οὐδ' ἂν εἶεν διά γε ταῦτα οὐσίαι καθ' αὑτάς. Ἐπὶ μὲν δή [30] τινων καὶ φανερὸν ὅτι τὸ γεννῶν τοιοῦτον μὲν οἷον τὸ γεννώμενον, οὐ μέντοι τὸ αὐτό γε, οὐδὲ ἓν τῷ ἀριθμῷ ἀλλὰ τῷ εἴδει, οἷον ἐν τοῖς φυσικοῖς - ἄνθρωπος γὰρ ἄνθρωπον γεννᾷ - ἂν μή τι παρὰ φύσιν γένηται, οἷον ἵππος ἡμίονον (καὶ ταῦτα δὲ ὁμοίως· ὃ γὰρ ἂν κοινὸν εἴη ἐφ' ἵππου καὶ ὄνου οὐκ ὠνόμασται, τὸ ἐγγύτατα γένος, εἴη δ' ἂν ἄμφω ἴσως, οἷον ἡμίονος)̓·

[1034a][1] ὥστε φανερὸν ὅτι οὐθὲν δεῖ ὡς παράδειγμα εἶδος κατασκευάζειν (μάλιστα γὰρ ἂν ἐν τούτοις ἐπεζητοῦντο· οὐσίαι γὰρ αἱ μάλιστα αὗται) ἀλλὰ ἱκανὸν τὸ γεννῶν ποιῆσαι [5] καὶ τοῦ εἴδους αἴτιον εἶναι ἐν τῇ ὕλῃ. Τὸ δ' ἅπαν ἤδη, τὸ τοιόνδε εἶδος ἐν ταῖσδε ταῖς σαρξὶ καὶ ὀστοῖς, Καλλίας καὶ Σωκράτης· καὶ ἕτερον μὲν διὰ τὴν ὕλην (ἑτέρα γάῤ, ταὐτὸ δὲ τῷ εἴδει ̔ἄτομον γὰρ τὸ εἶδος).
 

Tout être qui devient a une cause productrice, et par là j'entends le principe de la production ; il a aussi un sujet (c'est le sujet non point la privation, mais la matière, au sens où nous avons pris ce mot précédemment) ; enfin, il devient quelque chose, sphère, par exemple, cercle, ou tout autre objet. De même donc que le sujet ne produit pas l'airain, de même aussi il ne produit point la sphère, si ce n'est accidentellement, parce que la sphère d'airain est 26 accidentellement une sphère d'airain. Ce qu'il produit, c'est la sphère d'airain ; car produire un être particulier, c'est, du sujet absolument indéterminé, faire un objet déterminé[31]. Je dis par exemple, que rendre rond l'airain, ce n'est produire ni la rondeur, ni la sphère ; mais c'est produire un tout autre objet, c'est produire cette forme dans autre chose. Si l'on produisait réellement la sphère, on la tirerait d'autre chose ; alors il faudrait un sujet, [1033b] comme dans la production de la sphère d'airain. Produire une sphère d'airain ne veut pas dire autre chose que faire de tel objet qui est de l'airain, telle autre chose qui est une sphère. Si donc il y a production de la sphère elle-même, la production sera de même nature : ce ne sera qu'une transformation, et la chaîne des productions se prolongera ainsi à l'infini. Il est donc évident que la figure[32], ou quel que soit le nom qu'il faut donner à la forme réalisée dans les objets sensibles, ne peut point devenir, qu'il n'y a pas pour elle de production, que néanmoins la figure n'est pas une essence[33]. La figure, en effet, c'est ce qui se réalise dans 27 un autre être, par le moyen de l'art, ou de la nature, ou d'une puissance[34]. Ce qu'elle produit, en se réalisant dans un objet, c'est, par exemple, une sphère d'airain : la sphère d'airain est le produit de l'airain et de la sphère; telle forme a été produite dans tel objet, et le produit est une sphère d'airain. Si l'on veut qu'il y ait véritablement production de la sphère, l'essence proviendra de quelque chose ; car il faudra toujours que l'objet produit soit divisible, et qu'il y ait en lui une double nature ; d'un côté la matière, de l'autre, la forme. La sphère est une figure dont tous les points sont également éloignés du centre ; il y aurait donc d'une part le sujet sur lequel agit la cause efficiente, de l'autre, la forme qui se réalise dans ce sujet, et enfin l'ensemble de ces deux choses, de la même manière que pour la sphère d'airain.

Il résulte évidemment de ce qui précède, que ce qu'on appelle la forme, l'essence, ne se produit point : la seule chose qui devienne, c'est la réunion de la forme et de la matière ; que dans tout être qui est devenu il y a de la matière : d'un côté la matière, de l'autre la forme.

Y a-t-il donc quelque sphère en dehors des sphères sensibles, quelque maison indépendamment des maisons de briques ? S'il en était ainsi, il n'y aurait 28 jamais production de l'être particulier ; il ne se produirait que des qualités. Or, la qualité n'est point l'essence, la forme déterminée, mais ce qui donne à l'être tel ou tel caractère, de telle sorte qu'après la production on dise : tel être a telle qualité. L'être réalisé, au contraire, Socrate, Callias, pris individuellement, est dans le même cas que telle sphère d'airain particulière. L'homme et l'animal sont comme la sphère d'airain en général. Il est donc évident que les idées considérées comme causes, et c'est le point de vue des partisans des idées, supposé qu'il y ait des êtres indépendants des objets particuliers, sont inutiles pour la production des essences, et que ce ne sont pas les idées qui constituent les essences des êtres[35]. Il est encore évident que dans certains cas ce qui produit est de même nature que ce qui est produit, mais ne lui est point identique en nombre : il y a seulement identité de forme, comme il arrive, par exemple, pour les productions naturelles. Ainsi, l'homme produit l'homme. Toutefois, il peut y avoir une production contre nature : le cheval engendre le mulet ; et encore la loi de la production est-elle ici la même ; la production a lieu en vertu d'un type commun au cheval et à l'âne, d'un genre qui se rapproche de l'un et de l'autre et qui n'a pas reçu de nom. Le mulet est probablement un genre intermédiaire.

[1034a] On voit assez qu'il n'est pas besoin qu'un exemplaire particulier fournisse la forme des êtres; car ce serait surtout dans la formation des êtres individuels 29 que ces exemplaires seraient utiles, puisque ce sont ces êtres surtout qui ont le caractère d'essence. L'être qui engendre suffit à la production ; c'est lui qui donne la forme à la matière. Telle forme générale qui se réalise dans tels os, dans telles chairs, voilà Socrate et Callias. Il y a cependant entre eux différence de matière, car la matière diffère ; mais leur forme est identique : la forme est indivisible.

IX

 Ἀπορήσειε δ' ἄν τις διὰ τί τὰ μὲν γίγνεται καὶ τέχνῃ [10] καὶ ἀπὸ ταὐτομάτου, οἷον ὑγίεια, τὰ δ' οὔ, οἷον οἰκία. Αἴτιον δὲ ὅτι τῶν μὲν ἡ ὕλη ἡ ἄρχουσα τῆς γενέσεως ἐν τῷ ποιεῖν καὶ γίγνεσθαί τι τῶν ἀπὸ τέχνης, ἐν ᾗ ὑπάρχει τι μέρος τοῦ πράγματος, ἡ μὲν τοιαύτη ἐστὶν οἵα κινεῖσθαι ὑφ' αὑτῆς ἡ δ' οὔ, καὶ ταύτης ἡ μὲν ὡδὶ οἵα τε ἡ δὲ ἀδύνατος· πολλὰ [15] γὰρ δυνατὰ μὲν ὑφ' αὑτῶν κινεῖσθαι ἀλλ' οὐχ ὡδί, οἷον ὀρχήσασθαι. Ὅσων οὖν τοιαύτη ἡ ὕλη, οἷον οἱ λίθοι, ἀδύνατον ὡδὶ κινηθῆναι εἰ μὴ ὑπ' ἄλλου, ὡδὶ μέντοι ναί - καὶ τὸ πῦρ. Διὰ τοῦτο τὰ μὲν οὐκ ἔσται ἄνευ τοῦ ἔχοντος τὴν τέχνην τὰ δὲ ἔσται· ὑπὸ γὰρ τούτων κινηθήσεται τῶν οὐκ ἐχόντων [20] τὴν τέχνην, κινεῖσθαι δὲ δυναμένων αὐτῶν ὑπ' ἄλλων οὐκ ἐχόντων τὴν τέχνην ἢ ἐκ μέρους.

Δῆλον δ' ἐκ τῶν εἰρημένων καὶ ὅτι τρόπον τινὰ πάντα γίγνεται ἐξ ὁμωνύμου, ὥσπερ τὰ φύσει, ἢ ἐκ μέρους ὁμωνύμου ̔οἷον ἡ οἰκία ἐξ οἰκίας, ᾗ ὑπὸ νοῦ· ἡ γὰρ τέχνη τὸ εἶδοσ̓ [ἢ ἐκ μέρους] ἢ [25] ἔχοντός τι μέρος, ἐὰν μὴ κατὰ συμβεβηκὸς γίγνηται· τὸ γὰρ αἴτιον τοῦ ποιεῖν πρῶτον καθ' αὑτὸ μέρος. Θερμότης γὰρ ἡ ἐν τῇ κινήσει θερμότητα ἐν τῷ σώματι ἐποίησεν· αὕτη δὲ ἐστὶν ἢ ὑγίεια ἢ μέρος, ἢ ἀκολουθεῖ αὐτῇ μέρος τι τῆς ὑγιείας ἢ αὐτὴ ἡ ὑγίεια· διὸ καὶ λέγεται ποιεῖν, ὅτι ἐκεῖνο [30] ποιεῖ [τὴν ὑγίειαν] ᾧ ἀκολουθεῖ καὶ συμβέβηκε [θερμότης]. Ὥστε, ὥσπερ ἐν τοῖς συλλογισμοῖς, πάντων ἀρχὴ ἡ οὐσία· ἐκ γὰρ τοῦ τί ἐστιν οἱ συλλογισμοί εἰσιν, ἐνταῦθα δὲ αἱ γενέσεις. Ὁμοίως δὲ καὶ τὰ φύσει συνιστάμενα τούτοις ἔχει. Τὸ μὲν γὰρ σπέρμα ποιεῖ ὥσπερ τὰ ἀπὸ τέχνης (ἔχει γὰρ δυνάμει τὸ εἶδος, [1034b][1] καὶ ἀφ' οὗ τὸ σπέρμα, ἐστί πως ὁμώνυμον - οὐ γὰρ πάντα οὕτω δεῖ ζητεῖν ὡς ἐξ ἀνθρώπου ἄνθρωπος· καὶ γὰρ γυνὴ ἐξ ἀνδρός - ἐὰν μὴ πήρωμα ᾖ· διὸ ἡμίονος οὐκ ἐξ ἡμιόνου)·

ὅσα δὲ ἀπὸ ταὐτομάτου ὥσπερ ἐκεῖ γίγνεται, [5] ὅσων ἡ ὕλη δύναται καὶ ὑφ' αὑτῆς κινεῖσθαι ταύτην τὴν κίνησιν ἣν τὸ σπέρμα κινεῖ· ὅσων δὲ μή, ταῦτα ἀδύνατα γίγνεσθαι ἄλλως πως ἢ ἐξ αὐτῶν.

Οὐ μόνον δὲ περὶ τῆς οὐσίας ὁ λόγος δηλοῖ τὸ μὴ γίγνεσθαι τὸ εἶδος, ἀλλὰ περὶ πάντων ὁμοίως τῶν πρώτων κοινὸς ὁ λόγος, οἷον ποσοῦ [10] ποιοῦ καὶ τῶν ἄλλων κατηγοριῶν. Γίγνεται γὰρ ὥσπερ ἡ χαλκῆ σφαῖρα ἀλλ' οὐ σφαῖρα οὐδὲ χαλκός, καὶ ἐπὶ χαλκοῦ, εἰ γίγνεται (ἀεὶ γὰρ δεῖ προϋπάρχειν τὴν ὕλην καὶ τὸ εἶδος), οὕτως καὶ ἐπὶ τοῦ τί ἐστι καὶ ἐπὶ τοῦ ποιοῦ καὶ ποσοῦ καὶ τῶν ἄλλων ὁμοίως κατηγοριῶν· οὐ γὰρ γίγνεται [15] τὸ ποιὸν ἀλλὰ τὸ ποιὸν ξύλον, οὐδὲ τὸ ποσὸν ἀλλὰ τὸ ποσὸν ξύλον ἢ ζῷον.

 Ἀλλ' ἴδιον τῆς οὐσίας ἐκ τούτων λαβεῖν ἔστιν ὅτι ἀναγκαῖον προϋπάρχειν ἑτέραν οὐσίαν ἐντελεχείᾳ οὖσαν ἣ ποιεῖ, οἷον ζῷον εἰ γίγνεται ζῷον· ποιὸν δ' ἢ ποσὸν οὐκ ἀνάγκη ἀλλ' ἢ δυνάμει μόνον.
 

On pourrait se demander pourquoi certaines choses sont produites tout aussi bien par le hasard que par l'art, ainsi la santé, tandis que pour d'autres il n'en est pas de même, par exemple pour une maison. La cause, c'est que la matière, principe de la production des choses qui sont faites ou produites par l'art, la matière qui est une partie même de ces choses, a, dans certains cas, un mouvement propre, qu'elle n'a pas dans d'autres. Telle matière peut avoir tel mouvement particulier ; telle autre ne le peut pas. Une multitude d'êtres ont en eux un principe de mouvement, qui ne peuvent se donner tel mouvement particulier ; par exemple, ils ne pourront pas danser en cadence[36]. Toutes les choses donc qui ont 30 une matière de ce genre, les pierres, par exemple, ne peuvent point prendre tel mouvement particulier, à moins qu'elles ne reçoivent une impulsion extérieure. Elles ont cependant un mouvement qui leur est propre[37] ; il en est de même du feu. C'est pourquoi certaines choses n'existeront point indépendamment de l'artiste ; d'autres pourront exister au contraire. Ces dernières, en effet, pourront être mises en mouvement par des êtres étrangers à l'art ; car elles peuvent recevoir le mouvement ou d'êtres qui ne possèdent point l'art, ou d'elles-mêmes.

Il résulte évidemment de ce que nous avons dit, que toutes choses viennent en quelque façon de choses qui portent le même nom, comme les productions naturelles, ou bien d'un élément qui a le même nom : ainsi la maison vient de la maison, ou, si l'on veut, de l'esprit ; l'art, en effet, c'est la forme, la forme considérée comme élément essentiel, ou comme produisant elle-même un élément de l'objet ; car la cause de la réalisation est un élément essentiel et premier. Ainsi, la chaleur que développe le frottement produit la chaleur dans le corps ; celle-ci est, ou la santé, ou un élément de la santé, ou bien elle est suivie de quelque chose qui est ou un élément de la santé ou la santé elle-même. C'est pourquoi on dit que le frottement produit la santé, parce que la chaleur produit la santé, qu'elle en est suivie et accompagnée. Et de même que tous les raisonnements ont pour principe l'essence (tout raisonnement part, en effet, de l'être détermi- 31 né[38], de même l'essence est le principe de toute production. Il en est des productions de la nature comme des productions de l'art. Le germe remplit à peu près le même rôle que l'artiste ; car il a en puissance la forme de l'objet, [1034a] et ce dont vient le germe porte généralement le même nom que l'objet produit. Je dis généralement, car il ne faut point chercher en cela une rigueur exacte : l'homme vient de l'homme, il est vrai ; mais la femme aussi vient de l'homme. Il faut d'ailleurs que l'animal ait l'usage de tous ses organes : ainsi, le mulet ne produit pas le mulet.

Les productions du hasard, dans la nature, sont celles dont la matière peut prendre par elle-même le mouvement qu'imprime ordinairement le germe. Toutes les choses qui ne sont pas dans cette condition ne peuvent point être produites autrement que par une cause motrice du genre de celles dont nous avons parlé.

Ce n'est point seulement pour la forme de la substance que toute production est démontrée impossible : le même raisonnement s'applique à toutes les catégories, à la quantité, à la qualité, et à tous les autres modes de l'être. Car, de même qu'on produit une sphère d'airain et non pas la sphère ni l'airain (et la même chose s'applique à l'airain considéré comme une production, puisque toujours dans les productions il y a une matière et une forme qui préexistent), de 32 même aussi pour l'essence, pour la qualité, la quantité, pour toutes les autres catégories. Ce qui se produit n'est pas la qualité, mais le bois ayant telle qualité ; ce n'est point non plus la quantité, mais le bois, l'animal ayant telle quantité.

De tout ce qui précède il ressort : que dans la production d'un être il faut nécessairement que la substance productrice soit en acte, qu'il y ait, par exemple, un animal préexistant, si c'est un animal qui est produit. Mais il n'est pas nécessaire qu'il y ait une quantité, une qualité préexistant en acte; il suffit qu'elles soient en puissance.

X

Ἐπεὶ δὲ ὁ ὁρισμὸς λόγος ἐστί, πᾶς δὲ λόγος μέρη ἔχει, ὡς δὲ ὁ λόγος πρὸς τὸ πρᾶγμα, καὶ τὸ μέρος τοῦ λόγου πρὸς τὸ μέρος τοῦ πράγματος ὁμοίως ἔχει, ἀπορεῖται ἤδη πότερον δεῖ τὸν τῶν μερῶν λόγον ἐνυπάρχειν ἐν τῷ τοῦ ὅλου λόγῳ ἢ οὔ. Ἐπ' ἐνίων μὲν γὰρ φαίνονται ἐνόντες ἐνίων δ' οὔ. Τοῦ μὲν [25] γὰρ κύκλου ὁ λόγος οὐκ ἔχει τὸν τῶν τμημάτων, ὁ δὲ τῆς συλλαβῆς ἔχει τὸν τῶν στοιχείων· καίτοι διαιρεῖται καὶ ὁ κύκλος εἰς τὰ τμήματα ὥσπερ καὶ ἡ συλλαβὴ εἰς τὰ στοιχεῖα.Ἔτι δὲ εἰ πρότερα τὰ μέρη τοῦ ὅλου, τῆς δὲ ὀρθῆς ἡ ὀξεῖα μέρος καὶ ὁ δάκτυλος τοῦ ζῴου, πρότερον ἂν εἴη ἡ ὀξεῖα [30] τῆς ὀρθῆς καὶ ὁ δάκτυλος τοῦ ἀνθρώπου. Δοκεῖ δ' ἐκεῖνα εἶναι πρότερα· τῷ λόγῳ γὰρ λέγονται ἐξ ἐκείνων, καὶ τῷ εἶναι δὲ ἄνευ ἀλλήλων πρότερα. Ἢ πολλαχῶς λέγεται τὸ μέρος, ὧν εἷς μὲν τρόπος τὸ μετροῦν κατὰ τὸ ποσόν - ἀλλὰ τοῦτο μὲν ἀφείσθω· ἐξ ὧν δὲ ἡ οὐσία ὡς μερῶν, τοῦτο σκεπτέον. [1035a][1] Εἰ οὖν ἐστὶ τὸ μὲν ὕλη τὸ δὲ εἶδος τὸ δ' ἐκ τούτων, καὶ οὐσία ἥ τε ὕλη καὶ τὸ εἶδος καὶ τὸ ἐκ τούτων, ἔστι μὲν ὡς καὶ ἡ ὕλη μέρος τινὸς λέγεται, ἔστι δ' ὡς οὔ, ἀλλ' ἐξ ὧν ὁ τοῦ εἴδους λόγος. Οἷον τῆς μὲν κοιλότητος οὐκ ἔστι μέρος [5] ἡ σάρξ (αὕτη γὰρ ἡ ὕλη ἐφ' ἧς γίγνεται), τῆς δὲ σιμότητος μέρος· καὶ τοῦ μὲν συνόλου ἀνδριάντος μέρος ὁ χαλκὸς τοῦ δ' ὡς εἴδους λεγομένου ἀνδριάντος οὔ (λεκτέον γὰρ τὸ εἶδος καὶ ᾗ εἶδος ἔχει ἕκαστον, τὸ δ' ὑλικὸν οὐδέποτε καθ' αὑτὸ λεκτέον)· διὸ ὁ μὲν τοῦ κύκλου λόγος οὐκ ἔχει [10] τὸν τῶν τμημάτων, ὁ δὲ τῆς συλλαβῆς ἔχει τὸν τῶν στοιχείων· τὰ μὲν γὰρ στοιχεῖα τοῦ λόγου μέρη τοῦ εἴδους καὶ οὐχ ὕλη, τὰ δὲ τμήματα οὕτως μέρη ὡς ὕλη ἐφ' ἧς ἐπιγίγνεται· ἐγγυτέρω μέντοι τοῦ εἴδους ἢ ὁ χαλκὸς ὅταν ἐν χαλκῷ ἡ στρογγυλότης ἐγγένηται. Ἔστι δ' ὡς οὐδὲ τὰ στοιχεῖα πάντα [15] τῆς συλλαβῆς ἐν τῷ λόγῳ ἐνέσται, οἷον ταδὶ τὰ κήρινα ἢ τὰ ἐν τῷ ἀέρι· ἤδη γὰρ καὶ ταῦτα μέρος τῆς συλλαβῆς ὡς ὕλη αἰσθητή. Καὶ γὰρ ἡ γραμμὴ οὐκ εἰ διαιρουμένη [18] εἰς τὰ ἡμίση φθείρεται, ἢ ὁ ἄνθρωπος εἰς τὰ ὀστᾶ καὶ νεῦρα καὶ σάρκας, διὰ τοῦτο καὶ εἰσὶν ἐκ τούτων οὕτως [20] ὡς ὄντων τῆς οὐσίας μερῶν, ἀλλ' ὡς ἐξ ὕλης, καὶ τοῦ μὲν συνόλου μέρη, τοῦ εἴδους δὲ καὶ οὗ ὁ λόγος οὐκέτι· διόπερ οὐδ' ἐν τοῖς λόγοις. Τῷ μὲν οὖν ἐνέσται ὁ τῶν τοιούτων μερῶν λόγος, τῷ δ' οὐ δεῖ ἐνεῖναι, ἂν μὴ ᾖ τοῦ συνειλημμένου· διὰ γὰρ τοῦτο ἔνια μὲν ἐκ τούτων ὡς ἀρχῶν ἐστὶν εἰς ἃ [25] φθείρονται, ἔνια δὲ οὐκ ἔστιν. Ὅσα μὲν οὖν συνειλημμένα τὸ εἶδος καὶ ἡ ὕλη ἐστίν, οἷον τὸ σιμὸν ἢ ὁ χαλκοῦς κύκλος, ταῦτα μὲν φθείρεται εἰς ταῦτα καὶ μέρος αὐτῶν ἡ ὕλη· ὅσα δὲ μὴ συνείληπται τῇ ὕλῃ ἀλλὰ ἄνευ ὕλης, ὧν οἱ λόγοι τοῦ εἴδους μόνον, ταῦτα δ' οὐ φθείρεται, ἢ ὅλως ἢ [30] οὔτοι οὕτω γε·. ὥστ' ἐκείνων μὲν ἀρχαὶ καὶ μέρη ταῦτα τοῦ δὲ εἴδους οὔτε μέρη οὔτε ἀρχαί. Καὶ διὰ τοῦτο φθείρεται ὁ πήλινος ἀνδριὰς εἰς πηλὸν καὶ ἡ σφαῖρα εἰς χαλκὸν καὶ ὁ Καλλίας εἰς σάρκα καὶ ὀστᾶ, ἔτι δὲ ὁ κύκλος εἰς τὰ τμήματα· ἔστι γάρ τις ὃς συνείληπται τῇ ὕλῃ· [1035b][1] ὁμωνύμως γὰρ λέγεται κύκλος ὅ τε ἁπλῶς λεγόμενος καὶ ὁ καθ' ἕκαστα διὰ τὸ μὴ εἶναι ἴδιον ὄνομα τοῖς καθ' ἕκαστον.

Εἴρηται μὲν οὖν καὶ νῦν τὸ ἀληθές, ὅμως δ' ἔτι σαφέστερον εἴπωμεν ἐπαναλαβόντες. Ὅσα μὲν γὰρ τοῦ λόγου [5] μέρη καὶ εἰς ἃ διαιρεῖται ὁ λόγος, ταῦτα πρότερα ἢ πάντα ἢ ἔνια· ὁ δὲ τῆς ὀρθῆς λόγος οὐ διαιρεῖται εἰς ὀξείας λόγον, ἀλλ' τῆς ὀξείας εἰς ὀρθήν· χρῆται γὰρ ὁ ὁριζόμενος τὴν ὀξεῖαν τῇ ὀρθῇ· "ἐλάττων" γὰρ "ὀρθῆς" ἡ ὀξεῖα. Ὁμοίως δὲ καὶ ὁ κύκλος καὶ τὸ ἡμικύκλιον ἔχουσιν· τὸ [10] γὰρ ἡμικύκλιον τῷ κύκλῳ ὁρίζεται καὶ ὁ δάκτυλος τῷ ὅλῳ· "τὸ" γὰρ "τοιόνδε μέρος ἀνθρώπου" δάκτυλος. Ὥσθ' ὅσα μὲν μέρη ὡς ὕλη καὶ εἰς ἃ διαιρεῖται ὡς ὕλην, ὕστερα· ὅσα δὲ ὡς τοῦ λόγου καὶ τῆς οὐσίας τῆς κατὰ τὸν λόγον, πρότερα ἢ πάντα ἢ ἔνια.

Ἐπεὶ δὲ ἡ τῶν ζῴων ψυχή [15] (τοῦτο γὰρ οὐσία τοῦ ἐμψύχου) ἡ κατὰ τὸν λόγον οὐσία καὶ τὸ εἶδος καὶ τὸ τί ἦν εἶναι τῷ τοιῷδε σώματι (ἕκαστον γοῦν τὸ μέρος ἐὰν ὁρίζηται καλῶς, οὐκ ἄνευ τοῦ ἔργου ὁριεῖται, ὃ οὐχ ὑπάρξει ἄνευ αἰσθήσεως), ὥστε τὰ ταύτης μέρη πρότερα ἢ πάντα ἢ ἔνια τοῦ συνόλου ζῴου, καὶ καθ' ἕκαστον [20] δὴ ὁμοίως, τὸ δὲ σῶμα καὶ τὰ τούτου μόρια ὕστερα ταύτης τῆς οὐσίας, καὶ διαιρεῖται εἰς ταῦτα ὡς εἰς ὕλην οὐχ ἡ οὐσία ἀλλὰ τὸ σύνολον, τοῦ μὲν οὖν συνόλου πρότερα ταῦτ' ἔστιν ὥς, ἔστι δ' ὡς οὔ (οὐδὲ γὰρ εἶναι δύναται χωριζόμενα· οὐ γὰρ ὁ πάντως ἔχων δάκτυλος ζῴου, ἀλλ' [25] ὁμώνυμος ὁ τεθνεώς)· ἔνια δὲ ἅμα, ὅσα κύρια καὶ ἐν ᾧ πρώτῳ ὁ λόγος καὶ ἡ οὐσία, οἷον εἰ τοῦτο καρδία ἢ ἐγκέφαλος· διαφέρει γὰρ οὐθὲν πότερον τοιοῦτον. Ὁ δ' ἄνθρωπος καὶ ὁ ἵππος καὶ τὰ οὕτως ἐπὶ τῶν καθ' ἕκαστα, καθόλου δέ, οὐκ ἔστιν οὐσία ἀλλὰ σύνολόν τι ἐκ τουδὶ τοῦ λόγου καὶ τησδὶ [30] τῆς ὕλης ὡς καθόλου· καθ' ἕκαστον δ' ἐκ τῆς ἐσχάτης ὕλης ὁ Σωκράτης ἤδη ἐστίν, καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων ὁμοίως.

Μέρος μὲν οὖν ἐστὶ καὶ τοῦ εἴδους (εἶδος δὲ λέγω τὸ τί ἦν εἶναι) καὶ τοῦ συνόλου τοῦ ἐκ τοῦ εἴδους καὶ τῆς ὕλης αὐτῆς. Ἀλλὰ τοῦ λόγου μέρη τὰ τοῦ εἴδους μόνον ἐστίν, ὁ δὲ λόγος ἐστὶ τοῦ καθόλου· [1036a][1] τὸ γὰρ κύκλῳ εἶναι καὶ κύκλος καὶ ψυχῇ εἶναι καὶ ψυχὴ ταὐτό. Τοῦ δὲ συνόλου ἤδη, οἷον κύκλου τουδὶ καὶ τῶν καθ' ἕκαστά τινος ἢ αἰσθητοῦ ἢ νοητοῦ - λέγω δὲ νοητοὺς μὲν οἷον τοὺς μαθηματικούς, αἰσθητοὺς δὲ οἷον τοὺς χαλκοῦς [5] καὶ τοὺς ξυλίνους - τούτων δὲ οὐκ ἔστιν ὁρισμός, ἀλλὰ μετὰ νοήσεως ἢ αἰσθήσεως γνωρίζονται, ἀπελθόντες δὲ ἐκ τῆς ἐντελεχείας οὐ δῆλον πότερον εἰσὶν ἢ οὐκ εἰσίν· ἀλλ' ἀεὶ λέγονται καὶ γνωρίζονται τῷ καθόλου λόγῳ. Ἡ δ' ὕλη ἄγνωστος καθ' αὑτήν. Ὕλη δὲ ἡ μὲν αἰσθητή ἐστιν ἡ δὲ [10] νοητή, αἰσθητὴ μὲν οἷον χαλκὸς καὶ ξύλον καὶ ὅση κινητὴ ὕλη, νοητὴ δὲ ἡ ἐν τοῖς αἰσθητοῖς ὑπάρχουσα μὴ ᾗ αἰσθητά, οἷον τὰ μαθηματικά.

 Πῶς μὲν οὖν ἔχει περὶ ὅλου καὶ μέρους καὶ περὶ τοῦ προτέρου καὶ ὑστέρου, εἴρηται· πρὸς δὲ τὴν ἐρώτησιν ἀνάγκη ἀπαντᾶν, ὅταν τις ἔρηται πότερον ἡ ὀρθὴ [15] καὶ ὁ κύκλος καὶ τὸ ζῷον πρότερον ἢ εἰς ἃ διαιροῦνται καὶ ἐξ ὧν εἰσί, τὰ μέρη, ὅτι οὐχ ἁπλῶς. Εἰ μὲν γάρ ἐστι καὶ ἡ ψυχὴ ζῷον ἢ ἔμψυχον, ἢ ἕκαστον ἡ ἑκάστου, καὶ κύκλος τὸ κύκλῳ εἶναι, καὶ ὀρθὴ τὸ ὀρθῇ εἶναι καὶ ἡ οὐσία ἡ τῆς ὀρθῆς, τὶ μὲν καὶ τινὸς φατέον ὕστερον, οἷον [20] τῶν ἐν τῷ λόγῳ καὶ τινὸς ὀρθῆς (καὶ γὰρ ἡ μετὰ τῆς ὕλης, ἡ χαλκῆ ὀρθή, καὶ ἡ ἐν ταῖς γραμμαῖς ταῖς καθ' ἕκαστα), ἡ δ' ἄνευ ὕλης τῶν μὲν ἐν τῷ λόγῳ ὑστέρα τῶν δ' ἐν τῷ καθ' ἕκαστα μορίων προτέρα, ἁπλῶς δ' οὐ φατέον· εἰ δ' ἑτέρα καὶ μὴ ἔστιν ἡ ψυχὴ ζῷον, καὶ οὕτω τὰ μὲν [25] φατέον τὰ δ' οὐ φατέον, ὥσπερ εἴρηται.
 

Toute définition est une notion, et toute notion a des parties ; d'un autre côté il y a le même rapport entre les parties de la notion et les parties de l'objet défini, qu'entre la notion et l'objet. Nous pouvons nous demander maintenant si la notion des parties doit ou non se trouver dans la notion du tout. Elle s'y trouve, à ce qu'il semble, dans certains cas, et dans d'autres non. Ainsi la notion du cercle ne renferme pas la notion de ses parties ; la notion de la syllabe, au contraire, renferme celle des éléments. Et cependant le cercle peut se diviser en ses parties comme la syllabe en ses éléments. 33 Ensuite, si les parties sont antérieures au tout, l'angle aigu étant une partie de l'angle droit, le doigt une partie de l'animal, l'angle aigu sera antérieur au droit, et le doigt antérieur à l'homme ; et cependant l'homme, l'angle droit semblent antérieurs : c'est par leur notion qu'on définit les autres choses, et ils sont encore antérieurs, parce qu'ils peuvent exister sans elles. Mais le mot partie ne s'entend-il pas de différentes manières[39] ? Une des acceptions de ce mot, c'est ce qui mesure, relativement à la quantité : laissons de côté ce point de vue ; il s'agit ici des parties constitutives de l'essence. [1035a] S'il y a d'une part la matière, de l'autre la forme, et enfin l'ensemble de la matière et de la forme ; et si la matière, si la forme, si l'ensemble de ces deux choses, sont, comme nous l'avons dit, des substances, il s'ensuit que la matière est, sous un point de vue, partie de l'être, et sous un autre point de vue ne l'est pas. Les parties qui entrent dans la notion de la forme constituent seules, dans ce dernier cas, la notion de l'être : ainsi la chair n'est pas une partie du retroussé ; elle est la matière sur laquelle s'opère la production : mais elle est une partie du camus. L'airain est une partie de la statue réalisée ; mais non pas une partie de la statue idéale. C'est la forme que l'on exprime, et chaque chose se désigne par sa forme ; jamais on ne doit désigner un objet par la matière. C'est pourquoi dans la notion du cercle n'entre point la notion de ses parties[40] ; tandis que dans la notion de la 34 syllabe entre celle de ses éléments. C'est que les éléments du discours sont parues de la forme, et non point matière. Les segments du cercle au contraire sont parties du cercle à titre de matière ; c'est en eux que se réalise la forme. Cependant ces segments ont plus de rapport avec la forme, que l'airain, dans le cas où la forme circulaire se réalise dans l'airain. Les éléments de la syllabe eux-mêmes n'entreront pas toujours dans la notion de la syllabe ; les lettres formées sur la cire, les articulations qui frappent l'air, toutes ces choses sont des parties de la syllabe, à titre de matière sensible[41]. Parce que la ligne n'existe plus si on la divise en deux parties, parce que l'homme périt, que l'on divise en os, en nerfs, en chair, il ne faut point dire néanmoins que ce sont là des parties de l'essence; ce sont des parties de la matière. Ce sont bien des parties de l'être réalisé, mais ce ne sont pas des parties de la forme, en un mot de ce qui entre dans la définition. Les parties, sous ce point de vue, n'entrent donc point dans la notion. Dans certains cas donc la définition des parties entrera dans la définition du tout ; dans d'autres elle n'y entrera point, quand, par exemple, il n'y aura pas définition de l'être réalisé. C'est pour cela que certaines choses ont pour principes les éléments dans lesquels elles se résolvent, les autres non. Tous les objets composés qui ont forme et matière, le camus, le cercle d'airain, se résolvent dans 35 leurs parties, et la matière est une de ces parties. Mais tous les êtres dans la composition desquels n'entre pas la matière, tous les êtres immatériels, par exemple la forme considérée en elle-même, ces êtres ou ne peuvent absolument se résoudre dans leurs parties, ou s'y résolvent d'une autre manière. Certains êtres ont donc en eux-mêmes leurs principes constitutifs, leurs parties ; mais la forme n'a ni principes, ni parties de ce genre. Et c'est pour cela que la statue d'argile se résout en argile, la sphère en airain, Callias en chair et en os ; c'est pour cela aussi que le cercle se résout en divers segments. Car il y a le cercle matériel : [1035b] on applique également le nom de cercle, et aux cercles proprement dits, et aux cercles particuliers, parce qu'il n'y a point de nom propre pour désigner les cercles particuliers. Telle est la vérité sur cette question.

Cependant revenons un peu sur nos pas, pour l'éclairer mieux encore. Les parties de la définition, les éléments dans lesquels elle peut se décomposer, sont premiers, ou tous premiers, ou seulement quelques-uns. Mais la définition de l'angle droit ne peut pas se diviser en plusieurs parties dont l'une serait la notion de l'angle aigu ; la définition de l'angle aigu, au contraire, peut se diviser ainsi par rapport à l'angle droit. Car on définit l'angle aigu en le rapportant à l'angle droit : un angle aigu est un angle plus petit qu'un droit. Il en est de même du cercle et du demi-cercle. On définit le demi-cercle au moyen du cercle, le doigt au moyen du tout : le doigt est une partie du corps ayant tels caractères. De sorte que toutes les 36 choses qui sont parties d'un être en tant que matière, les éléments matériels dans lesquels il peut se diviser, sont postérieurs. Au contraire les choses qui sont des parties de la définition, de la forme substantielle, sont antérieures, ou toutes antérieures, ou du moins quelques-unes.

D'après cela, puisque l'âme des êtres animés est la forme substantielle, l'essence même du corps animé, car l'âme est l'essence des êtres animés[42], la fonction de chaque partie et la connaissance sensible qui en est la condition devront entrer dans la définition des parties de l'animal, si l'on veut les bien définir. De sorte qu'il y a priorité des parties de l'âme, de toutes ou de quelques-unes, relativement à l'ensemble de l'animal. Il y a de même priorité relativement aux différentes parties du corps. Le corps et ses parties sont postérieurs à l'âme ; le corps peut se diviser en ses diverses parties considérées comme matière; non point le corps essence, mais l'ensemble qui constitue le corps. Sous un point de vue les parties du corps sont antérieures à l'ensemble, sous un autre elles sont postérieures ; elles ne peuvent point en effet exister indépendamment du corps : un doigt n'est pas réellement un doigt dans tout état possible, mais seulement lorsqu'il a la vie; cependant on donne le même nom au doigt mort. II y a quelques parties qui ne survivent pas à l'ensemble, celles par exemple qui sont essentielles , le siège premier de la forme et de la substance ; ainsi le cœur ou 37 le cerveau s'ils jouent réellement ce rôle : peu importe du reste que ce soit l'un ou l'autre[43]. L'homme, le cheval, tous les universaux résident dans les individus; la substance n'est pas quelque chose d'universel, c'est un ensemble, un composé de telle forme et de telle matière : la matière et la forme sont des universaux ; mais l'individu, Socrate ou tout autre, est un ensemble de la forme et de la matière.

La forme elle-même, et par forme j'entends l'essence pure, la forme a aussi des parties tout aussi bien que l'ensemble de la forme et de la matière; mais les parties de la forme ne sont que des parties de la définition, et la définition n'est que la notion générale, [1036b] car le cercle et l'essence du cercle, l'âme et l'essence de l'âme sont une seule et même chose. Mais pour le composé, par exemple pour tel cercle particulier sensible ou intelligible (par intelligible j'entends le cercle mathématique, et par sensible le cercle d'airain ou de bois), il n'y a pas de définition. Ce n'est pas par des définitions, mais au moyen de la pensée et des sens qu'on les connaît. Quand nous avons cessé de voir réellement les cercles particuliers, nous ne savons pas s'ils existent ou non ; mais cependant nous conservons la notion générale du cercle, non point une notion de sa matière, car nous ne percevons pas la matière par elle-même. La matière est ou sensible ou 38 intelligible; la matière sensible est, par exemple, l'airain, le bois, et toute matière susceptible de mouvement. La matière intelligible est celle qui se trouve, il est vrai, dans les êlres sensibles , mais non pas en tant que sensibles; par exemple dans les êtres mathématiques.

Nous venons de déterminer tout ce qui concerne le tout, la partie, l'antériorité, la postériorité. Que si l'on demande si la ligne droite, le cercle, l'animal, sont antérieurs aux parties dans lesquelles ils peuvent se partager et qui les constituent, il faut, pour répondre, établir une distinction. Si en effet l'âme est l'animal, ou cbaque être animé, ou la vie de chaque être; si le cercle est identique à la forme substantielle du cercle, l'angle droit à la forme substantielle de l'angle droit, s'il est l'essence même de l'angle droit, qu'est-ce qui sera postérieur, qu'est-ce qui sera antérieur ? Sera-ce l'angle droit en général, exprimé par la définition, ou tel angle, particulier ? Car l'angle droit matériel, formé d'airain par exemple, est tout aussi bien un angle droit que celui qui n'est formé que de lignes. L'angle immatériel sera postérieur aux parties qui entrent dans sa notion, mais il est antérieur aux parties de l'angle réalisé. Toutefois on ne peut pas dire absolument qu'il est antérieur. Si l'âme au contraire n'est pas l'animal, si elle en diffère, il y aura antériorité pour les parties. Ainsi , dans certains cas il faut dire qu'il y a, dans d'autres qu'il n'y a pas antériorité.

XI

Ἀπορεῖται δὲ εἰκότως καὶ ποῖα τοῦ εἴδους μέρη καὶ ποῖα οὔ, ἀλλὰ τοῦ συνειλημμένου. Καίτοι τούτου μὴ δήλου ὄντος οὐκ ἔστιν ὁρίσασθαι ἕκαστον· τοῦ γὰρ καθόλου καὶ τοῦ εἴδους ὁ ὁρισμός· ποῖα οὖν ἐστὶ τῶν μερῶν ὡς ὕλη καὶ ποῖα [30] οὔ, ἐὰν μὴ ᾖ φανερά, οὐδὲ ὁ λόγος ἔσται φανερὸς ὁ τοῦ πράγματος. Ὅσα μὲν οὖν φαίνεται ἐπιγιγνόμενα ἐφ' ἑτέρων τῷ εἴδει, οἷον κύκλος ἐν χαλκῷ καὶ λίθῳ καὶ ξύλῳ, ταῦτα μὲν δῆλα εἶναι δοκεῖ ὅτι οὐδὲν τῆς τοῦ κύκλου οὐσίας ὁ χαλκὸς οὐδ' ὁ λίθος διὰ τὸ χωρίζεσθαι αὐτῶν· ὅσα δὲ [35] μὴ ὁρᾶται χωριζόμενα, οὐδὲν μὲν κωλύει ὁμοίως ἔχειν τούτοις, ὥσπερ κἂν εἰ οἱ κύκλοι πάντες ἑωρῶντο χαλκοῖ· [1036b][1] οὐδὲν γὰρ ἂν ἧττον ἦν ὁ χαλκὸς οὐδὲν τοῦ εἴδους· χαλεπὸν δὲ ἀφελεῖν τοῦτον τῇ διανοίᾳ. Οἷον τὸ τοῦ ἀνθρώπου εἶδος ἀεὶ ἐν σαρξὶ φαίνεται καὶ ὀστοῖς καὶ τοῖς τοιούτοις μέρεσιν· [5] ἆρ' οὖν καὶ ἐστὶ ταῦτα μέρη τοῦ εἴδους καὶ τοῦ λόγου; Ἢ οὔ, ἀλλ' ὕλη, ἀλλὰ διὰ τὸ μὴ καὶ ἐπ' ἄλλων ἐπιγίγνεσθαι ἀδυνατοῦμεν χωρίσαι;

Ἐπεὶ δὲ τοῦτο δοκεῖ μὲν ἐνδέχεσθαι ἄδηλον δὲ πότε, ἀποροῦσί τινες ἤδη καὶ ἐπὶ τοῦ κύκλου καὶ τοῦ τριγώνου ὡς οὐ προσῆκον γραμμαῖς ὁρίζεσθαι καὶ τῷ [10] συνεχεῖ, ἀλλὰ πάντα καὶ ταῦτα ὁμοίως λέγεσθαι ὡσανεὶ σάρκες καὶ ὀστᾶ τοῦ ἀνθρώπου καὶ χαλκὸς καὶ λίθος τοῦ ἀνδριάντος· καὶ ἀνάγουσι πάντα εἰς τοὺς ἀριθμούς, καὶ γραμμῆς τὸν λόγον τὸν τῶν δύο εἶναί φασιν.

Καὶ τῶν τὰς ἰδέας λεγόντων οἱ μὲν αὐτογραμμὴν τὴν δυάδα, οἱ δὲ τὸ [15] εἶδος τῆς γραμμῆς, ἔνια μὲν γὰρ εἶναι τὸ αὐτὸ τὸ εἶδος καὶ οὗ τὸ εἶδος ̔οἷον δυάδα καὶ τὸ εἶδος δυάδοσ̓, ἐπὶ γραμμῆς δὲ οὐκέτι. Συμβαίνει δὴ ἕν τε πολλῶν εἶδος εἶναι ὧν τὸ εἶδος φαίνεται ἕτερον (ὅπερ καὶ τοῖς Πυθαγορείοις συνέβαινεν), καὶ ἐνδέχεται ἓν πάντων ποιεῖν αὐτὸ [20] εἶδος, τὰ δ' ἄλλα μὴ εἴδη· καίτοι οὕτως ἓν πάντα ἔσται.

Ὅτι μὲν οὖν ἔχει τινὰ ἀπορίαν τὰ περὶ τοὺς ὁρισμούς, καὶ διὰ τίν' αἰτίαν, εἴρηται· διὸ καὶ τὸ πάντα ἀνάγειν οὕτω καὶ ἀφαιρεῖν τὴν ὕλην περίεργον· ἔνια γὰρ ἴσως τόδ' ἐν τῷδ' ἐστὶν ἢ ὡδὶ ταδὶ ἔχοντα. Καὶ ἡ παραβολὴ ἡ ἐπὶ τοῦ ζῴου, [25] ἣν εἰώθει λέγειν Σωκράτης ὁ νεώτερος, οὐ καλῶς ἔχει· ἀπάγει γὰρ ἀπὸ τοῦ ἀληθοῦς, καὶ ποιεῖ ὑπολαμβάνειν ὡς ἐνδεχόμενον εἶναι τὸν ἄνθρωπον ἄνευ τῶν μερῶν, ὥσπερ ἄνευ τοῦ χαλκοῦ τὸν κύκλον. Τὸ δ' οὐχ ὅμοιον· αἰσθητὸν γάρ τι τὸ ζῷον, καὶ ἄνευ κινήσεως οὐκ ἔστιν ὁρίσασθαι, διὸ [30] οὐδ' ἄνευ τῶν μερῶν ἐχόντων πώς. Οὐ γὰρ πάντως τοῦ ἀνθρώπου μέρος ἡ χείρ, ἀλλ' ἢ δυναμένη τὸ ἔργον ἀποτελεῖν, ὥστε ἔμψυχος οὖσα· μὴ ἔμψυχος δὲ οὐ μέρος.

Περὶ δὲ τὰ μαθηματικὰ διὰ τί οὐκ εἰσὶ μέρη οἱ λόγοι τῶν λόγων, οἷον τοῦ κύκλου τὰ ἡμικύκλια; Οὐ γάρ ἐστιν αἰσθητὰ ταῦτα. [35] Ἢ οὐθὲν διαφέρει; Ἔσται γὰρ ὕλη ἐνίων καὶ μὴ αἰσθητῶν· [1037a][1] καὶ παντὸς γὰρ ὕλη τις ἔστιν ὃ μὴ ἔστι τί ἦν εἶναι καὶ εἶδος αὐτὸ καθ' αὑτὸ ἀλλὰ τόδε τι. Κύκλου μὲν οὖν οὐκ ἔσται τοῦ καθόλου, τῶν δὲ καθ' ἕκαστα ἔσται μέρη ταῦτα, ὥσπερ εἴρηται πρότερον· ἔστι γὰρ ὕλη ἡ μὲν αἰσθητὴ ἡ [5] δὲ νοητή.

Δῆλον δὲ καὶ ὅτι ἡ μὲν ψυχὴ οὐσία ἡ πρώτη, τὸ δὲ σῶμα ὕλη, ὁ δ' ἄνθρωπος ἢ τὸ ζῷον τὸ ἐξ ἀμφοῖν ὡς καθόλου· Σωκράτης δὲ καὶ Κορίσκος, εἰ μὲν καὶ ἡ ψυχὴ Σωκράτης, διττόν ̔οἱ μὲν γὰρ ὡς ψυχὴν οἱ δ' ὡς τὸ σύνολον̓, εἰ δ' ἁπλῶς ἡ ψυχὴ ἥδε καὶ σῶμα τόδε, ὥσπερ τὸ [10] καθόλου [τε] καὶ τὸ καθ' ἕκαστον.

Πότερον δὲ ἔστι παρὰ τὴν ὕλην τῶν τοιούτων οὐσιῶν τις ἄλλη, καὶ δεῖ ζητεῖν οὐσίαν ἑτέραν τινὰ οἷον ἀριθμοὺς ἤ τι τοιοῦτον, σκεπτέον ὕστερον. Τούτου γὰρ χάριν καὶ περὶ τῶν αἰσθητῶν οὐσιῶν πειρώμεθα διορίζειν, ἐπεὶ τρόπον τινὰ τῆς φυσικῆς καὶ [15] δευτέρας φιλοσοφίας ἔργον ἡ περὶ τὰς αἰσθητὰς οὐσίας θεωρία· οὐ γὰρ μόνον περὶ τῆς ὕλης δεῖ γνωρίζειν τὸν φυσικὸν ἀλλὰ καὶ τῆς κατὰ τὸν λόγον, καὶ μᾶλλον.

§ 11. Ἐπὶ δὲ τῶν ὁρισμῶν πῶς μέρη τὰ ἐν τῷ λόγῳ, καὶ διὰ τί εἷς λόγος ὁ ὁρισμός (δῆλον γὰρ ὅτι τὸ πρᾶγμα ἕν, τὸ δὲ [20] πρᾶγμα τίνι ἕν, μέρη γε ἔχον;), σκεπτέον ὕστερον. Τί μὲν οὖν ἐστὶ τὸ τί ἦν εἶναι καὶ πῶς αὐτὸ καθ' αὑτό, καθόλου περὶ παντὸς εἴρηται, καὶ διὰ τί τῶν μὲν ὁ λόγος ὁ τοῦ τί ἦν εἶναι ἔχει τὰ μόρια τοῦ ὁριζομένου τῶν δ' οὔ, καὶ ὅτι ἐν μὲν τῷ τῆς οὐσίας λόγῳ τὰ οὕτω μόρια [25] ὡς ὕλη οὐκ ἐνέσται - οὐδὲ γὰρ ἔστιν ἐκείνης μόρια τῆς οὐσίας ἀλλὰ τῆς συνόλου, ταύτης δέ γ' ἔστι πως λόγος καὶ οὐκ ἔστιν· μετὰ μὲν γὰρ τῆς ὕλης οὐκ ἔστιν (ἀόριστον γάρ), κατὰ τὴν πρώτην δ' οὐσίαν ἔστιν, οἷον ἀνθρώπου ὁ τῆς ψυχῆς λόγος· ἡ γὰρ οὐσία ἐστὶ τὸ εἶδος τὸ ἐνόν, ἐξ οὗ καὶ τῆς [30] ὕλης ἡ σύνολος λέγεται οὐσία, οἷον ἡ κοιλότης (ἐκ γὰρ ταύτης καὶ τῆς ῥινὸς σιμὴ ῥὶς καὶ ἡ σιμότης ἐστί [δὶς γὰρ ἐν τούτοις ὑπάρξει ἡ ῥίς] - ἐν δὲ τῇ συνόλῳ οὐσίᾳ, οἷον ῥινὶ σιμῇ ἢ Καλλίᾳ, ἐνέσται καὶ ἡ ὕλη· καὶ ὅτι τὸ τί ἦν εἶναι καὶ ἕκαστον ἐπὶ τινῶν μὲν ταὐτό,

[1037b][1] ὥσπερ ἐπὶ τῶν πρώτων οὐσιῶν, οἷον καμπυλότης καὶ καμπυλότητι εἶναι, εἰ πρώτη ἐστίν ̔λέγω δὲ πρώτην ἣ μὴ λέγεται τῷ ἄλλο ἐν ἄλλῳ εἶναι καὶ ὑποκειμένῳ ὡς ὕλᾐ, ὅσα δὲ ὡς ὕλη ἢ [5] ὡς συνειλημμένα τῇ ὕλῃ, οὐ ταὐτό, οὐδ' κατὰ συμβεβηκὸς ἕν, οἷον Σωκράτης καὶ τὸ μουσικόν· ταῦτα γὰρ ταὐτὰ κατὰ συμβεβηκός.
 

39 C'est une véritable difficulté de déterminer quelles parties appartiennent à la forme et quelles parties appartiennent non à la forme, mais à l'ensemble de la forme et de la matière ; et pourtant si ce point n'est pas éclairci, il n'est pas possible dé définir les individus. Ce qui entre dans la définition, c'est l'universel et la forme : si donc on ne voit pas quelles parties sont, ou ne sont pas matérielles, on ne verra pas non plus quelle doit être la définition dte l'objet. Dans les cas où la forme s'applique à des choses d'espèces differentes, par exemple le cercle, lequel peut être en airain, en pierre, en bois, dans tous ces cas la distinction paraît facile : ni l'airain ni la pierre ne font partie de l'essence du cercle, puisque le cercle a une existence indépendante de la leur. Mais qui empêche qu'il en soit de même dans tous les cas où cette indépendance ne frappe pas les yeux? Tous les cercles visibles fussent-ils d'airain, [1036b] l'airain n'en serait pas davantage pour cela une partie de la forme. Toutefois il est difficile à la pensée d'opérer cette séparation. Ainsi, ce qui constitue à nos yeux la forme, ce sont les chairs, les os, et les parties analogues. Seraient-ce donc là des parties de la forme, et qui entrent dans la définition , ou bien n'est-ce pas là plutôt la matière ? Mais la forme humaine ne s'applique jamais à d'autres choses que celles dont nous 40 parlons : de là l'impossibilité pour nous de les séparer.

La séparation semble possible, il est vrai, mais on ne voit pas clairement dans quelles circonstances , et cette difficulté, selon quelques-uns, porte même sur le cercle et le triangle. Aussi pensent-ils qu'on ne doit pas les définir par la ligne et par la continuité, lesquelles ne sont en eux qu'au même titre que la chair et les os dans l'homme, et dans le cercle la pierre et l'airain. Ils ramènent tout aux nombres, et prétendent que la définition de la ligne, c'est la notion même de la dualité.

Parmi ceux qui admettent les idées, les uns disent que c'est la dyade qui est la ligne en soi ; les autres que c'est l'idée de la ligne, car si quelquefois il y a identité entre l'idée et l'objet de l'idée, entre la dyade, par exemple, et l'idée de la dyade, la ligne n'est pas dans ce cas. Il s'ensuit alors qu'une seule idée est l'idée de plusieurs choses qui pourtant semblent hétérogènes , et c'était là qu'amenait déjà le système des Pythagoriciens ; et pour conséquence dernière la possibilité de constituer une seule idée en soi de toutes les idées, c'est-à-dire l'anéantissement des autres idées, et la réduction de toutes choses à l'unité[44].

Pour nous, nous avons marqué la difficulté relative aux définitions, et nous avons dit la cause de cette difficulté. Aussi n'avons-nous pas besoin de réduire ainsi toutes choses, et de supprimer la matière. Ce qui est probable[45], c'est que dans quelques êtres il y a 41 réunion de la matière et de la forme, dans d'autres, de la substance et de la qualité. Et la comparaison dont se servait ordinairement Socrate le jeune[46], au sujet de l'animal, manque de justesse. Elle nous fait sortir de la réalité, et donne à penser que l'homme peut exister indépendamment de ses parties, comme le cercle existe indépendamment de l'airain. Mais il n'y a pas parité. L'animal est un être sensible, et on ne le peut définir sans le mouvement, par con- 42  séquent; sans des parties organisées d'une certaine façon déterminée. Ce n'est pas la main absolument parlant qui est une partie de l'homme, mais la main capable d'accomplir l'oeuvre, la main animée : inanimée, elle n'est pas une partie de l'homme.

Mais.pourquoi, chez les êtres mathématiques, les définitions n'entrent-elles pas comme parties dans les définitions? Pourquoi, par exemple, ne définit-on pas le cercle par les demi-cercles? Les demi-cercles ne sont pas, dira-t-on, des objets sensibles. Mais qu'importe ! il peut y avoir une matière même dans des êtres non-sensibles ; [1037a] tout ce qui n'est pas l'essence pure, la forme proprement dite, tout ce qui a une existence réelle, a une matière. Le cercle qui est l'essence de tous les cercles ne saurait en avoir une ; mais les cercles particuliers doivent avoir des parties matérielles, comme nous l'avons dit plus haut; car il y a deux sortes de matière, l'une sensible, l'autre intelligible.

Il est évident d'ailleurs que la substance première, dans l'animal, c'est l'âme, et que le corps est la matière. L'homme ou l'animal en général, c'est l'union de l'âme et du corps : mais Socrate, mais Coriscus est,  par la présence de l'âme, un animal double ; car son nom désigne tantôt une âme, tantôt l'ensemble d'une âme et d'un corps. Toutefois si l'on dit simplement : l'âme de cet homme, le corps de cet homme, ce que nous avons dit de l'homme au point de vue général, s'applique alors à l'individu.

Existe-t-il quelque autre substance en dehors dé la matière de ces êtres, et faut-il que nous cherchions 43 s'ils n'ont pas eux-mêmes une autre substance , les nombres par exemple ; ou quelque .chose d'analogue ? C'est un point que nous examinerons plus tard[47], car c'est dans l'intérêt de cette recherche que nous nous efforçons d'arriver à la définition des substances sensibles, substances dont l'étude est plutôt l'affaire de la physique et de la seconde philosophie[48]. Ce que doit connaître en effet le physicien, ce n'est pas seulement la matière, c'est la matière intelligible, c'est celle-là surtout. Comment donc les parties sont-elles parties dans la définition, et pourquoi y a-t-il unité de notion dans la définition ? Il est évident en effet, que l'objet défini est un. Mais en quoi consiste l'unité d'un objet composé de parties, c'est ce que nous examinerons plus tard[49].

Nous avons montré pour tous les êtres en général ce que c'était que l'essence pure, comment elle existait en soi, et pourquoi dans certains cas les parties du défini entraient dans la définition de l'essence pure, tandis qu'elles n'y entraient pas dans les autres. Nous avons dit aussi que les parties matérielles du défini n'entraient pas dans la définition de la substance, car les parties matérielles ne sont pas des parties de la substance, si ce n'est de la substance totale. Celle-ci a une définition et n'en a pas, selon le point de vue. On ne peut embrasser dans la définition la matière, laquelle est l'indéterminé; mais on peut définir par 44 la substance première : la définition de l'âme, par exemple, est une définition de l'homme. Car l'essence est la forme intrinsèque qui, par son concours[50] avec la matière, constitue ce qu'on nomme la substance réalisée. Prenons pour exemple le retroussé. C'est son union avec le nez qui constitue le nez camus et le camus, car la notion du nez est commune à l'une et à l'autre de ces deux expressions. Mais dans la substance réalisée[51], dans nez camus, Callias, il y a à la fois essence et matière.

[1037b] Pour certains êtres, nous l'avons dit, pour les substances premières, il y a identité entre l'essence et l'existence individuelle. Ainsi il y a identité entre la courbure et la forme substantielle de la courbure, pourvu que la courbure soit première; et j'entends par première celle qui n'est point l'attribut d'un autre être, qui n'a pas de sujet, de matière. Mais dans tout ce qui existe matériellement, ou comme formant un tout avec la matière, il ne peut y avoir identité, pas même identité accidentelle, comme l'identité de Socrate et du musicien, lesquels sont identiques l'un à l'autre accidentellement.

XII

Νῦν δὲ λέγωμεν πρῶτον ἐφ' ὅσον ἐν τοῖς ἀναλυτικοῖς περὶ ὁρισμοῦ μὴ εἴρηται· ἡ γὰρ ἐν ἐκείνοις ἀπορία [10] λεχθεῖσα πρὸ ἔργου τοῖς περὶ τῆς οὐσίας ἐστὶ λόγοις. Λέγω δὲ ταύτην τὴν ἀπορίαν, διὰ τί ποτε ἕν ἐστιν οὗ τὸν λόγον ὁρισμὸν εἶναί φαμεν, οἷον τοῦ ἀνθρώπου τὸ ζῷον δίπουν· ἔστω γὰρ οὗτος αὐτοῦ λόγος. Διὰ τί δὴ τοῦτο ἕν ἐστιν ἀλλ' οὐ πολλά, ζῷον καὶ δίπουν· ἐπὶ μὲν γὰρ τοῦ ἄνθρωπος [15] καὶ λευκὸν πολλὰ μέν ἐστιν ὅταν μὴ ὑπάρχῃ θατέρῳ θάτερον, ἓν δὲ ὅταν ὑπάρχῃ καὶ πάθῃ τι τὸ ὑποκείμενον, ὁ ἄνθρωπος (τότε γὰρ ἓν γίγνεται καὶ ἔστιν ὁ λευκὸς ἄνθρωπος)· ἐνταῦθα δ' οὐ μετέχει θατέρου θάτερον· τὸ γὰρ γένος οὐ δοκεῖ μετέχειν τῶν διαφορῶν (ἅμα γὰρ ἂν τῶν [20] ἐναντίων τὸ αὐτὸ μετεῖχεν· αἱ γὰρ διαφοραὶ ἐναντίαι αἷς διαφέρει τὸ γένος). Εἰ δὲ καὶ μετέχει, ὁ αὐτὸς λόγος, εἴπερ εἰσὶν αἱ διαφοραὶ πλείους, οἷον πεζὸν δίπουν ἄπτερον. Διὰ τί γὰρ ταῦθ' ἓν ἀλλ' οὐ πολλά; Οὐ γὰρ ὅτι ἐνυπάρχει· οὕτω μὲν γὰρ ἐξ ἁπάντων ἔσται ἕν.

 Δεῖ δέ γε ἓν [25] εἶναι ὅσα ἐν τῷ ὁρισμῷ· ὁ γὰρ ὁρισμὸς λόγος τίς ἐστιν εἷς καὶ οὐσίας, ὥστε ἑνός τινος δεῖ αὐτὸν εἶναι λόγον· καὶ γὰρ ἡ οὐσία ἕν τι καὶ τόδε τι σημαίνει, ὡς φαμέν. Δεῖ δὲ ἐπισκοπεῖν πρῶτον περὶ τῶν κατὰ τὰς διαιρέσεις ὁρισμῶν. Οὐδὲν γὰρ ἕτερόν ἐστιν ἐν τῷ ὁρισμῷ πλὴν τὸ [30] πρῶτον λεγόμενον γένος καὶ αἱ διαφοραί· τὰ δ' ἄλλα γένη ἐστὶ τό τε πρῶτον καὶ μετὰ τούτου αἱ συλλαμβανόμεναι διαφοραί, οἷον τὸ πρῶτον ζῷον, τὸ δὲ ἐχόμενον ζῷον δίπουν, καὶ πάλιν ζῷον δίπουν ἄπτερον· ὁμοίως δὲ κἂν διὰ πλειόνων λέγηται.

[1038a][1] Ὅλως δ' οὐδὲν διαφέρει διὰ πολλῶν ἢ δι' ὀλίγων λέγεσθαι, ὥστ' οὐδὲ δι' ὀλίγων ἢ διὰ δυοῖν· τοῖν δυοῖν δὲ τὸ μὲν διαφορὰ τὸ δὲ γένος, οἷον τοῦ ζῷον δίπουν τὸ μὲν ζῷον γένος διαφορὰ δὲ θάτερον. Εἰ οὖν τὸ γένος ἁπλῶς μὴ ἔστι παρὰ τὰ ὡς γένους εἴδη, ἢ εἰ ἔστι μὲν ὡς ὕλη δ' ἐστίν ̔ἡ μὲν γὰρ φωνὴ γένος καὶ ὕλη, αἱ δὲ διαφοραὶ τὰ εἴδη καὶ τὰ στοιχεῖα ἐκ ταύτης ποιοῦσιν̓, φανερὸν ὅτι ὁ ὁρισμός ἐστιν ὁ ἐκ τῶν διαφορῶν λόγος. Ἀλλὰ μὴν καὶ δεῖ γε διαιρεῖσθαι τῇ τῆς διαφορᾶς [10] διαφορᾷ, οἷον ζῴου διαφορὰ τὸ ὑπόπουν· πάλιν τοῦ ζῴου τοῦ ὑπόποδος τὴν διαφορὰν δεῖ εἶναι ᾗ ὑπόπουν, ὥστ' οὐ λεκτέον τοῦ ὑπόποδος τὸ μὲν πτερωτὸν τὸ δὲ ἄπτερον, ἐάνπερ λέγῃ καλῶς (ἀλλὰ διὰ τὸ ἀδυνατεῖν ποιήσει τοῦτο), ἀλλ' ἢ τὸ μὲν σχιζόπουν τὸ δ' ἄσχιστον· αὗται [15] γὰρ διαφοραὶ ποδός· ἡ γὰρ σχιζοποδία ποδότης τις. Καὶ οὕτως ἀεὶ βούλεται βαδίζειν ἕως ἂν ἔλθῃ εἰς τὰ ἀδιάφορα· τότε δ' ἔσονται τοσαῦτα εἴδη ποδὸς ὅσαιπερ αἱ διαφοραί, καὶ τὰ ὑπόποδα ζῷα ἴσα ταῖς διαφοραῖς. Εἰ δὴ ταῦτα οὕτως ἔχει, φανερὸν ὅτι ἡ τελευταία διαφορὰ ἡ οὐσία τοῦ [20] πράγματος ἔσται καὶ ὁ ὁρισμός, εἴπερ μὴ δεῖ πολλάκις ταὐτὰ λέγειν ἐν τοῖς ὅροις· περίεργον γάρ. Συμβαίνει δέ γε τοῦτο· ὅταν γὰρ εἴπῃ ζῷον ὑπόπουν δίπουν, οὐδὲν ἄλλο εἴρηκεν ἢ ζῷον πόδας ἔχον, δύο πόδας ἔχον· κἂν τοῦτο διαιρῇ τῇ οἰκείᾳ διαιρέσει, πλεονάκις ἐρεῖ καὶ ἰσάκις ταῖς [25] διαφοραῖς.

Ἐὰν μὲν δὴ διαφορᾶς διαφορὰ γίγνηται, μία ἔσται ἡ τελευταία τὸ εἶδος καὶ ἡ οὐσία· ἐὰν δὲ κατὰ συμβεβηκός, οἷον εἰ διαιροῖ τοῦ ὑπόποδος τὸ μὲν λευκὸν τὸ δὲ μέλαν, τοσαῦται ὅσαι ἂν αἱ τομαὶ ὦσιν.

Ὥστε φανερὸν ὅτι ὁ ὁρισμὸς λόγος ἐστὶν ὁ ἐκ τῶν διαφορῶν, καὶ τούτων τῆς τελευταίας [30] κατά γε τὸ ὀρθόν. Δῆλον δ' ἂν εἴη, εἴ τις μετατάξειε τοὺς τοιούτους ὁρισμούς, οἷον τὸν τοῦ ἀνθρώπου, λέγων ζῷον δίπουν ὑπόπουν· περίεργον γὰρ τὸ ὑπόπουν εἰρημένου τοῦ δίποδος.Τάξις δ' οὐκ ἔστιν ἐν τῇ οὐσίᾳ· πῶς γὰρ δεῖ νοῆσαι τὸ μὲν ὕστερον τὸ δὲ πρότερον;

Περὶ μὲν οὖν τῶν κατὰ τὰς διαιρέσεις [35] ὁρισμῶν τοσαῦτα εἰρήσθω τὴν πρώτην, ποῖοί τινές εἰσιν.
 

Discutons avant tout les points relatifs à la défini- 45 tion, que nous avons passés sous silence dans les Analytiques[52]. La solution de la difficulté que nous n'y avons qu'indiquée, nous servira pour nos recherches concernant la substance. Voici cette difficulté : Pourquoi y a-t-il unité dans l'être défini, dans l'être dont la notion est une définition ? L'homme est un animal à deux pieds. Admettons que ce soit-là la notion de l'homme. Pourquoi cet être est-il un seul objet, et non pas plusieurs, animal et bipède ? Si l'on dit homme, et blanc, il y a pluralité d'objets quand l'un n'existe pas dans l'autre; mais il y a unité quand l'un est l'attribut de l'autre, quand le sujet, l'homme, éprouve une certaine modification. Dans le dernier cas les deux objets en deviennent un seul, et l'on a l'homme blanc ; dans le premier, au contraire, les objets ne participent point l'un de l'autre, car le genre ne participe point, ce semble, des différences ; sinon la même chose participerait à la fois des contraires, les différences qui marquent les distinctions dans le genre étant contraires l'une à l'autre. Y eût-il participation, il en serait de même encore. Il y a pluralité dans les différences : ainsi, animal, qui marche, à deux pieds, sans plumes. Pourquoi donc y a-t-il là unité et non pas pluralité ? Ce n'est pas parce que ce sont les éléments de l'être; car alors l'unité serait la réunion de toutes choses[53]. Or, il faut que tout ce qui est  46 dans la définition soit réellement un; car la définition est une notion une, c'est la notion de l'essence. Elle doit donc être la notion d'un objet un, puisque essence signifie, avons-nous dit, être déterminé.

Nous avons à nous occuper d'abord des définitions qui se font par les divisions du genre. Il n'y a dans la définition rien autre chose que le genre premier et les différences. Les autres genres ne sont que le genre premier et les différences réunies au genre premier. Ainsi, le premier genre, c'est, animal; le suivant, animal à deux pieds; un autre, animal à deux pieds sans plumes. De même encore si la proposition contient un plus grand nombre de termes; et en général peu importe qu'elle en contienne ou un grand nombre ou un petit nombre, ou deux seulement. Quand il n'y a que deux termes, l'un est la différence, l'autre le genre : dans animal à deux pieds, animal est le genre ; la différence, c'est l'autre terme. Soit donc que le genre n'existe absolument pas en dehors des espèces du genre, ou bien qu'il existe, mais n'existe que comme matière (le son est, par exemple, genre et matière, et c'est de cette matière que les différences tirent les espèces et les éléments); il est évident que la définition est la notion fournie par les différences.

[1038a] Ce n'est pas tout : il faut marquer la différence dans la différence ; prenons un exemple. Une différence dans le genre animal, c'est l'animal qui a des pieds[54]. Il faut ensuite connaître la différence de l'animal qui a des pieds, en tant qu'il a des pieds, Par 47 conséquent, on ne doit pas dire : Entre les animaux qui ont des pieds, les uns ont des plumes, les autres n'en ont pas, quoique cette proposition soit vraie ; on n'en usera de la sorte que dans l'impossibilité de diviser la δifférence. On dira donc : Les uns ont le pied divisé en doigts[55], les autres n'ont pas le pied divisé en doigts[56]. Ce sont-là, en effet, des différences du pied : la division du pied en doigts[57] est une manière d'être du pied[58]. Et il faut poursuivre de cette façon, jusqu'à ce qu'on arrive à des objets entre lesquels il n'y a plus de différences. A ce point, il y aura autant d'espèces de pieds que de différences, et les espèces d'animaux ayant des pieds seront en nombre égal aux différences du pied. Or, s'il en est ainsi, il est évident que la dernière différence doit être l'essence de l'objet et la définition ; car il ne faut pas, dans les définitions, répéter plusieurs fois la même chose, ce serait inutile. Cela se rencontre pourtant, quand on dit : animal à pieds, bipède[59], qu'est-ce dire, sinon, animal ayant des pieds, ayant deux pieds ? et si l'on divise ce dernier terme dans les divisions qui lui sont propres, il y aura plusieurs tautologies, autant que de différences.

Si l'on a atteint la différence de la différence, une seule, la dernière, est la forme, l'essence de l'objet. Mais si c'est par l'accident qu'on distingue, comme 48 par exemple si l'on divisait les animaux qui ont des pieds en blancs et en noirs, alors il y aurait autant d'essences que de divisions.

On voit donc que la définition est la notion fournie par les différences, et qu'il convient que ce soit celle de la dernière différence. C'est ce qui se montrerait clairement si l'on transposait les termes des définitions qui contiennent plusieurs différences, si l'on disait par exemple : l'homme est un animal à deux pieds, qui a des pieds. Qui a des pieds, est inutile, quand on a dit : qui a deux pieds. Et puis dans l'essence il n'y a pas de rangs ; car comment peut-on concevoir en elle la relation de priorité et de postériorité ?

Telles sont les premières remarques que nous avions à présenter sur les définitions qui se font par les divisions du genre.

XIII

[1038b][1] Ἐπεὶ δὲ περὶ τῆς οὐσίας ἡ σκέψις ἐστί, πάλιν ἐπανέλθωμεν. Λέγεται δ' ὥσπερ τὸ ὑποκείμενον οὐσία εἶναι καὶ τὸ τί ἦν εἶναι καὶ τὸ ἐκ τούτων, καὶ τὸ καθόλου.  Περὶ μὲν οὖν τοῖν δυοῖν εἴρηται (καὶ γὰρ περὶ τοῦ τί ἦν εἶναι καὶ τοῦ [5] ὑποκειμένου, ὅτι διχῶς ὑπόκειται, ἢ τόδε τι ὄν, ὥσπερ τὸ ζῷον τοῖς πάθεσιν, ἢ ὡς ἡ ὕλη τῇ ἐντελεχείᾳ), δοκεῖ δὲ καὶ τὸ καθόλου αἴτιόν τισιν εἶναι μάλιστα, καὶ εἶναι ἀρχὴ τὸ καθόλου· διὸ ἐπέλθωμεν καὶ περὶ τούτου.

Ἔοικε γὰρ ἀδύνατον εἶναι οὐσίαν εἶναι ὁτιοῦν τῶν καθόλου λεγομένων. Πρῶτον [10] μὲν γὰρ οὐσία ἑκάστου ἡ ἴδιος ἑκάστῳ, ἣ οὐχ ὑπάρχει ἄλλῳ, τὸ δὲ καθόλου κοινόν· τοῦτο γὰρ λέγεται καθόλου ὃ πλείοσιν ὑπάρχειν πέφυκεν. Τίνος οὖν οὐσία τοῦτ' ἔσται; Ἢ γὰρ πάντων ἢ οὐδενός, πάντων δ' οὐχ οἷόν τε· ἑνὸς δ' εἰ ἔσται, καὶ τἆλλα τοῦτ' ἔσται· ὧν γὰρ μία ἡ οὐσία καὶ τὸ τί ἦν εἶναι [15] ἕν, καὶ αὐτὰ ἕν. Ἔτι οὐσία λέγεται τὸ μὴ καθ' ὑποκειμένου, τὸ δὲ καθόλου καθ' ὑποκειμένου τινὸς λέγεται ἀεί.

Ἀλλ' ἆρα οὕτω μὲν οὐκ ἐνδέχεται ὡς τὸ τί ἦν εἶναι, ἐν τούτῳ δὲ ἐνυπάρχειν, οἷον τὸ ζῷον ἐν τῷ ἀνθρώπῳ καὶ ἵππῳ; Οὐκοῦν δῆλον ὅτι ἔστι τις αὐτοῦ λόγος. Διαφέρει δ' οὐθὲν οὐδ' εἰ μὴ [20] πάντων λόγος ἔστι τῶν ἐν τῇ οὐσίᾳ· οὐδὲν γὰρ ἧττον οὐσία τοῦτ' ἔσται τινός, ὡς ὁ ἄνθρωπος τοῦ ἀνθρώπου ἐν ᾧ ὑπάρχει, ὥστε τὸ αὐτὸ συμβήσεται πάλιν· ἔσται γὰρ ἐκείνου οὐσία, οἷον τὸ ζῷον, ἐν ᾧ ὡς ἴδιον ὑπάρχει.

Ἔτι δὲ καὶ ἀδύνατον καὶ ἄτοπον τὸ τόδε καὶ οὐσίαν, εἰ ἔστιν ἔκ τινων, [25] μὴ ἐξ οὐσιῶν εἶναι μηδ' ἐκ τοῦ τόδε τι ἀλλ' ἐκ ποιοῦ· πρότερον γὰρ ἔσται μὴ οὐσία τε καὶ τὸ ποιὸν οὐσίας τε καὶ τοῦ τόδε. Ὅπερ ἀδύνατον· οὔτε λόγῳ γὰρ οὔτε χρόνῳ οὔτε γενέσει οἷόν τε τὰ πάθη τῆς οὐσίας εἶναι πρότερα· ἔσται γὰρ καὶ χωριστά. Ἔτι τῷ Σωκράτει ἐνυπάρξει οὐσία οὐσίᾳ, [30] ὥστε δυοῖν ἔσται οὐσία. Ὅλως δὲ συμβαίνει, εἰ ἔστιν οὐσία ὁ ἄνθρωπος καὶ ὅσα οὕτω λέγεται, μηθὲν τῶν ἐν τῷ λόγῳ εἶναι μηδενὸς οὐσίαν μηδὲ χωρὶς ὑπάρχειν αὐτῶν μηδ' ἐν ἄλλῳ, λέγω δ' οἷον οὐκ εἶναί τι ζῷον παρὰ τὰ τινά, οὐδ' ἄλλο τῶν ἐν τοῖς λόγοις οὐδέν.

Ἔκ τε δὴ τούτων θεωροῦσι [35] φανερὸν ὅτι οὐδὲν τῶν καθόλου ὑπαρχόντων οὐσία ἐστί, καὶ ὅτι οὐδὲν σημαίνει τῶν κοινῇ κατηγορουμένων τόδε τι, [1039a][1] ἀλλὰ τοιόνδε. Εἰ δὲ μή, ἄλλα τε πολλὰ συμβαίνει καὶ ὁ τρίτος ἄνθρωπος.

Ἔτι δὲ καὶ ὧδε δῆλον. Ἀδύνατον γὰρ οὐσίαν ἐξ οὐσιῶν εἶναι ἐνυπαρχουσῶν ὡς ἐντελεχείᾳ· τὰ γὰρ δύο [5] οὕτως ἐντελεχείᾳ οὐδέποτε ἓν ἐντελεχείᾳ, ἀλλ' ἐὰν δυνάμει δύο ᾖ, ἔσται ἕν ̔οἷον ἡ διπλασία ἐκ δύο ἡμίσεων δυνάμει γε· ἡ γὰρ ἐντελέχεια χωρίζεἰ,  ὥστ' εἰ ἡ οὐσία ἕν, οὐκ ἔσται ἐξ οὐσιῶν ἐνυπαρχουσῶν καὶ κατὰ τοῦτον τὸν τρόπον, ὃν λέγει Δημόκριτος ὀρθῶς· ἀδύνατον γὰρ εἶναί φησιν ἐκ [10] δύο ἓν ἢ ἐξ ἑνὸς δύο γενέσθαι· τὰ γὰρ μεγέθη τὰ ἄτομα τὰς οὐσίας ποιεῖ.

Ὁμοίως τοίνυν δῆλον ὅτι καὶ ἐπ' ἀριθμοῦ ἕξει, εἴπερ ἐστὶν ὁ ἀριθμὸς σύνθεσις μονάδων, ὥσπερ λέγεται ὑπό τινων· ἢ γὰρ οὐχ ἓν ἡ δυὰς ἢ οὐκ ἔστι μονὰς ἐν αὐτῇ ἐντελεχείᾳ.

Ἔχει δὲ τὸ συμβαῖνον ἀπορίαν. Εἰ γὰρ [15] μήτε ἐκ τῶν καθόλου οἷόν τ' εἶναι μηδεμίαν οὐσίαν διὰ τὸ τοιόνδε ἀλλὰ μὴ τόδε τι σημαίνειν, μήτ' ἐξ οὐσιῶν ἐνδέχεται ἐντελεχείᾳ εἶναι μηδεμίαν οὐσίαν σύνθετον, ἀσύνθετον ἂν εἴη οὐσία πᾶσα, ὥστ' οὐδὲ λόγος ἂν εἴη οὐδεμιᾶς οὐσίας. Ἀλλὰ μὴν δοκεῖ γε πᾶσι καὶ ἐλέχθη πάλαι ἢ [20] μόνον οὐσίας εἶναι ὅρον ἢ μάλιστα· νῦν δ' οὐδὲ ταύτης. Οὐδενὸς ἄρ' ἔσται ὁρισμός· ἢ τρόπον μέν τινα ἔσται τρόπον δέ τινα οὔ. Δῆλον δ' ἔσται τὸ λεγόμενον ἐκ τῶν ὕστερον μᾶλλον.
 

Il s'agit pour nous de l'étude de la substance ; revenons donc sur nos pas. Substance se prend pour le sujet, pour l'essence pure, pour la réunion de l'un et de l'autre, pour l'universel[60]. Deux d'entre ces acceptions ont été examinées, l'essence pure et le sujet. 49 Nous avons dit que le sujet s'entend de deux manières : il y a l'être déterminé, ainsi, l'animal sujet des modifications ; il y a la matière sujet de l'acte. Il semble que l'universel est, lui aussi, lui surtout, cause de certains êtres, et que l'universel est un principe. Occupons-nous donc de l'universel.

Il est impossible, selon nous, qu'aucun universel, quel qu'il soit, soit une substance. Et d'abord, la substance première d'un individu, c'est celle qui lui est propre, qui n'est point la substance d'un autre. L'universel, au contraire, est commun à plusieurs êtres ; car ce qu'on nomme universel, c'est ce qui se trouve, de la nature, en un grand nombre d'êtres. De quoi l'universel sera-t-il donc substance ? Il l'est de tous les individus, ou il ne l'est d'aucun ; et qu'il le soit de tous, cela n'est pas possible. Mais si l'universel était la substance d'un individu, tous les autres seraient cet individu, car l'unité de substance et l'unité d'essence constituent l'unité d'être. D'ailleurs, la substance, c'est ce qui n'est pas l'attribut d'un sujet; or, l'universel est toujours l'attribut de quelque sujet.

L'universel ne peut-il donc pas être substance à titre de forme déterminée, l'animal ne peut-il pas être l'essence de l'homme et du cheval ? Mais alors il y aurait donc une définition de l'universel. Or, que la définition renferme ou non toutes les notions qui sont dans la substance, peu importe ; l'universel n'en sera pas moins la substance de quelque chose : homme sera, par exemple, la substance de l'homme en qui il  50 réside. De sorte que nous retomberons dans la même conséquence que tout à l'heure. En effet, ta substance sera substance d'un individu, l'animal le sera de l'individu dans lequel il réside.

Il est impossible d'ailleurs, il est absurde que l'essence et la substance, si elles sont un produit, ne soient ni un produit de substances, ni un produit d'essences, et qu'elles viennent de la qualité. Alors ce qui n'est pas substance, la qualité, aurait la priorité sur la substance et sur l'essence, ce qui est impossible. Il n'est pas possible que ni dans l'ordre des notions, ni dans l'ordre chronologique, ni dans l'ordre de production, les modifications soient antérieures à la substance; sans quoi elles seraient susceptibles d'avoir une existence indépendante. D'ailleurs, dans Socrate, dans une substance, existerait alors une autre substance ; Socrate serait la substance de deux substances. La conséquence, en général, c'est que, si l'individu homme est une substance, et tous les individus avec lui, rien de ce qui entre dans la définition n'est substance de quoi que ce soit, ni n'existe séparé des individus, ni dans autre chose que les individus; c'est-à-dire, par exemple, qu'en dehors des animaux particuliers il n'y a pas quelque autre animal, il n'y a rien de ce qui entre dans la définition.

Il est donc évident, d'après ce qui précède, que rien de ce qui se trouve universellement dans les êtres, n'est une substance, et qu'aucun des attributs généraux ne marque l'existence déterminée, mais qu'ils désignent [1039a] le mode de l'existence. Sans cela, outre une foule  51 d'autres conséquences, on tombe dans celle du troisième homme[61].

Voici encore une autre preuve. Il est impossible que la substance soit un produit de substances qu'elle contiendrait en acte. Deux êtres en acte ne deviendront jamais un seul être en acte. Mais si les deux êtres ne sont qu'en puissance, il pourra y avoir unité. En puissance, le double, par exemple, se compose de deux moitiés. L'acte sépare les êtres. Si donc il y a unité dans la substance, la substance ne saurait être un produit de substances contenues en elle, et de cette manière l'expression dont se sert Démociïte est fondée en raison : II est impossible, dit-il, que l'unité vienne de deux, ou deux de l'unité. En effet, pour Dé-mocrite les grandeurs indivisibles sont les substances[62].

La même conséquence s'applique encore au nombre, si le nombre est, comme le disent quelques-uns, une collection de monades. Ou la dyade n'est pas une unité, ou bien la monade n'existe pas en acte dans la dyade.

Toutefois, ces conséquences entraînent une difficulté. Si l'universel ne peut constituer aucune sub- 52 stance, parce qu'il désigne la manière d'être et non l'existence déterminee, et qu'aucune substance ne peut être composée de substances en acte, alors toute substance doit être simple. H ne doit donc y avoir de définition d'aucune substance. Pourtant tout le monde pense, et nous avons dit plus haut que la substance seule, ou du moins qu'elle surtout, a une définition. Et voilà qu'elle-même n'en a pas. N'y aurait-il donc définition de rien absolument ? Ou bien y aurait-il définition dans un certain sens, et dans un autre, non ? C'est un point qui s'éclaircira par la suite.

XIV

Φανερὸν δ' ἐξ αὐτῶν τούτων τὸ συμβαῖνον καὶ τοῖς [25] τὰς ἰδέας λέγουσιν οὐσίας τε χωριστὰς εἶναι καὶ ἅμα τὸ εἶδος ἐκ τοῦ γένους ποιοῦσι καὶ τῶν διαφορῶν. Εἰ γὰρ ἔστι τὰ εἴδη, καὶ τὸ ζῷον ἐν τῷ ἀνθρώπῳ καὶ ἵππῳ, ἤτοι ἓν καὶ ταὐτὸν τῷ ἀριθμῷ ἐστὶν ἢ ἕτερον· τῷ μὲν γὰρ λόγῳ δῆλον ὅτι ἕν· τὸν γὰρ αὐτὸν διέξεισι λόγον ὁ λέγων [30] ἐν ἑκατέρῳ. Εἰ οὖν ἐστί τις ἄνθρωπος αὐτὸς καθ' αὑτὸν τόδε τι καὶ κεχωρισμένον, ἀνάγκη καὶ ἐξ ὧν, οἷον τὸ ζῷον καὶ τὸ δίπουν, τόδε τι σημαίνειν καὶ εἶναι χωριστὰ καὶ οὐσίας· ὥστε καὶ τὸ ζῷον. Εἰ μὲν οὖν τὸ αὐτὸ καὶ ἓν τὸ ἐν τῷ ἵππῳ καὶ τῷ ἀνθρώπῳ, ὥσπερ σὺ σαυτῷ, πῶς τὸ ἓν ἐν τοῖς οὖσι χωρὶς ἓν ἔσται, [1039b][1] καὶ διὰ τί οὐ καὶ χωρὶς αὑτοῦ ἔσται τὸ ζῷον τοῦτο;

 Ἔπειτα εἰ μὲν μεθέξει τοῦ δίποδος καὶ τοῦ πολύποδος, ἀδύνατόν τι συμβαίνει, τἀναντία γὰρ ἅμα ὑπάρξει αὐτῷ ἑνὶ καὶ τῷδέ τινι ὄντι·

εἰ δὲ μή, τίς ὁ τρόπος [5] ὅταν εἴπῃ τις τὸ ζῷον εἶναι δίπουν ἢ πεζόν; Ἀλλ' ἴσως σύγκειται καὶ ἅπτεται ἢ μέμικται· ἀλλὰ πάντα ἄτοπα. Ἀλλ' ἕτερον ἐν ἑκάστῳ· οὐκοῦν ἄπειρα ὡς ἔπος εἰπεῖν ἔσται ὧν ἡ οὐσία ζῷον· οὐ γὰρ κατὰ συμβεβηκὸς ἐκ ζῴου ἅνθρωπος. Ἔτι πολλὰ ἔσται αὐτὸ τὸ ζῷον· οὐσία τε γὰρ τὸ [10] ἐν ἑκάστῳ ζῷον (οὐ γὰρ κατ' ἄλλο λέγεται· εἰ δὲ μή, ἐξ ἐκείνου ἔσται ὁ ἄνθρωπος καὶ γένος αὐτοῦ ἐκεῖνο), καὶ ἔτι ἰδέαι ἅπαντα ἐξ ὧν ὁ ἄνθρωπος· οὐκοῦν οὐκ ἄλλου μὲν ἰδέα ἔσται ἄλλου δ' οὐσία (ἀδύνατον γάρ)· αὐτὸ ἄρα ζῷον ἓν ἕκαστον ἔσται τῶν ἐν τοῖς ζῴοις. Ἔτι ἐκ τίνος τοῦτο, καὶ [15] πῶς ἐξ αὐτοῦ ζῴου; Ἢ πῶς οἷόν τε εἶναι τὸ ζῷον, ᾧ οὐσία τοῦτο αὐτό, παρ' αὐτὸ τὸ ζῷον; Ἔτι δ' ἐπὶ τῶν αἰσθητῶν ταῦτά τε συμβαίνει καὶ τούτων ἀτοπώτερα. Εἰ δὴ ἀδύνατον οὕτως ἔχειν, δῆλον ὅτι οὐκ ἔστιν εἴδη αὐτῶν οὕτως ὥς τινές φασιν.
 

On voit assez les conséquences de ce qui précède, pour le système de ceux qui admettent les idées comme substances, et comme ayant une existence indépendante, et qui, en même temps, constituent l'idée avec le genre et les différences. Si dans l'homme, si dans le cheval il y a les idées et l'animal, ou l'animal et les idées sont une seule et même chose, numériquement, ou bien ils différent. Or, il est évident qu'il y a unité de notion : pour définir l'un et l'autre terme il faudrait énumérer les mêmes caractères. Si donc il y a un homme en soi ayant une existence déterminée et indépendante, nécessairement alors, ce qui le constitue, l'animal et le bipède ont, eux aussi, une 53 existence déterminée, sont indépendants, sont des substances; et par conséquent l'animal soi. Or, supposons que l'animal en soi réside dans le cheval au même titre que tu es dans toi-même[63], comment sera- t-il un dans des êtres qui existent séparément; et pourquoi, dans ce cas, l'animal dont nous parlons ne sera-t-il pas séparé de lui-même ?

Ce n'est pas tout : si l'animal en soi participe de l'animal qui n'a que deux pieds et de celui qui en a un plus grand nombre, il en résulte une impossibilité. Le même être, un être un et déterminé, réunirait à la fois les contraires.

Mais s'il n'y a pas participation, à quel titre dira- t-on que l'animal est un bipède, qu'il est un être qui marche? Y aurait-il par hasard composition, contact, ou mélange ? mais toutes ces suppositions sont absurdes[64]. L'animal serait-il différent dans chaque individu ? il y aurait donc alors une infinité d'êtres, si je puis dire, qui auraient l'animai pour substance; car l'homme n'est pas un accident de l'animal. Ajoutez que l'animal en soi serait multiple. D'un côté, en effet, l'animal dans chaque individu est substance; il n'est point l'attribut d'un autre être, sinon ce serait cet être qui constituerait l'homme, et qui en serait le genre. D'un autre côté enfin toutes les choses qui constituent l'homme sont des idées. L'animal ne 54 sera donc pas l'idée d'une chose, la substance d'une autre ; il y a impossibilité : l'animal en soi serait chacune des choses que renferment les animaux. Et d'ailleurs quel animal en soi constituerait les animaux, et comment serait-ce le même animal en soi ? Comment est-il possible que l'animal dont la substance est l'animal en soi existe en dehors de l'animal en soi? Les mêmes conséquences reparaissent au sujet des êtres sensibles, et de plus absurdes encore. Si donc il y a impossibilité de maintenir la supposition, il est évident qu'il n'y a pas d'idée des objets sensibles, dans le sens où l'entendent quelques philosophes.

XV

[20] Ἐπεὶ δ' ἡ οὐσία ἑτέρα, τό τε σύνολον καὶ ὁ λόγος (λέγω δ' ὅτι ἡ μὲν οὕτως ἐστὶν οὐσία, σὺν τῇ ὕλῃ συνειλημμένος ὁ λόγος, ἡ δ' ὁ λόγος ὅλως) ̓, ὅσαι μὲν οὖν οὕτω λέγονται, τούτων μὲν ἔστι φθορά (καὶ γὰρ γένεσις), τοῦ δὲ λόγου οὐκ ἔστιν οὕτως ὥστε φθείρεσθαι (οὐδὲ γὰρ γένεσις, οὐ [25] γὰρ γίγνεται τὸ οἰκίᾳ εἶναι ἀλλὰ τὸ τῇδε τῇ οἰκίᾳ) , ἀλλ' ἄνευ γενέσεως καὶ φθορᾶς εἰσὶ καὶ οὐκ εἰσίν· δέδεικται γὰρ ὅτι οὐδεὶς ταῦτα γεννᾷ οὐδὲ ποιεῖ. Διὰ τοῦτο δὲ καὶ τῶν οὐσιῶν τῶν αἰσθητῶν τῶν καθ' ἕκαστα οὔτε ὁρισμὸς οὔτε ἀπόδειξις ἔστιν, ὅτι ἔχουσιν ὕλην ἧς ἡ φύσις τοιαύτη ὥστ' ἐνδέχεσθαι [30] καὶ εἶναι καὶ μή· διὸ φθαρτὰ πάντα τὰ καθ' ἕκαστα αὐτῶν. Εἰ οὖν ἥ τ' ἀπόδειξις τῶν ἀναγκαίων καὶ ὁ ὁρισμὸς ἐπιστημονικόν, καὶ οὐκ ἐνδέχεται, ὥσπερ οὐδ' ἐπιστήμην ὁτὲ μὲν ἐπιστήμην ὁτὲ δ' ἄγνοιαν εἶναι, ἀλλὰ δόξα τὸ τοιοῦτόν ἐστιν, οὕτως οὐδ' ἀπόδειξιν οὐδ' ὁρισμόν, ἀλλὰ δόξα ἐστὶ τοῦ ἐνδεχομένου ἄλλως ἔχειν, [1040a][1] δῆλον ὅτι οὐκ ἂν εἴη αὐτῶν οὔτε ὁρισμὸς οὔτε ἀπόδειξις. Ἄδηλά τε γὰρ τὰ φθειρόμενα τοῖς ἔχουσι τὴν ἐπιστήμην, ὅταν ἐκ τῆς αἰσθήσεως ἀπέλθῃ, καὶ σωζομένων τῶν λόγων ἐν τῇ ψυχῇ τῶν [5] αὐτῶν οὐκ ἔσται οὔτε ὁρισμὸς ἔτι οὔτε ἀπόδειξις. Διὸ δεῖ, τῶν πρὸς ὅρον ὅταν τις ὁρίζηταί τι τῶν καθ' ἕκαστον, μὴ ἀγνοεῖν ὅτι ἀεὶ ἀναιρεῖν ἔστιν· οὐ γὰρ ἐνδέχεται ὁρίσασθαι.

Οὐδὲ δὴ ἰδέαν οὐδεμίαν ἔστιν ὁρίσασθαι. Τῶν γὰρ καθ' ἕκαστον ἡ ἰδέα, ὡς φασί, καὶ χωριστή· ἀναγκαῖον δὲ ἐξ ὀνομάτων [10] εἶναι τὸν λόγον, ὄνομα δ' οὐ ποιήσει ὁ ὁριζόμενος ̔ἄγνωστον γὰρ ἔσταἰ, τὰ δὲ κείμενα κοινὰ πᾶσιν· ἀνάγκη ἄρα ὑπάρχειν καὶ ἄλλῳ ταῦτα· οἷον εἴ τις σὲ ὁρίσαιτο, ζῷον ἐρεῖ ἰσχνὸν ἢ λευκὸν ἢ ἕτερόν τι ὃ καὶ ἄλλῳ ὑπάρξει. Εἰ δέ τις φαίη μηδὲν κωλύειν χωρὶς μὲν πάντα πολλοῖς [15] ἅμα δὲ μόνῳ τούτῳ ὑπάρχειν, λεκτέον πρῶτον μὲν ὅτι καὶ ἀμφοῖν, οἷον τὸ ζῷον δίπουν τῷ ζῴῳ καὶ τῷ δίποδι ̔καὶ τοῦτο ἐπὶ μὲν τῶν ἀϊδίων καὶ ἀνάγκη εἶναι, πρότερά γ' ὄντα καὶ μέρη τοῦ συνθέτου· ἀλλὰ μὴν καὶ χωριστά, εἴπερ τὸ ἄνθρωπος χωριστόν· ἢ γὰρ οὐθὲν ἢ ἄμφω· [20] εἰ μὲν οὖν μηθέν, οὐκ ἔσται τὸ γένος παρὰ τὰ εἴδη, εἰ δ' ἔσται, καὶ ἡ διαφορά̓· εἶθ' ὅτι πρότερα τῷ εἶναι· ταῦτα δὲ οὐκ ἀνταναιρεῖται. Ἔπειτα εἰ ἐξ ἰδεῶν αἱ ἰδέαι [23] (ἀσυνθετώτερα γὰρ τὰ ἐξ ὧν) , ἔτι ἐπὶ πολλῶν δεήσει κἀκεῖνα κατηγορεῖσθαι ἐξ ὧν ἡ ἰδέα, οἷον τὸ ζῷον καὶ τὸ [25] δίπουν. Εἰ δὲ μή, πῶς γνωρισθήσεται; Ἔσται γὰρ ἰδέα τις ἣν ἀδύνατον ἐπὶ πλειόνων κατηγορῆσαι ἢ ἑνός. Οὐ δοκεῖ δέ, ἀλλὰ πᾶσα ἰδέα εἶναι μεθεκτή.

Ὥσπερ οὖν εἴρηται, λανθάνει ὅτι ἀδύνατον ὁρίσασθαι ἐν τοῖς ἀϊδίοις, μάλιστα δὲ ὅσα μοναχά, οἷον ἥλιος ἢ σελήνη. Οὐ μόνον γὰρ διαμαρτάνουσι [30] τῷ προστιθέναι τοιαῦτα ὧν ἀφαιρουμένων ἔτι ἔσται ἥλιος, ὥσπερ τὸ περὶ γῆν ἰὸν ἢ νυκτικρυφές (ἂν γὰρ στῇ ἢ φανῇ, οὐκέτι ἔσται ἥλιος· ἀλλ' ἄτοπον εἰ μή· ὁ γὰρ ἥλιος οὐσίαν τινὰ σημαίνει) ἔτι ὅσα ἐπ' ἄλλου ἐνδέχεται, οἷον ἐὰν ἕτερος γένηται τοιοῦτος, δῆλον ὅτι ἥλιος ἔσται· κοινὸς ἄρα ὁ λόγος· [1040b][1] ἀλλ' ἦν τῶν καθ' ἕκαστα ὁ ἥλιος, ὥσπερ Κλέων ἢ Σωκράτης· § 9. ἐπεὶ διὰ τί οὐδεὶς ὅρον ἐκφέρει αὐτῶν ἰδέας; Γένοιτο γὰρ ἂν δῆλον πειρωμένων ὅτι ἀληθὲς τὸ νῦν εἰρημένον.
 

L'ensemble et la forme définie sont des substances differentes l'une de l'autre. J'entends par ensemble la substance qui se compose par la réunion de la forme définie et de la matière ; l'autre substance est purement et simplement la forme définie. Tout ce qui est substance à titre d'ensemble est sujet à destruction, car il y a production d'une telle substance[65]. Pour la forme définie, eile n'est point sujette à destruction, car elle n'est pas produite : ce qui est produit, ce n'est point la forme substantielle de la maison, c'est 55 telle maison particulière. Les substances formelles existent ou n'existent pas, indépendamment de toute production, de toute destruction. Nous avons montré que personne ne les produit, que personne ne les fait. C'est pour cela qu'il n'y a ni définition, ni démonstration des substances sensibles particulières. Ces substances ont une matière, et telle est la nature de la matière qu'elle peut ou être ou n'être pas, d'où il suit que toutes les substances sensibles particulières sont des substances périssables. Or, la démonstration s'applique à ce qui est nécessaire[66], et la définition appartient à la science ; et de même qu'il est impossible que la science soit tantôt science et tantôt ignorance, et que ce qui est dans ce cas n'est qu'une opinion[67], de même il n'y a pas non plus de démonstration ni de définition, mais une opinion concernant ce qui est succeptible d'être autrement qu'il n'est. [1040a] Les substances sensibles ne doivent donc évidemment avoir ni définition, ni démonstration. Les êtres périssables ne se manifestent plus à la connaissance,quand ils sont hors de la portée des sens, et dés lors, bien que les notions substantielles se conservent dans l'âme, il ne peut plus y avoir ni définition, ni démonstration de ces êtres. Aussi faut-il que ceux qui servent de définitions sachent bien que toujours on peut supprimer la défini» tion d'un être particulier, n'y ayant pas possibilité de définir véritablement ces êtres.

Ce n'est pas tout : aucune idée n'est susceptible de 56 définition. L'idée, comme on l'entend, est un être particulier, et elle est indépendante. Or, la définition se compose nécessairement de mots, et ces mots ne doivent point être l'ouvrage de celui qui définit, car ils n'auraient pas de signification connue. Les expressions dont on se sert doivent être intelligibles pour tous. Il faut donc bien que celles qui entreraient dans la déiinition de l'idée fassent partie de la définition d'autres êtres. Si l'on te définissait, ou dirait : animal, maigre, ou blanc, ou tel autre mot, lequel peut convenir à un autre être que toi. On prétendra sans doute que rien n'empêche que toutes les expressions ne conviennent séparément à un grand nombre d'êtres, et qu'en même temps ce soit à tel être, seul qu'elles conviennent. Mais d'abord animal bipède est commun aux deux êtres, je veux dire l'animal et le bipède. Cette observation s'applique nécessairement aux êtres éternels. Ils sont antérieurs à tout, et sont des parties du composé. Ils sont de plus indépendants de tout sujet : l'homme en soi est indépendant ; car ou bien aucun être ne l'est, ou bien l'homme et l'animal le sont l'un et l'autre. Or, si aucun ne l'était, il n'y aurait pas de genre en dehors des espèces ; et si le genre est indépendant, la différence l'est aussi. Elle a d'ailleurs l'antériorité d'être, et il n'y a pas réciprocité de destruction entre le genre et la différence. Nous dirons ensuite que si les idées sont composées d'idées, les idées les plus simples sont les idées composantes. Il faudra donc encore que ce qui constitue l'idée, que l'animal et le bipède, par exemple, se disent d'un prrand nombre d'êtres. Sans cela, comment  57 arriver à la connaissance ? Il y aurait une idée particulière qu'il serait impossible d'appliquer à plus d'un individu. Or, dans le système, au contraire, toute idée est susceptible de participation avec les êtres.

Ainsi donc que nous l'avons dit, on ne s'aperçoit pas qu'il y a impossibilité de définir les êtres éternels, et surtout ceux qui sont uniques, tels que le soleil et la lune. C'est une erreur que d'ajouter des caractères dont la suppression n'empêcherait pas qu'il y eût encore un soleil, les épithètes : Qui fait le tour de la terre[68], Qui se cache durant la nuit[69] , par exemple. Sans cela, le soleil s'arrêtant, ou apparaissant durant la nuit, il n'y aurait plus de' soleil ; or, il serait absurde qu'il n'y en eût plus, car le soleil est une substance[70]. Ensuite, ces caractères peuvent convenir à d'autres êtres; et si un autre être le possède, cet être sera le soleil : il y aura communauté de définition[71]. [1040b] Or, il a été admis que le soleil est un être particulier, comme Cléon, comme Socrate. Enfin pourquoi aucun de ceux qui admettent les idées, n'en donne-t-il une définition? On verrait clairement, s'ils essayaient de le faire, la vérité de ce que nous venons de dire.

XVI

[5] Φανερὸν δὲ ὅτι καὶ τῶν δοκουσῶν εἶναι οὐσιῶν αἱ πλεῖσται δυνάμεις εἰσί, τά τε μόρια τῶν ζῴων οὐθὲν γὰρ κεχωρισμένον αὐτῶν ἐστίν· ὅταν δὲ χωρισθῇ, καὶ τότε ὄντα ὡς ὕλη πάντἀ καὶ γῆ καὶ πῦρ καὶ ἀήρ· οὐδὲν γὰρ αὐτῶν ἕν ἐστιν, ἀλλ' οἷον σωρός, πρὶν ἢ πεφθῇ καὶ γένηταί τι [10] ἐξ αὐτῶν ἕν.  Μάλιστα δ' ἄν τις τὰ τῶν ἐμψύχων ὑπολάβοι μόρια καὶ τὰ τῆς ψυχῆς πάρεγγυς ἄμφω γίγνεσθαι, ὄντα καὶ ἐντελεχείᾳ καὶ δυνάμει, τῷ ἀρχὰς ἔχειν κινήσεως ἀπό τινος ἐν ταῖς καμπαῖς· διὸ ἔνια ζῷα διαιρούμενα ζῇ. Ἀλλ' ὅμως δυνάμει πάντ' ἔσται, ὅταν ᾖ ἓν καὶ [15] συνεχὲς φύσει, ἀλλὰ μὴ βίᾳ ἢ συμφύσει· τὸ γὰρ τοιοῦτον πήρωσις.

Ἐπεὶ δὲ τὸ ἓν λέγεται ὥσπερ καὶ τὸ ὄν, καὶ ἡ οὐσία ἡ τοῦ ἑνὸς μία, καὶ ὧν μία ἀριθμῷ ἓν ἀριθμῷ, φανερὸν ὅτι οὔτε τὸ ἓν οὔτε τὸ ὂν ἐνδέχεται οὐσίαν εἶναι τῶν πραγμάτων, ὥσπερ οὐδὲ τὸ στοιχείῳ εἶναι ἢ ἀρχῇ· ἀλλὰ [20] ζητοῦμεν τίς οὖν ἡ ἀρχή, ἵνα εἰς γνωριμώτερον ἀναγάγωμεν.  Μᾶλλον μὲν οὖν τούτων οὐσία τὸ ὂν καὶ ἓν ἢ ἥ τε ἀρχὴ καὶ τὸ στοιχεῖον καὶ τὸ αἴτιον, οὔπω δὲ οὐδὲ ταῦτα, εἴπερ μηδ' ἄλλο κοινὸν μηδὲν οὐσία· οὐδενὶ γὰρ ὑπάρχει ἡ οὐσία ἀλλ' ἢ αὑτῇ τε καὶ τῷ ἔχοντι αὐτήν, οὗ ἐστὶν οὐσία. [25] Ἔτι τὸ ἓν πολλαχῇ οὐκ ἂν εἴη ἅμα, τὸ δὲ κοινὸν ἅμα πολλαχῇ ὑπάρχει·

 ὥστε δῆλον ὅτι οὐδὲν τῶν καθόλου ὑπάρχει παρὰ τὰ καθ' ἕκαστα χωρίς. Ἀλλ' οἱ τὰ εἴδη λέγοντες τῇ μὲν ὀρθῶς λέγουσι χωρίζοντες αὐτά, εἴπερ οὐσίαι εἰσί, τῇ δ' οὐκ ὀρθῶς, ὅτι τὸ ἓν ἐπὶ πολλῶν εἶδος [30] λέγουσιν. Αἴτιον δ' ὅτι οὐκ ἔχουσιν ἀποδοῦναι τίνες αἱ τοιαῦται οὐσίαι αἱ ἄφθαρτοι παρὰ τὰς καθ' ἕκαστα καὶ αἰσθητάς· ποιοῦσιν οὖν τὰς αὐτὰς τῷ εἴδει τοῖς φθαρτοῖς (ταύτας γὰρ ἴσμεν), αὐτοάνθρωπον καὶ αὐτόϊππον, προστιθέντες τοῖς αἰσθητοῖς τὸ ῥῆμα τὸ « αὐτό ». Καίτοι κἂν εἰ μὴ ἑωράκειμεν τὰ ἄστρα, [1041a][1] οὐδὲν ἂν ἧττον, οἶμαι, ἦσαν οὐσίαι ἀί̈διοι παρ' ἃς ἡμεῖς ᾔδειμεν· ὥστε καὶ νῦν εἰ μὴ ἔχομεν τίνες εἰσίν, ἀλλ' εἶναί γέ τινας ἴσως ἀναγκαῖον.

Ὅτι μὲν οὖν οὔτε τῶν καθόλου λεγομένων οὐδὲν οὐσία οὔτ' ἐστὶν οὐσία [5] οὐδεμία ἐξ οὐσιῶν, δῆλον.
 

58 Il est évident que parmi les choses qui semblent être substances , la plupart ne le sont qu'en puissance[72]; telles sont les parties des animaux : aucune d'elles n'a une existence indépendante. Sont-elles séparées de leur sujet, alors elles n'existent plus qu'à l'état de matière; et comme elles, la terre, le feu, l'air; car il n'y a pas d'unité dans les éléments ; ils sont comme un monceau avant la concoction[73], avant qu'ils ne composent quelque chose qui soit un. On pourrait croire que les parties des êtres animés surtout, et les parties de l'âme, réunissent en quelque sorte les deux caractères, qu'elles sont en acte et en puissance. Il y a dans les articulations des principes de mouvement, principes, il est vrai, produits par un autre principe, mais qui font que certains animaux vivent encore quand ils sont divisés en parties. Toutefois, il n'y a substance en puissance que lorsqu'il y a unité et continuité naturelle; dans le cas où l'unité et la continuité sont le résultat de la violence ou d'une connexion arbitraire, alors ce n'est qu'une mutilation.

L'unité se prend dans le même sens que l'être[74], et 59 la substance de l'unité est une, et les êtres dont la substance est une en nombre, sont, numériquement, un seul être. On voit, puisqu'il en est ainsi, que ni l'unité, ni l'être ne peuvent être substance des choses, et pas plus qu'eux, l'élément ni le principe. Quand nous demandons : Quel est le principe ? c'est ce que nous voulons, ramener l'objet en question à un terme plus connu. L'être et l'unité ont plus de titre à être substance des choses que le principe, l'élément, la cause ; et pourtant eux-mêmes ils ne le sont pas. Rien n'est substance, qui est commun aux êtres; la substance n'existe dans aucun autre être que dans elle- même, et dans l'être auquel elle appartient, dont elle est la substance. D'ailleurs ce ne serait pas en même temps que l'unité serait substance dans plusieurs êtres ; or, il faut que ce qui est commun à tous les êtres se trouve en même temps dans chacun d'eux.

Il est donc évident que rien d'universel n'a une existence isolée des êtres particuliers. Toutefois, ceux qui admettent les idées ont raison dans un sens de leur donner une existence indépendante, puisque ce sont des substances. Mais dans un autre sens ils ont tort de faire de l'idée une unité dans la pluralité. La cause de leur erreur, c'est l'impossibilité où ils sont de dire quelle est la nature de ces substances impérissables, qui sont en dehors des substances particulières et sensibles. Aussi font-ils ces substances à l'image des substances périssables, de celles que nous connaissons : c'est l'homme en soi, le cheval en soi ; ils ne font qu'ajouter à l'être sensible l'expression, en 60 soi[75]. Et pourtant, quand même nous ne verrions pas les astres, [1041a] il n'y en aurait pas moins, je le crois, des substances sensibles éternelles en dehors des substances que nous connaîtrions. Ainsi , quand même nous ignorerions quelles substances sont éternelles, toutefois il devrait encore y en avoir nécessairement quelques-unes.

Nous avons montré que rien de ce qui s'applique à tous les êtres n'est substance, et qu'il n'y a aucune substance composée de substances.

XVII

Τί δὲ χρὴ λέγειν καὶ ὁποῖόν τι τὴν οὐσίαν, πάλιν ἄλλην οἷον ἀρχὴν ποιησάμενοι λέγωμεν· ἴσως γὰρ ἐκ τούτων ἔσται δῆλον καὶ περὶ ἐκείνης τῆς οὐσίας ἥτις ἐστὶ κεχωρισμένη τῶν αἰσθητῶν οὐσιῶν.

Ἐπεὶ οὖν ἡ οὐσία ἀρχὴ καὶ [10] αἰτία τις ἐστίν, ἐντεῦθεν μετιτέον. Ζητεῖται δὲ τὸ διὰ τί ἀεὶ οὕτως, διὰ τί ἄλλο ἄλλῳ τινὶ ὑπάρχει. Τὸ γὰρ ζητεῖν διὰ τί ὁ μουσικὸς ἄνθρωπος μουσικὸς ἄνθρωπός ἐστιν, ἤτοι ἐστὶ τὸ εἰρημένον ζητεῖν, διὰ τί ὁ ἄνθρωπος μουσικός ἐστιν, ἢ ἄλλο.  Τὸ μὲν οὖν διὰ τί αὐτό ἐστιν αὐτό, οὐδέν ἐστι [15] ζητεῖν (δεῖ γὰρ τὸ ὅτι καὶ τὸ εἶναι ὑπάρχειν δῆλα ὄντα - λέγω δ' οἷον ὅτι ἡ σελήνη ἐκλείπει -, αὐτὸ δὲ ὅτι αὐτό, εἷς λόγος καὶ μία αἰτία ἐπὶ πάντων, διὰ τί ὁ ἄνθρωπος ἄνθρωπος ἢ ὁ μουσικὸς μουσικός, πλὴν εἴ τις λέγοι ὅτι ἀδιαίρετον πρὸς αὑτὸ ἕκαστον, τοῦτο δ' ἦν τὸ ἑνὶ εἶναι· ἀλλὰ τοῦτο [20] κοινόν γε κατὰ πάντων καὶ σύντομον)· ζητήσειε δ' ἄν τις διὰ τί ἅνθρωπός ἐστι ζῷον τοιονδί. Τοῦτο μὲν τοίνυν δῆλον, ὅτι οὐ ζητεῖ διὰ τί ὅς ἐστιν ἄνθρωπος ἄνθρωπός ἐστιν· τὶ ἄρα κατά τινος ζητεῖ διὰ τί ὑπάρχει (ὅτι δ' ὑπάρχει, δεῖ δῆλον εἶναι· εἰ γὰρ μὴ οὕτως, οὐδὲν ζητεῖ), οἷον διὰ τί [25] βροντᾷ; Διὰ τί ψόφος γίγνεται ἐν τοῖς νέφεσιν; Ἄλλο γὰρ οὕτω κατ' ἄλλου ἐστὶ τὸ ζητούμενον. Καὶ διὰ τί ταδί, οἷον πλίνθοι καὶ λίθοι, οἰκία ἐστίν;

Φανερὸν τοίνυν ὅτι ζητεῖ τὸ αἴτιον· τοῦτο δ' ἐστὶ τὸ τί ἦν εἶναι, ὡς εἰπεῖν λογικῶς, ὃ ἐπ' ἐνίων μέν ἐστι τίνος ἕνεκα, οἷον ἴσως ἐπ' οἰκίας ἢ κλίνης, [30] ἐπ' ἐνίων δὲ τί ἐκίνησε πρῶτον· αἴτιον γὰρ καὶ τοῦτο. Ἀλλὰ τὸ μὲν τοιοῦτον αἴτιον ἐπὶ τοῦ γίγνεσθαι ζητεῖται καὶ φθείρεσθαι, θάτερον δὲ καὶ ἐπὶ τοῦ εἶναι.

Λανθάνει δὲ μάλιστα τὸ ζητούμενον ἐν τοῖς μὴ κατ' ἀλλήλων λεγομένοις, [1041b][1] οἷον ἄνθρωπος τί ἐστι ζητεῖται διὰ τὸ ἁπλῶς λέγεσθαι ἀλλὰ μὴ διορίζειν ὅτι τάδε τόδε. Ἀλλὰ δεῖ διαρθρώσαντας ζητεῖν· εἰ δὲ μή, κοινὸν τοῦ μηθὲν ζητεῖν καὶ τοῦ ζητεῖν τι γίγνεται. Ἐπεὶ δὲ δεῖ ἔχειν τε καὶ ὑπάρχειν τὸ [5] εἶναι, δῆλον δὴ ὅτι τὴν ὕλην ζητεῖ διὰ τί ἐστιν· οἷον οἰκία ταδὶ διὰ τί; Ὅτι ὑπάρχει ὃ ἦν οἰκίᾳ εἶναι. Καὶ ἄνθρωπος τοδί, ἢ τὸ σῶμα τοῦτο τοδὶ ἔχον.  Ὥστε τὸ αἴτιον ζητεῖται τῆς ὕλης (τοῦτο δ' ἐστὶ τὸ εἶδος) ᾧ τί ἐστιν· τοῦτο δ' ἡ οὐσία. Φανερὸν τοίνυν ὅτι ἐπὶ τῶν ἁπλῶν οὐκ ἔστι ζήτησις [10] οὐδὲ δίδαξις, ἀλλ' ἕτερος τρόπος τῆς ζητήσεως τῶν τοιούτων.

 Ἐπεὶ δὲ τὸ ἔκ τινος σύνθετον οὕτως ὥστε ἓν εἶναι τὸ πᾶν, [ἂν] μὴ ὡς σωρὸς ἀλλ' ὡς ἡ συλλαβή - ἡ δὲ συλλαβὴ οὐκ ἔστι τὰ στοιχεῖα, οὐδὲ τῷ ταὐτὸ τὸ καὶ (οὐδ' ἡ σὰρξ πῦρ καὶ γῆ) διαλυθέντων γὰρ τὰ μὲν οὐκέτι ἔστιν, [15] οἷον ἡ σὰρξ καὶ ἡ συλλαβή, τὰ δὲ στοιχεῖα ἔστι, καὶ τὸ πῦρ καὶ ἡ γῆ̓· ἔστιν ἄρα τι ἡ συλλαβή, οὐ μόνον τὰ στοιχεῖα τὸ φωνῆεν καὶ ἄφωνον ἀλλὰ καὶ ἕτερόν τι, καὶ ἡ σὰρξ οὐ μόνον πῦρ καὶ γῆ ἢ τὸ θερμὸν καὶ ψυχρὸν ἀλλὰ καὶ ἕτερόν τι

 - εἰ τοίνυν ἀνάγκη κἀκεῖνο ἢ στοιχεῖον [20] ἢ ἐκ στοιχείων εἶναι, εἰ μὲν στοιχεῖον, πάλιν ὁ αὐτὸς ἔσται λόγος ̔ἐκ τούτου γὰρ καὶ πυρὸς καὶ γῆς ἔσται ἡ σὰρξ καὶ ἔτι ἄλλου, ὥστ' εἰς ἄπειρον βαδιεῖταἰ· εἰ δὲ ἐκ στοιχείου, δῆλον ὅτι οὐχ ἑνὸς ἀλλὰ πλειόνων, ἢ ἐκεῖνο αὐτὸ ἔσται, ὥστε πάλιν ἐπὶ τούτου τὸν αὐτὸν ἐροῦμεν λόγον καὶ ἐπὶ τῆς [25] σαρκὸς ἢ συλλαβῆς.

Δόξειε δ' ἂν εἶναι τὶ τοῦτο καὶ οὐ στοιχεῖον, καὶ αἴτιόν γε τοῦ εἶναι τοδὶ μὲν σάρκα τοδὶ δὲ συλλαβήν· ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων. Οὐσία δὲ ἑκάστου μὲν τοῦτο (τοῦτο γὰρ αἴτιον πρῶτον τοῦ εἶναι)  - ἐπεὶ δ' ἔνια οὐκ οὐσίαι τῶν πραγμάτων, ἀλλ' ὅσαι οὐσίαι, κατὰ φύσιν [30] καὶ φύσει συνεστήκασι, φανείη ἂν [καὶ] αὕτη ἡ φύσις οὐσία, ἥ ἐστιν οὐ στοιχεῖον ἀλλ' ἀρχή -· στοιχεῖον δ' ἐστὶν εἰς ὃ διαιρεῖται ἐνυπάρχον ὡς ὕλην, οἷον τῆς συλλαβῆς τὸ καὶ τὸ.
 

Qu'est-ce que la substance, et en quoi consiste-t-elle? c'est ce que nous allons dire. De la sorte, nous ferons, pour ainsi dire, un autre principe ; car il sortira probablement de cette recherche quelque lumière relativement à cette substance qui existe séparée des substances sensibles[76].

61 La substance est un principe et une cause ; c'est de ce point de vue qu'il nous faut partir. Or, se demander le pourquoi, c'est toujours se demander pourquoi une choste dans un autre. En effet, si l'on cherche pourquoi l'homme musicien est un homme musicien, ou bien l'on cherche ce que l'on vient d'exprimer, c'est-à-dire pourquoi l'homme est musicien, ou bien l'on cherche autre chose. Or, chercher pourquoi une chose est elle-même, c'est ne rien chercher. Il faut que la chose dont on cherche le pourquoi se manifeste réellement ; il faut, par exemple, qu'on ait vu que la lune est sujette à des éclipses. Dans le cas où l'on demande pourquoi un être est lui-même, pourquoi l'homme est homme, ou le musicien musicien, il n'y a qu'une réponse à faire à toutes ces questions, qu'une raison à donner ; à moins toutefois qu'on ne réponde : C'est parce que chacun de ces êtres est indivisible en lui-même, c'est-à-dire parce qu'il est un ; réponse qui s'applique aussi à toutes les questions de ce genre, et qui les résout en peu de mots. Mais on peut se demander : Pourquoi l'homme est-il tel animal ? Dans ce cas, évidemment, ce n'est pas chercher pourquoi l'être qui est un homme est un homme, c'est chercher pourquoi un être se trouve dans un autre être. Il faut toutefois qu'on voie bien qu'il s'y trouve; s'il n'en était pas ainsi, la recherche n'aurait aucun but. Pourquoi tonne-t-il? C'est parce qu'un bruit 62 se produit dans les nuages. Dans cet exemple, ce qu'on cherche, c'est l'existence d'une chose dans autre chose, de même que quand on se demande : Pourquoi ceci, ces briques et ces pierres, est-il une maison ?

Il est donc évident que ce qu'on cherche, c'est la cause. Or, la cause, au point de vue de la définition, c'est l'essence. Dans certains cas, l'essence est la raison d'être : ainsi, pour la maison, pour le lit probablement ; elle est le premier moteur dans d'autres, car lui aussi il est une cause. Mais cette dernière cause ne se rencontre que dans les faits de production et destruction, tandis que la cause formelle agit, même dans le fait de l'existence.

La cause échappe, surtout quand on ne rapporte pas les êtres à d'autres êtres ; [1041b] si l'on ne voit pas pourquoi l'homme est homme, c'est parce que l'être n'est rapporté à rien, parce qu'on ne détermine pas qu'il est telles choses, où telle chose. Mais c'est-là ce qu'il faut dire, et dire clairement, avant de chercher la cause ; sinon, ce serait à la fois chercher quelque chose et ne rien chercher. Puisqu'il faut que l'être dont on se demande la cause ait une existence certaine, et qu'il soit rapporté à un autre être, il est évident que ce qu'on cherche, c'est le pourquoi des états de la matière. Ceci est une maison : pourquoi ? parce que tel caractère s'y trouve, qui est l'essence de la maison. C'est pour la même cause que tel homme, tel corps, est telle ou telle chose. Ce qu'on cherche, c'est donc la cause de la matière. Et cette cause, c'est la forme qui détermine l'être, c'est l'essence. On voit donc que pour les êtres 63 simples il n'y a pas lieu à demande ni à réponse sur ce point, et que les questions qui se rattachent à ces êtres sont d'une autre nature.

Ce qui a une cause est composé ; mais il y a unité dans le tout, il n'est pas une sorte de monceau, il est un comme la syllabe. Or, la syllabe n'est pas seulement les lettres qui la composent, elle n'est pas la même chose que A et B. La chair non plus n'est pas le feu et la terre seulement. Dans la dissolution, la chair, la syllabe cessent d'exister, tandis que les lettres, le feu, la terre, existent encore. La syllabe est donc quelque chose qui n'est pas seulement les lettres, la voyelle et la consonne ; elle est autre chose encore ; et la chair n'est pas seulement le feu et la terre, le chaud et le froid, mais encore autre chose[77].

Admettra-t-on qu'il est nécessaire que ce quelque chose soit, lui aussi, ou bien un élément, ou bien un composé d'éléments ? Si c'est un élément, nous répéterons notre, raisonnement de tout à l'heure : ce qui constituera la chair ce sera cet élément avec le feu, la terre, et autre chose encore, et de la sorte on ira à l'infini. Si c'est un composé d'éléments, évidemment il n'est pas composé d'un seul élément, mais de plusieurs, sinon il serait l'élément composant lui-même. Nous ferons donc pour lui le même raisonnement que pour la chair, la syllabe.

La cause en question est donc, ce semble, quelque chose qui n'est pas élément, et qui pourtant est la cause que ceci est de la chair, ceci une syllabe ; et pour 64  les autres cas de même. Or, cette cause, c'est la substance de chaque être ; car c'est là la cause première de l'existence. Mais, parmi les choses, il en est qui ne sont pas des substances; il n'y a de substances que les êtres qui existent par eux-mêmes, et dont rien autre chose qu'eux-mêmes ne constitue la nature : par conséquent, c'est évidemment une substance que cette nature qui est dans les êtres non un élément, mais un principe[1]. Quant à l'élément, c'est ce en quoi se divise un être, c'en est la matière intrinsèque[2]. Les éléments de la syllabe sont A et B.

FIN DU LIVRE SEPTIÈME.



 

 

VII

1 NOTES.

LIVRE SEPTIÈME.

Page 3. Premier s'entend dans différents sens : toutefois la subsiance est absolument première sous le rapport de la notion, et de la connaissance, et du temps, et de la nature. BEKKER, p. 1028; Brandis, p . 1 28 : ... ὅμως δὲ πάντων ἡ οὐσία πρῶτον καὶ λόγῳ καὶ γνώσει καὶ χρόνῳ.

Nous avons ajouté, comme on voit, au texte de Brandis et de Bekker. Mais c'est sur l'autorité des manuscrits mêmes de Bekker, sur l'autorité de tous les anciens éditeurs qui donnent ὅ. δ. π. ἡ. o. π. κ. λ., κ. γ., καὶ χρόνῳ, καὶ φύσει  et aussi parce qu'il nous a semblé que sans ce mot φύσει il manquait quelque chose à l'idée d'Aristote.

Page 4. Sont-ce la ies seules substances? y en a-t-il d'autres encore; ou bien aucune de celles-ci n'est-elle substance, et ce titre appartient-il à d'autres êtres ? BEKKER, p. 1 028 : Πότερον δὲ αὗται μόναι οὐσίαι εἰσὶν ἢ ἄλλαι, ἢ τούτων μὲν οὐθὲν ἕτεραι δέ τινες...

La leçon de Bekker, à laquelle nous nous sommes conformés, est celle des anciennes éditions. Brandis, p. 129, intercale entre les mots ἄλλαι et ἢ τούτων μέν, ces autres mots : ἢ τούτων τινὲς ἢ καὶ ἄλλων. Les mss. E et T de Bekker autorisent 324 cette leçon : Post ἄλλαι ET ἢ τ. τ. ἢ κ. ἄλλαι (vel ἄλλων); p. 1028. Il n'est pas impossible que telle ait été, en effet, la leçon primitive. Après la généralité seraient venus les cas particuliers ; après avoir demandé si les êtres sensibles sont les seules substances, Aristote a bien pu demander si ce ne serait pas quelques-uns seulement des êtres sensibles, Tούτων τινές . ce qui entraînait ἢ καὶ ἄλλων, car le philosophe s'était posé aussi cette question : Y a-t-il encore d'autres substances ? Cependant, il faut le dire, le membre de phrase rétabli par Brandis n'est guère qu'un embellissement oratoire ; la période, telle qu'il la donne, est mieux cadencée : π. δ. α.μ. ο. ε. ἢ καὶ ἄλλαι, ἢ τούτων τινὲς ἢ καὶ ἄλλων, ἢ τούτων μὲν ο. ἕ. δ. τ. ..., mais le sens n'y a rien gagné. C'est-là sans doute le motif qui a fait revenir Bekker à la leçon vulgaire, et aussi l'habitude générale du style d'Aristote ; car si Aristote (et il suffit de lire quelques lignes de ses écrits pour s'en assurer) soigne singulièrement les détails de sa phrase courte et serrée, il ne descend guère aux petits expédients des rhéteurs.

Page 8. Mais la substance réalisée (je veux dire celle qui résulte de l'union de la matière et de la forme), il n'en faut point parler. Évidemment elle est postérieure et à la forme et à la matière, et d'ailleurs ses caractères sont manifestes : la matière elle-même tombe, jusqu'à un certain point, sous le sens. Reste donc à étudier la troisième , la forme. Sur celle-là il y a lieu à de longues discussions. Bekker, p. 1029; BRANDIS, p. 131 : Tτὴν μὲν τοίνυν ἐξ ἀμφοῖν οὐσίαν, ... ὑστέρα γὰρ καὶ δήλη.  Φανερὰ δέ πως καὶ ἡ ὕλη.  Περὶ δὲ τῆς τρίτης σκεπτέον· αὕτη γὰρ ἀπορωτάτη.

Nous avons fait tous nos efforts pour que le raisonnement d'Aristote apparût clairement sous les expressions dont nous nous sommes servis pour rendre ὑστέρα et δήλη. Aristote cher- 325 che quelle est la substance première ; il ne saurait donc la trouver dans ce qui est composé, car ce qui est composé est postérieur à ses éléments. On n'a pas besoin d'ailleurs d'entrer en discussion sur une chose perçue immédiatement par les sens, et dont toutes les qualités, tous les caractères se révèlent à nous d'eux-mêmes. Les mots φανερὰ δέ πως καὶ ἡ ὕλη, n'ont rien non plus qui doive étonner. Aristote ne dit pas absolument que la matière tombe sous le sens ; il met une restriction : elle y tombe jusqu'à un certain point. Il est évident que la matière, laquelle n'a ni forme, ni quantité, ni qualité, ni rien, en un mot, de ce qui détermine l'être, la matière considérée comme simple possibilité d'existence, échappe à la prise immédiate des sens. Mais il y a une induction, ou, comme dit Aristote au liv. I de la Physique, une analogie qui nous aide à la saisir. La matière a, pour Aristote, des degrés différents ; car il y a dans l'indétermination des degrés, du plus ou du moins. La matière première est à la matière seconde comme celle-ci est à la troisième, comme la troisième à une autre, s'il y en a une autre : la statue sujet, matière de certaines qualités, a pour matière, la matière des corps fusibles ; pour prendre un exemple qu'affectionne Aristote. Or, nous percevons directement la statue ; nous percevons l'airain ; et par analogie, par induction, si l'on veut, nous connaissons la matière de l'airain. Voilà avec quelles restrictions Aristote a dit que la matière tombe sous le sens. Admettons que tel est son caractère ; il faut bien alors commencer par le point sur lequel il y a le plus de contestation. Sur la matière on s'accorde à peu près, au moins en principe, et Aristote l'a abondamment prouvé dans le livre premier de la Métaphysique. Pour la forme, il n'en est pas ainsi : si l'on nie que la forme existe par elle-même, on nie qu'elle soit une essence. Il faut examiner quels sont ses caractères véritables ; ils ne sa manifestent pas d'eux-mêmes aux yeux, ils sont difficiles à découvrir : ἀπορωτάτη. Voyez sur ce passage, Alexandre d'Aphrodisée, Schol., p. 741 , Sepulv., p. 183 ; Philop., fol. 26, a ; et aussi St. Thomas, fol. 87, a.

326 Page 15. D'après cela, ou bien aucun des objets composés n'aura ni essence ni définition, ou bien ce ne sera pas une définition première; nous l'avons déjà fait observer tout à l'heure. Bekker, p 1030; BRANDIS, p. 135 : Ὥστε τούτων τὸ τί ἦν εἶναι καὶ ὁ ὁρισμὸς ἢ οὐκ ἔστιν οὐθενὸς ἢ ἔστιν ἄλλμως, καθάπερ εἰρήκαμεν.

Les anciens éditeurs ont lu : ἢ οὐκ ἔστιν οὐδενὸς, ἢ εἰ ἔστιν, ἀλλὰ καθάπερ εἰρήκαμεν. Les deux leçons ont au fond le même sens ; seulement, avec l'ancienne leçon, il faut sous-entendre quelque chose pour compléter la phrase : οὐκ ἔστιν οὕτως, par exemple. Le vieux traducteur latin semble avoir eu sour les yeux un autre texte : Aut non est alicujus, aut si est, alicujus est ; mais on ne sait pas trop ce qu'il veut dire par alicujus est. Bessarion a lu : ἄλλως ἢ καθάπερ : Aut si est, aliter est quam quemadmodum..., ce qui s'écarte peu de la leçon de Brandis ; car Anstote vient de déterminer tout à l'heure le caractère des définitions proprement dites, en même temps qu'il a fait une distinction entre les êtres qui ont une essence et ceux qui n'en ont pas. Mais la leçon de Brandis, outre qu'elle se trouve dans un grand nombre de mss., est formellement indiquée par Philopon : Itaque vel non est ullius lalium definitio, vel aliter est, etc., fol. 26, b ; et Asclépius interprèle la phrase dans le même sens que nous avons essayé de le faire en nous servant des mots : Ce ne sera pas une définition première ; ce qui prouve qu'il avait ἔστιν ἄλλως sous les yeux : ὥστε ἢ οὐκ ἔστι τούτων ὁρισμὸς, ἢ, εἰπερ ἐστὶν, ἀνάγκη ἐκ προσθέσεως εἶναι, ὥσπερ εἰρήκαμεν. Schol. in Arist., p. 746. Enfin Sepulveda a adopté cette leçon. Voyez Alex. Sepulv., p. 188.

Page 15. Si l'on dit qu'ils différent, parce qu'il est impossible de dire camus sans exprimer la chose dont camus est l'attribut essentiel, car le mot camus signifie nez retroussé; alors, ou il sera impossible d'em- 327 ployer l'expression nez camus, ou bien ce sera dire deux fois la même chose, nez nez retroussé, puisque nez camus signifiera nez nez retroussé. BEKKER, p, 1030 ; BRANDIS, p. 135 : Eἰ δὲ μὴ διὰ τὸ ἀδύνατον εἶναι εἰπεῖν τὸ σιμὸν ἄνευ τοῦ πράγματος οὗ ἐστὶ πάθος καθ' αὑτό (ἔστι γὰρ τὸ σιμὸν κοιλότης ἐν ῥινί), τὸ ῥῖνα σιμὴν εἰπεῖν ἢ οὐκ ἔστιν ἢ δὶς τὸ αὐτὸ ἔσται εἰρημένον, ῥὶς ῥὶς κοίλη· ἡ γὰρ ῥὶς ἡ σιμὴ ῥὶς ῥὶς κοίλη ἔσται.

La leçon des anciens éditeurs diffère beaucoup de celle de Brandis et de Bekker ; ils écrivent : Ὲἰ δὲ μὴ, δ. τ. ἀ. ε. εἰπεῖν, τὸ σιμὸν καὶ ἄνευ  τ. π. ο. ἐ. π. κ. αὑτὸ· καὶ ἔσται τὸ σιμὸν κ. ἓν ῥινὶ, τὸ ῥῖνα, σ. ε.ἢ. ο. ε. ἢ. δ. τ .α. ἔ. ε. ῥ. ῥ. κ. Ἡ γὰρ ῥὶς ἡ σιμὴ, ῥὶς [ῥὶς] κοίλη ἔσται. On a été même jusqu'à retrancher le mot ῥὶς une fois, dans le dernier membre de phrase. Sous cette forme, la phrase d'Aristote est à peu près inintelligible. On peut s'en assurer en lisant le passage dans Bessarion; encore que Bessarion, ou n'ait point trouvé dans ses mss., ou ait de son chef retranché καὶ devant ἄνευ : « Quod si non propterea quod impossibile est dicere simum absque ipsa re, cujus per se passio est, et simum erit concavitas in naso, nasum simum aut non est dicere aut bis erit dictum nasus, nasus concavus. Nasus namque simus nasus nasus concavus erit. » Du moins le vieux traducteur, s'il ne lit pas ἔστι γὰρ τὸ σιμόν, traduit comme s'il lisait καἴ ἐστι τὸ σιμόν : ce qui signifie quelque chose, car ces mots dépendent alors de διὰ τὸ ἀδύνατον εἶναι εἰπεῖν : parce qu'il est impossible de dire... et parce que le mot camus signifie.. , quia impossibile est..., et est simum concavitas in naso. Du reste le vieux traducteur, pas plus que Bessarion, pas plus qu'Argyropule , ne fait soupçonner l'existence de καὶ devant ἄνευ. Bessarion seul a conservé, dans sa traduction, le second ῥίς à la fin du passage. Ce mot n'en est pas moins essentiel au sens, et Brandis a dû le maintenir à sa place. N'existât-il dans aucun manuscrit (et il se trouve, suivant Bekker, dans le plus grand nombre), il faudrait encore le mettre à cette place ; la suite du raisonnement l'exigerait de toute né- 328 cessité, car on ne peut pas le supposer sous-entendu. Aristote a bien dit quelque part, que τὸ σιμόν et ῥὶς σιμὴ étaient deux expressions synonymes, mais dans le langage vulgaire, et non pas eu égard à l'essence de la chose. Il prouve maintenant que, philosophiquement, on ne doit pas dire ῥὶς σιμή. Et, en effet, à le prendre à la rigueur, il y a pléonasme dans l'expression ; bavardage inutile , comme dit Asclépius dans son commentaire : καὶ διαπλασιάζομεν τὴν ῥῖνα, ὅπερ ἐστὶν ἀδολεσχία. Voyez Schol., p. 746. Par conséquent il faut lire :ἡ γὰρ ῥὶς ἡ σιμὴ, ῥὶς ῥὶς κοίλη ἔσται.

Page 17. S'il y avait identité, il y aurait identité aussi entre la forme substantielle d'homme et la forme substantielle d'homme blanc. BEKKER, p. 1031 ; BRANDIS, p. 136 : Εἰ γὰρ τὸ αὐτὸ, καὶ τὸ ἀνθρώπῳ εἶναι καὶ τὸ λευκῷ ἀνθρώπῳ τὸ αὐτό.

Les anciens éditeurs ont lu : Εἰ γὰρ τὸ αὐτὸ ἀνθρώπῳ εἶναι, καὶ λευκῷ ἀνθρὼπῷ τὸ αὐτό. Même en admettant la suppression de καὶ après εἰ γὰρ τὸ αὐτό, il faudrait encore donner à cette phrase une autre ponctuation, pour lui faire signifier quelque chose de raisonnable. La virgule doit se trouver après εἰ γὰρ τὸ αὐτό, et non pas après ἀνθρώπῳ εἶναι, à moins qu'on ne sous-entende dans le premier membre καὶ  λευκῷ ἀνθρώπῳ, et dans le second, καὶ ἀνθρώπῳ εἶναι  : auquel cas le sens serait le même qu'avec la leçon des nouveaux éditeurs ; mais il faut avouer que cette double ellipse n'est pas fort naturelle. C'est pourtant la nécessité où l'on en est réduit pour comprendre ces paroles de Bessarion : Si enim ipsi homini esse, et albo homini idem, et celles-ci du vieux traducteur, bien qu'au lieu de ipsi homini, qui semble supposer αὐτοἀνθρώπῷ en un seul mot , il traduise : Si enim idem homini esse. Argyropule est tout aussi inintelligible, si l'on n'aide pas un peu à la lettre : Nam, si eadem sint homi-nis esse, et hominis albi esse, idem erit profecto. Il faudrait , pour être exact, traduire : Nam, si eadem sint, et hominis esse 329 et albi hominis esse eadem erunt; en admettant la forme scolastique d'Argyropule : hominis esse.

Page 22. Et la santé, c'est l'idée même qui est dans l'âme, la notion scientifique ; la santé vient d'une pensée comme celle-ci : La santé est telle chose; donc il faut, si l'on veut la produire, qu'il y ait telle autre chose, par exemple l'équilibre des différentes parties ; or , pour produire cet équilibre, il faut la chaleur. BEKKER, p. 1032; BRANDIS, p. 139, 140 : ... γίγνεται δὴ τὸ ὑγιὲς νοήσαντος οὑτως· ἐπειδὴ τοδὶ ὑγιεία...

Les anciens éditeurs ne donnent pas οὕτως, ils mettent pour la plupart un point après νοήσαντος. Un des mss. de Bekker, le manuscrit S, omet aussi le mot οὕτως. Mais ce mot semble nécessaire pour annoncer le raisonnement ; et, s'il n'est pas absolument nécessaire, encore faudrait-il qu'une ponctuation particulière indiquât que νοήσαντος n'est pas employé dans un sens absolu, qu'on ne veut pas dire que la santé a pour principe une pensée quelconque, mais que ce mot se rapporte à ce qui suit. Du reste tous les mss. de Bekker donnent le mot οὕτως, excepté celui que nous venons de mentionner, et tous les traducteurs latins ont eu soin de la reproduire : Fit itaque sanitas intelligente ita, quoniam... Vieux trad.; Fit autem sa num intelligente ita.... Bessar.; Atque sanum efficitur, cum sanitatis artifex hoc intellexerit modo... Argyr.; enfin ce mot est indiqué dans les paraphrases des anciens commentateurs, et Alexandre détermine avec beaucoup de précision la signification de νοήσαντος dans ce passage : Ergo sanum, inquit, ef ficitur, cum medicus sic intelligit, et quomodo intelligat exponit dicens : exempli gratia, si hoc est sanitas.... Sepulveda, p. 194.

Page 23. Or, la chaleur produite dans le corps est 330 un élément de la santé, ou bien elle est suivie d'une autre chose ou de plusieurs qui sont des éléments de la sanlé. La dernière chose à laquelle on arrive ainsi... BEKKER, p. 1032; BRANDIS, p. 140 : Ἡ θερμότης τοίνυν ἡ ἐν τῷ σώματι ἢ μέρος τῆς ὑγιείας ἢ ἕπεταί τι αὐτῇ τοιοῦτον ὅ ἐστι μέρος τῆς ὑγιείας, ἢ διὰ πλειόνων· τοῦτο δ' ἔσχατόν  τὸ ποιοῦν,...

Du Val fait remarquer, à propos de ce passage, que tous les traducteurs, excepté Bessarion, lisent ἢ εὐθὺς, ἢ διὰ πλεόνων. Il ajoute ensuite: « lidem interpp. vulgatos codices non mutilos tantum hoc loco, sed et in sequentibus periodis valde depravatos esse ac perversos, sua interpretatione arguunt. Sic enim vertit :Aut statim aut per plura, hoc autem est ultimum quod sanitatis efficit partem. Atque ut ibi caliditas, aut aliquid quod ipsa sequitur, sanitatis est pars, sic et lapides do mus et alla aliorum sunt. » Nous ne trouvons pas dans le vieux traducteur l'indication de ἢ εὐθύς. Argyropule suit cette leçon, comme on le voit par la note que nous venons de transcrire; car c'est d'Argyropule qu'il s'agit dans celte note, et d'Argyropule seul, nonobstant les mots iidem interpp., les même endre qui est-ce qui traduit ainsi. Du reste la leçon ἢ εὐθύς nuit à la clarté du sens ; et d'ailIeurs Bekker ne l'a pas trouvée dans les manuscrits. Quant à cette grande corruption de texte dans les manuscrits attestée, selon Du Val, par les traducteurs, c'est une pure chimère. Argyropule, dans le passage cité, intervertit, mais voilà tout, l'ordre de deux membres de phrase ; mais le sens reste entier. Il ne faut voir dans cette légère licence qu'une fantaisie excusable. Les manuscrits ne sont en rien intéressés à cette affaire.

Page 27, 28. Y a-t-il donc quelque sphère en dehors des sphères sensibles, quelque maison indépendamment des maisons de briques? S'il en était ainsi, 331 il n'y aurait jamais production de l'être particulier ; il ne se produirait que des qualités. Or, la qualité n'est point l'essence, la forme déterminée, mais ce qui donne à l'être tel ou tel caractère... BEKKER, p. 1033 ; BRANDIS, p. 143 : Πότερον οὖν ἔστι τις σφαῖρα παρὰ τάσδε ἢ οἰκία παρὰ τὰς πλίνθους, ἢ οὐδ' ἄν ποτε ἐγίγνετο, εἰ οὕτως ἦν, τόδε τις ἀλλὰ τὸ τοιόνδε σημαίνει, τόδε δὲ καὶ ὡρισμένον οὐκ ἔστιν,...

Nous n'avons pas besoin de remarquer qu'il s'agit de la théorie des idées; Aristote présente sous une nouvelle forme l'argument du livre premier : Les idées sont inutiles pour la production des essences. Voyez t. I, p. 46 sqq. La seule différence qu'il y ait ici entre le texte de Brandis et de Bekker et la leçon vulgaire, c'est qu'on lisait autrefois ἀλλ' ὅτι τοιόνδε au lieu de ἀμμὰ τὸ τοιόνδε : là n'est pas la difficulté de ce passage ; elle consiste dans la forme de la phrase. Aristote semble présenter deux cas particuliers d'un même principe ; mais, en réalité, la seconde supposition est la réponse à la question première, à la seule question que se pose le philosophe : Y a-t-il, oui ou non, des idées existant par elles-mêmes ; l'idée d'une sphère, d'une maison ? C'est avec raison qu'Alexandre d'Aphrodisée dit, en parlant du second membre de phrase, qu'Aristote y décide la question : ἐπικρίνει λέγων ἢ οὐκ ἂν ποτε..., respondet, traduit Sepulveda. Voyez Schol. in Arist., p. 752; Sepulv., p. 197. Il faut considérer la phrase comme un dilemme. Aristote place son lecteur entre ces deux alternatives : s'il y a des idées, les êtres sensibles ne peuvent pas arriver à l'existence ; et s'il y a des êtres sensibles, il n'y a pas d'idées : sauf à prouver un peu plus loin qu'il faut opter. C'est-là ce qui explique la répétition de ἢ et la tournure interrogative. On dirait de même en français : N'admeltons-nous pas ou qu'il y a des idées, ou bien, etc. L'expression τάσδε pour désigner les sphères matérielles n'est pas nouvelle pour nous ; elle n'est pas même une expression philosophique, et on en trouve d'analogues dans la langue commune. Quant à τόδε τι, nous avons 332 déjà indiqué quelque part que cette formule était synonyme de οὐσία. Voyez t. I, p. 12. On voit ici dans quelles limites. Le τόδέ τι n'est pas une essence quelconque : Dieu esl une essence, mais non un τόδέ τι.  Le τόδέ τι se dit de l'essence de ce qui se voit ; de ce dont on peut dire : voilà; de ce qui peut être montré du doigt, comme l'explique Alexandre. εἰς δεῖξιν πιπτόντων, Schol., p. 752, Sepulv., p. 197 ; enfin de tout ce qui est un produit de la nature ou de l'art, comme le remarque Asclépius, Schol., id ibid.

Le vieux traducteur latin a vu la difficulté, s'il ne l'a pas surmontée. Il traduit : « Utrum igitur est ne quœdam sphœra prœter has, aut domus prœter lateres, aut nunquam facta est ? Si sic, non erat hoc aliquid. » Aut nunquam facta est est un conttre-sens ; mais dans si sic, dans  ἦν appliqué à τόδέ τι, dans ce non même que le vieil hélléniste intercale à propos, comme un souvenir du précédent nunquam, on sent qu'il a aperçu l'intention d'Aristote. Bessarion, Argyropule lui-même, ne donnent pas une idée aussi vraie du sens ; ou plutôt ils n'en donnent aucune idée, Bessarion surtout, ayant mis, ni plus ni moins, l'un et l'autre, des mots latins à la place des mots grecs.

Page 31. Je dis généralement, car il ne faut point chercher en cela une rigueur exacte : l'homme vient de l'homme il est vrai ; mais la femme aussi vient de l'homme. Il faut d'ailleurs que l'animal ait l'usage de tous ses organes : ainsi le mulet ne produit pas le mulet. BEKKER, p. 1034; BRANDIS, p. 145 : Οὐ γὰρ πάντα οὕτω δεῖ ζητεῖν ὡς ἐξ ἀνθρώπου ἄνθρωπος (καὶ γὰρ γυνὴ ἐξ ἀνδρός διὸ ἡμίονος οὐκ ἐξ ἡμιόνου)· ἀλλ' ἐὰν μὴ πήρωμα ᾖ.

La phrase s'arrête pour Argyropule, ou mieux pour Sepulveda, à ἐξ ἀνδρός; mais c'est que le traducteur en a transposé les deux derniers membres. Il les place immédiatement avant  οὐ γὰρ πάντα, et dans un ordre différent de celui où les ont ran- 333 gés les éditeurs ; διὸ ἡμιόνος ne vient qu'après μὴ πήρωρα ἦ  « ... et id a quo est semen, univocum est quodammodo, nisi ipsum ortum sit lœsum (sic). Quocirca non ex mulo nascitur mulus. Non enim ita omnia sunt flagitanda,...» C'est Alexandre d'Aphrodisée qui indique cette correction : τὴν δὲ λέξιν ὑπερβατῶς ἀναγνωστέον οὑτωσίν· ἔστι γὰρ τὸ ἑξῆς  « καὶ ὐφ' οὗ σπέρμα ἐστί πως ὁμώμυνον, ἐὰν μὴ πήρωρα ᾖ·» « διὸ ἡμ. οὐκ ἐξ ἡμ.. »  εἶτα « οὐ γὰρ πάντα οὕτω δεῖ ζητεῖν, ὡς ἐξ ἀνθρώπου ἄνθρωπος ἄνθρωπος· κ. γ. γ. ἐ. ἀ.» Schol., p. 754. Voyez aussi Sepulv., p. 199. On peut, comme on voit, défendre cette interversion. Mais le sens n'y gagne pas beaucoup, ou, pour mieux dire, n'y gagne rien ; et comme Alexandre ne dit pas que ce soit là la leçon des manuscrits de son temps, et que c'est probablement une de ses conjectures, ainsi que semble l'indiquer le mot ἴσως dont il se sert une ligne plus haut, il vaut mieux s'en tenir à la leçon des anciens et des nouveaux éditeurs, unanimes sur ce point.

Page 33. Ainsi la chair n'est pas une partie du retroussé ; elle est la matière sur laquelle s'opère la production. BEKKER, p. 1035 ; BRANDIS , p. 146: .... οἷον τῆς μὲν κοιλότητος οὐκ ἔστι μέρος ἡ σάρξ (αὕτη γὰρ ἡ ὕλη ἐφ' ἧς γίγνεται), τῆς δὲ σιμότητος μέρος.

Les anciens éditeurs lisent : ἀφ' ἧς γίγνεται. Bekker n'a trouvé cette leçon que dans un seul de ses manuscrits. Du Val repousse vivement l'autre leçon, que Bessarion avait suivie : « Bessario aliam lectionem sequitur et locum planum mirifice obscurat. » C'est-là de la sévérité hors de propos ; c'est le système de traduction qu'il fallait critiquer, et non pas le choix d'une leçon particulière. Bessarion traduit, avec ἐφ' ἧς, hœc enim materia, in qua fit, ce qui ne s'entend guère, il est vrai ; mais avec ἀφ' ἦς, il eût traduit ex qua fit, ce qui ne s'entendrait pas davantage. Cette merveilleuse obscurité dont parle ici Du Val, est le caractère distinctif de la version qu'il a préférée. Du reste, il faut l'avouer aussi, il n'y a pas dans la langue latine de mot correspondant réellement à γίγνομαι 334 pris au sens philosophique  ; Argyropule lui-même est réduit au mot insignifiant de Bessarion. II traduit comme ce dernier, et comme le vieux traducteur avant eux : hœc est enim materies, in qua fit. Disons aussi que ἀφ' ἧς, ici, diffère en réalité fort peu, ou même ne diffère pas, pour le sens, de ἐφ' ἧς. Il est vrai, au même titre, que le statuaire pétrit l'argiJe et lui imprime telle ou telle forme, réalise en elle ou sur elle la conception de son esprit, et que de la matière indéterminée, de cet argile, qui n'était que de l'argile, il tire quelque chose de plus, l'être réalisé, la forme unie à la matière, la statue. On dit, même dans le langage vulgaire : Tirer la statue du bloc. Les anciens éditeurs sont donc, sous ce rapport, en droit de préférer ἀφ' ἧς, comme les nouveaux ont préféré l'autre expression.

Page 46, 47. Par conséquent on ne doit pas dire : Entre les animaux qui ont des pieds , les uns ont des plumes, les autres n'en ont pas, quoique celte proposition soit vraie ; on n'en usera de la sorte que dans l'impossibilité de diviser la différence. BRANDIS, p. 154 : ὥστ' οὐ λεκτέον τοῦ ὑπόποδος τὸ μὲν πτερωτὸν τὸ δὲ ἄπτερον, κἄνπερ λέγῃ καλῶς· ἀλλὰ διὰ τὸ ἀδυνατεῖν ποιήσει τοῦτο.

Au lieu de κἄνπερ λέγῃ, Bekker donne, p. 1038, ἐάνπερ, et un de ses manuscrits, le manuscrit S, ἐὰν λέγηται. La leçon de Brandis était celle des anciens éditeurs ; la leçon de Bekker est celle que les traducteurs latins, excepté Argyropule, ont trouvée dans leurs manuscrits. Alexandre d'Aphrodisée semble indiquer cette dernière leçon. Schol., p 763 ; Sepulv., p. 209. Mais il faut alors entendre par le mot ἐάνπερ λέγῆ (ou λέγηται, ou même λέγῃ τις), si l'on veut être dans le vrai, parler rationnellement, et non pas, comme le vieux traducteur : Siquidem bene dicit, ce qui est faux ; ni même comme Bessarion : Si bene dicatur, ce qui ne veut rien dire ; il faut en un mot, comme l'a fait Alexandre, ubi supra, paraphraser 335  ainsi ces mots : εἰ μέλλομεν καλῶς διαιρεῖν: c'est ainsi que fait Argyropule : Si dicere quispiam recte velit. Toutefois nous pensons que κἄνπερ exprime mieux la pensée d'Aristote. Il est parfaitement vrai de dire que parmi les animaux qui ont des pieds, il y en a qui ont plumes, et que d'autres n'en ont pas. Cette réflexion a dû se présenter à Âristote, et il a dû faire observer que ce n'était pas de la vérité de ce point qu'il s'agissait , mais de la manière rationnelle de procéder dans la définition.

Page 55. Or, la démonstration s'applique à ce qui est nécessaire, et la définition appartient à la science. BEKKER, p. 1039 ; BRANDIS, p. 159 : εἰ οὖν ἥ τ' ἀπόδειξις τῶν ἀναγκαίων καὶ ὁ ὁρισμὸς ἐπιστημονικός,...

On pourrait croire qu'il y a hyperbate dans cette phrase, et qu'Aristote a voulu dire seulement, ce qui du reste est vrai, que la démonstration et la définition ne s'appliquent qu'aux choses qui sont nécessaires. Le vieux traducteur le donnerait à entendre ; Bessarion le fait entendre formellement : Si igitur demonstratio et definitio scientifica necessariorum est.... Mais il y a quelque chose de plus dans la phrase d'Aristote, la distinction, par les termes dont il se sert, de la démonstration proprement dite et de la définition. St. Thomas lui-même l'a remarqué, redressant ainsi l'erreur du vieux traducteur : « Si ergo demonstratio est necessariorum, ut probatum est in Pos terioribus (St. Thomas désigne par ce mot les Deuxièmes Analytiques. Voyez liv. I, 6, Bekk , p. 74.), definitio enim [est scientifica] id est faciens scire, quae est quasi medium demonstrationis, quœ est syllogismus faciens scire.» Et Argyropule traduit dans le même sens : « Quod si demonstratio necessariorum est, et definitio ad scientiam attinet.»

Page. 56. Si l'on te définissait, on dirait : animal maigre, ou blanc, ou tel autre mot, lequel peut convenir à un autre que toi.

336 Au lieu de οἷον εἴ τις σὲ ὁρίσαιτο, ζῶον ἐρεῖ qu'on lit dans Bekker, p. 1040, et dans Brandis, p. 159, les anciens éditeurs écrivent εἴ τις σὲ ὁρίσαιτο ζῶον. Nous préférons la première leçon, qui réunit dans le même membre de phrase tous les éléments de la définition de l'individu : animal, maigre, blanc, etc. On peut toutefois défendre la leçon vulgaire. Il y a, selon Aristole, deux manières de considérer l'homme : on peut le considérer ou comme la réunion d'une âme et d'un corps, ou comme une intelligence. Dans le premier cas, on ne peut définir l'homme, par conséquent, qu'en le rapportant au genre animal ; dans le second cas, sa définition serait un peu différente dans les termes. Il n'est donc pas impossible qu'Aristote ait voulu conserver, en parlant de l'individu, cette distinction, et indiquer seulement le cas où le mot animal entre dans la définition de l'homme. Mais il faut remarquer aussi que jamais Aristote, dans la Métaphysique, n'insiste sur la distinction. Toutes les fois qu'il s'agit de l'homme, Aristote le définit en le rapportant au genre animal. Il admet, comme déjà on l'a dû remarquer, la fameuse définition . L'homme est un animal à deux pieds, sans plumes, ζῶον ἄπτερον δίπουν.

Observons en passant que c'est sur l'autorité du passage d'Alexandre d'Aphrodisée relatif à cette phrase, qu'on a contesté l'authenticité des derniers livres du commentaire d'Alexandre, et que c'est sur ce passage même que s'appuie, et avec raison, Ginès Sepulveda, pour les revendiquer en sa faveur.

Aristote dit au lecteur : Supposons qu'on veuille donner ta définition. Le lecteur c'est vous, c'est moi, c'est Alexandre d'Aphrodisée. Vous et moi nous dirions à Aristote : Admettons la supposition ; alors on me définira : animal, etc. Alexandre répond, à la manière antique : Voyons, définis Alexandre; tu diras : Alexandre est un animal, etc., οἷον εἴ τις ὁριζόμενος τὸν Ἀλέξανδρον λέγει Ἀλέξανδρός ἐστι ζῶον λευκὸν .... Schol., p. 768, Sepulv., p. 214 ; voyez aussi t. I de cette traduction, Notes, liv. VI, p. 272. Ce n'est pas autrement qu'Hérodote et Thucydide écrivaient : Ceci est l'exposition des faits historiques re- 337 cueillis par Hérodote d'Halicarnasse. Thucydide, fils d'Olorus, a écrit, etc.

Page 58. Car il n'y a pas d'unité dans les éléments ; ils sont comme un monceau , avant la concoction , avant qu'ils ne composent quelque chose qui soit un.

Ce n'est pas là la leçon de Brandis, p. 161, ni celle de Bekk., p. 1040. Au lieu de : comme un monceau, οἷον σωρός, ils écrivent οἷον ὀῤῥός, comme du lait. Deux mss., selon Bekker, autorisent leur leçon ; ce sont ses mss. F et E. D'ailleurs, Alexandre d'Aphrodisée l'a connue : ὥσπερ ὁ ὀῤῥὸς πρὶν ἢ πεμθῇ, τούτεστι πρὶν ἢ παγῇ καὶ ὅλως τυρωθῇ. Schol., p. 769 ; Sepulv., p. 216. Mais tous les autres mss., excepté les deux en question, donnent σωρός, c'est Bekker qui le dit : cœteri σωρός. Alexandre d'Aphrodisée ne transcrit pas l'autre leçon comme la seule, ni même comme la bonne ; il remarque seulement, ubi supr., que dans certains exemplaires on la trouve : τινὰ τῶν ἀντιφράφων ἔχει, ayant commencé par expliquer οἷον σωρός. Pour Asclépius, Schol., p. 769, et Philopon, fol. 32, b, ils ne connaissent que σωρός. Ensuite le mot ὀῤῥός ne va pas si bien, ce semble, avec ce qui précède, que le mot σωρός : il s'agit de l'unité dans la pluralité. Enfin, un peu plus loin Aristote, dans un exemple analogue, emploie, et cette fois Brandis, p. 163, et Bekker, p. 1041, conservent, σωρός: Ἐπεὶ δὲ τὸ ἔκ τινος σύνθετον οὕτως ὥστε ἓν εἶναι τὸ πᾶν, ἀλλὰ μὴ ὡς σωρὸς ἀλλ' ὡς ἡ συλλαβή...... Et encore ailleurs, notamment au liv.VIII, 3, p. 75 de ce vol.: « Ou bien le nombre n'est pas un, mais ressemble à un monceau, etc. » Ce sont là les raisons qui ont décidé notre choix.

Page 62. La cause échappe, surtout quand on ne rapporte pas les êlres à d'autres êtres. Bekker, pag. 104-1 ; BRANDIS, p. 163 : Λανθάνει δὲ μάλιστα τὸ ζητούμενον ἐν τοῖς μὴ καταλλήλως λεγομένοις

338 La différence entre cette leçon et celle des anciens éditeurs est insignifiante : nous avons μὴ κατ' ἀλλήλως;, ils donnent μὴ κατ' ἀλλήλων. Alexandre d'Aphrodisée nous laisse le Choix : γρ. ἐν τοῖς μή κατ' ἀλλήλως, καὶ ἔτι ἐν τοῖς μὴ κατ' ἀλλήλων. Cod. reg., Schol., p. 771. Toutefois nous préférerions la leçon ἐν τοῖς μὴ κετ' ἄλλων, des mss. E, S, T, de Bekker ; car il y a dans le mot ἀλλήλων une idée de réciprocité, dont il faut ici faire complète abstraction. Il serait absurde de faire dire à Aristote que l'individu est à l'espèce, comme l'espèce est à l'individu. En tout état de cause nous avons dû traduire comme nous avons fait, comme avaient fait deux traducteurs latins avant nous : quae non de aliis dicuntur, sont les termes dont le vieux traducteur et Bessarion se sont servis. Nous ne parlerons pas d'Argyropule, qui emploie une expression vague et insignifiante : quœ non accommodate dicuntur. Quant à la leçon ἐν τοῖς κατ' ἄλλων sans négation, qu'indiqué encore Alexandre, le commentaire qu'il ajoute pour la rendre supportable nous semble si peu naturel, que nous n'hésitons pas à croire que cette prétendue leçon n'était qu'un effet de la négligence des copistes, qui auraient laissé disparaître la négation indispensable : Ὅταν μὴ καλῶς κατηγορηθῇ, λανθάνει ὅτι τὸ αἴτεον ζητεῖσαι, dit Alexandre, Schol., p. 771 ; Sepulv., p. 219. On ne voit pas ce qui pourrait motiver cet ὅταν μὴ καλῶς.

 



 

 

 

01  Liv. V, 7, t. I, p 166 sqq.

02 Τί ἐστι καὶ τόδε τι. « Le τόδε τι exprime l'objet immédiat de l'intuition, et par suite l'essence, l'être individuel par opposition à la qualité qui peut être l'objet d'une conception générale. » F. Ravaisson, Essai sur la Mét., t. I p. 381, en note.

03..Τοῦ οὕτως ὄντος vulg. ὄντως ὄντος, expression plus platonicienne qu'aristotélique.

04Liv. V, 11 ; t. I, p. 174 sqq.

05Διοκεῖ. Ce n'est pas un doute personnel que le philosophe a voulu exprimer, en se servant de ce mot. Alexandre d'Aphrodisée le remarque avec raison. Schol., p. 740 ; Sepulv., p. 182. Mais tant qu’Aristote n'a pas établi d'une manière scientifique les caractères de la substance sensible, il lui est permis de ne pas affirmer positivement qu’elle est une substance.

06  L’école d'Ionie et l'École atomistique.

07 Neveu et héritier de Platon. Xénocrate, selon Asclépius, partageait l'’opinion de Speusippe. Schol. in Arist., p. 740.

08.  Voyez liv. V, 8, t. I, p. 169. Voyez aussi les Catégories ch..5 ; Bekk., p. 2, 3, 4.

09. Ici, nous sommes assez loin de la théorie des quatre principes telle qu'elle est formulée dans le premier livre. Mais la confusion n'est qu'apparente. On a vu dans le cinquième livre déjà comment telle et telle condition de plus et de moins faisait changer complètement la signification des termes philosophiques. Il faut s'attacher, dans Aristote, à la suite des idées, et ne pas regarder trop à l'expression. Tel mot, qu'il a pris d'abord dans un sens vulgaire, se montre, à mesure que nous avançons dans la science, sous d'autres aspects, et finit même, comme le mot ὑποκείμενον, par s'identifier, sous un point de vue, avec d'autres expressions qui semblent avoir un sens tout différent.

10. Νῦν μὲν οὖν τύπῳ εἴρηται. ἦν εἶναι

11. Τὴν ἐξ ἀμφοῖν οὐσίαν

12. Dans le précédent chapître.

13. Τὸ τί ἦν εἶναι.

14 « Le point de départ de toute recherche, ce sont les choses que nous connaissons déjà. Il y a deux ordres de connaissances, les connaissances personnelles et les connaissances absolues : la raison nous dit qu'il faut partir de ce qui est connu personnellement. Celui donc qui prétend tirer quelque fruit de l'étude de l'honnête et du juste, ou, pour dire un seul mot, des devoirs, celui-là doit avant tout être un homme bien élevé et de bonnes mœurs… Un tel homme possède déjà les principes de la, ou peut aisément les concevoir et les posséder. » Arist. Ethic. Nicom, I, 2, Bekker, p, 1096. — Dans le premier chapitre du premier livre de la Physique, Aristote avait déjà nettement établi le principe de l'étude. Nous ne transcrivons pas le passage, parce qu'il n'est pas, comme dans la Morale à Nicomaque, une application du principe mais une thèse générale, comme dans la Métaphysique, et, suivant l'habitude d'Aristote, développée de la même manière qu'ici, et à peu près dans les mêmes termes. Voyez Bekker p. 184.ci

15Il ne s'ensuit pas pour cela que toutes les espèces indistinctement aient une forme substantielle. « Neque vero quarumlibet specierum quidditas habetur, sed specierum abstractarum a substantiis, id quidditas est individuorum (τῶν ἀτόμων) ex quibus species secernuntur (ἐξ ὦν τὰ εἴδη κέχωρισται). » Alexandre d'Aphrodisée, Schol. in Arist. p 744 ; Sepulv. p. 186.

16 Liv, V, 7, t. I, p. 167. — Liv. XII, I.

17.  ὁμωνύμως

18. Φάναι προστιθέντας, ἀφαινοῦντας

19. Voyez liv. IV, 2, t, I, p. 104.

20. Voyez liv. V, 6, t. I, p.160 sqq.

21.Ῥὶς καὶ κοιλότης. Voyez liv. VI, 1, t. I, p. 211.

22Τὰ ἄκρα. Extrema dicens prædicatos terminos.Philopon, fol. 27, a. L'expression du traducteur de Philopon est trop absolue : des deux termes comparés il n'y en a qu'un qui renferme un sujet et un attribut, qui soit, pour parler comme Patrizzi, un prædicatus terminus.

23. Sur le hasard, voyez liv. VI, 2, 3, t. 1, p. 214 sqq., et plus bas liv. XI, 8.

24. Évidemment Aristote ne veut pas dire que ce qui est produit puisse être un lieu. Il parle seulement de l'être selon la catégorie du lieu. La production dont il s'agit n'est pas autre chose que la production d'un être dans un lieu déterminé.

25. Voyez liv. V; 4, t. I, p. 155 sqq.

26Ποίησεις. Voyez liv. VI, 1, t. I, p. 209-210. Nous avons préféré le mot création à tout autre, parce qu'il est le seul qui réponde assez au sens de l'expression grecque : bien entendu, en n'attachant pas à ce mot l'idée chrétienne tirer du néant, et sous la réserve de l'axiome antique ex nihilo nihil fit. On dit en français les créations de l'art, de l'esprit, etc.

27Παραπλησίως

28II y a quelquefois aussi, selon Aristote, du hasard dans les choses de l'art. Voyez un peu plus bas.

29Ἐκείνινον

30. Ἐκεῖνο

31.  Ἐκ τοῦ ὅλως ὑποκειμένου τόδε ποιεῖν

32. Μορφήν

33. .Alexandre d'Aphrodisée, traduction de Sepulveda, p. 197 : « Nec solum, inquit, palam est formam quæ habetur in sensibili, non generari, sed ne hæc quidem, formam dico quæ habetur in sensibili, est quidditas. Quidditas enin universalis est, et intelligibilis, hæc ad rem sensibilis est particularis, quæ in materia ingeneratur a natura, ut forma in me, et in singulis ab arte, ut æneus globus. » Cette distinction entre la forme et la figure est d'une grande importance. Elle fait pressentir le but que se propose Aristote ; elle est le premier degré de la théorie dont le faîte est la connaissance de l'être absolu, éternel, absolument acte, absolument essence. La figure n'est plus la matière, mais ce n'est pas encore la forme pure, l'actualité, l'essence.

34Alexandre, id. ibid. « A potestate, ut virtutes. Virtutes enim formæ quædam sunt, animam adornantes, ut formæ materiam exornant. Quæ quidem virtutes non generantur, non magis quam globus sed fiunt in alio, hoc est in anima, ut globus in ære. »

35Voyez au liv. I, 7, t. 1, p. 46 sqq. ; et plus bas, liv. XIII, 4, 5.

36Ὀρχήσασθαι.

37Le changement.

38.  Voyez plus bas, liv. XIII, 4. C'est cette considération qui amena Socrate, selon Aristote, à donner le premier des définitions exactes des objets.

39.  On se rappelle les différentes acceptions du mot partie, liv. V, 25, t. 1, p. 197, 198.

40. Τῶν τμημάτων.

41. Voyez dans le De Anima, II, 8, Bekker, p. 419 sqq., la théorie de l'expression de la pensée par la parole

42. Voyez le De Anima, II, 1, Bekker, p. 412. Voyez aussi au liv.VII, 1, de la Métaphysique, t.1, de cette traduction, p. 211.

43Nous avons déjà cité, à propos du liv. V, 1 ; le passage du traité de la génération des animaux, où Aristote exprime son opinion sur ce sujet. Suivant lui, c'est le cœur qui est le principe des animaux qui ont un cœur, et chez les animaux qui n'en ont pas, c'est la partie qui fait la fonction analogue à celle du coeur. Voyez t.1, p. 147.

44. Voyez au liv. I, 7, t.1, p. 52 sqq.

45. Ἴσως. « Illud vero (forsitan) appositum est vel propter cautelam philosophis familiarem, vel quia hoc, non esse inquam ideas, paulo post demonstrabit, aut certe propter illa quae in majore primo et sequentibus libris demonstrata sunt.» Alex. Aphrod.,Sepulv., p. 205. Voyez aussi Philopon, fol. 30, a.

46. St. Thomas pense que c'est Platon qu'Aristote a voulu désigner par le nom de Socrate le jeune. In Met., fol. 99, b. Cette supposition ne saurait être admise, bien que la comparaison dont il s'agit ici n'ait rien qui ne s'accorde avec les doctrines de Platon. Alexandre d'Aphrodisée a déjà remarqué qu'il s'agissait plutôt d'un personnage portant réellement le nom de Socrate. Et en effet, dans le Politique de Platon, deux Socrate se trouvent en présence, Socrate, le père de la vraie philosophie, et un autre Socrate, que l'auteur appelle, comme le fait ici Aristote, Socrate le jeune. C'est probablement de celui-là qu'Alexandre veut parler quand il dit que Platon nous montre un certain Socrate disputant avec le vieux Socrate,... τινὰ Σωκράτην, ...προσδιαλεγόμενον μετὰ τοῦ γηραιοῦ Σωκραάτους. Schol., p. 760; Sepulv., p. 206. C'est celui-là que désigne formellement Asclépius : Οὗ μέμνηται Πλάτων ἐν τῷ Πολιτικῷ. Schol., p. 760. Ce que nous savons de ce Socrate se réduit à fort peu de chose. Il joue dans le dialogue de Platon un rôle entièrement passif. Tout ce que nous apprend le dialogue sur sa personne, c'est qu'il était l'ami, le compagnon de jeux de ce Théétète que Platon a immortalisé ; qu'il fut un des auditeurs de Socrate, et probablement le disciple de Platon, car l'étranger qui expose si bien ses idées sur l'homme d'état, et que le jeune Socrate n'essaie pas même de contredire, a tout l'air de représenter Platon lui-même.

47.Voyez les liv. XIII et XIV.

48 Votez liv. VI, t. 1, p. 208 sqq., et Physic. auscult., liv. II, Bekker, p. 192 sqq.

49Dans le chapitre suivant.

50Σύνοδος

51 Ἐν τῇ συνόλῳ οὐσίᾳ.

52.C'est dans le livre II des deuxièmes Analytiques qn'Aristote traite de la défintion. Voyez Bekker, p. 89 sqq.

53La question est résolue, relativement à l'homme, et à l'être animeé, dans le De anima, liv. II, 2, Bekker, p. 413-14.

54.Τὸ ὑπόπουν.

55Σχιζόπουν.

56. Ἄσχιστον.

58. Σχιζοποδία.

59. Ποδότης τις.

60. Ζῶον ὑπόπουν δίπουν.

61. Voyez liv. V, 8, t. I, p. 169 sqq. Voyez aussi Categor., 5, Bekker, p. 2,5,4.

62. Voyez liv. I, 7 ,t.1, p. 44.

63.   Les atomes sont ainsi appelés à cause de leur indivisibilité même. Un atome ne peut donc pas faire deux êtres. Deux atomes ne peuvent pas davantage faire un seul être, et par être il faut entendre ici un être simple, indivisible, un autre atome ; parce que, suivant Dénoocrite, entre eux il y aura toujours un principe de séparation, à savoir le vide, lequel entre toujours avec le plein dans tout corps composé. Voyez Alexandre, Schol., p. 764 ; Sepulv., p. 212 ; Asclépius, Schol. p. 764,  et le liv. I, 4, t.1, p. 22, 23,

64Ὥσπερ σὺ σαυτῷ. On a vu plus haut que le moi, si l'on nous passe cette expression moderne, était identique à lui-même, et se confondait complètement avec son essence, sa forme substantielle.

65.   Liv. I, 7, t. I, p. 49 sqq.; liv. XIIII, 4, 5.

66 Voyez Aristote, Analyt, posterior., I, 6, Bekker, p. 74.

67Δόξα.

68. Περὶ φῆν ἰόν.

69Νυκτικρυφός.

70. II faut compléter la phrase et l'idée d'Aristote, en ajoutant : Et ce ne sont là que des caractères accidentels, et non pas essentiels de cette substance.

71. « Si, outre ce monde, il y a encore d'autres mondes, comme le pensait Démocrite, les soleils, dans ces autres mondes, feraient aussi le tour de la terre, se cacheraient comme le nôtre pendant la nuit ; et par conséquent leur notion serait identique, dans l'hypothèse, à la notion de notre soleil. » Alex., Schol., p. 769; Sepulv., p. 215.

72Δυνάμεις

73. Πρὶν ἢ πεφθῇ.

74Voyez liv. V, 6, t. 1, p. 160 sqq.

75. Τό ῥῆμα τὸ αὐτό. Addimus hoc verbum, idest dictionem, afto, id est, per se. St. Thomas, fol. 106, b. 107, a.

76. Ac vide quomodo investigat dæmaonice valde et varie, primas substantiæ inventionem, honorabilissimi, inquam, et experitissimi omnium patris Dei. Quærit enim hoc : quidnam sit id quod materiam movet ad formas recipiendas ? et ostendit quod prima forma est quam et substantiam oportet dicere. Sed si forma in singnlaribus est, movens materiam, et ordinans ipsam, clarum est quod quædam forma movens et ordinans, et faciens se habere ita, ut se habent, hæc quæ hic sunt, et est hoc, admirabilis Deus. Philopon., fol. 52, b. Alexandre avait fait la même remarque. Schol, p. 770 ; Sepulv., p. 17.

77. Liv. I, 7, t. 1, p. 55, 56.

78. La forme essentielle.

79. Voyez au liv. V, 3, t. 1, p. 155, les diverses acceptions du mot élément.