Aristote : Génération des animaux

ARISTOTE

 

TRAITE DE LA GÉNÉRATION DES ANIMAUX

ΑΡΙΣΤΟΤΕΛΟΥΣ ΠΕΡΙ ΖΩΙΩΝ ΓΕΝΕΣΕΩΣ Ε

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CHAPITRE V

De la variété des couleurs dans le pelage des animaux; unité de couleur; multiplicité de couleurs; sens divers où ceci peut s'entendre; variabilité des couleurs selon les espèces et les individus; fréquence ou rareté de ces changements; influence des eaux chaudes ou froides sur la couleur des animaux; de la couleur blanche sous le ventre de certains animaux; explication de ce fait; variété de couleur dans la langue des animaux; variation de couleur selon les saisons, et selon l'alimentation. — Résumé partiel.

1 Τῶν δὲ ζῴων τὰ μέν ἐστι μονόχροα (λέγω δὲ μονόχροα ὧν τὸ γένος ὅλον ἓν χρῶμα ἔχει οἷον λέοντες πυρροὶ πάντες, καὶ τοῦτο καὶ ἐπ' ὀρνίθων καὶ ἐπ' ἰχθύων ἐστὶ καὶ τῶν ἄλλων ζῴων ὁμοίως), τὰ δὲ πολύχροα μέν, ὁλόχροα [20] δέ (λέγω δὲ ὧν τὸ σῶμα ὅλον τὴν αὐτὴν ἔχει χρόαν, οἷον βοῦς ἐστιν ὅλος λευκὸς ἢ ὅλος μέλας), τὰ δὲ ποικίλα. 2 Τοῦτο δὲ διχῶς, τὰ μὲν τῷ γένει, ὥσπερ πάρδαλις καὶ ταὼς καὶ τῶν ἰχθύων ἔνιοι οἷον αἱ καλούμεναι θρᾷτται, - τῶν δὲ τὸ μὲν γένος ἅπαν οὐ ποικίλον, γίγνονται δὲ ποικίλοι [25] οἷον βόες καὶ αἶγες, καὶ ἐν τοῖς ὄρνισιν οἷον αἱ περιστεραί· καὶ ἄλλα δὲ γένη τὸ αὐτὸ πάσχει τῶν ὀρνίθων. 3 Μεταβάλλει δὲ τὰ ὁλόχροα πολλῷ μᾶλλον τῶν μονοχρόων, καὶ εἰς τὴν ἀλλήλων χρόαν τὴν ἁπλῆν, οἷον ἐκ λευκῶν μέλανα καὶ ἐκ μελάνων λευκά, καὶ μεμιγμένα ἐξ ἀμφοτέρων, [30] διὰ τὸ ὅλῳ τῷ γένει ὑπάρχειν ἐν τῇ φύσει τὸ μὴ μίαν ἔχειν χρόαν· εὐκίνητον γὰρ ὑπάρχει ἐπ' ἀμφότερα τὸ γένος ὥστε καὶ εἰς ἄλληλα μεταβάλλειν καὶ ποικίλλεσθαι μᾶλλον. 4 Τὰ δὲ μονόχροα τοὐναντίον· οὐ γὰρ μεταβάλλει ἂν μὴ διὰ πάθος, καὶ τοῦτο σπάνιον· ἤδη γὰρ ὦπται καὶ [35] πέρδιξ λευκὴ καὶ κόραξ καὶ στρουθὸς καὶ ἄρκτος. Συμβαίνει δὲ ταῦτα ὅταν ἐν τῇ γενέσει διαστραφῇ· εὔφθαρτον γὰρ [786a] καὶ εὐκίνητον τὸ μικρόν, τὸ δὲ γιγνόμενον τοιοῦτον· ἐν μικρῷ γὰρ ἡ ἀρχὴ τοῖς γιγνομένοις.

5 Μάλιστα δὲ μεταβάλλουσι καὶ τὰ φύσει ὁλόχροα μὲν ὄντα τῷ γένει δὲ πολύχροα διὰ τὰ ὕδατα· τὰ μὲν γὰρ θερμὰ λευκὴν ποιεῖ τὴν τρίχα [5] τὰ δὲ ψυχρὰ μέλαιναν ὥσπερ καὶ ἐπὶ τῶν φυτῶν. Αἴτιον δ' ὅτι τὰ θερμὰ πνεύματος πλέον ἔχει ἢ ὕδατος, ὁ δ' ἀὴρ διαφαινόμενος λευκότητα ποιεῖ καθάπερ καὶ τὸν ἀφρόν. Διαφέρει μὲν οὖν, 6 ὥσπερ καὶ τὰ δέρματα τὰ διὰ πάθος λευκὰ τῶν διὰ τὴν φύσιν, οὕτω καὶ ἐν ταῖς θριξὶν ἥ τε διὰ [10] νόσον καὶ ἡλικίαν, καὶ ἡ διὰ φύσιν λευκότης τῶν τριχῶν τῷ τὸ αἴτιον ἕτερον εἶναι· τὰς μὲν γὰρ ἡ φυσικὴ θερμότης ποιεῖ λευκὰς τὰς δ' ἡ ἀλλοτρία. Τὸ δὲ λευκὸν ὁ ἀτμιδώδης ἀὴρ παρέχεται ἐγκατακλειόμενος ἐν πᾶσιν. 7 Διὸ καὶ ὅσα μὴ μονόχροά ἐστι τὰ ὑπὸ τὴν γαστέρα πάντα λευκότερά [15] ἐστιν. Καὶ γὰρ θερμότερα καὶ ἡδυκρεώτερα πάντα τὰ λευκὰ ὡς εἰπεῖν ἐστι διὰ τὴν αὐτὴν αἰτίαν· ἡ μὲν γὰρ πέψις γλυκέα ποιεῖ, τὴν δὲ πέψιν τὸ θερμόν. Ἡ δ' αὐτὴ αἰτία καὶ τῶν μονοχρόων μὲν μελάνων δ' ἢ λευκῶν· θερμότης γὰρ καὶ ψυχρότης αἰτία τῆς φύσεως τοῦ δέρματος καὶ [20] τῶν τριχῶν· ἔχει γὰρ ἕκαστον τῶν μορίων θερμότητα οἰκείαν.

8 Ἔτι δ' αἱ γλῶτται διαφέρουσι τῶν ἁπλῶν τε καὶ ποικίλων καὶ τῶν ἁπλῶν μὲν διαφερόντων δέ, οἷον λευκῶν καὶ μελάνων. Αἴτιον δὲ τὸ εἰρημένον πρότερον, ὅτι τὰ δέρματα ποικίλα τῶν ποικίλων, καὶ τῶν λευκοτρίχων καὶ τῶν [25] μελανοτρίχων τῶν μὲν λευκὰ τῶν δὲ μέλανα. Τὴν δὲ γλῶτταν δεῖ ὑπολαβεῖν ὥσπερ ἓν μόριον τῶν ἐξωτερικῶν εἶναι, μὴ ὅτι ἐν τῷ στόματι σκεπάζεται, ἀλλ' οἷον χεῖρα ἢ πόδα· ὥστ' ἐπεὶ τῶν ποικίλων τὸ δέρμα οὐ μονόχρων, καὶ τοῦ ἐπὶ τῇ γλώττῃ δέρματος τοῦτ' αἴτιον.

9 Μεταβάλλουσι δὲ τὰ [30] χρώματα καὶ τῶν ὀρνίθων τινὲς καὶ τῶν τετραπόδων τῶν ἀγρίων ἔνια κατὰ τὰς ὥρας. Αἴτιον δ' ὅτι ὥσπερ οἱ ἄνθρωποι κατὰ τὴν ἡλικίαν μεταβάλλουσι, τοῦτ' ἐκείνοις συμβαίνει κατὰ τὰς ὥρας· μείζων γὰρ διαφορὰ αὕτη τῆς κατὰ τὴν ἡλικίαν τροπῆς. Εἰσὶ δὲ καὶ τὰ παμφαγώτερα ποικιλώτερα ὡς ἐπὶ τὸ πλεῖστον εἰπεῖν εὐλόγως, οἷον αἱ μέλιτται [787] μονόχροα μᾶλλον ἢ αἱ ἀνθρῆναι καὶ σφῆκες· εἰ γὰρ αἱ τροφαὶ αἴτιαι τῆς μεταβολῆς, εὐλόγως αἱ ποικίλαι τροφαὶ παντοδαπωτέρας ποιοῦσι τὰς κινήσεις καὶ τὰ περιττώματα τῆς τροφῆς, ἐξ ὧν καὶ τρίχες καὶ πτερὰ καὶ δέρματα γίγνεται.

10 [5] Καὶ περὶ μὲν χρωμάτων καὶ τριχῶν διωρίσθω τὸν τρόπον τοῦτον.

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1 Certains animaux n'ont qu'une seule couleur; et j'entends par là que l'espèce entière de ces animauxn'a qu'une couleur, la même pour tous, par exemple les lions, qui sont tous de couleur fauve ; et cette observation s'étend également bien à une foule d'espèces d'oiseaux et de poissons, ainsi qu'à d'autres espèces encore. Il y a aussi des animaux qui peuvent avoir une seule couleur, mais chez qui cette couleur est [20] entière. J'entends par là que leur corps tout entier a la même couleur; par exemple, le boeuf, qui peut être tout blanc ou tout noir. 2 Enfin, il y a des animaux qui ont des couleurs diverses ; et ce peut être encore de deux manières. D'abord, ce peut être en genre, comme le léopard, le paon et quelques poissons de l'espèce de ceux qu'on appelle vies thrattes; et en second lieu, le genre entier peut n'être pas de diverses couleurs, mais les individus ont cette diversité qu'ils acquièrent, [25] comme les boeufs, les chèvres, et les pigeons parmi les oiseaux, dont bien d'autres espèces offrent les mêmes variétés. 3 Les animaux à couleurs entières changent beaucoup plus que ceux qui n'en ont qu'une; et alors ils changent du tout au tout, c'est-à-dire que, de blancs, ils deviennent noirs, que de noirs ils deviennent blancs, et qu'ils se mélangent des deux à la fois, [30] parce que leur espèce ne doit pas naturellement avoir une seule et unique couleur. L'espèce alors peut aisément aller à l'un et à l'autre sans trop de peine, de telle sorte que les couleurs passent de l'une à l'autre nuance, et se diversifient de plus en plus. 4 C'est tout le contraire pour les espèces qui n'ont qu'une seule couleur ; elles ne la changent qu'en cas de maladie ; et encore, est-ce bien rare. On a déjà pu voir [35] une perdrix, un corbeau, un moineau, un un ours de couleur blanche. Ces accidents se produisent quand il y a eu quelque difformité dans la génération. [786a] Tout ce qui est petit est aisément détruit ou modifié; et le jeune qui vient de naître est dans ce cas ; car tout ce qui naît a de bien faibles commencements.

5 Les animaux qui changent le plus de couleur sont ceux qui, ayant naturellement une couleur entière qui se trouve dans toute l'espèce, deviennent néanmoins de plusieurs couleurs à cause des eaux qu'ils boivent. L'eau, quand elle est chaude, fait devenir le poil blanc ; [5] quand elle est froide, elle le rend noir ; et cette remarque s'applique même aux végétaux. Cela vient de ce que l'eau chaude contient plus d'air que d'eau, et que l'air, transparent comme il l'est, produit la blancheur, comme il produit l'écume. 6 Mais de même que la peau qui devient blanche par maladie, diffère de la peau qui est blanche par nature, de même aussi la blancheur des cheveux, ou par [10] maladie ou par l'âge, n'est pas la même que la blancheur naturelle, parce que la cause est également tout autre. Pour les uns, c'est la chaleur naturelle qui les fait blancs ; pour les autres, c'est une chaleur étrangère; c'est toujours l'air qui y est renfermé, sous forme de vapeur, qui les rend blancs. 7 Cette observation explique pourquoi les animaux qui n'ont pas une couleur unique, sont toujours plus blancs [15] sous le ventre; cela tient à ce qu'en cet endroit ils sont plus chauds qu'ailleurs. C'est là encore ce qui fait qu'en général toutes les bêtes blanches sont plus agréables à manger, parce que la coction donne de la douceur à la chair, et que c'est la chaleur qui fait la coction. Par l'effet de la même cause, dans les animaux à une seule couleur, les uns sont noirs, et les autres sont blancs. Toujours, c'est la chaleur et le froid qui font la nature de la peau et [20] des poils; car chacune des parties du corps a sa chaleur propre.

8 La langue ne diffère pas moins, des animaux de couleur simple aux animaux de couleurs variées; et parmi ceux dont la couleur est simple, il y a encore une différence entre les blancs et les noirs. La cause de ces variétés est celle que nous avons indiquée déjà plus haut : la peau est variée chez les animaux à couleurs variables. Ceux dont les poils sont blancs ont la peau blanche ; ]25] ceux dont les poils sont noirs ont la peau noire. La langue doit être considérée comme une des parties extérieures du corps, si ce n'est qu'elle est placée dans la bouche ; mais elle est dans le cas de la main ou du pied ; et comme la peau des animaux à poils variés n'est pas d'une seule couleur, c'est là aussi ce qui modifie la peau qui recouvre la langue.

9 Il y a des oiseaux, [30] et même quelques espèces de quadrupèdes sauvages, qui changent de couleur selon les saisons ; et le même changement que l'âge produit chez les hommes a lieu selon la saison chez ces animaux. Seulement, les modifications qu'amènent les années sont bien plus profondes. Les animaux qui sont omnivores ont en général des couleurs beaucoup plus variables ; et par exemple, les abeilles [787] sont d'une seule couleur bien plutôt que les frelons et les guêpes. On le comprend bien ; car, si c'est la nourriture qui cause le changement, il est tout simple que des aliments variés fassent aussi beaucoup varier les mouvements et les sécrétions de la nutrition, d'où viennent les poils, les plumes et la peau.

10 Voilà ce qu'il y avait à dire sur les couleurs de la peau et des poils.

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§ 1. Certains animaux n'ont qu'une seule couleur. Ceci est vrai des espèces entières, et le naturaliste fait bien de constater tous ces phénomènes, quoiqu'ils soient d'importance secondaire. Il ne semble pas que la physiologie comparée se soit beaucoup occupée de la couleur des animaux. — Les lions qui sont tous de couleur fauve. Cuvier fait la même remarque, Règne animal, tome I, p. 161, édition de 1829. — Espèces d'oiseaux et de poissons. Où tous les individus sont de la même couleur. — Le boeuf qui peut être tout blanc. Nos climats ont aussi des espèces de ce genre, comme en avait la Grèce.

§ 2. Qui ont des couleurs diverses. Les couleurs peuvent être nombreuses dans l'espèce entière et sur chaque individu, comme sur le paon, où elles sont en effet très variées. Elles le sont aussi sur le léopard, qui a des rangées de taches, et sur la panthère, où les taches prennent la forme de roses, Cuvier, Règne animal, tome I, p. 162. On peut voir les mêmes variétés sur nos chats domestiques. — Des thrattes. Ou n'a pu identifier ce poisson. C'est peut-être une sorte de perche. — Les individus ont cette diversité. C'est ce qui arrive dans la plupart des espèces , comme toutes celles des espèces que cite Aristote.

§ 3. Les animaux à couleurs entières. C'est-à-dire, les espèces où tous les individus offrent une seule et même couleur; mais alors ceci se confond avec ce qui suit. Les deux mots du texte sont fort rapprochés l'un de l'autre, et il est difficile de se rendre compte de la distinction qu'Aristote prétend faire. Peut-être, par Couleurs entières, faut-il entendre des couleurs bien prononcées, et le contexte pourrait sembler justifier cette interprétation. D'après le commentaire de Philopon, il faudrait comprendre par Couleurs entières les espèces où tel individu est noir, par exemple, et tel autre blanc, comme le boeuf; et par Couleur unique, les espèces où tous les individus, sans exception, n'ont qu'une seule et même couleur, comme les lions qui sont tous fauves. — Ils changent du tout au tout. Aristote aurait dû citer expressément quelques espèces, afin de rendre sa pensée plus claire. Dans sa langue, les mots dont il se sert sont composés d'une façon presque identique; ce qui ne laisse pas que d'obscurcir encore la pensée. — Une seule et unique couleur. Dans tous les individus. — L'espèce alors peut aisément... Un exemple, pris sur une espèce quelconque, aurait rendu tout ce passage beaucoup plus intelligible.

§ 4. Pour les espèces qui n'ont u'une seule couleur. La couleur unique se retrouve alors dans tous les individus de l'espèce; ou plutôt, ce n'est pas une couleur unique, c'est plutôt une couleur uniforme. Les exemples cités à la fin de la phrase justifieraient ce dernier sens; la perdrix et le moineau ne sont pas d'une seule couleur; mais tous les individus sont colorés de la même manière. Il est vrai que tous les corbeaux sont noirs. — Un ours de couleur blanche. C'était peut-être un ours blanc amené par quelque hasard en Grèce, où il aurait causé une grande surprise; mais dans cette hypothèse, ce ne serait plus un ours qui aurait changé de cou-leur; ce serait un ours qui aurait gardé sa couleur propre. - Ces accidents se produisent. Cette phrase, où ion revient indirectement au sujet de la génération, pourrait bien avoir été interpolée ; elle ne tient pas suffisamment, soit à ce qui précède, soit à ce qui suit.

§ 5. Une couleur entière. Il y a des manuscrits qui disent :  « une seule couleur  »  au lieu de  « couleur entière  » . J'ai conservé la première variante comme l'ont fait MM. Aubert et Wimmer, p. 390. — A cause des eaux qu'ils boivent. Cette influence prétendue des eaux, sur la couleur des animaux, est signalée dans l'Histoire des Animaux, liv. Ill, ch. X, § 19, où l'auteur cite quelques cas singuliers, et même tout à fait impossibles. Ici, il va moins loin; mais les propriétés qu'il attribue à l'eau, selon qu'elle est chaude ou froide, ne sont pas plus réelles. — Fait devenir le poil blanc. Voir la note dans l'Histoire des Animaux, loc. cit. , p. 280, de ma traduction. Ces idées étranges sur l'action des eaux subsistaient encore dans toute leur force du temps de Strabon, qui semble les partager, malgré son bon sens ordinaire. — Même aux végétaux. Le fait n'a rien d'exact. — L'eau chaude contient plus d'air. Peut-être pourrait-on traduire :  « Les corps chauds  » , au lieu de l'eau chaude; l'expression du texte est indéterminée; et, grammaticalement, elle semble se rapporter aux eaux plutôt qu'aux corps en général; mais il est bien singulier de dire que l'eau chaude contient plus d'air que d'eau. Ce qui est vrai, c'est que le liquide se vaporise par l'a¬tion de la chaleur.

§ 6. Par maladie... par nature. La distinction est très réelle, et la différence est considérable dans ses effets, comme dans son but. — La cause est également tout autre. C'est là la vraie raison. Dans un cas, la nature est dans son action régulière et pleine; dans l'autre cas, elle est altérée. — L'air qui y est renfermé. C'est, sans doute, le fait de l'écume qui a donné lieu à cette théorie; dans l'écume, il y a en effet beaucoup d'air; mais dans la vapeur sortie de l'eau chaude, il y a de plus la chaleur qui cause le phénomène.

§ 7. Cette observation explique. Cette explication n'est pas aussi décisive que l'auteur semble le croire, puisque les animaux sont blancs sur le dos presque aussi souvent que sous le ventre; mais l'observation n'en prouve pas moins une grande attention à constater les faits. — Toutes les bêles blanches. L'expression du texte est encore plus générale, et il dit :  « Toutes les choses blanches ». — La coction donne de la douceur. C'est pour cela que l'on fait cuire les viandes, au lieu de les manger crues. — C'est la chaleur et le froid. Ce n'est pas prouvé, et il y a évidemment bien d'autres causes que la température. — Chacune des parties du corps a sa chaleur propre. Le fait est exact, et il est facile de l'observer. La science moderne s'est occupée de ces différences, et elle a poussé ses analyses beaucoup plus loin que les Anciens n'avaient pu le faire. Le thermomètre a été porté jusque dans les parties intérieures du corps, et appliqué aux diverses parties extérieures. La chaleur diminue toujours du centre à la périphérie. La différence peut s'élever parfois de quatre, cinq et même six degrés. On sait que le sang artériel est plus chaud que le sang veineux, que l'abdomen est plus chaud que le coeur, que le coeur gauche est plus chaud que le coeur droit, etc., etc. Voir le Traité de Physiologie comparée de M. G. Colin, 2e édition , tome pp. 906 et suiv., où cette étude est approfondie.

§ 8. La langue. Par la Langue, il faut sans doute entendre, non pas seulement la langue propreent dite, mais encore le palais, dont les couleurs varient également selon les espèces et selon les races, comme on le voit chez les chiens. — Comme une des parties extérieures du corps. Cette remarque est ingénieuse et juste. — Dans le cas de la main ou du pied. Ceci aurait demandé un peu plus d'explication; mais on voit suffisamment ce que l'auteur a voulu dire. — La peau qui recouvre la langue. Et l'on pourrait ajouter : « Et le Palais ». Dans l'Histoire des Animaux, liv. I, ch. ix, § 13, il a été dit quelques mots de la langue de l'homme ; et dans bon nombre d'autres passages, il y a des détails sur la langue des divers animaux ; mais il n'y est pas question de la couleur de la langue, non plus que dans le Traité des Parties des Animaux, bien que ce dernier traité s'occupe assez longuement de la langue, notamment liv. II, ch. XVI et XVII.

§ 9. Qui changent de couleur selon les saisons. Ces changements sont très réels, et Aristote les a signalés dans l'Histoire des Animaux, liv. III, ch. X, §§ 18 et 19 ; il a indiqué aussi les illusions que causent parfois ces changements, liv. IX, ch. XXXVIII, §§ 3 et 5. On croit à de nouvelles espèces, tandis que c'est le plumage seul qui est changé. — L'âge... selon la saison. L'assimilation n'est pas très exacte, et l'auteur lui-même l'atténue dans ce qui suit. La saison n'a qu'une influence passagère, tandis que celle de l'âge est constante. — Sont bien plus profondes. Voilà le vrai. — Qui sont omnivores. Ceci semblerait donner à la nourriture des amimaux une influence que sans doute elle n'a pas. — Abeilles... frelons... guêpes. La nourriture de ces insectes n'est pas aussi variée que ce passage pourrait le faire croire; l'abeille, en particulier, se nourrit toujours des mêmes fleurs. — Si c'est la nourriture qui cause le changement. C'est là précisément la question; on ne peut pas nier d'ailleurs que les aliments n'exercent une action considérable sur tout l'organisme ; mais ils ne changent pas la couleur.

§ 10. Sur les couleurs de la peau et des poils. Cette étude ne paraît pas avoir été reprise sur une large échelle par la science moderne; elle n'est pas cependant sans intérêt, et il doit y avoir de secrètes harmonies entre la couleur des animaux et le milieu où ils vivent, et leur organisation générale. Ces études sont à faire.

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