Lysias

LYSIAS

 

X. PREMIER PLAIDOYER CONTRE THÉOMNESTE.

ΚΑΤΑ ΘΕΟΜΝΗΣΤΟΥ

 

 


 

 

LYSIAS

 

SOMMAIRE DU PREMIER PLAIDOYER CONTRE THÉOMNESTE.

 

IL y avait certaines paroles injurieuses marquées expressément dans la loi, pour lesquelles on pouvait poursuivre quelqu'un en justice. Un nommé Théomneste, accusé par un nommé Lysithée d'avoir abandonné son bouclier , avait échappé à l'accusation , et fait condamner le témoin qui déposait contre lui. Dans un endroit de son plaidoyer , il avait reproché à celui qui plaide d'avoir tué son père.

Le particulier auquel il avait fait ce reproche injurieux, le cite en justice. Après un court exorde où il s'excuse d'attaquer quelqu'un devant les tribunaux pour de simples paroles, il prouve en peu de mots qu'il n'a pu tuer son père.

Théomneste ne pouvait nier qu'il ne lui en eût fait le reproche, mais il prétendait ne s'être pas servi des termes marqués; dans la loi. Celui qui plaide prouve solidement l'absurdité de cette défense, et montre qu'il n'est pas nécessaire , pour être cité devant les juges comme ayant injurié quelqu'un mal à propos, de s'être servi des expressions mêmes marquées dans la loi. Il rapporte plusieurs exemples qui rendent la chose sensible.

II exhorte les juges à condamner Théomneste par égard peur lui-même qui parle, par égard pour son père; et , sans ménager Théomneste qui ne mérite aucun ménagement, ni par considération pour son père, ni par lui-même. Il les engage à ne pas écouter la défense qu'il pourrait alléguer, et à ne pas le renvoyer absous sous prétexte qu'il lui a dit l'injure dont il et plaint, dans un mouvement de colère.

Harpocration parle de ce plaidoyer ; mais il doute qu'il soit de Lysias. Au reste, d'après ce qui est dit, dans le commencement, de l'âge de celui qui plaide, il a dû être prononcé vingt ans après l'expulsion des Trente, c'est-à-dire vers l'an 383 avant J. C.

 

[1] Μαρτύρων μὲν οὐκ ἀπορίαν μοι ἔσεσθαι δοκῶ, ὦ ἄνδρες δικασταί· πολλοὺς γὰρ ὑμῶν ὁρῶ δικάζοντας τῶν τότε παρόντων, ὅτε Λυσίθεος Θεόμνηστον εἰσήγγελλε τὰ ὅπλα ἀποβεβληκότα, οὐκ ἐξὸν αὐτῷ, δημηγορεῖν· ἐν ἐκείνῳ γὰρ τῷ ἀγῶνι τὸν πατέρα μ´ ἔφασκεν ἀπεκτονέναι τὸν ἐμαυτοῦ. [2] Ἐγὼ δ´, εἰ μὲν τὸν ἑαυτοῦ με ἀπεκτονέναι ᾐτιᾶτο, συγγνώμην ἂν εἶχον αὐτῷ τῶν εἰρημένων (φαῦλον γὰρ 〈ἂν〉 αὐτὸ καὶ οὐδενὸς ἄξιον ἡγούμην)· οὐδ´ εἴ τι ἄλλο τῶν ἀπορρήτων ἤκουσα, οὐκ ἂν ἐπεξῆλθον αὐτῷ (ἀνελευθέρων γὰρ καὶ λίαν φιλοδίκων εἶναι νομίζω κακηγορίας δικάζεσθαι)· [3] Νυνὶ δὲ αἰσχρόν 〈τέ〉 μοι εἶναι δοκεῖ περὶ τοῦ πατρός, οὕτω πολλοῦ ἀξίου γεγενημένου καὶ ἡμῖν καὶ τῇ πόλει, μὴ τιμωρήσασθαι τὸν ταῦτ´ εἰρηκότα, καὶ παρ´ ὑμῶν εἰδέναι βούλομαι πότερον δώσει δίκην, ἢ τούτῳ μόνῳ Ἀθηναίων ἐξαίρετόν ἐστι καὶ ποιεῖν καὶ λέγειν παρὰ τοὺς νόμους ὅ τι ἂν βούληται.

[4] Ἐμοὶ γάρ, ὦ ἄνδρες δικασταί, ἔτη ἐστὶ 〈δύο καὶ〉 τριάκοντα, ἐξ ὅτου 〈δ´〉 ὑμεῖς κατεληλύθατε, εἰκοστὸν τουτί. φαίνομαι οὖν τρισκαιδεκέτης ὢν ὅτε ὁ πατὴρ ὑπὸ τῶν τριάκοντα ἀπέθνῃσκε. ταύτην δὲ ἔχων τὴν ἡλικίαν οὔτε τί ἐστιν ὀλιγαρχία ἠπιστάμην, οὔτε [ἂν] ἐκείνῳ ἀδικουμένῳ ἐδυνάμην βοηθῆσαι. [5] Καὶ μὲν δὴ οὐκ ὀρθῶς τῶν χρημάτων ἕνεκα ἐπεβούλευσα 〈ἂν〉 αὐτῷ· ὁ γὰρ πρεσβύτερος ἀδελφὸς Πανταλέων ἅπαντα παρέλαβε, καὶ ἐπιτροπεύσας ἡμᾶς τῶν πατρῴων ἀπεστέρησεν, ὥστε πολλῶν ἕνεκα, ὦ ἄνδρες δικασταί, προσῆκέ μοι αὐτὸν βούλεσθαι ζῆν. νάγκη μὲν οὖν περὶ αὐτῶν μνησθῆναι, οὐδὲν δὲ δεῖ πολλῶν λόγων· σχεδὸν 〈γὰρ〉 ἐπίστασθε ἅπαντες ὅτι ἀληθῆ λέγω. μως δὲ μάρτυρας αὐτῶν παρέξομαι.

ΜΑΡΤΥΡΕΣ

[6] Ἴσως τοίνυν, ὦ ἄνδρες δικασταί, περὶ τούτων μὲν οὐδὲν ἀπολογήσεται, ἐρεῖ δὲ πρὸς ὑμᾶς ἅπερ ἐτόλμα λέγειν καὶ πρὸς τῷ διαιτητῇ, ὡς οὐκ ἔστι τῶν ἀπορρήτων, ἐάν τις εἴπῃ τὸν πατέρα ἀπεκτονέναι· τὸν γὰρ νόμον οὐ ταῦτ´ ἀπαγορεύειν, ἀλλ´ ἀνδροφόνον οὐκ ἐᾶν λέγειν.

[7] Ἐγὼ δὲ οἶμαι ὑμᾶς, ὦ ἄνδρες δικασταί, οὐ περὶ τῶν ὀνομάτων 〈δεῖν〉 διαφέρεσθαι ἀλλὰ τῆς τούτων διανοίας, καὶ πάντας εἰδέναι ὅτι, ὅσοι 〈ἀπεκτόνασί τινας, καὶ ἀνδροφόνοι εἰσί, καὶ ὅσοι〉 ἀνδροφόνοι εἰσί, καὶ ἀπεκτόνασί τινας. Πολὺ γὰρ 〈ἂν〉 ἔργον ἦν τῷ νομοθέτῃ ἅπαντα τὰ ὀνόματα γράφειν ὅσα τὴν αὐτὴν δύναμιν ἔχει· ἀλλὰ περὶ ἑνὸς εἰπὼν περὶ πάντων ἐδήλωσεν. [8] Οὐ γὰρ δήπου, ὦ Θεόμνηστε, εἰ μέν τίς σε εἴποι πατραλοίαν ἢ μητραλοίαν, ἠξίους ἂν αὐτὸν ὀφλεῖν σοι δίκην, εἰ δέ τις εἴποι ὡς τὴν τεκοῦσαν ἢ τὸν φύσαντα ἔτυπτες, ᾤου ἂν αὐτὸν ἀζήμιον δεῖν εἶναι ὡς οὐδὲν τῶν ἀπορρήτων εἰρηκότα.  [9] Ἡδέως δ´ ἄν σου πυθοίμην (περὶ τοῦτο γὰρ δεινὸς εἶ καὶ μεμελέτηκας καὶ ποιεῖν καὶ λέγειν)· εἴ τίς σε εἴποι ῥῖψαι τὴν ἀσπίδα, ἐν δὲ τῷ νόμῳ εἴρηται, «ἐάν τις φάσκῃ ἀποβεβληκέναι, ὑπόδικον εἶναι», οὐκ ἂν ἐδικάζου αὐτῷ, ἀλλ´ ἐξήρκει ἄν σοι ἐρριφέναι τὴν ἀσπίδα λέγοντι οὐδέν σοι μέλειν; οὐδὲ γὰρ τὸ αὐτό ἐστι ῥῖψαι καὶ ἀποβεβληκέναι· [10] ἀλλ´ οὐδ´ ἂν τῶν ἕνδεκα γενόμενος ἀποδέξαιο, εἴ τις ἀπάγοι τινὰ φάσκων θοἰμάτιον ἀποδεδύσθαι ἢ τὸν χιτωνίσκον ἐκδεδύσθαι, ἀλλ´ ἀφείης ἂν τὸν αὐτὸν τρόπον, ὅτι οὐ λωποδύτης ὀνομάζεται. Οὐδ´ εἴ τις παῖδα ἐξαγαγὼν ληφθείη, οὐκ ἂν φάσκοις αὐτὸν ἀνδραποδιστὴν εἶναι, εἴπερ μαχεῖ τοῖς ὀνόμασιν, ἀλλὰ μὴ τοῖς ἔργοις τὸν νοῦν προσέξεις, ὧν ἕνεκα τὰ ὀνόματα πάντες τίθενται.

[11] Ἔτι τοίνυν σκέψασθε, ὦ ἄνδρες δικασταί· οὑτοσὶ γάρ μοι δοκεῖ ὑπὸ ῥᾳθυμίας καὶ μαλακίας οὐδ´ εἰς Ἄρειον πάγον ἀναβεβηκέναι. Πάντες γὰρ ἐπίστασθε ὅτι ἐν ἐκείνῳ τῷ χωρίῳ, ὅταν τὰς τοῦ φόνου δίκας δικάζωνται, οὐ διὰ τούτου τοῦ ὀνόματος τὰς διωμοσίας ποιοῦνται, ἀλλὰ δι´ οὗπερ ἐγὼ κακῶς ἀκήκοα· ὁ μὲν γὰρ διώκων ὡς ἔκτεινε διόμνυται, ὁ δὲ φεύγων ὡς οὐκ ἔκτεινεν.  [12] Οὐκοῦν ἄτοπον ἂν εἴη τὸν δράσαντ´ ἀφεῖναι φάσκοντα ἀνδροφόνον εἶναι, ὅτι ὁ διώκων, ὡς ἔκτεινε, 〈πρὸς〉 τὸν φεύγοντα διωμόσατο; τί γὰρ ταῦτα, ὧν οὗτος ἐρεῖ, διαφέρει; καὶ αὐτὸς μὲν Λυσιθέῳ κακηγορίας ἐδικάσω εἰπόντι σε ἐρριφέναι τὴν ἀσπίδα. Καίτοι περὶ μὲν τοῦ ῥῖψαι οὐδὲν 〈ἐν〉 τῷ νόμῳ εἴρηται, ἐὰν δέ τις εἴπῃ ἀποβεβληκέναι τὴν ἀσπίδα, πεντακοσίας δραχμὰς ὀφείλειν κελεύει. [13] Οὐκ οὖν δεινόν, εἰ ὅταν μὲν δέῃ σὲ κακῶς ἀκούσαντα τοὺς ἐχθροὺς τιμωρεῖσθαι, οὕτω τοὺς νόμους ὥσπερ ἐγὼ νῦν λαμβάνεις, ὅταν δ´ ἕτερον παρὰ τοὺς νόμους εἴπῃς κακῶς, οὐκ ἀξιοῖς δοῦναι δίκην; πότερον οὕτως σὺ δεινὸς εἶ ὥστε, ὅπως ἂν βούλῃ, οἷός τ´ εἶ χρῆσθαι τοῖς νόμοις, ἢ τοσοῦτον δύνασαι ὥστε οὐδέποτε οἴει τοὺς ἀδικουμένους ὑπὸ σοῦ τιμωρίας τεύξεσθαι; [14] εἶτ´ οὐκ αἰσχύνῃ οὕτως ἀνοήτως διακείμενος, ὥστε οὐκ ἐξ ὧν εὖ πεποίηκας τὴν πόλιν, ἀλλ´ ἐξ ὧν ἀδικῶν οὐ δέδωκας δίκην, οἴει δεῖν πλεονεκτεῖν; Καί μοι ἀνάγνωθι τὸν νόμον.

[1] J'espère, Athéniens, que je ne manquerai pas aujourd'hui de témoins , car j'en vois plusieurs parmi nos juges qui étaient présents lorsque Lysithée cita en justice Théomneste comme ayant abandonné ses armes, et n'ayant pas droit de parler en public (01). Dans cette cause, il me reprochait d'avoir tué mon père. [2] S'il ne m'eût accusé que d'avoir tué le sien, je lui aurais pardonné volontiers, d'autant plus que son père passa toujours pour le plus mauvais sujet du monde. Supposé donc qu'il m'eût dit cette injure, et d'autres estimées graves aux termes de la loi, je me serais abstenu de le poursuivre, persuadé que c'est s'annoncer comme un mauvais chicaneur et une âme peu honnête, que de plaider pour des injures. [3] Mais je rougirais, sans doute, de laisser impunis les reproches qu'il m'a faits au sujet d'un père qui vous a rendu de si grands services à vous et à la république. Je suis curieux d'apprendre si vous ferez justice de Théomneste, ou s'il sera le seul des Athéniens qui ait le privilège de parler et d'agir contre les lois selon son caprice.

[4] Je suis âgé de 33 ans .y il y a vingt ans que vous êtes revenus dans votre ville : je n'en avais donc que treize lorsque les Trente (02) firent mourir mon père. A cet âge, j'ignorais encore ce que c'est qu'oligarchie , et je n'étais pas même en état de venger la mort de mon père. [5] J'aurais eu bien tort d'attenter à ses jours par intérêt, puisque Pantaléon mon frère aîné, s'emparant de toute la succession, et se chargeant de ma tutelle , m'a frustré de mon patrimoine. Ainsi, j'avais mille raisons de souhaiter que mon père vécût. Il était nécessaire de parler de ces faits, mais il n'est pas besoin de s'y étendre. La plupart de vous savent que je dis vrai: je vais cependant produire des témoins.

Les témoins paraissent.

[6] Théomneste, peut-être, sans fournir sur ces objets aucun moyen de défense, répétera ce qu'il disait devant l'arbitre, que ce n'est pas une des injures graves pour lesquelles on puisse avoir action , de reprocher à quelqu'un d'avoir tué son père; que ce n'est pas là ce qui est porté dans la loi, mais qu'elle défend expressément de traiter quelqu'un d'homicide.

Il ne s'agit pas ici, je crois, de disputer des mots, mais du sens des mots. On fait généralement que tout homicide a tué un homme, et que quiconque a tué un homme , est homicide. C'eût été un trop grand embarras pour le législateur de rassembler tous les mots qui signifient la, même chose : en faisant usage d'un seul, il s'est expliqué sur tous ceux qui ont la même signification. [8] Vous ne direz pas, sans doute, Théomneste , que, si quelqu'un vous appelait patricide ou matricide, vous croiriez devoir l'attaquer en réparation ; et que, s'il vous eût reproché d'avoir frappé celui ou celle qui vous a donné le jour, vous penseriez devoir le laisser tranquille, parce qu'il ne vous aurait pas dit une injure grave aux termes de la loi. [9] Je vous le demanderais volontiers (vous êtes habile en ce point, vous avez pour vous la spéculation et sa pratique ) : si quelqu'un vous reprochait d'avoir jeté votre bouclier et qu'il fut marqué dans la loi que, si quelqu'un reprochait à un autre d'avoir abandonné son bouclier, il pourra être poursuivi , je vous demande si vous  l'attaqueriez en justice ? non, assurément ; et vous diriez pour votre raison : il m^a reproché d*avoir jeté mon bouclier; or, comme il s'est servi du terme jeté, je ne m'en embarrasse pas, jeter et abandonner étant deux expressions différentes. [10] Si vous étiez ondécemvis (03), vous ne voudriez pas juger un homme que quelqu'un vous amènerait,  et par lequel il vous dirait avoir été dépouillé de ses habits; vous le renverriez de même parce qu'on ne lui donnerait pas le nom de brigand. Oui, vous le renverriez, puisque vous disputez sur les mots saans faite attention aux choses pour le£squelles on emploie les mots.

[11] Considérez encore, Athéniens (ici je ne m'adresse pas à Théomneste, parce que sa mollesse et sa lâcheté lui ont fermé l'entrée de l'Aréopage (04) ; vous savez tous que dans ce tribunal» lorsqu'on plaide pour meurtre, les parties en prêtant serment n'emploient pas les termes de la loi, mais ceux dans lesquels est conçue l'injure que l'on m'a dite. L'accusateur affirme que l'accusé a tué, et celui-ci qu'il n'a pas tué. [12] Or, il serait absurde qu'un homme convaincu d'avoir tué échappât quoiqu'il et reconnût homicide., parce que l'accusateur aurait affirmé que l'accusé a tué. Mais n'est-ce pas là à-peu-près ce que dira notre adversaire ? Vous même, Théomneste, vous avez attaqué., en. réparation d'injures, Théon qui vous a reproché d'avoir jeté votre bouclier. Cependant ce  n'est pas du mot jeter que la loi fait usage. Si quelqu'un, dit-elle., reproche à un autre d'avoir abandonné son bouclier, il sera condamné à lui payer 500 drachmes. [13] Mais, je vous prie , vous qui, lorsqu'il faut vous venger de vos ennemis pour les injures qu'ils vous ont dites , prenez les lois comme je les prends maintenant, prétendriez-vous échapper â la peine lorsque vous avez dit à un autre des injures contre les lois? seriez-vous assez subtil pour être en état de vous jouer .des lois à votre volonté, ou assez puissant pour ravir aux particuliers que vous avez offensés le droit d'obtenir satisfaction contre vous ? [14] Et vous ne rougissez pas de porter la stupidité jusqu'à vous imaginer que vous devez avoir l'avantage, non pour les services que vous avez rendus à la république, mais pour les fautes commises envers elle dont vous n'avez pas été puni ! Greffier, lisez la loi sur les injures.

Les chapitres 16 à 19 ont été repris à la traduction de Louis Gernet. (Philippe Remacle) (voir note n° 5 pour en savoir la raison)

ΝΟΜΟΣ

[15] Ἐγὼ τοίνυν, ὦ ἄνδρες δικασταί, ὑμᾶς μὲν πάντας εἰδέναι ἡγοῦμαι ὅτι ἐγὼ μὲν ὀρθῶς λέγω, τοῦτον δὲ οὕτω σκαιὸν εἶναι ὥστε οὐ δύνασθαι μαθεῖν τὰ λεγόμενα. Βούλομαι οὖν αὐτὸν καὶ ἐξ ἑτέρων νόμων περὶ τούτων διδάξαι, ἐάν πως ἀλλὰ νῦν ἐπὶ τοῦ βήματος παιδευθῇ καὶ τὸ λοιπὸν ἡμῖν μὴ παρέχῃ πράγματα. Καί μοι ἀνάγνωθι τούτους τοὺς νόμους τοὺς Σόλωνος τοὺς παλαιούς.

ΝΟΜΟΣ.

[16] Δεδέσθαι δ´ ἐν τῇ ποδοκάκκῃ ἡμέρας πέντε τὸν πόδα, ἐὰν προστιμήσῃ ἡ ἡλιαία.

Ἡ ποδοκάκκη αὕτη ἐστίν, ὦ Θεόμνηστε, ὃ νῦν καλεῖται ἐν τῷ ξύλῳ δεδέσθαι. εἰ οὖν ὁ δεθεὶς ἐξελθὼν ἐν ταῖς εὐθύναις τῶν ἕνδεκα κατηγοροίη ὅτι οὐκ ἐν τῇ ποδοκάκκῃ ἐδέδετο ἀλλ´ ἐν τῷ ξύλῳ, οὐκ ἂν ἠλίθιον αὐτὸν νομίζοιεν;

Λέγε ἕτερον νόμον.

ΝΟΜΟΣ.

Ἐπεγγυᾶν δ´ ἐπιορκήσαντα τὸν Ἀπόλλω. δεδιότα δὲ δίκης ἕνεκα δρασκάζειν.

Τοῦτο τὸ ἐπιορκήσαντα ὀμόσαντά ἐστι, τό τε δρασκάζειν, ὃ νῦν ἀποδιδράσκειν ὀνομάζομεν.

Ὅστις δὲ ἀπίλλει τῇ θύρᾳ, ἔνδον τοῦ κλέπτου ὄντος.

Τὸ ἀπίλλειν τοῦτο ἀποκλῄειν νομίζεται, καὶ μηδὲν διὰ τοῦτο διαφέρου.

[18] Τὸ ἀργύριον στάσιμον θεῖναι ἐφ´ ὁπόσῳ ἂν βούληται ὁ δανείζων.

Τὸ στάσιμον τοῦτό ἐστιν, ὦ βέλτιστε, οὐ ζυγῷ ἱστάναι ἀλλὰ τόκον πράττεσθαι ὁπόσον ἂν βούληται. Ἔτι δ´ ἀνάγνωθι τουτουὶ τοῦ νόμου τὸ τελευταῖον.

[19] Ὅσαι δὲ πεφασμένως πωλοῦνται,

καὶ

Οἰκῆος καὶ δούλης διπλῆν τὴν βλάβην ὀφείλειν.

Πρόσεχε τὸν νοῦν. τὸ μὲν πεφασμένως ἐστὶ φανερῶς, πωλεῖσθαι δὲ βαδίζειν, τὸ δὲ οἰκῆος θεράποντος.

[20] Πολλὰ δὲ τοιαῦτα καὶ ἄλλα ἐστίν, ὦ ἄνδρες δικασταί. λλ´ εἰ μὴ σιδηροῦς ἐστιν, οἴομαι αὐτὸν ἔννουν γεγονέναι ὅτι τὰ μὲν πράγματα ταὐτά ἐστι νῦν τε καὶ πάλαι, τῶν δὲ ὀνομάτων ἐνίοις οὐ τοῖς αὐτοῖς χρώμεθα νῦν τε καὶ πρότερον. Δηλώσει δέ· οἰχήσεται γὰρ ἀπιὼν ἀπὸ τοῦ βήματος σιωπῇ. [21] Εἰ δὲ μή, δέομαι ὑμῶν, ὦ ἄνδρες δικασταί, τὰ δίκαια ψηφίσασθαι, ἐνθυμουμένους ὅτι πολὺ μεῖζον κακόν ἐστιν ἀκοῦσαί τινα τὸν πατέρα ἀπεκτονέναι ἢ τὴν ἀσπίδα ἀποβεβληκέναι. γὼ γοῦν δεξαίμην ἂν πάσας τὰς ἀσπίδας ἐρριφέναι ἢ τοιαύτην γνώμην ἔχειν περὶ τὸν πατέρα. [22] Οὗτος οὖν ἔνοχος μὲν ὢν τῇ αἰτίᾳ, ἐλάττονος δὲ οὔσης αὐτῷ τῆς συμφορᾶς, οὐ μόνον ὑφ´ ὑμῶν ἠλεήθη, ἀλλὰ καὶ τὸν μαρτυρήσαντα ἠτίμωσεν. γὼ δὲ ἑωρακὼς μὲν ἐκεῖνο τοῦτον ποιήσαντα ὃ καὶ ὑμεῖς ἴστε, αὐτὸς δὲ σώσας τὴν ἀσπίδα, ἀκηκοὼς δὲ οὕτως ἀνόσιον καὶ δεινὸν πρᾶγμα, μεγίστης δὲ οὔσης μοι τῆς συμφορᾶς, εἰ ἀποφεύξεται, τούτῳ δ´ οὐδενὸς ἀξίας, εἰ κακηγορίας ἁλώσεται, οὐκ ἄρα δίκην παρ´ αὐτοῦ λήψομαι;  Τίνος ὄντος ἐμοὶ πρὸς ὑμᾶς ἐγκλήματος;

[23] Πότερον ὅτι δικαίως ἀκήκοα; ἀλλ´ οὐδ´ ἂν αὐτοὶ φήσαιτε. λλ´ ὅτι βελτίων καὶ ἐκ βελτιόνων ὁ φεύγων ἐμοῦ; ἀλλ´ οὐδ´ ἂν αὐτὸς ἀξιώσειεν. λλ´ ὅτι ἀποβεβληκὼς τὰ ὅπλα δικάζομαι κακηγορίας τῷ σώσαντι; ἀλλ´ οὐχ οὗτος ὁ λόγος ἐν τῇ πόλει κατεσκέδασται. [24] Ἀναμνήσθητε δὲ ὅτι μεγάλην καὶ καλὴν ἐκείνην δωρειὰν αὐτῷ δεδώκατε· ἐν ᾗ τίς οὐκ ἂν ἐλεήσειε Διονύσιον, τοιαύτῃ μὲν συμφορᾷ περιπεπτωκότα, ἄνδρα δὲ ἄριστον ἐν τοῖς κινδύνοις γεγενημένον, [25] ἀπιόντα δὲ ἀπὸ τοῦ δικαστηρίου λέγοντα ὅτι δυστυχεστάτην ἐκείνην εἴημεν 〈τὴν〉 στρατείαν ἐστρατευμένοι, ἐν ᾗ πολλοὶ μὲν ἡμῶν ἀπέθανον, οἱ δὲ σώσαντες τὰ ὅπλα ὑπὸ τῶν ἀποβαλόντων ψευδομαρτυρίων ἑαλώκασι, κρεῖττον δὲ ἦν αὐτῷ τότε ἀποθανεῖν ἢ οἴκαδ´ ἐλθόντι τοιαύτῃ τύχῃ χρῆσθαι; [26] Μὴ τοίνυν ἀκούσαντά 〈τε〉 Θεόμνηστον κακῶς τὰ προσήκοντα ἐλεεῖτε, καὶ ὑβρίζοντι καὶ λέγοντι παρὰ τοὺς νόμους συγγνώμην ἔχετε. Τίς γὰρ ἂν ἐμοὶ μείζων ταύτης γένοιτο συμφορά, περὶ τοιούτου πατρὸς οὕτως αἰσχρὰς αἰτίας ἀκηκοότι; [27] Ὃς πολλάκις μὲν ἐστρατήγησε, πολλοὺς δὲ καὶ ἄλλους κινδύνους μεθ´ ὑμῶν ἐκινδύνευσε· καὶ οὔτε τοῖς πολεμίοις τὸ ἐκείνου σῶμα ὑποχείριον ἐγένετο, οὔτε τοῖς πολίταις οὐδεμίαν πώποτε ὦφλεν εὐθύνην, ἔτη δὲ γεγονὼς ἑπτὰ καὶ ἑξήκοντα ἐν ὀλιγαρχίᾳ δι´ εὔνοιαν τοῦ ὑμετέρου πλήθους ἀπέθανεν. [28] Ἆρ´ ἄξιον ὀργισθῆναι τῷ 〈τοιαῦτ´〉 εἰρηκότι καὶ βοηθῆσαι τῷ πατρί, ὡς καὶ ἐκείνου κακῶς ἀκηκοότος; τί γὰρ ἂν τούτου ἀνιαρότερον γένοιτο αὐτῷ, ἢ τεθνάναι μὲν ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν, αἰτίαν δ´ ἔχειν ὑπὸ τῶν παίδων 〈ἀνῃρῆσθαι〉; οὗ ἔτι καὶ νῦν, ὦ ἄνδρες δικασταί, τῆς ἀρετῆς τὰ μνημεῖα πρὸς τοῖς ὑμετέροις ἀνάκειται, τὰ δὲ τούτου καὶ τοῦ τούτου πατρὸς τῆς κακίας πρὸς τοῖς τῶν πολεμίων· οὕτω σύμφυτος αὐτοῖς ἡ δειλία. [29] Καὶ μὲν δή, ὦ ἄνδρες δικασταί, ὅσῳ μείζους εἰσὶ καὶ νεανίαι τὰς ὄψεις, τοσούτῳ μᾶλλον ὀργῆς ἄξιοί εἰσι. Δῆλον γὰρ ὅτι τοῖς μὲν σώμασι δύνανται, τὰς δὲ ψυχὰς οὐκ 〈εὖ〉 ἔχουσιν.

[30] Ἀκούω δ´ αὐτόν, ὦ ἄνδρες δικασταί, ἐπὶ τοῦτον τὸν λόγον τρέψεσθαι, ὡς ὀργισθεὶς εἴρηκε ταῦτα ἐμοῦ μαρτυρήσαντος τὴν αὐτὴν μαρτυρίαν Διονυσίῳ. μεῖς δ´ ἐνθυμεῖσθε, ὦ ἄνδρες δικασταί, ὅτι ὁ νομοθέτης οὐδεμίαν ὀργῇ συγγνώμην δίδωσιν, ἀλλὰ ζημιοῖ τὸν λέγοντα, ἐὰν μὴ ἀποφαίνῃ ὡς ἔστιν ἀληθῆ τὰ εἰρημένα. γὼ δὲ δὶς ἤδη περὶ τούτου μεμαρτύρηκα· οὐ γάρ πω ᾔδειν ὅτι ὑμεῖς τοὺς μὲν ἰδόντας τιμωρεῖσθε, τοῖς δὲ ἀποβαλοῦσι συγγνώμην ἔχετε.

[31] Περὶ μὲν οὖν τούτων οὐκ οἶδ´ ὅ τι δεῖ πλείω λέγειν· ἐγὼ δ´ ὑμῶν δέομαι καταψηφίσασθαι Θεομνήστου, ἐνθυμουμένους ὅτι οὐκ ἂν γένοιτο τούτου μείζων ἀγών μοι. Νῦν γὰρ διώκω 〈μὲν〉 κακηγορίας, τῇ δ´ αὐτῇ ψήφῳ φόνου φεύγω τοῦ πατρός, ὃς μόνος, ἐπειδὴ τάχιστα ἐδοκιμάσθην, ἐπεξῆλθον τοῖς τριάκοντα ἐν Ἀρείῳ πάγῳ.  [32] Ὧν μεμνημένοι καὶ ἐμοὶ καὶ τῷ πατρὶ βοηθήσατε καὶ τοῖς νόμοις τοῖς κειμένοις καὶ τοῖς ὅρκοις οἷς ὀμωμόκατε.
 

On lit la  loi.

[15] Vous êtes tous convaincus, Athéniens, ce me semble , que je ne dis rien que de juste , mais que Théomneste a trop peu de sens pour comprendre ce que je dis. Je vais donc l'instruire par d'autres lois, afin qu'il apprenne, du moins à ce tribunal, ce qu'il doit savoir , et que par la suite il ne cherche plus à embrouiller la raison par des chicanes. Greffier , lisez-nous les anciennes lois de Solon.

[16] Il aura le pied dans l'entrave pendant cinq jours si le tribunal décide un supplément de peine.

 L'entrave, Théomneste, c'est ce que nous appelons aujourd'hui la pièce de bois.  Si donc celui quui a été enchaîné, sa peine expirée, accusait les Onze lors de leur reddition de comptes en disant qu'il a été enchaîné non pas à l'entrave, mais à la pièce de bois, ne le jugerait-on pas pour un imbécile.

Lis une autre loi.

[17]  Qu'il jure en prenant Apollon pour garant.  S'il redoute le jugement, il pourra s'enfuir.

Cet ἐπιορκήσαντα a le sens de  ὀμόσαντά, ce δρασκάζειν, équivaut à notre ἀποδιδράσκειν.

Celui qui interdit l'accès de sa maison, le voleur étant à l'intérieur.

Cet ἀπίλλει  signifie ἀποκλῄειν ; trêve de discussion, n'est-ce pas ?

[18] L'argent placé produira des intérêts au taux que voudra le préteur.

Ce στάσιμον, mon cher, ne signifie pas qu'on met dans la balance, mais qu'on perçoit des intérêts à discrétion.

Lis moi le dernier article de cette loi.

[19] Celles qui vont et viennent en public.

et

si la victime est esclave, la réparation sera au simple.

Attention πεφασμένως  signifie φανερῶς : πωλεῖσθαι  veut dire βαδίζειν, et οἰκῆος, θεράποντος.

[20] Vous voyez, Athéniens, que ces lois (05) se servent d'expressions qui ne sont plus usitées de nos jours, et que pourtant il serait ridicule à quelqu'un de soutenir qu'on n'a pas action contre lui, parce qu'on aurait employé des expressions plus modernes. Je pense que Théomneste, s'il n'est absolument stupide, conçoit, du moins à présent, que les choses sont les mêmes aujourd'hui qu'elles étaient anciennement, mais que nous avons proscrit quelques termes jadis .en usage. Il montrera tout-à-l'heure qu'il m'a compris, s'il se retire du tribunal en silence. [21] Sinon, je vous supplie; Athéniens, de prononcer selon la justice, et de faire attention que reprocher à quelqu'un d'avoir tué son père, est une injure beaucoup plus grave que lui reprocher d'avoir abandonné son bouclier. Oui, j'aimerais mieux avoir abandonné tous les boucliers du monde, que d'avoir eu l'idée d'attenter aux jours de mon père. [22] Ainsi, quoique Théomneste fût réellement. coupable , quoiqu'il dût subir une punition peu sévère, il vous a trouvés sensibles à son sort, au point de réussir à saire diffamer le citoyen (06) qui déposa contre lui : et moi qui lui vis faire l'action que vous savez vous-mêmes, moi qui gardai mon bouclier, moi à qui il a dit une injure aussi atroce, moi enfin qui dois subir la peine la plus rigoureuse s'il est absous, tandis qu'il ne s'ensuivra pour lui qu'une peine très légère s'il est condamné ; quoi ! je ne pourrais obtenir contre lui la satisfaction que je réclame !

[23] Que trouverait-on en moi à reprendre ? ai-je, mérité l'injure de Théomneste ? on ne le saurait dire. L'accusé est-il plus honnête dans sa personne, ou d'une famille plus honnête ? il ne le prétendrait pas lui-même. Après avoir abandonné mes armes, attaqué-je en réparation d'injures un homme qui garda les siennes ? non, ce n'est pas là le bruit qui s'est répandu dans la ville. [24] Rappelez-vous ici, Athéniens, que vous avez accordé à Théomneste une grande et magnifique récompense ; et à ce sujet qui ne plaindrait le sort de Denys, qui vient d'essuyer la plus cruelle disgrâce, ce brave homme qui s'est distingué dans les combats, [25] et qui en et retirant du tribunal disait : Nous avons fait, assurément, une expédition bien malheureuse, puisque plusieurs de nous y sont morts , et que ceux qui abandonnèrent leurs armes ont fait condamner pour faux témoignage ceux qui gardèrent les leurs. Oui, sans doute, il eût été plus avantageux à Denys de périr sur le champ de bataille, que de revenir à Athènes pour y éprouver une pareille infortune. [26] Vous qui avez plaint Théomneste pour les injures qu'on lui et dites et qu'il méritait, pourriez-vous lui pardonner d'avoir insulté et injurié quelqu'un qui ne le méritait pas ? Y aurait-il rien de plus affreux pour moi que de m'être entendu saire des reproches aussi déshonorants au sujet d'un père [27] qui commanda souvent vos troupes, et qui, conjointement avec vous, courut une infinité de périls, bien différents de ceux que l'on court dans les tribunaux , d'un père qui ne se laissa jamais prendre par les ennemis , et ne fut jamais condamné pour malversation par ses compatriotes ; d'un père enfin qui, âgé de 67 ans, est mort dans l'oligarchie, victime de son attachement pour le peuple ? [28] Ne devez-vous donc pas sévir contre un méchant qui m'a injurié au sujet d'un tel homme ; et n'est il pas de votre justice de défendre sa mémoire, comme s'il eût été injurié lui-même ? Qu'y aurait-il, en effet, pour lui de plus triste que d'avoir été tué par les ennemis, et de passer pour l'avoir été par ses enfants ? Vos temples sont encore aujourd'hui décorés des monuments de da bravoure; ceux de la lâcheté de Théomneste et de son père sont déposés dans les temples de vos ennemis : tant la poltronnerie est héréditaire dans leur famille. [29] Cependant, plus ils ont la taille haute, plus ils annoncent toute la vigueur de la jeunesse ; plus on doit. être indigné contre eux, puisque c'est moins la force qui leur manqué que le courage.

[30] Il doit, à ce que j'apprends, alléguer pour sa défense, que c'est dans la colère qu'il m'a dit l'injure dont je me plains, parce que je confirmais la déposition de Denys par la mienne. Mais vous, Athéniens, considérez que le législateur, sans faire grâce à la colère, punit celui qui dit une injure, à moins qu'il ne prouve que l'injure était sondée. J'ai déjà témoigné deux fois contre Théomneste : je ne savais pas encore que, disposés à punir ceux qui en ont vu d'autres abandonner leurs armes, vous pardonniez à ceux-mêmes qui les ont abandonnées.

[31] Je ne vois pas , au reste , qu'il soit besoin d'en dire davantage. Daignez, je vous conjure, me faire justice de Théomneste, s'il est vrai qu'il ne peut y avoir pour moi de cause plus importante. Oui, dans le même jugement où j'accuse en réparation d'injures , je suis accusé de parricide, moi qui seul ai poursuivi les Trente devant l'Aréopage (7), dès le moment où j'eus pris la robe virile. [32] D'après toutes ces considérations, prononcez aujourd'hui en faveur de ma cause, et vengez par votre sentence la mémoire de mon père ; prononcez pour le maintien de vos lois, et pour la religion du serment que vous avez prêté avant de paraître au tribunal.

 

(01) Ainsi une des peines infligées aux lâches qui abandonnaient leurs armes, était de les priver du droit de monter à la tribune, et de haranguer le peuple.

(02) Personne n'ignore qu'on appelait les Trente , ou les trente tyrans , trente hommes choisis par les Lacédémoniens vainqueurs dans toute la ville d'Athènes pour la gouverner sous leur bon plaisir. - Oligarchie, gouvernement d'un petit nombre qui commandent contre le vœu des lois.

(03) Les ondécemvirs étaient à Athènes les magistrats ou des officiers publics auxquels on livrait ceux qui étaient condamnés à quelque peine corporelle.

(04) L'Aréopage était composé d'un certain nombre de sénateurs, et des neuf archontes, à mesure qu'ils sortaient de charge.  Apparemment que Théomneste avait été un des neuf archontes, et qu'au sortir de sa charge on avait refusé de l'admettre à l'Aréopage.

(05) Ici je me suis borné à rendre en peu de mots le fond des choses, sans m'arrêter au détail des expressions qu'il serait impossible de faire passer et de faire sertir dans une autre langue.

(06)  Ce citoyen était un nommé Denys, dont il sera parlé tout-à-l'heure,

(7) L'histoire ne dit pas à quel sujet et dans quelle circonstance les trente tyrans furent poursuivis devant l'Aréopage.