Platon traduit par Victor Cousin Tome I

ISÉE

 

VI. PLAIDOYER PSUR LA SUCCESSION DE PHILOCTÉMON


Περὶ τοῦ Φιλοκτήμονος κλήρου 

Traduction française : Rodolphe Dareste
 

Autre traduction

VI

PLAIDOYER SUR LA SUCCESSION DE PHILOCTÉMON

Chérestrate contre Androclès

ACTION EN FAUX TÉMOIGNAGE

ARGUMENT

Euctëmon a eu de sa femme légitime, fille de Mixtaile, trois fils, Philoctémon, Hégémon et Ergamène, et deux filles dont la première a épousé Phanostrate et la seconde Chéréas. déjà vieux il abandonne femme et enfants pour aller vivre avec une affranchie de mauvaise réputation, nommee. Alké. Celle-ci avait déjà deux enfants nés d'un affranchi nommé Dion. Elle prétend faire reconnaître l'aîné par Euctëmon qui effectivement présente cet enfant à la phratrie, comme né de lui. Philoctémon, le seul survivant de ses trois fils s'oppose à cette manœuvre et la fait échouer. Mais Euctémon insiste, menace et finalement obtient une transaction qui l'autorise à faire inscrire comme sien l'enfant d'Alké et à lui léguer un domaine. Le contrat passé par Euctémon en présence de ses gendres Phanostrate et Chéréas est déposé chez un tiers nommé Pythodore. Peu de temps après Philoctémon est tué dans un combat naval près de Chio, et n'ayant pas d'enfants laisse un testament par lequel il adopte son neveu , fils de Phanostrate.

104 Un complot se forme alors contre les héritiers légitimes présomptifs d'Euctémon. Ses cousins Androclès et Antidore de concert avec Alké, persuadent à Euctémon de dénaturer sa fortune et de la convertir en argent. Ils essayent mais en vain de faire passer les enfants d'Alké pour fils adoptifs, l'un de Philoctémon et l'autre d'Ergamène, et eux-mêmes pour tuteurs testamentaires.

Enfin, Euctémon meurt, ses fils sont décédés avant lui et n'ont pas laissé d'enfants mâles. Mais une de ses filles mariée à Phanostrate, a laissé, comme on l'a vu, un fils, Chérestrate, qui a été adopté par Philoclémon. Ce petit-fils d'Euctémon demande sa part dans la succession de son aïeul par représentation de son père adoptif.

Androclès et Antidore combattent par tous les moyens possibles la prétention de Chérestrate. D'abord Androclès réclame, à titre d'épiclère, la seconde fille d'Euctémon, veuve de Chéréas, et avec elle la cinquième partie de la succession. Puis il renonce à cette demande et se joint à Antidore pour soutenir une prétention non seulement différente, mais exclusive de la première. Il affirme que les enfants d'Alké sont fils légitimes, nés d'un mariage d'Euctémon avec une femme de Lemnos nommée Callippe, fille de Pistoxène. D'autre part il demande la nullité du testament de Philoctémon et, par suite, celle de l'adoption de Chérestrate. Par ce moyen les enfants d'Alké auraient seuls droit à la succession d'Euctémon comme fils, et à celle de Philoctémon comme frères. En effet, leur adversaire Chérestrate est petit-fils d'Euclémon, mais par sa mère, et abstraction faite de l'adoption il n'est que le neveu de Philoctémon.

Androclès et Antidore opposent donc une protestation, διαμαρτυρία, à la demande d'envoi en possession formée par Chérestrate, ce dernier assisté d'un ami qui plaide pour lui répond par une action en faux témoignage, δίκη ψευδομαρτυριῶν.

Chérestrate est tenu de prouver deux choses qui sont formellement déniées par ses adversaires, à savoir : 1° que son adoption par Philoclémon est valable; 2° que les deux enfants 105 d'Alké ne sont pas fils légitimes d'Euctémon. Si ces deux choses sont prouvées c'est lui, Chérestrate, qui recueillent la succession de Philoctémon comme fils adoptif, et ensuite celle d'Euctémon, par représentation de son père adoptif. Sur le second point l'orateur n'a qu'à faire le récit de ce qui s'est passé, et des relations d'Euctémon avec Alké. Quant au premier point, l'orateur combat la διαμαρτυρία par une fin de non-recevoir. Androclès soutient-il que Philoctémon a testé sans droit? Il aurait dû articuler ce point avec précision dans la διαμαρτυρία, en spécifiant la cause pour laquelle Philoetémon ne pouvait pas tester. Soutient-il au contraire qu'en fait Philoctémon n'a pas testé? En ce cas ce n'est pas par διαμαρτυρία qu'il devrait agir, c'est par une action directe, εὐθυδικία. Androclès sait bien que la loi lui ouvre cette action directe, pour réclamer la succession par la voie d'une διαδικασία, mais il préfère se réserver cette action pour le cas où il succomberait sur la διαμαρτυρία. Celle-ci lui offre un terrain plus avantageux, car elle force Chérestrate à discuter des témoins produits par ses adversaires au lieu de produire lui-même ses témoins.

Androclès d'ailleurs se contredit lui-même, car après avoir soutenu que la succession est ἐπίδικος;, afin de se faire adjuger l'épiclère, il soutient maintenant le contraire, afin d'écarter Chérestrate.

Enfin, l'orateur fait le parallèle obligé entre les deux parties, il rappelle les services qu'a rendus Chérestrate, ceux qu'Androclès n'a pas rendus et il s'etforce de gagner la faveur des juges.

Au fond, c'est de la succession d'Euctémon qu'il s'agit surtout dans toute cette affaire. Mais Chérestrate est obligé de réclamer la succession de Philoctémon, car c'est seulement comme fils adoptif de Philoctémon qu'il pourra recueillir la succession d'Euctémon, et réciproquement les enfants d'Alké réclament la succession de Philoctémon comme frères. Quant à celle d'Euctémon ils soutiennent qu'elle n'est pas ἐπίδικος. Androclès soutenait dans sa διαμαρτυρία que Philoctémon n'avait pu, du vivant de son père, laisser un testament et 106 disposer de la succession d'Euctémon, qui n'était pas encore ouverte. Mais en réalité c'est de la validité de l'adoption qu'il s'agit, car si Chérestrate recueille tous les biens d"Euctémon, c'est comme fils adoptif et non comme légataire de Philoctémon.

Ce qui explique toutes ces confusions plus ou moins volontaires, c'est qu'il y avait communauté entre Euctémon et Philoctémon. En fait leurs biens étaient confondus et ne pouvaient être séparés que par une liquidation. V. § 38.

Le plaidoyer a date certaine. L'orateur parle de l'expédition de Sicile qui a eu lieu en l'année 413 (§ 14) et depuis laquelle il s'est écoulé cinquante-deux ans. On est donc en l'année 364-363.

Par contre, l'expédition dont il est parlé au § 1 ne peut pas être celle de l'an 413, car Chérestrate qui fut triérarque aurait eu 70 ans lors du procès; or, l'orateur en parle comme d'un jeune homme.

 

 

 

[1] Ὅτι μέν, ὦ ἄνδρες, πάντων οἰκειότατα τυγχάνω χρώμενος Φανοστράτῳ τε καὶ Χαιρεστράτῳ τουτῳί, τοὺς πολλοὺς οἶμαι ὑμῶν εἰδέναι, τοῖς δὲ μὴ εἰδόσιν ἱκανὸν ἐρῶ τεκμήριον· ὅτε γὰρ εἰς Σικελίαν ἐξέπλει τριηραρχῶν Χαιρέστρατος, διὰ τὸ πρότερον αὐτὸς ἐκπεπλευκέναι προῄδειν πάντας τοὺς ἐσομένους κινδύνους, ὅμως δὲ δεομένων τούτων καὶ συνεξέπλευσα καὶ συνεδυστύχησα καὶ ἑάλωμεν εἰς τοὺς πολεμίους. [2] Ἄτοπον δὴ εἰ ἐκεῖνα μὲν προδήλων ὄντων τῶν κινδύνων ὅμως διὰ τὸ χρῆσθαι τούτοις καὶ φίλους νομίζειν ὑπέμενον, νῦν δὲ οὐ πειρῴμην συνειπεῖν ἐξ ὧν ὑμεῖς τε τὰ εὔορκα ψηφιεῖσθε καὶ τούτοις τὰ δίκαια γενήσεται. Δέομαι οὖν ὑμῶν συγγνώμην τε ἔχειν καὶ μετ' εὐνοίας ἀκροάσασθαι· ὁ γὰρ ἀγὼν οὐ μικρὸς αὐτοῖς, ἀλλὰ περὶ τῶν μεγίστων.

[3] Φιλοκτήμων γὰρ ὁ Κηφισιεὺς φίλος ἦν Χαιρεστράτῳ τουτῳὶ δοὺς δὲ τὰ ἑαυτοῦ καὶ ὑὸν αὐτὸν ποιησάμενος ἐτελεύτησε. Λαχόντος δὲ τοῦ Χαιρεστράτου κατὰ τὸν νόμον τοῦ κλήρου, ἐξὸν ἀμφισβητῆσαι Ἀθηναίων τῷ βουλομένῳ καὶ εὐθυδικίᾳ εἰσελθόντι εἰς ὑμᾶς, εἰ φαίνοιτο δικαιότερα λέγων, ἔχειν τὸν κλῆρον, [4] διεμαρτύρησεν Ἀνδροκλῆς οὑτοσὶ μὴ ἐπίδικον εἶναι τὸν κλῆρον, ἀποστερῶν τοῦτον τῆς ἀμφισβητήσεως καὶ ὑμᾶς τοῦ κυρίους γενέσθαι ὅντινα δεῖ κληρονόμον καταστήσασθαι τῶν Φιλοκτήμονος· καὶ ἐν μιᾷ ψήφῳ καὶ ἑνὶ ἀγῶνι οἴεται ἀδελφοὺς καταστήσειν ἐκείνῳ τοὺς οὐδὲν προσήκοντας, καὶ τὸν κλῆρον ἀνεπίδικον ἕξειν αὐτός, καὶ τῆς ἀδελφῆς τῆς ἐκείνου κύριος γενήσεσθαι, καὶ τὴν διαθήκην ἄκυρον ποιήσειν. [5] Πολλῶν δὲ καὶ δεινῶν ὄντων ἃ διαμεμαρτύρηκεν Ἀνδροκλῆς, τοῦτ' αὐτὸ πρῶτον ἐπιδείξω ὑμῖν, ὡς διέθετο καὶ ἐποιήσατο ὑὸν τουτονὶ Χαιρέστρατον.
Ἐπειδὴ γὰρ τῷ Φιλοκτήμονι ἐκ μὲν τῆς γυναικὸς ᾗ συνῴκει οὐκ ἦν παιδίον οὐδέν, πολέμου δ' ὄντος ἐκινδύνευε καὶ ἱππεὺς στρατευόμενος καὶ τριήραρχος πολλάκις ἐκπλέων, ἔδοξεν αὐτῷ διαθέσθαι τὰ αὑτοῦ, μὴ ἔρημον καταλίπῃ τὸν οἶκον, εἴ τι πάθοι. [6] Τὼ μὲν οὖν ἀδελφὼ αὐτῷ, ὥπερ ἐγενέσθην, ἄμφω ἄπαιδε ἐτελευτησάτην· τοῖν δὲ ἀδελφαῖν τῇ μὲν ἑτέρᾳ, ᾗ ὁ Χαιρέας συνῴκει, οὐκ ἦν ἄρρεν παιδίον οὐδὲ ἐγένετο πολλὰ ἔτη συνοικούσῃ, ἐκ δὲ τῆς ἑτέρας, ᾗ συνῴκει Φανόστρατος οὑτοσί, ἤστην ὑὼ δύο. Τούτων τὸν πρεσβύτερον τουτονὶ Χαιρέστρατον ἐποιήσατο ὑόν· [7] καὶ ἔγραψεν οὕτως ἐν διαθήκῃ, εἰ μὴ γένοιτο αὑτῷ παιδίον ἐκ τῆς γυναικός, τοῦτον κληρονομεῖν τῶν ἑαυτοῦ. Καὶ τὴν διαθήκην κατέθετο παρὰ τῷ κηδεστῇ Χαιρέᾳ, τῷ τὴν ἑτέραν αὐτοῦ ἀδελφὴν ἔχοντι. Καὶ ὑμῖν ἥ τε διαθήκη αὕτη ἀναγνωσθήσεται καὶ οἱ παραγενόμενοι μαρτυρήσουσι. Καί μοι ἀνάγνωθι.

 

107 PLAIDOYER

1. La plupart d'entre vous, juges, savent, j'en suis sûr, que je suis on ne peut plus étroitement lié avec Phanostrate et Chérestrate que voici. A ceux qui ne le savent pas je donnerai du fait une preuve convaincante. Lorsque Chérestrate partit pour la Sicile comme triérarque, je savais d'avance, pour y être allé déjà moi-même, tous les dangers à courir, je partis pourtant avec eux, à leur prière, j'ai partagé leur infortune et nous avons été faits prisonniers à l'ennemi. 2. Après avoir volontairement éprouvé ces malheurs, quand les dangers étaient connus d'avance, par cette seule raison que j'étais lié avec ces hommes et que je les regardais comme mes amis, je serais bien inconséquent si je ne m'efforçais de leur venir en aide aujourd'hui, en disant ce qu'il faut pour vous mettre en état de voter comme le veut votre serment, et pour leur faire rendre justice. Je vous prie donc de me pardonner, et de m'écouler avec bienveillance, car il ne s'agit pas pour eux d'une affaire sans importance. Leur intérêt, au contraire, est des plus grands.

3. Philoctémon de Céphisia était l'ami de Chérestrate que voici. Il mourut en lui donnant ses biens et en faisant de lui son fils adoptif. Quand Chérestrate demanda suivant la loi, à être envoyé en possession de la succession, à ce moment tout Athénien était libre de contester, d'introduire devant vous une action directe et d'obtenir la succession si vous trouviez son titre 108 meilleur. 4. Androclès que voici s'y prit autrement. Il forma une protestation, soutenant qu'il n'y avait pas lieu à l'adjudication de la succession, enlevant à Chérestrate la faculté d'agir par voie de contestation, et à vous la décision sur le point de savoir qui devait être déclaré héritier de Philoctémon. Il lui suffira, croit- il, d'un seul scrutin et d'un procès uaique pour transformer en frères du défunt des hommes qui ne sont même pas ses parents, pour s'emparer lui-même de la succession sans qu'elle soit adjugée, pour mettre en sa puissance la sœur du défunt, et pour faire annuler le testament. 5. En réponse aux faits nombreux et graves articulés dans la protestation d'Androclès, je veux voua montrer avant tout que Philoctémon a fait un testament et qu'il a adopté Chérestrale que voici. La femme qu'il avait épousée ne lui avait donné aucun enfant; on était en guerre; son service dans la cavalerie, ses fréquentes expéditions comme triérarque le mettaient souvent en danger; il se résolut donc à disposer de ses biens, afin de ne pas laisser sa maison déserte s'il lui arrivait malheur. 6. Or, les deux frères qu'il avait eus étaient morts tous deux sans enfants. De ses deux sœurs, l'une qu'avait épousée Chéréas n'avait pas d'enfant mâle et n'en a jamais eu après de longues années de mariage, miis l'autre, mariée à Phanostrate que voici, avait deux fils. L'aîné était Chérestrate que voici, Philoctémon l'adopta. 7. Et il écrivit dans son testament que s'il n'avait pas d'enfant de sa femme, ce serait Chérestrate qui hériterait de ses biens. Il déposa ensuite ce testament chez son beau-frère Chéréas, le mari de la sœur aînée. On va vous lire ce testament, et les personnes qui ont été présentes vont donner leurs témoignages. Et maintenant lis.

.Διαθήκη. Μάρτυρες.

[8] Ὡς μὲν διέθετο καὶ ἐφ' οἷς ἐποιήσατο ὑὸν τοῦτον, ἀκηκόατε· ὡς δ' ἐξὸν αὐτῷ ταῦτ' ἔπραξεν, ὅθεν δικαιότατα ἡγοῦμαι τὰ τοιαῦτ' εἶναι μανθάνειν, τοῦτον ὑμῖν αὐτὸν παρέξομαι τὸν νόμον. Καί μοι ἀνάγνωθι.

Νόμος.

[9] Οὑτοσὶ ὁ νόμος, ὦ ἄνδρες, κοινὸς ἅπασι κεῖται, ἐξεῖναι τὰ ἑαυτοῦ διαθέσθαι, ἐὰν μὴ παῖδες ὦσι γνήσιοι ἄρρενες, ἐὰν μὴ ἄρα μανεὶς ἢ ὑπὸ γήρως ἢ δι' ἄλλο τι τῶν ἐν τῷ νόμῳ παρανοῶν διαθῆται. Ὅτι δ' οὐδενὶ τούτων ἔνοχος ἦν Φιλοκτήμων, βραχέα εἰπὼν δηλώσω ὑμῖν. Ὅστις γὰρ καὶ ἕως ἔζη τοιοῦτον πολίτην ἑαυτὸν παρεῖχεν, ὥστε διὰ τὸ ὑφ' ὑμῶν τιμᾶσθαι ἄρχειν ἀξιοῦσθαι, καὶ ἐτελεύτησε μαχόμενος τοῖς πολεμίοις, πῶς ἄν τις τοῦτον τολμήσειεν εἰπεῖν ὡς οὐκ εὖ ἐφρόνει;

 [10] Ὅτι μὲν οὖν διέθετο καὶ ἐποιήσατο εὖ φρονῶν, ἐξὸν αὐτῷ, ἀποδέδεικται ὑμῖν, ὥστε κατὰ μὲν τοῦτο ψευδῆ μεμαρτυρηκὼς Ἀνδροκλῆς ἀποδέδεικται· ἐπειδὴ δὲ προσδιαμεμαρτύρηκεν ὡς ὑὸν εἶναι γνήσιον Εὐκτήμονος τοῦτον, καὶ ταῦτ' ἀποδείξω ψευδῆ ὄντα. Εὐκτήμονι γάρ, ὦ ἄνδρες, τῷ Φιλοκτήμονος πατρί, τοὺς μὲν ὄντως γενομένους παῖδας, Φιλοκτήμονα καὶ Ἐργαμένην καὶ Ἡγήμονα καὶ δύο θυγατέρας, καὶ τὴν μητέρα αὐτῶν, ἣν ἔγημεν ὁ Εὐκτήμων, Μειξιάδου Κηφισιῶς θυγατέρα, πάντες οἱ προσήκοντες ἴσασι καὶ οἱ φράτορες καὶ τῶν δημοτῶν οἱ πολλοί, καὶ μαρτυρήσουσιν ὑμῖν· [11] ὅτι δ' οὐδ' ἄλλην τινὰ ἔγημε γυναῖκα, ἐξ ἧς τινος οἵδε αὐτῷ ἐγένοντο, οὐδεὶς τὸ παράπαν οἶδεν οὐδ' ἤκουσε πώποτε ζῶντος Εὐκτήμονος. Καίτοι τούτους εἰκὸς πιστοτάτους εἶναι νομίζειν μάρτυρας· τοὺς γὰρ οἰκείους εἰδέναι προσήκει τὰ τοιαῦτα. Καί μοι τούτους κάλει πρῶτον, καὶ τὰς μαρτυρίας ἀνάγνωθι.

 

 TESTAMENT. — TÉMOINS.

109 8. Vous venez d'entendre qu'il a testé et à quelles conditions il a adopté Chérestrate. Maintenant lui était-il permis d'agir ainsi? Sur ce point je vais vous produire la loi elle-même. C'est, je crois, le meilleur moyen de résoudre la question. Lis donc.

Loi.

[Il est permis de léguer ses biens à qui l'on veut, si l'on ne laisse pas d'enfants mâles légitimes; et si on laisse des filles, avec celles-ci, à moins qu'on ne soit en démence par l'effet soit de la vieillesse, soit des philtres, soit de la maladie, ou qu'on obéisse aux suggestions d'une femme, ou qu'on soit contraint par la force ou par la captivité].

9. Telle est la loi, juges, la même pour tous. Elle permet de disposer de ses biens par testament, si on n'a pas d'enfants légitimes mâles, pourvu qu'on ne soit pas en démence et qu'on n'ait pas la raison troublée, soit par la vieillesse, soit par une des autres causes que la loi indique. Philoctémon ne se trouvait dans aucun de ces cas d'empêchement. C'est ce que je vais vous montrer en peu de mots. L'homme qui, tant qu'il a vécu, s'est montré assez bon citoyen pour mériter votre estime, au point d'être jugé digne d'être archonte, et qui est mort en combattant contre l'ennemi, comment oserait-on soutenir qu'il n'était pas dans son bon sens?

10. Ainsi quand il a testé, quand il a adopté, il était dans son bon sens et faisait ce qu'il avait le droit de faire. Je viens de le prouver, et j'ai prouvé du même coup qu'Androclès a fait un faux témoignage. Mais comme il a déclaré en outre que cet homme ici présent est le fils légitime d'Euctémon, je vais encore prouver que cela est faux. En effet, juges, Euctémon, père de Philoctémon, a eu réellement trois fils : Philoctémon, 110 Ergamènè et Hégémon, et deux filles. Leur mère, la femme d'Euctémon, était fille de Mixiade de Céphisia; c'est ce que savent tous les parents et presque tous les membres de la phratrie et du dème, et ils en témoigneront devant vous. 11. Mais qu'il ait épousé une autre femme, dont seraient nés ces hommes que vous voyez, nul ne l'a su, ni même ouï-dire, du vivant d'Euctémon. Et pourtant ce sont là, à coup sûr, les témoins les plus dignes de foi, car c'est surtout des personnes de la maison que ces sortes de choses sont connues. Appelle-moi d'abord ces personnes, et donne lecture de leurs témoignages.

Μαρτυρίαι.

[12] Ἔτι τοίνυν καὶ τοὺς ἀντιδίκους ἐπιδείξω ἔργῳ ὑμῖν ταῦτα μεμαρτυρηκότας. Ὅτε γὰρ αἱ ἀνακρίσεις ἦσαν πρὸς τῷ ἄρχοντι καὶ οὗτοι παρακατέβαλον ὡς ὑπὲρ γνησίων τῶνδ' Εὐκτήμονος ὄντων, ἐρωτώμενοι ὑφ' ἡμῶν τίς εἴη αὐτῶν μήτηρ καὶ ὅτου θυγάτηρ οὐκ εἶχον ἀποδεῖξαι, διαμαρτυρομένων ἡμῶν καὶ τοῦ ἄρχοντος κελεύοντος ἀποκρίνασθαι κατὰ τὸν νόμον. Καίτοι ἄτοπον , ὦ ἄνδρες, ἀμφισβητεῖν μὲν ὡς ὑπὲρ γνησίων καὶ διαμαρτυρεῖν, μητέρα δὲ ἥτις ἦν μὴ ἔχειν ἀποδεῖξαι, μηδὲ προσήκοντα αὐτοῖς μηδένα. [13] Ἀλλὰ τότε μὲν Λημνίαν σκηψάμενοι ταύτην ἀναβολὴν ἐποιήσαντο· τὸ δ' ὕστερον ἥκοντες εἰς τὴν ἀνάκρισιν, πρὶν καί τινα ἐρέσθαι, εὐθὺς ἔλεγον ὅτι Καλλίππη μήτηρ, αὕτη δ' εἴη Πιστοξένου θυγάτηρ, ὡς ἐξαρκέσον εἰ ὄνομα μόνον πορίσαιντο τὸν Πιστόξενον. Ἐρομένων δ' ἡμῶν ὅστις εἴη καὶ εἰ ζῇ ἢ μή, ἐν Σικελίᾳ ἔφασαν ἀποθανεῖν στρατευόμενον, καταλιπόντα ταύτην θυγατέρα παρὰ τῷ Εὐκτήμονι, ἐξ ἐπιτροπευομένης δὲ τούτῳ γενέσθαι, πρᾶγμα πλάττοντες ἀναιδείᾳ ὑπερβάλλον καὶ οὐδὲ γενόμενον, ὡς ἐγὼ ὑμῖν ἀποφανῶ ἐκ τούτων πρῶτον ὧν αὐτοὶ ἀπεκρίναντο. [14] Τῇ μὲν γὰρ στρατιᾷ, ἀφ' οὗ ἐξέπλευσεν εἰς Σικελίαν, ἤδη ἐστὶ δύο καὶ πεντήκοντα ἔτη, ἀπὸ Ἀριμνήστου ἄρχοντος, τῷ δὲ πρεσβυτέρῳ τούτων, ὧν φασιν ἐκ τῆς Καλλίππης καὶ τοῦ Εὐκτήμονος εἶναι, οὔπω ὑπὲρ εἴκοσιν ἔτη. Ἀφελόντι οὖν ταῦτα ἀπὸ τῶν ἐν Σικελίᾳ ὑπολείπεται πλείω ἢ τριάκοντα ἔτη· ὥστ' οὔτ' ἐπιτροπεύεσθαι προσῆκε τὴν Καλλίππην ἔτι, τριακοντοῦτίν γε οὖσαν, οὔτε ἀνέκδοτον καὶ ἄπαιδα εἶναι, ἀλλὰ πάνυ πάλαι συνοικεῖν, ἢ ἐγγυηθεῖσαν κατὰ νόμον ἢ ἐπιδικασθεῖσαν. [15] Ἔτι δὲ καὶ γιγνώσκεσθαι αὐτὴν ὑπὸ τῶν Εὐκτήμονος οἰκείων ἀναγκαῖον ἦν καὶ ὑπὸ τῶν οἰκετῶν, εἴ πέρ γε συνῴκησεν ἐκείνῳ ἢ διῃτήθη τοσοῦτον χρόνον ἐν τῇ οἰκίᾳ. Τὰ γὰρ τοιαῦτα οὐκ εἰς τὴν ἀνάκρισιν μόνον δεῖ πορίζεσθαι ὀνόματα ἀλλὰ τῇ ἀληθείᾳ γεγονότα φαίνεσθαι καὶ ὑπὸ τῶν προσηκόντων καταμαρτυρεῖσθαι. [16] Ἀποδεῖξαι τοίνυν ἡμῶν κελευόντων ὅστις οἶδε τῶν Εὐκτήμονος οἰκείων ἢ συνοικήσασαν ἐκείνῳ τινὰ ἢ τὴν Καλλίππην ἐπιτροπευομένην, καὶ παρὰ τῶν ὄντων θεραπόντων τὸν ἔλεγχον ποιεῖσθαι, ἢ εἴ τις τῶν παρ' αὐτοῖς οἰκετῶν φάσκει ταῦτα εἰδέναι, ἡμῖν παραδοῦναι, οὔτε λαβεῖν ἠθέλησαν οὔθ' ἡμῖν παραδοῦναι. Καί μοι λαβὲ τήν τ' ἀπόκρισιν αὐτῶν καὶ τὰς ἡμετέρας μαρτυρίας καὶ προκλήσεις.

 

 TÉMOIGNAGES.

12. Maintenant je vais vous prouver en outre que nos adversaires eux-mêmes nous ont, en réalité, affirmé le même fait par leur témoignage. Quand se faisait l'instruction, devant l'archonte, et que nos adversaires consignèrent l'amende, soutenant formellement que ces hommes étaient enfants légitimes d'Euctémon, nous leur demandâmes qui était leur mère et de qui fille. Ils ne purent le dire, malgré notre protestation et quoique l'archonte leur enjoignît de répondre suivant la loi. [Pourtant, juges, c'est une inconséquence] de contester au nom d'enfants prétendus légitimes, de former une protestation et, en même temps, de ne pouvoir faire connaître ni la mère ni aucun parent de ces enfants. 13. Il prétendirent alors qu'elle était de Lemnos, et gagnèrent ainsi un peu de temps. Revenus ensuite à l'instruction sans même attendre d'être interrogés, ils déclarèrent spontanément que la mère s'appelait Callippe et qu'elle était fille de Pistoxène, comme s'il pouvait suffire de mettre en avant le seul nom de Pistoxène. « Qui est-ce? 111 leur demandions-nous, « est-il vivant ou mort? » « — II est mort dans l'expédition de Sicile, répondirent-ils, laissant cette fille chez Euctémon. Elle était encore sous la tutelle de ce dernier lorsqu'elle eut ces enfants ». Mensonge fabriqué dont l'impudence passe tout ce qui se peut imaginer; la chose n'est même pas possible, ainsi que je vais vous le montrer tout d'abord, par les réponses mêmes de ces hommes. 14. Depuis le jour où l'armée est partie pour cette expédition de Sicile, il s'est écoulé cinquante-deux ans. C'était sous l'archontat d'Arimneste, or l'aîné de ces hommes qu'ils prétendent être fils de Callippe et d'Euctémon n'a pas encore vingt uns. Si l'on déduit ces années du temps écoulé depuis les événements de Sicile, il reste plus de trente ans. Mais alors Callippe, qui aurait eu au moins trente ans, n'aurait pas pu être en tutelle, ni sans mari ni sans enfants. Elle aurait dû être mariée depuis longtemps, soit qu'elle eût été donnée ou adjugée suivant la loi. 15. Il y a plus. Elle aurait été nécessairement connue des personnes de la maison d'Euctémon, et des serviteurs, puisqu'elle aurait été depuis si longtemps la femme d'Euctémon, ou qu'elle aurait vécu dans sa maison. Il ne suffit pas de donner ainsi des noms dans l'instruction, il faut encore que les faits soient prouvés vrais, et que les parents en témoignent. 16. Or quand nous les avons sommés de faire connaître qui a su, dans la maison d'Euctémon, que Callippe a été sa femme ou sa pupille, de faire cette preuve par la question donnée à nos serviteurs, ou de nous livrer les esclaves qui affirmeraient savoir ces choses, ils n'ont consenti ni à prendre les nôtres ni à livrer les leurs. Prends leur réponse, et aussi nos témoignages et nos sommations.

Ἀπόκρισις. Μαρτυρίαι. Προκλήσεις.

[17] Οὗτοι μὲν τοίνυν τοιοῦτο πρᾶγμα ἔφυγον· ἐγὼ δ' ὑμῖν ἐπιδείξω καὶ ὅθεν εἰσὶ καὶ οἵτινες, οὓς γνησίους διεμαρτύρησαν εἶναι καὶ κληρονόμους ζητοῦσι καταστῆσαι τῶν Εὐκτήμονος. Ἴσως μέν ἐστιν ἀηδὲς Φανοστράτῳ, ὦ ἄνδρες, τὰς Εὐκτήμονος συμφορὰς φανερὰς καθεστάναι· ὀλίγα δ' ἀναγκαῖον ῥηθῆναι, ἵν' ὑμεῖς τὴν ἀλήθειαν εἰδότες ῥᾷον τὰ δίκαια ψηφίσησθε. [18] Εὐκτήμων μὲν γὰρ ἐβίω ἔτη ἓξ καὶ ἐνενήκοντα, τούτου δὲ τοῦ χρόνου τὸν μὲν πλεῖστον ἐδόκει εὐδαίμων εἶναι ικαὶ γὰρ οὐσία ἦν οὐκ ὀλίγη αὐτῷ καὶ παῖδες καὶ γυνή, καὶ τἆλλ' ἐπιεικῶς εὐτύχεἰ, ἐπὶ γήρως δὲ αὐτῷ συμφορὰ ἐγένετο οὐ μικρά, ἣ ἐκείνου πᾶσαν τὴν οἰκίαν ἐλυμήνατο καὶ χρήματα πολλὰ διώλεσε καὶ αὐτὸν τοῖς οἰκειοτάτοις εἰς διαφορὰν κατέστησεν. [19] Ὅθεν δὲ καὶ ὅπως ταῦτ' ἐγένετο, ὡς ἂν δύνωμαι διὰ βραχυτάτων δηλώσω.  Ἀπελευθέρα ἦν αὐτοῦ, ὦ ἄνδρες, ἣ ἐναυκλήρει συνοικίαν ἐν Πειραιεῖ αὐτοῦ καὶ παιδίσκας ἔτρεφε. Τούτων μίαν ἐκτήσατο ᾗ ὄνομα ἦν Ἀλκή, ἣν καὶ ὑμῶν οἶμαι πολλοὺς εἰδέναι. Αὕτη δὲ ἡ Ἀλκὴ ὠνηθεῖσα πολλὰ μὲν ἔτη καθῆστο ἐν οἰκήματι, ἤδη δὲ πρεσβυτέρα οὖσα ἀπὸ μὲν τοῦ οἰκήματος ἀνίσταται. [20] Διαιτωμένῃ δὲ αὐτῇ ἐν τῇ συνοικίᾳ συνῆν ἄνθρωπος ἀπελεύθερος, Δίων ὄνομα αὐτῷ, ἐξ οὗ ἔφη ἐκείνη τούτους γεγονέναι· καὶ ἔθρεψεν αὐτοὺς ὁ Δίων ὡς ὄντας ἑαυτοῦ. Χρόνῳ δὲ ὕστερον ὁ μὲν Δίων ζημίαν εἰργασμένος καὶ δείσας ὑπὲρ αὑτοῦ ὑπεχώρησεν εἰς Σικυῶνα· τὴν δ' ἄνθρωπον ταύτην, τὴν Ἀλκήν, καθίστησιν Εὐκτήμων ἐπιμελεῖσθαι τὴν ἐν Κεραμεικῷ συνοικίας, τῆς παρὰ τὴν πυλίδα, οὗ ὁ οἶνος ὤνιος. [21] Κατοικισθεῖσα δ' ἐνταυθοῖ πολλῶν καὶ κακῶν ἦρξεν, ὦ ἄνδρες. Φοιτῶν γὰρ ὁ Εὐκτήμων ἐπὶ τὸ ἐνοίκιον ἑκάστοτε τὰ πολλὰ διέτριβεν ἐν τῇ συνοικίᾳ, ἐνίοτε δὲ καὶ ἐσιτεῖτο μετὰ τῆς ἀνθρώπου, καταλιπὼν καὶ τὴν γυναῖκα καὶ τοὺς παῖδας καὶ τὴν οἰκίαν ἣν ᾤκει. Χαλεπῶς δὲ φερούσης τῆς γυναικὸς καὶ τῶν ὑέων οὐχ ὅπως ἐπαύσατο, ἀλλὰ τελευτῶν παντελῶς διῃτᾶτο ἐκεῖ, καὶ οὕτω διετέθη εἴθ' ὑπὸ φαρμάκων εἴθ' ὑπὸ νόσου εἴθ' ὑπ' ἄλλου τινός, ὥστε ἐπείσθη ὑπ' αὐτῆς τὸν πρεσβύτερον τοῖν παίδοιν εἰσαγαγεῖν εἰς τοὺς φράτορας ἐπὶ τῷ αὑτοῦ ὀνόματι. [22] Ἐπειδὴ δὲ οὔθ' ὁ ὑὸς αὐτῷ Φιλοκτήμων συνεχώρει οὔθ' οἱ φράτορες εἰσεδέξαντο, ἀλλ' ἀπηνέχθη τὸ κούρειον, ὀργιζόμενος ὁ Εὐκτήμων τῷ ὑεῖ καὶ ἐπηρεάζειν βουλόμενος ἐγγυᾶται γυναῖκα Δημοκράτους τοῦ Ἀφιδναίου ἀδελφήν, ὡς ἐκ ταύτης παῖδας ἀποφανῶν καὶ εἰσποιήσων εἰς τὸν οἶκον, εἰ μὴ συγχωροίη τοῦτον ἐᾶν εἰσαχθῆναι. [23] Εἰδότες δ' οἱ ἀναγκαῖοι ὅτι ἐξ ἐκείνου μὲν οὐκ ἂν ἔτι γένοιντο παῖδες ταύτην τὴν ἡλικίαν ἔχοντος, φανήσοιντο δ' ἄλλῳ τινὶ τρόπῳ, καὶ ἐκ τούτων ἔσοιντο ἔτι μείζους διαφοραί, ἔπειθον, ὦ ἄνδρες, τὸν Φιλοκτήμονα ἐᾶσαι εἰσαγαγεῖν τοῦτον τὸν παῖδα ἐφ' οἷς ἐζήτει ὁ Εὐκτήμων, χωρίον ἓν δόντα. [24] Καὶ ὁ Φιλοκτήμων αἰσχυνόμενος μὲν ἐπὶ τῇ τοῦ πατρὸς ἀνοίᾳ, ἀπορῶν δ' ὅ τι χρήσαιτο τῷ παρόντι κακῷ, οὐκ ἀντέλεγεν οὐδέν. Ὁμολογηθέντων δὲ τούτων, καὶ εἰσαχθέντος τοῦ παιδὸς ἐπὶ τούτοις, ἀπηλλάγη τῆς γυναικὸς ὁ Εὐκτήμων, καὶ ἐπεδείξατο ὅτι οὐ παίδων ἕνεκα ἐγάμει, ἀλλ' ἵνα τοῦτον εἰσαγάγοι. [25] Τί γὰρ ἔδει αὐτὸν γαμεῖν, ὦ Ἀνδρόκλεις, εἴ περ οἵδε ἦσαν ἐξ αὐτοῦ καὶ γυναικὸς ἀστῆς, ὡς σὺ μεμαρτύρηκας; Τίς γὰρ ἂν γνησίους ὄντας οἷός τε ἦν κωλῦσαι εἰσαγαγεῖν; Ἢ διὰ τί ἐπὶ ῥητοῖς αὐτὸν εἰσήγαγε, τοῦ νόμου κελεύοντος ἅπαντας τοὺς γνησίους ἰσομοίρους εἶναι τῶν πατρῴων; [26] Ἢ διὰ τί τὸν μὲν πρεσβύτερον τοῖν παίδοιν ἐπὶ ῥητοῖς εἰσήγαγε, τοῦ δὲ νεωτέρου ἤδη γεγονότος οὐδὲ λόγον ἐποιεῖτο ζῶντος Φιλοκτήμονος οὔτε πρὸς αὐτὸν ἐκεῖνον οὔτε πρὸς τοὺς οἰκείους; Οὓς σὺ νῦν διαρρήδην μεμαρτύρηκας γνησίους εἶναι καὶ κληρονόμους τῶν Εὐκτήμονος. Ταῦτα τοίνυν ὡς ἀληθῆ λέγω, ἀναγίγνωσκε τὰς μαρτυρίας.

Μαρτυρίαι.

[27] Μετὰ ταῦτα τοίνυν ὁ Φιλοκτήμων τριηραρχῶν περὶ Χίον ἀποθνήσκει ὑπὸ τῶν πολεμίων· ὁ δ' Εὐκτήμων ὕστερον χρόνῳ πρὸς τοὺς κηδεστὰς εἶπεν ὅτι βούλοιτο τὰ πρὸς τὸν ὑόν οἱ πεπραγμένα γράψας καταθέσθαι. Καὶ ὁ μὲν Φανόστρατος ἐκπλεῖν ἔμελλε τριηραρχῶν μετὰ Τιμοθέου, καὶ ἡ ναῦς αὐτῷ ἐξώρμει Μουνυχίασι, καὶ ὁ κηδεστὴς Χαιρέας παρὼν συναπέστελλεν αὐτόν· ὁ δ' Εὐκτήμων παραλαβών τινας ἧκεν οὗ ἐξώρμει ἡ ναῦς, καὶ γράψας διαθήκην, ἐφ' οἷς εἰσήγαγε τὸν παῖδα, κατατίθεται μετὰ τούτων παρὰ Πυθοδώρῳ Κηφισιεῖ, προσήκοντι αὑτῷ. [28] Καὶ ὅτι μέν, ὦ ἄνδρες, οὐχ ὡς περὶ γνησίων ἔπραττεν Εὐκτήμων, ὃ Ἀνδροκλῆς μεμαρτύρηκε, καὶ αὐτὸ τοῦτο ἱκανὸν τεκμήριον· τοῖς γὰρ φύσει ὑέσιν αὑτοῦ οὐδεὶς οὐδενὸς ἐν διαθήκῃ γράφει δόσιν οὐδεμίαν, διότι ὁ νόμος αὐτὸς ἀποδίδωσι τῷ ὑεῖ τὰ τοῦ πατρὸς καὶ οὐδὲ διαθέσθαι ἐᾷ ὅτῳ ἂν ὦσι παῖδες γνήσιοι. [29] Κειμένου δὲ τοῦ γραμματείου σχεδὸν δύ' ἔτη καὶ τοῦ Χαιρέου τετελευτηκότος, ὑποπεπτωκότες οἵδε τῇ ἀνθρώπῳ, καὶ ὁρῶντες ἀπολλύμενον τὸν οἶκον καὶ τὸ γῆρας καὶ τὴν ἄνοιαν τοῦ Εὐκτήμονος, ὅτι εἴη αὐτοῖς ἱκανὴ ἀφορμή, συνεπιτίθενται. [30] Καὶ πρῶτον μὲν πείθουσι τὸν Εὐκτήμονα τὴν μὲν διαθήκην ἀνελεῖν ὡς οὐ χρησίμην οὖσαν τοῖς παισί· τῆς γὰρ φανερᾶς οὐσίας οὐδένα κύριον ἔσεσθαι τελευτήσαντος Εὐκτήμονος ἄλλον ἢ τὰς θυγατέρας καὶ τοὺς ἐκ τούτων γεγονότας· εἰ δὲ ἀποδόμενός τι τῶν ὄντων ἀργύριον καταλίποι, τοῦτο βεβαίως ἕξειν αὐτούς. [31] Ἀκούσας δ' ὁ Εὐκτήμων εὐθὺς ἀπῄτει τὸν Πυθόδωρον τὸ γραμματεῖον, καὶ προσεκαλέσατο εἰς ἐμφανῶν κατάστασιν. Καταστάντος δὲ ἐκείνου πρὸς τὸν ἄρχοντα, ἔλεγεν ὅτι βούλοιτ' ἀνελέσθαι τὴν διαθήκην. [32] Ἐπειδὴ δ' ὁ Πυθόδωρος ἐκείνῳ μὲν καὶ τῷ Φανοστράτῳ παρόντι ὡμολόγει ἀναιρεῖν, τοῦ δὲ Χαιρέου τοῦ συγκαταθεμένου θυγάτηρ ἦν μία, ἧς ἐπειδὴ κύριος κατασταίη, τότε ἠξίου ἀνελεῖν, καὶ ὁ ἄρχων οὕτως ἐγίγνωσκε, διομολογησάμενος ὁ Εὐκτήμων ἐναντίον τοῦ ἄρχοντος καὶ τῶν παρέδρων καὶ ποιησάμενος πολλοὺς μάρτυρας ὡς οὐκέτ' αὐτῷ κέοιτο ἡ διαθήκη, ᾤχετο ἀπιών. [33] Καὶ ἐν πάνυ ὀλίγῳ χρόνῳ, οὗπερ ἕνεκα οὗτοι λῦσαι αὐτὸν ἔπεισαν, ἀποδίδοται ἀγρὸν μὲν Ἀθμονοῖ πέντε καὶ ἑβδομήκοντα μνῶν Ἀντιφάνει, τὸ δ' ἐν Σηραγγίῳ βαλανεῖον τρισχιλίων Ἀριστολόχῳ· οἰκίαν δὲ ἐν ἄστει τεττάρων καὶ τεσσαράκοντα μνῶν ὑποκειμένην ἀπέλυσε τῷ ἱεροφάντῃ. Ἔτι δὲ αἶγας ἀπέδοτο σὺν τῷ αἰπόλῳ τριῶν καὶ δέκα μνῶν, καὶ ζεύγη δύο ὀρικά, τὸ μὲν ὀκτὼ μνῶν τὸ δὲ πεντήκοντα καὶ πεντακοσίων δραχμῶν, καὶ δημιουργοὺς ὅσοι ἦσαν αὐτῷ. [34] Σύμπαντα δὲ πλείονος ἢ τριῶν ταλάντων, ἃ ἐπράθη διὰ ταχέων πάνυ τελευτήσαντος Φιλοκτήμονος. Καὶ ταῦθ' ὅτι ἀληθῆ λέγω, καθ' ἕκαστον ὑμῖν τῶν εἰρημένων πρῶτον καλῶ τοὺς μάρτυρας.

 

 RÉPONSES. — TÉMOIGNAGES. — SOMMATIONS.

17. Nos adversaires se sont donc ainsi dérobés. Je vais maintenant vous montrer moi, d'où ils viennent et qui sont ceux qui ont soutenu à l'appui de leur contestation que ces hommes sont enfants légitimes, et qu'ils veulent les faire déclarer héritiers d'Euctémon. Il est peut être pénible pour Phanostrate, juges, d'étaler aux yeux de tous les aventures d'Euctémon. Il est pourtant nécessaire d'en dire quelque chose, pour que, sachant la vérité, vous puissiez voter selon la justice. 18. Euctémon a vécu quatre-vingt-seize ans. Pendant la plus grande partie de ce temps il a paru jouir des faveurs de la fortune. — II avait en effet des richesses considérables, des enfants, une femme, et prospérait du reste à l'avenant — mais dans sa vieillesse il éprouva un malheur extraordinaire qui bouleversa toute sa maison  et qui lui fit perdre beaucoup d'argent et le brouilla avec ceux qui lui tenaient de plus près. 19. D'où et comment cela est-il venu? Je vais vous le dire, aussi brièvement que je pourrai. Il avait une affranchie, juges, qui  tenait pour lui une grande maison au Pirée et qui nourrissait des filles. Elle en acheta une qui s'appelait Alké et que sans doute beaucoup d'entre vous connaissent. Cette Alké, ainsi achetée, demeura là, en cellule, pendant de longues années. Elle n'était déjà plus jeune lorsqu'elle sortit de sa cellule. 20. Pendant qu'elle était dans celte maison, elle eut pour amant un certain affranchi nommé Dion, de qui elle soutint que ces hommes étaient fils, et Dion les a nourris comme étant de lui. Quelque temps après Dion fit un mauvais coup, prit peur et alla se cacher à Sicyone. Quant à cette Alké, Euctémon lui donna la garde d'une maison qu'il avait au Céramique, près de la poterne à l'endroit où on vend du vin. 21. Une fois établie là, juges, elle se remua beaucoup et fit beaucoup de mal 113 en effet, Euctémon, qui allait régulièrement toucher ses loyers, passait une grande partie du temps dans la maison, et prenait parfois ses repas avec cette créature, abandonnant sa femme, ses enfants, et la maison qu'il habitait. Quel que fût le chagrin de sa femme et de ses amis, non seulement il ne cessa pas de se rendre dans cette maison, mais il finit par y demeurer tout à fait.  Sa raison fut bientôt si fort altérée, soit par des philtres, soit par la maladie, soit par toute autre cause, qu'il se laissa persuader par cette femme d'adopter l'aîné des deux enfants de celle-ci et de l'introduire dans la phratrie sous son nom à lui. 22. Son fils Philoctémon ne consentait pas, les membres de la phratrie refusèrent l'admission, on emporta la victime. Alors Euctémon, furieux contre son fils et voulant lui faire une grosse injure, il fait donner en mariage la sœur de Démocrate d'Aphidia, annonçant l'intention de présenter comme siens et de faire entrer dans la maison les enfants qu'il aura de cette femme, si on ne le laisse pas y introduire le  fils d'Alké. 23. Les membres de la famille savaient bien qu'Euctémon n'aurait plus d'enfants, à son âge, mais il pouvait en supposer, par quelque fraude, et de là naîtraient des difficultés plus grandes encore. En conséquence, juges, ils conseillèrent à Philoctémon de laisser Euctémon introduire l'enfant, aux conditions qu'il voudrait, en lui donnant un domaine. 24. Et Philoctémon, tout en rougissant de la démence de son père, mais ne voyant pas d'autre parti à prendre dans cette pénible circonstance, ne persista pas dans son opposition. Le pacte étant conclu et l'enfant introduit à ces conditions, Euctémon ne donna pas suite au mariage, montrant ainsi qu'il avait voulu le faire non pour avoir des enfants mais afin d'introduire le fils d'Alké. 25. Dis-moi, en effet, Androclès, qu'avait-il besoin 114 de prendre une femme, s'il avait déjà des enfants, ces hommes, nés de lui et d'une citoyenne ainsi que tu l'as déclaré? S'ils étaient légitimes, qui donc aurait pu l'empêcher de les introduire, ou pourquoi en aurait-il introduit un à certaines conditions quand la loi veut que tous les enfants légitimes prennent chacun une part égale des biens paternels? 26. Ou bien pourquoi, après avoir introduit à certaines conditions l'aîné de ces deux enfants, n'a-t-il pas dit un seul mot du plus jeune. qui était déjà né, ni à Philoctémon tant que celui-ci a vécu, ni aux personnes de sa maison? Et voilà ceux que tu as affirmé, comme témoin, être les enfants légitimes et les héritiers d'Euctémon! Pour prouver que je dis vrai, lis les témoignages.

TÉMOIGNAGES.

27. Après cela, Philoctémon sert comme hiérarque dans l'expédition de Chios et meurt à l'ennemi. A la suite de cet événement Euctémon dit à ses gendres, qu'il voulait constater par écrit déposé en main tierce ce qu'il avait fait à l'égard de son fils. Phanostrate était sur le point de partir comme triérarque, avec Timothée. son navire devait sortir du port de Munychie, et son beau-frère Chéréas était là, l'accompagnant. Euctémon prit avec lui quelques personnes et vint à l'endroit d'où le navire allait être détaché, écrivit son testament, déclarant à quelles conditions il introduisait l'enfant, et le déposa en présence de ces témoins chez Pythodore de Céphisia, son parent. 28. En cela, juges, Euclémon ne traitait pas les enfants dont il s'agit comme ses enfants légitimes ; c'est ce qu'Androclès nous apprend par son témoignage, et c'est ce qui résulte du fait même.115 car jamais personne ne fait un testament pour disposer de ses biens en faveur des enfants nés de son sang. En effet, c'est la loi elle-même qui donne à l'enfant les biens de son père, et elle ne permet même pas de tester quand on laisse des enfants légitimes. 29. L'acte resta déposé pendant près de deux ans, et Chéréas étant mort, mes adversaires, s'étant mis au service de cette femme, voyant la maison sur le point de périr, Euctémon vieux et en démence, trouvent l'occasion belle et se mettent à l'œuvre. 30. Ils conseillent l'abord à Euctémon de supprimer le testament comme nulle pour les enfants. En effet, à la mort d'Euctémon les biens apparents ne passeront pas à d'autres qu'aux filles et à leurs descendants, tandis que s'il vend une partie de ce qu'il possède et laisse de l'argent comptant, les dits enfants prendront cet argent et le garderont. 31. Euctémon, averti par eux, redemanda aussitôt l'acte à Pythodore et assigna celui-ci on représentation du titre. Pythodore ayant comparu devant l'archonte, Euctémon dit qu'il voulait révoquer le testament. 32. Pythodore s'engagea envers lui et envers Phanostrate qui était présent, à détruire l'acte, mais déclara que Chéréas, l'un des déposants, ayant laissé une fille, il ne détruirait l'acte qu'en présence du représentant légal de celle-ci. L'archonte se prononça dans le même sens. Euctémon consentit à tout, devant l'archonte et ses assesseurs, prit plusieurs personnes à témoins qu'il n'avait plus de testament déposé et se relira. 33. Puis, dans un court espace de temps, faisant ce pourquoi on lui avait conseillé de se dégager, il vend son domaine d'Athmonon pour soixante et quinze mines à Antiphane, le bain sis à Sérangion pour trois mille drachmes à Aristoloque. Il avait sur une maison de ville une créance hypothécaire de quarante-quatre 116 mines, dues par le hiérophante, il se fit payer el donna mainlevée. En outre, il vendit des chèvres avec le chevrier pour treize mines, deux attelages de mules, l'un de huit mines, l'autre de cinq cent cinquante drachmes, et tout ce qu'il possédait d'ouvriers. 34. Le tout faisait plus de trois talents et fut vendu en toute hâte après la mort de Philoctémon. Pour prouver que je dis vrai j'appelle d'abord les témoins pour déposer sur chacun des faits que j'ai avancés

Μάρτυρες.

[35] Ταῦτα μὲν δὴ τοῦτον τὸν τρόπον εἶχε· περὶ δὲ τῶν ὑπολοίπων εὐθὺς ἐπεβούλευον, καὶ πάντων δεινότατον πρᾶγμα κατεσκεύασαν, ᾧ ἄξιόν ἐστι προσέχειν τὸν νοῦν. Ὁρῶντες γὰρ τὸν Εὐκτήμονα κομιδῇ ἀπειρηκότα ὑπὸ γήρως καὶ οὐδ' τῆς κλίνης ἀνίστασθαι δυνάμενον, ἐσκόπουν ὅπως καὶ τελευτήσαντος ἐκείνου δι' αὑτῶν ἔσοιτο ἡ οὐσία. [36] Καὶ τί ποιοῦσιν; Ἀπογράφουσι τὼ παῖδε τούτω πρὸς τὸν ἄρχοντα ὡς εἰσποιήτω τοῖς τοῦ Εὐκτήμονος ὑέσι τοῖς τετελευτηκόσιν, ἐπιγράψαντες σφᾶς αὐτοὺς ἐπιτρόπους, καὶ μισθοῦν ἐκέλευον τὸν ἄρχοντα τοὺς οἴκους ὡς ὀρφανῶν ὄντων, ὅπως ἐπὶ τοῖς τούτων ὀνόμασι τὰ μὲν μισθωθείη τῆς οὐσίας, τὰ δὲ ἀποτιμήματα κατασταθείη καὶ ὅροι τεθεῖεν ζῶντος ἔτι τοῦ Εὐκτήμονος, μισθωταὶ δὲ αὐτοὶ γενόμενοι τὰς προσόδους λαμβάνοιεν. [37] Καὶ ἐπειδὴ πρῶτον τὰ δικαστήρια ἐπληρώθη, ὁ μὲν ἄρχων προεκήρυττεν, οἱ δ' ἐμισθοῦντο. Παραγενόμενοι δέ τινες ἐξαγγέλλουσι τοῖς οἰκείοις τὴν ἐπιβουλήν, καὶ ἐλθόντες ἐδήλωσαν τὸ πρᾶγμα τοῖς δικασταῖς, καὶ οὕτως ἀπεχειροτόνησαν οἱ δικασταὶ μὴ μισθοῦν τοὺς οἴκους· εἰ δ' ἔλαθεν, ἀπωλώλει ἂν ἅπασα ἡ οὐσία. Καί μοι κάλει τοὺς παραγενομένους μάρτυρας.

Μάρτυρες.

[38] Πρὶν μὲν τοίνυν τούτους γνωρίσαι τὴν ἄνθρωπον καὶ μετ' ἐκείνης ἐπιβουλεῦσαι Εὐκτήμονι, οὕτω πολλὴν οὐσίαν ἐκέκτητο Εὐκτήμων μετὰ τοῦ ὑέος Φιλοκτήμονος, ὥστε ἅμα τά τε μέγιστα ὑμῖν λῃτουργεῖν ἀμφοτέρους τῶν τε ἀρχαίων μηδὲν πραθῆναι τῶν τε προσόδων περιποιεῖν, ὥστε ἀεί τι προσκτᾶσθαι· ἐπειδὴ δ' ἐτελεύτησε Φιλοκτήμων, οὕτω διετέθη ἡ οὐσία, ὥστε τῶν ἀρχαίων μηδὲ τὰ ἡμίσεα εἶναι λοιπὰ καὶ τὰς προσόδους ἁπάσας ἠφανίσθαι. [39] Καὶ οὐδὲ ταῦτα ἐξήρκεσεν αὐτοῖς διαφορῆσαι, ὦ ἄνδρες, ἀλλ' ἐπειδὴ καὶ ἐτελεύτησεν ὁ Εὐκτήμων, εἰς τοῦτο ἦλθον τόλμης ὥστ' ἐκείνου κειμένου ἔνδον τοὺς μὲν οἰκέτας ἐφύλαττον, ὅπως μηδεὶς ἐξαγγείλειε μήτε τοῖν θυγατέροιν μήτε τῇ γυναικὶ αὐτοῦ μήτε τῶν οἰκείων μηδενί, τὰ δὲ χρήματα ἔνδοθεν ἐξεφορήσαντο μετὰ τῆς ἀνθρώπου εἰς τὴν ὁμότοιχον οἰκίαν, ἣν ᾤκει μεμισθωμένος εἷς τούτων, Ἀντίδωρος ἐκεῖνος. [40] Καὶ οὐδ' ἐπειδὴ ἑτέρων πυθόμεναι ἦλθον αἱ θυγατέρες αὐτοῦ καὶ ἡ γυνή, οὐδὲ τότε εἴων εἰσιέναι, ἀλλ' ἀπέκλεισαν τῇ θύρᾳ, φάσκοντες οὐ προσήκειν αὐταῖς θάπτειν Εὐκτήμονα· καὶ οὐδ' εἰσελθεῖν ἐδύναντο, εἰ μὴ μόλις καὶ περὶ ἡλίου δυσμάς. [41] Εἰσελθοῦσαι δὲ κατέλαβον ἐκεῖνον μὲν ἔνδον ἔνδον κείμενον δευτεραῖον, ὡς ἔφασαν οἱ οἰκέται, τὰ δ' ἐκ τῆς οἰκίας ἅπαντα ἐκπεφορημένα ὑπὸ τούτων. Αἱ μὲν οὖν γυναῖκες, οἷον εἰκός, περὶ τὸν τετελευτηκότα ἦσαν· οὗτοι δὲ τοῖς ἀκολουθήσασι παραχρῆμα ἐπεδείκνυσαν τὰ ἔνδον ὡς εἶχε, καὶ τοὺς οἰκέτας πρῶτον ἠρώτων ἐναντίον τούτων ὅποι τετραμμένα εἴη τὰ χρήματα. [42] Λεγόντων δὲ ἐκείνων ὅτι οὗτοι ἐξενηνοχότες εἶεν εἰς τὴν πλησίον οἰκίαν, καὶ ἀξιούντων παραχρῆμα τῶνδε φωρᾶν κατὰ τὸν νόμον καὶ τοὺς οἰκέτας ἐξαιτούντων τοὺς ἐκφορήσαντας, οὐκ ἠθέλησαν τῶν δικαίων οὐδὲν ποιῆσαι. Καὶ ὅτι ἀληθῆ λέγω, λαβὲ ταυτὶ καὶ ἀνάγνωθι.

Μαρτυρίαι.

[43] Τοσαῦτα μὲν τοίνυν χρήματα ἐκ τῆς οἰκίας ἐκφορήσαντες, τοσαύτης δ' οὐσίας πεπραμένης τὴν τιμὴν ἔχοντες, ἔτι δὲ τὰς προσόδους τὰς ἐν ἐκείνῳ τῷ χρόνῳ γενομένας διαφορήσαντες, οἴονται καὶ τῶν λοιπῶν κύριοι γενήσεσθαι· καὶ εἰς τοῦτο ἀναιδείας ἥκουσιν, ὥστ' εὐθυδικίᾳ μὲν οὐκ ἐτόλμησαν εἰσελθεῖν, ἀλλὰ διεμαρτύρουν ὡς ὑπὲρ γνησίων ἅμα μὲν τὰ ψευδῆ ἅμα δὲ τἀναντία οἷς αὐτοὶ ἔπραξαν· [44] οἵτινες πρὸς μὲν τὸν ἄρχοντα ἀπέγραψαν αὐτοὺσσ ὡς ὄντας τὸν μὲν Φιλοκτήμονος τὸν δ' Ἐργαμένους, νῦν δὲ διαμεμαρτυρήκασιν Εὐκτήμονοσσ εἶναϊ. Καίτοι οὐδ' εἰ γνήσιοι ἦσαν, εἰσποίητοι δέ, ὡς οὗτοι ἔφασαν, οὐδ' οὕτω προσήκει αὐτοὺς Εὐκτήμονος εἶναι· ὁ γὰρ νόμος οὐκ ἐᾷ ἐπανιέναι, ἐὰν μὴ ὑὸν καταλίπῃ γνήσιον. Ὥστε καὶ ἐξ ὧν αὐτοὶ ἔπραξαν ἀνάγκη τὴν μαρτυρίαν ψευδῆ εἶναι. [45] Καὶ εἰ μὲν τότε διεπράξαντο μισθωθῆναι τοὺς οἴκους, οὐκ ἂν ἔτι ἦν τοῖσδε ἀμφισβητῆσαι· νῦν δὲ ἀποχειροτονησάντων τῶν δικαστῶν ὡς οὐδὲν αὐτοῖς προσῆκον, οὐδὲ ἀμφισβητῆσαι τετολμήκασιν, ἀλλὰ πρὸς ὑπερβολὴν ἀναισχυντίας προσμεμαρτυρήκασι τούτους εἶναι κληρονόμους, οὓς ὑμεῖς ἀπεχειροτονήσατε. [46] Ἔτι δὲ καὶ τοῦ μάρτυρος αὐτοῦ σκέψασθε τὴν τόλμαν καὶ ἀναίδειαν, ὅστις εἴληχε μὲν αὑτῷ τῆς θυγατρὸς τῆς Εὐκτήμονος ὡς οὔσης ἐπικλήρου, καὶ αὐτοῦ τοῦ κλήρου τοῦ Εὐκτήμονος πέμπτου μέρους ὡς ἐπιδίκου ὄντος, μεμαρτύρηκε δ' Εὐκτήμονος ὑὸν εἶναι γνήσιον. Καίτοι πῶς οὗτος οὐ σαφῶς ἐξελέγχει αὐτὸς αὑτὸν τὰ ψευδῆ μεμαρτυρηκότα; Οὐ γὰρ δήπου γνησίου ὄντος ὑέος Εὐκτήμονι ἐπίκληρος ἂν ἦν ἡ θυγάτηρ αὐτοῦ, οὐδὲ ὁ κλῆρος ἐπίδικος. Ὡς τοίνυν ἔλαχε ταύτας τὰς λήξεις, ἀναγνώσεται ὑμῖν τὰς μαρτυρίας.

 

 TÉmoins.

35. Ainsi s'accomplit cette opération. Aussitôt après mes adversaires songèrent à mettre la main sur le reste et ourdirent la fraude la plus énorme. Ceci mérite votre attention. Voyant Euctémon cassé de vieillesse et ne pouvant même plus quitter son lit, ils cherchaient les moyens de s'approprier sa fortune le jour où il viendrait à mourir. Comment donc s'y prennent-ils? 36. Ils déclarent à l'archonte ces deux enfants comme fils adoplifs des fils d'Euctémon, déjà décèdes, en s'inscrivant eux-mêmes comme tuteurs, et requièrent l'archonte de mettre en adjudication le bail à loyer des patrimoines, comme de biens d'orphelins; ils veulent qu'une partie des biens soit ainsi louée comme appartenant à ces enfants, que les hypothèques soient constituées au profit de ces mêmes enfants, et que les enseignes soient mises dans les mêmes termes, et ce du vivant d'Euctémon ; pour eux ils seront preneurs et recevront les revenus. 37. Dès que les tribunaux furent constitués, l'archonte fit publier la mise en adjudication et mes adversaires se portèrent enchérisseurs. Mais quelques personnes présentes avertirent de cette 117  manœuvre les gens de notre maison, et entrèrent au tribunal où elles dénoncèrent aux juges ce qui se tramait. Les juges émirent alors un vote interdisant la mise en adjudication des patrimoines. Si la manœuvre n'avait pas été découverte, la fortune entière était perdue. Appelle les témoins qui étaient alors présents.

Temoins.

38. Avant que mes adversaires n'eussent fait la connaissance de cette femme et n'eussent comploté avec elle contre Euctémon, celui-ci possédait en commun avec son fils Philoctémon une fortune si considérable que l'un et l'autre pouvaient à la fois supporter les plus fortes liturgies, ne rien aliéner de leur capital et mettre en réserve une partie de leurs revenus, de manière à s'enrichir constamment. Mais après la mort de Philopémon cette fortune fut mise en un tel état qu'il ne resta pas la moitié des capitaux et que tous les revenus disparurent. 39. Et ils ne se contentèrent pas, juges, d'avoir commis un tel pillage. A la mort d'Euctémon ils en vinrent à un tel comble d'audace que, le corps étant encore dans la maison, ils retinrent les esclaves sous bonne garde pour empêcher qu'aucun d'eux n'allât apprendre la nouvelle aux filles du défunt, ou à sa mère ou à quelque personne de sa maison. Avec l'aide de cette créature ils enlevèrent tout ce qui se trouvait dans la maison et le transportèrent dans la maison contiguë, louée et habitée par un d'entre eux, par cet Anydore. 40. Et quand arrivèrent, instruites par d'autres, les filles et la femme d'Euctémon, ils ne les laissèrent pas entrer, pas même alors, et leur fermèrent la porte, disant très haut que ce n'était pas à elles qu'il apparte- 118 nait de rendre à Euctémon les derniers devoirs. Elles ne purent entrer qu'à grand-peine, au coucher du soleil. 41. Étant entrées elles trouvèrent Euctémon décédé depuis la veille, au dire des esclaves, et tout ce qu'il y avait dans la maison enlevé par ces hommes. Les femmes, selon l'usage, restèrent autour du corps, mais mes amis signalèrent aussitôt à ceux qui les accompagnaient l'état de la maison à l'intérieur, et demandèrent d'abord aux serviteurs, en présence de mes adversaires, où étaient passés les meubles. 42. On leur répondit que mes adversaires avaient tout emporté dans la maison contiguë. Mes amis requirent à l'instant même une perquisition, suivant la loi, et demandèrent qu'on leur livrât les esclaves qui avaient emporté les objets, mais ces hommes ne voulurent faire droit à aucune demande. Pour prouver que je dis vrai prends les pièces que voici et donnes-en lecture.

TÉMOIGNAGES. — INVENTAIRE. — SOMMATION.

43. Après avoir enlevé de la maison un si grand nombre d'objets, ayant entre les mains le prix de tant de biens vendus, ayant en outre détourné à leur profit les revenus échus pendant tout ce temps, ils croient qu'ils vont encore se rendre maîtres du reste. Ils en sont venus à ce comble d'impudence que n'osant pas présenter devant vous par l'action directe, ils ont formé une protestation comme pour des enfants légitimes, alléguant des faits faux en contradiction avec ce qu'eus- mêmes avaient fait antérieurement. 44. Après avoir fait inscrire ces deux enfants devant l'archonte comme étant fils l'un de Philoctémon, l'autre d'Ergamène, maintenant ils disent dans leur protestation que ce 119 sont les fils d'Euctémon. Pourtant fussent-ils enfants légitimes (d'Euctémon), adoptés ensuite (par les fils d'Euctémon), comme l'ont dit mes adversaires, en ce cas même il ne suivrait pas de là que le lien qui les rattachait à Euctémon subsiste encore. En effet, la loi ne permet à l'adopté de retourner dans sa famille naturelle que s'il laisse dans sa famille adoptive un fils légitime. Il résulte donc nécessairement de leurs propres actes que leur témoignage est faux. 45. S'ils avaient réussi dans le temps à faire adjuger le bail des patrimoines, mes amis ne pourraient plus revendiquer. Mais aujourd'hui, quand les juges ont repoussé leur demande par ce motif qu'ils sont sans qualité, ils n'ont pas même osé former une revendication, et en sont venus à ce comble d'impudence d'affirmer par leur témoignage que les héritiers sont ceux-là mêmes que vous avez repoussés par vos votes.

46. Mais voyez l'audace et l'impudence du témoin lui-même. Un jour il a revendiqué pour lui la fille d'Euctémon comme étant épiclère, avec une part de la succession d'Euctémon comme devant être adjugée par justice; un autre jour il a témoigné qu'il existait un fils légitime d'Euctémon. Ne se trahit-il pas ainsi lui- même comme faux témoin? Car enfin, s'il existe un fils légitime d'Euctémon, la fille de celui-ci n'est pas épiclère, et la succession n'est pas à régler par justice. Pour vous prouver qu'il a intenté ces actions, on va vous lire les témoignages.

Μαρτυρίαι.

[47] Τοὐναντίον τοίνυν συμβέβηκεν ἢ ὡς ὁ νόμος γέγραπται· ἐκεῖ μὲν γὰρ ἐστι νόθῳ μηδὲ νόθῃ εἶναι ἀγχιστείαν μήθ' ἱερῶν μήθ' ὁσίων ἀπ' Εὐκλείδου ἄρχοντος, Ἀνδροκλῆς δὲ καὶ Ἀντίδωρος οἴονται δεῖν, ἀφελόμενοι τὰς Εὐκτήμονος θυγατέρας τὰς γνησίας καὶ τοὺς ἐκ τούτων γεγονότας, τόν τε Εὐκτήμονος οἶκον καὶ τὸν Φιλοκτήμονος ἔχειν. [48] Καὶ ἡ διαφθείρασα τὴν Εὐκτήμονος γνώμην καὶ πολλῶν ἐγκρατὴς γενομένη οὕτως ὑβρίζει σφόδρα πιστεύουσα τούτοις, ὥστε οὐ μόνον τῶν Εὐκτήμονος οἰκείων καταφρονεῖ, ἀλλὰ καὶ τῆς πόλεως ἁπάσης. Ἀκούσαντες δὲ ἓν μόνον σημεῖον ῥᾳδίως γνώσεσθε τὴν ἐκείνης παρανομίαν. Καὶ μοι λαβὲ τοῦτον τὸν νόμον.

Νόμος.

[49] Ταυτὶ τὰ γράμματα, ὦ ἄνδρες, ὑμεῖς, οὕτω σεμνὰ καὶ εὐσεβῆ ἐνομοθετήσατε, περὶ πολλοῦ ποιούμενοι καὶ πρὸς ταύτας καὶ πρὸς τοὺς ἄλλους θεοὺς εὐσεβεῖν· ἡ δὲ τούτων μήτηρ, οὕτως ὁμολογουμένως οὖσα δούλη καὶ ἅπαντα τὸν χρόνον αἰσχρῶς βιοῦσα, [50] ἣν οὔτε παρελθεῖν εἴσω τοῦ ἱεροῦ ἔδει οὔτ' ἰδεῖν τῶν ἔνδον οὐδέν, οὔσης τῆς θυσίας ταύταις ταῖς θεαῖς ἐτόλμησε συμπέμψαι τὴν πομπὴν καὶ εἰσελθεῖν εἰς τὸ ἱερὸν καὶ ἰδεῖν ἃ οὐκ ἐξῆν αὐτῇ. Ὡς δὲ ἀληθῆ λέγω, ἐκ τῶν ψηφισμάτων γνώσεσθε ἃ ἐψηφίσατο ἡ βουλὴ περὶ αὐτῆς. Λαβὲ τὸ ψήφισμα.

Ψήφισμα.

[51] Ἐνθυμεῖσθαι τοίνυν χρή, ὦ ἄνδρες, πότερον δεῖ τὸν ἐκ ταύτης τῶν Φιλοκτήμονος εἶναι κληρονόμον καὶ ἐπὶ τὰ μνήματα ἰέναι χεόμενον καὶ ἐναγιοῦντα, ἢ τὸν ἐκ τῆς ἀδελφῆς τοῦτον, ὃν ὑὸν αὐτὸς ἐποιήσατο· καὶ πότερον δεῖ τὴν ἀδελφὴν Φιλοκτήμονος, ἣ Χαιρέᾳ συνῴκησε, νῦν δὲ χηρεύει, ἐπὶ τούτοις γενέσθαι ἢ ἐκδοῦναι ὅτῳ βούλονται ἢ ἐᾶν καταγηράσκειν, ἢ γνησίαν οὖσαν ὑφ' ὑμῶν ἐπιδικασθεῖσαν συνοικεῖν ὅτῳ ἂν ὑμῖν δοκῇ. [52] Ἡ γὰρ ψῆφός ἐστι περὶ τούτων νυνί. Τουτὶ γὰρ αὐτοῖς ἡ διαμαρτυρία δύναται, ἵν' ὁ κίνδυνος τοῖσδε μὲν ᾖ περὶ πάντων, οὗτοι δὲ κἂν νῦν διαμάρτωσι τοῦ ἀγῶνος, δόξῃ δὲ ὁ κλῆρος ἐπίδικος εἶναι, ἀντιγραψάμενοι δὶς περὶ τῶν αὐτῶν ἀγωνίζωνται, καίτοι εἰ μὲν διέθετο Φιλοκτήμων μὴ ἐξὸν αὐτῷ, τοῦτ' αὐτὸ ἐχρῆν διαμαρτυρεῖν, ὡς οὐ κύριος ἦν ὑὸν τόνδε ποιήσασθαι· εἰ δ' ἔξεστι μὲν διαθέσθαι, ἀμφισβητεῖ δὲ ὡς οὐ δόντος οὐδὲ διαθεμένου, μὴ διαμαρτυρίᾳ κωλύειν ἀλλ' εὐθυδικίᾳ εἰσιέναι. [53] Νῦν δὲ πῶς ἄν τις περιφανέστερον ἐξελεγχθείη τὰ ψευδῆ μεμαρτυρηκὼς ἢ εἴ τις αὐτὸν ἔροιτο Ἀνδρόκλεις, πῶς οἶσθα Φιλοκτήμον' ὅτι οὔτε διέθετο οὔτε ὑὸν Χαιρέστρατον ἐποιήσατο; Οἷς μὲν γάρ τις παρεγένετο, δίκαιον, ὦ ἄνδρες, μαρτυρεῖν, οἷς δὲ μὴ παρεγένετο ἀλλ' ἤκουσέ τινος, ἀκοὴν μαρτυρεῖν· [54] σὺ δ' οὐ παραγενόμενος διαρρήδην μεμαρτύρηκας ὡς οὐ διέθετο Φιλοκτήμων, ἀλλ' ἄπαις ἐτελεύτησε. Καίτοι πῶς οἷόν τε εἰδέναι, ὦ ἄνδρες; Ὅμοιον γὰρ ὥσπερ ἂν εἰ φαίη εἰδέναι, καὶ μὴ παραγενόμενος, ὅσα ὑμεῖς πάντες πράττετε. Οὐ γὰρ δὴ τοῦτό γε ἐρεῖ, καίπερ ἀναίσχυντος ὤν, ὡς ἅπασι παρεγένετο καὶ πάντ' οἶδεν ὅσα Φιλοκτήμων ἐν τῷ βίῳ διεπράξατο. [55] Πάντων γὰρ αὐτὸν ἐκεῖνος ἔχθιστον ἐνόμιζε διά τε τὴν ἄλλην πονηρίαν, καὶ διότι τῶν συγγενῶν μόνος μετὰ τῆς Ἀλκῆς ἐκείνης τούτῳ καὶ τοῖς ἄλλοις συνεπιβουλεύσας τοῖς τοῦ Εὐκτήμονος χρήμασι τοιαῦτα διεπράξατο, οἷά περ ὑμῖν ἀπέδειξα.

 

 TÉMOIGNAGES.

47. Ainsi il est arrivé le contraire de ce qui est écrit dans la loi. Elle porte que ni le fils ni la fille illégitimes » auront aucun droit de parenté étroite, ni au point de 120 vue religieux, ni au point de vue civil, à partir de l'archontat d'Euclide. Or, Androclès et Antidore prétendent dépouiller les filles légitimes d'Euctémon et les descendants d'elles et recueillir le patrimoine d'Euctémon et celui de Philoctémon. 48. Et cette femme qui a bouleversé la raison d'Euctémon, qui a si bien fait sa main, s'est tellement enflée d'orgueil, appuyée qu'elle est par ces hommes, qu'elle traite avec mépris non seulement les personnes de la maison d'Euctémon, mais encore la ville entière ! En voici une marque qui vous fera comprendre à elle seule à quel point elle foule aux pieds toutes les lois. Prends-moi cette loi.

Loi.

[Les enfants illégitimes, fils ou filles, n'auront aucun droit de parenté étroite, ni au point de vue religieux, ni au point de vue civil, à partir de l'archontat d'Euclide].

49. Voilà, juges, les lois que vous avez faites, lois augustes et vénérables; tant vous attachiez d'importance à manifester votre piété envers les déesses comme envers tous les autres dieux ! Eh bien ! la mère de ces hommes, reconnue de condition servile, ayant toujours mené une vie honteuse, 50. n'ayant le droit ni d'entrer dans l'enceinte du temple, ni de voir ce qui s'y passait a osé, le jour d'un sacrifice offert à ces déesses, accompagner la procession, entrer dans le temple et voir ce qu'il ne lui était pas permis de voir. Vous trouverez la preuve de ce que je dis dans les décrets que le sénat a rendus à son égard. Prends le décret.

DÉcret.

51. Maintenant donc, juges, pensez-y bien. Faut-il que le fils de cette femme soit l'héritier des biens de 121 Philoctémon et qu'il aille verser des libations, accomplir les sacrifices sur les tombeaux? Sera-ce lui ou bien le fils de la sœur, cet homme que Philoctémon lui-même a adopté pour son fils? Faut-il que la sœur de Philoctémon, qui a été l'épouse de Chéréas, aujourd'hui veuve, soit abandonnée à la discrétion de ces hommes, qui auront le choix ou de la marier à qui ils voudront, ou de la laisser vieillir seule, ou bien devra-t-elle, comme fille légitime adjugée par vous, épouser qui bon vous semblera? 52. Voilà les questions sur lesquelles va s'ouvrir le vote. Voilà, pour ces hommes, à quoi a servi la protestation. Tandis que mes amis courent le danger dont je parle, ces hommes, fussent-ils vaincus dans la lutte actuelle, fût-il jugé qu'il y a lieu de procéder à l'adjudication de la succession, pourront encore former une action contraire à la nôtre, et plaider ainsi deux fois sur le même objet. Pourtant, si Philoctémon a lesté sans en avoir le droit, c'est à cela qu'il fallait s'opposer par la protestation et dire qu'il n'était pas le maître d'adopter Chérestrate pour fils. Si au contraire Philoctémon avait le droit de lester, et si le doute porte uniquement sur l'existence, en fait, d'une donation ou d'un testament, il fallait non pas arrêter tout par une protestation mais introduire devant vous une action directe. 53. Maintenant, comment prouver le faux témoignage d'une manière plus éclatante qu'en adressant à cet homme la question suivante : « Androclès, comment sais-tu que Philoctémon n'a ni fait un testament, ni adopté Chérestrate? » Celui- là est un témoin, juges, qui rapporte les faits auxquels il a assisté; pour ceux auxquels il n'assistait pas, qu'il a seulement entendu rapporter, il n'est qu'un témoin par ouï-dire. 54. Et toi, qui n'y étais pas, tu as expressément déclaré, que Philoctémon n'a pas fait de testa - 122 ment et qu'il est mort sans enfants. Comment peut-il le savoir, juges? C'est comme s'il prétendait savoir tout ce que vous faites, sans avoir été là. Car enfin il ne viendra pas dire, quelle que soit son impudence, qu'il a toujours été là, et qu'il sait tout ce que Philoctémon a fait dans sa vie. 55. En effet, Philoctémon n'avait pas d'ennemi qu'il détestât davantage, d'abord pour sa méchanceté, et ensuite parce que seul de toute la famille il s'était joint à cette Alké pour comploter contre Chérestrate et les autres, et avait fait disparaître les biens d'Euctémon, comme je vous l'ai fait voir.

[56] Πάντων δὲ μάλιστα ἀγανακτῆσαί ἐστιν ἄξιον, ὅταν οὗτοι καταχρῶνται τῷ Εὐκτήμονος ὀνόματι τοῦ τουδὶ πάππου. Εἰ γάρ, ὡς οὗτοι λέγουσι, τῷ μὲν Φιλοκτήμονι μὴ ἐξῆν διαθέσθαι, τοῦ δ' Εὐκτήμονός ἐστιν ὁ κλῆρος, πότερον δικαιότερον τῶν Εὐκτήμονος κληρονομεῖν τὰς ἐκείνου θυγατέρας, ὁμολογουμένως οὔσας γνησίας, καὶ ἡμᾶς τοὺς ἐκ τούτων γεγονότας, ἢ τοὺς οὐδὲν προσήκοντας, οἳ οὐ μόνον ὑφ' ἡμῶν ἐλέγχονται, [57] ἀλλὰ καὶ ἐξ ὧν αὐτοὶ ἐπίτροποι διαπεπραγμένοι εἰσί; Τοῦτο γὰρ ὑμῶν δέομαι καὶ ἱκετεύω σφόδρα μεμνῆσθαι, ὦ ἄνδρες, ὅπερ ὀλίγῳ πρότερον ἀπέδειξα ὑμῖν, ὅτι Ἀνδροκλῆς οὑτοσὶ φησὶ μὲν εἶναι ἐπίτροπος αὐτῶν ὡς ὄντων γνησίων Εὐκτήμονος, εἴληχε δ' αὐτὸς ἐφ' ἑαυτῷ τοῦ Εὐκτήμονος κλήρου καὶ τῆς θυγατρὸς αὐτοῦ ὡς οὔσης ἐπικλήρου· καὶ ταῦτα μεμαρτύρηται ὑμῖν. [58] Καίτοι πῶς οὐ δεινόν, ὦ ἄνδρες, πρὸς θεῶν Ὀλυμπίων, εἰ μὲν οἱ παῖδές εἰσι γνήσιοι, τὸν ἐπίτροπον ἑαυτῷ λαγχάνειν τοῦ Εὐκτήμονος κλήρου καὶ τῆς θυγατρὸς αὐτοῦ ὡς οὔσης ἐπιδίκου, εἰ δὲ μή εἰσι γνήσιοι, νῦν διαμεμαρτυρηκέναι ὡς εἰσὶ γνήσιοι; Ταῦτα γὰρ αὐτὰ ἑαυτοῖς ἐναντία ἐστίν. Ὥστ' οὐ μόνον ὑφ' ἡμῶν ἐλέγχεται τὰ ψευδῆ διαμεμαρτυρηκώς, ἀλλὰ καὶ ἐξ ὧν αὐτὸς πράττει. [59] Καὶ τούτῳ μὲν οὐδεὶς διαμαρτυρεῖ μὴ ἐπίδικον εἶναι τὸν κλῆρον, ἀλλ' εὐθυδικίᾳ εἰσιέναι ἐξῆν , οὗτος δ' ἅπαντας ἀποστερεῖ τῆς ἀμφισβητήσεως. Καὶ διαρρήδην μαρτυρήσας γνησίους τοὺς παῖδας εἶναι, οἴεται ἐξαρκέσειν ὑμῖν παρεκβάσεις, ἐὰν δὲ τοῦτο μὲν μηδ' ἐγχειρήσῃ ἐπιδεικνύναι ἢ καὶ κατὰ μικρόν τι ἐπιμνησθῇ, ἡμῖν δὲ λοιδορήσηται μεγάλῃ τῇ φωνῇ καὶ λέγῃ ὡς εἰσὶν οἵδε μὲν πλούσιοι αὐτὸς δὲ πένης, διὰ δὲ ταῦτα δόξειν τοὺς παῖδας εἶναι γνησίους. [60] Τῆς δὲ τούτων οὐσίας, ὦ ἄνδρες, εἰς τὴν πόλιν πλείω ἀναλίσκεται ἢ εἰς αὐτοὺς τούτους. Καὶ Φανόστρατος μὲν τετριηράρχηκεν ἑπτάκις ἤδη, τὰς δὲ λῃτουργίας ἁπάσας λελῃτούργηκε καὶ τὰς πλείστας νίκας νενίκηκεν· οὑτοσὶ δὲ Χαιρέστρατος τηλικοῦτος ὢν τετριηράρχηκε, κεχορήγηκε δὲ τραγῳδοῖς, γεγυμνασιάρχηκε δὲ λαμπάδι· καὶ τὰς εἰσφορὰς εἰσενηνόχασιν ἀμφότεροι πάσας ἐν τοῖς τριακοσίοις. Καὶ τέως μὲν δύ' ὄντες, νῦν δὲ καὶ ὁ νεώτερος οὑτοσὶ χορηγεῖ μὲν τραγῳδοῖς, εἰς δὲ τοὺς τριακοσίους ἐγγέγραπται καὶ εἰσφέρει τὰς εἰσφοράς. [61] Ὥστ' οὐ φθονεῖσθαί εἰσιν ἄξιοι, ἀλλὰ πολὺ μᾶλλον νὴ Δία καὶ τὸν Ἀπόλλω οὗτοι, εἰ λήψονται ἃ μὴ προσήκει αὐτοῖς. Τοῦ γὰρ Φιλοκτήμονος κλήρου ἂν μὲν ἐπιδικάσηται ὅδε, ὑμῖν αὐτὸν ταμιεύσει, τὰ προσταττόμενα λῃτουργῶν ὥσπερ καὶ νῦν καὶ ἔτι μᾶλλον· ἐὰν δ' οὗτοι λάβωσι, διαφορήσαντες ἑτέροις ἐπιβουλεύσουσι. 

[62] Δέομαι οὖν ὑμῶν, ὦ ἄνδρες, ἵνα μὴ ἐξαπατηθῆτε, τῇ διαμαρτυρίᾳ τὸν νοῦν προσέχειν περὶ ἧς τὴν ψῆφον οἴσετε· καὶ πρὸς ταύτην αὐτὸν κελεύετε τὴν ἀπολογίαν ποιεῖσθαι, ὥσπερ καὶ ἡμεῖς κατηγορήσαμεν. Γέγραπται ὡς οὐκ ἔδωκεν οὐδὲ διέθετο Φιλοκτήμων· τοῦτο ἐπιδέδεικται ψεῦδος ὄν· καὶ γὰρ ὁ δοὺς καὶ ὁ διαθέμενος καὶ μαρτυροῦσιν οἱ παραγενόμενοι. [63] Τί ἔτι; Τελευτῆσαι ἄπαιδα Φιλοκτήμονα. Πῶς οὖν ἄπαις ἦν ὅστις τὸν ἑαυτοῦ ἀδελφιδοῦν ὑὸν ποιησάμενος κατέλιπεν, ᾧ ὁμοίως ὁ νόμος τὴν κληρονομίαν ἀποδίδωσι καὶ τοῖς ἐξ αὐτοῦ γενομένοις; Καὶ διαρρήδην ἐν τῷ νόμῳ γέγραπται, ἐὰν ποιησαμένῳ παῖδες ἐπιγένωνται, τὸ μέρος ἑκάτερον ἔχειν τῆς οὐσίας καὶ κληρονομεῖν ὁμοίως ἀμφοτέρους. [64] Ὡς οὖν εἰσὶ γνήσιοι οἱ παῖδες οἵδε, τοῦτ' αὐτὸ ἐπιδεικνύτω, ὥσπερ ἂν ὑμῶν ἕκαστος. Οὐ γὰρ ἂν εἴπῃ μητρὸς ὄνομα, γνήσιοί εἰσιν, ἀλλ' ἐὰν ἐπιδεικνύῃ ὡς ἀληθῆ λέγει, τοὺς συγγενεῖς παρεχόμενος τοὺς εἰδότας συνοικοῦσαν τῷ Εὐκτήμονι τοὺς δημότας καὶ τοὺς φράτορας, εἴ τι ἀκηκόασι πώποτε ἢ ἴσασιν ὑπὲρ αὐτῆς Εὐκτήμονα λῃτουργήσαντα, ἔτι δὲ ποῦ τέθαπται, ἐν ποίοις μνήμασι, [65] καὶ τίς εἶδε τὰ νομιζόμενα ποιοῦντα Εὐκτήμονα· ποῖ δ' ἔτ' ἰόντες οἱ παῖδες ἐναγίζουσι καὶ χέονται, καὶ τίς εἶδε ταῦτα τῶν πολιτῶν ἢ τῶν οἰκετῶν τῶν Εὐκτήμονος. Ταῦτα γάρ ἐστιν ἔλεγχος ἅπαντα, καὶ οὐ λοιδορία. Καὶ ἐὰν περὶ αὐτοῦ τούτου κελεύητε ἐπιδεικνύναι ὥσπερ καὶ διεμαρτύρησεν, ὑμεῖς τε τὴν ψῆφον ὁσίαν καὶ κατὰ τοὺς νόμους θήσεσθε, τοῖσδέ τε τὰ δίκαια γενήσεται.

 

 56. Mais ce qu'il y a de plus intolérable, c'est de voir ces hommes abuser du nom d'Euctémon, le grand-père de Chérestrate. Supposons que, comme ils le disent, Philoctémon n'ait pas eu le droit de tester, et qu'il s'agisse de la succession d'Euctémon, lequel est le plus juste? ou que la succession d'Euctémon soit recueillie par ses filles dont la légitimité n'est pas contestée et par nous qui descendons d'elles, ou qu'elle aille à des étrangers, 57. démasqués non seulement par nous, mais encore par tout ce qu'ont fait leurs tuteurs eux- mêmes? Rappelez-vous, juges, je vous en prie et je vous en conjure, ce que je vous ai prouvé tout à l'heure : Androclès que voici dit être le tuteur décès jeunes gens, qu'il prétend fils légitimes d'Euctémon, el d'autre part il a réclamé pour lui-même l'héritage d'Euctémon et la personne de sa fille qualifiée d'épiclère. Cela aussi vous a été déclaré par des témoins. 58. N'est-ce pas le comble de l'inconséquence, juges, par tous les dieux de l'Olympe? Si ces enfants sont légitimes, comment le tuteur peut-il réclamer pour lui- même la succession, et la fille d'Euctémon comme devant être adjugée par justice? Et s'ils ne sont pas légitimes, comment soutient-il aujourd'hui, par la protes- 123 tation, qu'ils sont légitimes? Ce sont là des affirmations qui se contredisent réciproquement, et c'est pourquoi je dis qu'il est convaincu de faux témoignage non seulement par nous, mais par ses propres actes. 59. Remarquez que personne ne forme de protestation pour appuyer Chérestrate, en disant que la succession n'est pas de celles qu'on peut adjuger en justice ; c'est par action directe que nous plaidons; mais lui, Androclès, il enlève à toute personne la faculté de revendiquer. Après avoir témoigné formellement que ces enfants sont légitimes, il croit que vous vous contenterez de paroles dites à tort et à travers. Il n'aura pas même essayé de faire la preuve, ou il en aura dit à peine un mot, mais il aura lancé contre nous, avec sa grosse voix, des mots perfides, il aura dit que mes amis sont riches, que lui est pauvre, et il conclura de là que ces enfants doivent être déclarés légitimes. 60. Eh bien ! juges, mes amis ont fait plus de dépenses pour la ville que pour eux-mêmes. Phanostrate a déjà servi sept fois comme triérarque, il a supporté toutes les liturgies et a contribué à la plupart de vos victoires. Et Chérestrate que voici a déjà été triérarque, à son âge, il a conduit les chœurs tragiques, et les courses aux flambeaux dans le gymnase. L'un et l'autre ont spontanément versé toutes les contributions qui leur étaient demandées comme faisant partie des trois cents. Jusqu'ici ils étaient deux pour supporter ces charges. Aujourd'hui le plus jeune, que voici, conduit les chœurs tragiques, est inscrit parmi les trois cents et paye les contributions.

61. Ils ne méritent donc pas qu'on leur porte envie. Non, par Zeus et Apollon, ce sont bien plutôt mes adversaires qui le méritent s'ils recueillent des biens qui ne leur appartiennent pas. Si vous adjugez la succes- 124 sion de Philoctémon à Chérestrate, il se regardera comme votre intendant, fournissant les liturgies qui lui seront imposées comme il le fait aujourd'hui, et encore davantage. Mais si mes adversaires l'emportent, ils dissiperont ces biens et iront ensuite en guetter d'autres.

62. Je vous en prie donc, juges, afin que vous ne soyez pas trompés, faites bien attention à la protestation sur laquelle vous allez voter. Exigez qu'Androclès se défende sur ce point comme nous l'avons attaqué. Il est écrit dans la protestation que Philoctémon n'a fait ni donation ni testament. Vous avez la preuve que cela est faux. Les personnes qui étaient présentes rendent témoignage. 63. Que dit-elle encore? que Philoctémon est mort sans enfants? Comment était-il sans enfants, puisqu'il a laissé un fils adoptif, le fils de son frère, à qui la loi attribue la succession comme aux enfants nés du sang? N'est-il pas écrit en toutes lettres dans la loi : « S'il survient un enfant à l'adoptant, chacun des deux aura sa part de la fortune et tous deux hériteront également?» 64. La question est donc celle-ci: ces enfants que voici sont-ils légitimes? voilà précisément ce qu'Androclès est tenu de prouver, comme chacun de vous le serait en pareil cas. Pour qu'ils soient légitimes il ne suffit pas de nommer la mère. Androclès est oblige de montrer qu'il dit vrai, en demandant aux gens de la famille, s'ils savent que cette femme ait été l'épouse d'Euctérnon, aux membres du dème et de la phratrie, s'ils ont ouï-dire ou s'ils savent par eux-mêmes qu'Euctémon ait accompli les cérémonies religieuses au sujet de cette femme. Où est-elle ensevelie, et dans quel monument? 65. Qui a vu Euctémon lui rendre les derniers devoirs? Où ces enfants vont-ils aujourd'hui encore lui offrir des sacrifices et des libations? Qui a vu cela, soit 125 parmi les citoyens de cette ville, soit parmi les esclaves d'Euctémon? Voilà tout ce que nous demandons, des preuves, et non des injures. Si vous exigez que sur ce point précis Androclès établisse les faits avancés dans sa protestation, vous émettrez un vote régulier et conforme aux lois, et nous aurons obtenu justice

 

126 NOTES

§ 3. Devant vous-mêmes, et non devant l'archonte chargé d'instruire l'affaire. En effet, la procédure de la protestation consistai! essentiellement à produire un témoin, dont la déposition était recueillie par l'archonte. L'affaire n'était portée au tribunal que dans le cas où le témoignage était argué de faux. Cf. le plaidoyer sur la succession de Pyrrhos, § 7.

§ 7. Nous avons ici un exemple d'adoption sous condition suspensive. C'est une particularité du droit grec. Elle montre bien que dans ce droit l'adoption est au fond une institution d'héritier.

§ 8. Ici devrait se trouver le texte de la loi sur l'adoption. Elle est souvent alléguée par les orateurs, mais nous n'en avons pas les termes. V. les plaidoyers sur la succession de Ménéclès et sur celle de Pyrrhos. Cf. Démosthène, XX, 102; XLVI, 4; XLVIII, 56; Hypéride, contre Athénogène, 8; Plutarqne, Solon, 21.

§ 12. La παρακαταβολή est une consignation d'une somme égale au dixième de la succession réclamée.

§ 13. Lemnos était une colonie athénienne. Les clérouques établis dans cette île, étaient citoyens d'Athènes, et avaient l'ἐπιγαμία. En prétendant que Callippe est de Lemnos, Androclès rend les vérifications d'état civil plus difficiles.

§ 14. Schœmann fait remarquer avec raison la faiblesse de l'argument. A trente ans Callippe ne pouvait plus être en tutelle, mais son ἐπίτροπος pouvait être devenu son κύριος; II pouvait bien le faire aussi qu'elle ne fût mariée que passé cet âge, quoiqu'en général les filles se mariassent plus tôt.

§ 20. Alké était affranchie alors, autrement ses enfants auraient été esclaves et Dion n'aurait pas pu les reconnaître.

§ 21. Luzac et Schœmann admettent qu'à ce moment Euctémon divorça d'avec sa femme légitime. Cette supposition ne nous paraît pas nécessaire, le mariage d'Euctémon avec la sœur de Démocrate, n'ayant été qu'un projet auquel il ne fut pas donné suite. L'ἐγγύνησις, c'est-à-dire l'acte par lequel la future épouse était donnc< on mariage par son kyrios, était en effet soumise à une condition suspensive, celle de la consommation du mariage. L'acte tombait de lui-même si la coiulition ne se réalisait pas.

§ 26. Cette reconnaissance d enfant, à certaines conditions, est remarquable. Elle conférait à l'enfant la qualité d'enfanl légitime ou peut-être seulement d'enfant naturel reconnu et, dans cette dernière hypothèse, un certain droit sur la succession de son père, droit inférieur à celui d'un enfant légitime. V. Beauchet, t. I. p. 46.

Il fallait, pour cela, que l'enfant fût né d'une mère Athénienne. Seulement les conditions prescrites par la loi pour l'acquisition du droit de cité seraient devenues illusoires. Dans l'espèce Alké était une affranchie, mais Euctémon avait sans doute présenté l'enfant comme né de mère inconnue.

§ 31. L'action intentée par Euctémon contre Pythodore est l'action εἰς ἐμφανῶν κατάστασιν, équipollente à l'action ad exhibendum du droit romain.

§ 33. Athmonon, dème de l'Attique. Sérangion, localité du Pirée . [Harpocration et les lexicographes].

§ 36. Philoctémon et Ergamène. Pour justifier cette prétention Proclés produisait soit un faux testament, soit de faux témoins, pour les termes techniques μίσυωσις, οἴκου, ἀποτιμήματα, ὅροιi voir la table.

Il s'agit ici, comme on le voit, d'une adoption posthume. Les plus proches parents du défunt lui créaient un fils adoptif. par autorité de justice.

§ 39. Ὁμότοιχος οἰκία. Notons ici un exemple de mitoyenneté.

§ 42. La perquisition de la chose volée a lieu au domicile de l'auteur présumé du vol, suivant certains rites qui paraissent trèa anciens, et qui se retrouvent à Rome et ailleurs.

§ 45. Androclès et Antidore n'ont pas osé former une demande eu concurrence, ἀμφισβὴτησις, parce qu'ils auraient été obligés de faire la preuve de leur droit. Ils se sont bornés à opposer la  διαμαρτυρία qui leur donne un rôle bien plus facile à soutenir, et leur ;mpose seulement l'obligation de produire un" témoin d'un fait qui, 'ïl est prouvé, rend non recevable la revendication formée par l'adversaire.

§ 40. Le texte porte πέμπτου μέρος, la cinquième partie, leçon evidemment fautive. Si la veuve de Chéréas était épiclère elle avait droit non au cinquième, mais à la moitié de la succession, l'autre moitié revenant à sa sœur, femme de Phanostrate. Peut-être faut-il lire !ημισοῦς μέρους, ou simplement ἐκ μέρους. Dans ce dernier cas le copiste aurait confondu le mot ex avec le signe έ qui veut dire cinq.

Τοῦ μάρτυρος. Le parent qui opposait une διαμαρτυρία pouvait se présenter lui-même comme témoin.

§ 48. Isée vient de donner les termes mêmes de la loi, § 47 : νόθῳ μηδὲ νόθῃ μὴ εἶναι ἀγχιστείαν μηθ' ἱερῶν μηθ' ὁσίων, ἀπ' Εὐκλείδου 128 ἄρχοντες. Démosthêne la cite exactement dans les mêmes termes (contre Macartatos, § 51). Aristophane, dans les Oiseaux, vers 1659, la cite aussi, mais dans des termes un peu différents : Νόθῳ δὲ μὴ εἶναι ἀγχιστείαν παίδων ὄντων γνησίων ἐὰν δὲ παῖδες μὴ ὦσι γήσιοι, τοῖς ἐγγυτάτω γένους μετεῖναι τῶν χρημάτων. Cette rédaction était peut-être celle de Solon. Elle fut sans doute modifiée sous l'archontat d'Euclide ;en 404;, et c'est la nouvelle rédaction qu'on trouve dans Isée et dans Démosthène.

§ 49. Les déesses dont il s'agit ici sont Démêler et Coré.

§ 52. L'ἐτιγραφὴ, comme le nom l'indique, est une demande contraire, incidente ou reconventionnelle (V. Harpocration et les explications de Meicr et Schœmann, der Attische Process, p. 830.

La tactique d'Androclès, comme le fait remarquer Schœmann est d'introduire une certaine confusion entre la succession d'Euctémon et celle de Philoctémon. La protestation s'applique à la première, l'action directe à la seconde, mais comme au fond l'une et l'autre arrivent à un même résultat, l'orateur a raison de dire que ses adversaires plaideront deux fois sur le même objet.

§ 59. Ce passage est obscur. Il y a peut-être une lacune dans le texte. L'orateur veut établir un contraste entre la procédure suivie par Chérestrate et celle qu'a suivie Androclès.

§ 60. Les trois cents sont les principaux contribuables qui font. au besoin, l'avance des contributions demandées par l'État. Y. Bœckh. Staatshaushalt. I, p. 613 et suiv.