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table des matières de l'œuvre DE DÉMOSTHÈNE

 

 

DÉMOSTHÈNE

 

PREMIÈRE OLYNTHIENNE

 

texte grec

autre traduction de Poyard sur le site d'Ugo Bratelli

autre traduction de Stievenart

 

 

 

 

 

 

SOMMAIRE DE LA QUATRIÈME PHILIPPIQUE.

Les Athéniens laissèrent subsister la loi qui affectait les fonds de la caisse militaire à des distributions en temps de paix ; mais ils ne surent pas mauvais gré à Démosthène de la liberté qu'il avait prise. Ils accordèrent aux Olynthiens un secours de quatre mille soldats étrangers, et de cent cinquante chevaux, dont ils donnèrent le commandement à Charidème. Les Olynthiens, encouragés par ce renfort, hasardèrent une seconde bataille, où ils ne furent guère plus heureux que dans la première. Voyant donc que les étrangers à la solde d'Athènes leur avaient été d'un faible secours, ils envoyèrent une troisième députation, avec ordre de demander des troupes composées de vrais Athéniens ; ce qui donna lieu à une troisième Olynthienne, qui se trouve la première dans les éditions de Démosthène.

Dans ce discours, l'orateur expose alternativement les avantages et les désavantages de Philippe, la manière dont ce prince en devenu si puissant par la faute et la négligence des Athéniens qui n'ont point arrêté ses premières démarches. Il les exhorte à profiter du moins de l'occasion présente, qui est telle que, s'ils n'en profitent pas, ils attireront certainement la guerre dans l'Attique, et s'ils en profitent, ils répareront infailliblement leurs fautes passées. Mais ils doivent, pour réussir, servir eux-mêmes, agir comme pour eux. Il leur conseille d'envoyer deux corps de troupes, l'un à Olynthe, pour la secourir efficacement, l'autre en Macédoine, pour ravager les états de Philippe. Il leur parle encore de l'article des distributions, protestant toujours qu'il ne propose pas en forme d'en abroger la loi, mais qu'il les exhorte, soit qu'ils l'abrogent soit qu'ils la conservent, à remplir tons à l'envi les devoirs de bons citoyens. Il finit parles exciter de nouveau à secourir avec ardeur une ville dont le salut intéresse les pauvres comme les riches, les ministres comme les particuliers.

QUATRIÈME PHILIPPIQUE. (01)

[1] JE crois, Athéniens, que, dans l'objet actuel de votre délibération, vous préféreriez à tous les trésors du monde l'avantage d'être éclairés sur les vrais intérêts de la république. Vous devez donc écouter volontiers ceux qui se disposent à vous donner des conseils. Car, outre que vous pouvez profiter des avis sages qu'a médités un orateur avant de paraître à la tribune ; vous êtes encore assez heureux pour qu'il vienne sur-le-champ à quelques-uns de vos ministres des réflexions utiles et la réunion de ces lumières vous met en état de choisir le meilleur parti.

[2] L'occasion présente semble élever la voix, et vous dire que tous devez vous occuper sérieusement de la défense des Olynthiens, si vous avez à coeur votre propre conservation. J'ignore quelle est là-dessus votre façon de penser ; voici la mienne.

Je voudrais qu'on se décidât sur-le-champ à secourir Olynthe (02), qu'on préparât le secours au plutôt, et que les troupes fussent composées de nos citoyens, afin d'éviter l'inconvénient dans lequel on est déjà tombé. Je voudrais encore qu'on fit partir, avant tout, des députés pour annoncer nos résolutions, et veiller sur les lieux à nos intérêts. [3] Nous avons affaire à un rusé politique, à un homme, qui sait profiter des conjonctures ; et il est à craindre que, soit en relâchant de ses droits s'il est à propos, soit en faisant des menaces (et alors on peut croire à sa parole), soit en cherchant à décrier nos lenteurs et notre inaction, il ne parvienne à détacher de nous et à attirer à lui quelque partie de la Grèce.

[4] Heureusement, ô Athéniens ! ce qui fait la plus grande force du roi de Macédoine, est aujourd'hui votre plus grand avantage. Être seul confident de tous ses secrets, être en même temps le général des armées, le dispensateur des finances le maître de tans les desseins, commander partout en personne ; cela influe beaucoup dans la guerre sur la promptitude et la justesse de l'exécution : mais aussi cela même est un obstacle à l'envie qu'aurait Philippe de se rapprocher des Olynthiens. [5] Ceux-ci, en effet, voient qu'ils combattent, non pour la gloire ou pour une partie de leur sol, mais pour empêcher la ruine et l'asservissement de leur patrie. Ils savent comment le prince a payé les services des traîtres d'Amphipolis et de Pydna qui lui ont ouvert les portes de ces deux villes (03). Et en général, les monarques doivent être suspects aux républiques, surtout quand ils en sont voisins.

[6] Convaincus de ces vérités, et d'ailleurs remplis de tous les sentiments convenables, vous devez, maintenant plus que jamais, vous porter à agir, vous animer, et, tournant toutes vos pensées du côté de la guerre, contribuer avec zèle de vos fortunes, et payer de vos personnes. Car vous n'avez plus ni raison ni prétexte qui vous dispense de faire tout ce qui est en vous. [7] L'avantage de mettre Olynthe aux prises avec Philippe, cet avantage si ardemment désiré, s'offre de lui-même, et avec les circonstances les plus favorables. En effet, si les Olynthiens eussent entrepris la guerre à votre sollicitation, on pourrait moins compter sur leur alliance et sur leurs sentiments actuels, mais comme ils haïssent Philippe, parce qu'ils ont eux-mêmes sujet de s'en plaindre, ce qu'ils ont souffert de lui et ce qu'ils en craignent, doit nous assurer de leur haine contre ce monarque. [8] Prenez garde, Athéniens, de laisser échapper une telle occasion, et de tomber dans la faute que vous avez déjà commise plus d'une fois.

Par exemple, si, lorsque nous venions de secourir l'Eubée (04), lorsque Hiérax et Stratoclès, députés des Amphipolitains, nous exhortaient, de dessus cette tribune, à nous mettre en mer, et à venir prendre possession de leur ville ; si dans cette circonstance, nous eussions montré pour nos propres intérêts la même chaleur que nous avions témoignée pour le salut des Eubéens, rentrés alors dans Amphipolis, et redevenus maîtres de cette place, nous aurions évité tous les embarras où nous nous trouvâmes depuis. [9] Et ensuite, si, lorsqu'on nous annonçait le siège de Pydna, de Potidée, de Méthone, de Pagase, et des autres places qu'il est inutile de nommer, nous avions secouru avec ardeur et comme il convenait ; la première d'entre elles qui fut assiégée, Philippe serait aujourd'hui moins fier et plus traitable. Mais, grâce à cette indolence qui nous fait abandonner le présent, et qui nous tranquillise sur l'avenir, ce prince s'est agrandi, il est devenu plus puissant que ne le fut jamais aucun roi de Macédoine. Voici maintenant une grande occasion : quelle est-elle ? celle dont je parle, qui s'offre d'elle-même, et n'est pas moins importante qu'aucune de celles qui aient précédé.

[10] Pour moi, quoique beaucoup de choses n'aillent pas selon nos désirs, il me semble que celui d'entre nous qui se rappellerait toutes les faveurs que non avons reçues des dieux, devrait se sentir pénétré d'une profonde reconnaissance. En effet, si l'on peut justement imputer à notre négligence les pertes que nous avons essuyées dans la guerre, on doit attribuer à une protection divine le bonheur de ne les avoir pas éprouvées plutôt, et l'avantage d'une alliance capable, si nous en profitons, de les réparer toutes. [11] Mais, à mon avis, il en est des peuples comme des particuliers. Un particulier qui conserve les biens qu'il a reçus de la fortune, lui en témoigne sa gratitude, tandis que celui qui les dissipe imprudemment, perd avec eux le souvenir de ses bienfaits : ainsi, dans le gouvernement de l'état, un peuple qui n'a pas su profiter des occasions, ne se rappelle pas même les faveurs qu'il avait obtenues auparavant du ciel. Car le mal présent, pour l'ordinaire, fait oublier le bonheur passé.

Nous devons donc à l'avenir veiller davantage à nos propres intérêts, réformer notre conduite, et par-là effacer les taches qu'elle a faites jusqu'ici à notre gloire. Que si, pour comble de négligence, nous abandonnons les Olynthiens, qui ont recours à nous, et que Philippe s'empare de leur ville, je vous le demande, qui pourra l'empêcher d'aller où il voudra?

A-t-on jamais réfléchi sur la manière dont ce monarque, si faible d'abord est devenu si puissant ? Il commença par la prise d'Amphipolis, qui fut suivie de celle de Pydna, de Potidée, de Méthone ; puis il entra dans la Thessalie. [13] Alors, ayant disposé de Phères, de Pagase, de Magnésie, de tout le pays, en un mot comme il voulut, il partit pour la Thrace (05). Là, après avoir donné et ôté des couronnes il tomba malade. Il ne fut pas plutôt rétabli, que, sans se livrer à l'inaction, il attaqua les Olynthiens. Je ne parle pas de ses expéditions dans l'Illyrie (06), dans la Péonie, contre Arymbas ; et où n'en a-t-il pas fait? [14] Pourquoi tout ce détail ? dira-t-on ; c'est pour que vous sachiez, Athéniens, pour que vous conceviez combien il est nuisible d'abandonner toujours quelque partie des affaires, et quelle est cette ambition de Philippe qui le dévore, qui lui fait attaquer successivement tous les peuples, sans lui permettre de s'arrêter et de s'en tenir à ses premières conquêtes.

Mais, si ce prince est persuadé qu'il doit toujours aller en avant, et nous, au contraire, que nous ne devons rien entreprendre avec vigueur, à quoi pouvons-nous enfin nous attendre ? [15] Au nom des dieux, est-il parmi vous quelqu'un d'assez simple pour ignorer que la guerre viendra d'Olynthe à Athènes, si nous n'y prenons garde ? Et en ce cas je crains bien que, semblables à ces imprudents qui empruntent à gros intérêts, et qui, après avoir joui d'une aisance passagère, perdent jusqu'à leurs propres fonds ; je crains que nous ne sentions trop tard combien il nous en coûte de nous être livré à l'indolence ; je crains qu'après avoir toujours cherché ce qui nous flattait pour le moment, nous ne nous trouvions enfin réduits à faire bien des choses contre notre gré, et obligés de défendre notre propre pays.

[16] Rien de si facile, dira-t-on, que de s'ériger en censeur, tout le monde en est capable : proposer un bon avis pour la circonstance : voilà ce qu'on attend d'un ministre. Je n'ignore pas Athéniens, que, quand il arrive quelque événement fâcheux, vous taites tomber votre courroux, non sur les auteurs de vos maux, mais sur les orateurs qui ont parlé les derniers : je ne crois pas toutefois que la considération de ma sûreté particulière doive me fermer la bouche sur Ies intérêts de l'état.

[17] Je dis donc que, dans la conjoncture présente vous devez envoyer des troupes, et du côté d'Olynthe, pour sauver les places des Olynthiens, et en Macédoine, que vous attaquerez par terre et par mer. [18] Si vous négligez l'un ou l'autre, je doute que votre expédition réussisse. Car si, tandis que vous ravagerez le pays de Philippe, le prince, supportant ce dommage, vient à bout d'emporter la ville, au retour dans ses états, il se vengera sans peine; ou si, tandis que vous vous contenterez de secourir Olynthe, Philippe, voyant son pays en sûreté, continue vivement le siège, il forcera, avec le tenu, les assiégés de se rendre. Il faut donc un secours puissant et distribué comme je dis.

[19] Voilà ce que je pense par rapport au secours. Quant aux (07) subsides, vous avez de quoi y fournir plus qu'aucun autre peuple ; mais l'argent que vous avez entre les mains, vous le recevez à tel titre qu'il vous plaît. Si vous le rendez aux soldats, vous n'avez pas besoin d'autres fonds ; sinon vous en aurez besoin, ou même vous manquerez absolument de fonds. Quoi donc, dira quelqu'un, proposez-vous d'affecter cet argent aux dépenses de la guerre? non, certes ; [20] mais je crois qu'il faut lever des troupes, que cet argent leur appartient, et que, dans un état, ceux qui en reçoivent les deniers, doivent le défendre et payer de leurs personnes. Vous, au contraire, vous recevez l'argent de la république, sans nulle raison, sans rendre nul service, pour assister à des jeux. Il ne reste donc que la ressource d'une contribution plus ou moins forte, selon l'exigence du cas : car enfin il faut de l'argent, et sans argent rien ne se fait. Plusieurs prétendent qu'il est d'autres moyens d'en avoir. Parmi ces moyens choisissez les meilleurs ; et, tandis qu'il en est encore temps, hâtez vous d'agir.

[21] Il est à propos d'examiner la situation actuelle de Philippe, qui n'est pas aussi agréable ni aussi brillante qu'on pourrait le croire, en n'y faisant pas assez d'attention. Non, ce prince n'eût jamais entrepris cette guerre, s'il eût cru trouver de la résistance, il espérait emporter la ville d'assaut, mais il a été trompé. Cet embarras imprévu le trouble et l'inquiète; ajoutez encore les craintes que lui donnent les Thessaliens. [22] Ce peuple est perfide par caractère (08), il le fut toujours ; et le monarque l'éprouve aujourd'hui plus que personne. Ils ont décidé de lui redemander Pagase, et l'ont empêché de fortifier Magnésie. J'ai même entendu dire à quelques-uns d'entre eux, qu'ils ne lui permettraient plus de percevoir des droits dans leurs ports et dans leurs marchés. Car enfin, disent-ils, il serait plus à propos d'employer cet argent aux besoins communs de la Thessalie, que de le laisser entre les mains de Philippe. Or, s'il est privé de ce revenu, comment entretiendra-t-il ses troupes étrangères ? [23] Pour ce qui est des Péoniens, des Illyriens, de tous les autres peuples qu'il a conquis, ils aimeraient mieux, sans doute, être indépendants que d'être esclaves. Ils ne sont pas accoutumés à obéir; et Philippe, à ce qu'on dit, est devenu insolent : ce qui m'étonne d'autant moins que des succès inattendus ôtent la raison aux gens peu sages. Aussi, est-il souvent, plus difficile de conserver que d'acquérir.

[24] Profitons, ô Athéniens! des contretemps de notre ennemi; agissons vivement et sans délai; envoyons des députés partout où il est nécessaire ; animons les autres et marchons nous-mêmes. Ah ! si une occasion pareille s'offrait au monarque et que la guerre fût sur les confins de l'Attique, avec quelle ardeur ne viendrait-il pas nous attaquer ? Et vous ne rougiriez pas de n'oser faire quand vous en avez l'occasion ce qu'il ferait bien volontiers, s'il le pouvait !

[25] Sachez, outre cela, que vous avez aujourd'hui à choisir de porter la guerre dans le pays ennemi, ou de la recevoir dans le vôtre. Si Olynthe résiste, vous combattrez sur les terres même du roi de Macédoine que vous ravagerez, tandis que vous cultiverez vos champs sans crainte. Si Philippe se fend maître de la ville, qui l'empêchera de venir ici ? les Thébains ? [26] pour ne rien dire de plus (09), ils s'uniraient bientôt à lui pour tomber sur nous. Les Phocéens ? eux qui ne peuvent se défendre sans notre secours. Quel autre peuple l'empêcherait ? Mais peut-être Philippe n'en aura pas la volonté. Mais ce serait le comble de la folie, s'il ne faisait point, quand il en aura le pouvoir, ce dont il se vante déjà avec tant d'imprudence. [27] Il serait superflu de montrer fort au long combien il est différent de combattre sur nos terres ou sur les siennes. Oui, s'il vous fallait camper hors de vos murs seulement un mois, et faire vivre une armée dans votre pays, je dis même sans que nul ennemi le foulât, le dommage qu'éprouveraient vos campagnes, l'emporterait sur toutes les dépenses de la dernière guerre (10). Mais si l'ennemi vient nous attaquer chez nous, à quel dégât ne faut-il pas s'attendre ? Ajoutez l'affront et la honte, plus sensibles que toutes les pertes pour des hommes qui pensent.

[28] Convaincus de ces vérités, excitons-nous tous â secourir Olynthe, et à porter la guerre en Macédoine : ceux qui sont riches, afin que, sacrifiant une légère portion des biens qu'ils possèdent par la faveur des dieux, ils jouissent paisiblement du reste ; ceux qui sont en âge de porter les armes, afin que, s'étant aguerris dans le pays de Philippe, ils reviennent plus en état de défendre leur patrie, qui n'aura pas été entamée? ceux qui vous gouvernent par la parole, afin qu'il leur soit plus facile de rendre compte des conseils qu'ils vous auront donnés, car vous les jugerez suivant l'issue qu'auront vos affaires. Puissent-elles donc réussir, pour que chacun y trouve son avantage

 

(01) Autrement troisième Olynthienne ; c'est la première dans l'édition de Volfius.

(02) Les Athéniens avaient bien déjà envoyé du secours à Olynthe ; mais sans y aller eux-mêmes, ils y avaient envoyé des soldats mercenaires.

(03) Philippe, devenu maître d'Amphipolis et de Pydna à la faveur des intelligences qu'il avait dans ces deux villes, se défit des traîtres, ou par l'exil, ou par la mort. L'exemple fut inutile pour les deux principaux magistrats d'Olynthe : car l'année qui suivit les Olynthiennes, ils imitèrent une trahison si mal payée, et en reçurent la même récompense.

(04) Neuf ans avant cette harangue, l'Eubée s'était divisée en deux factions, dont l'une réclama le secours de Thèbes, et l'autre celui d'Athènes. Les Thébains d'abord ne rencontrèrent point d'obstacle, et firent sans peine triompher leur faction. Mais à l'arrivée des Athéniens, tout changea de face. Ils repoussèrent les Thébains, les chassèrent de l'île, et y rétablirent le calme. Ils fixent cette expédition avec la plus grande promptitude; en moins de cinq jours ils se trouvèrent prêts, et le succès fut aussi prompt que les préparatifs. - Lorsque Hiérax et Stratoclès... Les députés étrangers montaient à la tribune pour exposer leur commission et pour se faire mieux entendre du peuple. Hiérax et Stratoclès, au nom d'Amphipolis, menacée d'un nouveau siège par Philippe, offraient de se remettre, eux et leur ville, sous la protection d'Athènes ; mais Athènes rejeta l'offre, de peur de rompre la paix conclue, avec Philippe l'année d'auparavant.

(05) Thrace, grande contrée d'Europe. Nous voyons dans Justin que Philippe porta ses armes dans la partie de la Thrace, nommée la Chalcidique, qu'il y usa de sa perfidie accoutumée, et soumit la province entière, après avoir, par ses artifices, détrôné, pris ou tué les rois d'alentour.

(06) Les Illyriens, peuples voisins de la Macédoine, avaient remporté une grande victoire sur Perdiccas, frère de Philippe, l'année que celui-ci parvint à la couronne ; ils s'étaient emparés de plusieurs villes de son royaume ; Philippe, la seconde année de son règne, passa dans l'Illyrie, vengea son frère, et reprit ce qu'il avait perdu. - Les Péoniens, peuples de la Thrace, dans les commencements du règne de Philippe, étaient tombés sur la Macédoine qu'ils avaient ravagée : Philippe tourna ses armes contre eux, les attaqua, les battit et les subjugua. - Arymbas, fils d'Alcétas, roi d'Épire, et frère de Néoptolème, dont Philippe avait épousé la fille, connue sous le nom d'Olympias. La mort d'Alcétas mit aux mains les deux frères pour le partage de la succession. Arymbas voulait régner seul ; il alléguait son droit d'aînesse et la coutume du royaume, qui de temps immémorial n'avait en qu'un roi. Philippe, qui soutenait son beau-père, obligea Arymbas, par la force des armes, à partager également son royaume avec Néoptolème.

(07) Pour tout cet article, voyez plus haut page 53, ce que nous avons dit des distributions.

(08) Les Thessaliens, dans la Grèce, étaient fort décriés par leur perfidie. Une trahison s'appelait vulgairement un tour de Thessaliens, et pour fausse monnaie, on disait, monnaie de Thessalie.

(09) Les Athéniens en voulaient beaucoup aux Thébains pour plusieurs raisons, et surtout parce que Lysandre, général de Lacédémone, s'étant rendu maître d'Athènes, et délibérant avec les alliés sur ce qu'on ferait de cette ville, les Thébains avaient opiné à la détruire. Aussi l'orateur, pour entrer dans les sentiments de ses concitoyens, quoiqu'il dise beaucoup, annonce qu'il pourrait dire plus. - Les Phocéens? eux qui... Une longue suite de mauvais succès dans la guerre sacrée qui durait encore, avait fort affaibli les Phocéens.

(10) De la dernière guerre. La guerre que les Athéniens avaient faite en Thrace, et qui leur coûta quinze cent mille écus.