table des matières de l'œuvre DE DÉMOSTHÈNE
DÉMOSTHÈNE
QUATRIÈME PHILIPPIQUE
(3ème Olynthienne)
(1ère olynthienne chez les autres traducteurs)
(attention le texte grec renvoie à la traduction de l'Abbé Auger) autre traduction française (Abbé Auger) autre traduction de Poyard sur le site d'Ugo Bratelli
78 VIII. QUATRIÈME PHILIPPIQUE.
INTRODUCTION. Dix-huit trirèmes, quatre mille soldats étrangers et cent cinquante chevaux, sous la conduite de Charidème d'Oréos, partirent pour la Chalcidique. Après avoir ravagé la presqu'île de Pallène et la Bottiée, ce ebef entra dans Olynthe, où il se signala pur son intempérance et ses débauches. Les Olynthiens, opprimés plutôt que secourus, demandèrent, dans la même année, par une troisième ambassade, des troupes composées dé citoyens athéniens. C'est alors que, repoussant plus énergiquement encore l'opinion d'Eubule et de Démade qui regardaient cette guerre comme étrangère à la république, Démosthène parla une dernière fois pour Olynthe.
78 DISCOURS [1] Vous préféreriez, je pense, ô Athéniens! à de grandes richesses une vive lumière répandue sur le parti le plus utile à la république (01) au milieu des événements qui fixent vos regards. Ainsi disposés, vous devez être avides d'entendre ceux qui veulent vous conseiller; car, si quelqu'un vous apporte d'utiles méditations (02), non seulement tout l'auditoire les saisit; mais, et c'est là votre fortune, selon moi, plusieurs improvisant alors des conseils opportuns, le bien public s'éclaire par ce concours, et votre choix devient facile. [2] L'occasion présente semble élever la voix ; elle vous crie, Athéniens : « Si votre salut vous est cher, mettez vous-mêmes la main à l'oeuvre ; et nous (03).... je ne puis entrevoir, à ce sujet, notre pensée! Voici la mienne : Décréter à l'instant la défense d'Olynthe, en presser vivement les préparatifs, faire partir les secours de la ville même d'Athènes, et ne plus souffrir ce que vous avez précédemment souffert. Qu'une ambassade aille annoncer ces mesures, qu'elle veille à tout sur les lieux mêmes. [3] Craignez, craignez surtout que ce fourbe, trop habile à profiter des conjonctures, cédant lorsqu'il le faut, d'autres fois menaçant (et c'est alors qu'il paraîtra digne de foi !), enfin calomniant et nous et notre absence, ne détourne ou n'arrache quelque grande partie de la confédération hellénique (04). [4] Chose étrange, Athéniens (05) ! ce qui semble rendre la position de Philippe inexpugnable est précisément votre plus ferme appui. Être seul maître de toutes les opérations publiques et secrètes, réunir en sa personne le trésorier, le général, le despote, se trouver partout où marche l'armée, voilà le moyen de rendre une expédition guerrière et plus rapide et plus opportune ; mais aussi, quels obstacles à cette réconciliation qu'il brûle de jurer aux Olynthiens ! [5] Il leur fait voir clairement qu'ils combattent aujourd'hui, non pour la gloire, non pour une partie de leur sol, mais pour prévenir leur expulsion et l'esclavage de la patrie. Ils savent ce qu'il a fait des Amphipolitains qui lui livrèrent leur cité, de ces Pydnéens qui l'avaient accueilli (06) ; et, pour tout dire, la tyrannie, toujours suspecte aux républiques, l'est surtout quand elle touche à leurs frontières. [6] Vous donc, ô Athéniens ! connaissant ces dangers, et animés de tous les nobles sentiments, si vous devez, avec une volonté forte, vous exciter, vous dévouer à la guerre, y contribuer avec ardeur et de vos biens et de vos personnes, tout faire enfin, c'est maintenant ou jamais. Il ne vous reste plus ni motif, ni subterfuge pour échapper au devoir. [7] Vous disiez tous : " Armons les Olynthiens contre Philippe Eh bien i voici qu'ils s'arment d'eux-mêmes, et c'est là votre plus grand avantage. En effet, s'ils se fussent imposé cette guerre à votre sollicitation, versatiles alliés, la conformité de leurs sentiments avec les vôtres aurait été passagère; mais ils abhorrent Philippe pour ses attentats contre eux-mêmes; et, croyez-moi, une haine causée par les maux qu'ils redoutent, par les maux qu'ils ont soufferts, est une haine durable. [8] Gardez-vous donc, ô Athéniens! de laisser échapper l'occasion fortunée qui se jette au-devant de vous, et de retomber dans la faute que vous avez tant de fois commise. Ainsi, quand nous revenions de secourir l'Eubée, lorsque Stratociès et Hiérax d'Amphipolis vous exhortaient, du haut de cette tribune, à envoyer votre flotte recevoir leur cité sous vos lois, si nous avions eu pour nous-mêmes ce zèle ardent qui nous fit sauver les Eubéens, dès lors Amphipolis était à vous, et vous seriez délivrés de tous les embarras qui suivirent sa perte. [9] De même encore, lorsqu'on vous annonça les siégea de Pydna, de Potidée, de Méthone, de Pagases, de tant d'autres places qu'il serait trop long d'énumérer, si, dès la première attaque, nous eussions volé pour la repousser d'une manière digne de la république, nous aurions maintenant un Philippe bien plus facile à vaincre et bien plus humble. Loin de là, rejetant sans cesse le présent, croyant que l'avenir prendra de lui-même un heureux cours, nous avons agrandi Philippe, nous, Athéniens, et nous l'avons fait tel que n'a jamais été roi de Macédoine. Mais aujourd'hui la fortune revient à vous (07). -- Comment ? -- En jetant Olynthe dans vos bras ; et les occasions précédentes n'offraient rien de plus propice. [10] Soumettez, Athéniens, à un contrôle scrupuleux toutes les faveurs que nous avons reçues des Immortels (08), bien que nous les ayons tournées la plupart contre nous-mêmes, et vous sentirez pour le ciel une profonde et juste reconnaissance. Nous avons essuyé de nombreuses pertes à la guerre. — Eh ! qui ne les mettrait avec raison sur le compte de notre seule incurie ? Mais le bonheur de ne les avoir pas éprouvées plus tôt, mais l'envoi d'une alliance capable de les contrebalancer toutes, si nous voulons nous en pré- 79 valoir, voilà, selon mes calculs, la part de la bienfaisante protection des Dieux. [11] Il en est ici comme de la possession des biens : pour tous les trésors amassés et conservés, on éprouve envers la fortune une vive reconnaissance ; mais, si on les dissipe étourdiment, avec eux on dissipe le souvenir de ses faveurs. C'est ainsi que noirs jugeons la marche des affaires. Avons-nous échoué dans les instants décisifs? quoi qu'aient fait les Dieux en notre faveur, nous l'oublions. Tant il est vrai que l'événement final est la règle ordinaire de nos jugements sur chacun des faits antérieurs ! Portons donc une attention forte sur ce que nous possédons encore, pour qu'en le relevant de ses ruines, nous effacions la honte du passé. [12] Or, si nous repoussons encore ces hommes (09), Olynthe une fois détruite par le Macédonien, qu'on me dise, à moi, quel obstacle l'arrêtera désormais? En est-il un parmi vous, ô Athéniens ! qui compte tous les degrés par lesquels, faible dans l'origine, il s'est élevé si haut, ce Philippe? Il prend d'abord Amphipolis, ensuite Pydna, puis Potidée, enfin Méthone, et fond sur la Thessalie; [13] quand il a bouleversé à son gré Phères, Pagases, Magnésie, il se jette dans la Thrace. Là, après avoir chassé, créé des rois (10), Il tombe malade. Convalescent, il va peut-être incliner vers le repos ? non, Il vole attaquer les Olynthiens. Laissons là ses campagnes contre les Illyriens, contre les Paeoniens, contre Arymbas (11), contre mille autres. [14] — Pourquoi ce tableau? dira-t-on : — Athéniens, c'est pour que vous sentiez au vif et les funestes effets de l'abandon successif de vos avantages, et cette ambition infatigable, l'âme et la vie de Philippe, qui l'arme contre tous les États, irrite en lui la soif des conquêtes, et lui rend le repos impossible. Or, s'il s'impose à lui-méme d'exécuter sans relâche de plus vastes desseins, et vous, de ne rien entreprendre avec vigueur, voyez, Athéniens, quelle issue ce contraste assure à votre espérance... [15] Ô ciel ! qui de vous serait assez simple pour ne pas voir que la guerre accourra d'Olynthe à Athènes, si nous la négligeons? Ah! Si tels sont nos destins, je tremble que, semblables à ces emprunteurs imprudents qui, après avoir acheté à usure une opulence passagère, se voient enfin dépouillés même de leur patrimoine, nous aussi nous ne paraissions payer bien cher notre lâche paresse, et, voulant du plaisir à tout prix, puis réduits à la nécessité fatale d'exécuter avec douleur mille entreprises d'abord repoussées, nous ne mettions en péril notre propre patrie. [16] Le blâme, dira-t-on, est chose facile et commune; mais tracer la conduite que demandent les circonstances présentes, voilà le ministère d'un conseiller du peuple. Je le sais, ô Athéniens ! mais je sais aussi que, si l'événement ne répond pas à votre attente, ce n'est point sur les vrais coupables que vous déchargerez votre colère, c'est sur les orateurs qui out parlé les derniers. Loin de moi cependant que, consultant ma propre sûreté, je taise jamais ce que je crois avantageux pour vous I [17] Je dis donc : Il faut un double secours, et pour sauver les villes olynthiennes, en leur envoyant des troupes chargées de leur défense, et pour dévaster les États de Philippe avec votre flotte et une autre armée. [18] Si vous négligez l'un de ces moyens, je crains que notre expédition ne devienne illusoire. Vous bornerez-vous à désoler le territoire ennemi? Philippe Impassible subjuguera Olynthe et se vengera facilement à son retour. Croirez-vous faire assez de secourir les Olynthiens? tranquille pour ses domaines, il s'acharnera sur sa proie, il l'enveloppera d'embûches, et, avec le temps, il la prendra. Il faut donc un secours puissant, un secours divisé. [19] Tel est mon sentiment. A l'égard des ressources pécuniaires, vous avez, ô Athéniens ! oui, vous avez pour la guerre plus de fonds qu'aucun autre peuple : mais vous en disposez au gré de vos désirs. Si vous les rendez à l'armée, seuls, ils lui suffiront; sinon, vous n'avez pas assez, disons mieux, vous n'avez rien. — Quoi I tu proposes par un décret d'affecter cet argent à la guerre ? — Moi ? nullement, j'en atteste les Dieux (12). [20] Seulement, je pense qu'il faut armer des soldats, qu'une caisse militaire est indispensable (13), et qu'il est temps de subordonner les largesses publiques au service de la patrie. Vous, au contraire, oisifs citoyens, vous les dissipez au hasard, et pour des fêtes ! Il ne reste donc qu'à contribuer tous, par un gros subside, s'il est nécessaire ; par un léger impôt, s'il suffit (14). Car enfin, il faut de l'argent; sans argent, vous ne subviendrez jamais à la nécessité présente. D'autres voix vous proposent d'autres ressources : choisissez; mais, tandis qu'il est temps encore, mettez-vous à l'ouvre. [21] Une chose qu'il faut examiner et réduire à sa juste valeur, c'est la position actuelle. de Philippe. Elle n'est pas aussi brillante, aussi fortunée que pourrait le croire et le dire qui ne l'a pas observée de près. Jamais le Macédonien n'aurait suscité cette guerre, s'il eût prévu qu'il serait obligé de tirer l'épée. En fondant sur sa proie, il espérait la dévorer tout entière en un moment. Il s'abusait. L'événement, qui a trompé son attente, le déconcerte, le décourage. Ajoutez à cela les mouvements des Thessaliens. [22$ Cette race, perfide en tout temps et envers tous les hommes (15), s'applique à le tromper à son tour. Ils lui ont 80 réclamé Pagases par un décret, ils l'ont empêché de fortifier Magnésie. J'ai su même de plusieurs d'entre eux qu'ils ne le laisseraient plus percevoir les péages de leurs marchés ni de leurs ports, parce qu'ils les destinent aux besoins de leur confédération, non à la rapacité d'un Philippe. Dénué d'une telle ressource, il sera dans la dernière détresse pour soudoyer ses mercenaires. [23] Croyez aussi, croyez, que pour le Poeonien, pour l'Illyrien, pour tant d'autres Barbares, l'indépendance et la liberté auraient bien plus de charmes que la servitude. Ils ne sont pas encore façonnés au joug (16); et cet homme, disent-ils, commande avec outrage. Par Jupiter ! il faut les en croire : car la prospérité placée indignement sur une tête insensée, y répand l'esprit de vertige et d'erreur; et voilà pourquoi il paraît souvent plus difficile de conserver que d'acquérir. [24] Songeant donc, ô Athéniens ! que les contre-temps de votre ennemi sont une bonne fortune pour vous, unissez promptement votre cause à celle des autres peuples. Envoyons des députés partout où leur présence est nécessaire (17), marchons nous-mêmes, enflammons tous les Grecs. Ah ! si Philippe trouvait contre nous une occasion aussi propice, si la guerre s'allumait à nos frontières, comme il se précipiterait avidement sur Athènes ! Et les maux que vous souffririez si cela était en son pouvoir, vous, que l'occasion appelle, vous ne rougirez point de les lui épargner ! [25] Surtout, ne vous le dissimulez pas, ô Athéniens ! c'est aujourd'hui qu'il faut choisir entre porter la guerre dans le pays ennemi ou la recevoir dans le vôtre (18). Si Olynthe résiste, c'est là que vous combattre; et, tandis que vous dévasterez les domaines du Barbare, vous jouirez avec sécurité de vos terres et- de votre patrie. Mais, si Philippe s'empare de cette ville, qui l'arrêtera dans sa marche sur Athènes? Les Thébains? [26] ah ! si ce jugement n'est pas trop sévère, ils s'élanceront avec lui contre vous (19). Les Phocidiens? sans votre secours Ils ne peuvent pas même garder leur patrie. Quel autre peuple enfin? -- Hé, de grâce, Philippe n'aura point cette pensée. [27] — Mais l'absurdité serait extrême, s'il n'exécutait point, dès qu'il le pourra, une entreprise qui est l'objet actuel de son babil indiscret. Cependant, quelle n'est pas pour vous la différence entre le combattre au dedans ou au dehors ! De nouvelles preuves seraient superflues : car, s'il vous fallait camper hors des murs, seulement un mois, et faire subsister une armée aux dépens de l'Attique, même exempte d'ennemis, les charges qui pèseraient sur vos cultivateurs excéderaient les dépenses de la guerre précédente. Mais, si la guerre elle-même vient ici, à combien donc estimerez-vous ses fléaux? Ajoutez l'outrage, ajoutez l'opprobre, fléaux les plus cruels, du moins pour de nobles coeurs. [28] Convaincus de ces vérités, secourons tous Olynthe, refoulons la guerre en Macédoine; les riches, pour conserver, par un léger sacrifice, la paisible jouissance des grands biens qu'ils possèdent à juste titre ; les jeunes citoyens, pour faire l'apprentissage des armes dans le pays de Philippe, et préparer de redoutables défenseurs à l'inviolabilité de notre territoire; vos orateurs, pour alléger le poids de leur responsabilité (20) : car, tel sera le résultat des affaires, tels seront vos jugements sur leur administration (21). Puisse-t-Il être heureux par ce concours ! |
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NOTES SUR LA QUATRIÈME PHILIPPIQUE (01) Voemel pense que ces premiers mots s'adressent surtout aux adversaires de Démosthène, qui, pour écarter toute idée de guerre, avaient sans doute présenté les finances d'Athènes comme épuisées : hypothèse admissible, surtout si c'est après deux expéditions coûteuses et sans fruit que ce discours fut prononcé. Cet exorde, admiré des anciens rhéteurs, a été parodié par Lucien. Jupiter, dans le conseil céleste, ne sait comment il commencera son discours. « Imitez les orateurs, lui dit le dieu de la fraude et de l'éloquence ; volez à Démosthène une de ses harangues, et déguisez votre larcin par de légers changements. » Le maître des dieux goûte l'expédient; il parle : Ἀντὶ πολλῶν ἂν, ὦ ἄνδρες θεοὶ, χρημάτων, κ. τ. λ. Jupiter le Tragique, 15. (02) « Ce quelqu'un, dit M. C. Dupin, c'est Démosthène lui-même, qui n'improvisait jamais. Quelle heureuse opposition, et comme elle écarte l'orateur ! » N'oublions pas que Démade vient de parler. Loin de porter envie à ce brillant improvisateur, son constant adversaire, Démosthène veut que l'on profite de ses avis, quand ils sont dictés par le patriotisme. (03) L'intention de Démosthène, bien constatée par Ulpien, Hermogène et Grégoire de Corinthe, exige cette légère suspension. V. Voemel. (04) (4) Je lis τρέψηται, et non δρέψηται, que l'on ne trouve nulle part dans Démosthène. « Le mot παρασπᾶσθαι, dit Ulpien, exprime la violence faite à des suppliants que l'on arracherait du pied des autels. » Il ajoute : « Τι dé- 81 signe ici une grande partie, )ἀντὶ τοῦ μεγὰ κεῖται, comme δύναμίν τινα pour μεγάλην. » (05) Ἐπιεικῶς signifie souvent solito more. Mais il passe au sens opposé, quand il est combiné avec οὐ μὴν ἀλλὰ. Schaefer et Taylor citent, à l'appui, le Grand Étymologique et Hermogène. On emploie cette locution, dit aussi Ulpien, παρὰ προσδοκίαν, pour présenter un rapprochement inattendu. (06) Philippe, maître d'Amphipolis et de Pydna, à la faveur des intelligences qu'il avait dans ces deux villes, se défit des traîtres ou par l'exil ou par la mort. (07) On a ponctué ce passage de sept manières différentes. Je lis : ἥκει· τίς ; οὗτος, ὁ. (08) Un juste logiste, dit l'orateur, préposé pour contrôler ce que les dieux nous ont envoyé, etc. Les officiers établis pour recevoir les comptes, s'appelaient, dans les États grecs, ici εὔθυνοι, vérificateurs, là λογισταὶ, contrôleurs, ἐξετασταὶ, examinateurs, συνήγοροι, procureurs publics (Arist. Pol. VI, dern. ch.) La Chambre des Logistes, à Athènes, était composée de dix magistrats. Les archontes, dit Barthélemy, les membres du sénat, les commandants des galères, les ambassadeurs, les aréopagites, les ministres même des autels, tous ceux, en un mot, qui ont eu quelque commission relative à l'administration, doivent s'y présenter, les uns en sortant de place, les autres en des temps marqués; ceux-ci pour rendre compte des sommes qu'ils ont reçues, ceux-là pour justifier de leurs opérations, d'autres enfin, pour montrer seulement qu'ils n'ont rien à redouter de la censure. (ch. 15.) Je renvoie le lecteur aux réflexions pleines de goût et d'intérêt que tout ce morceau a inspirées à m. Ch. Dupin, Consid. etc., pag. 132 et 138. (09) Ici, sans doute, l'orateur montrait, du geste, les députés d'Olynthe. (10) Philippe avait détrôné Térès et Kersobleptès, et créé rois Amakodos ett Bérisadès. (11)) Arymbas, roi des Molosses et oncle d'Olympias, femme de Philippe. (12) L'argument de Libanius donne la clef de ce passage, où je m'étonne que M. Dupin ne voie qu'une ironie plus efficace, peut-être, que tous les événements, et Gillies une réserve qui prouve le mauvais accueillait aux premières observations de l'orateur sur l'emploi des finances. Qu'on se rappelle que, dans une circonstance pareille, Solon n'avait pu sauver sa tète qu'en contrefaisant l'insensé. Pourquoi Démosthène n'aurait-il pas est peur, cette fois, de l'hydre populaire? (13) J'ai adopté ici la leçon de Bekker, appuyée sur deux manuscrits de la biblioth. du Roi, et que Gillies avait déjà pressentie. Schaefer, Rauchenstein, Voemel et Reuter rejettent aussi ταῦτα comme une répétition produite par l'inadvertance des copistes. (14) Pourquoi cette incertitude? parce que le résultat de cette campagne est lui-même dans un avenir incertain : τὸ μέλλον τοῦ πολέμου ἐν ἀφανεῖ ἔτι κεῖται (Thucyd. 1, 42) . (15) Une trahison s'appelait un tour de Thessalien, Θεσσαλὸν σόφισμα; et, pour fausse monnaie, on disait monnaie de Thessalie, Θεσσαλῶν νόμισμα. La conduite de ce peuple, dans plusieurs guerres de la Grèce, n'est qu'un tissu de perfidies. Au reste, les Thessaliens partageaient cette réputation avec les Crétois, les Éginètes, les Ciliciens, les Cappadociens. Crétois à Éginète, proverbe grec, répond à notre phrase, à Corsaire Corsaire et demi. (16) Ces peuples guerriers se révoltèrent plus d'une fois contre Philippe, et même contre Alexandre, au rapport de Diodore de Sicile, xvi, 2 ; et d'Arrien, I, 1, 5. (17) « Chez les peuples qui ne connaissent pas Philippe, afin de les tenir en garde contre lui ; chez ceux qui le connaissent et le redoutent, afin de leur annoncer votre expédition, et de faire succéder dans leurs coeurs la colère à la crainte. » (Ulpien). J'ai préféré cette interprétation à celle de Schaefer, parce qu'elle rentre mieux dans l'intention principale de l'orateur, qui a déjà parlé plus haut de ces ambassades. (18) « En ce jour il s'agit pour vous d'opter entre l'offensive au loin, ou la défensive à vos portes. » (Tourreil. ) (19) Les Thébains avaient de bonnes raisons pour embrasser avec joie la première occasion de se venger des Athéniens. Ceux-ci non seulement avaient soutenu Sparte, depuis les batailles de Leuctres et de Mantinée ; niais de plus, ils secouraient les Phocidiens actuellement en guerre contre Thèbes. (Tourreil.) (20) Sur la reddition des comptes, on peut consulter Bôchkle, liv. II, chap. 8. « Athènes, dit-il, ne manquait pas d'institutions recommandables et fortes; mais à quoi servent les mesures de la prévoyance quand l'esprit de l'administration est mauvais? » (21) Le savant M. Voemel, guide si sûr, semble rapporter, par inadvertance, aux généraux, cette pensée, que Démosthène applique évidemment aux seuls orateurs. Les deux mots de la fin παντὸς εἵνεκα, sont ainsi part-phrasés par Ulpien : διὰ πάντας, οἷον διὰ τοὺς πλουσίους τοὺς νέους, τοὺς ῥήτορας. V. Wolf et Reuter.
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