ALLER à LA TABLE DES MATIERES D'EURIPIDE

ALLER A LA TABLE DES MATIÈRES DE PATIN

 

EURIPIDE

 

 

 

CHAPITRE DIX-SEPTIÈME.

RHÉSUS.

 

traduction de la pièce

Aux tragédies de divers genres que je viens de passer en revue, à celles où une sorte d'unité collective rassemble dans une même composition plusieurs fables distinctes, à celles qui intéressent par la singularité romanesque des aventures, je crois devoir faire succéder, dans ces Études, le Rhésus, que caractérisent la variété des incidents, la multiplicité des personnages., l'appareil du spectacle, le mouvement plus extérieur qu'intime de la scène.

Horace conseillait aux poètes dramatiques de ne pas produire au théâtre des sujets absolument nouveaux, de mettre plutôt en actes quelques récits de poète épique, d'Homère par exemple (01). Il était d'accord avec la pratique constante des tragiques grecs, à cela près que ceux-ci, c'est Aristote (02) qui le remarque, ont plus emprunté aux poètes cycliques qu'à l'Odyssée, et surtout, en raison de sa sévère unité, qu'à l'Iliade. De l'Iliade, Eschyle ne paraît avoir tiré qu'une trilogie comprenant, sous ces titres, les Myrmidons, les Néréides, les Phrygiens, ainsi que la Briséis de notre théâtre, tout l'ensemble du poème : dans la première des trois tragédies, le repos obstiné d'Achille avec la mort de Patrocle qui y met un terme ; dans la seconde, la vengeance qu'il tire d'Hector au moyen des nouvelles armes apportées par Thétis ; dans la troisième, le sacrifice qu'il fait de son ressentiment aux prières du roi des Troyens (03). L'Iliade n'a fourni à Sophocle, autant qu'on peut le savoir du moins, que ses Phrygiens, que l'idée générale de son Thamyris (04), de son Phénix (05) ; à Euripide enfin, avec la matière d'un autre Phénix (06), que celle de son Rhésus, si toutefois (cette question a été fort controversée ; j'y reviendrai plus tard) il est l'auteur de cette pièce.

Ce qui se lit au dixième chant de l'Iliade et qu'ont souvent rappelé les poètes latins, Virgile décrivant les bas-reliefs des temples de Carthage (07), ou expliquant la généalogie d'Eumède (08) ; Ovide, dans la lettre de Pénélope à Ulysse (09), dans les entretiens d'Ulysse avec Calypso (10), est assurément plein d'intérêt. Mais cet intérêt est-il bien celui du drame, de la tragédie ? On en peut douter. Les Grecs, resserrés dans leur camp par les Troyens vainqueurs, envoient, pendant une nuit d'alarmes, Diomède et Ulysse observer les dispositions de leurs ennemis. Les Troyens, de leur côté, confient une mission semblable à Dolon. Surpris en chemin par les deux héros grecs, le Troyen, avant qu'ils l'immolent, leur abandonne des secrets qui leur permettent de pénétrer impunément dans le quartier des Thraces arrivés de la veille, d'y massacrer, pendant son sommeil, leur roi Rhésus, et d'emmener ses fameux coursiers. Ce sont là des accidents de guerre auxquels s'applique parfaitement le principe d'Aristote (11), que l'action d'un ennemi qui tue son ennemi ne peut suffire à la pitié tragique : leur succession fortuite attache dans un récit, mais ils manquent peut-être de la liaison, de la connexion nécessaires à l'intérêt, à l'unité dramatiques. On le sent, en lisant la pièce, malgré l'art assez remarquable avec lequel l'auteur les y a groupés, les y a rassemblés, resserrés dans d'étroites limites de temps et de lieu, enfin rattachés au développement fatal de la destinée de Rhésus.

A cette espèce de concentration d'éléments un peu discordants préparait un prologue dont nous n'avons que le premier vers, conservé par le grammairien qui a rédigé l'argument grec du Rhésus. Selon, ce grammairien, il existait de cette tragédie un second prologue, dont il fait honneur aux comédiens. Il en cite onze vers qu'il dit tout à fait prosaïques, jugement tantôt contredit (12), tantôt confirmé (13) par les critiques modernes; ce qui montre bien, pour le dire en passant, que, quand. il s'agit des anciens, il est difficile de prononcer, avec une entière certitude, sur le mérite du style. Dans le premier des deux prologues, le véritable, Minerve parlait peut-être seule ; dans le second, elle dialoguait avec Junon : dans l'un et dans l'autre, ces déesses étaient représentées Gomme venant au secours des Grecs vaincus et menacés par les Troyens. Le Rhésus a peu perdu en perdant son prologue ; ainsi que l'Iphigénie en Aulide, qui a subi la même suppression (14), il s'explique très bien sans cette préface.

Un récent et ingénieux interprète d'Euripide (15) pense l'avoir retrouvé. Les fragments du théâtre tragique d'Attius offrent des traces d'une tragédie (16), dans les premières scènes de laquelle, à ce qu'il semble, on voyait Agamemnon, convoquant la nuit les généraux grecs et leur faisant part de ses inquiétudes sur le salut de l'armée, Diomède se proposant pour aller observer les Troyens, et s'adjoignant dans cette entreprise hasardeuse son compagnon. ordinaire Ulysse, ce qui commence le dixième livre de l'Iliade, la Dolonie. Or, selon M. Hartung, le titre transcrit du grec de cette tragédie Nyctegresia, ou Nyctegersia, l'Alerte nocturne, était le titre véritable, comme la pièce était l'imitation du Rhésus, et dans ce qui reste des premières scènes subsiste l'idée du prologue perdu (17). Ainsi par une disposition dont même les Euménides (18), d'Eschyle ne présentent qu'imparfaitement l'analogue, et qui aurait devancé de bien loin les libertés, du drame romantique, la pièce commencée dans le camp des Grecs se serait achevée dans le camp des Troyens. M. Hartung l'admet sans difficulté, et il lui paraît que de l'opposition de ses deux parties, grecque et troyenne, devaient résulter des effets capables d'ajouter aux mérites et d'atténuer, d'annuler même les défauts remarqués dans le Rhésus.

Quoi qu'il en soit de cette conjecture, c'est, pour nous, dans le camp des Troyens, devant la tente d'Hector, que commence l'action, et c'est, chose pour nous encore à peu près nouvelle (l'Iphigénie en Au!ide, l'Électre d'Euripide; peut-être les Perses d'Eschyle, offrent seuls, et à la première scène, quelque chose de semblable (19)), pendant la nuit (20). Comment les anciens pouvaient-ils, dans leurs théâtres découverts, je ne dis pas représenter, mais indiquer la nuit? L'indiquaient-ils même, ou bien, je le croirais plus volontiers, s'en reposaient-ils, quant à cette partie de la mise en scène, sur l'imagination des spectateurs, avertis par les vers du poète? On ne le sait. Quoi qu'il en soit, dans ce camp des Troyens, que nous nous figurons facilement, à la lecture, enveloppé de ténèbres, près de la tente d'Hector, encore fermée, arrive la troupe chargée de veiller aux portes pendant la quatrième part de la nuit (21) pour le reste de l'armée. Elle vient donner au général un avis important, et elle vient tout entière, quoiqu'elle eût agi plus régulièrement, plus sagement, en se contentant de charger du message un des siens. Elle ne commet pas cette imprudence (22), qui lui sera plus tard reprochée (23), et entraînera de fâcheuses conséquences, sans une raison qui, par malheur, est simplement littéraire, c'est qu'elle compose le choeur, et qu'à ce titre elle est obligée d'abandonner son poste militaire, pour venir prendre, entre l'orchestre et la scène, le poste dramatique que lui assigne l'ordonnance du théâtre.

Hector, informé que le camp des Grecs semble plus éclairé que de coutume, et qu'on y remarque un mouvement extraordinaire, en conclut que les ennemis repoussés la veille dans leurs retranchements, et sauvés d'une déroute entière seulement par la nuit, songent à se rembarquer avant le jour. Il gémit d'une fuite qui lui arrache des mains sa victoire inachevée; il ordonne qu'on s'éveille, qu'on s'arme au plus vite, pour aller du moins la troubler, l'ensanglanter. Dans cet élan guerrier paraît un grand amour de la gloire, une grande ardeur de courage, mais aussi une précipitation d'esprit plus convenable à un soldat qu'à un général. Le choeur le lui fait discrètement entendre, et bientôt Énée, qui accourt au bruit, le lui répète avec la rude franchise de ces anciens temps. « Plût aux dieux, lui dit-il, que tu susses penser aussi bien qu'agir. Mais nul mortel ne possède à la fois tous les dons : à chacun son partage, à toi le combat, à d'autres le conseil (24). » C'est la différence que met précisément entre Hector et Énée, Philostrate, disant (25) que l'un était le bras, l'autre la pensée des Troyens; c'est celle qu'on trouve établie, dans l'Iliade (26), entre Hector et Polydamas, auteur, en plus d'un endroit de ce poème, de prudents et francs avis, comme l'est ici Énée, mais pas toujours aussi docilement écouté. Il ne me paraît donc pas que l'écrivain, quel qu'il soit, à qui appartient le Rhésus, s'écarte autant qu'on l'a dit  (27) de la tradition homérique dans ce contraste, peut-être cependant trop marqué, entre l'emportement irréfléchi d'Hector et la prudence d'Énée. Il ne s'écarte pas non plus de la tradition d'Euripide, et ici se retrouve l'opposition marquée dans les Phéniciennes (28) entre la fougue imprudente d'Étéocle et la sagesse plus calme de Créon (29). Énée remontre au chef des Troyens que c'est trop se presser de croire, sur des indices trompeurs, à la retraite des Grecs, d'ordonner une attaque nocturne que la résistance imprévue de ceux qu'on imagine surprendre pourrait rendre bien dangereuse; qu'il est plus à propos de laisser l'armée se reposer par le sommeil des fatigues de la veille, et d'envoyer cependant vers l'ennemi quelque adroit éclaireur, qui s'assure de ses véritables intentions. Hector doit se rendre à un avis si raisonnable, et il ne perd pas de temps pour demander quel est, parmi les Troyens qui l'entourent, le bon citoyen disposé à se charger de cette entreprise délicate et hasardeuse. Dolon se présente, Delon que son nom seul (ce nom, on le sait, veut dire ruse) semblait y prédestiner. Hector ne manque pas de le lui dire (30), le louant de son amour pour sa patrie, le félicitant de la gloire dont il va se couvrir. Mais il faut à Dolon, qui ne s'en cache pas, ce n'est pas un héros (31), quelque chose de plus, une grande récompense. Hector cherche quelque temps, jeu de scène qui ne manque pas d'agrément, ce que ce peut être. Veut-il devenir le gendre de Priam ? non : il n'a pas l'ambition de s'allier à d'autres qu'à ses égaux. Veut-il de l'or, des captifs dont il puisse obtenir de grosses rançons? non : il est assez riche. Veut-il avoir pour esclave quelque illustre chef? non encore, il en tirerait pour cultiver ses champs peu de services? Que veut-il donc? Il hésite longtemps à le dire, et déclare enfin que ce sont les chevaux d'Achille. Ces chevaux d'une race immortelle (32), donnés par Neptune à Pélée, de qui les tient Achille, Dolon veut les avoir, et Hector, que flattait l'espoir d'une telle conquête, consent à les lui céder. IL y a dans cette confiance avec laquelle non seulement le présomptueux Dolon, mais le noble Hector disposent d'avance du bien d'Achille, quelque chose de comique, qui fait penser à une fable de notre La Fontaine, et qui pourtant se trouvait déjà, quoique plus légèrement indiqué, dans le dixième livre de l'Iliade (33).

Ce qui ne s'y trouvait pas (34), et qui s'approche trop aussi de la comédie, c'est le stratagème prêté depuis, plus convenablement, par Longus (35), par Apulée (36), à des personnages de roman (37), au bouvier Donon, au brigand Thrasiléon, le stratagème duquel Dolon annonce, non pas devant Hector, rentré dans sa tente, je veux le croire, mais devant le choeur, qu'il se servira pour tromper la surveillance des sentinelles grecques. Il se couvrira la tête, le corps entier d'une peau de loup, et, marchant à la manière des bêtes, pénétrera dans le camp ennemi ; puis se redressant sur ses pieds, ira brusquement couper la tête soit d'Ulysse, soit de Diomède, afin de rapporter aux siens un témoignage irrécusable de la manière dont il aura accompli sa mission. Le choeur vante complaisamment son esprit inventif, son audace, et, quand il est parti, exprime dans quelques strophes adressées à Apollon des espérances que ne peut, en conscience, partager le spectateur, tant elles sont chimériques. Les Troyens paraissent, dans cette pièce, depuis le général jusqu'aux soldats, un peu sacrifiés par le poète grec (38).

Survient un pâtre du mont Ida, qui demande Hector et en est d'abord assez mal reçu. Le héros suppose, toujours très prompt dans ses suppositions, que le rustre vient dans un camp, à la vue de l'ennemi, la veille d'une bataille, l'entretenir mal à propos de l'état du troupeau royal. Il n'en est rien cependant : il s'agit d'une bien importante nouvelle, que fait connaître un récit du pâtre, fort naïf à l'ordinaire, et quelquefois d'une expression très vive. Une armée a pénétré la nuit dans les forêts de l'Ida, s'y précipitant à grand bruit, comme un torrent. Ils l'ont prise d'abord pour un corps de Grecs, et se sont hâtés de chasser leurs troupeaux vers le sommet de la montagne. Puis, comme aucune parole grecque ne parvenait à leur oreille, ils se sont rapprochés, et ont appris que ces arrivants étaient des Thraces, amenés au secours de Troie par leur roi Rhésus. Ils ont vu, avec admiration, défiler des troupes de tout genre, cavaliers, fantassins, hommes de trait, soldats portant la lance et le bouclier, le tout en nombre innombrable. Ils ont surtout admiré le chef de ces troupes, revêtu d'armes où l'or étincelait, traîné sur un char magnifique par des coursiers plus blancs que la neige (39), guerrier redoutable, contre lequel ne pourra tenir Achille. Ainsi finit le pâtre, cette fois bien mal appris : par ses indiscrètes louanges, il blesse, sans le savoir, le légitime orgueil d'Hector.

Hector a vaincu la veille les Grecs et pense achever le lendemain leur défaite; il ne voit pas sans peine survenir un allié, qui, après s'être fait longtemps attendre, partagera, à la dernière heure, l'honneur de la victoire; un chasseur, c'est son énergique expression (40), qui, sans fatigue, prendra part à la proie. Il se fait prier quelque temps avant de consentir à accepter ses services tardifs et superflus.

Je pense que, de nouveau rentré dans sa tente, il n'entend pas les chants où le choeur célèbre, avec quelque grâce, quelque éclat poétique, dans Rhésus, dans ce jeune prince de Thrace qu'a engendré, non pas comme le dit Homère (41), Éionée, mais, selon une tradition plus récente, le Strymon, roulant ses eaux autour du chaste corps d'une Muse (42), le futur libérateur de Troie, celui qui la rendra à la joie des festins; où il peint, sans doute pendant qu'il s'avance vers la tente d'Hector, son air royal et belliqueux, l'éclat de ses armes d'or, le reflet redoutable de son bouclier, dont le fils de Pélée sera lui-même ébloui, le son menaçant des clochettes d'airain qui retentissent alentour. Ce dernier détail (43) n'est' pas aussi propre aux moeurs des barbares qu'on pourrait le croire; car c'est précisément ainsi, on peut s'en souvenir, qu'Eschyle a décrit le bouclier de Tydée (44). Un critique y a vu (45), ingénieusement, une expression symbolique de la jactance.

Rhésus paraît enfin, et Hector, qui est venu à sa rencontre lui adresse, nous pouvions nous y attendre, sur sa longue indifférence pour les dangers de Troie, des reproches assez vifs et d'un tour éloquent.

« Fils d'une mère aux chants harmonieux, d'une des Muses (46) et du grand fleuve de la Thrace, du Strymon, toujours j'ai dit la vérité ; je n'ai pas deux langages. Il y a longtemps, oui longtemps, que tu eusses dû venir partager nos travaux, au lieu de nous laisser, autant que cela dépendait de toi, succomber sous la lance des Argiens. Si tu n'as eu nul souci du salut de tes amis, tu ne diras pas que c'est parce qu'ils ne t'ont point appelé. Par combien de hérauts, d'ambassades, les Phrygiens n'ont-ils pas réclamé ton secours ! Que de présents ne t'avons-nous pas envoyés ! Et toi, homme de notre race, barbare comme nous, tu eusses, laissé, s'il n'eût tenu qu'à toi, les barbares (47) à la merci des Grecs l Et pourtant, souviens-t'en, tu étais peu de chose, quand cette main fit de toi le roi de la Thrace; quand, près du mont Pangée, dans la Pæonie, affrontant ses plus braves guerriers, rompant contre eux ma lance, je mis sous ton joug cette contrée. Mais tu as foulé aux pieds toute reconnaissance; tu as vu tes amis dans la peine, et n'es venu à leur aide que le dernier. D'autres qui par leur origine ne nous tenaient en rien, étaient ici dès le commencement : les uns, tombés dans les combats, sont ensevelis dans des tombeaux, monuments de leur foi ; les autres, encore sous les armes, montant le char guerrier. supportent avec nous le froid des hivers, la soif brûlante des étés, sans s'égayer, comme toi, à faire courir autour de la table du festin la large coupe. Voilà ce que je te reproche, et en face, afin que tu saches qu'Hector dit librement sa pensée (48). »

Rhésus, protestant lui-même de sa franchise, répond que le désir d'être utile aux Troyens ne lui a pas manqué, mais qu'une longue guerre contre les Scythes l'a, bien malgré lui, retenu. Libre enfin de cet obstacle, il a aussitôt traversé la mer avec son armée; il a franchi, sans s'arrêter,sans s'épargner, avec plus de fatigues et de privations qu'Hector ne paraît se l'imaginer, l'intervalle qui le séparait de ses alliés. Il arrive tard, mais à temps encore; la guerre, vainement soutenue depuis dix ans, n'est pas finie: il la finira, et seul, dès le lendemain; puis, le jour suivant, il se remettra en route pour la Thrace, ou plutôt, car il se reprend, encouragé par les applaudissements que donne le choeur à sa jactance, il s'en ira conquérir la Grèce avec Hector, que, par politesse, il veut bien mettre de la partie. Ce plan de campagne à la Pyrrhus, ou selon un savant et spirituel critique (49) qui trouve dans cette pièce trois Miles gloriosus, à la Pyrgopolinices, nous ramène de nouveau assez près de la comédie, et nous n'entendons pas sans sourire Hector répliquer à ce conquérant que soumettre la Grèce n'est pas chose si facile, et que, pour lui, il s'estimerait heureux s'il arrivait seulement à sauver d'elle sa patrie. Cette leçon de modestie ne profite pas à Rhésus. Interrogé sur la place qu'il lui convient d'occuper dans la bataille, il demande qu'on l'oppose à Achille, ou bien, car il apprend qu'Achille, irrité contre les siens, s'est retiré des combats, au plus brave des Grecs après ce héros. On lui nomme Ajax, Diomède, Ulysse surtout, ce guerrier hardi et rusé, dont les perpétuelles entreprises ont tenu jusqu'ici les Troyens en échec. Ce n'est pas sans raison qu'on le rappelle, qu'on y insiste, au moment où une entreprise nouvelle va faire apparaître au milieu du camp troyen cet ennemi redoutable. Mais pour  Rhésus, qu'est-ce qu'Ulysse ? un fourbe sans courage, agissant dans l'ombre. Qu'il le rencontre, il lui infligera un ignominieux supplice, et fera de son corps le repas des vautours. Ces bravades sont dramatiques, car elles contrastent étrangement avec le dénouement qui s'approche et que prévoit le spectateur.

Pendant qu'Hector conduit Rhésus au poste que ce superbe allié a enfin accepté, les sentinelles, dont se compose le choeur, on ne l'a pas oublié, s'occupent de se faire relever par celles que le sort appelle à la cinquième garde, la garde du matin probablement (50). D'abord ont veillé les Péoniens, sous la conduite de ce Corèbe à la mort duquel nous a si fort intéressés Virgile  (51); puis les Ciliciens, les Mysiens, les Troyens ; c'est maintenant le tour des Lyciens, qu'il faut se hâter d'éveiller, car la venue de l'aurore est proche. Les signes qui l'annoncent se trouvent complaisamment décrits dans d'agréables strophes. On y voit  (52) les astres qui s'effacent à l'horizon, les Pléiades qui commencent à paraître, la constellation de l'Aigle planant au milieu du ciel (53), la lune illuminant tout de sa lumière (54) : on y entend les plaintes du rossignol (55) aux bords du Simoïs, la flûte des pasteurs qui déjà mènent leurs troupeaux dans les pâturages de l'Ida. Ces souvenirs de la nature et de la vie champêtre, ainsi jetés, à la façon d'Homère, parmi des scènes de guerre, ont beaucoup de charme. Le choeur, tout pressé qu'il est d'aller goûter le sommeil du matin, qui, dit-il (56), ferme si doucement les paupières, ne se retire pas sans avoir exprimé quelques craintes au sujet de l'éclaireur envoyé vers le camp des Grecs par Hector, et dont le retour se fait bien attendre. Remarquons cette préparation habile à une scène qui va nous donner de tristes nouvelles de Dolon. Remarquons aussi que, par une disposition fort rare dans la tragédie grecque (57), la retraite du choeur laisse pour quelque temps le théâtre vide, et qu'ainsi cette scène se passera, comme le veut la vraisemblance, sans témoins (58).

Diomède et Ulysse ont, à la faveur des ténèbres, et grâce à la négligence des sentinelles, pénétré dans le camp troyen ; ils s'avancent, avec précaution, prêtant l'oreille au moindre bruit. On comprend, par les rares paroles qu'ils échangent entre eux, qu'ils ont rencontré et tué Dolon, et que le lâche, avant de mourir, leur a livré le mot d'ordre donné par Hector, leur a fait connaître où était la tente d'Hector. Ils la cherchent dans l'ombre, espérant surprendre et massacrer le général ennemi, qu'ils trouvent parti. Comme ils s'apprêtent à se retirer, avec le regret de n'avoir pu frapper quelque grand coup, ils sont arrêtés par Minerve, qu'Ulysse reconnaît à sa voix, soit que l'obscurité l'empêche de la voir, soit que, on peut encore le croire, je l'ai dit ailleurs au sujet d'une scène à peu près semblable (59), visible pour les spectateurs seulement, elle ne le soit pas pour les acteurs. La déesse apprend aux deux guerriers l'arrivée de Rhésus, le poste qu'il occupe, comment ils pourront l'immoler et enlever ses coursiers ; et tandis qu'ils se hâtent de mettre à profit ses officieuses révélations, après s'être distribué les rôles et s'être chargés, Ulysse d'enlever les coursiers, Diomède d'immoler leur maître, elle-même, sous le personnage de Vénus, rassure artificieusement Pâris, qui, instruit par une vague rumeur de l'entrée furtive d'espions grecs dans le camp, accourait prévenir son frère.

Ici, on me permettra de revenir un peu sur le caractère général que j'ai, en commençant, attribué à cette pièce. Certainement elle pouvait se passer et d'Énée et de Pâris, qui y paraissent uniquement, le premier pour donner un conseil, le second pour porter une nouvelle. Elle n'avait pas davantage besoin de Minerve; car ce que la déesse révèle à Diomède et à Ulysse, ils l'apprennent, dans l'Iliade (60), de Dolon, et pouvaient fort bien l'apprendre de lui encore dans la tragédie, pour peu qu'il eût convenu à l'auteur de ne le faire partir, comme chez Homère, qu'après l'arrivée de Rhésus. Mais la multiplicité des personnages et le mouvement de scène qui en résulte, suppléent en quelque chose au vide réel de l'action. En outre, ce que cette action a de fortuit et de décousu, prend un air d'enchaînement fatal par l'intervention, préparée et annoncée dans le prologue, de cette divinité qui console les deux héros grecs d'avoir manqué Hector, en leur apprenant que, d'après l'arrêt de la destinée, il doit tomber sous une autre main; qui les dissuade, par une raison semblable, d'attenter à la vie de Pâris; qui enfin les pousse au meurtre de Rhésus, dont l'heure est arrivée (61).

Si cette intervention n'était point aussi nécessaire que le dit quelque part le poète (62), par forme d'apologie, au moins, d'après les données mythologiques, les habitudes de l'Iliade, était-elle naturelle et vraisemblable (63). Enfin il se trouvait quelque chose d'analogue dans le récit même d'Homère, où le cri d'un héron, envoyé par la déesse sur le chemin des vainqueurs de Dolon et de Rhésus, quand ils partent pour leur expédition, leur fait connaître que sa puissance protectrice les accompagne (64); où, plus tard, quand leur oeuvre est accomplie, et qu'ils songent imprudemment à frapper de nouveaux coups, sa voix, reconnue de Diomède, comme dans la tragédie elle l'est d'Ulysse(65) , les avertit de se retirer au plus vite (66).

Une alerte nocturne ramène sur la scène le choeur (67), c'est-à-dire ces mêmes Troyens qui tout à l'heure se flattaient d'un sommeil plus tranquille, et non pas, comme on pourrait le croire, cela devient plus tard (68) évident, les Lyciens qui ont dû prendre leur place : ils courent en tumulte, avec un trouble marqué par la distribution des strophes entre deux demi-choeurs, peut-être entre tous les personnages du choeur (69), après ces Grecs qui, dit-on, ont pénétré dans le camp : ils entourent, ils menacent de leurs lances Diomède et Ulysse. au moment où ceux-ci, ayant achevé leur oeuvre, font précipitamment leur retraite : mais le sang-froid d'Ulysse, l'assurance et l'ambiguïté (70) de ses réponses, surtout la connaissance qu'il a du mot d'ordre, leur donnent le change, et ils laissent échapper de leurs mains précisément ceux qu'ils cherchent, pour se remettre après à leur poursuite. Cependant ils se demandent quels sont les inconnus qui ont osé troubler le repos de l'armée, et quelques voix, que d'autres contredisent, nomment Ulysse; ils s'inquiètent de ce que pourra penser Hector de leur vigilance. Pendant que, tout en s'agitant dans l'ombre, ils s'entretiennent ainsi confusément, des accents plaintifs, ceux d'un homme blessé qui se traîne vers eux du quartier des Thraces, leur donnent i. penser qu'un grand malheur vient d'affliger leurs auxiliaires. Ils apprennent bientôt de l'écuyer de Rhésus, frappé à côté de son maître, quel acte sanglant vient de s'accomplir.

Son récit a cette naïveté, cette vérité de détails, et, par suite, cet intérêt, qui ne manquent jamais dans les tragédies grecques aux morceaux de ce genre. Les Thraces, dit-il, fatigués d'une longue route, s'étaient endormis, au lieu où les avait conduits Hector, sans ordre, sans précaution; quant à lui, comme il s'occupait, après un court sommeil, de faire manger les chevaux de Rhésus qu'il devait atteler de bonne heure pour la bataille, il a vu s'approcher furtivement deux hommes, qui lui ont semblé des voleurs, et que ses cris ont éloignés; il s'était rejeté sur sa couche, et, tourmenté d'un songe (71) qui lui montrait les coursiers confiés à ses soins aux prises avec des loups furieux, il voulait, plein de trouble, les aller défendre, quand les derniers soupirs d'un mourant ont frappé son oreille, et qu'il s'est senti tout couvert du sang de son maître qu'on égorgeait : il s'est levé précipitamment, il a cherché ses armes, mais aussitôt une épée, que poussait la forte main d'un guerrier debout devant lui, s'est enfoncée dans son flanc et l'a jeté à terre sans connaissance (72); revenu à lui, il n'a plus retrouvé les chevaux de Rhésus, ravis par ses assassins (73). Voilà ce qu'il raconte rapidement, vivement, déplorant le malheur et l'indignité d'une telle fortune, dont il accuse, dans l'égarement de sa douleur, par des paroles obscures qui vont tout à l'heure s'éclaircir, d'autres que des Grecs.

Et, en effet, quand Hector, qui est survenu, s'emporte contre les sentinelles, dont la négligence a trahi l'armée, et les menace de rigoureux châtiments, il lui impute en face d'avoir assassiné Rhésus pour s'emparer de ses coursiers. N'est-ce pas Hector qui les a fait venir, Hector qui leur a assigné un poste dont assurément les Grecs, auxquels leur arrivée même n'était pas connue, ne pouvaient avoir la moindre idée, à moins que quelque divinité n'eût pris soin de les en instruire? Trait ingénieux (74), remarque judicieusement un traducteur d'Euripide (75), pour justifier, chemin faisant, l'intervention quelque peu superflue et arbitraire de Minerve dans les scènes qui ont précédé. Comment d'ailleurs, dit encore le Thrace furieux, des Grecs fussent-ils arrivés jusqu'à eux, à travers les Troyens ? eussent-ils épargné les Troyens pour ne frapper qu'eux ? Non, non, ce n'est pas sous les coups de leurs ennemis qu'ils succombent, mais bien de leurs alliés. Hector, qui feint l'étonnement, l'affliction, la colère, a tout fait.

Hector, et voilà ce qui le rend si aimable, n'est pas seulement un guerrier d'un bouillant courage; c'est un homme plein de bonté. Il entend avec patience, il repousse sans emportement cette absurde et outrageante imputation; il se contente de renvoyer le reproche à qui il convient, à quelque Grec audacieux, probablement à Ulysse, dont la pensée, dont le nom reviennent sans cesse (cela agrandit beaucoup le personnage) dans les alarmes des Troyens ; enfin, désespérant de dissiper les préventions obstinées de son accusateur, il ordonne qu'on l'emmène, et qu'on en prenne soin dans sa propre maison.

Une des dernières paroles de ce malheureux est bien touchante, c'est comme un antécédent du trait fameux de Virgile :

.. . . Et dulces moriens reminiscitur Argos (76)

« Ô terre de ma patrie, que ne puis-je mourir dais ton sein (77) ! »

En ce moment paraît au milieu des airs la Muse mère de Rhésus, emportant le corps de son fils. Eschyle, déjà, dans une tragédie pleine de merveilles et de spectacle (78), avait montré l'Aurore traversant ainsi le ciel, avec les restes inanimés de Memnon (79).

L'apparition inattendue de cette nouvelle divinité mettait le comble, et c'est probablement ce qu'avait surtout voulu le poète, à l'appareil, au mouvement scénique du Rhésus; elle devait aussi y introduire un peu du pathétique qui y manquait ; elle servait enfin, comme plus haut l'intervention de Minerve, à y rendre présente jusqu'au bout, au milieu d'événements en apparence accidentels, la puissance fatale qui les conduisait. La Muse, en effet, confidente des secrets du destin, achevait de faire connaître qu'il avait présidé à tout ce qu'on venait de voir se développer. Elle savait quelle triste fin attendait son fils ; elle s'était efforcée de la prévenir en le retenant loin de cette Troie (80), où devait, malgré elle, l'entraîner un irrésistible ascendant, pour y succomber, comme il était dit, à la ruse d'Ulysse, à I'épée de Diomède. Elle maudit ses meurtriers, elle maudit la déesse qui les a poussés, oubliant avec ingratitude (applaudissez, Athéniens !) que les Muses se plaisent dans la ville qu'elle chérit, que les Muses ont instruit Musée, un de ses citoyens (81), que le fils d'une Muse, Orphée, l'a initiée aux sacrés mystères (82).

Les discours de la mère de Rhésus, touchants, mais un peu longs, complètent l'histoire du héros thrace ; ils ramènent, par de gracieux détails, jusqu'aux amours divins qui l'ont fait naître d'un fleuve célèbre et d'une Muse, jusqu'à l'éducation qu'il a reçue des Nymphes ses nourrices; ils annoncent quel sort glorieux encore lui est réservé après sa mort. Hector, qui lui donne de simples et nobles regrets, et lui promet d'honorables funérailles, ne l'ensevelira pas ; il ne descendra pas aux sombres demeures; il habitera, rendu par la faveur de Proserpine à une sorte de vie moitié humaine moitié divine (83), un antre du mont Pangée (84), où il sera le prêtre et de Bacchus et du dieu qu'on y adore avec lui. Ce Dieu révéré, fait-on dire à la Muse, de ceux qui le connaissent (85), on a pensé (86) que c'était le roi thrace Lycurgue, associé après son trépas, selon certaines traditions (87), sans doute peu répandues, aux honneurs de la divinité même qu'il avait combattue (88).

Quand tout est ainsi réglé, le jour parait (89), et Hector, rappelé à ses devoirs de général, ordonne que l'on s'arme pour aller combattre les Grecs et incendier leurs vaisseaux. C'est là une conclusion vraiment héroïque ; elle me fait penser à celle d'une tragédie moderne où, après de sanglantes catastrophes qui oit abattu, découragé les âmes, celui qu'elles ont le plus cruellement frappé, s'arrachant par un noble effort à sa douleur, s'écrie, c'est le derniers vers, et ce vers servira de commentaire à la fin du Rhésus:

Soyez prêts à combattre au retour de l'aurore (90).

Il ne faut pas trop dédaigner le Rhésus, pièce semée de quelques beaux détails, assez industrieusement construite, animée d'une sorte de mouvement militaire, de chaleur belliqueuse, où domine enfin, bien que d'abord un peu altérée, une noble figure de héros. Elle n'offre pas, il est vrai, et là est son infériorité à l'égard des autres tragédies grecques, ces grands traits de terreur et de pathétique, ces belles peintures de sentiment et de passion qui en font surtout le prix; elles ne se lie point comme elles au développement de quelque grand principe religieux et moral; le choeur, l'interprète ordinaire de la pensée intime du drame, n'y a rien à exprimer d'universel ; il y est réduit aux affections particulières du personnage qu'il représente. Nulle part, dans tout le théâtre grec, il ne se retranche aussi rigoureusement dans ce qui est de sa condition, de sa situation ; il ne parait, on l'a dit (91), aussi strictement, aussi étroitement conforme à ce que depuis a recommandé, d'après Aristote (92), Horace (93) :

Actoris partes chorus officiumque virile
Defendat, neu quid medios intercinat actus
Quod non proposito conducat et hæreat apte.

« Le choeur doit avoir son rôle à part, faire la fonction d'un acteur; il ne chantera entre les actes rien qui n'aille au but de la pièce, qui ne s'y rattache. »

Le choeur, dans le Rhésus, n'est véritablement plus, bien qu'il s'exprime en bons vers lyriques, qu'un acteur comme un autre, acteur multiple, aux impressions changeantes et diverses, qui, avec sa haute mission morale, a perdu son unité. Ce n'est plus le choeur, c'est un rassemblement de soldats, et, comme presque toujours chez les modernes, une troupe de comparses (94).

Cette pièce, beaucoup moins mauvaise qu'on ne s'est plu à le dire, c'est mon sentiment, mais, d'autre part aussi, très inférieure à toutes les tragédies qui nous sont restées des Grecs, particulièrement aux tragédies du grand poète dont elle porte le nom, est-elle d'Euripide? Il faut dire que les didascalies, catalogues de grande autorité, dans lesquels des critiques, des grammairiens comme Aristote, Callimaque, Ératosthène, Aristophane, Aristarque, Cratès, Caryste, avaient d'après les monuments, la tradition reçue, ou du moins la probabilité, consigné, avec le titre des anciennes tragédies, les noms de leurs auteurs, la date et les principales circonstances de leur représentation, la lui attribuaient assez généralement (95), et que, de leur témoignage, de bons esprits (96) ont cru pouvoir légitimement conclure son authenticité. Il est bien vrai qu'il y avait là-dessus des doutes de plus d'un genre. Quelques-uns l'ôtaient à Euripide, mais, ce n'était pas lui faire tort assurément, pour la donner à Sophocle, de la manière duquel elle leur semblait s'approcher davantage (97) ; par quelles raisons ? on ne nous les a pas transmises malheureusement, et nous ne pouvons guère les retrouver, bien que des modernes (98) aient eu la confiance de se dire frappés de la même conformité. Des scolies assez récemment publiées d'après un manuscrit du Vatican (99), nous font connaître (100) que Cratès excusait une inexactitude astronomique, remarquée dans cette pièce, en alléguant qu'elle était un ouvrage de la jeunesse d'Euripide. C'est encore là un témoignage d'un grand poids, et qu'on ne me paraît pas (101) avoir suffisamment infirmé par cette supposition toute gratuite, que Cratès avait ainsi parlé pour contredire, selon sa coutume, Aristarque, lequel probablement avait dit le contraire (102). On trouve dans les mêmes scolies une observation (103) qui donne à penser que le grammairien alexandrin Dionysodore attribuait aussi à Euripide le Rhésus. Depuis, les écrivains anciens, de date d'ailleurs assez récente, et de nombre assez restreint (il faut en convenir avec les critiques qui en ont dressé une liste fort exacte dans des intentions peu favorables au Rhésus (104)), les écrivains anciens, dis je, chez lesquels se trouve citée cette pièce, l'ont tous considérée comme étant d'Euripide. C'est bien à Euripide assurément que pense emprunter cinquante vers environ du Rhésus l'auteur de ce centon euripidéen sur la passion du Christ, qui porte le nom de Grégoire de Nazianze (105). C'est le Rhésus d'Euripide que citent dans leurs commentaires, leurs lexiques, leurs recueils et autres ouvrages Tzetzès, Hésychius, Eustathe, Stobée, l'auteur du Grand Étymologique.

A dater du seizième siècle, travaillant sur les doutes dont elle trouvait la 'trace dans l'antiquité, la critique moderne, avec beaucoup de savoir et d'habileté, mais, selon moi, trop peu de réserve, s'est appliquée à établir (106) que le Rhésus non seulement ne venait pas de Sophocle, mais ne pouvait pas même venir d'Euripide, tant c'était un ouvrage au-dessous de ce poète et en dehors de sa manière. Une telle assertion avait besoin d'être conciliée avec le témoignage contraire des didascalies, dont il n'était pas permis de ne pas tenir compte. On s'y est pris, pour opérer cette conciliation, de deux manières : quelques-uns, et parmi eux Delrio (107), Valckenaer, Boeckh, ont dit, non sans vraisemblance, qu'uni rapport de noms avait pu tromper les auteurs des didascalies, leur faire prendre pour le grand Euripide un des deux poètes ses homonymes, Euripide l'ancien (108), ou plutôt Euripide le jeune (109); que le Rhésus était très probablement l'oeuvre de ce dernier, le produit d'une époque de décadence, et qu'ainsi s'expliquait l'extrême infériorité, l'extrême diversité qu'il offrait à l'égard des beaux ouvrages du même recueil. D'autre part, Hermann (110), accordant que, d'après l'autorité irrécusable des didascalies, on doit croire à l'existence d'un Rhésus composé par Euripide, a nié que ce Rhésus soit celui dont s'est occupée la critique ancienne, et qui nous est parvenu avec les chefs-d'oeuvre du grand poète. Dans cette dernière pièce, à certains caractères qui l'ont particulièrement frappé, exactitude scrupuleuse de la versification, travail industrieux d'un style qui recherche surtout les formes rares et vieillies, imitation indiscrète d'Homère, étalage de science archéologique et mythologique, et avec tout cela nullité d'invention et d'intérêt, à ces caractères il lui a semblé reconnaître un pastiche alexandrin, l'oeuvre d'un savant sans génie, qui a travaillé dans son cabinet, non pas pour le théâtre (l'ouvrage, à cause des scènes de nuit, à ce qu'il pense inexécutables, n'aurait pu s'y produire), mais seulement pour la lecture. Poussant à bout la conjecture, il est arrivé à penser que cette tragédie avait fort bien pu être écrite pour être publiée frauduleusement sous le nom d'Euripide, ou même vendue, à ce titre, aux collecteurs de la bibliothèque d'Alexandrie, dans le temps que la formation de ce grand dépôt provoquait à de telles supercheries, et en avait fait une industrie lucrative(111). Cette opinion hardie, exposée avec la science et le talent ordinaires au grand critique, a trouvé cependant des contradicteurs, un entre autres, le savant éditeur d'Euripide, Matthiae, qui, par d'autres raisons, a cru pouvoir faire remonter le Rhésus jusqu'à l'époque d'Euripide, et même jusqu'à une époque antérieure. Schoell, dans son Histoire de la littérature grecque profane (112), l'a, je ne sais d'après quelles raisons ni quel auteur, donné à Aristarque de Tégée (113). L'auteur ingénieux d'un livre sur la tragédie grecque intitulé Ariane, Gruppe, revenant à l'opinion des critiques anciens, qui attribuaient le Rhésus à Sophocle, a supposé, bien hardiment, que cette pièce avait formé avec le Thamyris le Thésée, la Nausicaa du même poète, la tétralogie qui, dans la première année de la LXXXIIIe olympiade, lui avait valu la victoire sur le vieil Eschyle (114).

Voilà, en somme, quelle a été la controverse relative à la non authenticité du Rhésus, que plusieurs critiques (115), d'ailleurs, ont persisté, par de bonnes raisons, à maintenir parmi les oeuvres d'Euripide. Il serait difficile de reproduire, avec la brièveté et la clarté nécessaires, les nombreux et subtils arguments de détail qu'y a mêlés la dispute. On les cherchera dans les ouvrages mêmes. Le choix est embarrassant entre des opinions que recommande, pour la plupart, le nom imposant de leurs auteurs, qui offrent presque toutes quelque chose de spécieux et d'attirant, qui s'excluent cependant les unes les autres, et auxquelles manque également ce qui seul vaudrait, à quelqu'une d'elles, la préférence, je veux dire l'avantage d'une preuve positive. Elles ne sont, en dernière analyse, que de savantes et spirituelles conjectures, qui ne peuvent forcer l'assentiment.

Je m'abstiendrai, quant à moi., de choisir entre elles et remarquerai seulement qu'elles ont un point de départ commun, l'impossibilité d'attribuer le Rhésus à Euripide, et que cette impossibilité n'est peut-être pas aussi complètement démontrée qu'on le su:pose. Il y a eu un parti pris d'exclure le Rhésus des oeuvres d'Euripide, qui a fait traiter cette pauvre pièce à la rigueur, avec un esprit contentieux, une animosité tracassière, une dureté, une violence même de paroles, véritablement peu raisonnables. De simples dissertations littéraires sont devenues ainsi des espèces de plaidoyers passionnés, de factums injurieux, et, par suite, l'ouvrage critiqué un opprimé dont le littérateur de sang-froid est tenté de prendre la défense (116). On a fait à cet ouvrage les reproches les plus contradictoires : pour l'un, il s'écartait trop d'Homère; pour l'autre, il le suivait trop fidèlement; celui-ci le trouvait écrit sans art; celui-là, au contraire, dans l'exactitude du mètre et le travail du style, voyait un indice évident de l'artifice d'un faussaire. Ce qu'il pouvait avoir de bon ou de passable, on ne lui en a pas tenu compte ; on n'y a voulu voir absolument que des fautes grossières, que des défauts choquants; et cependant, je le crois, s'il nous avait été donné comme venant incontestablement d'Euripide, on aurait trouvé moyen de louer, ou tout au moins d'excuser beaucoup de choses qu'on y reprend. Voici, par exemple, ce que l'on eût dit :

« Il est possible qu'Hector, lorsque, dans la première scène de la pièce, il croit si facilement aux projets de fuite des Grecs, et s'empresse si Fort d'ordonner l'attaque, se montre plus irréfléchi qu'il ne le paraît dans l'Iliade. Mais lorsque ensuite il accueille les bonnes raisons d'Énée, bien qu'assez rudement présentées, il est tout à fait conforme au héros d'Homère, qui quelquefois (117)  s'irrite contre les conseils de Polydamas, qui d'autres fois (118) s'y rend sans mot dire. Et cependant Polydamas ne prend pas plus de soin qu'Énée de ménager son amour-propre : « Hector, lui dit-il, tu ne te rends guère aux avis : parce qu'il t'a été donné d'exceller dans les travaux guerriers, tu penses l'emporter aussi par le conseil. Mais tu ne peux avoir seul tous les avantages : à l'un les dieux accordent la gloire des travaux guerriers; dans le sein de l'autre Jupiter place ces prudentes résolutions qui font le salut des peuples (119).... » Voilà ce qu'écoute avec patience l'Hector de l'épopée, comme l'Hector de la tragédie, parce que le caractère de ce héros, également conservé dans l'une et dans l'autre, est d'unir à un bouillant courage une grande modération d'esprit. La même apologie peut 'être employée pour défendre la scène où le général des Troyens, après avoir exprimé vivement le mécontentement très naturel, quoi qu'on en ait dit, que lui cause l'arrivée d'un allié qui vient au dernier moment partager avec lui l'honneur de la victoire, finit cependant, en homme sensé, et qui ne s'obstine pas contre la raison, par reconnaître qu'il aurait tort de ne point accepter le secours considérable qu'on apporte, un peu tard il est vrai, à ses concitoyens. Chez un homme d'un coeur si haut, si prompt, cette facilité à suivre, après tout, le meilleur avis, devrait paraître aimable, plaire, au lieu de choquer. On en peut dire autant de la bonté magnanime avec laquelle il traite plus loin son aveugle et opiniâtre accusateur, l'écuyer de Rhésus; il y a là certainement plus à louer qu'à blâmer. Restent clone deux passages où il a paru que ce rôle prêtait à la critique : quand Hector donne à Rhésus un témoignage de regrets, en termes très courts, très simples, et qu'on a trouvés froids ; quand enfin, au lever du jour, chassant de son esprit les funèbres images de cette nuit sanglante, il n'est plus occupé que de la pensée du combat prêt à commencer. Mais cela est parfaitement dans le caractère d'un héros trop fait aux accidents de la guerre pour leur donner de longues larmes, et ne pas trouver dans les soins du commandement une prompte distraction. A tout prendre, ce rôle d'Hector, tant maltraité, est mieux conçu, mieux tracé qu'on ne prétend, et suffirait seul à recommander l'ouvrage. Sans doute, on y rencontre, plus qu'on ne voudrait, l'expression d'une confiance, d'une présomption, marquée aussi dans plusieurs autres rôles, ceux de Dolon, de Rhésus, du choeur, mais dans ceux-ci, en traits plus prononcés, plus chargés, approchant même quelquefois du comique. La tragédie grecque, surtout à cette époque, ne s'interdisait pas l'imitation satirique de certains travers, et il entrait visiblement dans les intentions de l'auteur de faire, comme avait fait Homère lui-même, valoir le caractère moral des Grecs aux dépens de celui des Troyens. Quant à l'économie de la fable, elle comprend, cela est bien évident, plusieurs actions distinctes, mais qui ne sont pas maladroitement rattachées ensemble, ramenées à l'unité. Si le merveilleux y est introduit sans une absolue nécessité, il ne manque certes pas de vraisemblance, de convenance même dans un ordre d'aventures où, selon la tradition poétique, nul accident, si petit qu'il fût, n'avait lieu sans l'intervention des dieux. On ne voit pas, en outre, que ces dieux, dieux aux faiblesses tout humaines, se piquassent, dans leurs procédés entre eux, et à l'égard des mortels, de plus de loyauté et de délicatesse que n'en montre ici Pallas, quand elle emprunte l'apparence de Vénus pour tromper Pâris. »

Voilà, je m'imagine, comment, si l'on eût cru le Rhésus un ouvrage d'Euripide, on l'eût défendu contre les principales critiques dont il peut être l'objet. Je dis les principales, car on lui en a adressé bien d'autres, dont quelques-unes, quoique fondées, n'ont pas grande importance, et dont le plus grand nombre ne sont que de pures chicanes.

A ceux qui, dans les défauts plus ou moins réels, plus ou moins excusables du Rhésus, voient une raison suffisante pour le retrancher du nombre des tragédies d'Euripide, on peut répondre que ces défauts se rattachent précisément, pour la plupart, aux habitudes constantes de ce poète. Il aime à appuyer, avec une familiarité satirique, presque en poète comique, sur certains traits peu nobles de la figure humaine, et fait naturellement moins de grâce aux barbares qu'aux Grecs; témoin, dans l'Oreste, ce Phrygien qui n'y paraît que pour exprimer un lâche amour de la vie (120). Il aime (qu'on se rappelle les Phéniciennes, les Troyennes, l'Hécube, l'Hercule furieux) à tendre, d'une façon nouvelle, en mêlant artistement les fils de plusieurs actions, à l'unité. Il aime enfin, tous ses prologues, tous ses épilogues l'attestent, à faire mouvoir, souvent inutilement, des machines mythologiques. Sous ces divers points de vue, rien ne s'oppose à ce qu'il soit l'auteur du Rhésus.

Cependant si cette tragédie ne diffère pas, quant aux défauts, des pièces qui sont incontestablement d'Euripide, elle en diffère beaucoup quant aux beautés, aussi rares ici qu'ailleurs on les voit nombreuses. Cela est vrai, je l'ai dit plus d'une fois. Mais un auteur se montre-t-il égal à lui-même à toutes les époques de sa vie, dans tous ses ouvrages'? N'a-t-il pas les faiblesses de son début, la fatigue de son déclin, les défaillances passagères de sa maturité? Qu'on en vienne un jour à discuter l'authenticité des tragédies de Corneille, de Racine, de Voltaire, il y en aura bon nombre qu'en raison de leur évidente infériorité on se croira très fondé à en retrancher, à donner pour l'oeuvre de contemporains écrivant sans talent dans un genre pareil, ou bien d'imitateurs, de faussaires d'une autre époque.

Le seul motif légitime de retirer à un auteur un ouvrage qui porte son nom, c'est, non pas l'infériorité de cet ouvrage, - sait-on précisément de quel degré le talent a pu partir, jusqu'à quel degré il. a pu descendre ? - mais bien la diversité fondamentale de caractère, de manière qui s'y manifeste. Or, ce motif existe-t-il ici? Dans le Rhésus, dit-on, il y a moins de pathétique et de maximes que d'ordinaire dans les tragédies d'Euripide. Il y en a moins, d'accord ; mais il y en a, et assez pour qu'on puisse à bon droit suspecter la valeur de cet argument. Ces plaintes de la mère de Rhésus, par exemple, sont-elles si étrangères au tour attendrissant et sentencieux d'Euripide ?

« Ô mon fils.... quel fatal, quel malheureux voyage tu as fait à Troie, malgré moi, qui m'opposais à ton départ, malgré ton père! Hélas! quelle douteur tu me causes! ô mon fils, mon cher fils, tête chérie de mon enfant!... Périssent le petit-fils d'OEnée, le fils de Laërte, qui m'ont privée d'un tel fils ! Puisse aussi périr cette Hélène qui a quitté sa demeure pour aller chercher à travers les mers .a couche d'un Phrygien ! C'est elle, ô mon cher fils, qui te fait périr sous ]es murs de Troie, après avoir rendu tant de villas vides de leurs meilleurs citoyens.... Mais la cause de mon malheur, c'est Minerve; je n'en accuse plus Ulysse, ni le fils de Tydée, quoi qu'ils aient fait; je t'en accuse, cruelle déesse; ne pense pas que tes coups m'aient échappé.... Pour prix de ce que tu devais aux Muses, je porte dans mes bras le corps de mon fils, abandonnée aux larmes.... Rhésus ne descendra pas sous la terre, au sombre séjour.... mais il sera désormais pour moi comme s'il était mort, s'il ne voyait plus la lumière. Jamais un même lieu ne nous réunira.... Je saurai supporter ma douleur mieux que la déesse de la mer; car il faut qu'il meure aussi, le destin le veut, celui qu'elle a fait naître. C'est toi d'abord, ô mon fils, dont nous chanterons, mes soeurs et moi, l'hymne funèbre; plus tard nous mènerons le deuil du fils de Thétis, d'Achille. Pallas, celle qui t'a fait périr, ne le sauvera pas; elle n'écartera pas de lui le trait que lui garde le carquois d'Apollon (121). Ô vains et tristes soins de la maternité, celui qui vous connaîtra bien se gardera d'avoir des enfants qu'il lui faille un jour, après les avoir fait naître, ensevelir (122). »

Mais peut-être dans la versification et le style du Rhésus se trouvera-t-il des indices qui permettront de décider enfin si la pièce est ou n'est pas d'Euripide? C'est encore là, à mon sens, une espérance bien trompeuse.

Selon le jugement des habiles (123), le Rhésus semble versifié avec une exactitude qu'Euripide lui-même n'a plus eue à dater de certaine époque (124) où s'introduisit en cela une négligence générale. Qu'en conclure ? Qu'un Alexandrin, faiseur de pastiches, est remonté, par un effort laborieux, à cette exactitude primitive ; ou bien qu'elle est du fait d'Euripide dans un temps où il ne se permettait pas encore de se négliger, dans le temps des compositions de sa jeunesse, comme pensait Cratès (125)?

Quant au style du Rhésus, les juges compétents, qui sont si rares, trouvent qu'il diffère du style d'Euripide en un point : c'est que ce poète use de préférence, poétiquement, d'expressions empruntées au langage ordinaire, tandis que l'auteur de la pièce en litige semble affecter les formes rares et vieillies. Ces étrangetés de diction, ces archaïsmes du Rhésus, on en a fait le compte (126) ; il y en a six qui ne se trouvent que là; une quarantaine dont le théâtre grec, tel que nous l'avons, n'offre point d'autres exemples ; enfin un assez grand nombre qui se retrouvent soit chez Eschyle, soit chez Sophocle, soit enfin, et pour moitié au moins, chez Euripide. Ne convient-il pas encore d'hésiter sur la conclusion à tirer de ces calculs? Pourquoi attesteraient-ils l'industrie d'un compilateur d'Euripide et des autres tragiques, plutôt que le libre travail d'Euripide lui-même écrivant sa propre langue, celle des contemporains, ses rivaux, et, si le sentiment de Cratès est vrai, s'il a composé le Rhésus dans sa jeunesse (127), mêlant à son style quelques souvenirs d'Eschyle et des vieux poètes, de même que notre Racine débutant employait volontiers des tours, des expressions de Corneille ?

En est-il ainsi? Je ne l'affirme point, mais je crois qu'on n'est guère en droit d'affirmer le contraire, et que le plus sage est d'en rester sur ce point au doute que nous ont légué les anciens.

Que s'il fallait absolument chercher au Rhésus un autre auteur qu'Euripide, une autre époque que celle de ce poète, je pencherais, je l'avoue, pour les opinions les plus modérées, lesquelles se concilient assez bien; celles de Delrio, de Valckenaer, de Boeckh, qui, retirant la pièce au grand Euripide, se contentent de la donner à son neveu, Euripide le jeune; celle de W. Schlegel, qui la croit l'oeuvre d'un imitateur éclectique de Sophocle et d'Euripide, un peu plus moderne seulement que l'un et que l'autre; enfin celle de notre compatriote Hardion, qui, en rapprochant quelque peu la. date (128), y voit une de ces tragédies où les Athéniens du temps d'Isocrate, fort occupés, a dit cet orateur dans son Panégyrique, de l'Idée de réunir toutes les forces de la Grèce contre les barbares, se plaisaient au théâtre à contempler surtout les malheurs des Perses et des Troyens.

Quoi qu'il en soit de cette dernière conjecture, elle me servira de transition pour passer à deux pièces d'Euripide dans lesquelles domine visiblement une intention politique de ce genre, ses Suppliantes et ses Héraclides.
 


(01)  Epist. ad Pison., v. 129 sp.

(02)  Poet., XXIII.

(03)  Voyez G. Hermann, De Eschyli Myrmidonibus, Nereidibus, Phrygibus Dissert., 1833 ; Opusc. 1834, t V, p. 136 sqq. Cf. Welcker,Tril.; Abrens, Eschyl., éd. F. Didot, 1842, p. 181 sqq. Voyez aussi Hygin.; Fab. CV, Hectoris lytra; Attius, fragments des tragédies suivantes : Achilles ou Hirmidones, ou Hellenes, Briseis, Epinausimache, Nyctigresia, et sur ces pièces, en dernier lieu, O. Ribbeck, Tragic. latin. reliq., 1852, pr 303 sqq. Chez le mythologue et le tragique latins se retrouvent des traces de la trilogie d'Eschyle.

(04) Iliad., II, 594 sqq.

(05) Ibid., IX, 447 sqq.

(06) Voyez t. I, p. 108 ; III, 95 sqq.

(07) En., I, 469 sqq.

(08) Ibid. XII, 349 sqq.

(09) Heroid., epist. 1, 39 sqq.

(10) Art. amat., II, 123 sqq.

(11) Poet, xiv. Voyez Hardion, Sur la tragédie de Rhésus; Mém. de l'Académie des inscriptions et Belles-lettres, t. X, p, 323.

(12) Valkenaer, Diatrib. in Euripe frag., IX,. X.

(13) God. Hermann, De Rheso tragoedia Dissertatia; Opusc. 1828, t. III, p. 262 sqs. L'existence de ces deux prologues est au nombre des! arguments que fait valoir Hermann peur établir qu'il y a eu deux Rhésus, un écrit par Euripide, et un, celui que noua possédons, que lui a été prêté. Plusieurs en ont tiré cette conséquence, que le Rhésus était primitivement sans prologue, et qu'on s'est avisé après coup, et par un double effort, de lui en donner un, pour le rendre conforme aux autres productions du poète auquel il était attribué, d'Euripide. Voyez O. F. Gruppe, Ariadne, etc. Berlin, 1834, ch. VII-X

(14)  Voyez t. III, p. 8 sqq.

(15) J. A. Hartung, Eurip. restitut. 1843, t. 1, p. 11 sqq.

(16)  Voyez sur cette tragédie, avec l'ouvrage précédemment cité, Bothe, Poet. lat. scenic. fragm. 1823, p. 224 sqq., O. Ribbeck, ibid., p. 168, 306 sqq. et, en dernier lieu, G. Boissier, le poète Attius, étude sur la tragédie latine pendant la République, 1857, p. 38.

(17) Avant E. Hartung, Fr. Vater, Rhesus cum schol. antiq. 1837. avait pensé que la Nyctegresia était uns imitation du Rhésus; mais les premières scènes, dont il reste des fragments, lui semblaient une addition du poète latin.

(18) Voyez notre tome I, p. 372.

(19) Voyez t. I p. 223; II, 341 III, I l sqq. Dans le Plutus d'Aristophane, v. 627 sqq., dans l'Heautontirnorumenos, imité de Ménandre par Térence, v. 410, il est question, comme dans nos pièces modernes, d'entr'actes nocturnes.

(20) De cette circonstance, un critique qui retire, avec bien d'autres, le Rhésus à Euripide, mais pour l'attribuer, cela lui est particulier, on le verra plus loin, à. quelque Alexandrin, God. Hermann (ibid) a conclu que la pièce, oeuvre de cabinet, n'avait pas été faite pour être représentée.

(21)  V. 5. Cf. Iliad. X, 253. La nuit, divisée en quatre parts chez le poète tragique, ne l'est qu'en trois chez Homère. Sénèque, on l'a remarqué, suivait, au sujet du jour, il est vrai, la plus ancienne division, lorsqu'il disait (Thyest., 798) :

Nondum in noctem vergente die,
Tertia misit buccina signum.

Properce (El. IV, iv, 61) avait auparavant suivi la seconde, devenue celle des Romains, dans ce vers :

Et jam quarta canit venturam buccina lucem.

(22) L'imprudence ne serait pas beaucoup moindre, si, comme le suppose M. Hartung (ibid., p. 20), ce n'étaient pas les soldats eux-mêmes, mais leurs chefs, qui fussent venus en si grand nombre trouver le général.

(23)  V. 818 sq.

(24) V. 105 sqq.

(25)  Heroic., XIII.

(26)  Riad., XII, 218 sqq. ; XIII, 726 ; XVIII, 252,

(27) Valckenaer, Diatrib. in Eurip. fragm., X. Hardion (ibid.) trouvait les caractères des principaux personnages de cette tragédie « tels précisément qu'Homère les avait donnés. »

(28)  V. 690 sqq.

(29) Voyez notre tome III, p. 303.

(30)  V. 158. Sur ces allusions, fréquentes dans les tragédies grecques, au sens fatal des noms propres, voyez t. I, p. 320; Il, 17 sq.; III, 320.

(31) Beck, Diatribe critica de Rheso, supposititïo Euripidie dramate, blâme donc à tort la maxime exprimée au vers 162 sq. Elle n'est pas très relevée, mais elle convient au personnage.

(32) V. 185. Cf. Iliad. XVI, 143 sqq.

(33) V. 319 sqq. Cf. 390 sqq. L'auteur d'un Examen critique de la tragédie de Rhésus, publié à Genève en 1843, M. Th. Borel, trouve, p. 59. qu'il y a entre la mention des chevaux d'Achille au commencement de cette tragédie et celle des chevaux de Rhésus à la fin, une sorte de correspondance ingénieuse.

(34) Cf. Iliad., X, 334.

(35) Pastoral., I.

(36) Metam. IV.

(37)  Musgrave, cependant, renvoie à un passage de Josèphe, De Bello Jud., III, VII, 14, où l'historien raconte avoir recommandé à des émissaires chargés par lui d'un message important un moyen d'échapper aux sentinelles ennemies à peu près semblable.

(38) Cf. schol. vatic. ad. v. 247, Euripid. Glasg., 1821, t. V, p. 587.

(39) V. 300. Cf. Iliad., X, 437.

(40) V. 321 sq. Elle a été, je crois, mal à propos blâmée par Beck, ibid.

(41) Iliad., X, 435.

(42) V. 347 sqq.

(43) V. 379 sq. Cf. 304. Sophocle, dans un fragment (Fragm. incert. Lxxvi), conservé par Plutarque (Sympos. I'robl., II. 5), a peint de même les boucliers des Troyens.

(44) Sept. adv. Theb., v. 371. Voyez t. I, p. 192.

(45 Gruppe, ibid.

(46)  Le poète ne dit pas laquelle. On variait à ce sujet. Quelques-uns, disaient Clio, d'autres Euterpe, Calliope, Terpsichore. Voyez les scolies du Vatican, ad v. 342, Eurip., Glasg., t. V, p. 589; Apollod., Bibi. I, III, 4.

(47). Cf. v.830; Iphig. Taur.. 1142, 1392; Troad., 772,,974, 991, 1021, 1276; Eschyl, Pers., 191, 259, 341, 427, 438; Virg., En., II, 504. A tous ces exemples, que rassemble dans une note intéressante (Eurip., t. IV, p. 290) Boissonade, de barbares se désignant eux-mêmes par ce nom, il faut ajouter ceux de Plaute disant (Asin., prol. II; Trinum., prol. 19), de ses traductions latines d'originaux grecs: Marcus vortit barbare; faisant allusion (Mil. glor., I, II, 57) à Névius par ces mots : poetae barbero; appelant (Poenul., III, I, 21) l'Italie Barbarie, etc. C'est bien à tort, Boissonade le remarque, que Beck (ibid.) a tiré de cet emploi du mot barbare dans la tragédie de Rhésus un argument contre l'opinion qui l'attribue à Euripide.

(48) V. 390-418.

(49) Valckenaer, ibid.

(50) V. 558. Cf. 5.

(51) Aen. II, 341 sqq., 424 sqq.

(52) V. 523 sqq. Cf. Iliad., X, 251 sqq.

(53)  Cf. Manil. Astron., X, 481 sqq.

(54) L'auteur de l'argument grec du Rhésus reconnaît dans cette curieuse description de l'état du ciel semblable à celle qui se trouve au début de l'Iphigénie en Aulide, 6 sqq., la manière d'Euripide. C'est pour lui une preuve que la pièce appartient à ce poète. J. Scaliger, De astrologie veterum, tire de la faute astronomique qu'il impute à l'Iphigénie et dont on l'a depuis déchargée ( voyez notre t. III, p. 14 sq.), une conséquence toute différente. Il s'en autorise pour contester à Euripide le Rhésus, qu'il croit d'ailleurs, comme d'autres critiques, de Sophocle.

(55) Sur ce détail perpétuel dans la tragédie grecque, voyez t. I, p. 331; II, 301: IV, 84. Cf. Aristoph. Av. 209 sqq.

(56) V. 550 sqq.

(57)  Il n'y en a guère d'exemples que dans les Euménides, l'Ajax, l'Alceste. Voyez notre t. 1. p. 372; II, 21, III. 217.

(58)  On a quelquefois supposé, pour rapprocher ce qui a lieu ici des usages de la tragédie grecque, que le choeur est resté endormi sur le devant du théâtre; mais cette supposition ne s'accorde pas avec les vers 558 sqq., où il est dit qu'il va éveiller les Lyciens désignés pour la cinquième garde.

(59  Voyez t. II, p. 10 sq.

(60) X, 412 sqq.

(61V. 593 sq., 601 sqq., 630 sq., 632 sq.

(62V. 849 sqq.

(63) M. E. Roux, qui en convient, Du merveilleux dans la tragédie grecque, 1846, p. 186, trouve toutefois qu'elle a laisse sans emploi la prudence d'Ulysse et le courage de Diomède, » et que l'on a trop le droit de dire avec la Muse, à la fin de la tragédie, v. 935 sqq e Toi seule, Minerve, ne crois pas que je l'ignore, tu es l'auteur de ce désastre; ce n'est ni Ulysse, ni le fils de Tydée, quoi qu'ils aient fait.

(64Illiad. X, 274 sqq.

(65) V. 604 sqq.

(66Iliad. X, 507 sqq.

(67)  Ou bien le réveille, si l'on admet l'opinion rappelée plus Kant, p. 160, qu'il est resté endormi sur le devant du théâtre.

(68 V. 818 sq.

(69) Voyez l'Euripide de Boissonade, t. IV, p. 40 sqq., 289.

(70) Cette ambiguïté va un peu trop loin pour nous aux vers 679, 682, ingénieusement mais arbitrairement éclaircis par quelques critiques. Voyez le commentaire de Heath, de Musgrave, etc.; la dissertation de Bock, celle de God. Hermann, etc.; la traduction de Prévost; les notes de Boissonade. Peut être du sens d'un de ces vers, où Rhésus est nommé, résulterait-il l'explication satisfaisante d'une difficulté signalée entre autres par Valckenaer (ibid). Ce critique demande, et il est difficile de lui répondre, comment Diomède et Ulysse, possesseurs, on vient de l'apprendre par Minerve elle-même (v. 667), des chevaux de Rhésus, de ces chevaux dont la blancheur, égale à celle du cygne, éclate dans l'ombre, ne sont pas trahis par cette proie, et peuvent réussir à l'emmener. On le comprendrait, si, comme dans les interprétations, d'ailleurs diverses, de Musgrave, de Prévost, et récemment de Th. Fix, Euripid., F.. Didot, 1843, Adnotatio critica in Rhesum., p. XXXI, Ulysse était pris pour Rhésus lui-même.

(71) Ce songe peut être rapproché de ceux qui, dans ce théâtre, nous ont frappé par la vérité de la peinture. Voyez plus haut, p. 90 sqq. C'est la préoccupation de son service habituel et des soins mêmes auxquels il vient de vaquer tout à l'heure (voyez Cicéron, Divin. II, 67; Lucrèce, de Nat. rer. IV, 963 sqq.), ce sont de plus des circonstances réelles, confusément aperçues à travers son sommeil, qui produisent dans l'esprit de l'écuyer endormi la vision bizarre dont il est tourmenté. Voyez plus haut, p. 95, note 2.

(72)  Ainsi chez Virgile, Æneid., IX, 345 sqq., tombe Rhoetus surpris, sous l'épée d'Euryale :

Pectore in adverso totum oui cominus ensem
Condidit assurgenti.,..

(73) V. 758-794. Cf. Iliad. X, 518, sqq.

(74) V. 849 sq.

(75) Prévost.

(76) Æneid., X, 782.

(77 V. 866.

(78 Dans sa Psychostasie, voyez notre t. I, p. 260 sq ; III, 31.

(79) Jul. Poll.. IV, 130.

(80) Ce que fait, comme le rappelle Valckenaer (ibid.), dans le chapitre XXXVI des histoires amoureuses de Parthénius, la maîtresse du roi thrace Arganthone.

(81)  Selon une conjecture de Hardion (ibid.), blâmée par Heath, presque approuvée par Valckenaer et par Beck, mais qui semble vraiment bien hasardée, les vers 943 et 946 contiendraient une autre allusion, fort lointaine, à un autre élève des Muses, Socrate!

(82) V. 938 sqq.

(83) V. 968.

(84) Le Rhodope scion la tradition rappelée par Philostrate, Heroic. III, 16, 17.

(85) V. 970.

(86) Musgrave.

(87Strabon, X ; Nonnus, Dionys. XXI, 114 sqq.

(88) Voyez plus loin, ch. XX.

(89) V. 982.

(90) Casimir Delavigne, les Vêpres siciliennes, acte V, sc. 5.

(91) Valckenaer, Diatr. in Eurip. frag., IX.

(92 Poet., XVIII.

(93)  Epist. ad Pison., v. 193 sqq.

(94) Ce n'est pas l'opinion de Gruppe (ibid.), qui juge ce choeur tout à fait conforme, par le rôle agissant qui lui est attribué, aux choeurs des tragédies d'Eschyle, et tire de là un argument en faveur du système par lequel il recule jusqu'aux premiers débuts de Sophocle la date du Rhésus.

(95)  Argum. graec.

(96) Voyez Boeckh, Graec. trag. princ., XVIII. Cf. Corpus inscript. graec., t. I, p. 350.

(97)  Argum. graec.

(98)  Jos. Scaliger, Proleg. in Manil. (Voyez plus haut, p. 160, note 3; W. Sehlegel, Cours de Littérature dramatique; surtout Gruppe, ibid.)

(99)  Ad v. 524.

(100) Voyez l'Euripide Variorum de Glasgow, t. V, p. 591.

(101) God. Hermann, ibid.

(102)  On peut seulement induire d'une de ces scolies, ad v. 587 (ibid., p. 592) qu'Aristarque s'était occupé du Rhésus.

(103). Ad v. 495.

(104) Voyez cette liste, progressivement augmentée et complétée chez Fabricius, Biblioth. graec.; Valckenaer, Beck, God. Hermann, ibid.

(105) Voyez t. I, p. 157 sq.; III, 190.

(106) On cite Joseph Scaliger, Florent Chrestien, Daniel Heinsius, André Schott, Samuel Petit, etc., avant Hardion, Valckenaer, Beck (ibid), Morstadt (Heidelberg, 1827 et 1828), God. Hermann, Gruppe (ibid.), qui, dans des dissertations spéciales, ont appuyé cette opinion de nombreux et quelquefois très spécieux arguments.

(107) Proleg. in Senec. trag. p. 22.

(108) Voyez t. I, p. 69 sq.

(109) Ibid.

(110) Ibid. et, avant, Element. doctr. metr., 1796, p. 124; De linguae graecae dialectis, 1807; Opusc., 1827, t. I, p.136.

(111)  Voyez t. I. p. 114 sq.

(112) Livre III, ch. XI.

(113) Voyez, sur ce poète, t. I, p. 80 sq.

(114) Sur cette victoire, voyez t. I, p. 41 sq.

(115) Entre autres Fr. Vater, J. A. Hartung, Th. Borel, précédemment cité.

(116) Gruppe (ibid.) me paraît toutefois l'avoir par trop défendu. Il pèche par l'excès de l'éloge, comme les contempteurs systématiques du Rhésus, qu'il a quelquefois très bien combattus, pèchent par l'excès du blâme. J'étendras volontiers cette critique à d'autres apologistes peut-être trop zélés de la pièce, à M. Hartung, à M. Borel.

(117) Iliad. XII, 230 sqq ; XVIII, 284 sqq.

(118) Iliad. XIII, 748.

(119) Ibid., 726 sqq. Cf. Euripid., Rhés., 105 sqq. Voyez plus haut, p, 153 sq.

(120) Voyez notre t. III, p. 269 sq.

(121) Ce passage a fait supposer à l'auteur d'une dissertation citée plus haut, p. 155, note 2, M. Th. Borel (voyez sa page 86), que le Rhésus se liait, dans une trilogie, à une autre pièce dont la mort d'Achille était le sujet. Par une autre conjecture, moins vraisemblable qu'il ne lui parait (voyez la note 3 de notre p. 178), il a cru pouvoir placer la représentation de cette trilogie dans la LXXXVe olympiade.

(122) V. 887-979. Cf. Alcest., 902 sqq

(123) Voyez surtout Cod. Hermann, Matthias, ibid.

(124) Voyez t. I, p. 95 sq.

(125) Schol. Rhes. v. 575. Cette dernière opinion est celle de M. Hartung (ibid. p. 5 sqq.), qui non seulement place le Rhésus, chronologiquement, en tête de toutes les compositions d'Euripide, mais croit pouvoir, d'après certains indices, lui assigner une date précise. Il lui paraît d'abord que la pièce doit être plus ancienne que la quatrième année de la LXXXVe olympiade. A cette époque, en effet, selon Polyen, Stratagem. VI, 53, les Athéniens, fondant en Thrace Amphipolis, y firent transporter, d'après le conseil d'un oracle, les ossements du héros, ensevelis dans la plaine de Troie, circonstance que la tragédie eût été mal venue à contredire, comme elle le fait v. 959. Mais à quelle époque antérieure peut-on, avec quelque vraisemblance, faire remonter l'ouvrage? A la troisième année de la LXXXVIIIe olympiade, pense M. Hartung. C'est, selon les historiens (Hérodot., IX, 75; Thucydid., I. 100, IV, 102, etc. Cf. Clinton, Fast. helien. Append. IX De Amphipoii), le temps d'un grand, mais infructueux effort, tenté par les Athéniens, pour s'établir en Thrace, et qui devait donner un intérêt de circonstance au sujet principal et à beaucoup de détails du Rhésus. M. Hartung s'applique à établir, par des calculs, qu'Euripide, encore loin de l'âge où il était permis de se produire au théâtre et obligé de faire paraître son oeuvre, comme cela était d'usage en pareil cas, sous le nom d'un autre, était alors dans cette dix-huitième année qu'Aulu-Gelle (Noct, att. XV, 20) assigne, d'après Théopompe, probablement, à ses premiers essais tragiques.

(126) Voyez Valckenaer, Morstadt; surtout God. Hermann, ibid. Cf. Gruppe, ibid.

(127) Cette date expliquerait l'infériorité,lu Rhésus à l'égard des autres tragédies d'Euripide, selon Elmsley, ad OEdip. Col., v. 1518. M. Artaud, dans sa traduction d'Euripide, publiée en 1842, a exprimé, t. Il, p. 313 sq., une opinion semblable.

(128) Une de ses raisons est l'allusion à la mort de Socrate, qu'il a cru y trouver. Voyez plus haut, p. 166, note 4.