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EURIPIDE

 

 

 

CHAPITRE DIX-NEUVIÈME.

Continuation du même sujet.

 

traduction de la pièce

 

Le moule dramatique dans lequel Euripide avait jeté ses Suppliantes, il y a aussi, à une autre époque, pour une autre occasion, jeté un autre sujet, celui de ses Héraclides. Si l'on peut s'étonner du sans-façon qui lui a fait reproduire, au bout de quelques années, une combinaison presque absolument pareille de personnages, de situations, de tableaux, il y a lieu aussi d'admirer la singulière flexibilité d'esprit et de talent, qui a su l'accommoder à des circonstances contraires, à un ordre différent d'aventures. La seconde pièce, en effet, est aussi hostile aux Argiens que la première leur était favorable, et la générosité d'Athènes, toujours égale à elle-même en toute occurrence, s'y exerce envers de nouveaux suppliants; non plus les mères, les fils des guerriers morts sous les murs de Thèbes et barbarement privés de sépulture, mais la famille, la postérité d'Hercule, que poursuit, depuis la mort du héros, par toute la Grèce, l'impitoyable Eurysthée.

Cette troupe errante s'est arrêtée à Marathon (01), l'une des villes qui composent la Tétrapole (02), partie de l'Attique échue en héritage (03) à l'un des deux fils de Thésée, Démophon (04). Elle s'y est réfugiée dans le temple de Jupiter(05). Elle a enfin trouvé un asile doublement domestique, si on peut le dire, auprès d'un roi parent des Héraclides, d'un dieu leur aïeul. Deux vieillards, qui, succombant au poids de l'âge et du malheur, auraient besoin eux-mêmes, de soutiens et de protecteurs, ont guidé la fuite de ces malheureux enfants, et veillent sur eux. Autour d'Alcmène sont rassemblées les filles, dans l'intérieur du temple ; près de l'autel extérieur se pressent les fils, non pas tous : ceux à qui leur âge permet déjà des soins virils, et à leur tête Hyllus, sont en quête d'un nouveau lieu de refuge qui reçoive les exilés, si la protection d'Athènes venait à leur manquer. Les plus jeunes cependant restent sous la garde d'Iolas, neveu d'Hercule, qui autrefois s'est dévoué seul à partager ses périls, conduisant son char, portant ses armes, combattant avec lui (06), et maintenant, tout vieux et cassé qu'il est, se dévoue à la défense de sa postérité. C'est Iolas qui est chargé du prologue, office dont il ne s'acquitte pas sans arriver bientôt d'un début sentencieux(07), et de la préface qui le suit, à cette expression déjà dramatique de son noble caractère et de sa tragique situation :

« . . . Exilés, je partage leur exil; malheureux, leur malheur. Je rougirais de les abandonner et que l'on pût dire : Voyez ! ces enfants n'ont plus de père, et Iolas, leur parent, ne prend pas leur défense  (08)!...

« . . . . Ô mes enfants, mes enfants, venez près de moi et attachez-vous à mes vêtements. Je vois s'approcher le héraut d'Eurysthée, celui qui nous poursuit, qui nous chasse partout devant lui. Homme odieux, puisses-tu périr et celui qui t'envoie ! C'est toi qui, de cette même bouche, as dénoncé tant d'ordres cruels à leur généreux père(09). »

Ce ministre du tyran d'Argos. c'est Coprée, nom qui n'est pas prononcé dans la pièce, mais qu'a fourni Homère à la liste des personnages, par ces vers touchants de l'Iliade (10), où il peint l'excellent fils d'un si méchant père expirant, à la vue de ses compagnons épouvantés et attendris, sous la lance d'Hector. Une violence brutale, le mépris du: droit, du malheur, de la faiblesse, des discours d'une arrogance à laquelle rien n'impose, tels sont les traits qui caractérisent Coprée. Euripide les a exprimés avec énergie, et non sans variété, dans une suite de scènes où il le peint, d'abord insultant à la débilité d'Iolas, qu'il renverse et foule aux pieds, pour aller arracher de l'autel ses jeunes victimes; puis, s'expliquant avec dédain devant les vieux citoyens de Marathon accourus aux cris de détresse que pousse le protecteur impuissant des Héraclides, le suppliant insulté d'Athènes et de Jupiter; bravant enfin insolemment jusqu'à la majesté royale dans la personne de Démophon, lorsque le fils de Thésée, le souverain de la Tétrapole, attiré lui-même, avec son frère Acamas (11), par cette scène de désordre, vient lui demander compte de sa conduite, indigne de l'habit grec qu'il porte, et convenable seulement à un barbare. Il est, répond-il, ArgienI; il réclame justement des fugitifs qu'Argos a condamnés au supplice. Athènes n'osera point ce que nul peuple n'a osé, se compromettre pour leur cause. Si elle les livre, ou du moins refuse de les accueillir, elle s'acquiert l'alliance du puissant Eurysthée; autrement, elle s'expose, à sa vengeance, qui ne se fera pas attendre. Et pour qui encore son roi lui ferait-il courir ce danger, et mériterait-il ainsi sa colère? pour un vieillard qui n'est dép. plus qu'une ombre, pour des enfants qui ne pourront de longtemps, si jamais ils le peuvent, s'acquitter envers leurs bienfaiteurs. Qu'elle ne commette point la folie qui lui est trop ordinaire de préférer l'alliance des faibles à celle des forts ! Ce discours, dont l'emportement et l'insolence ne manquent pas d'artifice, et où sont assez habilement touchées des raisons de prudence et d'utilité qui trop souvent retiennent les mouvements généreux du coeur, ne peut rien sur ceux auxquels il s'adresse, sur ces représentants héroïques d'un peuple qui mettait sa gloire à s'exposer pour la défense des opprimés, et acceptait comme un éloge, nous l'avons vu dans les Suppliantes (12), nous le retrouvons ici  (13), les reproches qu'on lui faisait de son imprudence.

Démophon, à qui le poète a donné une magnanimité simple, une dignité calme, n'y réplique pas et se contente d'inviter Iolas à dire, à son tour, ses raisons. C'est, remarque en commençant ce dernier, avec un à-propos qui devait charmer ses auditeurs, ceux du drame, ceux de l'amphithéâtre, par une allusion délicate à l'équité des jugements chez les Athéniens, c'est un avantage nouveau pour lui; il a enfin rencontré une terre de liberté, où on ne lui refuse pas, comme ailleurs, la faculté d'entendre et de répondre. Il répond donc et d'une manière bien persuasive, repoussant les prétentions injustes d'Argos sur ceux qu'elle a bannis et qui sont devenus pour elle des étrangers; réclamant les droits des enfants d'Hercule à la protection des fils de Thésée, proche parent de leur père, et, toute la Grèce le sait, en de si grands besoins, son obligé ; intéressant adroitement, mais avec une adresse qui n'a ici rien de la rhétorique, que semblent seuls suggérer à l'orateur son danger, sa passion, à une cause si juste, l'orgueil d'Athènes, la générosité, la compassion de Démophon.

« ... Parce qu'on est exilé d'Argos, faudra-t-il donc qu'on le soit du reste de la Grèce? non pas d'Athènes du moins. La crainte des Argiens ne lui fera pas repousser de son territoire les enfants d'Hercule. Ce n'est pas ici Trachine, ou quelques-unes de ces petites villes de l'Achaïe, d'où tu as pu, non pas assurément par de justes raisons, mais en faisant valoir, comme tout à l'heure, le nom d'Argos; chasser des suppliants assis au pied de l'autel. S'il en devait être ainsi, si un décret des Athéniens confirmait tes discours, je ne les tiendrais plus pour libres. Mais je connais leur esprit, leur caractère : ils aimeront mieux mourir. La honte, pour les hommes généreux, compte plus que la vie. C'est en dire asse z, je m'arrête. La louange, je le sais, peut devenir importune, j'en ai moi-même senti le poids (14)...

« . . . Ces enfants réclament aujourd'hui de toi le prix des bienfaits de leur père; ils te conjurent de ne point les livrer, de ne point souffrir qu'arrachés à tes dieux, ils soient rejetés de cette terre. Il y aurait de la honte pour toi, du déshonneur pour Athènes, à ce que des parents, malheureux, fugitifs, suppliants (hélas ! regarde-les, regarde-les !), éprouvassent cette violence. Je t'en conjure, tendant vers toi ces rameaux, par tes mains, par ton visage que je touche, ne refuse pas d'ouvrir les bras aux enfants d'Hercule. Sois pour eux un parent, un ami, un père, un frère (15), un maître même : tout vaut mieux pour eux que de tomber au pouvoir des Argiens 16). »

Le choeur est ému de cette prière; Démophon ne l'est pas moins : il se rend noblement, quoi qu'il puisse lui en coûter, à ce qu'exigent de lui la religion, les droits du sang et de la reconnaissance, son honneur et celui d'Athènes ; il reçoit sous sa protection les Héraclides ; il congédie le héraut d'Argos. Nouvelles injonctions de celui-ci, nouvelles menaces, vivement relevées, et desquelles résulte un de ces entretiens coupés, qui, dans les scènes grecques comme dans la nature, succèdent volontiers à des raisons plus continûment déduites. La dispute s'échauffe tellement que le héraut et le roi, entre lesquels le choeur s'interpose, sont tout près d'en appeler à la force, l'un pour mettre la main sur ceux qu'il réclame, l'autre pour châtier cet attentat contre le droit des gens par un attentat semblable. C'est ainsi, comme on l'a ingénieusement remarqué ((17), qu'Euripide corrige et explique la tradition fâcheuse qui accusait les Athéniens d'avoir mis à mort, au mépris du droit des gens, l'envoyé d'Eurysthée (18). Coprée se retire à la fin, menaçant de la guerre et de la guerre prochaine. On apprend de lui (ce détail n'est pas jeté ici sans intention : il prépare aux événements qui vont suivre, il justifie d'avance le poète de les comprendre dans les étroites limites de son drame) qu'Eurysthée est déjà à la tête de son armée, sur les frontières de la ville d'Alcathus, c'est-à-dire de Mégare (19), tout près de l'Attique, attendant le résultat de la négociation et dans le dessein, si elle échoue, d'envahir et de ravager le pays:

« Dès qu'il saura votre outrage, il vous apparaîtra terrible, à toi et à tes citoyens, à cette terre et à ses productions (20). »

On remarque ce dernier trait auquel prêtaient un intérêt tout présent les récentes dévastations de la guerre du Péloponnèse, si funestes pour le sol athénien, et par lesquelles n'avaient pas été épargnés même ces oliviers que la tragédie de ce temps  (21) représentait cependant comme placés sous la garde des dieux.

Un ennemi si redoutable, tout prêt à fondre sur eux, Démophon, et les vieillards de Marathon, au nom du peuple athénien, le bravent courageusement, soutenus par la justice de leur cause et le sentiment de leur indépendance méconnue. Iolas, d'autre part, remercie les hommes généreux qui hasardent tant pour les nobles mais malheureux enfants d'Hercule. Ses paroles fort touchantes étaient accompagnées d'un jeu de scène qui ne l'était pas moins, et qu'à l'ordinaire elles nous retracent. Elles offraient en outre, je m'imagine, une allusion, avidement saisie, à quelque grief d'Athènes contre les descendants de ceux auxquels elle s'était montrée autrefois si secourable.

« ... Approchez, mes enfants, et donnez-leur la main ; ils ne la repousseront point. Ce sont vos vrais amis, nous en avons fait l'expérience. Si jamais vous revenez dans votre patrie et qu'il vous soit donné d'habiter la maison de votre père, de rentrer en possession de ses honneurs, regardez-les toujours comme vos sauveurs et vos amis. Pleins du souvenir de leurs bienfaits, que jamais il ne vous arrive de vous armer de la lance contre cette terre, cette ville ; qu'elles vous soient, au contraire, chères entre toutes. Ils méritent votre respectueuse reconnaissance ceux qui n'ont pas hésité à se faire de tels ennemis pour nous défendre, nous qu'ils voyaient cependant errants et sans ressource; qui ne nous ont pas livrés, qui ne nous ont pas repoussés de leur territoire. Ah ! je t'exalterai par mes louanges, que je vive, que je fleure. Oui, quand je serai mort, ô cher fils de Thésée, m'approchant de ton père, je réjouirai son coeur en lui contant tout ceci, avec quelle générosité tu as reçu, secouru les enfants d'Hercule, comme tu sais soutenir dans la Grèce la gloire paternelle. Tu es de bien noble race et ne te montres point inférieur au héros de qui tu es né, comme si peu savent faire; car combien en est-il 'qui ne soient pires que leurs pères (22) ? »

On reproche à Euripide, non sans raison, l'abus des moralités, et des moralités satiriques. Il est juste cependant de reconnaître qu'il excelle è les amener. Avec quel naturel arrive, comme entraînée par le mouvement de la passion, celle qu'il emprunte à Homère et place à la fin de cette tirade ! Il y en avait, au commencement, du même genre, sur l'avantage de devoir le jour à de bons et nobles parents, la sagesse de s'unir par le mariage à d'honorables familles, la folie de condamner d'avance, par d'indignes alliances, ses enfants à rougir (23), qu'introduisait à peu près aussi naturellement cette réflexion d'Iolas, que c'est à l'illustre mémoire d'Hercule que sa famille doit de trouver des protecteurs. Peut-être les inclinations épigrammatiques du poète paraissaient-elles davantage lorsque le choeur, remontrant à Démophon combien l'occasion était pressante, faisait surtout valoir cette raison, que le héraut d'Eurysthée, dans son rapport à son maître, ne manquerait pas de grossir beaucoup de choses, ses injures, ses dangers, comme d'ordinaire font les hérauts (24).

Démophon n'a pas besoin qu'on le rappelle à ses devoirs de roi. Il montre un louable empressement à s'en acquitter. Il va, dit-il, faire observer par des éclaireurs les mouvements de son ennemi pour n'en pas être prévenu, rassembler, disposer l'armée athénienne, sacrifier aux dieux, et enfin consulter les devins. Dans la mention de cette dernière circonstance se trouve encore, il importe de le remarquer, une préparation habile à un des principaux incidents du drame. Iolas, invité par le roi à se retirer avec les jeunes suppliants dans son palais, préfère rester près de l'autel jusqu'à ce que l'événement ait décidé de leur sort: nouvelle adresse du poète, mais cette fois assez maladroite, car elle est trop visible, pour retenir sur la scène un personnage dont la continuelle présence est nécessaire à l'action. Quoi qu'il en soit, Iolas exprime une pleine confiance dans la protection des dieux d'Athènes qu'il continuera d'implorer. Le même sentiment anime quelques strophes remplies de récriminations menaçantes contre la violence du roi d'Argos, contre l'insolence de son héraut, et par lesquelles le choeur termine vivement ce que l'on a longtemps appelé le premier acte de la tragédie. Cet intermède lyrique est, comme ceux qui viennent ensuite, d'une brièveté inusitée, et l'on a fait cette observation (25), que leur nombre, de quatre seulement, rendait plus facile et plus naturelle l'application à cette pièce de la division en cinq actes.

Iolas voit revenir Démophon et lit d'avance dans ses regards quelle triste nouvelle il apporte. Le roi d'Argos, posté avec ses troupes sur une colline qui domine la plaine de Marathon, était en vue de l'armée athénienne prête à le recevoir. Dans l'attente du combat on se hâtait d'amener les victimes qui devaient rendre les dieux favorables, et tous les devins rassemblés par ordre du roi interrogeaient avec lui les anciens oracles, tant connus que secrets, auxquels est attaché le salut de l'État. Or, dans tous, on a vu qu'il n'était pas permis de compter sur la victoire, si l'on n'immolait d'abord à Proserpine (26) une fille née d'un noble père. Cette victime, Démophon, quelque dévoué qu'il soit à la cause des Héraclides, ne la prendra certainement pas dans sa famille ; il n'imposera non plus à aucun de ses concitoyens un sacrifice qui révolterait tout homme de sens. Et déjà le peuple ému se divise en partis contraires, les uns approuvant ce que le roi a fait pour des étrangers suppliants, les autres blâmant son imprudence. On touche à la guerre civile, qu'il est urgent de prévenir. Qu'Iolas voie donc s'il peut trouver quelque moyen de sauver à la fois et ceux qui l'intéressent, et Athènes elle-même, de rétablir l'harmonie troublée entre le prince et ses sujets: car, dit en finissant Démophon (cela contraste avec les maximes despotiques professées dans la tragédie des Perses (27), le pouvoir qu'il exerce n'est pas celui des rois barbares ; il faut qu'il agisse justement pour être traité de même (28).

Cette déclaration, quelque adoucie qu'elle soit par la délicatesse vraiment remarquable et remarquée (29) qu'y apporte Démophon, est bien pénible à entendre, et elle produit,, dans la situation des Héraclides, une révolution, une péripétie,, à la beauté de laquelle on dirait qu'Euripide lui-même, prévenant le suffrage du, publie et les éloges de la critique, a voulu rendre hommage par. les premières paroles qu'il prête à son Iolas. Le malheureux vieillard se compare, lui et les siens, à des nautoniers qui, battus. de la tempête, vont gagner le rivage, quand tout à coup un vent contraire les en repousse (30). Au milieu des regrets, bien touchants, qu'il donne, non pas à son propre sort, il y est indifférent, mais à celui de. cette famille qu'il voulait,, qu'il espérait sauver, à ses efforts inutiles-, à son attente trompée, un moyen de salut semble lui apparaître. Si le roi d'Athènes le livrait aux Argiens; c'est lui surtout, le compagnon d'armes d'Hercule, qu'Eurysthée, dans son ressentiment, souhaiterait avoir entre ses mains. Hélas ! il le croit ou tâche de le croire. Démophon n'a pas de peine à lui faire comprendre qu'Eurysthée est lien plus jaloux de tenir en sa puissance ces jeunes fils du héros chez qui doit vivre et grandir le souvenir de ses outrages et le désir de: la vengeance. Iolas s'entend dire de nouveau,, ou. plutôt (c'est Euripide lui-même qui le remarque un peu plus loin (31), avertissant. ingénieusement le spectateur d'une beauté qui; eût pu lui échapper) les ménagements délicats de Démophon l'amènent à. se dire que, s'il n'imagine rien: de plus, praticable, de plus efficace, il lui faudra. songer sans délai à un autre. asile.

En ce moment de détresse, d'anxiété, amené, prolongé si habilement, le temple de. Jupiter, devant lequel, on; ne, l'a pas oublié, a lieu l'action, s'ouvre tout à, coup,. et il en sort l'aînée: des filles d'Hercule. Elle est,, comme l'aîné de ses fils,. Hyllus, dont. il sera aussi fart question dans la. pièce, le fruit de son union avec Déjanire;. quant à son nom qui ne se trouve pas plus chez Euripide que celui de Coprée (32), les éditeurs anciens du poète l'ont de même emprunté à la tradition mythologique. Il y avait dans le bourg de Marathon une fontaine de Macarie, ainsi nommée en souvenir de cette héroïque fille (33).

Macarie s'excuse d'abord de manquer, en se présentant ainsi librement devant des hommes, aux bienséances de son sexe. Mais de l'intérieur du temple où elle était, on s'en souvient aussi, avec ses soeurs, sous la garde de leur aïeule Alcmène, elle a entendu les gémissements d'Iolas ; elle a hâte de savoir de lui quel nouveau malheur menace la race d'Hercule. Iolas ne lui laisse pas ignorer à quel prix d'inflexibles oracles mettent la victoire dans laquelle est toute leur espérance. Elle répond à•cette confidence en se désignant elle-même pour victime, avec une soudaineté, une fermeté de résolution, une force de raison, une hauteur de sentiments, une chaleur d'enthousiasme, qui émeuvent et transportent. Il faut la laisser parler elle-même :

« Ne crains plus les lances d'Argos. De moi-même, ô vieillard, avant d'y être contrainte, je me présente pour mourir, j'offre ma tête au fer. Pourrions-nous, en effet, quand cette ville brave volontairement pour nous les plus grands dangers, laisser aux autres la peine, et, pouvant assurer notre salut, chercher seulement à ne pas mourir? Non certes; on rirait de nous, et justement, si, ne sachant que gémir en suppliants au pied des autels, nous montrions, enfants d'un tel père, tant de faiblesse. En quels lieux cette lâche conduite pourrait-elle être approuvée? Peut-être je ferais mieux d'attendre que cette ville étant, ce qu'aux dieux ne plaise, prise par l'ennemi, je tombasse moi-même en ses mains, afin sans doute qu'ayant subi, fille d'un héros, ses outrages, je n'en finisse pas moins par aller voir Pluton? Mais si, échappée de cette terre, j'errais de nouveau par la Grèce, ne rougirais-je pas de honte, lorsque j'entendrais dire : « Que venez-vous chercher ici avec vos rameaux et vos a bandelettes, lâches, trop épris de la vie? Quittez à l'instant a cette terre ; ce n'est point à des liches que nous accordons a notre secours. » Je n'aurais pas même, si je les laissais périr, et me sauvais seule, cet espoir d'un heureux avenir, qui trop souvent a fait trahir des amis. Qui voudrait d'une fille sans famille, abandonnée, pour en faire sa, femme, pour avoir d'elle des enfants? Ne vaut-il pas mieux mourir que de tomber dans une fortune indigne de moi, convenable peut-être à quelque autre qui serait de race moins illustre? Prenez donc ce corps et conduisez-moi où il faut que je meure ; couronnez-moi, consacrez-moi, comme il vous semblera bon; et puis soyez vainqueurs de vos ennemis. Cette vie est à vous; je vous l'abandonne, , volontiers, sans contrainte. Oui, je le proclame, je veux mourir pour mes frères et pour moi-même. Je ne tiens pas à l'existence, et j'ai trouvé une noble voie pour en sortir (34). »

A cette généreuse résolution, à ces nobles accents de la digne fille d'Hercule, le choeur éclate en acclamations. Iolas; plein d'admiration, et aussi de pitié, voudrait du moins que le sort choisît entre elle et ses soeurs la victime demandée. Elle s'y refuse, avec une sorte d'indignation, ne voulant tenir que de sa libre volonté la gloire de mourir .pour les siens. Ainsi s'exalte de plus en plus son âme; ainsi croît son héroïsme; on le lui dit, et le poète, toujours ingénieux commentateur de son oeuvre, nous le dit à nous-mêmes, par la bouche d'Iolas (35), et non pas, comme on l'a voulu à tort (36), de Démophon, témoin muet de cette belle scène, jusqu'au moment peu éloigné, on le verra, où son tour viendra d'y intervenir.

Iolas se rend et dans des termes dont Macarie loue la curieuse réserve (37). Il ne lui conseille pas de mourir, ce serait avoir part à sa mort; il ne l'en détourne pas non plus, il se rendrait coupable envers la déesse à qui elle s'est librement vouée (38). Il se contente de lui dire que son dévouement sera utile à sa famille. Nous avons rencontré ailleurs (39), chez notre poète, un autre exemple de cette résignation respectueuse et sans larmes à un sacrifice sanglant, volontairement accepté par la victime (40).

Macarie souhaite qu'Iolas l'assiste au moment suprême; troublée de cette inquiétude publique que les poètes et les artistes de l'antiquité ont représentée avec charme comme la dernière pensée de leurs héroïnes (41), elle veut que le vieillard soit là, quand elle tombera sous le couteau sacré, pour jeter un voile sur son corps. Comme il s'en défend, n'ayant pas, dit-il, la force de la voir mourir, elle se borne à lui demander qu'il lui obtienne du roi d'Athènes la grâce d'exhaler sa vie entre let mains de femmes, loin du regard des hommes. C'est alors, seulement alors, cela m'est bien évident, que Démophon (42) reprend la parole pour l'assurer qu'il ne manquera envers elle à rien de ce que lui prescrivent l'honnêteté, la justice, son admiration pour tant de courage. Il la loue en quelques paroles simples, mais expressives, et puis il remplit l'austère devoir de l'avertir qu'il est temps qu'elle adresse à ce qu'elle aime ses dernières paroles. Alors commencent des adieux, d'une tendresse passionnée, d'une mélancolique tristesse, où s'amollit par intervalle cette grande âme, touchée de ce qu'elle quitte, troublée de ce qu'elle va chercher dans un monde inconnu.

« Adieu, vieillard, adieu ! Charge-toi d'élever ces enfants, de les rendre en tout sages comme toi-même, rien de plus; n'est-ce point assez? Tâche de les conserver, et pour cela ne te hâte point de mourir : nous sommes tes enfants; c'est de tes mains que nous fûmes nourris. Moi-même, tu le vois, dans la saison de l'hymen, je leur donne ma vie, je meurs pour eux. Et vous, mes frères, dont la foule m'entoure, soyez heureux, et que puissent ne pas vous manquer ces siens que vous doit assurer mon sang répandu à l'autel. Ce vieillard, cette femme chargée d'années, qui est là dans le temple, la mère de notre père, Alcmène, honorez-les; honorez ces étrangers. Quand vous aurez trouvé, par la volonté des dieux, la fin de vos disgrâces, que vous serez rentrés dans votre patrie, ne perdez point le souvenir de celle qui vous aura sauvés ; prenez soin de lui élever un tombeau, un tombeau superbe, cela est juste ; car je ne vous ai point failli, je meurs pour ma famille (43). Ce monument me tiendra. lieu d'enfants et d'hyménée, s'il reste encore sous la terre quelque sentiment. Oh! qu'il n'en soit pas ainsi! que hors de ce mortel séjour nous ne retrouvions pas nos peines ! Quel serait alors notre refuge ? La mort ne serait plus, comme on le dit, le souverain remède de tous les maux (44). »

Quelques paroles d'Iolas qui, par crainte religieuse, précipite une trop douloureuse séparation, et va s'asseoir, accablé, et la tête cachée dans son manteau, au pied de l'autel; deux strophes dans lesquelles le choeur l'exhorte à la soumission envers les dieux arbitres souverains de notre destinée, et s'efforce de détourner sa pensée vers la considération de la gloire dont se couronne en mourant la noble enfant qui lui est ravie, voilà par quoi se termine ce qui, dans les anciennes éditions et traductions de la pièce, en formait le second acte.

La partie que j'ai analysée jusqu'ici peut être considérée comme une tragédie à part, beaucoup plus longue que celle qui va suivre et, quoique celle-ci ne soit pas, à beaucoup près, sans beautés, beaucoup plus frappante. Cette fois encore il est arrivé à Euripide d'épuiser en commençant sa force tragique, de prodiguer dès l'abord l'intérêt des situations, des péripéties, la pitié, la terreur, l'admiration, peur laisser ensuite son drame se refroidir, par degrés, jusqu'au dénouement. Nous ne tremblerons plus pour les enfants d'Hercule désormais hors de danger: Macarie (c'est là le défaut capital de l'ouvrage , celui qui lui est le plus généralement reproché (45)), Macarie, dont le dévouement nous a tant émus et élevés, il n'en sera plus. question. Démophon ne reviendra point de son armée, Iolas ira l'y rejoindre, la scène restée vide ne sera guère remplie que par des récits, et les nouveaux personnages qui s'y montreront, Alcmène,. Eurysthée; ne dédommageront point de ceux qu'elle aura perdus. Si la première moitié de la pièce se prêtait à être distribuée en deux actes, on ne pourrait en faire trois de la seconde, sans qu'ils parussent bien courts, quelquefois bien pauvres, sans que la décadence de l'intérêt y fût bien sensible. C'est une raison de laisser là cette division factice, malgré la facilité matérielle de l'établir (46) ; une raison de rendre, dans cette analyse, à la conclusion d'Euripide, sa continuité, sa rapidité.

Un esclave d'Hyllus vient, de la part de son maître, trouver Iolas, qui appelle, hors du temple, Alcmène, pour recevoir avec lui la nouvelle heureuse qu'apporte ce messager. Iolas avait eu d'abord quelque peine à le reconnaître, et Alcmène, de son côté, l'esprit et les sens également affaiblis par l'âge, par les chagrins, s'obstine longtemps à voir en cet homme, dont elle a aussi perdu le souvenir; un héraut envoyé par Eurysthée. on lui donne audience et on apprend de lui qu'Hyllus vient d'arriver avec un corps de troupes ; qu'il a pris place à l'aile gauche de l'armée athénienne ; que la bataille, où doit se décider le sort des Héraclides, va se livrer; que déjà ont été conduites hors des rangs les victimes qu'il faut avant tout immoler aux dieux. Quelles sont ces victimes? le messager ne le dit pas, soit que, nouveau venu en Attique, ainsi qu'Hyllus, il n'en sache rien (47), soit que, par cette réticence, il veuille ménager l'affection d'Iolas et l'ignorance d'Alcmène. On a droit de s'étonner toutefois que la mention de cette circonstance. n'arrache pas à l'un quelque témoignage involontaire de douleur, et que l'absence étrange et prolongée de l'aînée des filles d'Hercule n'ait pas déjà éveillé chez l'autre quelque vague soupçon de ce qui se passe (48). Le même étonnement. sera plus légitime encore quand un nouveau messager, leur racontant la bataille, et n'omettant pas le sacrifice humain qui l'a précédée, s'abstiendra de même, mais- cette fois à dessein, on n'en peut pas douter, de nommer la victime (49).

Cependant l'esclave d'Hyllus parle de repartir ; avant que la bataille commence, il veut être auprès de son jeune maître. Iolas alors déclare que lui-même s'y trouvera. En vain l'esclave, avec une familiarité quelquefois respectueuse, quelquefois légèrement ironique, le choeur avec l'expression d'une admiration compatissante, lui rappellent son âge, sa faiblesse, son impuissance ; en vain Alcmène le conjure de ne pas l'exposer à rester seule chargée de ces orphelins dont il était surtout l'appui; Iolas demeure inébranlable : il ne manquera pas aux siens dans une épreuve si décisive ; il paraîtra une fois encore parmi les guerriers, il honorera par un dernier fait d'armes ses derniers jours. A sa juvénile ardeur, en un corps tout cassé, conviendrait la comparaison fameuse tirée par Sophocle du coursier vieillissant, « dont les années n'ont pu glacer le sang généreux, et qui, dans le péril, dresse encore l'oreille (50). » Par son ordre on détache du temple de Jupiter des armes consacrées au dieu, et qu'il lui restituera fidèlement, s'il échappe à la mort. Il les fait emporter pour s'en revêtir au moment de l'action; et, appuyé sur une lance, soutenu par l'esclave, il se met en route, hâtant de son mieux sa marche tremblante, et non sans craindre le présage fâcheux de quelque faux pas (51). Tout en avançant, bien lentement au gré de son guide et au sien, il rappelle, avec orgueil et avec regret, ce qu'il était dans le temps de sa jeunesse, quand il combattait à côté d'Hercule. C'est Nestor qui vante avec complaisance sa force, sa valeur d'autrefois (52); c'est Evandre qui les pleure (53); c'est Priam armant d'un trait qu'elle ne peut plus lancer sa débile main (54). Il s'y trouve quelque autre chose encore, qui appartient au génie particulier d'Euripide, le contraste plus marqué peut-être qu'il n'appartiendrait à la tragédie, de la jactance guerrière avec les misères de la caducité. Euripide est un moraliste, un satirique, qui, voyant l'homme dans le héros, sourit quelquefois et nous fait sourire des plus touchantes, des plus nobles figures retracées par son pinceau.

Une courte prière du choeur aux dieux protecteurs d'Athènes sépare le départ d'Iolas et la nouvelle de la victoire où l'a enfin emporté la cause des Héraclides. Cette nouvelle est apportée par un esclave encore, non plus d'Hyllus (55), mais, la chose est bien évidente, d'Alcmène (56), qui, dans le premier transport de sa joie, lui promet. la liberté, et paraît, à la fin de la scène, avoir un peu trop oublié cette promesse, prudemment rappelée par le pauvre messager. C'est encore là un de ces traits par lesquels Euripide ne craint pas de s'approcher des limites de la comédie. Après une annonce succincte, ainsi qu'il était naturel, de ce que sa maîtresse est d'abord pressée de savoir, c'est-à-dire de ce qui se rapporte particulièrement à ceux qui lui sont chers, l'esclave d'Alcmène lui fait des événements de ce grand jour un long récit plein de mouvement, de vivacité, où comme dans les morceaux de ce genre, fréquents chez les tragiques grecs, s'allient heureusement une aisance familière avec la richesse, la magnificence épique et même le merveilleux des détails. Il est plus court de le citer que de l'analyser et de le louer.

« Les deux armées, déployées dans la plaine, étaient en présence. Entre elles paraît Hyllus, descendu de son char. « Chef des Argiens, dit-il.... combattons seul à seul; si tu succombes, je serai rétabli dans les honneurs et la maison de mon père.» On applaudit à une proposition qui peut finir les maux de tous et témoigne d'un grand coeur. Mais Eurysthée, sans égard pour le sentiment de ceux qui l'ont entendue, sans crainte qu'on accuse son courage, un général! n'ose venir se mettre à la portée de la lance. Cet homme n'était qu'un lâche, et pensait toutefois réduire en esclavage la postérité d'Hercule! Hyllus donc se retire parmi les siens, et les devins, n'espérant plus qu'un combat singulier mette fin à la guerre, s'empressent de faire couler du sein de victimes humaines le sang qui doit rendre les dieux propices. Les uns montent sur leurs chars ; les autres se pressent dans les rangs, couverts de leurs boucliers. Le chef des Athéniens adresse à son armée des paroles dignes d'un brave : « Ô mes concitoyens, la terre qui vous nourrit, qui vous a engendrés, c'est maintenant qu'il faut lui porter secours. Le chef ennemi, de son côté, suppliait ses alliés de ne pas laisser outrager Argos, outrager Mycènes. Lorsque eut retenti l'éclatant signal de la trompette tyrrhénienne, que le combat fut engagé, avec quel bruit pensez-vous que retentirent les boucliers qui se heurtaient, les cris de joie ou de détresse? D'abord le choc de l'armée argienne nous rompit; puis ils reculèrent à leur tour : longtemps, pied contre pied, homme contre homme (57), on combattit avec acharnement. Beaucoup tombaient et, de part et d'autre, se faisaient entendre ces exhortations : « Ô vous qui ensemencez les champs d'Athènes, les champs d'Argos, ne repousserez-vous pas la honte de votre patrie? » Enfin, à grand'peine, après beaucoup d'efforts et de fatigues, nous avons mis en fuite l'armée des Argiens. Le vieil Iolas cependant, voyant Hyllus s'élancer à la poursuite de l'ennemi, étendit vers lui la main, et le pria de le recevoir sur son char; ensuite, prenant les rênes, il poussa vers Eurysthée. Ce qui suivit, d'autres me l'ont raconté (58) ; j'avais vu moi-même tout le reste. Comme ils passaient près du bourg de Pallène, consacré à la divine Minerve, Iolas aperçut le char d'Eurysthée, et s'adressant à Hébé et à Jupiter, il les pria de permettre qu'il rajeunît pour un seul jour, afin de tirer vengeance de ses ennemis. Vous allez entendre une merveille.. Deux astres parurent au-dessus du char, aussitôt enveloppé d'une sombre nuit. C'étaient, ont pensé les plus sages, ton fils et la déesse Hébé. Quand Iolas sortit du nuage, il fit paraître la vigueur de ses jeunes années. Il atteignit, près des rochers de Sciron, les coursiers d'Eurysthée, s'en empara, chargea leur maître de chaînes, et s'en revint avec le plus glorieux butin, un général prisonnier (59), cet homme au sort jusque-là si prospère. Par sa disgrâce il semble adresser à tous les mortels cette grande leçon (60), qu'il faut se garder de croire au bonheur de celui qu'on n'a pas vu mort. La fortune n'a qu'un jour (61).  »

A ce récit succèdent, de la part d'Alcmène, les témoignages d'une vive joie, de la part, du choeur, de religieuses actions de grâces. Bientôt un messager, un de ceux peut-être qui ont déjà été introduits sur la scène, probablement le dernier, amène à la mère d'Hercule le captif annoncé tout à l'heure, Eurysthée. C'est un spectacle frappant que celui de cet homme qui a tant abusé de sa puissance, tombé entre les mains du plus faible de ses ennemis : du plus faible et du plus impitoyable; Euripide, qui s'est complu quelquefois, par ce penchant de moraliste satirique que nous remarquions en lui, à réunir chez un même personnage, avec l'extrême caducité, l'ardeur, la frénésie de la vengeance, a peint plus qu'il n'aurait fallu peut-être, d'après cette idée, son Alcmène. Sans doute il pouvait s'autoriser de la tradition qui attribuait à cette femme irritée, envers la dépouille d'Eurysthée, d'atroces raffinements de cruauté (62). Mais la suivre en cela trop fidèlement, c'était s'exposer, ce qui lui est arrivé, à manquer l'intérêt. On ne peut nier que cette dernière scène ne nous refroidisse singulièrement pour les Héraclides. Quand Alcmène accable Eurysthée de ses invectives, qu'elle prend plaisir à lui annoncer sa mort prochaine, qu'elle s'obstine à le faire périr malgré les réclamations des Athéniens dont l'humaine législation protégeait les vaincus épargnés sur le champ de bataille, qu'elle a recours pour sortir d'embarras à cette abominable subtilité, que ce qu'elle veut c'est sa vie, mais qu'elle rendra son corps à ceux qui le redemanderont; qu'enfin, par une contradiction si choquante que pour l'expliquer on a eu recours quelquefois (63) à la supposition d'une erreur de copiste, se vengeant encore par delà le trépas, elle condamne ses restes à devenir la pâture des chiens, peu s'en faut qu'on ne prenne parti contre elle, pour celui qui fut si longtemps et si cruellement l'oppresseur de sa famille. Celui-ci d'ailleurs défend assez dignement, du moins en apparence, sa vie menacée. Il ne souhaite pas, dit-il, il ne craint pas de la perdre ; mais elle lui a été laissée par ses vainqueurs ; on ne peut, sans se rendre coupable, la lui ravir. Ensuite, ce qu'il a fait contre Hercule, Junon l'avait ordonné ; ce qu'il a fait contre les enfants d'Hercule, sa propre sûreté le voulait. Cette justification, qui n'est pas présentée sans habileté, à laquelle même est mêlé sans affectation, du ton le plus sincère, l'éloge du héros, ne peut rien pour ce malheureux, irrévocablement condamné. Le choeur lui-même ne le défend plus qu'à demi quand il a appris que sa mort pouvait être à Athènes de quelque utilité. Eurysthée, en effet, par reconnaissance pour ceux qui voulaient le sauver, leur révèle un ancien oracle qui regarde sa sépulture. Pendant de longues années, il n'en a pas tenu compte, confiant dans la protection de Junon ; mais il est bien forcé maintenant de croire à son infaillibilité. D'après cet oracle, son corps enseveli dans le bourg de Pallène (64), celui précisément non loin duquel il est tombé entre les mains d'Iolas (65), doit être pour Athènes un gage de victoire contre les Argiens, les Héraclides, si jamais, ce qui arrivera certainement, oubliant ses bienfaits, ils lui devenaient ennemis. La pièce finit, non sans raison, sans dessein, par ce détail qui se rattache à. l'intérêt politique et présent du sujet.

Cet intérêt, ce sujet distinguent suffisamment la tragédie qui nous occupe de la précédente avec laquelle elle a, je l'ai dit en commençant, c'est le moment d'y revenir, pour la disposition générale du plan, une si grande conformité. Dans toutes deux, en effet, on voit des suppliants qui se mettent sous la protection d'un autel, un vieillard qui les guide et parle en leur nom, un héraut, brutal et arrogant ministre d'un tyran, qui les poursuit, un roi, un peuple généreux qui embrassent leur défense et livrent pour eux de rudes combats ; dans toutes deux, un sacrifice volontaire et sanglant attriste la victoire. Mais cet incident pathétique est diversement placé, dans les Suppliantes à la fin de la pièce, dans les Héraclides au commencement ; en outre, il n'est dans la première tragédie qu'un épisode, il fait partie de l'action dans la seconde, à laquelle assureraient quelque avantage , comme oeuvre dramatique du moins, les péripéties qui s'y rattachent, si ce qui suit ne laissait se refroidir, et à la fin, se glacer l'émotion.

Ce n'est pas seulement aux Suppliantes que ressemblent les Héraclides, mais à la première partie de l'Hercule furieux, où les jeunes enfants du héros, sans autre protection qu'une femme et un vieillard, leur mère Mégare, leur aïeul Amphitryon, cherchent en vain au pied des autels un asile contre les fureurs du tyran Lycus (66).

Euripide n'évitait guère de se répéter, bien sûr qu'il saurait aussi se renouveler par la variété des détails, le tour différent de la pensée et de l'expression. Les Héraclides offrent de ces répétitions des exemples bien nombreux, trop nombreux peut-être. La violence de Coprée n'est pas sans analogie avec celle d'Hermione, de Ménélas (67). Par sa pureté, son courage, son héroïsme, Macarie rappelle Praxithée, Iphigénie, Polyxène.(68), dont les admirables rôles, pareils et pourtant divers, ne méritaient guère d'être traités, comme ils l'ont été (69), de lieux communs tragiques. Il y a dans les réminiscences guerrières du vieil Iolas quelque chose d'approchant du comique, qui se retrouve dans l'innocente jactance du bon Pélée (70). Alcmène, enfin, par l'excès de son humeur vindicative, se dégrade absolument de même qu'Hécube (71).

Ii arrive à Euripide, assez souvent, et particulièrement dans cette pièce, de se trouver, soit rencontre, soit plutôt imitation, sur la trace de ses devanciers. Les Héraclides doivent certainement beaucoup aux Suppliantes et aux Perses d'Eschyle. Dans les scènes du vieux tragique, où le héraut égyptien s'efforce d'entraîner les filles de Danaüs, où le roi Pélasgus réprime son insolence (72), se trouve le modèle des scènes de Coprée avec Iolas et avec Démophon. Alcmène, après la bataille qui a décidé du sort des siens, s'informe d'eux à peu près comme la mère de Xerxès s'informe de son fils ; et dans le récit même de la bataille, plus d'un passage semble échauffé par le souvenir de l'historien-poète, du soldat de Salamine (73).

Les rapports de la tragédie des Héraclides avec l'OEdipe à Colone de Sophocle ne sont pas moins évidents. Qu'on se rappelle l'attentat de Créon sur la liberté d'OEdipe, suppliant d'Athènes et des Euménides, la dignité affectée, l'habileté perfide avec lesquelles ce méchant homme s'explique devant Thésée, le présent que fait Œdipe aux Athéniens de sa cendre dont la possession leur assurera dans l'avenir la victoire sur les Thébains (74). Seulement, l'auteur des Héraclides étant mort avant l'auteur d'OEdipe à Colone, qui n'eut pas le temps de faire lui-même représenter sa pièce (75), il est clair que la priorité appartient ici à Euripide.

Je dois faire aux Héraclides le même reproche qu'à l'Hercule furieux (76) ; c'est que ces réminiscences, ces imitations leur retirent une grande part de leur originalité et, par suite, de leur effet. Ils n'en restent pas moins, après tout, un ouvrage de grande valeur et trop peu apprécié de la critique. L'expression naïvement éloquente des moeurs, de la passion, nous y attache encore, et il charma de plus les Athéniens, non seulement par l'à-propos piquant des allusions contemporaines, mais par la reproduction animée d'un des faits les plus glorieux de leurs annales fabuleuses, faisant revivre ce que leur rappelaient çà et là leurs monuments : dans le bourg de Pallène, le tombeau d'Eurysthée (77) ; à Marathon, la fontaine de Macarie (78) ; au sein d'Athènes même, la peinture de Pamphilus (79).

Cette aventure et celle qui fait le fond des Suppliantes, les orateurs athéniens, je l'ai dit ailleurs (80), ne manquaient guère, dans leurs panégyriques d'Athènes, de les rappeler. Les exemples que j'en ai cités étant tous postérieurs à Euripide, il est permis d'attribuer en grande partie à ses deux tragédies la popularité de ce moyen oratoire. En voici un pourtant qui la fait remonter plus haut. Lorsque, avant la bataille de Platée, les Athéniens disputèrent aux Tégéates le commandement d'une des ailes de l'armée grecque, celui qui fit valoir Les titres dont ils appuyaient leur prétention, n'omit pas d'y comprendre le secours accordé par Athènes, dans les temps anciens, aux restes insultés des sept chefs, it, la famille persécutée d'Hercule (81).

A de tels sujets s'attachait, sur le théâtre de Bacchus, un intérêt tout national (82), qui devait s'affaiblir sur les autres scènes de la Grèce, et dont, à plus forte raison, il ne resterait rien dans les imitations où les Romains, où les peuples modernes essayeraient de les reproduire. Aussi ces imitations paraissent-elles avoir été fort rares. On n'en cite guère que deux (83), assez près de nous. C'est en 1720, en 1752 seulement, que Danchet et Marmontel donnèrent leurs Héraclides. Je dis leurs, et, en effet, ce n'étaient plus ceux d'Euripide, ni même ceux d'Athènes. Il n'y était plus question que pour mémoire de la sainteté des suppliants, de celle des oracles et des dévouements religieux, c'est-à-dire du sujet même, du sujet tout entier, dans sa réalité antique. Tout s'y faisait pour l'amour et par l'amour ; on n'y parlait que d'amour, comme le voulait, non pas la loi, mais la jurisprudence, en vigueur encore, après tant d'années, de notre tragédie. Transformée, par les deux auteurs , en personnage romanesque, la fille d'Hercule avait perdu, avec son caractère, jusqu'à son nom, ce nom que consacrait le souvenir d'un acte héroïque, et que Racine assurément, si fidèle aux traditions, non seulement de l'histoire, mais de la fable, eût respecté. Ce n'était plus Macarie, mais une Astérie, une Olympie, fort occupées, dans une circonstance si critique, entre les autels d'Athènes et les prisons, les supplices d'Argos, de leurs affaires de coeur. Le roman de Danchet n'est guère qu'une édition nouvelle et non corrigée, il s'en faut, soit pour la pensée, soit pour le style, de celui par lequel, douze ans auparavant, en 1708, Crébillon avait déshonoré le grave sujet d'Électre (84). Tout y roule, cela est vraiment extravagant et misérable, sur la passion d'Astérie pour Hyllus, qu'elle ne sait pas être son frère ; sur sa jalousie contre Laodice, fille de Démophon, dont Hyllus est épris ; sur la méprise qui, lui faisant croire Hyllus mort, la décide elle-même à se tuer. Le roman de Marmontel est plus raisonnable ; il ne manque même pas d'intérêt, et La Harpe, peu favorable aux tragédies de l'auteur, en a fait ressortir, dans une assez longue analyse, à laquelle je renvoie (85), l'ingénieuse conduite. On peut regretter seulement que l'exemple de Voltaire, qui, tout récemment, en 1750, avait cherché dans son Oreste à se rapprocher de la simplicité grecque (86), ne le lui ait pas fait abandon:ier. Il se fût épargné la peine fort inutile d'en tirer une tragédie qui ne pouvait rester, quand bien même le succès n'en eût pas été compromis par le pathétique aviné de Mlle Dumesnil (87) ; une tragédie que l'on avait déjà, quoi qu'en ait dit Marmontel (88), en grande partie, et d'un autre ton, d'un autre style, dans l'Iphigénie en Aulide de Racine. A travers la différence des sujets et des situations, le public aperçut fort bien cette conformité doublement fâcheuse qui, sous les noms nouveaux de Déjanire, d'Olympie, de Sthénélus, lui rendait trop et trop peu de la Clytemnestre, de l'Iphigénie, de l'Achille, exprimés en traits ineffaçables par le grand poète. Voici du reste très sommairement la fable de Marmontel : réfugiée, avec les autres enfants d'Hercule, chez les Athéniens, Olympie a inspiré au fils de Démophon, Sthénélus, une passion qu'elle partage et qui lui donne, dans le jeune prince, un intercesseur puissant auprès du roi et du peuple d'Athènes, un zélé et vaillant défenseur contre les intrigues et les armes d'Eurysthée. Cependant elle est informée de ..a condition mise par un oracle, encore secret, au salut (le sa famille, aux succès de ses protecteurs ; elle s'offre et se fait accepter pour victime, s'efforçant seulement, ce qui ne lui est pas longtemps possible, de tromper sur son sort sa mère et son amant. Au moment où elle va périr, Sthénélus découvre que l'oracle a été dicté à un prêtre imposteur par Coprée, l'agent d'Eurysthée : dérobée par lui au couteau sacré, ou plutôt sacrilège, emportée sur son char au milieu de ses soldats, prix du combat et gage de la victoire, Olympie voit celui qu'elle aime mettre en fuite les Argiens et immoler leur roi. L'idée du faux oracle et du dénouement heureux qu'amène la découverte de l'imposture, n'était pas nouvelle. Elle avait été employée, sinon peut-être imaginée, en 1727, par Boissy, dans une détestable Alceste que j'ai précédemment exhumée (89). Elle plaisait peut-être alors par les déclamations obligées contre les fraudes sacerdotales qu'elle amenait à sa suite. Elle paraît aujourd'hui, comme presque tout le reste, quelque chose de bien moderne, de bien étranger à l'esprit, à la couleur du sujet. A part ce défaut de convenance, qui ne choquait pas en ce temps,'le plan de Marmontel , assez bien conçu, je l'ai déjà dit avec La Harpe, prêtait à des scènes touchantes, surtout par la situation où il plaçait le principal personnage, Olympie, entre les affections du sang, les mouvements de la passion et l'inflexible loi d'un cruel devoir, entre l'emportement de sa douleur et le besoin de la cacher sous des apparences tranquilles. Mais le mérite de la conception a été comme annulé par le vice de l'exécution, par une pensée constamment vulgaire, un style dont l'auteur lui-même (90), qui l'a plus tard un peu amendé, ne s'est pas dissimulé la négligence et la faiblesse ; un style quelquefois incorrect, presque toujours lâche, vague, décoloré, surtout commun, comme ce qu'il exprime. Deux passages, deux seulement, doivent être exceptés de cette critique. C'est une noble prière d'Olympie au roi d'Athènes (91) ; ce sont de tendres adieux dont elle le charge pour son fils (92). On me saura gré de les rapporter ici, quoique l'un d'eux, le dernier, qui est aussi le meilleur, ait été cité par La Harpe :

................
Comme à nous, d'un héros le sang vous fut transmis,
Seigneur : dignes rivaux et généreux amis,
Ainsi que leurs dangers, leur gloire fut commune.
Nous n'avons pas comme eux une égale fortune :
Vous régnez; nous fuyons. Mais le sort peut changer.
Aux rois, par votre exemple, apprenez à venger
Les descendants des dieux qu'ose opprimer un traître.
Si nous sommes proscrits, vos neveux peuvent l'être.
Hélas! peut-être un jour, comme nus malheureux,
Ils chercheront l'appui d'un prince généreux;
Peut-être que leur sort dépend de votre exemple ;
Que, pour vous imiter, l'avenir vous contemple ;
Et que les justes dieux leur feront éprouver
L'accueil qu'à vos genoux nos malheurs vont trouver.
Vous seul, entre vingt rois, au fer de l'homicide Vous aurez dérobé la famille d'Alcide!
Quelle gloire pour vous, grand roi ! Du haut des cieux,
Thésée en est jaloux : il a sur vous les yeux;
Et, fier en ce moment de vous avoir fait naître,
A ses propres vertus il va vous reconnaître.
Il domptait les tyrans, et vous les braverez.
Il nous eût défendus, et vous nous vengerez.

.........................

Consolez un héros, dont mon coeur fut charmé.
Que je le plains, s'il m'aime autant qu'il est aimé !
Dites-lui qu'au tombeau j'emporte son image ;
Qu'entre une mère et lui mon âme se partage.
Témoin de mon amour, témoin de mes douleurs,
Rendez-lui mes adieux. Confiez-lui mes pleurs ;
Dites-lui qu'effrayé du coup qui nous sépare,
Mon coeur s'est révolté contre une loi barbare;
Dites-lui que la fille et d'Hercule et des dieux
N'a cherché qu'en tremblant un trépas glorieux.
Ne m'attribuez point un orgueil qui le blesse.
Il verra plus d'amour dans un peu de faiblesse.
Je lui lègue une mère : il sera son appui.
Si sa fille eût pu vivre, elle eût vécu pour lui.
Mais pourquoi s'attendrir? ce ne sont point des larmes
Qui doivent assurer le succès de vos armes;
Et ce n'est point à vous à pleurer sur mon sort,
Quand je vole à la gloire en m'offrant à la mort.
 La route à tous les deux en doit paraître aisée;
Je suis fille d'Hercule, et vous fils de Thésée.
Allez, seigneur; pressez ce glorieux instant,
D'un front aussi serein que ma vertu l'attend.

Il y a sans doute quelque chose à reprendre, même dans ces vers ; mais si toute la pièce eût été ainsi écrite, elle eût ramené, pour plus longtemps, sur la scène tragique, quoique bien défiguré, l'antique sujet des Héraclides.


(01) V. 32.

(02) V. 80. Cf. Aristoph. Lysistr., 285, schol.; Diod. Sic., IV, 57; XII, 45; schol. Soph. ad Oed. Col., 689; Strabon, VIII, etc. Voyez Musgrave, ad. v. 36; Raoul-Rochette, Théâtre des Grecs, édition de 1821, t. IX, p. 414.

(03) V. 36. Cf. 114.

(04) D'autres traditions faisaient arriver les Héraclides dans l'Attique du vivant de Thésée. Voyez Diod . Sic., IV, 57 ; Pausan., Att., XXXII,  etc.

(05) Apollodore (Bibl., II, 8) et d'autres disent que les Héraclides se réfugièrent à l'autel de la Pitié. Voyez la note de Barnès sur le v. 79, où il cherche à mettre d'accord les deux traditions. Voyez aussi ce qui a été dit précédemment de l'autel de la Pitié, p,. 203 sq.

(06) V. 6 sqq., 86 sqq.,, 215 etc. Cf: Hesiod., Scut. Herc ,v. 77, etc.

(07) On peut le rapprocher de celui du Philoctète, chez le même poète. Voyez t. II, p. 132.

(08) V. 26 sqq,

(09) V. 48 sqq.

(10)  XV, 638 sqq.

(11). V. 118. Cf. 6651 959. Comme d'autres personnages du même théâtre, Acamas ne joue dans la pièce qu'un rôle muet..

(12) V. 322 sqq., 578 sqq. Voyez plus haut, p. 192.

(13) V. 328 sqq. Cf. 175 sqq.

(14) V. 188-203.

(15) Cf. Hom., Iliad., VI , 429 sq.: « Hector, tu es désormais pour moi un père, une mère, un frère; tu es mon, époux! »; Terent., Andr., I,
VI, 295 :

Te isti virum do, amicum, tutorem, patrem.

Racine, Iphigénie en Aulide, acte III, sc. 5 :

Elle n'a que vous seul : vous êtes en ces lieux
Son père, son époux, son asile, ses dieux.

(16) V. 219-230.

(17)  H. Weil, De Tragaediarum Graecarum cum rebus publicis conjunctione, p. 7 sq.

(18) Philostrat., Vit. Sophist., II, I, 8.

(19) Cf. Theogn., 774; Pausan., Att., XLIII; Ciris, 105 sq.

(20) V. 219 sq.

(21) Oedip. Col., v. 580 sqq. Voyez notre t. II, p. 228 sq.

(22) V. 306-327. Cf. Hom., Odyss., II, 276 sq.

(23) V. 296 sqq.

(24) V. 291 sqq. Cf. Supp., 402 sqq.

(25)  Elmsley.

(26) V. 407. Cf. v. 600.

(27) V. 215 sqq. Voyez notre t. I, p. 225.

(28) V. 422 sq.

(29) Voyez Brumoy, Prévost.

(30) V. 426 seq.

(31) V. 493.

(32) Voyez, plus haut, p. 207.

(33)  Pausan., Att., XXXII. Cf. Strab., VIII.

(34) 1. V. 499-533.

(35) V. 552 sqq.

(36)  Beck, attribuant, par erreur, cette disposition à Prévost.

(37) V. 557.

(38) V. 555. Cf. 599 sq.

(39) lph. Aul., v. 1386 sqq. 1547 sqq.

(40) Voyez t. III, p. 38 sq.

(41) Voyez notre t. III, p. 382.

(42) Non, comme chez Brumoy et autres, Iolas.

(43) Cette orgueilleuse approbation de soi-même, Euripide l'a prêtée à une autre héroïne, Alceste mourant pour son époux. Voyez notre t. III, p. 205 sqq.

(44) V. 573-695.

(45 Brumoy, Prévost, la Harpe, Métastase, etc.

(46) Voy. plus haut, p. 212 sq.

(47)  On peut le conclure des vers 628 sq:.

(48) Brumoy, Prévost.

(49)  V. 816 sq.

(50) Electr,, v. 25 sqq. Voyez t. II, p. 297.

(51) V. 725.

(52) Iliad., VII, 157 ; XI, 669;  XXXIII, 626.

(53)  Æn., VIII, 560.

(54) Ibid., II, 506 sqq.

(55)  Brumoy.

(56) Beck, Elmsley, Prévost.

(57)  V. 831 sq. Cf. Hom., Iliad., XIII, 130 sqq. ; Virg., En., X, 361 :

Concurrunt:.haeret pede pes, densusque viro vir.

(58) V. 842 sq. Ces mots désignent la partie merveilleuse du récit; il semble, selon une judicieuse remarque (voyez E. Roux, Du merveilleux dans la tragédie grecque, 1846, p. 126), que le poète veuille en décliner la responsabilité.

(59  Selon d'autres traditions, que n'a pas suivies Euripide,Eurysthée fut tué près des rochers de Sciron; Apollodore (Biblioth., II. 8) dit par Hyllus; Pindare (Pyth., IX, 79 sqq.), Pausanias (Att., XLIV), par Iolas. Voyez encore Pherecyd., apud Antonin. Liberal., 38; Strab. VIII etc.

(60Sur cette maxime, souvent répétée  par les tragiques grecs, voyez t. Il, p. 65 sq.; 196 sq.; III, 15.
 

(61V. 795-861.

(62Apollod., ibid.

(63) Heath, Beck, Elmsley.

(64V. 1026.

(65) 2. V. 844 Voyez, plus haut, p. 222.

(661. Voyez, plus haut, p. 2 sqq.

(67) Dans l'Andromaque. Voyez, t. III, p. 274 sqq.

(68 Dans l'Érechthée, l'Iphigénie en Aulide, l'Hécube. Voy. t. I, p. 130 sqq.; III, 36 sqq., 378 sqq.

(69) Elmsley : « .... Omnes (orationes) locis communibus refertae sunt, quarum multo patientiores fuerun Athenienses quam nostri homines.

(70) Dans 1'Andromaque. Voyez t. III, p. 279 sqq.

(71) Dans l'Hécube. Voyez t. III, p. 341,

(72) Voyez t. I, p. 168, 176 sqq.

(73) Voyez ibid., p. 227 sqq.

(74) Voyez t. II, p. 222 sqq., 226 sq.,229 sqq.

(75). Voyez t. I, p. 65 sq., 70 ; II, 206 sqq.

(76) Voyez, plus haut, p. 31 sqq.

(77  Voyez, plus haut, p. 224. Cf. Pausan., Att. XLIV.

(78 Voyez, plus haut, p.215.

(79) 3. Aristoph., Plut., 385 : « Il me semble voir déjà quelqu'un assis près du tribunal avec sa femme et ses enfants, un rameau de suppliant à la main, il ressemblera tout à fait aux Héraclides de Pamphile. » (Trad. de M. Artaud.) Quelques-unes des scolies où est commenté ce passage d'Aristophane font de Pamphilus, non un peintre, mais un poète tragique, et de son oeuvre, une tragédie au lieu d'un tableau. Cette opinion peu soutenable a été réfutée par M. W. C. Kayser, Hist. crit. trag. Græc., 1845, p. 20 sq.

(80) Voyez t. I, p. 133.

(81)  Herodot., IX, 27.

(82) Cela a été trop méconnu par La Harpe, lorsqu'il a dit (Lycée) : « .... il n'est plus question.... que de la victoire des Athéniens et de la mort d'Eurysthée, dont personne ne se soucie. » Chez nous, soit; mais à Athènes c'était autre chose. Parmi les témoignages que l'on pourrait citer de l'estime que les anciens faisaient des Héraclides, il faut remarquer l'allusion de Philostrate, Vit. Apollon., II, 32, 33.

(83) 2. On ne peut compter les Héraclides de De Brie, donnés sans succès en 1691, non imprimés, et connus seulement par une très méprisante épigramme de J. B. Rousseau.

(84) Voyez t. II, p 363 sqq.

(85) Lycée. -

(86). Voyez t. II, p. 366 sqq.

(87Voyez la préface du Thédtre de Marmontel, et ses Mémoires, liv. IV.

(88)  Ibid.

(89) T.III, p. 228 sq.

(90) Ibid.

(91) Acte I, sc. 4.

(92Acte III, sc. 4.

(93)