Comte Marcellin

COMTE MARCELLIN

 

CHRONIQUE 512-548

445-511

 

Oeuvre numérisée et traduite par Marc Szwajcer

 


 

Marcellinus comes

Comte MARCELLIN

CHRONIQUE

 

Au sujet de cette traduction.

Le texte latin. Il provient de deux sources : l’une est disponible sur le site www.dmgh.de, alias Monumenta Germaniae Historica, Auctores Antiquissimi 11, éd. Mommsen, 1894 ; l’autre source est la patrologie latine de Migne (PL 51 & PL 65). Ces deux sources existent sur le site www.thelatinlibrary.com et c’est celui-là précisément qui a été utilisé.

Le texte latin est en noir et la traduction en bleu.

La datation.[2] Le comte Marcellin utilise l’année indictionnelle. Celle-ci avait, dans la première moitié du Ve siècle, pour premier jour le 23 septembre. Dans la seconde moitié du Ve siècle, le 1er septembre remplaça le 23 septembre. Le lecteur devra donc avoir conscience qu’une année ne va pas du 1er janvier au 31 décembre. Pour ne pas compliquer cette datation, l’indiction est indiquée mais l’année mentionnée du texte latin n’est pas modifiée.

Le texte français et les notes. La traduction est aussi littérale que possible ; elle peut cependant contenir des coquilles voire des contresens. Les caractères entre crochets ne figurent pas dans le latin, et sont ajoutés pour une meilleure compréhension. Répéter les indictions en français n’a pas semblé utile, elles figurent, juste après l’année entre parenthèses, dans le latin en chiffres romains, exception faite de la première année concernée.

Les notes sont en général prises dans l’encyclopédie Wikipédia ou découlent de la connaissance générale; cependant certains personnages de l’empire romain ou de l’Eglise sont si connus qu’il n’a pas semblé utile de s’étendre sur eux, mais plutôt de trouver des informations sur des personnages secondaires ; dans le cas contraire l’origine des informations est indiquée.

 

CHRONIQUE

(512) V. Pauli et Musciani

Paulus et Muscianus consuls.

1 Saepe caelum a septentrionali plaga ardere uisum est.

1 Le ciel parut souvent en feu du côté du nord.

2 Die dominicorum, dum iubente Anastasio Caesare per Marinum perque Platonem in ecclesiae pulpito consistentes in hymnum trinitatis deipassianorum quaternitas additur, multi orthodoxorum pristina uoce psallentes perfidosque praecones clamoribus obiurgantes in eiusdem ecclesiae gremio caesi sunt ductique in carceres perierunt.

[1]2 Un dimanche, tandis que sur l'ordre du César Anastase un quatrième verset du Théopaschite fut ajouté[2] au l'hymne de la Trinité[3] par Marinus et Platon se tenant dans la chaire de l'église, la plupart des orthodoxes, chantant dans la version originale et réprimandant haut et fort les proclamations répréhensibles, furent assommés dans la nef de l'église et périrent après avoir été emmené en prison.

3 Altera nihilominus die in atrio sancti Theodori maiore caede catholici pro fide unica perculsi sunt. Quapropter commota orthodoxorum agmina die sequenti, id est VIII idus Nouemb., in quo die memoria cineris dudum totam Europam tegentis apud Byzantios celebratur, in foro Constantini undique confluunt.

3 Néanmoins, le lendemain dans l'église de Saint Théodore les catholiques furent tués au nom de la foi unique dans un massacre encore plus grand. C’est pourquoi les groupes d’orthodoxes désemparés affluèrent de partout le jour suivant vers le forum de Constantin, c’est-à-dire le 8e jour des ides de novembre,[4] jour où la mémoire des cendres recouvrant l'ensemble de l'Europe est célébrée chez les Byzantins.

4 Quorum alii quidem, ceteris die noctuque hymnum trinitatis Christo deo psallentibus, totam peragrant ciuitatem et Anastasii Caesaris monastico habitu adsentatores ferro flammisque interimunt ; alii claues portarum omniumque signa militaria ad forum, quo religionis castra metati fuerant, deferunt ibique Anastasio Caesare in processibus degente Areobindam sibi imperatorem fieri clamitant.

4 En effet, alors que le reste d'entre eux chantait jour et nuit l'hymne de la Trinité du Christ, leur Dieu, certains traversant toute la ville en habit de moine, tuèrent par le feu et par le sang les partisans d’Anastase César. D'autres mis les clefs de toutes les portes et les insignes militaires sur le forum où ils établirent un camp religieux et là, quand Anastase passa en procession, ils demandèrent à grands cris qu’Areobindus fut fait empereur.

5 Imaginibus deinde statuisque Anastasii in terram deiectis Celerem et Patricium senatores ad se supplicandi sibi uel satisfaciendi gratia missos iactis pluuiae instar lapidibus reppulerunt domibus Marini et Pompei succensis.

5 Ensuite, quand les statues et les images d'Anastase eurent été jetées au sol, ils repoussèrent avec une grêle de pierres les sénateurs Celer et Patrice, envoyés pour les calmer et leur donner satisfaction ; les maisons de Pompée et Marinus furent brûlées.

6 In circum ad Anastasium ante suum solium consistentes hymnum trinitatis iuxta morem catholicorum concinentes coruscansque euangelium crucemque Christi ferentes e foro plurimi conuenerunt, Marinum Platonemque prauitatis eius auctores feris subici conclamantes.

6 Du forum à l'hippodrome, ils vinrent très nombreux rassemblés vers Anastase et se présentèrent devant son trône, chantant ensemble l'hymne de la Trinité dans la version catholique, portant un évangile et une croix étincelante du Christ, criant aux instigateurs de l'hérésie, Marinus et Platon, qu’ils fussent jetés aux animaux sauvages.

7 Hos ciues idem Anastasius Caesar solitis periuriis simulatisque uocibus, sese facturum cuncta promittens, tertio die quam in forum aduenerant sine ullo rerum effectu ad sua fecit habitacula repedare.

7 Mais Anastase César,[5] avec ses mensonges habituels et ses mots creux, promit qu'il ferait tout, et les renvoya dans leurs foyers sans aucun résultat le troisième jour après leur entrée sur le forum.

8 Porro redintegrata Anastasius prauitate infamem et inridendam synodum apud Sidonem ciuitatem, cuius de nomine in ridiculis nomina praeponuntur, octoginta ferme perfidorum episcopis congregatis aduersum orthodoxorum episcopos fieri imperauit.

8 Ensuite, lorsque l'hérésie recommença, Anastase ordonna un synode notoire et risible qui se tiendrait à la ville de Sidon (dont le nom dépasse tous les autres en ridicule[6]), assemblée de quatre-vingts évêques hérétiques contre des évêques orthodoxes.

9 Flauianus Antiochiae catholicus patriarcha et Iohannes Paltensium oppidi pontifex, quoniam hunc coetum sacrilegum refellerant, in castellum quod Petra dicitur exules missi sunt. Ibi Flauianus confessor Christi in domino requieuit, Iohannem Iustinus Augustus, mox imperator factus est, reuocauit.

9 Flavien, patriarche catholique d'Antioche, et Jean, évêque de la ville de Paltos, bien qu'ils eussent réfuté l'Assemblée sacrilège, furent envoyés en exil au fort appelé Petra. Là, Flavien, confesseur du Christ, s'endormit dans le Seigneur. Justin Auguste, qui fut fait empereur peu de temps après, rappela Jean.

10 His fere temporibus solis defectus contigit.

10 A peu près à cette époque eut lieu une éclipse de soleil.

11 Gens Herulorum in terras atque ciuitates Romanorum iussu Anastasii Caesaris introducta.

11 Le peuple des Hérules fut introduit cette année dans les terres et les cités des Romains par ordre d’Anastase César.

(513) VI. Clementini et Probi

Clementinus et Probus consuls.

Seuerus Eutychetis perfidiae cultor Anastasio Caesare uolente sedem Flauiani antistitis ex monacho factus episcopus occupauit. Dorotheus Ancyrae ciuitatis uenerandus antistes Anastasio principi propter unicam orthodoxorum fidem iugiter aduersarius finem uiuendi, quem sibimet misso contra se a Caesare magistriano ipse praedixerat, in dicto tempore fecit.

Sévère,[7] un partisan de l'hérésie d'Eutychès, fut nommé évêque après avoir été autrefois moine, et occupa le siège de Flavien, conformément à la volonté d'Anastase César. Dorothée,[8] le vénérable évêque de la ville d'Ancyre, qui s’opposait énergiquement à l'empereur Anastase, au nom de la foi unique des orthodoxes, atteignit la fin de sa vie à cette époque, comme il l'avait prédit lui-même au magistrat envoyé contre lui par César.

(514) VII. Senatoris solius

Senator seul consul.

1 Vitalianus Scytha, adsumpta Romanorum equitum peditumque plus quam sexaginta milia armatorum in triduo congregatorum, in locum qui Septimius dicitur aduenit ibique castra metatus est; dispositisque a mari in mare suorum ordinibus ipse ad usque portam, quae aurea dicitur, sine ullius accessit dispendio; scilicet pro orthodoxorum se fide proque Macedonio urbis episcopo incassum ab Anastasio principe exulato Constantinopolim accessisse asserens. Porro Anastasii simulationibus atque periuriis per Theodorum internuntium inlectus atque inlusus octauo die quam urbem accesserat remeauit.

Vitalien, un Scythe, ayant rassemblé plus de soixante mille hommes de cavalerie et d'infanterie romaine en trois jours, se rendit à l'endroit appelé Hebdomon et y installa son camp. Après avoir disposé ses contingents d'une mer à l'autre, il arriva à la Porte d'Or, ainsi qu’on l'appelle, sans perdre un seul homme; ce fut sans doute pour la foi des orthodoxes, au nom de Macédonius l'évêque de la ville, exilé sans raison[9] par l'empereur Anastase. Ensuite, induit en erreur et trompé par les faux-semblants et les mensonges d'Anastase par son intermédiaire Théodore, il s’en alla le huitième jour après avoir atteint la ville.

2 Hinc Odyssum Moesiae ciuitatem Vitalianus pernoctans astu ingressus est.

2 Vitalien entra insidieusement de nuit dans la ville d’Odyssus en Mésie.

3 Cyrillum lenocinantem magis quam strenuum militiae ductorem inter duas paelices Vitalianus repperit dormientem, eumque abstractum mox cultro Getico iugulauit hostemque se Anastasio Caesari palam aperteque exhibuit.

3 Vitalien trouva Cyrille,[10] maître de la milice plutôt mollasson qu'énergique, dormant entre deux concubines ; il le fit égorger par le couteau Gète et cet ennemi d’Anastase César se montra à tous et à découvert

(515) VIII. Anthemii et Florentii

Anthémius et Florentius consuls.

1 Romanae ecclesiae quinquagensimus Hormisda episcopus ordinatus uixit annos nouem.

1 Hormisdas[11] est élu cinquantième évêque de l’église romaine, il vécut neuf ans.

2 Idem Vitalianus eidem Anastasio imperatori immanior factus est inimicus ; praemissis quippe suorum equitibus armatisque nauiculis sinistro sibi litore decurrentibus ipse peditum armis stipatus Systhenense praedium ingressus est totiusque loci palatium habuit mansionem.

2 Ce même Vitalien devint l’ennemi plus implacable de l'empereur Anastase, car lorsque sa cavalerie fut envoyée en avancée et que ses bateaux armés longèrent la rive gauche, il pénétra dans le domaine de Sosthène[12] entouré par ses fantassins armés, et s’installa dans le palais et toute la région comme dans sa propre demeure.

3 Missi sunt ad Vitalianum a Caesare senatores, qui pacis cum eo leges componerent : nonginta pondo auri, exceptis regalibus muneribus, pro pretio tunc accepit Hypatii, iam mille centum auri libris cum Vranio captiuo sibi a suis in Sozopoli oblatis.

3 Des sénateurs furent envoyés par César chez Vitalien afin d’établir avec lui des conditions de paix. A cette époque, il accepta neuf cents livres d'or, sans compter les taxes royales, comme rançon pour Hypatius,[13] 1.100 lui ayant déjà été offert, pour Uranius, un de ses hommes fait prisonnier à Sozopolis.[14]

4 Magister militum Vitalianus per Thracias factus Hypatium, quem captiuum catenatumque apud Acres castellum tenebat, reuersus suo remisit auunculo.

4 Le maître de la milice Vitalien avait pris Hypatius, qu’il gardait captif et enchaîné dans le fort d’Acres; il le laissa repartir chez son oncle.[15]

5 Ea tempestate Hunni Armenia transmissa totam Cappadociam deuastantes usque Lycaoniam perrexerunt:

5 A cette époque les Huns après avoir traversé l’Arménie, ravagèrent toute la Cappadoce et vinrent jusqu’aux frontières de la Lycaonie.

6 Ariagne Augusta sexaginta annis in palatio exactis uita decessit.

6 Ariadne Augusta mourut au palais de l’impératrice, elle avait vécu soixante ans.

(516) VIIII. Petri solius

Pierre seul consul.

1 Mutata fide Anastasius imperator Vitaliano succedit eidemque Rufinum destinat successorem.

1 L'empereur Anastase revint sur sa parole, remplaça Vitalien et désigna comme son successeur Rufin.

2 Helias Hierosolymitanae urbis episcopus in uilla quae Haila dicitur ab eodem principe relegatus emoritur.

2 Elie,[16] évêque de la cité de Jérusalem, fut exilé par le même empereur dans un village appelé Aïla où il mourut

3 Laurentium praeterea Lychnidensem, Domnionem Serdicensem, Alcissum Nicopolitanum, Gaianum Naisitanum et Euangelum Pautaliensem, catholicos Illyrici sacerdotes, suis Anastasius praesentari iussit obtutibus. Alcissus et Gaianus episcopi apud Byzantium uita defuncti sunt unoque sepulchro reconditi. Domnione et Euangelo ad sedes proprias ob metum Illyriciani catholici militis extemplo remissis solus Laurentius Anastasium imperatorem in palatio pro fide catholica saepe conuincens apud comitatum ac si in exilio relegatus retentusque est, mobiliorque deinde corpore, quam Constantinopolim aduenerat, effectus. Nam septimo infirmitatis suae anno idem Laurentius fide sua et Christi gratia in atrio Cosmae et Damiani sanatus est pedibusque sistere propriis gressibusque meruit confirmari suaeque dein patriae incolumis reddi, ubi maior octogenario requiescit.

3. Anastase ordonna aux prêtres catholiques d'Illyrie de se présenter à lui,[17] en particulier Laurent de Lychnide, Domnio de Serdica, Alcissus[18] de Nicopolis, Gaïen de Naissus et Evangelus de Pautalia.[19] Les évêques Gaïen et Alcissus moururent à Byzance et furent enterrés dans un même sépulcre. Depuis Domnio et Evangelus furent aussitôt renvoyés dans leur propre siège catholique par crainte des soldats Illyriens. Seul Laurent fut retenu au palais à la cour de l’empereur Anastase, le convainquant souvent, soutenant la foi catholique et s’il avait été relégué en exil, il se serait montré plus alerte de son corps que lorsqu’il vint à Constantinople car, dans la septième année de son infirmité, ce même Laurent fut guéri par sa foi et par la grâce du Christ dans l'église de Côme et Damien ; il fut récompensé en pouvant se tenir debout et en affermissant ses jambes. Ensuite il retourna en toute sécurité dans son pays où il mourut âgé de plus de quatre-vingts ans.

(517) X. Anastasii et Agapiti

Anastase et Agapit consuls.

Olla illa, quae in Hieremia uate ab aquilone aduersum nos nostraque delicta saepe succenditur, tela ignita fabricauit maximamque partem Illyrici iisdem iaculis uulnerauit. Duae tunc Macedoniae Thessaliaque uastatae et usque Thermopylas ueteremque Epirum Getae equites depraedati sunt. Mille tunc librarum auri denarios per Paulum Anastasius imperator pro redimendis Romanorum captiuis Iohanni praefecto Illyrici misit : deficiente pretio uel inclusi suis cum domunculis captiui Romani incensi sunt uel pro muris clausarum urbium trucidati.

Cette Olla,[20] qui, dans le[s écrits du] prophète Jérémie est souvent suscitée par le vent du nord contre nous et nos péchés, forgea des armes de feu et avec les mêmes armes endommagea une très grande partie de l'Illyrie. Alors, des cavaliers Gètes,[21] ravagèrent la plus grande partie de l’Illyrie, i. e. les deux Macédoines, la Thessalie et jusqu’aux Thermopyles et l’ancienne Epire. Grâce à Paul, Anastase envoya à Jean, préfet d’Illyrie, mille livres d’or en deniers versés pour racheter les prisonniers romains. Mais cette somme ne suffisant pas encore il y en eut beaucoup qui furent soit brûlés alors enfermés dans leurs demeures ou que les Barbares tuèrent à la porte des villes dont on leur fermait l’entrée.

(518) XI. Magni solius

Magnus[22] seul consul.

1 In prouincia Dardania adsiduo terrae motu uiginti quattuor castella uno momento conlapsa sunt. Quorum duo suis cum habitatoribus demersa, quattuor dimidia aedificiorum suorum hominumque amissa parte destructa, undecim tertia domorum totidemque populi clade deiecta, septem quarta tectorum suorum tantaque plebis parte depressa, uicina uero metu ruinarum despecta sunt. Scupus namque metropolis, licet sine ciuium suorum hostem fugientium clade, funditus tamen corruit. Plurimi totius prouinciae montes hoc terrae motu scissi sunt saxaque suis euulsa conpagibus deuolutaque arborum crepido. Per triginta passuum milia patens et in duodecim pedum latitudinem dehiscens profundam aliquantis uoraginem ciuibus castellorum saxorumque ruinas uel adhuc hostium incursiones fugientibus iussa parauit. Vno in castello regionis Gauisae, quod Sarnonto dicitur, ruptis tunc terra uenis et ad instar torridae fornacis exaestuans diutinum altrinsecus feruentemque imbrem euomuit.

[23]1 Dans la province de Dardanie, effroyable tremblement de terre qui abattit en un instant vingt-quatre bourgades. Deux furent englouties avec leurs habitants ; quatre y perdirent la moitié de leur maisons & ceux qui s’y trouvèrent ; onze y virent périr un tiers de leurs édifices & de ceux qui y habitaient, sept en eurent un quart de perdus. Les peuples voisins abandonnèrent leurs demeures, de peur d’être ensevelis sous leurs ruines. Scupe, métropole de cette province, y fut renversée de fond en comble, sans y perdre néanmoins aucun de ses citoyens qui en étaient sortis pour fuir l’ennemi. Plusieurs montagnes de cette province se fendirent ; des rochers se détachèrent ; des arbres furent déracinés. Il se fit une fondrière longue de dix ou douze lieues & large de douze pieds où plusieurs périrent en fuyant ces malheurs causés par ce tremblements de terre ou les courses des ennemis. Dans un lieu nommé Sarnonte au canton de Canisa,[24] la terre s’ouvrit & l’on vit sortir, comme d’une fournaise ardente, une pluie brûlante qui dura longtemps.

2 Anastasius imperator subita morte praeuentus maior octogenario periit ; regnauit annos uiginti septem menses duos dies uiginti nouem.

2 L’empereur Anastase mourut soudainement,[25] âgé de plus de 80 ans. Il avait régné 27 ans, 7 mois et 29 jours.

S : 3 Daras ciuitate huiuscemodi condita in Mesopotamia. Daras quaedam possessio LX ab Amida ciuitate miliario ad austrum sita et quindecim milibus a Nisibeno oppido ad occasum distans Amidensi ecclesiae reditum pensauit. Huius ergo humilis uillae casae Anastasius imperator ob condendam ibi ciuitatem dato pretio emit, missisque continuo praefabris construi praecepit ; Calliopium deinde Antiochenae urbis patricium huic operi praefecit. Nempe hic collem in planitiem desinentem mira sagacitate ob fundamenta locanda sulcum sarculo designauit, murisque firmissimis fascia tenus consummatis undique texit. Riuum quoque, qui ex praedii nomine, iuxta quod nascitur, Cordissus nominatur serpensque murmurat, quintoque miliario eundem collem nouamque diuidit ciuitatem, concesso utrique ostio prolabentem inclusit. Publicis praeterea moenibus decoratae ciuitati pristinum nomen uillae reliquit. Ingens huius frontispicium ciuitatis in editiori loco constructa murisque continuata turris Herculea sic nomine dicta suscipitur Nisibin quidem ad orientem, Amidae huius ad aquilonem respiciens.

S[26] 3 [Dara, une ville de ce type, fut fondée en Mésopotamie. Dara, un certain domaine, située 60 miles au sud d’Amida et à quinze miles à l'ouest de la ville de Nisibe, a payé ses dîmes à l'église d’Amida. Alors l'empereur Anastase acheta les maisons de cette ville à un prix fixé modeste dans le but de fonder une ville là-bas, et il envoya aussitôt des ouvriers de valeur et ordonna qu’on commençât la construction. Il confia ce travail à Calliopius, qui fut plus tard patrice de la cité d'Antioche. En effet, percevant merveilleusement [les lieux], il marqua, avec une houe, un sillon pour délimiter les fondations sur une colline et terminer à la fin en terrain plat, et il l'entoura de tous côtés sur ses limites extrêmes, en érigeant de très fortes murailles. De même, il joint le ruisseau appelé Cordissus,[27] qui tirait ce nom d’une terre qu’elle arrosait, et qui serpentait le long car il rugit, et à la cinquième borne milliaire, il divisa la même colline et la nouvelle ville, de tomber dans un caché d'entrée à chaque extrémité. En outre, il permit à la ville dotée de murailles communes de conserver le nom du village. La tour dite d’Hercule, l’immense frontispice de la cité, fut construit sur un terrain élevé et relié aux murs. Elle regardait vers Nisibe à l’est et vers Amida au nord.

CONTINVATIO EDITIONIS SECVNDAE

SUITE DE LA SECONDE EDITION

(519) XII. Iustini Aug. et Eutharici

Justin Auguste et Eutharicius consuls.

1 (T) Iustinus a senatu electus imperator continuo ordinatus est.

1 (T) Justin fut élu empereur par le sénat et immédiatement investi.[28]

(S) Iustinus imperator creatus.

(S) Justin fut élu empereur.

2 (T) Amantius palatii praepositus, André, Misahel et Ardabur cubicularii Manichaeorum fautores et Iustini Augusti deprehensi sunt proditores. Quorum duo Amantius et Andreas ferro trucidati sunt, Misahel et Ardabur Serdicam in exilium missi. Theocritus Amantii satelles, quem idem Amantius praepositus ad regnandum clam praeparauerat, comprehensus et in carcere saxis contusus ingentibus periit salsoque in gurgite iacuit, sepultura quoque cum imperio, cui inhiarat, caruit.

2 (T) Amantius, eunuque du palais, André, les cubiculaires Misahel et Ardabure manichéens, conspirèrent contre Justin Auguste et furent arrêtés. Deux d’entre eux Amantius et André furent passés par les armes. Misahel et Ardabur furent exilés à Serdica. Théocrite,[29] serviteur d’Amantius, que ce dernier avait été secrètement préparé à diriger,[30] fut arrêté et écrasé dans sa prison par d'énormes rochers, il périt et fut déposé dans un gouffre d’eau salée. Il perdit une sépulture tout comme l'empire auquel il aspirait.

(S) Amantius palatii praepositus et Andreas cubicularius uterque regni eius inimicus in insula decapitatus est.

(S) Amantius, eunuque du palais, et André, cubiculaire, chacun d’eux, ennemi du pouvoir, eut la tête tranchée sur une île.

3 (T) Vitalianus Scytha Iustini principis pietate ad rem publicam reuocatus Constantinopolim ingressus est septimoque receptionis suae die magister militiae ordinatus.

3 (T) Vitalien le Scythe, rappelé à l'empire à Constantinople par le consciencieux empereur Justin, il revint et fut investi en tant que maître de la milice le septième jour métier de son arrivée.

(S) Vitalianus Scytha urbem data acceptaque fide accitus ingreditur statimque magister militum ordinatus.

(S) Vitalien le Scythe, rappelé à la ville en échange de la foi donnée fut aussitôt nommé maître de la milice.

(520). XIII. Vitaliani et Rustici

Vitalien et Rusticus consuls.

Vitalianus consul septimo mense consulatus sui sedecim uulneribus confossus, in palatio cum Celeriano et Paulo satellitibus suis interemptus est.

Le consul Vitalien, au septième mois de son consulat,[31] mourut dans le palais avec Célerien et Paul ses serviteurs, percé de seize coups de couteau.

(521) XIIII. Iustiniani et Valerii

Justinien et Valère consuls.

Famosissimum hunc consulatum Iustinianus consul omnium Orientalium consulum profecto munificentior his liberalitatibus edidit. Nam ducenta octoginta octo milia solidorum in populum inque spectacula siue in spectaculorum machinam distributa, uiginti leones, triginta pardos exceptis aliis feris in amphitheatro simul exhibuit. Numerosos praeterea faleratosque in circo caballos iam donatis quoque impertiuit aurigis, una dumtaxat ultimaque mappa insanienti populo denegata.

Le consul Justinien rendit ce consulat le plus fameux de tous ceux de l’Orient cat il fut extraordinairement généreux en largesses. En effet 288 solidi furent distribués au peuple ou dépensés pour des spectacles ou des engins de spectacles. Il fit exhiber en même temps vingt lions et trente panthères, sans compter les autres animaux sauvages. Et par dessus tout, après avoir déjà fait don des chars, il fournit des chevaux caparaçonnés à l’hippodrome, une course finale étant la seule chose refusée par la populace en folie.

(522) XV. Symmachi et Boethii

Symmaque et Boèce consuls.

(523) I. Maximi solius

Maxime seul consul.

Plerique lapidatorum, percussorum urbisque depopulatorum sua ob scelera deprehensi ferro, igni suspendioque expensi sunt, gratum bonis ciuibus spectaculum exhibentes.

La majeure partie des lapidateurs, assassins et voleurs de la ville, quand ils furent capturés, furent passés par le fer, brûlés et pendus à cause de leurs crimes, offrant ainsi un spectacle agréable aux bons citoyens.

(524) II. Iustini Augusti II et Opilionis

Deuxième consulat de Justinien Auguste et premier consulat d’Opilion.

His cons. inopia olei magnam penuriam in populum inportauit.

Sous ces consuls, une disette d’huile entraîna une grande pénurie dans la populace.

(525) III. Filoxeni et Probi

Philoxène et Probus consuls.

Iohannes Romanae ecclesiae papa LI anno Petri apostolorum pontificumque praesulis quadringentensimo octogensimo quinto sessionis eius, Theodorico rege sese ....... pro Arrianis suae caeremoniae reparandis, solus dumtaxat Romanorum sibimet decessorum Vrbe digressus Constantinopolim uenit. Miro honore susceptus est : Dexter dextrum ecclesiae insedit solium diemque domini nostri resurrectionis plena uoce Romanis precibus celebrauit.

Seul de tous ses prédécesseurs romains, Jean,[32] cinquante et unième pape de l'église romaine, dans les quatre cent quatre-vingt-cinquième de la voir de Pierre, premier des apôtres et des prêtres, quitta la ville à la demande du roi Théodoric[33] ….. et vint à Constantinople pour ramener les Ariens dans son sein.[34] Il fut reçu avec les plus grands honneurs. Homme droit, il prit sa place sur le trône à la droite de l'église et il célébra à pleine voix le jour de la Résurrection du Seigneur dans le rituel romain.

(526) IIII. Olybrii solius

Olybrius seul consul.

Totam quidem Antiochiam Syriae ciuitatem repens inter prandendum terrae motus inuasit : alioquin occiduam urbis magnam eius partem sinistris mox uentis undique flantibus flammasque coquinarum pro tempore aestuantes ruentia in aedificia miscentibus duplex torridumque exitium inportauit. Eufrasium quoque totius urbis episcopum adempto eius capite combusto simul obruit sepulchro : obelisco circi inuerso et humi defosso.

En Syrie, un tremblement de terre frappa soudain toute la ville d'Antioche à l'heure du repas. Du reste, la destruction fut doublement massive[35] sur la grande partie ouest de la ville, car des vents d'est, soufflèrent bientôt de tous côtés, attisant les flammes des cuisines allumées dans les bâtiments qui s'effondraient. Euphrésius,[36] évêque de la ville, fut également tué lorsque sa tête fut écrasée dans une fosse en flammes, car un obélisque de l'hippodrome s’était retourné puis enfoncé dans le sol.

(527) V. Mauortii solius

Mavortius seul consul.

Anno regiae urbis conditae centesimo nonagensimo septimo Iustinus imperator Iustinianum ex sorore sua nepotem, iamdudum a se Nobilissimum designatum, participem quoque regni sui successoremque creauit kalendas Apriles. Ipse uero quarto ab hoc mense uita decessit, anno imperii nono mense secundo.

La 197e année de la fondation de la ville royale, le premier du mois d'avril, l'empereur Justin proclama Justinien associé à l'empire[37] et son successeur. Ce dernier était son neveu, par sa sœur, et avait pendant un temps considérable été nommé « nobilissime » par Justin ; ce dernier mourut quatre mois plus tard durant la neuvième année et le deuxième mois de son règne.[38]

(528) VI. Iustiniani Augusti solius

Justinien Auguste seul consul.

Anno regiae urbis conditae centesimo nonagensimo octauo regium uestibulum priscumque in eo solium ob aspicienda probandaque in circo certamina structum uictor Iustinianus princeps eminentiorem clarioremqueque quam fuerat et utramque senatorum ex more spectantium porticum solita magnanimitate redintegrauit, bonis quidem agitatoribus praemium, ignauis autem seueritatem innuens.

La 198e année de la fondation de la ville royale, l’empereur Justinien fit reconstruire la loge impériale et son ancien trône prévus pour visionner et applaudir les luttes dans l’hippodrome, elle fut plus haute et plus visible [qu’avant]. Par sa générosité coutumière il fit aussi reconstruire chaque portique où les sénateurs s’asseyaient comme spectateurs. Là il instaura des récompenses pour les bons conducteurs de chars mais aussi la discipline parmi les inactifs.

(529) VII. Decii solius

Decius seul consul.

Parthis bella mouentibus arma Romanus parauit exercitus finesque suos rebellans tutatus est. Haec expeditio nostrorum paene per quinquennium tenuit, digressaque Oriente Africam petiit, contra Vandalos feliciter dimicatura.

Comme les Parthes faisaient la guerre, l'armée romaine prépara son armée et, renouvelant la lutte, conserva ses territoires. Cette expédition des nôtres dura près de cinq ans et, si elle fut détournée de l'Orient, ce fut pour lutter avec succès contre les Vandales en Afrique.

(530) VIII. Lampadii et Orestis

Lampadius et Oreste consuls.

Mundo Illyricianae utriusque militiae ductor dudum Getis Illyricum discursantibus primus omnium Romanorum ducum incubuit eosque haut paucis ipsorum interemptis fugauit. His autem deinde consulibus idem dux audaciae suae secundus in Thraciam quoque aduolans praedantes eam Bulgares felicior pugnans cecidit, quingentis eorum in proelio trucidatis.

Mundo, maître de la milice d'Illyrie, fut le premier général romain à mettre en fuite les Goths qui avaient déjà traversé l’Illyrie, après que nombre d'entre eux aient été tués. Cependant, plus tard sous ce consulat, ce même chef, dont l’audace fut heureuse, se hâta vers la Thrace et tua, en combattant avec courage, les Bulgares qui se livraient au pillage, cinq cents d'entre eux furent éliminés dans la bataille.

(531) VIIII. post consulatum Lampadii et Orestis

Après le consulat de Lampadius et d’Oreste.

His consulibus codex Iustinianus orbi promulgatus est.

Sous ces consuls, le code Justinien fut promulgué dans le monde.[39]

(532) X. item post consulatum Lampadii et Orestis

Après le consulat de Lampadius et d’Oreste.

Hypatius, Pompeius et Probus genere consobrini diuique Anastasii nepotes imperium, quod sibi singuli indigna ambitione exoptabant, idibus Ianuariis iam plerisque nobilium coniuratis omnique seditiosorum turba armis donisque ministratis inlecta dolis inuadere temptauerunt atque per quinque continuos dies urbem regiam rapinis, ferro igneque per sceleratos ciues sine certo interrege discursantes hostili impietate, ipsi se fideles rei publicae in palatio dissimulantes, depopulati sunt. Quinta uero huius nefandi facinoris die, dum de foro Hypatius sceleratorum comitum manibus torque redimitus aureo et Pompeius comes eius sua sub ueste loricatus, ad inuadendum conscendunt palatium, uterque eorum ante fores palatii captus est statimque piissimi principis nostri nutu catenatus trucidatusque poenas luit et ante imperium perdidit quam haberet, innumeris passim in circo populis trucidatis et tyrannorum sociis continuo proscriptis. Ecclesia tunc incensa mox coepit ab eodem Augusto renouari.

[40] Hypatius, Pompée et Probus, neveux de sa sœur par le biais de l'Anastase divine, parce qu'ils ont chacun tiré avec indigne d'ambition, tentèrent d'usurper le trône aux ides de janvier,[41] après de nombreux nobles eussent déjà prêtés serment et que toute une foule de fauteurs de troubles eut été séduite par les armes, les dons et la ruse de leurs complices. Ils pillèrent la cité royale pendant cinq jours successifs par le vol, feu et à sang par le biais de citoyens criminels belliqueux courant çà et là déloyalement et sans aucun empereur déterminé en remplacement, tandis qu'eux-mêmes faisaient de loyauté à l'empire dans le palais. En effet, le cinquième jour de cette indicible émeute épouvantable, Hypatius, paré d’une couple d’or des mains de ses compagnons criminels, et son compagnon Pompée, avec une cuirasse cachée sous ses vêtements, allèrent envahir le palais. Ils furent tous deux arrêtés face à l'entrée, immédiatement enchaînés et exécutés sur ordre de notre très saint empereur. Ils reçurent leur châtiment et perdirent l'empire avant d’avoir pu s’en emparer. D'innombrables personnes furent tuées à l'hippodrome et les alliés des usurpateurs furent immédiatement proscrits. L'église qui fut brûlée à l'époque ne tarda pas à être reconstruite par le même Auguste.

(533) XI. Iustiniani Augusti III

Troisième consulat de Justinien Auguste.

Post diuturnum immanemque laborem contra Medos Romanis gestum sudoribus tandem per Rufinum patricium perque Hermogenem magistrum officiorum, utrumque legatum a principe nostro missum, pax cum Parthis depecta est sponsione percussi foederis ab utroque imperatore inuicem sibi muneraque deinde concordiae missa.

Après la féroce lutte de longue haleine menée contre les Mèdes avec Roman labeur, la paix fut finalement conclue avec les Perses[42] par Rufin le patrice et Hermogène,[43] le maître des offices, deux ambassadeurs envoyés par notre empereur. Une clause de ce traité et son engagement convenus de bonne foi furent ensuite envoyés par chaque empereur à l'autre.

(534) XII. Iustiniani Augusti IIII et Paulini

Quatrième consulat de Justinien Auguste et premier consulat de Paulinus.

Prouincia Africa, quae in diuisione orbis terrarum a plerisque in parte tertia posita est, uolente deo uindicata est. Carthago quoque ciuitas eius anno excidionis suae nonagensimo sexto pulsis deuictisque Vandalis et Gelimer rege eorum capto et Constantinopolim misso, quarto Iustiniani principis consulatu, ipsius moderatione recepta est, sua cum patria firmius, quam dudum fuerat, redintegrata.

La province d’Afrique, placée par la plupart des gens dans la 3e division du monde fut libérée par la volonté de Dieu. La ville de Carthage aussi, fut restaurée 96 ans après sa destruction après que les Vandales aient été chassés, soumis, leur roi Gélimer[44] fait prisonnier et envoyé à Constantinople sous le 4e consulat de l’empereur Justinien, qui le reçut avec tolérance puisque son pays était plus puissant que jamais.

ADDITAMENTVM

Quo tempore Theodahadus rex Gothorum Amalasuentham reginam creatricem suam de regno pulsam in insula laci Vulsinensis occidit. Cuius mortem imperator Iustinianus ut doluit, sic est et ultus.

ADDITION

A cette époque, la reine Amalasonthe, qui avait fait Théodat[45] roi des Goths, fut chassée de son royaume, sur une île du lac Bolsena et elle fut tuée.[46] L'empereur Justinien, s’estimant à juste titre trompé, vengea sa mort.[47]

(535) XIII. Belisarii solius

Bélisaire[48] seul [consul].

1 Postquam Carthago Libyaque suo cum rege Gelimero per Belisarium est subiugata, de Roma Italiaque deliberat imperator : iterumque expeditio iterumque classis paratur idemque ductor qui consul eligitur, rectoque nauigio Siciliam properat, Catinam Syracusas sine mora, immo omnem peruadit Trinacriam. Ibique comperiens quod in Africa ciuile bellum exoritur et miles in proprio duce insurgit, cum paucis ad Africam tendit, Solomoni qui praeerat subuenit ; exercitum uero partim blandiendo, partim ulciscendo, inimicum tyrannum effugando, rei publicae consulit utilitati remensoque nauigio Trinacriam redit.

1. Après que Carthage et la Libye ainsi que leur roi Gélimer aient été toutes deux soumises par Bélisaire, l’attention de l'empereur se reporta vers Rome et l’Italie. Une autre expédition et une autre flotte furent préparés et le même général, élu consul, se dirigea droit vers la Sicile et sans délai envahit Catane, Syracuse et même l'ensemble de la Trinacria.[49] Quand il découvrit là que la guerre civile avait éclaté en Afrique, et que l'armée se révoltait contre son propre chef, il prit quelques-uns de ses hommes et partit pour l'Afrique, pour fournir de l’aide à Solomon,[50] qui était le responsable. Tant en encourageant son armée qu’en la réprimant, il prit des mesures pour le bien de l'empire en mettant le terrible usurpateur en fuite, et reprenant sa route, il retourna à la Trinacria.

2 Agapitus quinquagesimus Romanae urbis episcopus a Theodato rege Gothorum in legatione directus Constantinopolim uenit.

2. Agapit,[51] le cinquantième évêque de la ville de Rome, fut envoyé en ambassade par Théodat, roi des Goths, et vint à Constantinople.

3 Tzitta patricius in Mysia cum hoste Bulgarum congrediens ad latrum superior inuenitur.

3. Le patrice Tzittas[52] livra bataille à l'ennemi bulgare à Iatrus[53] en Mésie et fut victorieux.

4 Epifanius episcopus regiae urbis ante aduentum Romani praesulis moritur ; cuius episcopatum contra canones Anthimus Trapezuntena ecclesia relicta inuadit.

4. Epiphane, [54] évêque de la ville royale, mourut avant l'arrivée du pontife romain. Anthimus[55] quitta l'église de Trébizonde, et en dépit des règles ecclésiastiques, usurpa le siège d’Epiphane.

(536) XIIII. post consulatum Belisarii

Après le consulat de Bélisaire.

1 Ebremud Theodati genere relicto exercitu regio in Britios ad Belisarium in Siciliam conuolauit.

1. Evremud, gendre de Théodat, déserta l'armée royale dans le Bruttium et s'enfuit vers Bélisaire en Sicile.

2 In Africa uero Solomone itidem cum exercitu dissidente Germanus succedit, Solomonem remittens ad principem.

2. En Afrique, cependant, Germanus[56] succéda à Solomon, qui s’était également brouillé avec son armée, et le renvoya à l'empereur.

3 Belisarius Campaniam transiens Neapolim uastat.

3. Bélisaire traversa la Campanie et dévasta Naples.[57]

4 Gothorum exercitus Theodahadum regem habens suspectum Vitigem in regnum asciscit ; qui mox in campos Barbaricos regnum peruasit.

4. N’ayant pas confiance en Théodat, l'armée des Goths élut Vitigès[58] comme roi et il usurpa immédiatement le royaume dans les plaines Barbares.

5 Expeditione soluta Romam ingreditur, ubi iam Agapito Constantinopoli defuncto Theodahadus rex Siluerium episcopatui subrogarat ; ibique residens dirigit Rauennam.

5. Une fois sa campagne achevée, le roi Vitigès arriva à Rome où, comme Agapit était déjà mort à Constantinople, Théodat avait appelé Silvère[59] à l'épiscopat. Pendant son séjour il contrôla Ravenne.

6 Theodatum occidit in loco qui dicitur Quintus iuxta fluuium Santernum et ipse subsequitur per Tusciam omnes opes Theodati diripiens, quas in Insula uel in Vrbeuetus congregauerat.

6. Il tua Théodat dans un endroit appelé Quintus à côté de la rivière Santernus[60] et avança lui-même jusqu’en Toscane, pillant toutes les richesses rassemblés par Théodat dans Insula et Urbs Vetus.[61]

7 Rauennamque ingressus Matesuentham nepotem Theodorici sibi sociam in regno plus ui copulat quam amore.

7. Après être entré dans Ravenne, il se joignit lui-même comme partenaire dans le royaume de Matasuentha,[62] nièce de Théodoric, par la contrainte plutôt que de l'affection.

8 Belisarius fauente domino Romam ingreditur.

8. Avec la bénédiction du Seigneur, Bélisaire avança jusqu’à Rome.

9 Germanus in Africa feliciter administrat.

9. Germanus administra l’Afrique avec succès.

10 Agapitus Constantinopolim, ut diximus, episcopus a Roma adueniens, Anthimum pellit, dicens eum iuxta ecclesiasticam regulam adulterum, qui sua dimissa ambierat alienam ; in cuius locum Mennam presbyterum episcopum ordinauit et ipse extremum diem obiit, in nullo tamen, sicut ei a principe imminebatur, sentiens contra fidem.

10. L’évêque Agapit, venant de Constantinople à Rome, comme nous l'avons dit plus haut, bannit Anthimus, le déclarant adultère en termes ecclésiastiques parce qu'il avait quitté son siège pour en solliciter un autre. A sa place, Agapit ordonna le prêtre Mennas comme évêque et lui-même atteignit la fin de sa vie. Il n’exprima rien de contraire à la foi, ainsi que l'empereur lui avait prescrit.[63]

11 Ipso namque anno ob nimiam siccitatem pastura in Persida denegata circiter quindecim milia Saracenorum ab Alamundaro cum Chabo et Hezido fylarchis limitem Eufratesiae ingressa, ubi Batzas dux eos partim blanditiis, partim districtione pacifica fouit et inhiantes bellare repressit.

11. En effet, cette même année, en raison de la sécheresse excessive, les pâturages de la Perse furent détruits, et environ quinze mille Sarrasins avec les philarques Chabus et Hezidus furent conduits vers l’intérieur de la province d’Euphratèse par Alamundar.[64] Là, le duc[65] Batzas les encouragea tant par flatterie que par modération pacifique et réprima leur désir de guerre.

(537) XV. iterum post consulatum Belisarii

A nouveau après le consulat de Bélisaire

1 Vitigis tyrannus exercitu aggregato Romam obsidet ; cui tunc fauentem papam Siluerium Belisarius ab episcopatu summouit et loco eius Vigilium diaconum ordinauit.

1. L'usurpateur Vitigès rassembla son armée ensemble et assiégea Rome. Bélisaire démit de ses fonctions le pape Silvère, qui était à l'époque favorable à Vitigès, et ordonné le diacre Vigile à sa place.

2 Temporeque longo Romam obsidente Vitigis Belisarius intus inedia uigiliisque laborans auxilium ab imperatore deposcit. Cui directi sunt Martinus et Valerianus uterque magister militiae ; nec sic tamen Vitigis obsidionem relinquit.

2. Après que Vitigès eut longtemps assiégé Rome, Bélisaire fut pressé par la faim à l’intérieur et des patrouilles et il demanda à l'empereur des renforts. Martin et Valérien, deux capitaines de la milice, lui furent envoyées. Toutefois, Vitigès ne relâcha pas le siège.

3 In Africa Germanus rebelliones milites cum Stotza tyranno inter Maurorum deserta bellando effugat.

3. En Afrique, Germain combattit les soldats rebelles, ainsi que l’usurpateur Stotzas,[66] qui prirent la fuite dans le pays désert des Maures.

4 In Oriente quoque Iohannes Cottistis arripiens tyrannidem, antequam aduersi aliquid temptaret, Daras extinctus est.

4. En Orient aussi, Jean Cottistès fut tué à Dara en tentant d’usurper le pouvoir avant d’avoir pu entreprendre aucune action hostile contre l'empereur.

5 Ecclesia maior Constantinopoli ab imperatore Iustiniano singulariter in mundo constructa dedicatur die VI kalendas Ianuarias.

5. La grande église de Constantinople,[67] construite par l'empereur Justinien d'une manière unique au monde, fut consacrée le 27 décembre.

(538) Indictione prima Iohannis solius

Indiction I, Jean seul consul.

1 Adhuc Vitigis in obsidione Romae morante Iohannes magister militum cum Batza, Conone, Paulo Remaque inlustribus magnoque exercitu apparato ad Italiam properant castraque ad Portum Romanum conlocant, laboranti Romae subueniunt. Quorum aduentum Vitigis cernens trium mensium temporis cum Belisario pacta confirmat suosque legatos ad imperatorem transmittit.

1. Vitigès restait encore à assiéger Rome quand Jean, maître de la milice, ainsi que l'illustre Batzas, Conon, Paul et Rema et une grande armée bien équipée, approchèrent de l'Italie et établirent leur camp à Portus Romanus, puis vinrent à la l'aide de Rome aux abois. En apercevant leur approche Vitigès confirma une trêve de trois mois avec Bélisaire et envoya ses ambassadeurs à l'empereur.

2 In qua pace Belisarius Campaniam redit, annonae copiam Romae inlaturus, reuersusque Campania contrarium sibi de medio aufert Constantinum patricium.

2. Au cours de cette paix Bélisaire revint en Campanie afin d’assurer un approvisionnement de blé pour Rome. Quand il revint de Campanie, il évinça le patrice Constantin, un de ses adversaires.

3 Iohannes uero in portu quae posuerat castra deserens Samnitum regionem ingressus est Aternoque oppido expugnato Tremonem Gothorum ducem cum suis prosternit. Ortonam quoque similiter inuadit, Picenum depraedans Ariminum occupat.

3. Mais Jean, laissant le camp qu’il avait installé dans le port, s’avança dans la région du Samnium et, après avoir attaqué la ville d’Aternum,[68] il se trouva avec ses hommes devant Tremo, le général goth, et en même temps aussi envahit Ortona ,[69] et après avoir pillé le Picenum,[70] occupa Ariminum.[71]

4 Quo audito Vitigis ab obsidione Vrbis, in qua adhuc post turbatam pacem consistebat, relicta Roma, per Clodiae aggerem et annonariam Tusciam transit Apenninum et in Rubiconis fluminis ripa castra metatus Ariminum obsidet.

4. Quand il eut entendu cela, Vitigès abandonna le siège de la ville dans laquelle il était encore stationné après que la paix eut été rompue et, quittant Rome, il traversa les Apennins sur le rempart de Clodia et la Tuscie[72] annonaire[73] et, installant son camp sur la rive du Rubicon, il assiégea Ariminum.

5 Vnde proturbatus a Narsete de Constantinopoli et a Belisario de Roma uenientibus fugit Rauennam.

5. Chassé de là par Narsès arrivant de Constantinople, et par Bélisaire venant de Rome, il s'enfuit à Ravenne.

6 Cuius nepos Oraio Mediolanum longa inedia deterit, Mundilam Paulumque duces ibi positos cum suo milite obsidens.

6. Son neveu Oraio affaiblit Milan grâce à une famine prolongée, assiégeant Mundilas et Paul, les généraux stationnés là-bas avec leurs soldats.

7 Narsete uero Arimino residente Belisarius accedens Romae ad exhiemandum in deditione suscipit Vrbinum et Vrbemuetus et insulam laci Vulsinensis.

7. Tandis que Narsès campait à Ariminum, Bélisaire prit Urbino qui capitula, ainsi que Urbs Vetus et l'île du lac Bolsena, en route vers Rome pour y passer l'hiver.

(539) II. Appionis solius

Appion seul consul.

1 Narses reuertitur Constantinopolim.

1. Narsès retourna à Constantinople.

2 Belisarius obsidens Auximum septimo mense ingreditur, similiterque et Faesulam.

2. Après sept mois de siège, Bélisaire entra dans Auximum et aussi à Faesulae en même temps.

3 Gothi Mediolanum ingressi muros diruunt praedamque potiti omnes Romanos interficiunt, Mundilam Paulumque duces abducunt Rauennam.

3. Les Goths entrèrent à Milan et en détruisirent les murs, prirent leur butin et tuèrent tous les Romains. Ils conduisirent les généraux Mundilas et Paul, hors de Ravenne.

4 Theudibertus Francorum rex cum magno exercitu adueniens Liguriam totamque depraedat Aemiliam. Genuam oppidum in litus Tyrrheni maris situm euertit ac praedat. Exercitu dehinc suo morbo laboranti ut subueniat, paciscens cum Belisario ad Gallias reuertitur.

4. Théodebert, roi des Francs, s'avança avec une armée énorme et dévasta tout la Ligurie et l’Emilie. Il soumit et pilla la ville de Gênes située sur la rive de la mer Tyrrhénienne. Après, afin d'aider son armée minée par la maladie, il conclut un accord avec Bélisaire et retourna en Gaule.

5 Germanus de Africa Constantinopolim euocatur. Solomon ibi rursus dirigitur.

5. Germanus fut appelé d'Afrique à Constantinople. Solomon reprit son poste là-bas.

6 Calluc magister militum cum Gepidas primum feliciter dimicans secundo infeliciter ruit.

6. Calluc, le maître de la milice, lutta d'abord avec succès contre les Gépides, et plus tard malheureusement intégralement, il fut tué.

(540) III. Iustini iun. solius

Justin le Jeune seul consul.

1 Parthi in Syriam ingressi multas urbes subuertunt ; contra quos Germanus arma arripiens Iustinum filium, eundemque consulem in ipsis fascibus secum ducit.

1. Les Parthes envahirent la Syrie et renversèrent de nombreuses villes. Germain prit les armes et marcha contre eux avec son fils Justin, consul, alors qu'il était effectivement en fonction.

2 Antiochia magna depraedata demolitur a Persis.

2. Antioche la Grande fut ravagée et détruite par les Perses.

3 Belisarius Rauennam ingreditur, regem Vitigis et reginam cunctasque opes Gothosque nobiliores tollens secum ad imperatorem reuertitur euocante se Marcello comite.

3. Bélisaire entra dans Ravenne et, à la demande du comte Marcellus, revint vers l'empereur accompagné du roi Vitigis, de sa reine, de toutes leurs richesses, ainsi que des plus notables des Goths.

4 Solomon in Africa feliciter dimicans rebelliones proturbat.

4. Solomon combattant avec succès repoussa des rébellions en Afrique.

5 Gothi trans Padum residentes Oraio Vitigis nepote et Heldebado ductantibus Vitigis regem cum regina opibusque palatii nec non et Gothos audientes sedibus propriis pulsos Orientemque per Belisarium abductos rebellare disponunt, regem sibi statuentes Heldebadum.

5. Les Goths vivant sur le Pô, avec leurs généraux Oraio, neveu de Vitigès et Ildibadus, furent prêts à se révolter en apprenant que le roi Vitigès et sa reine, les richesses du palais et les Goths, avaient été chassés de leurs trônes et emmenés en Orient par Bélisaire. Ils élurent Ildebad[74] comme roi.

6 Contra quem debellaturus Bessa patricius Placentium a Rauenna conscendit, Constantino Rauennam de Dalmatiis, ut praeesset exercitui, ab imperatore directo.

6. Le patrice Bessas[75] vint à Plaisance depuis Ravenne pour lutter contre Ildebad, après que Constantin eut été envoyé par l'empereur de Rome en Dalmatie pour prendre le commandement de l'armée.

(541) IIII. Basili solius anno primo

Premier consulat de Basile seul.

1 Parthis persistentibus inimicis Belisarius Orientis suscepit expeditum Germano regresso ad urbem regiam.

1. Les Perses continué leurs hostilités, Bélisaire entreprit l'expédition d’Orient après Germanus rentré à la ville royale.

2 Gothi Heldibado occiso Erarium sibi ordinant regem.

2. Après qu’Ildebad ait été tué, les Goths élurent pour roi Eraric.[76]

3 Solomon in Africa interficitur, Sergius loco eius dux successit belli moderatorque prouinciae.

3. Solomon fut tué en Afrique. Serge[77] lui succéda comme général des troupes et gouverneur de la Province.

(542) V. post consulatum Basilii anno secundo

Seconde année après le consulat de Basile.

1 Milites clam Veronam ingressi dum auaritia inhiante de praeda concertant, a Gothis egredientibus de latebris cum suo dedecore ciuitate pelluntur.

1. Tandis que les soldats qui avaient secrètement envahi Vérone se disputaient le butin par leur avarice cupide, ils furent honteusement chassés de la ville par des Goths sortant de leur cachette.

2 Gothi Erario rege occiso Totilam in regnum manciparunt. Qui malo Italiae mox Padum transit et ad Fauentiam Aemiliae ciuitatem Romanum exercitum superat, duces effugat, Caesenam et Vrbinum, Montem feretris et Petrapertusa occupat, huc illucque discurrens deuastat Italiam.

2. Lorsque le roi Eraric fut tué, les Goths mirent sur le trône Totila.[78] Au détriment de l'Italie, il franchit bientôt le Pô et accabla l'armée romaine dans la ville de Faventia en Emilie,[79] mettre les généraux en fuite, occupa Caesena[80] et Urbino, le Mons Feretris[81] et Petra Pertusa,[82] et dévasta l'Italie se précipitant d’un endroit à l’autre.

3 Rursus in annonaria Tuscia ad Mucellos per Ruderit et Viliarid Bledamque duces suos Romanum exercitum superat. Quo proelio Bessa patricius uulneratus euadit ; ceteri uero fugientes per quaqua saluati sunt.

3. Encore une fois en Tuscie annonaire, il vainquit l'armée romaine près de Mugellum,[83] grâce à ses généraux Ruderit, Viliarid et Bleda. Dans cette bataille le patrice Bessas fut blessé et s'échappa tandis que les autres, qui fuirent dans toutes les directions, furent sains et saufs.

(543) VI. post consulatum Basilii anno III

Troisième année après le consulat de Basile.

1 Totila deuastat Campaniam urbesque muratas euertens per suos Tiburem obsidet.

1. Totila dévasta la Campanie et, en détruisant des villes fortifiées, il mit le siège devant Tibur avec ses propres troupes.

2 Mortalitas magna Italiae solum deuastat, Orientem iam et Illyricum peraeque attritos.

2. Une grande peste ravagea les terres d'Italie, et aussi l'Orient et l'Illyrie, qui avaient déjà été pareillement touchées.

3 In Oriente Persis adhuc tenentibus conflictum cum nostris Sergius in Africa inquietatur a rebellionibus cum Stotza et Mauris.

3. En Orient, tandis que le conflit entre les Perses et notre armée continuait, Serge fut inquiété en Afrique par les rébellions de Stotzas et des Maures.

(544) VII. post consulatum Basilii anno IIII

Quatrième année après le consulat de Basile

1 Totila obsidet Firmum et Asculum inuasamque Neapolim desolat et Tibur.

1. Totila assiégea Firmum et Asculum, envahit Naples et la pillèrent, ainsi que Tibur.

2 Roma uero obsidetur a longe, in qua praeerat Iohannes magister militum.

2. Rome, cependant, était en état de siège depuis longtemps lorsque le maître de milice Jean fut commandant là-bas.

3 In Oriente Belisario constituto exsulatur Iohannes ex consule ordinario patricius atque praefectus praetorio et domus eius datur Belisario.

3. Bien que Bélisaire fut stationné en Orient, le patrice Jean, préfet du prétoire, ancien consul, fut exilé et sa maison donnée à Bélisaire.

(545) VIII. post consulatum Basili anno quinto

Cinquième année après le consulat de Basile.

1 Totila Firmum et Asculum sub iuramento ingressus est ; milite Romano cum rebus suis dimisso crudelitatem suam in Romanos exercuit eosque omnes nudat et necat.

1. Totila entra à Firmum[84] et à Asculum[85] sous promesse. Lorsque les soldats romains furent renvoyés ensemble avec leurs équipements, il exerça sa cruauté sur les Romains en les dépouillant et en les tuant tous.

2 In Africa Iohannes inruens super tyrannum Stotiam interimit eum et ipse ab eius occiditur armigero. In qua tyrannide Iohannes quidam electus Stotias iunior uocitatur.

2. En Afrique, Jean, attaquant l’usurpateur Stotzas, le tua et fut lui-même tué par son porteur d’armes. Au cours de cette usurpation, un certain Jean fut élu et appelé Stotzas le Jeune.[86]

3 Belisarius de Oriente euocatus in offensam periculumque incurrens graue et inuidiae subiacens rursus remittitur ad Italiam. Qui ueniens Romae dirigit Bessam, Iohannem mittit ad imperatorem.

3. Bélisaire fut rappelé d'Orient et, bien que risquant l'inimitié et un grave danger en s’exposant à la jalousie, il fut à nouveau envoyé en Italie. A son arrivée à Rome, il nomma Bessas et envoya Jean à l'empereur.

4 Totila uastato Piceno pugnansque ad Auximum uincit. Indeque discurrens per Tusciam Spoletium destruit et Asisium Clusiumque oppida tenuit et obsidet Perusiam.

4. Après la dévastation du Picenum, Totila fut victorieux dans une bataille près d’Auximum.[87] Se ruant de là à travers la Toscane, il détruisit Spolète, prit les villes d'Assise et de Pérouse puis assiégea Clusium.

(546) VIIII. post consulatum Basili anno sexto

Sixième année après le consulat de Basile.

1 Vigilius papa LVIIII ab apostolo Petro euocatus ab imperatore Roma egreditur et Siciliam uenit.

1. Vigile, cinquante-neuvième pape de l'apôtre Pierre, fut convoqué par l'empereur, il quitta Rome et vint en Sicile.

2 Totila occupata Lucania et Britios Neapolim subuertit, Romam obsidet.

2. Totila occupa la Lucanie, le Bruttium, envahit Naples et assiégea Rome.

3 De Africa Sergius euocatur et Ariouinda neptem imperatoris acceptam ibi iudex dirigitur.

3. Serge fut rappelé d'Afrique et Aréobindus, ayant épousé une nièce de l'empereur, le remplaça comme gouverneur.

4 In Oriente cum Parthis foedus initur per Constantianum magistrum militiae et exercitus reuertitur Constantinopolim.

4 En Orient, un traité fut scellé avec les Parthes par Constantianus, maître de la milice, et l'armée retourna à Constantinople.

(547) X. post consulatum Basilii anno VII

Septième année après le consulat de Basile.

1 Gothi legationem mittunt ad imperatorem per episcopum ciuitatis Asisinatium nomine Auentium.

1. Les Goths envoyèrent une ambassade à l'empereur par l'évêque de la ville d’Asinatum[88] nommé Aventius.

2 Iohannes magister militum ad Italiam properat.

2. Jean, maître de la milice, se hâta vers l'Italie.

3 Belisarius a Rauenna egressus uenit Dyrracio indeque directo Iohanne Calabriam ipse per Siciliam Romam perrexit.

3 Bélisaire quitta Ravenne et vint à Dyrrachium, d’où Jean fut envoyé en Calabre et lui-même atteignit Rome par la Sicile.

4 Papa Vigilius ingressus est Constantinopolim VIII kalendas Februarias.

4. Le pape Vigile entra à Constantinople le 8e jour des calendes de février.[89]

5 Totila dolo Isaurorum ingreditur Roma die XVI kal. Ianuarias, muros euertit, domos aliquantas igni comburens ac omnium Romanorum res in praedam accepit ; hos ipsos Romanos in Campaniam captiuos abduxit. Post quam deuastationem quadraginta aut amplius dies Roma ita fuit desolata ut nemo ibi hominum nisi bestiae morarentur. Sic ueniens Belisarius murorum partem restaurat uenienteque Totila ad pugnam resistit.

5. Grâce à la trahison des Isauriens, Totila entra dans Rome le 16e jour des calendes de janvier,[90] il abattit les murs, incendia plusieurs maisons et récupéra les biens de tous les Romains comme butin. Il emmena ces mêmes Romains comme prisonniers en Campanie. Après cette destruction de Rome fut si désolé que pendant quarante jours ou plus ni homme ni bête n’y resta. Ainsi, quand Bélisaire vint, il reconstruisit une partie des murs et à l'approche de Totila s'opposa à lui en combattant.

6 Eodem quoque anno de Africa neptis imp. reuertitur uidua occiso uiro eius Areouinda a Gunthario tyranno, qui cum Stotzia iuniore tractans eum occiderat. Sed Artabanes utrosque comprehensos Guntharium occidit, Iohannem idem Stotiam iuniorem uinctum transmittit ad principem. Post aliquantos dies mittitur in Africam Iohannes et Artabanis euocatus praesentale accipit magisterium.

6. La même année, la nièce de l'empereur revint d'Afrique. Elle était veuve de son mari, Aréobindus, tué par l'usurpateur Guntharic, alors qu'il était en négociation avec le Stotzas le Jeune. Mais Artaban,[91] les saisissant tous deux, tua Guntharic et prit Jean, c’est-à-dire Stotzas le Jeune, le ligota et l’envoya à l'empereur. Après plusieurs jours Jean[92] fut envoyé en Afrique et Artaban fut rappelé pour recevoir la dignité de maître de la milice, en présence de l’empereur.

(548) XI. post consulatum Basilii anno VIII

Huitième année après le consulat de Basile.

1 Iohannes magister militum in Campania praedans Gothos nonnullas liberat senatrices. Qui postea patitur nocturnum Totilae superuentum Bulgarum suorum proditione.

1 Jean, maître de la milice, libéra en Campanie certaines femmes de sénateurs pendant son pillage des Goths. Par la suite, trahi par ses Bulgares, il fut attaqué de nuit par Totila.

2 Verus quoque magister militum et ipse in parte alia Calabriae infestum sustinuit Totilan et Valerianus ab imperatore in eorum solacia . . . . . . . .

2 Verus,[93] un autre maître de la milice, mais dans une autre partie de la Calabre, amena le dangereux Totila à lui faire face et Valérien[94] fut envoyé par l'empereur en renfort . . . . . . . .

(reliqua desunt)

(le reste manque)[95]

 


 

[1] Pour y comprendre quelque chose dans les événements qui vont se produire dans les §§ 2 à 9, lire l’article de L. Duchesne, La politique religieuse de l’empereur Anastase, 1912, (www.persee.fr) dont voici un extrait et les deux notes suivantes.

« Le 4 novembre 512, un dimanche, on inaugura à Sainte-Sophie le Trisagion monophysite, avec le Crucifixus pro nobis [ce 4e verset].

[Pierre le Foulon, patriarche miaphysite d'Antioche († 488), avait ajouté dans l'antienne (refrain) trinitaire du Trisagion ces mots : Qui avez été crucifié pour nous ayez pitié de nous (Crucifixus pro nobis).]

Anastase s'était trouvé à Antioche au moment où mourut Pierre le Foulon. Peu s'en fallut qu'on ne l'élût à sa place, tant étaient grandes et sa dévotion et la confiance qu'il inspirait au parti monophysite.

Il y eut, bien entendu, des protestations énergiques : mais la police était en force : les perturbateurs furent assommés sur place ou conduits en prison. Les mêmes faits se reproduisirent le lendemain, à l'église Saint-Théodore. Enfin le 6 novembre, le jour même où Sévère était intronisé à Antioche, le conflit se transporta de l'église dans la rue. Une grande procession devait avoir lieu. Le patriarche prescrivit d'y chanter le Trisagion interpolé. Mais les moines diphysites arrivèrent en force : on les acclama. Au lieu de processions, des cortèges d'émeute s'emparèrent de la voie publique. On criait: « A bas Anastase! Aréobinde empereur! ». On assommait les partisans de Sévère, la foule se livrait à tous les excès. Un moine monophysite eut la tête tranchée ; on la promena au bout d'une pique. Le corps fut traîné par les rues, avec celui d'une religieuse. Les statues d'Anastase furent jetées par terre. Enfin, on se réunit au forum de Constantin, que l'on mit vite fait de transformer en place de guerre : les clefs de la ville, les étendards militaires, y furent transportés. L'exaltation était extrême. On brûla la maison de Marin d'Apamée. l'un des conseillers les plus mal vus, et même celle de Pompée, neveu d'Anastase. Tout un quartier de Constantinople devint la proie des flammes. Les sénateurs Celer et Patricius. envoyés en parlementaires, furent accueillis par une grêle de pierres.

Pendant ce temps, le vieil empereur, retiré aux Blachernes, endurait les remontrances de sa femme, mais ne fléchissait pas pour autant. Il n'était pas arrivé à quatre-vingts ans sans savoir que les émotions populaires se calment quelquefois toutes seules. Il avait calculé que celle-ci n'irait pas loin. Au bout de trois jours on apprit qu'il se rendait à l'Hippodrome, et les manifestants, déjà las de monter la garde au forum de Constantin, s'y transportèrent comme un seul homme, précédés de la Croix et de l'Evangile, hurlant le Trisagion catholique et poussant des cris de mort contre les mauvais conseillers. Anastase parut, sans couronne, en vêtements de deuil. Les crieurs embouchèrent leurs trompes et firent savoir aux émeutiers que le prince était prêt à s'en aller: mais que, comme ils ne pouvaient pas être empereurs tous à la fois, il fallait choisir l'un d'entre eux pour le remplacer. Ces propos et quelques promesses dont le vieux fourbe était d'autant moins avare qu'il avait bien l'intention de ne pas les tenir, calmèrent l'effervescence et chacun s'en retourna chez soi. »

[2] Les catholiques crurent que cette addition contenait l’erreur des eutychiens théopaschites qui défendaient que la divinité avait souffert.

[3] Le trisagion ou hymne de la Trinité est une série de trois invocations dans la liturgie byzantine utilisée par l'Église orthodoxe, les églises des trois conciles et les églises catholiques orientales. Elle commence par le mot Aghios : Saint est Dieu, Saint est le Puissant, Saint est l'Immortel, aie pitié de nous.

[4] 6 novembre.

[5] Le populaire de Constantinople le reconnaissait à sa haute taille, à ses cheveux blancs, et surtout à ses yeux, l'un noir et l'autre bleu, qui l'avaient fait surnommer Anastase aux deux prunelles.

[6] Personne n’a compris ce que le nom pouvait avoir de ridicule.

[7] « On mit en sa place le moine Sévère, chef des schismatiques. Il était de Sozopole en Pisidie & fut d’abord avocat à Béryte puis il reçut le baptême dans l’église du martyr saint Léonce à Tripoli de Phénicie. Ensuite il se retira dans un monastère entre Gaza & Majume où s’était aussi retiré Pierre Ibérien, évêque de Gaze ordonné par Théodose & chassé avec Timothée Elure. Dans ce monastère Sévère passa d’abord pour catholique ; ensuite il combattit ouvertement le concile de Calcédoine & eut de grandes disputes avec l’abbé Nephalius qui après avoir été dans la même erreur était revenu à la saine doctrine. Il chassa du monastère Sévère avec plusieurs autres infectés des mêmes opinions. Mais Sévère se réfugia dans le monastère de Romain & les partisans de Pierre Monge l’envoyèrent à Constantinople solliciter leurs affaires là il se fit connaître à l’empereur qui le prit en affection comme il l’a été dit. Sévère était pur Eutychien. » Cf. Fleury, Hist. ecclésiastique, t. 7.

[8] Dorothée d'Ancyre est loué pour avoir osé affronter l'empereur Anastase, qui, rappelons-le, penchait pour le monophysisme.

[9] Macédonius fut accusé de pédérastie alors qu’il était eunuque.

[10] « Anastase ayant rallié ses troupes avait mis Cyrille à leur tête. Le nouveau général alla chercher Vitalien au fond de la Thrace. Il y eut une bataille sanglante dont le succès fut douteux. Mais Cyrille ayant eu depuis l’avantage en plusieurs rencontres, Vitalien se retira vers le mont Hémus & Cyrille croyant la campagne finie, alla se reposer à Odessus (Varna). Plongé dans les plus infâmes débauches, il ne songeait qu’à se divertir lorsque Vitalien, après avoir corrompu par argent les soldats qui gardaient les portes, se rapprocha pendant la nuit, entra dans la ville avec un détachement de ses troupes, surprit & égorgea Cyrille qu’il trouva couché entre deux femmes perdues. » Cf. Lebeau, Hist. du bas-empire, t. 8, 1764.

[11] Saint Hormisdas, né à Frosinone près de Rome, pape du 20 juillet 514 au 6 août 523.

[12] La baie de Sosthène, sur le Bosphore.

[13] Battu en 514 par Vitalien, il avait été fait prisonnier et enfermé dans une cage de fer. Cf. Priscien, Eloge de l’empereur Anastase, sur ce site.

[14] Vitalien avait refusé l’échange.

[15] « Secondin, père d’Hypace obtint par ses prières & par ses larmes la liberté de son fils pour la rançon duquel Vitalien se contenta de quatre vingt dix livres d’or. Il alla lui même le tirer de sa prison & le renvoya à son oncle. » Cf. Lebeau, loc. cit.

[16] Saint Elie naquit en 430 et fut patriarche de Jérusalem de 494 à 516.

[17] 40 évêques d’Illyrie et de la Grèce se séparèrent du métropolitain de Thessalonique parce qu’il était dans la communion avec Timothée.

[18] Ou Alcyson.

[19] Ces personnages de la province des Balkans semblent assez peu connus malheureusement. Quant aux villes :

- Lychnide est maintenant la ville d’Ohrid, ville du sud-ouest de la République de Macédoine, située en bordure du lac du même nom.

- Sardica est le nom d'un évêché in partibus infidelium en Dacie méditerranéenne. C’est aujourd’hui Sofia.

- Nicopolis ad Istrum est une cité romaine fondée située dans la province romaine de Mésie. Elle est fondée par l'empereur Trajan vers 101-106 au confluent du Latrus (Yantra) et du Danube pour commémorer sa victoire sur les Daces. Les vestiges de la cité antique sont situés dans la localité de Nikyup à 20 kilomètres au nord de Veliko Tarnovo dans le nord de la Bulgarie.

- Niš ou Nich, en latin Naissus est une ville de Serbie située dans le district de Nišava dont elle est le centre administratif.

- Pautalia = Kyustendil. Lorsque la Dacie Méditerranéenne fut créée, Pautalia se classa après Serdica et Naissus comme la troisième ville de la province.

[20] Personnage biblique.

[21] Des Goths.

[22] On ne sait peut-être que son nom complet grâce à un diptyque carolingien, Flavius Anastasius Paulus Probus Moschianus Magnus.

[23] Cette traduction vient de Le Nain de Tillemont, Hist. des empereurs, t. 6, p. 583.

[24] Ces deux lieux semblent inconnus.

[25] 9 juillet 518.

[26] Les lettres S et T signifient que le texte ne figure que dans certains manuscrits.

[27] Cordes.

[28] « Anastase laissait trois neveux, mais son principal ministre, l’eunuque Amantius, dévoué aux monophysites, voulait donner le trône à l’un de ses familiers. Déjouant ses projets, le Sénat, d’accord avec le peuple de Constantinople, proclama empereur le comte des excubiteurs Justin. » Cf. Bréhier, Vie et mort de Byzance.

[29] Comte des domestiques. Personnage inconnu par ailleurs. Cf. Vasiliev, Justin the first, 1950.

[30] Car eunuque, il n’aurait jamais pu prétendre à l’empire.

[31] Juillet 520.

[32] Saint Jean Ier, né en Toscane, à Populonia, ou à Sienne, ou encore dans le château de Serena (une petite forteresse bâtie par Serena, femme de Stilicon, et détruite dans le Moyen Âge et aujourd’hui totalement disparue), près du village de Chiusdino, vers 470, pape du 15 août 523 au 18 mai 526. Son règne de deux ans et neuf mois. Il est considéré comme un martyr par les catholiques et est fêté le 27 mai. Le roi ostrogoth arien Théodoric le Grand, qui de Ravenne, régnait sur toute la péninsule italienne, envoya le pape contre son gré à Byzance pour qu'il tente de faire adoucir un édit de l'empereur Justin contre l'arianisme. C'est le premier pape reçu à Constantinople. L'accueil est chaleureux, mais son ambassade auprès de l'empereur n'est pas couronnée de succès. À son retour à Rome, Jean fut arrêté par Théodoric qui le suspectait d'avoir comploté contre lui à Byzance. Il fut jeté en prison à Ravenne où il mourut de faim. Son corps a été transporté à Rome et se trouve aujourd'hui dans la basilique Saint-Pierre.

[33] Lacune dans le texte latin.

[34] En fait pour plaider auprès de Justin le retour en grâce des ariens.

[35] 250.000 victimes dit-on.

[36] Patriarche d’Antioche (521 - 526). Ephrem d’Amida (527—546) lui succéda.

[37] Le 4 avril 527.

[38] Le 1er août 527. Il avait 75 ou 77 ans. Justinien fut reconnu empereur sans difficultés. Sur Justinien, l’ouvrage en français le plus récent est celui de Georges Tate, Justinien : L'épopée de l'Empire d'Orient (527-565), 2004.

[39] Le 7 avril 529. mais seule sa deuxième édition (de 534) nous est parvenue.

[40] Marcellin fait ici un récit synthétique de la terrible sédition Nika, à revoir d’ailleurs avec Procope et d’autres. Cette sédition créée par les factions du cirque, les Verts et les Bleus, dégénéra du 11 au 18 janvier 532, en mettant la ville à feu et à sang ; elle faillit coûter son trône à Justinien. Indécis, découragé, prêt à abdiquer, il fallut l’énergie de son épouse l’impératrice Théodora, ancienne femme de vie douteuse, pour prendre les choses en main ; les factieux furent regroupés dans l’hippodrome par l’armée dirigée par deux généraux, Mundus et Bélisaire. Tous furent massacrés. On dit, selon les sources, qu’il y eut entre 30.000 et 80.000 morts. Le pouvoir des factions sera dompté jusqu'à la fin du règne de Justinien. Justinien fut chanceux d’avoir eu à sa disposition une personne plus déterminée que lui ; Justinien a mérité, surtout par la légende, le titre de Grand, mais ce ne fut incontestablement pas ce jour-là.

Un récit détaillé de cette sédition se trouve dans l’ouvrage de Ch. Diehl, Justinien et la civilisation byzantine au VIe siècle, 1901.

[41] Le 13 janvier.

[42] Le latin dit Parthes, mais c’est sans doute une erreur de copiste.

[43] Hun d’origine, il semble avoir été un remarquable diplomate.

[44] Gélimer est roi des Vandales et des Alains d'Afrique (« Rex Wandalorum Et Alanorum »)(530 - 534), le dernier roi Vandale dont le territoire correspond approximativement au Centre et à l'est de l'Algérie et la Tunisie)…… Gélimer décida de se rendre à son vainqueur en mars 534. Envoyé à Byzance, il figure au triomphe de l'empereur Justinien, devant qui il doit s'agenouiller et ôter son manteau de pourpre, en signe de soumission. Selon Procope de Césarée, Gélimer aurait alors prononcé en latin dans l'Hippodrome devant Justinien : « Vanité des vanités, tout est vanité… » Justinien épargna malgré tout la vie de Gélimer. Il reçut même un domaine en Galatie où il mourut paisiblement, avant 560.

[45] Théodat ( ? - 536) était le roi des Ostrogoths de 534 à 536 et un neveu de Théodoric le Grand par sa sœur.

[46] Elle fut étranglée.

[47] Cet assassinat servit de prétexte à Justinien. Le général byzantin Bélisaire interviendra en Italie et se mêlera des affaires ostrogothiques, au service de l'empereur Justinien, provoquant les « guerres gothiques. » Il faut lire de Procope, Histoire de la guerre contre les Goths, sur ce même site. C’est beaucoup plus détaillé.

[48] Bélisaire fut, tout comme Narsès, un des généraux exceptionnels de l’empereur Justinien. Il est très connu mais si l’on veut une version plus romancée, on lira avec intérêt le roman de l’excellent écrivain britannique Robert Graves : Le comte Bélisaire, 1987.

[49] Le Trinacria est le symbole de la Sicile, il signifie l'île au trois pointes c'est le nom que les Grecs donnèrent à la Sicile, alors que celle-ci s'appelait la Sicania au temps des Sicules et des Sicanes. Il est inspiré par le triskèle monnaie de l'époque sur lequel était représenté un tête de Gorgone entourée par trois jambes.

[50] Solomon est un gouverneur byzantin de la première moitié du VIe siècle. En 534, il est nommé par l'empereur byzantin Justinien comme gouverneur de l'Afrique, tout juste reconquise par le général Bélisaire sur les Vandales de Gélimer. Il est remplacé deux ans plus tard (536), avant de retrouver son poste en 539. Il conquit les Aurès et le Zab. Il doit faire face à l'armée berbères, notamment ceux du chef Antalas. Il est battu par ces derniers dans une bataille près de la cité de Theveste (actuelle Tébessa) en 544, et y perdit la vie.

[51] Saint Agapit Ier : Pape (57ème) de 535 à 536.

[52] Sittas fut un brillant général byzantin sous le règne de Justinien. Pendant la guerre ibérique contre l'Empire sassanide, Sittas reçut le commandement des forces en Arménie, semblable au statut de Bélisaire en Mésopotamie. Il remporta une victoire sur les Sassanides à Salata. Sittas était le mari de Comito, la sœur aînée de l'impératrice Théodora, et le père possible de la dernière impératrice Sophie.

[53] La forteresse de Iatrus, près du village de Krivina en Bulgarie, se trouve à quelques 20 km du camp de la Legio I Italica à Novae (Svištov).

[54] Le 5 juin.

[55] Anthime fut le patriarche monophysite de Constantinople de 535 à 536.

[56] Germanus n’était pas n’importe qui, il était le neveu de Justinien et un général de grande valeur. En 546 il fut chargé de réprimer la révolte d'une grande partie de l'armée impériale. Quand Justinien lança une nouvelle campagne pour la conquête de l’Italie, à la tête des troupes, il nomma son neveu Germanus. Ce dernier remplaça aussi Bélisaire en 549 contre les Goths. Il mourut en 551.

[57] Naples fut prise après 20 jours de siège.

[58] Vitigès est monté du trône de l'Italie au milieu de la guerre gothique, alors que Bélisaire s'était emparé de la Sicile l'année précédente et se trouvait alors dans le sud de l'Italie à la tête des forces de Justinien, l'empereur oriental. Après son accession au trône, Vitigès se marie avec Mathesuentha, fille de la princesse Amalasonte. Le panégyrique sur ce mariage (en 536) a été délivré par le préfet du prétoire Cassiodore, et a été conservé. Il s'agit d'une forme rhétorique romaine qui dépeint la dynastie gothique sous une lumière romaine avantageuse. A la fin de l'année 536, il vend la Provence aux Francs. Le général de Justinien, Bélisaire, captura Vitigès et Mathesuentha et les emprisonna à Constantinople. Vitigès y mourut sans enfant. Après sa mort Mathesuentha épousa Germain, cousin de l'empereur.

[59] Saint Silvère fut Pape de Rome de 536 à 537.

[60] Le Santerno, rivière de Romagne, affluent du Reno.

[61] Orvieto.

[62] Matasonthe, reine des Ostrogoths et reine d'Italie. Fille du premier mariage de la reine Amalasonthe, elle épousa en 536 le roi des Ostrogoths et roi d'Italie Vitigès (536-540).

[63] « Le pape saint Agapit arriva fort heureusement de Rome sur ces entrefaites : il démasqua l'hérétique, le déposa, et laissa en mourant le patriarche Menas pour diriger l'important concile de Constantinople qui dura du 2 mai au 4 juin 536 et qui, avec Anthime, condamna Sévère d'Antioche, Pierre d'Apamée et le moine Zoaras. » Cf. Pargoire, L’église byzantine de 527 à 847, 1905.

[64] Roi des Sarrasins au VIe siècle, il était le vassal des Perses et fit des raids sur l’empire. Il se convertit au christianisme.

[65] Ou plutôt général ou gouverneur de l’Euphratèse.

[66] Un rebelle byzantin. Avec une forte armée, qui comprenait, outre des rebelles, environ un millier de Vandales, et quelques esclaves, il marcha sur Carthage et assiégea la ville. Lorsque le général byzantin Bélisaire débarqua à nouveau en Afrique, il fit lever le siège de Stotzas qui se retira à Membressa, mais fut battu par Bélisaire et s’enfuit en Numidie. Il eut la possibilité de réorganiser ses forces, selon Procope les deux tiers des troupes de la garnison avaient rejoint les rebelles, et Stotzas avait ordonné l'exécution de beaucoup d'officiers. La situation changea lorsque le général Germanus, parent de l'empereur Justinien, arriva en Afrique: Germanus réussit à apaiser les rebelles, après quoi Stotzas tenta sa chance au combat. Stotzas, abandonné par plusieurs de ses alliés, fut battu par Germain. La rébellion s’acheva Stotzas s'enfuit avec quelques fidèles en Mauritanie, où il épousa la fille d'un prince local et en 541 il avait même pris le titre de roi. En 544 il revint dans la province d'Afrique et fut tué en 545 dans une bataille.

[67] Sainte Sophie.

[68] Atemum, cité du Samnium, aujourd'hui Pescara en Italie. Nommée Vicus Aterni, puis Aternum et Ostia Aterni. Vers l'an 1000 la localité prit le nom de Piscaria, en référence à cette zone très poissonneuse. Le fleuve fut nommé Piscarius.

[69] Ortona est une ville côtière de la province de Chieti dans les Abruzzes.

[70] Le Picenum était une province de la Rome antique qui se trouve dans l'actuelle région italienne des Marches.

[71] Rimini.

[72] Le mot « Toscane » est apparu au Xe siècle, dérivé de l’antique « Tuscia » qui désigna, à partir du IIIe siècle, l’ancienne Étrurie, territoire des Étrusques ou Tuscie, compris entre le Tibre et l’Arno.

[73] Qui approvisionne.

[74] Hildebad (ou aussi Ildebad ou Heldebadus en latin) (? - 541) est un roi des Ostrogoths d'Italie ayant été choisi pour remplacer Vitigès, qui s'était engagé dans des arrangements compliqués avec Bélisaire et avait quitté Ravenne pour Byzance. Hildebad règne environ un an avant d'être assassiné par un Gépide lors d'un banquet. Après un bref intervalle avec Éraric, il a eu pour successeur son neveu Totila. Hildebad était en réalité un Wisigoth, neveu d'un roi des Wisigoths d'Espagne.

[75] Commandant byzantin peu reluisant selon Procope, très cupide.

[76] Eraric dit « le Ruge» (encore nommé Heraric ou Ariaric) (? - 541) fut brièvement un roi des Ostrogoths d'Italie : il régna moins d'un an. Il succéda à Hildebad après l'assassinat de celui-ci. Il fut à son tour assassiné par un membre de sa propre garde royale, assassinat vraisemblablement organisé par son successeur Totila, neveu supposé de Hildebad.

[77] Son neveu.

[78] Totila ou Baduila (l'« Immortel ») (né à Trévise - mort en 552 à Taginae, (auj. Gualdo Tadino), près d'Urbino, Ombrie) est un roi ostrogoth d'Italie de 541 à 552. Il fut un chef énergique et le plus redoutable adversaire que Justinien ait trouvé sur son chemin.

[79] Faenza est une ville située dans la province de Ravenne en Émilie-Romagne, dans le nord-est de l'Italie.

[80] Césène, (en italien Cesena) est une ville italienne de la province de Forlì-Césène en Émilie-Romagne, près de la mer Adriatique.

[81] Le Montefeltro est une région historico-géographique de la Marche, qui fit historiquement partie de la Romagne.

[82] Le col de Pierre Pertuis est un col de la chaîne du Jura, près de Bienne, en Suisse. C'est un passage naturel élargi (Petra pertusa en latin) utilisé dès l'époque romaine pour la voie reliant Aventicum à Augusta Raurica par Petinesca et les gorges du Taubenloch. L'inscription Marcus Dunius Paternus, gravée dans la roche du côté nord au-dessus du pertuis, atteste que cette ouverture naturelle a été agrandie au IIIe siècle après J.-C.

[83] Le Mugello est l'un des bassins intérieurs des Apennins, comme le Casentino, à une trentaine de kilomètres au nord-nord-est de Florence.

[84] Firmum, auj. Fermo. Ville du Picenum, près de l'embouchure du Tinna dans l'Adriatique

[85] Asculum Apulum, auj. Ascoli di Satriano.

[86] Stotzas le Jeune (en fait Jean, † 546 à Constantinople) fut un chef militaire mauresque. Il se révolta contre la domination de l'Afrique de l’empereur romain Justinien Ier en 545. Après la défaite de la rébellion de Stotzas (545), les insurgés choisirent comme chef Jean, qui reçut le surnom de Stotzas le Jeune. Il soutint la restauration en Numidie du duc Vandale Guntarith, qui s’empara au printemps 546 de la capitale provinciale, Carthage et le gouverneur impérial Areobindus fut tué. Comme Guntarith entreprit de consolider son régime par des purges et des exécutions en masse, le stratège Artaban tua l'usurpateur cinq semaines après le déclenchement de la rébellion. Jean, réfugié dans une église fut arrêté et envoyé enchaîné par Artaban à Constantinople, il aurait été crucifié.

[87] Osimo (anc. Vetus Auximum), ville et comune de la Marche, Italie, dans la province d’Ancona, située sur une colline près de la mer Adriatique.

[88] Assise.

[89] 24 janvier.

[90] 17 décembre.

[91] Artaban, prince de la dynastie arsacide d'Arménie. Maître des soldats d'Afrique pour l'empereur Justinien en 546. L'Artaban qui a donné lieu au dicton : Fier comme Artaban, est un héros imaginaire du roman "Cléopâtre" de La Calprenède.

[92] Jean Troglita est le nom d'un général byzantin du VIe siècle, ancien lieutenant de Bélisaire, qui s'illustra notamment contre les Perses et les Berbères. Ce fut également un lieutenant du grand général byzantin Bélisaire, vainqueur des Vandales en Africa et des Ostrogoths en Italie dans les années 530. Mis à la tête de l'armée d'Afrique par l'empereur byzantin Justinien, il écrase la révolte des Berbères en 548, sans réussir néanmoins à pacifier les tribus maures, dans l'ouest. Il fut vaincu par Carcasan des Banou Ifren à Gallica (près de Gafsa).

[93] Selon Procope il était adonné au vin et fort présomptueux. Il eut cependant de la chance car un débarquement de troupes éloigna Totila.

[94] Maître de la milice d’Arménie (cf. Procope).

[95] Il existe une petite suite dans le texte latin de la Patrologie Latine, mais elle est quasiment sans intérêt.