Jean Catholicos

PATRIARCHE D'ARMÉNIE JEAN VI, DIT JEAN CATHOLICOS.

 

HISTOIRE D'ARMENIE : NOTICE

Chapitres I à X

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

NOTICE

SUR LA VIE ET L'OUVRAGE

DU PATRIARCHE D'ARMÉNIE JEAN VI, DIT JEAN CATHOLICOS.[1]

La commission instituée au sein de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres pour l'impression des œuvres posthumes d'Abel Rémusat et de Saint-Martin[2] publie, sous les auspices de M. le ministre de l'instruction publique, un nouveau volume, qui contient la traduction française qu'avait faite Saint-Martin d'une histoire inédite d'Arménie, écrite en arménien par le patriarche Jean VI, plus connu sous le nom de Jean Catholicos. Cette traduction était achevée dès l’année 1812, lorsque l'auteur s'occupait à réunir tous les documents dont il avait besoin pour composer ses savants mémoires historiques et géographiques sur l'Arménie, qui parurent en 1818 et 1819, et qui prirent immédiatement place parmi les ouvrages d'érudition orientale les plus estimés. Plusieurs fragments traduits de Jean Catholicos et accompagnés du texte ont, en effet, été insérés dans ces mémoires, où l'on trouve d'ailleurs de fréquents renvois au seul manuscrit original de l'historien arménien que le traducteur avait eu à sa disposition. Ce manuscrit a principalement fourni à Saint-Martin de précieux renseignements pour la rédaction de son précis de l'histoire d'Arménie, [3] comme pour la rédaction des tables chronologiques qui nous offrent la succession des patriarches d'Arménie et celle des rois Pagratides d'Ani, de Kars, d'Albanie, et des princes Ardzrouniens du Vasbouragan et de Sébaste.[4] Plus tard, en 1823, l'auteur des mémoires sur l'Arménie a de nouveau emprunté à Jean Catholicos plusieurs citations et la matière de diverses additions ou notes qu'il a placées dans l'excellente édition de l'Histoire du Bas-Empire, par Lebeau, qu'une mort prématurée l'a empêché d'achever. Son travail s'arrête au livre LXXI (année 867), mais a été continué par M. Brosset, qui n'a pas négligé de puiser à la même source une partie des additions ou des notes dont, à son tour, il a su enrichir le texte du célèbre Lebeau.

L'Histoire d'Arménie de Jean Catholicos jouit, parmi les Arméniens, d'une grande réputation, qu'elle doit tout à la fois au style de l'auteur, aux faits ou aux détails dont elle seule nous a conservé le souvenir, et à l'habitude qu'ont généralement les Orientaux de n'attacher qu'une importance secondaire à deux des qualités sans lesquelles, en Occident, il n'y a pas de grand historien, la méthode et la critique. Toutefois, si sous l'un et l'autre de ces rapports l'ouvrage du patriarche d'Arménie ne satisfait pas à tout ce qu'exige le lecteur européen, il se recommande, du moins, aux yeux de celui-ci par le vif intérêt qu'inspire le récit d'un certain nombre de faits peu ou point connus, qui s'accomplirent, pour la plupart, depuis le milieu du ixe siècle de notre ère jusqu'aux années 923 ou 924, et qui sont exposés avec naïveté, quelquefois même avec éloquence ou chaleur, par un témoin oculaire, que souvent on voit prendre une part directe aux événements qu'il raconte. Dans ses récits, il s'attache à nous faire connaître, sur la propagation et les établissements du christianisme en Arménie, sur le personnel de l'église arménienne et sur les persécutions religieuses exercées dans ce pays par les Perses et les Arabes, des détails que l'on ne rencontre pas ailleurs, et qui, placés sous la plume d'un écrivain revêtu de la première dignité ecclésiastique du royaume, donnent à l'ouvrage de cet historien un caractère particulier, en nous montrant l'Arménie principalement sous le point de vue religieux. A cette particularité il faut ajouter encore le double mérite qu'a le livre du patriarche Jean, de contenir une série de faits nouveaux, qui appartiennent à la période des entreprises et de la domination des Arabes en Arménie, et de nous fournir un certain nombre de noms de lieux, de montagnes, de rivières dont il n'est fait aucune mention dans les mémoires de Saint-Martin sur l'Arménie, non plus que dans les extraits que ce savant a publiés de plusieurs géographes et historiens arméniens.

En Europe, et chez les Arméniens eux-mêmes, on manque de renseignements précis sur la famille de Jean Catholicos, sur la date de sa naissance, et sur les actes de sa vie qui sont antérieurs à son élévation au patriarcat d'Arménie. A partir de cette dernière époque, on ne sait guère de ses actions que ce qu'il nous en apprend lui-même dans le récit des événements dont il fut le contemporain.[5] Le petit nombre de détails qu'il me sera permis d'y ajouter est tiré d'une très courte note manuscrite, rédigée en arménien par le R. P. Aivajowski, et transmise à M. Levaillant de Florival, par les savants arméniens, mekhitaristes de Saint-Lazare de Venise, en réponse aux questions qu'il avait bien voulu se charger de leur adresser de ma part.,

Jean, sixième du nom dans la liste chronologique des patriarches d'Arménie, et généralement désigné sous ; la dénomination de Jean Catholicos, c'est-à-dire de Jean Patriarche, a reçu des Arméniens le surnom de Badmapan, qui signifie l'Historien. Il était né au bourg de Trakhasnagerd ou Traskhanagerd, non loin de la métropole Tovin, à une époque et de parents qui nous sont restés inconnus. Toutefois, sachant avec certitude qu'il parvint à une extrême vieillesse, et qu'il mourut l'an 925 de notre ère, nous pouvons approximativement placer sa naissance entre les années 830 et 835. Il fit ses études théologiques sous la direction de Maschdots, abbé de Sevan, et plus tard se lia d'amitié avec Georges de Garnhi, nommé, en 876, catholicos ou patriarche d'Arménie. Après la mort de celui-ci, Maschdots fut promu à la même dignité, mais n'occupa le siège patriarcal que pendant sept mois, au bout desquels il mourut. Jean, son disciple, lui succéda en 897, sous le règne de Sempad, fils d'Aschod Ier, et second roi d'Arménie, de la dynastie des Arsacides. Au chapitre xxxii de l'Histoire d'Arménie, Jean parle de sa promotion avec une humilité vraiment chrétienne ; et il exprime en termes touchants la vénération qu'il avait pour Maschdots, comme aussi les regrets amers que lui cause la mort de ce vertueux patriarche, dont il était, dit-il lui-même, le disciple depuis son enfance. Il prouve, par plusieurs passages de son livre, qu'il avait fait de l'Écriture sainte et de l'histoire une étude approfondie, et qu'il possédait la connaissance de la langue grecque. Son zèle pour la propagation et les intérêts de la religion chrétienne, et la sollicitude constante avec laquelle il veillait sur le troupeau de fidèles qui lui était confié, éclatent, pour ainsi dire, à chaque page qu'il écrit ; en même temps, la manière dont il s'exprime au sujet des doctrines d'Arius et de Nestorius mérite d'être remarquée.

On ignore à quelle époque et pour l'instruction particulière de quel prince il avait entrepris d'écrire l'Histoire d'Arménie qu’il nous a laissée. Saint-Martin pense que l'auteur rédigea son livre au commencement du xc siècle de notre ère, et, par conséquent, après avoir été promu au patriarcat ; mais il ne nous fait point connaître les motifs qui le portent à énoncer cette opinion. On peut croire qu'il s'était principalement arrêté à la considération que, dans le premier chapitre, l’historien arménien, exposant le plan de son ouvrage, parle de la mort du roi Sempad le Martyr comme d'un fait accompli, et promet le récit de divers événements, qui se passèrent sous ses yeux pendant les huit ou neuf premières années du règne d'Aschod II, fils et successeur de ce prince. Or Sempad était mort en 914, Aschod lui avait succédé la même année, et Jean avait été élevé à la dignité de patriarche d'Arménie dès l'année 897, ainsi que je l'ai déjà dit, Si l'on objecte que l'exposition du plan de l'auteur a pu être écrite postérieurement à la rédaction du corps de l'ouvrage, il reste certain du moins qu'une partie quelconque de ce livre a été composée dans les dernières années du patriarcat de Jean. Mais je suis porté à croire, avec le R. P. Aivajowski, que les vingt ou trente premiers chapitres sont d'une date antérieure à l'année 897, malgré l'assertion contraire de Saint-Martin. Le savant religieux mekhitariste, dans la note dont j'ai la traduction française sous les yeux, se fonde à cet égard sur la différence que l'on remarque entre les expressions qu'emploie l'historien, à propos du concile de Chalcédoine, lorsqu'il rapporte les événements antérieurs à 897, et la manière dont il parle de ce même concile dans les chapitres où il raconte les faits qui s'accomplirent depuis cette époque, c'est-à-dire après qu'il eut été revêtu de la dignité patriarcale. En effet, dans le cours de la première de ces deux périodes, il manifeste avec véhémence, et à plusieurs reprises, l'indignation que lui font éprouver les décisions dogmatiques du concile de Chalcédoine, et l'aversion qu'il ressent pour les Grecs de Constantinople qui s'étaient laissé séduire par les doctrines nestoriennes. Dans la partie de son ouvrage qui comprend les événements postérieurs à sa promotion, on voit, au contraire, que, s'associant à la politique du roi et reconnaissant avec lui que l'Arménie n'a de secours à attendre d'aucune puissance, si ce n'est de l'empire grec, il se rapproche de l'empereur et du grand patriarche de Constantinople, fait même auprès d'eux des démarches actives en faveur du roi et de l'église d'Arménie, et s'abstient de toute déclamation contre les doctrines du concile de Chalcédoine et leurs sectateurs. Si, dans la suite, il se refuse aux invitations qui le pressent de se rendre à la cour impériale de Constantinople ; si même il se dispense d'y accompagner le roi Aschod, il a soin de nous avertir qu'en agissant ainsi il veut éviter de se trouver dans une position dont on ne manquerait pas d'abuser pour chercher à le convertir aux doctrines de Nestorius.

Quoi qu'il en soit de ces observations, on doit tenir pour certain que Jean Catholicos travailla à son Histoire d'Arménie jusque la veille presque de sa mort, puisque, je le répète, il mourut en 925, après avoir raconté dans ses derniers chapitres plusieurs événements qui durent se passer dans ce royaume pendant les années 921 à 923 ou 924. A l'époque où il termina sa longue carrière le trône était encore occupé, mais non sans contestation, par Aschod II, qui, en 914, avait succédé au roi Sempad, son père, et qui plus tard avait obtenu le titre de roi des rois. Il me paraît probable que le premier de ces deux princes est le personnage royal pour l'instruction ou par l'ordre de qui Jean avait entrepris de composer son livre et auquel il s'adresse, en l'écrivant, dès la fin du troisième chapitre : de même que, quatre siècles et demi avant lui, Moïse de Khoren s'adressait à Isaac (Sahag) Pagratide, lorsque, par l'ordre de ce prince, il écrivait son Histoire d'Arménie. Saint-Martin et le R. P. Aivajowski gardent sur ce point un silence absolu.

L'ouvrage de Jean Catholicos est divisé en cent quatre-vingt-sept chapitres. Dans les deux premiers l'auteur expose le plan de son livre, et donne clairement à entendre qu'il se propose d'écrire plutôt un abrégé qu'une histoire détaillée. Toutefois il ne reste fidèle à cette résolution que jusqu'au moment où la succession des événements amène le récit de ceux dont il fut contemporain, et de ceux surtout dans lesquels il joua lui-même un rôle actif. Selon l'usage du temps et du pays, il commence l'histoire d'Arménie par l'histoire du déluge (ch. iii et iv) ; mais il a soin de s'en excuser, et de dire que sur ce point il se conforme à l'exemple qui lui est donné par tous ses devanciers. Les deux principales sources où il annonce avoir puisé ses renseignements, quant à l'origine de la race arménienne, sont la Bible et les chroniques rédigées par des écrivains étrangers. Sous cette dernière dénomination, il explique bientôt (ch. viii) qu'il entend principalement les historiens chaldéens dont les ouvrages, traduits en grec, se conservaient dans les archives du royaume de Perse, au temps de Valarsace, roi d'Arménie, c'est-à-dire vers la dernière moitié du second siècle qui précéda la naissance de J. C. Il ajoute que ces ouvrages servirent à établir les origines arméniennes dans un livre que le syrien Mar Ibas Cadina présenta au roi Valarsace. On trouve déjà dans Moïse de Khoren, les mêmes indications ; elles y sont accompagnées de beaucoup d'autres détails et suivies de plusieurs citations que cet écrivain emprunte textuellement à Mar Ibas Cadina, qui avait continué l'histoire des rois d'Arménie jusqu'à l'époque où le fils de Valarsace, Arsace Ier, dit le Grand, eut pour successeur Artaxès où Ardaschès Ier.

Plus loin, Jean Catholicos renvoie le lecteur à d'autres ouvrages chaldéens, dont il n'est point fait mention dans Moïse de Khoren. Ceux-ci, écrits, selon le patriarche, sous le règne de Tibère, étaient déposés à Ninive et à Edesse, et contenaient particulièrement l'histoire des rois d'Arménie de la première dynastie, celle des Haïganiens. Jean Catholicos montre aussi, tant par des aveux formels que par des emprunta, évidents, qu'il avait su mettre à contribution l'historien Agathangélus, dont il parle avec les plus grands éloges ; le célèbre ouvrage de Moïse de Khoren sur l'histoire d'Arménie, composé vers l'an 442 de notre ère ; les travaux historiques de quelques écrivains persans, et ceux de Schahpour (Schabouèh) Pagratide et de plusieurs autres auteurs arméniens non moins récents, qu'il ne désigne pas nominativement.

On voit, par plusieurs passages de son livré, qu'il attachait une grande importance au stylé, et qu'il avait la prétention d'écrire dans un langage plus relevé que celui dont il trouvait des exemples dans quelques historiens arméniens postérieurs à Moïse de Khoren, notamment dans l'ouvrage de Schahpour Pagratide. Une telle prétention devait engendrer des défauts ; et, en effet, les Arméniens lettrés reconnaissent eux-mêmes, de nos jours, que le style de Jean Catholicos est par trop orné de fleurs de rhétorique et entaché de cette emphase qui, du reste, est commune à la plupart des historiens orientaux. Il faut aussi remarquer sous la plume de Jean un emploi trop fréquent de citations ou de comparaisons tirées de la Bible, et souvent plus nuisibles qu'utiles à Impression de la pensée de l'écrivain. Ici l'auteur de l'Histoire d'Arménie cède trop facilement à une habitude contractée dans l'exercice des fonctions ecclésiastiques dont il était revêtu. Ces divers défauts se trouvent réunis et sont rendus plus sensibles dans la lettre surtout qu'il adressa à l'empereur Constantin Porphyrogénète, et qui remplit en entier le chapitre cvii de son histoire. Néanmoins ils n'ont point empêché un juge très compétent, feu M. Saint-Martin, de comprendre nominativement Jean Catholicos au nombre des écrivains arméniens qui, dit-il, ne seraient pas indignes de l'attention d'un lecteur européen, parleur éloquence, la pureté soutenue de leur style et la contexture savante de leurs périodes oratoires

Dans les chapitres iii, iv, v, vi et vii, le patriarche s'occupe particulièrement des origines arméniennes. A l'exemple de Mar Ibas Cadina et de Moïse de Khoren, il déclare que les Arméniens appartiennent à la race japhétique ; mais il s'écarte de ces deux historiens sur plusieurs points, en disant que les Arméniens reconnaissent pour premier chef Thorgoma, père de Haïg et troisième fils de Thiras, bien que l'Arménie, à cause des prérogatives réservées au droit d'aînesse, ait d'abord été appelée le Pays d’Ascanaz, du nom du fils aîné de Thiras.[6] Le chapitre vin, le plus long de l'ouvrage après le chapitre xiii, est employé à retracer succinctement l'histoire du règne de Haïg et des princes légitimes ou usurpateurs qui lui succédèrent jusqu'à l'époque de la domination d'Alexandre le Grand. A partir de la mort du conquérant macédonien jusqu'à l'établissement de la dynastie des Parthes ou Arsacides sur le trône d'Arménie, le livre de Jean Catholicos, comme toutes les histoires d'Arménie écrites en Orient avant et depuis lui, présente de fâcheuses lacunes. L'auteur a soin d'en prévenir le prince pour lequel il écrit. Sa narration n'est plus interrompue lorsqu'il entreprend le récit des principaux événements qui se passèrent en Arménie, et dans quelques autres parties de l'Asie occidentale, sous le règne de Valarsace, de ses successeurs et des princes de la seconde branche des Arsacides d'Arménie. Il entre même dans quelques détails sur les guerres que les Arméniens eurent à soutenir contre les Romains ; sur la rupture qui éclata entre Hérode et Abgar ; sur les relations et la correspondance qui s'établirent entre le second de ces princes et Jésus-Christ ; sur l'apostolat de Thaddée, la conversion d'Abgar et de l'Arménie au christianisme, et l'apostolat de Barthélemi ; sur l'origine, la naissance et les actions de Grégoire l'Illuminateur, premier patriarche d'Arménie-Le récit de la mort de ce saint homme et de Tiridate le Grand termine le viii chapitre. Ces deux faits et ceux qui précèdent sont bien plus amplement exposés dans Moïse de Khoren.

Le chapitre suivant comprend les principaux événements qui s'accomplirent en Arménie depuis l'investiture du royaume, donnée par l'empereur Constance à Chosroès ou Khosrou II, fils de Tiridate le Grand, jusqu'au moment ou Sempad Pagratide va devenir célèbre par les services éclatants qu'il sait rendre à la cause de Chosroès, roi de Perse. L'auteur se dispense de rapporter les détails qui appartiennent à l'histoire du règne simultané d'Arsace et de Khosrou III, en disant qu'on peut voir dans l'ouvrage de Moïse de Khoren tout ce qui concerne les mœurs, les actions, les vertus, les vices et les combats de ces deux princes. Parvenu à l'époque de la promotion de Joseph Ier, qui fut nommé patriarche d'Arménie en l'année 441 de notre ère, après la mort de Mesrob et d'Isaac le Grand, Jean ne paraît plus avoir pour guide Moïse de Khoren, dont le troisième livre finit avec le récit décelait, et dont le quatrième livre était probablement déjà perdu, lorsque Jean Catholicos écrivait, à son tour, l'histoire d'Arménie. Aussi cette histoire, à partir de la nomination du patriarche Joseph Ier, acquiert-elle pour nous un degré toujours croissant d'intérêt. Les détails que contient le chapitre qui nous occupe suffiraient pour justifier mon observation. Vers la fin de ce chapitre nous assistons au partage du royaume entre Chosroès, roi de Perse, et Maurice, empereur d'Orient ; partage sur lequel les autres historiens gardent un silence absolu. L'auteur nous fait connaître les nouvelles divisions territoriales et les dénominations que l'empereur substitua à celles qu'anciennement avait établies, dans l'Arménie, Aram Ier. Il nous donne à cet égard des renseignements précieux que l’on chercherait vainement ailleurs.

Dans les chapitres x à xvii, il poursuit le récit des événements qui amenèrent la destruction de la dynastie des Arsacides d'Arménie ; après quoi il commence l'exposition des faits propres à l'histoire de ce pays sous l'administration successive des marzbans ou gouverneurs institués par les rois de Perse, et des curopalates, patrices, osdigans ou lieutenants nommés, soit par les empereurs grecs de Constantinople, soit par les khalifes de Damas ou de Bagdad. A cette occasion, il nous montre la puissance des princes de la race des Pagratides s'accroissant de jour en jour, dans quelques parties de l'Arménie, jusqu'au moment où l'un d'eux, Aschod Ier, dit le Grand, est reconnu roi d'Arménie par le khalife Motamed.

Les chapitres xviii à xlviii retracent les faits qui appartiennent aux règnes d'Aschod Ier ; de Sempad, son fils ; d'Aschod II, fils du roi Sempad ; d'Aschod, cousin du précédent et son compétiteur ; et de Gagig ou Kakig Ardzrounien, autre compétiteur d'Aschod II. Cette partie du travail de Jean Catholicos contient quelques détails neufs sur les deux branches des Pagratides qui fournirent des rois à la province de Kars et à l'Albanie arménienne, et sur la race des Ardzrouniens qui régna dans le Vasbouragan. Nous y trouvons, en même temps, le récit de la mort de Maschdots, et de la promotion de son disciple Jean VI au siège patriarcal d'Arménie. On y voit comment l'écrivain arménien, devenu patriarche ou catholicos, cherche à consoler le roi Sempad de la mort de son frère David, prince des princes d'Arménie. On y voit aussi que l'osdigan ou lieutenant du khalife, ayant envoyé de magnifiques présents au roi Sempad et à son fils Aschod, n'oublie pas, dans la distribution de ses largesses, le patriarche Jean, et lui offre, avec des vêtements d'étoffes précieuses, une mule couverte de très riches ornements.

C'est dans le chapitre xlix que l'auteur se met en scène à l'occasion des différends survenus entre le roi Sempad et l'osdigan Youssouf. Celui-ci gouvernait l'Azerbaïdjan au nom du khalife Moktafi, dans les premières années du xe siècle de notre ère, et avait autorité sur le royaume d'Arménie. Jean Catholicos raconte qu'envoyé par Sempad auprès de l'osdigan arabe, il partit de Tovin pour l'Azerbaïdjan, muni des instructions du roi et chargé d'offrir à Youssouf de riches présents, notamment des vêtements tissus d'or et ornés de figures brodées à l'aiguille. Arrivé à sa destination, il entame des négociations avec l'osdigan, qui bientôt emploie la violence pour le retenir prisonnier à titre d'otage. Gagig, roi du Vasbouragan, s'étant rendu, de son côté, auprès de Youssouf, dans le but de signer avec lui un arrangement en vertu duquel les troupes arabes devaient entrer dans l'Arménie, le patriarche s'adresse, mais sans succès, à ce prince pour obtenir de l'osdigan sa mise en liberté. Loin de là, celui-ci envahit la province de Nakhidofaévan, amenant à sa suite Jean Catholicos chargé de fers Le roi Sempad, devant les forces supérieures des Arabes, est contraint de se retirer vers l'Ibérie et de s'enfermer dans le fort de Géghardchk'h. Pendant ce temps le patriarche, conduit à Tovin, y subissait une prolongation de captivité rendue bien dure par les sévices dont elle fut accompagnée. Youssouf, qui avait poursuivi le roi, rentre à Tovin sans avoir pu forcer ce prince dans la retraite inaccessible qu'il avait choisie. Jean Catholicos sollicite directement auprès de l'osdigan sa liberté et la permission de quitter la métropole. Pour assurer le succès de ses démarches, il a recours aux séductions de l'or ; et il emploie, non seulement les sommes qu'il avait apportées, mais celles qu'il réussit à se faire prêter. Youssouf reste inexorable, dépouille le patriarche de tout ce qu'il possède, et le met hors d'état de se procurer aucun soulagement. Toutefois Jean parvient à sortir de sa prison et de l'enceinte de la ville ; il échappe au danger de tomber entre les mains des nombreux maraudeurs qui désolaient les environs, gagne le territoire albanien, et trouve de généreux secours, soit auprès de l'ischkhan Isaac et du roi d'Ibérie Adernersèh, doit auprès même des sujets de ce dernier prince. De là il se rend dans le pays de Gougarg et y fixe sa résidence. Ces divers événements nous conduisent jusqu'à la fin du chapitre lv.

Après avoir raconté, dans les chapitres lvi et lvii, les trames ourdies contre le roi Sempad par Youssouf et par Gagig, la défection des Sévortiens pendant une bataille, la défaite d’Aschod et de Mouschegh, qui commandaient les troupes du roi Sempad, leur père, le patriarche (ch. lviii à lxiv) fait, en termes éloquents, un lugubre récit des malheurs de tout genre dont l'Arménie hit accablée à la suite de ce revers.

Plus loin (ch. lxv) il rapporte que le roi Sempad fit demander la paix au khalife Moktader, qui, trop occupé de la répression d'une révolte survenue en Egypte, ne put donner suite à cette ouverture. La mort de l'empereur Basile (ch. lxvi) et les embarras qu'éprouve son frère Alexandre, après cet événement, privent le roi des secours de troupes et d'argent qu'il attendait de Constantinople, et le réduisent à la situation la plus déplorable. Le récit de ses nouveaux malheurs, de sa captivité, de ses tortures et de sa mort, remplit la fin du chapitre lxvi et la totalité des dix chapitres suivants. L'historien en emploie trois autres à faire connaître les cruautés qu'exercèrent les troupes arabes après la triste fin de Sempad, qui avait régné vingt-deux ans. On peut, dit Saint-Martin, voir dans l'histoire du patriarche Jean VI, témoin oculaire de ces événements, une peinture éloquente et énergique des malheurs dont l'Arménie fut accablée à cette époque.

Avec le chapitre lxxx commence l'histoire du règne et des exploits d'Aschod II, fils et successeur de Sempad. Le roi de Géorgie (ch. lxxxi) fait un traité avec lui, et le reconnaît pour roi d'Arménie. La guerre continue avec Youssouf et ses alliés Gagig et Gourgen. Les chances diverses de cette guerre, les calamités nouvelles qu'elle attire sur les Arméniens, les trahisons qu'ils éprouvent de la part de leurs alliés, les divisions qui éclatent parmi les princes et chefs des Arméniens eux-mêmes, les persécutions religieuses exercées en Arménie par les Arabes, les ravages d'une famine terrible ; tels sont les sujets des chapitres lxxxii à xcviii.

Au chapitre suivant le patriarche d'Arménie nous apprend que, durant ces temps de malheurs et de persécutions, il s'était réfugié de nouveau sous la protection d'Adernersèh, dans le canton de Gougarg. C'est là qu'en 920 il reçoit du grand patriarche de Constantinople, Nicolas, une lettre dont la teneur remplit les chapitres c et ci, et nous fait connaître les conseils et les instructions que Nicolas avait jugé utile d'adresser à Jean VI, pour parvenir à rétablir la bonne harmonie entre Aschod et les princes Arméniens, d'une part, et, de l'autre, entre le roi d'Arménie et les rois d'Ibérie et d'Albanie. Le patriarche grec annonce que l'empereur Constantin enverra des troupes au secours de l'Arménie opprimée par les infidèles, dès que ce double but aura été atteint. Jean, après s'être pénétré des intentions exprimées dans cette lettre, qui est un monument historique très curieux, s'efforce d'amener les Arméniens, les Ibériens et les Albaniens à faire la paix entre eux. Les négociations qu'il entreprend à cet effet sont interrompues par de nouvelles catastrophes, dont le récit nous conduit jusqu'au chapitre cvi, et nous initie à la connaissance de la situation des affaires et des partis à cette époque. Ici (ch. cvi) le narrateur, revenant sur ses pas, raconte que, pendant les dernières infortunes du roi Sempad, père du roi régnante il avait cherché un refuge dans le Daron, canton de la province de Douroupéran, voisine de la quatrième Arménie, Arrivé là, il avait écrit à l'empereur Constantin Porphyrogénète une longue lettre, qu'il croit devoir rapporter en entier (chapitre cvii.) et qui donne lieu de supposer que des démarches antérieures avaient été faites auprès de ce prince, en faveur du roi Sempad. Dans cette lettre, en effet, Jean Catholicos se félicite de savoir l'empereur disposé à secourir l'Arménie et les pays limitrophes. Il lui fait un récit animé des persécutions et des cruautés qu'y exercent les infidèles, et lui expose les divers motifs qui doivent l'engager à ne pas différer l'exécution de son louable projet. Il insiste principalement sur la nécessité de protéger les fidèles contre le fanatisme et le prosélytisme des Arabes, et représente à l'auguste empereur que la seule espérance qui reste aux malheureuses contrées envahies par les mécréants est dans les secours qu'elles attendent de lui. Il proteste qu'aucun désir de vengeance ne dicte la demande de ces secours ; il s'excuse sur son grand âge et sur la situation critique des affaires, de ne pouvoir se présenter en personne devant l'auguste empereur, et il implore sa protection pour le roi Sempad, pour lui-même et pour toute la race d'Ascanaz ou la maison de Thorgoma. Cette lettre (ch. cviii) parvint à Constantinople au moment où l’on y apprenait la mort du roi Sempad et les malheurs qui accablaient l'Arménie. Sur une seconde lettre de Jean Catholicos, qui ne nous en donne pas le texte, la cour de Byzance prend la résolution de secourir les Arméniens ; mais elle envoie préalablement un officier à Aschod, fils du feu roi Sempad. Le délégué impérial se dirige d'abord vers le lieu qu'habitait Jean, dans le Daron ; et, après avoir reçu de ce patriarche les renseignements et les conseils qui pouvaient assurer le succès de sa mission, il se rend auprès d'Aschod, qu'il décide à partir immédiatement pour Constantinople. Pendant que le prince arménien arrive à la cour impériale, où il est traité avec une grande magnificence, Jean Catholicos passe dans la province de Terdchan, et décline itérativement l'invitation pressante qui lui est adressée, à diverses reprises, de se rendre auprès de l'empereur. Je ne crus pas devoir y aller, dit-il (ch. CIX), parce que j'avais dans l'idée que peut-être on me presserait instamment de suivre la doctrine du concile de Chalcédoine. En conséquence, je ne voulus pas entreprendre ce voyage, retenu que j'étais par la pensée qu'on me ferait cette offense.

Peu de temps après, il fait un pèlerinage à une caverne devenue l'objet d'une vénération particulière depuis que sainte Mani et saint Grégoire l’Illuminateur y avaient été inhumés après l'avoir habitée. Dès les premières années de la conversion de l'Arménie au christianisme, on célébrait journellement dans ce lieu les offices divins. Jean examine avec soin (ch. cix et cx) une église que, par ses ordres, on avait construite non loin de là ; il visite ensuite les moines qui habitaient une autre caverne dans le voisinage. Après avoir donné sa bénédiction patriarcale à ces religieux, il se transporte au bourg de Thortan (ch. cxi), où se trouvaient une maison et un jardin jadis possédés par Grégoire. Il y célèbre le sacrifice de la messe avec du pain dont la farine provenait, assure-t-il, du froment qu'avait autrefois semé et recueilli le saint Illuminateur. De là, il gagne les hauteurs d'une montagne située vers un désert, qu'il ne désigne par aucun nom, et il y reste neufs mois en retraite et en prières. C'est au bout de ce temps que profondément affligé des divisions survenues entre le roi Aschod II, fils du roi Sempad, ses vassaux, et les princes des pays limitrophes de l'Arménie, il se détermine, non sans crainte, et après de pénibles hésitations, à retourner sur le territoire arménien. Une rupture éclate entre Gagig et Youssouf. Le premier, à l'aide des renforts qu'il reçoit de tous côtés, obtient sur les Arabes un avantage marqué, qui oblige Youssouf (ch. cxii) à se porter avec des forces considérables vers la province de Dosb. Les troupes de Gagig, inférieures en nombre à celles des Arabes, et mal commandées, s'opposent pendant quelque mois aux entreprises de l’ennemi. Elles se décident à laisser derrière elles l'armée de Youssouf, et à faire une invasion dans l'Azerbaïdjan. Mais la trahison du sbarabied Aschod les contraint d'abandonner cette province et de rentrer dans leurs foyers (ch. cxiii à cxvi). Plus tard elles reprennent l'offensive avec quelque succès. Ces événements se passaient tandis qu'Aschod II, fils de roi, [7] comme l'appelle habituellement l'historien arménien, était encore à Constantinople (ch. cxvii). En les apprenant, ce prince demande à la cour impériale et obtient la permission de retourner dans ses états. Il part (ch. cxviii) comblé de riches présents, et emmenant des troupes qui venaient d'être mises à sa disposition, en même temps qu'on lui avait fait délivrer de fortes sommes d'argent par le trésor impérial Pendant sa route à travers l'Asie mineure (ch. cxviii et cxix), il reçoit la soumission de plusieurs villes et provinces qui., naguère, s'étaient Soustraites à la domination arménienne. Vers ce temps, Youssouf, pour semer la division parmi les princes chrétiens, avait habilement conçu l'idée de susciter à Aschod II, héritier légitime du trône d'Arménie, un compétiteur dangereux, en reconnaissant pour roi de ce pays (ch. cxx), au nom du khalife, le sbarabied Aschod, fils du sbarabied Schahpour, neveu du feu roi Sempad, et, par ; conséquent, cousin-germain d'Aschod II. Mais tandis que le sbarabied Aschod retournait de Tovin dans sa principauté, après avoir reçu des mains de l'osdigan arabe la couronne d'Arménie, les troupes impériales, amenées de Constantinople par le roi légitime, dévastaient les possessions de l'usurpateur (ch. cxxi). Les deux Aschod se font une guerre violente ; et c'est dans cette situation des choses que Jean Catholicos prend la résolution de quitter sa retraite, et de s'interposer entre les deux princes (ch. cxxii). Il se transporte dans un lieu qu'il omet de désigner, et où, sur ses instances, les deux cousins, ayant consenti à se rendre, concluent entre eux, par ses soins, un traité de paix. De ce lieu Aschod II, fils de roi, se dirige vers la province de Gougarg pour soumettre la forteresse et le pays de Schamschouïldé. Le patriarche raconte (ch. cxxiii à cxxv) les revers et les succès du roi pendant cette expédition, à la suite de laquelle ce souverain et son frère Abas retournent en Ibérie auprès de l’ischkhan Gourgen ou Kourken, Incidemment il est question ici (ch. cxxvi et cxxvii) de plusieurs princes dont les possessions étaient situées dans la Siounie, ou sur les bords du lac de Gegham.

Bientôt une fâcheuse rupture éclate entre les deux Aschod (ch. cxxviii). Jean intervient une seconde fois et les réconcilie. Mais la bonne harmonie qu'il rétablit entre eut ne devait pas subsister longtemps. Les deux princes s'attaquent de nouveau, et se font, pendant deux ans, une guerre acharnée, malgré tous les efforts qu'emploie le patriarche pour les amener à déposer les armes (ch. cxxix). Aschod II, fils du roi Sempad, se rend auprès du roi de Perse (ch. cxxx) ; grâce à l'intervention de ce prince, il parvient à rétablir les affaires du royaume d'Arménie. Youssouf alors lui envoie de riches présents, le reconnaît pour roi légitime des. Arméniens, et met à sa disposition des sommes d'argent considérables et un corps de cavalerie arabe. Avec ce secours et les troupes de son beau-père Isaac ou Sahag, ischkhan de Kartman, Aschod, fils de roi, marche contre son compétiteur, qui s'était établi à Tovin. Il est battu et obligé de se retirer en Ibérie ; mais il y trouve de grands secours, revient sur ses pas et se dirige vers la ville de Vagharschabad (ch. cxxxi). A cette nouvelle, le patriarche ne laisse pas aux. deux Aschod le temps d'en venir aux mains une nouvelle fois : il se porte à leur rencontre et réussit à renouer entre eux les liens de l'amitié. Au chapitre cxxxii il fait une courte mention de la mort d'Isaac, prince de Siounie.

Poursuivant le récit des faits propres au règne d'Aschod II, il rapporte (ch. cxxxiii à cxxxv) qu'après s'être réconcilié avec son cousin, le roi entreprend une expédition dans l'Oudie pour réduire le rebelle Môsès ou Moïse, expédition qui se termine par la soumission de la province, et par l'ordre que donne Aschod d'aveugler cet ischkhan devenu son prisonnier. Le patriarche semble approuver l'exécution d'un pareil ordre, en disant qu'ainsi le rebelle subit le même traitement qu'il réservait au roi, s'il eût été vainqueur. On acquiert par là, et par d'autres exemples rapportés dans les chapitres suivants, la preuve irrécusable que le christianisme n'avait point détruit en Arménie ce genre de châtiment, dont l'usage remonte à une haute antiquité, et se conserve encore aujourd'hui dans les pays où règnent les-v successeurs musulmans des Achéménides, des Arsacides et des Sassanides de Perse.

Peu après la soumission de l'Oudie, Abas, frère d'Aschod II et second fils du roi Sempad ; Gourgen, ischkhan d'Ibérie, et Isaac, beau-père d'Aschod, conviennent secrètement de se défaire de la personne du roi (ch. xxxvi). Les diverses tentatives qu'ils font pour mettre à exécution cet exécrable projet ayant échoué, la mésintelligence éclate parmi les conjurés et leurs affidés. Vasag, l'un de ces derniers, prince héréditaire de Geghark'houni, veut faire sa soumission, et offre de se rendre auprès du roi sous la garantie d'un serment réciproque. Aschod accepte la proposition, et charge Jean Catholicos de remettre à Vasag la lettre par laquelle il lui notifie son consentement. Ce dernier, après l'avoir lue, n'hésite pas à se présenter au roi, qui d'abord lui fait l'accueil le plus bienveillant. Mais, trompé par de faux avis, Aschod se persuade que Vasag continue à entretenir avec les conjurés des relations secrètes et coupables. Il donne l’ordre de l'arrêter, de le charger de fers, de renfermer dans le fort de Gaïen, et d'occuper militairement la principauté de Geghark'houni. Jean Catholicos, mû par des sentiments d'honneur et de probité, qui éclatent dans le chapitre cxxxvii, où il rapporte cet incident, s'empresse d'adresser de vives représentations au roi Aschod sur sa conduite envers Vasag, et la violation de son serment. Ces représentations sont écoutées : le roi, après avoir examiné lui-même plus à fond les imputations qui pesaient sur son vassal, en reconnaît la fausseté, rend la liberté au prisonnier, et le remet en possession de la principauté de Geghark'houni. De son côté, le patriarche certain de l'innocence de Vasag, lui donne, au nom de la religion, une absolution pleine et entière.

Vers ce même temps, le khalife, fidèle à la politique suivie par ses prédécesseurs à l'égard de l'Arménie, entretenait des divisions parmi les princes de ce pays, en confirmant le titre de roi des Arméniens que, dans deux occasions antérieures, la cour de Bagdad avait donné à Gagig (Kakig) Ardzrounien, l'un des compétiteurs du roi légitime. Mais il avait commis la faute de ne point faire passer cette faveur par les malins de son lieutenant Youssouf, qui se montre irrité tout à la fois contre le khalife et contre le roi Gagig (ch. cxxxviii et cxxxix).

Sur ces entrefaites Aschod II se voit obligé de réprimer de nouveaux troubles dans diverses provinces (ch. cxl à cxlv). Parmi les rebelles se fait, une seconde fois, remarquer l'ischkhan Isaac, son beau-père. Après plusieurs réconciliations, qui n'étaient qu'apparentes, cet ischkhan venait de lever ouvertement l'étendard de la révolte : il livre bataille à son gendre ; il est défait, et tombe, ainsi que son fils Grégoire, au pouvoir du roi, qui, craignant de la part de ces deux princes quelque nouvelle entreprise, les fait aveugler l'un et l'autre. Cette fois Jean Catholicos, n'écoutant que des sentiments d'humanité puisés dans le cœur d'un chrétien, frappe de réprobation la conduite d'Aschod (ch. cxlvi). Néanmoins, dans la suite, il s'abstient de tout blâme, lorsqu'après la prise de la forteresse de Schamschouïldé (ch. cli) le roi fait crever les yeux et couper les oreilles aux soldats du rebelle Gourgen. Plusieurs incidents intéressants remplissent trois autres chapitres (cxlvii à cxlix) : c'est la révolte de l'osdigan Youssouf contre le khalife de Bagdad, sa défaite, sa captivité, la nomination de Serpouk'h aux fonctions d'osdigan, et le renouvellement du traité d'alliance qui précédemment existait entre les Arabes et le roi Aschod II. A cette occasion Aschod reçoit du khalife le titre de roi des rois (Schahanschah) qui lui donne la suprématie sur les deux autres rois créés en Arménie par la cour de Bagdad, Aschod, fils du sbarabied Schahpour, et Gagig Ardzrouni. Serpouk'h, héritier de la haine que son prédécesseur Youssouf portait au roi Gagig, ne garde plus au-aucun ménagement envers ce prince et attaque ses possessions. Gagig juge prudent de faire sa soumission à l'osdigan, qui lui jure paix et bonne amitié.

Peu après, Vasag Genthounien, commandant de la forteresse de Schamschouïldé, se révolte contre le roi des rois Aschod, et s'allie avec Gourgen (ch. cl). Les troupes royales, ayant à leur tête Aschod, se rendent maîtresses de la forteresse. Toutes les provinces septentrionales qui, ainsi que l'Oudie, s'étaient misés en rébellion, se soumettent à ce prince (ch. cl et cli). L'Oudie fait aussi sa soumission (ch. clii), et le roi des rois entre en négociation avec son cousin le roi Aschod, qui avait rompu le dernier traité de paix. Par les soins et les bons conseils de Jean Catholicos, auprès de qui s'était rendu l'agresseur, un nouveau traité est conclu entre les deux Aschod, et placé sous la garantie d'un serment religieux que prête chacun d'eux en présence du patriarche. Les deux princes, réconciliés une troisième fois, réunissent leurs troupes et marchent ensemble sur Tovin, où les infidèles, voyant qu'ils ne peuvent résister à des forces supérieures, se décident à capituler. Le roi des rois retourne dans l'Oudie, et apprend en route la révolte d'un personnage nommé Amramnaïn ou Tslik, qu'il avait placé à la tête des affaires de cette province. Ce personnage cherche successivement et obtient un appui auprès de Gourgen, prince de Gougarg, et auprès du roi de Colchide. Sa rébellion et ses intrigues devaient bientôt être funestes au roi des rois (ch. cliii et cliv) malgré les premiers succès de ce prince sur les révoltés. Les troupes levées par Amramnaïn, jointes à celles que lui avait données le roi de Colchide, enveloppent l'armée d'Aschod II, qui s'était inconsidérément engagée dans des gorges sans issue, où elle ne trouvait ni eau, ni vivres, ni fourrages. Dans cette position critique, les soldats du roi des rois proposent à l'ennemi de lui livrer leur souverain sous la seule condition qu'ils auront la vie sauve. Aschod, instruit de cette lâche trahison, prend la fuite, et parvient à se jeter dans un fort. Une série de nouveaux malheurs menace de l'atteindre, et le patriarche ne peut s'empêcher de donner à entendre que le roi des rois, par ses dérèglements, son ambition et son orgueil superbe, s'est attiré les châtiments du ciel. Le roi Gagig intervient comme médiateur entre ce prince et les révoltés. Grâce à ses soins, la paix et la tranquillité se trouvent rétablies au bout d'un an (ch. clv). C'est vers cette époque qu'éclate en Egypte et même en Asie une grande révolte contre le khalife de Bagdad. Serpouk'h est révoqué. Youssouf, retenu en captivité depuis qu'il avait été destitué des fonctions d'osdigan de Perse, d'Arménie, d’Ibérie et d'Albanie, est mis en liberté par le khalife, qui lui rend ce poste important et le renvoie en Arménie. A l'approche de Youssouf, le roi Gagig et Adom, ischkhan d'Andsévatsi, se retirent dans les montagnes et y déposent leurs trésors. L'osdigan entame des négociations avec ces deux princes ; il les amène à se soumettre au khalife et à payer le tribut accoutumé. Nesr, un de ses lieutenants, qui travaillait activement à propager l'islamisme dans la ville et la province de Nakhidchévan, s'empare, de force ou par trahison, de plusieurs princes du voisinage, ainsi que des habitants les plus notables de Tovin ; il les fait charger de fers, les accable de mauvais traitements, et exerce de violentes persécutions contre tous les chrétiens d'Arménie, en général, pour les contraindre à renier la foi (ch. clvi à clxvii). Ici le patriarche se met en scène de nouveau : il fait entendre de profonds gémissements et les cris même d'une douleur amère ; il parle de la dispersion des fidèles, et d'une démarche que font auprès de lui les clercs de l'église arménienne pour l'engager à prendre également la fuite. Il hésite ; mais enfin il se rend à leurs instances, et, abandonnant son monastère au moment où les infidèles venaient d'y mettre le feu, il se retire avec les clercs dans le lieu qu'avait habité le patriarche Isaac, près du mont Gegh. De ce lieu il passe dans une vallée inhabitée et située non loin de là ; il séjourne ensuite dans l'île de Sevan, au milieu de religieux empressés à le combler d'attentions, lui et ses compagnons d'infortune ; il s'arrête enfin dans un canton où il possédait un fort nommé Piourakan. Il avait précédemment acheté ce fort à prix d'argent, et y avait fait construire une belle église, ornée de peintures, et un couvent où s'étaient établis un certain nombre de moines (ch. clxviii). Parvenu en cette résidence, il écrit à Nesr une lettre dont il nous donne la teneur (ch. clxix) ; il y manifeste ses craintes personnelles, et l'intention de s'éloigner davantage encore du théâtre de la guerre et des persécutions, à moins que l'officier arabe ne le rassure complètement par un serment solennel. Si cette condition est acceptée, il restera au fort de Piourakan et enverra les présents d'usage. Le lieutenant de Youssouf s'empresse de répondre affirmativement au patriarche et de prendre, sous le serment propre aux musulmans, l'engagement de respecter et de protéger sa personne et ses propriétés. Je dus me contenter de ce serment, dit Jean Catholicos, car il faut toujours avoir confiance en ce que promettent ces infidèles avec la garantie de leur croyance. Ainsi rendu à la sécurité, il peut s'occuper du temporel et du spirituel des fidèles placés sous sa direction. Mais il ne devait pas tarder à se trouver, comme eux, victime de la perfidie de Nesr. Au chapitre suivant (clxx) il nous raconte, en effet, que cet officier arabe, après avoir fait piller par ses troupes plusieurs monastères d'hommes ou de femmes, et livrer les religieux aux plus cruelles tortures, pour les obliger à indiquer le lieu où se trouvaient les trésors confiés à leur garde, dirigea secrètement une expédition contre le fort de Piourakan. Ce fort est surpris par l'ennemi, qui charge de fers le patriarche et ses clercs, et les emmène prisonniers, emportant un butin considérable. Jean et ses compagnons trouvent heureusement le moyen de s'échapper en route des mains de leur escorte ; ils se réfugient à Pagaran auprès du roi Aschod (ch. clxxi). Sur ces entrefaites, les Arabes rassemblent leurs forces et attaquent ouvertement et avec vigueur Piourakan, dont les fidèles avaient repris possession. Après sept jours de combat, les assaillants ne parviennent à s'emparer du fort que par la défection d'un certain nombre d'assiégés qui se donnent à eux en reniant la foi chrétienne. Cet événement eut lieu en l'année 923 de notre ère. L'historien arménien fait un récit très animé du siège de Piourakan, et un tableau déchirant des cruautés et des malheurs qui furent la suite de la prise de ce fort (ch. clxxii à clxxxiii). Quelques temps après, Nesr (ch. cxxxiv) ayant reçu du grand osdigan Youssouf l’ordre de se rendre dans l’Azerbaïdjan, où venaient d'éclater quelques troubles, laisse à Tovin un commandant nommé Beschr ou Beschir, qui bientôt attaque le roi des rois Aschod pour le contraindre à la soumission la plus absolue envers le khalife. Aschod se retire dans l'île de Sevan et s'enferme dans le fort de K'heghai. Par des efforts de bravoure, George, un de ses favoris, parvient à disperser les attaquants ; il tue même de sa main leur général Beschr. Les troupes arabes retournent en désordre à Tovin. Jean Catholicos (ch. clxxxv) se rend auprès du roi des rois Aschod, séjourne plusieurs mois à la cour de ce prince, et y est reçu et traité avec une distinction et une bienveillance particulières. De là il passe à la cour du roi Gagig, qui l'avait invité à faire ce voyage dans l'intérêt spirituel des villes et bourgs soumis à sa domination. Il n'est pas moins bien accueilli par ce prince et par son frère (clxxxvi) qu'il ne l'avait été par Aschod. Sur ces entrefaites, des avis menaçants parviennent à chacun de ces trois princes, et produisent l'effet qu'en attendaient les Arabes ; c'est-à-dire que la garnison de K'heghai, effrayée du sort qui, selon cet avis, lui était réservé, abandonne le fort sans coup férir. Le général arabe en prend possession, et par là se trouve maître des bourgs, des villages et des territoires environnants.

C'est ici que s'arrête le récit de l'historien arménien. Les derniers événements qu'il vient de raconter se placent entre les années 923 et 924 de notre ère. Parvenu à un âge fort avancé, se sentant probablement très affaibli, et prévoyant la fin prochaine de son existence, il renonce à écrire la narration ou le journal des événements successifs ; et, à l'exemple de Moïse de Khoren, il termine son livre par un chapitre (clxxxvii) où il déplore les malheurs qui pèsent sur l'Arménie. Au début de ce chapitre, il nous dit : Je ne puis prévoir ce qui désormais arrivera. Mais plein d'espoir dans la divine providence, il prédit le triomphe final de la foi chrétienne, la victoire des fidèles sur leurs ennemis. Dans une homélie, qui suit, il s'adresse aux rois, amis de Dieu et pieux, aux princes, seigneurs et hramanadars des Arméniens, et à tous les apôtres de l'église, gloire de Jésus-Christ. Il leur explique dans quelles intentions, dans quelle disposition d'esprit, il a entrepris d'écrire l'histoire d'Arménie ; il gémit sur les apostasies dont il a été l'historien ou le témoin, et il donne aux princes d'Arménie et à leurs sujets de sages conseils pour le présent et l'avenir. Après cette homélie vient un dernier paragraphe, où il se recommande à l'indulgence et aux prières de ses lecteurs, et les supplie de se ressouvenir dignement de son nom.

Tout ce chapitre dut être écrit peu avant que l'auteur eût transféré la résidence patriarcale de Tovin à Dsoroï-vank'h (le monastère de la vallée), dans le Vasbouragan, événement dont il ne fait aucune mention, et que Saint-Martin[8] d'après les écrivains arméniens postérieurs, place en l'année 924 de notre ère. C'est à Dsoroï-vank'h que l'année suivante, 925, Jean Catholicos mourut accablé de vieillesse, et emportant avec lui les regrets et la vénération de ses contemporains. Il avait rempli pendant les vingt-huit dernières années de sa longue vie les hautes fonctions de patriarche d'Arménie. On lui donna pour successeur Etienne II, qui établit le siège patriarcal dans l'île d'Aghthamar, au milieu du lac de Van.

Tel est à la fois l'exposé de ce que l'on sait sur la vie du patriarche Jean VI, et le résume des principaux fait que contient le livre dont il est l’auteur. Nous ignorons s'il avait composé quelque autre ouvrage. Les Arméniens ne connaissent de lui que son histoire d'Arménie.

Il me reste à parler des devoirs qui étaient imposés à la commission chargée de publier la traduction française de cette histoire et à l'éditeur en particulier. Le plan de publication adopté par le ministère de l'instruction publique, quant aux ouvrages posthumes d'Abel Rémusat et de Saint-Martin, ne permettait pas de reproduire avec la traduction le texte arménien. La commission, pour suppléer autant que possible à cet inconvénient, a décidé que l'éditeur ferait imprimer en marge de la version française l'indication des pages correspondantes du manuscrit arménien dont s'était servi Saint-Martin. Cette concordance se trouvait établie, par les soins du traducteur lui-même, sur la copie autographe qu'il a laissée de sa traduction. Le manuscrit unique et assez peu correct qu'il avait eu sous les yeux appartient à la Bibliothèque royale et porte le n° 91 ; il comprend 703 pages de format petit in-8°.

Dans son travail, Saint-Martin s'était attaché au sens littéral, s’imposant même, afin de reproduire fidèlement le texte arménien, l'obligation de transcrire en français, sous leur forme arménienne et sans exception, tous les noms propres d'hommes et de lieux, comme aussi les titres des personnages et la désignation des dignités ou fonctions publiques dont ils étaient revêtus. Imprimée ainsi la traduction française du livre de Jean Catholicos serait devenue une lecture fatigante peu accessible même à la plupart des lecteurs. La commission a pensé que ce travail ne pouvait être publié sans quelques modifications, dont l'auteur avait indiqué lui-même la nature et les limites par les changements qu'il avait fait subir à plusieurs fragments de sa version avant de les placer dans ses Mémoires sur l'Arménie. Secondé par Le concours de mes deux savants collègues, MM. Hase et Eugène Burnouf, je me suis appliqué à rendre clairs et lisibles, sans en altérer le sens, tous les passages qui, trop littéralement traduits, violaient à la fois les règles de la langue française et celles du raisonnement ou du goût Mais privés, comme nous l'étions, de la connaissance de l'idiome arménien, nous ne sommes pas toujours parvenus à saisir dans la traduction française la pensée de l'auteur du texte original ; et, dans ce cas, pour ne pas nous exposer à dénaturer ou à affaiblir cette pensée, nous avons préféré la reproduire avec l'incorrection de style et l'obscurité que présentait la version littérale de Saint-Martin. Les noms propres d'hommes et de lieux, lorsqu'ils étaient déjà connus par d'autres documents, ont été rétablis sous la forme qu'on leur donne le plus généralement dans les ouvrages d'histoire écrits en latin ou en français ; mais j'ai eu soin de conserver à côté de chacun d'eux leur transcription littérale, telle qu'on la trouve dans le manuscrit du traducteur. Quant aux désignations de dignités, de fonctions ou de titres, j'ai dû, le plus souvent, ne les reproduire qu'il l'aide de leur transcription littérale, faute de pouvoir y substituer en français un équivalent satisfaisant, ou un équivalent qui n'eût pas été une périphrase. J'ai alors placé dans une des notes que le lecteur trouvera à la fin de ce volume l'explication de la plupart des termes arméniens non traduits par une expression française.

D'autres notes, qui sont ajoutées à celles-là, contiennent quelques observations succinctes, quelques renseignements que j'ai cru devoir y consigner, soit pour redresser certaines erreurs commises par l'historien arménien, ou plutôt par ses copistes ; soit pour faciliter l'intelligence de ses récits, ou suppléer à son silence, en indiquant la date des principaux événements qu'il raconte.

Pour ne rien négliger enfin de tout ce qui pouvait contribuer à rendre plus faciles les recherches des personnes que leurs travaux ou leurs études mettront dans le cas de consulter quelquefois un ouvrage historique dont aucun chapitre n'est accompagné d'un sommaire dans le texte original ni dans la traduction française, j'ai ajouté à ce livre une ample table alphabétique des matières, comme je l'avais précédemment fait pour le volume des œuvres posthumes de Saint-Martin qui contient ses Recherches sur l'histoire et la géographie de la Mésène et de la Characène.


 

[1] Jean V l'Historien, Hovhannès Draskhanakerttsi ou Yovhannēs Drasxanakertc'i (en arménien Հովհաննես Դրասխանակերտցի, « Jean de Drasxanakert », soit Gyumri) est un catholicos d'Arménie, de 899 à sa mort en 929. Il succède à ce poste à son maître Machtots en 899. Il est l'auteur d'une Histoire de son pays depuis Haïk qui a été traduite la première fois par Antoine-Jean Saint-Martin et publié par Félix Lajard, 1841. (Wikipédia)

Cf. aussi René Grousset, Histoire de l'Arménie des origines à 1071, Payot, Paris, 1947.

[2] Cette commission est composée de MM. Hase, Félix Lajard et Eugène Burnouf.

[3] Mém. Hist. et géogr. sur l’Arménie ; Paris, Impr. roy. 1818 et 1819; 2 vol. gr. in-8°. T. I, 279-403.

[4] Ibid. 418-425, et 436-446.

[5] La Biographie universelle de Michaud, et les autres recueils ou traités biographiques que j'ai eu la faculté de consulter, ne contiennent aucune notice sur Jean Catholicos.

[6] Voy. mes notes sur les chapitres iv, vi et vii de Jean Catholicos.

[7] C'est l'expression persane schâh-zadè.

[8] Mémoires sar l'Arménie, I, 439.