Helmold

HELMOLD DE BOSAU

 

Chronique des Slaves (extrait)

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

HELMOLDUS BOSONIENSIS

CHRONICA SLAVORUM

LIBER I

Capitulum XXXI.

De epistola Petri monachi.

Res digna relatu posteritatisque memoria contigit in diebus Heinrici senioris novissimis. Nam Petrus quidam, genere Hispanus, professione monachus, ingressus fines Romani imperii vocem predicationis emisit in universo regno, adhortans populos ire Iherosolimam pro liberacione civitatis sanctae, quae tenebatur a barbaris. Protulit autem epistolam, quam de celo affirmavit allatam, in qua continebatur scriptum, quia impleta sunt tempora nacionum, et liberanda esset civitas, quae calcabatur a gentibus. Tunc igitur universarum regionum potestates, episcopi, duces, prefecti, militares viri necnon plebei, abbates, monachi aggressi sunt iter illud Ierosolimitanum sub duce fortissimo Godefrido fretique divinae virtutis auxilio Niceam, Antiochiam multasque civitates a barbaris possessas receperunt. Inde progressi civitatem sanctam de manu barbarorum liberaverunt, et cepit deinceps pullulare in eodem loco incrementum divinae laudacionis, et adoratur Deus a populis terrarum in loco ubi steterunt pedes eius.

 

HELMOLD DE BOSAU[1]

Chronique des Slaves[2]

EXTRAIT DU LIVRE I

CHAPITRE XXXI.

La lettre du moine Pierre

« Une chose digne d'être rapportée et d'être transmise à la postérité arriva dans les derniers jours du vieil empereur Henri. Un nommé Pierre, d'origine espagnole et moine de profession, étant entré sur les terres de l'empire romain, se mit à prêcher partout, exhortant les peuples à aller à Jérusalem pour délivrer la ville sainte, qui était occupée par des barbares. Il montrait une lettre qu'il disait lui avoir été envoyée du ciel, et dans laquelle il était écrit : Les temps des nations sont accomplis : la cité qui est foulée aux pieds par les Gentils doit être délivrée. C'est pourquoi toutes les puissances du monde, les évêques, les ducs, les préfets, les guerriers, les plébéiens, les abbés, les moines, partirent pour ce voyage de Jérusalem, sous la conduite du brave Godefroi. Soutenus par le secours de la vertu divine, ils reprirent Nicée, Antioche et plusieurs villes que possédaient les barbares. S'avançant ensuite, ils délivrèrent de leurs mains la cité sainte. Alors sur cette terre on vit croître des rejetons pour la gloire de Dieu ; et les peuples du monde adorèrent le Seigneur à l'endroit même que ses pieds avaient foulé. »

 


 

 

 

[1] Helmold von Bosau est né vers en 1120 près de Goslar, dans le land actuel de Basse-Saxe. C'est à Brunswick qu'il reçoit l'instruction de Gerold, futur évêque d'Oldenbourg, entre 1139 et 1142. Ensuite, il suit Vicelin, évêque d'Oldenbourg en 1149 et missionnaire chez les Slaves au delà de l'Elbe (Polabes), puis son successeur, Gerold, désigné en 1155. En 1154, il devient curé de Bosau, près de Plön, dans le Holstein. En 1170, à l'instigation de l'évêque Gerold, il écrit sa Chronica Slavorum (la chronique des slaves). Il meurt après 1177. (Wikipédia)

[2] Dans son ensemble, cette chronique relate l'évangélisation, par les Germains des territoires slaves et saxons à l'ouest, depuis le règne de Charlemagne jusqu'en 1172 environ. Elle reprend la chronique d'Adam de Brême, et elle est continuée vers 1210 par Arnold von Lübeck avec une seconde partie allant de 1177 à 1209. Cette chronique est une source fondamentale sur l'expansion allemande vers l'ouest au Moyen Âge, le Drang nach osten. C'est aussi l'unique source sur la fondation de Lübeck. (Wikipédia)

Ici il n’est question que d’un extrait relatif aux Croisades.