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lorsque LIVRE SEPTIEME.
Nous avons appris au livre précédent et d'après les expressions
prophétiques l'avènement futur de Dieu, et sa vie au milieu des
hommes dont les deux grands signes devaient être la vocation des
nations du monde a la connaissance du vrai Dieu ; la ruine et la
destruction du peuple juif à cause de son incrédulité, et nous avons
examiné l'accomplissement de ces prophéties ; nous chercherons en ce
livre septième de la Démonstration, le caractère que Dieu prédit
devoir être attaché à sa venue parmi les hommes ; examinons donc
maintenant quel est le caractère de la venue de Dieu; quel est le
lieu où il doit naître, et de quelle race il tiendra son origine.
CHAPITRE I.
D'isaÏe. Le caractère delà venue du Seigneur parmi
les hommes.
Prédiclionde l'incrédulité des Juifs envers le Sauveur, el signe que
leur donne le Sei-
Sneur qui est une vierge concevant un Dieu, la naissance duquel 1л
destruction de la nation des Juifs se consommera, les nations
eirangères el ennemies s'empareront de leur
pays.clla terre qui était autrefois une solitude, deviendra féconde
par laculture divine, prédiction évidente de l'Eglise des nations.
De môme que Jean, l'admirable évangélisledis- courlsur
Noire-Seigneur avec une élévation bien supérieure à l'intelligence
humaine, dès les premières lignes de son Evangile saint, et expose
avec son origine divine la manière dont il apparu au milieu des
hommes par son incarnation : «Au commencement, dil-il, élait le
Verbe et le Verbe élail en Dieu cl le Verbe élail Dieu. Au
commencement il élail en Dieu, toutes choses ont été faites par lui.
» Et plus bas : « El le Verbe s'est f;iit chair, el il a habité
parmi nous (Jean, 1,1). Ainsi ravi par l'Esprit, le prophète sur le
point d'annoncer le Dieu conçu p;ir une vierge, voit la gloire
divine dans une extase qu'il raconle ainsi : a Je vis le Seigneur
des armées assis sur un trône haut et sublime. Le temple était
rempli de sa gloire, les séraphins formaient un cercle autour de
lui, chacun avait six ailes. Deux voilaient leur visage ; deux
rccou- vraienl leurs pieds, et deux leur servaient à voler. Ils
criaient l'un à l'autre : Saint, saint, saint, le Seigneur de
Sabaolb; toulu la terre est pleine de sa gloire » (¡sale, VI. Ij
Л ajoulc : « J'entendis la ToÎx du Seignenr : Qui enverrai-je? qui
ira pour nous vers ce peuple? et je dis, me voici, envoyez-moi. Va,
me répondit-il, et dis à ce peuple : Vous entendrez et vous ne
comprendrez pas, vous ouvrirez les yeux et vous ne verrez pas. Car
le cœur de ce peuple s'est appesanti, il a endurci ses oreilles et
fermé ses yeux afin de ne pas voir et de n'entendre point, et de ne
comprendre pas, pour ne pas se convertir aOn que je ne les guérisse
point. El je dis : Seigneur, jusques à quand? Jusqu'à ce que les
villes soient désolées , privées de leurs peuples cl que les maisons
soient désertes, faute de possesseurs. » Mais quel est ce Seigneur
qu'il est donne au prophète de voir? Sans (loulc celui que nous
avons constaté précédemment s'être manifesté aux patriarches
d'Abraham et les avoir entretenus; celui que déjà nous avons appris
être tout ensemble Dieu, Seigneur, ange et chef de la milice dû
Seigneur. Au moment de dire sa venue merveilleuse parmi les hommes,
l'homme saint contemple sa royauté divine, en le voyant assis sur un
trône haut et sublime , et ce trône c'est celui dont il est parlé
ainsi dons le psaume sur le bien - aimé ( Ps. XL1V, G) : « Votre
trône, Seigneur, est un trône éternel ; » c'est sur lui que le Dieu
suprême, créateur de toutes choses et son père l'appelle à s'asseoir
comme étant son fils unique et chéri : « Asseyez-vous à ma droite,
jusqu'à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marchepied »
(Ps. C1X, 1 ). L'évangélisle Jean confirme cette interprétation
quand après avoir cité ces paroles d'Isaïe : « Le cœur de ce peuple
s'est épaissi ; il a appesanti ses oreilles, et fermé ses yeux, » il
ajoute par rapport au Christ : « L'est là ce que dit Isaïc quand il
vit sa gloire et qu'il lui rendit témoignage » (Jean, XII, 41 ).
Ainsi donc, après avoir vu notre Sauveur assis sur le trône paternel
de la gloire et la puissance infinie, animé de l'Esprit saint et sur
le point de raconter sa venue sur la terre et sa naissance d'une
vierge , Isaïe prédit d'abord que la connaissance et la gloire de
Dieu se répandront sur la terre : « Les séraphins, dit-il, rangés eu
cercle autour de'lui, criaient : Saint, saint, saint, le Seigneur de
Sabaoth, toute la terre est remplie de sa gloire. » Quels sont ces
séraphins qui accompagnent le Christ de Dieu ? les chœurs des anges
et des puissances rélcstes, ou les prophètes et les apôtres ; car le
mot séraphin signifie le commencement de leur bouche. Tels sont les
prophètes et les apôtres dont la bouche a commencé à prêcher la
céleste doctrine , c'csl pourquoi ils sont nommés séraphins. Lie
même, encore les puissances de l'Esprit saint sont nommées des
ailes; elles couvrent le principe et la fin de la connaissanccdu
Verbe Dieu; ineffables et incompréhensibles à l'humaine faiblesse, «
i ne laissent apercevoir que le milieu de »a merveilleuse existence
auquel seulement pent attendre l'intelligence, le principe et la
fi:i en étant omis comme ineffables. Selon un autre sens do mol
séraphin, les puissan
ces divines et célestes seront un feu ardent ; aussi est-il écrit :
« 11 prend pour sen anges des esprits, et pour ses ministres la
flamme du feu » (Ps. CIII, 4). Et ces intelligences sublimes
profèrent et crient l'une à l'autre, chacune d'après sa puissance;
elle glorifient la sainteté de Dieu, et ce qui est le plus
admirable, reconnaissent que si les cieux et ce qu'ils contiennent
sont remplis de sa gloire, loulc la terre l'a été de sa puissance,
par son avènement annoncé, et que le prophète prédit lorsqu'il
proclame plus loin sa naissance d'une vierge, et par sa naissance,
l'effusion de sa gloire dnns l'univers.
Le Seigneur de Sabaolh signifie le Seigneur des armées. Ce Seigneur
est le chef des armées du Seigneur que les puissances divines
appellent Seigneur de Sabaoth au psaume ХХ1И, lorsqu'elles célèbrent
ainsi son retour de la Ierre aux ciuux : « Elevez vos portes, ô
princes 1 élevez-vous, portes éternelles, et le roi de la gloire
entrera. Quel est ce roi de la gloire? le Seigneur des armées est le
roi de la gloire »IPs. XXIIF, 7). Ici encore l'hébreu dit : te
Seigneur de Sabaoth comme il est le roi de la gloire, et parce que
sa venue devait remplir la terre de sa gloire, le prophète cl le
psalmiste disent de concert : le propfiète, « toute la terre s'est
remplie de sa gloire; » et le psalmiste, au commencement même de son
chant de triomphe : « Au Seigneur appartient la terre et sa
plénitude; l'univers et ceux qui l'habitent ( Ibid., 1 ). Après
cette prédiction le prophète continue et atteste que bien que la
terre soit remplie de sa gloire, cependant la nation juive ne le
recevra pas; aussi dit-il : le Sei- gncur dit : (le Dieu des armées
sans doute : « Qui 'enverrai-je? qui ira vers ce peuple? et je dis :
me voici, envoyez-moi, va, me répondit-il, et dis à ce peuple : Vous
entendrez cl vous ne comprendrez pas, vous ouvrirez les yeux et vous
ne verrez pas. Car le cœur de ce peuple s'esl épaissi, il a
appesanti ses oreilles cl fermé ses yeux, afin de ne point voir, de
n'entendre point, et de n'avoir pas l'intelligence du cœur, de ne
pas se convertir pour que je ne les guérisse point.» Aussi il
annonce clairement le soulèvement des Juifs contre lui ¡qu'ils le
verront, mais ne le reconnaîtront pas, qu'ils l'entendront parler et
instruire, mais ils ne comprendront ni ce qu'il est ni les prophètes
de l'alliance nouvelle qu'il annonce. L'évangélisle sainl Jean
lémoigne l'événemcnl de ces prédictions lorsqu'il dit du
Sauveur(7c,ni.X.;is : « Mais, quoiqu'il eût fail lant de miracles
devant eux, ils ne croyaient poinlen lui, afin que celle parole du
prophète Isaïc fui accomplie : Seigneur, qui a cru à notre parole cl
à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé? » Aussi ne
pouvaient-ils croire, et Isaïe a dit encore : «Ha aveuglé leurs
yeux,ri il a endurci.leur* cœurs, de peur que leurs yeux ne voient,
quo leur coeur ne comprenne, qu'ils ne se comer- lissent el que je
ne les guérisse.» Telles sont les paroles <jue proféra Isaïe quand
il vil sa gloire et qu il lui rendit témoignage. Ainsi l'évangélislc
applique sans difficulté la visiou d'Isaïe au Christ et au peuple
juif qui, suivant la prophétie, n'a pas secouru le Sei- qui s'est
révélé au prophète. Après
corruption, ni souillure, parce que incorporel , spirituel et
immatériel comme Verbe de Dieu, il forma celte union par sa puis-
gnfur qui sesi rcveie au propneie. Apres de üieu, il forma celte
union par sa puisque le prophète a vu le Seigneur des armées, sanee
divine d'une manière qui échappe à l'Esprit lui ordonne d'annoncer
aux Juifs notre intelligence, el que loin de rien rece, qu'ils le
verront, mais qu'Us ne le rcconnaî- voir d'étranger il fit part de
ses prérogatives
Iront pas; qu'ils entendront sa prédication et ses discours; mais
qu'ils ne les comprendront pas, parce que leur cœur sera endurci.
Après avoir fait ces prédictions, Isaïe raconte la levée de
boucliers que firent les ennemis d'Achaz qui régnait alors sur les
Juifs, cl annonce la ruine prochaine de ces agresseurs visibles.
Quant à ces ennemis invisibles et spirituels qu'il a voulu figurer,
ces démons, ces puissances qui échappent aux sens, dont nous avons
montré au commencement de cet ouvrage les efforts pour entraîner les
Juifs, et avec eux le monde dans tous les excès de l'iniquité et
dans le culte impie des idoles, il nous apprend qu'ils ne seront
vaincus que par l'avcne- mcnt du Verbe de Dieu qui prendra la na-
lurc humaine dans le sein d'une vierge dont l'homme ne s'est pas
approché. Mais voici le moment d'en faire sentir la nécessité.
Exposé de ce qui concerne la venue de noire Sayveur.
Comme c'est par un homme que la mort est entrée dans le monde, dit
l'Apôtre, c'était par un homme que la vicloire devait être remportée
sur la mort; ce corps de la mort devait être changé en corps de vie,
et la loi du péché, qui gouvernait nos membres autrefois, être
détruite pour que la justice y régnai seule au lieu de l'iniquité.
C'est parles péchés de la chair que fut causée jadis la ruine de
l'homme ; c'est par une chair sans souillure et exempte de
corruption que devaient s'ériger les trophées sur les ennemis. Or
quels sont ces ennemis sinon ces rsprils qui subjuguaicnl les hommes
par les délices de la chair. En outre, comme le Verbe de Dieu devait
converser avec, les hommes, confier à des oreilles de chair les
préceptes de sa religion, et rendre sensible aux yeux de l'homme par
des prodiges et des miracles la puissance de Dieu, il ne pouvait
l'exécuter que par cet instrument du corps, parce que l'œil de
l'homme ne peut rien saisir au- dessus de la matière, et que son
oreille ne peut percevoir que les sons que forme la langue. Comme
nous nous élevons à la connaissance des choses spirituelles et
immatérielles par les objets sensibles, le Verbe de Dieu s'unit à
une créature de môme nature que nous, et par son entremise il confia
les préceptes de salut et ses exemples de vie à ceux qui venaient
entendre sa doctrine et contempler ses merveilles divines. Or il le
fit sans se soumellre aux nécessilés du corps, comme nous le sommes,
sans repentir, ni abaissement, ni élévation en sa divinité, sans
élrc, comme l'âme humaine, lellement lié à ce corps qu'il ne pût
continuer les œuvres de la divinité, et être présenl à tout, parce
qu'il est Verbe, qu'il remplit et pénètre toutes choses. Enfin par
celle union avec la chair, il ne contracta ni altération, ni
Prérogali.,..
Pourquoi donc redouter cette union avec le corps, puisque le Verbe
de Dieu sans souillure ne saurait être souiilé, sans impurelé ne
saurait être flélri, et impassible ne peut être accessible aux
suites de notre faiblesse; car les rayons du soleil ne souffrent pas
en descendant sur les monts et les autres objets de la nature ? Par
son efficace puissante, ce qui était corruptible s'éleva à une
nature bien supérieure, devint saint et immortel , d'après ses
volontés. Ainsi s'accomplissaient les projets et les actes de
l'Esprit saint. Toute cetle suite de merveilles fut consommée, par
la charité infinie de Dieu el de son Verbe pour le salut el la
guérison des hommes, suivant les paroles des anciens prophètes qui
annonçaient son admirable enfantement par une vierge. Or le prophète
fait précéder, comme il le fallait, la prédiction de l'enfantement
du Christ par une vierge, de paroles capables de réveiller
l'atlenlion ; il crie à ceux qui l'écoulent : « Si vous ne voyez,
vous ne comprendrez pas. » 11 y a- joute ensuite les paroles
suivantes : « Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas » (Is.,
VII, 9). Alors le Seigneur parla encore a Achaz et lui dit : a
Demande un prodige au Seigneur ton Dieu dans l'abîme ou dans les
cieux. » Et Achaz dit : « Je ne demanderai pas, et je ne tenterai
pas le Seigneur. »Le prophète s'écria : « Ecoulez, maison de David,
n'est-ce donc pas assez de lasser la patience des hommes? Pourquoi
donc lassez-vous encore celle de Dieu? Enfin le Seigneur vous
donnera lui-même un prodige : Voici qu'une vierge concevra et
enfantera un fils, et il sera appelé Emmanuel; il se nourrira de
lait et de miel ; avant que de connaître et de faire le mal, il
s'attachera au bien. Aussi avant que l'enfant distingue le bien du
mal, il se dérobera à l'iniquité pour s'attacher au bien. Et la
terre que >ous déteslez sera abandonnée par ses deux rois. » Telle
est la prophétie. Or remarquez que les premières paroles avertissent
ceux qui lisent que, s'ils ne croient pas, ils ne comprendront pas.
Il était indispensable de montrer que ceux qui en prendront
connaissance doivent avoir non seulement de l'intelligence, mais
encore de la' foi, et non seulement de la foi, mais encore de
l'intelligence. Aussi les Juifs qui n'ont pas cru autrefois au
Christ de Dieu, bien qu'ils entendent encore aujourd'hui
celleprophétie, n'en comprennent pas le sens, de sorte que la
prédiction s'est vérifiée sur eux d'abord, car si chaque jour ils
écoutent les prophéties qui concernent le Christ, des oreilles du
corps, de celles de leur inlclligence, ils ne les entendent pas.
Leur ignorance n'a pour cause que leur manque de foi, ainsi que la
prophétie les en avait avertis sans aucun détour. « Car, est-il dit,
si vous ne croyez, vous ne comprendrez pas. »
Que s'ils disent que l'Ecriture
désigne non une vierge, mais une jeune fille, car c'est ce qu'ils
prétendent, est-ce là un signe digue de Dieu qu'une jeune fille qui
doit concevoir à la manière des femmes, de l'union avec un homme?
Comment celui qui doit sortir de son sein serait-il Dieu? et non
seulement Dieu, mais encore Dieu avec nous , car c'est ce que
signifie ce nom d'Emmanuel que portera le fruit de cette virginale
fécondité. « Voici qu'une vierge concevra et enfantera un fils, dit
le prophète, et vous l'appellerez Emmanuel, » ce qui signifie Dieu
avec nous. Quoi combat du Seigneur, quel travail, quelle difficulléa
lieu alors,si cette femínea vaitconçu à la manière ordinaire? nos
exemplaires de l'Ecriture,ouvrages des septante, ces savants qui,
Juifs d'origine, étaient très-versés dans les sciences de leur pays,
s'expriment ainsi : « N'est-ce donc pas assez pour vous que de
lasser la patience des hommes? pourquoi donc lassez-vous encore
celle de Dieu? aussi le Seigneur vous donnera lui-même un prodige,
voici qu'une vierge concevra et enfantera un fils, et il sera appelé
Dieu avec nous. » Car c'est là, comme je l'ai observé, le sens du
mol Emmanuel. Suivant ce même sens il est dit dans les exemplaires
des Juifs, d'après la version d'Aquila, ce savant qui ne fut pas
Juif, mais prosélyte : « Ecoutez donc, maison de David, n'est-ce pas
assez d'être à charge aux hommes î faut-il l'être aussi au Seigneur
mon Dieu? aussi il vous donnera lui-même un prodige : voici qu'une
jeune fille concevra et enfantera un fils que vous appellerez
Emmanuel. »Telle est aussi la version deSymma- nue. Or ce Symmaque
tut, dit-on, Ebionite. C'était le nom de certains sectaires juifs
qui passaient pour recevoir le Christ, et dont Symmaque partageait
les erreurs. Cet auteur traduit donc ainsi ce passage : « Ecoutez,
maison de David, ne vous sulfil-iJ pas de lasser les hommes ?
faut-il aussi lasser mon Dieu ? aussi il vous donnera lui-même un
prodige : voici qu'une jeune fille conçoit et enfante un fils que
vous nommerez Emmanuel. » Comme, en effet, le peuple juif au cœur
dur et difficile à plier à la piété, fatigua les anciens pro-
iihèles jusqu'à les faire suer, les accabler, leur susciter des
travaux cides luttes extraordinaires, aussi ce n'est donc pas assez
pour vous, est-il dit, d'avoir fatigué les prophètes de Dieu, et
d'avoir résisté à ces hommes du Seigneur? vous fatiguez encore mon
Dieu, et vous résistez à mon Dieu. Or, Théodolion traduit encore
ainsi : Or, le prophète nomme ici son Dieu et non le Dieu du peuple
qu'il interpelle, celui qui doit être fatigué et exposé à des
résistances ; et il n'eût pas dit mon Dieu du Dieu suprême que
vénéraient les Juifs, et dont le culte qu'ils tenaient de leurs
pères se conservait chez eux. Mais cette opposition, celte lutte, ce
travail du Dieu de la prophétie, quel est-il, sinon de venir parmi
les nommes en descendant dans le sein d'une vierge, suivant notre
interprétation et celle des septante , ou, d'après celle des Juifs
modernos en naissant d'une jeune fille? Du reste Moïse lui-même
appelle jeune (illc celle qui
est reconnue vierge. Tel est Icnom qu'il donn à celle qui est
fiancée à un homme, dc;à répudiée par un autre. Cet Emmanuel (|iii
naîtra de celte femme aura une puissance bien supérieure à celle du
commun des hommes , puisqu'il choisira le bien avant de connaître le
mal, et qu'il s'écartera de l'iniquité pour s'attacher a la vertu,
et cela non seulement dans la jeunesse, mais dès son enfance même.
Car il est écrit : Avant que l'enfant distingue le bien du mal, il
se dérobera à l'iniquité pour s'attacher au bien , paroles qui
témoignent de l'ignorance où il sera du mal. Et encore il porte un
nom supérieur à ceux de l'homme : Dieu avec nous. Aussi le signe qui
en est donné est-il dit avoir de la profondeur et de l'élévation: de
la profondeur, pour sa descente parmi les hommes, ou son abaissement
jusqu'à la mort; de l'élévation, pour son divin rétablissement de la
profondeur où il était, ou pour les mystères de sa préexistence
divine. Or, quel sera ce Dieu avec nous , sinon ce Seigneur Dieu qui
a été reconnu précédemment et qui ne s'est point révélé à Abraham
sous une autre forme que celle d'un homme? Ceux de la circoncision
rapporteront-ils celte prophétie à Ezécliias, le fils d'Achaz, en
supposant qu'il fût prédit à son père? Mais Ezérhias ne fut pas Dieu
avec nous, et Dieu n'exécuta par lui rien de digne de sa majesté. Le
Seigneur n'éprouva à sa naissance ni résistance ni diflicullé.
D'ailleurs Ezéchias est exclu encore par l'époque de la prophétie.
Celte prediction se fil sous le règne d'Achaz; or, déjà le prince
élait né avant que son père n ' montât sur le trône. Et si celle
prophétie ne peul s'appliquer à re prince, bien moins encore le
pourrait-elle à quelque autre des juifs qui ont vécu depuis, et elle
n'a son accomplissement qu'à la naissance du véritable Emmanuel, du
Dieu avec nous, et à la venue du Verbe de Dieu parmi les hommes ;
car, après l'abandon des deux rois, la Ierre de Judée devint un
désert, comme l'annonçail l'oracle en ccslcimcs : La Ierre sera
abandonnée par ses deux rois. Ce qui va être établi à la Ictlre en
effet : A l'époque d'Achaz et d'Isaïc fils d'Amo«. cl aux jours où
celle prophétie fui faite, le roi de Damas en Syrie, el le roi
d'Israël, non pas celui qui régnail à Jérusalem, mais le prince qui
gouvernail à Samarie la multitude des Juifs séparés de la loi de
Dieu» formèrent alliance et vinrent assiéger 1rs sujets des rois,
Gis de David. Après aroir annoncé la ruine de ces deux princes, la
prophétie déclare que les Juifs de < eu-- <po- que el les nations
infidèles qui s'élaienl donné la main pour la destruction du peuple
de Dieu vont élre dissipés et conlrainls à la retraite, el toutefois
que le royaume et la succession des princes légitimes seront dc-
truils el terminés à la naissance de celui qu'ont annoncé les
prophètes du Dieu я v «m: nous. Or songez bien au temps où le
royaun« de Damas et celui des Juifs furent détruits, à l'époque où
la terre des Juifs demeura san* roi, ainsi que cette contrée de
Dama» si puissante auli efois, et dont la domination s'était jadis
appesantie sur la Syrie entière ; car l'Emmanuel ne peut naître, et
celui qui est prédit ne peut venir qu'après leur destruc- don. Si
donc il est possible de voir ces deux puissances subsister encore,
il serait inutile de chercher davantage, et il faudrait, aujourd'hui
encore, prolonger son espérance dans , l'avenir. Mais si leur ruine
est évidente, si, ni le trône de Damas, ni celui de Jérusalem
n'apparaissent à nos regards, assurément celte prophétie s'est
accomplie : « La terre sera abandonnée par ses deux rois dont vous
craignez l'approche. » Ici les rois sont mis pour les royaumes.
Symmaque lit : la terre dont vous avez essuyé les violences sera
abandonnée par ses deux rois. Et Aquila : la terre dont vous avez
horreur sera abandonnée parses deux rois. Théodotion traduit ainsi :
Ja terre que vous maudissez sera abandonnée par ses deux rois. Vous
le voyez : la terre demeurera sans roi; mais quelle terre sinon
celle de Damas et celle d'Israël ? car c'est sur elles que régnaient
ces deux rois désignés-par ce passage, dont le roi Achaz avait en
horreur et en aversion les royaumes si fâcheux et si contraires à sa
puissance. Or quand ces événements eurent-ils lieu? Après leur
accomplissement, en effet, a du s'exécuter le dernier trait de la
prophétie, l'enfantement du Dieu arec nous par la vierge.
Il est certain pour ceux qui ont étudié l'histoire que, au temps de
la manifestation de notre Sauveur Jésus-Christ, l'autorité des
descendants des rois se maintint sur Damas, car le saint Apôtre
parle d'Aretas, le roi de Damas. Le royaume des Juifs subsistait
encore, quoique en confusion et contre les règles de la loi.Car ce
n'était point de D.nid que liraient leur succession directe Hérode
ou ceux qui après lui gouvernèrent la Judée du temps de notre
Sauveur. Après la manifestation et la prédication évangélique de la
doctrine du Ois de la Vierge, aussitôt la terre fut abandonnée par
ses deux rois. En effet, 1л puissance romaine avait alors asservi le
monde; les gouvernements des nations cl des cités étaient détruits
en tout lieu, et cette prophétie, et d'autres aussi, s'accomplirent
alors. Tel est le sens naturel; mais, dans le sens spirituel, cette
prédiction révèle le calme, la tranquillité et la paix de l'âme qui
a reçu ce Dieu né, l'Emmanuel. Quand, en effet, le Christ et sa
doctrine eurent établi leur pouvoir sur les hommes, alors furent
dissipés les ennemis, c'est-à-dire ces deux genres d'impiété,
l'idolâtrie avec la multitude des en-ours diverses, ella corruption
des mœurs. Voilà ce que représentaient ces deux rois figuratifs. Le
roi de Damas était l'erreur de l'idolâtrie répandue chez les
nations, et le chef du peuple schismalique était l'enlraine- tnent
funeste hors du culte légal du Seigneur. Or, il est évident qu'il
faut prendre ces paroles allégoriquement suivant le sens spirituel ,
puisqu'une prédiction qui sera citée, dit encore qu'au jour de
l'Emmanuel des mouches cl des abeilles viendront dans la
Judée, les unes de l'Egypte, les autres de l'Assyrie, que la tête.,
les pieds el la barbe seront rasés ; que l'homme nourrira une
génisse el deux brebis, el le resle; délails qui doivenl s'accomplir
dans le même temps, qui ne peuvent s'entendre à la lellre, el qu'il
faul prendre seulemenl dans un sens plus élevé. Voici les passages
où l'Ecriture désigne le mode de la génération de notre S;iuveur
Jésus-Christ, c'est ce qu'attesté l'évangé- liste qui dit : « Or,
voici quelle fut la génération de Jésus-Christ : Marie, sa mère,
ayant été fiancée à Joseph, avanl d'élre ensemble, il se Irouva
qu'elle avail conçu du Saint- Espril. Or comme Joseph , son époux,
était un homme jusle, cl qu'il ne voulail pas la flétrir, il résolut
de la renvoyer en secret. Pendant qu'il y songeait, l'ange du
Seigneur lui apparut dans son sommeil, et dit : Joseph* fils de
David, ne crains pas de prendre Marie pour ton épouse, car ce qui
est né en clic est du Sainl-Esprit. Elle enfantera un fils et tu lui
donneras le nom de Jésus, parce que lui- même délivrera son peuple
de ses iniquités. Tout cela fui fait pour accomplir ce que le
Seigneur avait dit par le prophète : Voici qu'une vierge concevra et
en fautera un fils, el il sera appelé Emmanuel, c'esl-à-dire Dieu
avec nous. »Ainsi, d'après nous, la vérité de la prédiction divine
est confirmée par l'évc- ncmenl, qui seul peul lémoigner de la
vérilé d'une prophétie. Considérons ici ces événements qui doivent
avoir lieu un jour, au lemps sans doule de l'Emmanuel. « Lo
Seigneur, dit-il, d'un coup de sifflet appellera les mouches qui
régnent sur les bords du fleuve d'Egypte, et l'abeille de l'Assyrie
(Isaïe, VII, 18). Elles viendront et se reposeront dans les vallées
du pays, dans les creux des rochers, dans les cavernes, dans les
fentes et sur lous les arbres. En ce jour, le Seigneur rasera la
léle avec ce fer si grand qui a élé achelé au delà du fleuve du roi
d'Assyrie; il fera tomber les poils des pieds et la barbe. Et en ce
jour l'homme nourrira une vache et deux brebis, et le lait étant
abondant, il mangera le beurre; car le beurre et le miel seront la
nourriture de quiconque restera sur la terre. Et alors toute terre
où seront mille vignes du prix de mille siclcs deviendra déserte et
se hérissera d'épines. Ils y entreront avec l'arc et les flèches,
parce que le pays sera désert et couvert de ronces, et toute
montagne labourable sera labourée* La crainte n'y pénétrera plus ;
car celle terre inculte et garnie de ronces deviendra uno prairie
pour les brebis et un lieu de repos pour les bœufs.» La prophétie
rapporte lous ces événements au jour de l'Emmanuel. Voici le moment
de chercher de quelle ma» nière elle peut être considérée, après en
avoir partagé le sens. Le prophète dit : к En ce jour le Seigneur
d'un coup de sifflet appellera les mouches qui régnent sur le bord
du fleuve d'Egypte et l'abeille de l'Assyrie. » Sans doute ici le
prophète veut désigner les âmes des premiers idolâtres ou ces
puissances immondes cl farouches qui sont appelées mouches et
mouches d'Egypte qui seplaisentsur les victimes d
idoles et dans leur sang, l'abeille de Dieu insecte armé d'un dard,
qui sait gouverner, obéir et faire la guerre, oui repousse et frappe
son ennemi. Le prophète témoigne ici qu'à l'ordre du Seigneur, comme
à un coup île sifflet,ces insectes accourront, les uns, de la terre
de l'idolâtrie; les autres, du pays Jes dominateurs ( car Assyrien
se traduit par dominateur) pour soumettre la Judée, en punition de
l'incrédulité de ses enfants aux miracles du Christ, au jour de
l'Emmanuel. Or, il désigne ainsi les nations étrangères et
guerrières qui doivent se fixer à Jérusalem et dans la Judée.
Nôtre-Seigneur le prédit lui-même plus clairement encore lorsqu'il
annonça que Jérusalem devait être foulée aux pieds par les nations.
Ce qui s'ac- "romplit peu après les paroles du Sauveur, lorsque les
Romains s'emparèrent de la ville et y introduisirent des étrangers
qu'ils y fixèrent. Il est dit aussi que le Seigneur rasera avec le
tranchant du roi des Assyriens, c'est-à-dire de la puissance
coercitive du prince de ce siècle, la tête, les pieds, la barbe d'un
peuple qui ne peut être que le peuple juif encore. Cela signifie
qu'il fera tomber sa parure et sa gloire sous la main des maîtres du
monde. Ce sont le¿ Romains qu'il désigne ainsi; car je suis persuadé
que le nom d'Assyriens s'applique à chacun des peuples qui dans les
périodes des siècles ont dominé les nations, parce que le sens
hébreu du mot Assyrien est dominateur, et les Romains sont
aujourd'hui les dominateurs. Le Seigneur suprême abattit avec le
glaive des Romains, c'est-à-dire avec leur puissance civile et
militaire, la gloire dont s'enorgueillissait la nation juive, et sa
force représentée par la barbe, les cheveux et le poil des pieds, et
Dieu ne se servit jamais de la puissance romaine pour effacer leur
gloire qu'après l'avènement de notre Sauveur , l'Emmanuel promis. Au
lieu du roi d'Assvrie, Aquila met : en le royaume d'Assyrie ; Thco-
dolion , avec le roi d'Assyrie , et Symmaque de même, et tous avec
justesse, parce que la prophétie ne menace pas de raser la tôle cfu
roi des Assyriens, mais les abaissements indiqués seront produits
par le glaive et la puissance du roi des Assysiens, ce qui est
confirme par l'événement. Si on a le loisir de se livrer à des
recherches, on trouvera dans les prophéties plusieurs circonstances
où les Assyriens jouent le premier rôle, et qui cependant ne peuvent
se rapportera ce peuple, mais bien à la puissance qui s'est élevée
sur ce monde, achaque siècle. Nous avons vu tnêine que les Perses
ont été appelés Assyriens par los Hébreux. Voila pourquoi nous
rroyons que la parole sainte désigne ici les Romains, dont la
puissance depuis la venue du Sauveur gouverne le monde, gouvernée
elle-même de Dieu. Que l'on n'aille pas supposer que nous voulons
rapporter aux Romains tout ce que l'Ecriture attribue aux Assyriens,
со serait folie et impudence de noire part ; mais il y a quelques
traits mêlés am prophéties sur le Christ que nous ap- \)li<|uons aux
Romains à cause du nom d'As-
syrien qui est donné toujours à la nation qui domine la terre, comme
nous le démontrerons en son lieu. Quand je réfléchis au motif qui a
porté à user d'un nom étranger, en évitant de désigner les Romains
par leur nom propre, je n'en vois point d'autre que celui- ci, sous
l'empire des Romains la doctrine de Jésus-Christ devait briller aux
yeux des hommes, et les saintes lettres être publiées dans la
capitale des Romains et dans les nations soumises à leurs lois. Afin
que la clarté de l'Ecriture ne fit point naître de division entre
les peuples qui étaient à la tête du monde, la vérité céleste
s'enveloppa de voiles en plusieurs prophéties, surtout dans les
visions de Daniel, et en particulier dans la prédiction dont nous
cherchons le sens, où elle appelle Assyrien le peuple qui domine
l'univers. Ainsi c'est le glaive des Romains qui doit faire tomber
la gloire de la Judée, après la naissance de l'Emmanuel.
« Or, en ce jour, évidemment celui de l'Emmanuel, c'est-à-dire dans
le jour de la manifestation du Christ, l'homme, est-il dit, nourrira
Une vache et deux brebis, et alors le lait étant abondant, le beurre
et le miel seront la nourriture de quiconque restera sur la terre.»
Assurément il faut convenir que voilà la prédiction de la famine et
de l'étrange pauvreté où doit tomber le peuple juif, pénurie si
affreuse qu'il ne pourra s« nourrir de pain, comme с est l'ordinaire
. ni même labourer, semer ou moissonner,
3u'cnfin il ne possédera point de troupeaux e brebis, ni d'autres
besliaux, mais qu'il aura deux brebis et une génisse donl le tail
subviendra à ses besoins. Autrement cncorv, et dans un sens figuré,
celui qui est laissé sur la térro, c'est le chœur des apôtres cl des
évangélistcs, fils de la circoncision , qui ont embrassé la foi du
Christ et du Sauveur. Chacun d'eux devenu un reste choisi par
l'élection de la grâce, et nommé pour cela, quiconque restera sur la
terre, nourrit une génisse et deux brebis, c'est-à-dire les trois
ordres de l'Eglise, l'un, des chefs, et les deux autres, des
fidèles. Le peuple de l'Eglise du Christ étant divisé en deux
classes, celle des croyants, et celle des fidèles qui ne sont pas
encore honorés de la régénération par l'eau, et à qui l'Apôtre a dit
: « Je vous ai donné du lait, et non une nourriture solide» (ICor..
111, 2). Ceux qui sont plus parfaits sont la génisse, progéniture
des bœufs; parfaits comme fut l'Apôtre lui-même, qui dit de lui et
de ceux qui travaillent comme lui : a Dieu porlc-t-il donc un grand
intérêt aux bœufs, ou plutôt ne le dit-il pas pour nous » (I Cor..
XI, 9) ? Cette génisse symbolique formée drs usagrs c> des
enseignements apostoliques, c'est l'ordre entier des princes de
l'Eglise qui ont besoin de la culture des âmes, el ils doivent
s'avancer dans la vertu tellement, qnc par leur fécondité ils
offriront dans les doctrines initiatrices un lait vivifiant et
spirituel assez abondant pour en soutenir un gr.int) nombre.
Tandis que telle sera la condition de ceux qui demeureront sur la
terre m ce jour,
c'est-à-dire à i'avénement de l'Emmanuel, une autre circonstance
s'accomplira. Laquelle donc? « Toute terre du peuple juif, est-il
dit, où seront raille vignes du prix de mille sicles, deviendra
déserte et se hérissera d'épines; car ils y entreront avec l'arc et
les flèches (il est clair qu'il s'agit des ennemis), parce que le
pays sera déserl et couvert de ronces pour le jour de l'Emmanuel,»
c'esl-à-dire pour le moment du lever du soleil des intelligences que
notre Sauveur a fait luire sur tous les hommes cl les puissances
impures et ennemies qui ont captivé autrefois sous leur empire
l'Egypte cl le pays d'Assyrie. « Au coup de sifflet de Dieu, comme à
son ordre et à son impulsion , elles envahiront leur contrée, dit le
prophète, parce qu'elle mérite ce châtiment. Elles s'arrêteront dans
les vallées, dans les creux des rochers, dans les cavernes et dans
tontes leurs fentes, c'est-à-dire dans leurs âmes et leurs sens
corporels , dans leurs pensées et dans leurs esprits divisés; et,
suivant le pas- saçe cité, dans toutes leurs contrées.» Or, qui ne
serait frappé de stupeur, en voyant de ses yeux les diverses parties
de la Judée occupées par les ennemis : les étrangers et les
idolâtres maîtres de ses villes et de ses bourgades : et la
prophétie n'annonce pas seulement ces malheurs à la nation infidèle,
mais elle prédit que le glaive du roi d'Assyrie que nous entendons ,
rasera leur tête, les poils de leurs pieds et leur barbe, et fera
ainsi tomber tout leur éclat antique en ce jour; à cette fatale
époque, elle leur annonce qu'ils tomberont dans une telle privation
des biens de Dieu, qu'ils ne pourront se substanter du pain de
l'intelligence, ni d'une nourriture céleste et spirilulle; mais ils
aimeront à prendre le lait de l'enfance, nourriture passagère. Et
encore leurs vignes seront plantées dans une terre inculte. Car,
ainsi que le prophète le dit lui-même, lorsque le vigneron et le
maître de ce peuple attendent les raisins de la vigne, elle a
produit des épines, et les clameurs de l'iniquité au lieu de la
justice. Aussi il enlève sa haie, il détruit sou mur, et témoigne
qu'il en fera un terrain en friche, qu'il la livrera à ses ennemis,
et ceux-ci entreront armés d'arcs et deilè- ches, et autorisés de
l'ordre que le Seigneur leur a donné avec discernement et sagesse,
parce que la terre enfin est inculte et hérissée d'épines. Pour cela
donc qu'ils sont devenus comme un terrain en friche et couvert de
ronces, « ils viendront, est-il dit, ceux qui ont reçu puissance sur
eux. » Ne s»je/ pas surpris de voir cette menace enveloppée
d'obscurité et du voile des figures. Déjà a été sentie la sagesse de
cette précaution de l'Esprit qui voulait que la prédiction de la
dernière ruine des Juifs fût environnée de 1er in"'hrcs, a(iи que ce
peuple gardât ces terribles témoignages pour notre instruction et
notre utilité, de nous, les Gentils. Or, si les prophéties eussent
annoncé clairement aux Juifs leur destruction, et aux Gentils leur
élévation, nul des fils de la circoncision n'eût veillé à leur
conservation; tous ал contraire
se fussent ligués contre des témoignages si contraires à leurs
intérêts, et nous qui descendons des Gentils, nous ne pourrions
invoquer les témoignages des prophètes sur noire Sauveur et sur
nous-mêmes. Du reste, après toutes ces calamités qui doivent
affliger les Juifs aux jours de l'Emmanuel, suivant une autre
interprétation, ce petit nombre d'entre eux qui sera laissé, c'est
ce reste que l'Apôtre dit êlre sauvé par l'éleclion de la grâce. Il
nourrira une génisse et deux brebis , cl dans l'abondance de leur
lait, il mangera le beurre et le miel; sous celle figure nous avons
compris le chœur apostolique des disciples de notre Sauveur, dans le
second développement du texte. De même qu'il est annonce que ce
reste précieux sera honoré de si grands privilèges, ainsi l'est-il
encore, après que l.i terre des Juifs et de la vigne du Seigneur se
sera couverte de ronces et d'épines, et auront été abandonnée pour
cela aux ennemis, tout sommet labourable sera labouré. C'est là, ce
me semble, l'Eglise do Jésus-Christ, dont le Seigneur dit lui-même :
«La ville située sur le haut d'une montagne ne peut être cachée »
(Matth., V, 15); celle montagne, je pense, est l'ordre élevé, noble
et sublime de 1 Eglise. Le sommet labourable, dit-il, sera donc
labouré ; de sorte que loin que les appréhensions l'atteignent, il
perdra tellement sa première solitude, ses épines cl ses buissons,
qu'il offrira à la brebis une
Erairie cl au bœuf un lieu de repos. Il est icile de comprendre
comment l'Eglise du Christ couverte, autrefois de ronces et
d'épines, a changé sous l'influence de la grâce au point de produire
l'herbe et les pâturages de la fertilité spirituelle, propres ù ceux
qui ont la douceur et la simplicité des brebis, et d'être labourée
et travaillée par ceux qui, par: venus à un état plus parfait, sont
nommés bœufs, et dont l'Apôtre dit ces paroles déjà citées : « Dieu
a-t-il donc soin des bœufs, uu plutôt ne le dilMl pas pour vous ?
car c'est pour vous qu'il est écrit que celui qui laboure doit
labourer avec espoir, et celui qui broie, avec l'espérance de jouir.
» La terre, autrefois déserte et inculte s'est tellement renouvelée
à l'avènement de Jésus-Christ, qu'elle a pu offrir à ces bœufs que
nous venons de dire, le genre de labour convenable. Or remarquez ici
comment en un même sens sont annoncés l'enfantement par une vierge,
et l'état sauvage et désert où tombera une terre si fertile
autrefois, vl dont la valeur égalait mille sicles, ainsi que la
manière dont elle est abandonnée aux guerriers qui s'avanceront
contre elle avec I arc et les flèches, parce qu'elle s'est hérissée
d'épines et qu'elle est devenue stérile. Les montagnes auront une
condition bien différente: incultes autrefois, couvertes d'épines,
elles offriront alors des prairies aux brebis et aux bœufs du repos,
de sorle que ce qui est labourable sera labouré, et les
appréhensions ne l'atteindront plus. Voilà, à mou avis, un indice
clair de l'enfantement do Noire-Seigneur par une vierge, et des
évéue ments qui sont survenus alors et coup sur
coup aux Juifs cl aux Gentils ; événements qui Tonnèrent des
révolutions absolues : pour les Juifs, la chute d'un état sublime
dans la dernière des conditions; et pour l'Eglise des Goulus,
l'élévation de sa stérilité première à une fécondité divine, grandes
promesses qui ne doivent s'accomplir qu'au moment seul de la
manifestation de l'Emmanuel, et qui ne se sont réalisées,
conformément aux prophéties, qu'après la venue du Sauveur, ce qui
résulte de ce qui a été dit des Juifs et de Jélcvaiion de l'Eglise
des nations. Or si à l'avènement du Sauveur Jésus-Christ, les
royaumes de Damas et de Judée n'eussent pas été détruits ; s'il ne
nous eût pas élé donné de voir l'abandon où les deux peuples ont
laissé leur pays, et les établissements qui y ont formés les nations
étrangères et idolâtres, si l'emplacement si vénérable du temple ne
fût pas devenu inculte et hérissé d'épines et de ronces ; si des
idolâtres impurs, ennemis de'ces peuples, n'eussent pas marché
contre eux avec l'arc et les flèches, entraînés hors de leur pays
par l'impulsion de Dieu, pour s'arrêter en ces contrées et s'en
approprier 1rs villes et tous les lieux ; si encore a l'enseignement
du Christ les nations qui embrassèrent sa foi n'eussent pas vu
changer leur stérile et sauvage abondance en une fertilité sainte et
spirituelle, selon Dieu; si enGn ceux qui virent le Christ n'eussent
pas cru en lui, et n'eussent pas embrassé sa doctrine, et si tous
les autres détails de la prophétie n'eussent pas eu leur entier
accomplissement aux jours de Jésus notre Sauveur, il ne serait pasle
Christ promis. Mais s'il est sensible à un aveugle même, comme on
dit, que ces prophéties sont accomplies seulement depuis le temps de
la manifestation de Jésus, pourquoi douter encore de sa naissance
d'une vierge, et ne pas croire par une saçe soumission ce qui est le
principe de ces événements, en les voyant s'exécuter aujourd'hui ,
ces événements qui se voient aujourd'hui encore, c'est l'incrédulité
des Juifs qui s'npiniàtrent de plus en plus, suivant la prédiction :
a Vous écouterez et vous ne comprendrez pas; vous regarderez et vous
ne verrez pas, parce que le cœur de ce peuple s'est appesanti. »
C'est le siège de Jérusalem, la solitude absolue du lieu saint, la
pré- sencedes nations inQdèles qui tiennent ce peuple asservi sous
leurs dards, c'est-à-dire sous leur despotisme, ce qu'indiquaient
les mouches et les abeilles de la prophétie ; c'est enfin le
changement de la solitude ancienne des nations en une culture
divine. A la vue de ces merveilles, qui ne serait ravi d'admiration?
Qui ne confesserait la divinité de ces prophéties en apprenant qu'il
y a plus de mille ans qu'elles sont écrites et confiées à со peuple,
et que cependant elles n'ont eu leur entier accomplissement qu'à la
venue de notre Sauveur. Si donc la prédiction est merveilleuse, si
l'événement de la prédiction est plus merveilleux encore et surpasse
toute intelligence, pourquoi douter que le premier avènement de
celui qui est prédit ait dépassé toutes les idées et contrarié les
usages des
hommes, quand l'évidence de ses miracles, autorité non moins grande
que celle do sa naissance, fait une nécessité de recevoir les autres
traits qui le concernent.
Aux paroles qui suivent celles-ci, one prairie pour les brebis, et
un lieu de repos pour les bœufs, succède une autre prophétie du môme
genre qui commence ainsi : Et le Seigneur m'a dit : Prends un livre.
Après l'avoir exposée, nous la développerons.
DU MÊME PROPHÈTE.
Dans la nouvelle Ecriture, c'est-à-dire sous la nouvelle alliance,
une prophetesse doit concevoir de l'Esprit saint et enfanter un
fils. Celui-cisaumettrases envieux et ses ennemis: rejeté des juifs,
il sera le salut des nations. Ce passage fait pressentir le
châtiment delà nation incrédule.
Le Seigneur ajouta: «Prends un fivre neuf, grand cl écrit en
écrituredel'homme : hâtes-loi d'enleverlesdépouilles; car le voici
présent;
& rends-moi des témoins Gdèles avec le prêtre rie cl Zacharie Gis de
Barachie » (¡sale, V11I, 1). El je m'approchai de la prophétesse, el
elle conçut et enfanta un fils. Et le Seigneur me dit : nomme-le
hâtes-loi d'enlever les dépouilles, pille vite, car avant que
l'enfant sache nommer son père ou sa mère, il subjuguera la
puissance de Damas, et enlèvera les dépouilles de Samarie devant le
roi d'Assyrie. » Cette prophétie se rattache à la précédente; car la
vierge qui dans la première doit enfanter le Dieu avec nous est
nommée ici prophétesse. Si l'on cherche de qui elle concevra ne
s'étanl point unie a l'homme, voici ce qu'apprend l'oracle saint : a
Je m'approchai de la prophétesse, est-il dit, elle conçut et enfanta
un fils. > Ce qu'il faut rapporter au Saint-Esprit qui suggérait
cette merveille à celui qu'il inspirait. L'Esprit lui- même
reconnaît qu'il s'est approché de la prophélesse. Celle union s'est
consommée à la conception de noire Sauveur Jésus, alors que « l'ange
Gabriel fut envoyé de Dieu en une ville de Galilée, nommée Nazareth,
vers une vierge, Gancée à un homme appelé Joseph, qui était de la
maison et de la famille de David. » 11 lui dit : « Je vous salue,
pleine de grâces, le Seigneur est avec vous; vous êtes bénie entre
les femmes. » Et encore : « Ne craignez pas ; car vous avez trouvé
grâce devant Dieu, et voici que vous concevrez et que vous
enfanterez un Gis que vous appellerez Jésus. » El Marie ayant dit :
« Comment cela se fera-t-il? car je ne connais paint d'homme ? "
L'ange répondit : « L'Ksprit saint viendra sur vous, el la puissance
du Très-Haut vous couvrira de son ombre. Aussi le saint qui naflra
sera-t-il nommé le Fils de Dieu » ( Luc, I, 26). Dans la prophélie
précédente, à la naissance do l'Emmanuel, avant que l'enfant sache
distinguer le bien du mal, la terre otra abandonnée par les deux
rois qui l'assiègent, celui de Sa- marie et celui de Damas. Et
celle-ci, avant que l'enfant sache appeler son père ou sa mère, il
subjuguera la puissance de Damns et s'emparera des dépouilles de
Samarie. dont les rois doivent être détruits à la nais-«
sanee de l'Emmanuel. En effet, sous Achaz, roi de Jada, cl du temps
d'Isaïc, deux rois s'unirent pour assiéger le peuple gouverné par
los descendants de David, eommc il a été dit déjà. L'un Tut le roi
des-nations idolâtres de Damas, l'autre celui de la multitude des
Juifs séparés qui habitaient Samaric, ville de la Palestine, que
l'on nomme aujourd'hui Sc- hastc. C'est d'eux que Dieu dit à Achaz ,
par la bouche du prophète : « Ne crains pas et ne te (rouble pas
devant ces deux morceaux de bois, devant ces tisons fumants »
(IsaïeVl[,k-). Kl après avoir annoncé la mort prochaine cl imminente
Aecesdcuxprinces, il ajoute que leurs royaumes seront entièrement
ruinés cl détruits à la naissance du Dieu qui doit cire avec nous.
Nous avons établi par l'histoire que le royaume de Damas cl celui
des Juifs subsistèrent jusqu'à la vcnucde notre Sauveur
Jésus-Christ. Après sa manifestation, ilslom- bèrenl, ainsi qu'il
avait été prédit, alors que In puissance des Romains cl la
prédication divine curent envahi la terre. Après avoir proféré ces
paroles, le prophète s'élève en - core et commence une exposition
plus profonde : II voit deux ordres d'ennemis invisibles , de démons
cruels et acharnés, qui livrent des assauts multipliés au genre
humain : l'un, des esprits attachés à entraîner tous les hommes dans
l'idolâtrie et dans des croyances erronées ; et l'autre , de ceux
qui sonl attentifs à corrompre les mœurs. L'homme de Dieu, après
avoir figuré par le roi de Damas, les démons acharné- à établir
l'idolâtrie, et par le roi de Sara- rie, les esprils impurs qui
cherchent à faire déchoir de la sagesse et de la tempérance, annonce
que la terre, c'est-à-dire les habi- lanls qui l'occupcnl, n'en sera
délivrée qu'à l'avènement du Dieu Emmanuel. Lorsqu'il aura apparu et
soumis les âmes à s л puissance, nul de ceux qui l'habitaicnl jadis
ne demeurera plus. Ainsi donc vous pouvez encore ici entendre ces
mots : 11 subjuguera la puissance de Damas et enlèvera les
dépouilles deSamarie, du triomphe de la puissance de notre Sauveur
Jésus-Christ sur tous nos ennemis invisibles qui déjà depuis
longtemps assiégeaient les hommes de leurs tentatives impies et
funestes indiquées précédemment. EnOn en suivanl le sens propre,
vous pouvez voir que d'après les promesses divines, à la naissance
et à la manifestation de notre Sauveur, la puissance de Damas fut
détruite, cl les dépouilles de Samaric furent enlevées, c'est-à-dire
que les royaumes dont l'cxis- lence s'est prolongée jusqu'à cette
époque, ont clé détruits alors cl jusqu'à ce jour, suivant les
prédictions divines.Quelques-uns avanceront encore que les mages qui
tinrent île l'Orient adorer le Chrisl enfant, sonl la puissance de
Damas; cl même, dans un sens plus général encore, tous ceux qui ont
rejeté l'idolâtrie impie cl attachée à une multitude de dieux, pour
se soumettre à la parole du Christ, surtout s'ils étaient du nombre
des puissanls du siècle par leur éloquence cl leur sagesse,
représentent la puissance de Damas. Alors les dépouilles de Samaric
sc-
ronl les disciples cl les apôtres choisis parmi les Juifs par notre
Sauveur. Après les avoir conquis comme des dépouilles sur les Juifs
attachés à le repousser, il les a armés contre le roi des Assyriens,
c'est-à-dire contre le prince de ce siècle. Kl comme ces mots :
Devant le roi d'Assyrie, sonl traduils par Aquila plus clairement
ainsi : A In face du roi d'Assyrie, voyez s'il ne désigne pas
l'empire romain, puisque, suivanl ce que nous avons établi
précédemment, Assyrien signifie celui qui domine et celui qui est
dominé. Mai» comme en celle prédiction sur noire Sauveur il est fail
mcnlion du roi d'Assyrie, nous la rapportons sagement à la puissance
romaine, car Dieu la destine à asservir les nations. Ainsi donc cet
cnfanl qui naîl doit s'emparer de la puissance de Damas et des
dépouilles de Samaric, et les distribuer d la face des Assyriens cl
aux yeux de ceux quo Dieu conduit, et il le fera à sa naissance,
animé d'une force divine et ineffable, bien qu'il paraisse au milieu
des hommes dans un corp« inGrinc. Le prophète recoil l'ordre
d'écrire ces prédictions en écrilurc de l'homme sur un livre grand
cl nouveau; cl ainsi est désigné le caractère de la nouvelle
alliance. Il prend encore pour témoins de ce qui a été dit le grand
prêtre cl un prophète, parce que l'oracle divin avertit que dans les
démonstrations sur le Chrisl, il faut recourir aux témoignages du
sacerdoce légal et ensuite à ceux des prophètes. Il veut que ceux
qui doivent voir la naissance de l'enfant qui est prédit, soicnl des
témoins fidèles, aflu qu'ils puissent comprendre la prophétie; car
si vous ne croyez, vous ne verrez point, était- il dit plus haut. //
reut encore que l'on ait la lumière de Dieu, car c'est ce que
signifie lo nom d'Urie, cl que le fils de bénédiction conserve en
son cœur la mémoire de Dieu; ce que signifie le nom de Zacharie,
fils de Barachic. Telles sont les explications que nous donnons des
figures. Or. si quelqu'un de ceux do la circoncision prétend que ce
n'est pas là leur sens, qu'il nous montre quel fut jamais l'Emmanuel
qui parut parmi eux, comment le prophète s unit à la prophétcsse,
quelle fui celte femme, comment elle conçut aussitôt, quel est le
fils qu'elle cnfanla cl donl le nom donné par le Seigneur fui :
Chrisl, h;î- lez-vous d'enlever les dépouilles; cl quelle fui la
raison de ce nom mystérieux. Qu'il fasse voir comment, avant de
savoir appeler son père et sa mère,cet enfanldoit subjuguer la
puissance de Damas cl enlever les dépouilles de Samarie, devant le
roi des Assyriens. Pour nous qui prenons ces prédictions cl a la
lettre cl d'une manière figurée, nous démontrons qu'elles se sonl
accomplies à la naissance du Sauveur, lorsque nous faisons voir
qu'il faul lantôl les entendre dans leur sens naturel, cl tantôt les
considérer dans un sens plus relevé. Aussitôt après ces paroles , il
ajoute en termes couverts : Kl le Seigneur me parla encore cl dit :
« Parce quo ce peuple a rejeté les eaux de Siloc qui coulent en
silence et qu'il a préféré Uaasim et le fils de Homélie , voici que
le Seigneur précipitcra sur vous les eaux impétueuses et endécs d'un
torrent, le roi d'Assur et sa gloire. Il emplira toutes Tos vallées,
il foulera aux pieds toute enceinte, et il enlôTera de Juda
quiconque pourra lever la tête ou consommer quelque entreprise. Son
camp embrassera tout votre pays. Dieu est avec nous,
reconnaissez-le, nations, et vous soumettez; peuples des extrémités
delà terre, prêtez une oreille attentive » (Isaic VIII, 5). Ces
paroles ne peuvent avoir de sens que dans l'acception figurée; par
les eaux de Siloé qui coulent sans bruit, elles désignent
l'enseignement évangclique de la doctrine du salut. Siloé, en effet,
signiGe l'envoyé, et ce ne peut être que le Verbe de Dieu envoyé par
son père, et dont Moïse relève ainsi la grandeur : le chef ne
manquera pas en Juda, ni le prince en sa postérité, jusqu'à ce que
vienne celui qui a été promis et qui sera l'attente des nations. Au
lieu de à qui il a été promis, l'hébreu met Siloam, et par ce mot la
prophétie désigne ici encore celui qui a été envoyé. Raasim était le
roi des peuples idolâtres de Damas, comme le fils de Homélie était
celui des Juifs schématiques de Sama- rie. Dieu menace donc ceux qui
repousseront le Siloam, c'est-à-dire l'Emmanuel, l'envoyé, le fils
de la prophétesse, et qui, bien que sa doctrine, breuvage doux et
fécondant, soit répandue avec douceur et paix, se soustrairont à
elle pour se soumettre au prince des nations idolâtres ou au chef de
l'apostasie du peuple ; Dieu les menace, dis- je, d'amener contre
eux les eaux du fleuve, impétueuses et abondantes, et la prophétie
fait entendre quelles sont ces eaux, lorsqu'elle dit que c'est le
roi d'Assyrie; ainsi, dans le sens spirituel, l'oracle sacré désigne
le prince de ce siècle ou la domination romaine toute-puissante
aujourd'hui, à laquelle furent livrés ceux qui refusèrent celte eau
du Siloam qui coule avec paix, et s'attachèrent à des croyances
mensongères et opposées à la droite raison. Aussitôt après qu'ils
eurent rejeté l'Evangile de notre Sauveur et refusé de goûter les
eaux du Siloam qui coulent avec calme, l'armée romaine s'avança,
dirigée par la main de Dieu ; elle remplit leurs vallées; elle foula
toute enceinte aux pieds ; elle enleva de la Judée tout homme qui
pouvait lever la tête et consommer quelque entreprise ; et leur camp
se développa au point d'embrasser la Judée tout entière.
Tout cela s'accomplit à la lettre contre les Juifs; et si Tous
voulez en connaître la cause, écoutez : Le Dieu Emmanuel, le fils de
la Vierge était au milieu de nous et n'était pas avec eux, car s'ils
l'eussent possédé, ils n'auraient pas essuyé ces calamités. Aussi le
prophète annonce-t-il à haute voix l'Emmanuel aux nations : Dieu ett
avec nous, dit-il ; reconnaissez-le, naliont. et vaut toujnetiet.
Or, déjà cela a été expliqué, afin de foire comprendre qu'il faut
entendre la plupart des prophéties, tantôt dans leur sens naturel,
et tantôt dans un sens figuré. H faut maintenant continuer
l'explication des
derniers traits de la prophétie. Si les circoncit prétendent encore
que ces événements ne s'accompliront que par le Christ qu'ils
attendent, persuadés qu'ils sont que ce» paroles doivent s'entendre
à la lettre, comment ce Sauveur futur subjuguera-t-il la puissance
de Damas, et enlèvera-t-il les dépouilles de Samarie devant le roi
d'Assyrie, aujourd'hui que Samarie est détruite cl n'existe plus,que
la puissance appelée de Damas es't vaincue, ainsi que celle d'Assur
à laquelle ont succédé jadis les empires de .Medie et de Perse qui
l'ont renversée. Tandis qu'aujourd'hui nul de ces peuples n'apparaît
plus, comment attendre leur destruction pour l'avenir ? D'ailleurs
ils ne sauraient avancer que cette prophétie se soit réalisée
d'abord ; car, pour ne suivre que le sens littéral, raconte-t-on que
jamais, chez les Hébreux, il soit né d'une prophétesse et du
prophète Isaïe, un fils qui ait subjugué la puissance de Damas et
s.- soit emparé des dépouilles de Samarie devant le roi des
Assyriens. 11 f.iul donc convenir que ces événements n'ont en lieu
dans le sens indiqué qu'à l'avènement de Jésus, notre Sauveur, par
lequel nous avons démontré que se sont accomplies ces prédictions.
D'après la prophétie, un livre neuf est écrit sur cet avènement,
symbole de la nouvelle alliance ou est annoncée la naissance du fils
de la prophélesse, dont la puissance ineffable et mystérieuse doit
jeter entre les mains des Romains, d'après l'expression prophétique,
la puissance des royaumes de Damas et de Syrie, et ces dépouilles de
Samarie que nous avons déjà expliquées : car, dans le sens
spirituel, après avoir conquis les disciples parmi les Juifs, comme
des dépouilles, et les avoir revêtus d'armes spirituelles et
d'intelligence, il les opposa à ce roi d'Assyrie dont il est parlé,
et en fit comme ses propres soldats. Pour ceux qui se détournèrent
de celle eau de sa doctrine vive el féconde et an cours paisible, et
qui préférèrent l'inimitié et la haine du Seigneur, il les livra au
roi d'Assyrie, auquel ils sont encore soumis ; car il s'éleva sur
toutes leurs vallées et sur leurs enceintes, et enleva de la Judée
princes et rois, qui sont nommés lele, el quiconque pouvait
consommer quelque entreprise, de sorte que dès lors et jusqu'à ce
jour, ils n'ont plus ni télé ni homme doué de l'intelligence des
choses divines, comme ceux qui faisaient leur ornement antique,
prophètes, justes ou fidèles serviteurs de Dieu. Or, c'est une chose
sensible que la manière dont leur pays a été et est encore soumis à
leurs ennemis et à leurs rivaux, et que tout cela ne s'est accompli
qu'à la venue de l'Emmanuel. Voilà le contenu de l'Ecriture qui
désigne l'Emmanuel méconnu des Juifs, et la cause des châtiments
qu'ils ont éprouvés, mais reconnu de nous, qui sommes les Gentils,
et établit l'auteur du salut et de la connaissance de Dieu. Aussi
est il dit ensuite : « Dieu est avec nous; reconnaissez-le, nations
et vous soumettez. » Nous avons été vaincus, en effet, nous, les
nations, lorsque nous avons embrassé sa foi cl que nous avons été
subjugés par la vérité et par la puissance du Dieu descendu parmi
nous; vaincus, nous avons déféré à sa parole, nous ums qui habitons
jusqu'aux extrémités de la terre, selon la prophétie : Prêtez une
oreille attentive, peuples des extrémités de la terre. Pour nous,
nous avons été vaincus, et nous avons déféré à sa voix. Mais à ceux
des Gentils qui ont décliné sa foi, il adresse ces paroles: « Vous
qui avez été forts, soumettez-vous ; car, si désormais vous êtes
forts, désormais vous serez vaincus, et les projets que vous
formerez ne subsisteront point, parce que voici Dieu avec nous. »
Ainsi le Seigneur avertit ceux qui résistent à sa puissance, et par
ses paroles claires il annonce à ceux, qui se refusent à la foi,
repoussent la doctrine du Christ, et luttent contre sa main
puissante, que, malgré leurs efforts, ils ne pourront combattre le
Dieu avec nous, et que tous leurs projets contre nous ne pourront
subsister, parce qu'avec nous est l'Emmanuel. Il est facile de
sentir que tel fut en effet l'issue des menaces et des emportements
des princes contre nous, cl que tontes ces menaces furent sans
effet, parce que Dku est avec nous.
DD MÊME PIIOPHÈTE.
Ce fils qui doit naître ou d'une vierge ou d'une prophéletse, est
désigné comme Dieu, unge du g and conseil, et sous d'autres noms
merveilleux; et sa naissance fera briller aux yeux des nations la
lumière de la vraie piété.
в Et d'abord agis avec promptitude, contrée de Zabulón et terre de
Nephlali, vous qui habitez les rives de la mer, au delà du Jourdain,
Galilée des nations. Peuple qui étiez assis dans les ténèbres, voyez
une grande lumière. Le jour s'est levé'sur ceux qui habitaient les
ténèbres et l'ombre de la mort, » etc. (Isole, IX, 1). El plus loin
:
Ils enlèvent toute robe acquise par fraude et le vêtement acquis par
échange, et ils espéreront quand même ils passeraient par le feu ;
car un enfant nous est né et un fils nous a été donné. Il porte sur
son épaule le signe de sa domination; son nom est l'ange du
grandconseil,radmirable,leconseiller,leDicu fort, le puissant, le
prince de la paix, le père du siècle à venir. J'apporte la paix aux
pnnces et à lui la force. Sa puissance est grande, et sa paix n'a
pas de bornes ; il s'assiéra sur le trône de David et dans son
empire pour le gouverner elle diriger avec discernement et justice.
Dès maintenant et à jamais le zèle du Dieu des armées fera ce
prodige. »
Voilà la troisième fois que le prophète annonce cet enfant, et
toujours avec des indices différents. Or, comme notre but est de
montrer le caractère de la venue de Dieu parmi les hommes, remarquez
comment il est annoncé. D'abord c'est l'Emmanuel, le Dieu, fils de
la Vierge ; ensuite c'est le petit enfant 4e la propbélesscet
del'Espril saint, qui n'est autre que celui qui vient d'être nommé;
en
fin, celui qui est désigné ici est le même que celui qui l'a été
précédemment. Son nom, selon les septante, est l'ange du grand
conseil et, d'après quelques exemplaires, 1 admirable, le
conseiller, le Dieu fort, le puissant, le prince de paix, le père du
siècle à venir; le sens de 1 hébreu est, comme l'atteste Âquila :
car un petit enfant nous est né, un fils nous a été donné, et il
porte sur l'épaule la mesure. Son nom est l'admirable conseiller, le
fort, le puissant, le père, le prince de paix, et sa paix est sans
fin. Il est, d'après Symmaque : car un enfant nous a été donné, un
fils nous a été donné. Son nom sera l'admirable, le conseiller, le
fort, le puissant, le père du siècle, le prince de paix, et sa paix
est sans fin.
Ainsi, d'après les septante, ce n'est pas seulement l'ange, mais
l'ange du grand conseil, l'admirable, le conseiller, le Dieu fort,
le puissant, le prince de paix et le père du siècle à venir qui doit
apparaître et être petit enfant» Dans ce qui précède vous avez
entendu appeler le Verbe de Dieu de plusieurs manières, et Dieu et
Seigneur, ainsi qu'ange du Père et chef des armées du Seigneur. Mais
quel est-il donc? Suivant Aquila et le témoignage rapporté de
l'hébreu, celui qui doit naître parmi les hommes et se montrer
enfant, c'est l'admirable, le conseiller, le fort, le puissant, le
père, et encore le prince de la paix qui n'aura point de fin.
D'après Sym,- maque, c'est l'admirable, le conseiller, le fort, le
puissant, le père du siècle, le prince de la paix et d'une paix sans
bornes. Enfin, selon Théodotion,.c'est celui qui conseille
merveilleusement, le fort, le puissant, le père, le prince de la
paix, pour multiplier la discipline, et sa paix est sans fin.
J'abandonne le reste à votre méditation, en vous fai-ant remarquer
que ce père du siècle, ce prince de la paix éternelle, et cet ange
du grand conseil est annoncé comme devant naître et apparaître petit
enfant, comme animé en sa venue parmi les hommes, du désir de
consumer ceux qu'irritait le salut qu'il accorda aux nations, les
malins esprits ou les hommes impies dont il dit : Qu'ils enlèveront
toute robe acquise par fraude, et le vêtement acquis par échange.
Or, quels sont-ils, sinon ceux dont il est dit ailleurs comme en la
personne, du Christ : lin se sont partagé mes vêtement.", et ils ont
jeté le sort sur ma robe, ainsi que tous ceux qui prirent part à
cette impiété, et ifui y donnèrent leur consentement (Ps. XXI, 19).
Et alors à la vue de ce jugement fatal, ils souhaiteront d'avoir été
consumés par le feu avant leur crime, plutôt que d'avoir outragé
l'ange du grand conseil. Or, considérez en vous-même s'il n'est pas
au-dessus de l'ordre des choses humaines que sa paix soit annoncée
comme éternelle, et qu'il soit proclamé le père des siècles, et, en
outre, l'ange et l'ange du grand conseil, le Dieu fort, et sous les
autres titres que nous avons entendus. En outre, le prophète dit
qu'il relèvera le trône de David, ce qu'il faut entendre de la
manière suivante. Parmi les nombreuses promesses que Dieu a faites à
David, il est dit : « J'étendrai sa main sur la mer, et sa droite
sur les fleuves. Il me dira : Vous êtes mon père, mon Dieu, et
l'asile de mon salut. El moi, je l'établirai mon premier-né, élevé
entre les rois de la terre. Je lui garderai éternellement ma
miséricorde, et mon alliance avec lui sera immuable. Je rendrai sa
race éternelle, et son trône égalera , par sa durée, les jours du
ciel. Et encore, je l'ai juré une fois par ma sainteté : si je
mentais à David!... Sa race sera éternelle, et son trône s'élèvera
devant moi comme le soleil et comme la lune, formés pour l'étendue
des . siècles » (Pi. LXXXVHI, 25).
Malgré ces promesses que Dieu fit à David dans les psaumes, les
impiétés des successeurs de ce roi arrêtèrent les faveurs de Dieu.
La puissance de la race de David se maintint jusqu'à Jéchonias et au
siège du lieu saint par les Babyloniens , de sorte que dès lors ni
le trône du David, ni ses descendants, ne gouvernèrent les Juifs.
Mais cette abolition des promesses fuites à David et que nous venons
de voir, l'Esprit saint l'annonce aussi en ces termes lorsqu'il dit
: « Mais vous, Seigneur, vous a vez rejeté, méprisé, vous avez
repoussé votre Christ. Vous avez rompu l'alliance faite avec voire
serviteur. Vous avez souillé sa majesté dans la poussière. Vous avez
abattu ses remparts. » Et un peu plus bas : « Vous avez semé sur la
terre 1rs débris de son trône. Vous avez abrégé ses jours. Vous
l'avez couvert d'ignominie (Ib. 39). » L'exécution de ces
événements, qui avait commencé à la captivité du peuple à Biibylone,
se prolongea jusqu'à l'empire des Romains et de Tibère. Dans
l'intervalle aucun des descendants de David ne parut sur le trône
royal des Hébreux, jusqu'à l'avéne- nicul du Christ. Mais quand
notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ, rejeton de la race de David,
eut été proclame roi dans le monde, alors le trône de David sortit
de ses ruines et se releva de la terre; il fut rétabli par la
royauté divine de notre Sauveur, pour demeurer toujours ; et de même
encore que le soleil devant le Seigneur, il éclaire la torro des
rayons de la lumière de sa doctrine, conformément au témoignage du
psaume et à celui du prophète que nous venons de citer, cl qui dit
de l'enfant qui doit naitrc, qu'il s'assiéra sur le trône éternel et
durable promis à David, et dans son empire pour le gouverner cl le
diriger avec discernement et jusIiccdèsmnintenanlelàjamais.Or,un
témoignage digne de fui de l'accomplissement de ces prédictions sera
l'ange Gabriel qui dit à la Vierge dans l'entretien qu'il eut avec
elle : « Ne craignez pas, Marie, car vous avez trouvé grâce devant
Dieu ; et voici que vous concevrez et que vous enfanterez un fils,
et vous l'appellerez Jésus. Il sera grand, et il sera appelé le fils
du Très-Haut, et le Seigneur lui donnera le trône de David, son
père, il régnera dans tous les siècles sur la maison de David, fi
son règne n'aura point de fin » (Luc, 1, 30). Dans le psaume cité,
le prophète qui attend la naissance du Christ, cl impute à ьип
déliii et à son retard la ruine du trône
de David, s'écrie dans l'excès de sa douleur : Mais vous, Seigneur,
vous aves rejeté et méprise", vous avez repoussé votre Christ. Puis!
il conjure Dieu d'accomplir ses promessesf au plus vite, et dit : a
Où sont, Seigneur, ces anciennes miséricordes que vous avez jurées à
David dans votre vérité. » Or, il est clairement prédit que ces
miséricordes se réaliseront à la naissance de l'ange da grand
conseil en qui « ils espéreront quand mime ils auraient passé par le
feu. » Car un enfant nous est né, et il nous a été donné un fils qui
est l'ange du grand conseil. A qui ? nous, sinon à ceux de la
Galilée des naliuns qui avons cru en lui, et pour lesquels il a clé
le solfil de lumière, la cause de la joie, la source du breuvage
récent et nouveau du mystère de la nouvelle alliance, suivant \л
prophétie : « Bois ceci d'abord, agis avec vitesse, contrée de
Zabulón et Ierre de Neph- lali, vous qui habitez les rives de la пит
au delà des rives du Jourdain, Galilée des nations. Peuple qui élicz
assis dans les ténèbres, vous voyez une grande lumière. Le jour
s'esl lové sur ceux qui habitaient les ténèbres et l'ombre de la
mort. » Ceux que désigne la parole sainte, ce sont les Gentils qui
ont embrassé la foi du Chr'st de Dieu, ainsi que les disciples cl
les apôtres que notre Sauveur a lires de la terre de Zabulón et de
celle de Nephtali, et qu'il a choisis pour être les hérauts de
l'Evangile. C'eslà eux que l'ange du grand conseil, le fils a été
donné comme source de salut, mais pour ceux qui ne croiraient pas en
lui, il vient comme un feu et un embrasement. La cause de cette
disposition est, dit le prophète, le zèle da Seigneur. Le zèle du
Seigneur (es armera et fera ce prodige (Isaïe, IX, 7). Or, quel est
ce zèle? Celui sans doute dont parle Moïse, quand il dit : « lis
m'ont provoqué par des dieux qui n'en sont pas; ils m'ont irrilë
avrc leurs vaines idoles. El moi je les provoquerai avec un peuple
qui n'esl pas le mien : je les irriterai avec un peuple insensé»
.!>:,, XXXII, 21).
Maintenant qu'avec l'aide de Dieu, nous avons exposé, d'après divers
extraits des prophètes, le caractère de l'avènement parmi les hommes
cl de la manifeslation dp rvlui qui a été annoncé, voici sans douta
le mo- menlde considérer en quel lien il doil naître, de quelle race
il doit descendre, cl à quelle Iribú des Juifs il doit appartenir;
ce quo nous allons faire ici.
CHAPITRE II.
М1СПЕЕ.
Le lieu de la naissance de Dieu prédit ; tfest dt Bethléem, en
Palestine , que surtira ee.'ui qui existe avant le temps. le prince
de ¡a race fidèle. С с même Seigneur doit aussi con~ duire le
troupeau de ceux qui des extrémités de la terre auront embrassé sa
foi.
л Et toi, Bethléem, maison d'Ephrata . lu es la plus petite entre
les villes de Juda. de toi sortira le chei qui doil conduire cl
diriger Israël, cl sa sortie est du commencement -. des jours de
l'éternité; aussi ¡1 les abandonnera jusqu'au temps de celle qui
doit enfanter. Elle mettra au monde, et le reste de ses frères
reviendra vers les enfants d'Israël. Alors le Seigneur s'affermira,
il apparaîtra d conduira son troupeau avec puissance, et ils vivront
dans la gloire du nom du Seigneur, leur Dieu, parce qu'ils seront
glorifiés jusqu'aux extrémités de la terre, et telle sera la paix
»(ШсЛ.,У,2). Il a été montré avec clarté parles témoignages
exposés.que l'Emmanuel, c'est-à-dire le Dieu avec nous, nait d'une
vierge, et que l'ange du grand conseil se fuit petit enfant. Mais il
fallait encore indiquer le lieu de sa naissance. Or il est prédit
que de Bethléem doit sortir un prince d'Israël, dont la sortie est
du commencement, des jours de l'éternité, ce qui, loin de convenir à
la nature humaine, ne s'applique qu'à l'Emmanuel, qu'à l'ange du
grand conseil. Car être dès l'éternité, à qui cela peut-il con
venir, sinon à Dieu seul ? C'est donc de Bethléem, petit bourg peu
éloigné de Jérusalem , que doit sortir celui qui existe dès
l'éternité. Or nous trouvons qu'il n'en sortit de personnage
illustre que David, et après lui notre Sauveur Jésus, le Christ de
Dieu, et nul autre qu'eux. Mais Dcfvid a précédé l'époque de la
prophétie, et il est mort bien des années avant qu'elle ne fût
prononcée, et d'ailleurs il n'est pas sorti dès les jours de
l'éternité. Il reste donc que tout ce qui est prédit se soit
accompli en celui qui est né depuis à Bethléem, le véritable
Emmanuel, le Verbe Dieu qui a précédé toute existence, et le Dieu
avec nous; car sa naissance à Bethléem témoigne évidemment la venue
de Dieu par les merveilles dontelle fut accompagnée. Voici comment
Luc la raconte (Luc, 11,1) :« II ad vint en ces jours- là qu'il
parut un edit de César-Auguste, pour faire le dénombrement des
habitants de la Ierre. Ce premier dénombrement fut fait par
Cyrinius, gouverneur de Syrie.El lous allaient se faire inscrire
chacun en sa ville. Or, Joseph aussi monta, de Galilée, de la ville
de Nazareth, en Judée, en la cite de David, qui est appelée
Bethléem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David,
pour être inscrit avec Marie, son épouse, qui était enceinte. Et
comme ils étaient là, il arriva que les jours de l'enfantement
furent accomplis. Et clic enfanta son Gis premier-né ; elle
l'enveloppa de langes, et le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y
avait point de logement pour eux dans l'hôtellerie. Or eu la même
contrée il y avait des bergers qui gardaient leurs troupeaux durant
les veilles de la nuit. L'ange du Seigneur apparut au-dessus d'eux,
et la gloire de Dieu les environna, et ils furent saisis d'une
grande crainte. L'ange leur dit: « Ne craignez pas, car je vous
annonce une grande joie, qui sera pour tout le peuple, c'est
qu'aujourd'hui en la cité de David il vous est né un Sauveur, qui
est le Christ, le Seigneur, et ceci sera un signe pour vous. Vous
trouverez un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche. »
Et aussitôt avec l'ange parut la multitude de l'armée céleste,
louant Dieueldisant : « Gloire
à Dieu au plus haut des cieux, et paix aux hommes de bonne volunté
sur la Ierre. » El, après que les anges se furent retirés dans le
ciel, les bergers dirent entre eux : « Allon« jusqu'à Bethléem , et
voyons ce qui esl arrivé et ce que le Seigneur nous a fait
connaître, et ils vinrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph
et l'enfanl couché dans la crèche. El l'ayanl vu ils connurent la
vérité de lout ce qui leur avait élé dil de cet enfant. Et tous ceux
qui les entendirent admirèrent ce qui leur était dil par les
bergers. » Tel esl le récil de Luc. Matthieu en exposant les
circonstances de la naissance du Sauveur s'exprime ainsi (Malth.,
II, 1) : « Jésus étanl né a Bethléem deJuda aux jours du roi Hérode,
voilà que des mages vinrent de l'Orient à Jérusalem , disant : Où
est celui qui esl né le roi des Juifs, car nous avons vu son étoile
en Orient et nous sommes venus l'adorer. » A celte parole le roi
Hérode fut troublé et toule Jérusalem avec lui. Et ayanl assemblé
les princes des prélres cl les scribes du peuple, il s'informa d'eux
où devait naître le Christ. Ils lui dirent : en Bclhléem de Juda ;
car il a été écrit par le prophèle : « Et loi, Bethléem, maison de
Juda, tu n'es*pas la moindre parmi les villes de Juda ; car c'est de
loi que sortira le chef qui régira mon peuple d'Israël. » Alors
Hérode, ayanl appelé en sccrel les mages , s'informa soigneusement
du lemps où l'étoile leur était apparue. 11 les envoya à Bethléem,
et dit : Allez, informez-vous soigneusement de l'enfant. et lorsque
vous l'aurez trouvé, avertissez-moi, afin que moi aussi j'aille cl
je l'adore. Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voilà que
l'étoile qu'ils avaient vue en Orient les conduisait jusqu'à ce
qu'elle s'arrêta au-dessus du lieu où était l'enfant. Or, à la vue
de l'étoile, ils conçurent une grande joie. Et, pénétrant dans la
maison, ils virent l'enfant avec Marie, sa mère, ils se
prosternèrent et l'adorèrent; et, ouvranl leurs trésors, ils lui
offrent des présents, l'or, l'encens et la myrrhe. Et, ayant reçu
dans leur sommeil l'ordre de ne pas retourner vers Hérode, ils
revinrent dans leur pays par un autre chemin. » J'ai rapporté ces
témoignages divers comme exposition de ce qui se passa à Bethléem à
la naissance de notre Sauveur, car ils établissent - a veo évidence
qu'il est celui que la prophétie annonça. Maintenant encore les
habitants de ce lieu, dépositaires de la tradition que leur ont
transmise leurs pères , confirment la vérité devant les étrangers
qui viennent à Bethléem, et leur atteslenl la vérité des faits en
leur montrant le champ où la Vierge mère déposa son fils; aussi
est-il dit : « C'est pourquoi il n'abandonnera Juda qu'au jour de
celle qui enfante : elle enfantera et le reste de ses frères
reviendra. » Ainsi le prophèle nous monlrc en ce passage celle qui
enfante, qui est nommée, dans les prophéties déjà citées, vierge el
prophétesse qui doil enfanter l'Emmanuel et l'Ange du grand conseil.
Jusqu'à son époque el jusqu'au moment de celui qu'elle doit enfanter
se maintint la constitution du peuple antique; car le jour de celle
S.M
qui doit enfanter, с'еЛ-à-dire la merveilleuse naissance du tils de
la Vierge, leur < marquée pour terme; depuis, leur monarchie fut
détruite; le reste de leurs frè- . ce sont ceux qui ont reçu le
Christ de Dieu, apôtres, disciples et evangelistas de noire Sauveur
convertis, le Seigneur sait les fluiré après leur retour, non pas
comme autrefois par le ministère des anges ou d< i ¡leurs, mais par
lui-même, de sorte que le glorieuse faveur les rendra célèbres
jusqu'aux extrémités de la terre ; car ils sont bres alors que leur
voix s'est prol .us l'universel que leurs paroles
ont releuli dans le monde. Or, il esl facile de voir quel nombreux
et grand troupeau de brebis intelligentes et humaines s'esl formé au
-iieur, sur la terre, par les soins des apô- . Le Seigneur, berger
cl maître de ce troupeau doit, dit le prophète, le garder et le
faire paître en sa force ; el sous la main puissante et le bras
élevé du maître et du pasteur, brebis n'ont point à redouter les
entreprises des animaux féroces et sauvages.
-ont passés les événe- its qui ont rapport à la nai- i Be-
thleem, et à la sortie de cette ville du Dieu annoncé par les
prophètes. Déjà pi
. d'après le même propl. la \cnue du Seigneur el du pasteur du ciel
sur la Ierre : il disail : « Peuples , écoulez tous ; que la terre
et tout ce qu'elle contient soit attentive; le Seigneur sera témoin
contre vous, le Seigneur qui va sortir de son saint temple. Voici
que le Seigneur sortira -a demeure, et descendra, » etc. Aliehée
ajou: ela, à cause du crime de Jacob,
et des iniquités de la maison d'Israël» (Mi- , I, '2;>. 11 est
évident par les paroles qui suivent du môme prophète, que ce n'esl
pas ul à cause de l'impiété des Juifs que lu Seigneur est venu, mais
encore pour le silut cl la vocation des Gentils; car il ajoute plus
loin : я Kt au dernier des jours la mon- lagnc du Seigneur
apparaîtra, et les peuples se hàleronl vers elle; el les nalions
accour- ront, disanl : Venez ; montons à la moiit.i du Seigneur
avoir annonce que celui qui précéda les
lit sortir de Bclhléein, le prophète reniiirque qu'il gouternera non
seulement Uiifs, mai* lous les peuples, jus
qu'aux extrémités de la terre. Il dit donc : „ne u r s'alT nuira et
il verra, et il conduira son troupeau avec pm- . t ils
ni entourés de la gloire du nom du :-
nr leur Dieu. Au t-ils pion
nlcnanl jusqu'aux extn тге,
Ile sera la paix » (Mid, .Or, sur
qui i , sinon sin
scronl glorifiés les troupeaux du Seigneur Т <>r, la manier. pro
phétie àl'avénemenl d,
Christ esl évidente. En effet, avant sa venue, il y avait plu-i Ts
d'empire, el toutes
les nalions étaient ousounu ou fi>. о démocratie .
hommes n'avaient nul commep .mix,
cl que, par exemple, les lîgyniicus élujcut
gouvernés par un monarque particulier
5, les Ullineens, les Sjri
et le- les nalions étaient op-
iv nations, les villes aux villes; en loot lieu, en toute tressaient
des
sièges, jusqu'à ce que parût le Sauveur et Seigneur. Л sa présence
parmi les hommes, et sous Auguste, le premier des Komains qui cul
l'empire du monde, celle multitude de chefs fui , el la paix vint
régner sur
la (erre, suivant la prophétie que nous venons de lire, et qui
s'exprime ainsi sur les lin Christ : « ' ; ont-ils glori-
jusqu'aux exlrémii terre, et telle
sera la paix. paix que se rap
porte la prophélii i unies au sujet du
Christ : u La jiisli. es jours,
ainsi que l'abondance de la paix : » c'est | cela, ce me semble,
qu'il a été nommé prince de la paix dans une prophétie nie :
mais remarquez с minent le prophète cil. d'abord que 1< пг viendra
du ciel, ei
qu'il ne conduira les hommes qu'après quj celui qui esl ann» en
Bclhle
Or, l'Evangéliste rend lém» < oua-
plissemenl de celle proph< i Sau
veur et Seigneur parles paroles que j'ai citées. Cependant le Christ
est annoncécomnic le pasleur el le chef d'Israël, d'après l'u- a de
la sainte Kcrilure, qui nomme verit. Israël, dans l> ¡rituel,
quiconque par
vient à la contemplation el vit pour Dieu par la \ ertu ; comme
aussi elle nomme ceux de la circoncision qui se souillent du péché,
Cha— naneeiis, el i lianaan el non pas de
Juda, princes de Sodome el peuple de Go morrhe, conformément à leurs
mœurs. Au- Ircmcnl, et d'après la lettre, toule l'application de
notre Sauveur .se porta sur le peuple juif, et il devint le chef de
plusieurs dans Israël, de ceux qui le reconnurent et qui crurent en
lui parmi nisi s'est accomplie la prédiction cil«-. - qui suivent
doivent être à pari, el sont ainsi con- l.nrsque l'As entré en
votre terre et qu'il y aura pém ¡eurs
et huit morsures d'hommes seront susr:
: paroles dont
к i le lieu d expliquer le sens. On pourra dire qu'après l'invasion
des Assyriens en Judée, dans laquelle ils soumirent la nalion, oui
eu lieu autant d'incursions el d'oulrages qu'il en est indiqué par
les sepl bergers el les huit morsures ; que ceux qui ont écrit
l'histoire d'Assyrie peuvent le savoir ; et qu à la lin de -t né
celui qui devait sortir de Belhléi s ces sepl pasteurs nil morsures
dont les
dans les derniers
temps de leur ¡u contre la Judée.
Maiv de traiter une dif
ficulté qui nécessite une longue explicalion.
DO PSAUME CXXXI.
David cherchant If lieu de ta naissance du Dieu prédit. l'Esprit
saint lui révèle J-.'phrata, c'est-à-dire Bethléem.
«Seigneur, /-tous de I
de toute sa mansuétude. Rappelez-vous le serment qu'il fit au
Seigneur, le vœu qu'il offrit au Dieu de Jacob : Je n'entrerai pas
dans l'intérieur de mon palais; je ne monterai pas sur le Ht de mon
repos ; je n'accorderai pas le sommeil à mes yeux, ni le repos à mes
paupières, jusqu'à ce que j'aie trouvé une demeure au Seigneur, un
tabernacle au Dieu de Jacob. Voila que nous avons appris qu'elle
était en Ephrata; nous l'avons trouvée dans des campagnes couvertes
de forêts. Nous entrerons en la maison du Seigneur ; nous adorerons
au lieu où se sont arrêtés ses pieds : » Le saint roi ajoute : « A
cause de David, votre serviteur, ne rejetez pas la face de votre
Christ. Le Seigneur a juré à David dans sa vérité, et il ne
révoquera pas son serment : Je placerai sur votre trône un fils qui
naîtra de vous. » II dit enfin : « Là je signalerai la force de
David : j'ai préparé le flambeau de mon Christ ; je couvrirai ses
ennemis de honte, et ma sainteté sera la couronne de sa tête. »
Cette prophétie s'accorde avec la précédente, et elle annonce que le
Dieu prédit sortira de Bethléem. David, qui ignorait d'abord celle
circonstance, en demande à Dieu l'intelligence et l'obtient après
avoir prié. Lorsqu'il eut reçu l'oracle du psaume où il lui est dit
de lui-même : « Je placerai sur votre trône un Gis qui naîtra de
vous, » et encore : « Là je signalerai la corne de David : j'ai
préparé le flambeau de mon Christ, » alors il se prosterne justement
devant Dieu; étendu sur la terre, il l'hunore: et persévérant dans
sa prière, il jure à Dieu qu il ne relournera pas dans l'intérieur
de son palais, qu'il n'accordera pas le sommeil à ses yeux, et le
гсроз à ses paupières, ou qu'il ne montera pas sur le lit de son
repos ; mais qu'étendu sur la terre, il adorera et honorera jusqu'à
ce qu'il ail Irouvé une demeure au Seigneur, et un tabernacle au
Dieu de Jacob; c'est-à-dire jusqu'à ce qu'il ait appris par une
révélation du Seigneur, la naissance du Christ. Après celte prière
et l'expression de son désir d'apprendre celle grande circonstance,
il ne larda pas à connaître de l'esprit de Dieu ¡es événements
futurs; car Dieu a promis d'exaucer les fidèles, même au moment de
leur prière. Alors il fut honoré d'une révélation qui lui désigna
Bethléem comme le lieu fulur de la demeure du Seigneur et du
tabernacle du Dieu de Jacob. Lorsque l'esprit de Dieu le lui eut
manifesté, le roi s'écouta lui-même, cl ajoula : « Voilà que nous
avons appris qu'elle était en Ephrata. » Or Ephrala esl Bethléem,
ainsi qu'il ressort de la Genèse, où il est dit de Kachel, qu'ils к
l'ensevelirent dans l'hippodrome d'Ephrata, qui esl Bethléem »
(Gen., XXXV, 19). La prophétie citée précédemment disait : « Et toi,
Bethléem, maison d'Ephrata, » « Voilà, dit-il, que nous l'avons
appris, à savoir, la naissance du Christ cl le tabernacle du Dieu de
Jacob. » Mais quel esl ce tabernacle du Dieu de Jacob, sinon le
corps du Christ qui esl né dans le bourg de Bethléem? En ce corps,
comme en un tabernacle, a s journé la divinité Uu Fils
unique. Le tabernacle n'est pas dit seulement de Dieu, mais, avec
une addition, du D(ieu de Jacob, parce que celui qui Госсире n'est
autre que le Dieu qui s'est manifeste à Jacob sous la figure et
l'extérieur d'un homme, motif qui l'a fuit honorer du nom d'Israël,
comme voyant Dieu ; car tel esl le sens de ce nom. Or, au
commencement de cet ouvrage, nous avons établi que celui qui se
montra à Jacob n'étail aulrequc le Verbe de Dieu. Ainsi donc, la
conlréc de Bethléem fut désignée à David, qui priait et désirait
voir la demeure et le tabernacle du Seigneur et du Dieu de Jacob;
aussi, après avoir dit : « Voilà que nous avons appris qu'elle était
en Ephrata, » il ajoute : « Nous adorerons au lieu où se sont
arrêtés ses pieds. » Ainsi donc, en ce psaume, c'esl à Ephrata ou
Bethléem que le Seigneur et le Dieu de Jacob doit établir sa demeure
el son tabernacle, conformément à ces paroles de Michée : « Et toi,
Bethléem, maison d'E- phrala, de loi sortira celui qui doil
conduire, el sa sorlie est du commencement et des jours de
l'éternité. » Tout récemment en approfondissant ces paroles, nous
avons établi qu'elles ne se rapportaienl qu'à noire Sauveur et
Seigneur seul, Jésus, le Christ de Dieu, né à Belhléem, suivant tes
prophéties. Personne donc n'en saurait monlrer un ¿u- Ire, 'sorti
avec gloire de Bethléem après les temps de la prophétie. Ni roi, ni
prophète, ni quelque fidèle Israélite, ne peut en effet être montré
el comme sorti de la race de David, et comme né en ce lieu, sinon
notre Sauveur et Seigneur seul, le Chrisl de Dieu. Voici dónele
mornenldereconnallre que celui qui est annoncé ici esl Jésus el non
pas un autre, et que le psaume l'établit encore plus bas, quand il
l'appelle par son nom d« Chrisl, lorsqu'il dit : « A cause de David,
votre serviteur, ne rejelez pas votre Christ. >- El, « Là je
signalerai la corne de David: j'ai préparé un (lambeau à mon Christ.
Je couvrirai ses ennemis de honte, et ma sain- lelé sera la couronne
de sa lele. » Mais de quel Heu dil-il : « Là je signalerai la corno
de David, » sinon de Bethléem, Ephrata? car c'esl de là que la corne
de David, le Chrisl, s'est élevée selon la nature humain?, comme une
grande lumière; cl c'esl là que la lampe du Christ a été préparée
par le Dk'u de l'univers. Or, cette lampe, c'esl le corps humain, à
travers lequel, comme à travers une enveloppe de terre, ainsi que
par une lampe, il fait briller 1rs rayons de sa lumière à ceux qui
élaient plongés dans l'ignoranc« de Dieu et dans des ténèbres
épaisses. Or, je pense que ces paroles élablisscnl clairement que le
Dieu de Jacob, qui existe dès le com- mcneemenl et dès les jours de
l'éternité, doit veuir sur la terre et naître non pas ailleurs qu'à
Bethléem, près de Jérusalem, qui subsiste encore, et dont, après les
jours des prophètes, nul autre personnage illustre et célèbre parmi
les hommes que le seul Jésus, le Christ, est atteslé sorti par los
habitants du lieu, conformément aux paroles île l'Evangile. Bethléem
s'interprète maison de Paiu,nom qu'elle porte avec celui qui en est
sorli, noire Sauveur, le Verbe Dieu, nourriture des intelligences ;
ce qu'il établit lui-même en disant « Je suis le paiu descendu du
ciel» (Jean, VI, 51). Mais comme celle ville a élé aussi la pairie
de David, le fils de David, selon la chair, dut en sortir, suivant
les promesses prophétiques. Ainsi, le motif qui lui a fait donner
Bethléem pour pairie n'est plus obscur.
11 est encore désigné comme nourri a Nazareth, cl de plus comme
devant être appelé Nazaréen. 11 faul donc savoir que le nom hébreu
de Nazaréen csl employé dan» le Lé- viliquc à l'occasion de
l'onclion du Christ chez les Juifs, c'élail celui qui, prince à
l'image du grand cl vrai pontife, le Christ do Dieu , élail le
chrisl figuralif el lypique, car ce passage sur le grand prêlrc que
les scp- lantc ont traduil de la sorle : El il ne profanera pas ce
qui a été consacré au Seigneur, parce que l'huile du Chrisl son Dieu
est sainte, csl ainsi conçu dans l'hébreu : parce que l'huile nazer,
Aquila lil : parce que l'huile de l'onctiun qu'il a reçue de son
Dieu est une separation. Symmaquc met : parce que l'huile de
l'onction qu'il a reçue de son Dieu ne peut être profanée;
el'l'bcodvlion-.parceque l'huile nazer est celle dont son Dieu t'a
oint. Ainsi nazcr, c'esl, suivanllcs seplanle, sainl; sui- vanl
Aquila, séparation ; et ce qui ne peul élrc profané, d'après
Symmaquc; de sorte que le nom de Nazaréen qui en dérive signifie ou
le sainl, ou le séparé, ou l'incorruptible. Or, les anciens prêtres
oints de l'huile préparée cl appelée Nazer par Moïse, dç l'onclion
du Nazer, furenl appelés Nazaréens; mais notre Sauveur el Seigneur
sainl, incor- rupliblc cl séparé par son essence, cl supérieur à une
onclion humaine, fui néanmoins appelé de ce nom par les hommes, non
qu'il fût devenu Nazaréen par l'effusion de l'huile nazer, mais
parce qu'il l'était de sa nature ; el encore il fui appelé par les
hommes Nazaréen , de Nazarelh où il fui élevé dès Гсп- fancc par ses
parents selon la chair. Aussi lit-on en Matthieu : « Mais averti
dans son sommeil » (Mallh., Il, 22), il s'agit de Joseph, il se
retira dans la Galilée et il vinl habiler la ville appelée Nazareth,
afin que la parole des prophètes fui accomplie: « 11 sera appelé
Nazaréen. » Car il fallait que déjà Nazaréen en essence cl en
vérité, c'est-à-dire saint, cl incorruptible cl séparé , il reçût
encore ce nom des hommes. Mais comme il ne dut pas ce nom à l'huile
nazer, supérieur à l'onction humaine , il le lira de Nazareth.
Cela établi ainsi, il faul examiner maintenant de quelle race el de
quelle Iribú des Hébreux il est prédit que sorlira le Sauveur de nos
âmes, le Chrisl de Dieu. A ce sujet j'exposeraid'abordlcs passages
de l'Evangile; puis j'y joindrai les témoignages des prophètes comme
un cachel portant la même em- preinle.
Malthicu donc expose ainsi la généalogie selon la chair du Sauveur :
« Livre delà génération de Jésus-Christ, fils de David, (ils ,
d'Abraham. Abraham engendra Isaac ; Isaac
engendra Jacob; or, Jacob engendra Jnda (Matlh., 1, 1), el le reste.
L'Apôlre s'accorde avec lui quand il dil qu'il a élé choisi pour
prêcher l'Evangile de Dieu qui a été annoncé par les prophètes dans
leurs saints écrits touchant son fils qui est né de la race de David
selon la chair» ( Rom.. 1, 2). Or ces passages sonl conformes aux
promesses ainsi conçue*.
CHAPITRE 111.
DU SECOKD LIVRE DBS PAKAUPOMKNF.S.
De quelle race et de quelle tribu des Hébreux le Christ doit sortir
suivant le prophète.
Le Seigneur fit dire au second livre des Pa- ralipomèncs à David par
le prophèle Nathan : « Lorsque tes jours seront accomplis pour aller
avec tes pères, je susciterai après toi un prince de ta race, qui
descendra de ton sang, et j'affermirai son règne. Il me bâtira une
demeure, cl. j'établirai son trône ajamáis. Je serai son père, et il
sera mon fils» (Pi. LXXXVIII). 11 est dit de ce fils comme de David
lui-même. Il me dira: « Vous êtes mon père, mon Dieu et l'asile de
mon salul, cl je l'établirai mon premier-né, élevé entre les rois de
la terre. Je lui garderai éternellement ma miséricorde, et mon
alliance avec lui sera immuable» (Ps. LXXXVIII, 26). Et : «J'ai juré
à David mon serviteur : je lui préparerai une race éternelle ;
j'élèverai son Irône de génération en génération » (Ps. IV). Et
encore : « Je l'ai juré une fois par mon saint : si je mentais à
David 1.... sa race sera éternelle, cl son Irône s'élèvera devanl
moi comme le soleil, et comme la lune préparéo pour les siècles »
(Ps. XXXV). « Enfin : Je rendrai sa race immortelle » (Ibid., XXIX).
Ces paroles offrent le môme sens que celles- ci. «Le Seigneur a juré
à David dans sa vérité et il ne révoquera pas son serment : Je
placerai sur votre trône un fils qui n a ¡Ira do vous» (Ps. CXXXI,
11).
Salomon, fils de David, lui succéda, comme on sait, le premier il
bâtit un temple à Dieu en Jérusalem, et il est Vraisemblable que
c'est lui que les fils de la circoncision supposent être le Christ
prédit. H faut qu'ils fassent voir si l'on peut rapporter à Salomon
l'oracle saint qui dit : «Et je rendrai son trône éternel,» et qui
nous montre Dieu promettant sur son saint avec l'aulorité du serment
que le Irône de celui qui csl annoncé sera comme le soleil, cl comme
les jours du ciel. Or, si l'on suppute les jours du règne de
Salomon, on aura quarante ans el pasda- vanlage. ; el si on réunil
les années de ses successeurs, il se trou vera que tuus cesprin ces
n'onl pas régné cinq cents ans entiers. Mais admettons que leur
règne s'étende jusqu'au dernier siège de Jerusalem par les Ko*
mains, qu'en résulle-l-il pour la prophetic qui annouec «que le
trône de David sera éternel et comme le soleil cl les jours du ciel
?» Comment ces paroles : « Je serai son père, et il sera mon fils,»
se rapporteront-elles à Salomon , quand l'hisloire nous en fail
connaître des actions si contraires et si opposées à l'a-
doplion de Dieu. Ecoulez donc l'accusation qu'elle intente contre
lui : a Salomon aimait le» femmes, et il prit plusieurs femmes
étrangères; la Gilc de Pharaon, les filles de Môab, il Aminon, de
l'Idumée, de Syrie, des Chet- tcens cl des Amorrhécns, nations dont
le Sei* gneur Dieu avait dit aux enfants d'Israël: « Vous n'irez
point vers elles » (III Rois, II, 1 ). L'historien ajoute : « Son
cœur ne fut point droit devant le Seigneur son Dieu, comme le cœur
de David son père. Salomon adora Astarlé, objet du culte impie des
Si- duniens; et leur roi, l'idole des fils d'Ammon. Salomon fil le
mal devant le Seigneur.» EnGn il dit encore : « Et le Seigneur
suscite pour ennemi à Salomon Ader d'Iduméc. » Qui prétendra qu'un
homme accablé d'accusations si fortes cl si grandes ose s'attribuer
Dieu pour père, et que le Dieu suprême le nomme son tils premier-né?
Mais comment ces traits divers sont-ils attribués tantôt à David
lui-même, et tantôt à sa race? ils ne peuvent se rapporter à David,
comme la réflexion vous le fera voir : donc celui qui doit s'élever
de la race de David est un autre qu'il faut chercher; mais nul autre
n'apparut tel, suivant l'histoire, sinon notre Sauveur et Seigneur
Jésus, le Christ de Dieu, qui seul de tous les premiers du sang de
David qui ont jamais régné est nommé (ils de David dans toute la
terre, à cause de sa naissance corporelle; sa royauté demeure et
demeurera jusqu'à l'é- ternilé, bien qu'exposée à mille agressions,
et soutenue de la puissance surnaturelle et divine, elle manifestera
la divinité et la certitude de la prophétie ; si Dieu jure par son
saint, il faut le prendre de Dieu qui jure par le Verbe Dieu
antérieur aux siècles, son Fils saint et unique, dont les passages
cités établissent la divinité. C'est pour lui comme pour son bicn-
aimé , que celui qui est Dieu son Père jure qu'il glorifiera
éternellement le rejeton de la race de David, ce qui s'accomplit
quand le Verbe fait chair s'unit à un homme du sang de David et le
fit Dieu. Aussi Dieu rappela- t-il sou fils en disant : « Je serai
son père et il -im mon fills,» cl : a Je l'établirai mon premier-né.
» Ainsi donc le Fils de Dieu , premier-né, doit cire de la race de
David, de sorte que le Fils de David ne fait qu'un avec le F Ь de
Dieu et le Fib de Dieu avec le Fils de David ; le premier-né de
toute créature ; Fils de Dieu lui-même, est annoncé clairement comme
devant èlrc fils de l'homjne , et cette prediction est confirmée par
le passage de I Evangile où il est rapporté que l'ange Gabriel
s'étant présenté à la sainte Vierge, luidil sur Nôtre-Seigneur : «
11 seragrand, el s'appellera le Fils du Très-Haut, cl le Seigneur
Dieu lui donnera In tronc de David, son père, et il régnera
éternellement sur la maison de Jacob, el son règne n'aura pas de (in
» (¿tic, I, 32]. L'évtingélisle ajoute quelques lignes plus bas : «
Zacharie, père de Jean, prophétisa ainsi sur le Christ : « Béni soit
le Seigneur le Dieu d'Israël, parce qu'il a visité et racheté son
peuple, et il a élevé le signe de notre s.i- lulen la maison de
David son serviteur, ainsi parla bouche de ses saiuU
prophètes qui ont été dès le commencemcni. » Or, c'est notre Sauveur
et Seigneur Jésus, le Christ de Dieu, et aucun autre qui a possédé
ce trône éternel promis à David; les témoignages rapportés déjà le
prouvent suffisamment, de même que ceux de Gabriel et de Zacharie,
et montrent encore qu'il est né de la race de David, selon la chair.
Quant à la raison qu'ont eue les saints évangélistes d'exposer la
généalogie de Joseph, bien que notre Sauveur ne fût pas son fils,
mais celui de l'Esprit saint el de la sainte Vierge, et quant à la
manière dont il esl établi que la mère du Sauveur appattient à la
race et au sang de David , comme nous y avons répondu dans le
premier livre des questions et des réponses sur la généalogie de
notre Sauveur, nous y renvoyons ceux qui veulent s'instruire; car le
développement des faits nous contraint de passer à un autre sujet.
Du Psaume L\\i.
Salomon et celui qui doit sortir de sa race.
«Seigneur, donnez au roi votre jugement, et votre justice au fils du
roi : » lepsalmisle ajoute : n 11 demeurera autant que le soleil et
plus que la lune, pendant le cours des générations. Il descendra
comme la pluie sur l'herbe, cl comme les gouttes de la rosée qui
tombent sur la terre. La justice se lèvera en ces jours ; et
l'abondance de la paix, jusqu'à ce que la lune disparaisse ; et il
dominera de ¡a mer jusqu'à la mer, et du fleuve jusqu'aux extrémités
de la terre. » Un peu plus loin il dit : aLes fruits s'élèveront sur
le Liban. Son nom sera béni duns tous les siècles ; son nom durera,
autanl que le soleil, el loutcs les tribus de la terre seronl bénies
en lui, ton tes les nations le glorifieront. » Comme le psaume a été
écrit sur Salomon, le premier versvl doit se rapporter à lui, et
tout ce qui esl dit sur le fils de Salomon s'appliquera non pas à
lío - boam, qui lui succéda sur le trône d'Israël, mais à celui qui,
selon la chair, naîtra de son sang, au Chnsl de Dieu; car quiconque
aura une légère connaissance des Et rilurcs saintes avouera qu'il
n'esl pas possible de rapporter à Salomon ni à son successeur les
traits divers du psaume, pour ce qui en est raconté ; en eiïet,
commenl appliquer à ce prince ou à son fils Hoboani ce qui est
exposé dans loul le psaume : II dominera de la mer jusqu'à la mer,
el du fleuve jusqu'aux exlre- milés de la Ierre. Il demeurera aulanl
que le soleil et plus que la lune, et le reste qui esl semblable.
Aussi ne faut-il pas beaucoup de réflexion pour attribuer à Salomon
les premières paroles : « Seigneur , donnez au roi votre jugemenl,».
elles autres : « el votre justice au fils du roi ; » au fils de
Salomon, non pas à cel aine de sang qui lui succéda à la puissance
royale, caree prince dans les dix-sepl ans, pas même entiers , qu'il
régna sur la nation juive, usa fort mal de son pouvoir, ni encore à
aucun aulre de ceux qui onl succédé à Ho- boam sur le trône de
Salomon, mais au seul rejelun de la race de David , prédit comme lit
fils de Salomon, au si bien que celui de Da^- л
»
rid. Ce descendant fut notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ. En
eiïet, c'est son Irône de la puissance divine , et non le siège
d'aucun autre qui subsistera avec le soleil. C'est lui. et nul autre
des hommes, qui préexistait à la lune et à la formation du monde,
comme Verbe de Dieu; c'est aussi lui seul qui est descendu du ciel,
comme la rosée sur la face de la terre ; el il esl annoncé aussi
qu'il s'élèvera pour tous les hommes, suivant le passage cilé
précédemment, avec la justice qui doit demeurer jusqu'à la
consommation de la vie, qui esl nommée la disparition de la lune.
Or, le pouvoir de notre Sauveur domine et s'étend de la mer d'Orient
au soleil couchant, après avoir commencé à subjuguer dès le fleuve,
c'esUà-dire dès le bain mystérieux, où aussi s'étant révélé d'abord
au Jourdain d'où il commença à montrer sa bienfaisante action sur
les hommes, de ce point sa puissance s'élcndit sur toute la terre.
Or, comme par le Liban il faut enlendre Jérusalem, ainsi qu'il est
établi parla pluparl des paroles prophétiques, à cause du sanctuaire
qu'elle contenait autrefois, de l'autel des parfums, et de ce que
l'on plaçait sur lui en l'honneur de Dieu, comme de l'encens,
l'Eglise des Gentils , fruit du Christ, est-il prédit, s'élèvera
au-dessus du Liban.
Si le lecteur curieux de s'instruire, médite à loisir chaque
expression du psaume, il avouera que les trails qu'il contient ne se
peuvent rapporter qu'à notre Seigneur, et nullement à l'ancien
Salomon ou à quelque autre de ses successeurs dans le gouvernement
de la nation juive, qui ne régnèrent que sur quelques tribus el sur
la terre de Judée seule.
D'isaib.
Jessé et celui qui doit naître de sa race,
« Un rejeton naîtra de la tige de Jcssé ; une fleur s'élèvera de ses
racines, l'esprit du Seigneur se reposera sur lui ( Isaïe, II. 1 ).
Esprit de sagesse el d'intelligence, esprit de conseil el de force,
espril de science et de piété, il sera rempli de l'esprit de la
crainte de Dieu; il ne jugera pas sur l'apparence, et ne
réprimandera pas sur des rapports incertains , mais il rendra la
justice au pauvre, et il jugera les faibles. La justice sera la
ceinture de ses reins, et la vérité vêtira ses reins; le loup
habitera avec l'agneau ; le léopard reposera auprès du chevreau ; le
veau et le lion paîtront ensemble, alors le rejeton de Jessé, celui
qui doit commander les nations se lèvera, les nations espéreront en
lui, et le lieu de son repos sera glorieux. »Ce Jessé fut le père de
David. Ainsi de même que dans les prophéties précédentes il était
annoncé qu'il sortirait de la race et du sang de David , et aussi du
sang de Salomon, de même en ce passage, bien des années après la
morí et de David el de Salomon lui-même, il est prédil que de la
racine de Jessé, évidemment celle <fe David , il sortira un homme.
Ce passage détruira l'opinion accréditée précédemment i li-/ les
Juifs, louchanl l'époque de la m >rl de Salomon, baie fail celle
prédiction d un
aulre qui doit sortir oe la racine de Jcssé et du sang de David. Or
que ce ne soit à aucun aulre qu'à notre Sauveur, le Christ de Dieu ,
issu- de la tige de David et de Jessé, que se rapportent les paroles
citées de David et de Jessé, c'est, je pense, ce que personne ne
mettra en doute, lorsqu'on considérera la promesse de la prophétie :
alors le rejeton de Jessé, celui qui doit commander les nations se
leverages nations espéreront en lui, elles événements quise
rapportent à notre Sauveur seul donc, après s'être levé du milieu
des morts; el c'est pour cela, je pense, qu'on Га appelé celui qui
se lève; il prit le commandement, non pas du peuple juif, mais des
nations du inoude.de sorte que l'oracle saint n'a plus besoin
d'explication, puisqu'il est établi avec évidence comment se sont
accomplies en lui ces circonstances diverses et celle-ci entre
autres : les nations espéreront en lui. Quant à ce qui. est dit en
son avènement comme d'animaux et de bêtes qui doivent élre
apprivoisés, il faut l'entendre des coutumes farouches et agrestes
et des mœurs barbares que l'enseignement du Christ dépouillera de
leur férocité et de leur cruauté. Or le sens du pass:;ge sera
clairemenl développé, si l'on explique la figure prophétique du
rejeton de Jessé, de la tige et de la fleur, et dans quel sens il
faut entendre qu'il se ceint les ¡lancs de justice et qu'il revêt
ses reins de vérité. De même en effet qu'il n'est
paspossibled'cxpliquer ce passage aulremcnl que dans un sens
allégorique, il faut nécessairement entendre ainsi les animaux
nommés en cet endroit.
DE JÉnÉMIE.
Le germe de justice qui apparaît de la race ae David, et qui est le
roi des hommes ; le nom nouveau, qui doit être imposé à ceux qui
vivront sous ses lois, et larémission des iniquités premières.
«Voici que les jours viennent, dit le Seigneur, et je susciterai à
David un germe de justice(Jérémie, XX11I, 5). Un roi régnera; il
sera sage, el il rendra le jugement et la justice sur la Ierre. lin
ces jours Juda sera sauvé et Israël vivra en assurance, el le
Soigneur nommera ce ro' ( ib., X XX. 8).Josedccim entre les
prophètes: En ce jour, dit le Seigneur je briserai le joug qui pèse
sur leur lêlc ; jo romprai tes liens. Ils ne senironl plus des dieux
étrangers ; mais ils servironl le Seigneur leur Dieu, el je leur
susciterai le roi David > Longtemps après la mort de David et même
celle tic Salomon , Jérémie annonce le roi qui doil naitrc du sang
de David, et d'abord il l'appelle germe et mime germe de justice ,
parce qu'il est établi par le soleil de juslice, dont nous avons
traité dans les Démonstrations sur la seconde cause , où nous avons
montré que le Verbe de Dieu qui apparaît, compte parmi ses titres
nombreux relui de soleil de justice, en exposant la prophétie: cl ce
soleil de justice luira sur ceux qui me craignenl, de même qne le
soleil de juslire . Aussi le germe de justice doil se lever sur
David ; le prophète l'appelle roi sage
et qui rend le jugement et la justice sur la terre, puis il le
désigne sous le môme nom de David que porta ce roi mort depuis
longtemps. Rappelez-vous en effet ce passage de la prophétie que
nous venons de citer : « Je susciterai a David un germe de justice.
» Et ce trait de la fin : « Je lui susciterai la roi David » à qui
donc sinon à David? C'est pour lui qu'elle annonce que le germe de
justice sera suscité. Zacharie encore, quand il le prédit, lui donne
un nom semblable : voilai homme (Zach., VI, 12). L'Orient est son
nom , et sous lui germera la justice : etaussi j'appellerai mon
serviteur Orient (Id., Ill, 8). Mais depius Jérémie, ni môme depuis
Zacharie, nul ne s'est montré parmi les Juifs qui pût être nommé
germe de justice, sage et celui qui rend le jugement et la justice
sur la terre. Si quelqu'un prétend que ces paroles désignent Jésus,
fils de Josédcch, on lui fera observer qu'il n'en a
paslesc.iraclères, car il ue fut pas de la race de David et ne
gouverna pasen roi. Comment est-il possible de lui rapporter ces
paroles : Et je lui susciterai le roi David, puisqu'il fut de la
tribu de Lévi, de l'ordre pontifical, d'une autre famille que celle
de David, et qu'il n'est point rapporté de lui qu'il ait jamais été
roi ? Si donc nul autre n'apparaît avec ces signes, il faut donc
reconnaître que celui qui est prédit ici spécialement est notre
Sauveur et Seigneur seulement, nommé encore ailleurs lumière du
monde et lumière de nations. Ainsi il est celui qui est prédit en ce
passage, el la prophétie n'est pas fausse. Seul en effet de la race
de David, orné du même nom que son ancêtre dans le sens spirituel où
ce nom signifie le fort de la main, il a annoncé par sa doctrine le
jugement el la justice à tous ceux de la terre, et seul de tous les
hommes il a gouverné non seulement une partie de la terre, mais
toute son étendue; seul il a fait lever la justice, ainsi qu'il est
dit de lui dans le psaume: «la justice et l'abondance de la paix se
lèveront en ses jours (Ps. LXXI,7).Judaet Israël doivent être sauves
en ses jours, ce sont ceux du peuple circoncis qui doivenlembras-
ser sa religion, les apôtres, les disciples el les évangélisles,
ainsi que ceux qui conservent le Juif inlérieur et le véritable
Israël qui dans le sens élevé, voit Dieu ; « car, dit, l'Apôlre, le
Juif n'est pas celui qui l'est au dehors, et la circoncision n'est
pas celle qui se fail sur la chair et qui est extérieure; mais le
Juif est celui qui l'est intérieurement: la circoncision est celle
du cœur,qui se fait par l'esprit et non par la lettre, et ce Juif ne
lire
Îas sa gloire des hommes, mais de Dieu » Rom., II, 29 ). Il dit donc
que ceux qui par l,i vocation du Christ conservent le Juif inlérieur
et le véritable Israël, auront un autre nom, non plus celui de Juif
ni même d'Israël, m.iis au lieu de ceux-là un nom extraordinaire.
Or, dit-il, ce nom que leur donnera le Seigneur est Josédecim qui
signifie, les justes de Dieu. Je remarque que c'est de Josué que
peut venir ce nom Josédecim donné de Dieu aux disciples du Christ,
DÉmonst. Evang. 2.
tandis que les hommes leur aonncnl un nom grec formé du mot christ,
et que suivant l'hébreu et les prophètes eux-mêmes, ils portent
cciui de Josédecim du nom de Jésus, comme sauvé par luu Aussi est-il
écrit : « El voici le nom que leur donnera le Seigneur : Josédecim
enlre les prophèles. » Ce peuple futur, dit-il du prédit, el qui est
Juda et Israël, sera appelé Josédecim du mot Josué, el ils le
recevront, ajout,î-l-il, non des hommes, mais de Dieu lui-même et de
ses prophètes. Observez en effet ce passage de la prophétie : « El
voici le nom que lui donnera le Seigneur, Josédecim entre les
prophèles.» Nom qui signifie, ainsi que je. l'ai montré, les justes
de Dieu. Puisqu'ils doivent être ainsi sauvés Dieu promel qu'il
brisera le joug ancien el pesant des démons cruels, cl rompra les
liens de l'impiélé qui les garroltaienl autrefois, de sorle qu'ils
ne seront plus les esclaves des dieux étrangers, mais qu'ils
porteront pour lui seul des fruits agréables. Or rapportez à ces
paroles la prophétie du psaume deuxième sur l'avènement duChrist cl
la vocation des nations : « Brisons leurs liens et rejetons leur
joug loin de nous.» (Ps. II, 3 ). Le sens du fragment cité s\ n
rapproche à mon avis : En ce jour, dil le Seigneur, je briserai le
joug qui pèse sur leur (Ole; je romprai leurs liens, ils ne scr-
vironl plus des dieux étrangers, mais ils serviront le Seigneur leur
Dieu.
Ces développements élablissent suffisamment que le Christ de Dieu
devait sortir du sang de David el de la race de Salomon; d'après les
prophètes, ce qui a eu lieu, car les paroles divines lui donncnl
cnlre une multitude de noms celui de David. Il doit aussi naître de
la tribu de Juda, ce dont il ne faut même pas chercher la preuve,
puisque David aussi n'étail pas d'une aulre Iribú. El voici par
surabondance, la prophétie remplie d'autorilé de Moïse; elle esl
ainsi conçue :
DE LA GENÈSE.
Le Christ de Dieu doit naître de la tribu de Juila el former
l'attente des nations.
« Juda, les frères te loueront : les mains seront sur le dos de tes
ennemis ; les fils de ton père s'inclineront devant toi. Juda est un
jeune lion : Mon fils, tu es sorti de ma race; dans ton repos lu as
dormi comme un lion et comme un lionceau : qui l'éveillera? Le chef
ne sortira pas de Juda, ni le prince de sa postérité, jusqu'à ce que
vienne relui à gui il est promis, et qui sera l'attente des nations
» (Gen., XL, 8). Douze tribus chez les Hébreux comprenaient toul le
peuple; le père et le chef de l'une d'elles fui Juda, auquel se
rapporte cette prédiction qui lémoigne que le Christ naîtra de sa
race. Si donc vous réussissez, si vous comparez à celle prophélie
les prédictions exposées précédemment, vous trouverez que le Christ
est toujours annoncé avec le même signe. L'une disait de celui qui
doitsorlirdelatige deJessé : «Celui qui doit commander les nations
se lèvera ; les nation* espéreront en lui » ( Is., XI, 10 ).
L'attira annonce que le fils de Salomon « dominera de la mer jusqu'à
la mer, cl du fleuve jusqu'aux exlrémilés de la terre , » et que «
toutes les nations seront bénies en lui » ( Ps. LXXI, 8, 17 ); cl
celle-ci dil de même : « Jusqu'à ce qu'arrivé celui à qui il a élé
promis, cl il sera Tállenle des nations. » Si donc ces prophéties
sur les nations s'accordent cnlre elles, el s'il csl établi que les
prophéties précédentes concernent notre Sauveur t rien ne peut
empocher que celle préilii:lion-ci ne le concerne encore, puisqu'il
csl avoué qu'elles concourent dans les événements qu'elles
annoncent, et surtout puisque jusqu'à l'époque de la manifestation
de notre Sauveur, les princes des Juifs el les < hefs de ce peuple
se sonl transmis la succession du pouvoir, qu'à sa présente ils onl
disparu, cl que l'attente des nations a achevé d'accomplir la
prophétie de Jacob. Ici donc
c'esl le Christ, et nul autre qui est annoncé comme devant naître de
la tribu de Juda ; el quand on le désignail comme, le descendant de
David, de Salomon, el celui qui sorl de la racine de Jessé, on
établissait alors qu'il appartenait à celle môme tribu; car David
fut fils de Jessé, el Salomon Oc David, el lous Irois étaient de la
tribu de Juda.
Ainsi noire Sauveur el Seigneur csl de celte Iribú, comme l'expose
Matthieu , l'admirable évangéliste, en ces termes : « Livre de la
génération de Jésus-Chiisl, fi!s de David , fils d'Abraham. Abraham
engendra Isaac; Isaac engendra Jacob; Jacob cngrnJra Juda » (Matth.,
I, i), et le reste.
Mais comme ces passages onl reçu leur explication particulière, il
faut maintenant voir les temps de l'accomplissement des pro|.hé-
lies.
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