Eusèbe de Césarée  : Histoire ecclésiastique

EUSÈBE DE CÉSARÉE

HISTOIRE ECCLESIASTIQUE

LIVRE I + APPENDICE.

LIVRE II


 

3 EUSÈBE

HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE

LIVRE I

 

LA VIE D£ L'EMPEREUR CONSTANTIN.

Ecrite par Eusêbe Evêque de Césarée.

 

 

 
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aEcrite

Ecrite

 

HARANGUE A LA LOUANGE DE L'EMPEREUR CONSTANTIN,

Prononcée en la trentième année de son règne par Eusèbe Evêque de Césarée.

EXORDE.

JE ne parais pas ici pour y débiter des fables, ni des discours ingéniusement composés à dessein de charmer, comme par le chant dès Sirènes , ceux qui me feront l'honneur de m'écouter. Je n'y présente point non plus des fleurs dans des vases d'or, et je n'y apporte point les ornements de l'éloquence pour plaire à ceux qui les recherchent par une vaine curiosité. J'aime mieux suivre l'avis des Sages, et exhorter tout le monde à s'éloigner des grands chemins, et à éviter la foule du peuple. Je viens faire par une nouvelle méthode le Panégyrique de l'Empereur. Quelque presse qu'il y ait autour je moi, je tiendrai une route qui n'a été battue de personne , et où il n'est pas permis d'entrer sans s'être lavé les pieds. Ceux qui n'ont qu'une Rhétorique de Collège, tachent de plaire au peuple par des narrations puériles. Mais, 235 ceux qui sont instruits des mystères de la sagesse savent faire un meilleur choix. Ils préfèrent les vertus Chrétiennes de l'Empereur, à ses vertus purement humaines, et lui laissent donner de basses louanges par ceux qui n'ont que de bas sentiments. Constantin ayant heureusement réuni en sa personne la sagesse sacrée, et la sagesse profane, la science de l'Eglise qui se rapporte au service de Dieu , et la science du monde qui tend à l'utilité des hommes, celle-ci pourra être louée en d'autres assemblées comme une science qui est en effet fort louable , et qui est sort utile à la société civile , bien qu'elle soit beaucoup inférieure à la science de l'Église. Mais ceux qui ont le droit d'entrer dans le Sanctuaire ne doivent parler en présence des fidèles , que des vertus surnaturelles de l'Empereur. Que les fidèles préparent donc leurs oreilles pour écouter les mystères, qu'ils ouvrent leurs cœurs pour les recevoir , et qu'ils les étendent avec le mouvement d'une joie céleste. Nous suivons des Oracles rendus non par une fureur aveugle , mais par l'Esprit saint. Et ces Oracles-là nous donnent l'idée véritable de l'Empire absolu. que Dieu exerce sur tous les êtres, de l'Empire légitime que notre Prince exerce sur nous à l'Imitation de Dieu, de la domination injuste que les Tyrans avaient usurpée, et des différents effets de ces différentes manières de gouverner. Nous suivrons cette idée, et entrerons dans notre matière.

CHAPITRE I.

Nous célébrons aujourd'hui une grande fête, en l'honneur de l'Empereur, de qui nous sommes les sujets fidèles, et nous y faisons paraitre une joie extraordinaire suivant l'ordre de Dieu. C'est le souverain Empereur, et qui est seul véritablement Souverain , qui nous exhorte à célébrer cette fête. Celui qui m'honore de son audience, bien loin d'être fâché que je parle de la sorte , approuvera mon discours, et reconnaîtra avec moi que 236 Dieu est infiniment élevé au dessus des êtres créés, que son trône est dans le Ciel, et que la terre ne lui sert que de marchepied. La lumière qui l'environne, éblouit par son éclat, et empêche de le regarder. Des armées d'esprits célestes l'entourent comme leur Seigneur et leur Maître. Une multitude incroyable d'Anges, et d'Archanges tirent de lui toute leur lumière, comme d'une source inépuisable. Les substances intelligentes qui sont au delà du Ciel, publient ses louanges. Le-Ciel est comme un voile bleu, qui répare ceux qui sont dans le Palais , et ceux de dehors. Le Soleil, la Lune et les autres astres courent autour de lui, comme Ces Officiers à l'entrée de son Palais, et éclairent par son ordre, les créatures qu'il a placées dans une région ténébreuse. Pourquoi ferais-je difficulté de publier , qu'il est le Seigneur des Empereurs, et le principe de toute domination y puisque je sais que notre victorieux Prince lui attribue la gloire de ses victoires, et célèbre continuellement là grandeur ? Les très-pieux Césars le reconnaissent pour l'unique Auteur de leurs biens, selon les instructions qu'ils ont reçues de Constantin leur père. Les armées et les peuples, les habitants des villes et de la campagne , les Magistrats et les Gouverneurs de Province s'assemblent pour lui rendre le culte qui lui est dû, selon les préceptes que le Sauveur leur en a donnez. Enfin les nations les plus éloignées, et les plus contraires en coutumes et en mœurs conviennent comme par une inclination secrète de la Nature, de l'invoquer. La terre le reconnaît pour son Seigneur , et déclare aux plantes et aux arbres qu'elle produit, et aux animaux qu'elle porte, quelle obéît à ses ordres. Les fontaines et les rivières disent en leur langage qu'il est l'auteur de tout ce qu'il y a de merveilleux et de surprenant dans leur origine et dans leur cours. Les flots qui sortent du 237 sein de la mer, et qui au lieu d'inonder la terre, s'élèvent jusques au ciel , respectent les bornes qu'il leur a prescrites. La chute réglée des pluies pendant l'hiver , l'éclair et le bruit des tonnerres , l'agitation des vents , le mouvement que ces vents impriment aux nuées, le découvrent à ceux qui ne sont pas assez éclairés pour le reconnaître d'eux-mêmes. Le Soleil, ce globe resplendissant de lumière, qui continue son vaste cours depuis le commencement des siècles , ne reconnaît point d'autre Maître que lui. Mais il suit aussi ses ordres avec tant d'exactitude , qu'il ne s'est jamais écarté du cercle auquel il l'a attaché. La Lune qui a une clarté beaucoup inférieure à celle du Soleil, et qui reçoit tantôt une diminution, et tantôt un accroissement de lumière , est aussi parfaitement soumise que lui, aux commandements du même Maître. La multitude des astres, qui sont attachez au Firmament, et qui y gardent un mouvement si juste, publient que c'est de lui qu'ils reçoivent l'éclat qu'ils répandent. Les cieux annoncent sa gloire, et confessent que leur harmonie vient de lui. La succession continuelle des jours, et des nuits, la vicissitude des saisons, et l'ordre de tout l'univers sont voir la grandeur de sa puissance. les puissances invisibles, qui remplissent l'air, chantent ses louanges. Enfin tout le monde récite des Hymnes en son honneur. Les Cieux qui sont au dessus de nous, et les Chœurs des Anges qui sont au dessus des cieux , le révèrent. Les esprits sortis d'une lumière intellectuelle , l'appellent leur Dieu, et leur Père. L'éternité qui précède tous les temps , rend témoignage à sa divinité. Enfin son Verbe et son Fils unique qui est dans toutes choses , avant toutes choses , et après toutes choses , le grand Pontife du grand Dieu , qui est plus ancien que le temps, est consacré à son culte, et lai sait des prières pour nôtre salut. Ce Fils uni- 238 que que de Dieu possède une puissance absolue sur l'Univers, et une gloire égale à celle de son Père dans son Royaume. C'est une lumière qui est au dessus de toutes les créatures, et qui sépare les substances qui n'ont point de principe, ni de commencement d'avec celles qui en ont.  Il procède du sein de la divinité, qui n'a ni commencement ni sin, et éclaire de la lumière de sa sagesse, qui est une lumière infiniment plus éclatante que celle du Soleil , la région qui est au dessus du Ciel. Ce Verbe de Dieu, est le Seigneur du monde, qui se répand sur toutes les choses, et. dans toutes les choses visibles et invisibles.

CHAPITRE II.

C'est de sa main que nôtre Empereur très-cheri de Dieu, a reçu la souveraine puissance , pour gouverner son Etat, comme Dieu gouverne le monde. Le Fils unique de Dieu règne avant tous les temps, et régnera après tous les tems avec son Père. Notre Empereur qui est aimé par le Verbe, règne depuis plusieurs années par un écoulement, et une participation de l'autorité divine. Le Sauveur attire au service de son Père, le monde qu'il gouverne comme son royaume , et l'Empereur soumet ses sujets à l'obéissance du Verbe. Le Sauveur commun de tous les hommes chasse par sa vertu divine, comme un bon Pasteur, les puissances rebelles qui volent dans l'air et qui tendent des pièges à son troupeau. Le Prince qu'il protège, défait avec son secours les ennemis de la vérité, les réduit à son obéissance, et les condamne au châtiment qu'ils méritent. Le Verbe qui est la raison substantielle , qui existe avant le monde, jette dans les esprits des semences de science et de venté , par lesquelles il les rend capables de servir son Père. Notre Empereur qui brule d'un zèle sincère pour la gloire de Dieu , rappelle toutes les nations à sa connaissance , et leur annonce à haute voix la vérité, comme l'Interprète du Verbe. Le 239 Sauveur ouvre la porte du royaume de son père à ceux qui y arrivent d'ici bas. L'Empereur qui se propose continuellement son exemple, extermine l'erreur, assemble les personnes de piété dans les Eglises et prend tout le soin possible pour sauver le vaisseau, de la conduite duquel il est chargé. Il est le seul de tous ceux qui ont gouverné cet Empire, qui ait reçu de Dieu la grâce de solenniser trois sois les jeux et les réjouissances publiques , qui se renouvellent de dix en dix ans , à compter depuis sa proclamation. Ce n'est pas aussi en l'honneur des puissances terrestres , m des démons qui trompent le peuple , qu'il célèbre cette fête, comme faisaient ses prédécesseurs. Ce n'est qu'en l'honneur de Dieu, à qui il rend d'humbles actions de grâces , des saveurs qu'il a reçues de sa bonté. . Il ne fait point son Palais du sang des victimes selon l'usage profane des anciens, il ne tâche point de le rendre les démons propices par le feu, et par la fumée des sacrifices. Il offre au Seigneur souverain de l'univers son cœur comme une pure et une agréable victime. Cette victime est pure et agréable, non par ce qu'elle a d'extérieur , ni par le sang qui coule de ses veines, mais par ce qu'elle a d'intérieur , par les mouvements par lesquels elle se porte à Dieu , par la sincérité de sa piété , par la serveur de les prières, par la sainteté de ses actions. Il immole cette hostie comme des prémices du royaume , qu'il gouverne , et il immole ensuite comme un Pasteur le troupeau qu'il assujettit à l'obéissance de la foi.

CHAPITRE III.

Dieu reçoit avec joie ce sacrifice , loue la piété du Pontife qui le lui présente , récompense de nouveaux dons les nouveaux effets de sa piété, et ajoute de nouvelles années à son Empire. Il lui fait la grâce singulière d'associer à chaque dizaine d'années , un des Princes ses enfants , et de l'élever sur le trône. En la dixième année de son règne , il 240 a communiqué à Constantin son sils-aine l'autorité souveraine. Il l'a communiquée au second en la vingtième année, et il l'a communiquée au trentième en celle-ci , dont la solennité nous assemble. Maintenant que nous encrons dans la quatrième dizaine, et que la proclamation des trois Césars , est achevée, nous voyons l'accomplissement de la prophétie conçue en ces termes : Les Saints du très-Haut recevront l'Empire; Dieu a multiplié de la sorte les années, et la postérité de notre très-pieux Empereur, et sait fleurir son règne avec la même vigueur, que s'il ne faisait que de commencer. Il a préparé lui-même la cérémonie que nous célébrons , quand il lui a accordé la victoire sur ses ennemis , et qu'il l'a proposé à son siècle , comme un modèle très-accompli de piété. Cet Empereur gouverne par les Princes ses enfants, les sujets les plus éloignés de sa capitale, comme le Soleil éclaire de tes rayons les peuples les plus éloignés de sa sphère. Il nous a fournis nous autres , qui habitons l'Orient, à la conduite d'un fils tout-a-sait digne de lui.il a donné d'antres peuples au second, et d'autres au troisième. Ce sont comme autant d'effusions qu'il fait de sa lumière, pour éclairer les sujets qui habitent les Provinces. Il a attaché les quatre Césars au char de l'Empire, qu'il conduit lui-même par là sagesse , et par le moyen duquel il parcourt l'univers , l'honore et le réjouit de sa présence. Il lève les yeux au ciel, pour y chercher l'idée de la domination, qu'il exerce sur la terre. Il garde dans l'étendue de les Etats, la même forme de gouvernement, que Dieu garde dans tout l'univers. Il use du droit que Dieu a accordé à l'homme seul, d'imiter son pouvoir Monarchique. Le gouvernement d'un seul est sans doute le plus parfait. Le gouvernement opposé qui est possédé également par plusieurs , est toujours rempli de 242 confusion et de désordre. Aussi n'y a-t-il qu'un Dieu. La pluralité des Dieux en détruirait non seulement l'unité, mais la nature , de sorte que s'il y avait plusieurs Dieux, il n'y en aurait aucun. Il n'y a qu'un souverain et indépendant Seigneur de l'univers, qui n'a qu'une parole et une loi qui n'est point exprimée par des syllabes sensibles, ni imprimée sur le papier ou sur les autres matières que le temps détruit, mais qui est vivante et subsistante par elle-même, et qui prépare le royaume de son Père à ceux qui lui sont soumis. Les armées célestes, les esprits invisibles, les Anges qui rendent à Dieu un service continuel, et qui gouvernent le monde par ses ordres, le suivent comme leur Chef, comme leur Général, comme un souverain Pontife , comme le Prophète de Dieu, comme l'Ange du grand Conseil, comme la splendeur de la lumière de son Père , qui l'a donné en qualité de Verbe, de Loi, et de Sagesse, à ceux qui sont soumis à son obéissance. Ce Verbe pénétrant toutes les créatures , et se répandant au milieu d'elles, leur communique avec abondance les bienfaits de son Père , et donne aux hommes qui sont son image , une portion de sa puissance, et les vertus dont ils ont besoin. Il n'y a que Dieu qui soit sage de sa nature, qui soit bon, et qui soit puissant. Il est la source de l'innocence et de la justice , de la raison et de la sagesse, de la lumière et de la vie. Il est le dispensateur de la vérité et de la vertu, le distributeur des royaumes, et de l'autorité de les gouverner.

CHAPITRE IV.

Comment l'homme sait-il que Dieu possède tous ces avantages ? Comment de si hautes vérités sont-elles venues jusques-à nous ! Comment une langue aussi grossière que la nôtre a-t-elle appris à expliquer des mystères si relevés ? Qui est-ce qui a vu le Roi invisible , et qui a découvert en lui tant de merveilles? Nous connaissons par les sens les 242 objets sensibles, les organes corporels servent à voir les corps, et à les toucher. Mais jamais les yeux du corps n'ont vu le royaume invisible. Jamais mortel n'a découvert la beauté de la sagesse. Qui a vu la justice ? Qui a conçu l'idée de la souveraine puissance , et de la légitime domination? Qui a montré aux hommes une substance spirituelle, et qui n'a ni traits corporels, ni figure extérieure  ? Le Verbe de Dieu qui par son immensité est présent en tous lieux, est sans doute le seul qui a expliqué ces vérités si importantes et si sublimes. Il est le principe et comme le Père de la substance raisonnable et intellectuelle, qui est la principale partie de l'homme. Il est uni au Père, et fait couler de lui sur les hommes qui sont ses enfants les eaux de ses grâces. C'est de cette source que procèdent les notions de raison et de sagesse, de prudence et de justice que les Grecs et les Barbares ont eues naturellement, sans les avoir reçues d'aucun maître. C'est de-là que viennent les arts et les sciences , la philosophie , l'amour de l'étude, la connaissance du bien , le zèle pour le service de Dieu, et le désir de mener une vie conforme à ses préceptes. C'est de ce principe que l'homme a tiré l'autorité et le pouvoir qu'il exerce sur les créatures inférieures. Cette raison souveraine qui a crée les esprits raisonnables , qui leur a imprimé l'image de Dieu, qui leur a communiqué l'autorité, et qui leur a enseigné à commander et à obéir , leur a promis le Royaume du Ciel, et leur en a donné un gage, et une assurance par sa présence, et par sa vie corporelle et visible. Il a exhorté tous les hommes à se préparer à ce Royaume, et à se couvrir de la robe avec laquelle il y faut entrer. Il a répandu sa Doctrine par tout le monde où le Soleil répand sa lumière. Il a appelé tous les peuples au Royaume de son Père , et leur a donné l'espérance de le posséder.

 

243 CHAPITRE V.

Notre Empereur très-chéri de Dieu jouit dès cette vie de cette espérance. II est paré des vertus qui sont comme des ruisseaux qui coulent de cette source inépuisable. Il a la raison, la sagesse, et la bonté par la participation de la raison éternelle , de la sagesse incréée, de la bonté infinie. Il est juste , tempérant, et vaillant par la justice , par la tempérance, et par la vaillance que Dieu lui a communiquée. Il mérite avec justice le titre d'Empereur puis qu'il imite autant qu'il peut le maître des Empereurs, et qu'il tâche de gouverner son Etat avec une justice qui ait quelque rapport à celle avec laquelle Dieu gouverne l'Univers. Quiconque prend une conduite contraire , quiconque renonce au souverain Seigneur de l'Univers, et qui au lieu de se parer des vertus convenables à un Empereur se souille de crimes, au lieu de se revêtir de douceur s'arme de cruauté, au lieu d'exercer la libéralité ne répand que le poison de la haine , au lieu de garder une conduite pleine de modération et de sagesse n'agit que par légèreté et par emportement, quiconque enfin au lieu de suivre la lumière de la raison s'égare et s'abîme dans les débauches, s'abandonne aux passions, et tombe dans l'impiété il déclare la guerre à Dieu , commet des impiétés, et des meurtres. Quelqu'empire que puisse exercer celui qui est sujet à ces vices, jamais il ne méritera le titre d'Empereur. Comment celui qui porte les marques et les caractères des Démons pourrait-il être l'image de l'autorité absolue avec laquelle Dieu gouverne l'Univers? Comment celui qui est assujetti à l'obéissance d'un grand nombre de maîtres cruels , pourrait-il être le maître des autres ? Sans doute on ne saurait commander quand on est esclave , et que l'on obéit à la volupté , à l'amour des femmes , à la passion du bien amassé par des voies injustes, à la colère, à la crainte , et à tous les 244 esprits impurs qui sont leur joie de nôtre ruine. Avouons-donc qu'il n'y a point d'autre Empereur que le nôtre, puisqu'il n'y en a point qui soit libre comme lui, ni qui soit comme lui au dessus des parlions, et qui méprise les plaisirs, et se prive même de ceux qui sont innocents , et légitimes. il est maître de sa colère et de son courage. Il est vainqueur non seulement des ennemis étrangers dont il a dompté l'orgueil, mais des domestiques, et de ses propres mouvements dont il a réprimé la violence , il imite Dieu comme son modèle, et le représente comme un miroir. Il représente la tempérance, la justice , la valeur , la pièce, la sagesse dont Dieu lui a donné et le commandement, et l'exemple. Il sr connaît sort bien , et sait que les vertus qu'il possède , sont des dons du Ciel. Il porte seul la robe de pourpre pour marque de son autorité , et mérite seul d'avoir cette autorité parce qu'il implore jour et nuit le secours du Père céleste, et qu'il brule du désir de parvenir à son Royaume. Comme il sait qu'il n'y a rien ici bas qui ne soit sujet au changement, et à la corruption , et qui ne passe avec la même rapidité que l'eau d'un fleuve qui se hâte de se précipiter dans l'Océan , il souhaite avec une ardeur incroyable de devenir sujet d'un Royaume , où Dieu donne des biens stables et permanents. Il porte la. pensée et son ambition jusques à ce Royaume. Il aspire à la lumière qui y brille , et en comparaison de laquelle tout ce qu'il y a sur la terre de plus éclatant , n'est que ténèbres. Le soin que les Princes prennent de gouverner leurs sujets ne s'étend point au de-là d'une vie qui d'elle-même est sore courte, et sujette à la mort. Il n'est pas beaucoup plus considérable que celui que les Pasteurs prennent de leurs troupeaux, et il est d'autant plus fâcheux et plus incommode que les hommes sont plus difficiles à gouverner que les bêtes. Les 245 louanges des flatteurs , et les applaudissements des peuples sont plus de peine à l'Empereur , qu'ils ne lui donnent de plaisir. Il a l'âme naturellement trop ferme, et un trop grand zèle de maintenir la vigueur des lois et de la discipline , en obligeant tour le monde à faire exactement son devoir, pour caresser bassement le peuple. Quand il voit de nombreuses armées soumises à ses ordres , il n'en conçoit ni de l'étonnement, ni de la vanité. II sait à l'heure-même réflexion sur soi-même, et se reconnaît sujet à toutes les faiblesses de notre nature. Il se moque des habits à fleurs rehaussées d'or, de la pourpre Impériale, et du diadème , et il déplore la faiblesse du peuple qui admire ces ornements.. Il recherche d'autres ornements fort différents , et se pare non le corps mais l'esprit par la connaissance de Dieu, par la tempérance , la justice, la piété, et les autres vertus qui conviennent à un Prince. Il regarde les richesses que la plupart des hommes désirent avec une ardeur si excessive, l'or, l'argent, et les pierreries , comme des pierres, et des matières inutiles. Il ne les estime que ce qu'elles valent, et est très-persuadé qu'elles ne préservent d'aucun mal, qu'elles ne détournent aucune maladie, et qu'elles n'exemptent point de la mort. Il ne laisse pas de s'en servir pour l'utilité de ses sujets. Mais il rit en même temps de ceux qui sont-il simples que de les admirer. Il a l'ivrognerie en horreur et s'abstient de tous ces mets si recherchés, et si délicats, qui ne servent qu'à irriter l'appétit, et à provoquer à l'intempérance. Il croit qu'ils conviennent à tout autre plutôt qu'à lui, qu'ils sont extrêmement préjudiciables , et qu'ils obscurcissent l'esprit. La grandeur de son âme, et la connaissance qu'il a des vérités divines , lui sont rechercher des avantages plus excellents que ceux de la rie présente. Il aspire sans-cesse à un Empire qui 246 n'a n'a point de fin. Il s'en approche par les mouvements de sa piété. Il y porte ses sujets par ses préceptes , et par ses exemples. Dieu ne laisse pas aussi les vertus de ce Prince sans récompense. Il lui donne dès cette vie des gages de celle qu'il lui réserve dans l'autre. Il le couronne de prospérité , et de gloire. Il prolonge li durée de son règne. Il en rend la trentième année célèbre par cette cérémonie, où l'Univers sait éclater les marques d'une joie publique; et où il est probable que les Anges entrent dans les mêmes sentiments que les hommes. Dieu-même se réjouit comme un bon Père de la piété de ses enfants, et accorde un long et heureux règne à l'Empereur qui leur a enseigné les devoirs de cette piété. Il ne se contente pas de l'avoir maintenu trente ans sur le trône. Il donne à son Empire une durée qui n'a ni diminution ni accroissement. parce qu'elle n'a ni commencement , ni fin. C'est une durée dont on ne saurait découvrir le centre , et où l'on ne saurait marquer ni un tems présent, ni un temps passé, ni un temps avenir. Le passé n'est plus , l'avenir n'est pas encore. Le présent passe plus vite que la pensée. L'éternité n'est point soumise au calcul des hommes. Elle ne relève que de Dieu , à qui elle rend la gloire qu'elle a reçue de lui. Dieu la gouverne du haut du Ciel. Il la tient non enchaînée avec une chaîne d'or comme disent les Poètes, mais attachée à sa sagesse avec une chaîne invisible, et a placé au milieu d'elle, les années , les mois , les jours et les nuits dans un ordre qui a une beauté merveilleuse. L'éternité n'a d'elle-même aucunes bornes. Elle s'étend à l'infini. Mais Dieu en a comme entrecoupé le milieu par la distinction des temps. C'est comme une ligne droite qu'il a divisée par plusieurs points. Il a mis les nombres dans son unité, et lui a donné diverses formes au lieu qu'elle n'en avait aucune. Il a 247  produit produit d'abord une matière informe qui devait recevoir toutes les substances. Il a donné ensuite des qualités à la matière, et l'a embellie par le nombre de deux , au lieu qu'elle n'avait auparavant nulle beauté. Par le nombre de trois il a composé de matière et de forme un corps capable des trois dimensions de la longueur , de la largeur, et de la profondeur. Ayant ensuite doublé le nombre de deux, il a inventé les quatre éléments, la terre, l'eau, l'air , et le feu comme des sources d'où coulent tous les biens qui sont dans le monde. Au reste le nombre de quatre produit celui de dix, car en ajoutant un, deux, trois, et quatre ensemble, on trouve dix pour produit. Le nombre de dix étant multiplié par celui de trois donne l'espace d'un mois. Douze mois mesurent le cours du Soleil. Voila comment la suite des années et la révolution des laitons ont embelli le tems pour la satisfaction, et le plaisir de ceux à qui Dieu et il accorde la jouissance. Il a mis le temps au milieu de l'éternité et a marqué des points dans ces vastes espaces comme les bornes de la carrière où les Athlètes courent , comme les hôtelleries où les voyageurs se reposent. Ce souverain Seigneur du monde à distingué les parties du temps, en attribuant au jour l'éclat de la lumière, et à la nuit l'obscurité des ténèbres, qui ne sont dissipées que par la faible lueur des étoiles. Il a embelli le Ciel par le Soleil, par la Lune, et par les Astres , comme un voile par une agréable diversité de couleurs. Après avoir étendu l'air il l'a rempli des espèces si différentes des oiseaux. Il a affermi là terre comme au milieu, et au centre de l'Univers , et l'a entourée de l'Océan comme d'un vêtement bleu. Il en a sait la demeure et tout ensemble, la mère et la nourrice des animaux.. Il l'a arrosée des eaux dés pluies , et des fontaines. Il l'a couverte de plantes , et de fleurs. Il y a formé l'homme à son 248 image. Il lui a inspiré une âme intelligente, et raisonnable , capable de science et de sagesse, et lui a donné le droit de commander aux animaux, qu'il n'avait faits que pour sou usage. Ce n'est que pour la commodité de l'homme qu'il a rendu la mer navigable , et la terre seconde. Il lui a donné un esprit capable de discipline. Il lui a assujetti les animaux qui volent dans l'air ,et qui nagent dans la mer. Il lui a permis de contempler le Ciel, et de découvrir le mouvement et le cours des astres. Il lui a accordé à lui-seul la connaissance de la Religion , et le droit de l'appeler son Père , et de publier ses louanges.

CHAPITRE VI.

Outre tout ce que je viens de dire le Créateur de l'Univers a partagé l'année en quatre saisons. L'hiver est terminé par le primeras , qui bien qu'il commence l'année ne laisse pas d'en être aussi comme le milieu, et de la tenir en quelque sorte d'équilibre. L'été succède avec ses ardeurs à l'agréable température du printemps. L'automne tempère les ardeurs de l'été et est comme destiné au repos. Enfin l'hiver retourne après l'automne, engraisse la terre par ses eaux , et la prépare aux fleurs du printemps. Le souverain Seigneur de l'Univers ayant partagé de la sorte les siècles en quatre saisons avec une sagesse admirable, en a confié le gouvernement à son Fils unique. Celui-ci l'ayant accepte comme un héritage qui lui vient de la bonté de son Père , unit par une merveilleuse harmonie toutes les pièces qui sont renfermées au dessus et au dessous du Ciel. Il pourvoit avec un soin non pareil aux nécessités des créatures raisonnables qui habitent sur la terre. Il a mis des bornes à leur vie, et a voulu que cette vie qui a des bornes, fut comme le passage à une autre qui n'en a point. Il leur a enseigné qu'il y a un état heureux dont jouiront ceux qui s'en seront rendus dignes par leur piété, comme il y a des supplices 249 préparés à ceux qui les auront mérités par leurs crimes. Alors il distribuera les couronnes à peu près de la même sorte qu'on les distribue aux Vainqueurs après les combats. Il déclare dés maintenant que la plus magnifique de toutes les récompenses est réservée à nôtre religieux Empereur, et il lui en donne dés ici un gage par cette cérémonie qu'il lui permet de célébrer avec tant de magnificence , et tant de pompe en cette année dont le nombre est produit par la multiplication réciproque de celui de trois et de dix , qui sont des nombres parfaits. Le nombre.de trois est le premier produit de l'unité. L'unité est la mère de tous les nombres. Elle préside aux mois, et aux années , au changement des saisons, et à la révolution des siècles. Elle est le principe, et la base de la multitude. Elle est stable, et fixe au même état. Au lieu que la multitude croît, ou diminue par l'addition , ou pat la soustraction des nombres , l'unité ne souffre aucun changement et ne reçoit ni accroissement, ni diminution. Elle est l'image de cette substance indivisible , et séparée de toutes les autres , et par la puissance de laquelle subsiste tout l'Univers. L'unité produit tous les nombres en ajoutant les uns aux autres , ou en les multipliant les uns parles autres. On ne saurait concevoir le nombre sans l'unité, au lieu que l'unité subsiste par elle-même, et indépendamment des nombres, qu'elle est plus excellente qu'eux , qu'elle les sait, et n'est faite par aucun. Le nombre de trois approche sort de la perfection de l'unité. Il ne peut être divisé, et est le premier de tous les nombres composés du pair, et de l'impair. Le nombre de deux qui est pair étant joint à l'unité, fait le nombre de trois qui est  le premier des impairs. Le nombre de trois est le premier qui enseigne aux hommes la justice, et l'égalité parce qu'il a un commencement parfaite-  250 ment égal au milieu , et un milieu parfaitement égal à la fin. Il est une image sensible des trois personnes Divines, dont la nature n'a ni commencement , ni principe ; et est le principe et le commencement, la source et l'origine de tous les êtres. Ainsi le nombre de trois peut être considéré avec raison comme le commencement de toutes choses. Celui de dix est comme la sin , il termine tout, il est parfait, et renferme toutes les espèces des proportions et des nombres , tous les tons Se tous les accents de l'harmonie. L'unité produit par addition le nombre de dix, et tourne deux, trois, et quatre sois autour de lui jusques à ce que par dix dizaines elle soit parvenue au nombre de cent. Ces dizaines sont continuellement le même cercle et retournent sans cesse aux mêmes bornes. Dix unités sont une dizaine. L'unité est dix fois dans le même nombre de dix, qui est la fin , le terme , la borne, et la perfection de l'unité : il est le terme qui arrête les nombres, et qui les empêche de s'étendre, et il est la perfection de l'unité. Lorsque le nombre de trois multiplie celui de dix, il produit celui de trente , qui est un nombre sort naturel. Il tient le même rang parmi les dizaines , que le nombre de trois parmi les unitez.il est la mesure et la règle du cours que tient la plus éclatante des planètes après le Soleil. La Lune emploie un mois composé de trente jours à parcourir l'espace qui s'étend depuis le point, où elle se sépare du Soleil, jusques celui où elle s'y rejoint. Quand elle a fourni cette carrière, elle se lève comme de nouveau, et sait de nouveaux jours avec une nouvelle lumière. Elle est parée de dix unités, de trois dizaines, et de dix ternaires , s'il est permis d'user de ce terme. Le règne de notre victorieux Empereur, jouit des mêmes avantages par la libéralité du souverain Seigneur de l'univers. Il refleurit en nos jours , et prend 251 un nouveau commencement. Il a rempli les trente années , s'étendra au de-là , Se servira d'asTurance et de gage de la posTession du bonheur qui est promis dans un autre sîéésc, où des millions d'Astres plus éclatans, sanscomparaison que Je Soleil, brillent au-tour du souverain Empereur , par la splendeur qu'il leur communique , où l'ame jouit dela vue d'une beauté incorruptible et immortelle, où il n'y a point de douleur , Si où il n'y a que des plaisîrs innocens , où le tems ,n'a point de bornes, et où il n'est point mesuré par l'espace des jours, des mois et des années, où la durée estégale à une vie qui n'a point de sin.

C'est un siecle où la lumiére n'est point répandue par le Soleil, par la Lune , ni par les autres Astres, mais parle Verbe qui est Dieu, etSils unique de nôtre Dieu et de nôtre Roi. C'est pour cela que la Théologie mystique l'appele le Soleil dejuslice, et la lumiére des lumiéres. C'est pour le même sujet que nous croions qu'il éclaire les puisTances celestesparles raionsde sà justiceetde sasagesse, etqueiuivant sespromesles, il reçoit les ames saimes, non dans la partie convéxe du ciel visible, mais dans son sein. L'œil du corps n'a point vu, l'oreille n'a point entendu, l'esprit entouré du corps n'a point connu ce qui est préparé aux personnes de piété, comme à vous tresreligieux Empereur, qui êtes le seul que Dieu ait choisi , pour purger la vie des hommes des crimes dont elle étoit toute souillée, et à qui il ait montré le signe de nôtre Rédemption,par la sorce duquel il a vaincu la mort, et triomphé de ses ennemis. Vous avez opposé aux statues des démons ce monument de vôtre victoire, ce sleau des Idoles , et vous avez domté l'orgueil des barbares et des démons , qui sont une autre espéce 'd'ennemis barbares.

Comme nous ne siibsistons que par l'union de ch,y.
L 6 deux '•

deuxsubstances , dont l'une est corporelle etviiîble, l'autre spirituelle et invisible, nous avons aussi à combattre deux sortes d'ennemis , dont les uns sont visibla0et declarez ; et les autres invisiblesetsecrets. Les premiers attaquent nos corps avec des armes sensibles. Les seconds dressent des piéges à nos ames.par des machines sort subtiles, et imperceptibles aux sens. Les ennemis quel'on voit, sont des.peuples aussi sauvages et aulu sarouches que les bêtes , qui sont irruption contre les nations civilise'es , et polies, qui ravagent la campagne, désolent les Villes, et mettent tout à seu etàsang. Les ennemis que l'on ne voit point, Se 'qui sont plus cruels que ceux que l'on Toit, ce sont les démons qui corrompent l'esprit de l'homme, qui remplirent l'air, et qui par les machines détestables de l'impiété , ont réduit tous les peuples ibus leur tirannic, de sorte que ne connoislant plus le vrai Dieu, et ne l'honorant non plus que s'il n'étoit point, ils en ont introduit d'étrangers et d'imaginaires. C'est de cette source que procéde l'erreur , qui leur a sait prendre la génération des corps, pour une divinite7, et la corruption deces mêmes corps pour une autre divinité contraire. Ils ont adoré sous le nom de Venus , cette premiére divinité, qui préside à la naissance, 8c sous le nom de Pluton , la seconde qui cause la mort et qui enléve les richcsses. Les hommes de ce tems-là ont cru qu«la cause de la naissance étoit une divinité, parce qu'ils ne connoissoieut point d'antre vie, que celle qui commence par cette nai£sance corporelle et sensible. Us ont cru aussi que la cause de la mort étoit une autre divinité, parce qu'ils se sont imaginez qu'il n'y avoic rien au dela, et qu'ils n'ont pas porté plusloin leurs penséej. ai leurs espérances. D'ailleurs la créance, ou ils mm été, qu'ils n'auroient aucun comte à'rendre âpre* la destruction qwe la mort produit, leura

donne'

donne la licence de s'abandonner aux crimes les plus énormes, et de commettre des abominations qui ne pourroient être expiées par mille morts. Ils n'ont point eu Dieu devant les yeux. Ils ne Ce sont point attendus àpatoltre à. son jugement ; ils n'ont reconnu que la mort pour Juge, et dans la créance qu'elle détruit l'homme entier, ils l'ont adorée comme une divinite' sort puislante et sort riche. Ils n'ont pas tévéré la mort seule comme une divinite". Ils ont révéré avant elle et plus prosondément qu'elle, tout ce qui pouvoir contribuer à leur rendre la vie commode et agreable. Ils ont" pris pour un Dieu le plaisir du corps , les alimens, les sruits des arbres , la bonne chérc, l'yvrognerie, les cupiditez les plusgrossiéres, Scies plus charnelles. C'estde-làque sont venus les mvstéres de Cerés et de Proserpine, l'enlévement dé Proserpinc sait par Pluton , qui la ramena depuis , et la rendit. G'est de-là que sont venus lesmystéres de Bacchus, où l'on célébre les victoires qu'il remporta sur Hercule. C'est de-là que sont venus les adulteres de Cupidon et de Venus, la patsîon surieuse que Jupiter avoit pour les semmes, et pour Gauiméde, et toutes les autres sables qui repreientent les Dieux comme d'insames eselaves de la volupte'. C'a éte'par ces traits empoisonnez de l'impiéte' et de la superstition que les cruels ennemis de Dieu , le souverain.des Empereurs, ont perce tous les hommes , et les ont tellement asiujc ttis à leur injuste domination, qu'ils les ont obligez' de consacrer leurs statues , et d'élever des temples en leur honneur, dans toutes les parties du monde. Ceux qui tenoicnt en ce tems-là la place des souverains croient si sort prévenus de cette erreur , qu'ils sacnsioient leurs proches à ces saux Dieux, qu'ils pouriuivoient à main armée les désenseurs de la vérité, qu'ils saisoient la guerie non aux étrangers , mais à leurs amis, à leurs L 7 pareits
pareus et à leurs sreres, et ensin à tous ceux qui adoroient le vrai Dieu, et qui lui rendoient le culte solide qui consiste dans la sainteté des mœurs,et dans la piété. Voila comment ces Princes insensez ont immolé aux démons , comme des victimes, des hommes qui étoient consacrez au service du Seigneur et du Maître de tous les Princes. Ces illustres témoins de la Religion , et ces généreux désenseurs de la piété se couvrirent de la patience , et mêprisérent tous les gentes de mort. Us se moquérent du ser, du seu , des clous , des dens des bêtes , des abîmes de la mer, de la cruauté avec laquelle on leur coupa les membres , on leur créva les yeux, on les laisla sans alimens, Se. on les accabla de travail dans les mines. L'amour dont ils bruloient, pour leur Roi, leur sit trouver'des délices dans ces tourmens. Les semmes sirent paroître dans ces combats un courage égal à celui des hommes, et remportérent descmblables victoires. Quelques-unes aiant été ménacées de la prostitutiou, aimérent mieux perdre la vie, que la pudeur. Voila comment les sidéles sujets du souverain Maître de l'Univers , sournirent généreusement les attaques des Idolâtres. Cependantles démons qui sont les ennemis du culte de Dieu , et du salut des hommes, prenoient un singulier plaistr à voir répandre le sàngqui leur étoit ossert. Qu'étoit-il jusïe, qu'étoit-il raiIbnnable que Dieu sit alors en saveur de ses serviteurs opprimez ? Pouvoit il les abandonner 5 Un sage Pilote a-t-il jamais manqué d'emploier toute son adresle pour sauver le vatlSeau qu'il a entrepris de conduire? Un vaillant Général a-t-il jamais livré son armée aux ennemis ? Un bon Sasteur a-t-il jamais négligé le soin d'une brebis égarée? N'a-t-il pas mis le reste du troupeau en sureté, etn'est-il pas allé aprés cela chercher la brebis, à desTein même de combattre les bêtes les plus cruelles gui ' . - la la voudraient dévorer ? Nôtre Sasteur a conservé les ouailles raisounables. Nôtre Pilote apreservé son vaisleau du nausrage. Nôtre Général a conserve son armée. Il a secondé la valeur de ceux qui combattoient pour ses intérêts. Il a loué leur zcleet leur constance. Il a distribuéune couronne immortelle à ceux qui sont morts pour son service, et les a placez parmi les Anges. Il a retenu les autres pendant quelque tems sur la terre , asin qu'ils y servislent comme d'une semence pour saire revivre la piété, Si qu'aprés avoir été spectatcurs du châtiment des impies , ils en puslent aussi eue témoins. Quand il lui a plu d'étendre son bras , et de se venger de ses ennemis, il les a srappez avec une main m visible , et les a contraints de revoquer solennellement leurs édits, et de renoncer à l'impiété. Il a élevé au même tems ceux qui croient abbaislez, et a opéré la plupart de ces merveilles par le ministére de son scrviteur. La piété de nôtre Empereur lui sait recevoir avec joie ce titre de serviteur de Dieu. Il l'a opposé stul à ses ennemis, et l'a sait triompher seul de toutes leurs sorces. Ils étoient en grand nombre, parce qu'ils ctoieat les amis des démons , qui sont aussi en grand nombre. Ou plutôt ils n'étoient rien deslors , puisqu'ils ne sout rien maintenant, et qu'ils ne paroissent plus. Nôtre Empereur que nôtre Dieu a établi, demeure seul comme sa. sidéle image. Les tirans qui ne connoislbient point Dieu, ont enlevé les pçrsonnes de piété par les meurtres les plus cruels et les plus barbares. L'Empereur, à l'imitation du Sauveur, aconservéles titans-mêmes, et leur a euseigné la douceur , et la piété. Il a vaincu les deux sortes d'ennemis , que jai dit que nous avions à combattre. Il a vaincu les hommes les plus barbares, en les dépouillant de leurs mœurs sarouches, et en les accoutumant à une maniére de vivre consorme à la raisou , et aux

loix. loi*. Et il a vaincu les demons, qui sont les ennemis invisibles, en~ rendant leur désaite toute publique, Si. eji publiant les avantages<]ue le Sauveur avoit remportez sur eux. Il y along-tems que ce Sauveur commun de tous les hommes , a désait invisiblement ces esprits in?isîbles. Mais l'Empereur les a poursuivis comme son mimïtre, et a partagé leurs dépouilles entre sts-soldats.

L'Empereur aùnt remarqué que le peuple qui - n'a que l'ignorance en partage, regardoic avec une crainte respectueuse, ces statues d'or et d'argent que la superstition avoit sabriquées , crue les devoir ôter comme des piéges, qui avoient été dresTez à desTein de saire tomber ceux qui marchent dans un lieu obscur. Il n'eut pas besoin pour ce deslein de la puisTance de tes armées. Il n'emploia qu'un ou deux de ses-domesiiques-.qu'ilenvoia dans les Provinces. Ils y. allérent-, presque seuls, et sans autre sorce qae celle qu'ils tiraient du zele de l'Empereur, et de leur propre piété. Ils paslstent au travers des peuples Idolâtres. Ils pénétrérent les retraites les plus sccréres que l'erreur eut aux Villes ou à la campagne. Ilsobligérent les Prêtres des Idoles à les tirer des lieux , ou ils les avoient cachées. Ce qu'ils ne purent saire làns attirer les railleries de tout le monde. Us ôtérent ensuite à ces statues les ornemens, dont elles étoientdéguisises, eten découvrirent toute la laideur. Ensin les aianc sait sondre, ils mirent à part la matiére la plus riche etJaplus unie , et laJTérent le reste aux Paiens, comme pour leur reprocher la vanité de-leur superstition. Au même tems que l'on sondoit ces statues d'or, et d'argent, l'Empereur sit enlever celles qui n'ctoieat que decuivre et debronze , et entraîner comme Jes captiss ces Dieux de la Gréce, autresois si sort Tantezparles sables. L'Empereur chercha ensuite s'il y avoit quelque reste de il superstition parenne.

Couinat Comme vn aigle découvre du haut du ciel ce qui le sait sur la terre , il découvrit de sou Palais un piége qui avoit éié dresle en Phénicie pour saire misérablement périr les ames. C'étoit un bois et un temple coniàcré à l'honneur d'un insame demon Ibus le nom de Venus, non dans une place publique, pour servir d'ornement à une grande Ville, mais en un endroit du mont Liban. Onytenoit une école ouverte d'impudicité. Il y avoit des hommes qui renoncant à la dignité de leur séxe, s'y prostituoient comme des semmes , et qui croioient se rendre la divinite propice par l'insamie de cette monstiueuse corruption. C'etoit un lieu privilégié pour commettre impunément l'adultére , et d'autres abominations. Personne u'ea pouvoit arrêter le cours, puisque persoune ne pouvoir entrer en ce lieu-là, pour peu qu'il eut d'honnêteté et de retenue. L'Empereur en aiant eu connoi sTance, jugea que ce temple ne méritoit pas d'être éclairé des raions du Soleil, et commanda qu'il sut démoli avec les statues et les ornemens. Cét ordre sut exécuté à l'heute-même par dessoldats, etceuxqui avoientété autre-sois les plus adonnez à la débauche.changérent de mœurs, de peur d'être châtiez avec la rigueur dontl'Lmpereur les menacoit. Ce Prince arracha de la sorte à la malice le masque, dont elle (c couvroit pour tromper les simples, et publia hautement la gloire dn Sauveur. Les Idoles demeurérent sans appui. Il n'y eut ni Dieu, ni Démon, ni Devin, ni Prêtre qui entreprît de les protéger. La lumiére de la soi avoit dissipé les ténébres tîu paganisme,et il n'y avoit plus personne qui ne condamnât l'aveuglement de ses ancêtres, et qui nes'estimât sort heureux d'en avoir été délivré. Les ennemis visibles et invisibles aiant été ainsl vaincus par la sorce que l'Empereur avoit reçue'du Ciel, l'Univers commença àjoiiir d'une tres-prosoude paix.

On

On ne vit plus de guerres non plus que de Dieux. Il n'y eut plus de sang répandu, comme il y en avoit eu pendant que la superstiticm étoit en vigueur.

chlP- Comparons l'etat present de nos assaires avec le *' pasTé , et reconuoislbns l'heureux changement qui est survenu. Autresois il n'y avoit point de Ville qui n'eut des bois, et des temples consacrez en l'honneur des Dieux , Si qui n'eut soin de parer et d'enrichir ces temples de divers ornemens. Ceux qui avoiem entre les mains l'autorite' souvelaine , prenoient un grand soin du culte des Dieux. Les peuples les honoroient en public et en particulier ; dans les temples , et dans leur» jnaisons. Us ont eu pour récompense de^leut sausle piété, non la paix , dont nous goutons maintenant les sruits , mais des divisions domestiques et des guerres civiles qui ont souillé leurs mains du sang de leurs proches. Ceux qui étoient reconnus pour des Dieux , prometroient aux Princes, de leur découvrir l'avenir. Mais la preuve convainquante de la sausleté de leurs promet ses, et de l'imposture de leurs prédictions,' est qu'ils n'ont pu prédire leur propre raine. Jamais aucun de ces Oracles si vantez par l'antiquité , a-til prédit l'avénement du Sauveur, et la prédication, par laquelle il devoitinstruire les hommes de la divinité de son Pere ? Jamais l'Oracle d'Apollon , ou de quelqu'autre démon a-t il prédit qu'il seroit abandonné ? Jamais a-t-il nommé celui qui lui imposeroit un jour silence ? Quel Devin a prévu que le culte des Dieux scroit aboli parle culte d'un nouveau Dieu , que la Religion Chrétienne seroit embrasle'e par toutes les nations ; que les Idoles seroient reuversées par nôtre saint et pieux Prince et des trophées érigez sur leurs débris ? Y a-t-il eu quelque Héros qui ait prédit que ses statu.es seroion sondues , et que la ma
tiére en seroit emploiée à un usage avantageux à la société civile ? Y a-t-il jamais eu quelque Die» qui ait dit que ses statnes seroient coupees en lames ? Où e'toient leurs protecteurs, lorsque des mains aussi soibles que celles des hommes , ont abbatu les monumens qui avoient eté élevez à leur gloire ? Où. sont ces esprits inquiets qui allumoient autresois le seu de la guerre , et qui voient maintenant leurs vainqueurs joiiir de la paix? Où sont les hommes qui avoient mis en eux leur consiants ? Où sont ceux qui aprés avoir porté la superstitionjusques au dernier excés, et avoir pris les armes contre les désenseurs de la vérité, sont péris miserablement î Où sont les Géans qui avoient eu l'insolence de déclarer la guerre à Dieu ? Ou sont les dragons qui éguisoient leurs langues contre le souverain Maître de l'univers ? Ces ennemis déclarez du Seigneur absolu des Empereurs ont misespérancedans la multitude des Dieux, ont marché à la tête de leurs armées qui sembLoient être innombrables, et ont porté pour enseignes les images des morts. Mais nôtre Empereur s'étant couvert de la cuirasle de la piété, et aiant opposé à Ces ennemis le signe de nôtre salut, a désait les impies et les démons. Il a reconnu à l'heuremême la grace que Dieu lui avoit saite de savorisèr ses armes , et lui a rendu la gloire de sa-victoire. Il a érigé au milieu de sa capitale l'Etendart, j,ar la sorce duquel il l'a remportée , et a ordonné a ses sujets de le regarder comme le boulevart de l'Empire. Il a plus particuliérement donné ces préceptes aux gens de guerre qu'aux autres. Il leur a enseigné à mettre leur espérance non dans la coustitution de leur corps, ni dans la sorce de leurs armes, mais dans la protection de Dieu , qui est l'Auteur de tous les biens et le dispensateur de lavictoire. Cequejevai ajouter , est encore plus merveilleux , et pourrait paraître incroiable.

C'est

C'est qu'il leur a preserit la méthode de prier,qu'is leur aapprisà lever les y.eux au Ciel, Se à porter leuresprit jusquesà Dieu, pour l'invoquer comme le Dieu des armées, comme l'arbitre des combats , comme le protecteur etledésensèurdeceux qui le servent. Il leur a marquéle jour qui est le premier de tous les autres, qui est le jour delalumiére et de la vie, de la resurrectionS: de l'immortalité, du Seigneur et du salut, comme un jour particuliérement destiné à l'exercice de la priére, Il a observé lui-même la loi qu'il leur a imposee. Il a sait de son Palais une Egliie où il adore le Sauveur, et où il Ce nourrit des véritez de l'Ecriture. 11 a choisi pour ses- principaux O/H«iers des hommes consacrez au service de Dieu , Se lecommandables par la pureté de leurs mœurs , 8c par réminence de leur piéte'. Il révérc ce sigue denôtre redemption , ce trophée de ses victoires , se monument de la désaite de ses ennemis, par ccqu'il en a éprouvé la puisTance. Il a vu sès ennemis mis en déroute, et les armées invisibles des dérnons dilsipées par. la sorce toute-puislante de ce signe. II a vu l'insolencc de ceux qui avoient déclaré la guerre à Dieu réprimée , la bouche des impies sermée , la calomnie consondue, Jes barbares domtez, la sourberie découverte , la superstition abolie. Pour témoingner saréconnoiPsànce de ces bien-saits, il a e'ievé des arcs de triomphe par toute la terre. Il a bâti deîtemples avec une magnisicence convenable à un grand Prince, et a commandé de construire des Oratoires. Les villes et les Provinces ont vu élever en tres-peu de rems des Ouvrages , qui ont publié la libéralité de li'Empereur, et l'impiété des tirans. Il n'y a pas long-tems que comme des chiens surieux, ils déchargérent siar des édisices quin'avoient point de sentiment, la rage qu'ils ne pouvoient déchargersur Dieurmême, qu'ils rumérent-de sond en comble ble des lieuxconiacrezàla priére, et sirent voir dans la cruauté de ces destructions l'image d'une Ville abandonnee au pillage. L'msolence qu'ils ont eue de preaidre les armes contre Dieu, a été suivie d'un promt châtiment. Us ont été emportez par un tourbillon, sans qu'il soit restéaucu» vestige d'eux. Bien qu'ils susTent en grand nombre, ils ont tous été exterminez par la justice divine. Nôtre Empereur qui avoit marché seul contre (es ennemis à la saveur du sigue de nôtre salut, ou plutôt qui n'avoit pas marené seul, puisqu'ii ctoit soutemi par le maître des Empereurs, a éleve bien-tôt aprés dans la Ville de ion nom , dans la capi taie de Bithynie, et dans plusieurs autres , des Eglises plus magnisiques que celles qui avoient été démolies. Il choisit entre toutes les villes d'Orient, Jérusalem et Antioche, pour y consacrer les plus illustres monumens de sa magnisicence Se de sa piété. Il entreprit d'élever dans Antioche comme dans la Métropole , un Ouvrage d'une structure toute smguliére, soit que l'oli en considére l'étendue ou la beauté. C'est une Eglise d'une vaste enceinte, et d'une prodigieuse hauteur, qui a huit cotez , qui est accompagnée de divers appartemens, et entichie de touslesornemensde l'art. Ilsitsonstruireau milieu de la Ville, qui ctoit autresois la capitale de la Palestinc et du roiaume des Juiss.à l'endroit du saint Sépulere une Eglise tres-belle et tres-riche , en l'honneur de la croir. Il n'y a point de langage qui puisse exprimer la diversité ni l'excellence des ornemens, dont il honora ce monument delavicroire remportée par le Sauveur sur la mort. Il choisit outre cela trois cavernes, qui avoient été honorées par l'accomplisTemeni des plus grands mystéres, pour y construirc trois autres Eglises. La premiére est celle où le Sauveur parut sur la terre , revêtu d'un corps moi tel. La seconde est celle d'où il disparut

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en montant au Ciel, et la troisicme celle où il donna des combats , et remporta des victoires. En honorant ces trois lieux pa. la dedicace de la consécration de trois Eglitès, il a excite cous les peuples à reconnoître et à révérer le sigue de la rédemption. Il trouve aussi dans les honneurs qu'il rend à ce glorieux trophée la récompensè de sa vertu , l'aggrandislement de sa. samille, l'assèrmislement de son trône, la prolongation de son régne , la promette et l'aslurance d'une heureuse postérité, et d'une longue suite de décendans. La grandeur de la puislance du Dieu que nôtre Empereur adore paroît dans la souveraine equité avec laquelle il distribue les châtimens, et les récompenses. L'impiété de ceux qui ont démoli les Eglises a été suivie d'un promt châtiment. Ils sont morts sans cnsaus, sans posterité, sàns succesleurs. Mais nôtre Empereur qui laisTe par toute la terre des marques de son assection , et de son zele au service du souverain maître de l'Univers , qui éléve des temples en son honneur, et qui parc ces temples avec tous les ornemens de la nature et de l'art,qui le montre et le prêche à tous les peuples , est visiblement savorite de sa protection.

Voila comment la puislance de nôtre Dieu a été manisestéeparlesignesalutairedelaRédcmption. Ceux qui sout instruits des mystéres de nôtre Religion saveur, combien on peut dire de choscs sur ce sujet. Ce que l'on peut dire de cét Etendart de nôtre salut est en esset merveilleux, et ce que l'on en peut penserl'est encore plus. Dés qu'il a paru sur la terre, il a découvert la saussetédeceque l'onavoit publié depuis plusîeurssiécles touchant ,la nature des Dieux. Il a enseseli l'erreur dans l'oubli, et dans les ténébres 11 a éclairé les esprits taisonnables par une lumiére spintueUe en leur montrant le vrai Dieu. Il n'y a personne qui

ne ne change de sentiment, et qui ne mêprise les idoles , qui ue soule aux piés les cérémonies impics des démons, qui ne se moque de l'erreur Si de l'aveuglement de ses-ancécres. On court en soule à des tcosespubl.ques, où l'on enseigne les préceptes de la soi. On ne regarde plus des créaturei corporelles avec une crainte religieuse. On ne léve plus les yeux au Ciel pour y voir avec étonnement le Soleil, laLune, etlesAstres. Onportc les yeux de l'esprit jusques à celui qui est au desl'us du Ciel, et qui ne peut être vu par les sens , on le reconnok pour l'Auteur de l'Univers, et on cousesse qu'il me'riteseul les hommages, et les adorations des hommes. Ce merveilleux sigue nous a produit tous ces avantages. Il nous a délivré des maux que nous soussrions , et nous a procuré les biens dont nous étions privez. La tempérancc , et la piété sont préchées à toutes les Nations, et l'Empereur s'aquite lui-même de ce ministére. II éléve sa voix comme l'interpréte ou comme le héraut du sbuverain Seigneur du .monde . pour exhorter tous sessujets à le reconnoître , et à l'adorer. On ne voit plus comme autresois des impies célébrer dans son Palais les mystéres de l'ancienne superstition. On n'y voit que des Evêques, et des Prêtres qui y chantent les louanges de Dieu. Le nom de ce Dieu qui a sèul créé l'Univers cs t annoncé à tous les peuples, et l'Evangile par lequel il promet de leur être savorable se repand par toute la terre. Les hommes mêlent leur voix à celle des Anges pour l'honorer, et se servent de leur corps comme d'un instrument de musïque pour sormer un concert à sa louange. Les nations d'Occident reçoivent sa doctrine avec le même zele que celles d'Orient. Le Septentrion s'accorde parsaitement avec le Midi pour sc souaiettre à 'es loix , pour célébrer sa grandeur. pour conse lier lenom du Sauveur Ion Sils unique, et pour té

moigner la joie qu'il a de relever de la puislance Je nôtre Empereur, et des Princes ses ensans. Cét Empereur tient le gouvernail de l'Etat, comme un habile l'ilote, et conduit heureusemeut son vaislcauau port, à la saveur du vent qui le pousse. Le souverain des Empereurs lui tend la main du haut du Ciel, lui donne la victoire sur ses ennemis , étend la duree de son régne, lui promet pour l'autre vie, des saveurs plus solides que celles de la vie presente , et lui donne des gages de ses promesles. Il saut attendre un autre teins pour parler de ces promettes parce que ni les yeux , ni les oreilles du corps ne peuvent sentir les dons de Dieu.

Ciiap. Permettez-moi maintenant, victorieux Empe"• reur , de vous expliquer les mystéres de Dieu dans ce discours que j'ai consacréà sa gloire. Ce n'esb pas que j'aie la présomptiou de vous instruire , parce que je sai que Dieu même vous a instruit. Jen'entreprenspasdevous enseigner des véritez qui vous ont été révélées non par des hommes, niparunhomme, mais par le Sauveur commun de tous les hommes qui vous est souvent apparu. J'ai seulement deslein de presenter la lumiére à ceux qui sont dans les ténébres , de montrer les rares essets de vôtre piété à ceux qui n'eu ont point de connoislance. Il n'y a personne qui ne sache les grandes entreprises que vous avez heureusement exécutées pour le service de Dieu dans toute l'étendue de l'Univers. Mais tout le monde n'est pas insormé de la magnisicence des monumens que vôtre reconnoislance a élevez en l'honneur du Sauveur dans nôtre païs , et au milieu de la Ville d'où les ruilîeaux de la soi ont commencé à couler pour arroser toute la terre. Plusieurs ignorent la piété des motiss qui vous ont porté à eriger des trophées pour cousèrver la mémoire des vietoires remportees par le Sils de Dieu sur la

mort. mort. Ceux qui sont éclairez des lumiéres de l'Elprit saint ne sauroient se lasler d'admirer et de louer la serveur de vôtre zele. Mais ceux qui n'ont aucun gout des choses de Dieu , se moquent Je vos dei'leins et s'étonnent qu'un aussi grand Prince que vous Ce soit abbaislé jusquesàorner, et embellir des tombeaux qui sembleut n'être deilinez qu'à rensermer une corruption qui sait horreur à la nature. Ne seroit-il pas plus à propos , disent-ils , d'observer religieusement les anciennes coutumes, et de révérer les Dieux et les demi-Dieux qui ont écé reconnus dans chaque Province depuis une longue saite d'années ? N'estil pas injuste de les mépriser sous prétexte qu'ils sont su jets à des soiblelles, et à des miséres ? Ces soibleises-là doivent exciter à les honorer aussi bien que celui que l^on honore sous le nom de Sils de Dieu, ou Ci l'on persille à les rejetter, il le saut rejetter aussi bien qu'eux. Voila ce que quelqu'un d'entre ceux dont je parle , diri en sronçant les sournis, et en assectant par une vamté qui n'est sondée que sur des paroles, de paroître beaucoup plus éclairé que les autres. Cependant le Verbe du Pere de la miséncor<l e a la bonté de lui pardonner l'on ignorance , de la pardonner au lli à tous les autres qui s'éloignent comme celui-là , du chemin de la vérité , d'inviter les Grecs et les Barbares , les savans et les ignorans, les riches et les pauvres, les maitres et les esclaves , les princes Se les sujets , ensin (es plas injustes , les plus impies, Si les plus criminels à entrer dans les écoles qu'il a établies aux Villes et à la Campagne , aux lieux les plus srequentez, et aux lieux les plus deserts, et d'y écouter les divms enseignemens de la siencc du salut. 11 y a déja long tems qu'il promet à tous les hommes d'oublier leurs crimes, et qu'il leur crie à haute voix , Sénez à moi vont tous tjui êtes S travaillez, et qui êtes chargez , et je vaut soulaTvthl.Part.II . ' M gerai nement ces merveilles de l'art, et qui ne conçoivent aucune estime, ni ne sorment aucune peu sce qui soit avantageuse àla réputation de l'Architecte et des ouvriers auxquels appartient toute la gloire de ces ouvrages. Ceux qui ne regarderaient qu'une lyre, et les sept cordes qui sèrvent à en composer l'harmonie làns élever leur pensée jusques à celui qui a inventé un si bel instniment sembleroientauslï simples , et aussi ignorons que des ensans. Il saudrait mettre au même rang ceux qui au lieu de presènter des couronnes au Général aprés une victoire qu'il aurait remportée lespresenteroient à un bouclier, ou à une lance ; ou ceux qui au lieu de rendre les temoignages de leurs re~ spects à un Prince qui auroit sondé une Ville, les rendraient à la Ville même , et aux pierres insensibles dont ses Temples , ses Palais , ses Col léges , les Bains , et ses autres édisices publics scroient tomposez. Ainsi ceux qui voient le monde sènsible , bien loin d'en attribuer la production au Soleil, à la Lune , ou à quelque caiise qui soie sous le Ciel, doivent avouer qu'il est l'ouvrage de la sagesle éternelle , la regarder de l'œil de l'esprir, la révérer par présérance à toutes choiès. Jamais personnen'a regardé la tête ou les yeux , les piez ou les mains d'un homme savant et habile avec les mêmes sentimens d'estime et de vénération. avec Iesqucls il a regardé son habileté et sa sursisance. Jamais il n'a admiré ses habits, ni ses meubles , comme s'ils avoient eu quelque part à sa sagesle. Ainsi nous admirons, et nous honorons au dessus de toutes les choies corporelles et visibles le Verbe invisible qui les a créées, et qui les gouverne. Le Pere qui l'a produit de soi-même, l'a U y, établi en qualité de Prince, et de ches de l'Uni "."' vers. La distancc qui est entre la grandeur du droit Pere et les créatures sensibles ou raisonnables les A" empêche de s'approcher de lui. Comme il n'a prcsM i point Co1"

gerai. Ce sont les pecheurs , et non pas les jnstes

que je suis venu appeler à la pénitence. Il en rend

la raison quand il ajoute , Ce ne sont pus 1rs sains,

mais les malades qui ont besoin de Médecin. \\ dit

l2.ec. en un autre endroit, Je ne souhaite pas Is mort

£- l8' du pécheur, mats je souhaite sa pénitence.

Voila poutquoi il n'y-a que ceux quioatétéappclez à nôtre sainte Religion , Se qui en ont appris les divins mystéres , qui puissent juger lainement de l'application avec laquelle l'Empereur a travaillé aux ouvrage* dont je parle, et reconnoîtie que ce n'a eté que par l'inspiration de Dieu , qu'il tient à honneur de servir, qu'il a entrepris, et achevé ces édisices. J'explique d'autant p/as volontiers, tres-religieux Empereur, l'intention par laquelle vous-vous éiesportéàcesactionsde piété, que je suis pcrsuadésluevousn'aurez-pas ,dcsagréable que je sois l'interprcte de vos pensées. )e publierai donc ce que personne ne doit ignorer. Je representerai la grandeur de la puislance de nôtre Sauveur qui étant plus ancien que le monde , et tjui i'aiant toujours gouverné depuis qu'il l'a tiré du néant n'a paru que depuis peu de tems parmi nous. Je dirai les rai sons pour lesquelles il a bien voulu se revêtir d'un corps mortel, et se soumetre à la rigueur de la mort ; je dirai aullî ce qui l'a obligé à sortir du tombeau, et à triompher de la corruption , et je n'avancerai rien touchant ces mystéres si sublimes , que je n'appuie sur des preuves convamquantes. Commençons :

Ceux qui rendent aux créatures le culte qui n'est <3u qu'au Créateur, et qui désérent des honneurs divins au Soleil, à la Lune, aux Astres> au seu, à l'air, à la terre , à la mer et aux élémens qui n'ont reçu l'être que par un criet de la puislance du Verbe, ressemblent à ceux qui ad mirent l'architecture, lasculpture, la peinture , et les autres ornemens d'un Palais, qui regardent avec éton

nemenc
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!cm- PoH,t été engendré ri polîéde des perseetions qai Mcnt ne peuvent éire expliquées. ll demeure selon le «on" témoignagede l'Ecriture au milieu d'une lumiére, mes" à à laquelle il n'y a nul accez. Voila pourquoi il a !'«•- mis la puislance divine de s on Sils entre lui, etles ""_ Ct .'attires. Elle est tres-proche de l'on Pere, elle »«s. habite au dedans de lui, et pénétre tous sessecrets. Et en même tems elle décend avec une bonté nonpareille jusques aux êtres les plus t. loignez de l'élévation , et de la maje-ste .du Pere. Il n'y avoit point d'apparence de joindre le Pere aune matiére corruptible. Ainsi le Silss'eltmêlcavec le monde pour le gouverner par sa puislànce Divine. Il est atsé de produire des preuves convainquantes de ce que j'avance. Si les principales parties de l'Univers, la terre, l'eau, l'air ,et le seu. que nous comprenons sous le nom d'clemens. et «jsti sont privées de railbn, comme il est aise de le reconnoître , en les regardant , n'ont qu'une matiére commune que ceux qui ù•sent les secrets de la nature appelent le réceptacle, la mere, et la nourrice de tous les corps ; !) elles n'ont ni ame, ni connoisiance, ni sigure , ni beauté, d'où cette beauté leur est-clle venue l Comment ces élémens se sont-ils teparez ? Comment est-ce qu'aiant des qualitez si contraires ili ne taillent pas de s'accorder, et de concourir à l'ornement du monde ? Qui est-ce quiacommaa<léque la sluidité de l'eau soutînt lapésanteui de la terre ? Qui est-ce qui a rensermé dans les ruie's qui sont au haut de l'air, des eaux qui d'elles-mêmes décendent toujours Se tendent vers les lieux les plus bas ? Qui est-ce qui a attaché le seu au bois, et aux autres matiéres qui semblent être.d'une nature toute oppolee à la sienne ? Quiest-ccquia accordé la chaleur, avec la sroideur de l'air ? Qui cst-ce qui a inventé la multiplication par laquelle les hommes Ce coulerveut Si se rendent eu quel'
«|ue sorte immortels , bien qu'ils sbient sujets à la mort ? Qui est-ce qui a sormé les deux séxes , et qui les a joints ensemble , pour n'en saire qu'un principe de la ge*u ration de leur elpéce ? Qui estce qui a mis une sourcede viedanS'lesièmences qui semblent ne procéder que de la corruption ? Qui est ce qui a produit, et qui produit encore châque jour ces essèts qui sont plus admirables qu'on ne les peut admirer ? Qui est ce qui disoose à châque moment par une venuinvisible, le changement continuel-qui renouvelle la nature? Ces miracles si surprenans ne peuvent sàns doute étre attribuez qu'à la puislance insinie du Verbe, qui s'étant mêlé dans toutes les parties de l'univers, et s'étant étendu en haut et en bas , d'une maniéicspirituelle et invisible, les a rangées dans l'ordre où nous les voyons. Il s'est sait un instrument d'une merveilleusc harmonie , et a touché avec raison et lagesle la matiére qui d'elle-même n'a ni raison ni sagesse, ni sorme, ni beauté. IladiCposé de telle sorte le soleil, la Lune , les étoiles Se les autres astres qui brillent datas le Ciel, que leur lumiére-, et leurs insluences procurent de grandes commoditez au monde-insérieur. Le même Ver/be s'étant répandu sur la sursace de la terre y a produit les espéces si dissérentes des plantes et des animaux, et étant aussi décendu jusques à la mer il a sait les poislons. II sorme les petisdans le seia des meres comme dans la boutique de la nature. Il éléveTeau malgré sa pésanteur naturelle. Il l'adoucit dans les nues comme dans uuTilambic. Il la verse aprés cela sur la terre, la distribue par divers canaux comme un prudent Jardinier, et la mêle par un si juste tempérament avec la pouslïére, qu'il en tire la diversité des couleurs qui cmaillent les prairies, des odeurs qui nous récréent, etdes sruits qui nous nourrislent. Mais pourquoi est-ce gue. j'entreprens d'expliquer la grandeur de. la M 5 poispuislance du Verbe , pui squ'elle est msini ment au detins, non seulement de nos paroles , mais de nos pensees ? Quelques-uns l'ont /appelé la Nature de l'Univers , d'autres l'Ame du monde , d'autres la dcstmée. D'autres ont allure qu'il étoit un Dieu insiniment cle vé au deslus de toutes ces choses J'avoue que je ne comprens pas comment l'esprit humain a été capable de concevoir sur le même sujet des idées si opposees. Comment il a consondu des choies si eloignees les unes des autres. Comment il a mêlé avec la corruption de la matiére , une nature qui n'a point de commencement , comment il l'a placée comme au milieu entre les animaux qui ont la raison, et ceux qui ne l'ont point; entre les substar-ces sujettes. à la mort, et celles qui en sont exemtes. . Voila les scntimens où ont esté les hommes dont je parle. Mais selon h doctrine qui nous a, été revélee de Dieu , il sauc tenir pour certain que le sou verain bien qui est le principe de tous les biens est au deslus de nos pensëes, et que nulle parole ne le peut exprimer. Il n'est rensermé dans aucun lieu. Il n'est resèrré ni dans les corps terrestres, ni dans le Ciel, ni dans l'air. Il est hors de toutes ces choses , comme caché dans son propre sein. L'Ecriture nous enseigne qu'il doit être reconnu pour l'unique Dieu, dégagé de la matiére. C'est pourquoi, on dit que toutes choies ont été saites de lui, et non pas par lui. Il est comme un Empereur dans son Palais, au milieu d'une lumière inaccetsible , d'où il donne les ordres qu'il lui plait. Tout ce qui est produit, est produit parce qu'il le veut, et ce qui n'est pas pro^ duit, n'est pas produit, parce qu'il ne le veut pas. Il veut toujours le bien, parcequ'ilestlesouverain bien , de soi-même. Le Verbe sorrant du sein de son Pere , comme d'une source vastc et immense , sc répand comme un large sleuve sor

toutes

toutes les créatures. L'esprit humain dont perspnne n'a jamais connu la substance, est comme un Prince au dc-dùnv de nous-mêmes , où il ordonne «e quenovis ievons saire. Aiasi le Verbe et le Sils unique de Dieu sort du sein de (on Pere , ou il a cic engendré d'une maniére que nul ne peut exprimer, déclare (es pensées , et exécute sis dessèins. L'usage de la parole cil extrêmement utile aux hommes. Cette,parole srappe les oreilles, mais l'esprit qui la produit, ne peut être vu. La tres-parsaite parole de Dieu , qui est le souverain Seigneur de l'Umvers , n'est point sorméeparle Bîoqvemem'des lévres ,et par l'agitation de l'air. Ellenecousiste point en syllabes, mais elle est vivante et essicace. Elle subsîste personnellement. Elle procéde de la Divinité et de la Roiauté du Pere , et elle esl: sa puisTance Si sa sagesle. Elle est ' la bonne production d'un bon Pere. Elle conser-r vegén<sr aie oient toutes les créatures-, se répan4 au milieu de toutes, les éclaire par sa lumiére , les conduit par sa railon, les anime rarsavic ,5c le communique non seulement à celles qui sont proches , mais à celles qui sontéloignéss : non leulement à celles qui sont séparées de uous , par la vaste étendue des terres et: de» mers , mais auûT à celles qui sont dans une autre sphere que celle que nous .habitons> 11 leur a assigne à toutes des places , preserit des bornes y et imposë des loix avec une parsaite équité , et une souveraine puissànce. Il a mis les unes au desliis du Ciel,les autres dans l'air , et les autres sur la terre. 11 transsere quelquesois les hommes d'un lieu à un autre, examine leurs actions et les punitoules récompense avec une tres-exatte justice. Il sournit des vivres en abondance et aux hommes, et aux animaux quiHèrvent à l'uetge des hommes -, 11 n'accorde à ceux ciquelajouislance d'une vie sort courte , au. lieu qu'il communique aux autres l'iroortalitç', M 4 Ensin Ensin il exécute et consomme-tout comme le Verbe Eternel et insini. Il est prelent en tous lieux par (on immensité, Si se répand par son operation continuelle dans toutes les parties de l'Univers. Il a les yeux sixement arrêtez sur son Pere pour recevoir les ordres par lesqueH il:gouveme les creatures inserieures qui ont été produites depuis lui. Il est comme le milieu entre les Publiantes qui ont en un commencement, et lé Pere qui n'a point éte^ engendré. Il est te nœud qui unit ces deux termes sie/oignez, Se qui'empêchequ'ils ne Ce separent. Il-estla providence qui veillé sur tbur, et qui a soin de tout. H est la puislànce et la sagesle de Dieu. 11 est le Sils unique de Dieu, et le Verbe
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Uau' c'ui Proce^e de Dieu, c^su commencement étoit le.

ik.*". Verbe, CT le Verbe étoit en Dieu, et le Verbe étoit Dieu. Toutes choses ont été saites par lui, et rien n'a été suit sanr lui. Comme disent les Théologiens. Il est comme le'jardinier qui arrose toute la nature , et qui renouvelle (ans celle sà beauté et là vigueur. Il est le Pilote qui tient eu main le timon' du mortde,: et' 'qui conduit ce vaste vai slcau selon l'intention et le commandement de son Peis. Dieu le Pere dont la grandeur et la bonté sont insinies, l'a engendré de sa propre substance comme un excellent Sils , et l'a donné au monde cbnjme un riche preseirt. Il l'a répandu comme une ame dans Tes corps qui n'avoient point d'ame , et l'a communiqué conime une r'aison aux esprits qui n'avoie'nt pas la raisoriv Nous devons le regarder dans la matiére et dans les élémens, comme le principe de la génération des animaux , et le consid'ércr dans les substances spirituejles , comme ta lumiére qui les éclaire en qualité d"e terme d'un entendement insini. Bien qu'il soit unsçjue parcequ'il procéde d'un Pere umque , il ne laslsc pas d'avoir plusieurs sacultezetplusreurspuislances-. Le monde est composé de plusieurs parties ; , ''" ', ,- mais

mais il ne saut pas s'imaginer pour cela, qu'il soit sorti de plusieurs principes. H y a uneâiversite prodigieuse de créatures. Il ne saut pas pourcela. admettre la pluralité des Dieux. Ceux qui out adoré plusieurs Dieux , sont tombez dans une erreur tres-grossiére comme des eusans qui n'ont que l'ignorance,et l'indiscrétion en partage,quand ils ont mis certaines parties du monde au rang des Dieux , et. que du monde qui est unique, ils en. ont voulu saire plusieurs. Si quelqu'un ne regardant dans-l'homme que les yeux . disoit qu'ils sont l'homme, ou si ne regardant que les oreilles 01» la tête, ou Testomach , les piés, les mains, et. les autres membres , il en disoit la même chose, ou ensin si considérant séparément les sacultez sensitives, il divisoit un homme et en saisoit plusieurs , il est certain qu'il se reudroit ridicule. Ceux-là ne le sont pas moins -, qui de plusieurs parties du Monde sont plusieurs Dieux , ou qui croient que le Monde qui a été crée, et qui est composéde plusieurs parties , est un Dieu , et qui ne sàuroient comprendre qu'il est impossible que la Nature Divine ait des parties. Si elleétoitcompose'e de parties, elle auroit un principe de composition ::et. si elle avoit un principe de composition , elle. ne. conserveroitplus l'indépendance ni Impersection d'une Nature Divine. Aiant des parties inégales , elle en auroit de plus parsaites et de moins parsaites. La Nature Divine est donc simpleet indivisible, également exemte decompositionetdedivision , et insiniment élevée au dessiis des objets qui tombent sous nos sens. Voila pourquoi le Héraut de la vérité crie à haute voix , que le Verbe de Dieu est avant toutes choses, et qu'il conserve seul toutes les créatures raisonnables. Le Pere étaijt le Principe de toute génération, l'Auteur de tous les êtres, est appelé proprcmeut le Pere de son Verbe unique. Il n'y a M 5 qu'un
qu'un Dieu, et qu'un scul Sils, et un seul Verbe de Dieu , qui (e répand dans toutes les parties de l'Univers et qui les conserve. Le monde teusible est comme un instrument de Musique.Les parties qui le composènt,et qui ont des qualitez si disserentes,. la chaleur, la sroideur , l'humidité, la séchere/îè, sbnt comme les cordes dont les unes sont sort bandées, et les autres sbnt sort lâches, dont les unes ont un son aigu , et les autres ont un sou grave , et qui toutes ensemble sorment une juite harmonie et un agréable concert en l'honneur du Créateur. Un corps n'est animé que d'un esprit, bien qu'il soit sormé de plusieurs membres ; de même le Monde n'est gouverné que par le Verbe , bien qu'il soit composé de diverses parties, et ce Verbe se communique et se sait sentir en toutes ces parties par sa vertu toute-puiïïante. Ne voiez-vous pas quelle est la disposuion de ce vaste Univers ? Ne vous appercevez-vous pas de la multitude des Etoiles qui sont attachées au Sirmament, et du nombre innombrable des Astres dont le Soleil essace la splendeur ? Ainsi il n'y a qu'un Pere, te qu'un Verbe. Un excellent terme d'un excellent principe. Que si quelqu'un se plaind de ce qu'il n'y a qu'un Pere, et un Verbe, il se pourra plaindre avec autant de raison, de ce qu'il n'y a qu'un Soleil, une Lune , et un Monde, et il entreprendra (s'il veut) avec la derniére extravagance, de renverièr l'ordre qui a été le plus sagement établi dans la Nature. Le Verbe Divin éclaircpar une lumiére intérieure toutes les substances intelligentes et raisonnables , comme le Soleil éclaire «l'une lumiére extérieure le monde sensible. Bien que l'ame de l'homme soit unique, elle ne laisle pas de produire quantité d'essets sort dissérons. Elle donne des préceptes et pour cultiver la Terre, et pour naviger les Mers : pour bâtir , Se des maisons, et des Vaisleaiix. Elle renserme un

grand
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tes aux Puislances qui sont au deslus du Ciel, aur purs Esprits , aux substances intelligentes et raisonnables , et les a enrichies par la participation de sa beauté , et de sa bon té, de sa lumiére, de sa ,,ic, de sa sagesle, et de sa sorce. Ensin il coirserve l'Univers", il maintient les Elémens , ilcomposê les corps naturels , il distingue les espéces , lcs sormes, -Si les sigures des plantes, des arbres, et des animaux , et sait voir >qae l'harmonie merVeilleuse du Monde est son ouvragé.' Chtp. Je croi devoir explique*maintenant les rai sons J3' qui ont excité ce Verbe Divin à décendre sur la Terre. Les hommes ne l'aiaiK point connu , bien qu'il Coit sorti du sein de ion Pere , comme* d'une source inépuisable pour soûtenir le monde par sà préserice, 8t pour y donner des preuves continuelles de sa Providence et de sa bonté ; ils sont tombez dans'un si étrange aveuglement, et dans une si déplorable extravagance, que de donner le nom de dieux au Soleil, et à la Lune , au Ciel, et aux Astres. Us se sont abbaissez jusques à rendre un souverain culte à la Terre, et aux sruits qu'elle produit ; et c'est de-là que sont venus les noms et les statues de Cerés , de Proserpine, et deBacchus. Leur superstition a été encore plus loin. Ils ont révéré leurs pensées 8r leurs -paroles. Ils ont donné à l'esprit le nom de Minerve ; au discours celui de Mercure ; aux sacultez par lesquelles on apprend les -disciplines et les sonces, celui de Monnoie et de Muses. En chérillaiu de jour en jour sur leur impiété , ils ont consaerd leurs pasiîons au lieu de les réprimer, et ont honoré sous le nom de Cupidon, de Priape, et de Venus, les mouvemcns les plus déreglez et les plus insames , par Icsquels la conenpiseence nous porte au plaisîr. Ils ont placé des hommes dans le Ciel aprés leur mort, et les ont mis au rang des Héros et des Dieux. Leur solie ne s'est pas terminée à ce point, '-' ^ -V. i/S

ils ont adoré diverses .sortes d'animaux, et entre autres les serpens les plus vénimeux lls.out coupé les arbres dans les sorêts , tiré les pierres des carriéres, sondu les métaux pour saire des stattes d'hommes , de semmes, de bêtes, etpour leur rendre en suite des honneurs divins. Ils ont déséré le titre- de dieux à des esprits impurs qui s'ctoicut cachez dans ces statuë's, et qui y receToient avec joie de l'encens et des sacrisices. Ils ont tâché de se rendre propices , par des enchantement et par d'abominables Cerémonies , ceî puislances invisibles qui volent dans l'air. Il saut néanmoins avouer qu'ils n'ont pu s'accorder dans le choix des hommes, ausquels ils ont attribué la Divinité. Les Grees ont préséré Bacchus, Hercule , Eseulape, Apollon. Les Egyptiens, ont reconnu Herus, Isis, Sc.Osiris; et quoi qu'ils se vantent d'avoir inventé la Géometrie , l'Astronomie et l'Arithmétique, ils n'ont pu appercevoir la d-istance qu'il y a entre la basleilt- de l'homme et l'élévation de Dieu, Se ont respecté les plus sàles et les plus mêprisables espéces des animaux, les plus dangerenses et les plus terribles, comme si elles avoient eu quelque choie de Divin. Les Phéniciens ont dreslé des Autels à Melcatare , à U sore , et à quelques autres hommes encore moins (Çnnsidérables. Les ArabesenontdresTéàDusare et à Obodas. Les Gétes àZamolxis, les Ciliciens à Mopstus, les. Thébains à Amphiaraiis, et d'autres peuples à d'autres quin'avoient rien au delias de notre nature. Les Egyptiens, les Phéniciens , les Grees, et presque toutes les Nations qui sont éclairées des raions du Soleil, sont convenues de xendre un culte religieux aux élémens et aux biens que la terre produit pour nôtre nsage ou pour nôtre plaisir. Et ce qui est plus surprenaut, quoi qu'ils avouent que ces dieux-la se sont souillez de toutes sortes de débauches, qu'ils ont enlevé des M 7 semsemmes, et commis avec elles des adultéres , ils n'ont pas laissë de remplir les Villes et la Campagne de leurs sKuues, et de leurs Temples , etd't miter leurs débordemens. On le? entend sburent,. qui en parlant des ensans de leurs dieux,. les appelait des Héros , et d'heureux Génies. Mais si l'on. examine ces termes, on trouvera qu'ils sont diverscment opposez à la vérité. Ils rciiembleut à peu prcs à ceux qui voulant montrer à d'autres le Soleil et les Altres, abbaisleroient leurs yeux et leurs mains-vers la terre. Ainsi les hommes trompez par leur propre malice , et par l'artisice des démons, se sont sausTement persuadezque la Nature divine, qui est insiniment plus élevée-que le Ciel, consïitc dans des coips iujctsàlanaillance et à la mort, et à un grand nombre d'autres soi* blesleset d'autres milcres. Ils sont montez à cét excez d'extravagance, que de leursacrisicrleurs ensans, et d's'gorger aux pies de leurs statues un sils unique qui leur «oit sort chei. Quelle plus etrange sureur, que d'immoler des hommes, que de souiller sa Ville Se. sà maison du iàng de ses proches?-Les Grecs ne sournisient ils pas des exemples de cette monstrueuie impiété, et leur.HiA toire n'en est-elle pas remplie ? Les Phéniciens sa* erisioient tous les ans à Saturne les enràns qui leur croient d'autant plus chere , qu'ils étaient uniques. Les lubirans del'Isle de Rodessacrisioient des hommes au même dieu, le smême jour du mois Métagimion. C'étoit autresois une coutume à Salamine, qu'un homme tournoit trois sois autour de l'Autel de Minerve et de Dioméde, pendant que le* aurres le poursuivoient, que- se Prêtre luiensbncoit ensuite une lance dansl'estomach, et le bruloir sur un bucher.- Il n'y avoit «ien de si commun en Egypte que. ces cruels sacri'sices. On immoloit autresbis trois hommes chaque jour à JuiKjn dans la Villed'Héliopole. Le
Roi Amosis décestant avec raison une si inhumame coutume , ordonna que l'on immoleroit trois hommes de cire , au lieu d'en immoler de véritables. Dans l'Isle de Chio, et dans celle de Téuéde, on sacrisioit un hommeàBacchus. ALacédémone on en sacrisioit un à Mars. En Créte on en sacrisioit un à Saturne. A Laodicce Ville de Syrie, on sacrisioit tous les ans une sille à Minerve, maintenant on uelui sàcrisie plus qu'une Bi, ehe. Les habkans d'Asrique et de Carthage répandent auAl le sang des hommes, pour se rendre les dieux savorables. Les Dumaténiens peuples d'Arabie , avoient accoutumé d'égorger tous les ans un ensant, et de l'enterrer sousl'Autel. L'HistoiK sait soi que les Grees ne partoient jamais de leur pais pour aller à la guerre , qu'auparavant ils il'enslent immolé un nomme. On dit que les Thraces et les Scythes oblcrvoient la même coutume. Les Athéniens témoignent eux-mêmes , que les silles de Léc, et la sille d'Eryctée, ont été sacrisiées parmi eux. Chacun sait que l'on immole encore aujourd'hui à Rome un homme le jour de la sête du Jupiter du Latinm. Les plus célébres d'entre les Philosophes ont consirmé par leur témoignage la vérité de ce que j'avance. Diodore qui a sait un abrégé des Bibliothéques, rapporte que les Asriquams immolérent à Saturne deux cens jeunes hommes des meilleures samilles, et que les peres en ossrirent jusques à trois cens autres pour être immolez. Denys l'un des plus sameux écrivains de l'Histoire Romaine , ass'urc que Jupiter et Apollon demandérent aux peuples qui habitoient autresois au lieu où Rome a éte depuis sondée, et que l'on appelloit Aboriginés , qu'ilssacrisiaslentdes hommes; que ces peuples n'aiant ossert que les premiers de leurs sruits, ils surent accablez de toutes sortes de calamitez , qui oc ecssêicnt qu'aprés qu'ils se surent dé

cimez. cimez. Cette décimation désola extrêmement le païs. Voila une sidéle image des malheurs sous la pésanteur dcsquels les hommes gémissoientenv ce terns-là. Toutes les Nations étoient agitées par le démon, et ébranlées pas des séditions si surieuses , qu'elles rie consèrvoient plus entre elles aucune société. Elles étoient tellement aigries les unes contre les autres, qu'elles ne quittoient poinc les armes. Les laboureurs les retenoient en cultiTant la terre, et avoient un plus grand soin d'erv acheter, que d'achéter les instrumens qui servent à l'agriculture. Ils croioient que c'étoit une sort belle action que d'enlever le bien d'autrui, et de charger de chaînes des personnes libres. Les Sables qu'ils avoient inventées touchant les débauches de leurs dieux , ont autorite leur licence. Ils ont violé toutes les loix de la Nature, et l'ont outragée par les plus moustrueuses abominations. Les hommes remettant l'alliance des deux séxes qui est selon la Nature, ont été embrasezd'un desir brutal les uns envers les autres, et ont ainsi reçu en eux-mêmes la juste peine qui étoit due à leur erreur et à leur impiété, comme parle l'Ecritu*£ re. Ils ont nié la Providence, et ont attribuéau Rom. hazard', à la nécessité , et-àladestinée, la pro«*, '-HticT:ionet le gouvernement de l'Univers. S'étant persliadez que la sin de heur corps seroitaussi celle de leur ame, ils ont- mené une vie semblableà celle des bêtes, sans attendre le Jugement de Dieu, lànsespérerderécompense , sans appréhender de châtiment. Des peuples entiers ont été sujetsà une essroiable corruption. Quelques-uns ont commis des inccstes avec leurs' meres, d'autres avec leurs sœurs , et d'autres avec leurs silles; Quelques-uns ont coupr la tête aux étrangers qui arrivoient en leur païs. Quelques-uns ont mangé des hommes, et il s'en est trouvé qui ont étianr glé leurs peres lors qu'ils étoient dans uue extrême

aie vieillesse , et qui les ont en suite mangez. D'autres au lieu de les tuer pour les manger, les omexposez tous vivans. aux chiens. Je n'ai pas aslez de loisîr pour décrire tous les sympcômes de la suneste maladie qui s'étoit alors emparee dugente humain. Je me contente de dire qu'il étoit tourmenté par un grand nombre de semblables maux qui donnérent au Verbe de Dieu des lèntiniens de tendresîe et de compassion pour des sujets.quoi que rebelles, et le portérent àsusciter premierement des Prophétes, et ensuite des hom.' nies éminensen saimeté et en vertu , qui poséient les sondemens de la véritable Religion. Mais comme le gente liumaiu étoit engagéen des erreurs déplorables , et cxpose à la sureur non des b-'tes cruelles, mais des démons qui ne respiroieot que sa ruine ; le Verbe. jugea que de si extrémes maux avoient besoin d'un iecours tout putslant, et suivaut les.intentiohs de son Pere, déceniiit sur la terre-. J'ai déja expliqué les motiss de son avénement. Il n'a pas agi consormément à la majeité de sàNature divine, quand. il s'est rendu viilîble , et qu'il aconrersé samiliéremeul avec nous. Auparavant n'aiant point de corps, il étoit par sort immensite dans le Ciel et sur la terre , et y saisoit éclater par ses œuvres la grandeur de sa puisTance. Il a pris depuis une méthode toute extraordinaire. Il s'est revêtu d'un corps pour consérer avec des. hommes corporels. r à dcslèin de les sauver.. Je m'arrêterai un- peu en. cét endroit, pour exposer les raisons de ce Mystére, et pour déduire les motiss qui ont porté le Verbe invisibl e à.se rendre. visible.

La Nature Divine qui étant spirituelle ne peut ehsp. tomber sous les sens, pouvoit-elle k manisertec '+' aux hommes d'une autre maniére , qu'en prenant: an corps scnsible et palpable ? Il n'y avQJtpoim de moien plus convenable de s'accommoder à nôtre

trcsoiblelle. H saloit Ce rendre semblable à non» pour cotiverser Btcc nous, puisqu'il n'y a rien qui nous pluie si sort, que ce qui nous est se mblable. Le Verbe s'est montré d'une maniére grossiéreSc sensîble actes hommes charnels , qui.ne et cotiduisoient que par lesions, et qui cherchoicnr la Divinite dans des Corps, dans des statues insentîbles, et dans les ouvrages de leurs mains. Le-Verbe Divin s'est sait un corps comme un insiniment donc il Ce voulait servir pour accomplir l'ouvrage de nôtre Redemption, comme un Temple qu?iivouloit consaa ci- à la gloire de son Pere , comme un Palais oùil desiroitloger la SagesTe , comme une Statue vivante , et insiniment plus excellente que celles que les Paiens ont adorées. Celles-ci n'étant «ue d'une matiére insensi ble, de cuivre, de ser,. d'or , d'y voire, de bois, de pierres, et n'étant taillées on jettées en moule que par des hommesqui n'ont que la soiblellc et la miïére en partage ; elles sont sort propre» à servir de retraite ides espries aussî impurs , et anssï insames que sont les démons. Cette Statue qui a été saite par la Sagesîèi Divine est pleine de vie et d'esprit telle renserme toutes les ver tus et Dieu même. Le Verbe l'atant choisie comme un Instniment par lequel il pouvoit se communiquer aux hommes, ilnes'esVpas aslujetti à toutes les impersections de leur nature. Il ne s'est pas rensermé dans sou Corps,de la mémosorte que les ames des hommes sont renserméesdans les corps qu'elles animent. Il n'a rien perdu de là grandeur en se saishnt homme. Sa Nature Dû vinc est demeurée Spirituelle Se impassible quand il s'est joint à la Nature humaine, de la même sorte que le raion du Soleil demeure pur et incorruptible , quand il touche la bouc, et la corruption. Le Sauveur commun de tous les hommes a répandu de la sorte ses graces, et a procuré le (aÙk de la Nature corrompue par le peché. Il s'cst servi de son Corps pour opérer ces guéris bus miracaleules, comme un Musîcien se sere de sa lyre pour saire paroître l'excellence de son art. Les Grees rapportent dans leurs sables, qu'Orphie adoucit autresois par (ès chantons les bêtes les plus sarouches. On dit communement parmi eux, qu'un Instrument inanimé eut la sorce de changer le naturel des animaux, et de transporter les arbres d'un lieu à un autre, et le peuple est allez simpie pour croire des contes si incroiables. Le Verbe de Dieu qui sait une musique et une harmonie insiniment plus excellente, aiant resolu d'apporter un reméde salutairc aux maladies de l'homme, quelqu'impliquées qu'elles saillent, prit eu main un Instrument que sa Sagesle avoit inventé, un Corps et une Ame,et touchant cét Instniment avec une adreslc nompareille , il enchanta non les bêtes , mais les hommes , apprivoisa les Grecs et le* Barbares, et donna leurs pallions. Comme ils étoient malades d'une vieille maladie qui le»r sarsoi t chercher la Divinite en des Natures corporel. les et sensibles, il les guérit par un reméde specisique , en leur montrant le vrai Dieu dans un hornSie. N'aiant pas moins de charite' pour les corps que pour les ames, il opéra des guérisons miraçuleuses. Il enseigna une doctrine celeste,. et sit par le moien de l'humanité à laquelle il s'étoit uni, tout ce qui étoit néce slaire pour prouver U Divinité. Il accomplit ces Mystéres sui vaut la volanté et L'intention de son Pere, demeurant toujours immatériel et incorporel, comme il étoit auparavant, sans soussrir aucun changement dans sa. substancc, sans rien perdre de l'excellence de sa Nature Divine, sans Ce rensermer dans l'étendue du corps qu'il avoit pris volontairement. Car bien qu'il sut dans leCorps qu'il avoit pris pour convericr avec les hommes, il remplislbit tout le monde par son immcnsité, il repoioit dans le Jcuj de sort
- Pere, et prenait soin de tout ee qui-se pallbit dans k Ciel et sur la Terre. Il n'étoit point rensermé, comme nous, dans un petit espaec , et ne trouToit aucunbbstacle aux Heslcins de sa puillance. Il communiqua ses persections à la Nature humailie , sans secharger de ses désauts 11 ne contracta aucun péchéen iuulTai;t,et ne soussric aucune douleur en mourant. Quand la corde d'une lyie- le romt, le Musicien qui la touche n'en sent aucun mal. Quand le corps d'un hom mesageettexposé aiu tourmens, la sagelle ou l'ame même qui est dans le corps n'est pas tourmentée. Elle-n'estni entamée par le ser, ni brulée par le seu. S'il est permis de répéter l'exemple dont je me luis déja. strvi, le Soleil nesesalit point quand il répand ses ratons siir le sumier et sur la boiie. Ces sales matiéres reçoiventl'impression de la lumiére, sans lui rien lai/Ser de leur insection. Quand le Verbe Divin qui est la vieeslentielle, et une lumiére suirituelle, touche quelque chose, il la rend vivante et intelligente. Quand il touche un corps il le rend sain , et le délivre de toutes les indisposition» <sui pourroient altérer son tempérament Ilsoulageladisêttedescréatures, et subvientàleursbesoins. Voila pourquoi il a assecté pendant tout le cours de sa vie-, de saire paroîrre qu'il avoir un corps'sujet aux mêmes soiblesTes S: aux mêmes insirmitez que les nôtres, et dé donner d'un autre côté des preuves convainquantes de sa Divinité par la grandeur de (es Miracles!, par la clarté de Ces Prophéties , parla sorce de sa Prédication , et par la maniére toute Divine dont il exhortoitses auditeurs à se rendre dignes de la demeure qui esir préparée dans.le Ciel aux ames saintes. - Que me reste-t-il maintenant, si ce n'estde rapportst les raisons de la principale et de la derniére action de sa vie , du gen re de sa mort dont on parle tant, et du miracle de sa Resurrection ; et d'a,

jouter

jourcr les preuves certaines et convamquantes de ces Mystéres? Le Verbe de Dieu aiant pris pour les r.usoits que nous avons dues , un Corps mortel comme un Instrument sort propre à l'accomplit /èmentdesesdesTeins, il s'en est servi d'une maniére convenable à là divine PuilTance. Que si «prés avoir conversévisiblement avec les hommet, il ctoit disparu tout d'un coup, et avoit dérobé ion corps à la violence de ses persécuteurs, pour le lailler mourir dans un autre tems d'une mort naturelle , tout le monde l'auxoit pris pour un phantôme. Il n'auroit pas lui-même accompli de cette sorte ce qu'il -desiroit d'accomplir : car étant la pu iliai icc de Dieu , il auroit sait paraître dela sbiilesle, et étant la vie, il auraitabandonneson corps à la mort. Il n'auroit pas termine par un •combatlivré à la mort, les entrepnses qu'il avoit saites contre le démon. On n'auroit point su où il le scroit retiré, et ce que l'on enauroitpu dire n'auroit point trouvé de créance dansTelprude ceux qui n'en auroient point été témoins. Il ne seroit point constant qu'il eut un pouvoir absolu sur la morij, ni quïlcut délivré la Nature humaine de sà tyrannie. Jamais sa doclrine n'auroit été recue par toute la terre. jamais il n'auroit persuadé à lès Ditciples de nupriser la mort, ni d'espérer une autre vie. Jamais il n'auroit accompli ni ses promesTes ni les prédictions des Prophétes. Ensin jamais il n'auroit donné le dernier combat qu'il gagna contre la mort. Voila les raisonspour Icsquelles, aprés qu'il a accompli par le umusLrc de K,u Corps, les desl'eins qu'il s'étoit proposez , il a permis qu'il ait été détruit de la maniére dont il l'a éte'. Il lue pouvoit terminer sa vie qu'eu l'une de ces deux saçons, ou en abandonnant entiérement son Corps à la mort et à la corruption , ou eu le retirant du sein de la mort et de la corruption même , et eu le rendant immortel et incorruptible.

U La premiére saçon était contraire et à ses promelses, et à sa grandeur. Ce n'est point le propre de la vie de donner la mort, ni de la souveraine raison d'agir au hazard comme ce n'est point le propre du seu de rasraîchir, ni de la lumiere d'aveugler. Comment celui quiavoit promis l immortalité à ses sectateurs, auroit-il livré à la mort l'Iustrument de ses combats et de ses victoires , II saloit donc qu'il terminât sa vie de l'autre saçon. Mais la devoit-il terminer en cachette et comme à la dérobée, ou en public et à la vue de tout le inonde ? Une action aussi importante que celle-là seroit demeurée inutile, si elle avoit été secréte ; au lieu qu'elle devoit être tres-utile étant publique. II a eu donc raison de ne point éviter la mort, puisq .t'en l'assrontant il a triomphé d'elle à la sace de toute la Terre. S'il l'avoir évitée, il auroitsait paroîtrc ou de lasoiblesleou delacrainte. Mais en la combatant, il a procuré l'immortalité à un Corps qui de saNature étoit mortel. Si quelqu'un vouloit saire voir qu'un vase a la sorce de résirter à l'activité du seu, il saudroit qu'il le mit dans un brader, et qu'aprés l'y avoir laisle quelque tems, il l'en retirât aussi entier qu'il l'y auroit mis. C'est ce que le Verbe Divin a sait quand il A voulu montrer que l'Instrument dont il s'étoit servi pour travailler au salut des hommes, étoit plus puislant que la mort.il l'a abandonné pour un peu de teins, pour saire voir que de sa nature il étoit morccl.puis l'aiant retiré d'entre les mains de la mort , il l'a rendu immortel, et a montré que la vie qu'il promet est égale à l'Eternité. Il saloit que sès Disci1 pies pour mêpriser la mort, vislent un exemple de la Résurreétion dans laquelle ils mettoient leur espérance. Que si ce gage et cette aslurance de la Tic suture étoit néceslaire à tous ceux qui embrat soient sit doctrine, elle l'étoit encore plus à ceux •qui la de voient publier,puis qu'ils devoient moins

appréapprehender la mort que les autres , et s'exposer avec une courage intrépide aux violences desldoJatres. C'est pourquoi le Verbe nes'est pasconteutc de leur saire des discours touchant l'immortalite'; H leur a montré les dépouilles qu'il avoit {emportées sur la mort, et les a convaincus par leurs propres yeux de cette vérité, que la mort qui .paroît si sormidable n'clt rien. Il avoit encore une autre rai sou de resluicircr, pour saire éclater la puislance de la Nature Divine, qui avoit été comme cachée sbus ie voile de sou humanité. Comme les hommes avoient consàcré d'autres hommes aprés leur mort, et les.avoient mis au rang des Héros et des Dieux, le Verbe de Dieu eut la bontc de les desàbuler, en leur découvrant le pouvoir qu'il exerçoir sur la mort, et que nul autre x]ue lui n'avoir jamais exercé. Voila pourquoi aprés que son corps eut subi cette loi, il lui rendit là vie, Se le sit paroître comme un trophée, et comme va sigue de savictoire. Jepourroisrap- •«'• porter une troisiéme raison pour laquelle le Verbe a bien voulu mourir. C'est qu'il étoit comme une victime osserte à Dieupour la rédemption du gente humain , et l'extirpation de l'idolatrie. Depuis que cette victime tres-pure et tres-sainte eut éte'immolée au souverain Seigneur de l'Univers, au lieu de tous les hommes qui avoient mérité la mort par l'impiété du culte qu'ils avoient rendu aux démons, la pnislaiwe des esprits impurs a été détruite, et l'erreur abolie. C'estlavictimequia eté choilie entre les hommes, et qui a été sacrisiéc pour le sàlnt de tous les hommes. C'est d'elle dont l'Ecriture parle, quand elle dit : Pso'it/'t^-EnS. gneaudeDieuquiôtelespéchezàumonde. Et dans un J««£ autre endroit : II sera mene à la mort comme une bre- is,V kl tpton va. égorger. Il demeureradans lesilencesàns Ott- «t.) j. •vrir in bouche , comme un agneau esi muet devant celui . qui le tond. Elle en rend la raison quand elle ajoute i

te : II i pris véritablement noslangueurs ster lui, ET il s'tsl chargé lui-même de nos douleurs. Le shâtiment qui nous devoit procurer la paix eiî tombé surlui, (y nous avons eté guéris par ses meurtri/Jures. Nous-wm étions tous égarez comme des brebis errantes. Chacun l'étoit détourné pour suivre sa propre voie , O" Dieu l'a tkargé lui seul de l'iniquité de nom tous.

Le Cocps auquel le Verbe s'étoit uni, sut im«lolécomme ane victime, pour les raisons que je Tiens de dire. Mais parce que ce yerbe étoit distingué de la victime , qu'il étoitJc ibuverain Pontise, la parole de Dieu , lasagesîe, et la puislance du Pere , il retira bien- tôt ce Corps d'entre les bras de la mort, et le remplit d'une vie nouvel/e, comme les prémices de nôtre rédemption , comme des dépouilles remportées sur le démon, comme une expiation des sàcnl.ges commis contre lui par les peuples Idolatres.

«hap. Il est terns maintenant de produire les preuves '*• de ces véritez, si toute-sois des véritezaussi évidentes que celles-là , ont belbin de preuves. Je vous supplie de les ecouter avec vôtre attenrion ordinaire. Les peuples étant autre-sois répandus en divers païs , et sournis à dissérentes sormes de gouvernement -. entrérent en guerre , et ruinérent le païs les uns des autres. C'est de-là que sont venus les évenemens si surprenans qui sont renser- mez dans leurs Histoires , les enlévemens des semmes, et les adultéres, le siége et la ruine de Troie,et d'autres accidens tragiques,que l'on peut attribuer ssàns se tromper) au culte de plusieurs Dieux. Mais depuis que l'Instrument denôtresalut, que l'humanite du Sauveur dont lapuisTance surpalioit la malice du démon , et dont la saintelé étoit tres-éloignée de toute action et de toute parole inscctée du moindre pêché, a été e'levée comme un monument de la désaite des ennemis invislbles, et comme un rempart allure contreleurs incursions, toutes leurs œuvres ont été dit sïpées. Les Etats dont le gouvernement étuitsorc dissérenti ont été détruits au même tems, et on n'a plus vu de Toparchies , de Polycraties , de Monarchies, de Républiques , de Démocraties, ni de guerres, de déslations, ou de siéges , comme l'on en avoit vu pendant que châque peuple Ce conduirait selon l'une de ces sormes. L'unité de Dieu a été prêchée, la Majesté de l'Empire reconnue , et la haine invétérée des Nations assbupie. La paix a été solidement établie sur la terre, dés que le vrai Dieu y a été adoré, que la doctrine du Sauveur y a été reçue, et que l'Empire Romain a été gouverné par un seul Prince. L'autorité de l'Empire , et la saintete de la Religion, ont été comme deux sources d'où Dieu a sait couler des sleuves de prospérité et de bon-heur. Avant ce tems-là chaque païs étoit sous la domination de divers Seigneurs. La Syrie relevoit de la pui slance d'un Prince, l'Asic de celle d'un autre , et la Macédoine d'un autre. L'Egypte avoit été usurpéc par un Seigneur qui y commandoit avec un pouvoir absolu. L'Arabie avoit eu un sort tout pareil. La Palestine étoit réduite à l'obéïslance des Juiss. Les habi tans de châque Ville et de chaque Bourg etant comme transportez de sureur , et comme agitez par le démon, ne reipiroient que les armes. Mais deux grandes pui siances, l'Empire Romain, et la Religion Chrétienne aiant paru en un même tems , ont appaisé la sureur de ces Nations ; la doctrine-du Sauveur a ruiné la Polycratie des démons, et la multitude des Dieux , en annonçant aux Grecs, aux Barbares, et aux Nations les plus reculées, la Monarchie du vrai Dieu. L'Empire Romain a réuni les peuples en les asTujettisTant, et d'ennemis qu'ils étoient les a rendus amis et alliez , en aboli sTant un grand nombre de petis Etats, dont les intérêts dissérons étoient une Tom.I.Part.lI. N source

sourceinepuisable de haines et d'inimitiez conti.nuellés'. Il a deja réconcilié .en tres-peu de tems p'lusieurs peuples. II embrasTera bien-tôt les plus eloignez, et s'étendra jusqu'aux extrémicez de là terre à la saveur de la doctrine celeste de l'Evangile , qui rend l'exécution de toutes ses eutreprilesaisées. Quiconque .considércra iàns préoccupation de si grands événemens i avouera qu'ils sont tout-à-sait merveilleux. En un même tems l'erreur a été convaincue, la superstition abolie, la guerre éteinte, la paix rappelée , l'unité de Dieu reconnue , la Majesté de l'Empire Romain établie. Tous les hommes ont commencé alors à s'embrasler comme des ensans nez du même Pere qui est Dieu, et de la même Mere qui.estl'Eglvle. Le monde n'a plus été qu'une samille dont tous les membres étoient unis par une parsaite intelligence. Tous les peuples.ont voiagé en sureté .d'Orient en Occident., et d'Occident .en Orient, selon les anciennes Prophéties qui ontétésaites A a; touchant le Verbe. Sa. domination, dit l'Ecriture, ss- ' s'étendrndepnisunemerjnsqu'àl'iutse mer; et depuis ' "' le sleuve jusqu'aux extrémiteïdu monde. Lesjustesjuurirott sous sonrégne , lapaixy régnera avec abondance. istïe Dans un autre endrôit.elle dit ce qui suit. Ikjargestt' *'ront de leurs épées des socs de charrue et de leurs lances des saux.. Un peuple ne tirera plus l'épée contre un peu• pie, et ils nt s'exerceront plus Àcoriibattret un contre l'autre. Il y a plusieurs siécles que ces Prophéties .ont été écrites en langue Hebraïque, et l'accomplilTement que nous en avons vu en nos jours en .consirme la vérité. Que si vous delirez d'autres preuves, au lieu d'attendre de moi des paroles, sousidérez les choses mêmes. Ouvrez les yeux de vôtre espnt, saites reslexion sur vous-même, initctrogez-vous, et vous demandez quel Roi ott .quel Prince, quel Philplbphe , ou quel Légistaquel Prophéte, Ibit Grec ou Barbare, a jamais aquis un si ablolu pouvoir , et une si haute réputation, que de saire publier Tes louanges durant la vie, par la bouche de tous les peuples ? Nôtre Sauveur a sans doute eu seul cét avantage , tors qu'aprés avoir vaincu la mort, il a dit à ses Diseiples : cillez enstigner toutes les nations en mon 5, nom. Il leur a prédit que son Evangile seroit pu- Mttk. blié par toute la terre, et a accompli incontinent ch'lS' là prédiction. Ceux qui condamnoient le commencement de mon diseours dans le secret de leur cœur peuvent-ils reprocher ce témoignage que leurs propres yeux rendent contre eux-mêmes? Qui est-ce qui a exterminé la troupe pernicieuse des démons qui dévoroient depuis plusieurs siéeles tous les peuples, et qui leur imposoienc par les mouvemens qu'ils imprimoient aux statues , Qui est-ce qui a donné à ceux qui observent sidélement les préceptes de nôtre Religion , le pouvoir de chasler par leurs priéres les restes de ces esprits impurs ? n'est-ce pas nôtre Sauveur ? Y ' a-t-il quelqu'aurre que lui qui ait enseigné à sès seûateurs à ossrir des sacrisices raisonnables , et non sanglaus, qui ne consistent qu'en la pureté des priéres , et en l'invocation du nom de Dieu ? Qui a élevé par toute la terre des Eglises et des Autels , et établi de Saints Ministres pour ossrir à Dieu seul des Sacrisices spirituels ou l'on ne répand point de saug, od l'on n'allume point de seu, on l'on ne sent point de sumée ? Qui a aboli les immolations cruelle; et meurtrieres qui étoient eji usage parmi toutes les Nations ? Les Histoires des Paiens témoignent que la coutume d'égorger des victimes ne sut abolie qu'au cems du régne de l'Empereur Adrien. La puiHance du Divin Sauveur aiant éclaté aprés sa mort par des miracles si évidens, y a-t-il encore quelqu'un assez opiniâtre pour revoquer en doute la vérité de sa XcTuriedion. ? Les grandes actions que nous N i voions

voions de nos propres yeux, sont des ouvrages qui ne peuvent appartenir qu'à des personnes vivantes, et non à des personnes morres. Jugeons par les choses cjue nous voions , de celles que nous ne saurions voir. Il n'y a que deux jours que l'iusolence et la sureur des impies troubloit la tranquillite' publique , et saisoitde tout l'Univers un suneste théatre de consusion et de desordre. La sin de leur vie a été aussi celle de leur réputation, sc depuis qu'ils ont été enlevez du monde, leur nom a été' en horreur. Voila l'état où la mort a réduit les hommes. On ne considére point ceux qui ne sont plus, parce que ceux qui nesontplus ne peuvent rien saire. Que si quelqu'un agit, et qu'il .agisle avec un pouvoir plus absolu que ceux gui vivent, comment pourroit-on croire qu'il ne seroit plus ? Il est vrai qu'on ne sauroit le voir par les yeux du corps. Mais l'esprit a beaucoup de connoislances qu'il n'aquiert pas par le ministérc des yeux. Jamais personne n'a rien vu des préceptes des sîences. Jamais personne n'a vu ni son ame, ni la nature de Dieu. Ce sont des substances qui ne se sout connoître que par leurs opérations. La puislance du Sauveur étant invisible de la même sorte, on ne peut juger d'elle que par les œuvres qu'elle produit. Il saut examiner si les illuslres exploits qu'elle sait encore aujourd'hui sont les exploits d'une personne cjui est , ou d'une personne qui n'est plus, ou plutôt si ce n 'est pas la. derniére extravagance de proposer sérieusèment cette question , etd'en temoigner le moindre doute. Comment attrihueroit-on des actions si merveilleuses et si éclatantes à une personne qui ne sçroit plus, puisque du consentement de tout le monde , il saut être pour agir ? Les morts sont en cet état, et ceux qui vivant sout en un état tout contraire.

,chtP. Consldérons maintenant les glorieux exploits

que que le Divin Sauveur a entrepris, et exécutez en. nôtre rems, et voions si ce ne sont pas les exploits d'un Dieu. Quelqu'un demandera peutêtre quels sont ces exploits. Je vous les expliquerai si vous avez agréable de m'honorer de vôtre attention ordinaire. Il n'y a paslong-tems que les ennemis de Dieu onteui'insolence de tirer contre lui les traits empoisonnez de leur langue impie, de prendre lés armes pour démolir (es Eglisès , et pour reivverter (es Autels. Mais il les a chatiez. II les a enlevez au milieu de leurs délices ; et en les privant de la vie , il les a privez de l'autorité souveraine , et de tous les honneurs qui l'accompagnent. Dés qu'ils eurent pris les armes contre lui, et qu'ils se surent rangez en bataille sous la conduite des saux Dieux qu'ils adoroient, ils surent désaits et contraints de prendre la suite, d'avouer là Divinité de celui qu'ils avoient si témérairement attaqué, et de permettre l'exercice de nôtre Religion, qu'ils avoient interdite sous des peines tres-rigoureuses. Le Sauveur éleva à l'heu- ' re-méme dans toutes lés parties de la terre des monumens de sa victoire. Il remplit les villes , la campagne, et les païs les plus deserts , d'Eglises consacrées en l'honneur du sculRoi, etduseul .Seigneur du monde ; Et c'est pour cela qu'elles portent son nom , et que l'on les appele les maisbns du Seigneur. Que ceux qui voudront s'avancent au milieu de cette aslemblée, et qu'ls nous disent qui sont ceux qui ont tiré les Êglises de leurs ruines , et qui les ont élevées juiques au comble. Qui sont ceux qui leur ont donné plus de beauté et de magnisicence qu'elles n'en avoient jamais eue , et qui sont venus à bout d'un si grand dcsscin, non depuis la mort des ennemis de la piété, mais durant leur vie , et au tems qu'ils revoquoient leurs Edits , non par aucun scutiment d'humanité et de douceur, mais par la sorce des N 3 • châti
cluti mens qu'ils avoieiit déja reçus du Ciel. Qu'ils nous disetit qui est celui qui a eu le pouvoir de retenir dans Ca. Religion , durant la chaleur despersécutions , et au milieu des plus terribles dangers, un nombre innombrable d'hommes qui saisoient prosession de la véritable sagesle , de saintes semmes i et de sacrées vierges qui avoient renoncéà tous les plailirs des seus. Qui leur avoit enseigné à vivre , selon les régies dela tempérance, à s'abstenir plusieurs jours de boire et de manger , et i user envers eux- mêmes d'une tres-grande séVérite. Qui leur a appris à mêpriser le pain , et à chercher le pain spi rituel de la parole, qui est la Téritable nourriture de l'ame. Qui a inspiré à dey peuples barbares , à des hommes grossiers , à des semmes soibles, à des esclaves et à desensans, un courage allez éievé et asTez intrépide pour assronter la mort, pour se promettre l'immortalité, pour attendre le Jugement où Dieurecompensera toutes les vertus , Si punira tous les vices, et pour s'aquiter exactement de tous les devoirs de la justice, et de la piété. Il est clair que quiconque sèra dans unedisposition disserente de celle ou setrouvoient ces personnes , ne sera jamais proiession de la vertu. Il n'y a jamais eu que le Sauveur qui ait sait, ni qui sade encore tout ce que je viens de dire. Tâchons d'émouvoir les plus însensibles, et de convaincre les plus opiniâtres. Répondez à ce que je vous demanderai , et répondez-y raisonnablement; et aprés avoir examiné sérieusement vôtre réponse. Y a-t-il eu quelqu'un de ceux qui dans les siécles paslezse sont rendes célébres par l'étude de la Plulosophic, qui aite'tc annoncé comme nôtre Sauveur par les l'rophétess et prêché au peuple Juis, qui étoit le seul peuple chéri de Dieu? Ils ont sù par la voie dela révélation le païs où il devoit naître , le tems auquel il devoit [e manisestei aux hommes, les miracles .qu'il opéreroit, la doctxine qu'il leur enseigneroit, et ils ont recrit toutes ces choses. Qui estce qui a jamais puni les crimes commis contre lui, par un auslî promt châtiment, qu'aétécelui qui a ébranlé la Nation entiére des Juiss, et renversé de sond en comble leur Temple, un peu aprés qu'ils eurent attenté à la vie du Sauveur ? Quiestce qui a prédit aussi clairement l'avenir, qui », marqué aussi précisement toutes les circonstances' du châtiment des-impies, et de la sondation de l'Eglise , et qui a consirmé par des essets aussi sensîbles la vérité de ses prédictions ? En parlant du Temple des impies il avoit dit; Le tems s'approche En s. mie vos maisons demeureront toutes desertes. Elles le- *?ath
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ront te Sement detruites, qu un y demeurer a.p<u p terre jur £14. pierre. Et en parlant de (on Eglise, il dit : Sur ch. cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'En- l6< ser ne prévaudront point contre elle. Quel jugement serez-vous du changement qu'il a-opéré dans seu Diseiples, quand il les a tirez de la pêche pour les établir Docteurset Législateursde l'Univers ? La promeslè qu'il leur sir de les rendre, pêcheurs d'hommes, et l'accomplislement de cette projnesle , ne sont-ce pas de sortes preuves de sà Divinité? La capacité qu'il leur a donnée d'écrire des livres, n'en esl-elle pas une tres-évidente, et sur tout des livres qui ont été traduits en toutes les langues , appris par tous les peuples , et révérez comme des oracles ? Que dirons-nous de ce qu'il a averti ses Diseiples de toutes qui leur devoir arriver , de ce qu'ils seroient conduits devant les Rois et les Princes , et punis des plus rigoureux: supplices, non pour aucuns crimes qu'ils auroient commis, mais pourla sidélité et la hardiesle avec laquelle ils auroient consesle sçn nom ? Où pourrions-nous trouver des paroles qui approchaient de la sorce qu'il leur inspira, de rénster à leurs ennemis, uns étie plus émus de leur violence, N 4, - "q«e

que les rochers le sont de celle des vagues ? Y a-t-il rien de si admirable que la constance , non seulement des Apôtres , mais ausside leurs succesleurs, et des sidéles de nôtre siécle , qui bien qu'ils sussent tres-innocens, ont soussert avec joie les plus cruels supplices , plutôt que de renoncer à la pieV? Quel Prince a jamais prolongé (on regnel'espace de tant de sicelés ' Qui a jamais sait la guerre dela sorte aprés sà mort ; et qui a jamais réduit tantde • Nations à sou obéïsTance par une sorce secréte et invisible î La calomnie , pour impudente qu'elle puisle être, n'est elle pas consondue par lapaix quesapuisTancearendueàtoute la terre? Ce gui l'a réduit à un honteux silence , c'est que cette paix cst rendue au même tems que la doctrine du Sauveur est: publiee , comme les Prophétes avoient predit que ces deux notables évenemens arriveraient conjointement. Le jour siniroit avant que j'eusle sini mon discours, tres-religieux Empereur , si je voulois ramasler toutes les preuves que leschoses qui se sont en nos jours me pourroient sournir , de lagrandeur de la puislancc du Verbe. Il est certain que jamais Grec ni Barbare n'en sit paroître une semblable dans tous les siécles paslez. Ceux-mêmes que les Paiens appelent des Dieux, n'ont rien pu saire d'approchant. Si ce que je dis n'est pas veritable, je consens que quelqu'un m'interrompe, et qu'il me convainque d'imposture. ParoisTeziciPhilosophes, et me dites si depuis le commencement du monde on a entendu parler -d'un Dieu ou d'un Héros, qui ait donné des préceptes pour arriver à la vie éternelle, et pour acquérir le Roiaume du Ciel, semblable à ceux que notre Sauveur nous a donnez ? Qui a pu persuader comme lui les hommes de saire prosession d'une sainte Philosophie, et d'aspirer au bon-heur qui est préparé aprés cette vie à la vertu ? Quel Dieu, quel Heros, ou quel homme a jamais pasle d'O- . ricut tient en Occident d'an pas égal à celui du Soleil, et qui a répandu les ralons d'une doctrine celeste, qui enseigne à rendre à Dieu le culte qui n'est du qu'à lui ! 'Quel Dieu ou quel Héros a mis sous le joug les Dieux des Grees et des Barbares, a aboli lèur culte, a désait par la sorce de ses armes le parti qu'ils protégeoient, et a excité tous les peuples a reconnoître la puisTance et la Divinité du Sils unique de Dieu? Qui a commandé aux peuples de l'Univers de s'aslembler toutes les semaines pour honorer le jour du Seigneur, et pour célébrer une Sête, non par des seuins qui chargent le corps , mais par iariecture et par la méditation qui nourrislent l'ame î Quel Dieu, ou quel Héros a été attaqué par un aussi grand nombre d'ennemis que nôtre Sauveur , et qui les a réduits comme lui à son obéïslance ? Ces ennemis n'ont jamais cesle de combattre sa doctrine , et ses Disciples. Et il 11'a jamais cesTé de protéger invisiblement ses serviteurs, et depuis peu de jours il a rendu sort célébres les lieux de leurs aslemblées. Qu'est-il besbin que je sasle ici son éloge , puis qu'il est au tleslus de l'éloquence des hommes ? Ses actions parlent d'elles-mêmes, et se sont aslez entendre à ceux qui n'ont pas les oreilles de l'ame bouchées. C'est sans doute un miracle nouveau , et inoiii, que le Sils de Dieu, qui de toute éternité ^toit dans le sein de son Pere, soit venu converser visiblement avec les hommes, et lesaitco.mblez de tant de graces.

Tout ce que je dis ici est tres-inutile pour vous, ch«p. tres-religieux Empereur, qui aiant reconnu par '8. des essets qui sont plus sorts que mes paroles, la Divinité du Sils de Dieu , l'avez toujours depuis publiée. Vous nous raconterez quand vous l'aurez agréable à vos heures de loisir , combien-de- sois isestapparu visiblement devant vous, combiende-sois il vous a dédale ses intentions durant vôN s tic

tre sommeil. Je ne parle pas des mysteres ou il >ous a révélez et qui sont au dessus de nos pensées. Te ne parle que des préceptes qu'il vous a donnez pour le gouvernement des peuples, et pour le Sien commun de l'Univers. Vous nous direz quand il vous plaira, la protection Tisible dont il Tous a savorite dans les combats en vous decouvrant les ruses de ves ennemis, en vous retirant du milieu des dangers, eu vous accompagnant danslasolitwde, en vous éclairant dans vos dou'tes, en vous aslurant dans vos craintes, en vous •avertislant de l'avenir. Vous nous direz les conseils qu'il vous a inspirez pour sormer et pour conduire les plus importantes entreprises, pour ranger vos armées, pour pourvoir aux besoins de PEtat, pour publier de saintes loix. Vous nous apprendrez quand il vous plaira., toutes ces choses que nous ignorons, que vous savezparsaitement, et dont vous conservez des idees sort claires et sort distinéks dans le tresor de vôtre mémoire. Ce sont sans doute ces essets scnsibles de la bonte du Sauveur, et ces preuves illustres de sapuisTance qui vous ont porté à élever cette Eglise, asin qu'elle servît d'un monument public pour avertir les sidéles et les insidéles de la victoire qu'il a remportée sur la mort, et pour representer sur la terre une image de l'empire, et de la gloire dont ses serviteurs jouiront dans le Ciel.