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ÉLIEN

HISTOIRES DIVERSES

LIVRE HUITIÈME.

1. Du démon de Socrate. - 2. D'Hipparque, fils de Pisistrate, et de son amour pour les lettres. - 3. Usage singulier de l'Attique. - 4. Luxe ridicule de Poliarque. - 5. De Nélée et de Médon, fils de Codrus. - 6. Ignorance des barbares. - 7. Des noces d'Alexandre. - 8. De l'art de la peinture. - 9. D'Archélaüs, roi de Macédoine. - 10. De Solon. - 11. Du dépérissement successif de tous les êtres. - 12. De Démosthène et d'Eschine, de Théophraste et de Démocharès. - 13. Personnages qui n'ont jamais ri. - 14. Mort de Diogène. - 15. Précaution de Philippe contre l'orgueil qu'inspire la victoire. - 16. De Solon et de Pisistrate. - 17 . De Scythès, roi des Zancléens. - 18. D'Euthyme et du Génie de Témèse. - 19. Épitaphe d'Anaxagore.

1. Du démon de Socrate (01)

SOCRATE parlant un jour avec Théagès, Démodocus, et plusieurs autres, du démon qui l'accompagnait toujours : "Ce démon, leur dit-il, est une voix divine, que souvent le destin me fait entendre; lorsqu'elle frappe mes oreilles, c'est toujours pour m'empêcher d'agir sans jamais me porter à agir. De même, s'il arrive que je l'entende, quand quelqu'un de mes amis vient me communiquer un projet, j'en conclus que le dieu n'approuve pas le dessein dont il est question. Je prends pour moi le conseil; j'en fais part à celui qui me consulte; et, docile à la voix divine, je détourne mon ami de ce qu'il voulait faire. Je puis, ajouta-t-il, vous citer pour témoin de ce que je dis, Charmide, fils de Glaucon (02). II vint un jour me demander s'il devait aller disputer le prix aux jeux Néméens (03). A peine eut-il commencé à me parler, que j'entendis la voix. Je tâchai de le dissuader de son projet, et ne lui en cachai point la raison; mais Charmide ne me crut pas, et son entêtement lui réussit mal."

2. D'Hipparque, fils de Pisistrate, et de son amour pour les lettres.

HIPPARQUE, l'aîné des fils de Pisistrate, était le plus savant de tous les Athéniens. C'est lui qui le premier apporta dans Athènes les poèmes d’Homère (04), et qui obligea les rhapsodes à les chanter aux Panathénées (05). Hipparque, pour attirer à sa cour Anacréon de Téos lui envoya un vaisseau à cinquante rames. Il accueillit Simonide de Céos avec tant d'empressement qu'il le fixa auprès de lui : ce ne fut sans doute, qu'à force de présents et de gratifications; car on ne peut nier que Simonide n'aimât l'argent (06). Hipparque se faisait un point capital de traiter les savants avec toutes sortes d'égards : il voulait, par son exemple, inspirer le goût de la science aux Athéniens, et songeait par dessus tout à rendre meilleur le peuple qu'il gouvernait. Par principe de justice et de bonté, il pensait qu'on ne devait pas envier aux autres les moyens de perfectionner leur raison. C'est de Platon que nous tenons cela, si toutefois le dialogue intitulé Hipparque est de lui (07).

3. Usage singulier de l'Attique.

Les Athéniens, dans une certaine fête, immolaient un boeuf : c'était la coutume que tous ceux qui étaient censés avoir eu part à la mort de l'animal, fussent l'un après l'autre accusés et absous (08) jusqu'à ce qu'on fût arrivé au couteau, qui était seul condamné, comme ayant réellement tué le boeuf. Le jour où se faisait cette cérémonie, était appelé la fête des Dipolies, ou des Buphonies (09).

4. Luxe ridicule de Poliarque.

ON raconte que l'Athénien Poliarque, par un excès ridicule de luxe, faisait enterrer publiquement les chiens et les coqs qui l'avaient amusé pendant leur vie; que leurs funérailles, auxquelles il invitait ses amis, étaient célébrées avec magnificence; et qu'il érigeait à ces animaux chéris des colonnes sépulcrales, chargées d'inscriptions en leur honneur (10).

5. De Nélée et de Médon, fils de Codrus.

NÉLÉE, fils de Codrus, se voyant exclu du gouvernement d'Athènes, que la Pythie avait déféré à Médon (11), s'embarqua pour aller fonder une nouvelle colonie. Une tempête violente, qui l'accueillit dans sa route, le força de relâcher à Naxos, où les vents contraires le retinrent malgré lui. Dans l'inquiétude que lui causait ce contre-temps, il eut recours aux devins : leur réponse fut, que parmi ceux qui l'accompagnaient dans son voyage, plusieurs avaient les mains souillées, et qu'il fallait purifier l'armée. Alors Nélée feignit d'avoir besoin d'être purifié pour le meurtre d'un enfant qu'il disait avoir tué : il se sépara de la troupe, comme impur, et se retira, seul à l'écart, en exhortant ceux dont la conscience se trouverait chargée de quelque crime à faire la même chose. On le crut; et les coupables se trahirent eux-mêmes. Quand il les eut connus, il les laissa, dans l'île de Naxos, où ils se fixèrent. Pour lui, il alla en Ionie : il s'établit d'abord à Milet, après avoir chassé les Cariens, les Mygdoniens, les Lélèges, et d'autres peuples barbares, qui avaient donné leur nom à douze villes de cette contrée, savoir : Milet, Éphèse, Érythres, Clazomènes, Priène, Lébédos, Téos, Colophon, Myus, Phocée, Samos, Chio : dans la suite, il en fonda plusieurs autres dans le continent.

6. Ignorance des barbares.

ON prétend que les anciens Thraces ne connaissaient pas l'usage des lettres. Il est vrai que tous les barbares de l'Europe, en général, regardaient comme une chose honteuse de savoir s'en servir (12). Ceux de l’Asie ne pensaient pas tout à fait de même. On a osé dire qu'il n'était pas possible qu'Orphée eût été savant, puisqu'il était né en Thrace, et que la fable lui avait fait une fausse réputation. Je parle d'après Androtion (13) : reste à examiner si Androtion est digne de foi sur le chapitre de l'ignorance des Thraces.

7. Des noces d'Alexandre.

LORSQUE Alexandre eut vaincu Darius, il s'occupa du soin de célébrer ses noces, et celles de plusieurs de ses amis. Les nouveaux époux étaient au nombre de quatre-vingt-dix : on prépara autant de couches nuptiales. Dans le lieu destiné pour le festin, furent dressés cent lits de table, dont les pieds étaient d'argent; celui du roi avait des pieds d'or : tous étaient ornés de tapis de pourpre, nuancés de différentes couleurs, tissus précieux, travaillés chez les barbares. Alexandre admit à sa table quelques étrangers, qui lui étaient attachés par un droit particulier d'hospitalité, et les fit placer vis-à-vis de lui. Tous les gens de guerre, soit à pied, soit à cheval, tous les matelots eurent des tables dans le vestibule du palais, ainsi que les Grecs qui se trouvèrent à la cour, ou comme envoyés des villes, ou comme voyageurs. Dans ces repas, tout se faisait au son des trompettes : on sonnait un air pour assembler les convives, et un air différent pour annoncer la sortie de table. Les fêtes durèrent cinq jours consécutifs. Alexandre y avait appelé des musiciens, grand nombre d'acteurs, tant comiques que tragiques, et des bateleurs indiens d'une adresse surprenante, qui parurent l'emporter sur ceux des autres nations (14) .

8. De l'art de la peinture.

Á PEINE l'art de la peinture était né, il était, du moins, encore au berceau, et, si j'ose m'exprimer ainsi, enveloppé de ses langes, lorsque Conon (15) de Cléones sut le porter à sa perfection. Ceux qui l'avaient exercé avant lui, étaient sans talent comme sans goût; aussi les ouvrages de Conon furent-ils mieux payés que ne l'avaient été ceux de ses prédécesseurs.

9. D'Archélaüs, roi de Macédoine.

ARCHÉLAÜS, tyran de Macédoine (c'est le titre que Platon lui donne (16), et non celui de roi), aimait passionnément Cratévas (17), qui, de, son côté, s'il est permis de parler ainsi, n'était pas moins amoureux du trône d'Archélaüs. Dans l'espérance de succéder au tyran, et de profiter des avantages de la tyrannie, Cratévas l'assassina : mais à peine en eut-il joui pendant trois ou quatre jours, que d'autres ambitieux formèrent et exécutèrent le projet de l'égorger. Ce trait de l'histoire de Macédoine me rappelle un ancien vers, dont l'application est ici bien naturelle : Ce qu'un homme fait pour en perdre un autre, prépare souvent sa propre perte (18). On dit, à la vérité, pour justifier Cratévas, qu'Archélaüs lui avait manqué de parole, en faisant épouser à un autre une de ses filles qu'il lui avait promise en mariage.

10. De Solon.

CE fut le choix libre des Athéniens, non le sort, qui éleva Solon à la dignité d'archonte. Après son élection, il s'occupa du soin d'embellir la ville, et surtout de lui donner des lois, qui s'observent encore aujourd'hui. Les lois de Dracon tombèrent alors en désuétude (19), à la réserve de celles qui concernent l'homicide.

11. Du dépérissement successif de tous les êtres.

ON ne doit pas s'étonner si l'homme, qui ne naît que pour mourir après une vie de très courte durée, dépérit chaque jour (20), puisqu'on voit les fleuves se tarir, et les plus hautes montagnes s'abaisser sensiblement. Les navigateurs assurent qu'on n'aperçoit plus l'Etna d'aussi loin qu'autrefois : on en dit autant du mont Parnasse, et de l'Olympe de Piérie (21). Ceux qui observent plus attentivement la nature, pensent même que le monde tend à sa destruction.

12. De Démosthène et d'Eschine, de Théophraste et de Démocharès.

UNE chose extraordinaire, mais qui n'en est pas moins vraie, c'est que Démosthène, étant allé en ambassade vers Philippe, roi de Macédoine, manqua de mémoire en prononçant son discours, tandis qu'Eschine, fils d'Atromète de Cothoce (22), effaçant par sa hardiesse tous ses collègues dans l'ambassade, se faisait la plus glorieuse réputation chez les Macédoniens. Il faut convenir qu'Eschine était encouragé par la certitude d'être agréable à Philippe, qui l'avait comblé de présents. Ce prince, en effet, se plaisait à l'entendre, et ses regards mêmes annonçaient sa bienveillance pour l'orateur. Des dispositions si favorables étaient pour Eschine autant de motifs de constance, et de puissants ressorts pour délier sa langue. Au reste, l'éloquent Démosthène n'est pas le seul à qui un tel malheur soit arrivé. Théophraste d'Érèse éprouva la même chose dans l'aréopage; et comme il alléguait pour excuse le trouble où l'avait jeté le respect qu'inspire une si auguste assemblée, Démocharès (23) lui repartit sur-le-champ avec amertume : "Théophraste, cette assemblée était composée d'Athéniens, non des douze grands dieux."

13. Personnages qui n'ont jamais ri.

ON ne vit jamais rire, pas même sourire, Anaxagore de Clazomènes. Aristoxène (24) fut l'ennemi déclaré du rire. Pour Héraclite, on sait que les différents événements de la vie étaient pour lui autant de sujets de pleurer.

14. Mort de Diogène.

Diogène de Sinope, se sentant attaqué d'une maladie mortelle, alla se coucher sur un pont voisin du gymnase, et pria instamment celui à qui la garde du gymnase était confiée, de le jeter dans l'llissus (25), dès qu'il aurait cessé de respirer; tant il regardait d'un oeil indifférent, et la mort, et les honneurs de la sépulture.

15. Précaution de Philippe contre l'orgueil qu'inspire la victoire.

PHILIPPE, après sa victoire sur les Athéniens à Chéronée, quoique enflé de ses succès, resta toujours maître de lui-même, et n'usa de son pouvoir qu'avec modération (26). Il pensa que, pour se maintenir dans cette disposition, il serait bon que, tous les matins quelqu'un lui rappelât qu'il était homme : il chargea de cette fonction un de ses esclaves. Depuis ce temps, Philippe ne paraissait jamais en public, et ne donnait audience à personne, avant que l'esclave lui eût crié trois fois : Philippe, vous êtes homme.

16. De Solon et de Pisistrate.

LORSQUE Pisistrate, dans une assemblée des Athéniens, demanda qu'on lui donnât une garde, Solon, fils d'Exécestide, déjà vieux, le soupçonna d'affecter la tyrannie. Mais remarquant qu'on écoutait sans intérêt les conseils qu'il donnait, et que la faveur du peuple était pour Pisistrate, il dit aux Athéniens : "Parmi vous, les uns ne sentent pas qu'en accordant une garde à Pisistrate, on en fera un tyran; et les autres, prévoyant les suites de sa demande, n'osent s'y opposer : pour moi, je suis plus clairvoyant que les premiers, et plus courageux que les seconds." Cependant Pisistrate obtint ce qu'il désirait, et parvint à la tyrannie. Depuis ce temps, Solon, assis à la porte de sa maison, tenant sa lance d'une main, et de l'autre son bouclier, ne cessait de dire: "J'ai pris mes armes pour défendre la patrie autant que je le pourrai : mon grand âge ne me permet plus de marcher à la tête de ses armées; mon coeur, du moins, combattra pour elle."
Quant à Pisistrate, soit respect pour la sagesse de ce grand homme, soit tendre souvenir de l'amitié, un peu suspecte, ou du moins équivoque, que Solon avait eue. pour lui dans sa jeunesse, il ne lui fit point éprouver son ressentiment.
Peu de temps après, Solon mourut dans une extrême vieillesse (27), laissant après lui la réputation de la plus haute sagesse, et du courage le plus inébranlable. Les Athéniens lui érigèrent, dans la place publique, une statue de bronze, et l'enterrèrent solennellement, aux portes de la ville, près des murs, à droite en entrant, et firent une enceinte de pierres autour de son tombeau.

17. De Scythès, roi des Zancléens.

Scythès, roi des Zancléens (28), s'étant retiré en Asie, y fut reçu par Darius, et mérita d'être regardé comme le plus vertueux des Grecs qu'on eût jamais vus à la cour de Perse, parce que, ayant obtenu de ce prince la permission de faire un voyage en Sicile, il revint auprès de lui, comme il l’avait promis, au lieu que Démocède de Crotone n'en avait pas usé de même (29) . Aussi Darius en parlait-il comme du plus faux et du plus méchant des hommes. Scythès vécut dans l'abondance chez les Perses, et y mourut dans un âge fort avancé.

18. D'Euthyme et du Génie de Témèse.

ON raconte des choses prodigieuses de la force du corps d'Euthyme, athlète célèbre, né chez les Locriens d'Italie (30). Ses compatriotes montrent encore une pierre d'une énorme grosseur, qu'il porta seul, et qu'il plaça devant les portes de la ville. Il y avait aux environs de Témèse un Génie (31), qui forçait les habitants à lui payer tribut : Euthyme les en délivra. Ayant trouvé le moyen de pénétrer dans le temple qu'habitait ce Génie, temple inaccessible pour tout autre, il le combattit et l'obligea de rendre plus qu'il n'avait pris. C'est depuis cette aventure qu'on a dit proverbialement de ceux à qui leurs gains ne profitent pas, qu'ils éprouvent le sort du Génie de Témèse (32). Euthyme, dit-on, étant un jour allé au bord du fleuve Cécines, qui passe près de la ville des Locriens, ne reparut plus (33).

19. Épitaphe d'Anaxagore.

TELLE est l'épitaphe qu'on grava sur le tombeau d'Anaxagore (34) : "Ci-gît Anaxagore, qui, s'élevant jusqu'aux plus sublimes spéculations, pénétra le secret de l'arrangement du ciel." On lui dédia deux autels, l'un sous le nom de l'Intelligence (35), l'autre sous le nom de la Vérité.

(01) Ce chapitre se trouve presque en entier dans le dialogue de Platon intitulé Théagès, un de ceux qui ont été traduits par André Dacier. - Voy. aussi les Pensées de Platon, édition de 1824, p. 154 et suiv.
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02) Charmide, un des disciples et des amis de Socrate, fut tué dans le combat que Thrasybule, à la tête des exilés d'Athènes, livra aux trente tyrans. 
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03)  Un des quatre grands jeux de la Grèce : on les célébrait tous les trois ans, près de la ville de Némée, dans le Péloponnèse.

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04)  Il est assez difficile d'accorder Élien avec lui-même. Il dit au ch. 14 du liv. XIII, que ce fut Pisistrate qui débrouilla les ouvrages d'Homère, et qui les divisa en deux parties, l'Iliade et l'Odyssée;  à moins qu'il ne faille entendre qu'Hipparque, dans sa jeunesse, apporta les poésies d'Homère a Pisistrate, qui en fit la division.
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05) Diogène Laërce (Solon, n° 57) dit que Solon fut le premier qui fit chanter les vers d'Homère dans les fêtes publiques.
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06) Simonide est le premier qui se soit fait payer ses ouvrages. Schol. de Pind., Isthm. 2
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07J'ai suivi dans ma traduction la correction proposée par les commentateurs, qui retranchent le mot mayht®w, disciple qu'on lit dans les manuscrits. C'est évidemment une erreur des copistes. Au reste, l'interlocuteur du dialogue attribué. à Platon n'est pas Hipparque, fils de Pisistrate, mais un autre Hipparque, contemporain de Socrate.
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08) Porphyre (de Abstinent.,  II, 30) nous apprend comment se faisait cette procédure. On intentait d'abord l'accusation contre les filles qui avaient apporté de l'eau pour arroser la pierre sur laquelle on aiguisait le couteau; les filles rejetaient le crime sur celui qui avait aiguisé le couteau; celui-ci, sur l'homme qui avait frappé le boeuf; l'homme, sur le couteau, qui  se trouvant ainsi le seul coupable, était jeté dans la mer.
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09) Dipolies, parce qu'on les célébrait en l'honneur de Jupiter, gardien de la ville; Buphonies, parce qu'on y sacrifiait un boeuf.
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10) C'est ainsi que l'empereur Adrien faisait élever des tombeaux aux chiens et aux chevaux qu'il aimait; qu'Alexandre fit de magnifiques funérailles à Bucéphale, et bâtit, autour de son tombeau, une ville, à laquelle il donna le nom de ce cheval (Bucéphalie). C'est ainsi que de nos jours, une dame illustre érigea, dans le jardin de son hôtel, un mausolée à sa chatte, avec cette inscription si souvent citée : 
Ci-gît une chatte jolie; 
Sa maîtresse, qui n'aima rien, 
L'aima jusques à la folie. 
Pourquoi le dire? on le voit bien.
 

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11) Médon fut le premier archonte perpétuel d Athènes; son frère Nélée lui disputa cette dignité, mais la Pythie la déféra à Médon. II eut douze successeurs, appelés Médontides, après lesquels l'archontat devint décennal; la durée en fut, dans la suite, restreinte à une seule année.
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10) Tacite a dit des Germains (de Mor. Germ., c. 19) Litterarum secreta viri pariter, ac feminae ignorant.   
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13) Androtion avait écrit l'histoire d'Athènes, depuis l'origine de cette ville jusqu'aux trente tyrans. Les scholiastes le citent souvent avec éloge. Il ne reste de lui que quelques fragments épars.
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14)  Ce chapitre se trouve en entier dans Athénée (XII, 9), qui rapporte ce trait d'après l'historien Charès, avec la seule différence que, suivant Athénée, les bateleurs n'étaient pas Indiens, mais tous Grecs d'origine; il nous a même conservé leurs noms : Scyninos de Tarente, Philistide de Syracuse, Héraclite de Mitylène.
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15) Au lieu de Conon, il y a beaucoup d'apparence qu'il faut lire Cimon de Cléones, dont Pline parle avec éloge, liv. XXXV, ch,. 8. Voy. Junius, de Pict. Vet. p. 54 du Catalogue des Artistes.
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16) Platon donne le nom de tyran à Archélaüs, à cause de sa cruauté. Ce chapitre est presque entièrement extrait du second Alcibiade de Platon.
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17) Diod. de Sicile, et plusieurs autres auteurs, appellent ce jeune homme Cratérus.
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18La même pensée se retrouve exprimée presque dans les mêmes termes dans différents auteurs, qui semblent tous l'avoir empruntée d'Hésiode. Op. et dies, v. 263.  
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19) Élien ajoute que les lois de Dracon s'appelaient yesmoÛ, mot qui signifie joie en général.
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20) Homère se plaignait déjà de ce que les hommes de son temps n'étaient ni aussi grands ni aussi  forts que ceux qui les avaient précédés : Jam vero ante annos prope mille, vates ille Homerus non cessavit minora corpora mortalium, quam prisca, conqueri. Pline, VII, 16.
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21) On comptait jusqu'à six montagnes du nom d'Olympe : le mont Olympe, dont parle Élien, était situé dans la Piérie, auprès du fleuve Pénée.
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22) Nom d'un bourg de l'Attique.
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23) Voy. sur Démocharès le chap. 7 du livr. III.
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24) Disciple d'Aristote.
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25) Comme on sait que Diogène mourut à Corinthe, et que l'Ilissus est un fleuve de l'Attique, il vaut mieux lire, avec Périzonius, d'après Diogène Laërce, l'Elissus, ou plutôt l'Elisson, que Pausanias, II, 12, place dans les environs de Corinthe.  
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26) Cette modération de Philippe ne l'empêcha pas de violer la promesse qu'il avait faite aux Grecs, de ne point les asservir. Voy. le c. I du liv. VI.
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27) Les historiens ne sont pas d'accord sur le lieu et le temps de la mort de Solon : Diogène Laërce dit qu'il mourut en Chypre, et qu'après avoir brûlé son corps, on en sema les cendres dans l'île de Salamine. Plutarque assure, au contraire, que Solon demeura toujours à Athènes, et y jouit constamment d'une grande considération auprès de Pisistrate : il traite de fable l'histoire de ses cendres semées dans l'île de Salamine.
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28) On lit dans le texte, Scythès, de la ville d'Inycum. C'est une erreur dans laquelle Élien est tombé, en copiant infidèlement ce trait d'histoire d'après le liv. VI d'Hérodote, c. 23  et 24 : il y avait lu que Scythès ayant été fait prisonnier par Hippocrate, tyran de Géla, et enfermé dans Inycum, s'évada de cette ville, gagna Himère, et de là, s'enfuit en Asie. Il a cru que le lieu d'où Scythès s'échappa, était celui de sa résidence ordinaire.
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29) Démocède, habile médecin, s'attacha d'abord à Polycrète, tyran de Samos, que le satrape Orétès fit mourir : alors Démocède devint esclave du satrape. Quelque temps après, Darius, fils d'Hystaspe, s'étant démis le pied à la chasse, Démocède le guérit, ainsi que la reine Atossa, qui avait un ulcère au sein. Ces deux cures valurent à Démocède des présents considérables, et la permission de faire un voyage en Grèce, sous la promesse de revenir. Mais, dès que Démocède se vit à Crotone, il refusa de retourner : Darius ne lui pardonna point cette infidélité. Hérodote, III, 126-137.
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30) Euthyme fut plusieurs fois vainqueur aux jeux olympiques. Il vivait du temps de Xerxès.
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31) J'ai traduit le mot †Hrvw du texte par celui de Génie. Les Témésiens croyaient que ce Génie était un des compagnons d'Ulysse, nommé Polite ou Alybante, que les habitants du pays avaient tué, pour venger l'honneur d'une de leurs filles qu'il avait outragée. Afin de l'apaiser, ils lui consacrèrent un temple, suivant l'ordre de l'oracle, et de temps en temps, ils lui livraient une de leurs plus belles filles: ce fut pour la défense d'une de ces victimes dont Euthyme était devenu amoureux, qu'il combattit le Génie. Pausanias, Eliac., II, 6; et Suidas, au mot Eëyumow.
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32) J'ai suivi, en traduisant ce proverbe, la correction proposée par Périzonius, ù ¤n Tem¡sú †Hrvi, qui m'a paru former un sens plus clair. En le traduisant littéralement d'après le texte, ù ¤n Tem¡sú †Hrvw, il faudrait lire, le Génie de Témèse leur surviendra. On peut consulter les Adages d'Erasme, à l'article, Aderit Temesaeus Genius. 
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33) Cet événement fit croire qu'il était fils du fleuve Cécines. Pausanias, Eliac., II, 6.  

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34) Le tombeau d'Anaxagore était à Lampsaque.
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35) Anaxagore fut appelé Noèw, l'intelligence, parce qu'il fut le premier qui admit l'influence d'un esprit pour mouvoir et arranger la matière. Diogène Laërce, Vie d'Anaxagore.