ÉLIEN
HISTOIRES DIVERSES
LIVRE SIXÈME.
1. Traits d'inhumanité et d'injustice. - 2. Valeur du fils d'Harmatide. - 3. Du jeune Isadas. - 4. Du mariage de la fille de Lysandre. - 5. Des ambassadeurs d'Athènes. - 6. Lois lacédémoniennes. - 7. Tremblement de terre arrivé à Sparte. - 8. Du meurtre d'Artaxerxe. - 9. Trésor cherché dans le temple d'Apollon par les Delphiens. - 10. Loi portée par Périclès. - 11. De Gélon voulant abdiquer l'autorité suprême. - 12. Révolution arrivée dans la fortune de Denys. - 13. De la tyrannie. - 14. Conjuration contre Darius.
1. Traits d'inhumanité et
d'injustice.
QUAND les Athéniens eurent subjugué les habitants de Chalcis (01), ils partagèrent la contrée, nommée Hippobotos
(02), en deux mille parts (03), qu'ils distribuèrent au sort à de nouveaux colons
(04). Ils consacrèrent à Minerve plusieurs parties du canton appelé
Lilante : le reste du pays fut affermé à prix d'argent; et pour conserver le souvenir du prix auquel chaque ferme était donnée, on le grava sur des colonnes qui bordaient le portique royal
(05). Les prisonniers furent mis aux fers; et cette vengeance rigoureuse ne put encore désarmer la fureur
des Athéniens contre les Chalcidiens.
Les Lacédémoniens, après avoir défait les Messéniens, retinrent pour eux la moitié de toutes les productions de la
Messénie : ils contraignirent les femmes libres d'assister aux funérailles, pour y pleurer des morts qui leur étaient étrangers, et qui ne leur appartenaient par aucun endroit
(06). Quant aux hommes, ils en laissèrent une partie pour cultiver la terre, ils en vendirent quelques-uns, et firent mourir les autres.
Les Athéniens se conduisirent avec la même dureté, et ne surent pas user de leur prospérité avec modération. Ils obligeaient les filles des
habitants nouvellement établis chez eux (07), à suivre les leurs, dans les pompes sacrées, avec un parasol, pour les garantir du soleil; les femmes,
à faire le même service auprès des femmes athéniennes, et les hommes, à y porter des vases.
Lorsque les Sicyoniens se furent rendus maîtres de Pellène (08),
ils prostituèrent dans un lieu public les femmes et les filles des vaincus. Ô dieux de la Grèce! quelle inhumanité! elle me paraîtrait atroce, même chez les
barbares.
Après la bataille de Chéronée, dont le succès avait accru l'orgueil de Philippe et des Macédoniens, les Grecs, qui tremblaient devant
lui, s'empressaient de se rendre à ce prince, eux et leurs villes : ce fut le parti que prirent les Thébains, les Mégariens, les Corinthiens, les Achéens, les
Éléens, les Eubéens, tous peuples qui habitaient les bords de la mer
(09). Mais Philippe ne remplit point les conditions dont il était convenu avec
eux; et par une insigne perfidie, il les réduisit tous en servitude.
2. Valeur du fils d'Harmatide.
LE fils d'Harmatide de Thespies (10), qui était venu au secours des Athéniens
(11) avec quelques-uns de ses concitoyens, fit des prodiges de valeur dans le commencement de la bataille : ses armes ayant été brisées,
il continua de combattre avec ses mains seules contre des ennemis armés de
toutes pièces, et termina glorieusement sa carrière. J'ai célébré ce jeune homme
comme Homère célèbre ses héros, en le désignant par le nom de son père,
(12). Ceux qui seront curieux de savoir le sien, pourront l'apprendre d'ailleurs.
(13).
3. Du jeune Isadas.
ISADAS (14), s'ayant pas encore atteint l'âge où la loi appelait les citoyens à l'armée, s'échappa du gymnase, et combattit avec la plus grande valeur. Les Lacédémoniens lui décernèrent une
couronne; mais en même temps ils le condamnèrent à une amende, pour avoir marché à l'ennemi avant l'âge prescrit, et sans être armé à la manière de son pays
(15).
4.
Du mariage de la fille de Lysandre.
LYSANDRE, en mourant, laissait une fille dont il avait, quelque temps auparavant, arrêté le mariage avec
un Lacédémonien. Comme, après la mort de Lysandre, on découvrit qu'il était fort pauvre, celui qui devait épouser sa
fille chercha d'abord à se dégager de sa promesse; puis, par une bassesse d'âme bien indigne d'un Grec, et surtout d'un Spartiate, oubliant l'ami qu'il venait de
perdre, et préférant les richesses
à ses engagements, il dit positivement qu'il ne l'épouserait pas. Les Éphores punirent ce manque de foi, en le condamnant à une amende.
5. Des ambassadeurs d'Athènes.
LES Athéniens condamnérent à la mort les ambassadeurs qu'ils avaient envoyés en Arcadie, quoiqu'ils eussent rempli leur mission avec succès; pour cela seul, qu'ils avaient pris une autre route que celle qu'on leur avait marquée.
6. Lois lacédémoniennes.
LES lois suivantes ne sont-elles pais vraiment dignes des Lacédémoniens ? À Sparte, un homme qui avait trois fils,
était dispensé de faire la garde; celui qui en avait cinq, était exempt de toutes les charges publiques
(16). Les femmes y devaient être mariées sans dot
(17). Il n'était permis à aucun citoyen d'exercer un art mécanique. Tous, à l'armée,
étaient obligés d'être vêtus de rouge : on regardait cette couleur comme ayant quelque chose de plus noble
que les autres; on croyait d'ailleurs que le sang qui sortait des blessures, donnant à ce vêtement une teinte plus foncée,
présentait l'ennemi un aspect plus capable de l'épouvanter (18).
Il était défendu à tout Lacédémonien de dépouiller l'ennemi qu'il avait tué. On couronnait de branches d'olivier et d'autres arbres, ceux qui avaient péri en combattant vaillamment
: leur mort était célébrée par un éloge. Pour ceux qui s'étaient fait remarquer par des actions extraordinaires de bravoure, on les enterrait avec
distincfion, couverts d'une robe rouge.
7. Tremblement de terre arrivé à Sparte.
LES Lacédémoniens avaient fait sortir du temple de Ténare (19) des
suppliants qui s'y étaient réfugiés, et, contre leur promesse, ils les avaient mis à mort (ces
suppliants étaient des esclaves hilotes). Neptune en courroux excita dans Sparte un tremblement de terre, qui ébranla si violemment
la ville, qu'elle fut entièrement détruite, à la réserve de cinq maisons (20).
8. Du meurtre d'Artaxerxe.
L'EUNUQUE Bagoas, Égyptien d'origine, après avoir exécuté le projet qu'il avait formé de faire périr
Artaxerxe Ochus
(21), coupa son corps par morceaux, et le fit manger aux chats
(22). On ensevelit à sa place un autre cadavre, qui fut déposé dans le tombeau des rois. On reprochait
à Ochus un grand nombre de sacrilèges, surtout ceux qu'il avait commis en Égypte.
Bagoas, non
content de lui avoir ôté la vie, des os de ses cuisses fit faire des poignées d'épées, pour
désigner la cruauté meurtrière de ce prince. La haine de l'eunuque venait de ce qu'Artaxerxe, étant en
Égypte avait, à l'exemple de Cambyse, tué le boeuf Apis.
9.
Trésor cherché dans le temple d'Apollon par les Delphiens.
Le bruit se répandit à Delphes, qu'anciennement le temple d'Apollon avait renfermé des richesses immenses; ce bruit avait pour fondement ces vers d'Homère :
la vie m'est plus chère que toutes des richesses contenues dans le temple d'Apollon à Pytho
(23). Sur cela, les Delphiens se mirent à fouiller autour de l'autel et du trépied
(24): mais ayant senti la terre trembler avec violence près du siège de l'oracle, ils renoncèrent prudemment à leur entreprise.
10.
Loi portée par Périclès.
PENDANT que Périclès était à la tête du gouvernement d'Athènes, il rendit un décret qui excluait de l'administration de la république ceux qui n'étaient pas nés de père et de mère citoyens
(25). Il fut lui-même la victime de cette loi : ses deux fils, Paralus et Xanthippe,
moururent
de la peste; il ne restait à Périclès, qui leur survécut, que des fils naturels
(26); et la loi qu'il avait établie leur interdisait
l'entrée dans les charges publiques.
11. De Gélon voulant abdiquer l'autorité suprême.
GÉLON, après avoir vaincu les Carthaginois à Himère (27), et s'être rendu maître de toute la Sicile, se présenta nu, au milieu de
la place publique, et déclara qu'il rendait aux citoyens le pouvoir souverain.
Comme ils avaient éprouvé que ce prince était plus populaire
que les monarques n'ont coutume de l'être, ils refusèrent de reprendre l'autorité. En mémoire de cette action de Gélon, on lui érigea dans le temple de Junon, en
Sicile, une statue qui le représentait nu, avec une inscription (28) qui contenait le récit du fait.
12. Révolution arrivée dans la fortune de Denys.
JAMAIS
puissance ne parut mieux établie que celle de Denys le jeune. Il
possédait au moins quatre cents vaisseaux à cinq et à six rangs de rames; il avait sous ses ordres cent mille hommes de pied, et neuf mille de cavalerie. Syracuse, enceinte d'une muraille
très haute, avait plusieurs port d'une grande étendue, et contenait des matériaux pour construire
encore cinq cents autres vaisseaux. Ses magasins renfermaient environ un million de médimnes de
froment (29). L'arsenal était garni de boucliers, d'épées, de lances, d'armures de cuisses et de jambes, de cuirasses, de
catapultes (cette machine était de l'invention de Denys.) Ce prince avait, de plus, un grand nombre d'alliés. Tant d'avantages réunis lui inspiraient une telle confiance, qu'il croyait son pouvoir fondé sur le diamant
(30). Mais peu de temps après qu'il eut fait mourir ses
frères
(31), il vit ses fils assassinés sous ses yeux, et ses filles égorgées, après avoir été dépouillées de leurs vêtements,
et déshonorées. Aucun de ceux à qui il avait donné le jour n'obtint une sépulture honorable : les uns furent brûlés vifs, les
autres coupés par morceaux, et jetés dans la mer. Tous ces malheurs arrivèrent
à Denys, lorsque Dion, fils d'Hipparinus, eut envahi ses états (32)
: il passa le reste de sa vie dans la plus affreuse misère, et mourut dans un âge fort
avancé. Théopompe raconte que ses yeux s'étant affaiblis peu à peu par l'excès du
vin, il perdit entièrement la vue; et qu'alors, presque toujours assis dans les boutiques des barbiers
(33), il apprêtait à rire à tout le monde. Il continua de traîner de cette manière, dans le sein de la Grèce, une vie misérable et ignominieuse. La chute de Denys, qui du plus haut degré du bonheur, se vit réduit à l'état le plus vil, est un exemple bien frappant de la nécessité de se conduire avec modération et avec douceur.
13. De la tyrannie.
C'EST par un effet admirable de la providence des dieux qu'on ne voit pas le pouvoir
tyrannique se conserver dans la même famille jusqu'à la troisième génération : ou ils
frappent les tyrans d'un coup subit, et les renversent comme des pins; ou leur bras s'appesantit sur les
enfants. De mémoire d'hommes, on ne se souvient, pas dans la Grèce, qu'il y ait eu plus de trois exemples de tyrans qui aient transmis leur puissance à leur postérité; Gélon en Sicile, Leucon dans le Bosphore (34), Cypsélus à Corinthe.
14. Conjuration contre Darius.
J'AI ouï conter un fait qui caractérise singulièrement la douceur et l'humanité de Darius, fils d'Hystaspe.
L'Hyrcanien Aribaze, de concert avec quelques Perses des plus distingués, conspira contre ce prince
: le complot devait s'exécuter dans une chasse. Darius le sut, et, loin d'en être effrayé, il
leur ordonna de s'armer et de monter à cheval; puis il leur dit de tenir leurs javelots tout prêts :
alors jetant sur eux un regard fier et menaçant, Qui vous empêche, leur dit-il,
d'accomplir votre dessein ? L'air intrépide du prince déconcerta les conjurés, et leur inspira une telle frayeur, que, jetant leurs javelots, descendant précipitamment de dessus leurs chevaux, et se prosternant aux pieds de Darius, ils se livrèrent à lui, pour être traités comme il le jugerait à propos. Darius les exila dans des lieux différents;
les uns, sur les frontières de l'Inde, les autres, dans la Scythie. Ils n'oublièrent jamais que Darius leur avait conservé la vie, et lui restèrent toujours fidèles.
(01)
Les Athéniens remportèrent cette victoire, peu de temps après qu''ils eurent détruit la tyrannie des Pisistratides. Leur haine contre les Chalcidiens venait de ce que ceux-ci avaient prêté du secours à Cléomène, roi de Sparte, qui voulait se rendre maître de l'Attique.
(02) Cette contrée s'appelait ainsi, parce qu'on y nourrissait
beaucoup de chevaux. Les principaux habitants de Chalcis se nommaient Hippobates, c'est -à-dire,
gens qui montent à cheval.
(03) Selon plusieurs Mss., il faudrait lire quarante parts.
(04) Les Chachidiens étaient une colonie
athénienne, établie avant la guerre de Troie.
Strab., liv. XI pag. 447.
(05) Portique sous lequel l'archonte, nommé
le roi, rendait la justice.
(06) Il n'était point d'usage dans la Grèce que les femmes libres assistassent à d'autres funérailles qu'à
celles de leurs proches, bien moins encore qu'elles fissent le métier de pleureuses, qui était exercé par des femmes qu'on
payait.
(07) Ces sortes d'habitants, dans plusieurs lieux de la Grèce, étaient à peine distingués des esclaves.
(08) Pellène, ville de l'Achaïe, dans le voisinage de
Sicyone. Les Sicyoniens entreprirent cette guerre avant le temps du siège de Troie : ils étaient alors gouvernés par des rois. Pausan.,
Corinth.
(09) Le mot Žkt®, que je traduis par les bords de la mer, a quelquefois signifié l'Attique : c'est ce dernier sens que
l'entend ici Périzonius, qui propose d'ajouter au texte la particule kaÛ;, et de lire, kaÜ oß ¤n t» ƒAkt» p‹ntew. En suivant cette leçon, il faudrait traduire,
Et tous les peuples de l'Attique.
(10) Ville de la Béotie, au pied du mont Hélicon.
(11) Il faut lire, Au secours des Lacédémoniens. Le fils d'Harmaride se trouva, en effet, comme auxiliaire à la journée des Thermopyles. Hérod., liv. VII, ch. 222, 227.
(12) C'est ainsi qu'Homère appelle Achille, fils de
Pélée; Agamemnon fils d'Atrée, etc.
(13) Nous apprenons d'Hérodote (VIl, 227) qu'il s'appelait Dithyrambus.
(14) L'action qu'Élien raconte se passa lorsque les Thébains, sous la conduite
d'Épaminondas, vinrent pour surprendre
Sparte.
(15) Isadas était nu, le corps oint avec de l'huile, tenant
d'une main une pique, de l'autre une épée nue (Plutarque, Vie d'Agés.). L'histoire romaine nous offre un pareil
exemple de la sévérité des lois militaires. Le jeune Manlius, provoqué au combat d'homme à homme
par le chef des
Tusculans, accepta le défi, et tua son ennemi. Le consul, son père, qui avait défendu que l'on
combattît hors de son
rang, et avant que la bataille fût engagée, le condamna à la mort, pour avoir désobéi à l'ordre. De cet acte de sévérité, qui mériterait bien d'être autrement qualifié, est née l'expression proverbiale,
Manliana imperia, pour désigner les arrêts où les droits de la nature sont sacrifiés
à la rigueur des lois. Adages d'Érasme.
(16) Suivant Aristote (Politique, II), cette exemption était accordée aux pères qui avaient quatre fils.
(17) S'il faut en croire Hermippus, cité par Athénée, XIII, I, on enfermait les filles et les garçons nubiles dans un
lieu obscur; et chacun devait épouser celle que le hasard lui avait fait prendre sans la voir.
(18) La raison que rapporte Valère.Maxime (II,
6) du choix de la couleur écarlate, chez les Lacémoniens, paraît plus naturelle : c 'était, dit-il, pour dérober la vue du sang qui
sortait de leurs blessures, et qui aurait pu ranimer le courage des ennemis.
(19) Ténare, promontoire de la Laconie, où il y avait un temple consacré à Neptune. .
(20) Ce tremblement de terre fit périr plus de vingt mille Lacédémoniens. Diod. de
Sic., .liv. XI.
(21) Bagoas, depuis la mort d'Ochus, jusqu'au règne de Darius Codoman, exerça en Perse un
pouvoir absolu, créant des rois, et les faisant périr à sa volonté.
(22) Suidas dit qu'il le mangea lui-même.
(23) Ces vers sont tirés de la réponse d'Achille aux députés qui étaient allés le trouver de la part des Grecs, pour l'engager â rejoindre l'armée.
Iliad., liv.IX, v 404.
(24) Ce fut Onomarque, général des Phocéens, qui fit faire cette fouille, dans le temps de la guerre sacrée, s'imaginant trouver les richesses dont Homère avait parlé.
(25) Périclès ne fit que renouveler cette loi, qui avait été anciennement établie par Solon.
(26) On ne connaît à Périclès qu'un fils naturel, qu'il eut
d'Aspasie, et qui portait. le nom de son père : il fut l'un des généraux athéniens qui vainquirent les Lacédémoniens aux Arginuses.
(27) Gélon remporta cette victoire le même jour que Léonidas périt aux Thermopyles avec ses trois cents Spartiates. Diod. de.Sic., liv. XI.
(28) La phrase du texte peut s'entendre autrement: comme le mot
gr‹mma, que j'ai rendu par celui d'inscription, signifie également
tableau, image quelconque, même statue, plusieurs commentateurs ont pensé qu'il fallait le prendre dans ce sens:
alors on traduirait,
cette image, ou cette statue, est un monumentde la générosité de Gélon.
(29) Le médimne attique contenait sept boisseaux romains. Corn. Nép.,
Vie d'Atticus, c.2.
(30) Machine de guerre, dont les Anciens se servaient par lancer des
traits. Pline (VII, 56) en attribue l'invention aux Syro-Phéniciens.
(31)
Expression proverbiale, pour désigner une puissance établie sur des fondements inébranlables.
(32) Denys ne fit pas mourir tous ses frères: Nisée, l'un d'eux, régna après la mort de Dion. Plut.,
vie de Timoléon.
(33) Élien donnerait lieu de croire que les faits qu'il raconte suivirent immédiatement l'usurpation de Dion; mais
l'intervalle est au moins de sept ans, durant lesquels Callippus, Hipparinus et Nisée régnèrent successivement à Syracuse.
Strab.,. liv. VI, p. 259. on a déjà remarqué (livre III, chapitre
VII, que les boutiques des barbiers étaient le rendez-vous des gens
désoeuvrés.
(34) Gélon et Cypsélus sont assez connus : comme
Leucon l'est beaucoup moins, et que les commentateurs en ont dit peu de chose, je hasarderai de placer ici quelques détails sur son histoire. Leucon fut le cinquième roi du Bosphore Cimmérien,
depuis Spartacus, le premier dont on connaisse le nom. Il était fils de Satyrus I,dont le règne,
suivant Diodore de Sicile, commença la seconde année de la quatre-vingt-douzième
olympiade : le même auteur rapporte le commencement du règne de Leucon à la quatrième année de la quatre-vingt-seizième, et la fin, à la quatrième année de la cent sixième. Ce prince a
mérité, par
ses grandes qualités et par la sagesse de son gouvernement, que ses descendants adoptassent son nom, d'où ils ont été appelés
Leuconiens, ou Leuconides. Il laissa plusieurs fils, entre autres, Spartacus III, qui régna après lui durant cinq ans, et Poerisade,qui succéda à son frère. C'est le Poerisade dont il nous reste une médaille,
savamment expliquée par M. de Boze, qui m'a fourni le fond de cette remarque. Mém. de l'Acad. des Belles-Lettres, t. VI.