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ÉLIEN

HISTOIRES DIVERSES

LIVRE X.

1. Phérénice aux jeux olympiques. - 2. Continence d'Eubatas. - 3. De l'instinct de quelques animaux. - 4. Marche forcée d'Alexandre. - 5.  Mot d'Ésope sur les tyrans. - 6. De quelques hommes d'une maigreur singulière. - 7. De la grande année. - 8. Des bienfaits. - 9. De la gourmandise de Philoxène. - 10. Des anciens peintres. - 11.Réponse de Diogène. - 12. Mot d'Archytas. - 13. D'Archiloque. - 14. De l'oisiveté. - 15. Pauvreté d'Aristide et de Lysandre. - 16. D'Antisthène et de Diogène. - 17. Exemples d'hommes célèbres qui se sont enrichis aux dépens du public. - 18. Du berger Daphnis, et de l'origine des poèmes bucoliques. - 19. Action courageuse du lutteur Eurydamas. - 20. Réponse d'Agésilas à Xerxès. - 21. De Platon enfant. - 22. De l'athlète Dioxippe.

1. Phérénice aux jeux olympiques.

PHERENICE (01) ayant accompagné son fils, qui allait disputer le prix aux jeux olympiques , se présenta pour les voir. Mais les Hellanodices (02) lui en refusèrent l'entrée. Alors s'avançant pour plaider sa cause, « Mon père, dit-elle, a remporté la victoire dans ces jeux ; mes trois frères y ont été couronnés ; et voilà mon fils qui vient suivre leurs traces. » Par ce discours, Phérénice gagna le peuple, et mérita qu'on dérogeât, en sa faveur, à la loi qui interdisait aux femmes l'entrée au spectacle (03) ; elle y fut admise.

2. Continence d'Eubatas.

LAIS (04) conçut pour l'athlète Eubatas de Cyrène, la première fois qu'elle le vit, une passion si violente , qu'elle commença par lui faire des propositions de mariage. Eubatas, craignant de sa part quelque trait d'emportement, lui promit de céder à ses désirs aussitôt après la célébration des jeux : cependant il ne profita pas des avances de Laïs, et n'eut point de commerce avec elle (05). Dès qu'il eut été déclaré vainqueur, il songea aux moyens d'éluder son engagement : afin de paraître n'y pas manquer, il fit peindre le portrait de Laïs, et l'emporta à Cyrène, en disant qu'il menait sa femme chez lui (06) et qu'ainsi il n'avait pas violé son serment. La femme légitime d'Eubatas. paya la fidélité que son mari lui avait gardée, en lui faisant ériger à Cyrène une statue de grandeur héroïque.

3. De l'instinct de quelques animaux.

A PEINE les perdreaux sont- ils sortis de la coque, qu'ils courent avec la plus grande vitesse. Aussitôt que les canards sont éclos et qu'ils ont les yeux ouverts, ils vont nager. Lorsque la lionne est prête à mettre bas ses petits, ils lui déchirent le flanc avec leurs grilles, pour bâter le moment où ils pourront jouir de la lumière.

4.   Marche forcée d'Alexandre.

ALEXANDRE , fils de Philippe, après avoir fait, sans quitter ses armes, une marche de douze cents stades (07), pour atteindre les ennemis, les attaqua et les battit, avant que de laisser reposer ses troupes.

5.  Mot d'Ésope sur les tyrans.

VOICI une espèce de proverbe des Phrygiens ; du moins vient-il d'Ésope né en Phrygie. La truie, dit-il, pour peu qu'on la touche, se met à crier; et ce n'est pas sans raison. En effet, comme la truie n'a ni laine, ni lait, et qu'elle n'est utile que par sa chair, elle a un secret pressentiment qu'on en eut à a vie (08) ; car elle n'ignore pas à quoi on peut la faire servir. Or, il me paraît que les tyrans ressemblent à la truie d'Ésope : ils passent leur vie dans la défiance et dans la crainte, parce qu'ils savent aussi qu'ils ne peuvent servir la patrie que par leur mort.

6.   De quelques hommes d'une maigreur singulière.

SANNYRION, poète comique, Mélitus, poète tragique (09) ; Cinésias (10), connu par ces sortes de vers qui se chantaient dans les danses en rond (11) ; Philétas, auteur de vers hexamètres (12), ont été joués sur le théâtre (13) pour leur excessive maigreur. Le devin Archestrate, ayant été pris par les ennemis, on le mit dans une balance ; et il se trouva ne peser, dit-on, qu'une obole. Quoique Panarète (14) fût de la corpulence la plus mince, il vécut sans avoir jamais été malade. Hipponax (15) était à la fois petit, laid, et grêle. La maigreur de Philippide (16) , celui là même contre qui nous avons une harangue d'Hypéride, était telle qu'on fit de son nom le mot Philippidisé, pour désigner un corps décharné. Je parle sur la foi d'Alexis (17).

7. De la grande année.

L'ASTRONOME Énopide de Chio (18) consacra dans Olympie une table d'airain, sur laquelle il avait gravé le cours des astres pour cinquante-neuf ans, prétendant que c'était là la grande année (19)Méton de Leuconée (20), autre astronome, fit élever des colonnes sur lesquelles il marqua les révolutions du soleil, et se vanta d'avoir trouvé la grande année, qu'il assurait être de dix-neuf ans (21).

8. Des bienfaits.

ARISTOTE de Cyrène (22) avait coutume de dire qu'il faut se garder d'accepter un bienfait. La nécessité de le reconnaître, ajoutait-il, met souvent dans l'embarras celui qui l'a reçu ; et s'il s'en dispense, il passe pour ingrat.

9. De la gourmandise de Philoxène.

PHILOXENE (23) était aa d'une gourmandise excessive, ou plutôt Philoxène était esclave de son ventre. Passant un jour près d'un cabaret, où l'on faisait cuire je ne sais quel ragoût, il fut saisi d'un sentiment de plaisir, qui l'invitait à s'approcher pour eu respirer la fumée bientôt l'odeur irrita ses désirs ; enfin, ne pouvant plus résister à un penchant qui le maîtrisait (quel penchant, grands dieux !), il ordonna à son esclave d'acheter le ragoût. "Le cabaretier, repartit l'esclave, le vendra bien cher. " - "Tant mieux, dit Philoxène, je l'en trouverai meilleur." Voilà un de ces traits qu'il est bon de citer, non comme un modèle à imiter, mais comme un exemple à fuir.

10. Des anciens peintres.

DANS l'origine de la peinture, lorsque cet art était encore au berceau, les peintres représentaient si grossièrement les animaux, qu'ils étaient obligés d'écrire au bas de leurs tableaux, c'est un bœuf; c'est un cheval; c'est un arbre.

11. Réponse de Diogène.

DIOGÈNE ressentait de la douleur à une épaule, soit qu'il eût été blessé, comme je le pense, soit pour toute autre cause. Comme il paraissait souffrir beaucoup, quelqu'un qui n'était pas de ses amis, lui dit d'un ton moqueur : "Eh pourquoi, Diogène, ne vous délivrez-vous pas à la fois et de vos maux et de la vie?" - "Il est bon, répondit , le philosophe  que les gens qui savent ce qu'il faut dire et faire dans le monde, y restent longtemps (Diogène prétendait bien être de ce nombre)... Pour vous, qui paraissez ignorer l'un et l'autre, il vous conviendrait assez de mourir  : mais moi, qui possède cette double science, il est à propos que je conserve mes jours.

12. Mot d'Archytas.

On trouverait aussitôt un poisson sans arrêtes, qu'un homme sans fraude et sans malice. C'est un mot d'Archytas (24).

13. D'Archiloque. 

CRITIAS (25) blâmait Archiloque (26) d'avoir dit de lui -même tout le mal possible : S'il n'eût pas, disait-il, publié dans la Grèce l'histoire de sa vie, nous ignorerions qu'il était fils de l'esclave Enipée; que la misère l'ayant contraint de quitter Paros , il vint à Thase , où il se fit haïr de tous les habitants, et qu'il médisait de ses amis comme de ses ennemis. Nous ignorerions, ajoutait Critias, si Archiloque ne nous l'eût pas appris, qu'il était adultère, libertin, insolent, et ce qui est encore plus honteux, qu'il avait jeté son bouclier (27). C'est ainsi qu'Archiloque déposait contre lui-même ; et la réputation qu'il a laissée après lui, répond parfaitement au témoignage qu'il se rendait. Au reste, ce n'est pas moi qui l'accuse ; qu'on s'en prenne à Critias.

14. De l'oisiveté.

L'OISIVETÉ, disait Socrate, est sœur de la liberté. Il prouvait cette maxime par la comparaison des Indiens et des Perses avec les Phrygiens et les Lydiens. Les premiers, disait-il, sont vaillants et passionnés pour la liberté, mais indolents et paresseux ; les autres, actifs et laborieux, vivent dans l'esclavage.

15. Pauvreté d'Aristide et de Lysandre.

PENDANT aa la vie d'Aristide, ses filles furent recherchées en mariage par les citoyens les plus distingués. Ce n'était pas, sans doute, en considération de la sagesse du père, ni par un sentiment d'admiration pour son équité : s'ils eussent connu le prix de ces vertus, ils auraient persisté dans leur recherche. Mais aussitôt après la mort d'Aristide, ils s'en désistèrent. On avait découvert qu'Aristide mourait pauvre : c'en était assez pour détourner ces âmes viles d'une alliance qui, à mon avis, leur eût fait beaucoup d'honneur (28).
On raconte la même chose de Lysandre (29) : ceux qui s'étaient proposés pour devenir ses gendres, ayant su qu'il était pauvre, renoncèrent au projet d'épouser sa fille.

16. D'Antisthène et de Diogène.

ANTISTHÈNE (30), indigné de ce qu'aucun de ceux qu'il avait exhortés à cultiver l'étude de la philosophie , ne venait l'entendre, renvoya tous ses disciples et ferma son école. Il ne voulut pas même y recevoir Diogène. Mais voyant que Diogène n'en était que plus assidu et plus empressé, il le menaça de le chasser à coups de bâton ; un jour même, il le frappa effectivement à la tête. Cependant Diogène, bien loin de se retirer, n'en montra que plus d'opiniâtreté à rester auprès de son maître ; tant il avait à cœur de profiter de ses leçons : "Frappez, lui dit-il, si cela vous plaît ; je vous offre ma tête ; vous ne trouverez jamais de bâton assez dur pour m'écarter du lieu où vous dissertez." Depuis ce temps, Antisthène fut son ami.

17. Exemples d'hommes célèbres qui se sont enrichis aux dépens du public.

SI l'on s'en rapporte à Critias, le patrimoine de Thémistocle, fils de Néoclès, quand il commença d'avoir part à l'administration de la république, ne montait qu'à trois talents (31) ; mais, lorsque après avoir été à la tête des affaires, il fut envoyé en exil, et que ses biens furent confisqués, il se trouva riche de plus de cent.
Critias en dit autant de Cléon (32). Lorsque Cléon entra dans le maniement des affaires publiques, il était accablé de dettes : cependant il laissa une fortune de cinquante talents.

18. Du berger Daphnis, et de l'origine des poèmes bucoliques.

LE berger Daphnis était, suivant les uns, favori de Mercure ; selon d'autres, il était son fils. On lui donna le nom de Daphnis, parce que la nymphe sa mère l'exposa, aussitôt après sa naissance, dans un bocage planté de lauriers (33). On prétend que les génisses confiées à sa garde étaient sœurs des bœufs du soleil, dont parle Homère dans l'Odyssée (34). Quoi qu'il en soit, comme Daphnis les faisait paître dans la Sicile, une nymphe conçut pour lui l'amour le plus vif, et ne tarda pas à lui en donner la dernière preuve. Daphnis était jeune et beau ; ses joues commençaient à peine à se couvrir d'un léger duvet, caractère de cet âge où, comme dit Homère en quelque autre endroit (35), l'éclat de la jeunesse ajoute à la beauté. Le berger promit d'être fidèle, et de regarder à jamais toute autre femme avec indifférence. De son côté, la nymphe l'avertit qu'il était arrêté par les destins que la perte de la vue serait la puni­tion de son manque de foi. Des serments mutuels scellèrent leur engagement. Peu de temps s'était écoulé, lorsque la fille d'un roi, devenue amoureuse de Daphnis, parvint à le rendre infidèle, en l'enivrant (36). Delà sont nés les poèmes bucoliques, dans lesquels on chantait la perte des yeux de Daphnis : Stésichore d'Himère (37) passe pour en avoir été l'inventeur (38).

19. Action courageuse du lutteur Eurydamas.

EURYDAMAS de Cyrène, vainqueur à la lutte, ayant eu les dents rompues dans le combat, les avala, pour ne pas laisser à son adversaire la satisfaction de s'en apercevoir.

20. Réponse d'Agésilas à Xerxès.

Le roi de Perse ayant écrit à Agésilas, pour lui offrir son amitié : "Il n'est pas possible, répondit Agésilas, que je sois en particulier l'ami de Xerxès : qu'il devienne l'ami de tous les Spartiates, alors je serai certainement le sien, étant compris dans le nombre de tous.

21. De Platon enfant.

TANDIS qu'Ariston (39) offrait un sacrifice aux Muses et aux Nymphes sur le mont Hymette, Périctione plaça son fils, qu'elle portait entre ses bras, sur une touffe de myrtes fort épaisse, qui était proche, et alla vaquer au sacrifice - avec son mari. Dans cet intervalle, Platon s'étant endormi , un essaim d'abeilles vint, avec un doux bourdonnement, déposer sur ses lèvres le miel d'Hymette, annonçant ainsi quelle devait être un jour la douceur du langage de cet enfant.

22. De l'athlète (40) Dioxippe.

DIOXIPPE un jour, en présence d'Alexandre et des Macédoniens, se saisit d'une massue, et provoqua au combat le Macédonien Corrhagus, qui était armé de toutes pièces. Bientôt Dioxippe lui fit sauter sa lance ; puis l'ayant terrassé, malgré son armure, il lui mit le pied sur la gorge, arracha l'épée dont il était ceint, et le tua (41). Cette action déplut d'Alexandre. L'athlète, s'apercevant qu'il avait encouru la disgrâce du prince, se livra au désespoir, et se donna la mort.

(01) Phérénice, fille de Diagoras de Rhodes, en l'honneur de qui Pindare composa la septième ode olympique. Le fils de Phérénice s'appelait Pisidore. Pausanias (Eliac., II, 7) raconte différemment ce qui arriva à Phérénice : il dit qu'elle commença par voir les jeux sous un habit d'homme, et que ce fut pour se soustraire à la peine qu'elle avait encourue, non pour obtenir la permission de voir les jeux, qu'elle adressa aux hellanodices le discours qu'Élien rapporte dans ce chapitre.
(02) Voy. la note du chap. 31,  liv. IX.
(03) Suivant cette loi, les femmes qui avaient assisté ans jeux étaient précipitées du haut d'un rocher. Pausanias, Messen.
(04)  Laïs, célèbre courtisane de Corinthe, dont les plus riches d'entre les Grecs s'empressaient d'acheter les faveurs. Le prix excessif auquel elle les mettait donna naissance à ce proverbe si connu : Il n'est pas permis à tout le monde d'aller à Corinthe. C'est sur cette même Laïs, devenue vieille, qu'a été faite cette jolie épigramme, qui se trouve dans l'Anthologie sous le nom de Platon (édit. de Brodeau, p. 556) : «Moi Laïs, dont la Grèce éprouva la dédaigneuse fierté, et de qui mille amants assiégeaient autrefois la porte, je consacre ce miroir à Vénus. Ne pouvant plus me voir telle que j'étais, je ne veux pas me voir telle que je suis". La fin de l'épigramme a été ainsi rendue par Ausone :
Quia cernere talem, 
Qualis sum, nolo; qualis eram, nequeo.
Bayle a recueilli dans son Dictionnaire tout ce qu'on peu sa voir de l'histoire de Laïs.
(05)   On sait que les athlètes observaient scrupuleusement la continence, dans la crainte d'énerver leurs forces. Voulez-vous être vainqueur aux jeux olympiques, dit Epictéte, soyez chaste.
(06)   Tout le sel de ce mot consiste dans le double sens du verbe grec ἄγειν, qui, ainsi que le verbe latin ducere, signifie emmener et  épouser.
(07)  Quelque considérable que soit ce chemin, il n'approche pas de ce qu'on lit du Parthe Bardane, dans les Annales de Tacite, XI, 8. Suivant cet historien, Bardane fit en deux jours, à la tête de sa cavalerie, trois mille stades.
(08) Ce chapitre se trouve tout entier dans Stobée ( Serm. 148) , qui le rapporte d'après Élien. La seule différence entre les deux récits, c'est que dans Stobée on lit quelques mots de plus que dans Élien. Les commentateurs n'osent décider si ce sont des additions de la façon de Stobée, ou si le texte d'Élien a été corrompu par les copistes. Quoi qu'il en soit, comme ces additions développent le sens de la phrase, j'ai cru pouvoir en profiter.
(09) Mélitus est le même qui accusa Socrate avec Anytus, et dont il est parlé dans le chap. 13 du liv. II.
(10) Aristophane a souvent tourné Cinésias en ridicule, sur-tout dans la comédie des Oiseaux, et dans celle des Grenouilles.
(11) Des danses s'exécutaient particulièrement en l'honneur de Bacchus : les vers qu'on y chantait s'appelaient dithyrambes, d'un des noms du dieu.
(12) Voy. sur Philétas, le chap. 14 du liv. IX.
(13) Ils furent joués dans une comédie d'Aristophane, intitulée Gérytade, qui n'existe plus, et dont Athénée a conservé un fragment, liv. XII, c. 13.
(14)  Panarète était fort aimé de Ptolémée Evergéte, de qui il avait une pension annuelle de douze talents. Athen., ibid.
(15) Hipponax d'Éphèse vivait du temps de Cyrus : il fut l'inventeur des vers scazons.
(16)  Philippide vivait du temps d'Alexandre; il eut part au gouvernement d'Athènes. On lui attribue la loi qui condamnait à l'amende les femmes qui paraissaient en public sans être vêtues décemment (Harpocration). Ce fut à l'occasion de cette loi qu'Hypéride, un des dix orateurs dont Plutarque a écrit la vie, parla contre lui.
(17)  Alexis, poète comique contemporain d'Alexandre, né à Thurium ; de 245 comédies qu'il composa, il ne nous en est rien resté, sinon le titre d'une partie et quelques fragments. Voss., de poet. Graec.; et Fabric. Bibl. Gr. T. X.
(18)  Euripide était contemporain d'Anaxagore et de Démocrite.
(19) La grande année est l'espace de temps à la fin duquel le soleil et la lune, après avoir parcouru plusieurs fois leur carrière ordinaire, se rencontrent au même point, et recommencent ensemble leurs cours. Les anciens crurent d'abord que cette révolution était de deux ans, ensuite Eudoxe de Cnide prétendit qu'elle était de huit ; Enopide, de cinquante-neuf ; et Méton, de dix-neuf .D'autres philosophes avancèrent qu'elle était d'un nombre d'années presque infini.
(20)  Leuconée, canton de l'Attique.
(21) C'est la révolution connue sous le nom de cycle de Méton, ou cycle de 19 ans ou ennéadécatéride. Méton le publia vers l'an 432 avant J.-C.
(22) Si ce philosophe est le même que celui dont parle Diogène Laerce (Vie de Stilpon), comme il est assez probable il vivait du temps de Théophraste et de Démétrius Poliorcète, c'est-à-dire trois siècles avant J.-C.
(23) Il y a eu plusieurs Pliloxènes, les uns poètes, les autres gourmands de profession, quelquefois l'un et l'autre ensemble, que les anciens eux-mêmes paraissent avoir confondus. Athénée (liv,.l) en nomme deux ou trois. Il est assez malaisé de deviner quel est celui dont Élien veut parler, cependant on peut juger que c'est, ou Philoxène fils d'Eryxis, dont Aristote (Ethic. III, 19) dit qu'il souhaitait d'avoir le col d'une grue pour savourer plus longtemps les mets qu'il mangeait ou Philoxène de Cythère qui  souhaitait pour la même raison d'avoir un col long de trois coudées. C'est celui qui, étant près de mourir à Syracuse, parce qu'il avait mangé un polybe de deux coudées, voyant qu'il n'y avait point de remède, demanda qu'on lui en apportât la tête qu'il avait laissée (Athénée, VIII, pag. 642) Toutefois ces deux Philoxènes se ressemblent si parfaitement, qu'ils pourraient bien n'être que le même homme.
(24) Voy. le.chap.17 du liv. III et le chap. 14 du liv. VII.
(25) Historien célèbre cité souvent par Pollux.Athénée ( XI,, 3 et 10) parle de l'ouvrage de Critias sur la République de Lacédémone. Voss, de Histor. graec.
(26) Archiloque poète assez connu par les vers iambes dont on lui attribue l'invention, et l'usage funeste qu'il en fit.  Sur le temps où il vécut, voy. la note 1 du chap. 14, liv.IV.
(27)  Personne n'ignore combien il était déshonorant de perdre son bouclier, et plus encore, de le jeter soi-mêmes pour fuir plus librement. Les femmes Lacédémoniennes, quand leurs fils allaient à la guerre, ne manquaient pas de leur recommander, de revenir avec leur bouclier, ou dessus. Épaminondas, avant d'expirer, demanda si l'ennemi n'avait pas profité de sa chute pour lui enlever son bouclier. Quant à Archiloque, ce fut dans un combat contre les Saïens, peuple de Thrace, qu'il jeta le sien. Strabon, liv. XII, p. 749, et plusieurs autres écrivains, rapportent les vers dans lesquels il se vante lui-même de cette lâcheté.
(28)  Les Athéniens donnèrent en dot trois mille drachmes à chacune de ses filles. Plutarque, Vie d'Aristide.
(29)  Voy. le chap. 3 du liv. VI.
(30) Voy. sur Antisthène le chap. 35 du liv. IX.
(31) Thémistocle n'avait donc pas été déshérité par son père, comme le dit Élien au commencement du chap. 12 du liv. II
(32)  Cléon était contemporain de Périclès, et il périt dans la guerre du Péloponnèse. Il était fils de Cléénète, corroyeur, Aristophane, dans la comédie des Chevaliers, lui fait le même reproche que Critias, c'est-à-dire de s'être enrichi aux dépens du public : J'accuse Cléon, dit-il, parce qu'il est entré dans le prytanée le ventre vide, et qu'il en est sorti très plein.
(33)  Daphné, en grec, laurier,
(34Odyss.,XlI, 127.
(35) Iliad., XXIV , 348.
(36) L'histoire de Daphné a été épuisée par M. Hardion, dans un mémoire qui se trouve à la page 459 du t. V du Rec. de l'Ac. des belles-Lettres.
(37)  Stésichore, poète célèbre, contemporain de Cyrus. Voy, le chap. 26 du liv. IV.
(38)  L'origine des poèmes bucoliques est fort incertaine ; elle a été attribuée à Apollon, à Mercure, à Pan, à Daphnis lui-même, et à plusieurs autres encore. Voss., Poetic, Institut, l. III, c 8.
(39) Platon était fils d'Ariston et de Périctione.
(40) C'est ainsi qu'Élien le qualifie dans le chap. 58 du liv. XII.
(41)  Quinte-Curce (IX, 7), qui appelle ce Macédonien Horrates, dit qu'Alexandre empêcha Dioxippe de le tuer, mais que le prince et tous les spectateurs furent honteux de sa défaite, parce que c'était montrer aux barbares que les Macédoniens n'étaient pas invincibles. C'est de là que les envieux de Dioxippe prirent occasion de le desservir auprès d'Alexandre, et l'accusèrent, quelques jours après, d'avoir volé une coupe d'or dans un festin ; ce qui causa une telle douleur à Dioxippe, qu'il se tua.