Denys d'Halicarnasse

DENYS DHALICARNASSE

 

EXAMEN CRITIQUE DES PLUS CÉLÈBRES ÉCRIVAINS DE LA GRÈCE

ISOCRATE -   IΣΟΚΡΑΤΗΣ ΑΘΗΝΑΙΟΣ

 

 

 

 

 

 

DENYS D'HALICARNASSE EXAMEN CRITIQUE DES PLUS CÉLÈBRES ÉCRIVAINS DE LA GRÈCE, PAR DENYS D'HALICARNASSE; TRADUIT EN FRANÇAIS POUR LA PREMIÈRE FOIS, AVEC DES NOTES . PAR E. GROS, Professeur au Collége royal de Saint-Louis. TOME PREMIER. PARIS. BRUNOT—LABBE, ÉDITEUR, LIBRAIRE DE L'UNIVERSITÉ ROYALES QUAI DES AUGUSTINS N" 33. 1826.

 

I. ISOCRATE.

SOMMAIRE.

I. Vie d'Isocrate. - II-IV. Son style; en quoi il le cède à Lysias et en quoi il lui est supérieur. - V-X. Ana-lyse du panégyrique, du discours à Philippe, du discours sur la paix, du discours intitulé l'Aréopagilique, et du discours à Archidamus; sous le rapport des choses. - XI-XII. Résumé du Parallèle entre Isocrate et Lysias. - XIII-XIV. Figures puériles dans Isocrate : exemples. - XV-XVII. Discours dans le genre délibératif. - XVIII-XX. Discours dans le genre judiciaire.

 

 

 

 

 

 

A'. Ἰσοκράτης Ἀθηναῖος ἐγεννήθη μὲν ἐπὶ τῆς ὀγδοηκοστῆς καὶ ἕκτης Ὀλυμπιάδος ἄρχοντος Ἀθήνησι Λυσιμάχου, πέμπτῳ πρότερον ἔτει τοῦ Πελοποννησιακοῦ πολέμου, δυσὶ καὶ εἴκοσιν ἔτεσι νεώτερος Λυσίου. Πατρὸς δὲ ἦν Θεοδώρου τινὸς τῶν μετρίων πολιτῶν, θεράποντας αὐλοποιοὺς κεκτημένου, καὶ τὸν βίον ἀπὸ ταύτης ἔχοντος τῆς ἐργασίας. Ἀγωγῆς δὲ τυχὼν εὐσχήμονος, καὶ παιδευθεὶς οὐδενὸς Ἀθηναίων χεῖρον, ἐπειδὴ τάχιστα ἀνὴρ ἐγένετο, φιλοσοφίας ἐπεθύμησε. Γενόμενος δὲ ἀκουστὴς Προδίκου τε τοῦ Κείου, καὶ Γοργίου τοῦ Λεοντίνου, καὶ Τισίου τοῦ Συρακουσίου, τῶν τότε μέγιστον ὄνομα ἐν τοῖς Ἕλλησιν ἐχόντων ἐπὶ σοφίᾳ, ὡς δέ τινες ἱστοροῦσι, καὶ Θηραμένους τοῦ ῥήτορος, ὃν οἱ τριάκοντα ἀπέκτειναν, δημοτικὸν εἶναι δοκοῦντα· σπουδὴν μὲν ἐποιεῖτο πράττειν τε καὶ λέγειν τὰ πολιτικά· ὡς δὲ ἡ φύσις ἠναντιοῦτο, τὰ πρῶτα καὶ κυριώτατα τοῦ ῥήτορος ἀφελομένη, τόλμαν τε καὶ φωνῆς μέγεθος, ὧν χωρὶς οὐχ οἷόν τε ἦν ἐν ὄχλῳ λέγειν, ταύτης μὲν ἀπέστη τῆς προαιρέσεως· ἐπιθυμῶν δὲ δόξης, καὶ τοῦ πρωτεῦσαι παρὰ τοῖς Ἕλλησιν ἐπὶ σοφίᾳ, καθάπερ αὐτὸς εἴρηκεν, ἐπὶ τὸ γράφειν ἃ διανοηθείη κατέφυγεν· οὐ περὶ μικρῶν τὴν προαίρεσιν ποιούμενος, οὐδὲ περὶ τῶν ἰδίων συμβολαίων, οὐδὲ ὑπὲρ ὧν ἄλλοι τινὲς τῶν τότε σοφιστῶν· περὶ δὲ τῶν Ἑλληνικῶν καὶ βασιλικῶν πραγμάτων, ἐξ ὧν ὑπελάμβανε τάς τε πόλεις ἄμεινον οἰκήσεσθαι, καὶ τοὺς ἰδιώτας ἐπίδοσιν ἕξειν πρὸς ἀρετήν. Ταῦτα γὰρ ἐν τῷ Παναθηναϊκῷ λόγῳ περὶ αὑτοῦ γράφει. Πεφυρμένην τε παραλαβὼν τὴν ἄσκησιν τῶν λόγων ὑπὸ τῶν περὶ Γοργίαν καὶ Πρωταγόραν σοφιστῶν, πρῶτος ἐχώρησεν ἀπὸ τῶν ἐριστικῶν τε καὶ φυσικῶν ἐπὶ τοὺς πολιτικοὺς, καὶ περὶ αὐτὴν σπουδάζων τὴν ἐπιστήμην διετέλεσεν, ἐξ ἧς, ὥς φησιν αὐτός, τὸ βουλεύεσθαι καὶ λέγειν καὶ πράττειν τὰ συμφέροντα παραγίνεται τοῖς μαθοῦσιν. Ἐπιφανέστατος δὲ γενόμενος τῶν κατὰ τὸν αὐτὸν ἀκμασάντων χρόνον, καὶ τοὺς κρατίστους τῶν Ἀθήνησί τε καὶ ἐν τῇ ἄλλῃ Ἑλλάδι νέων παιδεύσας, ὧν οἳ μὲν, ἐν τοῖς δικανικοῖς ἐγένοντο ἄριστοι λόγοις, οἳ δ´, ἐν τῷ πολιτεύεσθαι καὶ τὰ κοινὰ πράττειν διήνεγκαν, καὶ ἄλλοι δὲ τὰς κοινὰς τῶν Ἑλλήνων τε καὶ βαρβάρων πράξεις ἀνέγραψαν· καὶ τῆς Ἀθηναίων πόλεως εἰκόνα ποιήσας τὴν ἑαυτοῦ σχολὴν, κατὰ τὰς ἀποικίας τῶν λόγων, πλοῦτον ὅσον οὐδεὶς τῶν ἀπὸ φιλοσοφίας χρηματισαμένων περιποιησάμενος, ἐτελεύτα τὸν βίον ἐπὶ Χαιρωνίδου ἄρχοντος, ὀλίγαις ἡμέραις ὕστερον τῆς ἐν Χαιρωνείᾳ μάχης, δυοῖν δέοντα βεβιωκὼς ἑκατὸν ἔτη, γνώμῃ χρησάμενος, ἅμα τοῖς ἀγαθοῖς τῆς πόλεως συγκαταλῦσαι τὸν ἑαυτοῦ βίον, ἀδήλου ἔτι ὄντος πῶς χρήσεται τῇ τύχῃ Φίλιππος παραλαβὼν τὴν τῶν Ἑλλήνων ἀρχὴν. Τὰ μὲν οὖν ἱστορούμενα περὶ αὐτοῦ, κεφαλαιωδῶς ταῦτ´ ἐστίν.

B'. Ἡ δὲ λέξις ᾗ κέχρηται, τοιοῦτόν τινα χαρακτῆρα ἔχει. Καθαρὰ μέν ἐστιν οὐχ ἧττον τῆς Λυσίου, καὶ οὐδὲν εἰκῇ τιθεῖσα ὄνομα. Τήν τε διάλεκτον ἀκριβοῦσα ἐν τοῖς πάνυ τὴν κοινὴν καὶ συνηθεστάτην. Καὶ γὰρ αὕτη πέφευγεν ἀπηρχαιωμένων καὶ σημειωδῶν ὀνομάτων τὴν ἀπειροκαλίαν. (Κατὰ δὲ τὴν τροπικὴν φράσιν, ὀλίγον τι διαλλάττει τῆς Λυσίου) καὶ κέκραται συμμέτρως· τό τε σαφὲς ἐκείνῃ παραπλήσιον ἔχει, καὶ τὸ ἐναργές. Ἠθική τέ ἐστι καὶ πιθανὴ. Καὶ στρογγύλη δὲ οὐκ ἔστιν, ὥσπερ ἐκείνη, καὶ συγκεκροτημένη, καὶ πρὸς ἀγῶνας δικανικοὺς εὔθετος· ὑπτία δέ ἐστι μᾶλλον καὶ κεχυμένη πλουσίως. Οὐδὲ δὴ σύντομος οὕτως, ἀλλὰ καὶ κατασκελὴς καὶ βραδυτέρα τοῦ μετρίου· δι´ ἣν δὲ αἰτίαν τοῦτο πάσχει, μετὰ μικρὸν ἐρῶ. Οὐδὲ τὴν σύνθεσιν ἐπιδείκνυται τὴν φυσικὴν καὶ ἀφελῆ καὶ ἐναγώνιον, ὥσπερ ἡ Λυσίου, ἀλλὰ πεποιημένην μᾶλλον εἰς σεμνότητα ποιητικὴν καὶ ποικίλην, καὶ πῇ μὲν εὐπρεπεστέραν ἐκείνης, πῇ δὲ περιεργοτέραν. Ὁ γὰρ ἀνὴρ οὗτος τὴν εὐέπειαν ἐκ παντὸς διώκει, καὶ τοῦ γλαφυρῶς λέγειν στοχάζεται μᾶλλον ἢ τοῦ ἀφελῶς. Τῶν τε γὰρ φωνηέντων τὰς παραλλήλους θέσεις, ὡς ἐκλυούσας τὰς ἁρμονίας τῶν ἤχων, καὶ τὴν λειότητα τῶν φθόγγων λυμαινομένας, παραιτεῖται· περιόδῳ τε καὶ κύκλῳ περιλαμβάνειν τὰ νοήματα πειρᾶται ῥυθμοειδεῖ πάνυ καὶ οὐ πολὺ ἀπέχοντι τοῦ ποιητικοῦ μέτρου· ἀναγνώσεώς τε μᾶλλον οἰκειότερός ἐστιν ἢ χρήσεως. Τοιγάρτοι τὰς μὲν ἐπιδείξεις τὰς ἐν ταῖς πανηγύρεσι, καὶ τὴν ἐκ χειρὸς θεωρίαν φέρουσιν αὐτοῦ οἱ λόγοι· τοὺς δὲ ἐν ἐκκλησίαις καὶ δικαστηρίοις ἀγῶνας οὐχ ὑπομένουσι. Τούτου δὲ αἴτιον, ὅτι πολὺ τὸ παθητικὸν ἐν ἐκείνοις εἶναι δεῖ· τοῦτο δὲ ἥκιστα δέχεται περίοδος. Αἵ τε παρομοιώσεις καὶ παρισώσεις καὶ τὰ ἀντίθετα, καὶ πᾶς ὁ τῶν τοιούτων σχημάτων κόσμος πολύς ἐστι παρ´ αὐτῷ, καὶ λυπεῖ πολλάκις τὴν ἄλλην κατασκευὴν, προσιστάμενος ταῖς ἀκοαῖς.

 

I. ISOCRATE naquit à Athènes, dans la 86e olympiade, sous l'archontat de Lysimachus, cinq ans avant la guerre du Péloponnèse. Il était plus jeune que Lysias de vingt-deux ans. Son père, nommé Théodore, d'une condition obscure, avait une fabrique de flûtes, et acquit, par ce genre d'industrie, une fortune considérable. Isocrate reçut une éducation soignée, et ne le céda, sous ce rapport, à aucun de ses concitoyens. Dès qu'il fut parvenu à l'âge d'homme, il se livra tout entier à la philosophie, et fut disciple de Prodius de Céos, de Gorgias de Léontium, et de Tisias de Syracuse, les sophistes les plus éclairés de la Grèce à cette époque. Quelques écrivains ajoutent qu'il eut aussi pour maître le rhéteur Théramène que les Trente firent mourir à cause de sa popularité. Isocrate désirait vivement de prendre part aux affaires publiques, et par ses actions et par ses discours; mais comme la nature avait opposé un grand obstacle à ce goût, en lui refusant l'assurance et une voix forte, qualités indispensables dans un orateur, et sans lesquelles il ne saurait parler devant la multitude, il dut renoncer à la carrière politique. Enflammé de passion pour la gloire, et jaloux, ainsi qu'il le dit lui-même, de se distinguer parmi les Grecs par l'éloquence, il prit le parti d'écrire ses méditations. Son but ne fut pas de s'occuper de questions peu importantes, des conventions privées, ou de sujets mille fois traités par les sophistes, mais des intérêts de la Grèce et des rois, persuadé que de tels écrits contribueraient à rendre les états plus florissans et les hommes plus sages : c'est du moins ce qu'il nous apprend dans son Panathénée. L'éloquence avait été corrompue par Gorgias et Protagoras. Isocrate fut le premier qui la détourna des vaines subtilités et des mystères de la nature, pour l'appliquer à la politique. Il cultiva sans relâche la science qui procure à ceux qui s'y adonnent le précieux avantage de saisir, d'exposer et de faire ce que le bien public réclame. Devenu le plus célèbre rhéteur de son temps, il instruisit les jeunes gens les plus distingués d'Athènes et des autres villes de la Grèce. Plusieurs de ses disciples furent l'ornement du barreau; d'autres s'illustrèrent dans les affaires publiques, ou en transmettant à la postérité le récit des exploits des Grecs et des Barbares. De son école sortirent des colonies d'orateurs qui allèrent porter au loin une image d'Athènes. Jamais personne n'amassa d'aussi grandes richesses en enseignant l'éloquence. Il mourut sous l'archontat de Chaerondas, peu de jours après la bataille de Chéronée, âgé de quatre-vingt-dix-huit ans, à l'époque où Philippe devint le maître de la Grèce, et lorsqu'on ne savait pas encore quel usage ce prince ferait de ses victoires. Il avait annoncé que sa carrière aurait le même terme que les prospérités de sa patrie. Tels sont, en peu de mots, les détails que nous avons sur sa vie.

II. Quant aux caractères de sa diction, les voici : elle est aussi pure que celle de Lysias; jamais on n'y voit un mot placé au hasard; elle est correcte, approuvée par l'usage, et toujours éloignée de l'emploi désagréable des mots surannés et obscurs. Comme le style de Lysias, elle est sagement tempérée, claire, pittoresque, naturelle et peint fidèlement les moeurs : sous le rapport des figures, elle en diffère jusqu'à un certain point. Elle n'est ni aussi arrondie, ni aussi serrée, ni aussi bien assortie aux débats judiciaires; mais lâche et étendue avec une sorte de luxe. Loin qu'on y trouve la même précision, elle a une marche mal assurée et lente outre mesure : bientôt j'en dirai la raison. Chez lui, l'arrangement des mots n'est pas naturel, simple et rapide comme dans l'autre orateur ; il tend davantage à une pompe fastueuse et à la variété; préférable en certains endroits, il est trop affecté dans d'autres. Isocrate court après tous les moyens de bien dire et cherche l'élégance bien plus que la simplicité. Il évite le concours des voyelles qui détruirait l'harmonie des sons et les empêcherait de couler avec facilité; il s'efforce de donner à ses pensées une tournure périodique, arrondie, pleine de nombre, et qui diffère à peine du rhythme poétique : il est plus fait pour être lu que pour être prononcé. Ses discours peuvent briller dans une assemblée d'appareil et supporter l'examen d'une simple lecture; mais ils ne soutiendraient pas les discussions orageuses de la tribune ou du barreau, parce que, là, un champ vaste est ouvert aux grandes passions, qui seraient gênées par le travail de la période. On ne trouve le plus souvent chez lui que chutes consonnantes, phrases symétriques, antithèses, et d'autres ornements de ce genre, qui nuisent au reste de la composition en occupant l'oreille.

 

 

 

Γ'. Καθόλου δὲ τριῶν ὄντων, ὥς φησι Θεόφραστος, ἐξ ὧν γίνεται τὸ μέγα καὶ σεμνὸν καὶ περιττὸν ἐν λέξει, τῆς τε ἐκλογῆς τῶν ὀνομάτων, καὶ τῆς ἐκ τούτων ἁρμονίας, καὶ τῶν περιλαμβανόντων αὐτὰ σχημάτων, ἐκλέγει μὲν εὖ πάνυ, καὶ τὰ κράτιστα τῶν ὀνομάτων τίθησιν· ἁρμόττει δὲ αὐτὰ περιέργως, τὴν εὐφωνίαν ἐντείνων μουσικήν· σχηματίζει τε φορτικῶς, καὶ τὰ πολλὰ γίνεται ψυχρὸς, ἢ τῷ πόρρωθεν λαμβάνειν, ἢ τῷ μὴ πρέποντα εἶναι τὰ σχήματα τοῖς πράγμασι, διὰ τὸ μὴ κρατεῖν τοῦ μετρίου. Ταῦτα μέντοι καὶ μακροτέραν αὐτῷ ποιεῖ τὴν λέξιν πολλάκις· λέγω δὲ τό τε εἰς περιόδους ἐναρμόττειν ἅπαντα τὰ νοήματα, καὶ τὸ τοῖς αὐτοῖς τύποις τῶν σχημάτων τὰς περιόδους περιλαμβάνειν, καὶ τὸ διώκειν ἐκ παντὸς τὴν εὐρυθμίαν. Οὐ γὰρ ἅπαντα δέχεται οὔτε μῆκος τὸ αὐτὸ, οὔτε σχῆμα τὸ παραπλήσιον, οὔτε ῥυθμὸν τὸν ἴσον. Ὥστε ἀνάγκη παραπληρώμασι λέξεων οὐδὲν ὠφελουσῶν χρῆσθαι, καὶ ἀπομηκύνειν πέρα τοῦ χρησίμου τὸν λόγον. Λέγω δὲ οὐχ ὡς διαπαντὸς αὐτοῦ ταῦτα ποιοῦντος· οὐχ οὕτως μαίνομαι· καὶ γὰρ συντίθησί ποτε ἀφελῶς τὰ ὀνόματα, καὶ λύει τὴν περίοδον εὐγενῶς, καὶ τὰ περίεργα σχήματα καὶ φορτικὰ φεύγει, καὶ μάλιστα ἐν τοῖς συμβουλευτικοῖς τε καὶ δικανικοῖς λόγοις· ἀλλ´ ὡς ἐπὶ πολὺ τῷ ῥυθμῷ δουλεύοντος, καὶ τῷ κύκλῳ τῆς περιόδου, καὶ τὸ κάλλος τῆς ἀπαγγελίας ἐν τῷ περιττῷ τιθεμένου, κοινότερον εἴρηκα περὶ αὐτοῦ. Κατὰ δὴ ταῦτά φημι τὴν Ἰσοκράτους λέξιν λείπεσθαι τῆς Λυσίου, καὶ ἔτι κατὰ τὴν χάριν. Καίτοι γε ἀνθηρός ἐστιν, εἰ καί τις ἄλλος, καὶ ἐπαγωγὸς ἡδονῇ τῶν ἀκροωμένων Ἰσοκράτης· ἀλλ´ οὐκ ἔχει τὴν αὐτὴν χάριν ἐκείνῳ. Τοσοῦτον δὲ αὐτοῦ λείπεται κατὰ ταύτην τὴν ἀρετήν, ὅσον τῶν φύσει καλῶν σωμάτων τὰ συνερανιζόμενα κόσμοις ἐπιθέτοις. Πέφυκε γὰρ ἡ Λυσίου λέξις ἔχειν τὸ χαρίεν· ἡ δὲ Ἰσοκράτους, βούλεται. Ταύταις μὲν δὴ ταῖς ἀρεταῖς ὑστερεῖ Λυσίου, κατὰ γοῦν τὴν ἐμὴν γνώμην· προτερεῖ δέ γε ἐν ταῖς μελλούσαις λέγεσθαι. Ὑψηλότερός ἐστιν ἐκείνου κατὰ τὴν ἑρμηνείαν, καὶ μεγαλοπρεπέστερος μακρῷ, καὶ ἀξιωματικώτερος. Θαυμαστὸν γὰρ δὴ καὶ μέγα τὸ τῆς Ἰσοκράτους κατασκευῆς ὕψος, ἡρωϊκῆς μᾶλλον ἢ ἀνθρωπίνης φύσεως οἰκεῖον. Δοκεῖ δή μοι μὴ ἄπο σκοποῦ τις ἂν εἰκάσαι τὴν μὲν Ἰσοκράτους ῥητορικὴν, τῇ Πολυκλείτου τε καὶ Φειδίου τέχνῃ, κατὰ τὸ σεμνὸν καὶ μεγαλότεχνον καὶ ἀξιωματικόν· τὴν δὲ Λυσίου, τῇ Καλάμιδος καὶ Καλλιμάχου, τῆς λεπτότητος ἕνεκα καὶ τῆς χάριτος. Ὥσπερ γὰρ ἐκείνων οἳ μὲν, ἐν τοῖς ἐλάττοσι καὶ ἀνθρωπικοῖς ἔργοις εἰσὶν ἐπιτυχέστεροι τῶν ἑτέρων, οἳ δ´, ἐν τοῖς μείζοσι καὶ θειοτέροις δεξιώτεροι, οὕτως καὶ τῶν ῥητόρων ὃ μὲν, ἐν τοῖς μικροῖς ἐστι σοφώτερος, ὃ δ´, ἐν τοῖς μεγάλοις περιττότερος. Τάχα μὲν γὰρ καὶ τῇ φύσει μεγαλόφρων τις ὤν· εἰ δὲ μή, τῇ γε προαιρέσει πάντως τὸ σεμνὸν καὶ θαυμαστὸν διώκων. Ταῦτα μὲν οὖν περὶ τῆς λέξεως τοῦ ῥήτορος.

III. Trois choses, suivant Théophraste, contribuent à la grandeur, à la pompe et à l'éclat du style : le choix des mots, l'harmonie qu'ils produisent, et les tours qui renferment les pensées. Isocrate excelle dans le choix des mots ; il prend toujours les plus convenables ; mais il leur donne un arrangement affecté, en visant à une harmonie musicale. Ses figures sont forcées et souvent froides, parce qu'il les tire de trop loin, ou bien parce qu'elles ne conviennent pas au sujet, ou enfin parce qu'il ne garde aucune mesure ; et il devient prolixe en voulant renfermer toutes ses pensées dans des périodes, leur donner le même tour, ou parce qu'il recherche trop l'harmonie. Car, toutes les pensées ne comportent ni la même longueur, ni les mêmes formes, ni le même nombre : aussi est-il forcé de surcharger ses phrases de mots inutiles et de les étendre au-delà des justes limites. Je ne dis pas qu'Isocrate mérite toujours ces reproches : ce serait folie de ma part. Quelquefois il sait être simple dans l'arrangement des mots, rompre avec gràce une période et fuir les figures ambitieuses et affectées, surtout dans ses harangues délibératives et judiciaires : mais comme le plus souvent il est esclave du nombre, des formes périodiques, et fait consister la beauté du style dans les ornements recherchés, je me suis exprimé d'une manière générale. Voilà sous quel rapport il me paraît au-dessous de Lysias. Il le lui cède encore pour la grâce. Je le trouve aussi fleuri que tout autre : il sait maîtriser l'esprit de ses auditeurs par les charmes de sa diction ; mais il n'a pas autant de grâce que Lysias. Il existe entre ces deux orateurs la même différence qu'entre un corps brillant de sa propre beauté, et un corps paré d'ornements empruntés. Dans Lysias, la grâce est naturelle ; dans Isocrate, elle est le fruit du travail. Mais s'il lui est inférieur à cet égard, il l'emporte pour les qualités dont je vais parler. Sa diction est plus élevée, plus noble et plus majestueuse. Chez lui, l'arrangement des mots a quelque chose d'admirable et de grand, qui tient plus du caractère des héros que de la nature de l'homme. On peut dire, sans crainte de se tromper, qu'Isocrate se rapproche de Polyclète et de Phidias, pour la grandeur, l'élévation, la noblesse, et Lysias de Calamide et de Callimaque par son élégante simplicité. De mème que ceux-ci traitaient mieux les sujets ordinaires et pris dans la nature de l'homme, tandis que Polyclète et Phidias excellaient dans les sujets grands et divins : de même, Lysias réussissait mieux dans les sujets simples, et Isocrate dans les sujets nobles, soit par un talent naturel, soit que l'art lui eût appris à s'élever à cette grandeur. Telles sont les observations que j'avais à faire sur le style de cet orateur.

 Δ'. Τὰ δὲ ἐν τῷ πραγματικῷ τόπῳ θεωρήματα, τὰ μὲν, ὅμοια τοῖς Λυσίου· τὰ δὲ, κρείττονα. Ἡ μὲν εὕρεσις ἡ τῶν ἐνθυμημάτων, ἡ πρὸς ἕκαστον ἁρμόττουσα πρᾶγμα, πολλὴ καὶ πυκνὴ καὶ οὐδὲν ἐκείνης λειπομένη· καὶ κρίσις ὡσαύτως ἀπὸ μεγάλης φρονήσεως γινομένη· τάξις δὲ καὶ μερισμοὶ τῶν πραγμάτων, καὶ ἡ κατ´ ἐπιχείρημα ἐξεργασία, καὶ τὸ διαλαμβάνεσθαι τὴν ὁμοείδειαν ἰδίαις μεταβολαῖς, καὶ ξένοις ἐπεισοδίοις, τά τε ἄλλα ὅσα περὶ τὴν πραγματικὴν οἰκονομίαν ἔστιν ἀγαθὰ, πολλῷ μείζονά ἐστι παρ´ Ἰσοκράτει καὶ κρείττονα· μάλιστα δ´ ἡ προαίρεσις ἡ τῶν λόγων, περὶ οὓς ἐσπούδαζε, καὶ τῶν ὑποθέσεων τὸ κάλλος, ἐν αἷς ἐποιεῖτο τὰς διατριβάς· ἐξ ὧν οὐ λέγειν δεινοὺς μόνον ἀπεργάσαιτ´ ἂν τοὺς προσέχοντας αὐτῷ τὸν νοῦν, ἀλλὰ καὶ τὰ ἤθη σπουδαίους, οἴκῳ τε καὶ πόλει καὶ ὅλῃ τῇ Ἑλλάδι χρησίμους. Κράτιστα γὰρ δὴ παιδεύματα πρὸς ἀρετὴν ἐν τοῖς Ἰσοκράτους ἔστιν εὑρεῖν λόγοις. Καὶ ἔγωγέ φημι χρῆναι τοὺς μέλλοντας οὐχὶ μέρος τι τῆς πολιτικῆς δυνάμεως, ἀλλ´ ὅλην αὐτὴν κτήσασθαι, τοῦτον ἔχειν τὸν ῥήτορα διὰ χειρός· καὶ εἴ τις ἐπιτηδεύει τὴν ἀληθινὴν φιλοσοφίαν, μὴ τὸ θεωρητικὸν αὐτῆς μόνον ἀγαπῶν, ἀλλὰ καὶ τὸ πρακτικόν, μηδ´ ἀφ´ ὧν αὐτὸς ἄλυπον ἕξει βίον, ταῦτα προαιρούμενος, ἀλλ´ ἐξ ὧν πολλοὺς ὠφελήσει, παρακελευσαίμην ἂν αὐτῷ τὴν ἐκείνου τοῦ ῥήτορος μιμεῖσθαι προαίρεσιν.

E'. Τίς γὰρ οὐκ ἂν γένοιτο φιλόπολίς τε καὶ φιλόδημος; ἢ τίς οὐκ ἂν ἐπιτηδεύσειε τὴν πολιτικὴν καλοκἀγαθίαν, ἀναγνοὺς αὐτοῦ τὸν Πανηγυρικόν; ἐν ᾧ διεξιὼν τὰς τῶν ἀρχαίων ἀρετὰς, φησίν, ὡς οἱ τὴν Ἑλλάδα ἐλευθερώσαντες ἀπὸ τῶν βαρβάρων, οὐ τὰ πολέμια δεινοὶ μόνον ἦσαν, ἀλλὰ καὶ τὰ ἤθη γενναῖοι, καὶ φιλότιμοι καὶ σώφρονες· οἵ γε τῶν μὲν κοινῶν μᾶλλον ἐφρόντιζον ἢ τῶν ἰδίων, τῶν δὲ ἀλλοτρίων ἧττον ἐπεθύμουν ἢ τῶν ἀδυνάτων· καὶ τὴν εὐδαιμονίαν οὐ πρὸς ἀργύριον ἔκρινον, ἀλλὰ πρὸς εὐδοξίαν· μέγαν οἰόμενοι τοῖς παισὶ καταλείψειν πλοῦτον, καὶ ἀνεπίφθονον, τὴν παρὰ τοῖς πλήθεσι τιμήν. Κρείττονα δὲ ἡγοῦντο τὸν εὐσχήμονα θάνατον, ἢ τὸν ἀκλεῆ βίον· ἐσκόπουν δὲ οὐχ ὅπως οἱ νόμοι καλῶς καὶ ἀκριβῶς αὐτοῖς ἕξουσιν, ἀλλ´ ὡς ἡ τῶν καθ´ ἡμέραν ἐπιτηδευμάτων μετριότης μηθὲν ἐκβήσεται τῶν πατρίων. Οὕτως δὲ εἶχεν αὐτοῖς τὰ πρὸς ἀλλήλους φιλοτίμως καὶ πολιτικῶς, ὥστε καὶ τὰς στάσεις ἐποιοῦντο πρὸς ἀλλήλους, πότεροι πλείω τὴν πόλιν ἀγαθὰ ποιήσουσιν, οὐχ οἵτινες τοὺς ἑτέρους ἀπολέσαντες, τῶν λοιπῶν αὐτοὶ ἄρξουσι· τῇ δὲ αὐτῇ προθυμίᾳ χρώμενοι καὶ πρὸς τὴν Ἑλλάδα, τῷ θεραπεύειν προσήγοντο τὰς πόλεις, καὶ τῷ πείθειν ταῖς εὐεργεσίαις μᾶλλον ἢ τῷ βιάζεσθαι τοῖς ὅπλοις κατεῖχον· πιστοτέροις χρώμενοι τοῖς λόγοις ἢ νῦν τοῖς ὅρκοις, καὶ ταῖς συνθήκαις ἀξιοῦντες μᾶλλον ἐμμένειν, ἢ ταῖς ἀνάγκαις. Τοιαῦτα δὲ περὶ τῶν ἡττόνων ἀξιοῦντες γινώσκειν, οἷα περὶ σφῶν αὐτῶν τοὺς κρείττους ἂν ἠξίωσαν φρονεῖν· οὕτω δὲ παρεσκευασμένοι τὰς γνώμας, ὡς ἰδίᾳ μὲν ἔχοντες τὰς ἑαυτῶν πόλεις, κοινὴν δὲ πατρίδα τὴν Ἑλλάδα οἰκοῦντες.
 

IV. Sous le rapport des choses, Isocrate est quelquefois égal et d'autres fois supérieur à Lysias. Il sait trouver les arguments convenables à chaque sujet, et son invention est aussi riche et aussi féconde que celle de Lysias. Une raison aussi sage le dirige toujours; mais la disposition et la distribution des preuves, l'art de développer les arguments, de prévenir la monotonie par une heureuse variété, et par des digressions épisodiques, en un mot, tout ce qui constitue le mérite de l'économie oratoire est plus parfait dans Isocrate : sa supériorité est surtout incontestable pour le choix des sujets et leur importance. En l'étudiant, on se forme à l'éloquence et à la vertu, en même temps qu'on apprend à travailler au bonheur de sa famille, de sa patrie et de la Grèce entière. Dans chacun de ses discours s'offrent d'admirables leçons de vertu : je ne crains pas de dire que celui qui aspire non seulement à connaître une partie de la science politique, mais à la posséder à fond, doit les avoir sans cesse entre les mains. L'homme qui veut se consacrer à la véritable philosophie, et qui, peu satisfait de la théorie, est jaloux d'y joindre la pratique; celui, enfin, qui ne borne pas ses soins à se mettre à l'abri de toute inquiétude, et s'efforce d'être utile à ses semblables, doit prendre cet orateur pour modèle : je ne cesserai de le redire.

V. Qui ne serait point enflammé d'amour pour son pays et pour ses concitoyens, qui ne brillerait pas d'acquérir toutes les vertus propres à assurer le bonheur des empires, après la lecture du Panégyrique, de ce discours où il expose les vertus des anciens Grecs qui affranchirent la patrie du joug des Barbares? Suivant lui, non seulement ils étaient redoutables dans les combats ; mais, animés des plus généreux sentiments, passionnés pour la gloire et pleins de modération, ils s'occupaient des intérêts publics bien plus que de leurs intérêts propres; le bien d'autrui était moins l'objet de leurs désirs que les choses qui ne peuvent jamais exister ; ils ne prenaient point les richesses, mais la gloire pour mesure de leur prospérité, persuadés qu'ils légueraient à leurs enfants des trésors assez considérables et placés hors des coups de l'envie, s'ils leur laissaient pour héritage les récompenses décernées par la reconnaissance publique. Un noble trépas leur paraissait bien préférable à une vie sans gloire. Ils veillaient, non à faire de bonnes lois, mais à ce que leur conduite de chaque jour ne portât aucune atteinte aux sages institutions de leurs pères. Ils agissaient avec tant de loyauté et tant de délicatesse, qu'il n'y avait de factions et de rivalité entre eux que pour se disputer l'avantage de bien mériter de la patrie, et non pour se supplanter et s'emparer de l'autorité. Pleins des mêmes sentiments pour la Grèce entière, c'est par des services qu'ils attirèrent plusieurs républiques dans leur alliance, et ils les rendirent fidèles plutôt par des bien-faits que par la force des armes. Leur parole était un garant plus inviolable que les serments d'aujourd'hui : ils aimaient mieux garder volontairement la foi des traités que d'y ètre réduits par la nécessité, et se croyaient obligés d'être envers les peuples plus faibles dans les dispositions où ils voulaient trouver eux-mèmes les peuples plus puissants, persuadés que s'ils habitaient des états séparés, la Grèce entière était leur commune patrie.

Στιγμα'. Τίς δ´ οὐκ ἂν ἀγαπήσειε μέγεθος ἔχων ἀνὴρ καὶ δυνάμεώς τινος ἡγούμενος, ἃ πρὸς Φίλιππον αὐτῷ τὸν Μακεδόνα γέγραπται; ἐν οἷς ἀξιοῖ στρατηγὸν ἄνδρα καὶ τηλικαύτης ἐξουσίας κύριον, διαλλάττειν μὲν τὰς διαφερομένας πόλεις, ἀλλὰ μὴ συγκρούειν πρὸς ἀλλήλας, τὴν δὲ Ἑλλάδα μεγάλην ἐκ μικρᾶς ποιεῖν· ὑπεριδόντα δὲ τῆς περὶ τὰ μικρὰ φιλοτιμίας τοῖς τοιούτοις ἐπιχειρεῖν ἔργοις, ἐξ ὧν κατορθώσας τε, πάντων ἡγεμόνων ἐπιφανέστατος ἔσται, καὶ ἀποτυχὼν, τήν γε εὔνοιαν τὴν παρὰ τῶν Ἑλλήνων κτήσεται· ἧς οἱ τυχόντες, πολλῷ μᾶλλόν εἰσι ζηλωτότεροι τῶν μεγάλας πόλεις καὶ πολλὰς χώρας καταστρεψαμένων· ἔτι δὲ παρακελεύεται μιμεῖσθαι τὴν Ἡρακλέους τε προαίρεσιν, καὶ τῶν ἄλλων ἡγεμόνων, ὅσοι μετὰ τῶν Ἑλλήνων ἐπὶ τοὺς βαρβάρους ἐστράτευσαν. Καί φησι χρῆναι τοὺς ἑτέρων διαφέροντας, προαιρεῖσθαι μὲν τὰς μέγεθος ἐχούσας πράξεις, ἐπιτελεῖν δὲ αὐτὰς μετ´ ἀρετῆς, ἐνθυμουμένους ὅτι τὸ μὲν σῶμα θνητὸν ἔχομεν, ἀθάνατοι δὲ γιγνόμεθα δι´ ἀρετήν· καὶ τοῖς μὲν πρὸς ἄλλο τι τῶν ἀγαθῶν ἀπλήστως διακειμένοις ἀχθόμεθα, τοὺς δὲ τιμὴν μείζω τῆς ὑπαρχούσης ἀεὶ κτωμένους ἐπαινοῦμεν· καὶ ὅτι τῶν μὲν ἄλλων, ἐφ´ οἷς εἰσιν οἱ πολλοὶ, τοῦ τε πλούτου καὶ ἀρχῆς καὶ δυναστείας, πολλάκις τοὺς ἐχθροὺς συμβαίνει γίγνεσθαι κυρίους, τῆς δὲ ἀρετῆς καὶ τῆς παρὰ τοῖς πλήθεσιν εὐνοίας, τοὺς οἰκείους ἑκάστου κληρονομεῖν. Πολλὴ γὰρ ἀνάγκη τοὺς ἀναγιγνώσκοντας ταῦτα δυνάστας φρονήματός τε μείζονος ὑποπίμπλασθαι καὶ μᾶλλον ἐπιθυμεῖν τῆς ἀρετῆς.

Ζ'. Τίς δὲ ἂν μᾶλλον ἐπὶ τὴν δικαιοσύνην καὶ τὴν εὐσέβειαν προτρέψαιτο, καθ´ ἕκαστόν τε ἄνδρα ἰδίᾳ καὶ κοινῇ τὰς πόλεις ὅλας, τοῦ Περὶ τῆς εἰρήνης λόγου; ἐν γὰρ δὴ τούτῳ πείθει τοὺς Ἀθηναίους, τῶν μὲν ἀλλοτρίων μὴ ἐπιθυμεῖν, ἐπὶ δὲ τοῖς παροῦσι στέργειν· καὶ τῶν μὲν μικρῶν πόλεων ὡσπερανεὶ κτημάτων φείδεσθαι, τοὺς δὲ συμμάχους εὐνοίᾳ τε καὶ εὐεργεσίαις πειρᾶσθαι κατέχειν, ἀλλὰ μὴ ταῖς ἀνάγκαις μηδὲ ταῖς βίαις· τῶν δὲ προγόνων μιμεῖσθαι μὴ τοὺς πρὸ τῶν Δεκελεικῶν γενομένους, οἳ μικροῦ ἐδέησαν ἀπολέσαι τὴν πόλιν, ἀλλὰ τοὺς πρὸ τῶν Περσικῶν, οἳ καλοκἀγαθίαν ἀσκοῦντες διετέλεσαν. Ἐπιδείκνυταί τε ὡς οὐχ αἱ πολλαὶ τριήρεις, οὐδ´ οἱ μετὰ βίας ἀρχόμενοι Ἕλληνες μεγάλην ποιοῦσι τὴν πόλιν, ἀλλ´ αἱ δίκαιαί τε προαιρέσεις, καὶ τὸ τοῖς ἀδικουμένοις βοηθεῖν· παρακαλεῖ τε τὴν τῶν Ἑλλήνων εὔνοιαν οἰκείαν ποιεῖν τῇ πόλει, μεγίστην ἡγουμένους μερίδα πρὸς εὐδαιμονίαν· καὶ πολεμικοὺς μὲν εἶναι ταῖς παρασκευαῖς καὶ ταῖς μελέταις, εἰρηνικοὺς δὲ τῷ μηδένα μηδὲν ἀδικεῖν· διδάσκων ὡς οὔτε πρὸς πλοῦτον, οὔτε πρὸς δόξαν, οὔθ´ ὅλως πρὸς εὐδαιμονίαν οὐθὲν ἂν συμβάλοιτο τηλικαύτην δύναμιν, ὅσην ἀρετὴ καὶ τὰ μέρη ταύτης· καὶ τοῖς μὴ ταῦτα ὑπειληφόσιν ἐπιτιμῶν, οἳ τὴν μὲν ἀδικίαν κερδαλέαν ἡγοῦντο, καὶ πρὸς τὸν βίον τὸν καθ´ ἡμέραν συμφέρουσαν. τὴν δὲ δικαιοσύνην ἀλυσιτελῆ καὶ μᾶλλον ἑτέροις ἢ τοῖς ἔχουσιν ὠφέλιμον. Τούτων γὰρ οὐκ οἶδ´ εἴ τις ἂν ἢ βελτίους, ἢ ἀληθεστέρους, ἢ μᾶλλον πρέποντας φιλοσοφίᾳ δύναιτο λόγους εἰπεῖν.

Η'. Τίς δὲ τὸν Ἀρεοπαγιτικὸν ἀναγνοὺς λόγον, οὐκ ἂν γένοιτο κοσμιώτερος; ἢ τίς οὐκ ἂν θαυμάσειε τὴν ἐπιβολὴν τοῦ ῥήτορος; ὃς ἐτόλμησε διαλεχθῆναι περὶ πολιτείας Ἀθηναίοις, ἀξιῶν μεταθέσθαι μὲν τὴν τότε καθεστῶσαν δημοκρατίαν, ὡς μεγάλα βλάπτουσαν τὴν πόλιν, ὑπὲρ ἧς τῶν δημαγωγῶν οὐθεὶς ἐπεχείρει λέγειν· θεωρῶν εἰς τοσαύτην αὐτὴν προεληλυθυῖαν ἀκοσμίαν, ὥστε μηδὲ τοὺς ἄρχοντας ἔτι τῶν ἰδιωτῶν κρατεῖν, ἀλλ´ ἕκαστον ὅ, τι καθ´ ἡδονὴν αὐτῷ γίνοιτο, καὶ ποιοῦντα καὶ λέγοντα, καὶ τὴν ἄκαιρον παρρησίαν, δημοτικὴν ἐξουσίαν ὑπὸ πάντων νομιζομένην· ἀνασώσασθαι δὲ τὴν ὑπὸ Σόλωνός τε καὶ Κλεισθένους κατασταθεῖσαν πολιτείαν· ἧς τὴν προαίρεσιν καὶ τὰ ἤθη διεξιὼν, δεινότερον μὲν ἡγεῖσθαί φησι τοὺς τότε ἀνθρώπους τὸ τοῖς πρεσβυτέροις ἀντειπεῖν, ἢ τὴν τάξιν λύειν· δημοκρατίαν δὲ αὐτοὺς νομίζειν οὐ τὴν ἀκολασίαν, ἀλλὰ τὴν σωφροσύνην· τὸ δὲ ἐλεύθερον, οὐκ ἐν τῷ καταφρονεῖν τῶν ἀρχόντων, ἀλλ´ ἐν τῷ τὰ κελευόμενα ποιεῖν τίθεσθαι· ἐξουσίαν τε οὐθενὶ τῶν ἀκολάστων ἐπιτρέπειν, ἀλλὰ τοῖς βελτίστοις ἀνατιθέναι τὰς ἀρχάς, τοιούτους ἔσεσθαι τοὺς ἄλλους ὑπολαμβάνοντας οἷοί περ ἂν ὦσιν οἱ τὴν πόλιν διοικοῦντες· ἀντὶ δὲ τοῦ τὰς ἰδίας οὐσίας ἐκ τῶν δημοσίων ἐπανορθοῦν, τοὺς ἰδίους πλούτους εἰς τὰ κοινὰ καταχορηγεῖν. Χωρὶς δὲ τούτων, πλείω τὴν ἐπιμέλειαν ποιεῖσθαι τοὺς πατέρας τῶν υἱῶν ἀνδρῶν γενομένων ἢ παίδων ὄντων ἐποιοῦντο· ἐνθυμουμένους ὡς οὐκ ἐξ ἐκείνης τῆς παιδείας, ἀλλ´ ἐκ ταύτης τῆς σωφροσύνης μᾶλλον ὠφελεῖται τὸ κοινόν· κρείττονά τε ὑπολαμβάνειν τὰ χρηστὰ ἐπιτηδεύματα τῆς ἀκριβοῦς νομοθεσίας, σκοποῦντας οὐχ ὅπως ταῖς τιμωρίαις τοὺς ἁμαρτάνοντας ἀνείρξουσιν, ἀλλ´ ὡς μηδὲν ἄξιον ζημίας ἕκαστον ἐπιτηδεύειν· καὶ τὴν μὲν πατρίδα δεῖν οἰομένους ἐν ἐξουσίᾳ διάγειν μεγάλῃ, τοῖς δ´ ἰδιώταις μηδὲν ἐξεῖναι ποιεῖν ὅ, τι ἂν οἱ νόμοι κωλύωσι· καρτερεῖν δὲ τὰ δεινὰ, καὶ μὴ ἐκπλήττεσθαι ταῖς συμφοραῖς.

VI. Quel homme, dans un rang élevé ou chef d'une armée nombreuse, n'admirerait point le discours adressé à Philippe, roi de Macédoine ! L'orateur rappelle à ce prince que le devoir d'un général revêtu d'une grande autorité est de rétablir la concorde entre les États, au lieu de les pousser à de violentes dissentions; de travailler à l'agrandissement de la Grèce, de mépriser une gloire obscure pour des entreprises de telle nature qu'en les conduisant à une heureuse fin il éclipsera tous les généraux, et que, même en y échouant, il méritera l'amour de la Grèce, avantage plus glorieux que la destruction des grandes villes ou le ravage de plusieurs contrées. Il l'engage à marcher sur les traces d'Hercule et des autres princes qui commandèrent les armées de la Grèce contre les Barbares, et il ajoute que les hommes placés au-dessus des autres hommes doivent rechercher les actions d'éclat, les exécuter avec courage, et se rappeler sans cesse que, si nous naissons mortels, la vertu nous mène à l'immortalité. Il dit que les hommes dévorés par une soif insatiable du bien d'autrui nous sont odieux, tandis que nous comblons d'éloges ceux qui se montrent jaloux d'augmenter leur gloire ; enfin, que les avantages qui charment la multitude, les richesses, la puissance, l'autorité, tombent souvent dans les mains de nos ennemis, au lieu que la vertu et la gloire de la popularité sont l'héritage impérissable de nos familles. De telles leçons remplissent l'âme des rois de sentiments nobles et d'un plus grand amour pour la vertu.

VII. Est-il un discours plus propre à porter à la justice, à la piété, les simples citoyens et les États, que le discours sur la paix, dans lequel il engage les Athéniens à ne pas jeter d'avides regards sur les possessions des autres peuples, mais à se contenter de leurs possessions ; à ménager les petits États avec autant de soin que leurs propres biens; à conserver leurs alliés plutôt par la bienveillance et par des services que par la contrainte ou la violence; à imiter la conduite de leurs ancêtres, non pas de ceux qui, avant la guerre de Décélie, mirent la patrie à deux doigts de sa perte; mais de ces généreux Grecs qui, à l'époque de la guerre contre les Perses, s'illustrèrent par la pratique de toutes les vertus. Il montre que ce n'est ni par de nombreuses flottes, ni par une autorité violente, que la Grèce peut agrandir sa puissance, mais par la justice et en protégeant les opprimés. Il exhorte les Athéniens à se concilier la bienveillance des autres peuples, parce que c'est un moyen infaillible d'assurer la prospérité de la patrie; à être toujours, par leurs préparatifs, en état de combattre, mais à aimer la paix, sans jamais commettre la moindre injustice, et prouve que, pour arriver aux richesses, à la gloire, au bonheur, il n'est pas de plus puissant auxiliaire que la vertu. Il blâme ceux qui, loin de partager ces principes, soutiennent que l'injustice est profitable, que tous les jours elle procure quelque avantage, tandis que la justice est stérile, ou du moins plus utile aux autres qu'à celui qui ne s'écarte point de ses lois. Je ne sais si l'éloquence peut traiter des sujets plus nobles, plus vrais et plus dignes de la philosophie.

VIII. Quel homme ne deviendrait pas plus sage après la lecture du discours intitulé l'Aréopagitique, ou qui n'applaudirait pas au but de l'orateur? En parlant aux Athéniens de leur gouvernement, et lorsque aucun favori du peuple n'osait aborder une pareille question, il eut le courage de soutenir qu'ils devaient changer la démocratie établie à cette époque, parce qu'elle était la source des plus grands maux pour la patrie. Il avait vu le désordre grandir au point que les magistrats ne conservaient plus d'empire sur les citoyens, et que chacun voulait parler et agir à son gré, faisant consister la liberté dans une dangereuse licence ; et il leur conseilla de rétablir le gouvernement fondé par Solon et par Clisthène. Il en expose le but et les caractères ; il ajoute qu'alors il paraissait plus difficile de combattre l'opinion des vieillards que de forcer une armée. Aux yeux des Athéniens, la démocratie, à cette époque, n'était pas la licence, mais la modération; ils faisaient consister la liberté dans l'observation des lois, et non dans le mépris des magistrats. Loin de mettre l'autorité entre les mains des méchants, ils ne la confiaient qu'à des citoyens vertueux, parce qu'ils étaient convaincus que chacun s'efforce de marcher sur les traces des chefs de l'État. Ils ne cherchaient pas à augmenter leurs richesses au détriment de la fortune publique; ils sacrifiaient plutôt leur fortune au bien de la patrie. Alors les pères veillaient avec plus de soin sur l'âge mûr que sur l'enfance, parce qu'on était persuadé que ce n'est pas l'éducation de l'enfance, mais la sagesse de l'âge mûr qui peut contribuer au bonheur des empires, et que les habitudes généreuses ont plus de force que les meilleures législations; ils ne songeaient pas à réprimer les fautes par des peines sévères, mais à prévenir les actions condamnées par les lois; en un mot, ils croyaient que la patrie a besoin pour sa prospérité d'un gouvernement fort, et que le devoir du citoyen consiste à s'abstenir de tout ce qui est défendu par les lois, à supporter les dangers, et à ne pas succomber sous le poids des revers.

Θ'. Τίς δ´ ἂν μᾶλλον πείσειε καὶ πόλιν καὶ ἄνδρας τοῦ ῥήτορος, πολλαχῇ μὲν καὶ ἄλλῃ, μάλιστα δ´ ἐν τῷ πρὸς Λακεδαιμονίους γραφέντι λόγῳ ὃς ἐπιγράφεται μὲν Ἀρχίδαμος, ὑπόθεσιν δὲ περιείληφε τὴν περὶ τοῦ μὴ προέσθαι Μεσσήνην Βοιωτοῖς, μηδὲ ποιεῖν τὸ προσταττόμενον ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν; ἠτύχητο γὰρ δὴ τοῖς Λακεδαιμονίοις ἥ τε περὶ Λεῦκτρα μάχη, καὶ πολλαὶ μετ´ ἐκείνην ἕτεραι· καὶ τὰ μὲν Θηβαίων πράγματα ἤνθει τε καὶ εἰς μέγεθος ἀρχῆς προεληλύθει· τὰ δὲ τῆς Σπάρτης, ταπεινὰ καὶ ἀνάξια τῆς ἀρχαίας ἡγεμονίας γεγόνει. Τελευτῶσα γοῦν ἵνα τύχῃ τῆς εἰρήνης ἡ πόλις, ἐβουλεύετο εἰ χρὴ Μεσσηνίας ἀποστῆναι, ταύτην ἐπιτιθέντων αὐτῇ Βοιωτῶν τὴν ἀνάγκην. Ὁρῶν οὖν αὐτὴν ἀνάξια πράττειν μέλλουσαν τῶν προγόνων, τόνδε τὸν λόγον συνετάξατο Ἀρχιδάμῳ, νέῳ μὲν ὄντι καὶ οὔπω βασιλεύοντι, ἐλπίδας δὲ πολλὰς ἔχοντι ταύτης τεύξεσθαι τῆς τιμῆς. Ἐν ᾧ διεξέρχεται πρῶτον μέν ὡς δικαίως ἐκτήσαντο Μεσσήνην Λακεδαιμόνιοι, παραδόντων τε αὐτὴν τῶν Κρεσφόντου παίδων, ὅτε ἐξέπεσον ἐκ τῆς ἀρχῆς, καὶ τοῦ θεοῦ προστάξαντος δέχεσθαι καὶ τιμωρεῖν τοῖς ἀδικουμένοις· πρὸς δὲ τούτοις ἐπικυρώσαντος μὲν τὴν κτῆσιν τοῦ πολέμου, κάτοχον δὲ καὶ βέβαιον πεποιηκότος τοῦ χρόνου. Διδάσκει δέ ὡς οὐ Μεσσηνίοις τοῖς οὐκέτ´ οὖσιν, ἀλλὰ δούλοις καὶ εἵλωσιν ὁρμητήριον καὶ καταφυγὴν παρέξουσι τὴν πόλιν. Διεξέρχεταί τε τοὺς κινδύνους τῶν προγόνων, οὓς ὑπέμειναν ἕνεκα τῆς ἡγεμονίας· καὶ τῆς δόξης ὑπομιμνήσκει τῆς παρὰ τοῖς Ἕλλησιν ὑπαρχούσης περὶ αὐτῶν Παραινεῖ τε μὴ συγκαταπίπτειν ταῖς τύχαις, μηδ´ ἀπογιγνώσκειν τὰς μεταβολάς· ἐνθυμουμένους ὅτι πολλοὶ μὲν ἤδη μείζω δύναμιν ἔχοντες ἢ Θηβαῖοι, ὑπὸ τῶν ἀσθενεστέρων ἐκρατήθησαν· πολλοὶ δὲ εἰς πολιορκίαν κατακλεισθέντες καὶ δεινότερα ἢ Λακεδαιμόνιοι πάσχοντες, διέφθειραν τοὺς ἐπιστρατεύσαντας· καὶ παράδειγμα ποιεῖται τὴν Ἀθηναίων πόλιν, ἥτις ἐκ πολλῆς εὐδαιμονίας ἀνάστατος γενομένη, τοὺς ἐσχάτους ὑπέστη κινδύνους, ἵνα μὴ τοῖς βαρβάροις ποιῇ τὸ προσταττόμενον. Παρακελεύεται δὲ καὶ καρτερεῖν ἐπὶ τοῖς παροῦσι, καὶ θαρρεῖν περὶ τῶν μελλόντων· ἐπισταμένους ὅτι τὰς τοιαύτας συμφορὰς αἱ πόλεις ἐπανορθοῦνται πολιτείᾳ χρηστῇ, καὶ πολέμων ἐμπειρίαις· ἐν οἷς προεῖχεν ἡ Σπάρτη τῶν ἄλλων πόλεων. Οἴεται δὲ δεῖν οὐ τοὺς κακῶς πράττοντας εἰρήνης ἐπιθυμεῖν, οἷς ἐκ τῆς καινουργίας ἐπὶ τὸ κρεῖττον μεταβάλλειν τὰ πράγματα ἐλπίς, ἀλλὰ τοὺς εὐτυχοῦντας. Ἐν γὰρ τῷ κινδύνῳ τὴν τῶν παρόντων ἀγαθῶν εἶναι φυλακήν. Πολλὰ δὲ καὶ ἄλλα πρὸς τούτοις διεξελθών ὅσα καὶ κοινῇ καὶ ἰδίᾳ τοῖς ἐπιφανεστάτοις αὐτῶν ἐπράχθη κατὰ τοὺς πολέμους λαμπρὰ ἔργα, καὶ ὅσης αἰσχύνης ἄξια δράσουσι, καὶ ὡς καὶ διαβληθήσονται παρὰ τοῖς Ἕλλησιν ἐπιλογισάμενος, καὶ ὅτι πάντοθεν αὐτοῖς ἐπικουρία τις ἔσται τὸν ἀγῶνα ποιουμένοις, καὶ παρὰ θεῶν, καὶ παρὰ συμμάχων, καὶ παρὰ πάντων ἀνθρώπων, οἷς ἐπίφθονος ἡ Θηβαίων δύναμις αὐξομένη· καὶ τὴν κατέχουσαν ἀκοσμίαν καὶ ταραχὴν τὰς πόλεις ἐπιτροπευόντων τῆς Ἑλλάδος Βοιωτῶν ἐπιδειξάμενος, τελευτῶν εἰ καὶ μηθὲν τούτων μέλλοι γίνεσθαι, μηδ´ ὑπολείποιτό τις ἄλλη σωτηρίας ἐλπίς, ἐκλιπεῖν κελεύει τὴν πόλιν, διδάσκων αὐτούς, ὡς χρὴ παῖδας μὲν καὶ γυναῖκας, καὶ τὸν ἄλλον ὄχλον εἴς τε Σικελίαν ἐκπέμψαι καὶ Ἰταλίαν, καὶ τἄλλα χωρία τὰ φίλια· αὐτοὺς δὲ καταλαβομένους τόπον ὅστις ἂν ὀχυρώτατος ᾖ, καὶ πρὸς τὸν πόλεμον ἐπιτηδειότατος, ἄγειν καὶ φέρειν τοὺς πολεμίους καὶ κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν. Οὐδεμίαν γὰρ ἀξιώσειν δύναμιν ὁμόσε χωρεῖν ἀνδράσι κρατίστοις μὲν τὰ πολέμια τῶν Ἑλλήνων, ἀπονενοημένως δὲ πρὸς τὸ ζῆν διακειμένοις, δικαίαν δὲ ὀργὴν καὶ πρόφασιν εὐπρεπῆ τῆς ἀνάγκης ἔχουσι. Ταῦτα γὰρ οὐ Λακεδαιμονίοις συμβουλεύειν φαίην ἂν αὐτὸν ἔγωγε, ἀλλὰ καὶ τοῖς ἄλλοις Ἕλλησι καὶ πᾶσιν ἀνθρώποις, πολλῷ κρεῖττον ἁπάντων φιλοσόφων, οἳ τέλος ποιοῦνται τοῦ βίου τὴν ἀρετὴν καὶ τὸ καλόν.

IX. Quel orateur est plus fait pour persuader les hommes ou un État qu'Isocrate dans plusieurs de ses discours, et surtout dans celui qui a pour titre Archidamus, où il se propose de déterminer les Lacédémoniens à ne pas céder Messène aux Béotiens et à rejeter les conditions dictées par leurs ennemis ? Les Lacédémoniens avaient essuyé des échecs dans la bataille de Leuctres et dans divers combats; et la puissance de Thèbes, de jour en jour plus florissante, touchait à son plus haut période, tandis que Sparte gémissait humiliée, et avait perdu son ancienne suprématie sur la Grèce. A la fin, pour obtenir la paix, elle se vit réduite à délibérer si elle abandonnerait le territoire de Messénie, condition rigoureuse que lui imposaient les Béotiens. Les Lacédémoniens allaient se déshonorer par un traité indigne de leurs ancêtres, lorsqu'Isocrate adressa ce discours à Archidamus, alors fort jeune, qui n'était pas encore roi, mais qui avait de grandes espérances d'arriver à cette dignité. Il prouve aux Lacédémoniens que la possession de Messène est légitime; d'abord, parce que cette ville leur a été donnée par les enfants de Cresphonte, à l'époque où ils furent chassés de leurs États; ensuite, parce que l'oracle de Delphes ordonna aux Lacédémoniens de les recevoir, de les secourir dans leur malheur ; et enfin, parce que cette possession a été sanctionnée par les droits de la guerre et par le temps. Il fait voir que ce serait livrer cette ville, non aux Messéniens, qui déjà n'étaient plus rien, mais à des esclaves et à des ilotes, à qui elle servirait de port et d'asile. Il énumère les périls qu'affrontèrent leurs ancêtres pour parvenir à la suprématie et leur rappelle la renommée dont ils jouissent chez les peuples de la Grèce. Il les presse de ne point céder aux coups de la fortune, d'espérer un heureux changement, de se souvenir que des peuples plus puissants que les Thébains ont été quelquefois vaincus par des nations plus faibles ; et que souvent des citoyens renfermés dans une ville assiégée et réduits à une situation critique, triomphèrent des assiégeants. Il leur propose pour exemple Athènes, qui, tombée du faîte de la prospérité, brava les plus grands dangers plutôt que d'obéir aux Barbares. Il les engage à supporter avec fermeté leurs malheurs présents, à attendre avec confiance un meilleur avenir, et à songer que les Etats réparent de semblables calamités par un gouvernement sage et par cette expérience de la guerre que Sparte possède à un plus haut degré que toutes les républiques. Il pense que ce n'est pas dans l'adversité, et lorsqu'on peut espérer d'un nouvel ordre de choses un état plus heureux, qu'il faut désirer la paix, mais plutôt quand la fortune est favorable: éviter les hasards de la guerre, c'est alors le seul moyen de conserver les avantages que l'on possède. Il rappelle aux Lacédémoniens les actions éclatantes qui les ont couverts de gloire au milieu des combats ; il leur représente la honte que ce traité attirerait sur leur tète et les cris d'indignation qui s'élèveraient coutre eux de tous les points de la Grèce ; tandis qu'en marchant aux combats, ils auront pour auxiliaires les dieux, les alliés, et tous ceux qui voient d'un oeil jaloux l'agrandissement de la puissance de Thèbes. Il peint le trouble et la confusion qui désoleront les villes de la Grèce lorsque l'empire sera tombé aux mains des Béotiens. Pour éviter ce malheur, et puisqu'il n'y a pas d'autre espoir de salut, il les engage à quitter leur ville, à envoyer en Sicile, en Italie et dans les autres pays alliés, leurs épouses, leurs enfants, et tous les citoyens qui ne seraient d'aucune utilité dans les combats; tandis que, maîtres d'une place forte et propre à opposer une vigoureuse résistance, ils réuniront eux-mêmes toutes leurs forces sur terre et sur mer, contre les ennemis. Il soutient qu'aucune armée n'osera se mesurer avec la nation la plus belliqueuse de la Grèce, surtout lorsque, animés par une juste colère, ils sacrifieront leur vie pour la plus belle des causes. De tels conseils conviennent non seulement aux Lacédémoniens, mais à tous les Grecs, à tous les peuples; et l'orateur se montre ici plus philosophe que les sages mêmes, qui placent la perfection suprême dans l'honneur et la vertu.

Ι'. Ἔχων δὲ πολλοὺς αὐτοῦ καὶ ἄλλους διεξιέναι λόγους πρὸς πόλεις τε καὶ δυνάστας καὶ ἰδιώτας γραφέντας, ὧν οἳ μὲν εἰς ὁμόνοιαν καὶ σωφροσύνην τὰ πλήθη παρακαλοῦσιν, οἳ δὲ εἰς μετριότητα καὶ νόμιμον ἀρχὴν τοὺς δυνάστας προάγουσιν, οἳ δὲ κοσμίους τῶν ἰδιωτῶν ἀπεργάζονται τοὺς βίους, ἃ δεῖ πράττειν ἕκαστον ὑποτιθέμενοι, δεδοικὼς μὴ πέρα τοῦ δέοντος ὁ λόγος ἐκμηκυνθῇ μοι, ταῦτα μὲν ἐάσω. Τοῦ δ´ εὐπαρακολούθητα γενέσθαι μοι μᾶλλον τὰ πρόσθεν εἰρημένα, καὶ τοῦ διαφορᾶς ἕνεκα ᾗ διαλλάττει Λυσίου, τὰς ἀρετὰς αὐτῶν εἰς βραχύτερον συναγαγὼν λόγον ἐπὶ τὰ παραδείγματα μεταβήσομαι.

Ια'. Πρώτην μὲν τοίνυν ἔφην ἀρετὴν εἶναι λόγων, τὴν καθαρὰν ἑρμηνείαν, ἐν ᾗ διαλλαγὴν οὐδεμίαν εὕρισκον παρ´ οὐδετέρῳ. Ἔπειτα, τὴν ἀκρίβειαν τὴν διαλέκτου τοῦ τότε συνήθους· καὶ ταύτην ἑώρων ὁμοίαν παρ´ ἀμφοτέροις. Μετὰ ταῦτα ἐπελογιζόμην ὅτι τοῖς κυρίοις καὶ συνήθεσι καὶ κοινοῖς ὀνόμασιν ἀμφότεροι κέχρηνται· ἡ δὲ Ἰσοκράτους λέξις προσλαβοῦσά τι τῆς τροπικῆς κατασκευῆς, μέχρι τοῦ μὴ λυπῆσαι προῆλθεν. Τῆς σαφηνείας καὶ τῆς ἐναργείας ἀμφοτέρους κρατεῖν ἀπεφηνάμην. Ἐν δὲ τῷ συντόμως ἐκφέρειν τὰ νοήματα, Λυσίαν μᾶλλον ἡγούμην ἐπιτυγχάνειν. Περὶ τὰς αὐξήσεις Ἰσοκράτην κατορθοῦν ἄμεινον ἐδόκουν. Ἐν τῷ συστρέφειν τὰ νοήματα καὶ στρογγύλως ἐκφέρειν ὡς πρὸς ἀληθινοὺς ἀγῶνας ἐπιτήδειον Λυσίαν ἀπεδεχόμην. Ἐν ταῖς ἠθοποιίαις ἀμφοτέρους εὕρισκον δεξιούς. Τῆς δὲ χάριτος καὶ τῆς ἡδονῆς ἀναμφιλόγως ἀπεδίδουν τὰ πρωτεῖα Λυσίᾳ. Τὸ μεγαλοπρεπὲς ἑώρων παρ´ Ἰσοκράτει. Τοῦ πιθανοῦ καὶ πρέποντος οὐδέτερον ἐδόκουν ἀπολείπεσθαι. Ἐν τῇ συνθέσει τῶν ὀνομάτων Λυσίαν μὲν ἀφελέστερον ἔκρινον, Ἰσοκράτην δὲ περιεργότερον. Καὶ τὸν μὲν, τῆς ἀληθείας πιθανώτερον εἰκαστήν, τὸν δὲ, τῆς κατασκευῆς ἀθλητὴν ἰσχυρότερον.

Ιβ'. Ταῦτα ἔφην περὶ τῆς λέξεως τῆς ἑκατέρου. Τῶν δὲ πραγμάτων ποιούμενος ἐξέτασιν, τὴν μὲν εὕρεσιν θαυμαστὴν παρ´ ἀμφοῖν κατελαβόμην, καὶ ἔτι τὴν κρίσιν· τῇ δὲ τάξει τῶν ἐνθυμημάτων, καὶ τοῖς μερισμοῖς τῶν ἐπιχειρημάτων, καὶ τῇ καθ´ ἕκαστον εἶδος ἐξεργασίᾳ, τοῖς τε ἄλλοις ἅπασι τοῖς ἐν τῷ πραγματικῷ τόπῳ θεωρήμασι, παρὰ πολὺ προτερεῖν ἡγούμην Ἰσοκράτην Λυσίου. Κατὰ δὲ τὴν λαμπρότητα τῶν ὑποθέσεων, καὶ τὸ φιλόσοφον τῆς προαιρέσεως, πλεῖον διαφέρειν ἢ παιδὸς ἄνδρα, ὡς ὁ Πλάτων εἴρηκεν· εἰ δὲ χρὴ τἀληθὲς εἰπεῖν, καὶ τῶν ἄλλων ἁπάντων ῥητόρων, ὅσοι φιλοσόφως τοῦ μαθήματος τούτου προέστησαν. Τῆς μέντοι ἀγωγῆς τῶν περιόδων τὸ κύκλιον καὶ τῶν σχηματισμῶν τῆς λέξεως τὸ μειρακιῶδες, οὐκ ἐδοκίμαζον. Δουλεύει γὰρ ἡ διάνοια πολλάκις τῷ ῥυθμῷ τῆς λέξεως, καὶ τοῦ κομψοῦ λείπεται τὸ ἀληθινόν. Κράτιστον δὲ ἐπιτήδευμα ἐν διαλέκτῳ πολιτικῇ καὶ ἐναγωνίῳ, τὸ ὁμοιότατον τῷ κατὰ φύσιν· βούλεται δὲ ἡ φύσις τοῖς νοήμασιν ἕπεσθαι τὴν λέξιν, οὐ τῇ λέξει τὰ νοήματα. Συμβούλῳ δὲ δὴ περὶ πολέμου καὶ εἰρήνης λέγοντι, καὶ ἰδιώτῃ τὸν περὶ ψυχῆς τρέχοντι κίνδυνον ἐν δικασταῖς, τὰ κομψὰ καὶ θεατρικὰ καὶ μειρακιώδη ταῦτα οὐκ οἶδα ἥντινα δύναιτο ἂν παρασχεῖν ὠφέλειαν· μᾶλλον δὲ οἶδα ὅτι καὶ βλάβης ἂν αἴτια γένοιτο. Χαριεντισμὸς γὰρ πᾶς ἐν σπουδῇ, καὶ καλῶς γινόμενος, ἄωρον πρᾶγμα καὶ πολεμιώτατον ἐλέῳ.

X. Je pourrais analyser encore plusieurs de ses discours adressés à des républiques, à des rois ou à des particuliers : dans les premiers, il exhorte les peuples à une conduite sage, il donne aux rois des leçons de modération et de justice; dans les autres, il s'efforce d'inspirer aux simples citoyens l'amour de l'ordre, en les instruisant de leurs devoirs : mais, craignant de franchir une juste mesure, je laisserai ces discours de côté. Cependant, pour répandre plus de jour sur les observations que j'ai déjà faites, et sur les traits qui distinguent Isocrate de Lysias, je vais rappeler, en peu de mots, les qualités qui les caractérisent. Je donnerai ensuite quelques exemples.

XI. La première qualité du style de ces deux orateurs est la pureté: sous ce rapport, ils ne présentent aucune différence. La seconde est l'observation exacte du langage ordinaire : elle se trouve au même degré dans l'un et dans l'autre; ils emploient tous deux les mots propres et autorisés par l'usage. Le style d'Isocrate est figuré, mais non pas an point de devenir fatigant. Ils possèdent également la clarté et l'art de rendre les objets sensibles. Lysias donne à ses pensées plus de précision; Isocrate sait mieux amplifier; mais la première place est due à Lysias, pour l'art de présenter les pensées sous cette forme vive et arrondie qui convient aux véritables débats. Ils peignent les moeurs avec la même fidélité : si, pour la grâce et l'agrément, j'ai décerné sans balancer la palme à Lysias, Isocrate a l'avantage pour la majesté. Quant à la persuasion et aux convenances, ils ne laissent rien à désirer. L'arrangement des mots est trop simple dans Lysias, et trop recherché dans Isocrate : l'un ressemble à un peintre qui a recours à l'art pour orner la vérité; l'autre à un athlète qui ne compte que sur ses forces.

XII. Voilà ce que j'ai dit de leur style : par rapport aux choses, je trouve qu'ils ont l'un et l'autre une invention et un jugement admirables; mais, pour l'enchaînement des preuves, leur distribution, l'art de les développer; en un mot, dans tout ce qui concerne le fond même du discours, Isocrate me paraît bien supérieur. Quant à la beauté des sujets et à leur but philosophique, il y a, suivant Platon, entre ces deux orateurs, et s'il faut dire la vérité tout entière, entre Isocrate et les orateurs qui se sont exercés sur des questions de même nature, autant de différence qu'entre un enfant et un homme fait; mais je n'approuve ni les formes arrondies de ses périodes, ni l'affectation puérile de ses tours. Chez lui, la pensée est souvent esclave du nombre; il sacrifie le naturel aux ornements, quoique, dans l'éloquence politique et au barreau, le principal mérite consiste à imiter la nature. Or, la nature veut que l'expression soit asservie à la pensée, et non pas la pensée à l'expression. Lorsqu'un orateur conseille la guerre ou la paix, lorsqu'un citoyen parle devant des juges pour éloigner le péril qui menace ses jours, je ne vois pas à quoi peuvent servir ces ornements frivoles et faits pour le théâtre ; ou plutôt, je sens qu'ils doivent nuire : dans un sujet sérieux, les ornements recherchés, quelque brillants qu'on les suppose, sont déplacés et ferment tout accès à la pitié.

 Ιγ'. Οὗτος δὲ οὐκ ἐμὸς ὁ λόγος πρώτου μὰ Δία· ἐπεὶ πολλοὶ καὶ τῶν παλαιῶν ταύτην εἶχον ὑπὲρ αὐτοῦ τὴν δόξαν. Φιλόνικος μὲν γὰρ ὁ διαλεκτικὸς, τὴν ἄλλην κατασκευὴν τῆς λέξεως ἐπαινῶν τἀνδρὸς, μέμφεται τῆς καινότητος· ταυτῆς καὶ τοῦ φορτικοῦ· ἐοικέναι τέ φησιν αὐτὸν ζωγράφῳ ταῖς αὐταῖς ἐσθῆσι καὶ τοῖς αὐτοῖς σχήμασι πάσας ἐπικοσμοῦντι τὰς γραφάς. « Ἅπαντες γοῦν, φησὶν, εὕρισκον τοὺς λόγους αὐτοῦ τοῖς αὐτοῖς τρόποις τῆς λέξεως κεχρημένους· ὥστ´ ἐν πολλοῖς τεχνικῶς τὰ καθ´ ἕκαστα ἐξεργαζόμενον, τοῖς ὅλοις ἀπρεπῆ παντελῶς φαίνεσθαι, διὰ τὸ μὴ προσηκόντως τοῖς ὑποκειμένοις τῶν ἠθῶν φράζειν ». Ἱερώνυμος δὲ ὁ φιλόσοφός φησιν, ἀναγνῶναι μὲν ἄν τινα δυνηθῆναι τοὺς λόγους αὐτοῦ καλῶς, δημηγορῆσαι δὲ τήν τε φωνὴν καὶ τὸν τόνον ἐπάραντα, καὶ ἐν ταύτῃ τῇ κατασκευῇ, μετὰ τῆς ἁρμοττούσης ὑποκρίσεως εἰπεῖν, οὐ παντελῶς. Τὸ γὰρ μέγιστον καὶ κινητικώτατον τῶν ὄχλων, παρατεῖσθαι, τὸ παθητικὸν καὶ ἔμψυχον· δουλεύειν γὰρ αὐτὸν τῇ λειότητι διὰ παντός. Τὸ δὲ κεκραμένον καὶ παντοδαπὸν ἐπιτάσει τε καὶ ἀνέσει, καὶ τὸ ταῖς παθητικαῖς ὑπερθέσεσι διειλημμένον, ἀποβεβληκέναι. Καθόλου δέ φησιν αὐτὸν εἰς ἀναγνώστου παιδὸς φωνὴν καταδύντα, μήτε τόνον, μήτε πάθος, μήτε ὑπόκρισιν δύνασθαι φέρειν. Πολλοῖς δὲ καὶ ἄλλοις ταῦτα καὶ παραπλήσια τούτοις εἴρηται, περὶ ὧν οὐδὲν δέομαι γράφειν. Ἐξ αὐτῆς γὰρ ἔσται τῆς Ἰσοκράτους λέξεως τεθείσης καταφανὴς ὅ, τε τῶν περιόδων ῥυθμὸς, ἐκ παντὸς διώκων τὸ γλαφυρὸν, καὶ τῶν σχημάτων τὸ μειρακιῶδες περὶ τὰς ἀντιθέσεις, καὶ παρισώσεις καὶ παρομοιώσεις κατατριβόμενον. Καὶ οὐ τὸ γένος μέμφομαι τῶν σχημάτων. Πολλοὶ γὰρ αὐτοῖς ἐχρήσαντο καὶ συγγραφεῖς καὶ ῥήτορες, ἀνθίσαι βουλόμενοι τὴν λέξιν·, ἀλλὰ τὸν πλεονασμόν.

Ιδ'. Τῷ γὰρ μὴ ἐν καιρῷ γίνεσθαι, μηδὲ ἐν ὥρᾳ, προσίστασθαί φημι ταῖς ἀκοαῖς. Ἐν γοῦν τῷ Πανηγυρικῷ τῷ περιβοήτῳ λόγῳ, πολύς ἐστιν. Ἐν τοῖς τοιούτοις· « Πλείστων μὲν οὖν ἀγαθῶν αἰτίους, καὶ μεγίστων ἐπαίνων ἀξίους ἡγοῦμαι. » Ἐνταῦθα γὰρ οὐ μόνον τῷ κώλῳ τὸ κῶλον ἴσον, ἀλλὰ καὶ τὰ ὀνόματα τοῖς ὀνόμασι· τῷ μὲν Πλείστων, τὸ Μεγίστων· τῷ δ´ Ἀγαθῶν τὸ Ἐπαίνων· τῷ δὲ Αἰτίους τὸ Ἀξίους. Καὶ αὖθις· « Οὐδὲ ἀπέλαυον μὲν ὡς ἰδίων, ἠμέλουν δὲ ὡς ἀλλοτρίων »· τό τε γὰρ κῶλον τὸ δεύτερον τῷ κώλῳ πάρισον· καὶ τῶν ὀνομάτων τῷ μὲν Ἀπέλαυον, τὸ Ἠμέλουν ἀντίθετον· τῷ δὲ Ἰδίων τὸ Ἀλλοτρίων. Οἷς ἐπιτίθησιν· « Ἀλλὰ ἐκήδοντο μὲν ὡς οἰκείων, ἀπείχοντο δὲ ὥσπερ χρὴ τῶν μηδὲν προσηκόντων. » Ἀντίκειται γὰρ δὴ πάλιν κἀνταῦθα, τῷ μὲν Ἐκήδοντο τὸ Ἀπείχοντο, τῷ δὲ Οἰκείων, τὸ Μηδὲν προσηκόντων. Καὶ οὔπω ταῦθ´ ἱκανά· ἀλλ´ ἐν τῇ μετὰ ταῦτα περιόδῳ πάλιν ἀντιστρέφει, τῷ μὲν « Αὐτός τε μέλλοι μάλιστα εὐδοκιμήσειν», τὸ ἐπιφερόμενον. « Καὶ τοῖς παισὶ μεγάλην δόξαν καταλείψειν. » Τῷ δὲ· « Οὐδὲ τὰς θρασύτητας τὰς ἀλλήλων ἐζήλουν v, τὸ συναπτόμενον αὐτῷ· « ‘Οὐδὲ τὰς τόλμας τὰς αὑτῶν ἤσκουν ». Καὶ οὐδὲ μικρὸν διαλιπὼν ἐπιφέρει τούτοις· « Ἀλλὰ δεινότερον μὲν ἐνόμιζον εἶναι, κακῶς ὑπὸ τῶν πολιτῶν ἀκούειν ἢ καλῶς ὑπὲρ τῆς πατρίδος ἀποθνῄσκειν. » Οὐκοῦν καὶ δεύτερον τῷ μὲν Καλῶς, τὸ Κακῶς ἀντίστροφον· τῷ δὲ Ἀκούειν τὸ Ἀποθνῄσκειν πάρισον. Εἰ μέτριος εἴη, μέχρι δεῦρο, ἀνεκτός, ἀλλ´ οὐκ ἀνήσει. Πάλιν γοῦν ἐν τῇ μετ´ αὐτὴν περιόδῳ τίθησιν· « Ὅτι τοῖς ἀγαθοῖς τῶν ἀνθρώπων οὐδὲν δεήσει πολλῶν γραμμάτων, ἀλλ´ ὀλίγων συνθημάτων, καὶ περὶ τῶν κοινῶν καὶ περὶ τῶν ἰδίων ὁμονοήσουσιν. » Οὐκοῦν τὸ Γραμμάτων καὶ Συνθημάτων πάρισον· καὶ τὸ Πολλῶν καὶ Ὀλίγων καὶ Κοινῶν καὶ Ἰδίων, ἀντίθετα. Ἔπειθ´ ὥσπερ οὐδὲν εἰρηκὼς τοιοῦτον, ἀθρόαις ἐπικλύσει ταῖς παρισώσεσιν, ἐπιφέρων αὐτίκα· « Καὶ τὰ τῶν ἄλλων διῴκουν θεραπεύοντες, ἀλλ´ οὐχ ὑβρίζοντες τοὺς Ἕλληνας· καὶ στρατηγεῖν οἰόμενοι δεῖν αὐτῶν, ἀλλὰ μὴ τυραννεῖν αὐτῶν· καὶ μᾶλλον ἐπιθυμοῦντες ἡγεμόνες ἢ δεσπόται προσαγορεύεσθαι, καὶ σωτῆρες, ἀλλὰ μὴ λυμεῶνες ἀποκαλεῖσθαι· τῷ ποιεῖν εὖ προσαγόμενοι τὰς πόλεις, ἀλλ´ οὐ βίᾳ καταστρεφόμενοι· πιστοτέροις μὲν τοῖς λόγοις, ἢ νῦν τοῖς ὅρκοις χρώμενοι· ταῖς δὲ συνθήκαις ὥσπερ ἀνάγκαις ἐμμένειν ἀξιοῦντες. » Καὶ τί δεῖ τὰ καθ´ ἕκαστα διεξιόντα μηκύνειν; ὀλίγου γὰρ ἅπας ὁ λόγος ὑπὸ τῶν τοιούτων αὐτῷ κεκόμψευται σχημάτων. Οἱ μέντοι γε ἐπὶ τελευτῇ τοῦ βίου γραφέντες λόγοι, ἧττόν εἰσι μειρακιώδεις, ὡς ἂν οἶμαι, τελείαν ἀπειληφότες τὴν φρόνησιν παρὰ τοῦ χρόνου. Καὶ περὶ μὲν τούτων ἱκανὰ ταῦτα.

Ιε'. Ὥρα δὲ ἂν εἴη καὶ τῶν παραδειγμάτων ἅψασθαι, καὶ δεῖξαι τούτοις τίς ἐστιν ἡ τοῦ ῥήτορος ἰσχύς. Ἅπαντα μὲν οὖν τὰ γένη τῶν προβλημάτων, καὶ πάσας τὰς ἰδέας τῶν λόγων, ἀμήχανον ἐν ὀλίγῳ δηλῶσαι· ἀρκεῖ τε μία τε δημηγορία παραληφθεῖσα, καὶ λόγος εἷς ἐκ δικανικῶν. Ὁ μὲν οὖν συμβουλευτικὸς λόγος ἔστιν ἐν ᾧ παρακαλεῖ τοὺς Ἀθηναίους διαλύσασθαι μὲν τὸν συμμαχικὸν κληθέντα πόλεμον, ὃν ἐπολέμουν πρὸς αὐτοὺς Χῖοί τε καὶ Ῥόδιοι καὶ οἱ τούτων σύμμαχοι· παύσασθαι δὲ πλεονεκτοῦντας καὶ τῆς κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν ἐπιθυμοῦντας ἀρχῆς· διδάσκων ὡς ἔστιν οὐ μόνον κρείττων ἡ δικαιοσύνη τῆς ἀδικίας ἀλλὰ καὶ ὠφελιμωτέρα. Τὸ μὲν οὖν ὕπτιον καὶ ἀναβεβλημένον τῆς ἀγωγῆς, καὶ τῶν περιόδων ὁ χαριεντισμὸς, ἔνεστι κἀν τούτοις· τὰ δὲ θεατρικὰ τῶν σχημάτων τεταμιευμένως παρείληπται. Ταῦτα μὲν δὴ παρορᾶν δεῖ τοὺς ἀναγιγνώσκοντας, καὶ μὴ ἄξια ἡγεῖσθαι σπουδῆς, ὥσπερ κατ´ ἀρχὰς ἔφην· τοῖς δὲ ἄλλοις πάνυ προσέχειν τὸν νοῦν. Ἄρχεται δὲ ὁ λόγος ἐνθένδε.

XIII. Je ne suis pas le premier à émettre cette opinion sur Isocrate : plusieurs critiques l'ont professée avant moi. Le dialecticien Philonicus, après avoir loué les diverses qualités du style de cet orateur, blâme ces ornements ambitieux et d'une espèce nouvelle : il le compare à un peintre qui donnerait aux personnages de tous ses tableaux le même vêtement et les mêmes attitudes. « Dans les discours d'Isocrate, dit-il, j'ai trouvé partout les mêmes tours et les mêmes figures : il polit plusieurs parties avec art ; mais l'ensemble manque de convenance, parce qu'il ne sait point prêter aux objets la couleur qui leur est propre. » Le philosophe Hiéronyme dit qu'on peut lire ses discours avec fruit; mais que s'il fallait les débiter dans une assemblée publique, sur un ton élevé et en les accompagnant de l'action, le genre de sa composition s'y opposerait : auprès de la multitude, il n'est pas d'arme plus puissante ou plus propre à émouvoir qu'une éloquence pathétique et animée, tandis qu'Isocrate s'attache toujours à la douceur et néglige cet heureux mélange de traits, les uns vifs, les autres doux, et ces mouvements impétueux qui répandent la variété dans le discours. Il ajoute qu'Isocrate s'élève jusqu'au ton d'un enfant qui lit à haute voix; mais qu'il n'est fait ni pour les débats vifs et passionnés, ni pour l'action. D'autres critiques ont fait sur cet orateur une foule d'observations de ce genre; mais il est inutile de les transcrire ici. Quelques passages d'Isocrate feront mieux sentir qu'il y a dans ses périodes un effort continuel vers l'harmonie, une recherche puérile dans le choix des figures, telles que l'antithèse, la parfaite symétrie des membres, les désinences et les chutes semblables. Je ne condamne pas ces figures en elles-mêmes; plusieurs historiens et plusieurs orateurs les ont employées pour rendre leur style fleuri : ce que je blâme, c'est l'abus.

XIV. Quand on les emploie mal à propos et outre mesure, elles fatiguent l'oreille. Dans le Panégyrique, dans ce discours si vanté, Isocrate les prodigue jusqu'à la satiété. En voici des exemples : « Πλείστων μὲν οὖν ἀγαθῶν αἰτίους, καὶ μεγίστων ἐπαίνων ἀξίους ἡγοῦμαι . » Non seulement chaque membre est égal, mais les mots se correspondent, savoir : μεγίστων à πλείστων, ἐπαίνων à ἀγαθῶν et ἀξίους à αἰτίους. Dans ce passage : « Οὐδὲ ἀπέλαυον μὲν ὡς ἰδίων, ἠμελουν δὲ ὡς ἀλλοτρίων. » » le second membre est égal au premier ; ἠμελουν correspond à ἀπέλαυον, et ἀλλοτρίων à ἰδίων. Il ajoute : « Ἀλλ' ἐκήδοντο μὲν ὡς οἰκείων, ἀπείχοντο δὲ ὥσπερ χρὴ τῶν μηδὲν προσηκόντων. » Ici, ἀπείχοντο est opposé à ἐκήδοντο, et μηδὲν προσηκόντων à οἰκείων. Il ne s'arrête pas là : dans la période suivante, il fait usage de l'antistrophe. Après ces mots : « Αὐτός τε μέλλοι μάλιστα εὐδοκιμήσειν. », il ajoute : « Καὶ τοῖς παισὶ μεγάλην δόξαν καταλείψειν. » Plus loin, il dit : « Οὐδε τὰς θρασύτητας τὰς ἀλλήλων ἐζήλουν· οὐδὲ τὰς τόλμας τὰς καθ' ἑαυτῶν ἤσκουν. » ; et sans laisser le moindre intervalle : « Ἀλλὰ δεινότερον μὲν ἐνόμιζον εἶναι, κακῶς ὑπὸ τῶν πολιτῶν ἀκούειν, ἢ καλῶς ὑπὲρ τῆς πατρίδος ἀποθνῄσκειν. » Dans ce passage, κακῶς correspond à καλῶς, et ἀποθνῄσκειν à ἀκούειν. S'il gardait une juste mesure, il serait supportable; mais il ne sait pas se borner. Dans la phrase suivante : « Ὅτι τοῖς ἀγαθοῖς τῶν ἀνθρώπων, οὐδὲν δεήσει πολλῶν γραμμάτων, ἀλλ' ὀλίγων συνθημάτων, καὶ περὶ τῶν κοινῶν καὶ περὶ τῶν ἰδίων ὁμονοήσουσιν. » γραμμάτων et συνθημάτων se correspondent; πολλῶν et ὀλίγων sont opposés, ainsi que κοινῶν et ἰδίων ; et à l'instant même, comme s'il ne s'était pas servi de ces figures, c'est un véritable débordement de désinences et de chutes semblables : «Τὰ τῶν ἄλλων διῴκουν θεραπεύοντες, ἀλλ' οὐκ ὑβρίζοντες τοὺς Ἕλληνας· καὶ στρατηγεῖν οἰόμενοι δεῖν αὐτῶν, ἀλλὰ μὴ τυραννεῖν αὐτῶν· καὶ μᾶλλον ἐπιθυμοῦντες ἡγεμόνες ἢ δεσπόται προσαγορεύεσθαι και σωτῆρες, ἀλλὰ μὴ λυμεῶνες ἀποκαλεῖσθαι· τῷ ποιεῖν εὖ προσαγόμενοι τὰς πολλλεις, ἀλλ' οὐ βίᾳ προσκαταστρεφόμενοι· πιστοτέροις μὲν τοῖς λόγοις, ἢ νῦν ὄρκοις χρώμενοι· ταῖς δὲ συνθήκαις ὥσπερ ἀνάγκαις ἐμμένειν ἀξιοῦντες »

« Ils veillaient sur les intérêts des autres peuples de la Grèce, bien loin de les outrager : ils voulaient être appelés leurs chefs et non leurs maîtres : plus jaloux d'être les sauveurs des autres états que les auteurs de leur ruine, ils les attiraient sous leur domination par des services, plutôt que de les subjuguer par la violence ; leur parole était plus sacrée que nos serments, et ils se croyaient enchaînés par la foi des traités, comme par un lien indissoluble. »

Qu'est-il besoin d'insister davantage et de parcourir chaque partie de ce discours ? d'un bout à l'autre, ces tours affectés en forment toute la parure. Les harangues qu'il composa vers la fin de sa carrière sont moins empreintes de ces défauts de la jeunesse : sans doute parce que le temps lui avait donné un goût plus sage. Ces observations me paraissent suffire.

XV. Ce serait le moment de citer des exemples tirés d'Isocrate pour donner une juste idée de son talent; mais comme il est impossible de tout embrasser dans un traité succinct, et d'analyser les divers genres d'éloquence, je me contenterai de deux discours. L'un appartient à l'éloquence délibérative, et l'autre à l'éloquence judiciaire. Dans le premier, il engage les Athéniens à mettre fin à la guerre que leur faisaient les peuples de Chio, de Rhodes et leurs alliés; à bannir de leur coeur. l'amour des richesses et le désir de soumettre à leur empire la terre et la mer, et prouve que la justice est plus noble et plus utile que l'injustice. On trouve bien dans ce discours des tours lâches, trop étendus, et de l'affectation dans les périodes; mais les ornements recherchés y sont moins fréquents. Le lecteur ne doit pas s'arrêter à des défauts peu dignes de son attention, comme je l'ai déjà dit; mais s'attacher plutôt aux bonnes qualités de la composition. Isocrate débute en ces termes :

 Ιστιγμα'. « Ἅπαντες μὲν εἰώθασιν οἱ παριόντες ἐνθάδε, ταῦτα μέγιστα φάσκειν εἶναι, καὶ μάλιστα σπουδῆς ἄξια τῇ πόλει, περὶ ὧν αὐτοὶ μέλλουσι συμβουλεύειν. Οὐ μὴν ἀλλ´ εἰ καὶ περὶ ἄλλων τινῶν πραγμάτων ἥρμοζε τοιαῦτα προειπεῖν, δοκεῖ μοι πρέπειν καὶ περὶ τῶν νῦν παρόντων ἐντεῦθεν ποιήσασθαι τὴν ἀρχήν. Ἥκοιμεν γὰρ ἐκκλησιάσοντες περί τε πολέμου καὶ εἰρήνης· ἃ μεγίστην ἔχει δύναμιν ἐν τῷ βίῳ τῷ τῶν ἀνθρώπων, καὶ περὶ ὧν ἀνάγκη τοὺς ὀρθῶς βουλευσαμένους, ἄμεινον τῶν ἄλλων πράττειν. Τὸ μὲν οὖν μέγεθος ὑπὲρ ὧν συνεληλύθαμεν, τηλικοῦτόν ἐστιν. Ὁρῶ δὲ ὑμᾶς οὐκ ἐξ ἴσου τῶν λεγόντων τὴν ἀκρόασιν ποιουμένους, ἀλλὰ τοῖς μὲν προσέχοντας τὸν νοῦν, τῶν δὲ οὐδὲ τῆς φωνῆς ἀνεχομένους. Καὶ θαυμαστὸν οὐδὲν ποιεῖτε. Καὶ γὰρ τὸν ἄλλον χρόνον εἰώθατε τοὺς ἄλλους ἅπαντας ἐκβάλλειν, πλὴν τοὺς συναγορεύοντας ταῖς ἐπιθυμίαις ὑμῶν· οἷς καὶ δικαίως ἄν τις ἐπιτιμήσειεν, ὅτι συνειδότες πολλοὺς καὶ μεγάλους οἴκους ὑπὸ τῶν κολακευόντων ἀναστάτους γεγενημένους, καὶ μισοῦντες ἐπὶ τῶν ἰδίων τοὺς ταύτην ἔχοντας τὴν τέχνην, ἐπὶ τῶν κοινῶν οὐχ ὁμοίως διάκεισθε πρὸς αὐτούς, ἀλλὰ κατηγοροῦντες τῶν προσιεμένων καὶ χαιρόντων τοῖς τοιούτοις, αὐτοὶ μᾶλλον φαίνεσθε τούτοις πιστεύοντες, ἢ τοῖς ἄλλοις πολίταις. Καὶ γάρ τοι πεποιήκατε τοὺς ῥήτορας μελετᾶν καὶ φιλοσοφεῖν οὐ τὰ μέλλοντα τῇ πόλει συνοίσειν, ἀλλ´ ὅπως ἀρέσκοντας ὑμῖν λόγους ἐροῦσιν· ἐφ´ οὓς καὶ νῦν τὸ πλῆθος αὐτῶν ἐρρύηκεν· ἅπασι γὰρ ἦν φανερόν, ὅτι μᾶλλον ἡσθήσεσθε τοῖς παρακαλοῦσιν ὑμᾶς ἐπὶ τὸν πόλεμον, ἢ τοῖς περὶ τῆς εἰρήνης συμβουλεύουσιν. Οἳ μὲν γὰρ προσδοκίαν ἐμποιοῦσιν, ὡς τὰς κτήσεις τὰς ἐν ταῖς πόλεσι κομιούμεθα, καὶ τὴν δύναμιν ἀναληψόμεθα πάλιν, ἣν πρότερον ἐτυγχάνομεν ἔχοντες· οἳ δ´ οὐδὲν τοιοῦτον ὑποτείνουσιν, ἀλλ´ ὡς ἡσυχίαν ἔχειν δεῖ, καὶ μὴ μεγάλων ἐπιθυμεῖν παρὰ τὸ δίκαιον, ἀλλὰ στέργειν τὸ ἴσον· ὃ χαλεπώτατον πάντων τοῖς πλείστοις τῶν ἀνθρώπων ἐστίν. Οὕτω γὰρ ἐξηρτήμεθα τῶν ἐλπίδων, καὶ πρὸς τὰς δοκούσας εἶναι πλεονεξίας ἀπλήστως ἔχομεν, ὥστ´ οὐδὲ οἱ κεκτημένοι τοὺς μεγίστους πλούτους, μένειν ἐπὶ τούτοις ἐθέλουσιν, ἀλλ´ ἀεὶ τοῦ πλείονος ὀρεγόμενοι, περὶ τῶν ὑπαρχόντων κινδυνεύουσι. Διόπερ ἄξιόν ἐστι δεδιέναι, μὴ καὶ νῦν ἡμεῖς ἔνοχοι γενώμεθα ταύταις ταῖς ἀνοίαις. Λίαν γάρ τινές μοι δοκοῦσιν ὡρμῆσθαι πρὸς τὸν πόλεμον, ὥσπερ οὐ τῶν τυχόντων συμβεβουλευκότων, ἀλλὰ τῶν θεῶν ἀκηκοότες ὅτι κατορθώσομεν ἅπαντα, καὶ ῥᾳδίως κρατήσομεν τῶν ἐχθρῶν. Χρὴ δὲ τοὺς νοῦν ἔχοντας περὶ μὲν ὧν ἴσασι μὴ βουλεύεσθαι· περίεργον γάρ· ἀλλὰ πράττειν ὡς ἐγνώκασι· περὶ ὧν δ´ ἂν βουλεύωνται, μὴ νομίζειν εἰδέναι τὸ συμβησόμενον, ἀλλ´ ὡς δόξῃ μὲν χρωμένους, ὅ, τι δὲ ἂν τύχῃ γενησόμενον, οὕτω διανοεῖσθαι περὶ αὐτῶν. Ὧν ὑμεῖς οὐδέτερον τυγχάνετε ποιοῦντες, ἀλλ´ ὡς οἷόν τε ταραχωδέστατα διάκεισθε· συνεληλύθατε γὰρ ὡς δέον ὑμᾶς ἐξ ἁπάντων τῶν ῥηθέντων ἐκλέξασθαι τὸ βέλτιον· ὥσπερ δ´ ἤδη σαφῶς εἰδότες ὃ πρακτέον ἐστὶν, οὐ θέλετε ἀκούειν, πλὴν τῶν πρὸς ἡδονὴν δημηγορούντων. Καίτοι προσῆκεν ὑμᾶς, εἴπερ ἐβούλεσθε ζητεῖν τὸ τῇ πόλει συμφέρον, μᾶλλον τοῖς ἐναντιουμένοις ταῖς ὑμετέραις γνώμαις προσέχειν τὸν νοῦν ἢ τοῖς χαριζομένοις, εἰδότας ὅτι τῶν ἐνθάδε παριόντων οἱ μὲν ἃ βούλεσθε λέγοντες, ῥᾳδίως ἐξαπατᾶν δύνανται. Τὸ γὰρ πρὸς χάριν ῥηθὲν, ἐπισκοτεῖ τῷ καθορᾶν τὸ βέλτιστον. Ὑπὸ δὲ τῶν μὴ πρὸς ἡδονὴν συμβουλευόντων, οὐδὲν ἂν πάθοιτε τοιοῦτον. Οὐ γὰρ ἔστιν ὅπως ἂν μεταπεῖσαι δυνηθεῖεν [ὑμᾶς, μὴ φανερὸν τὸ συμφέρον ποιήσαντες. Χωρὶς δὲ τούτων, πῶς ἂν ἄνθρωποι δυνηθεῖεν καλῶς] ἢ κρῖναι περὶ τῶν γεγενημένων, ἢ βουλεύεσθαι περὶ τῶν μελλόντων, εἰ μὴ τοὺς μὲν λόγους τοὺς τῶν ἐναντιουμένων παρ´ ἀλλήλους ἐξετάζοιεν, αὐτοὶ δ´ αὑτοὺς κοινοὺς ἀμφοτέροις ἀκροατὰς παράσχοιεν; Θαυμάζω δὲ τὰ τῶν πρεσβυτέρων, εἰ μηκέτι μνημονεύουσι, καὶ τῶν νεωτέρων, εἰ μηδενὸς ἀκηκόασιν, ὅτι διὰ μὲν τοὺς παραινοῦντας ἀντέχεσθαι τῆς εἰρήνης, οὐθὲν πώποτε κακὸν ἐπάθομεν· διὰ δὲ τοὺς ῥᾳδίως πολεμεῖν αἱρουμένους, μεγάλαις συμφοραῖς περιεπέσομεν. Ὧν ἡμεῖς οὐδεμίαν ποιούμεθα μνείαν, ἀλλ´ ἑτοίμως ἔχομεν μηδὲν εἰς τὸ πρόσθεν ἡμῖν αὐτοῖς πράττοντες, τριήρεις πληροῦν, καὶ χρημάτων εἰσφορὰς ποιεῖσθαι, καὶ βοηθεῖν, καὶ πολεμεῖν οἷς ἂν τύχωμεν, ὥσπερ ἐν ἀλλοτρίᾳ πόλει κινδυνεύοντες. Τούτων δ´ αἴτιόν ἐστιν, ὅτι προσῆκον ὑμᾶς ὁμοίως τῶν κοινῶν ὥσπερ τῶν ἰδίων σπουδάζειν, οὐ τὴν αὐτὴν γνώμην ἔχετε περὶ αὐτῶν· ἀλλ´ ὅταν μὲν ὑπὲρ τῶν ἰδίων βουλεύησθε, ζητεῖτε συμβούλους τοὺς ἄμεινον φρονοῦντας ὑμῶν αὐτῶν, ὅταν δ´ ὑπὲρ τῆς πόλεως ἐκκλησιάζητε, τοῖς μὲν τοιούτοις ἀπιστεῖτε, καὶ φθονεῖτε· τοὺς δὲ πονηροτάτους τῶν ἐπὶ τὸ βῆμα παριόντων, ἐπαινεῖτε· καὶ νομίζετε δημοτικωτέρους εἶναι τοὺς μεθύοντας τῶν νηφόντων, καὶ τοὺς νοῦν οὐκ ἔχοντας τῶν εὖ φρονούντων, καὶ τοὺς τὰ τῆς πόλεως διανεμομένους, τῶν ἐκ τῆς ἰδίας οὐσίας ὑμῖν λειτουργούντων. Ὥστ´ ἄξιον θαυμάζειν, εἴ τις ἐλπίζει τὴν πόλιν τοιούτοις συμβούλοις χρωμένην, ἐπὶ τὸ βέλτιον ἐπιδώσειν. Ἐγὼ δ´ οἶδα μέν ὅτι πρόσαντές ἐστιν ἐναντιοῦσθαι ταῖς ὑμετέραις διανοίαις, καὶ διότι δημοκρατίας οὔσης οὐκ ἔστι παρρησία, πλὴν ἐνθάδε μὲν, τοῖς ἀφρονεστάτοις καὶ μηδὲν ὑμῶν φροντίζουσιν, ἐν δὲ τοῖς θεάτροις, τοῖς κωμῳδοδιδασκάλοις· ὃ καὶ πάντων ἐστὶ δεινότατον, ὅτι τοῖς μὲν ἐκφέρουσιν εἰς τοὺς ἄλλους Ἕλληνας τὰ τῆς πόλεως ἁμαρτήματα, τοσαύτην ἔχετε χάριν, ὅσην οὐδὲ τοῖς εὖ ποιοῦσι· πρὸς δὲ τοὺς ἐπιπλήττοντας καὶ νουθετοῦντας ὑμᾶς, οὕτω διατίθεσθε δυσκόλως, ὥσπερ πρὸς τοὺς κακόν τι τὴν πόλιν ἐργαζομένους. Ὅμως δὲ καὶ τούτων ὑπαρχόντων, οὐκ ἂν ἀποσταίην ὧν διενοήθην. Παρελήλυθα γὰρ οὐ χαριούμενος ὑμῖν, οὐδὲ χειροτονίαν μνηστεύσων, ἀλλ´ ἀποφανούμενος ἃ τυγχάνω γιγνώσκων· πρῶτον μὲν, περὶ ὧν ὁ πρύτανις προτίθησιν· ἔπειτα καὶ περὶ τῶν ἄλλων τῶν τῆς πόλεως πραγμάτων. Οὐδὲν γὰρ ὄφελος ἔσται τῶν περὶ τῆς εἰρήνης γνωσθέντων, ἂν μὴ περὶ τῶν τούτων ὀρθῶς λοιπὸν βουλευσώμεθα. Φημὶ δ´ οὖν χρῆναι ποιεῖσθαι τὴν εἰρήνην μὴ μόνον πρὸς Χίους τε καὶ Ῥοδίους καὶ Βυζαντίους καὶ Κῴους, ἀλλὰ πάντας ἀνθρώπους κεχρῆσθαι ταῖς συνθήκαις, μὴ ταύταις αἷς νῦν τινες γεγράφασιν, ἀλλὰ ταῖς γενομέναις μὲν πρὸς βασιλέα καὶ Λακεδαιμονίους, προσταττούσαις δὲ τοὺς Ἕλληνας αὐτονόμους εἶναι, καὶ τὰς φρουρὰς ἐκ τῶν ἀλλοτρίων πόλεων ἐξεἷναι, καὶ τὴν αὑτῶν ἔχειν ἑκάστους. Τούτων γὰρ οὔτε δικαιοτέρας εὑρήσομεν, οὔτε μᾶλλον τῇ πόλει συμφερούσας. »

XVI. « Tous les orateurs qui montent à cette tribune ont coutume de dire que les affaires sur lesquelles ils vont donner leur avis sont de la plus haute importance, et touchent de près aux intérêts de la patrie. Si jamais un semblable début fut convenable, c'est dans les conjonctures présentes. Nous sommes réunis pour délibérer sur la paix et sur la guerre, qui ont tant d'influence sur le sort des peuples, et qui, soumises à de sages délibérations, leur procurent une grande prospérité. Telle est l'importance de l'affaire qui nous rassemble en ces lieux. Je sais que vous n'écoutez pas tous les orateurs avec la même bienveillance; qu'aux uns vous prêtez une oreille attentive, tandis qu'un seul mot des autres vous importune; et je n'en suis pas surpris : dans d'autres temps aussi , vous aviez coutume de repousser les orateurs qui ne caressaient point vos caprices. Mais ce qui vous rend dignes des plus grands reproches, c'est que, sachant combien de maisons puissantes ont été ruinées par les flatteurs, vous détestez leur voix pernicieuse quand il s'agit de vos intérêts; et lorsqu'il est question du bien public, vous n'êtes plus dans les mêmes dispositions. Vous blâmez ceux qui recherchent, qui aiment les flatteurs; et cependant, vous accordez plus de confiance aux flatteurs qu'aux autres citoyens. Par là, vous êtes cause que les orateurs, bien loin de s'occuper des moyens de servir la patrie, ne songent qu'à composer des harangues propres à vous plaire, comme font ceux qui aujourd'hui accourent en foule auprès de vous. Il est facile de voir que vous écoutez avec plus de plaisir les orateurs qui vous poussent à la guerre que ceux qui vous conseillent la paix. Les premiers vous font concevoir l'espérance de recouvrer nos anciennes possessions qui dépendent des villes ennemies, et de resaisir la puissance que nous avions autrefois. Les autres ne vous éblouissent point par d'aussi brillantes promesses : ils répètent que nous devons conserver la paix, et au lieu de former de vastes désirs désavoués par la justice, nous contenter de ce que nous possédons. Mais rien n'est plus difficile pour les hommes que la modération, l'espérance les tient toujours en haleine; la soif d'amasser les tourmente au point que, possesseurs d'immenses richesses, ils n'en sont pas satisfaits; et que, par le désir d'en acquérir de plus grandes, ils s'exposent à perdre celles qu'ils ont dans les mains. Craignons de nous laisser entraîner à une pareille folie. Plusieurs de nos concitoyens me paraissent portés à la guerre avec trop d'ardeur; comme s'ils avaient appris, non du premier orateur qui a parlé devant eux, mais des dieux mêmes, que nous obtiendrons le plus heureux succès, et que nous triompherons sans peine de nos ennemis. L'homme sage ne délibère point sur les choses qui lui sont connues, parce qu'alors toute délibération est inutile : il exécute ce qu'il a résolu; mais lorsque les circonstances exigent qu'il délibère, il ne se flatte point de lire dans l'avenir : il se borne à des conjectures, persuadé que l'évènement dépend de la fortune. Vous, au contraire, vous tenez une tout autre conduite, et vous agissez avec la plus grande inconséquence. On dirait que vous vous assemblez pour choisir l'avis qui vous paraîtra le plus sage; et cependant, comme si vous le connaissiez d'avance, vous ne voulez écouter que les orateurs qui cherchent à vous plaire; tandis que, pour apprendre ce que demande l'intérêt de la patrie, vous devriez écouter les orateurs qui combattent votre volonté, plutôt que ceux qui vous flattent. Vous n'ignorez pas que les orateurs jaloux de vous plaire peuvent vous tromper : car les paroles flatteuses couvrent la raison d'un voile qui lui cache la vérité. Mais vous n'avez rien de semblable à craindre d'un orateur qui ne songe point à vous être agréable : il ne peut vous faire changer d'avis qu'en vous montrant dans le plus grand jour le parti qu'il vous convient de prendre. Et comment bien juger du passé ou délibérer sagement sur l'avenir, si l'on ne met point en présence les avis opposés, si on ne les écoute pas avec la même attention ? Je m'étonne que, parmi vous, les plus âgés ne se souviennent plus, et que les plus jeunes ne sachent pas encore qu'aucun orateur, en nous conseillant la conservation de la paix, ne nous a causé des désastres, tandis que ceux qui nous ont fait entreprendre la guerre nous ont précipités dans les plus grands malheurs. Jamais le passé ne se présente à notre mémoire; et, sans rien faire pour l'avenir, nous nous hâtons d'équiper des galères, de contribuer, de fournir des secours, de combattre contre le premier peuple qui se présente, comme si nous faisions la guerre aux risques d'une ville étrangère. Et s'il en est ainsi, c'est que, loin de veiller, comme vous le devriez, sur les affaires publiques avec autant d'ardeur que sur les vôtres, vous agissez tout autrement. Délibérez-vous sur vos intérêts, vous cherchez des conseillers plus sages que vous; mais quand il sagit des intérêts de la patrie, vous ne leur accordez plus de confiance; vous les regardez d'un oeil d'envie, et lorsque les orateurs les plus dangereux paraissent à la tribune, vous les couvrez d'applaudissements. A vos yeux, les amis du peuple, ce sont ces hommes débauchés, plutôt que les hommes tempérants; ces fous, plutôt que les citoyens sages; ceux enfin qui se partagent les deniers de l'État, et non les citoyens qui remplissent, à leurs dépens, les fonctions publiques. Certes, il faudrait s'étonner qu'en écoutant de semblables conseillers, la république s'acheminât vers un meilleur avenir. Il est dangereux, je le sais, de combattre vos sentiments : au milieu de la licence démocratique, dans vos assemblées, il n'y a de liberté que pour les fous, que pour ceux qui vous méprisent, ou pour de vils histrions de théâtre: et ce qui est bien plus déplorable encore, des hommes qui vont publier vos fautes chez les autres peuples de la Grèce ont plus de crédit que les citoyens qui ont bien mérité de la patrie; tandis que ceux qui, tout en vous blâmant, vous donnent de sages conseils, sont l'objet de votre ressentiment, comme s'ils avaient agi contre la patrie. Je ne craindrai pas néanmoins de vous faire connaître mes sentiments. Je ne viens pas ici pour vous plaire, ni pour capter vos suffrages; mais pour vous dire ce que je pense, d'abord sur le rapport des Prytanes, et ensuite sur toutes les affaires de la république. Il ne vous servira de rien d'ordonner par vos décrets le maintien de la paix, si vous ne prenez, d'ailleurs, de sages mesures. Je pense que vous devez faire avec les habitants de Chio, de Rhodes, de Byzance, de Côs, et avec tous les peuples, des traités rédigés, non par quelques orateurs de nos jours, mais des traités semblables à celui des Lacédémoniens avec le roi des Perses, où il est stipulé que tous les Grecs seront libres ; qu'ils tireront des corps d'armée des autres villes, et que chaque peuple conservera son territoire. Vous n'en trouverez pas de plus juste ni de plus avantageux pour la patrie. »

 Ιζ'. Ταῦτα προειπὼν, καὶ οὕτω διαθεὶς τοὺς ἀκούοντας πρὸς τὸν μέλλοντα λόγον ἐπιτηδείως, ἐγκώμιόν τε κάλλιστον τῆς δικαιοσύνης διαθέμενος, καὶ τὰ καθεστηκότα πράγματα μεμψάμενος, ἐπιτίθησι τούτοις τὴν σύγκρισιν τῶν τότε ἀνθρώπων πρὸς τοὺς προγόνους· « Τούτου δὲ ἕνεκα ταῦτα προεῖπον, ὅτι περὶ τῶν λοιπῶν οὐδὲν ὑποστειλάμενος, ἀλλὰ παντάπασιν ἀνειμένως μέλλω τοὺς λόγους ποιεῖσθαι πρὸς ὑμᾶς. Τίς γὰρ ἂν ἄλλοθεν ἐπελθὼν, καὶ μὴ συνδιεφθαρμένος ἡμῖν, ἀλλ´ ἐξαίφνης ἐπιστὰς τοῖς γινομένοις, οὐκ ἂν μαίνεσθαι καὶ παραφρονεῖν ἡμᾶς νομίσειεν, οἳ φιλοτιμούμεθα μὲν ἐπὶ τοῖς τῶν προγόνων ἔργοις, καὶ τὴν πόλιν ἐκ τῶν τότε πραχθέντων ἐγκωμιάζειν ἀξιοῦμεν, οὐδὲν δὲ τῶν αὐτῶν ἐκείνοις πράττομεν, ἀλλὰ πᾶν τοὐναντίον; οἳ μὲν γὰρ, ὑπὲρ τῶν Ἑλλήνων τοῖς βαρβάροις πολεμοῦντες διετέλεσαν· ἡμεῖς δὲ, τοὺς ἐκ τῆς Ἀσίας τὸν βίον ποριζομένους ἐκεῖθεν ἀναστήσαντες, ἐπὶ τοὺς Ἕλληνας ἠγάγομεν. Κἀκεῖνοι μὲν ἐλευθεροῦντες τὰς πόλεις τὰς Ἑλληνίδας, καὶ βοηθοῦντες αὐταῖς, τῆς ἡγεμονίας ἠξιώθησαν· ἡμεῖς δὲ, καταδουλούμενοι, καὶ τἀναντία τοῖς τότε πράττοντες, ἀγανακτοῦμεν εἰ μὴ τὴν αὐτὴν τιμὴν ἐκείνοις ἕξομεν, οἳ τοσοῦτον ἀπολελείμμεθα καὶ τοῖς ἔργοις καὶ ταῖς διανοίαις, τῶν κατ´ ἐκεῖνον τὸν χρόνον γενομένων, ὅσον οἳ μὲν ὑπὲρ τῆς Ἑλλήνων σωτηρίας. » Καὶ ἑξῆς «Οὕτως ὀλίγου αὐτῶν φροντίζομεν· Ἓν γὰρ ἀκούσαντες γνώσεσθε καὶ περὶ τῶν ἄλλων· ὡς θανάτου τῆς ζημίας ἐπικειμένης, ἤν τις ἁλῷ δεκάζων, τοὺς τοῦτο φανερώτατα ποιοῦντας, στρατηγοὺς χειροτονοῦμεν, καὶ τὸν πλείστους διαφθεῖραι δυνηθέντα τῶν πολιτῶν, τοῦτον ἐπὶ τὰ μέγιστα τῶν πραγμάτων καθίσταμεν. Σπουδάζοντες δὲ περὶ τὴν πολιτείαν οὐχ ἧττον ἢ περὶ τὴν σωτηρίαν ὅλης τῆς πόλεως, καὶ τὴν δημοκρατίαν εἰδότες ἐν μὲν ταῖς ἡσυχίαις καὶ ταῖς ἀσφαλείαις αὐξομένην καὶ διαμένουσαν, ἐν δὲ τοῖς πολέμοις δὶς ἤδη καταλυθεῖσαν, πρὸς μὲν τοὺς τῆς εἰρήνης ἐπιθυμοῦντας, ὡς πρὸς ὀλιγαρχικοὺς ὄντας, δυσκόλως ἔχομεν· τοὺς δὲ τὸν πόλεμον ἀγαπῶντας, ὡς τῆς δημοκρατίας κηδομένους εὔνους εἶναι νομίζομεν. Ἐμπειρότατοι δὲ λόγων καὶ πραγμάτων ὄντες, οὕτως ἀλογίστως ἔχομεν, ὥστε περὶ τῶν αὐτῶν τῆς αὐτῆς ἡμέρας οὐ ταὐτὰ γινώσκομεν, ἀλλ´ ὧν πρὶν εἰς τὴν ἐκκλησίαν ἀναβῆναι, κατηγοροῦμεν, ταῦτα συνελθόντες χειροτονοῦμεν· οὐ πολὺν δὲ χρόνον διαλιπόντες, τοῖς ἐνταῦθα ψηφισθεῖσιν, ἐπειδὰν ἀπίωμεν πάλιν, ἐπιτιμῶμεν. Προσποιούμενοι δὲ σωφρονέστατοι τῶν Ἑλλήνων εἶναι, τοιούτοις χρώμεθα συμβούλοις, ὧν οὐκ ἔστιν ὅστις οὐκ ἂν καταφρονήσειε· καὶ τοὺς αὐτοὺς τούτους κυρίους ἁπάντων τῶν κοινῶν καθίσταμεν, οἷς οὐδεὶς οὐδὲν ἂν τῶν ἰδίων ἐπιτρέψειε. »

Ιη'. Τοιοῦτος μὲν δή τις ἐν τοῖς συμβουλευτικοῖς λόγοις ὁ ἀνήρ. ἐν δὲ τοῖς δικανικοῖς τὰ μὲν ἄλλα πάνυ ἀκριβὴς καὶ ἀληθινὸς καὶ τῷ Λυσίου χαρακτῆρι ἔγγιστα μὲν προσεληλυθώς, ἐν δὲ τῇ συνθέσει τῶν ὀνομάτων τὸ λεῖον ἐκεῖνο καὶ εὐπρεπὲς ἔχων, ἔλαττον μὲν ἢ ἐν τοῖς ἄλλοις λόγοις, οὐ μὴν ἀλλὰ ἔχων γε.

Μηθεὶς δ´ ἀγνοεῖν 〈μ´〉 ὑπολάβῃ μήθ´ ὅτι Ἀφαρεὺς ὁ πρόγονός τε καὶ εἰσποίητος Ἰσοκράτει γενόμενος ἐν τῷ πρὸς Μεγακλείδην περὶ τῆς Ἀντιδόσεως λόγῳ διορίζεται μηδεμίαν ὑπὸ τοῦ πατρὸς ὑπόθεσιν εἰς δικαστήριον γεγράφθαι, μήθ´ ὅτι δέσμας πάνυ πολλὰς δικανικῶν λόγων Ἰσοκρατείων περιφέρεσθαί φησιν ὑπὸ τῶν βυβλιοπωλῶν Ἀριστοτέλης. Ἐπίσταμαι γὰρ ταῦτα ὑπὸ τῶν ἀνδρῶν ἐκείνων λεγόμενα, καὶ οὔτε Ἀριστοτέλει πείθομαι ῥυπαίνειν τὸν ἄνδρα βουλομένῳ οὔτ´ Ἀφαρεῖ τούτου γ´ ἕνεκα λόγον εὐπρεπῆ πλαττομένῳ συντίθεμαι. Ἱκανὸν δὲ ἡγησάμενος εἶναι τῆς ἀληθείας βεβαιωτὴν τὸν Ἀθηναῖον Κηφισόδωρον, ὃς καὶ συνεβίωσεν Ἰσοκράτει, καὶ γνησιώτατος ἀκουστὴς ἐγένετο, καὶ τὴν ἀπολογίαν τὴν ὑπὲρ αὐτοῦ τὴν πάνυ θαυμαστὴν ἐν ταῖς πρὸς Ἀριστοτέλην ἀντιγραφαῖς ἐποιήσατο,

πιστεύω γεγράφθαι λόγους τινὰς ὑπὸ τοῦ ἀνδρὸς εἰς δικαστήρια, οὐ μέντοι πολλούς· καὶ χρῶμαι παραδείγματι ἐξ αὐτῶν ἑνί· οὐ γὰρ ἐγχωρεῖ πλείοσι· τῷ Τραπεζιτικῷ λεγομένῳ, ὃν ἔγραψε ξένῳ τινὶ τῶν μαθητῶν κατὰ Πασίωνος τοῦ τραπεζίτου. Ἔστι δὲ ὁ λόγος οὗτος·

 II.

XVII. Après cet exorde, et lorsqu'il a préparé ses auditeurs à ce qu'il va dire, il fait un brillant éloge de la justice, blâme l'état présent des affaires publiques, et met les Athéniens de son siècle en parallèle avec leurs ancêtres. « J'ai employé un semblable début, parce que je ne dois rien dissimuIer, mais vous parler avec la plus grande liberté. Quel homme, arrivant d'une contrée lointaine et encore exempt de vos erreurs, ne nous croirait pas en délire s'il paraissait tout-à-coup au milieu de nos assemblées ? Nous vantons les exploits de nos ancêtres ; nous les regardons comme l'honneur de la patrie; et au lieu de marcher sur leurs traces, nous suivons une route opposée. Ils ne cessèrent de défendre la Grèce contre les Barbares; et nous, nous avons attiré du fond de l'Asie, au coeur de la Grèce, une troupe de vils mercenaires. Nos ancêtres devinrent les chefs de la Grèce en rendant la liberté à plusieurs villes, en les secourant; et nous, qui les avons asservies, qui avons tenu une conduite tout-à-fait contraire, nous nous plaignons de ne pas jouir des mêmes prérogatives; nous qui, par nos actions et nos sentiments, sommes si diflérents des Athéniens de ce siècle ! » Plus loin il ajoute : « Nous établissons un grand nombre de lois, et nous n'en tenons aucun compte. Un seul exemple suffira pour juger de tout le reste. Nous avons publié une loi qui punit de mort tout citoyen convaincu de brigue, et nous choisissons pour général celui-là même qui s'en est rendu ouvertement coupable. Plus un homme a corrompu de citoyens, plus nous nous hâtons de lui confier des fonctions importantes. Nous n'avons pas moins de sollicitude pour la forme de notre gouvernement que pour le salut de la patrie; nous sommes convaincus que le pouvoir démocratique tire sa force et sa stabilité de la paix et du repos ; nous savons que la guerre a deux fois causé à la république de violentes secousses ; et cependant nous détestons les amis de la paix; nous les regardons comme les fauteurs de l'oligarchie, tandis que les partisans de la guerre sont, à nos yeux, les défenseurs de la démocratie et nos véritables amis. Nous ne manquons ni d'éloquence ni d'habileté pour les affaires publiques ; mais nous sommes si inconséquents que, le même jour, nous changeons d'avis sur le même objet. Ainsi, ce que nous blâmons avant de nous rendre à nos assemblées, nous le sanctionnons par nos suffrages dès que nous sommes réunis, et nous le rejetons encore aussitôt que nous sommes sortis de la place publique. Nous nous proclamons le peuple le plus sage de la Grèce, et nous obéissons à des conseillers que tous les peuples méprisent; enfin, nous livrons le sort de la patrie à des hommes que personne ne voudrait charger de ses intérêts. »

XVIII. Tel est Isocrate dans l'éloquence délibérative. Concernant ses discours judiciaires, il se montre précis et rigoureux : pour le tempérament il reste dans le sillage de Lysias, mais pour ce qui est des liens entre les mots, il se distingue nettement de lui ; certes, cette tendance est moins évidente que dans ses autres discours, mais elle n'en est pas moins avérée.

Surtout, que l'on ne m'accuse pas d'avoir oublié ce qu'a écrit Aphare, gendre, puis fils adoptif d'Isocrate : en effet, ce dernier affirme, dans son discours contre Mégacléidès, Sur l'Echange, qu'aucune sorte de plaidoyer n'a été composée de la plume d'Isocrate : toutefois, je ne me laisse entrainer ni par l'opinion d'Aristote, qui cherchait à ternir la réputation de cet orateur, ni par celle d'Aphare, jaloux de soutenir la gloire de son père. La vérité paraît se trouver plutôt dans l'admirable apologie où l'Athénien Céphisodore, ami intime d'Isocrate et son disciple le plus assidu, le venge contre les invectives d'Aristote.

Ainsi, je crois que cet orateur composa des harangues judiciaires, mais en petit nombre. Je vais rapporter quelques passages d'une seule, parce que le temps ne me permet pas de les citer toutes. C'est la harangue qu'il composa contre le banquier Pasion pour un de ses disciples.

 Ιθ'. « Ὁ μὲν ἀγών μοι μέγας ἐστίν, ὦ ἄνδρες δικασταί. Οὐ γὰρ μόνον περὶ πολλῶν χρημάτων κινδυνεύω, ἀλλὰ καὶ περὶ τοῦ μὴ δοκεῖν ἀδίκως τῶν ἀλλοτρίων ἐπιθυμεῖν· ὃ ἐγὼ περὶ πλείστου ποιοῦμαι. Οὐσία γάρ μοι ἱκανὴ καταλειφθήσεται καὶ τούτων στερηθέντι. Εἰ δὲ δόξαιμι, μηδὲν προσῆκον, αὐτὰ τὰ χρήματα ἐγκαλέσαι, διαβληθείην ἂν τὸν ἅπαντα βίον. Ἔστι δέ, ὦ ἄνδρες δικασταί, πάντων χαλεπώτατον, τοιούτων ἀντιδίκων τυχεῖν. Τὰ μὲν γὰρ συμβόλαια πρὸς τοὺς ἐπὶ ταῖς τραπέζαις ἄνευ μαρτύρων γίνεται· τοῖς ἀδικουμένοις δὲ, πρὸς τοιούτους ἀνάγκη κινδυνεύειν, οἳ καὶ φίλους πολλοὺς κέκτηνται, καὶ χρήματα πολλὰ διαχειρίζουσι, καὶ πιστοὶ διὰ τὴν τέχνην δοκοῦσιν εἶναι. Ὅμως δὲ καὶ τούτων ὑπαρχόντων, ἡγοῦμαι φανερὸν πᾶσι ποιήσειν ὅτι ἀποστεροῦμαι τοσούτων χρημάτων ὑπὸ Πασίωνος. Ἐξ ἀρχῆς δὲ ὑμῖν ὅπως ἂν δύνωμαι, διηγήσομαι τὰ πεπραγμένα. Ἐμοὶ γάρ, ὦ ἄνδρες δικασταί, πατὴρ μέν ἐστι Σινωπεύς· ὃν οἱ πλέοντες εἰς τὸν Πόντον ἅπαντες ἴσασιν οὕτως οἰκείως πρὸς Σάτυρον διακείμενον, ὥστε πολλῆς μὲν χώρας ἄρχειν, ἁπάσης δὲ τῆς δυνάμεως ἐπιμελεῖσθαι τῆς ἐκείνου. Πυνθανόμενος δὲ καὶ περὶ τῆσδε τῆς πόλεως καὶ περὶ τῆς ἄλλης Ἑλλάδος, ἐπεθύμησα ἀποδημῆσαι. Γεμίσας δὲ ὁ πατήρ μου δύο ναῦς σίτου, καὶ χρήματα δοὺς, ἐξέπεμψεν ἅμα κατ´ ἐμπορίαν καὶ θεωρίαν. Συστήσαντος δέ μοι Πυθοδώρου τοῦ Φοίνικος Πασίωνα, ἐχρώμην τῇ τούτου τραπέζῃ· χρόνῳ δ´ ὕστερον διαβολῆς πρὸς Σάτυρον γενομένης, ὡς καὶ ὁ πατὴρ οὑμὸς ἐπιβουλεύοι τῇ ἀρχῇ, κἀγὼ τοῖς φυγάσι συγγενοίμην, τὸν μὲν πατέρα μου συλλαμβάνει· ἐπιστέλλει δὲ τοῖς ἐνθάδε ἐπιδημοῦσιν ἐκ τοῦ Πόντου, τὰ χρήματα παρ´ ἐμοῦ παραλαβεῖν, καὶ αὐτὸν εἰσπλεῖν κελεύειν· ἐὰν δὲ τούτων μηδὲν ποιῶ, παρ´ ὑμῶν ἐξαιτεῖν.

Ἐν τοσούτοις δὲ κακοῖς ὤν, ὦ ἄνδρες δικασταί, λέγω πρὸς Πασίωνα τὰς ἐμαυτοῦ συμφοράς. Οὕτω γὰρ οἰκείως πρὸς αὐτὸν διεκείμην, ὥστε μὴ μόνον περὶ τῶν χρημάτων, ἀλλὰ καὶ περὶ τῶν ἄλλων τούτῳ μάλιστα πιστεύειν. Ἡγούμην δέ, εἰ μὲν προοίμην ἅπαντα τὰ χρήματα, κινδυνεύσειν, εἴ τι πάθοι ἐκεῖνος, στερηθεὶς καὶ τῶν ἐνθάδε καὶ τῶν ἐκεῖ, πάντων ἐνδεὴς γενήσεσθαι· εἰ δ´ ὁμολογῶν εἶναι, ἐπιστείλαντος Σατύρου, μὴ παραδοίην, εἰς τὰς μεγίστας διαβολὰς ἐμαυτὸν καὶ τὸν πατέρα καταστήσειν πρὸς Σάτυρον. Βουλευομένοις οὖν ἡμῖν ἐδόκει βέλτιστον εἶναι, τὰ μὲν φανερὰ τῶν χρημάτων παραδοῦναι, περὶ δὲ τῶν παρὰ τούτῳ κειμένων, μὴ μόνον ἔξαρνον εἶναι, ἀλλὰ καὶ ὀφείλοντά με καὶ ἑτέροις ἐπὶ τόκῳ φαίνεσθαι, καὶ πάντα ποιεῖν, ἐξ ὧν ἐκεῖνοι μάλιστα ἤμελλον πεισθήσεσθαι μὴ εἶναί μοι χρήματα. Τότε μὲν οὖν, ὦ ἄνδρες δικασταί, ἐνόμιζόν μοι Πασίωνα δι´ εὔνοιαν ἅπαντα ταῦτα συμβουλεύειν. Ἐπειδὴ δὲ ταῦτα πρὸς τοὺς περὶ Σάτυρον διεπραξάμην, ἔγνων αὐτὸν ἐπιβουλεύοντα τοῖς ἐμοῖς. Βουλομένου γὰρ ἐμοῦ κομίσασθαι τἀμαυτοῦ, καὶ πλεῖν εἰς Βυζάντιον, ἡγησάμενος οὗτος κάλλιστον καιρὸν αὑτῷ παραπεπτωκέναι· τὰ μὲν γὰρ χρήματα, πολλὰ εἶναι, τὰ παρ´ αὐτῷ κείμενα, καὶ ἄξια ἀναισχυντίας· ἐμὲ δὲ πολλῶν ἀκουόντων ἔξαρνον γεγενῆσθαι μηδὲν κεκτῆσθαι, πᾶσί τε φανερὸν ἀπαιτούμενον καὶ ἑτέροις ὁμολογοῦντα ὀφείλειν· καὶ πρὸς τούτοις, ὦ ἄνδρες δικασταί, νομίζων, εἰ μὲν αὐτοῦ μένειν ἐπιχειροίην, ἐκδοθήσεσθαί με ὑπὸ τῆς πόλεως Σατύρῳ· εἰ δ´ ἄλλοσέ ποι τραποίμην, οὐδὲν αὐτῷ μελήσειν τῶν ἐμῶν λόγων· εἰ δ´ εἰσπλευσοίμην εἰς τὸν Πόντον, ἀποθανεῖσθαί με μετὰ τοῦ πατρός· ταῦτα διαλογιζόμενος, διενοεῖτό με ἀποστερεῖν τὰ χρήματα, καὶ πρὸς μὲν ἐμὲ προσεποιεῖτο ἀπορεῖν ἐν τῷ παρόντι, καὶ οὐκ ἂν ἔχειν ἀποδοῦναι. Ἐπειδὴ δ´ ἐγώ βουλόμενος εἰδέναι τὸ πρᾶγμα, προσπέμπω Φιλόμηλον αὐτῷ καὶ Μενέξενον ἀπαιτήσοντας, ἔξαρνος γίνεται πρὸς αὐτοὺς μηδὲν ἔχειν τῶν ἐμῶν. Πανταχόθεν δέ μοι τοσούτων κακῶν προσπεπτωκότων, τίνα οἴεσθέ με γνώμην ἔχειν, ᾧ γε ὑπῆρχε σιωπῶντι μὲν, ὑπὸ τούτου ἀπεστερῆσθαι τῶν χρημάτων, λέγοντι δὲ, μηδὲν μᾶλλον κομίσασθαι· πρὸς Σάτυρον δὲ εἰς τὴν μεγίστην διαβολὴν ἐμαυτὸν καὶ τὸν πατέρα καταστῆσαι; Κράτιστον οὖν ἡγησάμην ἡσυχίαν ἄγειν. Μετὰ ταῦτα, ὦ ἄνδρες δικασταί, ἀφικνοῦνταί μοι ἀπαγγέλλοντες ὅτι ὁ πατὴρ ἀφεῖται, καὶ Σατύρῳ οὕτως ἁπάντων μεταμέλει τῶν πεπραγμένων, ὥστε πίστεις τε τὰς μεγίστας αὐτῷ δεδωκὼς εἴη, καὶ τὴν ἀρχὴν ἔτι μείζω πεποιηκὼς ἧς εἶχε πρότερον, καὶ τὴν ἀδελφὴν τὴν ἐμὴν γυναῖκα τῷ ἑαυτοῦ υἱεῖ εἰληφώς. Πυθόμενος δὲ ταῦτα Πασίων, καὶ εἰδὼς ὅτι φανερῶς ἤδη πράξω περὶ τῶν ἐμαυτοῦ, ἀφανίζει τὸν παῖδα ὃς συνῄδει περὶ τῶν χρημάτων. Ἐπειδὴ δὲ ἐγὼ προσελθὼν ἐπεζήτουν αὐτόν, ἡγούμενος ἔλεγχον ἂν τοῦτον σαφέστατον γενέσθαι περὶ ὧν ἐνεκάλουν, λέγει λόγον δεινότατον, ὡς ἐγὼ καὶ Μενέξενος διαφθείραντες καὶ πείσαντες αὐτόν, ἐπὶ τῇ τραπέζῃ καθήμενον, ἓξ τάλαντα ἀργυρίου λάβοιμεν παρ´ αὐτοῦ. Ἵνα δὲ μηδεὶς ἔλεγχος μηδὲ βάσανος γένοιτο περὶ αὐτῶν, ἔφασκεν ἡμᾶς ἀφανίσαντας τὸν παῖδα, ἀντεγκαλεῖν αὐτῷ, καὶ ἐξαιτεῖν τοῦτον ὃν αὐτοὶ ἠφανίσαμεν. Καὶ ταῦτα λέγων καὶ ἀγανακτῶν καὶ δακρύων, εἷλκέ με πρὸς τὸν πολέμαρχον, ἐγγυητὰς αἰτῶν, καὶ οὐ πρότερον ἀφῆκεν, ἕως αὐτῷ κατέστησα ἓξ ταλάντων ἐγγυητάς. Καί μοι ἀνάβητε τούτων μάρτυρες. »

K'. Ταῦθ´ ὅτι μὲν ὅλῳ τῷ γένει διαφέρει τῶν ἐπιδεικτικῶν τε καὶ συμβουλευτικῶν κατὰ τὸν χαρακτῆρα τῆς λέξεως, οὐθείς ἐστιν ὃς οὐκ ἂν ὁμολογήσειεν· οὐ μέντοι παντάπασί γε τὴν Ἰσοκράτειον ἀγωγὴν ἐκβέβηκεν· ἀκαρῆ δέ τινα διασῴζει τῆς κατασκευῆς τε καὶ σεμνολογίας ἐκείνης ἐνθυμήματα, καὶ ποιητικώτερα μᾶλλόν ἐστιν ἢ ἀληθινώτερα. Οἷον ὅταν φῇ· « Ἡγούμην δέ, εἰ μὲν προείμην τὰ χρήματα, κινδυνεύσειν. » Τὸ γὰρ ἀποίητόν τε καὶ ἀφελὲς, τοιοῦτον· « Ἡγούμην δὲ μὴ παραδοὺς τὰ χρήματα, κινδυνεύσειν. » Ἔτι ἐκεῖνο· « Καὶ πρὸς τούτοις, ὦ ἄνδρες δικασταί, νομίζων, εἰ μὲν αὐτοῦ μένειν ἐπιχειροίην, ἐκδοθήσεσθαί με ὑπὸ τῆς πόλεως Σατύρῳ· εἰ δὲ ἄλλοσέ ποι τραποίμην, οὐδὲν αὐτῷ μελήσειν τῶν ἐμῶν λόγων· εἰ δὲ εἰσπλευσοίμην εἰς τὸν Πόντον, ἀποθανεῖσθαί με μετὰ τοῦ πατρός. » Ἥ τε γὰρ περίοδος ἐκμηκύνεται, πέρα τοῦ δικανικοῦ τρόπου, καὶ ἡ σύνθεσις ἔχει τι τοῦ ποιητικοῦ τό τε σχῆμα τῆς λέξεως ἐκ τῶν ἐπιδεικτικῶν εἴληπται παρισώσεων καὶ παρομοιώσεων. Τό τε οὖν Ἐπιχειροίην, καὶ Τραποίμην, καὶ Εἰσπλευσοίμην, ἐν ἑνὶ χωρίῳ κείμενα καὶ τῶν κώλων τριῶν ὄντων, τὸ μῆκος ἴσον ὑπάρχον, τεκμήρια τῆς Ἰσοκράτους κατασκευῆς ἐστι. Καὶ τὰ τούτοις ἐπιφερόμενα· « Διενοεῖτό με ἀποστερεῖν τὰ χρήματα, καὶ πρὸς μὲν ἐμὲ προσεποιεῖτο ἀπορεῖν καὶ οὐκ ἂν ἔχειν », παρόμοιά τε καὶ παραπλήσια ἀλλήλοις ἐστίν. Καὶ πρὸς τούτοις, ἃ μετ´ ὀλίγον ἐπιτίθησιν· « Ὥστε πίστεις τε μεγίστας αὐτῷ δεδωκὼς εἴη, καὶ τὴν ἀρχὴν ἔτι μείζω πεποιηκὼς ἧς εἶχε πρότερον, καὶ τὴν ἀδελφὴν τὴν ἐμὴν γυναῖκα τῷ ἑαυτοῦ υἱεῖ εἰληφώς. » Καὶ γὰρ ἐνταῦθα πάλιν τὸ Δεδωκὼς, καὶ Πεποιηκὼς, καὶ Εἰληφὼς, παρόμοιον, καὶ Τὴν ἀρχὴν, καὶ Τὴν ἀδελφήν. Ἔχοι δὲ ἄν τις καὶ ἄλλα πρὸς τούτοις λέγειν, ἐξ ὧν ὁ χαρακτὴρ τοῦ ῥήτορος ἔσται καταφανής. Ἀνάγκη δὲ ἴσως στοχάζεσθαι τοῦ χρόνου.

XIX. « Juges, la lutte que j'ai à soutenir est pénible pour moi. Je cours le risque de perdre non seulement de grandes richesses, mais un bien plus précieux, ma réputation, en paraissant convoiter les richesses d'autrui. Une fortune suffisante me resterait encore quand même je devrais être privé des biens qu'on me ravit. Mais si l'on me soupçonne de les réclamer injustement, ce sera l'opprobre éternel de ma vie. Rien n'est plus désavantageux, ô juges ! que d'avoir des banquiers pour adversaires. Avec eux, les conventions se font sans témoins. La victime de leurs injustices est réduite à se débattre contre des hommes qui ont de nombreux amis, qui disposent de sommes considérables, et que leur profession environne de la confiance publique. Mais quelque difficile que soit ma position, j'espère vous montrer jusqu'à l'évidence que Pasion m'a dépouillé de mes biens ; et d'abord je vais, suivant mes faibles moyens, vous faire l'exposition des faits. Juges, mon père est originaire de Sinope. Tous ceux qui ont fait le négoce dans le Pont savent que Satyrus a une si grande confiance en lui, qu'il lui a donné le gouvernement de vastes provinces et le commandement de son armée. Tout ce que j'avais entendu raconter d'Athènes et de la Grèce m'inspira le désir de voyager. Mon père me fit partir avec deux vaisseaux chargés de blé et une somme d'argent, pour m'occuper de commerce et visiter ce pays. Comme Pythadore de Phénicie m'avait adressé à Pasion, celui-ci devint mon banquier. Bientôt la calomnie accusa mon père, auprès de Satyrus, d'aspirer à la souveraine puissance : on ajouta que je conspirais moi-même avec les proscrits. Satyrus fait mettre mon père en prison, et mande aux citoyens du Pont qui font ici le négoce de s'emparer de mes fonds, et de me forcer à m'embarquer pour mon pays, avec l'ordre de me réclamer auprès de vous si je refusais d'obéir.

Juges, dans ces cruelles extrémités, je fis part de mon malheur à Pasion. J'étais assez lié avec lui pour lui confier non seulement mon argent, mais toutes mes pensées. Je sentis que si je livrais tous mes fonds et qu'il arrivât quelque malheur à mon père, je courais risque, quand il ne me resterait plus de ressource ici ni dans le Pont, de me voir réduit à l'indigence. D'un autre côté, en avouant que j'avais de l'argent, je craignais, si je ne le livrais point à Satyrus, qui l'avait demandé, d'exciter par ce refus les plus violents soupçons contre mon père et contre moi. Après de mûres réflexions, nous crûmes, Pasion et moi, que le meilleur parti était de remettre les fonds que tout le monde savait être dans mes mains. Quant aux sommes que je lui avais confiées, il fut convenu que je les nierais, et qu'en outre, je soutiendrais que j'avais emprunté à Pasion et à d'autres; en un mot, que je ne négligerais rien pour persuader aux envoyés de Satyrus que je n'avais pas d'autres fonds. Je pensais, ô juges! que l'amitié seule avait dicté les conseils de Pasion; mais lorsque j'eus traité avec les envoyés de Satyrus, je vis qu'il cherchait sourdement à s'emparer de ma fortune. Quand je voulus reprendre mon argent et faire voile vers Byzance, Pasion crut que le moment favorable était enfin venu. Les sommes que j'avais déposées entre ses mains étaient considérables, et valaient bien la peine d'être achetées par un mensonge. On m'avait entendu dire plus d'une fois que je n'avais pas de fonds, que je ne possédais rien. Tout le monde savait que j'avais répondu aux envoyés qui me demandaient de l'argent, que j'en avais emprunté. De plus, Pasion voyait que, si je restais ici, Athènes me livrerait à Satyrus; que si je fuyais d'un autre côté, il n'aurait plus à s'inquiéter de mes plaintes; enfin, que si je me dirigeais vers le Pont, j'y trouverais la mort avec mon père. Agité par ces pensées, il résolut de me dépouiller de mon bien. Il allégua d'abord que, pris au dépourvu, il n'avait pas le moyen de rembourser. Mais un jour que, décidé à tout éclaircir, je lui envoyai Philomelus et Ménexène pour redemander mon argent, il répondit qu'il n'avait rien à moi. En butte à tant de maux, que devais-je faire? ô juges! En me taisant, je laissais piller ma fortune; en élevant une voix plaintive, je ne devais rien obtenir, et j'attirais sur mon père et sur moi la plus terrible accusation. Je crus que le parti le plus sage était de rester tranquille. Bientôt j'appris que mon père était rendu à la liberté, et que Satyrus, fâché de ce qui s'était passé, lui avait rendu toute sa confiance; qu'il lui avait même donné plus d'autorité que jamais, et que ma soeur était devenue l'épouse de son fils. A cette nouvelle, Pasion prévit que j'allais demander hautement justice. Il fit cacher l'esclave complice du vol, et lorsque je vins le demander, parce que son témoignage me paraissait une preuve incontestable, Pasion me tint le langage le plus révoltant. Il osa dire que Ménexène et moi nous avions corrompu l'esclave chargé de veiller sur les fonds, et que nous lui avions enlevé six talens d'argent. Il prétendit que nous l'avions caché, afin qu'on ne pût lui arracher des aveux par la torture, et que nous venions ensuite l'accuser et demander cet esclave, après l'avoir fait disparaître nous-mêmes. Il mêlait à ces plaintes l'indignation et les larmes. Il me traîna devant le polémarque, exigea une caution et ne me laissa tranquille qu'au moment où j'en eus fourni une de six talens. Paraissez, témoins : venez déposer en faveur de ces faits. »

XX. Ce style diffère du genre démonstratif et du genre délibératif : tout le monde le sent; mais il ne s'écarte pas entièrement de la manière d'Isocrate. On y trouve les vestiges de sa composition soignée et pompeuse : la diction est même ici plus travaillée que naturelle. Il dit : « Ἡγούμην δέ, εἰ μὲν προείμην τὰ χρήματα, κινδυνεύσειν. etc. ». La phrase, dépouillée du tour poétique et dans les formes simples, serait : « Ἡγούμην δέ παραδοὺς τὰ χρήματα, κινδυνεύσειν. » Dans ce passage : « Καὶ πρὸς τούτοις, ὦ ἄνδρες δικασταί, νομίζων, εἰ μὲν αὐτοῦ μένειν ἐπιχειροίην, ἐκδοθήσεσθαί με ὑπὸ τῆς πόλεως Σατύρῳ· εἰ δὲ ἄλλοσέ ποι τραποίμην, οὐδὲν αὐτῷ μελήσειν τῶν ἐμῶν λόγων· εἰ δὲ εἰσπλευσοίμην εἰς τὸν Πόντον, ἀποθανεῖσθαί με μετὰ τοῦ πατρός. », la période sort des limites du genre judiciaire, et l'arrangement des mots a quelque chose de poétique. On y trouve l'égalité des membres et les chutes semblables, comme dans l'éloquence du Panégyrique. Les mots ἐπιχειροίην, τραποίμην, εἰσπλευσοίμην, placés dans la même phrase, et trois membres de la même longueur, sont des traits qui caractérisent Isocrate. On peut en dire autant de l'exemple suivant : « Διενοεῖτό με ἀποστερεῖν τὰ χρήματα, καὶ πρὸς μὲν ἐμὲ προσεποιεῖτο ἀπορεῖν καὶ οὐκ ἂν ἔχειν » : il renferme la symétrie des membres et la correspondance des chutes. Un peu plus il dit : « Ὥστε πίστεις τε μεγίστας αὐτῷ δεδωκὼς εἴη, καὶ τὴν ἀρχὴν ἔτι μείζω πεποιηκὼς ἧς εἶχε πρότερον, καὶ τὴν ἀδελφὴν τὴν ἐμὴν γυναῖκα τῷ ἑαυτοῦ υἱεῖ εἰληφώς. » Dans ce passage, δεδωκὼς, πεποιηκὼς, εἰληφώς, se correspondent, ainsi que τὴν ἀρχὴν et τὴν ἀδελφὴν. Je pourrais citer encore d'autres exemples pour répandre plus de jour sur le caractère de cet orateur; mais je dois être économe du temps.