Avec deux traductions
Oeuvres complètes
trad. en français sous la dir. de Théodore Reinach,.... trad. de René Harmand,... ;
révisée et annotée par S. Reinach et J. Weill E. Leroux, 1900-1932. Publications de la Société des études juives)
Oeuvres complètes par Buchon
CHAPITRE X. Réfutation de ce que Manéthon dit de Moïse. Il ne me reste donc a réfuter que ce que cet historien a dit de Moïse. Les Égyptiens demeurent d'accord que c'était un homme admirable, et sont persuadés qu'il avait quelque chose de divin. Mais ils ne peuvent que par une grande imposture s'efforcer de faire croire qu'il était de leur nation comme ils font en disant que c'était un prêtre d' Héliopolis qui avait été chassé avec les autres à cause de la lèpre. La chronologie fait voir qu'il vivait cinq cent dix-huit ans auparavant, et du temps que nos pères après avoir été chassés d'Egypte s'établirent dans le pays que nous possédons maintenant. Pour montrer qu'il était très-exempt de celle fâcheuse maladie il suffit de dire qu'il défendit aux lépreux de demeurer dans les villes, dans les bourgs et dans les villages ; leur ordonna de vivre à part avec des habits différents des autre»; déclara que l'on ne devait réputer impurs que ceux qui les avaient touchés ou logés avec eux, voulut que ceux mêmes qui étaient guéris de cette maladie ne pussent entrer dans Jérusalem qu'après certaine» purifications, et après s'être lavés dans des fontaines, s'être fait raser tout le poil et avoir offert plusieurs sacrifices. Si cet admirable législateur eut été lui-même infecté de cette maladie. aurait-il usé d'une si grande sévérité envers ceux qui en auraient comme lui été affligés ? Mais ce n'est pas seulement sur le sujet des lépreux qu'il a fait de telles lois; il a aussi défendu à ceux qui auraient le moindre défaut corporel d'entrer dan» le ministère des choses saintes, et privé de l'honneur du sacerdoce ceux qui contreviendraient à cet ordre. Comment donc aurait-il voulu lui faire une loi qui lui aurait été si préjudiciable et si honteuse? Quant à ce que Manéthon dit qu'il avait changé le nom d'Osarsiph en celui de Moïse, y a-t il plus d'apparence, puisque ces deux noms n'ont nul rapport : au lieu que celui de Moïse signifie qu'il a été préservé de l'eau ; car les Égyptiens nomment l'eau moï. Je pense avoir assez clairement fait voir que lorsque Manéthon suit les écrits des ancien» il ne s'éloigne pas beaucoup de la vérité ; mais que hors de là il ne raconte que des fables ou qu'il invente ridiculement, ou auxquelles sa haine pour notre nation lui a fait ajouter foi. CHAPITRE XI. Réfutation de Chérémon, autre historien égyptien. J'en viens maintenant à Chérémon qui a aussi entrepris d'écrire l'histoire d'Egypte, Il suppose, comme Manéthon, ce roi Aménophis et Ramessés, son fils ; rapporte que la déesse Isis apparut en songe a Aménophis, el lui reproche que son temple avait été ruiné par la guerre ; qu'un de ces saints docteurs, nommé Phritiphante, lui avait dit que, pour le délivrer des frayeurs qui le troublaient durant la nuit, il fallait qu'il chassât d'Egypte tous ceux qui étaient infectés de lèpre il d'autres méchantes maladies; qu'il en chassa ensuite deux cent cinquante mille, parmi lesquels étaient Moïse, et Joseph qu'il dit avoir aussi été un docteur sacré; que le premier se nommait en égyptien Ticithe et l'autre Peteseph ; que ces deux cent cinquante mille hommes étant arrivés à Péluse y trouvèrent trois cent quatre-vingt mille hommes à qui Aménophis avait refusé l'entrée de l'Egypte ; qu'ils se joignirent ensemble et marchèrent contre lui ; que ce prince n'osant les attendre s'enfuit en Ethiopie et laissa sa femme grosse : que cette princesse accoucha dans une caverne d'un fils nommé Messenez, qui étant devenu grand chassa les Juifs dont le nombre était de deux cent mille hommes, les poursuivit jusqu'aux frontières de Syrie, et lit revenir d'Ethiopie Aménophis, son père. Qui peut mieux faire voir l'imposture de ces deux auteur» qu'une aussi grande contrariété que celle qui se trouve en ce qu'ils rapportent? car s'il y avait la moindre vérité, comment pourrait-il s'y rencontrer une si extrême différence ? Mats ceux qui ne disent que des menteries n'ont garde de s'accorder dans ce qu'ils écrivent. Manéthon attribue le bannissement de ces lépreux au désir qu'eut Aménophis de voir les dieux ; et Chérèmon l'attribue à un songe dans lequel il feint que la déesse Isis lui apparut. L'un dit qu'un prêtre nommé Aménophis comme ce prince lui ordonna de les chasser pour en. purger son état, et l'autre dit que ce fut Phritiphante. Que si le nom de ces deux prêtres s'accorde si peu. le nombre de ces exilés ne s'accorde pas mieux, puisque l'un le fait monter à quatre- vingt mille, et l'autre à deux cent cinquante mille. Manéthon dit que ces lépreux furent premièrement envoyés dans les carrières tailler des pierres. et qu'on leur donna ensuite pour retraite la ville d'Avaris, d'où ayant commencé la guerre ils appelèrent à leur secours les Jèrosolymitains. Et Chérémon dit au contraire que lorsqu'il! turent contrainte de se retirer d'Egypte ils trouvèrent à Péluse trois cent quatre-vingt mille hommes abandonné par le roi Aménophis, et qu'ils s'étaient joints à eux, étaient rentrés dans l'Egypte, et avaient contraint ce prince à s'enfuir en Ethiopie. Mais ce qu'il y a de rare, c'est que cet auteur, qui a invente ce: beau songe de la déesse Isis, a oublié, de dire d'où était venue cette grande armée de trois cent quatre-vingt mille hommes. s'ils étaient Égyptiens ou étrangers, et pourquoi Aménophis leur avait refusé l'entrée de son état. Il n'y a pas moins sujet d'admirer ce qu'il ajoute que Moïse et Joseph furent chassés en même temps, quoique Joseph soit mort cent soixante et dix ans avant Moïse, et qu'il y ait eu quatre générations entre l'un et l'autre. Ramessés, fils d'Aménophis, si l'on en croit Manéthon, fit avec le roi son père la guerre aux lépreux el aux Jérosolymitains, et s'enfuit avec lui en Ethiopie ; et selon Chérémon il naquit dans une caverne après la mort de son père, vainquit ses sujets révoltés et les Juifs venus à leur secours au nombre de deux cent mille, et les poursuivit jusqu'aux frontières de Syrie. Il faut être bien crédule pour ne pas se moquer de ces beaux contes. Il a dit auparavant que cette armée arrêtée à Péluse était de trois cent quatre-vingt milieu hommes ; il ne parle plus maintenant que de deux cent mille, et ne dit point ce que les cent quatre vingt mille autres sont devenus, s'ils ont péri dans des combats, ou s'ils sont passés du coté de Ramessés. Et ce qui est encore plus étonnant, on ne saurait connaître si ceux qu'il appelle Juifs sont ces deux cent cinquante mille lépreux, ou si ce sont ces trois cent quatre-vingt mille, hommes qui étaient arrêtés à Péluse. Mais je crains que l'on ne m'accuse de folie de m'amuser à convaincre de fausseté ceux qui s'en convainquent eux-mêmes, et qui ne passeraient pas si évidemment pour imposteurs s'ils n'en avaient été convaincus que par d'autres. CHAPITRE XII. Réfutation d'un autre historien nomme Lysimaque. J'ajouterai à ceux-ci Lysimaque, qui ne fait pas seulement la même profession qu'eux de bien mentir, mais les surpasse d'une telle sorte dans l'extravagance de ses fictions qu'il ne faut point d'autre preuve de l'excès de sa haine contre notre nation. Il dit que lorsque Bocchor régnait en Egypte les Juifs infectés de lèpre et d'autres fâcheuses maladies, allant aux temples demander l'aumône, communiquèrent ces maux aux Egyptiens ; sur quoi Bocchor consulta l'oracle de Jupiter Ammon, et qu' il lui répondit qu'il fallait purifier les temples, et envoyer dans le désert ces hommes impurs que le soleil ne pouvait plus qu'à regret éclairer de ses rayons, et qu'ainsi la terre recouvrerait sa première fécondité; qu'ensuite de cet oracle ce prince, par le conseil de ses prêtres, fit assembler toutes ces personnes impures pour les mettre entre les mains de ses gens de guerre, fit jeter dans la mer tous les lépreux et les teigneux après les avoir fait envelopper de lames de plomb, et fit conduire le reste dans le désert pour y être consumé par la faim ; qu'alors ces pauvres gens tinrent conseil, allumèrent des feux, firent garde la nuit, jeûnèrent pour se rendre les dieux favorables, et que le lendemain un nommé Moïse leur conseilla de marcher toujours jusqu'à ce qu'ils trouvassent des lieux cultivés, de ne se fier à personne, de ne donner que de mauvais conseils à ceux qui les consulteraient, et de ruiner tous les temples et les autels qu'ils rencontreraient, ce que tous ayant approuvé, ils traversèrent le désert, et après avoir souffert de grands travaux arrivèrent en un pays cultivé; qu'ils en traitèrent cruellement les habitants, dépouillèrent les temples, et se rendirent enfin dans la province que l'on nomme Judée, où ils bâtirent une ville qu'ils nommèrent Jérosula, c'est-à-dire, dépouille des choses saintes, et que, s'étant depuis encore accrus en puissance, ils changèrent ce nom. qui leur faisait honte, en celui de Jérosolyme, et se firent appeler Jèrosiilymitains. Il paraît par ce que je viens de rapporter que Lysimaque n'a pas supposé, comme Manéthon et Chérémon, qu'il y'ait eu un roi d'Egypte nommé Aménophis, mais en a nommé un autre, et que sans parler ni de ce songe dans lequel la déesse Isis apparu!, ni de ce prophète égyptien, il allègue un oracle rendu par Jupiter Ammon, et dit qu'un très-grand nombre do Juifs s'assemblaient auprès des temples; mais on ne sait si ce sont les lépreux qu'il nomme Juifs parce qu'il n'y avait qu'eux qui fussent affligés de celte maladie, ou s'il entend parler des naturels habitants du pays, ou des étrangers. Que si c'étaient des Égyptiens, pourquoi les nomme-t-il Juifs? Et si c'étaient des étrangers, pourquoi ne dit il pas d'où ils venaient? D'ailleurs si le roi en avait tant fait noyer, et envoyé les autres dans le désert, comment en restait-il un si grand nombre? comment auraient-ils pu traverser ce désert, conquérir le pays que nous possédons, bâtir la ville que nous habitons, et construire ce temple si célèbre dans toute la terre? Devait-il aussi se contenter de nommer notre législateur sans parler de sa naissance, de ses parents, et du sujet qui l'avait porté à entreprendre d'établir des lois si injurieuses aux dieux, et si injustes à l'égard des hommes? que si ces exilés étaient des Égyptiens, auraient-ils si facilement renoncé à celles de leur pays; et s'ils étaient d'une autre nation quelle qu'elle fût. pouvaient-ils n'en pas avoir qu'ils fussent dès leur enfance accoutumés à observer ? que s'ils eussent seulement juré de n'avoir jamais d'affection pour ceux qui les avalent chassés, on ne pourrait les en blâmer; mais étant aussi misérables que cet auteur les représente, se déclarer ennemis de tous les hommes comme il dit qu'ils s'y obligèrent par serment, aurait été une si grande folie qu' il est évident qu'il l'a inventé. Ne peut-on pas dire la même chose de ce premier nom qu'il assure avoir été donné à Jérusalem pour marque du pillage des temples, et avoir depuis été changé: et quand cela serait vrai n'aurait-on pas raison de le faire, puisque encore que les successeurs de ceux qui avaient bâti celle grande ville trouvassent ce nom odieux, il paraissait honorable à ceux qui l'avaient fondée: mais la haine que cet auteur nous portait l'a tellement aveuglé qu'il n'a pas considéré que le mot de Jérusalem ne signifie pas en hébreu ce qu'il signifie en grec Il serait Inutile de m'étendre davantage sur des impostures si évidentes et si honteuses ; et ce livre étant déjà assez long il faut le finir pour en commencer un autre dans lequel je tâcherai de m'acquitter de ce que j'ai entrepris. |
[279]
Λοιπόν μοι πρὸς αὐτὸν εἰπεῖν περὶ Μωυσέως. Τοῦτον δὲ τὸν ἄνδρα
θαυμαστὸν μὲν Αἰγύπτιοι καὶ θεῖον νομίζουσι, βούλονται δὲ προσποιεῖν
αὐτοῖς μετὰ βλασφημίας ἀπιθάνου, λέγοντες Ἡλιοπολίτην εἶναι τῶν
ἐκεῖθεν ἱερέων ἕνα διὰ τὴν λέπραν συνεξεληλαμένον. [280]
Δείκνυται δ' ἐν ταῖς ἀναγραφαῖς ὀκτωκαίδεκα σὺν τοῖς πεντακοσίοις
πρότερον ἔτεσι γεγονὼς καὶ τοὺς ἡμετέρους ἐξαγαγὼν ἐκ τῆς Αἰγύπτου
πατέρας εἰς τὴν χώραν τὴν νῦν οἰκουμένην ὑφ' ἡμῶν. [281]
Ὅτι δὲ οὐδὲ συμφορᾷ τινι τοιαύτῃ περὶ τὸ σῶμα κεχρημένος ἦν, ἐκ τῶν
λεγομένων ὑπ' αὐτοῦ δῆλός ἐστι· τοῖς γὰρ λεπρῶσιν ἀπείρηκε μήτε
μένειν ἐν πόλει μήτ' ἐν κώμῃ κατοικεῖν, ἀλλὰ μόνους περιπατεῖν
κατεσχισμένους τὰ ἱμάτια, καὶ τὸν ἁψάμενον [282]
αὐτῶν ἢ ὁμωρόφιον γενόμενον οὐ καθαρὸν ἡγεῖται. Καὶ μὴν κἂν
θεραπευθῇ τὸ νόσημα καὶ τὴν αὑτοῦ φύσιν ἀπολάβῃ, προείρηκέν τινας
ἁγνείας καθαρμοὺς πηγαίων ὑδάτων λουτροῖς καὶ ξυρήσεις πάσης τῆς
τριχός, πολλάς τε κελεύει καὶ παντοίας ἐπιτελέσαντα [283]
θυσίας τότε παρελθεῖν εἰς τὴν ἱερὰν πόλιν. Καίτοι τοὐναντίον εἰκὸς
ἦν προνοίᾳ τινὶ καὶ φιλανθρωπίᾳ χρήσασθαι τὸν ἐν τῇ συμφορᾷ [284]
ταύτῃ γεγονότα πρὸς τοὺς ὁμοίως αὐτῷ δυστυχήσαντας. Οὐ μόνον δὲ περὶ
τῶν λεπρῶν οὕτως ἐνομοθέτησεν, ἀλλ' οὐδὲ τοῖς καὶ τὸ βραχύτατόν τι
τοῦ σώματος ἠκρωτηριασμένοις ἱερᾶσθαι συγκεχώρηκεν, ἀλλ' εἰ καὶ
μεταξύ τις ἱερώμενος τοιαύτῃ χρήσαιτο συμφορᾷ, [285]
τὴν τιμὴν αὐτὸν ἀφείλετο. Πῶς οὖν εἰκὸς ἐκεῖνον ταῦτα νομοθετεῖν
ἀνοήτως ἀπὸ τοιούτων συμφορῶν συνειλεγμένους πρόεσθαι καθ' [286]
ἑαυτῶν εἰς ὄνειδός τε καὶ βλάβην νόμους συντιθεμένους; Ἀλλὰ μὴν καὶ
τοὔνομα λίαν ἀπιθάνως μετατέθεικεν· Ὀσαρσὴφ γάρ, φησίν, ἐκαλεῖτο.
Τοῦτο μὲν οὖν εἰς τὴν μετάθεσιν οὐκ ἐναρμόζει, τὸ δ' ἀληθὲς ὄνομα
δηλοῖ τὸν ἐκ τοῦ ὕδατος σωθέντα Μωσῆν· τὸ γὰρ ὕδωρ οἱ Αἰγύπτιοι μῶυυ
καλοῦσιν. [287] Ἱκανῶς οὖν γεγονέναι
νομίζω καὶ δῆλον δ' ὅτι Μανεθὼς ἕως μὲν ἠκολούθει ταῖς ἀρχαίαις
ἀναγραφαῖς οὐ πολὺ τῆς ἀληθείας διημάρτανεν, ἐπὶ δὲ τοὺς ἀδεσπότους
μύθους τραπόμενος ἢ συνέθηκεν αὐτοὺς ἀπιθάνως ἤ τισι τῶν πρὸς
ἀπέχθειαν εἰρηκότων ἐπίστευσεν.
[293]
Καὶ ταῦτα μὲν ὁ Χαιρήμων. Οἶμαι δὲ αὐτόθεν φανερὰν εἶναι ἐκ τῶν
εἰρημένων τὴν ἀμφοῖν ψευδολογίαν· ἀληθείας μὲν γάρ τινος ὑποκειμένης
ἀδύνατον ἦν διαφωνεῖν ἐπὶ τοσοῦτον, οἱ δὲ τὰ ψευδῆ συντιθέντες οὐχ
ἑτέροις σύμφωνα γράφουσιν, ἀλλ' αὐτοῖς τὰ δόξαντα πλάττουσιν. [294]
Ἐκεῖνος μὲν οὖν ἐπιθυμίαν τοῦ βασιλέως, ἵνα τοὺς θεοὺς ἴδῃ, φησὶν
ἀρχὴν γενέσθαι τῆς τῶν μιαρῶν ἐκβολῆς, [295]
ὁ δὲ Χαιρήμων ἴδιον ὡς τῆς Ἴσιδος ἐνύπνιον συντέθεικε. Κἀκεῖνος μὲν
Ἀμένωφιν εἶναι λέγει τὸν προειπόντα τῷ βασιλεῖ τὸν καθαρμόν, οὗτος
δὲ Φριτοβαύτην· ὁ δὲ δὴ τοῦ πλήθους ἀριθμὸς καὶ σφόδρα σύνεγγυς,
ὀκτὼ μὲν μυριάδας ἐκείνου λέγοντος, τούτου δὲ [296]
πέντε πρὸς ταῖς εἴκοσιν. Ἔτι τοίνυν ὁ μὲν Μανεθὼς πρότερον εἰς τὰς
λιθοτομίας τοὺς μιαροὺς ἐκβαλὼν εἶτα αὐτοῖς τὴν Αὔαριν δοὺς
ἐγκατοικεῖν καὶ τὰ πρὸς τοὺς ἄλλους Αἰγυπτίους ἐκπολεμώσας τότε
φησὶν ἐπικαλέσασθαι τὴν παρὰ τῶν Ἱεροσολυμιτῶν αὐτοὺς [297]
ἐπικουρίαν, ὁ δὲ Χαιρήμων ἀπαλλαττομένους ἐκ τῆς Αἰγύπτου περὶ
Πηλούσιον εὑρεῖν ὀκτὼ καὶ τριάκοντα μυριάδας ἀνθρώπων
καταλελειμμένας ὑπὸ τοῦ Ἀμενώφιος καὶ μετ' ἐκείνων πάλιν εἰς τὴν
Αἴγυπτον ἐμβαλεῖν, φεύγειν δὲ τὸν Ἀμένωφιν εἰς τὴν Αἰθιοπίαν. [298]
Τὸ δὲ δὴ γενναιότατον, οὐδὲ τίνες ἢ πόθεν ἦσαν αἱ τοσαῦται τοῦ
στρατοῦ μυριάδες εἴρηκεν εἴτε Αἰγύπτιοι τὸ γένος εἴτ' ἔξωθεν
ἥκοντες, ἀλλ' οὐδὲ τὴν αἰτίαν διεσάφησε, δι' ἣν αὐτοὺς ὁ βασιλεὺς
εἰς τὴν Αἴγυπτον ἀνάγειν οὐκ ἠθέλησεν, ὁ περὶ τῶν λεπρῶν τὸ τῆς
Ἴσιδος ἐνύπνιον συμπλάσας. [299]
Τῷ δὲ Μωσεῖ καὶ τὸν Ἰώσηπον ὁ Χαιρήμων ὡς ἐν ταὐτῷ χρόνῳ
συνεξηλελαμένον προστέθεικεν τὸν πρὸ Μωυσέως πρεσβύτερον τέσσαρσι
γενεαῖς τετελευτηκότα, ὧν [300]
ἐστιν ἔτη σχεδὸν ἑβδομήκοντα καὶ ἑκατόν. Ἀλλὰ μὴν ὁ Ῥαμέσσης ὁ τοῦ
Ἀμενώφιος υἱὸς κατὰ μὲν τὸν Μανεθὼν νεανίας συμπολεμεῖ τῷ πατρὶ καὶ
συνεκπίπτει φυγὼν εἰς τὴν Αἰθιοπίαν, οὗτος δὲ πεποίηκεν αὐτὸν μετὰ
τὴν τοῦ πατρὸς τελευτὴν ἐν σπηλαίῳ τινὶ γεγενημένον καὶ μετὰ ταῦτα
νικῶντα μάχῃ καὶ τοὺς Ἰουδαίους [301]
εἰς Συρίαν ἐξελαύνοντα τὸν ἀριθμὸν ὄντας περὶ μυριάδας κ. Ὢ τῆς
εὐχερείας· οὔτε γὰρ πρότερον οἵτινες ἦσαν αἱ τριάκοντα καὶ ὀκτὼ
μυριάδες εἶπεν οὔτε πῶς αἱ εἴκοσι καὶ τρεῖς διεφθάρησαν, πότερον ἐν
τῇ μάχῃ κατέπεσον ἢ πρὸς τὸν Ῥαμεσσῆ μετεβάλοντο. [302]
Τὸ δὲ δὴ θαυμασιώτατον, οὐδὲ τίνας καλεῖ τοὺς Ἰουδαίους δυνατόν ἐστι
παρ' αὐτοῦ μαθεῖν ἢ ποτέροις αὐτοῖς τίθεται ταύτην τὴν π�οσηγορίαν,
ταῖς κε μυριάσι τῶν λεπρῶν ἢ ταῖς η καὶ λ [303]
ταῖς περὶ τὸ Πηλούσιον. Ἀλλὰ γὰρ εὔηθες ἴσως ἂν εἴη διὰ πλειόνων
ἐλέγχειν τοὺς ὑφ' ἑαυτῶν ἐληλεγμένους· τὸ γὰρ ὑπ' ἄλλων ἦν
μετριώτερον. [312] Οὗτος οὐδὲ τὸν αὐτὸν ἐκείνοις εὗρεν εἰπεῖν βασιλέα, καινότερον δ' ὄνομα συντέθεικεν καὶ παρεὶς ἐνύπνιον καὶ προφήτην Αἰγύπτιον εἰς Ἄμμωνος ἀπελήλυθεν περὶ τῶν ψωρῶν καὶ λεπρῶν [313] χρησμὸν οἴσων· φησὶ γὰρ εἰς τὰ ἱερὰ συλλέγεσθαι πλῆθος Ἰουδαίων. Ἆρά γε τοῦτο τοῖς λεπροῖς ὄνομα θέμενος ἢ μόνον τῶν Ἰουδαίων τοῖς νοσήμασι περιπεσόντων; Λέγει γάρ ὁ λαὸς τῶν [314] Ἰουδαίων. Ὁποῖος; Ἔπηλυς ἢ τὸ γένος ἐγχώριος; Διὰ τί τοίνυν Αἰγυπτίους αὐτοὺς ὄντας Ἰουδαίους καλεῖς; Εἰ δὲ ξένοι, διὰ τί πόθεν οὐ λέγεις; Πῶς δὲ τοῦ βασιλέως πολλοὺς μὲν αὐτῶν βυθίσαντος εἰς τὴν θάλασσαν, τοὺς δὲ λοιποὺς εἰς ἐρήμους τόπους [315] ἐκβαλόντος, τοσοῦτοι τὸ πλῆθος ὑπελείφθησαν; Ἢ τίνα τρόπον διεξῆλθον μὲν τὴν ἔρημον, ἐκράτησαν δὲ τῆς χώρας ἧς νῦν κατοικοῦμεν, ἔκτισαν δὲ καὶ πόλιν καὶ νεὼν ᾠκοδομήσαντο πᾶσι περιβόητον; [316] Ἐχρῆν δὲ καὶ τοῦ νομοθέτου μὴ μόνον εἰπεῖν τοὔνομα, δηλῶσαι δὲ καὶ τὸ γένος ὅστις ἦν καὶ τίνων, διὰ τί δὲ τοιούτους ἂν αὐτοῖς ἐπεχείρησε τιθέναι νόμους περὶ θεῶν καὶ τῆς πρὸς [317] ἀνθρώπους ἀδικίας κατὰ τὴν πορείαν. Εἴτε γὰρ Αἰγύπτιοι τὸ γένος ἦσαν, οὐκ ἂν ἐκ τῶν πατρίων ἐθῶν οὕτω ῥᾳδίως μετεβάλοντο, εἴτ' ἀλλαχόθεν ἦσαν, πάντως τινὲς ὑπῆρχον αὐτοῖς νόμοι [318] διὰ μακρᾶς συνηθείας πεφυλαγμένοι. Εἰ μὲν οὖν περὶ τῶν ἐξελασάντων αὐτοὺς ὤμοσαν μηδέποτε εὐνοήσειν, λόγον εἶχεν εἰκότα, πᾶσι δὲ πόλεμον ἀνθρώποις ἀκήρυκτον ἄρασθαι τούτους, εἴπερ ἔπραττον ὡς αὐτὸς λέγει κακῶς, παρὰ πάντων βοηθείας δεομένους ἄνοιαν οὐκ ἐκείνων, ἀλλὰ τοῦ ψευδομένου πάνυ πολλὴν παρίστησιν, ὅς γε καὶ τοὔνομα θέσθαι τῇ πόλει ἀπὸ τῆς ἱεροσυλίας αὐτοὺς [319] ἐτόλμησεν εἰπεῖν, τοῦτο δὲ μετὰ ταῦτα παρατρέψαι· δῆλον γάρ, ὅτι τοῖς μὲν ὕστερον γενομένοις αἰσχύνην τοὔνομα καὶ μῖσος ἔφερεν, αὐτοὶ δ' οἱ κτίζοντες τὴν πόλιν κοσμήσειν αὐτοὺς ὑπελάμβανον οὕτως ὀνομάσαντες. Ὁ δὲ γενναῖος ὑπὸ πολλῆς τοῦ λοιδορεῖν ἀκρασίας οὐ συνῆκεν, ὅτι ἱεροσυλεῖν οὐ κατὰ τὴν αὐτὴν φωνὴν Ἰουδαῖοι τοῖς Ἕλλησιν ὀνομάζομεν. Τί οὖν ἐπὶ πλείω τις λέγοι πρὸς τὸν ψευδόμενον οὕτως ἀναισχύντως; Ἀλλ' ἐπειδὴ σύμμετρον ἤδη τὸ βιβλίον εἴληφε μέγεθος, ἑτέραν ποιησάμενος ἀρχὴν τὰ λοιπὰ τῶν εἰς τὸ προκείμενον πειράσομαι προσαποδοῦναι. |
XXXIAbsurdité des assertions de Manéthôs sur Moïse. 279 Il me reste à réfuter ses assertions sur Moïse. Les Égyptiens, qui considèrent ce personnage comme admirable et divin, veulent en faire un des leurs par une calomnie invraisemblable: ils disent qu'il appartenait au groupe des prêtres chassés d'Héliopolis pour cause de lèpre. 280 Or, on voit dans les annales qu'il a vécu cinq cent dix-huit ans plus tôt[162] et qu'il conduisit nos pères de l'Égypte dans le pays que nous habitons aujourd'hui. 281 Et il n'était pas non plus affecté d'une maladie de ce genre, comme ses propres paroles le prouvent. En effet, il défend aux lépreux et de séjourner dans une ville et de résider dans un village; ils doivent errer seuls, les vêtements déchirés. Celui qui les a touchés ou a vécu sous leur toit est, selon lui, impur. 282 Si même, grâce aux soins apportés à la maladie, le lépreux revient à la santé, il lui prescrit force purifications: de laver ses souillures en se baignant dans des eaux de source, et de raser complètement sa chevelure; il lui ordonne aussi de faire des sacrifices nombreux et divers avant d'entrer dans la ville sainte[163]. 283 Et pourtant il eût été naturel, au contraire, s'il avait été victime de cette calamité, qu'il usât de soins prévoyants et d'humanité envers ceux qui avaient eu le même malheur. 284 Or, non seulement il a ainsi légiféré sur les lépreux, mais ceux même dont le corps porte la moindre mutilation n'ont point le droit d'être prêtres, et si un accident de ce genre arrive à un prêtre même en exercice, Moïse lui enlève cet honneur[164]. 285 Est-il probable ou qu'il ait établi sans bon sens, ou que des hommes rassemblés à la suite de semblables calamités aient accepté des lois faites contre eux-mêmes à leur honte et à leurs dépens ? 286 Mais, de plus, Manéthôs a transformé son nom de la manière la plus invraisemblable. On l'appelait, dit-il, Osarseph. Ce mot n'a point de rapport avec celui qu'il remplace. Le vrai nom signifie: « celui qui fut sauvé de l'eau », car l'eau chez les Égyptiens se dit « Môü[165] ». 287 La preuve est assez claire, je pense : tant que Manéthôs suivait les antiques annales, il ne s'écartait guère de la vérité ; mais lorsqu'il s'est tourné vers les légendes sans autorité, il les a combinées sans vraisemblance ou il a cru des propos dictés par la haine. XXXIIRécit de Chærémon. 288 Après lui, je veux examiner Chærémon[166]. Cet auteur également déclare qu'il écrit l'histoire d'Égypte, et, après avoir cité le même nom de roi que Manéthôs, 289 Aménophis, et Ramessès son fils, il raconte qu'Isis apparut à Aménophis dans son sommeil, lui reprochant la destruction de son temple pendant la guerre. L'hiérogrammate Phritobautès dit que, s'il purifiait l'Égypte des hommes atteints de souillures, ses terreurs cesseraient. 290 Le roi réunit deux cent cinquante mille de ces hommes nuisibles et les chassa. A leur tête étaient Moïse et Joseph, également hiérogrammates. Leurs noms égyptiens étaient Tisithen pour Moïse, et Peteseph pour Joseph. 291 Ces exilés arrivèrent à Péluse et rencontrèrent trois cent quatre-vingt mille hommes abandonnés par Aménophis, qui n'avait pas voulu les amener en Égypte[167]. 292 ils conclurent avec eux un traité d'amitié et marchèrent sur l'Egypte. Aménophis, sans attendre leur attaque, s'enfuit en Éthiopie, laissant sa femme enceinte. Elle se cacha dans des cavernes et mit au monde un enfant du nom de Ramessès, qui, devenu homme, chassa les Juifs en Syrie au nombre d'environ deux cent mille, et reçut son père Aménophis revenu d'Ethiopie. XXXIIISes mensonges. Manéthôs et lui se contredisent. 293 Voilà ce que raconte Chærémon. Il résulte claire¬ment, je pense, des récits précédents que l'un et l'autre ont menti[168]. Car s'ils s'étaient appuyés sur quelque fait réel, un pareil désaccord était impossible. Mais ceux qui composent des livres mensongers ne mettent point leurs écrits d'accord les uns avec les autres ; ils façonnent les faits à leur fantaisie. 294 Ainsi, pour Manéthôs, le désir qu'avait le roi de voir les dieux fut l'origine de l'expulsion des contaminés; Chærémon y substitue sa propre invention, l'apparition d'lsis en songe. 295 Pour celui-là, c'est Aménophis qui, dans sa prédiction, conseilla au roi la purification; pour celui-ci, c'est Phritobautès. Voyez aussi combien se rapprochent leurs évaluations de cette multitude : l'un parle de quatre-vingt mille hommes, l'autre de deux cent cinquante mille ! 296 De plus, Manéthôs jette d'abord les contaminés dans les carrières ; puis il leur donne Avaris comme résidence, les excite à la guerre contre les autres Egyptiens, et c'est alors que, selon lui, ils appelèrent à leurs secours les Hiérosolymites. 297 Pour Chærémon, chassés d'Égypte, ils trouvèrent auprès de Péluse trois cent quatre-vingt mille hommes abandonnés par Aménophis et, avec eux, revenant sur leurs pas, ils attaquèrent l'Égypte et Aménophis s'enfuit en Éthiopie. 298 Mais le plus beau, c'est qu'il ne dit ni qui étaient, ni d'où venaient tant de milliers de soldats, s'ils étaient Égyptiens ou arrivés du dehors. Il n'a pas même révélé pour quelle raison le roi n'avait pas voulu les amener en Égypte, lui qui, au sujet des lépreux, a imaginé l'apparition d'Isis. 299 A Moïse Chærémon a adjoint Joseph, chassé avec lui, croit-il, dans le même temps, alors qu'il mourut quatre générations avant Moïse[169], ce qui fait à peu près cent soixante-dix ans[170]. 300 Ramessès, fils d'Aménophis, suivant Manéthôs, est un jeune homme qui combat avec son père[171], et partage son exil après la fuite en Éthiopie ; suivant la version de Chærémon, il naît dans une caverne, après la mort de son père[172], puis remporte une victoire sur les Juifs et les chasse en Syrie au nombre d'environ deux cent mille. 301 Ô légèreté ! il n'avait pas dit d'abord qui étaient les trois cent quatre-vingt mille hommes et il ne dit pas non plus comment périrent les quatre cent trente mille[173] (qui manquaient), s'ils tombèrent dans le combat, ou s'ils passèrent dans le camp de Ramessès. 302 Mais voici le plus étonnant : il est impossible d'apprendre de lui à qui il donne le nom de Juifs et qui il désigne ainsi : les deux cent cinquante mille lépreux ou les trois cent quatre-vingt mille hommes de Péluse. 303 Mais ce serait sottise, sans doute, de réfuter plus longuement des auteurs qui se réfutent eux-mêmes ; d’être réfuté par d'autres serait moins extraordinaire. XXXIVRécit de Lysimaque, plus invraisemblable encore. 304 Après eux je présenterai Lysimaque[174], qui a pris pour ses mensonges le même thème que les écrivains précités, la fable des lépreux et des infirmes, mais qui les surpasse par l'invraisemblance de ses inventions; aussi est-il clair que son ouvrage est inspiré par une profonde haine. 305 D'après lui, sous Bocchoris, roi d'Égypte, le peuple juif atteint de la lèpre, de la gale et d'autres maladies, se réfugia dans les temples, et y mendiait sa vie. Comme un très grand nombre d'hommes étaient tombés malades, il y eut une disette en Égypte. 306 Bocchoris, roi d'Égypte[175], envoya consulter l'oracle d’Ammon au sujet de la disette. Le dieu ordonna de purger les temples des hommes impurs et impies en les chassant de là dans des lieux déserts, de noyer les galeux et les lépreux, car, selon lui, le soleil était irrité de leur existence, et de purifier les temples; qu'ainsi la terre porterait des fruits. 307 Bocchoris, informé de l'oracle, appela près de lui les prêtres et les serviteurs de l'autel, leur ordonna de faire un recensement des impurs et de les livrer aux soldats pour qu'ils les emmenassent dans le désert, et de lier les lépreux entre des feuilles de plomb pour les jeter à la mer. 308 Les lépreux et les galeux noyés, on réunit les autres et on les transporta dans des lieux déserts pour qu'ils périssent. Ceux-ci s'assemblèrent, délibérèrent sur leur situation; la nuit venue, ils allumèrent du feu et des torches, montèrent la garde, et, la nuit suivante, après un jeûne, ils prièrent les dieux pour leur salut. 309 Le lendemain un certain Moïse leur conseilla de suivre résolument une seule route jusqu'à ce qu'ils parvinssent à des lieux habités et leur prescrivit de n'avoir de bienveillance pour aucun homme, ni de jamais conseiller le meilleur parti, mais le pire, et de renverser les temples et les autels des dieux qu'ils rencontreraient. 310 Les autres y consentirent et mirent à exécution leurs décisions; ils traversèrent le désert, et, après bien des tourments, arrivèrent dans la région habitée, puis, outrageant les hommes, pillant et brûlant les temples, ils vinrent dans le pays appelé aujourd'hui Judée, y bâtirent une ville et s'y fixèrent. 311 Cette ville fut nommée Hiérosyla (sacrilège) à cause de leurs dispositions d'esprit. Plus tard, devenus maîtres du pays, avec le temps, ils changèrent cette appellation pour éviter la honte, et donnèrent à la ville le nom de Hiérosolyma, à eux-mêmes celui de Hiérosolymites[176]. XXXVSes mensonges et ses contradictions. 312 Lysimaque n'a donc même pas trouvé moyen de nommer le même roi que les précédents, mais il a imaginé un nom plus nouveau, et, laissant de côté le songe et le prophète égyptien, il s'en est allé chez Ammon pour en rapporter un oracle sur les galeux et les lépreux. 313 En disant qu'une foule de Juifs était réunie dans les temples, a-t-il voulu donner ce nom aux lépreux, ou seulement à ceux des Juifs qui avaient été frappés de ces maladies ? 314 Car il dit : « le peuple juif ». Quel peuple ? Etranger ou indigène ? Pourquoi, si ces hommes sont Égyptiens, les appelez-vous Juifs ? S'ils étaient étrangers, pourquoi ne dites-vous pas leur origine ? Et comment, si le roi en a noyé beaucoup dans la mer et chassé le reste dans des lieux déserts, en a-t-il survécu un si grand nombre[177] ? 315 Ou de quelle manière ont-ils traversé le désert, conquis le pays que nous habitons aujourd'hui, fondé une ville et bâti un temple célèbre dans l'univers ? 316 Il fallait aussi ne pas se contenter de dire le nom du législateur, mais encore nous informer de sa race et de sa famille. Et pourquoi se serait-il avisé d'établir pour eux de semblables lois sur les dieux et sur les offenses à faire aux hommes pendant le voyage ? 317 Égyptiens, ils n'eussent point changé si facilement les coutumes de leur patrie. S'ils venaient d'ailleurs, ils avaient de toute façon des lois conservées par une longue habitude. 318 S'ils avaient juré contre ceux qui les chassèrent une éternelle hostilité, c'eût été un récit vraisemblable ; mais qu'ils aient engagé contre toute l'humanité une guerre implacable, eux qui avaient besoin du secours de tout le monde, vu leur état misérable qu'il dépeint lui-même, cela dénote une très grande folie, non de leur part, mais de la part de l'historien menteur. 319 Il a encore osé dire qu'ils ont dénommé leur ville en souvenir du pillage des temples et ont changé son nom dans la suite. Il est clair que ce nom attirait la honte et la haine sur leurs descendants ; et eux, les fondateurs de la ville, auraient pensé se faire honneur en la nommant ainsi ! Et le digne homme, dans l'ivresse de l'injure, n'a pas compris que le pillage des temples n'est pas désigné par le même mot chez les Juifs et chez les Grecs. 320 Que pourrait-on ajouter contre un menteur si impudent ? Mais comme ce livre est déjà d'une étendue convenable, je vais en commencer un second où j'essaierai de présenter le reste des observations relatives à mon sujet.
|
|