Dion Cassius, traduit par E. Gros Tome IX

DION CASSIUS

HISTOIRE ROMAINE.

TOME NEUVIÈME : LIVRE LXI

Traduction française : E. GROS.

livre XXXVII - livre XXXIX

 

 

HISTOIRE ROMAINE DE DION.

 

TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE NEUVIEME VOLUME.


LIVRE SOIXANTE-ET-UNIÈME.

Néron succède à Claude; présages de sa grandeur 3—7

Burrus et Sénèque parviennent à écarter Agrippine des affaires 7—11

Sagesse de leur gouvernement. Néron se livre aux plaisirs et devient bientôt rémule de Caligula; ses débauches; son caractère néanmoins libéral. Il a bientôt épuisé le trésor et se voit forcé de recourir à des impôts extaordinaires.11—15

La passion du prince pour les courses de chevaux enorgueillit les éleveurs et les cochers au point que, pour ne pas se soumettre h leurs exigences, Aulus Fabricius amène dans le cirque des chiens dressés à tirer des chars 15— 17

[Agrippine empoisonne Silanus, gouverneur de l'Asie, de peur qu'on ne le préfère à Néron] 17—19

[Caractère insatiable de Lélianus envoyé en Arménie à la place de Pollion] 19

Irritation d'Agrippine à la suite de son ékngnement des affaires. Meurtre de Britannicus 19— 21

[Sénèque et Burrus renoncent à s'occuper sérieusement des affaires; Néron se plonge sans retenue dans tous les plaisirs. Condamnation ridicule du chevalier romain Antoine, coupable d'empoisonnement, et de faussaires en matière de testament] 21

Les excès de Néron [gagnent jusqu'aux théâtres; pour donner plus libre carrière à la licence, il retire les soldats qui se tenaient d'habitude au milieu de toutes les assemblées du peuple. Il use du même prétexte envers sa mère] ; leurs dissensions 21—25

Dans des jeux donoés par Néron, des hommes, montés sur des chevaux, donnent la chasse à des taureaux qu'ils terrassent. Le prince exerce en furieux ses excès par toute la ville, sans qu'il y ait de sûreté pour personne, même en restant chez soi. Aventure de Montanus. 25—27

Naumachie et combats de gladiateurs donnés successivement dans un amphithéâtre 27—29

Luttes judiciaires terminées par l'exil et par la mort de plusieurs personnes. Sénèque est mis en cause; invectives contre ce philosophe ; [il obtient la grâce de Pallas et de Burrus] 29—33

Amitié d'Othon et de Néron ; ils enlèvent h son mari Sabine, femme patricienne, et tous les deux ils ont commerce avec elle. Agrippine cherche à enchaîner Néron par l'inceste ; Sabine persuade à Néron de se défaire de sa mère; Agrippine est assassinée 35—41

Mot abominable de Néron après le meurtre de sa mère ; remords dont il est poursuivi 41—43

Les sénateurs, à l'exception de Thraséas, témoignent leur approbation. 43—45

Propos tenus à Rome sur Néron ? 45—47

[Néron empoisonne sa tante Domitia] pour s'emparer des biens qu'elle possède à Baies, où il fonde des gymnases 49

Jeux qu'il donne pour la mort de sa mère. Dédicace du marché aux provisions de bouche {Macellum) 49—55

Les juvénales instituées en l'honneur de Néron se faisant raser pour la première fois 55—57

Néron monte lui-même sur le théâtre. Jeux quinquennaux institués pour le salut et la durée du pouvoir et nommés Néroniens 59— 61


LIVRE SOIXANTE-DEUXIÈME.

65


Révolte en Bretagne; prétexte de la guerre. Présages. . . . Bunduica, femme bretonne, principal auteur du soulèvement. 65— 67
Discours de Bunduica aux Bretons 67— 77
L'absence de Paulinus, général des Romains, donne aux Bretons une victoire facile; cruautés exercées sur les captifs. . 77— 79 Retour de Paulinus ; forcé de livrer bataille malgré lui, il divise son armée en trois corps qu'il harangue séparément. 79— 87
Pages.
Les Romains ayant conquis l'avantage, les Bretons se préparent à lifter une nouvelle bataille ; mais la mort de Buin-
dica, qui survient dans l'intervalle, amène leur soumission. 87— 89
Héron répudie Octavie et la fait ensuite mettre à mort. Mot de Burrus à ce sujet Courage de Pythias, suivante d'Octa-
vie, et sa réponse à Tigellinus 89— 93
Mot de Néron à la vue de la tète de Plautus ; il fait mettre à
mort l'affranchi Pallas • 93— 95
Fête donnée au peuple sur l'eau 95— 97
Incendie de Rome 97—105
Gorbulon amène Vologèse à un arrangement honorable pour
la dignité romaine 105—109
[ Seconde ambassade de Vologèse à Néron ] 109—111
[Vologèse impose à Pœtus un traité honteux ; Néron destitue
Paetus et charge Corbulon de la guerre contre les barbares]. 111—115
[ Entrevue de Corbulon avec Tiridate qui adore le buste de
l'empereur; Monobaze et Vologèse donnent des otages]. . 115—117
Modestie de Corbulon; [il envoie son gendre Annius à Rome
en otage à Néron, sous prétexte d'y conduire Tiridate]. . 117—119
Conspiration de Sénèque et de Ru fus, préfet du prétoire ; réponse du centurion Sulpicius Asper et du tribun Flavius Subrius. Les conjurés et plusieurs autres, à leur occasion,
sont mis à mort 119—121
Mort de Sénèque ; il veut que sa femme Pauline meure avec lui, mais elle est sauvée parce que Sénèque expire avant
elle 121—123
Néron fait périr Thraséas et Soranus, à cause de leur mérite. Ëgnatius Celer dépose contre Soranus, Cassius Asclépiodo-
tus témoigne de sa vertu 123—125
[ Junius Torquatus, arrière-petit-fils d'Auguste, accusé men-
songèrement d'aspirer à l'empire, est mis à mort]. • • . 127
Constance d*Êpicharis dans les -tortures 127
Exil du philosophe Musonius 129
Mort de Sabine ; sa mollesse 129
Regrets de Néron ; il but castrer le jeune Sporus, qui res-
semble à Sabine, et s'en sert comme de femme 129—131
Néron monte sur le théâtre. 11 se dispose à écrire en vers l'histoire ; discussion avec Cornutus à ce sujet; défense faite
à Lucain de cultiver la poésie. 131—133

TABLE.






LIVRE SOIXANTE-TROISIÈME.




Tiridate Tient en Italie; il est accueilli avec magnificence par
Néron, qui lui attache le diadème
Jeux célébrés à cette occasion ; Tiridate fait l'éloge de Corbulon, tout en prodiguant les flatteries à l'empereur. . . .
Vologèse refuse de venir trouver Néron
Héron se rend en Grèce pour y disputer les prix à tous les
jeux; sa conduite dans cette contrée; [il y emmène avec
lui plusieurs citoyens du premier rang, afin de les faire
périr] •
Rome et l'Italie sent livrées à la discrétion de l'affranchi
Hélius
Néron épouse Sporus à qui il donne le nom de Sabine, bien
qu'ayant commerce avec Pythagoras comme avec un mari.
Autres turpitudes de ce prince. .
Les chevaliers servant dans l'armée font à leur revue annuelle,
usage pour la première fois de caparaçons
Aux jeux Olympiques, Néron est couronné, malgré une chute
où il faillit être écrasé
[ Il donne de l'argent à la Pythie pour un oracle]
Il dépossède Apollon du territoire de Cirra quïl donne aux
soldats, et supprime l'oracle
Raisons qui l'empêchent de se rendre à Athènes et à Lacé-
démone
Haine de ce prince pour le sénat ; elle donne à Yatinius le
moyen de s'insinuer dans ses bonnes grâces
Néron veut percer l'isthme du Péloponnèse ; personnages qu'il
fait périr afin de se procurer de l'argent pour cette entre-
prise *
Corbulon est mis à mort
Retour de Néron à Rome; il prend part dans les jeux du
cirque, qu'il donne à l'occasion de ses victoires, à toutes
les luttes. Un certain Lydius lui offre cent cinquante
mille drachmes pour chanter sur la lyre
Vindex soulève les Gaulois ; discours qu'il leur tient
Rufus, gouverneur de Germanie, fait semblant de marcher
contre Vindex et met le siège devant Besançon
Conférence de Rufas et de Vindex ; une méprise des soldats de
Rufas cause la mort de Vindex
Ruftas refuse l'empire

Pag*. 135-143


143—145
146- rl47





147— 155
155—157





157—159


159


159 159
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161
161—




163—167 167






167—173 175—177

179—181


181
181—183







TÀftUK 523
Pages.
[Néron, loin de s'émouvoir de la défection de Vindex, se -flatte de trouver là un moyen de lever de Fargent et de verser le sang; il feit la dédicace du temple de Sabine-
Vénus] 183—185
Amusements auxquels il se livre; présages qui annoncent sa
fin. 185—187
Frayeur causée par la nouvelle que Galba a été proclamé empereur et que Rufiis a tait défection. Il songe d'abord à s'embarquer pour Alexandrie; puis, se sentant abandonné
de tous, il essaye de ftiir 187—189
Terreurs qui l'agitent 189—193
Deniers moments de Néron. . • 193—195




LIVRE SOIXANTE-QUATRIÈME.



Présages de la grandeur future de Galba; caractère de ce
prince. 197—101
Conduite qu'il tient k l'égard des gardes de Néron demandant à être maintenus dans les mêmes rangs, et à l'égard des
prétoriens réclamant le donativum 201
Il résiste au peuple qui demande le supplice de Tfgellmus
et autres, bien qu'ayant lui-même fait exécuter à mort plu-
sieurs grands coupables du règne précédent 201—203
Les soldats de Germanie, n'ayant obtenu aucune gratification de Galba et ne pouvant décida Rufus à accepter l'empire,
proclament Vitellius 208—205
A cette nouvelle, Galba adopte Pison; Othon, irrité de cette
adoption, se révolte 205—207
Galba essaye d'apaiser les soldats, il est mis à mort. . . . 207—209
Dévouement du centurion Sempronius Densus 209—211
Pison et plusieurs autres sont tués à la suite de l'empereur. 211
Présages qui annoncent à Othon un prompt châtiment. . . 211—213
Conduite modérée de ce prince 219—215
Licence accordée aux soldats 215—217
Prise et punition d'un faux Néron 217
Othon, n'ayant pu amener Vitellius à partager l'empire avec
lui, se résout à faire la guerre ; il est vaincu 217—219
Un cavalier qui vient apporter la nouvelle de la défaite, ayant
été traité d'imposteur, se donne la mort 219
Tout le monde est disposé à recommencer la lutte, mais Othon attend l'arrivée de nouveaux courriers; alors, après
s'être entretenu en lui-même, 0 harangue ses soldats. . . 219—221








































































































































e


Effet produit par le discours d'Othon 221—223
Othon se donne la mort 223—225
[Avarice de Valons] 225




LIVRE SOIXANTE-CINQUIÈME.



La mort d'Othon connue à Rome, Vitellius est proclamé em-
pereur. 227
[A Lyon et à Crémone, il assiste à des combats de gladia-
teurs; il parcourt les champs de bataille sans donner
Tordre d'ensevelir les morts] 227—229
A Rome, il règle tout à sa fantaisie et publie un décret de
bannissement contre les Chaldéens, qui publient à ren-
contre un décret pour lui signifier de sortir de la vie dans
le délai du jour où il mourut 929
Vitellius s'abandonne à la débauche et aux désordres ; mot
de Vihius Crispus. 229—231
Prodigalités de Vitellius ; sa conduite envers ses créanciers. 231—237
[Il montre cependant quelque noblesse sur certains points]. 237—241
Présages funestes qui lui arrivent 241—243
Vespasien, poussé par Mucien, est proclamé empereur. ... 243 Vespasien envoie Mucien en Italie contre vitellius, et passe en Egypte, d'où il envoie à Rome du blé et de l'argent. Les légions de _Myaie, sous la conduite d'Antonius Primus, se déclarent en sa faveur, avant même l'arrivée de Mucien. . 245—247 vitellius, malgré cela, continue sa vie de mollesse ; Aliénus, envoyé par lui contre ses adversaires, détermine les soldats sous ses ordres à embrasser le parti de Vespasien ; les soldats se rangent d'abord à cet avis, puis, saisis d'un re-
mords soudain, ils mettent Aliénus dans les fers 247—249
Obstination des deux partis, malgré les témoignages d'amitié qu'on se prodigue de part et d'autre au milieu même du
combat 249—255
Deux soldats de Vespasien coupent les cordes d'une machine
ennemie qui les incommodait 255—257
La légion GalUea ayant, suivant la coutume de son pays, salué le lever du soleil, les soldats de Vitellius croient que
Mucien est arrivé, et demandent quartier 257
SacdeCrémone. 257—259
Tergiversations de Vitellius 259-263
Les consuls et d'autres principaux citoyens se rendent an palais, à dessein de porter Vitellius à renoncer à l'empire. La

garde germaine les oblige de se réfugier an Capitole; dan-
gers que courent les uns et les antres 363—267
Vitellius, réduit à se cacher, est découvert et en butte aux
plus honteux traitements; il est tué par les soldats. . . . 267—-271
Le fils et le frère de Vitellius sont mis à mort. Mucien arrive
à Rome 271—273

LIVRE SOIXANTE-SIXIÈME. Présages qui avaient annoncé à Vespasien sa grandeur.







275—277

IMH
ie si le pouvoir leur
tr ramasser de l'argent,
me
par
Mucien et Domitien agissent en tout coi
eût appartenu. Zèle de Mucien p<
Sabinus, se disant descendu de Jules César* lève
armée pour son propre compte en Germanie. Vaincu
Céréalis, il se confine dans un monument souterrain, avec
sa femme, et fait croire à sa mort 281
[Titus est chargé de la guerre de Judée; il assiège Jérusa-
lem dont il finit par se rendre maître après un siège où
son armée et lui endurent bien des souffrances] 288—299
Obligation imposée aux Juifs qui veulent garder les lois de
leurs pères y. 291
Miracles opérés par Vespasien en Egypte 291
Vespasien; est accablé de railleries par les Alexandrins ; con-
duite qu'il tient à leur égard 291—295
[Vespasien rend l'honneur à tous ceux qui, morts ou vivants, ont été condamnés sous Néron ou sous ses successeurs


I Mil















aence la reconstruction du Capitole; il se
tntre large pour les choses d'intérêt public et sévère-
Lt économe pour tout ce qui le concerne particulière-
ment. Ses égards envers le sénat. . . . 297—301
Conduite qu'il tient vis-à-vis d'un affranchi qui s'était mon-
tré insolent envers lui sous Néron 301
Réponse qu'il fait à une lettre arrogante de Vologèse. . . 301
Malgré la modération dont Vespasien fait preuve, Helvidius
Priscus, gendre de Thraséas, montre une audace et un esprit
de rébellion qui affligent le prince et finissent par causer la
mort du prétendu philosophe.. .5.- 803—305

Pages*
Les philosophes, à l'exception 4e MUSOMUS, sont chassés de
Rome 306—307
Mort de Cénis, concubine de Vespasien; services que cette
femme rendait au prince. 307—809
Mot de Vespasien à son Us Titus, à propos de l'impôt sur
l'urine • . • 309
Dédicace du temple de la Paix ; le Colosse est posé dans la
voie Sacrée 309—311
Les Parthes demandent, sans l'obtenir, l'alliance de Vespasien. 311
Bérénice vient à Rome avec son frère Agrippa, et devient la maîtresse de Titus qu'elle se flatte d'épouser ; mais Titus la
renvoie pour ne pas déplaire aux Romains « 311
Deux philosophes, étant entrés secrètement à Rome et ayant
injurié le peuple en plein théâtre, sont punis 311—313
Sabinus et sa femme sont découverts, amenés à Rome et mis
à mort 313
Conjuration ourdie contre Vespasien par Aliénus et par Mar-
cellus; punition des coupables. . 313—315
»:ort de Vespasien ; opinions diverses relatives à cette mort,
et présages qui l'annoncèrent 315—317
Caractère de Titus 317—319
Douceur du règne de Titus; il chasse de Rome les délateurs. 321
Une seconde guerre éclate en Bretagne ; les Romains, sous la
conduite d'Agricola, dévastent le pays qu'ils reconnaissent,
alors pour la première fois, être une lie. Agricola est vic-
time de la jalousie de Domitien 323
Éruption du Vésuve en Campanie ; description du volcan et
ravages qu'il cause • 325—331
VJK autre feu, né sur la terre, dévore une grande partie de
Rome Tannée suivante 331
Mesures prises par Titus pour réparer les* désastres arrivés
en Campanie 331—333
Dédicace des bains et de l'amphithéâtre de Titus; jeux donnée
à cette occasion 338—335
Mort de Titus ; faute qu'il se reproché à son lit de mort. . . 335—337

4

LIVRE SOIXANTE-SEPTIÈME.



Domitien ; son caractère 339—341
[ Il confirme par un édit toutes les grâces accordées par son père et par son frère J, bien que traitant leurs amis d'une
manière injurieuse. . g. ....... . 341—343
TABLE* 597

II défend de faire des ennnqnes dans Pempire romain, afin
de déshonorer son frère* .■ ♦ . . • 343
L Domitien ne fait nul cas ni de ceux qui louaient Titus de n'avoir mis à mort aucun sénateur, ni de la demande répétée du sénat pour qu'an décret enlevât au prince le droit sur la vie de ses membres. ...*]. Hypocrisie du prince. 343—345
Domitien répudie sa femme Domitia pour adultère, et vit
ouvertement avec sa nièce Julie comme avec une épouse ;
[puis, à la prière du peuple, il se réconcilie avec Domitia,
sans interrompre ses rapports avec Jolie] 345—347
[Il tait périr un grand nombre de citoyens relégués en divers .
endroits, tout en ^'arrangeant de façon que leur mort
paraisse volontaire]. Les Vestales elles-mêmes ne sont pas
épargnées 345—347
H entreprend une expédition en Germanie et revient à Rome
sans avoir vu l'ennemi ; conduite du sénat dans cette cir-
constance ; . . ♦ 347—349
H change le nom du mois d'Octobre en celui de Domitien, et adjoint aux factions des conducteurs de char deux nouvelles factions, la faction d'Or et la faction de Pourpre. . . 349—351
Largesses faites au peuple, et qui> par suite, occasionnent la
perte de citoyens puissants . 351
[ Charioméros, roi des Chérusques, reçoit de l'argent au lieu
du secours qu'il demandait.] 351
[Maysos, roi des Semnoos^et la vierge Ganna, qui, depuis Véléda, rendait des oracles dans le pays des Celtes, viennent trouver Domitien et s'en retournent après avoir reçu
de loi des honneurs ] • 351—353
[Les Lygiens, battus par les Suèves, demandent du secours à
Domitien ; ils reçoivent de lui seulement cent cavaliers ; les
Suèves, irrités, se préparent à passer l'Ister avec les lazyges
qu'ils mettent dans leurs intérêts.] 353
Guerre contre Décébale, roi des Daces (quelques-uns les ap-
pellent Gètes ) ; [ conduite de Domitien dans cette expédi-
tion] 353—355
[Domitien, pour se venger des Quades, qui ne lui ont pas
fourni de secours contre les Daces, met à mort les ambas-
sadeurs envoyés par eux pour demander la paix] 355
[Vaincu par les Marcomans, Domitien traite avec Décébale, qui, ne voulant pas entrer en pourparler avec lui, lui en* voie Diégis. Domitien met le diadème sur la téte de Diégis,


* Passage lacuneux et corrompu 4 comme le nommant roi de Dade; il célèbre on triomphe et distribue de l'argent à ses soldats, bien que, loin d'avoir remporté la victoire, il ait honteusement acheté la paix.] 357—859
Des honneurs sont décernés au prince à cette occasion. * . . 359
Festjn donné aux principaux sénateurs et chevaliers 361—363
Julianus, chargé de la guerre de Dacie, fait auprès de Tap un grand carnage des ennemis, Vézinas, qui, parmi eux, tenait le second rang après Décébale, se laisse tomber comme mort, et, par ce moyen, s'échappe secrètement la nuit. . 363—365
Révolte d'Antonius, gouverneur de Germanie, étouffée par L. Maximus. Après la victoire, Maximus brûle tous les papiers d'Antonius, ce qui n'empêche pas Domitien de trouver, dans cette révolte, un prétexte pour verser le sang. 365
[Contradiction de Domitien avec lui-même en cette circons-
tance : il défend de mentionner dans les Actes ses vic-
times, bien qu'envoyant leurs têtes à Rome, même celle
d'Antonius, pour être exposées sur le Forum.] 365—367
Manière surprenante dont Julius Calvaster parvint à échap-
per au supplice, ♦ 367
Lucianus Proclus, sénateur Agé et qui vivait la plupart du
temps à la campagne, forcé d'accompagner le prince dans
son expédition contre Antonius, h la nouvelle de la vic-
toire, demande la permission de se retirer dans ses terres,
et, bien qu'ayant vécu longtemps encore, ne revient jamais
auprès de lui dans la suite • 367
Découverte et punition de gens qui s'étaient avisés de piquer avec des aiguilles empoisonnées ceux qu'il leur plaisait. . 367—369
Une femme est mise à mort pour avoir quitté seg vêtements devant la statue de Domitien ; Métius Pompusianus, pour avoir une carte de l'univers sur les murs de sa chambre à coucher, et pour avoir extrait et fait lire aux autres les harangues contenues dans Tite-Live ; le sophiste Mater-nus, pour avoir, dans un exercice, parlé contre les tyrans. 369—371
Domitien s'entend avec les délateurs et les faux témoins ; sa
mauière d'interroger les prisonniers. . 371
Domitien, en qualité de censeur, chasse du sénat Cédlius Rufus, parce qu'il dansait sur le théâtre; il rend à son maître un centurion convaincu d'avoir été esclave; en qualité d'empereur, il fait périr, pour crime de philosophie, Rusticus Arulénus, Sénécion et plusieurs autres avec feux. 371—373
Façon merveilleuse dont se sauva Celsus, qui avait conspiré contre l'empereur avec plusieurs des premiers de Rome. 373
La route de Sinuesse à Putéoles est pav^e . . . 373

Jaloux de l'adresse de Glabrion, Domitien le fait périr; il
devient soupçonneux à l'égard de ses affranchis et des pré-
fets du prétoire ; il fait exécuter Épaphrodite, affranchi
de Néron, lui reprochant de n'avoir pas secouru son maître. 375
Conspiration ourdie contre Domitien, qni y succombe, mal-
gré toutes les précautions dont il s'est entouré 377—379
Les conjurés, avant de mettre la main à l'oeuvre, s'assurent du successeur à l'empire ; plusieurs, à qui ils en avaient parié, ayant refusé, de peur qu'on ne leur tendit un piège, ils s'adressent à Nerva, qui avait été compromis par les astrologues, et le décident à se charger de l'empire. . . . 379
Présages qui annoncent la mort du prince . 879—381
Meurtre de Domitien 881—383
Apollonius de Tyane annonce publiquement la mort de Do-
natien. 388—385





 

 

[66,0] LIVRE LXI (fragments).

 

 

[66,1] Ταῦτα μὲν οὕτως ἔσχεν, αὐτοκράτωρ δὲ ἐπ´ αὐτοῖς ὁ Οὐεσπασιανὸς καὶ πρὸς τῆς βουλῆς ἀπεδείχθη, καὶ Καίσαρες ὅ τε Τίτος καὶ ὁ Δομιτιανὸς ἐπεκλήθησαν, τήν τε ὕπατον ἀρχὴν ὁ Οὐεσπασιανὸς καὶ ὁ Τίτος ἔλαβον, ὁ μὲν ἐν τῇ Αἰγύπτῳ ὁ δὲ ἐν τῇ Παλαιστίνῃ ὤν. Ἐγεγόνει μὲν οὖν καὶ σημεῖα καὶ ὀνείρατα τῷ Οὐεσπασιανῷ τὴν μοναρχίαν ἐκ πολλοῦ προδηλοῦντα. Βοῦς τε γὰρ ἐν τῷ ἀγρῷ ἐν ᾧ τὴν δίαιταν ὡς πλήθει ἐποιεῖτο, δειπνοῦντι προσελθὼν ὤκλασε καὶ τὴν κεφαλὴν ὑπὸ τοὺς πόδας ὑπέθηκε· καὶ κύων αὖθις, σῖτον αὐτοῦ καὶ τότε αἱρουμένου, χεῖρα ἀνθρωπίνην ὑπὸ τὴν τράπεζαν ὑπέβαλε. Κυπάρισσός τε περιφανὴς πρόρριζος ὑπὸ σφοδροῦ πνεύματος ἀνατραπεῖσα, ἔπειτα τῇ ὑστεραίᾳ ὑφ´ ἑαυτῆς ἀνέστη καὶ ἀκμάζουσα διετέλεσε. Καὶ παρ´ ὀνείρατος ἔμαθεν ὅτι, ὅταν ὁ Καῖσαρ Νέρων ὀδόντα ἀποβάλῃ, αὐταρχήσει· καὶ τοῦτό τε τὸ κατὰ τὸν ὀδόντα τῇ ἐπιούσῃ ἡμέρᾳ συνηνέχθη, καὶ αὐτὸς ὁ Νέρων ἔδοξέ ποτε ἐν τοῖς ὕπνοις τὸν τοῦ Διὸς ὄχον ἐς τὴν τοῦ Οὐεσπασιανοῦ οἰκίαν ἐσαγαγεῖν. Ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἑρμηνεύσεως ἔχρῃζεν, Ἰώσηπος δὲ ἀνὴρ Ἰουδαῖος ἀχθείς τε ὑπ´ αὐτοῦ πρότερον καὶ δεθεὶς ἐγέλασε καὶ ἔφη "νῦν μέν με δήσεις, μετ´ ἐνιαυτὸν δὲ λύσεις αὐτοκράτωρ γενόμενος".

[66,2] Οὕτω μὲν οὖν καὶ ὁ Οὐεσπασιανὸς ἐς τὴν ἀρχήν, ὡς καὶ ἄλλοι τινές, ἐγεγέννητο, ἀπόντος δὲ αὐτοῦ ἔτι ἐν τῇ Αἰγύπτῳ ὁ Μουκιανὸς τὰ τοῦ κράτους πάντα μετὰ τοῦ Δομιτιανοῦ διῴκει. Μέγα γάρ τι, ὡς καὶ αὐτὸς τὴν ἡγεμονίαν τῷ Οὐεσπασιανῷ δεδωκώς, ἠγάλλετο διά τε τἆλλα καὶ ὅτι ἀδελφὸς ὑπ´ αὐτοῦ ὠνομάζετο, καὶ ὅτι ἐξουσίαν εἶχε πάνθ´ ὅσα ἐβούλετο καὶ ἄνευ τῆς αὐτοῦ προστάξεως διοικεῖν καὶ γράφειν, τὸ ὄνομα αὐτοῦ μόνον ἐπιγραφόμενος. Καὶ διὰ τοῦτό γε καὶ δακτύλιον πεμφθέντα οἱ ἐφόρει, ἵνα τὸ αὐτοκρατορικὸν σφράγισμα τὰ σημαινόμενα λαμβάνῃ. Πολλοῖς γοῦν ἀρχάς τε καὶ ἐπιτροπείας αὐτὸς καὶ ὁ Δομιτιανὸς ἔδοσαν, καὶ ἐπάρχους ἄλλους ἐπ´ ἄλλοις καὶ ὑπάτους ἀπέδειξαν. Τό τε σύμπαν οὕτω πάντα αὐτοὶ ὡς αὐταρχοῦντες ἐποίουν ὥστε τὸν Οὐεσπασιανὸν ἐπιστεῖλαί ποτε τῷ Δομιτιανῷ ὅτι "χάριν ἔχω σοι, τέκνον, ὅτι με ἐᾷς ἄρχειν καὶ οὐδέπω με καταλέλυκας". [ Ὅτι ὁ Μουκιανὸς τιμᾶσθαι ὑφ´ ἁπάντων ὑπὲρ πάντας ἤθελεν, καὶ ἤχθετο εἰ καὶ ὁστισοῦν οὐχ ὅτι ὑβρίσειεν αὐτόν, ἀλλ´ οὐ μὴ οὐ μεγάλως ἀγήλειε. Καὶ διὰ τοῦτο, ὥσπερ ἄπληστος ἐν ταῖς τιμαῖς πρὸς τοὺς ὑπουργοῦντάς τι αὐτῷ καὶ τὸ βραχύτατον ἦν, οὕτω καὶ μίσει ἀγριωτάτῳ πρὸς τοὺς μὴ τοιούτους ἐχρῆτο. ] Ὁ δὲ Μουκιανὸς καὶ χρήματα ἀμύθητα πανταχόθεν, ὅθεν ἐνεδέχετο, ἐς τὸ δημόσιον ἤθροιζεν ἑτοιμότατα, τὴν ἐπ´ αὐτῷ ἐπηγορίαν ἐς ἑαυτὸν ἀντὶ τοῦ Οὐεσπασιανοῦ ἀναδεχόμενος. Νεῦρα γὰρ τῆς ἡγεμονίας τὰ χρήματα ἀεί ποτε εἶναι ἔλεγε, καὶ κατὰ τοῦτο καὶ ἐκείνῳ πανταχόθεν πορίζειν παρῄνει καὶ αὐτὸς ἀπ´ ἀρχῆς ἀργυρολογῶν διετέλεσε, καὶ μεγάλα μὲν καὶ τῇ βασιλείᾳ χρήματα παρεσκεύασε, μεγάλα δὲ καὶ αὐτὸς ἐκτήσατο.

[66,3] Ἐν δὲ τῇ Γερμανίᾳ ἄλλαι τε κατὰ Ῥωμαίων ἐπαναστάσεις ἐγένοντο, οὐδὲν ἐς μνήμην ἐμοὶ γοῦν ὄφελος φέρουσαι, καί τι συνηνέχθη καὶ θαύματος ἄξιον. Ἰούλιος γάρ τις Σαβῖνος, ἀνὴρ πρῶτος τῶν Λιγγόνων, δύναμιν καὶ αὐτὸς ἰδίαν ἤθροισε καὶ Καῖσαρ ἐπωνομάσθη, λέγων ἔγγονος τοῦ Καίσαρος τοῦ Ἰουλίου εἶναι. Ἡττηθεὶς δὲ μάχαις τισὶν ἔφυγεν ἐς ἀγρόν τινα, κἀνταῦθα ἐς μνημεῖον ὑπόγειον, προκαταπρήσας αὐτό, κατέδυ· καὶ οἱ μὲν ᾤοντο κἀκεῖνον ἀπολωλέναι, ὁ δὲ ἐκρύφθη τε ἐν αὐτῷ ἐννέα ἔτη μετὰ τῆς γυναικός, καὶ παῖδας ἐξ αὐτῆς δύο ἄρρενας ἐκύησε. Καὶ τὰ μὲν ἐν Γερμανίᾳ Κερεάλιος μάχαις πολλαῖς κατεστήσατο, ὧν ἐν μιᾷ τοσοῦτον πλῆθος τῶν τε Ῥωμαίων καὶ τῶν βαρβάρων κατεκόπη ὥστε τὸν παραρρέοντα ποταμὸν ὑπὸ τῶν πεπτωκότων ἐπισχεθῆναι. Ὁ δὲ Δομιτιανός, ἐξ ὧν ἔδρασε καὶ πολλῷ μᾶλλον ἐξ ὧν ἐπεχείρησεν (οὐδὲν γὰρ μικρὸν ἐπενόει) φοβηθεὶς τὸν πατέρα, πρός τε τῷ Ἀλβανῷ τῷ ὄρει τὰ πολλὰ διατρίβων καὶ τῷ ἔρωτι τῆς Δομιτίας τῆς Κορβούλωνος θυγατρὸς προσέχων ἐτύγχανε· ταύτην γὰρ Λουκίου Λαμίου Αἰλιανοῦ τοῦ ταύτης ἀνδρὸς ἀποσπάσας τότε μὲν ἐν ταῖς ἐρωμέναις ἐποιήσατο, ὕστερον δὲ καὶ ἔγημεν.

[66,4] Ὁ δὲ Τίτος τῷ πρὸς Ἰουδαίους πολέμῳ ἐπιταχθεὶς ἐπεχείρησε μὲν αὐτοὺς λόγοις τισὶ καὶ ἐπαγγελίαις προσποιήσασθαι, μὴ πεισθεῖσι δὲ ἐπολέμει. Καὶ μάχαις 〈ταῖς〉 μὲν πρώταις ἀγχώμαλα ἀγωνισάμενος, εἶτα κρατήσας ἐπολιόρκει τὰ Ἱεροσόλυμα. Ἦν δὲ τρία αὐτοῖς σὺν τῷ τοῦ νεὼ περιβόλῳ τείχη. Οἵ τε οὖν Ῥωμαῖοι χώματά τε πρὸς τὸ τεῖχος ἐχώννυσαν καὶ μηχανήματα προσῆγον, τούς τε ἐπεκθέοντας ὁμόσε ἰόντες ἀνέστελλον, καὶ τοὺς ἐπὶ τοῦ τείχους ἐπόντας σφενδόναις καὶ τοξεύμασιν ἀνεῖργον· συχνοὺς γὰρ καὶ παρὰ βαρβάρων τινῶν βασιλέων πεμφθέντας εἶχον· καὶ οἱ Ἰουδαῖοι πολλοὶ μὲν αὐτόθεν πολλοὶ δὲ καὶ παρὰ τῶν ὁμοήθων, οὐχ ὅτι ἐκ τῆς τῶν Ῥωμαίων ἀρχῆς ἀλλὰ καὶ ἐκ τῶν πέραν Εὐφράτου, προσβεβοηθηκότες βέλη τε καὶ αὐτοὶ καὶ λίθους, τοὺς μὲν ἐκ χειρὸς τοὺς δὲ καὶ μηχαναῖς, σφοδρότερον ἅτε καὶ ἀφ´ ὑψηλοῦ, ἔπεμπον, καὶ ἐπεξιόντες, ᾗ καιρὸς ἦν, νυκτός τε καὶ ἡμέρας τὰς μηχανὰς ἐνεπίμπρασαν, συχνοὺς ἀπεκτίννυσαν, τόν τε χοῦν ὑπορύσσοντες ὑπὸ τὸ τεῖχος ὑφεῖλκον, καὶ τοὺς κριοὺς τοὺς μὲν βρόχοις ἀνέκλων τοὺς δὲ ἁρπάγαις ἀνέσπων· ἑτέρων τὰς προσβολὰς σανίσι παχείαις συμπεπηγμέναις τε καὶ σεσιδηρωμέναις, ἃς πρὸ τοῦ τείχους καθίεσαν, ἀπέστρεφον. Τὸ δὲ δὴ πλεῖστον οἱ Ῥωμαῖοι τῇ ἀνυδρίᾳ ἐκακοπάθουν, καὶ φαῦλον καὶ πόρρωθεν ὕδωρ ἐπαγόμενοι. Οἱ δὲ Ἰουδαῖοι διὰ τῶν ὑπονόμων ἴσχυον· ὀρωρυγμένους τε γὰρ αὐτοὺς ἔνδοθεν ὑπὸ τὰ τείχη μέχρι πόρρω τῆς χώρας εἶχον, καὶ δι´ αὐτῶν διεξιόντες τοῖς τε ὑδρευομένοις ἐπετίθεντο καὶ τοὺς ἀποσκεδαννυμένους ἐλυμαίνοντο· οὓς ὁ Τίτος πάντας ἀπέφραξε.

[66,5] Κἀν τοῖς ἔργοις τούτοις πολλοὶ ἐτιτρώσκοντο ἑκατέρων καὶ ἔθνησκον, καὶ ὁ Τίτος αὐτὸς λίθῳ τὸν ἀριστερὸν ὦμον ἐπλήγη, καὶ ἀπ´ αὐτοῦ τὴν χεῖρα ἀσθενεστέραν εἶχεν. Χρόνῳ δ´ οὖν ποτε τοῦ ἔξω περιβόλου οἱ Ῥωμαῖοι ἐπέβησαν, ἐν μέσῳ δὲ τῶν δύο περιβόλων στρατοπεδευσάμενοι πρὸς τὸ ἕτερον τεῖχος προσέβαλλον. Οὐ μέντοι καὶ ὁμοία ἡ πρόσμιξίς σφισιν ἐγίγνετο· ἀναχωρήσαντες γὰρ ἐς ἐκεῖνο πάντες ῥᾷον, ἅτε καὶ ἐκ βραχυτέρας τῆς τοῦ κύκλου περιβολῆς, ἠμύνοντο. Ὁ οὖν Τίτος κήρυγμα αὖθις, ἄδειαν αὐτοῖς διδούς, ἐποιήσατο. Ἐκεῖνοί τε οὖν καὶ ὣς ἐκαρτέρουν, καὶ οἱ ἁλισκόμενοι οἵ τε αὐτομολοῦντές σφων τὸ ὕδωρ τῶν Ῥωμαίων λανθανόντως ἔφθειρον, καὶ τῶν ἀνθρώπων οὕς που μόνους ἀπολάβοιεν ἔσφαζον. Ὁ δὲ Τίτος οὐκέτ´ οὐδένα αὐτῶν ἐδέχετο. Κἀν τούτῳ καὶ τῶν Ῥωμαίων τινὲς ἀδημονήσαντες οἷα ἐν χρονίῳ πολιορκίᾳ, καὶ προσυποτοπήσαντες ὅπερ ἐθρυλεῖτο, ἀπόρθητον ὄντως τὴν πόλιν εἶναι, μετέστησαν· καὶ αὐτοὺς ἐκεῖνοι, καίπερ σπανίζοντες τῆς τροφῆς, περιεῖπον ἐς ἐπίδειξιν τοῦ καὶ αὐτοὶ αὐτομόλους ἔχειν.

[66,6] Διακοπέντος δὲ τοῦ τείχους μηχαναῖς κατὰ μὲν τοῦτο οὐδ´ ὣς ἑάλωσαν, ἀλλὰ καὶ πάνυ πολλοὺς ἐσβιαζομένους ἀπέκτειναν· ἐμπρήσαντες δέ τινα τῶν ἐγγὺς οἰκοδομημάτων ὡς καὶ ἐκ τούτου τοὺς Ῥωμαίους περαιτέρω, κἂν τοῦ κύκλου κρατήσωσι, προελθεῖν κωλύσοντες, τό τε τεῖχος ἐλυμήναντο καὶ τὸν περίβολον τὸν περὶ τὸ τεμένισμα ἄκοντες συγκατέφλεξαν, καὶ ἀνεῴχθη ἡ ἔσοδος ἡ ἐπὶ τὸν νεὼν τοῖς Ῥωμαίοις. Οὐ μὴν καὶ παραχρῆμα διὰ τὸ δεισιδαιμονῆσαι ἐσέδραμον, ἀλλ´ ὀψέ ποτε, τοῦ Τίτου σφᾶς καταναγκάσαντος, εἴσω προεχώρησαν. Καὶ αὐτοὺς οἱ Ἰουδαῖοι πολὺ προθυμότερον, ὥσπερ τι ἕρμαιον τὸ πρός τε τῷ ναῷ καὶ ὑπὲρ αὐτοῦ μαχόμενοι πεσεῖν εὑρηκότες, ἠμύνοντο, ὁ μὲν δῆμος κάτω ἐν τῷ προνάῳ, οἱ δὲ βουλευταὶ ἐν τοῖς ἀναβασμοῖς, οἵ θ´ ἱερῆς ἐν αὐτῷ τῷ μεγάρῳ τεταγμένοι. Καὶ οὐ πρότερόν γε ἐνικήθησαν, καίπερ ὀλίγοι πρὸς πολλῷ πλείους μαχόμενοι, πρὶν ὑποπρησθῆναί τι τοῦ νεώ· τότε γὰρ ἐθελούσιοι οἱ μὲν ξίφεσί σφας τοῖς τῶν Ῥωμαίων περιέπειρον, οἱ δὲ ἀλλήλους ἐφόνευον, ἄλλοι ἑαυτοὺς κατεχρῶντο, οἱ δὲ ἐς τὸ πῦρ ἐσεπήδων. Καὶ ἐδόκει πᾶσι μέν, μάλιστα δὲ ἐκείνοις, οὐχ ὅτι ὄλεθρος ἀλλὰ καὶ νίκη καὶ σωτηρία εὐδαιμονία τε εἶναι, ὅτι τῷ ναῷ συναπώλλυντο.

[66,7] Ἑάλωσαν δ´ οὖν καὶ ὣς ἄλλοι τε καὶ ὁ Βαργιορᾶς ὁ ἄρχων αὐτῶν· καὶ μόνος γε οὗτος ἐν τοῖς ἐπινικίοις ἐκολάσθη. Οὕτω μὲν τὰ Ἱεροσόλυμα ἐν αὐτῇ τῇ τοῦ Κρόνου ἡμέρᾳ, ἣν μάλιστα ἔτι καὶ νῦν Ἰουδαῖοι σέβουσιν, ἐξώλετο. Καὶ ἀπ´ ἐκείνου δίδραχμον ἐτάχθη τοὺς τὰ πάτρια αὐτῶν ἔθη περιστέλλοντας τῷ Καπιτωλίῳ Διὶ κατ´ ἔτος ἀποφέρειν. Καὶ ἐπ´ αὐτοῖς τὸ μὲν τοῦ αὐτοκράτορος ὄνομα ἀμφότεροι ἔλαβον, τὸ δὲ δὴ τοῦ Ἰουδαϊκοῦ οὐδέτερος ἔσχε· καίτοι τά τε ἄλλα αὐτοῖς, ὅσα ἐπὶ τηλικαύτῃ νίκῃ εἰκὸς ἦν, καὶ ἁψῖδες τροπαιοφόροι ἐψηφίσθησαν.

[66,8] Τοῦ Οὐεσπασιανοῦ δὲ ἐς τὴν Ἀλεξάνδρειαν ἐσελθόντος ὁ Νεῖλος παλαιστῇ πλέον παρὰ τὸ καθεστηκὸς ἐν μιᾷ ἡμέρᾳ ἐπελάγισεν· ὅπερ οὐπώποτε πλὴν ἅπαξ γεγονέναι ἐλέγετο. Καὶ Οὐεσπασιανὸς δὲ αὐτὸς τυφλόν τέ τινα καὶ ἕτερον οὐκ ἀρτίχειρα, προσελθόντας οἱ ἐξ ὄψεως ὀνειράτων, τοῦ μὲν τὴν χεῖρα πατήσας τοῦ δὲ τοῖν ὀφθαλμοῖν {πηλὸν} προσπτύσας, ὑγιεῖς ἀπέφηνε. Τὸ μὲν θεῖον τούτοις αὐτὸν ἐσέμνυνεν, οὐ μέντοι καὶ οἱ Ἀλεξανδρεῖς ἔχαιρον αὐτῷ, ἀλλὰ καὶ πάνυ ἤχθοντο, ὥστε μὴ μόνον ἰδίᾳ ἀλλὰ καὶ δημοσίᾳ καὶ σκώπτειν αὐτὸν καὶ λοιδορεῖν. Προσδοκήσαντες γὰρ μέγα τι παρ´ αὐτοῦ λήψεσθαι, ὅτι πρῶτοι αὐτὸν αὐτοκράτορα ἐπεποιήκεσαν, οὐ μόνον οὐδὲν εὕροντο ἀλλὰ καὶ προσεπράσσοντο χρήματα. Πολλὰ μὲν γὰρ καὶ ἄλλως παρ´ αὐτῶν ἐξέλεξε, μηδένα πόρον, μηδὲ τὸν τυχόντα μηδ´ εἰ ἐπαίτιός τις ἦν, παραλείπων, ἀλλὰ καὶ ἐκ τῶν ὁσίων πάντων καὶ ἐκ τῶν ἱερῶν ὁμοίως χρηματιζόμενος· πολλὰ δὲ καὶ τέλη τὰ μέν τινα ἐκλελειμμένα ἀνενεώσατο, τὰ δὲ καὶ νομιζόμενα προσεπηύξησε, καινά τε ἕτερα προσκατεστήσατο. Τὸ δ´ αὐτὸ τοῦτο καὶ ἐν τῇ ἄλλῃ ὑπηκόῳ τῇ τε Ἰταλίᾳ καὶ αὐτῇ τῇ Ῥώμῃ μετὰ ταῦτα ἐποίησεν. Οἱ δ´ οὖν Ἀλεξανδρεῖς διά τε ἐκεῖνα, καὶ ὅτι καὶ τῶν βασιλείων τὸ πλεῖστον ἀπέδοτο, χαλεπῶς φέροντες ἄλλα τε ἐς αὐτὸν ἀπερρίπτουν καὶ ὅτι "ἓξ ὀβολοὺς προσαιτεῖς", ὥστε καὶ τὸν Οὐεσπασιανὸν καίπερ ἐπιεικέστατον ὄντα χαλεπῆναι, καὶ κελεῦσαι μὲν καὶ τοὺς ἓξ ὀβολοὺς κατ´ ἄνδρα ἐσπραχθῆναι, βουλεύσασθαι δὲ καὶ τιμωρίαν αὐτῶν ποιήσασθαι· αὐτά τε γὰρ τὰ λεγόμενα προπηλακισμὸν εἶχε, καὶ ἐκ τοῦ κατακεκλασμένου τοῦ τε ἀναπαίστου σφῶν οὐκ ἔστιν ὅ τι οὐκ ὀργήν οἱ ἐνεποίει. Τοῦ δ´ οὖν Τίτου ἐξαιτησαμένου αὐτοὺς τούτων ὁ Οὐεσπασιανὸς ἐφείσατο. Ἐκεῖνοι δ´ αὐτοῦ οὐκ ἀπέσχοντο ἀλλὰ μέγα πάνυ ἀθρόοι ἐν συνόδῳ τινὶ κοινῇ πρὸς τὸν Τίτον ἐξεβόησαν, εἰπόντες αὐτὸ τοῦτο "συγγινώσκομεν αὐτῷ· οὐ γὰρ οἶδε καισαρεύειν". Καὶ οἱ μὲν οὕτω τότ´ ἐρριψοκινδύνουν, καὶ τῆς ἀσελγείας, ὑφ´ ἧς ἀεί ποτε κακῶς ἀπαλλάσσουσιν, ἄδην ἐνεφοροῦντο, τῇ τοῦ αὐτοκράτορος ἐπιεικείᾳ ἀποχρώμενοι·

[66,9] ὁ δὲ ἐκείνους μὲν εἴα, ἐς δὲ τὴν Ῥώμην ἐπέστειλε, τήν τε ἀτιμίαν τῶν καταψηφισθέντων ἐπὶ ταῖς λεγομέναις ἀσεβείαις ὑπὸ Νέρωνος καὶ τῶν μετὰ ταῦτα ἀρξάντων, τῶν τε ζώντων καὶ τῶν τεθνεώτων ὁμοίως, ἀπαλείφων, καὶ τὰς γραφὰς τὰς ἐπὶ τοιούτοις ἐγκλήμασι καταλύων. Τούς τε ἀστρολόγους ἐκ τῆς Ῥώμης ἐξώρισε, καίτοι πᾶσι τοῖς ἀρίστοις αὐτῶν χρώμενος οὕτως, ὥστε καὶ διὰ Βάρβιλλόν τινα ἄνδρα τοιουτότροπον ἀγῶνα τοῖς Ἐφεσίοις ἱερὸν ἄγειν συγχωρῆσαι· ὅπερ οὐδεμιᾷ ἄλλῃ πόλει ἔνειμεν. Τὴν μὲν οὖν Αἴγυπτον δι´ ὀλίγου κατεστήσατο, καὶ σῖτον πολὺν εἰς τὴν Ῥώμην ἔπεμψεν ἀπ´ αὐτῆς· τὸν δὲ υἱὸν αὐτοῦ Τίτον εἰς Ἱεροσόλυμα καταλελοιπὼς πορθῆσαι αὐτά, τὴν ἐκείνων ἀνέμεινεν ἅλωσιν, ἵνα μετὰ τοῦ υἱέος ἐπανέλθῃ πρὸς τὴν Ῥώμην. Τριβομένου δὲ χρόνου ἐν τῇ πολιορκίᾳ τὸν μὲν Τίτον ἐν τῇ Παλαιστίνῃ κατέλιπεν, αὐτὸς δὲ ὁλκάδος ἐπιβὰς ἐς Λυκίαν ἔπλευσε, κἀκεῖθεν τὰ μὲν πεζῇ τὰ δὲ ναυτιλλόμενος ἐς τὸ Βρεντέσιον ἐκομίσθη.

 Ὁ δὲ Οὐεσπασιανὸς μετὰ ταῦτα ἐς τὴν Ῥώμην ἐσεληλύθει, καὶ Μουκιανῷ μὲν ἄλλοις τε τῶν πρώτων ἐν τῷ Βρεντεσίῳ ἐνέτυχε, Δομιτιανῷ δὲ ἐν Βενεουεντῷ. Ὑπὸ γὰρ τοῦ συνειδότος ὧν τε ἐφρόνει καὶ ὧν ἐπεποιήκει οὔτε ἐθάρσει, καὶ προσέτι καὶ μωρίαν ἔστιν ὅτε προσεποιεῖτο. Ἐν γοῦν τῷ Ἀλβανῷ χωρίῳ τὰ πλεῖστα διάγων ἄλλα τε πολλὰ καὶ γελοῖα ἔπραττε, καὶ τὰς μυίας γραφείοις κατεκέντει. Τοῦτο γὰρ εἰ καὶ ἀνάξιον τοῦ τῆς ἱστορίας ὄγκου ἐστίν, ἀλλ´ ὅτι γε ἱκανῶς τὸν τρόπον αὐτοῦ ἐνδείκνυται, ἀναγκαίως ἔγραψα, καὶ μάλισθ´ ὅτι καὶ μοναρχήσας ὁμοίως αὐτὸ ἐποίει. Ὅθεν οὐκ ἀχαρίτως τις εἶπε πρὸς τὸν ἐρωτήσαντα "τί πράττει Δομιτιανός",  ὅτι "ἰδιάζει τε, καὶ οὐδὲ μυῖα αὐτῷ παρακάθηται".

[66,10] Ὁ δὲ Οὐεσπασιανὸς ἐκείνου μὲν ἐταπείνου τὸ φρόνημα, τοὺς δὲ ἄλλους πάντας οὐχ ὡς αὐτοκράτωρ ἀλλ´ ὡς ἰδιώτης, μνήμῃ τῆς προτέρας αὐτοῦ τύχης, ἐδεξιοῦτο. Ἐλθὼν δ´ ἐς τὴν Ῥώμην καὶ τοῖς στρατιώταις καὶ τῷ δήμῳ παρέσχηκε δωρεάς, καὶ τὰ τεμένη καὶ τὰ δημόσια ἔργα τὰ πεπονηκότα ἀνελάμβανε, καὶ τὰ ἤδη ἐφθαρμένα ἐπανεσκεύαζε, καὶ συντελουμένοις αὐτοῖς οὐ τὸ ἑαυτοῦ ἐπέγραφεν ὄνομα, ἀλλὰ τὸ τῶν πρώτως δομησαμένων. Τόν τε νεὼν τὸν ἐν τῷ Καπιτωλίῳ εὐθὺς οἰκοδομεῖν ἤρξατο, αὐτός τε τοῦ χοῦ πρῶτος ἐκφορήσας καὶ δῆλον ὅτι καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς ἐπιφανεστάτοις τὸ αὐτὸ τοῦτο ποιῆσαι κελεύσας, ἵνα καὶ τῷ λοιπῷ πλήθει ἀπαραίτητον τὸ διακόνημα γένηται. Τάς τε οὐσίας τῶν ἐναντιωθέντων αὐτῷ καὶ ἐν ταῖς μάχαις πεσόντων τοῖς παισὶν ἐκείνων ἢ τοῖς ἄλλως οἰκείοις ἀφῆκε, καὶ τὰ συμβόλαια τὰ παλαιὰ τὰ τῷ δημοσίῳ προσήκοντα προσδιέφθειρε. Μεγαλοφρονέστατα δὲ ἀεί ποτε ἐς τὸ κοινὸν ὅσα ἐχρῆν ἀναλώσας, καὶ τὰς πανηγύρεις πολυτελέστατα διαθείς, εὐτελέστατα διῃτᾶτο καὶ οὐδὲν ἔξω τῶν πάνυ ἀναγκαίων ἐδαπάνα, καὶ διὰ τοῦτο οὐδὲ ἐν τοῖς καπηλείοις ἑφθόν τι πλὴν ὀσπρίων πιπράσκεσθαι ἐπέτρεπε. Κἀκ τούτου καὶ τὰ μάλιστα διέδειξεν ὅτι τὰς συλλογὰς τῶν χρημάτων οὐκ ἐς τὰς ἑαυτοῦ ἡδονὰς ἀλλ´ ἐς τὰς τοῦ δήμου χρείας ἐποιεῖτο. Ὅτι Βεσπασιανὸς γέλωτα ὠφλίσκανεν ὁσάκις ἀναλίσκων ἔλεγεν ὅτι "ἐκ τῶν ἐμαυτοῦ αὐτὰ δαπανῶ". Ἦν δὲ οὔτε ἐξ εὐγενῶν οὔτε πλούσιος. Καταστάσει δὲ τοῦ βίου τοιᾷδε ἐχρῆτο. Ὀλίγα μὲν ἐν τῷ παλατίῳ ᾤκει, τὸ δὲ δὴ πλεῖστον ἐν τοῖς κήποις τοῖς καλουμένοις Σαλουστιείοις διέτριβε, κἀνταῦθα τὸν βουλόμενον οὐχ ὅτι τῶν βουλευτῶν ἀλλὰ καὶ τῶν ἄλλων ἐσεδέχετο, καὶ τοῖς πάνυ φίλοις καὶ πρὸ τῆς ἕω ἔν τε τῇ εὐνῇ κείμενος συνεγίνετο, καὶ ἕτεροι ἐν ταῖς ὁδοῖς αὐτὸν ἠσπάζοντο. Αἵ τε θύραι τῶν βασιλείων ἠνεῳγμέναι διὰ πάσης τῆς ἡμέρας ἦσαν, καὶ φρουρὸς οὐδεὶς ἐν αὐταῖς ἐγκαθειστήκει. Ἔς τε τὸ συνέδριον διὰ παντὸς ἐφοίτα, καὶ περὶ πάντων αὐτοῖς ἐπεκοίνου, κἀν τῇ ἀγορᾷ πολλάκις ἐδίκαζεν. Ὅσα τε μὴ ἐδύνατο αὐτὸς ὑπὸ τοῦ γήρως ἀναλέγεσθαι, ἢ καὶ ὅσα ἀπὼν ἐπέστελλε τῇ βουλῇ, διὰ τῶν υἱέων αὐτοῦ ὡς τὸ πολὺ ἐκέλευεν ἀναγινώσκεσθαι, τιμῶν κἀν τούτῳ αὐτήν. Συσσίτους τε ἔκ τε αὐτῶν ἐκείνων καὶ ἐκ τῶν ἄλλων καθ´ ἑκάστην ἡμέραν συχνοὺς ἐποιεῖτο, καὶ πολλάκις καὶ αὐτὸς παρὰ τοῖς πάνυ φίλοις ἐδείπνει.

HISTOIRE ROMAINE DE DION.

LIVRE SOIXANTE-SIXIÈME.

An de Rome 823.  Flavius Vespasien, consul II et Titus Vespasien, consuk I.

1. Voilà comment les choses se passèrent. Vespasien fut, à la suite de cela, proclamé empereur par le sénat ; Titus et Domitien furent nommés Césars ; Vespasien et Titus reçurent le consulat, bien que l'un fut alors en Egypte et l'autre en Palestine. Vespasien avait eu longtemps auparavant des présages et des songes qui lui annonçaient l'empire. Dans une terre où il passait une grande partie de sa vie, un bœuf vint, pendant son repas, s'agenouiller devant lui et mettre la téte sous ses pieds; un chien, une autre fois, apporta une main d'homme sous sa table tandis qu'il mangeait. Un cyprès magnifique, renversé par la violence du vent, se releva de lui-même le lendemain et ne cessa de pousser vigoureusement. Un songe aussi lui apprit qu'il parviendrait à l'empire lorsque César Néron aurait perdu une dent, et cette perte arriva le lendemain. Néron lui-même eut un songe où il lui sembla qu'il conduisait le char de Jupiter dans la maison de Vespasien. Tous ces prodiges avaient besoin d'explication ; mais un Juif, Josèphe, que Vespasien avait fait prisonnier et chargé de chaînes, se prit, à rire et lui dit : « Tu me charges de chaînes aujourd'hui; dans un an, tu me feras délier, lorsque tu seras devenu empereur. »

2. C'est ainsi que Vespasien, comme bien d'autres, était né pour l'empire; pendant qu'il était encore en Egypte, Mucien, de concert avec Domitien, administrait toutes les affaires. Mucien se vantait avec orgueil d'avoir donné l'empire à Vespasien, entre autres raisons, parce que le prince l'appelait son frère, lui permettait de régler tout comme il voulait sans attendre son ordre, et de rendre des décrets rien qu'en mettant en tête du décret le nom de Vespasien. Aussi portait-il un anneau qui lui avait été envoyé, afin que ses ordonnances fussent scellées du sceau impérial. [Ils nommèrent, lui et Domitien, divers procurateurs ainsi que des préfets, et même des gouverneurs de province, et jusqu'à des consuls.] En un mot, ils agissaient en tout comme s'ils eussent été empereurs, au point que Vespasien écrivit un jour à Domitien : « Je te rends grâces, mon fils, de me laisser empereur et de ne m'avoir pas encore destitué. » [Mucien voulait être honoré de tous au-dessus de tous, et il s'irritait non seulement lorsqu'un citoyen, quel qu'il fût, lui faisait injure, mais même lorsqu'on n'avait pas pour lui les plus grands égards. Aussi, de même qu'il comblait d'honneurs sans mesure ceux qui lui rendaient le moindre devoir, de même il poursuivait d'une haine implacable ceux qui y manquaient.] Mucien, de plus, amassait avec zèle, par tous les moyens possibles, des sommes fabuleuses dans  le trésor public, prenant sur lui l'odieux de la chose pour en décharger Vespasien ; il répétait à chaque instant que l'argent est le nerf du gouvernement, et, pour ce motif, il conseillait de s'en procurer de tout côté ; quant à lui, dès le commencement, il ne cessa d'en ramasser ; il entassa dans le trésor impérial et il acquit pour lui-même de fort grosses sommes.

3. En Germanie, il y eut contre les Romains plusieurs soulèvements, que, selon moi, il est fort inutile de rapporter, mais il se passa un fait qui mérite l'admiration. Un certain Julius Sabinus, un des premiers parmi les Lingons, rassembla une armée pour son propre compte, et prit le nom de César, se disant descendu de Jules César. Vaincu dans plusieurs combats, il se réfugia dans une de ses terres et s'y confina dans un monument souterrain auquel il avait préalablement mis le feu ; on le crut mort, tandis qu'il se tint neuf ans caché dans ce monument, avec sa femme qu'il rendit mère de deux enfants mâles. Céréalis donna plusieurs batailles pour étouffer la révolte de la Germanie, une, entre autres, où une si grande quantité de Romains et de barbares furent taillés en pièces, que le cours d'une rivière qui coulait près de là fut arrêté par les cadavres. Domitien, par ses actes et surtout par ses entreprises (il n'avait en effet que de hautes vues), redoutant son père et passant la plus grande partie de sa vie sur le mont Albain, s'engagea dans l'amour de Domitia, fille de Corbulon ; car, après l'avoir arrachée à L. Lamia Aemilianus, son mari, il la mit alors au nombre de ses maîtresses, et, plus tard, il l'épousa.

4. Titus, chargé de la guerre contre les Juifs, [essaya de les amener à composition par ses paroles et par ses promesses ; mais, n'ayant pu les persuader, il leur fit la guerre. Ayant, après des chances égales dans les premiers engagements, conquis ensuite l'avantage, il mit le siège devant Jérusalem. La ville, avec l'enceinte du temple, était entourée d'une triple muraille. Les Romains élevèrent des ouvrages au pied des remparts, firent avancer des machines, repoussèrent en diverses occasions les sorties des assiégés et écartèrent à coups de frondes et à coups de flèches ceux qui se tenaient sur la muraille ; car ils avaient dans leurs rangs un grand nombre d'auxiliaires envoyés même par des rois barbares. Les Juifs, de leur côté, aidés de nombreux renforts venus tant du pays même que de chez leurs coreligionnaires non seulement de l'empire romain, mais encore des contrées au-delà de l'Euphrate, lançaient, eux aussi, des traits et des pierres, les unes à la main, les autres à l'aide de machines, et avec d'autant plus de force que ces pierres tombaient de haut; puis, dans des sorties de jour et de nuit, suivant l'occasion, ils incendiaient les machines, tuaient un grand nombre de soldats, et, creusant la terre, la ramenaient sous le rempart ; tantôt ils enlevaient les béliers avec des cordes, tantôt ils les arrachaient avec des crocs ; ils détournaient le choc des autres engins au moyen de planches épaisses jointes avec du fer, qu'ils faisaient glisser le long des murs. Le manque d'eau tourmentait beaucoup les Romains, qui n'en avaient que de mauvaise et amenée de loin. Les Juifs tenaient bon, grâce à leurs souterrains; car ils en avaient qui s'étendaient de l'intérieur de la ville par-dessous les remparts, jusque bien avant dans la campagne, et ils sortaient par ces souterrains pour attaquer ceux qui faisaient de l'eau, et causer des pertes aux corps détachés; Titus en ferma toutes les issues.

5. Pendant ces travaux, il y eut de part et d'autre beaucoup de blessés et beaucoup de morts ; Titus lui-même fut atteint d'une pierre à l'épaule gauche et conserva cette main plus faible. Avec le temps, enfin, les Romains franchirent l'enceinte extérieure, et, campés au milieu des deux enceintes, ils attaquèrent la seconde muraille. Mais la lutte ne fut plus la même : retirés tous derrière cette muraille, les assiégés se défendirent plus aisément, attendu la moindre étendue du cercle dont ils étaient entourés. Aussi Titus leur offrit-il de nouveau l'impunité par une proclamation. Mais ils n'en persistèrent pas moins : les prisonniers et les transfuges gâtaient en cachette l'eau des Romaine et égorgeaient les hommes qu'ils pouvaient surprendre seuls. Titus alors ne reçut plus aucun transfuge. Sur ces entrefaites, quelques Romains découragés, ce qui est l'ordinaire à la suite d'un long siège, et s'imaginant, comme on le répandait, que la ville était véritablement imprenable, passèrent à l'ennemi; celui-ci, bien que manquant de vivres, les accueillit , afin de montrer que, lui aussi, il recevait des transfuges.

6. Le mur ayant été abattu par les machines, les Juifs, malgré cela, ne se rendirent pas encore ; bien plus, ils tuèrent un grand nombre de soldats qui cherchaient à s'ouvrir un passage par la force ; puis, mettant le feu à quelques édifices voisins dans l'intention d'empêcher les Romains, bien que maîtres du cercle, d'avancer plus loin, ils endommagèrent le, mur et brûlèrent avec lui, malgré eux, l'enceinte qui protégeait le lieu sacré, et le chemin du temple fut ouvert aux Romains. Néanmoins les Juifs n'y coururent pas sur-le-champ, retenus par la superstition ; ce ne fut que tard que, forcés par Titus, ils se retirèrent dedans. Ils repoussèrent les Romains avec bien plus d'ardeur encore, comme s'ils avaient rencontré une heureuse occasion, en tombant auprès du temple et pour sa défense, rangés, le peuple dans le vestibule, les sénateurs sur les degrés, les prêtres dans le sanctuaire même. Ils ne furent vaincus, bien que combattant en petit nombre contre des forces bien supérieures, que lorsque le feu eut dévoré une partie du temple ; alors, volontairement, les uns se percèrent des épées des Romains, les autres s'entre tuèrent, d'autres s'égorgèrent eux-mêmes, d'autres enfin s'élancèrent dans le feu. Il semblait à tous, mais surtout aux derniers,] que c'était non la perte, mais la victoire, le salut et le bonheur de périr avec le temple.

7. Entre autres prisonniers que l'on fit néanmoins, fut Bargioras, leur chef ; il fut seul exécuté à mort après le triomphe. C'est ainsi que Jérusalem fut prise le jour même de Saturne, jour que les Juifs révèrent encore aujourd'hui. Depuis ce temps fut imposée aux Juifs qui gardaient les lois de leurs pères l'obligation de payer tous les ans deux drachmes à Jupiter Gapitolin. A la suite de cette expédition, Vespasien et Titus prirent l'un et l'autre le titre d'imperator; mais ni l'un ni l'autre n'eut le surnom de Judaïque, bien qu'on leur eût décerné les autres honneurs naturellement dus pour une telle victoire et des arcs de triomphe.

8. Lorsque Vespasien entra dans Alexandrie, le Nil monta, en un seul jour, d'un palme plus que de coutume, ce qui, disait-on, n'était jamais arrivé qu'une seule fois. Il guérit aussi un aveugle et un autre homme qui n'avait pas l'usage d'une main (ils étaient venus à sa rencontre sur la foi d'un songe), en marchant sur la main de l'un et en crachant sur les yeux de l'autre. C'était la divinité qui, par ces prodiges, le signalait à la vénération générale ; néanmoins les Alexandrins, loin de l'aimer, étaient violemment irrités contre lui, de sorte que, tant en particulier qu'en public, ils l'accablaient de railleries et d'injures. S'étant attendus à de grandes récompenses de sa part, pour l'avoir les premiers reconnu empereur, non-seulement ils n'en avaient reçu aucune, mais encore on avait exigé d'eux des tributs. Vespasien, en effet, leva sur eux indifféremment une foule d'impôts, sans faire exception d'aucun pauvre, ni même d'aucun mendiant; mettant également à contribution les biens publics et les biens sacrés, il alla jusqu'à rétablir beaucoup d'impôts, dont quelques-uns avaient été abolis, et à en augmenter d'autres qui étaient en vigueur, [il en frappa même de nouveaux.] Il fit la même chose ensuite dans les autres pays soumis, [en Italie,] et même jusque dans Rome. Les Alexandrins, [irrités de ces mauvais traitements et aussi de ce qu'il avait vendu la plus grande partie des domaines royaux,] lancèrent cette raillerie, entre beaucoup d'autres : « Tu exiges six oboles de trop, » ce qui causa une telle irritation à Vespasien, malgré sa grande douceur, qu'il donna l'ordre de percevoir les six oboles par tête et délibéra sur la punition à leur infliger. [Ces paroles, en effet, renfermaient un outrage, et, dans tous leurs mètres brisés et leurs anapestes, il n'y avait rien que de capable d'exciter sa colère.] Mais, à la demande de Titus, il leur fit grâce. Les Alexandrins ne l'épargnèrent pas malgré cela ; réunis en foule dans une assemblée publique, ils crièrent ces mots à Titus : « Nous lui pardonnons ; car il ne sait pas faire le César. » C'est ainsi qu'ils s'exposaient témérairement au péril, et qu'ils se laissaient emporter sans retenue à une médisance dont les suites finissent toujours par être funestes, abusant de la clémence de l'empereur.

9. [Vespasien les laissa dire et écrivit à Rome, pour restituer l'honneur à ceux qui, morts ou vivants, avaient été, sous Néron et sous ses successeurs, condamnés comme coupables de ce qu'on appelait le crime de lèse-majesté, et pour abolir toutes les accusations de cette sorte. Il bannit aussi de Rome les astrologues, bien qu'étant lui-même en rapport avec les plus célèbres d'entre eux, au point de concéder aux Ephésiens des jeux sacrés, à la recommandation de Barbillus, qui faisait profession de cette science, ce qu'il ne permit à aucune autre ville.]

Vespasien se rendit ensuite à Rome ; il rencontra Mucien et les autres principaux citoyens à Brundusium et Domitien à Beneventum. Quant à ce dernier, la conscience de ses projets et de sa conduite passée lui inspirait de l'hésitation et parfois même lui faisait feindre d'avoir perdu l'esprit. Aussi séjournait-il la plus grande partie du temps dans sa terre d'Albe, où, entre une foule d'autres distractions ridicules, il s'amusait à percer les mouches avec un poinçon. Bien que ce détail soit indigne de la gravité de l'histoire, comme il montre bien le caractère du personnage, j'ai dû nécessairement le rapporter d'autant plus que, parvenu à l'empire, il conserva cette habitude. D'où vient que, comme on demandait à quelqu'un : « Que fait Domitien ?» il répondit spirituellement : « Il est à son privé, il n'y a pas même une mouche en sa compagnie. »

10. Vespasien humiliait l'orgueil de son fils, mais il accueillait tous les autres moins en empereur qu'en simple particulier, se souvenant de son ancienne fortune. Il commença aussitôt de reconstruire le temple du Gapitole, ayant lui-même le premier emporté de la terre sur son dos, ce qui obligeait évidemment les plus illustres personnages à en faire autant, afin que le reste de la multitude ne pût refuser ses services. Toujours grand quand il s'agissait de dépenses exigées par l'intérêt commun, et toujours magnifique quand il s'agissait de la célébration des jeux, il vivait lui-même avec beaucoup d'économie et ne dépensait rien en dehors du strict nécessaire : il ne permit de vendre dans les cabarets rien de cuit, hormis des légumes. Il fit clairement voir par là surtout que, s'il avait ramassé de l'argent, ce n'était pas pour ses plaisirs, mais pour les besoins publics. Voici comment il avait réglé sa vie. Il habitait peu le Palatin et passait la plus grande partie du temps dans ce qu'on appelait les Jardins de Salluste, où il recevait qui le voulait non-seulement des sénateurs, mais encore des personnes d'autre condition ; il s'entretenait, le matin, encore dans son lit, avec ses plus intimes amis, les autres le saluaient dans les rues. Les portes de la demeure impériale étaient ouvertes tout le jour, et aucun garde n'était placé à l'entrée. Il allait assidûment au sénat et communiquait à ce corps toutes les affaires; souvent même il rendait la justice sur le Forum. Tout ce que la vieillesse l'empêchait de lire lui-même, tout ce que son absence l'obligeait d'écrire au sénat, c'étaient ses fils qui le plus souvent avaient ordre d'en donner connaissance, en quoi il avait intention de faire honneur à cette compagnie. Il admettait fréquemment à  sa table plusieurs membres de ce corps et des autres, et lui-même souvent il soupait chez ses intimes amis.




 

[66,11] Τό τε σύμπαν τῇ μὲν προνοίᾳ τῶν κοινῶν αὐτοκράτωρ ἐνομίζετο, ἐς δὲ δὴ τἆλλα πάντα κοινὸς καὶ ἰσοδίαιτός σφισιν ἦν. Καὶ γὰρ ἔσκωπτε δημοτικῶς καὶ ἀντεσκώπτετο ἡδέως· εἴ τέ τινα γράμματα, οἷα εἴωθεν ἀνώνυμα ἐς τοὺς αὐτοκράτορας, προπηλακισμὸν αὐτῷ φέροντα ἐξετέθη ποτέ, ἀντεξετίθει τὰ πρόσφορα μηδὲν ταραττόμενος. Τοῦ τε Φοίβου προσελθόντος αὐτῷ καὶ ἀπολογουμένου ὅτι ἐπὶ τοῦ Νέρωνος ἐσκυθρωπακότα ποτὲ αὐτὸν ἐπὶ τοῦ θεάτρου ἐν τῇ Ἑλλάδι, ἐφ´ οἷς ἀσχημονοῦντα ἑώρα τὸν αὐτοκράτορα, ἐκέλευσε πρὸς ὀργὴν ἀπελθεῖν, τοῦ δὲ ἐρομένου ὅποι "ἐς κόρακας" εἶπεν, ὑπὲρ τούτου οὖν ἀπολογουμένου τοῦ Φοίβου οὔτε τι κακὸν αὐτὸν εἰργάσατο, οὔτε ἀπεκρίνατο αὐτῷ ἄλλο οὐδὲν πλὴν αὐτὸ τοῦτο ὅτι "ἐς κόρακας ἄπελθε". Τοῦ δὲ Οὐολογαίσου ἐπιστείλαντος αὐτῷ οὕτως "βασιλεὺς βασιλέων Ἀρσάκης Φλαουίῳ Οὐεσπασιανῷ χαίρειν", οὔτε τι αὐτὸν ᾐτιάσατο, καὶ ἀντέγραψε τὸν αὐτὸν τρόπον, μηδὲν τῶν τῆς ἀρχῆς ὀνομάτων προσθείς.

[66,12] Ἐπεὶ δὲ Πρίσκος Ἑλουίδιος ὁ τοῦ Θρασέου γαμβρός, τοῖς τε στωικοῖς δόγμασιν ἐντραφεὶς καὶ τὴν τοῦ Θρασέου παρρησίαν οὐ σὺν καιρῷ μιμούμενος, στρατηγῶν δὲ τηνικαῦτα, οὔτε τι πρὸς τιμὴν τοῦ αὐτοκράτορος ἔδρα καὶ προσέτι καὶ βλασφημῶν αὐτὸν οὐκ ἐπαύετο, καί ποτε διὰ τοῦτο οἱ δήμαρχοι συλλαβόντες αὐτὸν τοῖς ὑπηρέταις παρέδοσαν, συνεχύθη τε ὁ Οὐεσπασιανὸς καὶ δακρύσας ἐκ τοῦ βουλευτηρίου ἐξῆλθε, τοσοῦτον μόνον ὑπειπὼν ὅτι "ἐμὲ μὲν υἱὸς διαδέξεται, ἢ οὐδεὶς ἄλλος". [ Ὅτι οὐχ ἥκιστα ἔνδηλον ἐγένετο ὅτι Πρίσκον τὸν Ἑλουίδιον οὐ μᾶλλόν τι δι´ ἑαυτὸν ἢ διὰ τοὺς φίλους αὐτοῦ οὓς ὕβρισεν, ἐμίσησεν ὁ Οὐεσπασιανός, ἀλλ´ ὅτι ταραχώδης τε ἦν καὶ τῷ ὄχλῳ προσέκειτο, βασιλείας τε ἀεὶ κατηγόρει καὶ δημοκρατίαν ἐπῄνει, καὶ ἔπραττεν ἀκόλουθα τούτοις καὶ συνίστη τινάς, ὥσπερ που φιλοσοφίας ἔργον ὂν τό τε τοὺς κρατοῦντας προπηλακίζειν καὶ τὸ τὰ πλήθη ταράττειν τό τε τὰ καθεστηκότα συγχεῖν καὶ τὸ νεώτερα αὐτοῖς πράγματα ἐπεσάγειν. Ἦν γὰρ τοῦ Θρασέου γαμβρὸς καὶ ζηλοῦν αὐτὸν ἐπλάττετο, πολὺ δ´ αὐτοῦ ἡμάρτανε. Θρασέας μὲν γὰρ ἐπὶ Νέρωνος ὢν οὐκ ἠρέσκετο αὐτῷ, καὶ οὐδὲν μέντοι οὐδ´ ὣς ὑβριστικὸν ἔλεγεν ἐς αὐτὸν οὐδὲ ἔπραττεν, πλὴν καθ´ ὅσον προσκοινωνεῖν οἱ τῶν δρωμένων οὐκ ἠξίου· οὗτος δὲ Οὐεσπασιανῷ ἤχθετο, καὶ οὔτ´ ἰδίᾳ οὔτε ἐν τῷ κοινῷ αὐτοῦ ἀπείχετο, ἀλλ´ ἐξ ὧν ἐποίει ἐθανάτα, καὶ πολλὰ πράττων ἔμελλέ ποτε δίκην αὐτῶν δώσειν· ]

Τῶν δ´ Ἱεροσολύμων ἁλόντων ὁ Τίτος εἰς τὴν Ἰταλίαν ἐπανελθὼν τὰ ἐπινίκια αὐτός τε καὶ ὁ πατὴρ ἐφ´ ἅρματος ἔπεμψαν· συνέπεμπε δέ σφισιν αὐτὰ καὶ ὁ Δομετιανὸς ὑπατεύων ἐπὶ κέλητος.

Μετὰ τοῦτο διδασκάλους ἐν τῇ Ῥώμῃ καὶ τῆς Λατίνων καὶ τῆς Ἑλληνικῆς παιδείας κατέστησε, μισθὸν ἐκ τοῦ δημοσίου φέροντας.

[66, 13] Ὡς δ´ οὖν καὶ ἄλλοι πολλοὶ ἐκ τῶν στωικῶν καλουμένων λόγων προαχθέντες, μεθ´ ὧν καὶ Δημήτριος ὁ κυνικός, συχνὰ καὶ οὐκ ἐπιτήδεια τοῖς παροῦσι δημοσίᾳ, τῷ τῆς φιλοσοφίας προσχήματι καταχρώμενοι, διελέγοντο, κἀκ τούτου καὶ ὑποδιέφθειρόν τινας, ἔπεισεν ὁ Μουκιανὸς τὸν Οὐεσπασιανὸν πάντας τοὺς τοιούτους ἐκ τῆς πόλεως ἐκβαλεῖν, εἰπὼν ὀργῇ μᾶλλον ἢ φιλολογίᾳ τινὶ πολλὰ κατ´ αὐτῶν.

Ὅτι Μουκιανὸς πρὸς Βεσπασιανὸν κατὰ τῶν στωικῶν πλεῖστά τε εἶπε καὶ θαυμάσια, ὡς ὅτι αὐχήματος κενοῦ εἰσι πεπληρωμένοι, κἂν τὸν πώγωνά τις αὐτῶν καθῇ καὶ τὰς ὀφρύας ἀνασπάσῃ τό τε τριβώνιον ἀναβάληται καὶ ἀνυπόδητος βαδίσῃ, σοφὸς εὐθὺς ἀνδρεῖος δίκαιός φησιν εἶναι, καὶ πνεῖ ἐφ´ ἑαυτῷ μέγα, κἂν τὸ λεγόμενον δὴ τοῦτο μήτε γράμματα μήτε νεῖν ἐπίστηται. Καὶ πάντας ὑπερορῶσι, καὶ τὸν μὲν εὐγενῆ τηθαλλαδοῦν τὸν δὲ ἀγενῆ σμικρόφρονα, καὶ τὸν μὲν καλὸν ἀσελγῆ τὸν δὲ αἰσχρὸν εὐφυᾶ, τὸν δὲ πλούσιον πλεονέκτην τὸν δὲ πένητα δουλοπρεπῆ καλοῦσι.

Καὶ πάντας αὐτίκα τοὺς φιλοσόφους ὁ Οὐεσπασιανός, πλὴν τοῦ Μουσωνίου, ἐκ τῆς Ῥώμης ἐξέβαλε, τὸν δὲ δὴ Δημήτριον καὶ τὸν Ὁστιλιανὸν καὶ ἐς νήσους κατέκλεισε. Καὶ ὁ μὲν Ὁστιλιανὸς εἰ καὶ τὰ μάλιστα μὴ ἐπαύσατο περὶ τῆς φυγῆς ἀκούσας (ἔτυχε γὰρ διαλεγόμενός τινι), ἀλλὰ καὶ πολλῷ πλείω κατὰ τῆς μοναρχίας κατέδραμεν, ὅμως παραχρῆμα μετέστη· τῷ δὲ Δημητρίῳ μηδ´ ὣς ὑπείκοντι ἐκέλευσεν ὁ Οὐεσπασιανὸς λεχθῆναι ὅτι "σὺ μὲν πάντα ποιεῖς ἵνα σε ἀποκτείνω, ἐγὼ δὲ κύνα ὑλακτοῦντα οὐ φονεύω".

[66,14] τότε δὲ καὶ Καινὶς ἡ τοῦ Οὐεσπασιανοῦ παλλακὴ μετήλλαξεν. Ἐμνημόνευσα δὲ αὐτῆς ὅτι τε πιστοτάτη ἦν καὶ ὅτι μνήμης ἄριστα ἐπεφύκει. Πρὸς γοῦν τὴν δέσποιναν τὴν Ἀντωνίαν τὴν τοῦ Κλαυδίου μητέρα, κρύφα τι δι´ αὐτῆς τῷ Τιβερίῳ περὶ τοῦ Σεϊανοῦ γράψασαν, καὶ αὐτὸ ἀπαλειφθῆναι εὐθύς, ὅπως μηδεὶς αὐτοῦ ἔλεγχος ὑπολειφθῇ, κελεύσασαν, "μάτην, ὦ δέσποινα", ἔφη "τοῦτο προσέταξας· πάντα γὰρ καὶ ταῦτα, καὶ τὰ ἄλλα ὅσα ἂν ὑπαγορεύσῃς μοι, ἔν τε τῇ ψυχῇ ἀεὶ φέρω καὶ οὐδέποτε ἐξαλειφθῆναι δύναται". Τοῦτό τε οὖν αὐτῆς ἐθαύμασα, καὶ προσέτι ὅτι καὶ ὁ Οὐεσπασιανὸς αὐτῇ ὑπερέχαιρε, πλεῖστόν τε διὰ τοῦτο ἴσχυσε, καὶ πλοῦτον ἀμύθητον ἤθροισεν, ὥστε καὶ νομισθῆναι ὅτι δι´ αὐτῆς ἐκείνης ἐχρηματίζετο· πάμπολλα γὰρ παρὰ πολλῶν ἐλάμβανε, τοῖς μὲν ἀρχὰς τοῖς δὲ ἐπιτροπείας στρατείας ἱερωσύνας, ἤδη δέ τισι καὶ ἀποφάσεις αὐτοῦ πιπράσκουσα. Ἀπέκτεινε μὲν γὰρ Οὐεσπασιανὸς χρημάτων ἕνεκα οὐδένα, ἔσωσε δὲ πολλοὺς τῶν διδόντων· καὶ ἡ μὲν λαμβάνουσα ἐκείνη ἦν, ὑπωπτεύετο δὲ ὁ Οὐεσπασιανὸς ἑκὼν αὐτῇ ἐπιτρέπειν τοῦτο ποιεῖν ἐκ τῶν ἄλλων ὧν ἔπραττεν, ὧν ὀλίγα δείγματος ἕνεκα διηγήσομαι. Ἀνδριάντα γὰρ πέντε καὶ εἴκοσι μυριάδων στῆσαί οἱ ψηφισαμένων τινῶν προέτεινε τὴν χεῖρα καὶ ἔφη "δότε μοι τὸ ἀργύριον· ἡ γὰρ βάσις αὐτοῦ αὕτη ἐστί". Καὶ πρὸς τὸν Τίτον ἀγανακτοῦντα τῷ τοῦ οὔρου τέλει, ὃ καὶ αὐτὸ μετὰ τῶν ἄλλων κατεδείχθη, εἶπε, λαβὼν ἐξ αὐτοῦ χρυσοῦς πεπορισμένους καὶ δείξας αὐτῷ, "ἰδού, τέκνον, εἴ τι ὄζουσιν".

[66,15] Ἐπὶ δὲ τοῦ Οὐεσπασιανοῦ ἕκτον καὶ ἐπὶ τοῦ Τίτου τέταρτον ἀρχόντων τὸ τῆς Εἰρήνης τέμενος καθιερώθη, ὅ τε κολοσσὸς ὠνομασμένος ἐν τῇ ἱερᾷ ὁδῷ ἱδρύθη· φασὶ δὲ αὐτὸν τό τε ὕψος ἑκατὸν ποδῶν καὶ τὸ εἶδος οἱ μὲν τὸ τοῦ Νέρωνος οἱ δὲ τὸ τοῦ Τίτου ἔχειν. Σφαγὰς δὲ ὁ Οὐεσπασιανὸς θηρίων μὲν ἐποιεῖτο ἐν τοῖς θεάτροις, μονομαχίαις δὲ ἀνδρῶν 〈οὐ〉 πάνυ τι ἔχαιρε, καίτοι τοῦ Τίτου ἐν ταῖς τῶν νεανίσκων παιδιαῖς ταῖς ἐν τῇ πατρίδι αὐτοῦ τελουμέναις σκιαμαχήσαντός ποτε πρὸς τὸν Ἀλιηνὸν ὅπλοις. Τοῖς δὲ Πάρθοις πολεμωθεῖσι πρός τινας καὶ τῆς παρ´ αὐτοῦ συμμαχίας δεηθεῖσιν οὐκ ἐβοήθησεν, εἰπὼν ὅτι οὐ προσήκει αὐτῷ τὰ ἀλλότρια πολυπραγμονεῖν. Βερενίκη δὲ ἰσχυρῶς τε ἤνθει καὶ διὰ τοῦτο καὶ ἐς τὴν Ῥώμην μετὰ τοῦ ἀδελφοῦ τοῦ Ἀγρίππα ἦλθε· καὶ ὁ μὲν στρατηγικῶν τιμῶν ἠξιώθη, ἡ δὲ ἐν τῷ παλατίῳ ᾤκησε καὶ τῷ Τίτῳ συνεγίγνετο. Προσεδόκα δὲ γαμηθήσεσθαι αὐτῷ, καὶ πάντα ἤδη ὡς καὶ γυνὴ αὐτοῦ οὖσα ἐποίει, ὥστ´ ἐκεῖνον δυσχεραίνοντας τοὺς Ῥωμαίους ἐπὶ τούτοις αἰσθόμενον ἀποπέμψασθαι αὐτήν. Ἄλλως τε γὰρ πολλὰ ἐθρυλεῖτο, καί τινες καὶ τότε σοφισταὶ κύνειοι ἐς τὸ ἄστυ πως παραδύντες, Διογένης μὲν πρότερος ἐς τὸ θέατρον πλῆρες ἀνδρῶν ἐσῆλθε καὶ πολλὰ αὐτοὺς λοιδορήσας ἐμαστιγώθη, Ἡρᾶς δὲ μετ´ αὐτόν, ὡς οὐδὲν πλεῖον πεισόμενος, πολλὰ καὶ ἄτοπα κυνηδὸν ἐξέκραγε, καὶ διὰ τοῦτο καὶ τὴν κεφαλὴν ἀπετμήθη.

[66,16] Καθ´ ὃν δὴ καιρὸν καὶ ταῦτα ἐγένετο· οἶνός τε γὰρ ἐν καπηλείῳ τινὶ τοσοῦτος ὑπὲρ τὸ ἀγγεῖον ὑπερεχύθη ὥστε καὶ ἐς τὴν ὁδὸν προχωρῆσαι, καὶ ὁ Σαβῖνος ἐκεῖνος ὁ Γαλάτης ὁ Καίσαρά ποτε ἑαυτὸν ὀνομάσας καὶ ἐς ὅπλα χωρήσας ἡττηθείς τε καὶ ἐς τὸ μνημεῖον κατακρυφθεὶς ἐφωράθη τε καὶ ἐς τὴν Ῥώμην ἀνήχθη. Συναπέθανε δὲ αὐτῷ καὶ ἡ γυνὴ Πεπονίλα, ἥπερ που καὶ διεσέσωστο αὐτόν, καίτοι καὶ τὰ παιδία τῷ Οὐεσπασιανῷ προβαλοῦσα καὶ ἐλεεινότατον ἐπ´ αὐτοῖς λόγον εἰποῦσα, ὅτι "ταῦτα, Καῖσαρ, καὶ ἐγέννησα ἐν τῷ μνημείῳ καὶ ἔθρεψα, ἵνα σε πλείονες ἱκετεύσωμεν". Δακρῦσαι μὲν γὰρ καὶ αὐτὸν καὶ τοὺς ἄλλους ἐποίησεν, οὐ μέντοι καὶ ἠλεήθησαν. Κἀν τούτῳ ἐπεβουλεύθη μὲν ὑπό τε τοῦ Ἀλιηνοῦ καὶ ὑπὸ τοῦ Μαρκέλλου, καίπερ φίλους τε αὐτοὺς ἐν τοῖς μάλιστα νομίζων καὶ πάσῃ ἐς αὐτοὺς ἀφθονωτάτῃ τιμῇ χρώμενος, οὐ μὴν καὶ ὑπ´ ἐκείνων ἀπέθανε· φωραθέντες γὰρ Ἀλιηνὸς μὲν αὐτοῦ ἐν τῷ βασιλείῳ, ἐξαναστὰς ἐκ τοῦ συσσιτίου, εὐθὺς ἀπεσφάγη τοῦ Τίτου κελεύσαντος, μὴ καὶ φθάσῃ τι τῆς νυκτὸς νεοχμῶσαι (τῶν γὰρ στρατιωτῶν συχνοὺς προπαρεσκεύαστο), Μάρκελλος δὲ κριθεὶς ἐν τῷ συνεδρίῳ καὶ καταδικασθεὶς ἀπέτεμε τὸν λαιμὸν αὐτὸς ἑαυτῷ ξυρῷ. Οὕτω που τοὺς φύσει κακοὺς οὐδ´ αἱ εὐεργεσίαι νικῶσιν, ὁπότε κἀκεῖνοι τῷ τοσαῦτα εὐηργετηκότι σφᾶς ἐπεβούλευσαν.

[66,17] Ταῦτα μὲν οὕτως ἔσχεν, Οὐεσπασιανὸς δέ, ὡς μὲν ἡ ἀλήθεια ἔχει, νοσήσας οὐ τῇ ποδάγρᾳ τῇ συνήθει ἀλλὰ πυρετοῖς μετήλλαξεν ἐν τοῖς ὕδασι τῶν Σαβίνων τοῖς Κουτιλίοις ὠνομασμένοις, ὡς δέ τινες καταψευδόμενοι τοῦ Τίτου, ἄλλοι τε καὶ Ἁδριανὸς ὁ αὐτοκράτωρ, ἐφήμισαν, φάρμακον ἐν συμποσίῳ τινὶ λαβών. Ἐγεγόνει δὲ σημεῖα αὐτῷ φέροντα ἐς τοῦτο ὅ τε ἀστὴρ 〈ὁ〉 κομήτης ἐπὶ πολὺ φαντασθεὶς καὶ τὸ μνημεῖον τὸ τοῦ Αὐγούστου αὐτόματον ἀνοιχθέν. Τῶν δὲ ἰατρῶν ἐπιτιμώντων αὐτῷ ὅτι τῇ τε ἄλλῃ διαίτῃ ὁμοίᾳ νοσῶν ἐχρῆτο καὶ πάντα τὰ προσήκοντα τῇ ἀρχῇ ἔπραττε, "τὸν αὐτοκράτορα" ἔφη "ἑστῶτα δεῖ ἀποθνήσκειν". Καὶ πρὸς τοὺς περὶ τοῦ κομήτου τι διαλαλοῦντας "οὐκ ἔμοιγε" εἶπεν "ἀλλὰ τῷ τῶν Πάρθων βασιλεῖ προσημαίνει· ἐκεῖνος μὲν γὰρ κομᾷ, ἐγὼ δὲ φαλακρός εἰμι". Ἐπειδή τε ἐπίστευσεν ὅτι τελευτήσει, ἔφη "θεὸς ἤδη γίνομαι". Ἔζησε δὲ ἔτη ἐννέα καὶ ἑξήκοντα καὶ μῆνας ὀκτώ, ἐμονάρχησε δὲ ἔτη δέκα ἡμερῶν ἓξ δέοντα. Κἀκ τούτου συμβαίνει ἐνιαυτόν τε καὶ δύο καὶ εἴκοσιν ἡμέρας ἀπὸ τοῦ θανάτου τοῦ Νέρωνος μέχρι τῆς τοῦ Οὐεσπασιανοῦ ἀρχῆς διελθεῖν. Ἔγραψα δὲ τοῦτο τοῦ μή τινας ἀπατηθῆναι, τὴν ἐξαρίθμησιν τοῦ χρόνου πρὸς τοὺς τὴν ἡγεμονίαν ἔχοντας ποιουμένους. Ἐκεῖνοι μὲν γὰρ οὐ διεδέξαντο ἀλλήλους, ἀλλὰ ζῶντός τε καὶ ἔτι ἄρχοντος ἑτέρου ἕκαστος αὐτῶν ἐπίστευσεν αὐτοκράτωρ, ἀφ´ οὗ γε καὶ ἐς τοῦτο παρέκυψεν, εἶναι· δεῖ δ´ οὐ πάσας σφῶν τὰς ἡμέρας ὡς καὶ ἐφεξῆς ἀλλήλαις ἐκ διαδοχῆς γενομένας ἀριθμεῖν, ἀλλ´ ἐφάπαξ πρὸς τὴν ἀκρίβειαν τοῦ χρόνου, καθάπερ εἴρηταί μοι, λογίζεσθαι. Τούτου δὲ τελευτήσαντος ὁ Τίτος τὴν ἀρχὴν διεδέξατο.

[66, 18] Ὁ δὲ δὴ Τίτος οὐδὲν οὔτε φονικὸν οὔτε ἐρωτικὸν μοναρχήσας ἔπραξεν, ἀλλὰ χρηστὸς καίπερ ἐπιβουλευθεὶς καὶ σώφρων καίτοι καὶ τῆς Βερενίκης ἐς Ῥώμην αὖθις ἐλθούσης ἐγένετο. Τάχα μὲν γὰρ 〈ὅτι〉 καὶ μετεβάλετο (οὐ γὰρ ὁμοίως ἄλλῳ τέ τινες παραδυναστεύουσι καὶ αὐτοὶ αὐταρχοῦσιν, ἀλλ´ ἐκεῖνοι μὲν ἀφροντιστοῦντες τῆς τοῦ κράτους δόξης τῇ τε ἐξουσίᾳ αὐτοῦ ἀπλήστως ἀποχρῶνται καὶ πολλὰ ἐπί τε φθόνῳ καὶ διαβολῇ αὐτοῦ ποιοῦσιν, οἱ δὲ ἐς αὑτοὺς πάντα ἀνακείμενα εἰδότες προνοοῦνταί τι καὶ τῆς εὐδοξίας· ὥσπερ που καὶ ὁ Τίτος πρός τινα, ὃν πρότερον ἐσπουδάκει, εἶπεν ὅτι οὐχ ὅμοιόν ἐστιν ἑτέρου τι δεῖσθαι καὶ αὐτὸν δικάζειν, οὐδὲ παρ´ ἄλλου τι αἰτεῖν καὶ αὐτὸν διδόναι τινί), ἤδη δὲ καὶ ὅτι ἐπὶ βραχύτατον, ὥς γε ἐς ἡγεμονίαν εἰπεῖν, ἐπεβίω, ὥστε μηδ´ ἁμαρτίαν τινὰ αὐτῷ ἐγγενέσθαι. Δύο τε γὰρ ἔτη μετὰ τοῦτο καὶ μῆνας δύο ἡμέρας τε εἴκοσιν ἔζησεν {καὶ} ἐπ´ ἐννέα καὶ τριάκοντα ἔτεσι καὶ μησὶ πέντε καὶ ἡμέραις πέντε καὶ εἴκοσι. Καὶ αὐτὸν ἐξ ἴσου κατὰ τοῦτο τῇ τοῦ Αὐγούστου πολυετίᾳ ἄγουσι, λέγοντες ὅτι οὔτ´ ἂν ἐκεῖνος ἐφιλήθη ποτὲ εἰ ἐλάττω χρόνον ἐζήκει, οὔτ´ ἂν οὗτος εἰ πλείονα, ὁ μὲν ὅτι τραχύτερος κατ´ ἀρχὰς διά τε τοὺς πολέμους καὶ διὰ τὰς στάσεις γενόμενος ἠδυνήθη μετὰ ταῦτα εὐεργεσίαις ἐν τῷ χρόνῳ λαμπρύνεσθαι, ὁ δ´ ὅτι ἐπιεικῶς ἄρξας ἐν ἀκμῇ τῆς δόξης ἀπέθανε, τάχα ἂν ἐλεγχθείς, εἴγε ἐπὶ μακρὸν ἐβεβιώκει, ὅτι εὐτυχίᾳ πλείονι ἢ ἀρετῇ ἐχρήσατο.

[66,19] Οὐ μὴν ἀλλ´ ὁ Τίτος οὐδένα τῶν βουλευτῶν ἐν τῇ αὑτοῦ ἡγεμονίᾳ ἀπέκτεινεν, ἀλλ´ οὐδὲ ἄλλος τις αὐτῷ ἐπὶ τῆς αὐτοῦ ἀρχῆς ἐτελεύτησε. Τάς τε δίκας τὰς τῆς ἀσεβείας οὔτ´ αὐτός ποτε ἐδέξατο οὔτ´ ἄλλοις ἐπέτρεψεν, λέγων ὅτι "ἐγὼ μὲν οὐδὲν οὔθ´ ὑβρισθῆναι οὔτε προπηλακισθῆναι δύναμαι· οὔτε γὰρ ἄξιόν τι ἐπηγορίας ποιῶ, οὔτε μοι μέλει τῶν ψευδῶς λεγομένων· οἱ δὲ μετηλλαχότες τῶν αὐτοκρατόρων αὐτοὶ ἑαυτοῖς, ἄνπερ ὡς ἀληθῶς ἥρωές τε ὦσι καὶ δύναμίν τινα ἔχωσι, τιμωρήσουσιν ἄν τί τις αὐτοὺς ἀδικήσῃ" πολλὰ δὲ καὶ ἄλλα πρός τε τὸ ἀσφαλὲς καὶ πρὸς τὸ ἄλυπον τῶν ἀνθρώπων κατεστήσατο· καὶ γὰρ γράμματα ἐξέθηκε βεβαιῶν πάντα τὰ ὑπὸ τῶν προτέρων αὐτοκρατόρων δοθέντα τισίν, ὥστε μὴ καθ´ ἑκάστους σφῶν αἰτοῦντας αὐτὸν πράγματα ἔχειν, τούς τε μηνυτὰς ἐξήλασεν ἐκ τῆς πόλεως.

Ἦν δὲ περὶ χρήματα ἀκριβὴς καὶ οὐ μάτην ἀνήλισκεν, οὐδένα μέντοι ποτὲ διὰ ταῦτα ἐκόλασεν. Ἐπὶ τούτου καὶ ὁ Ψευδονέρων ἐφάνη, ὃς Ἀσιανὸς ἦν, ἐκαλεῖτο δὲ Τερέντιος Μάξιμος, προσεοικὼς δὲ τῷ Νέρωνι καὶ τὸ εἶδος καὶ τὴν φωνήν (καὶ γὰρ καὶ ἐκιθαρῴδει). Ἔκ τε τῆς Ἀσίας τινὰς προσεποιήσατο καὶ ἐπὶ τὸν Εὐφράτην προχωρῶν πολλῷ πλείους ἀνηρτήσατο, καὶ τέλος πρὸς Ἀρτάβανον τὸν τῶν Πάρθων κατέφυγεν ἀρχηγόν, ὃς καὶ δι´ ὀργῆς τὸν Τίτον ποιούμενος καὶ ἐδέξατο τοῦτον καὶ καταγαγεῖν εἰς Ῥώμην παρεσκευάζετο.

[66,20] Κἀν τούτῳ πολέμου αὖθις ἐν τῇ Βρεττανίᾳ γενομένου τά τε τῶν ἐκεῖ πολεμίων Γναῖος Ἰούλιος Ἀγρικόλας πάντα κατέδραμε, καὶ πρῶτός γε Ῥωμαίων ὧν ἡμεῖς ἴσμεν ἔγνω τοῦθ´ ὅτι ἡ Βρεττανία περίρρυτός ἐστιν. Στρατιῶται γάρ τινες στασιάσαντες, καὶ ἑκατοντάρχους χιλίαρχόν τε φονεύσαντες, ἐς πλοῖα κατέφυγον καὶ ἐξαναχθέντες περιέπλευσαν τὰ πρὸς ἑσπέραν αὐτῆς, ὥς που τό τε κῦμα καὶ ὁ ἄνεμος αὐτοὺς ἔφερε, καὶ ἔλαθον ἐκ τοῦ ἐπὶ θάτερα πρὸς τὰ στρατόπεδα τὰ ταύτῃ ὄντα προσσχόντες. Κἀκ τούτου καὶ ἄλλους ὁ Ἀγρικόλας πειράσοντας τὸν περίπλουν πέμψας ἔμαθε καὶ παρ´ ἐκείνων ὅτι νῆσός ἐστιν. Ἐν μὲν τῇ Βρεττανίᾳ ταῦτ´ ἐγένετο, καὶ ἀπ´ αὐτῶν ὁ μὲν Τίτος αὐτοκράτωρ τὸ πεντεκαιδέκατον ἐπεκλήθη, ὁ δὲ Ἀγρικόλας ἔν τε ἀτιμίᾳ τὸ λοιπὸν τοῦ βίου καὶ ἐν ἐνδείᾳ, ἅτε καὶ μείζονα ἢ κατὰ στρατηγὸν καταπράξας, ἔζησε, καὶ τέλος ἐσφάγη δι´ αὐτὰ ταῦτα ὑπὸ Δομιτιανοῦ, καίπερ τὰς ἐπινικίους τιμὰς παρὰ τοῦ Τίτου λαβών.
 

11. En un mot, par le soin qu'il prenait des affaires publiques, il se montrait comme empereur ; dans tout le le reste, il se conduisait envers tous comme un particulier et comme un égal. Il raillait familièrement et soutirait sans peine qu'on le raillât; les libelles injurieux qu'on publiait sans nom d'auteur, comme c'est la coutume, contre les empereurs, ne l'empêchaient pas de publier des règlements utiles, sans s'en émouvoir en rien. Phébus étant venu le trouver pour se justifier de ce qu'un jour, en Grèce, sous Néron, Vespasien ayant froncé le sourcil à la vue de quelque acte indécent de l'empereur, il lui avait ordonné par colère de s'en aller et que celui-ci lui demandant « Où ?» il avait reparti « Aux corbeaux, » Vespasien ne lui fit aucun mal et se contenta de lui répondre « Va-t-en aux corbeaux. » Vologèse lui ayant écrit en ces termes : « Le roi des rois Arsacès à Flavius Vespasien, joie, » il ne lui fit aucun reproche et lui récrivit en la même façon, sans ajouter à son nom aucun des titres appartenant à la dignité impériale.

12. Helvidius Priscus, gendre de Thraséas, nourri des dogmes stoïciens, et qui imitait hors de saison la liberté de Thraséas, non-seulement ne faisant, bien qu'il exerçât la préture, rien en l'honneur du prince, mais encore l'outrageant sans cesse par des paroles injurieuses, et les tribuns du peuple, après s'être, pour ce sujet, saisi de sa personne, l'ayant livré aux licteurs, Vespasien en eut de la confusion et sortit en pleurs du sénat en prononçant cette seule parole : « Mon fils sera mon successeur ou personne autre. » [C'est ce qui prouva d'une façon bien évidente que Vespasien prit en haine Helvidus Priscus, non pour ce qui le regardait personnellement, lui ou ses amis outragés par Helvidius, mais parce qu'il était turbulent, captait la faveur populaire, accusait sans cesse la royauté et exaltait le gouvernement républicain; parce que sa conduite était conforme à ses paroles, et qu'il suscitait des factions, comme si c'eût été l'œuvre d'un philosophe que de couvrir de boue ceux qui exerçaient le pouvoir, de semer le trouble parmi la multitude, de bouleverser ce qui existe et d'introduire des nouveautés. Il était gendre de Thraséas et feignait de l'imiter, mais il était bien loin de marcher surses traces. Thraséas, il est vrai, qui vivait sous Néron, n'aimait pas ce prince, mais néanmoins il ne disait et ne faisait, malgré cela, rien d'outrageant contre lui, excepté qu'il ne voulait pas prendre part à ce qui se faisait ; tandis qu'Helvidius était irrité contre Vespasien et ne l'épargnait ni en particulier, ni en public, mais.qu'au contraire sa conduite l'entraînait à sa perte et qu'il devait un jour être puni de ses nombreux méfaits.]

Après la prise de Jérusalem, Titus, lors de son retour à Rome, et son père célébrèrent leur victoire, portés ensemble sur un char de triomphe; Dolitien, à cheval, accompagnait leur marche en qualité de consul.

Ensuite il établit à Rome des maîtres chargés d'enseigner les lettres latines et grecques, qui recevaient un salaire du résor public.

An de Rome 824, Fl. Vespasien consul III et Cocc. Nerva consul I.

13. Quelques autres aussi, poussés par la doctrine stoïcienne, et, avec eux, Démétrius le cynique, abusant des dehors de la philosophie, tenaient en public une foule de discours peu convenables aux circonstances, et, par suite, ils corrompaient plusieurs citoyens ; Mucien décida Vespasien à chasser tous ceux qui appartenaient à cette secte, s'inspirant contre eux plus encore de la colère que de l'amour de la science.

Mucien s'étendit, auprès de Vespasien, en termes magnifiques contre les stoïciens : c'étaient, disait-il, des gens pleins d'un vain orgueil. Aussitôt, ajoutait-il, qu'on a laissé pousser sa barbe, qu'on a relevé ses sourcils, qu'on s'est enveloppé du manteau troué, qu'on marche sans chaussure, aussitôt on prétend être sage, courageux, juste; on a une haute opinion de sa personne, bien que, comme dit le proverbe, on ne sache ni lire ni filer; on méprise tout le monde : les gens de noble naissance sont des fats; les gens sans naissance de petits esprits; l'homme beau est impudique ; l'homme laid est distingué ; le riche est ravisseur; le pauvre a des sentiments serviles....

Vespasien chassa aussitôt de Rome tous les philosophes, à l'exception de Musonius; il relégua même Démétrius et Hostilius dans des lies. Hostilius, bien qu'à la nouvelle de son exil, loin de mettre un terme à ses propos ( il conversait avec un autre citoyen), il eût redoublé d'invectives contre le pouvoir monarchique, ne laissa pas de partir sur-le-champ ; quant à Démétrius, comme il ne cédait pas malgré cela. Vespasien ordonna de lui dire : « Tu fais tout pour m'obliger de t'ôter la vie, mais je ne tue pas un chien qui aboie. »

14. En ce temps aussi mourut Cénis, concubine de Vespasien. Ce qui me fait parler d'elle, c'est sa fidélité et l'excellence de sa mémoire. Antonia, sa maîtresse et mère de Claude, s'étant servie d'elle pour écrire en secret quelque chose à Tibère contre Séjan, et lui ayant ordonné de l'effacer incontinent après, afin qu'il n'en restât aucune trace, « C'est en vain, maîtresse, que tu me le commandes, dit-elle ; toutes ces choses et les autres que tu me prescris, je les porte toujours dans mon âme et rien ne peut jamais les en effacer. » J'admire cette réponse de sa part et aussi le charme singulier que Vespasien trouvait à son commerce ; aussi acquit-il un grand pouvoir par ce moyen et amassa-t-il une fortune tellement fabuleuse qu'il passa pour avoir tiré parti de cette femme afin de se procurer de l'argent ; car elle en tirait d'une foule de citoyens, vendant à ceux-ci des magistratures, à ceux-là des gouvernements de provinces, des expéditions militaires, des fonctions sacerdotales, et, à quelques-uns, des réponses de l'empereur lui-même. Car Vespasien ne fit périr aucun citoyen pour s'emparer de ses biens, il  fit même grâce à plusieurs moyennant finance. C'était Cénis qui recevait, mais l'on soupçonnait Vespasien de lui en laisser volontairement la charge ; je vais, pour en donner un exemple, raconter d'autres traits de sa vie. Quelques-uns ayant décrété de lui ériger une statue de deux cent cinquante mille drachmes, il tendit la main et leur dit : « Donnez-moi cet argent, car voilà la base de la statue. » Titus témoignant son mécontentement de l'impôt sur l'urine, impôt que Vespasien avait établi ainsi que plusieurs autres, il lui dit en prenant des pièces d'or qui en provenaient et les lui montrant : « Vois, mon fils, si elles sentent quelque chose. »

An de Rome 828.  Flavius Vespasien, concul VI et Titus Vespasien, concul IV.

15. Sous le sixième consulat de Vespasien et le quatrième de Titus, le temple de la Paix fut dédié ; et ce qu'on nomme le Colosse fut dressé dans la voie Sacrée ; ce colosse a. dit-on, une hauteur de cent pieds, et c'est la figure de Néron, suivant les uns, celle de Titus, suivant les autres. Vespasien donnait des chasses sur les théâtres ; quant aux combats de gladiateurs, il y prenait fort peu de plaisir, bien que Titus, à des jeux donnés par les jeunes gens dans sa patrie, eût un jour simulé un combat les armes à la main contre Aliénus. Les Parthes étant entrés en guerre avec d'autres peuples et lui ayant demandé son alliance, il ne leur accorda pas de secours, disant qu'il ne lui convenait pas de se mêler des affaires d'autrui. Bérénice était en grande considération, aussi vint-elle à Rome avec son frère Agrippa. Agrippa fut décoré des ornements de la préture, Rérénice habita le palais et devint la maîtresse de Titus. Elle s'attendait même à l'épouser et faisait tout déjà comme si elle eût été sa femme, au point que Titus, voyant les Romains réprouver cette conduite, la renvoya. D'ailleurs on répandait beaucoup de bruits désavantageux, et, quelques sophistes cyniques étant entrés secrètement à Rome, Diogène, le premier, se rendit au théâtre, et, pour avoir dit force insolences au peuple qui y était assemblé, fut battu de verges ; Hères, après lui, persuadé qu'il ne recevrait pas un châtiment plus rigoureux, se mit à pousser, avec toute l'impudence d'un chien, une foule de cris injurieux, et eut, pour ce fait, la tête tranchée.

16. Voici encore d'autres événements du même temps : il y eut, dans une taverne, du vin qui déborda tellement par-dessus le tonneau qu'il coula dans la rue ; le Gaulois Sabinus, qui s'était autrefois donné le nom de César, qui avait pris les armes, qui avait été vaincu et qui s'était caché dans un tombeau, fut découvert et amené à Rome. Avec lui mourut sa femme Péponilla qui lui avait sauvé la vie, bien qu'elle eût présenté à Vespasien ses enfants, et qu'elle lui eût, à leur sujet, adressé ces paroles si propres à exciter la compassion: « Ces enfants, César, je les ai mis au monde et élevés dans le tombeau afin que nous fussions plus nombreux pour te supplier. » Elle fit pleurer l'empereur et les autres assistants, mais il n'y eut pas de grâce. Sur ces entrefaites, Vespasien fut en butte â une conjuration ourdie contre lui par Aliénus et par Marcellus, qu'il considérait comme ses plus grands amis et qu'il avait comblés d'honneurs; néanmoins il n'y succomba pas : la conspiration, en effet, ayant été découverte, Aliénus fut, dans le palais, au moment même où il se levait de table, mis à mort sur Tordre de Titus, qui craignaitd'être, la nuit, prévenu par quelque révolte (un assez grand nombre de soldats avaient été gagnés) ; Marcel lus, jugé et condamné dans le sénat, se coupa la gorge avec un rasoir. C'est ainsi que les bienfaits ne sauraient vaincre une nature vicieuse, puisque ces hommes conspirèrent contre celui qui leur aVait fait tant de bien.

17. Voilà ce qui eut lieu. Vespasien, s'il faut dire la vérité, mourut non de la goutte, sa maladie habituelle, mais de fièvres, aux eaux nommées Cutiliennes, dans le pays des Sabins ; s'il faut-s'en rapporter à des témoignages mensongers contre Titus, entre autres à celui de l'empereur Adrien, d'un poison qui lui aurait été donné dans un festin. Il eut des présages qui se rapportaient à sa fin : la comète qui se montra pendant long-' temps, et le monument d'Auguste qui s'ouvrit de lui-même. Comme les médecins lui reprochaient de ne pas faire usage d'un régime différent durant sa maladie et de continuer de remplir ses fonctions : « Un empereur, répondit-il, doit mourir debout. » Comme on lui parlait de la comète : « Ce n'est pas à moi, dit-il, mais au roi des Parthes que s'adresse le présage, car il a une longue chevelure, et moi, je suis chauve. » Quand il crut être près de mourir, il dit : « Je commence à devenir dieu. » Il vécut soixante-neuf ans huit mois; il en régna dix, moins six jours. Ainsi il y a un an et vingt-deux jours depuis la mort de Néron jusqu'au règne de Vespasien. J'ai rapporté ce détail pour empêcher que quelques-uns ne se trompent en prenant pour base de leur chronologie les princes qui ont passé au pouvoir. Ils ne se succédaient pas les uns aux autres ; mais chacun d'eux, bien que son prédécesseur vécut et régnât encore, se croyait empereur du moment où il avait, pour ainsi dire, jeté les yeux sur l'empire; il ne faut donc pas compter tous les jours de leurs règnes comme s'étant succédé les uns aux autres sans interruption, mais, ainsi que je l'ai dit, examiner rigoureusement l'ensemble du temps.

18. Depuis que Titus posséda seul la souveraine puissance, il ne commit aucun meurtre et ne se laissa point vaincre par l'amour; il fut bon, bien qu'on ait attenté à sa vie, et continent, bien que Bérénice fût revenue à Rome. Il changea peut-être de mœurs (certaines gens, en effet, ne se conduisent pas de la même façon lorsqu'ils exercent l'autorité auprès d'un autre, et lorsqu'ils sont maîtres absolus; car ceux-ci, se souciant fort peu de l'honneur de celui qui gouverne, abusent sans mesure de son autorité et se livrent à une foule d'actions qui attirent sur lui la haine et la calomnie ; ceux-là, au contraire, sachant que tout dépend d'eux-mêmes, prennent soin de leur réputation, et, comme le dit Titus à un. homme pour qui il avait eu autrefois de l'inclination, « Il est bien différent d'avoir besoin d'un autre, ou d'être juge ; de demander une grâce à un autre ou de l'accorder soi-même à quelqu'un »); peut-être aussi sa vie, pour ne parler que du temps pendant lequel il posséda l'empire, fut assez courte pour qu'il ne commit aucune faute. Il ne vécut, en effet, à partir de ce moment, que deux ans deux mois vingt jours, en plus de ses trente-neuf ans cinq mois vingt-cinq jours. On le considère, à cet égard, comme ayant égalé le long règne d'Auguste, attendu, dit-on, qu'Auguste n'aurait jamais été aimé s'il avait vécu moins longtemps, non plus que Titus, s'il avait vécu davantage ; le premier, parce que, cruel au commencement à cause des guerres et des séditions, il a pu, dans la suite, à force de temps, s'illustrer par des bienfaits; le second, parce qu'ayant régné avec douceur, il est mort au faîte de sa gloire, au lieu que peut-être, si sa vie se fût prolongée, il eut été convaincu d'avoir eu plus de bonheur que de vertu.

19. Quoi qu'il en soit, Titus ne fit mourir aucun sénateur durant son règne, et aucun autre citoyen ne périt par son ordre tant qu'il occupa le pouvoir. Il n'accueillit jamais les accusations de lèse-majesté et il ne souffrit pas que d'autres les accueillissent : « Je ne saurais, disait-il, recevoir ni injure ni outrage, car je ne fais rien qui mérite le blâme, et je ne m'inquiète pas des propos mensongers ; quant aux empereurs qui sont morts, ils vengeront eux-mêmes, si un jour ils sont vraiment devenus dieux et s'ils ont quelque puissance, les injures qui leur auront été faites. » Il établit aussi plusieurs autres règlements relatifs à la sûreté et à la tranquillité des citoyens : ainsi, il publia un édit pour confirmer tous les bienfaits accordés par ses prédécesseurs, afin d'épargner à chacun des bénéficiaires l'ennui de demander ; il chassa de Rome les délateurs.

Il était scrupuleux pour l'argent et ne dépensait pas inutilement, sans que, cependant, il ait jamais puni personne pour ce motif.  Sous ce règne parut le faux Néron, qui était originaire d'Asie et se nommait Terentius Maximus : ressemblant à Néron de figure et de voix (il jouait aussi de la lyre), il rangea plusieurs peuples de l'Asie à sa cause; puis, s'avançant vers l'Euphrate, il s'en attacha un bien plus grand nombre encore ; à la fin, il se réfugia près d'Artabanus, roi des Perses, qui, irrité contre Titus, accueillit l'imposteur et fit même des préparatifs pour le ramener à Rome.

20. Sur ces entrefaites il y eut une seconde guerre en Bretagne, où Cn. Julius Agricola dévasta toutes les terres des ennemis, et le premier, que nous sachions, des Romains, reconnut que la Bretagne est entourée de tout côté par la mer. Des soldats révoltés, après avoir tué des centurions et un tribun, se réfugièrent dans des vaisseaux ; puis, ayant levé l'ancre, longèrent d'abord la partie occidentale du pays, portés au gré des flots et des vents ; puis, de l'autre côté, ils abordèrent, sans le savoir, au camp établi en cet endroit. Agricola, ayant, à la suite de cet accident, envoyé d'autres soldats essayer de faire le tour par mer, apprit d eux. que ce pays est une île. Voilà ce qui se passa en Bretagne ; Titus, à la suite de ce succès, fut appelé imperator pour la quinzième fois; Agricola passa le reste de sa vie dans le discrédit et dans la pauvreté, en récompense de ce qu'il avait accompli des exploits trop grands pour un général ; Domitien finit même, à cause de cela, par lui ôter la vie, bien qu'il loi eût accordé les ornements du triomphe.



 

plus [66,21] Ἐν δὲ τῇ Καμπανίᾳ φοβερά τινα καὶ θαυμαστὰ συνηνέχθη· πῦρ γὰρ μέγα κατ´ αὐτὸ τὸ φθινόπωρον ἐξαπιναίως ἐξήφθη. Τὸ γὰρ ὄρος τὸ Βέσβιον ἔστι μὲν πρὸς τῇ θαλάσσῃ κατὰ Νέαν πόλιν, ἔχει δὲ πυρὸς πηγὰς ἀφθόνους. Καὶ ἦν μέν ποτε πᾶν ὁμοίως ὑψηλόν, καὶ ἀπ´ αὐτοῦ μέσου τὸ πῦρ ἀνέτελλε· ταύτῃ γὰρ πεπύρωται μόνον, τὰ δὲ ἔξωθεν αὐτοῦ πάντα ἄπυρα καὶ νῦν ἔτι διαμένει. Ἐκ δὲ τούτου, ἐκείνων μὲν ἀκαύστων ἀεὶ ὄντων, τῶν δὲ ἐν τῷ μέσῳ κραυρουμένων καὶ τεφρουμένων, αἱ 〈μὲν〉 πέριξ κορυφαὶ τὸ ἀρχαῖον ὕψος ἐς δεῦρο ἔχουσι, τὸ δὲ ἔμπυρον πᾶν δαπανηθὲν ἐν τῷ χρόνῳ κοῖλον ἐκ τοῦ συνίζειν γέγονεν, ὥστε κυνηγετικῷ τινι θεάτρῳ τὸ ὄρος σύμπαν, ὡς μικρὰ μεγάλοις εἰκάσαι, ἐοικέναι. Καὶ αὐτοῦ τὰ μὲν ἄκρα καὶ δένδρα καὶ ἀμπέλους πολλὰς ἔχει, ὁ δὲ δὴ κύκλος ἀνεῖται τῷ πυρί, καὶ ἀναδίδωσι τῆς μὲν ἡμέρας καπνὸν τῆς δὲ νυκτὸς φλόγα, ὥστε δόξαι πολλὰ ἐν αὐτῷ καὶ παντοδαπὰ θυμιᾶσθαι θυμιάματα. Καὶ τοῦτο μὲν οὕτως ἀεί, ποτὲ μὲν ἐπὶ μᾶλλον ποτὲ δὲ ἐπὶ ἧττον, γίνεται· πολλάκις δὲ καὶ τέφραν ἀναβάλλει, ὅταν ἀθρόον τι ὑφιζήσῃ, καὶ λίθους ἀναπέμπει, ὅταν ὑπὸ πνεύματος ἐκβιασθῇ. Ἠχεῖ τε καὶ βοᾷ, ἅτε μὴ συμπεπιλημένας ἀλλ´ ἀραιὰς καὶ λαθραίας τὰς ἀναπνοὰς ἔχων. [66,22] Τοιοῦτον μὲν τὸ Βέσβιόν ἐστι, καὶ ταῦτα ἐν αὐτῷ κατ´ ἔτος ὡς πλήθει γίγνεται. Ἀλλὰ τὰ μὲν ἄλλα ὅσα ἐκείνῳ 〈ἐν〉 τῷ χρόνῳ συνηνέχθη, εἰ καὶ μεγάλα παρὰ τὸ καθεστηκὸς τοῖς ἀεὶ ὁρῶσιν αὐτὰ εἶναι ἔδοξε, σμικρὰ ἂν πρὸς τὰ τότε συμβάντα, καὶ τὰ πάντα ἐς ἓν συναχθέντα, νομισθείη. Ἔσχε γὰρ οὕτως. Ἄνδρες πολλοὶ καὶ μεγάλοι, πᾶσαν τὴν ἀνθρωπίνην φύσιν ὑπερβεβληκότες, οἷοι οἱ γίγαντες γράφονται, τοῦτο μὲν ἐν τῷ ὄρει τοῦτο δ´ ἐν τῇ περὶ αὐτὸ χώρᾳ ταῖς τε πόλεσι μεθ´ ἡμέραν καὶ νύκτωρ ἐν τῇ γῇ περινοστοῦντες καὶ ἐν τῷ ἀέρι διαφοιτῶντες ἐφαντάζοντο. Καὶ μετὰ τοῦτ´ αὐχμοί τε δεινοὶ καὶ σεισμοὶ ἐξαίφνης σφοδροὶ ἐγίγνοντο, ὥστε καὶ τὸ πεδίον ἐκεῖνο πᾶν ἀναβράττεσθαι καὶ τὰ ἄκρα ἀναπηδᾶν. Ἠχαί τε αἱ μὲν ὑπόγειοι βρονταῖς ἐοικυῖαι αἱ δὲ καὶ ἐπίγειοι μυκηθμοῖς ὅμοιαι συνέβαινον, καὶ ἥ τε θάλασσα συνέβρεμε καὶ ὁ οὐρανὸς συνεπήχει. Κἀκ τούτου κτύπος τε ἐξαίσιος ἐξαπιναίως ὡς καὶ τῶν ὀρῶν συμπιπτόντων ἐξηκούσθη, καὶ ἀνέθορον πρῶτον μὲν λίθοι ὑπερμεγέθεις, ὥστε καὶ ἐς αὐτὰ τὰ ἄκρα ἐξικέσθαι, ἔπειτα πῦρ πολὺ καὶ καπνὸς ἄπλετος, ὥστε πάντα μὲν τὸν ἀέρα συσκιασθῆναι, πάντα δὲ τὸν ἥλιον συγκρυφθῆναι καθάπερ ἐκλελοιπότα. [66,23] Νύξ τε οὖν ἐξ ἡμέρας καὶ σκότος ἐκ φωτὸς ἐγένετο· καὶ ἐδόκουν οἱ μὲν τοὺς γίγαντας ἐπανίστασθαι (πολλὰ γὰρ καὶ τότε εἴδωλα αὐτῶν ἐν τῷ καπνῷ διεφαίνετο, καὶ προσέτι καὶ σαλπίγγων τις βοὴ ἠκούετο), οἱ δὲ καὶ ἐς χάος ἢ καὶ πῦρ τὸν κόσμον πάντα ἀναλίσκεσθαι. Καὶ διὰ ταῦτ´ ἔφυγον οἱ μὲν ἐκ τῶν οἰκιῶν ἐς τὰς ὁδοὺς οἱ δὲ ἔξωθεν εἴσω, ἔκ τε τῆς θαλάσσης ἐς τὴν γῆν καὶ ἐξ ἐκείνης ἐς τὴν θάλασσαν, οἷα τεταραγμένοι καὶ πᾶν τὸ ἀπὸ σφῶν ἀπὸν ἀσφαλέστερον τοῦ παρόντος ἡγούμενοι. Ταῦτά τε ἅμα ἐγίγνετο, καὶ τέφρα ἀμύθητος ἀνεφυσήθη καὶ τήν τε γῆν τήν τε θάλασσαν καὶ τὸν ἀέρα πάντα κατέσχε, καὶ πολλὰ μὲν καὶ ἄλλα, ὥς που καὶ ἔτυχε, καὶ ἀνθρώποις καὶ χώραις καὶ βοσκήμασιν ἐλυμήνατο, τοὺς δὲ δὴ ἰχθύας τά τε ὄρνεα πάντα διέφθειρε, καὶ προσέτι καὶ πόλεις δύο ὅλας, τό τε Ἑρκουλάνεον καὶ τοὺς Πομπηίους, ἐν θεάτρῳ τοῦ ὁμίλου αὐτῆς καθημένου, κατέχωσε. Τοσαύτη γὰρ ἡ πᾶσα κόνις ἐγένετο ὥστ´ ἀπ´ αὐτῆς ἦλθε μὲν καὶ ἐς Ἀφρικὴν καὶ 〈ἐς〉 Συρίαν καὶ ἐς Αἴγυπτον, ἦλθε δὲ καὶ ἐς τὴν Ῥώμην, καὶ τόν τε ἀέρα τὸν ὑπὲρ αὐτῆς ἐπλήρωσε καὶ τὸν ἥλιον ἐπεσκίασε. Καὶ συνέβη κἀνταῦθα δέος οὐ μικρὸν ἐπὶ πολλὰς ἡμέρας οὔτ´ εἰδόσι τοῖς ἀνθρώποις τὸ γεγονὸς οὔτ´ εἰκάσαι δυναμένοις, ἀλλ´ ἐνόμιζον καὶ ἐκεῖνοι πάντα ἄνω τε καὶ κάτω μεταστρέφεσθαι, καὶ τὸν μὲν ἥλιον ἐς τὴν γῆν ἀφανίζεσθαι, τὴν δὲ γῆν ἐς τὸν οὐρανὸν ἀνιέναι. [66,24] Ἡ μὲν οὖν τέφρα αὕτη οὐδὲν μέγα τότε κακὸν αὐτοὺς εἰργάσατο (ὕστερον γὰρ νόσον σφίσι λοιμώδη δεινὴν ἐνέβαλε), πῦρ δὲ δὴ ἕτερον ἐπίγειον τῷ ἑξῆς ἔτει πολλὰ πάνυ τῆς Ῥώμης, τοῦ Τίτου πρὸς τὸ πάθημα τὸ ἐν τῇ Καμπανίᾳ γενόμενον ἐκδημήσαντος, ἐπενείματο· καὶ γὰρ τὸ Σεραπεῖον καὶ τὸ Ἰσεῖον τά τε σέπτα καὶ τὸ Ποσειδώνιον τό τε βαλανεῖον τὸ τοῦ Ἀγρίππου καὶ τὸ πάνθειον τό τε διριβιτώριον καὶ τὸ τοῦ Βάλβου θέατρον καὶ τὴν 〈τοῦ〉 Πομπηίου σκηνήν, καὶ τὰ Ὀκταουίεια οἰκήματα μετὰ τῶν βιβλίων, τόν τε νεὼν τοῦ Διὸς τοῦ Καπιτωλίου μετὰ τῶν συννάων αὐτοῦ κατέκαυσεν. Οὕτω {τε} τὸ κακὸν οὐκ ἀνθρώπινον ἀλλὰ δαιμόνιον ἐγένετο· πάρεστι γὰρ ἐκ τούτων ὧν κατέλεξα παντί τῳ τεκμήρασθαι καὶ τἆλλα τὰ ἀπολλύμενα. Ὁ δ´ οὖν Τίτος τοῖς μὲν Καμπανοῖς δύο ἄνδρας ἐκ τῶν ὑπατευκότων οἰκιστὰς ἔπεμψε, καὶ χρήματα ἄλλα τε καὶ τὰ {χρήματα} τῶν ἄνευ κληρονόμων τεθνηκότων ἐδωρήσατο· αὐτὸς δὲ οὐδὲν οὔτε παρ´ ἰδιώτου οὔτε παρὰ πόλεως οὔτε παρὰ βασιλέως, καίτοι πολλῶν πολλὰ διδόντων αὐτῷ καὶ ὑπισχνουμένων, ἔλαβεν, ἀνέστησε μέντοι καὶ ἐκ τῶν ὑπαρχόντων πάντα. [66,25] Καὶ ἐπὶ μὲν τοῖς ἄλλοις οὐδὲν ἐξαίρετον ἔπραξε, τὸ δὲ δὴ θέατρον τὸ κυνηγετικὸν τό τε βαλανεῖον τὸ ἐπώνυμον αὐτοῦ ἱερώσας πολλὰ καὶ θαυμαστὰ ἐποίησε. Γέρανοί τε γὰρ ἀλλήλοις ἐμαχέσαντο καὶ ἐλέφαντες τέσσαρες, ἄλλα τε ἐς ἐνακισχίλια καὶ βοτὰ καὶ θηρία ἀπεσφάγη, καὶ αὐτὰ καὶ γυναῖκες, οὐ μέντοι ἐπιφανεῖς, συγκατειργάσαντο. Ἄνδρες τε πολλοὶ μὲν ἐμονομάχησαν, πολλοὶ δὲ καὶ ἀθρόοι ἔν τε πεζομαχίαις καὶ ἐν ναυμαχίαις ἠγωνίσαντο. Τὸ γὰρ θέατρον αὐτὸ ἐκεῖνο ὕδατος ἐξαίφνης πληρώσας ἐσήγαγε μὲν καὶ ἵππους καὶ ταύρους καὶ ἄλλα τινὰ χειροήθη, δεδιδαγμένα πάνθ´ ὅσα ἐπὶ τῆς γῆς πράττειν καὶ ἐν τῷ ὑγρῷ, ἐσήγαγε δὲ καὶ ἀνθρώπους ἐπὶ πλοίων. Καὶ οὗτοι μὲν ἐκεῖ, ὡς οἱ μὲν Κερκυραῖοι οἱ δὲ Κορίνθιοι ὄντες, ἐναυμάχησαν, ἄλλοι δὲ ἔξω ἐν τῷ ἄλσει τῷ τοῦ Γαΐου τοῦ τε Λουκίου, ὅ ποτε ὁ Αὔγουστος ἐπ´ αὐτὸ τοῦτ´ ὠρύξατο. Καὶ γὰρ ἐνταῦθα τῇ μὲν πρώτῃ ἡμέρᾳ μονομαχία τε καὶ θηρίων σφαγή, κατοικοδομηθείσης σανίσι τῆς κατὰ πρόσωπον τῶν εἰκόνων λίμνης καὶ ἰκρία πέριξ λαβούσης, τῇ δὲ δευτέρᾳ ἱπποδρομία καὶ τῇ τρίτῃ ναυμαχία τρισχιλίων ἀνδρῶν καὶ μετὰ τοῦτο καὶ πεζομαχία ἐγένετο· νικήσαντες γὰρ οἱ Ἀθηναῖοι τοὺς Συρακουσίους (τούτοις γὰρ τοῖς ὀνόμασι χρησάμενοι ἐναυμάχησαν) ἐπεξῆλθον ἐς τὸ νησίδιον, καὶ προσβαλόντες τείχει τινὶ περὶ τὸ μνημεῖον πεποιημένῳ εἷλον αὐτό. Ταῦτα μὲν ἐς ὄψιν ἥκοντα καὶ ἐφ´ ἑκατὸν ἡμέρας ἐγένετο, παρέσχε δέ τινα καὶ ἐς ὠφέλειαν φέροντα αὐτοῖς· σφαιρία γὰρ ξύλινα μικρὰ ἄνωθεν ἐς τὸ θέατρον ἐρρίπτει, σύμβολον ἔχοντα τὸ μὲν ἐδωδίμου τινὸς τὸ δὲ ἐσθῆτος τὸ δὲ ἀργυροῦ σκεύους, ἄλλο χρυσοῦ ἵππων ὑποζυγίων βοσκημάτων ἀνδραπόδων, ἃ ἁρπάσαντάς τινας ἔδει πρὸς τοὺς δοτῆρας αὐτῶν ἀπενεγκεῖν καὶ λαβεῖν τὸ ἐπιγεγραμμένον. [66,26] Διατελέσας δὲ ταῦτα, καὶ τῇ γε τελευταίᾳ ἡμέρᾳ καταδακρύσας ὥστε πάντα τὸν δῆμον ἰδεῖν, οὐδὲν ἔτι μέγα ἔπραξεν, ἀλλὰ τῷ ἐπιγιγνομένῳ ἔτει, ἐπί τε τοῦ Φλαουίου καὶ ἐπὶ τοῦ Πωλίωνος τῶν ὑπάτων, καθιερώσας ὅσα εἴρηται, μετήλλαξεν ἐν τοῖς ὕδασιν ἐν οἷς καὶ ὁ πατὴρ αὐτοῦ, ὡς μὲν ἡ φήμη λέγει, πρὸς τοῦ ἀδελφοῦ ἀναλωθείς, ὅτι καὶ πρότερον ἐπεβεβούλευτο ὑπ´ αὐτοῦ, ὡς δέ τινες γράφουσι, νοσήσας· ἔμπνουν γάρ τοι αὐτὸν ὄντα καὶ τάχα περιγενέσθαι δυνάμενον ἐς λάρνακα χιόνος πολλῆς γέμουσαν ὁ Δομιτιανὸς ἐνέβαλεν, ὡς δεομένης τῆς νόσου τάχα τινὸς περιψύξεως ἵνα θᾶσσον ἀποθάνῃ. Ἔτι γοῦν ζῶντος αὐτοῦ ἔς τε τὴν Ῥώμην ἀφίππευσε καὶ ἐς τὸ στρατόπεδον ἐσῆλθε, τήν τε ἐπίκλησιν καὶ τὴν ἐξουσίαν τοῦ αὐτοκράτορος ἔλαβε, δοὺς αὐτοῖς ὅσονπερ καὶ ὁ ἀδελφὸς αὐτοῦ ἐδεδώκει. Ὁ δ´ οὖν Τίτος ἀποψύχων εἶπε μὲν ὅτι "ἓν μόνον ἐπλημμέλησα", τί δὲ δὴ τοῦτο εἴη οὐ διεσάφησεν, ἀλλ´ οὐδ´ ἄλλος οὐδεὶς ἀκριβῶς ἀνέγνω. Οἱ μὲν γὰρ τὸ οἱ δὲ τὸ κατείκασαν· κρατεῖ δ´ οὖν, ὡς μέν τινες λέγουσιν, ὅτι τὴν Δομιτίαν τὴν τοῦ ἀδελφοῦ γυναῖκα ἔσχεν, ὡς δ´ ἕτεροι, οἷς ἐγὼ πείθομαι, ὅτι τὸν Δομιτιανὸν σαφῶς ἐπιβουλεύσαντά οἱ λαβὼν οὐκ ἀπέκτεινεν, ἀλλ´ αὐτός τε ὑπ´ ἐκείνου παθεῖν τοῦτο μᾶλλον εἵλετο, καὶ τὴν τῶν Ῥωμαίων ἀρχὴν ἀνδρὶ τοιούτῳ ἐξέδωκεν οἷον ἡ διέξοδος τοῦ λόγου δηλώσει. Ἦρξε δὲ δύο ἔτη καὶ μῆνας δύο ἡμέρας τε εἴκοσιν, ὡς προείρηται.

21.II arriva aussi dans la Campanie des événements capables d'inspirer autant de crainte que d'étonnement; juste vers l'automne, un grand feu s'y alluma tout à coup. Le mont Vésuve est proche de la mer de Naples, il renferme des sources abondantes de feu. La montagne était autrefois de la même hauteur partout et le feu sortait de son centre même ; car il n'y a que cet endroit qui soit en combustion, toute la partie extérieure est, aujourd'hui encore, sans feu. C'est pourquoi, ces parties étaut toujours intactes, et celles du centre devenant friables et se réduisant en cendres, les sommets à l'entour conservent leur ancienne hauteur ; et, d'un autre côté, toute la partie embrasée, minée par le temps, a, par son affaissement, formé une cavité, qui, pour comparer les petites choses aux grandes, fait ressembler l'ensemble de la montagne à un amphithéâtre. Sur le haut, il y a des arbres et des vignes en grand nombre, tandis que le cratère est la proie du feu, et qu'il exhale, le jour, de la fumée, la nuit, delà flamme, en sorte que l'on croirait que, dans l'intérieur, on ne cesse de brûler des parfums de toute espèce. Ce phénomène se produit tantôt avec plus, tantôt avec moins d'intensité; souvent même il s'élancé des cendres, lorsque quelque masse s'est affaissée, et il s'échappe des pierres lorsqu'elles sont chassées par la violence du vent» Il en sort^ des bruits et des mugissements, attendu que les soupiraux du cratère, loin d'être près les uns des autres, sont étroits et cachés.

22. Tel est le Vésuve, et ces effets se reproduisent presque chaque année. Mais les autres prodiges qui arrivèrent dans les temps antérieurs, bien qu'ils parussent plus grands que d'ordinaire à ceux qui les contemplaient sans cesse, peuvent même, à les réunir tous ensemble, être considérés comme peu de chose en comparaison des événements d'alors. Voici en effet, ce qui se passa. Des hommes nombreux et grands, d'une taille au-dessus de toute taille humaine, tels qu'on dépeint les géants, furent vus, de jour et de nuit, errants tantôt sur la montagne, tantôt aux environs et dans les villes, tantôt se promenant dans l'air. Ensuite il y eut tout à coup des vents et de violents tremblements de terre, au point que la plaine tout entière bouillonna et que les cimes de la montagne bondirent. En même temps que se produisaient ces bruits, les uns, souterrains, ressemblant à des tonnerres, les autres, venant de la terre, semblables à des mugissements ; la mer frémissait et le ciel, par écho, répondait à ses frémissements. A la suite de cela, un effroyable fracas, comme de montagnes qui s'entre-choquent, se fit subitement entendre ; puis il sortit d'abord des pierres avec tant de force qu'elles atteignirent jusqu'au sommet de la montagne ; ensuite un feu immense et une fumée épaisse qui obscurcirent l'air et cachèrent le soleil entier comme dans une éclipse.

23.. La nuit succéda au jour et les ténèbres à la lumière; les uns s'imaginaient que les géants ressuscitaient (on voyait dans la fumée de nombreux fantômes [qui les représentaient, et, de plus, on entendait un bruit de trompettes) ; les autres, que le monde entier allait s'abîmer dans le chaos ou dans le feu. Aussi les uns s'enfuyaient-ils de leurs maisons dans les rues, les autres des rues dans leurs maisons, de la mer sur la terre, et de la terre sur la mer, en proie à la terreur et regardant tout ce qui était loin d'eux comme plus sûr que l'état présent. En même temps, une prodigieuse quantité de cendres se souleva et remplit la terre, la mer et l'air; d'autres fléaux fondirent aussi au hasard sur les hommes, sur les pays, sur les troupeaux, firent périr les poissons et les oiseaux, et, de plus, engloutirent deux villes entières, Herculanum et Pom-péi, avec tout le peuple qui sé trouvait assis au théâtre. Enfin la poussière fut telle qu'il en pénétra jusqu'en Afrique, en Syrie, en Egypte et même jusque dans Rome; qu'elle obscurcit l'air au-dessus de cette ville et couvrit le soleil. Elle y fit naître une grande crainte qui dura plusieurs jours, car on ignorait ce qui était arrivé et on ne pouvait se le figurer : on s'imaginait que tout était bouleversé de haut en bas, que le soleil allait disparaître dans la terre et la terre s'élancer au ciel.

An de Rome 833, Titus et Domitien, consuls VII.

24. Cette cendre, pour.le moment,ne fît pas grand mal aux Romains (ce fut plus tard qu'elle engendra une maladie contagieuse terrible), mais un autre feu, né sur la terre, vint, l'année suivante, tandis que Titus était allé visiter les désastres de la Campanie, dévorer une grande partie de Rome : les temples de Sérapis et d'Isis, les Septa, , le temple de Neptune, les bains d* Agrippa, le Panthéon, le Diribitorium, le théâtre de Balbus, la scène de Pompée, le portique d'Octavie avec la bibliothèque, le temple de Jupiter Capitolin avec les temples adjacents, furent la proie des flammes. Tant il. est vrai que ce malheur eut pour cause moins les hommes que les dieux ; car ce que j'en ai dit permet à tout le monde de juger des autres pertes. Titus envoya deux consulaires dans la Campanie pour y établir des colonies et donna aux habitants, entre autres sommes, celles qui provenaient des citoyens morts sans héritiers; mais il n'en reçut aucune ni de particuliers, ni de villes, ni de rois, malgré nombre de dons et de promesses de la part de nombre d'entre eux, ce qui ne l'empêcha pas de tout rétablir avec ses propres ressources.

25. Titus, dans les autres occasions, ne fit rien de remarquable; mais, lors de la dédicace de l'amphithéâtre et des bains qui portent son nom, il donna des spectacles nombreux et merveilleux. Des grues se battirent les unes contre les autres; quatre éléphants, d'autres animaux, tant domestiques que sauvages, au nombre d'environ neuf mille, furent égorgés, et des femmes, de basse condition, il est vrai, aidèrent à les tuer. Beaucoup d'hommes se firent gladiateurs, beaucoup aussi luttèrent en troupes dans des combats sur terre et sur mer. Après avoir rempli tout à coup d'eau cet amphithéâtre, Titus y fit paraître des chevaux, des taureaux et d'autres animaux apprivoisés qu'on avait dressés à faire dans l'eau les mêmes exercices que sur terre; il y fit aussi paraître des hommes sur des vaisseaux. Ces hommes engagèrent, comme s'ils eussent été les uns Gorcyréens, les autres Corinthiens, un combat naval ; d'autres en livrèrent un, hors de l'amphithéâtre, dans le bois de Caius et de Lucius, que jadis Auguste avait fait creuser pour cet effet. Là, il y eut, le premier jour, combat de gladiateurs et massacre de bêtes, le lac ayant été recouvert d'un plancher au droit des statues et de constructions tout à l'entour; le second, jeux du cirque, le troisième, combat naval de trois mille hommes, et, ensuite, combat sur terre : les Athéniens, ayant vaincu les Syracusains (ce furent les noms qu'ils avaient pris pour le combat), descendirent dans l'île et emportèrent d'assaut un fort qu'on y avait élevé à l'entour du monument. On eut pendant cent jours ces sortes de spectacles sous les yeux. Titus donna aussi au peuple des choses utiles; il jetait d'un lieu élevé sur le théâtre de petites boules de bois, portant un bon, celle-ci pour quelque comestible, celle-là pour un vêtement, une autre pour un vase d'argent, une autre encore pour un vase d'or, pour des chevaux, pour des attelages, pour'des troupeaux, -pour des esclaves; ceux qui les avaient attrapées devaient les remettre aux officiers chargés de la distribution et recevoir l'objet marqué.

An de Rome 834.  Flanius Bassus et Asinius Pollion consuls

26. Après avoir terminé ces fêtes et avoir, le dernier jour, pleuré en présence du peuple entier, Titus ne fit plus rien de grand; l'année suivante, sous le consulat de Flavius et de Pollion, après la dédicace dont il a été parlé, il mourut aux mêmes eaux que son père ; suivant

plus

plus un bruit qui courut, d'un poison donné par son frère qui avait auparavant tramé un complot contre lui; de maladie, selon quelques* historiens : il respirait encore et pouvait peut-être se rétablir; Do mi tien, pour avancer sa mort, l'aurait fait jeter dans un coffre plein de neige. Du moins Titus était encore en vie, lorsque Domitien entra dans Rome à cheval, se rendit au camp et prit à la fois le titre et l'autorité impériale, donnant aux sol¬dats autant que son frère leur avait donné. Quant à Titus, au moment d'expirer, il dit : « Je n'ai commis qu'une seule faute, » mais sans expliquer quelle était cette faute et sans qu'aucun autre Tait su exactement. Les uns ont supposé ceci, les autres ont supposé cela ; mais, au dire de quelques auteurs, l'opinion qui domine, c'est qu'il aurait séduit Domitia, femme de son frère ; d'autres, et je me range de leur parti, c'est qu'ayant sur¬pris Domitien à conspirer contre lui, il ne l'avait pas mis à mort et avait préféré être lui-même victime d'un crime de sa part et laisser l'empire romain à un homme tel que le montrera la suite de cet ouvrage. Le règne de Titus fut de deux ans deux mois et vingt jours, comme il a été dit plus haut.

Dionem utrumque scripsisse, hoc nexu : λόγψ μέν ώς δβομένης... [Ιργφ
ίέ, (να θασβον άκοθανφ. » 4. Bkk., en note, comme conjecture; vulg. et Ddf : άνέγνω, que Slbg.
et St. divisent en deux mots : &v έγνω ; Lncl. : έγνω, sans £v. 6. Bkk. et Ddf; vulg. : οί¬ο. Cf. ch. 18.


T. IX. M


HISTOIRE ROMAINE

DE DION.

LIVRE SOIXANTE-SEPTIÈME.




ι. Domitien était hardi et emporté, il était insidieux An de
Borne
et dissimulé ; en sorte qu empruntant à ces divers ca- &*•
rUvta* Bm
ractères l'impétuosité et la ruse, tantôt il accablait ses ~ victimes en fondant sur elles comme la foudre, tantôt il An^LM
caaMl».
les minait par ses intrigues. Parmi les divinités c'était Minerve qu'il vénérait le plus; aussi célébrait-il avec ma¬gnificence les Panathénées : il y donnait tous les ans des * eombats de poètes, d'orateurs et de gladiateurs dans sa maison d'Albe ; il l'avait en effet choisie comme une ci¬néma, cni collegiam instituerai, ex qno sorte ducti magisterio fange-rentar, ederentque eximias venationes et soenicos ludos, superque ora-toram ac poetarum certamina. » Baumgarten-Crusins (notes sur Suétone): « Xiphilinus majorem Domitiani splendorem fuisse oetendit, quum quo-tannis fere (χατ' έτος, ώς ctarïv) majorum [il y avait les grandes Panathénées qui se célébraient tous les cinq ans, et les petites qui se célébraient tous les ans] magniflcentiam exhiberet (μιγάλως έώρταζβ). Neque enim in eo disseosus Suetonii et Xiphilini. Nam vere quotannis celebrare potuit illud festum, sed non eodem sumpto, ut cum magnis Panathenxis comparari posset. »





Digitizec^by VjOOQÎC
tadelle, au pied du mont Albain, d'où elle tire son nom. Il n'aima personne sincèrement, si ce n'est un petit nombre de femmes ; et il feignait de chérir celui dont il souhaitait le plus la mort. Il était tellement perfide en¬vers ceux mêmes qui lui rendaient des services et lui prêtaient leur ministère dans les affaires les plus fâ¬cheuses, que, lorsqu'ils lui avaient fourni beaucoup d'ar¬gent ou qu'ils avaient intenté des accusations calom¬nieuses contre beaucoup de citoyens, il ne manquait jamais de les perdre, surtout les esclaves qui avaient dénoncé leurs maîtres. [Ainsi ces complices, pour avoir reçu à la fois et de l'argent et des magistratures, n'étaient ni plus en honneur ni plus en sûreté que les autres ; ce qu'ils avaient fait à l'instigation de Domitien tournait précisément à leur perte, afin que le crime parût avoir été commis par eux seuls. C'est cette même pensée qui lui inspira un édit où il déclarait que l'empereur, en ne punissant pas les calomniateurs, les fait lui-même ce qu'ils sont.]
2. Bien que, durant son règne, il se soit montré de cette humeur envers tous, il se surpassa lui-même par la manière injurieuse et funeste dont il traita les amis de son père et de son frère. [Néanmoins il publia un édit confirmatif de toutes les grâces accordées par eux

9, Suétone, 9 : « Ferebatur vox ejus : Princeps qui delatores non cas-
tigat, irritât. »
10. Peir. om. Suétone, 2 : « Numquam jactare dubitavit relictum se
partidpem imperii, sed fraudem testamento adhibitam. » Id., 13 : « Jactare
non dubitavit et patri ee et firatri iinperium dédisse, illos sibi reddidisse. »
et par les empereurs précédents. Mais ce'n'était qu'un vernis qu'il se donnait.] Il les haïssait, parce qu'ils ne lui avaient pas rendu tous les services qu'il deman¬dait, services nombreux et peu convenables ; parce qu'ils avaient joui de quelque estime, [car tout ce qui avait ob¬tenu sous leur règne plus d'affection et de crédit que le commun des citoyens lui était un objet de haine.] Aussi, bien qu'il aimât lui-même un ennuque nommé Ëarinus, comme Titus avait eu beaucoup de goût pour les en-nuques, il défendit, à dessein de déshonorer son frère, d'en faire désormais aucun dans l'empire romain: En un mot, il disait que les empereurs qui ne punissent pas un grand nombre de coupables sont, non des empereurs vertueux, mais des empereurs heureux. [Ce même Do¬mitien ne faisait cas ni de ceux qui louaient Titus de n'avoir mis à mort aucun sénateur, ni de la demande souvent renouvelée du sénat qu'un décret enlevât au prince le droit sur la vie des sénateurs : il y avait, sans doute, une bien grande différence, aux yeux de cette compagnie, à ce que ses membres fussent livrés au supplice au gré d'un seul ou d'après la décision du corps, comme si elle eût eu le pouvoir de contredire le prince ou de ne pas rendre le décret de condamnation. Quelques-uns louaient Titus, pourvu que Domitien ne les entendit pas (c'eût été se rendre aussi coupables que s'ils l'eussent injurié lui-même en sa présence et lors¬qu'il les entendait), mais il savait qu'on le faisait en

de "Ou. — 7. Bkk. et Ddf; vulg. : vite. — 8. Valois : « Sic senatores vocat Dio, non hic solum, sed et lib. LUI, 14, τρΛς oè παρέδρους αίροΰνται ot Οχατευχότις έχ των όμοτίμων, id est, ex consularibus. Ut enim con-sulares sont inter se ομότιμοι, ita et senatores respecta principis ομότιμοι dici poesnnt. Sane Themistiue, in oratione 13 habita in senatu, Constan-tinnm vocat όμότιμον. Ot μίν γαρ άλλοι άνθρωποι ώς βασιλιί μόνον τελοΰσιν, {ιμας δέ ίχ*Ινος έθέλιι χαΐ ώς όμοτίμω. α secret.... car nue antre chose] eut lieu, qui ressemblait à une scène jouée sur un théâtre. Il faisait semblant d'aimer son frère et de le pleurer; il lui donna des éloges, entrecoupant son discours de larmes, [et s'em¬pressa de le mettre au rang des héros,] alléguant tous les prétextes les plus opposés à ce qu'il, voulait (c'est ainsi qu'il supprima les jeux du cirque pour l'anniver¬saire de sa naissance) ; et il n'y avait de sûreté pour les autres ni à partager sa douleur ni à partager sa joie : d'une façon, on blessait ses sentiments ; de l'autre, on mettait sa feinte à découvert.
3. Il eut dessein de faire mourir sa femme Domitia pour An de
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adultère, mais, sur le conseil d'Ursus, il se contenta de ses. la répudier, bien qu'il eût, à cause d'elle, tué en pleine rue le danseur Paris. Gomme beaucoup de gens appor- Q. ΐ*. taient pieusement en ce lieu des fleurs et des parfums, '• il commanda qu'on les exécutât tous à mort. A partir de ce moment il se cacha moins pour vivre avec sa nièce, c'est-à-dire avec Julie, comme avec une épouse. [Ensuite, à la prière du peuple, il se réconcilia avec Domitia, sans

tiens discidii, quasi efflagitante populo, reduxit. » — 8. Rsk. : ixi-Xsufft xal τούτους. — 9. Philostrate, vie d'Apollonius, ΥΠ, 7, dit que Domitien épousa Julia, après avoir tué Flavius Sahinus, son mari. Mais Suétone (22), dont le témoignage est autrement considérable, dit le con-traire : « Fratrie filiam adhuc virginem oblatam in matrimonium sibi, quum devinctus Domitiœ nuptiis pertinacissime recusasset, non multo post alii collocatam, ultro corrupit, et quidem vivo tum etiam Tito, inox pâtre et viro orbatam, ardentissime palamque dilexit, ut etiam causa mortis exstiterit, coacta conceptum a se abigere. » Pline, Lettres, IV, il : « Quum ipse fratris filiam incesto non polluisset solum, verum etiam occidisset : nam vidua abortu periit » — 10. Cet Extrait est de Zn.; Rm., pour l'insérer ici, se fonde sur le passage de Suétone rap¬porté note 7, ci-contre ; Ddf le rejette..
interrompre en rien ses rapporte avec Julie.] [Il fit aussi périr un grand nombre de citoyens relégués en divers endroits; il s'arrangeait par ses intrigues de manière que ses victimes se donnassent la mort, afin que l'acci¬dent semblât venir de leur volonté et non d'une con¬trainte.] Après s'être, sous une foule de prétextes, dé¬barrassé d'fine foule des premiers citoyens, il n'épargna pas non plus les Vestales, et les punit comme ayant eu commerce avec des hommes. Aussi dit-on que, les in¬formations à leur sujet étant poussées avec dureté et ri¬gueur et beaucoup étant accusée et punis, un pontife, Helvius Agrippa, qui ne supportait pas ces poursuites, fut, malgré sa dignité, étranglé dans le sénat. [Domitien se glorifiait de ce qu'au lieu de faire enterrer les Ves¬tales qui avaient eu commerce avec des hommes, il leur avait procuré un autre genre de mort.]
4- Après avoir entrepris une expédition en Germanie, An de il revint à Rome sans avoir vu l'ennemi. Est-il besoin de dire qu'on lui décerna, à cette occasion, les honneurs qu'on décerna toujours aux autres empereurs comme τ £^ lui, de peur que, s'imaginant être convaincus d'impos-ture parce qu'on leur donnait trop peu et de trop petites

• au-delà du Rhin, il e'enfla d'orgueil, comme s'il eût remporté un grand « succès, et augmenta la solde des légionnaires, sans doute à cause de la « victoire ; car, chaque homme recevant soixante-dix drachmes, il or-
* donna de lui en donner cent. Bien que s'en étant repenti, il ne retran-« cha rien de la somme, mais diminua le nombre de ceux qui portaient « les armes. Ces deux mesures causèrent beaucoup de mal à l'État, qui « se trouva n'avoir plus de défenseurs suffisante et les payer très-cher.»
2. Rm. et St. : Συχνού; os xal μββιβτάς, avec omission de "On %ai. Bkk. et Ddf renvoient ce passage, tiré de Peir., à la fin du chapitre. — S. Cf. Suétone, 10 et 11. — 4. Rm. et St. : Αυτός de χαί, avec omission de 'On.
distioctions, ils ne se missent en colère ? Cependant le plus affreux, c'est qu'il voulait être flatté et qu'il se fâchait également contre ceux qui le courtisaient et contre ceux qui ne le courtisaient pas ; contre les uns, parce qu'ils semblaient être des complaisants, contre les autres, parce qu'ils semblaient le mépriser. Néanmoins [il fei¬gnait de se montrer content des décrets rendus par le sénat, et il faillit mettre à mort Ursus pour n'avoir pas été satisfait de ce qu'il faisait, bien qu'à la prière de Julia, il l'eût nommé consul]. Toutefois, s'enor-gueillissant de plus en plus dans son extravagance, il fut élu consul pour dix années consécutives et, le pre¬mier et le seul, tant des particuliers que des empereurs, censeur à vie ; il eut le privilège d'avoir vingt-quatre lic¬teurs et de porter la toge triomphale lorsqu'il venait au sénat. Il changea le nom d'Octobre en celui de Do¬mitien, parce que c'était le mois de sa naissance. Il adjoignit aussi deux nouvelles factions à celles des con¬ducteurs de char, qu'il nomma l'une faction d'Or et

Mediobarbus, p. 133 et suivantes, ainsi que dans les inscriptions de Gruter, CLXXXIX, 12 ; CCXLV, 3 ; DLXXIV, 5 ; DLXXV, 1. Avant cette époque, Domitien est simplement appelé censeur, comme son père et son frère. Rm., à qui j'emprunte ce détail, en conclut qu'en cette même année, S37, où il était à son troisième, lui furent également décrétés les dix consulats, sans interruption. — 7. Suétone, 13 : « Post autem duos triumphos [de Dacis Catieque,] Germanici cognomine assumpto, Septem-brem mensem et Octobrem ex appellatïonibus suis Gennanicum Domi-tianumque transnominavit; quod altero natus eseet. »
8. St. : « Suétone, 7 : Duas eireensUms gregvm factUmes aurati purpureique parmi ad quatuor pristinas addidit. Unde assentior Phil. Rubenio Elect. il, 27, suspicanti pro άργυροΰν [vulgata lectione] legi debere icopçupoûv. Re. Quod ipsum Reiskio in Novfe Actis Eruditorum anni 1752, p. 633, probatur, et a me receptum est. » Avec Bkk. et Ddf, J'adopte également cette correction.
l'autre faction de Pourpre. Il faisait mainte largesse aux spectateurs au moyen de petites boules; parfois il alla jusqu'à leur faire servir un festin à la place même où ils étaient assis et à leur donner du vin qui coulait, durant la nuit, en divers endroits. Ces profusions, si, comme il est naturel, elles plaisaient à la multitude, ne laissaient pas de causer la perte de citoyens puissants ; car, ne pouvant subvenir à ces dépenses, il en fit périr un grand nombre, traduisant les uns devant le sénat et accusant les autres en leur absence. Π y en eut même dont il trouva moyen de se défaire secrètement par le poison.
5. [Charioméros, roi des Ghérusques, chassé de ses États par les Cattes à cause de son amitié pour les Ro¬mains, s'adjoignit d'abord quelques compagnons et ob¬tint, à son retour, l'avantage ; ensuite, abandonné par eux pour avoir envoyé des otages aux Romains, il im¬plora Domitien ; au lieu de secours, il en reçut de l'ar¬gent.]
[ Masyos, rot des Semnons et la vierge Ganna

mpvfjooi xai το στρατοπβίον. Εορόνης 8* έν αύτφ τάλλα η έπιτήδβα, xal οΐνον, έμπληθέντβς Οπνωσαν • xai γνους ό Φλαχχος τούτο, έχέββτο αύτοίς, xal πάντας ακώλβσ», xal τους απομάχους διέφθκρβν απαντάς. 'Εφ' φ Δο-μιτιανος έπαρΜς, tint προς τήν βουλήν ότι Νασαμώνας ίχώλυσα βίναι. « Beaucoup de peuples tributaires des Romains firent défection, comme « les Nasamons, à cause des violences avec lesquelles l'argent était « levé; ils mirent à mort ceux qui étaient chargés de la perception et « battirent si complètement Flaccus, gouverneur de Numidie, qui avait « marché contre eux, qu'ils pillèrent son camp. Mais ayant trouvé là, « entre autres provisions, du vin et s'en étant gorgés, ils s'endormirent. « Flaccus, ayant eu connaissance de cet état de choses, les attaqua, les « mit tous à mort et fit périr jusqu'au dernier de ceux qui étaient hors < de combat. Fier de ce succès, Domitien dit au sénat : J'ai empêché « qu'il y eût des Nasamons. » (c'était elle qui, depuis Véléda, rendait des oracles dans le pays des Celtes), vinrent trouver Domitien et s'en retournèrent dans leur pays après avoir reçu de lui des honneurs.]
[En Mysie, les Ligyens, battus par des peuplades suèves, envoyèrent des ambassadeurs à Domitien pour lui demander du secours ; ils en reçurent un dont la force était non dans le nombre mais dans la dignité, car on leur donna seulement cent cavaliers. Les Suèves, irrités de cela, mirent dans leurs intérêts les Iazyges, et ils se préparèrent à passer avec eux l'Ister.]
6. Mais la plus grande guerre alors pour les Ro- An «e mains fut contre les Daces, qui avaient alors à leur tête ss9. Décébale, homme propre au conseil, dans les choses £2*ÏJ de la guerre, et propre à l'exécution; connaissant le €J^llm moment d'une attaque 'vigoureuse et faisant retraite à JJJ^J propos, habile à dresser une embuscade, et vaillant au combat, sachant également profiter d'une victoire et se tirer avec avantage d'une défaite, qualités qui le rendirent longtemps pour les Romains un adversaire redoutable. Au reste, j'appelle Daces ces peuples, comme ils se nom¬ment eux-mêmes et comme les nomment les Romains,

parce qu'il enchevêtre la phrase et que je suis porté à le regarder comme un Extrait distinct du reste : "Οτι Δούρας οΰ ή [mot dont l'addition est conseillée par Rm. en note, et par Rsk., et qu'ont reçu St et Bkk.] ηγε¬μονία έγίγνβτο, έχων αυτής παριχώρησ* τφ Δ*χε6αΧω ότι.... » Duras, à « qui appartenait la souveraineté, la céda volontairement i Décébale, « parce que... » Après Διχββάλω, le me. ajoute τω Δ αχών βασιλβΐ. Du reste, tout ce passage n'est placé de même ni dans Valois, ni dans Rm. et les éd. subséq.
8. Peir., a, b om. — 9. Suidas (au mot Δβινός) om. — 10. Suidas (io.) et Peir. : ήπίατατο. il. Peir. om. Cf. la note 30 dans Rm.
T. TJL st
HISTOIRE ROMAINE DE DION, L. LXVII. m bien que je n'ignore pas que quelques Grecs, avec raison ou non, les appelent Gètes; quant à moi, je sais que les Gètes sont les peuples qui habitent au-delà de l'Hémus sur les bords de Pister. Domitien donc entreprit une expédition contre eux, mais, toutefois, il ne s'occupa pas de la guerre, [il resta dans une ville de Mysie, où il se livra, comme de coutume, à ses débordements], car il était non-seulement incapable de supporter les fatigues du corps, et d'un esprit lâche, mais encore il aimait en débauché le commerce des femmes et des jeunes gar¬çons. Envoyant à la guerre en sa place d'autres généraux, il eut presque toujours des revers. [Il imputait les échecs aux généraux. Tous les succès, bien qu'il n'y eût pris au¬cune part, il se les attribuait, et accusait les autres des défaites, lors même qu'on avait agi d'après son ordre. Il haïssait ceux qui remportaient des succès et blâmait ceux qui recevaient un échec]
7. [Domitien voulut se venger des Quades et des Mar-comans, qui ne lui avaient pas fourni de secours contre les Daces; il vint en Pannonie pour leur faire la guerre, et mit à mort les ambassadeurs qu'ils lui envoyèrent une seconde fois pour traiter de la paix.]

5. D'abord Sabinus Fuscus (cf. p. 358, note β), puis, entre autre» (ch. 10), Julianus. — 6. Peir. om. : άλλους 5è έπήλασσιν.
7. Rm. et St. : Πταίσας δέ τοις, avec omission de "Οτι à αυτός.
8. η et g; vulg. om. Rm. et St. : K&v τούτω Κουάδονς, au lieu de 'Οτι
ό Δομιτιανος Κονάδους.
9. Bkk. écrit ce nom avec un seul v.
HISTOIRE ROMAINE DE DION, L. LXVII. 357
[Domitien, vaincu par les Marcomans et réduit à fuir,
envoya en diligence des ambassadeurs à Décébale, roi
des Daces, et l'engagea à conclure un traité qu'il avait
auparavant mainte fois refusé. Celui-ci accepta la con-
vention (il était accablé par le malheur), mais il ne vou-
lut pas entrer en pourpaler avec lui, il envoya Diégis
avec hommes chevelus lui rendre les armes et quel-
ques captifs, comme s'ils étaient les seuls qu'il eût en sa
possession. La chose ainsi faite, Domitien mit le diadème
sur la tête de Diégis, comme s'il avait véritablement
remporté la victoire et comme s'il pouvait donner un
roi aux Daces ; il distribua des honneurs et de l'argent
à ses soldats et envoya en vainqueur à Rome, entre
autres choses, des ambassadeurs de Décébale et une let-
tre, qu'il prétendait être de ce prince, mais qu'on disait
supposée par lui. Il fît porter, pour orner les fêtes de son
triomphe, une foule d'objets non pas pris sur l'ennemi
(tout au contraire il avait dépensé de grosses sommes
sur le moment pour obtenir le traité, donnant à Décébale
des artisans habiles en diverses choses utiles dans la paix
et dans la guerre, et promettant de donner toujours),
mais tirés du mobilier impérial, car il en usait toujours,

7. a, 6, ρ : έκέσηιλι. — 8. ρ : ίχόμισβν. — 9. Bkk. et Ddf, d'après Rm.; vulg. : πάντα.
10. Tiridate avait pareillement emmené de Rome (LX11I, β) des arti¬sans dont les uns lui avaient été donnés par Néron, et les autres gagnés par lui à prix d'argent ; Corbulon avait empêché Tiridate d'emmener ceux qui n'avaient pas été donnés par l'empereur, Trajan (LXVI11,19) forcera Décébale de les rendre tous. — 11. Avec Rsk., St. et Bkk., je ferme la parenthèse après υποσχόμενος, au lieu de la fermer après τουναντίον.
pour ainsi dire, comme d'un butin de guerre, attendu qu'il avait réduit l'empire lui-même en servitude.]
OUfcrios»
8. On lui déféra tant d'honneurs que, pour ainsi dire, An de tout l'univers qui était sous sa domination fut rempli &**• de ses images et de ses statues d'argent et d'or. Il donna aussi des jeux somptueux sur lesquels l'histoire ne nous a rien transmis de remarquable, sinon que des jeunes filles luttèrent à la course; ensuite il célébra, à l'occasion de ses prétendues victoires, des réjouissances où il y eut plusieurs luttes. Ici, ce furent, dans le cirque, des com¬bats où des fantassins furent mis aux prises les uns avec les autres, comme aussi des cavaliers ; là, ce fut un com¬bat naval dans un lieu nouveau. Presque tous ceux qui y prirent part périrent, ainsi qu'un grand nombre de spectateurs, car une pluie abondante et un orage violent étant survenus tout à coup, Domitien ne permit à per¬sonne de sortir du spectacle, ni de changer de vête¬ments, bien que lui-même il en prît d'autres, ce qui fut pour un grand nombre une occasion de maladie et de mort. Afin de consoler les Romains, il leur servit, aux frais de l'État, un festin durant toute la nuit. Souvent il donnait de nuit les combats, et parfois il mettait aux prises des nains et des femmes.
Tiberim lacu : atqne inter maximos imbres spectavit. » — 5. Suétone, 4 : • Venationes gladiatoresque et noctibus ad lychnos. » — β. Lncl., Schefler {de Re vehiculari veterum, II, 23, p. 292), Baumgarten-Cru-sius (notes sur Suétone, Dom., 4 ) Bkk. et Ddf, mot que Suidas (ortho¬graphe approuvée par Juste-Iipse, Œuvres, t. III, p. 514) écrit avec deux ν ; vulg. : νάννας; Stbg. propose aussi νίννας. Stace décrit (Sylves, 1,6) ce combat dont il a été spectateur. — 7. a, b : αυνέβαλ*.
9. Ce fat ainsi qu'il régala le peuple ; quant aux prin¬cipaux sénateurs et chevaliers, voici de quelle façon il les traita. Après avoir fait décorer une pièce en noir partout, plafond, murailles et pavé, apprêter sur le sol même des lits de la même couleur sans être garnis, il les convoqua de nuit, seuls et sans suite. D'abord il plaça auprès de chaque convive une stèle pareille à celle des tombeaux, où le nom de chacun d'eux était gravé, et une petite lampe du genre de celles qu'on suspend dans les sépulcres ; ensuite de jeunes esclaves nus, d'une belle figure, noircie d'encre, s'avancèrent à leur tour comme des spectres, et, après avoir tourné autour d'eux en exé¬cutant une sorte de danse propre à inspirer l'effroi, vinrent se planter à leurs pieds ; après cela, tout ce qui est en usage dans les repas funéraires leur fut servi noir dans des vaisseaux de pareille couleur; de sorte que tous étaient saisis de crainte et tremblants, et qu'ils s'atten¬daient à chaque instant à être égorgés, d'autant plus qu'un profond silence régnait parmi les autres convives, comme s'ils eussent déjà été morts, et que Domitien ne parlait que de meurtres et de massacres. Il finit par les congédier, mais, après avoir préalablement renvoyé leurs esclaves, qui les attendaient debout dans les ves¬tibules, et les remettant en compagnie d'autres esclaves qu'ils ne connaissaient pas, les uns dans des chars, les autres dans des litières, il augmenta leur crainte en¬core bien davantage. Chacun d'eux était à peine rentré dans sa maison et commençait en quelque sorte à res-

mot colonne donnerait une idée fausse. — 2. Rm. : « Infra tà δαιμόνιον ίχαοτω, suas cuiqoe genius; sed malt primum epede, deinde lotus, boni. »








pirer, lorsqu'on lui annonça l'arrivée de quelqu'un de la part de l'empereur. Tandis qu'ils s'attendaient, d'après cela, à une mort infaillible, un messager apporta la stèle d'argent, puis un autre, autre chose, puis un autre en¬core un autre des objets qui avaient servi durant le repas, tous d'un travail précieux; enfin, lavé et paré,
le jeune esclave, qui avait été le génie de chacun
C'est ainsi qu'après toute une nuit d'angoisses, ils re¬çurent des présents. Voilà les triomphes, ou plutôt, comme le disait la foule, les obsèques que Domitien célébra pour ceux qui étaient morts en Dacie et à Rome; de plus, il fit périr, alors encore, quelques-uns des pre¬miers citoyens et confisqua les biens d'un homme qui avait donné la sépulture à Γ un d'eux, mort dans sa terre.
10. Voici également des choses remarquables arri¬vées dans la guerre de Dacie. Julianus, à qui l'empereur avait confié le soin de la guerre, ordonna, entre autres dispositions heureuses, que les soldats écriraient sur leurs boucliers leur nom et celui de leur centurion, afin qu'on distinguât plus aisément ceux qui se conduisaient bien et ceux qui se conduisaient mal. Dans un engagement auprès de Tapes, il fit un grand carnage des ennemis : Vézinas, qui, parmi eux, tenait le second rang après Décébale, ne pouvant s'échapper en vie, se laissa tom¬ber à dessein comme s'il eût été mort, et, par ce moyen,
2. Sur cet usage des Romains, cf. Juste-Lipse, notes sur Tacite (Hi»t, W, 31) et OBuvres, t. m, p. 213.
HISTOIRE ROMAINE DE DION, L. LXVU. 365 s'échappa secrètement la nuit. Décébale, craignant que les Romains, à la suite de leur victoire, ne vinssent jus¬que dans sa demeure royale, fit couper les arbres qui étaient aux environs et mettre des armes sur les troncs, afin que Γ ennemi, effrayé comme s'il avait devant lui des soldats, prît le parti de la retraite ; ce qui arriva en effet.
il. Antonius, gouverneur de Germanie, qui, vers le même temps, se souleva contre Domitien, fut battu et écrasé par L. Maximus ; celui-ci, pour sa victoire, n'est pas digne de grands éloges ([beaucoup d'autres géné¬raux ont vaincu contre toute attente, et les soldats y ont aidé ] ); mais avoir brûlé tous les papiers trouvés dans la cassette d'Antonius, risquant sa vie pour empêcher qu'ils servissent de fondement à des accusations calomnieuses, voilà une action dont je ne sais comment célébrer le mérite. Domijien trouva là, même en l'absence des pa¬piers, un prétexte pour verser le sang, et personne ne saurait dire tous ceux qu'il fit mourir. [Lui-même con¬damna tellement sa conduite en cette circonstance que, pour ne laisser aucun souvenir de ses victimes, il défen¬dit de les mentionner dans les Actes. Il n'écrivit non plus rien au sénat sur le sujet de ceux qu'on avait exécutés, bien qu'il eût envoyé à Rome leurs têtes, comme celle d'Antonius, et qu'il les eût fait exposer

4. Peir. : xal foi juv, an lieu de βς tort μέν. — 5. Peir. om. : &v αυτόν.
β. Peir. ora. : ό δβ Δομιτιανός... όρμήσας. — 7. Peir. fait précéder l'Extrait suivant de ces mots : 'On τό σύμπαν κλήθος των Οπό Δομιτ(ου χολαββένταν ούδ' &ν cOpeîv τις δυνηθβίη. — 8. Lee Acta dturna, on Jour¬nal de Rome.
 

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