Dion Cassius, traduit par E. Gros Tome VIII

DION CASSIUS

HISTOIRE ROMAINE.

TOME HUITIÈME : LIVRE LVI

Traduction française : E. GROS.

livre LV - livre LVII

 

HISTOIRE ROMAINE DE DION.

TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE HUITIEME VOLUME.

LIVRE CINQUANTE-SIXIÈME.

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Retour de Tibère à Rome; Auguste va à sa rencontre jusque dans les faubourgs de la ville et raccompagne dans les Septa, où il salue le peuple du haut de son tribunal . 5

Les chevaliers, pendant les jeux célébrés par les consuls, à l'occasion des victoires de Tibère, demandent avec instance l'abrogation de la loi relative aux citoyens qui n'avaient ni femme, ni enfants 5—7

Discours d'Auguste aux citoyens mariés 7—13 .

Discours d'Auguste aux citoyens non mariés 13— 29

Auguste prolonge d'une année le délai pendant lequel ceux qui obéiraient à son ordre devaient être mis hors de cause ; dispense quelques femmes de la loi Voconia ; concède aux Vestales les privilèges des femmes ayant des enfants..  29—31

Loi Papia-Poppaea; circonstance singulière qui en fit comprendre la nécessité 31

Germanicus s'empare de Splanus, place de la Dahnatie; incident auquel fut due la prise de cette ville...31—33

Échec des Romains à Rhétium ; les ennemis sont contraints, par la violence du feu, qu'ils ont eux-mêmes allumé, d'abandonner, la nuit, la citadelle, pour se cacher dans des souterrains 33—35

La prise de Sérétium, autrefois vainement assiégée par Tibère, facilite celle de plusieurs autres places 35

Famine en Italie, causée par la résistance opiniâtre des Dalmates; Auguste envoie de nouveau Tibère contre ce peuple. 35

Tibère, craignant une sédition, divise son armée en trois corps, avec l'un desquels, accompagné de Germanicus, il marche contre Baton; souffrances qu'il éprouve 35— 37

Des cris séditieux, poussés par les soldats de Tibère, effrayent les ennemis, qui abandonnent le pied des remparts; Baton se décide à traiter 37—39

Tibère marche alors contre la forteresse même, dont il s'empare malgré une vive résistance 39—43

Germanicus marche contre ceux des ennemis qui avaient encore les armes à la main; il prend Arduba et retourne auprès de Tibère, tandis que Postumius achève la soumission du pays 43—45

Entrevue de Baton et de Tibère 45—47

Honneurs décernés, à l'occasion de cette victoire, à Auguste et à Tibère, à Germanicus et aux autres généraux, ainsi qu'à Dru sus, fils de Tibère 47—49

Désastre de Yarus et de son armée en Germanie; on permet de racheter les captifs à la condition qu'ils resteront en dehors de lltalie 49—63

Douleur d'Auguste à cette nouvelle; il prend les mesures qu'exige la circonstance, et envoie Tibère en Germanie.. 63—65

Prodiges survenus avant et après la défaite 65—67

Tibère fait la dédicace du temple de la Concorde 67

Germanicus, qui a l'autorité proconsulaire, et Tibère ravagent quelques contrées de la Celtique, puis ils reviennent en Italie 67—69

Drusus, fils de Tibère,.est questeur, et on nomme, cette année-là, seize préteurs 69

Défense aux astrologues de prédire la mort de personne, bien qu'Auguste eût lui-même publié, par voie d'affiches, la disposition des astres sous laquelle il était né 69

Interdiction aux peuples soumis de rendre des décrets honorifiques à l'égard de leurs gouverneurs, soit durant le temps de leurs fonctions, soit dans l'espace de soixante jours après leur départ 71

Germanicus est consul avant d'avoir été préteur, et il exerce réellement sa charge une année entière 71—73

Auguste, sous prétexte de la guerre de Germanie, demande au sénat de ne plus venir le saluer chez lui et de ne pas s'offenser s'il n'assiste plus à ses banquets 73

Permission accordée aux chevaliers de briguer le tribunat ; mesures prises au sujet des libelles diffamatoires, et à l'égard des exilés 75—77

Les jeux en l'honneur de Mars, attendu que l'eau couvrait le cirque, sont d'abord célébrés avec éclat sur le Forum d'Auguste, puis, de nouveau, en la manière habituelle. 77

Le portique de Livie, bâti en Phonneur de Lucius et de Caius Césars, est dédié 77

Auguste reçoit une cinquième fois, bien que faisant semblant de s'en défendre, l'empire pour dix ans 77—79

Il demande, à cause de sa vieillesse, qui le réduisait à ne plus venir que fort rarement au sénat, vingt conseillers annuels, au lieu des quinze qu'il s'adjoignait tous les six mois; le sénat décrète que toutes les mesures prises par lui, de concert avec les divers conseillers qu'il s'adjoindrait chaque fois, auraient la même force que si le sénat tout entier les avait sanctionnées 79

Le payement du vingtième étant à charge à tous les citoyens, Auguste invite le sénat à chercher d'autres sources de revenus. Ce qui advint à cette occasion 79—81

Présages annonçant la fin prochaine d'Auguste et sa future destinée. Il meurt à Nole, après avoir présidé les jeux à Naples. Livie est soupçonnée de ravoir empoisonné.  81—85

Derniers moments d'Auguste 85

Sa mort est cachée quelque temps par Livie afin de donner à Tibère le temps de revenir de Dalmatie 89

Honneurs rendus au défunt depuis Noie jusqu'à Rome; délibération du sénat à son sujet 89—91

Testament d'Auguste lu par Polybe, son affranchi. On apporte, en outre, quatre volumes qui furent lus par Drusus, volumes contenant divers renseignements administratifs, et, entre autres conseils, celui de ne pas chercher à étendre les bornes de l'empire 91—97

Funérailles d'Auguste ; deux oraisons funèbres sont lues, l'une par Drusus, du haut de la tribune aux harangues, l'autre par Tibère, du haut des Rostres Juliens 97—99

Discours de Tibère 99—122

Le cortège passe par la porte'triomphale pour se rendre au Champ de Mars, où le corps est mis sur le bûcher; cérémonies observées à cette occasion 123—125

Livie, après que tout le monde s'est retiré, reste cinq jours avec les premiers des chevaliers, pour recueillir les ossements et les déposer dans le monument . 125

Deuil public et particulier. Regrets que cause la mort de ce prince. Traits de déférence pour les conseils de ses amis. . 125—127

Auguste pardonnait volontiers et tenait fidèlement sa parole; exemple de Corocotas 129

Causes diverses qui augmentèrent les regrets laissés par Auguste; on le soupçonne d'avoir choisi Tibère pour succesafin de se faire; mieux apprécier lui-même 129—133

Auguste est mis au rang des dieux ; honneurs qui sont rendus à sa mémoire. Institution des jeux Palatins 133—137

 

 

 

Τάδε ἔνεστιν ἐν τῷ πεντηκοστῷ ἕκτῳ τῶν Δίωνος Ῥωμαϊκῶν.

Α. Ὡς τοῖς τὰ τέκνα ἔχουσι καὶ μετὰ τοῦτο τοῖς ἀτέκνοις καὶ ἀγάμοις ὁ Αὔγουστος διελέχθη, καὶ ὅσα ἐπ' αὐτοῖς ὥρισεν.

Β. Ὡς Κυϊντίλιος Οὐᾶρος ἡττηθεὶς ὑπὸ Κελτῶν ἀπέθανεν.

Γ. Ὡς τὸ Ὁμονόειον καθιερώθη.

Δ. Ὡς ἡ Λιουίας στοὰ καθιερώθη.

Ε. Ὡς Αὔγουστος μετήλλαξεν.

Χρόνου πλῆθος ἔτη ἕξ, ἐν οἷς ἄρχοντες οἱ ἀριθμούμενοι οἵδε ἐγένοντο.

Κ. Σουλπίκιος Κ. υἱ. Καμερῖνος ὕπ. Γ. Ποππαῖος Κ. υἱ. Σαβῖνος

Π. Κορνήλιος Π. υἱ. Δολοβέλλας ὕπ.Γ. Ἰούνιος Γ. υἱ. Σιλανός

Μ. Αἰμίλιος Κ. υἱ. Λέπιδος ὕπ.Τ. Στατίλιος Τ. υἱ. Ταῦρος

Γερμανικὸς Τι. Καίσαρος υἱ. Καῖσαρ ὕπ.Γ. Φοντέιος Γ. υἱ. Καπίτων

Λ. Μουνάτιος Λ. υἱ. Πλάγκος ὕπ.Γ. Σίλιος Γ. υἱ. Καικίνα Λάργος

Σέξτος Πομπήιος Σέξτου υἱ. ὕπ. Σέξτος Ἀπουλέιος Σέξτου υἱ.

[1] Καὶ ταῦτα μὲν ἄλλοι καθῄρουν, ὁ δὲ δὴ Τιβέριος ἐς τὴν Ῥώμην, μετὰ τὸν χειμῶνα ἐν ᾧ Κύιντος Σουλπίκιος καὶ Γάιος Σαβῖνος ὑπάτευσαν, ἀνεκομίσθη· καὶ αὐτῷ καὶ ὁ Αὔγουστος ἐς τὸ προάστειον ἀπαντήσας ἦλθέ τε μετ' αὐτοῦ ἐς τὰ Σέπτα, κἀνταῦθα ἀπὸ βήματος τὸν δῆμον ἠσπάσατο, καὶ μετὰ τοῦτο τά τε ἄλλα τὰ προσήκοντα ἐπὶ τοῖς τοιούτοις ἐποίησε καὶ θέας ἐπινικίους διὰ τῶν ὑπάτων. Ἐπειδή τε οἱ ἱππῆς πολλῇ ἐν αὐταῖς σπουδῇ τὸν νόμον τὸν περὶ τῶν μήτε γαμούντων μήτε τεκνούντων καταλυθῆναι ἠξίουν, ἤθροισεν ἐς τὴν ἀγορὰν χωρὶς μὲν τοὺς ἀγυναίους σφῶν χωρὶς δὲ τοὺς γεγαμηκότας ἢ καὶ τέκνα ἔχοντας, καὶ ἰδὼν πολὺ τούτους ἐκείνων ἐλάττους ἤλγησέ τε καὶ διελέξατο αὐτοῖς τοιάδε·

[2] « Εἰ καὶ ὀλίγοι παντάπασιν, ὥς γε πρὸς τοσοῦτον ὄγκον πόλεως εἰπεῖν, καὶ πολλῷ καταδεέστεροι τῶν ἑτέρων τῶν μηδὲν τῶν δεόντων πράττειν ἐθελόντων ἐστέ, ἀλλ' ἔγωγε καὶ κατ' αὐτὸ τοῦτο μᾶλλον ὑμᾶς ἐπαινῶ καὶ πολλὴν χάριν ὑμῖν ἔχω, ὅτι καὶ ἐπείσθητε καὶ τὴν πατρίδα συμπληθύετε. Ἐκ γὰρ τῶν οὕτω βιούντων παμπληθεῖς οἱ μετὰ ταῦτα Ῥωμαῖοι γενήσονται· καὶ γὰρ τὸ κατ' ἀρχὰς καὶ πάνυ βραχεῖς ὄντες, ἔπειτα γάμων ἐπιμεληθέντες καὶ τέκνα ποιησάμενοι πάντας ἀνθρώπους οὐκ εὐανδρίᾳ μόνον ἀλλὰ καὶ πολυανθρωπίᾳ ὑπερέφυμεν. ὧν χρὴ μεμνημένους τὸ θνητὸν τῆς φύσεως ἡμῶν ἀιδίῳ διαδοχῇ γενῶν ὥσπερ τινῶν λαμπαδίων παραμυθεῖσθαι, ἵν' ἐν ᾧ μόνῳ τῆς θείας εὐδαιμονίας ἡττώμεθα, τοῦτ' ἐξ ἀλλήλων ἀθάνατον καθιστώμεθα. Διὰ γὰρ τοῦτο καὶ τὰ μάλιστα ὁ πρῶτος καὶ μέγιστος ἐκεῖνος θεός, ὁ τεκτηνάμενος ἡμᾶς, διχῇ τε διεῖλε τὸ θνητὸν γένος, καὶ τὸ μὲν ἄρρεν αὐτοῦ τὸ δὲ θῆλυ ἀποδείξας ἔρωτα καὶ ἀνάγκην σφίσι τῆς πρὸς ἀλλήλους συνουσίας ἐνέβαλε, καὶ γόνιμον τὴν ὁμιλίαν αὐτῶν ἐποίησεν, ὅπως ἐκ τῶν ἀεὶ γεννωμένων ἀίδιον τρόπον τινὰ καὶ τὸ θνητὸν ἀπεργάσηται. Καίτοι καὶ αὐτῶν τῶν θεῶν οἱ μὲν ἄρρενες αἱ δὲ θήλειαι νομίζονται, καὶ οἱ μὲν γεγεννηκέναι τινὰς οἱ δ' ἐκ τινῶν γεγεννῆσθαι παραδέδονται· οὕτω καὶ παρ' ἐκείνοις τοῖς μηδὲν τούτων δεομένοις καλὸν εἶναι δέδοκται καὶ γάμος καὶ τέκνωσις.

[3] Ὥστε ὀρθῶς μὲν ἐποιήσατε τοὺς θεοὺς μιμησάμενοι, ὀρθῶς δὲ καὶ τοὺς πατέρας ζηλώσαντες, ἵν' ὥσπερ ὑμᾶς ἐκεῖνοι ἐγέννησαν, οὕτω καὶ ὑμεῖς ἄλλους τεκνώσητε, καὶ καθάπερ ἐκείνους ὑμεῖς προγόνους καὶ ἡγεῖσθε καὶ ὀνομάζετε, οὕτω καὶ ὑμᾶς ἕτεροι καὶ νομίσωσι καὶ προσείπωσι, τά τε ἔργα ὅσα ἐκεῖνοι καλῶς πράξαντες ὑμῖν μετ' εὐκλείας παρέδοσαν, καὶ ὑμεῖς ἄλλοις παραδῶτε, καὶ τὰ κτήματα ὅσα αὐτοὶ κτησάμενοι κατέλιπον ὑμῖν, καὶ ὑμεῖς ἑτέροις ἐξ ὑμῶν αὐτῶν γεγονόσι καταλίπητε. Πῶς μὲν γὰρ οὐκ ἄριστον γυνὴ σώφρων οἰκουρὸς οἰκονόμος παιδοτρόφος ὑγιαίνοντά τε εὐφρᾶναι καὶ ἀσθενοῦντα θεραπεῦσαι, εὐτυχοῦντί τε συγγενέσθαι καὶ δυστυχοῦντα παραμυθήσασθαι, τοῦ τε νέου τὴν ἐμμανῆ φύσιν καθεῖρξαι καὶ τοῦ πρεσβυτέρου τὴν ἔξωρον αὐστηρότητα κεράσαι; Πῶς δ' οὐχ ἡδὺ ἀνελέσθαι τέκνον ἐξ ἀμφοῖν συμπεφυκὸς καὶ θρέψαι καὶ παιδεῦσαι, εἰκόνα μὲν τοῦ σώματος εἰκόνα δὲ καὶ τῆς ψυχῆς, ὥστε ἐν ἐκείνῳ αὐξηθέντι ἕτερον αὐτὸν γενέσθαι; Πῶς δ' οὐ μακαριστόν, ἀπαλλαττόμενον ἐκ τοῦ βίου, διάδοχον καὶ κληρονόμον οἰκεῖον ἐξ ἑαυτοῦ γεγονότα καὶ τοῦ γένους καὶ τῆς οὐσίας καταλιπεῖν, καὶ τῇ μὲν φύσει τῇ ἀνθρωπίνῃ διαλυθῆναι τῇ δὲ ἐκείνου διαδοχῇ ζῆσαι, καὶ μήτ' ἐπ' ἀλλοτρίοις ὥσπερ ἐν πολέμῳ γενέσθαι μήτε ἄρδην ὥστε ἐν πολέμῳ γε ἀπολέσθαι; Καὶ ταῦτα μὲν τὰ κέρδη ἴδιά που τοῖς γαμοῦσι καὶ τεκνοποιοῦσιν ὑπάρχει· τῷ δὲ δὴ κοινῷ, οὗπερ ἕνεκα καὶ παρὰ γνώμην πολλὰ ποιεῖν ὀφείλομεν, πῶς μὲν οὐ καλὸν πῶς δ' οὐκ ἀναγκαῖον, εἴπερ αἵ τε πόλεις καὶ οἱ δῆμοι ἔσονται, καὶ ὑμεῖς τε ἑτέρων ἄρξετε καὶ οἱ ἄλλοι ὑμῖν ὑπακούσουσι, πολυπληθία ἔν τε εἰρήνῃ γῆν ἐργάσασθαι καὶ ναυτιλίας ναυτίλασθαι τέχνας τε ἀσκῆσαι καὶ δημιουργίας ἐπιτηδεῦσαι, καὶ ἐν πολέμῳ τά τε ὄντα προθυμότερον διὰ τὰ γένη σῶσαι καὶ ἀντὶ τῶν ἀπολλυμένων ἑτέρους ἀντικαταστῆσαι; Ὑμᾶς μὲν οὖν, ὦ ἄνδρες, (μόνοι γὰρ ἂν ἄνδρες δικαίως ὀνομάζοισθε), καὶ ὦ πατέρες, (καὶ γὰρ ταύτην ἄξιοι τὴν ἐπωνυμίαν ὁμοίως ἐμοὶ ἔχειν ἐστέ) καὶ φιλῶ διὰ ταῦτα καὶ ἐπαινῶ, καὶ τούτοις τε οἷς ἔθηκα ἄθλοις ἀγάλλω, καὶ προσέτι καὶ ἄλλαις καὶ τιμαῖς καὶ ἀρχαῖς ἐπιγαυρώσω, ὥστ' αὐτούς τε μεγάλα καρπώσασθαι καὶ τοῖς παισὶ μὴ ἐλάττω καταλιπεῖν. Μεταβήσομαι δὲ δὴ καὶ ἐπὶ τοὺς ἄλλους τοὺς οὔτε τι τῶν ὁμοίων ὑμῖν πεποιηκότας καὶ πάντων διὰ τοῦτο τῶν ἐναντίων τευξομένους, ἵνα μὴ μόνον ἐκ τῶν λόγων ἀλλὰ καὶ ἐκ τῶν ἔργων ἔτι καὶ μᾶλλον καταμάθητε ὅσον αὐτῶν διαφέρετε. »

[4] Ταῦτ' εἰπών, καὶ τὰ μὲν παραχρῆμα δούς τισιν αὐτῶν τὰ δ' ὑποσχόμενος, μετῆλθέ τε πρὸς τοὺς ἑτέρους καὶ ἔλεξε καὶ ἐκείνοις τάδε· « Θαυμαστὸν μέν τι πέπονθα, ὦ τί ἂν ὀνομάσαιμι ὑμᾶς; Ἄνδρας; Ἀλλ' οὐδὲν ἀνδρῶν ἔργον παρέχεσθε. Πολίτας; Ἀλλ' ὅσον ἐφ' ὑμῖν, ἡ πόλις ἀπόλλυται. Ῥωμαίους; Ἀλλ' ἐπιχειρεῖτε τὸ ὄνομα τοῦτο καταλῦσαι. Οὐ μὴν ἀλλ' ἔγωγε, οἵτινές ποτέ ἐστε καὶ ὁτιδήποτε χαίρετε ὀνομαζόμενοι, παράδοξον μέν τι πάθος πέπονθα. Ὑπὲρ γὰρ τῆς πολυανθρωπίας ὑμῶν ἀεί τε πάντα ποιῶν καὶ νῦν ἐπιτιμήσειν ὑμῖν μέλλων, ἀηδῶς ὑμᾶς ὁρῶ πολλοὺς ὄντας, καὶ μᾶλλον ἂν ἠβουλόμην τοσούτους μὲν τοὺς ἑτέρους ἐκείνους, οἷς προδιείλεγμαι, εἶναι, {ἢ} ὅσοι ὑμεῖς ὁρᾶσθε, ὑμᾶς δὲ δὴ μάλιστα μὲν σὺν ἐκείνοις τετάχθαι, εἰ δὲ μή, μηδὲ εἶναι· οἵτινες οὔτε τῆς τῶν θεῶν προνοίας οὔτε τῆς τῶν προπατόρων ἐπιμελείας ἐνθυμηθέντες ἐπιθυμεῖτε πᾶν μὲν τὸ γένος ἡμῶν ἀφανίσαι καὶ θνητὸν ὄντως ποιῆσαι, πᾶν δὲ τὸ Ῥωμαίων ἔθνος φθεῖραι καὶ παῦσαι. Τί μὲν γὰρ ἂν ὑπολειφθείη σπέρμα ἀνθρώπινον, ἂν τὰ αὐτὰ ὑμῖν καὶ οἱ ἄλλοι πάντες πράξωσιν; Ὧν ἀρχηγοὶ γεγονότες εὐλόγως ἂν τὴν αἰτίαν τῆς πανωλεθρίας ἔχοιτε. Πῶς δ' οὐ, κἂν μηδένες ἄλλοι ζηλώσωσιν ὑμᾶς, εἰκότως ἂν καὶ δι' αὐτὸ τοῦτο μισοῖσθε, ὅτι παρορᾶτέ τε ἃ μηδεὶς ἂν ἄλλος παρίδοι καὶ ἀμελεῖτε ὧν οὐδεὶς ἂν ἄλλος ἀμελήσειε, καὶ νόμους καὶ ἐπιτηδεύματα τοιαῦτα ἐσφέρετε ἃ ζηλώσαντες μὲν πάντες ἂν ἀπόλοιντο, μισήσαντες δ' ὑμᾶς ἂν δικαιώσειαν. Οὐδὲ γὰρ οὐδὲ τῶν φονέων φειδόμεθα ὅτι μὴ πάντες φονεύουσιν, οὐδὲ τοὺς ἱεροσύλους ἀφίεμεν ὅτι μὴ πάντες ἱεροσυλοῦσιν, ἀλλ' ὅστις ἂν τῶν ἀπειρημένων τι πράττων ἁλῷ, καὶ ὑπὲρ αὐτοῦ τούτου κολάζεται, ὅτι μόνος ἢ καὶ μετ' ὀλίγων ποιεῖ τι τοιοῦτον ὃ μηδεὶς ἕτερος.

[5] Καίτοι κἂν τὰ μέγιστά τις ἀδικήματα ὀνομάσῃ, οὐδέν ἐστι τἆλλα πρὸς τοῦτο τὸ νῦν ὑφ' ὑμῶν γιγνόμενον, οὐχ ὅτι ἓν πρὸς ἓν ἐξεταζόμενα, ἀλλ' οὐδὲ ὁμοῦ πάντα πρὸς τοῦτο τὸ ἓν παραβαλλόμενα. Καὶ γὰρ μιαιφονεῖτε, μηδὲ τεκνοῦντες ἀρχὴν τοὺς ἐξ ὑμῶν γεννηθῆναι ὀφείλοντας, καὶ ἀνοσιουργεῖτε, τά τε ὀνόματα καὶ τὰς τιμὰς τῶν προγόνων παύοντες, καὶ ἀσεβεῖτε, τά τε γένη ὑμῶν τὰ καταδειχθέντα ὑπὸ τῶν θεῶν ἀφανίζοντες, καὶ τὸ μέγιστον τῶν ἀναθημάτων αὐτῶν, τὴν ἀνθρωπίνην φύσιν, ἀπολλύντες, τά τε ἱερὰ διὰ τούτου καὶ τοὺς ναοὺς αὐτῶν ἀνατρέποντες. Καὶ μέντοι καὶ τὴν πολιτείαν καταλύετε, μὴ πειθόμενοι τοῖς νόμοις, καὶ τὴν πατρίδα προδίδοτε, στερίφην τε αὐτὴν καὶ ἄγονον ἀπεργαζόμενοι, μᾶλλον δὲ ἄρδην κατασκάπτετε, ἔρημον τῶν οἰκησόντων ποιοῦντες· ἄνθρωποι γάρ που πόλις ἐστίν, ἀλλ' οὐκ οἰκίαι οὐδὲ στοαὶ οὐδ' ἀγοραὶ ἀνδρῶν κεναί. Ἐνθυμήθητε οὖν, τίνα μὲν οὐκ ἂν ὀργὴν ὁ Ῥωμύλος ἐκεῖνος ὁ ἀρχηγέτης ἡμῶν δικαίως λάβοι, λογισάμενος τά τε καθ' ἑαυτόν, ὅθεν ἐγεννήθη, καὶ τὰ ὑμέτερα, ὅτι οὐδὲ ἐκ νομίμων γάμων παιδοποιεῖσθαι ἐθέλετε· τίνα δ' οὐκ ἂν οἱ μετ' αὐτοῦ Ῥωμαῖοι, ἐννοήσαντες ὅτι αὐτοὶ μὲν καὶ τὰς ἀλλοτρίας κόρας ἥρπασαν, ὑμεῖς δὲ οὐδὲ τὰς οἰκείας ἀγαπᾶτε, καὶ οἱ μὲν καὶ ἐκ τῶν πολεμίων ἐπαιδοποιήσαντο, ὑμεῖς δὲ οὐδὲ ἐκ τῶν πολιτίδων τεκνοῦτε· τίνα ὁ Κούρτιος ὁ καὶ ἀποθανεῖν ὑπομείνας, ἵνα μὴ στερηθῶσι τῶν γυναικῶν οἱ γεγαμηκότες· τίνα Ἐρσιλία ἡ καὶ τῇ θυγατρὶ ἀκολουθήσασα καὶ τὰ γαμικὰ πάνθ' ἡμῖν καταδείξασα. Ἀλλ' οἱ μὲν πατέρες ἡμῶν καὶ ἐπολέμησαν πρὸς Σαβίνους ὑπὲρ τῶν γάμων, καὶ κατελύσαντο τῶν τε γυναικῶν αὐτῶν καὶ τῶν τέκνων συναλλαξάντων σφᾶς, ὅρκους τε ἐπὶ τούτοις ἐπήγαγον καὶ συνθήκας τινὰς ἐποιήσαντο· ὑμεῖς δὲ καὶ ἐκεῖνα πάντα συγχεῖτε. Διὰ τί; Ἢ ἵνα καὶ αὐτοὶ ἀεὶ ἄγυνοι ἦτε, ὥσπερ αἱ ἱέρειαι αἱ ἀειπαρθένοι ἄνανδροί εἰσιν; Οὐκοῦν καὶ κολάζεσθε, ἂν ἀσελγαίνητέ τι, ὥσπερ καὶ ἐκεῖναι.

[6] Πικρῶς εὖ οἶδ' ὅτι καὶ τραχέως δοκῶ ὑμῖν διαλέγεσθαι. Ἀλλὰ πρῶτον μὲν λογίσασθε ὅτι καὶ οἱ ἰατροὶ συχνοὺς καὶ καίοντες καὶ τέμνοντες, ὅταν μὴ δύνωνται ἄλλως πως ὑγιεῖς γενέσθαι, θεραπεύουσιν, ἔπειτα δὲ ὅτι οὔτε ἑκὼν οὔθ' ἡδέως αὐτὰ λέγω, ὥστε ἐγὼ μὲν καὶ αὐτὸ τοῦθ' ὑμῖν ἐγκαλῶ ὅτι με ἐς τούτους τοὺς λόγους προηγάγετε, ὑμεῖς δ' εἴπερ ἄχθεσθε τοῖς εἰρημένοις, μὴ ποιεῖτε ταῦτα ἐφ' οἷς ἀναγκαίως κακῶς ἀκούετε. Εἰ γὰρ δὴ δάκνει τινὰς ὑμῶν τὰ ὑπ' ἐμοῦ λεγόμενα, πῶς οὐ πολὺ μᾶλλον καὶ ἐμὲ καὶ τοὺς ἄλλους Ῥωμαίους πάντας τὰ ὑφ' ὑμῶν ποιούμενα; Οὐκοῦν εἴπερ ὡς ἀληθῶς ἀσχάλλετε, μεταβάλεσθε, ἵνα καὶ ἐπαινέσω ὑμᾶς καὶ διαμείψωμαι. Ὅτι γὰρ οὔτε τῇ φύσει χαλεπός εἰμι, πάντα τε ὅσα προσῆκον ἦν τὸν ἀγαθὸν νομοθέτην πρᾶξαι ἀνθρωπίνως προκατεστησάμην, οὐδ' αὐτοὶ ἀγνοεῖτε. Ἦν μὲν γὰρ οὐδὲ πρόσθεν ἐξὸν ἀμελεῖν τισι παιδοποιίας καὶ γάμων· καὶ γὰρ ἀπ' ἀρχῆς εὐθὺς ἅμα τῇ πρώτῃ τῆς πολιτείας καταστάσει ἀκριβῶς περὶ αὐτῶν ἐνομοθετήθη, καὶ μετὰ τοῦτο πολλὰ καὶ τῇ βουλῇ καὶ τῷ δήμῳ ἔδοξεν, ἃ περιττὸν ἂν εἴη καταλέγειν· ἐγὼ δὲ ἐπηύξησα μὲν τὰ ἐπιτίμια τοῖς ἀπειθοῦσιν, ἵνα φόβῳ τοῦ περιπεσεῖν αὐτοῖς σωφρονίζοισθε, ἔθηκα δὲ καὶ ἆθλα τοῖς πειθαρχοῦσι τοσαῦτα καὶ τηλικαῦτα ἡλίκα καὶ ὅσα ἐπ' οὐδεμιᾷ ἄλλῃ ἀνδραγαθίᾳ δίδοται, ἵν' εἰ καὶ διὰ μηδὲν ἄλλο, διά γε ταῦτα καὶ γαμεῖν καὶ παιδοποιεῖν ἀναπείθοισθε. Ἀλλ' ὑμεῖς οὔτε ἐκείνων τινὸς ὀριγνηθέντες οὔτε τῶν ἐπιτιμίων τι φοβηθέντες πάντα τε αὐτὰ κατεφρονήσατε καὶ πάντα αὐτὰ ὡς οὐδὲ ἐν πόλει τινὶ οἰκοῦντες κατεπατήσατε. Καὶ φατὲ μὲν τὸν εὔζωνον δὴ τοῦτον καὶ ἐλεύθερον βίον τὸν ἄγυνον καὶ ἄτεκνον ἐπανηρῆσθαι, λῃστῶν δὲ δὴ καὶ θηρίων τῶν ἀγριωτάτων οὐδὲν διαφέρετε.

[7] Οὐ γὰρ {δὴ} δήπου μοναυλίᾳ χαίρετε, ἵν' ἄνευ γυναικῶν διάγητε, οὐδὲ ἔστιν ὅστις ὑμῶν ἢ σιτεῖται μόνος ἢ καθεύδει μόνος, ἀλλ' ἐξουσίαν καὶ ὑβρίζειν καὶ ἀσελγαίνειν ἔχειν ἐθέλετε. Καίτοι καὶ μνηστεύειν ὑμῖν ἁπαλὰς ἔτι κόρας καὶ μηδέπω γάμων ὡραίας ἐπέτρεψα, ἵνα τὸ ὄνομα τῶν μελλονυμφίων ἔχοντες οἰκωφελῶς βιῴητε, καὶ ἐξελευθέρας τοῖς γε ἔξω τοῦ βουλευτικοῦ οὖσιν ἄγεσθαι συνεχώρησα, ἵν' εἰ καί τις ἐξ ἔρωτος ἢ καὶ συνηθείας τινὸς ἐς τοῦθ' ὑπαχθείη, ἐννόμως αὐτὸ ποιοίη. Καὶ οὐδὲ ἐς ταῦτα μέντοι κατήπειξα ὑμᾶς, ἀλλὰ τὸ μὲν πρῶτον τρία ἔτη ὅλα πρὸς παρασκευὴν ὑμῖν ἔδωκα, τὸ δὲ δεύτερον δύο. Ἀλλ' οὐδὲν οὐδ' οὕτως οὔτ' ἀπειλῶν οὔτε προτρέπων οὔτ' ἀναβαλλόμενος οὔτε δεόμενός τι πεποίηκα. ὁρᾶτε γὰρ καὶ αὐτοὶ ὅσῳ πλείους τῶν γεγαμηκότων ἐστέ· οὓς ἐχρῆν ἤδη τοσούτους ἑτέρους, μᾶλλον δὲ πολλαπλασίους παῖδας ἡμῖν παρεσχηκέναι. Πῶς μὲν γὰρ ἂν ἄλλως τὰ γένη διαμείνειε, πῶς δ' ἂν τὸ κοινὸν διασωθείη μήτε γαμούντων ἡμῶν μήτε παιδοποιουμένων; Οὐ γάρ που καὶ ἐκ τῆς γῆς προσδοκᾶτέ τινας ἀναφύσεσθαι τοὺς διαδεξομένους τά τε ὑμέτερα καὶ τὰ δημόσια, ὥσπερ οἱ μῦθοι λέγουσιν. Οὐ μὴν οὐδ' ὅσιον ἢ καὶ καλῶς ἔχον ἐστὶ τὸ μὲν ἡμέτερον γένος παύσασθαι καὶ τὸ ὄνομα τὸ Ῥωμαίων ἐν ἡμῖν ἀποσβῆναι, ἄλλοις δέ τισιν ἀνθρώποις Ἕλλησιν ἢ καὶ βαρβάροις τὴν πόλιν ἐκδοθῆναι. Ἢ τοὺς μὲν δούλους δι' αὐτὸ τοῦτο μάλιστα ἐλευθεροῦμεν, ὅπως ὡς πλείστους ἐξ αὐτῶν πολίτας ποιώμεθα, τοῖς τε συμμάχοις τῆς πολιτείας μεταδίδομεν ὅπως πληθύωμεν· αὐτοὶ δ' ὑμεῖς οἱ ἀπ' ἀρχῆς Ῥωμαῖοι, οἱ τοὺς προγόνους ἐκείνους τοὺς Μαρκίους τοὺς Φαβίους τοὺς Κυιντίους τοὺς Οὐαλερίους τοὺς Ἰούλλους καταλέγοντες, ἐπιθυμεῖτε μεθ' ὑμῶν αὐτῶν καὶ τὰ γένη ἅμα καὶ τὰ ὀνόματα ἀπολέσαι;

[8] Ἀλλ' ἔγωγε αἰσχύνομαι καὶ ὅτι τοιοῦτον εἰπεῖν προήχθην. Παύσασθε οὖν μαινόμενοι, καὶ λογίσασθε ἤδη ποτὲ ὅτι ἀδύνατόν ἐστι, πολλῶν μὲν ἐν ταῖς νόσοις πολλῶν δὲ καὶ ἐν τοῖς πολέμοις ἑκάστοτε τελευτώντων, σωθῆναι τὴν πόλιν, ἂν μὴ τὸ πλῆθος αὐτῆς ἐκ τῶν ἀεὶ ἐπιγιγνομένων ἀναπληρῶται. Καὶ μηδεὶς ὑμῶν οἰέσθω με ἀγνοεῖν ὅτι ἔστι τινὰ καὶ ἐν τῷ γάμῳ καὶ ἐν τῇ τεκνοποιίᾳ καὶ δυσχερῆ καὶ λυπηρά· ἀλλ' ἐκεῖνο ἐνθυμεῖσθε, ὅτι οὐδ' ἄλλο τι ἀγαθὸν ἔχομεν ᾧ μὴ καὶ ἀνιαρόν τι παραμέμικται, καὶ τοῖς γε πλείστοις καὶ μεγίστοις αὐτῶν πλεῖστα καὶ μέγιστα συμπέφυκεν. ὥστ' εἰ ταῦτ' ἐκκλίνετε, μηδὲ ἐκείνων ἐπορέγεσθε. Πᾶσι γὰρ ὡς εἰπεῖν τοῖς ἀρετὴν καὶ ἡδονήν τινα εἰλικρινῆ ἔχουσι καὶ προπονεῖν καὶ συμπονεῖν καὶ ἐπιπονεῖν χρή· τί γὰρ δεῖ καθ' ἕκαστον αὐτῶν ἐπεξιόντα μακρηγορεῖν; Οὐκοῦν εἰ καὶ ἐν τῷ γῆμαι καὶ ἐν τῷ τεκνῶσαι ἀνιαρά τινα ἔνεστιν, ἀντιλογίζεσθε καὶ τὰ ἀμείνονα, καὶ πλείω τε καὶ ἀναγκαιότερα αὐτὰ εὑρήσετε. Πρὸς γὰρ δὴ τοῖς ἄλλοις ἀγαθοῖς τοῖς φύσει προσοῦσιν αὐτοῖς καὶ τὰ παρὰ τῶν νόμων ἆθλα, ὧν πολλοστὸν μέρος καὶ ἀποθνήσκειν συχνοὺς ἀναπείθει, πάντα ἄν τινα πειθαρχῆσαί μοι ὑπαγάγοιτο. καίτοι πῶς οὐκ αἰσχρόν, ὑπὲρ ὧν ἕτεροι καὶ ἑαυτοὺς προΐενται, ὑπὲρ τούτων ὑμᾶς μήτε γυναῖκας ἄγεσθαι μήτε τέκνα τρέφειν βούλεσθαι;

[9] Ἐγὼ μέν, ὦ ἄνδρες πολῖται (νομίζω γὰρ ὑμᾶς νῦν γε πεπεικέναι καὶ ἐν τῷ τῶν πολιτῶν ὀνόματι ἐμμεῖναι καὶ τὴν τῶν ἀνδρῶν τῶν τε πατέρων προσηγορίαν προσλαβεῖν), ταῦθ' ὑμῖν ἐπετίμησα ἀηδῶς μὲν ἀναγκαίως δέ, οὐχ ὡς ἐχθρὸς οὐδ' ὡς μισῶν ὑμᾶς, ἀλλὰ φιλῶν, καὶ ἐπιθυμῶν καὶ ἑτέρους ὁμοίους ὑμῖν πολλοὺς κτήσασθαι, ἵν' ἑστίας ἐννόμους οἰκοῦντες καὶ οἰκίας πλήρεις γενῶν ἔχοντες τοῖς τε θεοῖς μετά τε τῶν γυναικῶν καὶ μετὰ τῶν παίδων προσερχώμεθα, καὶ ἀλλήλοις ὁμιλῶμεν πάντα τε ἐκ τοῦ ἴσου παραβαλλόμενοι καὶ τὰς ἐπ' αὐτοῖς ἐλπίδας ἐκ τοῦ ὁμοίου καρπούμενοι. Ἢ πῶς μὲν ἂν καλῶς ἄρχοιμι ὑμῶν, ἂν ἐλάττους ὑμᾶς ἀεὶ γιγνομένους ὁρῶν ἀνέχωμαι; Πῶς δ' ἂν ἔτι πατὴρ ὑμῶν ὀρθῶς ὀνομαζοίμην, ἂν μὴ καὶ παῖδας τρέφητε; Ὥστ' εἴπερ ὄντως τά τε ἄλλα ἀγαπᾶτέ με, καὶ ταύτην μοι τὴν προσηγορίαν οὐχ ὡς κολακεύοντες ἀλλ' ὡς τιμῶντες ἐδώκατε, ἐπιθυμήσατε καὶ ἄνδρες καὶ πατέρες γενέσθαι, ἵνα καὶ αὐτοὶ τῆς ἐπωνυμίας ταύτης μεταλάβητε καὶ ἐμὲ φερώνυμον αὐτῆς ποιήσητε. »

[10] Τότε μὲν τοιαῦτα ἀμφοτέροις αὐτοῖς διελέχθη, μετὰ δὲ δὴ τοῦτο τοῖς μὲν τὰ τέκνα ἔχουσι τὰ γέρα προσεπηύξησε, τοὺς δὲ γεγαμηκότας ἀπὸ τῶν ἀγύνων τῷ τῶν ἐπιτιμίων διαφόρῳ διεχώρισε, καὶ ἐνιαυτὸν ἑκατέροις ἐς τὸ τοὺς πειθαρχήσαντάς οἱ ἐν τῷ χρόνῳ τούτῳ ἀναιτίους γενέσθαι προσεπέδωκε. Τῶν τε γυναικῶν τισι καὶ παρὰ τὸν Οὐοκώνειον νόμον, καθ' ὃν οὐδεμιᾷ αὐτῶν οὐδενὸς ὑπὲρ δύο ἥμισυ μυριάδας οὐσίας κληρονομεῖν ἐξῆν, συνεχώρησε τοῦτο ποιεῖν· καὶ ταῖς ἀειπαρθένοις πάνθ' ὅσαπερ αἱ τεκοῦσαι εἶχον ἐχαρίσατο. Κἀκ τούτου ὅ τε Πάπιος καὶ ὁ Ποππαῖος νόμος ὑπό τε Μάρκου Παπίου Μουτίλου καὶ ὑπὸ Κυίντου Ποππαίου Σεκούνδου, τῶν τότε ἐν μέρει τοῦ ἔτους ὑπατευόντων, ἐτέθησαν. Καὶ συνέβη γὰρ ἀμφοτέρους σφᾶς μὴ ὅτι παῖδας, ἀλλὰ μηδὲ γυναῖκας ἔχειν· καὶ ἀπ' αὐτοῦ τούτου ἡ ἀνάγκη τοῦ νόμου κατεφωράθη.ά

Matières contenues dans le cinquante-sixième livre de l'Histoire romaine de Dion.

Comment Auguste parla aux citoyens qui avaient des enfants, et, ensuite, à ceux qui n'en avaient pas et qui n'étaient pas mariés. Règlements qu'il établit à ce sujet, § 1-10.

Comment périt Quintilius Varus, vaincu par les Germains, § 18-24.

Comment fut dédié le temple de la Concorde, § 25.

Comment fut dédié le portique de Livie, § 27.

Comment Auguste termina sa vie, § 29-47.

Espace de temps : six ans; pendant lesquels les consuls furent :

Quintus Sulpicius Camérinus, fils de Quintus, et Caius Poppéus Sabinus, fils de Quintus ;

Publius Cornélius Dolabella, fils de Publius, et Caius Junius Silvanus ;

Marcus AEmilius Lépidus, fils de Quintus, et Titus Statilius Taurus, fils de Titus;

Germanicus César, fils de César, et Caius Fontéius Capiton, fils de Caius ;

Lucius Munatius Plancus, fils de Lucius, et Caius Silius Cécina, fils de Caius ;

Sextus Pompée, fils de Sextus, et Sextus Apuléius, fils de Sextus.

[1] Tibère revint à Rome après l'hiver où Q. Sulpicius et C. Sabinus furent consuls. Auguste, après être allé à sa rencontre jusque dans les faubourgs de la ville, l'accompagna dans les Septa, où, du haut de son tribunal, il salua le peuple ; après quoi, il accomplit les cérémonies usitées en pareilles circonstances, et fit célébrer des jeux par les consuls à l'occasion de ses victoires. Comme, pendant ces jeux, les chevaliers demandaient avec instance l'abrogation de la loi relative aux citoyens qui n'avaient ni femme ni enfants, il assembla séparément, dans le Forum, d'un côté ceux d'entre eux qui n'étaient pas mariés, de l'autre ceux qui l'étaient et qui avaient des enfants : voyant alors que le nombre des derniers était bien inférieur à celui des premiers, il en fut affligé, et leur parla en ces termes :

[2] «Votre nombre si petit, quand on songe à la majesté de cette ville, si inférieur par rapport à ceux qui ne veulent s'acquitter d'aucun de leurs devoirs, m'est une raison de vous louer davantage et de vous témoigner une profonde reconnaissance pour avoir obéi à mes prescriptions, et peuplé la patrie de citoyens. Une telle conduite assurera aux Romains une longue suite de descendants : peu nombreux, à l'origine, nous avons fini, pour avoir cultivé le mariage et procréé des enfants, par surpasser tous les peuples non seulement en courage, mais encore en population. Ces souvenirs doivent nous engager à compenser la condition d'une nature mortelle par une succession non interrompue de générations, comme ces flambeaux qu'on se passe de main en main, afin que le seul avantage par où notre sort est inférieur à celui des dieux, l'immortalité, nous nous l'assurions, en nous remplaçant les uns après les autres. C'est pour ce motif surtout que ce dieu, le premier et le plus grand de tous, qui nous a créés, a partagé la race mortelle en deux sexes, l'homme et la femme, qu'il a mis en eux l'amour et la nécessité d'un commerce intime, et rendu leur union féconde, afin que des naissances continuelles communiquassent à un élément périssable une durée en quelque sorte éternelle. Parmi les dieux eux-mêmes, la distinction des sexes existe : la tradition nous apprend que les uns ont donné et que les autres ont reçu la vie ; tellement ceux-mêmes qui n'en ont nul besoin regardent comme honorable d'avoir une épouse et des enfants.

[3] « Vous avez donc raison d'imiter les dieux, vous avez raison de suivre l'exemple de vos pères, afin que, de même que vos pères vous ont engendrés, vous donniez, à votre tour, naissance à des enfants; et, de même que ceux qui vous ont précédés, vous les regardez et vous les appelez ancêtres, ainsi d'autres, après vous, vous considèrent comme les leurs et vous saluent de ce titre; que tous les exploits dont vos pères vous ont transmis la gloire soient par vous transmis à d'autres ; que les biens dont ils vous ont laissé la possession soient par vous laissés à des enfants nés de vous. N'est-ce pas, en effet, le meilleur des biens, qu'une épouse sage, se tenant dans sa maison qu'elle dirige, et élevant ses enfants ? faisant notre joie, quand nous sommes en santé ; nous prodiguant ses soins, lorsque nous sommes malades ? prenant sa part de notre bonheur et nous consolant de l'adversité? retenant la violence du jeune homme et tempérant l'austérité du vieillard épuisé? N'est-ce pas une douce chose de soulever dans ses bras, de nourrir et d'instruire un enfant qui, né de l'un et de l'autre, reproduit l'image de notre corps, l'image de notre âme, de sorte qu'on voit croître en lui un autre soi-même ? N'est-ce pas un bonheur, quand on quitte la vie, de laisser dans sa maison un successeur et un héritier de sa fortune et de sa race {né de son sang}? de trouver, quand la nature humaine se dissout, une nouvelle existence dans cette succession? de ne jamais, comme à la guerre, tomber au pouvoir d'un étranger, de ne point périr tout entier ? Voilà les avantages des particuliers qui se marient et qui procréent des enfants. Quant à l'État, pour lequel nous sommes obligés de faire bien des choses, même contre notre gré, n'est-il pas honorable pour lui, n'est-il pas nécessaire, si les villes et les peuples doivent subsister, si vous devez commander aux autres nations et si elles doivent vous obéir, qu'il y ait beaucoup de monde, dans la paix, pour travailler la terre, pour se livrer au commerce maritime, pour cultiver les arts, pour s'occuper des métiers; dans la guerre, pour défendre avec plus d'ardeur ses possessions, au nom de sa famille, et remplacer par d'autres les soldats qui ont péri? Aussi, hommes (seuls, en effet, vous êtes justement appelés hommes), pères (vous méritez ce nom, à l'égal de moi), j'ai pour vous de l'amour et des éloges; je suis fier de vous accorder les prix établis par moi, et, de plus, je me ferai une gloire de vous élever aux autres charges et dignités, afin que vous-mêmes vous puissiez amplement recueillir les fruits de votre conduite, et n'en pas laisser de moindres à vos enfants. Je vais maintenant m'adresser aux citoyens qui n'ont en rien agi comme vous, et qui, pour cette raison, obtiendront des résultats tout opposés : je veux que mes actes, bien plus encore que mes paroles, vous apprennent combien vous leur êtes supérieurs. »

[4] Après avoir, à la suite de ce discours, immédiatement soit distribué, soit promis des récompenses, il se dirigea vers le second groupe, auquel il tint ce langage : « J'éprouve un embarras étrange vis-à-vis de vous, que je ne sais de quel nom appeler. Hommes ? Vous ne faites aucune œuvre d'hommes. Citoyens ? Autant qu'il est en vous, vous laissez périr la cité. Romains Vous vous efforcez d'en abolir le nom. Mais, qui que vous soyez, quel que soit le nom dont il vous plaise d'être appelés, je n'en éprouve pas moins un sentiment extraordinaire. Malgré tout ce que je fais sans cesse pour augmenter la population, malgré la punition que je suis sur le point de vous infliger, je vois avec peine que vous êtes beaucoup; j'aimerais mieux que le nombre de ces autres citoyens, à qui je viens de parler, fût égal au vôtre, plutôt que d'être ce que vous le voyez ; que vous fussiez dans leurs rangs ou que vous ne fussiez pas, vous qui, sans songer à la providence des dieux, ni aux soins pris par nos ancêtres, désirez faire disparaître notre race, la rendre véritablement mortelle, perdre et anéantir le peuple romain tout entier. Quel moyen de propagation resterait-il à l'humanité, si les autres faisaient comme vous ? Vous qui, les premiers, avez donné cet exemple, on aurait raison de vous accuser de la catastrophe qui l'aurait détruite. Comment donc, dût personne ne vous imiter, n'encourriez-vous pas une juste haine, rien que pour mépriser ce qu'aucun autre homme ne mépriserait, rien que pour négliger ce qu'aucun autre homme ne négligerait ? Vous introduisez des lois et des mœurs telles, qu'on ne peut les suivre sans se perdre, les haïr sans vous condamner. Nous n'épargnons pas les meurtriers, parce que tout le monde ne commet pas de meurtres; nous ne relâchons pas les sacrilèges, parce que tout le monde ne commet pas de sacrilèges : quiconque est surpris faisant une action défendue, en est puni, parce que, seul ou avec un petit nombre de complices, il fait des choses que ne fait aucun autre citoyen.

[5] Or, qu'on cite les crimes les plus grands, ils ne sont rien en proportion de celui que vous commettez maintenant, non seulement si on les examine un à un, mais même si on les compare tous à la fois au vôtre, bien qu'il soit unique. Vous êtes meurtriers, en n'engendrant pas les enfants qui devaient naître de vous; vous êtes impurs, en éteignant le nom et les honneurs de vos ancêtres; vous êtes impies, en faisant disparaître votre race jadis créée par les dieux, en anéantissant la nature humaine, la plus belle des offrandes qui leur soit consacrée, en détruisant par là leurs sacrifices et leurs temples. Vous ne renversez pas moins la constitution de l'État, en n'obéissant pas aux lois ; vous trahissez la patrie elle-même, en la frappant de stérilité et d'impuissance, ou, plutôt, vous la ruinez de fond en comble, en la privant de citoyens pour l'habiter un jour car c'est dans les citoyens que consiste une ville, et non dans des maisons, dans des portiques ou dans des places désertes. Songez-vous à la juste indignation que ressentirait Romulus, notre fondateur, s'il considérait les générations de son temps et leur naissance avec les vôtres, à vous, qui refusez de donner le jour à des enfants issus d'une légitime union, à celle de ces Romains qui étaient avec lui, s'ils réfléchissaient qu'ils ont été jusqu'à ravir des filles de nation étrangère, tandis que vous, vous n'aimez même pas celles de votre pays ? que, lorsqu'ils ont engendré des enfants de femmes nées chez leurs ennemis, vous n'en avez pas même de celles qui sont nées chez vous ? à celle de Curtius, qui a souffert la mort pour que ceux qui étaient mariés ne fussent pas privés de leurs épouses? à celle d'Hersilie, qui suivit sa fille et nous enseigna tous les rites concernant le mariage ? Nos pères ont fait la guerre aux Sabins pour leurs épouses ; ils se sont réconciliés avec eux, grâce à leurs épouses et à leurs enfants ; ils ont confirmé cette réconciliation par des serments, et conclu un traité d'alliance; et vous, vous brisez tous ces liens. Pourquoi? Pour ne point connaître de femmes, à l'imitation des Vestales, qui ne connaissent point d'hommes ? Eh bien ! soyez donc punis comme elles, quand vous violez la chasteté.

[6] «Mes paroles, je le sais, vous semblent dures et cruelles. Mais réfléchissez, d'abord, que les médecins ont souvent recours au feu et au fer, quand ils ne peuvent guérir autrement les malades; en second lieu, que c'est malgré moi et avec peine que je vous tiens ce langage, aussi est-ce encore là un reproche que je vous adresse de m'avoir réduit à cette extrémité ; puisque mes paroles vous affligent, ne tenez pas une conduite qui vous mette dans la nécessité d'entendre des choses désagréables. Si ce que je dis est douloureux pour vous, combien votre manière d'agir ne l'est-elle pas davantage et pour moi et pour tous les autres Romains ! Si donc vous êtes véritablement affligés, changez de sentiments, pour que je puisse vous donner des éloges et des récompenses. Je n'ai pas le caractère chagrin ; toutes les mesures que devait adopter un bon législateur, je les ai proposées en homme; vous-même, vous ne l'ignorez pas. Déjà auparavant, il n'était permis à personne de renoncer à avoir des enfants et à prendre une épouse ; dès le principe, en effet, et en même temps que s'établissait la république, ce point a été réglé avec soin par la loi; plus tard, il y a eu à ce sujet de nombreux décrets et du sénat et du peuple, décrets qu'il serait superflu d'énumérer ici. Quant à moi, j'ai augmenté les punitions contre ceux qui les enfreignent, afin que la crainte de ces peines vous retînt; j'ai établi en faveur de l'obéissance des prix tels par la grandeur et le nombre que, pour aucun mérite, il n'en est donné de pareils, afin qu'à défaut d'autre motif, ils vous engageassent à vous marier et à donner le jour à des enfants. Mais vous, sans désir des récompenses ni crainte des punitions, vous avez méprisé tout cela, et, comme si vous n'habitiez pas au milieu de citoyens, vous avez tout foulé aux pieds. Vous avez beau appeler facile et libre cette vie que vous avez choisie, cette vie exempte des ennuis causés par une femme et des enfants, vous ne différez en rien des brigands et des bêtes les plus féroces.

[7] Si cette vie solitaire vous plaît, ce n'est pas parce que vous vous passez de femmes ; aucun de vous ne mange seul, ne dort seul : ce que vous voulez, c'est la libre satisfaction de vos passions et de vos dérèglements. Et pourtant, je vous ai permis de vous fiancer à des jeunes filles non encore nubiles, afin que le nom de futur époux vous déterminât à prendre soin de votre maison; j'ai accordé aux citoyens qui ne sont pas de l'ordre sénatorial, d'épouser des filles d'affranchis, afin que celui qui y serait entraîné par l'amour, ou par un commerce habituel, puisse contracter ainsi une union légitime. Je ne vous ai même pas pressés; je vous ai accordé, la première fois, trois années entières pour vous préparer ; la seconde fois, deux années encore. Malgré cela, ni menaces, ni exhortations, ni délais, ni prières, n'ont rien obtenu. Vous voyez vous-mêmes combien votre nombre est supérieur à celui des citoyens mariés, lorsque déjà vous devriez nous avoir donné un nombre d'enfants égal ou plutôt supérieur au vôtre. Comment, en effet, les générations se perpétueront-elles, comment l'État subsistera-t-il, si vous ne vous mariez pas, si vous n'avez pas d'enfants? Vous n'espérez sans doute pas que, comme dans la Fable, il sorte de la terre des hommes pour succéder à vos biens et à ceux de l'État. Ce serait une impiété, et aussi une honte, si notre race périssait, si le nom romain s'éteignait avec nous, si notre ville était livrée à des étrangers, à des Grecs, par exemple, ou à des barbares. Quoi ! nous affranchissons les esclaves, pour le seul motif de rendre le nombre des citoyens aussi grand que possible ; nous accordons aux alliés le droit de cité, pour augmenter notre population ; et vous, vous, Romains d'origine, vous qui citez avec orgueil comme ancêtres les Marcius, les Fabius, les Quintius, les Valérius, les Julius, vous désirez voir leur race et leur nom périr avec vous

[8] Pour moi, je rougis d'avoir été réduit à tenir un tel discours ; je rougis de votre conduite. Renoncez donc à votre délire, et songez qu'après les maladies, après les guerres qui ont moissonné successivement tant de citoyens, il est impossible que l'État subsiste, si les vides de la population ne sont pas remplis par des naissances continuelles. Que personne de vous, cependant, ne me soupçonne d'ignorer qu'il y a, dans le mariage et dans les enfants à qui on donne le jour, des choses fâcheuses et affligeantes; mais réfléchissez qu'il n'y a aucun bien auquel il ne se mêle quelque douleur, et que les plus nombreux et les plus grands donnent naissance aux maux les plus grands et les plus nombreux. Si donc vous fuyez les uns, ne recherchez pas les autres. Tout, pour ainsi dire, ce qui renferme une vertu et une joie pure est précédé, accompagné, suivi de peines. Qu'est-il besoin, en effet, de s'étendre en longs discours sur chacun de ces points? S'il y a quelques incommodités à prendre femme et à procréer des enfants, songez, à l'encontre, qu'il y a aussi des avantages; et ces avantages, vous trouverez qu'ils sont plus nombreux et qu'ils vous touchent de plus près. Puissent donc, outre le bonheur attaché par la nature à la condition de mari et de père, les récompenses établies par les lois, récompenses qui déterminent en grande partie beaucoup d'hommes à subir même la mort, vous décider tous à m'obéir! Comment ne serait-ce pas une honte, si, par les motifs pour lesquels les autres hommes sacrifient jusqu'à leur vie, vous refusiez de conduire une épouse dans votre maison et d'élever des enfants ?

[9] « Quant à moi, citoyens (car maintenant, j'en ai la conviction, vous êtes persuadés, vous voulez conserver le nom de citoyens et prendre le titre d'époux et de pères), je vous ai adressé ces reproches, non par plaisir, mais par nécessité; non comme un homme qui vous est hostile et qui vous hait, mais comme un homme qui vous aime et qui désire conquérir à ses vues une foule de citoyens semblables à vous; afin qu'habitant des pénates légitimes, qu'ayant nos maisons remplies d'une nombreuse postérité, nous nous approchions, avec nos femmes et nos enfants, des autels des dieux; afin que, dans de mutuels rapports, nous mettions sur la même ligne tous nos intérêts et nous jouissions semblablement des espérances qui en découlent. Comment pourrais-je vous bien gouverner, si je laisse tranquillement votre nombre diminuer tous les jours sous mes yeux? Comment pourrais-je justement encore être appelé votre père, si vous n'élevez pas d'enfants ? Si donc vous m'aimez véritablement, si ce titre de père, que vous m'avez donné, n'est pas une adulation, mais un honneur, souhaitez de devenir époux et pères, afin d'avoir une part dans ce surnom et de faire que je le porte avec vérité. »

[10] Tel fut le discours qu'il tint alors aux deux groupes; il augmenta ensuite les récompenses de ceux qui avaient des enfants, et distingua les citoyens mariés des célibataires, par la différence dans la manière de les traiter; il prolongea aussi d'une année, pour les uns comme pour les autres, le délai pendant lequel ceux qui obéiraient à son ordre devaient être mis hors de cause. Il dispensa aussi quelques femmes de la loi Voconia, qui leur interdisait tout héritage surpassant vingt-cinq mille drachmes, et il concéda aux Vestales tous les privilèges des femmes ayant des enfants. En conséquence de ce qui précède, la loi Papia-Poppéa fut portée par les consuls M. Papius Mutilus et Q. Poppéus Secundus, qui étaient en charge durant cette partie de l'année. Par un effet du hasard, ni l'un ni l'autre n'avait, je ne dis pas d'enfants, mais même de femme, ce qui fit comprendre la nécessité de cette loi. Voilà ce qui eut lieu dans Rome.]

[11] Ἐν μὲν οὖν τῇ Ῥώμῃ ταῦτ' ἐπράχθη, Γερμανικὸς δὲ ἐν τούτῳ ἄλλα τε χωρία Δελματικὰ εἷλε καὶ Σπλαῦνον, καίπερ τῇ τε φύσει ἰσχυρὸν ὂν καὶ τοῖς τείχεσιν εὖ πεφραγμένον τούς τε ἀμυνομένους παμπληθεῖς ἔχον. Οὔκουν οὔτε μηχαναῖς οὔτε προσβολαῖς ἠδυνήθη τι ἐξεργάσασθαι, ἀλλ' ἐκ τοιᾶσδε αὐτὸ συντυχίας ἔλαβε. Πουσίων ἱππεὺς Κελτὸς λίθον ἐς τὸ τεῖχος ἀφεὶς οὕτω τὴν ἔπαλξιν διέσεισεν ὥστε αὐτήν τε αὐτίκα πεσεῖν καὶ τὸν ἄνδρα τὸν ἐπικεκλιμένον οἱ συγκατασπάσαι. Γενομένου δὲ τούτου ἐκπλαγέντες οἱ ἄλλοι καὶ φοβηθέντες τό τε τεῖχος ἐκεῖνο ἐξέλιπον καὶ ἐς τὴν ἀκρόπολιν ἀνέδραμον, καὶ μετὰ τοῦτο καὶ ταύτην καὶ ἑαυτοὺς παρέδοσαν. Ἐντεῦθεν δὲ ἐπὶ Ῥαίτινον ἐλθόντες οὐχ ὁμοίως ἀπήλλαξαν. Οἱ γὰρ ἐναντίοι βιαζόμενοι τῷ πλήθει σφῶν, καὶ μὴ δυνάμενοι ἀντέχειν, πῦρ ἐθελούσιοι ἔς τε τὸν κύκλον πέριξ καὶ ἐς τὰ οἰκοδομήματα πλησίον αὐτοῦ ἐνέβαλον, μηχανησάμενοι ὅπως ὅτι μάλιστα μὴ παραχρῆμα ἐκλάμψῃ ἀλλ' ἐπὶ χρόνον τινὰ διαλάθῃ. Καὶ οἱ μὲν τοῦτο ποιήσαντες ἐς τὴν ἄκραν ἀνεχώρησαν· ἀγνοοῦντες δὲ οἱ Ῥωμαῖοι τὸ πεπραγμένον ἐπεσέπεσον ὡς καὶ αὐτοβοεὶ πάντα διαρπάσοντες, καὶ εἴσω τε τῆς τοῦ πυρὸς περιβολῆς ἐγένοντο, καὶ οὐ πρότερον εἶδον αὐτό, πρὸς τοὺς πολεμίους τὸν νοῦν ἔχοντες, πρὶν πανταχόθεν ὑπ' αὐτοῦ περιληφθῆναι. Τότε δὲ ἐν παντὶ κινδύνου ἐγένοντο, ἄνωθεν μὲν ὑπὸ τῶν ἀνθρώπων βαλλόμενοι, ἔξωθεν δὲ ὑπὸ τῆς φλογὸς κακούμενοι, καὶ μήτε κατὰ χώραν ἀσφαλῶς μεῖναι μήτε πῃ διαπεσεῖν ἀκινδύνως δυνάμενοι. Εἴτε γὰρ ἔξω βέλους ἀφίσταντο, πρὸς τοῦ πυρὸς ἀναλοῦντο, εἴτ' ἀπὸ τῆς φλογὸς ἀπεπήδων, πρὸς τῶν βαλλόντων ἐφθείροντο· καί τινες ἐν στενοχωρίᾳ ἀπ' ἀμφοτέρων ἅμα ἀπώλοντο, τῇ μὲν τιτρωσκόμενοι τῇ δὲ καιόμενοι. Οἱ μὲν οὖν πλείους τῶν ἐσελθόντων οὕτως ἀπήλλαξαν· ὀλίγοι δέ τινες νεκροὺς ἐς αὐτὴν τὴν φλόγα ἐμβαλόντες, καὶ δίοδόν σφισι δι' αὐτῶν καθάπερ ἐπὶ γεφύρας ποιήσαντες, διέφυγον. Οὕτω γάρ που τὸ πῦρ ἐπεκράτησεν ὥστε μηδὲ τοὺς ἐν τῇ ἀκροπόλει ὄντας κατὰ χώραν μεῖναι, ἀλλὰ τῆς νυκτὸς αὐτὴν ἐκλιπεῖν καὶ ἐς οἰκήματα κατώρυχα κατακρυφθῆναι.

[12] Ἐκεῖ μὲν δὴ ταῦτ' ἐγένετο, Σερέτιον δέ, ὅπερ ποτὲ ὁ Τιβέριος πολιορκήσας οὐχ ᾑρήκει, ἐχειρώθη, καὶ μετὰ τοῦτο καὶ ἄλλα τινὰ ῥᾷον προσεκτήθη. Τῶν δ' οὖν λοιπῶν καὶ ὣς ἀνταιρόντων, καὶ τοῦ τε πολέμου μηκυνομένου καὶ λιμοῦ δι' αὐτὸν οὐχ ἥκιστα ἐν τῇ Ἰταλίᾳ γενομένου, τὸν Τιβέριον ὁ Αὔγουστος ἐς τὴν Δελματίαν αὖθις ἔπεμψε. Καὶ ὃς ἰδὼν τοὺς στρατιώτας μηκέτι τὴν τριβὴν φέροντας ἀλλὰ καὶ μετὰ κινδύνου διαπολεμῆσαί πως ἐπιθυμοῦντας, καὶ φοβηθεὶς μὴ καὶ καθ' ἓν ὄντες στασιάσωσι, τριχῇ διεῖλεν αὐτούς, καὶ τοὺς μὲν τῷ Σιλουανῷ τοὺς δὲ Μάρκῳ Λεπίδῳ προστάξας ἐπὶ τὸν Βάτωνα μετὰ τῶν λοιπῶν σὺν τῷ Γερμανικῷ ὥρμησε. Καὶ ἐκεῖνοι μὲν οὐ χαλεπῶς τοὺς ἀντιταχθέντας σφίσι μάχαις κατεστρέψαντο, αὐτὸς δὲ διὰ πάσης τε ὡς εἰπεῖν τῆς χώρας ἐπλανήθη, τοῦ Βάτωνος ἄλλῃ καὶ ἄλλῃ περιφοιτῶντος, καὶ τέλος καταφυγόντι αὐτῷ ἐς Ἀνδήτριον τεῖχος ἐπ' αὐτῇ τῇ Σαλώνῃ ἐπῳκισμένον προσεδρεύσας δεινῶς ἐπόνησε. Τό τε γὰρ φρούριον ἐπ' εὐερκοῦς πάνυ καὶ δυσπροσβάτου πέτρας ἐτετείχιστο, φάραγξι βαθείαις ποταμοὺς χειμάρρους ἐχούσαις ἐγκεκλειμένον, καὶ οἱ ἄνθρωποι πάντα ἐς αὐτὸ τὰ ἐπιτήδεια τὰ μὲν προεσενηνόχεσαν τὰ δὲ καὶ ἐκ τῶν ὀρῶν ὧν ἐκράτουν ἐπήγοντο, καὶ προσέτι καὶ τὴν σιτοπομπίαν τῶν Ῥωμαίων ἐνεδρεύοντες ἐκώλυον, ὥστε τὸν Τιβέριον, πολιορκεῖν σφας δοκοῦντα, αὐτὸν τὰ τῶν πολιορκουμένων πάσχειν.

[13] Ἀποροῦντος οὖν αὐτοῦ καὶ μὴ εὑρίσκοντος ὅ τι πράξῃ (ἥ τε γὰρ προσεδρεία καὶ ματαία καὶ ἐπικίνδυνος ἐγίγνετο καὶ ἡ ἀποχώρησις ἐπαισχὴς ἐφαίνετο) ἐθορύβησαν οἱ στρατιῶται, καὶ τοσαύτῃ γε καὶ τηλικαύτῃ βοῇ ἐχρήσαντο ὥστε τοὺς πολεμίους τοὺς ὑπὸ τῷ τείχει αὐλιζομένους ἐκπλαγῆναί τε καὶ ἀναχωρῆσαι. Ἐξ οὖν τούτων τοῦ μὲν ὀργισθεὶς τοῦ δὲ ἡσθεὶς συνεκάλεσέ τε αὐτούς, καὶ τὰ μὲν ἐπιτιμήσας σφίσι τὰ δὲ καὶ παραινέσας οὔτε ἐθρασύνατο οὔτ' ἀπανέστη, ἀλλὰ κατὰ χώραν ἡσυχάζων ἔμεινε, μέχρις οὗ ὁ Βάτων ἀπογνοὺς τὴν ἐπικράτησιν (τά τε γὰρ ἄλλα πλὴν ὀλίγων ἐκεχείρωτο, καὶ ἡ δύναμις ἣν εἶχε τῆς τότε ἀντικαθεστηκυίας οἱ ἠλαττοῦτο) διεκηρυκεύσατο πρὸς αὐτόν, καὶ ἐπειδὴ μὴ ἔπεισε καὶ τοὺς ἄλλους σπείσασθαι, ἐγκατέλιπεν αὐτούς. Καὶ ὁ μὲν οὐκέτ' οὐδ' ἄλλῳ τινί, καίπερ πολλῶν αὐτὸν ἐπικαλουμένων, ἐβοήθησεν· ὁ δὲ δὴ Τιβέριος καταφρονήσας ἐκ τούτου τῶν λοιπῶν τῶν ἐν τῷ τείχει ὄντων, καὶ νομίσας ἀναιμωτί σφων κρατήσειν, οὐδὲν ἔτι τοῦ χωρίου προείδετο, ἀλλὰ καὶ πρὸς αὐτὸ τὸ ἐρυμνὸν ἐχώρησεν. Ἐπεὶ δὲ μήτε ὁμαλόν τι ἦν μήτε ἐπικατέβαινον οἱ πολέμιοι, {καὶ} αὐτὸς μὲν ἐπὶ βήματος ἐν περιφανεῖ ἱδρύθη, ὅπως τά τε ἐπιγιγνόμενα καθορῴη πρὸς τὸ προθυμότερον τοὺς στρατιώτας ἀγωνίσασθαι, καὶ ἐν καιρῷ σφισιν, ἄν που δεήσῃ, προσαμύνῃ (καὶ γὰρ μέρος ἐπ' αὐτὸ τοῦτο τοῦ στρατοῦ, πολὺ γὰρ τῷ πλήθει περιῆν, κατέσχεν), οἱ δ' ἄλλοι τὸ μὲν πρῶτον ἐν πλαισίῳ πυκνῷ συντεταγμένοι βάδην ἀνεπορεύοντο, ἔπειτα δ' ὑπό τε τοῦ ὀρθίου καὶ ὑπὸ τῆς ἀνωμαλίας τοῦ ὄρους (χαραδρῶδές τε γὰρ ἦν καὶ ἐς φάραγγας πολλαχῇ κατετέτμητο) διεσπάσθησαν, καὶ οἱ μὲν θᾶσσον οἱ δὲ βραδύτερον προσανῄεσαν.

[14] Ἰδόντες δὲ τοῦτο οἱ Δελμάται ἔξω τε τοῦ τείχους ὑπὲρ αὐτοῦ τοῦ κρημνώδους παρετάξαντο, καὶ λίθους πολλοὺς τοὺς μὲν σφενδόναις ἐπ' αὐτοὺς ἔβαλλον τοὺς δὲ καὶ κατεκυλίνδουν. Ἄλλοι τροχούς, ἄλλοι ἁμάξας ὅλας πλήρεις πετρῶν, ἄλλοι κιβωτοὺς περιφερεῖς, ἐπιχωρίως πως πεποιημένας καὶ λίθων γεμούσας, ἠφίεσαν. Καὶ ταῦτά τε πάντα ἅμα πολλῇ ῥύμῃ καταφερόμενα διεσφενδονᾶτο, καὶ τοὺς Ῥωμαίους διέσπα τε ἔτι καὶ μᾶλλον ἀπ' ἀλλήλων καὶ συνήλου· καὶ ἕτεροι, οἱ μὲν βέλη οἱ δὲ δοράτια ἀφιέντες, συχνοὺς αὐτῶν κατέβαλλον. Κἀν τούτῳ πολλὴ μὲν τῶν μαχομένων φιλοτιμία ἐγίγνετο, τῶν μὲν ἀναβῆναί τε καὶ ἐπικρατῆσαι {τῆς} τῶν ἄκρων, τῶν δὲ ἀποκρούσασθαί τε αὐτοὺς καὶ ἀπαράξαι πειρωμένων, πολλὴ δὲ καὶ τῶν ἄλλων τῶν τε ἀπὸ τοῦ τείχους ὁρώντων τὰ γιγνόμενα καὶ τῶν περὶ τὸν Τιβέριον ὄντων. Τοῖς τε γὰρ σφετέροις ἑκάτεροι παρεκελεύοντο, τοὺς μὲν προθυμουμένους σφῶν ἐπιρρωννύντες, τοῖς δ' ὑπείκουσί πῃ ἐπιτιμῶντες, καὶ ἀθρόοι καὶ καθ' ἑκάστους· καὶ ὅσοι ὑπὲρ τοὺς ἄλλους ἐγεγώνισκον, καὶ τοὺς θεοὺς ἅμα ἀνεκάλουν, ὑπέρ τε τῆς αὐτίκα τῶν μαχομένων ἀμφότεροι σωτηρίας καὶ ὑπὲρ τῆς ἑαυτῶν ἐς τὸ ἔπειτα οἱ μὲν ἐλευθερίας οἱ δὲ εἰρήνης ἐπιβοώμενοι. Κἂν παντελῶς οἱ Ῥωμαῖοι μάτην ἐκινδύνευσαν, ἅτε πρὸς δύο ἅμα, τήν τε τῶν τόπων φύσιν καὶ τὴν τῶν ἀντιπάλων ἀντίταξιν, τὸν ἀγῶνα ποιούμενοι, εἰ μὴ ὁ Τιβέριος ἐκείνους τε ἀκραιφνέσι βοηθείαις φυγεῖν ἐκώλυσε, καὶ τοὺς πολεμίους ἑτέρων ηωῆι ἀνίτητον ἐς τὸ χωρίον ἐκ πλείονος περιελθοῦσιν ἣν περιπέμψει ἐτάραξε. Κἀκ τούτου οἱ μὲν τραπέντες οὐδὲ ἐς τὸ τεῖχος ἐσελθεῖν ἠδυνήθησαν, ἀλλὰ ἀνὰ τὰ ὄρη, προαπορρίψαντες τὰ ὅπλα ὥστε κουφίζειν, ἐσκεδάσθησαν· οἱ δὲ ἐπιδιώκοντές σφας (πάνυ τε γὰρ διαπολεμῆσαι ἐγλίχοντο, καὶ οὐκ ἐβούλοντο συστραφέντας αὖθις αὐτοὺς χαλεπούς σφισι γενέσθαι) ἐπίπαν ἐπεξῆλθον, καὶ ἐκείνων τε τοὺς πλείους ἐν ταῖς ὕλαις κρυπτομένους ἀνευρόντες ὥσπερ θηρία ἀπέκτειναν, καὶ μετὰ τοῦτο καὶ τοὺς ἐν τῷ φρουρίῳ προσχωρήσαντας ἔλαβον. Καὶ τούτοις μὲν ὁ Τιβέριος τά τε ἄλλα καὶ δὴ καὶ τὰ ὁμολογηθέντα σφίσι καθίστατο,

[15] Γερμανικὸς δὲ ἐπὶ τοὺς ἀνθεστηκότας ἔτ' ἐτράπετο· αὐτόμολοι γὰρ παρ' αὐτοῖς συχνοὶ ὄντες οὐκ εἴων σφᾶς συμβῆναι. Καὶ ἐδουλώσατο μὲν χωρίον τι Ἄρδουβαν, οὐ μέντοι καὶ τῇ οἰκείᾳ δυνάμει, καίτοι πολὺ πλείονι τῶν ἐναντίων οὔσῃ, ἠδυνήθη τοῦτο ποιῆσαι· αὐτό τε γὰρ ἰσχυρῶς ὠχύρωτο, καὶ ποταμὸς ῥοώδης τοὺς πρόποδας αὐτοῦ κύκλῳ πλὴν βραχέος περιρρεῖ· ἀλλ' οἱ αὐτόμολοι στασιάσαντες πρὸς τοὺς ἐπιχωρίους ἐπειδὴ τῶν σπονδῶν ὠρέγοντο, ἐς χεῖρας αὐτοῖς ἦλθον, καὶ συλλαβομένων σφίσι τῶν γυναικῶν τῶν ἐν τῷ τείχει οὐσῶν (τῆς τε γὰρ ἐλευθερίας καὶ παρὰ τὴν τῶν ἀνδρῶν γνώμην ἐφίεντο, καὶ πᾶν ὁτιοῦν πρὸ τοῦ δουλεῦσαι παθεῖν ᾑροῦντο) μάχη τε ἰσχυρὰ ἐγένετο, καὶ κρατηθέντες αὐτοὶ μὲν ἐνέδοσαν, καί τινες αὐτῶν καὶ διέφυγον, αἱ δὲ δὴ γυναῖκες τὰ παιδία ἁρπάσασαι αἱ μὲν ἐς πῦρ ἑαυτὰς ἐνέβαλον, αἱ δὲ ἐς ποταμὸν κατεκρήμνισαν. Καὶ οὕτω καὶ ἐκείνου τοῦ φρουρίου ἁλόντος, καὶ τἆλλα τὰ πλησία αὐτῷ ἐθελοντὶ τῷ Γερμανικῷ ὡμολόγησεν. Καὶ ὁ μὲν ταῦτα πράξας πρὸς τὸν Τιβέριον ἀνεχώρησεν, ὁ δὲ δὴ Ποστούμιος τὰ λοιπὰ προσκατειργάσατο.

[16] Κἀν τούτῳ καὶ ὁ Βάτων, Σκευᾶν τὸν υἱὸν πρὸς Τιβέριον πέμψας, παραδώσειν οἱ καὶ ἑαυτὸν καὶ τοὺς σὺν αὑτῷ πάντας ὑπέσχετο, ἂν τῆς ἀδείας τύχῃ. Καὶ μετὰ τοῦτο πίστιν λαβὼν νυκτός τε ἐς τὸ στρατόπεδον αὐτοῦ ἐσῆλθε, καὶ τῇ ὑστεραίᾳ ἐπὶ βήματος αὐτῷ καθημένῳ προσαχθεὶς ὑπὲρ μὲν ἑαυτοῦ οὐδὲν ἐδεήθη, ἀλλὰ καὶ τὴν κεφαλὴν προέτεινεν ὥστ' ἀποκοπῆναι, ὑπὲρ δὲ τῶν ἄλλων πολλὰ ἀπελογήσατο. Καὶ τέλος ἐρωτηθεὶς ὑπὸ τοῦ Τιβερίου « τί ὑμῖν ἔδοξε καὶ ἀποστῆναι καὶ ἐπὶ τοσοῦτον ἡμῖν χρόνον ἀντιπολεμῆσαι; » ἔφη ὅτι « ὑμεῖς τούτων αἴτιοί ἐστε· ἐπὶ γὰρ τὰς ἀγέλας ὑμῶν φύλακας οὐ κύνας οὐδὲ νομέας ἀλλὰ λύκους πέμπετε. » ὁ μὲν οὖν πόλεμος τοῦτο τὸ τέλος ἔσχε, πολλῶν μὲν καὶ ἀνδρῶν, πλείστων δὲ δὴ καὶ χρημάτων ἀπολομένων· πάμπολλά τε γὰρ ἐς αὐτὸν στρατόπεδα ἐτράφη καὶ λεία ἐλαχίστη ἑάλω.

[17] Ἀνήγγειλε δὲ καὶ τότε τὴν νίκην ὁ Γερμανικός, καὶ ἐπ' αὐτῇ τῷ μὲν Αὐγούστῳ καὶ τῷ Τιβερίῳ τό τε τὸ τοῦ αὐτοκράτορος ὄνομα προσθέσθαι καὶ τὸ τὰ ἐπινίκια πέμψαι, ἄλλαι τέ τινες τιμαὶ καὶ ἁψῖδες ἐν τῇ Παννονίᾳ τροπαιοφόροι δύο ἐδόθησαν (ταῦτα γὰρ ἀπὸ πολλῶν τῶν ψηφισθέντων σφίσιν ὁ Αὔγουστος ἐδέξατο), τῷ δὲ δὴ Γερμανικῷ αἵ τε νικητήριοι τιμαί, ὅπερ που καὶ τοῖς ἄλλοις στρατιάρχοις ὑπῆρξε, καὶ αἱ στρατηγικαί, τό τε τὴν γνώμην πρώτῳ μετὰ τοὺς ὑπατευκότας ἀποφαίνεσθαι, καὶ τὸ τὴν ὑπατείαν θᾶσσον παρὰ τὸ νενομισμένον λαβεῖν. Καὶ τῷ Δρούσῳ δὲ τῷ τοῦ Τιβερίου υἱεῖ, καίτοι μὴ μετασχόντι τοῦ πολέμου, καὶ ἐς τὸ συνέδριον συμφοιτᾶν πρὶν βουλεῦσαι, καὶ ἐπειδὰν ταμιεύσῃ γνώμην πρὸ τῶν ἐστρατηγηκότων ποιεῖσθαι, ἐψηφίσθη.

[18] Ἄρτι τε ταῦτα ἐδέδοκτο, καὶ ἀγγελία δεινὴ ἐκ τῆς Γερμανίας ἐλθοῦσα ἐκώλυσέ σφας διεορτάσαι. Ἐν γὰρ τῷ αὐτῷ ἐκείνῳ χρόνῳ καὶ ἐν τῇ Κελτικῇ τάδε συνηνέχθη. Εἶχόν τινα οἱ Ῥωμαῖοι αὐτῆς, οὐκ ἀθρόα ἀλλ' ὥς που καὶ ἔτυχε χειρωθέντα, διὸ οὐδὲ ἐς ἱστορίας μνήμην ἀφίκετο· καὶ στρατιῶταί τε αὐτῶν ἐκεῖ ἐχείμαζον καὶ πόλεις συνῳκίζοντο, ἔς τε τὸν κόσμον σφῶν οἱ βάρβαροι μετερρυθμίζοντο καὶ ἀγορὰς ἐνόμιζον συνόδους τε εἰρηνικὰς ἐποιοῦντο. Οὐ μέντοι καὶ τῶν πατρίων ἠθῶν τῶν τε συμφύτων τρόπων καὶ τῆς αὐτονόμου διαίτης τῆς τε ἐκ τῶν ὅπλων ἐξουσίας ἐκλελησμένοι ἦσαν. Καὶ διὰ τοῦτο, τέως μὲν κατὰ βραχὺ καὶ ὁδῷ τινι μετὰ φυλακῆς μετεμάνθανον αὐτά, οὔτε ἐβαρύνοντο τῇ τοῦ βίου μεταβολῇ καὶ ἐλάνθανόν σφας ἀλλοιούμενοι· ἐπεὶ δ' ὁ Οὐᾶρος ὁ Κυιντίλιος τήν τε ἡγεμονίαν τῆς Γερμανίας λαβὼν καὶ τὰ παρ' ἐκείνοις ἐκ τῆς ἀρχῆς διοικῶν ἔσπευσεν αὐτοὺς ἀθροώτερον μεταστῆσαι, καὶ τά τε ἄλλα ὡς καὶ δουλεύουσί σφισιν ἐπέταττε καὶ χρήματα ὡς καὶ παρ' ὑπηκόων ἐσέπρασσεν, οὐκ ἠνέσχοντο, ἀλλ' οἵ τε πρῶτοι τῆς πρόσθεν δυναστείας ἐφιέμενοι, καὶ τὰ πλήθη τὴν συνήθη κατάστασιν πρὸ τῆς ἀλλοφύλου δεσποτείας προτιμῶντες, ἐκ μὲν τοῦ φανεροῦ οὐκ ἀπέστησαν, πολλοὺς μὲν πρὸς τῷ Ῥήνῳ πολλοὺς δὲ καὶ ἐν τῇ σφετέρᾳ τῶν Ῥωμαίων ὁρῶντες ὄντας, δεξάμενοι δὲ τὸν Οὐᾶρον ὡς καὶ πάντα τὰ προστασσόμενά σφισι ποιήσοντες προήγαγον αὐτὸν πόρρω ἀπὸ τοῦ Ῥήνου ἔς τε τὴν Χερουσκίδα καὶ πρὸς τὸν Οὐίσουργον, κἀνταῦθα εἰρηνικώτατά τε καὶ φιλικώτατα διαγαγόντες πίστιν αὐτῷ παρέσχον ὡς καὶ ἄνευ στρατιωτῶν δουλεύειν δυνάμενοι.

[19] Οὔτ' οὖν τὰ στρατεύματα, ὥσπερ εἰκὸς ἦν ἐν πολεμίᾳ, συνεῖχε, καὶ ἀπ' αὐτῶν συχνοὺς αἰτοῦσι τοῖς ἀδυνάτοις ὡς καὶ ἐπὶ φυλακῇ χωρίων τινῶν ἢ καὶ λῃστῶν συλλήψεσι παραπομπαῖς τέ τισι τῶν ἐπιτηδείων διέδωκεν. Ἦσαν δὲ οἱ μάλιστα συνομόσαντες καὶ ἀρχηγοὶ τῆς τε ἐπιβουλῆς καὶ τοῦ πολέμου γενόμενοι ἄλλοι τε καὶ Ἀρμήνιος καὶ Σηγίμερος, συνόντες τε αὐτῷ ἀεὶ καὶ συνεστιώμενοι πολλάκις. Θαρσοῦντος οὖν αὐτοῦ, καὶ μήτε τι δεινὸν προσδεχομένου, καὶ πᾶσι τοῖς τό τε γιγνόμενον ὑποτοποῦσι καὶ φυλάττεσθαί οἱ παραινοῦσιν οὐχ ὅπως ἀπιστοῦντος ἀλλὰ καὶ ἐπιτιμῶντος ὡς μάτην αὐτοῖς τε ταραττομένοις καὶ ἐκείνους διαβάλλουσιν, ἐπανίστανταί τινες πρῶτοι τῶν ἄπωθεν αὐτοῦ οἰκούντων ἐκ παρασκευῆς, ὅπως ἐπ' αὐτοὺς ὁ Οὐᾶρος ὁρμήσας εὐαλωτότερός σφισιν ἐν τῇ πορείᾳ, ὡς καὶ διὰ φιλίας διιών, γένηται, μηδὲ ἐξαίφνης πάντων ἅμα πολεμωθέντων αὐτῷ φυλακήν τινα ἑαυτοῦ ποιήσηται. Καὶ ἔσχεν οὕτως· προέπεμψάν τε γὰρ αὐτὸν ἐξορμῶντα, καὶ παρέμενοι ὡς καὶ τὰ συμμαχικὰ παρασκευάσοντες καὶ διὰ ταχέων οἱ προσβοηθήσοντες τάς τε δυνάμεις ἐν ἑτοίμῳ που οὔσας παρέλαβον, καὶ ἀποκτείναντες τοὺς παρὰ σφίσιν ἕκαστοι στρατιώτας, οὓς πρότερον ᾐτήκεσαν, ἐπῆλθον αὐτῷ ἐν ὕλαις ἤδη δυσεκβάτοις ὄντι. Κἀνταῦθα ἅμα τε ἀνεφάνησαν πολέμιοι ἀνθ' ὑπηκόων ὄντες, καὶ πολλὰ καὶ δεινὰ εἰργάσαντο.

[20] Τά τε γὰρ ὄρη καὶ φαραγγώδη καὶ ἀνώμαλα καὶ τὰ δένδρα καὶ πυκνὰ καὶ ὑπερμήκη ἦν, ὥστε τοὺς Ῥωμαίους, καὶ πρὶν τοὺς πολεμίους σφίσι προσπεσεῖν, ἐκεῖνά τε τέμνοντας καὶ ὁδοποιοῦντας γεφυροῦντάς τε τὰ τούτου δεόμενα πονηθῆναι. Ἦγον δὲ καὶ ἁμάξας πολλὰς καὶ νωτοφόρα πολλὰ ὡς ἐν εἰρήνῃ· παῖδές τε οὐκ ὀλίγοι καὶ γυναῖκες ἥ τε ἄλλη θεραπεία συχνὴ αὐτοῖς συνείπετο, ὥστε καὶ κατὰ τοῦτ' ἐσκεδασμένῃ τῇ ὁδοιπορίᾳ χρῆσθαι. Κἀν τούτῳ καὶ ὑετὸς καὶ ἄνεμος πολὺς ἐπιγενόμενοι ἔτι καὶ μᾶλλόν σφας διέσπειραν· τό τε ἔδαφος ὀλισθηρὸν περί τε ταῖς ῥίζαις καὶ περὶ τοῖς στελέχεσι γενόμενον σφαλερώτατα αὐτοὺς βαδίζειν ἐποίει, καὶ τὰ ἄκρα τῶν δένδρων καταθραυόμενα καὶ καταπίπτοντα διετάρασσεν. Ἐν τοιαύτῃ οὖν δή τινι ἀμηχανίᾳ τότε τῶν Ῥωμαίων ὄντων, οἱ βάρβαροι πανταχόθεν ἅμα αὐτοὺς ἐξαπιναίως δι' αὐτῶν τῶν λοχμωδεστάτων, ἅτε καὶ ἔμπειροι τῶν τριμμῶν ὄντες, περιεστοιχίσαντο, καὶ τὸ μὲν πρῶτον πόρρωθεν ἔβαλλον, ἔπειτα δέ, ὡς ἠμύνετο μὲν οὐδεὶς ἐτιτρώσκοντο δὲ πολλοί, ὁμόσε αὐτοῖς ἐχώρησαν· οἷα γὰρ οὔτε ἐν τάξει τινὶ ἀλλὰ ἀναμὶξ ταῖς τε ἁμάξαις καὶ τοῖς ἀόπλοις πορευόμενοι, οὔτε συστραφῆναί πῃ ῥᾳδίως δυνάμενοι, ἐλάττους τε καθ' ἑκάστους τῶν ἀεὶ προσμιγνύντων σφίσιν ὄντες, ἔπασχον μὲν πολλά, ἀντέδρων δὲ οὐδέν.

[11] Pendant ce temps, Germanicus s'empara de Splanus, entre autres places de la Dalmatie, bien qu'elle fût naturellement forte, protégée par de bons remparts, et défendue par une nombreuse garnison. Aussi ni machines ni assauts n'en purent venir à bout, et sa prise ne fut due qu'à une heureuse circonstance que voici. Pusion, cavalier germain, ayant lancé une pierre contre le mur, ébranla tellement le parapet qu'il s'écroula aussitôt, entraînant dans sa chute un soldat qui s'y appuyait. Cet accident ayant frappé les autres de crainte, ils abandonnèrent ce mur, et coururent se réfugier dans la citadelle qu'ils livrèrent ensuite avec leurs propres personnes. De là, s'étant dirigés sur Rhétinum, les Romains n'y obtinrent pas le même succès. Les ennemis, en effet, pressés par le nombre et ne pouvant résister, mirent volontairement le feu à l'enceinte des remparts et aux édifices voisins, en prenant les plus grandes précautions pour qu'au lieu d'éclater sur-le-champ, il couvât pendant un certain temps. Cela fait, ils se retirèrent dans la citadelle : les Romains, sans soupçon du piège, se précipitèrent dans la place avec la persuasion qu'ils allaient tout enlever d'emblée, entrèrent dans le cercle de feu, et ne s'en aperçurent, tellement ils étaient attentifs à l'ennemi, que lorsqu'ils furent complètement enveloppés par les flammes. Alors ils se trouvèrent exposés aux derniers dangers, en butte aux traits qui leur étaient lancés d'en haut par la citadelle, dévorés par derrière par la flamme, ne pouvant ni se maintenir en sûreté dans leurs positions, ni s'échapper sans péril. S'ils se tenaient hors de la portée du trait, ils périssaient par le feu ; s'ils fuyaient la flamme, ils succombaient sous une grêle de traits ; il y en eut aussi qui, dans un défilé, furent victimes à la fois et du feu et de l'ennemi, blessés d'un côté, brûlés de l'autre. Tel fut le sort de la plupart de ceux qui entrèrent dans la place; quelques-uns, en petit nombre néanmoins, parvinrent à s'échapper en jetant dans les flammes des cadavres sur lesquels ils passèrent comme sur un pont. La violence du feu, en effet, fut si grande, que même ceux qui occupaient la citadelle n'y purent rester et qu'ils l'abandonnèrent, la nuit, pour se cacher dans des souterrains.

[12] Voilà ce qui se passa en cet endroit; mais Sérétium, que Tibère avait autrefois assiégée sans pouvoir la prendre, fut emportée, ce qui facilita la soumission de plusieurs autres places. Du reste, la résistance opiniâtre, la longueur de la guerre et surtout la famine qu'elle fit naître en Italie, déterminèrent Auguste à envoyer une seconde fois Tibère en Dalmatie. Celui-ci voyant les soldats impatientés par les délais et désireux de mettre fin à la guerre, même en courant des dangers, les partagea en trois corps, de peur que, s'ils étaient réunis en un seul, ils ne se laissassent aller à la sédition; confiant ensuite un de ces corps à Silvanus, un autre à M. Lépidus, il marcha contre Baton avec le troisième corps, accompagné de Germanicus. Silvanus et Lépidus n'eurent pas de peine à dompter leurs adversaires par des combats ; quant à Tibère, il dut courir, pour ainsi dire, tout le pays à la poursuite de Baton, qui se montrait tantôt ici, tantôt là, et qu'il finit par enfermer dans les murs d'Andérium, où il l'assiégea, non sans de grosses pertes. La place, en effet, était assise sur un rocher bien fortifié et de difficile accès, couverte par des fossés profonds où des fleuves roulaient en torrents ; tout ce qui était nécessaire y avait été, partie apporté à l'avance, partie descendu des montagnes, dont l'ennemi était le maître; bien plus, au moyen d'embuscades, ils interceptaient les convois des Romains, en sorte que Tibère, qui semblait l'assiégeant, éprouvait, en réalité, tous les maux des assiégés.

[13] Il se trouvait dans cet embarras et ne savait que résoudre (le siège n'amenait pas de résultats et le mettait en danger; d'un autre côté, la retraite lui paraissait une honte), lorsque la sédition éclata parmi les soldats, qui poussèrent des cris si grands et si confus que les ennemis campés au pied des remparts en furent effrayés et se retirèrent. Profitant de cette circonstance, Tibère, moitié colère, moitié joie, convoqua ses soldats, et entremêlant les réprimandes et les exhortations, sans rien hasarder par audace, mais sans reculer, se contenta de garder tranquillement ses positions, jusqu'au moment où Baton, désespérant de la victoire (tout était soumis à peu d'exceptions près, et il avait une armée inférieure en nombre à celle qui lui était alors opposée), envoya demander la paix, et, n'ayant pu décider les siens à traiter aussi, les abandonna. Il n'alla plus désormais au secours de personne, bien qu'il fût appelé par beaucoup de peuplades ; et Tibère, par suite de cela, plein de mépris pour les troupes restées dans l'intérieur des remparts, persuadé qu'il en viendrait à bout sans répandre de sang, ne s'inquiéta plus de la place et marcha sur la forteresse même. Comme il n'y avait pas de plaine en cet endroit, et que les ennemis ne descendaient pas, il se plaça sur une tribune dans un lieu où il était en vue, afin d'examiner ce qui se passait, d'augmenter l'ardeur de ses troupes et d'être à portée d'aller à leur secours en cas de besoin. Dans cette intention, il garda près de lui, ayant la supériorité numérique, une partie de son armée, tandis que le reste, à pas comptés, s'avança d'abord en carrés, puis la raideur et l'inégalité de la montagne (le terrain était, en plusieurs endroits, rempli de ravins et coupé de précipices) les obligèrent à se diviser, et ils parvinrent au sommet, les uns plus tôt, les autres plus tard.

[14] A cette vue, les Dalmates se rangèrent en bataille en dehors de leurs murailles, sur l'escarpement même de la montagne, et lancèrent avec des frondes ou firent rouler une grêle de pierres sur les Romains. Les uns envoyaient sur eux des roues, d'autres des chariots tout entiers remplis de fragments de rocs, d'autres des coffres ronds construits à la façon de leur pays et chargés de pierres. Tous ces projectiles, qui volaient emportés par une forte impulsion, multipliaient bien plus encore les brèches dans les rangs des Romains et les écrasaient, tandis qu'une partie des Dalmates en renversait un grand nombre à coups de flèches et de javelots. Les combattants, dans cette lutte, rivalisaient d'ardeur pour tâcher, les uns de gravir les sommets de la montagne et de s'en emparer, les autres pour repousser et pour culbuter leurs adversaires ; il y avait également rivalité d'ardeur entre les soldats qui, du haut du mur, étaient témoins de ces efforts, et ceux qui entouraient Tibère. De part et d'autre, on exhortait les siens, les encourageant quand ils avançaient, les réprimandant quand ils reculaient, et cela, tous ensemble et chacun en particulier : ceux qui surpassaient leurs compagnons par l'éclat de leur voix invoquaient, des deux côtés, les dieux à grands cris d'abord pour le salut même des combattants, puis pour jouir à l'avenir, ceux-ci de la liberté, ceux-là de la paix. C'eût été bien en vain que les Romains eussent subi tous ces dangers (ils avaient à lutter contre deux obstacles à la fois, la nature des lieux et la résistance de l'ennemi), si Tibère ne les eût empêchés de fuir par des secours réitérés et n'eût frappé les ennemis de terreur en faisant tourner les hauteurs par d'autres soldats qui s'en emparèrent. A la suite de cet échec, les Dalmates en déroute ne purent retourner dans leurs remparts et se dispersèrent dans les montagnes, en jetant leurs armes afin d'être plus lestes, tandis que les Romains, qui désiraient vivement terminer la guerre et ne voulaient pas laisser l'ennemi se rallier pour leur causer plus tard des embarras, se répandirent de tous côtés à leur poursuite, et, traquant la plupart d'entre eux dans les forêts où ils étaient cachés, les tuèrent comme des bêtes fauves, et reçurent ensuite à composition ceux qui étaient dans la place. Tibère leur régla, entre autres choses, toutes les conditions stipulées.

[15] Germanicus tourna ensuite ses efforts contre ceux des ennemis qui avaient encore les armes à la main ; car des transfuges, en grand nombre parmi eux, les empêchaient de traiter. Il s'empara de la place d'Arduba, mais il ne put toutefois le faire avec ses propres troupes, bien qu'elles fussent de beaucoup supérieures en nombre à celles de l'ennemi. La place, en effet, était très forte, et tout le canton, excepté un faible espace, était enveloppé par un fleuve rapide coulant au pied des remparts, et les transfuges, révoltés contre les habitants du pays, qui désiraient traiter, en vinrent aux mains avec eux; aidés par les femmes qui, à l'intérieur des murailles, malgré le sentiment de leurs maris, brûlaient de l'amour de la liberté et préféraient souffrir tout plutôt que l'esclavage, ils livrèrent un combat acharné; vaincus, ils finirent par céder, quelques-uns même d'entre eux prirent la fuite. Quant aux femmes, saisissant leurs enfants, les unes se jetèrent dans le feu, les autres se précipitèrent dans le fleuve. Arduba ainsi prise, les autres places voisines se rendirent d'elles-mêmes à Germanicus. Germanicus, après ces exploits, retourna auprès de Tibère, et ce fut Postumius qui acheva de soumettre le pays.

[16] Pendant ce temps, Baton envoya à Tibère son fils Scéva pour offrir sa soumission et celle de ses gens, si on lui accordait l'impunité. Quand il eu eut reçu l'assurance, il se rendit, la nuit, au camp de Tibère, et, le lendemain, amené devant le prince qui était assis sur son tribunal, au lieu de lui demander aucune grâce pour lui-même, il présenta sa propre tête à couper ; mais il s'étendit sur la justification de ses compagnons. A la fin, Tibère lui ayant demandé : « Quel motif vous a poussés à vous révolter et à nous faire si longtemps la guerre ?» il répondit : « C'est vous qui en êtes la cause; vous envoyez, pour garder vos troupeaux, non des chiens et des bergers, mais des loups. » Ainsi se termina la guerre, avec une grande perte d'hommes et d'argent : on avait entretenu de nombreuses légions et ramassé peu de butin.

[17] Germanicus vint encore alors apporter la nouvelle de cette victoire, et, à cette occasion, on décerna le nom d'imperator à Auguste et à Tibère, le triomphe et, entre autres honneurs, des arcs de triomphe en Pannonie (ce furent là, parmi les nombreuses distinctions décrétées, les seules qu'Auguste accepta); on accorda à Germanicus les ornements du triomphe, ce qui eut lieu également pour les autres généraux, et ceux de la préture, avec le privilége d'exprimer son avis le premier après les consulaires, d'être nommé consul avant l'âge légal. Drusus, fils de Tibère, bien que n'ayant pris aucune part à la guerre, eut le droit de venir au sénat avant d'être admis dans l'ordre sénatorial, et, après qu'il aurait été questeur, le droit de donner son avis avant les anciens préteurs.

[18] On venait de rendre ces sénatus-consultes, lorsqu'une nouvelle terrible, venue de la Germanie, empêcha la célébration des fêtes. Voici, en effet, ce qui s'était passé pendant ce temps-là dans la Celtique. Les Romains y possédaient quelques régions, non pas réunies, mais éparses selon le hasard de la conquête (c'est pour cette raison qu'il n'en est pas parlé dans l'histoire) ; des soldats y avaient leurs quartiers d'hiver, et y formaient des colonies ; les barbares avaient pris leurs usages, ils avaient des marchés réguliers et se mêlaient à eux dans des assemblées pacifiques. Ils n'avaient néanmoins perdu ni les habitudes de leur patrie, ni les mœurs qu'ils tenaient de la nature, ni le régime de la liberté, ni la puissance que donnent les armes. Aussi, tant qu'ils désapprirent tout cela petit à petit et, pour ainsi dire, en suivant la route avec précaution, ce changement de vie ne leur était pas pénible et ils ne s'apercevaient pas de cette transformation ; mais, lorsque Quintilius Varus, venant avec l'imperium prendre le gouvernement de la Germanie et administrer le pays, se hâta de faire des réformes trop nombreuses à la fois, qu'il leur commanda comme à des esclaves, et qu'il leva des contributions comme chez un peuple soumis, les Germains ne le supportèrent pas. Cependant, bien que les principaux chefs regrettassent leur puissance d'auparavant et que le peuple préférât son état habituel à la domination étrangère, ils ne se révoltèrent pas ouvertement, parce qu'ils voyaient les Romains en grand nombre, tant sur les bords du Rhin que dans leur propre pays : accueillant Varus, comme s'ils étaient décidés à exécuter tous ses ordres, ils l'attirèrent, loin du Rhin, dans le pays des Chérusques, près du Veser; là, par des manières toutes pacifiques et par les procédés d'une amitié fidèle, ils lui inspirèrent la confiance qu'il pouvait les tenir en esclavage, même sans le secours de ses soldats.

[19] Varus donc, au lieu d'avoir ses légions réunies, comme cela se doit faire en pays ennemi, les dispersa en nombreux détachements, sur la demande des habitants les plus faibles, sous prétexte de garder certaines places, de s'emparer de brigands ou de veiller à l'arrivée des convois de vivres. Les principaux conjurés, les chefs du complot et de la guerre, furent, entre autres, Arminius et Sigimère, qui avaient avec Varus des rapports continuels et souvent partageaient sa table. Cependant, tandis que Varus est plein de confiance, et que, loin de s'attendre à aucun malheur, il refuse d'ajouter foi à aucun de ceux qui soupçonnent ce qui se passe et l'avertissent de se tenir sur ses gardes, que même il les repousse comme des gens qui s'alarment sans sujet et calomnient les Germains, quelques-unes des peuplades lointaines se soulèvent à dessein les premières, afin qu'en se dirigeant contre elles, il soit plus aisé à surprendre dans sa marche à travers un pays qu'il croit ami, et que, la guerre n'éclatant pas sur tous les points à la fois, il ne se tienne pas sur ses gardes. C'est ce qui arriva. Ils l'accompagnèrent à son départ et ne le suivirent pas dans sa marche, sous prétexte de lui procurer des auxiliaires et d'aller promptement à son secours. Ils se réunirent aux troupes qu'ils avaient disposées dans un lieu favorable, et, massacrant chacun les soldats qu'ils avaient eux-mêmes auparavant appelés chez eux, ils rejoignirent Varus déjà engagé dans des forêts inextricables. Là, ils se déclarèrent tout à coup ennemis au lieu de sujets, et se livrèrent à un grand nombre d'actes affreux.

[20] Les montagnes étaient coupées de vallées nombreuses et inégales, les arbres étaient tellement serrés et d'une hauteur tellement prodigieuse, que les Romains. même avant l'attaque des ennemis, étaient fatigués de les couper, d'y ouvrir des routes et de les employer à construire des ponts partout où il en était besoin. Ils menaient avec eux un grand nombre de chariots et de bêtes de somme, comme en pleine paix ; ils étaient suivis d'une foule d'enfants et de femmes, ainsi que de toute la multitude ordinaire des valets d'armée : aussi marchaient-ils sans ordre. Une pluie et un grand vent, qui survinrent dans ce même temps, les dispersèrent davantage encore; le sol, devenu glissant auprès des racines et auprès des troncs, rendait les pas mal assurés ; la cime des arbres, se brisant et se renversant, jeta la confusion parmi eux. Ce fut au milieu d'un tel embarras que les barbares, grâce à leur connaissance des sentiers, fondant subitement de toute part sur les Romains à travers les fourrés, les enveloppèrent : ils les attaquèrent d'abord de loin à coup de traits, puis, comme personne ne se défendait et qu'il y en avait un grand nombre de blessés, ils avancèrent plus près ; les Romains, en effet, marchant sans aucun ordre, pêle-mêle avec les chariots et les hommes sans armes et ne pouvant se rallier aisément, étant d'ailleurs moins nombreux que les ennemis qui les attaquaient, éprouvaient des maux innombrables sans en rendre. 1

[21] Αὐτοῦ τε οὖν ἐστρατοπεδεύσαντο, χωρίου τινὸς ἐπιτηδείου, ὥς γε ἐν ὄρει ὑλώδει ἐνεδέχετο, λαβόμενοι, καὶ μετὰ τοῦτο τάς τε πλείους ἁμάξας καὶ τἆλλα τὰ μὴ πάνυ σφίσιν ἀναγκαῖα τὰ μὲν κατακαύσαντες τὰ δὲ καὶ καταλιπόντες, συντεταγμένοι μέν πῃ μᾶλλον τῇ ὑστεραίᾳ ἐπορεύθησαν, ὥστε καὶ ἐς ψιλόν τι χωρίον προχωρῆσαι, οὐ μέντοι καὶ ἀναιμωτὶ ἀπήλλαξαν. Ἐντεῦθεν δὲ ἄραντες ἔς τε ὕλας αὖθις ἐσέπεσον, καὶ ἠμύνοντο μὲν πρὸς τοὺς προσπίπτοντάς σφισιν, οὐκ ἐλάχιστα δὲ δὴ κατ' αὐτὸ τοῦτο ἔπταιον· συστρεφόμενοι γὰρ ἐν στενοχωρίᾳ, ὅπως ἀθρόοι ἱππῆς τε ὁμοῦ καὶ ὁπλῖται ἐπιτρέχωσιν αὐτοῖς, πολλὰ μὲν περὶ ἀλλήλοις πολλὰ δὲ καὶ περὶ τοῖς δένδροις ἐσφάλλοντο. Τετάρτη τε ἡμέρα πορευομένοις σφίσιν ἐγένετο, καὶ αὐτοῖς ὑετός τε αὖθις λάβρος καὶ ἄνεμος μέγας προσπεσὼν οὔτε ποι προϊέναι οὔθ' ἵστασθαι παγίως ἐπέτρεπεν, ἀλλὰ καὶ τὴν χρῆσίν σφας τῶν ὅπλων ἀφείλετο· οὔτε γὰρ τοῖς τοξεύμασιν οὔτε τοῖς ἀκοντίοις, ἢ ταῖς γε ἀσπίσιν ἅτε καὶ διαβρόχοις οὔσαις, καλῶς χρῆσθαι ἐδύναντο. Τοῖς γὰρ πολεμίοις, ψιλοῖς τε τὸ πλεῖστον οὖσι καὶ τὴν ἐξουσίαν καὶ τῆς ἐφόδου καὶ τῆς ἀναχωρήσεως ἀδεᾶ ἔχουσιν, ἧττόν που ταῦτα συνέβαινε. Πρὸς δ' ἔτι αὐτοί τε πολὺ πλείους γεγονότες (καὶ γὰρ τῶν ἄλλων τῶν πρότερον περισκοπούντων συχνοὶ ἄλλως τε καὶ ἐπὶ τῇ λείᾳ συνῆλθον) καὶ ἐκείνους ἐλάττους ἤδη ὄντας (πολλοὶ γὰρ ἐν ταῖς πρὶν μάχαις ἀπωλώλεσαν) καὶ ἐκυκλοῦντο ῥᾷον καὶ κατεφόνευον, ὥστε καὶ τὸν Οὐᾶρον καὶ τοὺς ἄλλους τοὺς λογιμωτάτους, φοβηθέντας μὴ ἤτοι ζωγρηθῶσιν ἢ καὶ πρὸς τῶν ἐχθίστων ἀποθάνωσι (καὶ γὰρ τετρωμένοι ἦσαν), ἔργον δεινὸν μὲν ἀναγκαῖον δὲ τολμῆσαι· αὐτοὶ γὰρ ἑαυτοὺς ἀπέκτειναν.

[22] Ὡς δὲ τοῦτο διηγγέλθη, οὐδὲ τῶν ἄλλων οὐδεὶς ἔτι, εἰ καὶ ἔρρωτό τις, ἠμύνατο, ἀλλ' οἱ μὲν τὸν ἄρχοντά σφων ἐμιμήσαντο, οἱ δὲ καὶ τὰ ὅπλα παρέντες ἐπέτρεπόν σφας τῷ βουλομένῳ φονεύειν· φυγεῖν γὰρ οὐδ' εἰ τὰ μάλιστά τις ἤθελεν ἐδύνατο. Ἐκόπτετό τε οὖν ἀδεῶς πᾶς καὶ ἀνὴρ καὶ ἵππος, καὶ τά τε ... καὶ τὰ ἐρύματα πάντα κατέσχον οἱ βάρβαροι ἄτερ ἑνός, περὶ ὃ ἀσχοληθέντες οὔτε τὸν Ῥῆνον διέβησαν οὔτ' ἐς τὴν Γαλατίαν εἰσέβαλον. Ἀλλ' οὐδ' ἐκεῖνο χειρώσασθαι ἠδυνήθησαν, ἐπεὶ μήτε πολιορκεῖν ἠπίσταντο καὶ τοξόταις οἱ Ῥωμαῖοι συχνοῖς ἐχρῶντο, ἐξ ὧν καὶ ἀνεκόπτοντο καὶ πλεῖστοι ἀπώλλυντο. μετὰ δὲ τοῦτο πυθόμενοι φυλακὴν τοῦ Ῥήνου τοὺς Ῥωμαίους ποιήσασθαι καὶ τὸν Τιβέριον σὺν βαρεῖ προσελαύνειν στρατεύματι, οἱ μὲν πολλοὶ ἀπανέστησαν τοῦ ἐρύματος, οἱ δ' ὑπολειφθέντες ἀποστάντες αὐτοῦ, ὥστε μὴ αἰφνιδίοις ἐπεξελεύσεσι τῶν ἐντὸς κακοῦσθαι, τὰς ὁδοὺς ἐτήρουν, σπάνει σιτίων αἱρήσειν ἠλπικότες αὐτούς. Οἱ δ' ἐντὸς ὄντες Ῥωμαῖοι ἕως μὲν εὐπόρουν τροφῆς, κατὰ χώραν ἔμενον βοήθειαν προσδεχόμενοι· ὡς δ' οὔτε τις ἐπεκούρει αὐτοῖς καὶ λιμῷ συνείχοντο, ἐξῆλθον νύκτα τηρήσαντες χειμέριον (ἦσαν δὲ στρατιῶται μὲν ὀλίγοι, ἄοπλοι δὲ πολλοί), καὶ τὸ μὲν πρῶτον τό τε δεύτερόν σφων φυλακτήριον παρῆλθον, ἐπεὶ δὲ πρὸς τῷ τρίτῳ ἐγένοντο, ἐφωράθησαν, τῶν τε γυναικῶν καὶ τῶν παίδων συνεχῶς τοὺς ἐν τῇ ἡλικίᾳ διά τε τὸν κάματον καὶ διὰ τὸν φόβον τό τε σκότος καὶ τὸ ψῦχος ἀνακαλούντων. Κἂν πάντες ἀπώλοντο ἢ καὶ ἑάλωσαν, εἰ μὴ οἱ βάρβαροι περὶ τὴν τῆς λείας ἁρπαγὴν ἄσχολοι ἐγένοντο. Οὕτω γὰρ οἵ τε ἐρρωμενέστατοι πολὺ ἀπέσπασαν, καὶ οἱ σαλπικταὶ οἱ σὺν αὐτοῖς ὄντες τροχαῖόν τι συμβοήσαντες δόξαν τοῖς ἐναντίοις ὡς καὶ παρὰ τοῦ Ἀσπρήνου πεπεμμένοι παρέσχον. Κἀκ τούτου ἐκεῖνοί τε ἐπέσχον τῆς διώξεως, καὶ ὁ Ἀσπρήνας μαθὼν τὸ γιγνόμενον ὄντως σφίσιν ἐπεκούρησε. καί τινες μετὰ τοῦτο καὶ τῶν ἑαλωκότων ἀνεκομίσθησαν, λυτρωθέντες ὑπὸ τῶν οἰκείων· ἐπετράπη γάρ σφισι τοῦτο ποιῆσαι ἐφ' ᾧ τε ἔξω τῆς Ἰταλίας αὐτοὺς εἶναι. Τοῦτο μὲν ὕστερον ἐγένετο·

[23] Τότε δὲ μαθὼν ὁ Αὔγουστος τὰ τῷ Οὐάρῳ συμβεβηκότα τήν τε ἐσθῆτα, ὥς τινές φασι, περιερρήξατο, καὶ πένθος μέγα ἐπί τε τοῖς ἀπολωλόσι καὶ ἐπὶ τῷ περί τε τῶν Γερμανιῶν καὶ περὶ τῶν Γαλατιῶν δέει ἐποιήσατο, τό τε μέγιστον ὅτι καὶ ἐπὶ τὴν Ἰταλίαν τήν τε Ῥώμην αὐτὴν ὁρμήσειν σφᾶς προσεδόκησε, καὶ οὔτε πολιτική οἱ ἡλικία ἀξιόλογος ὑπελέλειπτο, καὶ τὰ συμμαχικά, ὧν τι καὶ ὄφελος ἦν, ἐκεκάκωτο. Ὅμως δ' οὖν τά τε ἄλλα ὡς ἐκ τῶν παρόντων παρεσκευάσατο, καὶ ἐπειδὴ μηδεὶς τῶν τὴν στρατεύσιμον ἡλικίαν ἐχόντων καταλεχθῆναι ἠθέλησεν, ἐκλήρωσεν αὐτούς, καὶ τῶν μὲν μηδέπω πέντε καὶ τριάκοντα ἔτη γεγονότων τὸν πέμπτον, τῶν δὲ πρεσβυτέρων τὸν δέκατον ἀεὶ λαχόντα τήν τε οὐσίαν ἀφείλετο καὶ ἠτίμωσε. Καὶ τέλος, ὡς καὶ πάνυ πολλοὶ οὐδ' οὕτω τι αὐτοῦ προετίμων, ἀπέκτεινέ τινας. Ἀποκληρώσας δὲ ἔκ τε τῶν ἐστρατευμένων ἤδη καὶ ἐκ τῶν ἐξελευθέρων ὅσους ἠδυνήθη, κατέλεξε, καὶ εὐθὺς σπουδῇ μετὰ τοῦ Τιβερίου ἐς τὴν Γερμανίαν ἔπεμψεν. Ἐπειδή τε συχνοὶ ἐν τῇ Ῥώμῃ καὶ Γαλάται καὶ Κελτοί, οἱ μὲν ἄλλως ἐπιδημοῦντες οἱ δὲ καὶ ἐν τῷ δορυφορικῷ στρατευόμενοι, ἦσαν, ἐφοβήθη μή τι νεοχμώσωσι, καὶ τούτους μὲν ἐς νήσους τινὰς ἀπέστειλε, τοῖς δ' ἀόπλοις ἐκχωρῆσαι τῆς πόλεως προσέταξε.

[24] Τότε μὲν ταῦτ' ἔπραξε, καὶ οὔτ' ἄλλο τι τῶν νομιζομένων ἐγένετο οὔθ' αἱ πανηγύρεις ἑωρτάσθησαν· μετὰ δὲ τοῦτο ἀκούσας ὅτι τῶν τε στρατιωτῶν τινες ἐσώθησαν καὶ αἱ Γερμανίαι ἐφρουρήθησαν, τό τε πολέμιον οὐδὲ ἐπὶ τὸν Ῥῆνον ἐλθεῖν ἐτόλμησε, τῆς τε ταραχῆς ἀπηλλάγη καὶ διαγνώμην ἐποιήσατο. Τό τε γὰρ πάθος οὐκ ἄνευ δαιμονίου τινὸς ὀργῆς καὶ μέγα οὕτω καὶ ἀθρόον ἐδόκει οἱ γεγονέναι· καὶ προσέτι καὶ ὑπὸ τῶν τεράτων τῶν πρό τε τῆς ἥττης καὶ μετὰ ταῦτα συμβάντων δεινὴν ὑποψίαν ἐς τὸ θεῖον ἔσχεν. Ὅ τε γὰρ τοῦ Ἄρεως ναὸς ὁ ἐν τῷ πεδίῳ αὐτοῦ ὢν ἐκεραυνώθη, καὶ ἀττέλεβοι πολλοὶ ἐς αὐτὸ τὸ ἄστυ πετόμενοι ὑπὸ χελιδόνων ἀνηλώθησαν, αἵ τε κορυφαὶ τῶν Ἄλπεων συμπεπτωκέναι τε ἐς ἀλλήλας καὶ κίονας τρεῖς πυροειδεῖς ἀνεικέναι ἔδοξαν, καὶ ὁ οὐρανὸς φλεγομένῳ πολλαχῇ ἐῴκει, ἀστέρες τε κομῆται συχνοὶ ἅμα κατεφαίνοντο, καὶ δόρατα ἀπ' ἄρκτου φερόμενα πρὸς τὰ τῶν Ῥωμαίων στρατόπεδα προσπίπτειν ἐδόκει, μέλισσαί τε περὶ τοὺς βωμοὺς αὐτῶν κηρία ἀνέπλασσον, καὶ Νίκης τι ἄγαλμα ἔν τε τῇ Γερμανίᾳ ὂν καὶ πρὸς τὴν πολεμίαν βλέπον πρὸς τὴν Ἰταλίαν μετεστράφη· καί ποτε καὶ περὶ τοὺς ἀετοὺς τοὺς ἐν τοῖς στρατοπέδοις, ὡς καὶ τῶν βαρβάρων ἐπ' αὐτοὺς ἐσπεπτωκότων, μάχη καὶ ἀγωνισμὸς τῶν στρατιωτῶν διὰ κενῆς ἐγένετο.

[25] Τούτων τε οὖν ἕνεκα καὶ ὅτι καὶ .... ... μετὰ τὴν στρατηγίαν ἔχων. Τῷ δὲ δευτέρῳ τά τε ἄλλα τὰ προειρημένα ἐγένετο, καὶ τὸ Ὁμονόειον ὑπὸ τοῦ Τιβερίου καθιερώθη, καὶ αὐτῷ τό τε ἐκείνου ὄνομα καὶ τὸ τοῦ Δρούσου τοῦ ἀδελφοῦ αὐτοῦ καὶ τεθνηκότος ἐπεγράφη. Μάρκου δὲ Αἰμιλίου μετὰ Στατιλίου Ταύρου ὑπατεύσαντος, Τιβέριος μὲν καὶ Γερμανικὸς ἀντὶ ὑπάτου ἄρχων ἔς τε τὴν Κελτικὴν ἐσέβαλον καὶ κατέδραμόν τινα αὐτῆς, οὐ μέντοι οὔτε μάχῃ τινὶ ἐνίκησαν (ἐς γὰρ χεῖρας οὐδεὶς αὐτοῖς ᾔει) οὔτε ἔθνος τι ὑπηγάγοντο· δεδιότες γὰρ μὴ καὶ συμφορᾷ αὖθις περιπέσωσιν, οὐ πάνυ πόρρω τοῦ Ῥήνου προῆλθον, ἀλλὰ αὐτοῦ που μέχρι τοῦ μετοπώρου μείναντες καὶ τὰ τοῦ Αὐγούστου γενέθλια ἑορτάσαντες καί τινα ἱπποδρομίαν ἐν αὐτοῖς διὰ τῶν ἑκατοντάρχων ποιήσαντες ἐπανῆλθον. Ἐν δὲ δὴ τῇ Ῥώμῃ Δροῦσός τε Καῖσαρ ὁ τοῦ Τιβερίου παῖς ἐταμίευσε, καὶ στρατηγοὶ ἑκκαίδεκα ἦρξαν, ἐπειδὴ τοσοῦτοί τε τῆς ἀρχῆς ἀντεποιήσαντο καὶ οὐδένα αὐτῶν λυπῆσαι ὁ Αὔγουστος, οἷα ἐν τοιούτοις ὤν, ἠθέλησεν· οὐ μὴν καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς ἐφεξῆς ἔτεσι ταὐτὸν ἐγένετο, ἀλλ' οἱ δώδεκα ἐπὶ πολὺ κατέστησαν. Τότε δ' οὖν ταῦτά τε οὕτως ἐπράχθη, καὶ τοῖς μάντεσιν ἀπηγορεύθη μήτε κατὰ μόνας τινὶ μήτε περὶ θανάτου, μηδ' ἂν ἄλλοι συμπαρῶσίν οἱ, χρᾶν· καίτοι οὕτως οὐδὲν τῷ Αὐγούστῳ τῶν καθ' ἑαυτὸν ἔμελεν ὥστε ἐκ προγραφῆς πᾶσι τὴν τῶν ἀστέρων διάταξιν, ὑφ' ὧν ἐγεγέννητο, φανερῶσαι. Οὐ μὴν ἀλλ' ἐκεῖνό τε ἀπεῖπε, καὶ τῷ ὑπηκόῳ προσπαρήγγειλε μηδενὶ τῶν προστασσομένων αὐτοῖς ἀρχόντων μήτε ἐν τῷ τῆς ἀρχῆς χρόνῳ μήτε ἐντὸς ἑξήκοντα ἡμερῶν μετὰ τὸ ἀπαλλαγῆναί σφας τιμήν τινα διδόναι, ὅτι τινὲς μαρτυρίας παρ' αὐτῶν καὶ ἐπαίνους προπαρασκευαζόμενοι πολλὰ διὰ τούτου ἐκακούργουν. Ταῖς τε πρεσβείαις τρεῖς καὶ τότε βουλευταὶ ἐχρημάτισαν, καὶ τοῖς ἱππεῦσιν, ὃ καὶ θαυμάσειεν ἄν τις, μονομαχεῖν ἐπετράπη. Αἴτιον δὲ ὅτι ἐν ὀλιγωρίᾳ τινὲς τὴν ἀτιμίαν τὴν ἐπ' αὐτῷ ἐπικειμένην ἐποιοῦντο. Ἐπεὶ γὰρ μήτ' ὄφελός τι τῆς ἀπορρήσεως ἐγίγνετο καὶ τιμωρίας μείζονος ἄξιοι εἶναι ἐδόκουν, ἢ καὶ ἀποτραπήσεσθαι ἐνομίσθησαν, συνεχωρήθη σφίσι τοῦτο ποιεῖν. Καὶ οὕτως ἀντὶ τῆς ἀτιμίας θάνατον ὠφλίσκανον· οὐδὲν γὰρ ἧττον ἐμονομάχουν, καὶ μάλισθ' ὅτι δεινῶς οἱ ἀγῶνες αὐτῶν ἐσπουδάζοντο, ὥστε καὶ τὸν Αὔγουστον τοῖς στρατηγοῖς τοῖς ἀγωνοθετοῦσί σφας συνθεᾶσθαι.

[26] Γερμανικὸς δὲ μετὰ τοῦτο τὴν ὕπατον ἀρχὴν μηδὲ στρατηγήσας ἐδέξατο, καὶ δι' ὅλου αὐτὴν τοῦ ἔτους, οὐ πρὸς τὴν ἀξίωσιν ἀλλ' ὥς που καὶ ἄλλοι τινὲς ἔτι καὶ τότε ἦρχον, ἔσχε. Καὶ αὐτὸς μὲν οὐδὲν ἄξιον μνήμης ἔπραξε, πλὴν ὅτι καὶ τότε ὑπερεδίκησεν, ἐπεί γε ὁ συνάρχων αὐτοῦ Γάιος Καπίτων καὶ πάνυ τὴν ἄλλως ἠριθμεῖτο· ὁ δὲ δὴ Αὔγουστος ἐκεῖνόν τε ὡς καὶ ἐπὶ γήρως ὢν τῇ βουλῇ καὶ ταύτην τῷ Τιβερίῳ παρακατέθετο. Ἀνέγνω δὲ τὸ βιβλίον οὐκ αὐτός (οὐ γὰρ οἷός τε ἦν γεγωνίσκειν) ἀλλ' ὁ Γερμανικός, ὥσπερ εἰώθει. Καὶ μετὰ τοῦτ' ᾐτήσατο παρ' αὐτῶν, ἐπὶ τῇ τοῦ Κελτικοῦ πολέμου προφάσει, μήτ' οἴκοι αὐτὸν ἀσπάζεσθαι μήτ' ἀγανακτεῖν εἰ μηκέτι συσσιτοίη σφίσι· τὸ μὲν γὰρ πλεῖστον, ἄλλως τε καὶ ὁσάκις ἕδρα αὐτῶν ἐγίγνετο, ἔν τε τῇ ἀγορᾷ καὶ ἐν αὐτῷ γε ἔστιν ὅτε τῷ συνεδρίῳ καὶ ἐσιόντα αὐτὸν καὶ ἀπιόντα αὖθις ἠσπάζοντο, ἤδη δὲ καὶ ἐν τῷ παλατίῳ, καὶ καθήμενόν γε, ἔστι δ' ὅτε καὶ κατακείμενον, οὐχ ὅτι ἡ γερουσία ἀλλὰ καὶ οἱ ἱππῆς τοῦ τε δήμου πολλοί.

[27] Οὐ μέντοι καὶ τἆλλα ἧττόν τι παρὰ τοῦτο διῴκει, ἀλλὰ καὶ τοῖς ἱππεῦσι δημαρχίαν αἰτῆσαι ἐπέτρεψε, καὶ μαθὼν ὅτι βιβλία ἄττα ἐφ' ὕβρει τινῶν συγγράφοιτο, ζήτησιν αὐτῶν ἐποιήσατο, καὶ ἐκεῖνά τε, τὰ μὲν ἐν τῇ πόλει εὑρεθέντα πρὸς τῶν ἀγορανόμων τὰ δὲ ἔξω πρὸς τῶν ἑκασταχόθι ἀρχόντων, κατέφλεξε, καὶ τῶν συνθέντων αὐτὰ ἐκόλασέ τινας. Ἐπειδή τε συχνοὶ φυγάδες οἱ μὲν ἔξω τῶν τόπων ἐς οὓς ἐξωρίσθησαν τὰς διατριβὰς ἐποιοῦντο, οἱ δὲ καὶ ἐν αὐτοῖς ἐκείνοις ἁβρότερον διῆγον, ἀπηγόρευσε μηδένα πυρὸς καὶ ὕδατος εἰρχθέντα μήτε ἐν ἠπείρῳ διατρίβειν μήτε ἐν νήσῳ τῶν ὅσαι ἔλαττον τετρακοσίων ἀπὸ τῆς ἠπείρου σταδίων ἀπέχουσι, πλὴν Κῶ τε καὶ Ῥόδου Σάμου τε καὶ Λέσβου· ταύτας γὰρ οὐκ οἶδ' ὅπως μόνας ὑπεξείλετο. Ἐκεῖνά τε οὖν αὐτοῖς προσέταξε, καὶ τὸ μήτε περαιοῦσθαί ποι ἄλλοσε, μήτε πλοῖα πλείω φορτικοῦ τε ἑνὸς χιλιοφόρου καὶ κωπήρων δύο κεκτῆσθαι, μήτε δούλοις ἢ καὶ ἀπελευθέροις ὑπὲρ εἴκοσι χρῆσθαι, μήτ' οὐσίαν ὑπὲρ δώδεκα καὶ ἡμίσειαν μυριάδα ἔχειν, τιμωρηθήσεσθαι καὶ αὐτοὺς ἐκείνους καὶ τοὺς ἄλλους τούς τι παρὰ ταῦτα συμπράξαντάς σφισιν ἐπαπειλήσας. Ταῦτά τε οὕτως, ὅσα γε καὶ ἐς ἱστορίαν ἀναγκαῖά ἐστι, διενομοθετήθη, καὶ πανήγυρις ἔξω τῶν νενομισμένων ὑπό τε τῶν ὀρχηστῶν καὶ ὑπὸ τῶν ἱπποτρόφων ἐποιήθη. Τά τε Ἄρεια τότε μέν, ἐπειδὴ ὁ Τίβερις τὸν ἱππόδρομον προκατέσχεν, ἐν τῇ τοῦ Αὐγούστου ἀγορᾷ καὶ ἵππων δρόμῳ τρόπον τινὰ καὶ θηρίων σφαγῇ ἐτιμήθη, αὖθις δὲ ὥσπερ εἴθιστο ἐγένετο, καὶ λέοντάς γε ἐς αὐτὰ ἐν τῷ ἱπποδρόμῳ διακοσίους ὁ {τε} Γερμανικὸς ἀπέκτεινεν. Ἥ τε στοὰ ἡ Ἰουλία καλουμένη ᾠκοδομήθη τε ἐς τιμὴν τοῦ τε Γαΐου καὶ τοῦ Λουκίου τῶν Καισάρων, καὶ τότε καθιερώθη.

[28] Λουκίου δὲ δὴ Μουνατίου καὶ Γαΐου Σιλίου ἐς τοὺς ὑπατεύοντας ἐσγραφέντων, τήν τε προστασίαν τῶν κοινῶν τὴν δεκέτιν τὴν πέμπτην ἄκων δὴ ὁ Αὔγουστος ἔλαβε, καὶ τῷ Τιβερίῳ τὴν ἐξουσίαν τὴν δημαρχικὴν αὖθις ἔδωκε, τῷ τε Δρούσῳ τῷ υἱεῖ αὐτοῦ ὑπατείαν ἐς ἔτος τρίτον, καὶ πρὶν στρατηγῆσαι, αἰτῆσαι ἐπέτρεψε. Καὶ συμβούλους ὑπὸ τοῦ γήρως, ὑφ' οὗπερ οὐδ' ἐς τὸ βουλευτήριον ἔτι πλὴν σπανιώτατα συνεφοίτα, εἴκοσιν ἐτησίους ᾐτήσατο· πρότερον γὰρ καθ' ἕκμηνον πεντεκαίδεκα προσετίθετο. Καὶ προσεψηφίσθη, πάνθ' ὅσα ἂν αὐτῷ μετά τε τοῦ Τιβερίου καὶ μετ' ἐκείνων τῶν τε ἀεὶ ὑπατευόντων καὶ τῶν ἐς τοῦτο ἀποδεδειγμένων, τῶν τε ἐγγόνων αὐτοῦ τῶν ποιητῶν δῆλον ὅτι, τῶν τε ἄλλων ὅσους ἂν ἑκάστοτε προσπαραλάβῃ, βουλευομένῳ δόξῃ, κύρια ὡς καὶ πάσῃ τῇ γερουσίᾳ ἀρέσαντα εἶναι. Τοῦτ' οὖν ἐκ τοῦ δόγματος, ὅπερ που καὶ ἄλλως τῷ γε ἔργῳ εἶχε, προσθέμενος, οὕτω τὰ πλείω καὶ κατακείμενος ἔστιν ὅτε ἐχρημάτιζεν. Ἐπεί τε ἐπὶ τῇ εἰκοστῇ πάντες ὡς εἰπεῖν ἐβαρύνοντο καὶ ἐδόκει τι νεώτερον ἔσεσθαι, ἔπεμψε βιβλίον ἐς τὴν βουλήν, κελεύων ἄλλους τινὰς αὐτὴν πόρους ἐπιζητῆσαι. Τοῦτο δὲ οὐχ ὡς καὶ ἐκεῖνο τὸ τέλος καταλύσων ἐποίησεν, ἀλλ' ἵνα μηδενὸς ἄλλου αἱρετωτέρου σφίσι φανέντος καὶ ἄκοντες αὐτὸ ἄνευ τῆς ἑαυτοῦ διαβολῆς βεβαιώσωσι. Καὶ ὅπως γε μὴ τοῦ Γερμανικοῦ τοῦ τε Δρούσου γνώμην τινὰ εἰπόντων ὑποτοπήσωσί τε ἐκ τῆς αὐτοῦ ἐντολῆς τοῦτο γεγονέναι καὶ ἀνεξέταστον αὐτὴν ἕλωνται, προσέταξε μηδέτερον αὐτῶν μηδὲν εἰπεῖν. Καὶ ἐλέχθη μὲν πολλά, καί τινα καὶ διὰ βιβλίων τῷ Αὐγούστῳ ἐδηλώθη· καταμαθὼν δὲ ἐξ αὐτῶν πάντα μᾶλλον ἢ ἐκεῖνο ἑτοίμους σφᾶς ὑπομεῖναι ὄντας, ἐπί τε τοὺς ἀγροὺς καὶ ἐπὶ τὰς οἰκίας τὴν συντέλειαν ἤγαγε, καὶ παραχρῆμα μηδὲν εἰπών, μήθ' ὅσον μήθ' ὅπως αὐτὸ δώσουσιν, ἔπεμψεν ἄλλους ἄλλῃ τά τε τῶν ἰδιωτῶν καὶ τὰ τῶν πόλεων κτήματα ἀπογραψομένους, ἵν' ὡς καὶ μειζόνως ζημιωθησόμενοι δείσωσι καὶ τὴν εἰκοστὴν τελεῖν ἀνθέλωνται. Ὃ καὶ ἐγένετο. Καὶ ταῦτα μὲν ὧδέ πῃ τῷ Αὐγούστῳ διῳκεῖτο·

[29] Ἱπποδρομίας δὲ τελουμένης ἐν τῇ τῶν Αὐγουσταλίων θέᾳ, ἥτις ἐπὶ τοῖς αὐτοῦ γενεθλίοις ἐγίγνετο, ἀνήρ τις ἐμμανὴς ἔς τε τὸν δίφρον τὸν τῷ Καίσαρι τῷ Ἰουλίῳ κείμενον ἐνιδρύθη καὶ τὸν στέφανον αὐτοῦ λαβὼν περιέθετο. Ὃ πάντας ἐτάραξεν, καὶ γὰρ ἐδόκει ἐς τὸν Αὔγουστόν τι σημαίνεσθαι. Ὅπερ καὶ ἀληθὲς ἦν· τῷ γὰρ ἐχομένῳ ἔτει, ἐν ᾧ Σέξτος τε Ἀπουλέιος καὶ Σέξτος Πομπήιος ὑπάτευσαν, ἐξωρμήθη τε ἐς τὴν Καμπανίαν ὁ Αὔγουστος, καὶ τὸν ἀγῶνα τὸν ἐν τῇ Νέᾳ πόλει διαθεὶς ἔπειτα ἐν Νώλῃ μετήλλαξε. Τέρατα δὲ ἄρα ἐς τοῦτο αὐτῷ φέροντα οὔτε ἐλάχιστα οὔτε δυσσύμβλητα ἐγεγένητο· ὅ τε γὰρ ἥλιος ἅπας ἐξέλιπε, καὶ τοῦ οὐρανοῦ τὸ πολὺ καίεσθαι ἔδοξε, ξύλα τε διάπυρα ἀπ' αὐτοῦ πίπτοντα ἐφαντάσθη, καὶ ἀστέρες κομῆται καὶ αἱματώδεις ὤφθησαν. Βουλῆς τε ἐπὶ τῇ νόσῳ αὐτοῦ ἐπαγγελθείσης, ἵν' εὐχὰς ποιήσωνται ... τό τε συνέδριον κεκλειμένον εὑρέθη καὶ βύας ὑπὲρ αὐτοῦ καθήμενος ἔβυξε. Καὶ κεραυνὸς ἐς εἰκόνα αὐτοῦ ἐν τῷ Καπιτωλίῳ ἑστῶσαν ἐμπεσὼν τὸ γράμμα τὸ πρῶτον τοῦ ὀνόματος τοῦ Καίσαρος ἠφάνισεν· ὅθεν οἱ μάντεις ἑκατοστῇ μετὰ τοῦτο αὐτὸν ἡμέρᾳ θείας τινὸς μοίρας μεταλήψεσθαι ἔφασαν, τεκμαιρόμενοι ὅτι τό τε στοιχεῖον ἐκεῖνο τὸν τῶν ἑκατὸν ἀριθμὸν παρὰ τοῖς Λατίνοις καὶ τὸ λοιπὸν πᾶν ὄνομα θεὸν παρὰ τοῖς Τυρσηνοῖς νοεῖ. Ταῦτα μὲν ζῶντος ἔτ' αὐτοῦ προεφάνη, τοῖς δὲ δὴ ἔπειτα ἀνθρώποις καὶ τὸ τῶν ὑπάτων τό τε τοῦ Σερουίου Σουλπικίου Γάλβου ἐνθύμιον ἐγένετο. Ἐκεῖνοί τε γὰρ συγγενεῖς πῃ τοῦ Αὐγούστου ὄντες ἦρχον, καὶ ὁ Γάλβας ὁ τὸ κράτος ὕστερον χρόνῳ λαβὼν τότε ἐν αὐτῇ τῇ νουμηνίᾳ ἐς τοὺς ἐφήβους ἐνεγράφη. Ἐπεὶ οὖν πρῶτος μετὰ τὸ τοῦ Αὐγούστου γένος ἐκ τῶν ἄλλων Ῥωμαίων ἐμονάρχησε, λόγον τισὶ παρέσχεν ὡς οὐκ ἀπὸ ταὐτομάτου τότε ταῦτα ἀλλ' ἐκ δαιμονίου προβουλῆς ἐγένετο.

[30] Ὁ δ' οὖν Αὔγουστος νοσήσας μετήλλαξε· καί τινα ὑποψίαν τοῦ θανάτου αὐτοῦ ἡ Λιουία ἔλαβεν, ἐπειδὴ πρὸς τὸν Ἀγρίππαν κρύφα ἐς τὴν νῆσον διέπλευσε καὶ ἐδόκει οἱ καὶ παντάπασι καταλλαγήσεσθαι. Δείσασα γάρ, ὥς φασι, μὴ καὶ ἐπὶ τῇ μοναρχίᾳ αὐτὸν καταγάγῃ, σῦκά τινα ἐπὶ δένδροις ἔτ' ἐπόντα, ἀφ' ὧν ὁ Αὔγουστος αὐτοχειρίᾳ συκάζειν εἰώθει, φαρμάκῳ ἔχρισε, καὶ αὐτή τε ἅμα τὰ ἀνήλιφα ἤσθιε κἀκείνῳ τὰ πεφαρμαγμένα προσέβαλλεν. Εἴτ' οὖν ἐκ τούτου εἴτε καὶ ἄλλως ἀρρωστήσας τούς τε ἑταίρους συνεκάλεσε, καὶ εἰπὼν αὐτοῖς ὅσα ἔχρῃζε, τέλος ἔφη ὅτι « τὴν Ῥώμην γηίνην παραλαβὼν λιθίνην ὑμῖν καταλείπω ». Τοῦτο μὲν οὖν οὐ πρὸς τὸ τῶν οἰκοδομημάτων αὐτῆς ἀκριβὲς ἀλλὰ πρὸς τὸ τῆς ἀρχῆς ἰσχυρὸν ἐνεδείξατο· κρότον δὲ δή τινα παρ' αὐτῶν ὁμοίως τοῖς γελωτοποιοῖς, ὡς καὶ ἐπὶ μίμου τινὸς τελευτῇ, αἰτήσας καὶ πάμπανυ πάντα τὸν τῶν ἀνθρώπων βίον διέσκωψε. Καὶ ὁ μὲν οὕτω τῇ ἐννεακαιδεκάτῃ τοῦ Αὐγούστου, ἐν ᾗ ποτε τὸ πρῶτον ὑπάτευσε, μετήλλαξε, ζήσας μὲν πέντε καὶ ἑβδομήκοντα ἔτη καὶ μῆνας δέκα καὶ ἡμέρας ἓξ καὶ εἴκοσι (τῇ γὰρ τρίτῃ καὶ εἰκοστῇ τοῦ Σεπτεμβρίου ἐγεγέννητο), μοναρχήσας δέ, ἀφ' οὗ πρὸς τῷ Ἀκτίῳ ἐνίκησε, τέσσαρα καὶ τεσσαράκοντα ἔτη, δεκατριῶν ἡμερῶν δέοντα.

[21] Là, ayant rencontré un endroit favorable, autant du moins que le permettait une montagne couverte de forêts, ils y posèrent leur camp; puis, après avoir, partie brûlé, partie abandonné la plupart de leurs chariots et ceux de leurs bagages qui ne leur étaient pas absolument indispensables, ils se mirent en route, le lendemain, dans un meilleur ordre, afin d'atteindre un lieu découvert; cependant ils ne partirent pas sans avoir versé bien du sang. En effet, après avoir quitté ce campement, ils tombèrent de nouveau dans des forêts et eurent à repousser des attaques, ce qui ne fut pas la moindre cause de leurs malheurs. Réunis dans un lieu étroit, afin que cavaliers et fantassins à la fois pussent charger l'ennemi en colonnes serrées, ils eurent beaucoup à se heurter entre eux et contre les arbres. Le troisième jour après leur départ, une pluie torrentielle, mêlée à un grand vent, étant de nouveau survenue, ne leur permit ni d'avancer, ni de s'arrêter avec sûreté, et même leur enleva l'usage de leurs armes; ils ne pouvaient, en effet, se servir ni de leurs arcs, ni de leurs javelots, ni de leurs boucliers à cause de l'humidité. Ces accidents étaient moins sensibles pour les ennemis, la plupart légèrement armés et libres d'avancer ou de reculer. En outre, les barbares, dont le nombre s'était considérablement accru (beaucoup de ceux qui auparavant se contentaient de regarder s'étaient joints â eux, en vue surtout du butin), entouraient aisément et massacraient les Romains dont le nombre, au contraire (ils avaient perdu beaucoup des leurs dans les précé- dents combats), était déjà bien diminué; en sorte que Varus et les principaux chefs (ils étaient blessés), craignant d'être pris vifs ou mis à mort par des ennemis implacables, osèrent une action, affreuse il est vrai, mais nécessaire : ils se donnèrent eux-mêmes la mort.

[22] A cette nouvelle, personne, même celui qui en avait la force, ne se défendit plus; les uns imitèrent leur chef, les autres, jetant leurs armes, se laissèrent tuer par qui le voulut ; car la fuite, quelque désir qu'on eût de s'échapper, était impossible. Hommes et chevaux, tout était impunément taillé en pièces - - -. - - - ils franchirent les premières et les secondes gardes des ennemis ; mais, arrivés aux troisièmes, les femmes et les enfants, à cause de la fatigue, de la peur, des ténèbres et du froid, appelant sans cesse ceux qui étaient dans la force de l'âge, les firent découvrir. Ils auraient tous péri ou ils eussent été faits prisonniers, si les barbares ne s'étaient arrêtés à piller. Grâce à cette circonstance, les plus robustes s'échappèrent bien loin, et les trompettes qui étaient avec eux s'étant mis à sonner la charge (la nuit était survenue et on ne les voyait pas) firent croire aux ennemis que c'était Asprénas qui avait envoyé des renforts. Dès lors les barbares renoncèrent à poursuivre les Romains au secours desquels, quand il fut instruit de ce qui se passait, Asprénas vint effectivement. Dans la suite, quelques-uns des captifs rentrèrent dans leurs foyers, moyennant une rançon payée par leurs parents, à qui cette permission fut accordée à la condition que les captifs resteraient en dehors de l'Italie. Mais cela n'eut lieu que plus tard.

[23] Auguste, en apprenant la défaite de Varus, déchira ses vêtements, au rapport de plusieurs historiens, et conçut une grande douleur de la perte de son armée, et aussi parce qu'il craignait pour les Germanies et pour les Gaules, et, ce qui était le plus grave, parce qu'il se figurait voir ces nations prêtes à fondre sur l'Italie et sur Rome elle-même, et qu'il ne restait plus de citoyens en âge de porter les armes ayant quelque valeur, et que ceux des alliés dont le secours eût été de quelque utilité avaient souffert. Néanmoins il prit toutes les mesures qu'exigeait la circonstance ; et comme aucun de ceux qui avaient l'âge de porter les armes ne voulait s'enrôler, il les fit tirer au sort, et le cinquième parmi ceux qui n'avaient pas encore trente-cinq ans, le dixième parmi ceux qui étaient plus âgés, était, par suite de ce tirage, dépouillé de ses biens et noté d'infamie. Enfin, comme, malgré cela, beaucoup refusaient encore de lui obéir, il en punit plusieurs de mort. Il enrôla ainsi par la voie du sort le plus qu'il put de vétérans et d'affranchis, et se hâta de les envoyer immédiatement en Germanie rejoindre Tibère. Comme il y avait à Rome un grand nombre de Gaulois et de Germains, les uns voyageant sans songer à rien, les autres servant dans les gardes prétoriennes, il craignit qu'ils ne formassent quelque complot, et il envoya les derniers dans des îles, tandis qu'à ceux qui n'avaient pas d'armes, il enjoignait de sortir de la ville.

[24] Telles furent les dispositions alors adoptées par Auguste; de plus, aucune des fêtes instituées par les lois n'eut lieu, et les jeux ne furent pas célébrés ; ensuite, à la nouvelle que quelques soldats avaient survécu à la défaite, que les Germanies étaient contenues par des garnisons et que l'ennemi n'avait même pas osé venir sur les bords du Rhin, il se remit de son trouble et provoqua une délibération sur les événements. Un désastre si grand et frappant tant de monde à la fois semblait n'être arrivé que par un effet de la colère divine, et les prodiges survenus avant et après la défaite lui faisaient craindre quelque vengeance des dieux. Le temple de Mars, dans le champ qui porte son nom, avait été frappé de la foudre ; et de nombreux escarbots, qui avaient poussé leur vol jusque dans Rome, avaient été dévorés par des hirondelles, les sommets des Alpes avaient paru s'entrechoquer et faire jaillir trois colonnes de feu; le ciel, plusieurs fois, avait semblé s'embraser; de nombreuses comètes s'étaient montrées ensemble ; on crut voir des lances venir du Nord tomber sur le camp des Romains; des abeilles construisirent leurs rayons auprès des autels; en Germanie, une Victoire qui regardait le territoire ennemi se retourna du côté de l'Italie; enfin, autour des aigles, dans le camp, les soldats, comme si les barbares eussent fondu sur eux, se livrèrent un combat sans résultat. Voilà comment se passèrent alors les choses.

[25] Ce fut pour ce motif et aussi - - -. - - - ayant après la préture. La seconde {année} eurent lieu les choses que j'ai rapportées plus haut, et Tibère fit la dédicace du temple de la Concorde, sur lequel il inscrivit son nom et celui de son frère Drusus, bien que ce dernier fût mort. Sous le consulat de M. AEmilius et de Statilius Taurus, Tibère, avec Germanicus qui avait l'autorité proconsulaire, fit une invasion dans la Celtique, dont ils ravagèrent quelques contrées, sans néanmoins remporter de victoire dans des combats, attendu que personne n'en vint aux mains avec eux, et sans soumettre aucun peuple ; car, dans la crainte d'une nouvelle catastrophe, ils s'éloignèrent peu du Rhin, et, après être restés dans les environs jusqu'à l'automne, y avoir célébré le jour natal d'Auguste et fait représenter des jeux équestres par les centurions, ils revinrent en Italie. A Rome, Drusus César, fils de Tibère, fut nommé questeur, et il y eut seize préteurs en charge, seize candidats s'étant présentés pour cette dignité, et Auguste, dans les conjonctures où il se trouvait, ne voulant blesser aucun d'eux. Mais, les années suivantes, la chose n'eut pas lieu, et il n'y en eut longtemps que douze, comme d'habitude. Voilà comment les choses se passèrent alors; de plus, défense fut faite aux devins de prédire, ni en particulier, ni en présence de témoins, la mort de personne; pourtant Auguste s'inquiétait si peu de ce qui le concernait personnellement qu'il alla jusqu'à publier par voie d'affiche la disposition des astres sous laquelle il était né. Non content de cette interdiction, il enjoignit aux peuples soumis de ne rendre de décrets honorifiques à l'égard d'aucun de leurs gouverneurs, soit durant le temps de ses fonctions, soit dans l'espace de soixante jours après son départ, parce que quelques-uns, afin de s'assurer à l'avance les témoignages et les éloges de leur province, intriguaient beaucoup. Trois sénateurs, encore alors, furent chargés de répondre aux ambassades, et, ce qui pourrait surprendre, les chevaliers eurent la permission de se faire gladiateurs. La cause en est que plusieurs regardaient comme rien l'infamie qui s'attachait à ce métier. Comme les défenses ne servaient à rien, soit que les coupables semblassent mériter un châtiment plus grand, soit que l'on pensât qu'ils s'en détourneraient d'eux-mêmes, on le leur permit. De cette façon, au lieu de l'infamie, c'était la mort qui leur revenait; car ils n'en combattirent pas moins, surtout en voyant leurs luttes exciter un empressement si vif qu'Auguste lui-même assistait à ce spectacle avec les préteurs chargés de la direction des jeux.

[26] A la suite de ces succès, Germanicus reçut le consulat, sans même avoir été préteur, et il le conserva l'année tout entière, non pas à titre honorifique, mais comme on l'exerçait encore quelquefois à cette époque. Germanicus ne fit aucun acte digne d'être rappelé, sinon que, même durant ce temps, il ne cessa de défendre les accusés, au lieu que son collègue, C. Capiton, n'était compté pour rien. Auguste, accablé de vieillesse, recommanda Germanicus au sénat et le sénat à Tibère. La lecture du mémoire fut faite non par le prince en personne (il ne pouvait pas élever la voix), mais, suivant la coutume, par Germanicus. Ensuite il demanda aux sénateurs, sous prétexte de la guerre de Germanie, de ne plus venir désormais le saluer chez lui et de ne pas s'offenser s'il n'assistait plus à leurs banquets : la plupart du temps, en effet, et principalement toutes les fois qu'il y avait séance du sénat, il était, sur le Forum, parfois même dans la curie à son entrée et de nouveau à son départ, assailli de salutations; dans la maison Palatine aussi, qu'il fût assis, ou même qu'il fût couché, cet usage était pratiqué non seulement par le sénat, mais aussi par les chevaliers et par un grand nombre de gens du peuple.

[27] Malgré cela, il ne se relâcha pas du soin des affaires : il permit aux chevaliers de briguer le tribunat ; instruit que des libelles diffamatoires avaient été composés contre quelques citoyens, il les fit rechercher et il fit brûler par les édiles ceux qui furent trouvés dans Rome, par les magistrats de chaque endroit ceux qu'on trouva au dehors; il punit même quelques-uns de leurs auteurs. Beaucoup d'exilés résidaient, les uns hors des lieux où ils avaient été relégués, les autres menaient, dans ces lieux mêmes, une vie pleine de mollesse; il défendit à tous ceux à qui on avait interdit le feu et l'eau de séjourner, soit sur le continent, soit dans une île éloignée du continent de moins de quatre cents stades, hormis Cos, Rhodes, la Sardaigne et Lesbos; ce furent, je ne sais pourquoi, les seules qu'il excepta. Outre ces ordonnances, il voulut qu'aucun exilé ne changeât de domicile, qu'il ne pût posséder plus d'un vaisseau de transport de la capacité de mille amphores, et de deux vaisseaux marchant à la rame; qu'il n'eût pas plus de vingt esclaves ou affranchis à son service; qu'il ne jouît pas d'une fortune supérieure à cent quatre-vingt-cinq mille drachmes, le menaçant de punition, lui et ceux qui lui prêteraient leur concours pour enfreindre ces défenses. Voilà comment il régla les choses, celles du moins qui méritent d'être rapportées; de plus, des jeux, en dehors de ceux qui étaient établis par les lois, furent célébrés par les histrions et par les chevaliers. Les jeux en l'honneur de Mars, attendu que le Tibre couvrait le cirque, eurent lieu sur le Forum d'Auguste, et leur éclat fut en quelque sorte rehaussé par une course de chevaux et par une chasse; ils furent de nouveau célébrés de la manière habituelle, et Germanicus y fit égorger deux cents lions dans le cirque. Le portique, appelé portique de Livie, fut bâti en l'honneur de Caius et de Lucius Césars, et la dédicace en eut lieu alors.

[28] L. Munatius et C. Silius étaient consuls désignés, lorsqu'Auguste, bien qu'il fît semblant de s'en défendre, reçut une cinquième fois l'administration des affaires publiques pour un espace de dix ans, et conféra de nouveau à Tibère la puissance tribunitienne, et à son fils Drusus le droit de demander le consulat dans trois ans, avant même d'avoir été préteur. Il demanda aussi, à cause de sa vieillesse, qui le réduisait à ne plus venir que fort rarement au sénat, vingt conseillers annuels; car auparavant il s'en adjoignait quinze tous les six mois. Il fut en outre décrété que toutes tes résolutions prises par lui, de concert avec Tibère, avec ses conseillers, les consuls en charge, les consuls désignés, ses petits-fils adoptifs et les autres citoyens qu'il se serait adjoints chaque fois pour conseils, auraient la même force que si le sénat tout entier les avait sanctionnées. Lorsqu'une fois il tint d'un sénatus-consulte ce privilège, qu'il possédait déjà en réalité, il donna, parfois même tout en restant couché, son avis sur la plupart des affaires qui lui étaient soumises. Ensuite, comme le payement du vingtième était à charge à tous les citoyens, pour ainsi dire, et qu'une révolution semblait imminente, il adressa un mémoire au sénat pour l'inviter à chercher d'autres sources de revenu. Il en agit ainsi, non dans l'intention d'abolir cet impôt, mais pour que le sénat, n'en trouvant pas de préférable, fut forcé de sanctionner cette taxe et le déchargeât de la haine qu'elle soulevait. De plus, dans la crainte que, si Germanicus et Drusus exprimaient une opinion, on ne la soupçonnât d'émaner de lui et on ne l'adoptât sans discussion, il défendit à l'un et à l'autre de prendre la parole. Beaucoup de choses furent dites, quelques avis même furent communiqués à Auguste sur des tablettes. Instruit par là qu'on était prêt à supporter tout plutôt que cet impôt, il en transporta le payement sur les terres et sur les maisons; et aussitôt, sans rien dire ni de la quotité ni de la manière dont il serait acquitté, il envoya un agent ici, un agent là, faire le recensement de ce que possédaient les particuliers et les villes, afin que la crainte d'une perte plus grande leur fît préférer le payement du vingtième. C'est ce qui arriva en effet. Telles furent les mesures prises par Auguste dans son administration.

[29] Au spectacle des Augustales, qui se célébraient en l'honneur de la naissance d'Auguste, un homme atteint de folie vint se poser sur le siège placé en l'honneur de Jules César, dont il prit la couronne pour la mettre sur sa tête. Il sembla que ce fût un présage pour Auguste. C'en était un en effet : car, l'année suivante, année dans laquelle Sextus Apuléius et Sextus Pompée furent consuls, il partit pour la Campanie, et, après avoir présidé les jeux à Naples, il mourut à Nole. Il arriva aussi des prodiges qui lui annonçaient sa destinée, prodiges significatifs et faciles à comprendre : le soleil s'éclipsa tout entier, une grande partie du ciel sembla être en feu, on en vit tomber des poutres enflammées, des comètes sanglantes se montrèrent. Le sénat, convoqué pour adresser des prières aux dieux à l'occasion de la maladie du prince, trouva la curie fermée; un hibou, perché dessus, fit entendre ses cris. La foudre, tombant sur une statue d'Auguste, dans le Capitole, effaça la première lettre du nom de César ; d'où les devins prédirent que dans cent jours il aurait un sort pareil à celui des dieux, se fondant sur ce que cette lettre {C} a, en latin, la valeur de cent, et que le reste {...ESAR}, en langue étrusque, signifie « dieu. » Ces présages arrivèrent pendant qu'il vivait encore; la postérité a songé aussi aux consuls et à Servius Sulpicius Galba. Les consuls en charge étaient liés par la parenté avec César Auguste, et Galba qui, plus tard, arriva au pouvoir, prit, au commencement du même mois, la toge virile. Comme il fut le premier des Romains qui régna après l'extinction de la race d'Auguste, on y trouva un prétexte pour dire que tout cela était dît, non à un pur hasard, mais à un dessein de la divinité.

[30] Auguste donc succomba à la maladie, et Livie fut soupçonnée d'être l'auteur de sa mort, parce qu'il était allé en secret voir Agrippa dans son île, et semblait tout disposé à une réconciliation. Craignant, dit-on, qu'Auguste ne rappelât Agrippa pour lui donner l'empire, elle empoisonna des figues encore pendantes à des arbres, où Auguste avait l'habitude de les cueillir de sa propre main; elle mangea les fruits sur lesquels il n'y avait pas de poison, et lui présenta ceux qui étaient empoisonnés. Soit cette raison, soit une autre, Auguste, étant tombé malade, convoqua ses amis, et, après leur avoir dit tout ce qu'il avait besoin de leur dire, il finit en ajoutant : « Rome, que j'ai reçue de briques, je vous la laisse de pierre. Par cette parole il désignait, non la stabilité des édifices, mais la solidité de l'empire, et, à l'exemple des bouffons, demandant à l'assistance d'applaudir, comme si l'on était arrivé à la fin d'une pièce de théâtre, il fit mainte raillerie sur la vie humaine. Ce fut ainsi qu'il trépassa, le 19 août, jour où il avait pour la première fois été consul, après avoir vécu soixante-quinze ans, dix mois et vingt-six jours (il était né le 23 septembre) et avoir régné, depuis la victoire d'Actium, quarante-quatre ans moins treize jours.

[31] Οὐ μέντοι καὶ ἐκφανὴς εὐθὺς ὁ θάνατος αὐτοῦ ἐγένετο· ἡ γὰρ Λιουία, φοβηθεῖσα μὴ τοῦ Τιβερίου ἐν τῇ Δελματίᾳ ἔτ' ὄντος νεωτερισθῇ τι, συνέκρυψεν αὐτὸν μέχρις οὗ ἐκεῖνος ἀφίκετο. Ταῦτα γὰρ οὕτω τοῖς τε πλείοσι καὶ τοῖς ἀξιοπιστοτέροις γέγραπται· εἰσὶ γάρ τινες οἳ καὶ παραγενέσθαι τὸν Τιβέριον τῇ νόσῳ αὐτοῦ καὶ ἐπισκήψεις τινὰς παρ' αὐτοῦ λαβεῖν ἔφασαν. Τὸ δ' οὖν σῶμα τὸ τοῦ Αὐγούστου ἐκ μὲν τῆς Νώλης οἱ πρῶτοι καθ' ἑκάστην πόλιν ἐκ διαδοχῆς ἐβάστασαν, πρὸς δὲ δὴ τῇ Ῥώμῃ γενόμενον οἱ ἱππῆς παραλαβόντες νυκτὸς ἐς τὸ ἄστυ ἐσεκόμισαν. Τῇ τε ὑστεραίᾳ βουλὴ ἐγένετο, καὶ ἐς αὐτὴν οἱ μὲν ἄλλοι τὴν ἱππάδα στολὴν ἐνδεδυκότες συνῆλθον, οἱ δ' ἄρχοντες τὴν βουλευτικὴν πλὴν τῶν ἱματίων τῶν περιπορφύρων· ὁ δὲ δὴ Τιβέριος καὶ ὁ Δροῦσος ὁ υἱὸς αὐτοῦ φαιάν, τὸν ἀγοραῖον τρόπον πεποιημένην, εἶχον. Καὶ τοῦ μὲν λιβανωτοῦ καὶ αὐτοὶ ἔθυσαν, τῷ δ' αὐλητῇ οὐκ ἐχρήσαντο. Ἐκαθέζοντο δὲ οἱ μὲν πολλοὶ ὥς που ἕκαστος εἰώθει, οἱ δ' ὕπατοι κάτω ἐν τοῖς βάθροις ὁ μὲν τῷ τῶν στρατηγῶν ὁ δὲ τῷ τῶν δημάρχων. Καὶ μετὰ τοῦτο τῷ τε Τιβερίῳ ἄδεια ἐδόθη, ὅτι τοῦ τε νεκροῦ, οὐκ ἐξὸν δή, ἥψατο καὶ συμπαρέπεμψεν αὐτόν (καίτοι τὰς ...).

[32] ... τὰς διαθήκας αὐτοῦ Πολύβιός τις καισάρειος ἀνέγνω ὡς μὴ πρέπον βουλευτῇ τοιοῦτόν τι ἀναλέγεσθαι. Κατελέλειπτο δὲ ἐν αὐταῖς τὰ μὲν δύο μέρη τοῦ κλήρου τῷ Τιβερίῳ, τὸ δὲ λοιπὸν τῇ Λιουίᾳ, ὥς τινες λέγουσιν· ἵνα γάρ τι καὶ ἐκείνη τῆς οὐσίας αὐτοῦ ἀπόνηται, παρὰ τῆς βουλῆς ᾐτήσατο τοσοῦτον αὐτῇ καὶ παρὰ τὸν νόμον καταλιπεῖν δυνηθῆναι. Κληρονόμοι μὲν δὴ οὗτοι ἐγεγράφατο· κτήματα δὲ καὶ χρήματα πολλὰ πολλοῖς καὶ τῶν προσηκόντων οἱ καὶ τῶν ἀλλοτρίων, οὐχ ὅπως βουλευταῖς καὶ ἱππεῦσιν ἀλλὰ καὶ βασιλεῦσι, τῷ τε δήμῳ χιλίας μυριάδας, καὶ τοῖς στρατιώταις τοῖς μὲν δορυφόροις κατὰ πεντήκοντα καὶ διακοσίας δραχμάς, τοῖς δ' ἀστικοῖς τὴν ἡμίσειαν, τῷ τε λοιπῷ τῷ πολιτικῷ πλήθει πέντε καὶ ἑβδομήκοντα δοθῆναι ἐκέλευσε. Καὶ προσέτι καὶ τοῖς παισὶν ὧν μικρῶν ἔτι ὄντων τοὺς πατέρας τῶν οὐσιῶν ἐκεκληρονομήκει, προσέταξε πάντα μετὰ τῶν προσόδων, ἐπειδὰν ἀνδρωθῶσιν, ἀποδοθῆναι. Ὅπερ που καὶ ζῶν ἐποίει· εἰ γάρ τινα τέκνα ἔχοντα διεδέξατο, τοῖς παισὶν αὐτοῦ πάντως, εἰ μὲν ἤδη τότε τέλειοι ἦσαν, εὐθύς, εἰ δὲ μή, μετὰ τοῦτο πάντα ἀπεδίδου. Τοιοῦτος μέντοι περὶ τοὺς ἀλλοτρίους παῖδας ὢν τὴν θυγατέρα οὔτε κατήγαγε, καίπερ καὶ δωρεῶν ἀξιώσας, καὶ ταφῆναι ἐν τῷ αὑτοῦ μνημείῳ ἀπηγόρευσε.

[33] Τοσαῦτα μὲν αἱ διαθῆκαι ἐδήλουν, ἐσεκομίσθη δὲ καὶ βιβλία τέσσαρα· καὶ αὐτὰ ὁ Δροῦσος ἀνέγνω. Ἐγέγραπτο δὲ ἐν μὲν τῷ πρώτῳ ὅσα τῆς ταφῆς εἴχετο, ἐν δὲ τῷ δευτέρῳ τὰ ἔργα ἃ ἔπραξε πάντα, ἃ καὶ ἐς χαλκᾶς στήλας πρὸς τῷ ἡρῴῳ αὐτοῦ σταθείσας ἀναγραφῆναι ἐκέλευσε· τὸ τρίτον τά τε τῶν στρατιωτῶν καὶ τὰ τῶν προσόδων τῶν τε ἀναλωμάτων τῶν δημοσίων, τό τε πλῆθος τῶν ἐν τοῖς θησαυροῖς χρημάτων, καὶ ὅσα ἄλλα τοιουτότροπα ἐς τὴν ἡγεμονίαν φέροντα ἦν, εἶχε, καὶ τὸ τέταρτον ἐντολὰς καὶ ἐπισκήψεις τῷ Τιβερίῳ καὶ τῷ κοινῷ, ἄλλας τε καὶ ὅπως μήτ' ἀπελευθερῶσι πολλούς, ἵνα μὴ παντοδαποῦ ὄχλου τὴν πόλιν πληρώσωσι, μήτ' αὖ ἐς τὴν πολιτείαν συχνοὺς ἐσγράφωσιν, ἵνα πολὺ τὸ διάφορον αὐτοῖς πρὸς τοὺς ὑπηκόους ᾖ. Τά τε κοινὰ πᾶσι τοῖς δυναμένοις καὶ εἰδέναι καὶ πράττειν ἐπιτρέπειν, καὶ ἐς μηδένα ἕνα ἀναρτᾶν αὐτὰ παρῄνεσέ σφισιν, ὅπως μήτε τυραννίδος τις ἐπιθυμήσῃ, μήτ' αὖ πταίσαντος ἐκείνου τὸ δημόσιον σφαλῇ. Γνώμην τε αὐτοῖς ἔδωκε τοῖς τε παροῦσιν ἀρκεσθῆναι καὶ μηδαμῶς ἐπὶ πλεῖον τὴν ἀρχὴν ἐπαυξῆσαι ἐθελῆσαι· δυσφύλακτόν τε γὰρ αὐτὴν ἔσεσθαι, καὶ κινδυνεύσειν ἐκ τούτου καὶ τὰ ὄντα ἀπολέσαι ἔφη. Τοῦτο γὰρ καὶ αὐτὸς ὄντως ἀεί ποτε οὐ λόγῳ μόνον ἀλλὰ καὶ ἔργῳ ἐτήρησε· παρὸν γοῦν αὐτῷ πολλὰ ἐκ τοῦ βαρβαρικοῦ προσκτήσασθαι οὐκ ἠθέλησε.

[34] Ταῦτα μὲν αἱ ἐντολαὶ εἶχον, μετὰ δὲ τοῦτο ἡ ἐκφορὰ αὐτοῦ ἐγένετο. Κλίνη ἦν ἔκ τε ἐλέφαντος καὶ χρυσοῦ πεποιημένη καὶ στρώμασιν ἁλουργοῖς διαχρύσοις κεκοσμημένη· καὶ ἐν αὐτῇ τὸ μὲν σῶμα κάτω που ἐν θήκῃ συνεκέκρυπτο, {εἰκὼν δὲ δή τις αὐτοῦ κηρίνη ἐν ἐπινικίῳ στολῇ ἐξεφαίνετο.} καὶ αὕτη μὲν ἐκ τοῦ παλατίου πρὸς τῶν ἐς νέωτα ἀρχόντων, ἑτέρα δὲ ἐκ τοῦ βουλευτηρίου χρυσῆ, καὶ ἑτέρα αὖ ἐφ' ἅρματος πομπικοῦ ἤγετο. Καὶ μετὰ ταύτας αἵ τε τῶν προπατόρων αὐτοῦ καὶ αἱ τῶν ἄλλων συγγενῶν τῶν τεθνηκότων, πλὴν τῆς τοῦ Καίσαρος ὅτι ἐς τοὺς ἥρωας ἐσεγέγραπτο, αἵ τε τῶν ἄλλων Ῥωμαίων τῶν καὶ καθ' ὁτιοῦν πρωτευσάντων, ἀπ' αὐτοῦ τοῦ Ῥωμύλου ἀρξάμεναι, ἐφέροντο. Καί τις καὶ τοῦ Πομπηίου τοῦ μεγάλου εἰκὼν ὤφθη, τά τε ἔθνη πάνθ' ὅσα προσεκτήσατο, ἐπιχωρίως σφίσιν ὡς ἕκαστα ἀπῃκασμένα ἐπέμφθη. Κἀκ τούτου καὶ τὰ ἄλλα αὐτοῖς, ὅσα ἐν τοῖς ἄνω λόγοις εἴρηται, ἐφέσπετο. Προτεθείσης δὲ τῆς κλίνης ἐπὶ τοῦ δημηγορικοῦ βήματος, ἀπὸ μὲν ἐκείνου ὁ Δροῦσός τι ἀνέγνω, ἀπὸ δὲ τῶν ἑτέρων ἐμβόλων τῶν Ἰουλιείων ὁ Τιβέριος δημόσιον δή τινα κατὰ δόγμα λόγον ἐπ' αὐτῷ τοιόνδε ἐπελέξατο·

[35] « Ὅσα μὲν ἰδίᾳ καὶ παρὰ τῶν συγγενῶν ἐπὶ τῷ θείῳ ἐκείνῳ Αὐγούστῳ λεχθῆναι ἔδει, Δροῦσος εἴρηκεν· ἐπειδὴ δὲ καὶ δημοσίας τρόπον τινὰ φωνῆς ἡ γερουσία καλῶς ποιοῦσα ἠξίωσεν αὐτόν, οἶδα μὲν προσήκοντα ἐμαυτῷ τὸν λόγον τόνδε ἐπιτραπείς (τίς γὰρ ἂν δικαιότερον ἐμοῦ τοῦ καὶ παιδὸς αὐτοῦ καὶ διαδόχου τὸν ἐπ' αὐτῷ ἔπαινον ἐνεχειρίσθη;) οὐ μέντοι καὶ θαρρεῖν ἔχω ὡς οὐ πολὺ καταδεέστερος καὶ τῆς ὑμετέρας περὶ αὐτοῦ βουλήσεως καὶ τῆς ἐκείνου ἀξιώσεως ὤν. Ἀλλ' εἰ μὲν ἐν ἀλλοτρίοις τισὶ λέξειν ἔμελλον, σφόδρα ἂν ἐφοβούμην μὴ τῷ ἐμῷ λόγῳ προσέχοντες τοιαῦτα καὶ τὰ ἔργα αὐτοῦ νομίσωσιν εἶναι· νῦν δὲ δὴ παραμυθεῖταί με ὅτι παρ' ὑμῖν τοῖς πάντα τε αὐτὰ ἀκριβῶς εἰδόσι καὶ πάντων αὐτῶν πεπειραμένοις, καὶ διὰ ταῦτα καὶ τῶν ἐπαίνων τῶνδε αὐτὸν ἠξιωκόσι, τοὺς λόγους ποιήσομαι. Οὐ γὰρ ἐξ ὧν ἂν ἐγὼ εἴπω καὶ τὴν ἐκείνου ἀρετὴν κρινεῖτε, ἀλλ' ἐξ ὧν αὐτοὶ σύνιστε καὶ τοῖς ἐμοῖς λόγοις βοηθήσετε, ἀναπληροῦντες τὸ ἐλλεῖπον τῇ μνήμῃ τῶν γεγονότων, ὥστε κοινὸν κἀν τούτῳ παρὰ πάντων τὸν ἔπαινον γενέσθαι, ἐμοῦ τε ὥσπερ ἐν χορῷ τινὶ τὰ κεφάλαια ἀποσημαίνοντος, καὶ ὑμῶν τὰ λοιπὰ συνεπηχούντων. Οὐ γὰρ δὴ καὶ ἐκεῖνο δέδοικα, μὴ ἤτοι ἐμοῦ ἀσθένειάν τινα καταγνῶτε, ὅτι μὴ δύναμαι τῆς ἐπιθυμίας ὑμῶν τυχεῖν, ἢ αὐτοὶ τῷ ὑπερβάλλοντι ὑμᾶς τῆς ἀρετῆς αὐτοῦ φθονήσητε. Τίς γὰρ οὐκ ἐπίσταται τοῦθ', ὅτι οὔτ' ἂν πάντες ἄνθρωποι συνελθόντες ἀξίους αὐτοῦ ἐπαίνους εἴποιεν, καὶ πάντες ἐθελονταὶ τῶν νικητηρίων αὐτῷ παραχωρεῖτε, οὐχ ὅτι οὐδεὶς ἂν ὑμῶν ἐξισωθείη οἱ φθονοῦντες, ἀλλὰ καὶ αὐτῷ τῷ ὑπερέχοντι αὐτοῦ ἀγαλλόμενοι. Ὅσῳ γὰρ ἂν οὗτος μείζων ὑμῶν φανῇ, τοσούτῳ μείζονα ὑμεῖς εὐηργετῆσθαι δόξετε, ὥστε μὴ ἀφ' ὧν ἐλαττοῦσθε αὐτοῦ βασκανίαν ὑμῖν, ἀλλ' ἀφ' ὧν εὖ πεπόνθατε ὑπ' αὐτοῦ σεμνότητα ἐγγενέσθαι.

[36] Ἄρξομαι δὲ ἐντεῦθεν ὅθενπερ καὶ ἐκεῖνος τὰ κοινὰ πράττειν ἤρξατο, τοῦτ' ἔστιν ἀπὸ τῆς πρώτης ἡλικίας αὐτοῦ. Καὶ γὰρ τοῦτο ἓν τῶν μεγίστων τοῦ Αὐγούστου ἔργων ἐστίν, ὅτι ἄρτι ἔκ τε τῶν παίδων ἐξεληλυθὼς καὶ μειρακιοῦσθαι ἀρχόμενος τὸν μὲν ἄλλον χρόνον, καθ' ὃν καλῶς τὰ δημόσια πρὸς τοῦ ἡμιθέου ἐκείνου Καίσαρος διῳκεῖτο, παιδείᾳ προσεῖχεν, ἐπεὶ δὲ ἐπιβουλευθέντος αὐτοῦ πάντα τὰ κοινὰ ἐταράχθη, τῷ τε πατρὶ ἅμα ἱκανῶς ἐτιμώρησε καὶ ὑμῖν ἀναγκαίως ἐπεκούρησε, μήτε τὸ πλῆθος τῶν ἐχθρῶν φοβηθεὶς μήτε τὸ μέγεθος τῶν πραγμάτων δείσας μήτε τὴν ὀλιγοετίαν τὴν ἑαυτοῦ ὀκνήσας. Καίτοι τί τοιοῦτον ἢ Ἀλέξανδρος ὁ Μακεδὼν ἢ Ῥωμύλος ὁ ἡμέτερος, οἵπερ που μάλιστα νεαροὶ ὄντες ἐλλόγιμόν τι ποιῆσαι δοκοῦσιν, ἔπραξαν; Ἀλλὰ τούτους μὲν ἐάσω, ἵνα μὴ καὶ ἐξ αὐτοῦ τοῦ παραβάλλειν οἱ καὶ παραδεικνύναι σφᾶς, καὶ ταῦτα ἐν ὑμῖν μηδὲν ἧττον ἐμοῦ αὐτοὺς εἰδόσι, σμικροτέραν τὴν τοῦ Αὐγούστου ἀρετὴν ποιεῖν νομισθῶ· πρὸς μόνον δὲ δὴ τὸν Ἡρακλέα καὶ τὰ ἐκείνου ἔργα παραθεωρῶν αὐτὸν ὀρθῶς μὲν ἂν κατ' αὐτὸ τοῦτο ποιεῖν δόξαιμι, τοσοῦτον δ' ἂν τῆς προαιρέσεως διαμάρτοιμι ὅσον ἐκεῖνος μὲν ἔν τε παισὶν ὄφεις καὶ ἐν ἀνδράσιν ἔλαφόν τέ τινα καὶ κάπρον καὶ νὴ Δία καὶ λέοντα ἄκων καὶ ἐξ ἐπιτάξεως ἀπέκτεινεν, οὗτος δὲ οὐκ ἐν θηρίοις ἀλλ' ἐν ἀνδράσιν ἐθελοντὴς καὶ πολεμῶν καὶ νομοθετῶν τό τε κοινὸν ἀκριβῶς ἔσωσε καὶ αὐτὸς ἐλαμπρύνθη. Τοιγάρτοι διὰ ταῦτα καὶ στρατηγὸν αὐτὸν εἵλεσθε καὶ ὕπατον ἀπεδείξατε ἐκεῖνο τῆς ἡλικίας ἔχοντα ἐν ᾧ μηδὲ στρατεύεσθαί τινες ἐθέλουσιν.

[37] Αὕτη μὲν δὴ καὶ Αὐγούστῳ τοῦ πολιτικοῦ βίου ἀρχὴ καὶ ἐμοὶ τοῦ περὶ αὐτοῦ λόγου γέγονε· μετὰ δὲ δὴ τοῦτο ὁρῶν τὸ μὲν πλεῖστον καὶ κράτιστον καὶ τοῦ δήμου καὶ τῆς βουλῆς ἑαυτῷ συμφρονοῦν, στασιωτείαις δέ τισι τόν τε Λέπιδον καὶ τὸν Ἀντώνιον τόν τε Σέξτον καὶ τὸν Βροῦτον τόν τε Κάσσιον χρωμένους, καὶ {μὴ} φοβηθεὶς μὴ πολλοῖς ἅμα πολέμοις, καὶ τούτοις ἐμφυλίοις, ἡ πόλις συνενεχθεῖσα καὶ διασπασθῇ καὶ ἐκτρυχωθῇ ὥστε μηδένα ἔτι τρόπον ἀνενεγκεῖν δυνηθῆναι, φρονιμώτατα καὶ δημωφελέστατα αὐτοὺς διέθηκεν· τούς τε γὰρ ἰσχύοντας καὶ αὐτῷ τῷ ἄστει ἐπικειμένους προσλαβὼν κατεπολέμησε μετ' αὐτῶν τοὺς ἑτέρους, καὶ τούτων ὑπεξαιρεθέντων αὖθις αὖ καὶ ἀπ' ἐκείνων ἠλευθέρωσεν ἡμᾶς, ἑλόμενος μὲν ὀλίγους τινὰς καὶ ἄκων σφίσι προέσθαι ὥστε τοὺς πλείους διασῶσαι, ἑλόμενος δὲ καθ' ἑκάστους αὐτοῖς ἐπιτηδείως πως προσενεχθῆναι ὥστε μὴ πᾶσιν ἅμα πολεμῆσαι. Ἐξ ὧν ἐκεῖνος μὲν οὐδὲν ἰδίᾳ ἐκέρδανεν, ἡμᾶς δὲ δὴ πάντας περιφανῶς ὠφέλησε. Καὶ τὰ μὲν κατὰ τοὺς πολέμους τούς τε ἐμφυλίους καὶ τοὺς ὀθνείους ἔργα αὐτοῦ τί ἄν τις μακρηγοροίη, ἄλλως τε καὶ διότι τὰ μὲν ὤφελε μηδ' ἀρχὴν γεγονέναι, τὰ δὲ ἐκ τῶν ἐπικτηθέντων πολὺ ἐναργεστέραν τὴν ὠφελίαν παντὸς λόγου παρέχεται. Καὶ προσέτι καὶ τῆς τύχης τὸ πλεῖστον ὄντα, καὶ μετὰ πολλῶν μὲν πολιτῶν πολλῶν δὲ καὶ συμμάχων κατορθωθέντα, καὶ κοινὴν πρὸς ἐκείνους τὴν αἰτίαν αὐτῷ ἔχει, καὶ τάχα ἂν καὶ ἑτέρων τινῶν πράξεσι παραβληθείη. Ταῦτα μὲν οὖν παραλείψω· καὶ γάρ που πολλαχῇ αὐτὰ καὶ γεγραμμένα καὶ τετυπωμένα καὶ ὁρᾶν καὶ ἀναγιγνώσκειν δύνασθε· ἃ δὲ δὴ μάλιστα αὐτοῦ τε τοῦ Αὐγούστου ἔργα ἐστί, καὶ μήτ' ἄλλῳ τινὶ ἀνθρώπων πέπρακται, καὶ τὴν πόλιν ἡμῶν οὐ μόνον ἐκ πολλῶν καὶ παντοδαπῶν κινδύνων περιπεποίηκεν ἀλλὰ καὶ εὐπορωτέραν καὶ δυνατωτέραν ἐξείργασται, ταῦτ' ἐρῶ μόνα· ἐκείνῳ τε γὰρ εὔκλειαν ἐξαίρετον λεχθέντα οἴσει, καὶ ὑμῶν τοῖς μὲν πρεσβυτέροις ἡδονὴν ἄμεμπτον ποιήσει, τοῖς δὲ νεωτέροις διδασκαλίαν ἀκριβῆ τοῦ τε τρόπου καὶ τῆς καταστάσεως τῆς πολιτείας παρέξει.

[38] Ὁ τοίνυν Αὔγουστος οὗτος, ὃν δι' αὐτὰ ταῦτα καὶ τῆς ἐπωνυμίας ταύτης ἠξιώσατε, ἐπειδὴ τάχιστα τῶν ἐμφυλίων πολέμων ἀπηλλάγη καὶ πράξας καὶ παθὼν οὐχ ὅσα αὐτὸς ἤθελεν ἀλλ' ὅσα τῷ δαιμονίῳ ἔδοξεν, πρῶτον μὲν τοὺς πλείους τῶν ἀντιστάντων οἱ καὶ περιγενομένων ἐκ τῶν παρατάξεων ἔσωσεν, ἐν μηδενὶ τὸν Σύλλαν μιμησάμενος τὸν εὐτυχῆ ὀνομαζόμενον. Καὶ ἵνα μὴ πάντας αὐτοὺς καταλέγω, τίς οὐκ οἶδε τὸν Σόσσιον, τίς τὸν Σκαῦρον τὸν ἀδελφὸν τοῦ Σέξτου, τίς τὸν Λέπιδον αὐτόν, ὃς καὶ ἐπεβίω τοσοῦτον τῇ ἥττῃ χρόνον καὶ ἀρχιέρεως διὰ παντὸς αὐτοῦ ὢν διετέλεσεν; Ἔπειτα δὲ τοὺς συνεξετασθέντας οἱ πολλαῖς καὶ μεγάλαις δωρεαῖς τιμήσας οὔθ' ὑπερήφανόν τι πράττειν οὔθ' ὑβρίζειν εἴασεν. Ἀλλ' ἴστε γὰρ ἀκριβῶς καὶ ἐν τούτῳ τούς τε ἄλλους καὶ τὸν Μαικήναν καὶ τὸν Ἀγρίππαν, ὥστε με μηδὲν μηδὲ τούτους ἐξαριθμήσασθαι δεῖσθαι. Δύο μὲν δὴ ταῦτ' ἔσχεν οἷα ἐν οὐδενὶ ἄλλῳ ἑνὶ ἐγένετο. Ἤδη γὰρ οἶδ' ὅτι καὶ ἐχθρῶν τινες ἐφείσαντο καὶ ἕτεροι τοῖς ἑταίροις ἀσελγαίνειν οὐκ ἐπέτρεψαν· ἀλλὰ ἀμφότερα τῷ αὐτῷ ἅμα διὰ πάντων ὁμοίως οὐκ ἔστιν ὅτῳ ποτὲ ἄλλῳ ὑπῆρξε. Τεκμήριον δέ, Σύλλας μὲν καὶ Μάριος καὶ τοὺς παῖδας τῶν ἀντιπολεμησάντων σφίσιν ἤχθηραν· τί γὰρ δεῖ τῶν ἄλλων ἀνδρῶν τῶν μικροτέρων μνημονεύειν; Πομπήιος δὲ καὶ Καῖσαρ τούτου μὲν ἀπέσχοντο ὥς γε ἐπίπαν εἰπεῖν, τοῖς δὲ δὴ φίλοις οὐκ ὀλίγα παρὰ τὰ ἑαυτῶν ἤθη ποιεῖν ἐφῆκαν. Ἀλλ' οὗτος οὕτως ἑκάτερον αὐτῶν ἔμιξε καὶ ἐκέρασεν ὥστε τοῖς τε ἐναντιωθεῖσίν οἱ νίκην τὴν ἧτταν ἀποφῆναι καὶ τοῖς συναγωνισαμένοις εὐτυχῆ τὴν ἀρετὴν ἀποδεῖξαι.

[39] Ποιήσας δὲ ταῦτα, καὶ τὸ μὲν στασιωτικὸν πᾶν τὸ περιλειφθὲν φιλανθρωπίᾳ καταστήσας, τὸ δὲ στρατιωτικὸν τὸ κρατῆσαν εὐεργεσίᾳ μετριάσας, καὶ δυνηθεὶς ἂν ἐκ τούτων καὶ ἐκ τῶν ὅπλων τῶν τε χρημάτων μόνος ἀναμφιλόγως κύριος ἁπάντων, ὧν γε καὶ ὑπ' αὐτῶν τῶν πραγμάτων ἐγεγόνει, εἶναι, οὐκ ἠθέλησεν, ἀλλ' ὥσπερ τις ἰατρὸς ἀγαθὸς σῶμα νενοσηκὸς παραλαβὼν καὶ ἐξιασάμενος, ἀπέδωκε πάντα ὑμῖν ὑγιᾶ ποιήσας. Καίτοι τοῦτο ἡλίκον ἐστί, μάλιστα ἂν ἐξ ἐκείνου τεκμήραισθε ὅτι καὶ τὸν Πομπήιον καὶ τὸν Μέτελλον τὸν τότε ἀνθήσαντα ἐπῄνεσαν οἱ πατέρες ἡμῶν, ἐπειδὴ τὰς δυνάμεις μεθ' ὧν ἐπολέμησαν ἐθελονταὶ διαφῆκαν. Εἰ γὰρ ἐκεῖνοι μικράν τινα ἰσχὺν καὶ ταύτην πρόσκαιρον ἔχοντες, καὶ προσέτι καὶ ἀντιπάλους τοὺς οὐκ ἐπιτρέψοντάς σφισιν ἄλλο τι ποιῆσαι κεκτημένοι, τοῦτό τε ἔπραξαν καὶ ἐπ' αὐτῷ ἔπαινον ἔσχον, ποῦ δὴ δύναιτ' ἄν τις τῆς Αὐγούστου μεγαλοφροσύνης ἐφικέσθαι, ὅστις πάσας μὲν τὰς δυνάμεις ὑμῶν τηλικαύτας οὔσας ἔχων, πάντων δὲ τῶν χρημάτων πλείστων ὄντων κρατῶν, καὶ μήτε φοβούμενός τινα μήθ' ὑποπτεύων, ἀλλ' ἐξὸν αὐτῷ πάντων συνεπαινούντων μόνῳ ἄρχειν, οὐκ ἠξίωσεν, ἀλλὰ καὶ τὰ ὅπλα καὶ τὰ ἔθνη καὶ τὰ χρήματα ἐς τὸ μέσον ὑμῖν κατέθηκεν; Ὅθενπερ καὶ ὑμεῖς, καλῶς ποιοῦντες καὶ ὀρθῶς φρονοῦντες, οὐκ ἠνέσχεσθε οὐδὲ ἐπετρέψατε αὐτῷ ἰδιωτεῦσαι, ἀλλ' ἅτε εὖ εἰδότες ὅτι δημοκρατία μὲν οὔποτ' ἂν τηλικούτοις πράγμασιν ἁρμόσειεν, προστασία δὲ ἑνὸς ἀνδρὸς μάλιστ' ἂν αὐτὰ σώσειεν, οὔτε λόγῳ μὲν ἐπανελθεῖν ἐς τὴν αὐτονομίαν ἔργῳ δὲ ἐς τοὺς στασιασμοὺς ἠθελήσατε, καὶ ἐκεῖνον, ὃν αὐτοῖς τοῖς ἔργοις ἐδεδοκιμάκειτε, προκρίναντες ἠναγκάσατε χρόνον γέ τινα ὑμῶν προστῆναι. Ἐξ οὗ δὴ πολὺ μᾶλλον αὐτοῦ πειραθέντες, καὶ δεύτερον αὖθις καὶ τρίτον τέταρτόν τε καὶ πέμπτον ἐξεβιάσασθε αὐτὸν ἐν τῇ τῶν κοινῶν διαχειρίσει ἐμμεῖναι.

[40] Καὶ μάλα εἰκότως· τίς μὲν γὰρ οὐκ ἂν ἕλοιτο ἀπραγμόνως σώζεσθαι καὶ ἀκινδύνως εὐδαιμονεῖν, καὶ τῶν μὲν ἀγαθῶν τῶν τῆς πολιτείας ἀφθόνως ἀπολαύειν, ταῖς δὲ δὴ φροντίσι ταῖς ὑπὲρ αὐτῆς μὴ συνεῖναι; Τίς δ' ἂν ἄμεινον τοῦ Αὐγούστου τῆς ἰδίας οἰκίας μόνης, μήτι γε καὶ ἄλλων ἀνθρώπων τοσούτων, ἦρξεν; Ὅστις τὰ μὲν ἐπίπονα καὶ ἐμπολέμια ἔθνη αὐτὸς καὶ φρουρήσειν καὶ σώσειν ὑπεδέξατο, τὰ δ' ἄλλα τὰ εἰρηναῖα καὶ ἀκίνδυνα ὑμῖν ἀπέδωκεν, στρατιώτας τε τοσούτους ἀθανάτους πρὸς τὸ προπολεμεῖν ὑμῶν τρέφων οὐδενὶ τῶν σφετέρων λυπηροὺς αὐτοὺς ἐποίησεν, ἀλλ' ἐπὶ μὲν τὸ ὀθνεῖον φύλακας φοβερωτάτους, πρὸς δὲ τὸ οἰκεῖον ἀόπλους ἀπολέμους εἶναι παρεσκεύασε. Καὶ μέντοι καὶ τῶν βουλευτῶν οὔτε ἐν ταῖς ἡγεμονίαις τὴν τοῦ κλήρου τύχην ἀφείλετο, ἀλλὰ καὶ τὰ ἆθλά σφισι τῆς ἀρετῆς προσπαρέσχεν, οὔτε ἐν ταῖς διαγνώμαις τὴν ἐξουσίαν τῆς διαψηφίσεως κατέλυσεν, ἀλλὰ καὶ τὴν ἀσφάλειαν τῆς παρρησίας προσέθηκεν. Ἔκ τε τοῦ δήμου τὸ δύσκριτον ἐν ταῖς διαγνώσεσιν ἐς τὴν τῶν δικαστηρίων ἀκρίβειαν μεταστήσας, τό τε ἀξίωμα τῶν ἀρχαιρεσιῶν αὐτῷ ἐτήρησε, κἀν ταύταις τὸ φιλότιμον ἀντὶ τοῦ φιλονείκου σφᾶς ἐξεπαίδευσε, κἀκ τῶν σπουδαρχιῶν αὐτῶν τὸ πλεονεκτικὸν ἐκκόψας τὸ εὔδοξον αὐτοῖς ἀντέδωκε. Τά τε ἑαυτοῦ χρήματα σωφρόνως ἐπαύξων ἐς τὴν δημοσίαν χρείαν ἀνήλισκεν, καὶ τῶν κοινῶν ὡς ἰδίων κηδόμενος ὡς ἀλλοτρίων ἀπείχετο. Καὶ πάντα μὲν τὰ ἔργα τὰ πεπονηκότα ἐπισκευάσας οὐδενὸς τῶν ποιησάντων αὐτὰ τὴν δόξαν ἀπεστέρησε· πολλὰ δὲ καὶ ἐκ καινῆς, τὰ μὲν ἐπὶ τῷ ἑαυτοῦ ὀνόματι τὰ δὲ καὶ ἐφ' ἑτέρων, τὰ μὲν αὐτὸς κατεσκεύασε τὰ δὲ ἐκείνοις οἰκοδομῆσαι ἐπέτρεψε, τὸ τῷ κοινῷ χρήσιμον διὰ πάντων ἰδών, ἀλλ' οὐ τῆς ἐπ' αὐτοῖς εὐκλείας ἰδίᾳ τισὶ φθονήσας. Τοῖς τε τῶν οἰκειοτάτων ὑβρίσμασιν ἀπαραιτήτως ἐπεξιὼν τὰ τῶν ἄλλων ἁμαρτήματα ἀνθρωπίνως μετεχειρίζετο καὶ τοὺς μὲν ἀρετήν τινα ἔχοντας ἀφθόνως εἴα οἱ παρισοῦσθαι, τοὺς δ' ἄλλως πως βιοῦντας οὐκ ἤλεγχεν. Ἀλλὰ καὶ τῶν ἐπιβουλευσάντων αὐτῷ μόνους τοὺς μηδ' ἂν ἑαυτοῖς λυσιτελούντως ζήσαντας ἐδικαίωσε, τοὺς δὲ δὴ λοιποὺς οὕτω διέθηκεν ὥστε παμπληθῆ χρόνον μηδένα μήτ' οὖν ἀληθῆ μήτε ψευδῆ αἰτίαν ἐπιθέσεως λαβεῖν. Θαυμαστὸν μὲν γὰρ οὐδὲν εἰ καὶ ἐπεβουλεύθη ποτέ· οὐδὲ γὰρ οὐδ' οἱ θεοὶ πᾶσιν ὁμοίως ἀρέσκουσιν· ἡ δὲ δὴ τῶν καλῶς ἀρχόντων ἀρετὴ οὐκ ἐξ ὧν ἂν ἕτεροι κακουργήσωσιν, ἀλλ' ἐξ ὧν ἂν αὐτοὶ εὖ ποιήσωσι φαίνεται.

[31] Sa mort cependant ne fut pas connue sur-le-champ : Livie, dans la crainte que, Tibère étant encore en Dalmatie, il n'y eût quelque soulèvement, la dissimula jusqu'à son arrivée. Tel est le récit des écrivains les plus nombreux et les plus dignes de foi; car il y en a qui ont rapporté que Tibère était auprès d'Auguste malade, et qu'il reçut de lui certaines instructions. Quoi qu'il en soit, les premiers citoyens de chaque ville, tour à tour, apportèrent de Nôle le cadavre sur leurs épaules; quand il fut arrivé près de Rome, les chevaliers, l'ayant reçu d'eux, l'introduisirent, la nuit, dans la ville. Le lendemain, il y eut assemblée du sénat: ses membres y vinrent revêtus de la toge de chevalier, les magistrats de celle de sénateur au lieu de la prétexte. Tibère et son fils Drusus avaient une toge noire, faite à peu près comme celle que porte le pauvre peuple. Ils sacrifièrent de l'encens, sans toutefois se servir du joueur de nette. Beaucoup de sénateurs étaient assis à leur place accoutumée, seulement les consuls étaient sur les bancs, l'un des préteurs, l'autre des tribuns. On accorda grâce à Tibère pour avoir, contre l'usage, touché et accompagné un cadavre.

[32] le testament d'Auguste fut lu par un certain Polybe, son affranchi, comme si une telle lecture eût été indigne d'un sénateur. Il y léguait deux parts de son héritage à Tibère, et le reste à Livie, au rapport de quelques historiens; car, pour la faire jouir d'une partie de son patrimoine, il avait demandé au sénat de pouvoir, malgré la loi, lui léguer cette quotité. Tels étaient les héritiers inscrits : il ordonna aussi de donner des terres et de l'argent à une foule de gens, parents et étrangers, non seulement sénateurs et chevaliers, mais aussi à des rois; dix millions de drachmes au peuple, deux cent cinquante à chaque soldat prétorien et la moitié aux gardes urbaines, quatre-vingt-cinq au reste des légionnaires romains. De plus, il prescrivit que les biens des enfants dont, à cause de leur bas âge, les pères l'avaient institué héritier, leur fussent rendus intégralement, avec les revenus, lorsqu'ils seraient arrivés à l'âge viril ; ce que, du reste, il faisait lui-même de son vivant. Car, s'il recevait la succession de quelqu'un ayant des enfants, il ne manquait pas de la leur rendre, immédiatement, s'ils étaient alors déjà hommes faits, et plus tard, s'ils ne l'étaient pas encore. Malgré ces dispositions à l'égard des autres, il ne rappela point sa fille, bien qu'il lui eût accordé un legs, et défendit de la mettre dans le même tombeau que lui.

[33] Voilà ce qui était contenu dans le testament. Quatre volumes furent en outre apportés et lus par Drusus. Dans le premier, Auguste avait consigné les prescriptions relatives à ses funérailles ; dans le second, le résumé de sa vie qu'il voulait qu'on gravât sur des plaques d'airain placées devant son sanctuaire. Dans le troisième était contenu l'état des armées, celui des revenus et des dépenses publiques, l'état des finances, et autres instructions de ce genre utiles pour le gouvernement de l'empire; le quatrième volume renfermait des recommandations à Tibère et au public, entre autres, celles de ne pas multiplier les affranchissements, de peur de remplir Rome d'une foule de gens de toute espèce, de ne pas prodiguer le droit de cité, afin que la différence fût tranchée entre les Romains et leurs sujets. Il les exhortait aussi à confier le soin des affaires à tous les citoyens capables de les connaître et de les manier, au lieu de s'en reposer sur un seul, afin que personne ne songeât à la tyrannie, ou n'ébranlât la république en échouant dans cet effort. Il était aussi d'avis qu'on se contentât des limites actuelles de l'empire, sans chercher aucunement à les étendre ; car il serait, dans ce cas, prétendait-il, difficile à garder, et on courrait par là le risque de perdre même ce qu'on possédait en ce moment. C'était, du reste, une maxime qu'il suivait lui-même constamment dans ses discours, comme dans ses actions : plusieurs fois, il aurait pu faire des conquêtes sur les peuples barbares, il ne l'avait pas voulu.

[34] Voilà quelles étaient ses prescriptions. Après cela eut lieu le convoi. Il y avait un lit d'ivoire et d'or, décoré de tapisseries pourpre et or; le cadavre était caché sous ce lit même dans un cercueil, mais on voyait une image en cire du défunt, revêtue de la toge triomphale. Cette image partit du Palatin, portée par les magistrats désignés; une autre, en or, sortit de la curie ; une troisième fut menée en pompe sur un char. A la suite de ces images venaient celles de ses ancêtres, celles de ses autres parents morts, à l'exception de César, parce qu'il avait été mis au rang des héros, et celles de tous les autres Romains qui, à commencer par Romulus lui-même, s'étaient distingués par un mérite quelconque. Parmi elles on vit aussi figurer une image du grand Pompée; tous les peuples ajoutés par lui à l'empire accompagnaient le cortège, représentés chacun avec le costume de leur pays. Ces images étaient suivies de celles des autres nations dont il a été parlé plus haut dans le cours de cette histoire. Le lit ayant été exposé devant la tribune aux harangues, Drusus lut un discours du haut de cette tribune ; du haut des autres Rostres, c'est-à-dire des Rostres Juliens, Tibère, en vertu d'un sénatus-consulte, prononça l'éloge qui suit.

[35] «Tout ce qui devait être dit sur le divin Auguste, par de simples citoyens et par des parents, Drusus l'a dit; mais, puisque le sénat, dans sa sagesse, a voulu qu'il fût honoré par une voix publique, si je puis m'exprimer ainsi, je sais que c'est à moi, puisque ce corps m'en a confié le soin, qu'il appartient de porter ici la parole (qui, en effet, à plus juste titre que moi, son fils et son successeur, pourrait entreprendre de faire son éloge?) ; je ne saurais néanmoins m'assurer, tant je suis au-dessous et de vos intentions et de son mérite. Si je devais parler devant des étrangers, j'appréhenderais que mes paroles, ainsi recueillies par eux, ne leur servissent à mesurer la grandeur de ses œuvres; mais, ici, je trouve une consolation : c'est à vous, qui connaissez tout exactement, qui avez fait l'épreuve de tout, et qui, pour ce motif, l'avez jugé digne de cet éloge, que s'adressera mon discours. Vous jugerez, en effet, sa vertu non d'après ce que j'aurai dit, mais d'après ce que vous savez, et vous viendrez en aide à ma parole, en suppléant ce qui lui manquera par le souvenir de ce qui s'est passé; de manière que, même en cela, son éloge soit un éloge public, prononcé par tous les citoyens, où, comme dans un chœur, je serai à la tête pour marquer les principales notes, tandis que vous l'accompagnerez par un chant d'ensemble. Je n'ai à craindre ni que vous condamniez ma faiblesse, parce qu'il ne m'est pas possible de satisfaire à votre désir, ni que vous portiez envie à la supériorité de sa vertu. Qui ne sait, en effet, que tous les hommes réunis ne sauraient le louer dignement? que tous, de votre plein gré, vous lui concéderiez la palme du triomphe, non seulement sans jalousie de ce qu'aucun de vous ne saurait lui être égalé, mais même avec amour pour son excellence ? Plus il vous paraîtra supérieur à vous, plus vous croirez en avoir reçu de bienfaits; de sorte que votre infériorité à son égard produira moins d'envie dans vos cœurs que ses mérites n'y produiront de respect.

[36] « Je commencerai au moment où lui-même a commencé à s'occuper des affaires publiques, c'est-à-dire à son premier âge. Telle est, en effet, une des plus grandes actions d'Auguste : au sortir de l'enfance, à peine adolescent, après avoir employé à l'étude tout le temps qui précède, temps pendant lequel l'État était si bien administré par un demi-dieu, par l'illustre César, lorsque, celui-ci mort victime d'un complot, la confusion régna dans les affaires publiques, il sut, à la fois, et venger son père d'une manière suffisante, et vous prêter un secours nécessaire, sans s'intimider du nombre des ennemis, ni craindre la grandeur de l'entreprise, ni se défier de son jeune âge. Qu'ont donc fait de pareil, soit Alexandre de Macédoine, soit, chez nous, Romulus, qui semblent avoir, tout jeunes encore, accompli une action digne d'être remarquée? Je les passerai sous silence, pour ne pas, en les comparant avec lui et en vous les montrant les uns à côté des autres, et cela quand vous connaissez ces choses non moins bien que moi, paraître amoindrir la vertu d'Auguste. Ce serait seulement à le contempler en regard d'Hercule et de ses actions que je croirais possible d'établir une comparaison convenable; mais je m'écarterais d'autant plus de mon sujet, que l'un, encore enfant, tua des serpents, et, homme, une biche et un sanglier, et aussi, par Jupiter! un lion, pour se conformer à un ordre qui lui était imposé; tandis que l'autre, en luttant volontairement non contre des bêtes, mais contre des hommes, et en leur donnant des lois, a véritablement sauvé l'État, et s'est lui-même couvert de gloire. C'est pour cela que vous l'avez élu général et que vous l'avez nommé consul à un âge où beaucoup ne veulent pas même porter les armes.

[37] « Tel est le début d'Auguste dans la carrière politique, tel est aussi le début de mon discours à son sujet. Plus tard, voyant ses sentiments partagés par la portion la plus nombreuse et la plus estimable du peuple et du sénat, au lieu que Lépidus, Antoine, Sextus, Brutus, Cassius, n'avaient pour appui que quelques séditieux, et craignant qu'en proie à plusieurs guerres civiles à la fois, la république ne fût déchirée et épuisée au point de ne plus pouvoir se relever, il prit les mesures les prudentes et les plus favorables au peuple. Se mettant à la tête des citoyens puissants qui opprimaient Rome elle-même, il combattit avec leur aide les rebelles, et, après les avoir écrasés, il nous délivra des autres à leur tour, en se décidant, bien que malgré lui, à leur concéder quelques victimes, afin d'assurer le salut du plus grand nombre ; en se décidant à tenir une conduite propre à le mettre séparément aux prises avec les divers partis, afin de ne pas avoir à les combattre tous à la fois. De tout cela, il n'a recueilli aucun avantage particulier, mais il nous a rendu à tous un service éclatant. Pourquoi s'arrêter à ses actions dans les guerres civiles et dans les guerres étrangères, surtout quand les unes n'auraient jamais dû exister, et quand les autres, par les conquêtes qui en ont été le résultat, démontrent, bien mieux que tous les discours, les services qu'il nous a rendus ? La plupart, en outre, étant l'ouvrage de la fortune et ayant exigé, pour réussir, le concours d'un grand nombre de personnes, citoyens et alliés, le mérite en est partagé avec elles, et il y aurait peut-être d'autres actions à mettre en parallèle. Je les passerai donc sous silence; d'ailleurs vous pouvez les lire et les voir écrites et gravées en mille endroits; mais les principales actions qui sont proprement l'ouvre d'Auguste, celles qu'aucun autre homme n'a jamais accomplies, celles par lesquelles, non content d'avoir sauvé Rome de périls aussi nombreux que divers, il l'a rendue plus opulente et plus puissante, voilà les seules que je dirai. Mes paroles, de cette façon, lui procureront une gloire particulière; tandis que les plus âgés d'entre vous y trouveront une joie irréprochable, et les plus jeunes un enseignement exact de la forme et de la constitution de l'État.

[38] « Cet Auguste donc, que, pour ces motifs, vous avez jugé digne d'un tel surnom, aussitôt délivré des guerres civiles, où il fit et souffrit non pas ce qu'il voulut, mais ce qu'il plut aux dieux, commença par donner la vie à la plupart de ceux qui s'étaient rangés contre lui et qui avaient survécu à la lutte, sans rien imiter de Sylla surnommé l'Heureux. Pour ne pas tous les citer, qui ne connaît Sossius, Scaurus, frère de Sextus? Lépidus lui-même, qui a survécu si longtemps à sa défaite et qui, toute sa vie, a continué d'être grand pontife ? Puis, après avoir honoré de grandes et nombreuses récompenses ceux qui avaient suivi son parti, il ne les a laissés se livrer ni à l'orgueil ni à aucun excès. A cet égard, vous connaissez trop, entre autres, Mécène et Agrippa, pour qu'il soit utile de les compter. Voilà, certes, deux mérites qui ont existé chez lui comme ils n'ont jamais existé chez aucun autre. Je sais certains hommes qui ont fait grâce à leurs ennemis, d'autres qui n'ont pas permis à leurs amis de se livrer à l'insolence; mais ces deux mérites ne se sont jamais trouvés pareillement réunis à la fois dans la même personne en toute circonstance. Une preuve, c'est que Sylla et Marius firent sentir leur haine jusqu'aux enfants de ceux qui avaient combattu contre eux. Qu'est-il besoin, en effet, de rappeler des hommes qui ont joué un rôle moins important? Pompée et César se sont, pour tout dire, abstenus d'une telle mesure, mais ils ont laissé leurs amis faire des choses contraires à leur caractère. Auguste a tellement mêlé et fondu le vainqueur et le vaincu, qu'il a converti pour ses adversaires leur défaite en une victoire, et rendu heureux de leur courage ceux qui avaient combattu dans ses rangs.

[39] « Après avoir fait ces choses et avoir apaisé par sa douceur tout ce qui survivait des factions, avoir modéré par des bienfaits les soldats victorieux, lorsqu'il pouvait, à la suite de cela, par ses armes et ses trésors, être sans conteste seul maître de tous, puisqu'il l'était déjà devenu par la force même des choses, il ne le voulut pas; loin de là, semblable à un bon médecin, qui prend un corps malade et le guérit, il vous a tout rendu après avoir ramené tout à la santé. La grandeur de ce mérite, vous pouvez l'apprécier en songeant que Pompée, que Métellus, qui était florissant à cette époque, ont reçu des éloges de nos pères pour avoir volontairement licencié les armées avec lesquelles ils avaient combattu. Si donc des citoyens qui avaient des forces peu considérables, et ne les avaient que pour un temps, des citoyens à qui leurs adversaires n'auraient pas permis de tenir une conduite différente, en ont agi ainsi, et ont obtenu des éloges pour l'avoir fait, qui pourrait atteindre à la grandeur d'âme d'Auguste, qui, ayant à sa disposition toutes vos armées si nombreuses, maître de tous vos trésors si considérables, ne craignant et ne suspectant personne, lorsqu'il pouvait commander seul avec l'approbation de tous, au lieu d'y consentir, a remis à votre disposition les armes, les provinces et les trésors? C'est pour cela que, dans votre sagesse et votre prudence, vous n'avez pas souffert, vous n'avez pas même permis qu'il fût simple particulier; et que, dans votre ferme conviction qu'un gouvernement républicain ne serait jamais en harmonie avec la grandeur de l'empire, au lieu que la souveraineté d'un seul homme était le moyen de salut le plus efficace, vous n'avez pas voulu retourner, en apparence à la liberté, en réalité aux dissensions, et, préférant au reste des citoyens celui que vous connaissiez par ses œuvres, vous l'avez forcé de rester un certain temps à votre tête. Après l'avoir par là bien mieux éprouvé encore, vous l'avez une seconde, une troisième, une quatrième et une cinquième fois contraint de garder la direction des affaires publiques.

[40] C'était avec raison. Car qui ne préférerait être sain et sauf sans embarras, être heureux sans danger, jouir sans réserve des avantages d'un gouvernement dont il n'a pas les soucis ? Qui a mieux qu'Auguste gouverné, je ne dis pas seulement sa maison privée, mais aussi les autres citoyens malgré leur nombre? qu'Auguste, qui s'est chargé de garder et de sauver les provinces difficiles et où régnait la guerre, qui vous a rendu les provinces pacifiées et à l'abri du danger? qu'Auguste, qui, bien qu'il entretînt perpétuellement des soldats en si grand nombre pour votre défense, n'a causé de peine à personne d'entre vous, et, au contraire, en a fait des gardiens redoutables contre l'étranger, désarmés et inoffensifs envers les leurs? Il n'a ravi, non plus, dans les commandements, les chances du sort à aucun sénateur ; loin de là, il leur a accordé des récompenses pour leur vertu; dans les délibérations, loin de supprimer le droit d'exprimer son opinion, il a rendu sans danger la liberté de la parole. En enlevant au peuple, pour la soumettre à des tribunaux scrupuleux, la connaissance des causes difficiles, il lui a conservé la majesté des comices et lui a enseigné à substituer l'amour de l'honneur à l'amour de la brigue; en retranchant l'ambition de la recherche des charges, il a mis à sa place le sentiment du véritable honneur. Il augmenta sagement ses richesses personnelles, qu'il dépensa pour l'utilité générale; veillant sur les deniers publics comme sur les siens propres, il s'en abstint comme de choses qui ne lui appartenaient pas. Il répara les édifices qui tombaient en ruines, sans dépouiller de sa gloire aucun de ceux qui les avaient construits; il en bâtit aussi plusieurs nouveaux, tant sous son nom que sous celui d'autres citoyens, les uns par lui-même, les autres par ceux qu'il chargea d'en construire ; consultant partout l'intérêt public, mais n'enviant à qui que ce fût l'honneur qui lui revenait en propre dans ces travaux, Sévissant impitoyablement contre les débordements de ceux de sa maison, il faisait la part de l'humanité dans le traitement des fautes d'autrui. Il laissait sans jalousie s'égaler à lui les gens de mérite, et n'adressait aucun reproche à ceux qui vivaient autrement. Des gens qui ont conspiré contre lui, il n'a puni que ceux qui n'eussent rien gagné à vivre ; quant aux autres, il leur a inspiré des sentiments tels que, pendant fort longtemps, personne ne fut ni convaincu ni accusé de conspiration. Il n'y a, en effet, rien d'étonnant qu'on ait quelquefois tramé des complots contre lui (les dieux mêmes ne plaisent pas également à tous) ; tandis que la vertu de ceux qui commandent avec justice se montre, non dans le mal que d'autres veulent leur faire, mais bien dans les bonnes œuvres qu'ils accomplissent.  

[41] Εἴρηκα, ὦ Κυιρῖται, τὰ μέγιστα καὶ ἐκπρεπέστατα, ὥς γε ἐν κεφαλαίοις διελθεῖν, ἐπεὶ ἄν γε τις πάντα ἀκριβῶς καθ' ἕκαστον ἀναριθμήσασθαι ἐθελήσῃ, παμπόλλων ἂν ἡμερῶν δεηθείη. Πρὸς δὲ καὶ εὖ οἶδ' ὅτι παρ' ἐμοῦ μὲν μόνα ταῦτα ἀκηκοότες ἔσεσθε, παρ' ἑαυτοῖς δὲ δὴ καὶ τἆλλα ἐξ αὐτῶν πάντα ἀναμνησθήσεσθε, ὥστε τρόπον τινὰ καὶ ἐκεῖνα ἐμὲ δοκεῖν εἰρηκέναι. Οὐδὲ γὰρ ἄλλως κόμπου τινὸς ἐν ἑτέροις τοῖς περὶ αὐτοῦ λόγον οὔθ' ὑμεῖς τὴν ἀκρόασιν πεποίησθε, ἀλλ' ὅπως τὰ πεπραγμένα αὐτῷ πολλὰ καὶ ἀγαθὰ ὄντα ἀειμνήστου παρὰ ταῖς ψυχαῖς ὑμῶν εὐκλείας τύχῃ. Τίς μὲν γὰρ οὐκ ἂν τῶν βουλευτῶν αὐτοῦ μνημονεύσειεν, ὧν τὸ φαῦλον τὸ ἐκ τῶν στάσεων ἐπιπολάσαν ἀλύπως ἀφελὼν τὸ λοιπὸν αὐτῷ τε τούτῳ ἐσέμνυνε καὶ τῇ αὐξήσει τοῦ τιμήματος ἐμεγάλυνε τῇ τε δόσει τῶν χρημάτων ἐπλούτισεν· οἷς ἐξ ἴσου καὶ αὐτὸς τὴν γνώμην ἐδίδου, καὶ μεθ' ὧν συμμεθίστατο· οἷς πάντα τὰ μέγιστα καὶ ἀναγκαιότατα ἀεί ποτε ἢ ἐν τῷ συνεδρίῳ ἢ καὶ οἴκοι διά τε τὴν ἡλικίαν καὶ διὰ τὴν ἀσθένειαν τοῦ σώματος, παραλαμβάνων ἄλλοτε ἄλλους, ἐπεκοίνου. Τίς δ' οὐκ ἂν τῶν λοιπῶν Ῥωμαίων, οἷς ἔργα χρήματα ἀγῶνας πανηγύρεις, ἄδειαν ἀφθονίαν τῶν ἐπιτηδείων ἀσφάλειαν οὐκ ἀπὸ τῶν πολεμίων οὐδ' ἀπὸ τῶν κακούργων μόνον, ἀλλὰ καὶ ἀπὸ τῶν ἐκ τοῦ δαιμονίου οὐχ ὅτι μεθ' ἡμέραν ἀλλὰ καὶ νύκτωρ συμπιπτόντων, παρεσκεύασε. Τίς τῶν συμμάχων, οἷς ἀκίνδυνον τὴν ἐλευθερίαν, οἷς ἀζήμιον τὴν συμμαχίαν ἐποίησε. Τίς τῶν ὑπηκόων, ὧν οὐδεὶς οὔθ' ὑβρίσθη ποτὲ οὔτε ἐπηρεάσθη. Πῶς δ' ἄν τις ἐπιλάθοιτο ἀνδρὸς ἰδίᾳ μὲν πένητος δημοσίᾳ δὲ πλουσίου, καὶ πρὸς ἑαυτὸν μὲν οἰκονομικοῦ πρὸς δὲ τοὺς ἄλλους ἀναλωτικοῦ γενομένου, καὶ αὐτοῦ μὲν πάντα ἀεὶ καὶ πόνον καὶ κίνδυνον ὑπὲρ ὑμῶν ὑπομείναντος, ὑμᾶς δὲ δὴ μηδ' ὅσον προπέμψαι ποι αὐτὸν ἀπιόντα ἢ καὶ ἀπαντῆσαί οἱ ἐπανιόντι ταλαιπωρήσαντος, καὶ ἐν μὲν ταῖς ἑορταῖς καὶ τὸν δῆμον οἴκαδε προσδεξαμένου, ἐν δὲ ταῖς ἄλλαις ἡμέραις καὶ τὴν γερουσίαν ἐν αὐτῷ τῷ βουλευτηρίῳ ἀσπασαμένου; Πῶς τοῦ τε πλήθους καὶ τῆς ἀκριβείας ἅμα τῶν νόμων τῶν τοῖς μὲν ἀδικουμένοις αὔταρκες παραμύθιον τοῖς δ' ἀδικοῦσιν οὐκ ἀπάνθρωπον τιμωρίαν ἐχόντων; Πῶς τῶν γερῶν τῶν τοῖς γαμοῦσι καὶ τεκνοῦσι προκειμένων; Πῶς τῶν ἄθλων τῶν τοῖς στρατιώταις ἄνευ τινὸς ἑτέρου βλάβης δεδομένων; Τί δέ; Τὸ τοῖς ἅπαξ ἀναγκαίως κτηθεῖσιν ἀρκεσθῆναι αὐτὸν καὶ μηδὲν ἕτερον προσκατεργάσασθαι ἐθελῆσαι, ἐξ οὗ πλειόνων ἂν δόξαντες ἄρχειν καὶ τὰ ὄντα ἀπωλέσαμεν, ἢ τὸ τοῖς μὲν πάνυ φίλοις καὶ συνησθῆναι ἀεί ποτε αὐτὸν καὶ συλλυπηθῆναι καὶ συμπαῖξαι καὶ συσπουδάσαι, πᾶσι δ' ἁπλῶς τοῖς ὠφέλιμόν τι ἐπινοῆσαι δυνασθεῖσι παρρησιάσασθαι ἐπιτρέψαι, καὶ τοὺς μὲν ἀληθιζομένους τινὰ ἐπαινέσαι, τοὺς δὲ κολακεύοντας μισῆσαι, καὶ πολλὰ μὲν καὶ ἐκ τῶν οἰκείων πολλοῖς χαρίσασθαι, πάντα δὲ τὰ καταλειφθέντα αὐτῷ ὑπό τινων παῖδας ἐχόντων αὐτοῖς ἐκείνοις ἀποδοῦναι, ποίᾳ ἂν ἐπιλησμοσύνῃ φθαρείη; Τοιγαροῦν διὰ ταῦτα εἰκότως καὶ προστάτην αὐτὸν καὶ πατέρα δημόσιον ἐποιήσασθε, καὶ ἄλλοις τε πολλοῖς καὶ ὑπατείαις πλείσταις ἐπεγαυρώσατε, καὶ τὸ τελευταῖον καὶ ἥρωα ἀπεδείξατε καὶ ἀθάνατον ἀπεφήνατε. Οὔκουν οὐδὲ πενθεῖν αὐτὸν ἡμῖν πρέπει, ἀλλὰ τὸ μὲν σῶμα αὐτοῦ τῇ φύσει ἤδη ἀποδοῦναι, τὴν δὲ ψυχὴν ὡς καὶ θεοῦ ἀεὶ ἀγάλλειν. »

[42] Τιβέριος μὲν ταῦτα ἀνέγνω, μετὰ δὲ τοῦτο τήν τε κλίνην οἱ αὐτοὶ οἵπερ καὶ πρότερον ἀράμενοι διὰ τῶν ἐπινικίων πυλῶν κατὰ τὰ τῇ βουλῇ δόξαντα διεκόμισαν, παρῆν δὲ καὶ συνεξέφερεν αὐτὸν ἥ τε γερουσία καὶ ἡ ἱππάς, αἵ τε γυναῖκες αὐτῶν καὶ τὸ δορυφορικόν, οἵ τε λοιποὶ πάντες ὡς εἰπεῖν οἱ ἐν τῇ πόλει τότε ὄντες. Ἐπεὶ δὲ ἐς τὴν πυρὰν τὴν ἐν τῷ Ἀρείῳ πεδίῳ ἐνετέθη, πρῶτοι μὲν οἱ ἱερῆς πάντες περιῆλθον αὐτήν, ἔπειτα δὲ οἵ τε ἱππῆς, οἵ τε ἐκ τοῦ τέλους καὶ οἱ ἄλλοι, καὶ τὸ ὁπλιτικὸν τὸ φρουρικὸν περιέδραμον, πάντα τὰ νικητήρια, ὅσα τινὲς αὐτῶν ἐπ' ἀριστείᾳ ποτὲ παρ' αὐτοῦ εἰλήφεσαν, ἐπιβάλλοντες αὐτῇ. Κἀκ τούτου δᾷδας ἑκατόνταρχοι, ὥς που τῇ βουλῇ ἐδόκει, λαβόντες ὑφῆψαν αὐτήν· καὶ ἡ μὲν ἀνηλίσκετο, ἀετὸς δέ τις ἐξ αὐτῆς ἀφεθεὶς ἀνίπτατο ὡς καὶ δὴ τὴν ψυχὴν αὐτοῦ ἐς τὸν οὐρανὸν ἀναφέρων. Πραχθέντων δὲ τούτων οἱ μὲν ἄλλοι ἀπηλλάγησαν, ἡ δὲ δὴ Λιουία κατὰ χώραν πέντε ἡμέραις μετὰ τῶν πρώτων ἱππέων μείνασα τά τε ὀστᾶ αὐτοῦ συνελέξατο καὶ ἐς τὸ μνημεῖον κατέθετο.

[43] Τὸ δὲ δὴ πένθος τὸ μὲν ἐκ τοῦ νόμου οἱ μὲν ἄνδρες οὐ πολλαῖς ἡμέραις αἱ δὲ γυναῖκες ἐνιαυτῷ ὅλῳ κατὰ ψήφισμα ἐποιήσαντο, τὸ δ' ἀληθὲς ἐν μὲν τῷ παραχρῆμα οὐ πολλοὶ ὕστερον δὲ πάντες ἔσχον. Εὐπρόσοδός τε γὰρ πᾶσιν ὁμοίως ἦν, καὶ ἐς χρήματα πολλοῖς ἐπήρκει, τούς τε φίλους ἰσχυρῶς ἐτίμα, καὶ ταῖς παρρησίαις αὐτῶν ὑπερέχαιρε. Τεκμήριον δὲ πρὸς τοῖς εἰρημένοις ὅτι τοῦ Ἀθηνοδώρου ἐν δίφρῳ ποτὲ καταστέγῳ ἐς τὸ δωμάτιον αὐτοῦ ὡς καὶ γυναικός τινος ἐσκομισθέντος, καὶ ἐξ αὐτοῦ ξιφήρους ἐκπηδήσαντος, καὶ προσεπειπόντος « Οὐ φοβῇ μή τίς σε οὕτως ἐσελθὼν ἀποκτείνῃ; » Οὐχ ὅπως ὠργίσθη, ἀλλὰ καὶ χάριν αὐτῷ ἔγνω. Ταῦτά τε οὖν αὐτοῦ ἀνεμιμνήσκοντο, καὶ ὅτι καὶ τοῖς λυπήσασί τι αὐτὸν οὐκ ἀκρατῶς ὠργίζετο, τήν τε πίστιν καὶ πρὸς τοὺς οὐκ ἀξίους αὐτῆς ἐτήρει· Κοροκότταν γοῦν τινα λῃστὴν ἐν Ἰβηρίᾳ ἀκμάσαντα τὸ μὲν πρῶτον οὕτω δι' ὀργῆς ἔσχεν ὥστε τῷ ζωγρήσαντι αὐτὸν πέντε καὶ εἴκοσι μυριάδας ἐπικηρῦξαι, ἔπειτ' ἐπειδὴ ἑκών οἱ προσῆλθεν, οὔτε τι κακὸν εἰργάσατο καὶ προσέτι καὶ τῷ ἀργυρίῳ ἐκείνῳ ἐπλούτισε. Διά τε οὖν ταῦτα, καὶ ὅτι τὴν μοναρχίαν τῇ δημοκρατίᾳ μίξας τό τε ἐλεύθερόν σφισιν ἐτήρησε καὶ τὸ κόσμιον τό τε ἀσφαλὲς προσπαρεσκεύασεν, ὥστ' ἔξω μὲν τοῦ δημοκρατικοῦ θράσους ἔξω δὲ καὶ τῶν τυραννικῶν ὕβρεων ὄντας ἔν τε ἐλευθερίᾳ σώφρονι καὶ ἐν μοναρχίᾳ ἀδεεῖ ζῆν, βασιλευομένους τε ἄνευ δουλείας καὶ δημοκρατουμένους ἄνευ διχοστασίας, δεινῶς αὐτὸν ἐπόθουν.

[44] Εἰ γάρ τινες καὶ τῶν προτέρων τῶν ἐν τοῖς ἐμφυλίοις πολέμοις γενομένων ἐμνημόνευον, ἐκεῖνα μὲν τῇ τῶν πραγμάτων ἀνάγκῃ ἀνετίθεσαν, τὴν δὲ δὴ γνώμην αὐτοῦ ἐξ οὗ τὸ κράτος ἀναμφίλογον ἔσχεν ἐξετάζειν ἠξίουν· πλεῖστον γὰρ δὴ τὸ διάφορον ὡς ἀληθῶς παρέσχετο. Καὶ τοῦτο μὲν καθ' ἕκαστον ἄν τις τῶν πραχθέντων ἐπεξιὼν ἀκριβώσειε· κεφάλαιον δὲ ἐφ' ἅπασιν αὐτοῖς γράφω ὅτι τό τε στασιάζον πᾶν ἔπαυσε καὶ τὸ πολίτευμα πρός τε τὸ κράτιστον μετεκόσμησε καὶ ἰσχυρῶς ἐκράτυνεν, ὥστε εἰ καὶ βιαιότερόν τι, οἷα ἐν τοῖς παραλόγοις φιλεῖ συμβαίνειν, ἐπράχθη, δικαιότερον ἄν τινα αὐτὰ τὰ πράγματα ἢ ἐκεῖνον αἰτιάσασθαι. Οὐκ ἐλάχιστον δ' οὖν αὐτῷ πρὸς εὐδοξίαν καὶ τὸ πολυχρόνιον τῆς ἡγεμονίας συνήρατο. Τῶν μὲν γὰρ ἐκ τῆς δημοκρατίας ἀνδρῶν καὶ οἱ πλείους καὶ οἱ δυνατώτεροι πωλώλεσαν· οἱ δ' ὕστεροι ἐκείνης μὲν οὐδὲν εἰδότες, τοῖς δὲ παροῦσι μόνοις ἢ καὶ μάλιστα ἐντραφέντες οὐ μόνον οὐκ ἤχθοντο αὐτοῖς ἅτε καὶ συνήθεσιν οὖσιν, ἀλλὰ καὶ ἔχαιρον, καὶ βελτίω καὶ ἀδεέστερα αὐτὰ ὧν ἤκουον ὁρῶντες ὄντα.

[45] Ταῦτα δὲ ἠπίσταντο μὲν καὶ ζῶντος αὐτοῦ, ἐπὶ πλεῖον δ' ὅμως μεταλλάξαντος ἔγνωσαν· καὶ γὰρ φιλεῖ πως τὸ ἀνθρώπειον οὐχ οὕτω τι εὐπαθοῦν τῆς εὐδαιμονίας αἰσθάνεσθαι ὡς δυστυχῆσαν ποθεῖν αὐτήν. Ὅπερ που καὶ τότε περὶ τὸν Αὔγουστον συνέβη· τοῦ γὰρ Τιβερίου μετ' αὐτὸν οὐχ ὁμοίου πειραθέντες ἐκεῖνον ἐζήτουν. Καὶ ἦν μὲν καὶ παραχρῆμα τὴν μεταβολὴν τῆς καταστάσεως τοῖς ἔμφροσι τεκμήρασθαι· ὅ τε γὰρ ὕπατος ὁ Πομπήιος ἐξορμήσας ὡς καὶ τοῖς τὸ τοῦ Αὐγούστου σῶμα ἄγουσιν ἀπαντήσων τό τε σκέλος ἐπλήγη καὶ μετ' αὐτοῦ φοράδην ἀνεκομίσθη, καὶ βύας αὖθις ὑπὲρ τοῦ συνεδρίου ἐν αὐτῇ τῇ πρώτῃ τῆς βουλῆς μετὰ τὸν θάνατον αὐτοῦ ἕδρᾳ ἱδρύθη καὶ πολλὰ καὶ οὐκ αἴσια ἐπεφθέγξατο. Τοσοῦτον δ' οὖν τὸ σύμπαν ἀλλήλων διήνεγκαν ὥστε τινὰς καὶ ἐς τὸν Αὔγουστον ὑποπτεῦσαι ὅτι ἐξεπίτηδες τὸν Τιβέριον, καίπερ εὖ εἰδὼς ὁποῖος ἦν, διάδοχον ἀπέδειξεν, ἵνα αὐτὸς εὐδοξήσῃ.

[46] Ταῦτα μὲν δὴ οὖν ὕστερον διαθροεῖν ἤρξαντο, τότε δὲ ἀθανατίσαντες αὐτόν, καὶ θιασώτας οἱ καὶ ἱερὰ ἱέρειάν τε τὴν Λιουίαν τὴν Ἰουλίαν τε καὶ Αὔγουσταν ἤδη καλουμένην ἀπέδειξαν. Καὶ οἱ μὲν καὶ ῥαβδούχῳ χρῆσθαι ἐν ταῖς ἱερουργίαις αὐτῇ ἐπέτρεψαν· ἐκείνη δὲ δὴ Νουμερίῳ τινὶ Ἀττικῷ, βουλευτῇ ἐστρατηγηκότι, πέντε καὶ εἴκοσι μυριάδας ἐχαρίσατο, ὅτι τὸν Αὔγουστον ἐς τὸν οὐρανόν, κατὰ τὰ περί τε τοῦ Πρόκλου καὶ περὶ τοῦ Ῥωμύλου λεγόμενα, ἀνιόντα ἑορακέναι ὤμοσε. Καὶ αὐτῷ ἔν τε τῇ Ῥώμῃ ἡρῷον ψηφισθὲν μὲν ὑπὸ τῆς γερουσίας οἰκοδομηθὲν δὲ ὑπό τε τῆς Λιουίας καὶ ὑπὸ τοῦ Τιβερίου ἐποιήθη, καὶ ἄλλοθι πολλαχόθι, τὰ μὲν ἑκόντων δὴ τῶν δήμων τὰ δὲ ἀκόντων οἰκοδομουμένων. Καί οἱ καὶ ἡ ἐν τῇ Νώλῃ οἰκία, ἐν ᾗ μετήλλαξεν, ἐτεμενίσθη. Ἐν ᾧ δ' οὖν τὸ ἐν τῇ Ῥώμῃ ἡρῷον ἐγίγνετο, εἰκόνα αὐτοῦ χρυσῆν ἐπὶ κλίνης ἐς τὸν τοῦ Ἄρεως ναὸν ἔθεσαν, καὶ ἐκείνῃ πάντα ὅσα τῷ ἀγάλματι αὐτοῦ μετὰ τοῦτο χρήσεσθαι ἔμελλον ἐνόμισαν. Ταῦτά τε αὐτῷ ἐψηφίσθη, καὶ ὅπως μήτ' εἰκὼν αὐτοῦ ἐν ἐκφορᾷ τινος πομπεύῃ, καὶ τὰ γενέσια οἱ ὕπατοι ἐξ ἴσου τοῖς Ἀρείοις ἀγωνοθετῶσι, τά τε Αὐγουστάλια οἱ δήμαρχοι ὡς καὶ ἱεροπρεπεῖς ὄντες διατιθῶσι. Καὶ οἱ τὰ μὲν ἄλλα ὥσπερ εἰώθει γίγνεσθαι ἔπραξαν (καὶ γὰρ τῇ ἐσθῆτι τῇ ἐπινικίῳ ἐν τῇ ἱπποδρομίᾳ ἐχρήσαντο), οὐ μέντοι καὶ τοῦ ἅρματος ἐπέβησαν. Χωρὶς δὲ τούτων καὶ ἡ Λιουία ἰδίαν δή τινα αὐτῷ πανήγυριν ἐπὶ τρεῖς ἡμέρας ἐν τῷ παλατίῳ ἐποίησεν, ἣ καὶ δεῦρο ἀεὶ ὑπ' αὐτῶν τῶν ἀεὶ αὐτοκρατόρων τελεῖται.

[47] Ἐπὶ μὲν οὖν τῷ Αὐγούστῳ τοσαῦτα, λόγῳ μὲν ὑπὸ τῆς γερουσίας ἔργῳ δὲ ὑπό τε τοῦ Τιβερίου καὶ ὑπὸ τῆς Λιουίας, ἐνομίσθη· ἄλλων γὰρ ἄλλα ἐσηγουμένων, ἔδοξέ σφισι βιβλία παρ' αὐτῶν τὸν Τιβέριον λαβόντα ἐκλέξασθαι ὅσα ἐβούλετο. Προσέθηκα δὲ τὸ τῆς Λιουίας ὄνομα, ὅτι καὶ αὐτὴ τῶν πραγμάτων ὡς καὶ αὐταρχοῦσα ἀντεποιεῖτο. Κἀν τούτῳ τὸ πλῆθος, τῶν ὀρχηστῶν τινος μὴ ἐθελήσαντος ἐπὶ τῷ τεταγμένῳ μισθῷ ἐς τὸ θέατρον ἐν τοῖς Αὐγουσταλίοις ἐσελθεῖν, ἐστασίασε· καὶ οὐ πρότερον ἐπαύσαντο ταραττόμενοι πρὶν τοὺς δημάρχους τήν τε βουλὴν αὐθημερὸν συναγαγεῖν, καὶ δεηθῆναι αὐτῆς ἐπιτρέψαι σφίσι πλεῖόν τι τοῦ νενομισμένου ἀναλῶσαι.

[41] « J'ai dit, Quirites, comme en un rapide sommaire, ses plus grandes et ses plus nobles actions; car, si on voulait les énumérer toutes exactement une à une, il faudrait plusieurs jours. En outre, je sais que si ces choses sont les seules que vous entendez de ma bouche, elles vous rappelleront à vous-mêmes, du moins intérieurement, toutes les autres, de telle façon que je semblerai, en quelque sorte, les avoir aussi racontées. D'ailleurs, dans tout mon discours à son honneur, mon intention n'a pas été de débiter au hasard de pompeuses paroles, pas plus que la vôtre n'a été d'en entendre, mais seulement de lui faire obtenir dans vos âmes pour ses belles et nombreuses actions une gloire dont le souvenir dure toujours. Qui des sénateurs ne s'en souviendrait, lorsqu'après avoir retranché de cet ordre le vil résidu des séditions, sans faire de mal à personne, il a, par cet acte même, relevé la dignité des autres membres, les a grandis par l'augmentation du cens et enrichis par l'argent qu'il leur a donné; lorsqu'il a rendu leurs voix égales à la sienne dans les délibérations, et qu'il a su se ranger à leurs avis ; lorsqu'il leur a toujours communiqué toutes les affaires les plus importantes, toutes les mesures les plus nécessaires, soit dans la curie, soit aussi dans sa demeure, en s'adjoignant tantôt les uns, tantôt les autres, à cause de son âge et de l'affaiblissement physique de son corps? Qui des autres Romains n'y songerait sans cesse, lorsqu'il leur a procuré édifices, richesses, combats de gladiateurs, jeux, immunités, abondance des choses utiles à la vie, sûreté non pas seulement contre les ennemis et contre les malfaiteurs, mais aussi contre les accidents envoyés, tant le jour que la nuit, par les dieux? Qui des alliés n'en garderait la mémoire, lorsqu'il a fait pour eux la liberté exempte de danger, l'alliance exempte de dommages? Qui des peuples soumis ne se le rappellerait, lorsqu'aucun d'eux n'a subi ni insulte ni outrage? Comment, en effet, oublier un homme pauvre en son particulier, riche pour le bien public, économe pour lui-même, prodigue envers les autres; qui, lorsqu'il bravait sans cesse toutes les fatigues, tous les périls pour vos intérêts, se trouvait malheureux de vous voir l'escorter à son départ, ou, à son retour, aller au-devant de lui ; qui, dans les fêtes, admettait jusqu'au peuple dans sa maison, et, les autres jours, saluait le sénat dans la salle même de ses délibérations ? Comment oublier ces lois si nombreuses et en même temps si précises, qui ont apporté à ceux qui souffraient de l'injustice une suffisante consolation, sans pour cela infliger à ceux qui la commettaient une punition inhumaine? ces récompenses établies en faveur des citoyens qui se mariaient et procréaient des enfants? ces prix donnés aux soldats sans nuire à personne ? Le mérite d'avoir su se contenter des pays que nous avions été contraints de subjuguer, sans vouloir y en ajouter de nouveaux, ambition qui, augmentant en apparence notre empire, nous ferait perdre même nos conquêtes actuelles ; d'avoir toujours partagé la joie et la peine de ses amis, comme leurs amusements et leurs occupations sérieuses; d'avoir accordé la liberté de parole indistinctement a tous ceux qui étaient capables de trouver une idée utile; d'avoir eu des louanges pour la vérité, de la haine pour la flatterie, d'avoir distribué à beaucoup des largesses de ses propres deniers, et rendu tous les biens légués par des citoyens qui avaient des enfants à ces mêmes enfants, dans quel oubli pourrait-il jamais être enseveli? Aussi, vous l'avez à juste titre appelé le patron et le père de la patrie, vous l'avez, entre autres honneurs, mainte fois élevé au consulat; et, en dernier lieu, vous êtes allés jusqu'à le proclamer héros, jusqu'à le déclarer immortel. Il n'est donc pas convenable à nous de le pleurer, mais de rendre présentement son corps à la nature et de révérer son âme comme celle d'un dieu. »

[42] Voilà ce que lut Tibère. Ensuite le lit funéraire, relevé par les mêmes porteurs qu'auparavant, passa par la porte Triomphale, selon le décret rendu par le sénat. En tête du cortège marchaient les sénateurs et les chevaliers, leurs femmes et les soldats prétoriens venaient après eux, et, pour ainsi dire, tout ce qui se trouvait alors de monde dans Rome. Lorsque le cadavre eut été placé au Champ de Mars sur le bûcher, les prêtres, d'abord, en firent tous le tour; puis, les chevaliers, tant ceux qui servaient dans les légions que les autres, et les soldats de la garde urbaine coururent en cercle tout à l'entour de ce même bûcher, quelques-uns jetant sur le corps toutes les récompenses militaires qu'ils avaient reçues de sa main pour leurs exploits. Ensuite, des centurions, désignés par décret du sénat, prenant des flambeaux, mirent le feu au bûcher; pendant qu'il se consumait, un aigle, qu'on lâcha, prit son essor, comme s'il emportait au ciel l'âme du prince. La cérémonie faite, on se retira ; mais Livie resta cinq jours avec les premiers des chevaliers, pour recueillir les ossements de l'empereur défunt et les déposer dans le monument.

[43] Le deuil dura, suivant la loi, peu de jours pour les hommes ; pour les femmes, un décret le prolongea une année tout entière ; mais, pour dire le vrai, le deuil, très restreint dans le moment, fut général dans la suite. Auguste, en effet, était d'un abord également facile pour tous, et aidait bien des citoyens de son argent; il accordait de grands honneurs à ses amis et se plaisait à les entendre lui parler librement. Un exemple à joindre à ceux qui ont été cités plus haut, c'est qu'Athénodore, s'étant fait porter, comme une femme, en litière couverte dans son appartement et s'étant tout à coup élancé de cette litière l'épée à la main, en lui disant : « Ne crains-tu pas que quelqu'un ne vienne ainsi pour te tuer? » Auguste, loin d'en témoigner de la colère, lui en sut gré. Voilà des traits qu'on citait d'Auguste; on disait aussi que sa colère contre ceux qui l'avaient offensé n'était pas sans bornes, et qu'il tenait fidèlement sa parole, même à des gens indignes. Ainsi, Corocottas, brigand fameux d'Espagne, excita tout d'abord sa colère à un tel point qu'il promit deux cent cinquante mille drachmes à celui qui le prendrait vif; mais Corocottas étant venu volontairement se livrer, loin de lui faire aucun mal, il lui donna la somme promise. C'est pour cela, et aussi parce qu'en mêlant le gouvernement monarchique de formes républicaines, il conserva aux Romains leur liberté, leur procura l'honneur et la sécurité, au point qu'également à l'abri de la fougue populaire et des excès de la tyrannie, ils vécurent dans une sage liberté, sous une monarchie inoffensive, soumis à un prince sans être ses esclaves, gouvernés avec les formes de la république, sans être en butte aux discordes; c'est pour tout cela, dis-je, qu'il fut amèrement pleuré.

[44] Si quelques-uns se souvenaient de ses premiers actes, c'est-à-dire de ceux qu'il avait accomplis pendant les guerres civiles, ils les attribuaient à la nécessité des choses, et prétendaient n'examiner ses sentiments qu'à partir du jour où il avait eu seul le pouvoir sans conteste; car il se montra véritablement bien différent. C'est ce qu'on reconnaîtra, si l'on se rend un compte exact de chacune de ses actions. En résumé, je dis qu'il a mis fin à toutes les séditions, réformé et fortifié le gouvernement en l'asseyant sur des bases solides, de sorte que, si des actes de violence ont eu lieu, comme c'est l'ordinaire dans les révolutions inopinées, il est plus juste d'en accuser les circonstances que lui. Ce qui n'a pas peu contribué non plus à sa gloire, c'est la durée de son règne. La plupart et les plus puissants citoyens du temps de la république avaient péri ; ceux qui vinrent après, ne l'ayant pas connue, et élevés, sinon complètement, du moins en grande partie, sous le régime nouveau, non seulement ne lui étaient pas opposés, attendu qu'ils en avaient l'habitude, mais même lui étaient favorables, voyant qu'il valait mieux et offrait plus de sûreté que celui dont ils entendaient parler.

[45] Beaucoup le savaient du vivant d'Auguste, mais ils le reconnurent bien mieux encore, lorsqu'il fut mort; car il est ordinaire à l'homme de moins sentir son bonheur lorsqu'il est heureux, qu'il ne le regrette lorsqu'il est malheureux. Les événements le montrèrent bien alors, à propos d'Auguste ; après avoir fait l'épreuve de Tibère, qui lui succéda sans lui ressembler, les Romains redemandaient le premier. Les hommes d'expérience purent immédiatement conjecturer le changement qui allait s'opérer : le consul Pompée, sorti pour aller à la rencontre de ceux qui rapportaient le corps d'Auguste, reçut un coup à la jambe et fut ramené en litière avec lui; un hibou vint, le premier jour où il y eut assemblée du sénat après la mort du prince, se percher de nouveau sur la curie et fit entendre pendant longtemps des cris lugubres. Au reste, la différence fut en tout si grande entre les deux empereurs, que quelques historiens ont soupçonné Auguste d'avoir à dessein choisi Tibère pour son successeur, bien que connaissant parfaitement son caractère, afin de se faire mieux apprécier lui-même.

[46] Ces bruits cependant ne commencèrent que plus tard à se répandre. Pour l'instant, après avoir mis Auguste au rang des immortels, on institua en son honneur des flammes et des sacrifices, avec Livie, qui déjà avait reçu les noms de Julia et d'Augusta, pour prêtresse. On permit à Livie d'avoir un licteur dans l'exercice de ses fonctions sacrées; celle-ci fit don de deux cent cinquante mille drachmes à un certain Numérius Atticus, sénateur qui avait exercé la préture, pour avoir, à l'exemple de ce qu'on rapporte de Proculus et de Romulus, affirmé par serment qu'il avait vu Auguste monter au ciel. Un sanctuaire, décerné par le sénat et construit par les soins de Livie et de Tibère, lui fut élevé à Rome et dans plusieurs autres lieux où les peuples lui en construisirent, les uns volontairement, les autres malgré eux. La maison où il était mort à Nole fut convertie en temple. A Rome, pendant la construction du sanctuaire, on plaça une image de lui en or couchée sur un lit dans le temple de Mars, et tous les hommages qui devaient, dans la suite, être rendus à sa statue, furent dès lors accordés à cette image. En outre, un décret défendit de porter son image dans aucune pompe funèbre, ordonna qu'à son jour natal, les consuls donneraient des jeux avec des prix égaux à ceux des fêtes de Mars; et que les tribuns du peuple, dont la personne était sacro-sainte, célébreraient les Augustales. Ces magistrats remplirent toutes les formalités usitées en pareille circonstance, c'est-à-dire qu'aux jeux du cirque, ils firent usage de la toge triomphale, sans cependant monter sur le char. A part cela, Livie donna en son propre nom pendant trois jours, sur le Palatin, des jeux que célèbrent toujours les divers empereurs qui se succèdent.

[47] Ces décisions rendues en l'honneur d'Auguste furent prises, en apparence par le sénat, en réalité par Tibère et par Livie : car, au milieu des résolutions proposées par les uns et par les autres, on décida que Tibère recevrait des sénateurs des mémoires écrits dans lesquels il choisirait ce qu'il voudrait. Si j'ai ajouté le nom de Livie, c'est qu'elle aussi s'occupait des affaires comme si elle eût eu le pouvoir suprême. A cette époque, un histrion ayant refusé de paraître sur le théâtre, aux Augustales, pour le prix fixé, une sédition éclata parmi les plébéiens, et le trouble ne s'apaisa que quand les tribuns du peuple eurent, le jour même, assemblé le sénat et lui eurent demandé la permission d'excéder les dépenses réglées par la loi.