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INTRODUCTION

BELLUM GALLICUM

VISAGES D'UN IMPÉRIALISME EN QUELQUES MOTS ...

 Chacun sait que César a conquis la Gaule et qu'il a raconté ses souvenirs dans un ouvrage de "commentaires" (commentarii signifie "notes, aide-mémoire, ...") qui sera désigné ici par son sous-titre Bellum Gallicum

Les extraits qui t'en sont proposés ne te permettront pas de découvrir le détail des opérations menées par César en Gaule, mais tendent à te faire comprendre pourquoi César s'est engagé dans une telle entreprise, comment il a pu la mener à bien et comment ont réagi les Gaulois. 

Un événement historique, si lointain soit-il, ne cesse de soulever des questions pour l'homme d'aujourd'hui. C'est à cela que t'invitent les pages qui suivent : poser des questions ... et -si possible- trouver des réponses.

PLANTONS LE DÉCOR 

Un événement historique n'est jamais isolé. Voici quelques documents qui te permettront de mieux comprendre le contexte global dans lequel s'est déroulée la guerre des Gaules.

 

DATES

ÉVÉNEMENTS SOCIAUX, POLITIQUES ET MILITAIRES

VIE DE CÉSAR

101

 

Naissance de C. Iulius Caesar

91

Guerre "sociale" (Rome contre ses "alliés"italiens) ---> 88

 

87

Guerre civile (Marius contre Sylla) ---> 81

 

81

Dictature de Sylla

Départ pour l'Asie; premières armes ---> 78

77

 

Débuts politiques; mise en accusation des partisans de Sylla

76

 

Nouveau séjour en Asie; quelques exploits militaires à la tête d'une armée personnelle ---> 73

73

Révolte des esclaves en Italie (Spartacus) ---> 71

 

72

Victoire de Pompée en Espagne

 

71

Victoire de Crassus et Pompée sur les esclaves;
campagnes de Lucullus en Asie

 

70

 

César se signale par son action politique de tendance popularis

68

 

Questure

67

Victoire de Pompée sur les pirates

 

66

Campagnes de Pompée en Orient ---> 62

 

65

 

Edilité

64

 

César défend sans succès la loi agraire

63

Conjuration de Catilina déjouée par Cicéron

Grand pontife; César tente d'éviter la peine de mort aux complices de Catilina

62

 

Préture

61

 

Propréture en Espagne; campagne contre des montagnards rebelles

60

Premier triumvirat : Crassus, Pompée ...

et César

59

 

Consulat de César : diverses mesures de tendance popularis :
loi agraire, contrôle des gouverneurs de provinces

58

 

Proconsulat d'Illyricum et de Gaule (Cisalpine et Provincia);
début des hostilités en Gaule indépendante ---> 51

53

Crassus tué dans une expédition contre les Parthes (frontière orientale de l'empire romain)

 

52

Pompée consul unique

Victoire d'Alésia; rédaction du Bellum Gallicum

51

Fin de la guerre des Gaules

 

49

Guerre civile : Pompée contre ...

César

48

Mort de Pompée

Victoire de César à Pharsale (Grèce

46

 

Victoire de César sur les partisans de Pompée

45

 

Dictature de César; réorganisation de l'Etat romain

44

 

Assassinat de César en plein sénat (15/3)

(43)

 

(Hirtius rédige le livre VIII du Bellum Gallicum consacré à l'année 51)

TABLEAU CHRONOLOGIQUE DU BELLUM GALLICUM

 Année 58 : Livre I

1. Migration des Helvètes
César refuse aux Helvètes le passage à travers la Province
Appelé à l'aide par les Héduens, César bat les Helvètes à Bibracte
2. Campagne contre le Germain Arioviste
Les Gaulois demandent l'aide de César contre les Germains qui les oppriment; victoire de César sur Arioviste

Année 57 : Livre II

Campagne contre les Belges
César soumet divers peuples belges
Batailles de l'Aisne et du Sabis
Prise de l'oppidum des Atuatuques

Année 56 : Livre III

1. Victoire de Galba dans les Alpes
2. Campagne difficile en Normandie et Armorique (Bretagne actuelle)
3. Campagne victorieuse de Crassus en Aquitaine

Année 55 : Livre IV

1. Campagne de Germanie
Des Germains passent le Rhin; César les écrase
César passe le Rhin à son tour pour intimider les Germains
2. Premier passage en Bretagne (Gde-Bretagne actuelle)
Une tempête endommage la flotte et contraint César à la retraite

Année 54 : Livre V

1. Deuxième passage en Bretagne
Une tempête endommage la flotte
Campagne victorieuse; soumission de peuples bretons
2. Soulèvement chez les Carnutes
3. Les Eburons massacrent une légion et demie
4. César délivre Cicéron assiégé dans son camp
5. Révolte des Trévires

Année 53 : Livre VI

1. Campagne en Belgique
2. [Moeurs des Gaulois et des Germains]
3. Massacre des Eburons
4. Des Sugambres passent le Rhin et sont vaincus par César

Année 52 : Livre VII

Soulèvement général de la Gaule centrale
Massacre des Romains à Cenabum
Vercingétorix prend le pouvoir chez les Arvernes
Prise d'Avaricum par les Romains
César échoue devant Gergovie
Siège d'Alésia; victoire de César

Année (51) : Livre (VIII)

1. César réduit les derniers foyers de résistance, notamment en Belgique
2. Siège et prise d'Uxellodunum
3. Soumission définitive de la Gaule

Remarque : Ainsi que tu as pu le constater, chaque livre est consacré aux événements d'une année. Le nE du livre te permet de savoir immédiatement quand ont eu lieu les événements racontés.

PANORAMA DES INSTITUTIONS ROMAINES

1. LES INSTITUTIONS

Le pouvoir politique à Rome à la fin de la République est partagé de manière inégale entre le SÉNAT, les MAGISTRATS et les ASSEMBLÉES.

MAGISTRATS

Les magistrats élus pour une durée limitée, chargés de faire exécuter les lois et d'en proposer de nouvelles au vote des assemblées sont souvent investis de pouvoirs militaires. Les magistratures sont accordées selon un ordre fixe (le cursus honorum) : questure (finances), édilité (urbanisme), préture (justice), consulat (magistrature suprême). L'exercice d'une magistrature entraîne l'entrée au sénat.

SÉNAT

Le Sénat exerce ses pouvoirs dans d'innombrables domaines, entre autres la politique extérieure. Le fait que les sénateurs le sont en principe à vie fait du Sénat un élément stable de la politique romaine.

ASSEMBLÉES

Les diverses assemblées du peuple (c'est-à-dire de la communauté civique) élisent les magistrats et votent des lois. Les classes inférieures de la société ont peu de chances d'intervenir utilement dans le vote, mais la plèbe a ses propres assemblées où peuvent être votées des lois applicables à l'ensemble de la société. La plèbe est censée être défendue par des magistrats spéciaux : les tribuns.

2. LES PARTIS

Au Ier siècle ACN, la lutte entre les deux partis, les optimates et les populares, se fait très vive.

Les optimates constituent le parti conservateur, gardien de la propriété et des privilèges de l'aristocratie. Ils dominent le sénat.

Les populares s'appuient sur le peuple et réclament des réformes dans les domaines politique et économique (réformes agraires, par ex.). Pour eux, la solution réside dans l'établissement d'un pouvoir fort et personnel.

ATTENTION ! Optimates et populares sont issus les uns et les autres de l'aristocratie. L'homme de la rue n'intervient en politique que sur les injonctions de son patron (c'est-à-dire de son protecteur). Signalons aussi que la vie politique à Rome a un fort caractère personnel: les hommes comptent parfois davantage que les programmes.

3. L'EMPIRE

Le développement considérable de l'Empire au II s. ACN, a bouleversé la société romaine: le fossé entre riches et pauvres s'est approfondi. La plupart des provinces sont gouvernées par des promagistrats (magistrats envoyés dans les provinces après exercice de leur magistrature à Rome). Les campagnes électorales coûtant cher et les magistratures rapportant peu, les gouverneurs de provinces se livrent souvent à des opérations économiques ou militaires qui les remboursent de leurs frais électoraux et leur permettent d'amasser des fortunes. Les provinces paient l'impôt et sont souvent la proie des publicains (adjudicataires d'impôts).

4. L'ARMÉE

L'armée ne se recrute plus par classes de fortune, mais repose en bonne part sur le volontariat. Les plus démunis trouvent donc dans l'armée un moyen de subsistance grâce à la solde, aux primes et aux pillages. Depuis que la durée des promagistratures s'est allongée, les armées sont dévouées à leurs généraux plus qu'à l'Etat. Par ailleurs, les chefs militaires doivent tenir compte des exigences de leurs troupes. Les soldats peuvent être envoyés à Rome en période d'élections pour apporter leurs voix à leur chef ou au candidat qu'il leur désigne.

LE BELLUM GALLICUM : CE QU'EN PENSAIENT LES CONTEMPORAINS

 

- J'ai lu aussi les mémoires qu'il a écrit sur ses campagnes.
- Oh!, repris-je, tout à fait excellents! Ils sont nus, vont droit au but, ont une grâce sans apprêt oratoire, comme un corps dépouillé de ses vêtements. En voulant fournir des matériaux aux historiens futurs, il a peut-être fait plaisir à des lourdauds, qui seront tentés de friser tout cela au petit fer. Mais aux gens sensés, il a ôté l'envie d'écrire; car dans l'histoire, la brièveté élégante et lumineuse est ce qu'il y a de plus agréable.

CICÉRON

Ah! si les lecteurs de ces commentaires [ceux qu'Hirtius s'apprête à écrire, c'est-à-dire le livre VIII du Bellum Gallicum] pouvaient savoir avec quelle réticence j'ai entrepris leur rédaction! J'éviterais ainsi de me voir accuser de sottise et d'arrogance pour m'être placé au beau milieu des oeuvres de César *. Il est clair pour tout le monde que jamais personne n'a écrit une oeuvre, quelque soin qu'on y ait mis, qui ne soit surclassée par l'élégance de ces commentaires. Alors qu'ils ont été publiés pour fournir des documents aux historiens futurs d'événements si considérables, l'opinion générale qu'on en a est telle que la plume semble avoir été arrachée plutôt que tendue aux écrivains. Cependant, notre admiration dépasse encore celle manifestée par les autres; tous connaissent la valeur et la finesse de l'ouvrage, nous savons avec quelle facilité et quelle rapidité il l'a écrit. Il y avait chez César non seulement la facilité et l'élégance magistrale de l'écriture, mais aussi le talent d'expliquer ses propres desseins avec la plus grande vérité.

HIRTIUS, Préface au livre VIII du Bellum Gallicum

* César avait écrit un Bellum Civile (la guerre civile) qui racontait les événements de 49 et 48. Le Bellum Gallicum se terminant avec les événements de 52, Hirtius, en écrivant le livre VIII intercalait son oeuvre entre celles de César.

Asinius Pollion [76 - 4 ACN; partisan de César] prétend que ces commentaires ont été composés avec trop peu de soin et trop peu de respect pour la vérité, car, dit-il, la plupart du temps, César a enregistré sur parole, sans contrôle, les actions des autres; quant aux siennes, soit à dessein, soit même faute de mémoire, il les a présentées de manière inexacte.

SUÉTONE

ÉLÉMENTS POUR UNE DÉFINITION DE L'IMPÉRIALISME

Qu'est-ce que l'impérialisme ?

Impérialisme : politique d'un Etat visant à réduire d'autres Etats sous sa dépendance politique ou économique.

Petit Robert

Qui dit impérialisme dit Etat. Il n'y a d'impérialisme, me semble-t-il, que si le peuple dominateur forme lui-même un Etat organisé, monarchie autoritaire le plus souvent, mais aussi république aristocratique, voire démocratique. C'est en somme un Etat qui cherche à en absorber d'autres ou à s'étendre sur des territoires inorganisés.

R. PALANQUE, Les impérialismes antiques

L'impérialisme est la politique d'un Etat tentant d'établir un contrôle en dehors de ses frontières sur des gens qui sont peu disposés à l'accepter. A cause de cette mauvaise volonté, la politique impérialiste comprend toujours l'emploi de la violence contre ses victimes.

W. LEVI, Imperialism dans Encyclopaedia Britannica (1968)

Quatre analyses de la politique impérialiste

1. Les théoriciens marxistes ont fouillé les aspects économiques de l'impérialisme jusqu'au moindre détail. Ils interprètent l'impérialisme comme le dernier stade du capitalisme quand l'économie nationale capitaliste est devenue monopoliste et est forcée de conquérir des débouchés pour sa surproduction et son excédent de capital, en compétition avec d'autres Etats capitalistes.

2. Un second groupe d'arguments met en rapport l'impérialisme avec la nature des êtres humains et des groupes humains, comme l'Etat. Pour les tenants de ce point de vue, l'impérialisme est une partie de la lutte naturelle pour la survie. La nature a fait les hommes inégaux et ceux pourvus de qualités supérieures sont destinés à dominer tous les autres. Les nations doivent prouver leur force et leur virilité dans le combat et la soumission des peuples plus faibles.

3. Un troisième groupe d'arguments concerne la stratégie et la sécurité. Les nations sont poussées à obtenir des bases, des dispositifs stratégiquies, des états-tampons, des frontières, le contrôle des lignes de communication, pour des raisons de sécurité et pour empêcher d'autres Etats de les atteindre.

4. Le quatrième groupe d'arguments est basé sur des considérations morales, parfois avec de fortes implications missionnaires. L'impérialisme est présenté comme un moyen de libérer les peuples d'un pouvoir tyrannique ou de leur apporter les bénédictions d'une civilisation supérieure.

W. LEVI, Imperialism dans Encyclopaedia Britannica (1968)

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