BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS
94 LES BABYLONIQUES DE JAMBLIQUE
AVANT-PROPOS.
Photius n'est pas moins célèbre dans l'histoire littéraire que dans l'histoire ecclésiastique du neuvième siècle. Doué par la nature du génie le plus heureux et le plus flexible, il ne fut étranger à aucun genre d'érudition, et il cultiva toutes les sciences avec une égale aptitude et une égale facilité. Avant que son ambition l'eût porté sur le siège patriarcal de Constantinople, il avait associé Tarasius à ses lectures, et lorsqu'il partit pour son ambassade d'Assyrie, ce frère chéri exigea de son amitié, qu'il lui fît part de celles qu'il ferait pendant son absence. Photius lui envoya donc l'analyse. de deux cent soixante-dix-neuf ouvrages qu'il avait lus dans son ambassade; et ces extraits, plus ou moins longs, comme il le dit lui-même dans sa lettre d'envoi, selon que son frère était plus ou moins familier avec les matières qui y sont traitées, composent ce que nous appelons la Bibliothèque de Photius. Faits, en général, avec beaucoup d'art et avec une critique rare, ils sont d'autant plus précieux pour nous, qu'une partie des ouvrages ainsi analysés a péri. On jugera du prix de ces extraits par celui des deux romans d'Antoine Diogène et de Jamblique, que nous n'avons plus. Il paraît du moins que le premier est irrévocablement perdu. On a eu longtemps l'espoir de retrouver le second ; mais il est fort à craindre qu'il n'ait essuyé le sort du premier. On a déjà remarqué, avec beaucoup de justesse, que ces analyses ont donné la première idée des journaux littéraires. La Bibliothèque de Photius telle que nous l'avons aujourd'hui, renferme deux cent quatre-vingts extraits, au lieu de deux cent soixante-dix neuf, que l’auteur annonce bien positivement dans la lettre à son frère ; mais c'est un sentiment, assez généralement reçu, que tous ces extraits ne sont point de la main de Photius, et que des étrangers ont glissé quelques meubles dans son inventaire,
Le texte, corrompu en beaucoup
d’endroits, attend une main habile qui le rétablisse. La première
édition, et en même temps la plus belle, fut donnée Augsbourg
(Auguste Vindeticorum), en 1601, in fol., par les soins de David
Hœschelius, qui a joint à la fin du Volume des variantes et quelques
notes. Cette première édition ne contient que le texte grec,
magnifiquement imprimé. En 1606 André Schoty publia, dans la même
ville et du même format, la traduction latine de cet ouvragé; mais
très négligemment faite. La seconde édition de la Bibliothèque de
Photius, avec la traduction latine de Schott, avec ses notes et
celles de Hœschelius, parut à Genève en 1611, in fol., chez Pierre
Etienne. C’est une réimpression pure et simple, mais assez correcte,
du texte, de la traduction et des notes de Hœschelius et de Schott.
Enfin la dernière et la plus incorrecte, quoique la plus chère et la
plus recherchée dans le commerce, est celle de Rouen 1653, in folio.
L'éditeur signe seulement sa préface des lettres initiales de son
nom et de son état, Th. M. Roth. Eccl. Presb. ; il a copié l'édition
de 1611, et a ajouté seulement quelques notes marginales qui
prouvent que cet ecclésiastique ne manquait pas d'érudition; mais il
a si peu soigné l'impression du texte, qu'on y trouve presque à
chaque page les fautes les plus grossières.
Plusieurs savants avaient promis une nouvelle édition d'un ouvrage
qu'on peut appeler un vaste répertoire pour les sciences et les
lettres; mais ils sont morts avant d'avoir mis la dernière main à
leur travail. Au commencement du siècle dernier, les mémoires de
Trévoux, 1701, p. 288, annonçaient celle de Claude Capperonier et
d'Ellies Dupin, et les deux ou trois premières feuilles, que nous
nous souvenons d'avoir vues à la bibliothèque de l'Arsenal, étaient
déjà imprimées de format in-folio, avec des notes au bas des pages.
L'exécution nous en a paru très soignée. Nous ignorons les motifs
qui ont fait discontinuer cette impression, jusqu'où elle avait été
portée, et si la suite de ce travail existe quelque part.
Heureusement M. Thorlacius, jeune et savant Danois, que nous avons vu à Paris, il y a quelques années, et qui réunissait une extrême modestie à un rare savoir, prépare une édition de cet ouvrage important. Il a collationné ou fait collationner les manuscrits, et la république des lettres attend avec impatience cette édition.
Il manque à la littérature française une traduction de la Bibliothèque de Photius ; mais elle devrait être confiée par le gouvernement, qui en ferait les frais, à un savant également versé dans la connaissance de la. Langue grecque et de l'histoire littéraire. Le style raboteux, si nous osons nous exprimer ainsi, de Photius, exige l'une, et une notice raisonnée sur chacun des écrivains que ce patriarche fait passer en revue, exige l'autre. Nous disons que le gouvernement devrait commander cette traduction, parce que si elle devient une spéculation de libraire, nous aurons nécessairement un ouvrage informe, comme sont ordinairement ceux que l'on doit à une spéculation mercantile.
NOTICE SUR JAMBLIQUE.
Il ne faut pas confondre Jamblique le romancier avec Jamblique de Calchis, auteur de quelques ouvrages qui nous restent, et de beaucoup d'autres qui sont perdus. Ce dernier florissait sous Constantin; l'autre naquit probablement vers la fin du règne de Trajan, et il vivait encore sous Marc-Aurèle et L. Verus, comme nous le verrons dans l'extrait de ses Babyloniques. Il avait consigné dans ce roman des détails précieux sur sa personne; mais Photius n'en a conservé que deux ou trois. Suidas, dans le court article qu'il lui consacre, nous apprend seulement qu'il était un affranchi ; qu'il avait écrit les Babyloniques, c'est-à-dire les amours de Rhodanes et de Sinonis, en XXXIX livres, de sorte que nous ignorerions les autres particularités de sa vie, si une scholie grecque marginale ne nous en apprenait pas quelques-unes. Henri Etienne l’avait trouvée sur la marge d'un ancien manuscrit de la Bibliothèque de Photius, sur lequel il collationnait une copie de cette même bibliothèque, écrite en partie de sa main, et il l’avait portée sur cette copie. Elle se trouvait encore sur un manuscrit qui appartenait à Maxime Margunius, évêque de Cythère. Ce second manuscrit fut communiqué par le possesseur à David Hœschelius, qui donna à Augsbourg en 1601 la première édition de la Bibliothèque de Photius. Le premier lui fut communiqué pan Paul Etienne, à la recommandation d'Isaac Casaubon. Hœschelius publia cette scholie, page 937 de son édition. Elle a été répétée page 32 des notes de l'édition de Paul Etienne, et de celle de Rouen. Puisée dans le roman même de Jamblique, elle est très précieuse; mais elle a donné lieu à d'étranges erreurs...
« Ce Jamblique était Syrien de père et de mère; il ne descendait point de ces Grecs qui s'établirent en Syrie après la conquête, mais des naturels du pays. Il nous apprend lui-même qu'il fut élevé dans la langue et les mœurs des Syriens, jusqu'au moment où un Babylonien fut chargé de son éducation, et l'instruisit dans la langue, les mœurs, les traditions des Babyloniens. C'est dans une de ces traditions que Jamblique confesse avoir puisé son roman. Il ajoute que ce Babylonien avait été captif lorsque Trajan entra dans Babylone, et vendu à un Syrien par ceux qui étaient chargés de vendre les captifs et le reste du butin; qu'il avait l'esprit tellement orné de toutes les connaissances des barbares, que, dans sa patrie, il était un des secrétaires du roi. Ce Jamblique possédait donc sa langue naturelle, c'est-à-dire, la syrienne ; ensuite, il avait appris celle des Babyloniens ; enfin il s’était appliqué à celle des Grecs, de manière à pouvoir l'écrire et la parler avec élégance et facilité. »
André Schott, au lieu de reléguer à la marge ou dans une note, sa mauvaise interprétation latine de cette scholie, l’a intercalée, on ne sait pourquoi, au milieu d'une page où elle coupe le texte et la version. Nous avons déjà vu que par λόγης il entendait l'art oratoire; et ce n'est pas le seul contresens qui se trouve dans son interprétation. Selon lui, l'homme qui possédait toutes les connaissances que l'on pouvait attendre d'un barbare, et qui avait été dans son pays secrétaire du roi, n’était point le Babylonien, instituteur de Jamblique, mais le Syrien auquel ce Babylonien fut vendu. Syro cuidam esse venditum, barbarica sapientia imbuto y etc. Fabricius ne tombe pas dans des erreurs moins graves, tout en s'appuyant de cette scholie ; il prétend que Jamblique fut élevé à Babylone, et fait esclave lorsque Trajan s'empara de cette ville ; il ajoute ensuite que Jamblique avait été, à Babylone, secrétaire du roi : Confer scholion grœcum ah Hœschelio editum, p. 937, ad Photium, e quo disces Jamblichum Babylonicorum scriptorem, genere Syrum, Babylone a nutritio suo educatum fuisse, captumque inter alios, cum Trajanus imperator Babylonios bello invasisset : ex quo Suidas forte Jamblichum istum ἀπὸ δήλων, sive mancipium fuisse scribit ; alio qui Babylone scribam regis gessit hic Jamblichus, etc. Après avoir vu un homme aussi instruit que Fabricius, dénaturer à ce point la scholie grecque, on sera moins surpris de lire le passage suivant au commencement d'un mémoire de le Beau, le cadet, Sur un roman grec, intitulé les Babyloniques, mémoire dont son frère nous a donné l'extrait, Tom. XXXIV, pages 57 et suivantes des Mémoires de l’Académie des inscriptions.
« Ce roman n'est connu que par l'extrait de Photius, qui nous apprend que l'auteur se nommait Iamblique, et qu'il vivait sous Marc-Aurèle; ainsi il ne faut pas le confondre avec les deux célèbres philosophes de ce nom qui furent estimés de Julien. Il disait lui-même dans son ouvrage qu'il vivait dans le temps que Marc-Aurèle envoya Verus pour faire la guerre à Vologèse, roi des Parthes, et qu'il en prédit le succès ; car à l'entendre il était prophète : ainsi il était contemporain de Lucien, et c'est peut-être un de ceux dont cet agréable satyrique se moque dans son ouvrage intitulé : Histoire véritable. Une note marginale d'un manuscrit grec, citée par Henri Etienne, contient un plus grand détail sur ce romancier : on y lit que cet Iamblique était Syrien; qu'un Babylonien qui l’avait élevé, l'emmena à Babylone; que ce Babylonien ayant été fait prisonnier avec Iamblique, dans le temps que Trajan s'empara de Babylone, ils furent vendus à un Syrien fart versé dans les sciences des Grecs; et qu'Iamblique ayant joint la connaissance de la langue grecque à celle des langues qu'il savait déjà, devint un littérateur célèbre. Pour concilier cette note avec le récit de Photius, il faut supposer qu'Iamblique a vécu longtemps ; car il s'est passé près de soixante ans entre l'expédition de Trajan et celle de L. Ver us. Suidas dit qu'il était affranchi, et qu'il a écrit, sous le titre de Babyloniques, les amours de Rhodanes et de Sinonis. Photius appelle cet ouvrage Ιαμβλίκη δραματικόν. Il ne compte que six livres dans ce roman, au lieu que Suidas en compte trente-neuf; mais il faut corriger le texte de Suidas par celui de Photius, -qui exprime le nombre en toutes lettres. »
Il serait difficile de rassembler plus d'inexactitudes, pour ne pas dire d'erreurs, en aussi peu de lignes. En donnant une traduction fidèle et littérale de la scholie grecque, j'ai réfuté d'avance les principales. Les autres sont étrangères à la question, ou nous mèneraient trop loin. Je me contenterai de faire deux observations.
1°. J'ai placé la naissance de
Jamblique sur la fin du règne de Trajan, parce que dans les
Babyloniques il est fait mention de la défaite de Vologèse, roi des
Parthes, vers l'an 162, et que par conséquent ce roman ne fut
commencé ou du moins achevé qu'après cette époque. Or pour écrire un
ouvrage aussi brillant d'imagination et de style, dans une langue
qui n'était pas sa langue maternelle, il fallait, sinon le feu de la
jeunesse, au moins la force de l'âge mur. D'un autre côté, on ne
peut reculer, plus loin que l'an 112 ou 115, la naissance de
Jamblique, parce que le Babylonien, son instituteur, devait avoir au
moins trente-cinq à quarante ans lorsqu'il fut fait captif vers l'an
102, puisqu'il avait déjà acquis toutes les connaissances que
pouvait acquérir un barbare, et que, par cette raison, il occupait
dans sa patrie le poste de secrétaire du roi. Pour apprendre à son
élève la langue, les mœurs, l'histoire des Babyloniens, il fallut
attendre que ce dernier eût atteint au moins sa dixième année. En
supposant donc que Jamblique naquit en 115, le Babylonien avait
soixante à soixante-cinq ans lorsqu'il commença son éducation, et
Jamblique en avait quarante-sept ou cinquante lorsqu'il mit la
dernière main à son ouvrage. Ce terme moyen me semble concilier
toutes les convenances, et laisser à l'instituteur et à l'élève les
forces nécessaires pour remplir honorablement la tâche qu'ils
s'étaient imposée. Le Beau fait nécessairement Jamblique plus vieux,
parce qu'il suppose, avec Fabricius, qu'il fut fait captif lorsque
Trajan prit Babylone; mais cette supposition est sans fondement,
comme on a déjà pu le voir. Il est très probable, au contraire, que
le père ou la mère de Jamblique, peut-être même tous les deux,
étaient esclaves de ce Syrien auquel le Babylonien fut vendu ; que
leur maître, touché des heureuses dispositions de l’enfant, et
sachant apprécier les talents du Babylonien, affranchit le premier,
et confia son éducation au second. La scholie dit positivement en
deux endroits que Jamblique fut d'abord élevé dans la langue des
Syriens, et qu'il apprit ensuite celle des Babyloniens. Il est donc
vraisemblable qu'il fut élevé dans la Syrie, et qu'après avoir
appris de son instituteur la langue des Babyloniens, il se rendit à
Babylone pour y puiser les connaissances superstitieuses ausquelles
ce peuple s’était adonné.
2°. Photius ne compte pas, comme le dit le Beau, six livres dans ce
roman; il dit au contraire bien positivement, en terminant son
extrait, voilà ce qui remplit les XVI livres.
Dans le reste du mémoire, le Beau s'attache à éclaircir quelques
points d'antiquités perses, et, à quelques inexactitudes près, cette
partie de son travail mérite des éloges.
L'article Jamblique, dans le dictionnaire de Moréri, n'est pas moins
monstrueux. Il ne sera pas inutile de le placer ici, afin qu'on
sache quelle confiance méritent de pareils recueils.
« Jamblique, magicien de profession, comme il l'avoue lui-même,
était de Babylone, et vivait dans le deuxième siècle sous l'empire
de Marc-Aurèle. Il est auteur de quelques ouvrages en grec, et entre
autres des Babyloniques, que l'on dit être dans la bibliothèque de
l'Escurial, en Espagne, et dont Léo Allatius a donné un fragment.
Vossius, trompé par les expressions ambiguës de Suidas, a confondu
cet ouvrage avec un roman que Jamblique avait aussi composé, et dont
Photius s'est donné la peine de faire l'extrait, etc. »
Voilà donc un roman converti en annales historiques, à l'aide de la prétendue ambiguïté de Suidas, qui, pourtant, s'exprime très clairement en cet endroit. Et il écrivit ce qu'on appelle les Babyloniques, c’est-à-dire les amours de Rhodanes et de Sinonis, en XXXIX livres. Il n'y a là aucune obscurité ; on voit seulement que le nom de Rhodanes y est altéré.
On prétend que le roman de Jamblique existait dans la bibliothèque de l'Escurial, qui fut consumée par les flammes en 1670. Paul Colomiés, dans ses Kimelia litteraria, p. 16,[1] nous apprend cette anecdote : Opus integrum (Babylonicorum) extat hodie apud Hispanos, si codicum Mss. bibliothecœ Scoriacœ indici fides; concinnavit eum Martinus, Lofarinœ abbas, Philippi IV a domesticis sacris et consiliis. Mss. asservat cl. Isaacus Vossius, etc. Mais il faut avoir beaucoup de défiance pour des assertions pareilles, qui n'ont d'autre garant qu'un catalogue fait quelquefois avec trop de négligence, ou par un homme trop peu instruit. Selon le même Colomiés, page 17, Luigi Alamanni se proposait de donner une édition de ce roman, et il s'appuie d'une lettre de J. Wower, qui écrivait de Florence à Jul. Scaliger, le 1er septembre 1601 : Aloysius Alamannus, is qui Longi pastoralia dedit, nescio quae, Jamblichi hactenus inedita parat. Rien n'est plus vague que ce nescio quae; il fait même soupçonner qu'il s'agit de quelque ouvrage de l'autre Jamblique, et non des Babyloniques, qui devaient être connues de Wower, ou par les manuscrits de la Bibliothèque de Photius ou par Suidas. Colomiés cite encore ce qu'on lit dans le second Scaligerana : Jungermann donnera amatoria de Jamblichus, qui a été du temps de Commodus. Jungermann dit, il est vrai, dans l'avis au lecteur qu'il a mis à la tête de son édition de Longus[2] : Daboque operant ut alium mox scriptorem amœnissimum, hactenus ἀνήκδοτον publice habeas; mais il nous indique lui-même, dans ses notes, quel est ce scriptor amoenissimus qui était encore inédit et qu'il se proposait de publier ; il dit p. 223, en parlant de cet endroit de Longus où Daphnis ne manque pas de suivre le conseil que donne Ovide :
Fac primus rapias illius tacta
labellis
Pocula : quaqne bibit parte puella, bibe.
Art. Am.
Creber etiam in hoc amatoria προεκροφήσει amoenissimus Eumathius, sive Eustathius de Hysminae et Hysminia.
Jungermann mourut en 1610, sans avoir
publié ce roman, qui le fut pour la première fois en 1618.
Je ne parle point de la prétendue édition, des Babyloniques, que,
selon quelques-uns, devait donner Gaulmin. Il est bien évident par
plusieurs passages de ses notes.sur le livre De vita et morte Mosys.
Heb. Lab. Paris. 1629, in-8°, et par celles du dialogue de Psellus,
De operatione Daemonum, Paris, 1615, in-12, qu'il n'avait point le
roman entier; qu'il se proposait seulement de publier l'extrait, de
Photius avec des notes, qui, sans doute, auraient été très savantes,
et que nous devons regretter. Mais l'assertion la plus étonnante est
celle qu'on lit dans une lettre de J. E. Bernard, célèbre médecin
d'Arnheim, mort en 1793. Ce savant critique écrivait à Reiske, en
date du 14 novembre 1753. Ex Meibomii codicibus Mss. qui hac aestate
sub hastam venerunt Hagae Comitum, optima pars in cl. Burmanni
bibliothecam transiit : nactus enim est Thucydidis codicem
perantiquum et a nemine adhuc conlatum cum editis exemplaribus,
Jamblichi Babylonica graece nondum vulgata. Cette lettre fait partie
de la correspondance littéraire très intéressante que l'on trouve à
la suite de la Vie de Reiske, écrite en allemand par lui-même, et
publiée à Leipzig en 1783, in-8°, par sa savante et respectable
veuve, qui offrait en Allemagne le spectacle touchant qu'offrait
encore en France, au commencement du dernier siècle, madame Dacier,
celui du savoir le plus rare et des vertus domestiques les plus
précieuses. Ce passage donne d'abord de grandes espérances. Bernard
habitait alors Amsterdam; il aimait passionnément la littérature
grecque ; il s’était déjà fait un nom célèbre parmi les critiques
par ses excellentes notes sur Psellus, De lapidumvirtutibut. Lugd.
Bac 1745, in-8° ; sur Palladius, De febribus, ibid. ; sur Synésius,
De febribus. Amst. 1749, in-8° Il donna, en 1754, chez Neaulme, une
magnifique édition grecque, latine, ornée des figures du régent, du
roman de Longus. La découverte de celui de Jamblique était donc trop
importante pour qu'il ne s'assurât pas de la vérité du fait; et la
chose était d'autant plus facile, qu'il était très lié arec Burmann.
Reiske, lui-même, avait dit, p. 5 de ses notes sur Constantin
Porphyrogénète, De cerimoniis Aulœ Byzantines, en parlant de
Jamblique. Erotici illius exaratum manu codicem e bibliotheca
quondam Marri Meibomii ad Cl. Burmannum juniorem pervertisse, eumque
ipsius editionem animo agitare fama nuper ad nos attulit; Tout
semble donc faire croire, au premier coup d'œil, que la nouvelle est
authentique; mais ensuite, lorsqu'on réfléchit que depuis cette
époque, c'est-à-dire, depuis cinquante-sept ans, il n'a plus été
question d'une découverte aussi précieuse, les espérances
s'évanouissent peu à peu, et font place aux regrets.
Colomiés, page 17, cite le passage suivant de Théodorus
Priscianus[3] : Utendum sane lectionibus animum ad delicias
pertrahentibus, ut sunt Amphipolitœ Philippi, aut Herodianit aut
certe Sirii aut Amblii, vel cœteris suaviter amatorias fabulas
describentibus. Au lieu de Sirii aut Amblii, Th. Reinesius et
Colomiés proposent de lire Syri Iamblichi. La correction est
heureuse, et je la crois vraie ; mais ce n'est pourtant qu'une
conjecture. Colomiés dit encore, page 15, 16 : Fragmentum satis
amplum habetur apud Photium in Bibliotheca, cod. 94. aliud Romae
edidit Leo Allatius anno 1641, in Graecorum rhetorum et sophistarum
excerptis. At in eo hallucinatur vir nimio plus diligens, quod
fragmentum illud Adriani Rhetoris esse existimat ; neque enim hic
declamationis quicquam simile est, inque bibliothecae Florentinae
codice, unde excripsit doctissimus Isaacus Vossius, aperte legitur.
Il y a dans Photius, il est vrai, une analyse, ou pour mieux dire,
la table des chapitres des Babyloniques ; mais on n'y trouve aucun
fragment de ce roman. Je donnerai à la suite des notes, la
traduction de celui qu'a publié Léo Allatius, et, comme le recueil
qui le renferme est rare, même à Rome, j'y joindrai le texte; mais
j'avoue que rien ne prouve que ce fragment appartienne aux
Babyloniques. Dans les quatre colonnes in-8° qu'il remplit, on ne
trouve ni un nom propre, ni une phrase qui le fassent soupçonner.
Suidas ou les auteurs qui lui ont fourni des matériaux pour sa
compilation, avaient sous les yeux le roman de Jamblique. Plusieurs
expressions particulières à ce roman y sont expliquées, et Suidas
rapporte les phrases dont elles sont détachées ; ce morceau en
renferme plus d'une qui méritait d'être prise en considération par
ce lexicographe, et cependant il ne fait mention d'aucune. Du reste
j'ai recueilli avec soin les lambeaux épars dans Suidas; j'ai tâché
dans mes notes de retrouver la place du plus grand nombre,
(quelques-uns avaient échappé aux recherches des éditeurs et de
Toup) à peu près comme, dans Sénèque le tragique, Thésée cherche à
réunir ceux d'Hippolyte, et dit, peu tragiquement ce me semble :
Disjecta, genitor, membra laceri
corporis
In ordinem dispone, et errantes loco
Restitue partes. Fortis hic dextrae locus ;
Heic laeva frenis docta moderandis manus
Ponenda. Laevi lateris agnosco notas.
« Allons, père infortuné, remets en ordre les membres épars de ce corps déchiré; rétablis en son lieu chacune de ces parties errantes. — Voici la place de la main droite, fameuse par sa force; voilà celle de la gauche, si habile à conduire un char : — à ces marques je reconnais le flanc gauche, etc. »
Voyez, sur le roman de Jamblique, la note de Villoison, page l de ses Prolégomènes sur Longus; et l'article Schefferus dans l’index de ses Anecdota graeca.
Ἀνεγνώσθη Ἰαμβλίχου
δραματικόν, ἔρωτας ὑποκρινόμενον. Ἔστι δὲ τῇ αἰσχρολογίᾳ τοῦ μὲν
Ἀχιλλέως τοῦ Τατίου ἧττον ἐκπομπεύων, ἀναιδέστερον δὲ μᾶλλον ἢ ὁ
Φοῖνιξ Ἡλιόδωρος προσφερόμενος· οἱ γὰρ τρεῖς οὗτοι σχεδόν τι τὸν
αὐτὸν σκοπὸν προθέμενοι ἐρωτικῶν δραμάτων ὑποθέσεις ὑπεκρίθησαν,
ἀλλ´ ὁ μὲν Ἡλιόδωρος σεμνότερόν τε καὶ εὐφημότερον, ἧττον δὲ
αὐτοῦ ὁ Ἰάμβλιχος, αἰσχρῶς δὲ καὶ ἀναιδῶς ὁ Ἀχιλλεὺς
ἀποχρώμενος. Ὁ μέντοι Ἰάμβλιχος, ὅσα γε εἰς λέξεως ἀρετὴν καὶ συνθήκης καὶ τῆς ἐν τοῖς διηγήμασι τάξεως, καὶ τοῖς σπουδαιοτάτοις τῶν πραγμάτων ἀλλ´ οὐχὶ παιγνίοις καὶ πλάσμασιν ἄξιος τὴν τῶν λόγων τέχνην καὶ ἰσχὺν ἐπιδείκνυσθαι. Εἰσὶ δὲ αὐτῷ πεποιημένα τοῦ δράματος πρόσωπα Σινωνὶς καὶ Ῥοδάνης, καλὴ καὶ καλὸς τὴν ὄψιν, νόμῳ γάμου ἐρῶντες ἀλλήλων καὶ δὴ καὶ ζευγνύμενοι, καὶ Γάρμος βασιλεὺς Βαβυλῶνος τῆς αὐτοῦ γυναικὸς θανούσης εἰς ἔρωτα ἀναπτόμενος Σινωνίδος, καὶ πρὸς γάμον ἄγειν ἐπειγόμενος. Ἀνάνευσις Σινωνίδος καὶ δεσμὰ χρυσῷ τῆς ἁλύσεως διαπεπλεγμένης, καὶ Ῥοδάνης διὰ τοῦτο, Δάμα καὶ Σάκα τῶν βασιλικῶν εὐνούχων τὴν πρᾶξιν ἐπιτραπέντων, ἐπὶ σταυροῦ ἀναρτώμενος. Ἀλλ´ ἐκεῖθεν καθαιρεῖται σπουδῇ Σινωνίδος, καὶ φεύγουσιν ἄμφω, ὁ μὲν τὸν σταυρόν, ἡ δὲ τὸν γάμον. Καὶ περιτέμνεται διὰ τοῦτο Σάκας καὶ Δάμας τὰ ὦτα καὶ τὰς ῥῖνας, καὶ ἐπὶ τὴν τούτων ἀποστέλλονται ζήτησιν, καὶ δίχα μερισθέντες ἐπὶ τὴν ἔρευναν τρέπονται. Καταλαμβάνονται σχεδόν τι παρά τινα λειμῶνα οἱ περὶ Ῥοδάνην ὑπὸ τοῦ διώκοντος Δάμα· ἁλιεὺς δ´ ἦν ὃς τοὺς ποιμένας ἐμήνυσεν, οἳ στρεβλούμενοι τὸν λειμῶνα μόλις δεικνύουσιν ἐν ᾧ καὶ χρυσὸν Ῥοδάνης εὕρισκε, τῆς στήλης τοῦ λέοντος ὑποδηλούμενον τῷ ἐπιγράμματι. Καὶ τράγου τι φάσμα ἐρᾷ Σινωνίδος· ἐξ ἧς αἰτίας καὶ οἱ περὶ Ῥοδάνην τοῦ λειμῶνος ἀπαίρουσι. Δάμας δὲ τὸν ἀπὸ τοῦ λειμῶνος Σινωνίδος στέφανον εὑρὼν πέμπει Γάρμῳ παραμύθιον. Φεύγοντες δὲ οἱ περὶ Ῥοδάνην ἐντυγχάνουσιν ἐπὶ καλύβης γραΐ τινι γυναικί, καὶ κρύπτονται ὑπ´ ἄντρῳ ὃ διαμπερὲς ἦν ὀρωρυγμένον ἐπὶ σταδίους τριάκοντα, λόχμῃ δὲ τὸ στόμα ἐβέβυστο. Καὶ οἱ περὶ τὸν Δάμαν ἐφίστανται καὶ ἀνακρίνεται ἡ γραῦς, καὶ ξίφος γυμνὸν ἰδοῦσα ἐξέψυξεν. Οἱ δὲ τοῦ Ῥοδάνους ἵπποι καὶ τῆς Σινωνίδος οἷς ἐπωχοῦντο, συλλαμβάνονται, καὶ περικαθίσταται στρατὸς τὸ χωρίον ἐν ᾧ Σινωνὶς καὶ Ῥοδάνης ἀπεκρύπτετο, καὶ καταρρήγνυταί τινος τῶν περιπόλων ἀσπὶς ἐκ χαλκοῦ τοῦ ὀρύγματος ὕπερθεν, καὶ τῷ διακένῳ τοῦ ἤχου τῶν κεκρυμμένων μήνυσις γίνεται, καὶ περιορύσσεται τὸ ὄρυγμα, καὶ πάντα Δάμας βοᾷ, καὶ γίνεται τοῖς ἔνδον συναίσθησις καὶ φεύγουσιν ὑπὸ τοῖς τοῦ ἄντρου μυχοῖς, καὶ διεκπίπτουσι πρὸς τὴν ἑτέραν αὐτοῦ ὀπήν. Καὶ μελιττῶν ἀγρίων σμήνη ἐκεῖθεν ἐπὶ τοὺς ὀρύσσοντας τρέπεται, καταρρεῖ δὲ τοῦ μέλιτος καὶ ἐπὶ τοὺς φεύγοντας· αἱ δὲ μέλισσαι καὶ τὸ μέλι ἐξ ἑρπετῶν πεφαρμακευμένα τροφῆς, αἱ μὲν κρούσασαι τοὺς ἐπὶ τὸ ὄρυγμα ἠκρωτηρίαζον, οὓς δὲ καὶ ἀπέκτειναν. Τῷ δὲ λιμῷ κρατούμενοι οἱ περὶ Ῥοδάνην διαλιχμησάμενοι καὶ τὰς γαστέρας καταρρυέντες, πίπτουσι παρὰ τὴν ὁδὸν ὡσεὶ νεκροί. φεύγουσιν ὁ στρατὸς τῷ τῶν μελισσῶν πολέμῳ πονούμενοι καὶ τοὺς περὶ Ῥοδάνην ὅμως διώκουσι, καὶ οὓς ἐδίωκον ὁρῶντες ἐρριμμένους παρέτρεχον, νεκρούς τινας ὡς ἀληθῶς ὑπολαμβάνοντες. Ἐν τούτῳ τῷ ἄντρῳ κείρεται τοὺς πλοκάμους ἡ Σινωνίς, δι´ οὗ καὶ ὕδωρ αὑτοῖς ἀνιμήσονται· καὶ τοῦτο εὑρὼν ἐκεῖσε Δάμας πέμπει τῷ Γάρμῳ, σύμβολον τοῦ ἐγγὺς εἶναι κἀκείνους συλλαβεῖν. Ἐρριμμένων δὲ παρὰ τὴν ὁδὸν τοῦ τε Ῥοδάνους καὶ τῆς Σινωνίδος, ὁ στρατὸς παρερχόμενος ὡς ἐπὶ νεκροῖς κατὰ τὸ πάτριον ἔθος οἱ μὲν χιτωνίσκους ῥίπτοντες ἐκάλυπτον, ἄλλοι δὲ ἄλλο τι τῶν προσόντων, καὶ κρεῶν δὲ μέρη καὶ ἄρτου ἐπέρριπτον· καὶ οὕτω παρῆλθεν ὁ στρατός. Οἱ δὲ τῷ μέλιτι καρωθέντες μόλις ἀνίστανται, κοράκων μὲν τῶν περὶ τὰ κρέα διεριζόντων Ῥοδάνην, ἐκείνου δὲ Σινωνίδα διαναστήσαντος. Ἀναστάντες οὖν πορεύονται τὴν ἐναντίαν τραπόμενοι τῷ στρατῷ, ἵνα μᾶλλον λάθοιεν μὴ ὄντες οἱ διωκόμενοι, καὶ εὑρόντες ὄνους δύο ἐπέβησάν τε καὶ τὰ φορτία ἐπέθεντο, ἃ συνεκεκόμιστο αὐτοῖς ἀφ´ ὧν ὡσεὶ νεκροῖς ἐπέρριψεν ὁ στρατός. Εἶτα καταίρουσιν εἰς πανδοχεῖον, καὶ φεύγουσιν ἐκεῖθεν, καὶ περὶ πλήθουσαν ἀγορὰν εἰς ἄλλον σταθμὸν καταλύουσι. Καὶ γίνεται τὸ πάθος τῶν ἀδελφῶν, καὶ κατηγοροῦνται φόνου, καὶ ἀφίενται, τοῦ πρεσβυτέρου τῶν ἀδελφῶν, ὃς ἀνῃρήκει φαρμάκῳ τὸν ὕστερον, κατηγορήσαντος μέν, τῇ δὲ οἰκείᾳ ἀναιρέσει ἀθωώσαντος· καὶ λανθάνει Ῥοδάνης ἀνελόμενος τὸ φάρμακον.
Καταίρουσιν εἰς οἴκημα
λῃστοῦ τοὺς παροδίτας λῃστεύοντος καὶ τούτους ἑαυτῷ ποιουμένου
τράπεζαν. Καὶ στρατιωτῶν ὑπὸ τοῦ Δάμα σταλέντων, ἐπεὶ ὁ λῃστὴς
συνείληπτο, πῦρ ἐμβάλλεται εἰς τὴν οἰκίαν· καὶ περιλαμβάνονται
τῷ πυρί, καὶ διαφεύγουσι μόλις τὸν ὄλεθρον τῶν ὄνων σφαγέντων
καὶ τῷ πυρὶ εἰς δίοδον ἐπιτεθέντων. Οἱ δὲ τὸ πῦρ τῇ τοῦ λῃστοῦ οἰκίᾳ ἐμβαλόντες, ἡμέρας ἐπιλαβούσης ἠπατημένους ἑαυτοὺς ἐγνωκότες, ἐδίωκον κατ´ ἴχνη Ῥοδάνους καὶ Σινωνίδος, συνεργοὺς αὐτοὺς εἰκάζοντες εἶναι τοῦ λῃστοῦ· ἰχνηλατήσαντες δὲ μέχρι τοῦ τάφου, καὶ ἐνιδόντες αὐτοὺς ἐγκειμένους μὲν τῷ τάφῳ, ἀκινητίζοντας δὲ ἅτε ὕπνῳ καὶ οἴνῳ πεπεδημένους, ἔδοξαν νεκροὺς ὁρᾶν καὶ κατέλιπον, ἀπορούμενοι ὅτι ἐκεῖ τὰ ἴχνη ἔφερεν. Ἀπαίρουσιν ἐκεῖθεν οἱ περὶ Ῥοδάνην καὶ περῶσι τὸν ποταμὸν γλυκύν τε ὄντα καὶ διαυγῆ καὶ βασιλεῖ Βαβυλωνίων εἰς πόσιν ἀνακείμενον. Καὶ πιπράσκει Σινωνὶς τὰ ἱμάτια καὶ συλλαμβάνεται ὡς τάφον συλήσασα, καὶ ἀναφέρεται εἰς Σόραιχον, ὃς ἦν Σοραίχου τοῦ τελώνου υἱός, ἐπίκλην δὲ αὐτῷ δίκαιος. Καὶ βουλεύεται πέμπειν αὐτὴν ἐπὶ βασιλέα Γάρμον διὰ τὸ κάλλος, καὶ κιρνᾶται διὰ τοῦτο τὸ τῶν ἀδελφῶν φάρμακον Ῥοδάνει καὶ Σινωνίδι· αἱρετώτερον γὰρ αὐτοῖς ὁ θάνατος ἢ Γάρμον ἰδεῖν. Μηνύεται Σοραίχῳ διὰ τῆς θεραπαινίδος ἅπερ εἰς ἔργον ἔμελλε χωρεῖν Ῥοδάνει καὶ Σινωνίδι· καὶ λαθὼν ὁ Σόραιχος τὸ τοῦ θανάτου μὲν φάρμακον κενοῖ, πληροῖ δὲ τὴν κύλικα ὑπνωτικοῦ φαρμάκου· καὶ πιόντας καὶ ὑπνοῦντας λαβὼν ἐφ´ ἁρμαμάξης, ἤλαυνε πρὸς βασιλέα. Πλησιαζόντων δὲ Ῥοδάνης ἐνυπνίῳ δειματοῦται καὶ βοᾷ καὶ ἐξανιστᾷ Σινωνίδα. Ἡ δὲ ξίφει αὑτῆς τὸ στέρνον πλήττει. Καὶ ἀναπυνθάνεται τὰ κατ´ αὐτοὺς ἅπαντα Σόραιχος, καὶ λαβόντες πίστεις ἀπαγγέλλουσι, καὶ λύει αὐτούς, καὶ ὑποδείκνυσι τὸ τῆς Ἀφροδίτης ἱερὸν ἐν τῇ νησῖδι, ἐν ᾧ ἔμελλε καὶ τὸ τραῦμα ἡ Σινωνὶς θεραπευθήσεσθαι. Ὡς ἐν παρεκβολῇ δὲ διηγεῖται καὶ τὰ περὶ τοῦ ἱεροῦ καὶ τῆς νησῖδος, καὶ ὅτι ὁ Εὐφράτης καὶ ὁ Τίγρις περιρρέοντες αὐτὴν ποιοῦσι νησῖδα, καὶ ὅτι ἡ τῆς ἐνταῦθα Ἀφροδίτης ἱέρεια τρεῖς ἔσχε παῖδας, Εὐφράτην καὶ Τίγριν καὶ Μεσοποταμίαν, αἰσχρὰν τὴν ὄψιν ἀπὸ γενέσεως, ὑπὸ δὲ τῆς Ἀφροδίτης εἰς κάλλος μετασκευασθεῖσαν. Δι´ ἣν καὶ ἔρις τριῶν ἐραστῶν γίνεται, καὶ κρίσις ἐπ´ αὐτούς. Βόροχος ἢ Βόχορος ὁ κρίνων ἦν, κριτῶν τῶν κατ´ ἐκείνους καιροὺς ἄριστος. Ἐκρίνοντο δὲ καὶ ἤριζον οἱ τρεῖς, ὅτι τῷ μὲν ἡ Μεσοποταμία τὴν φιάλην ἐξ ἧς ἔπιεν ἔδωκε, τῷ δὲ τὸν ἀπὸ τῆς κεφαλῆς ἐξ ἀνθέων ἀφελομένη στέφανον περιέθηκε, τὸν δὲ ἐφίλησε. Καὶ τοῦ φιληθέντος κρίσει νικήσαντος οὐδὲν ἔλαττον αὐτοῖς ἡ ἔρις ἤκμαζεν, ἕως ἀλλήλους ἀνεῖλον ἐρίζοντες. Λέγει οὖν ὡς ἐν παρενθήκῃ περὶ τοῦ τῆς Ἀφροδίτης ἱεροῦ, καὶ ὡς ἀνάγκη τὰς γυναῖκας ἐκεῖσε φοιτώσας ἀπαγγέλλειν δημοσίᾳ τὰ ἐν τῷ ναῷ αὐταῖς ὁρώμενα ὄνειρα. Ἐν ᾧ καὶ τὰ περὶ Φαρνούχου καὶ Φαρσίριδος καὶ Τανάϊδος, ἀφ´ οὗ καὶ Τάναϊς ὁ ποταμός, λεπτομερῶς διεξέρχεται, καὶ ὅτι τὰ περὶ τὸν τόπον καὶ τὴν χώραν τοῦ Τανάϊδος τοῖς κατοικοῦσιν Ἀφροδίτης μυστήρια Τανάϊδος καὶ Φαρσίριδός εἰσιν. Ἐν δὲ τῇ προειρημένῃ νησῖδι ῥόδον ἐντραγὼν ὁ Τίγρις τελευτᾷ· κανθαρὶς γὰρ τοῖς τοῦ ῥόδου φύλλοις ἔτι συνεπτυγμένοις οὖσιν ὑπεκάθητο. Καὶ ἡ τοῦ παιδὸς μήτηρ ἥρωα πείθεται γενέσθαι τὸν υἱὸν ἐκμαγεύσασα. Καὶ διεξέρχεται ὁ Ἰάμβλιχος μαγικῆς εἴδη, μάγον ἀκρίδων καὶ μάγον λεόντων καὶ μάγον μυῶν· ἐξ οὗ καλεῖσθαι καὶ τὰ μυστήρια ἀπὸ τῶν μυῶν (πρώτην γὰρ εἶναι τὴν τῶν μυῶν μαγικήν). Καὶ μάγον δὲ λέγει χαλάζης καὶ μάγον ὄφεων, καὶ νεκυομαντείας καὶ ἐγγαστρίμυθον, ὃν καί φησιν ὡς Ἕλληνες μὲν Εὐρυκλέα λέγουσι Βαβυλώνιοι δὲ Σάκχουραν ἀποκαλοῦσι. Λέγει δὲ καὶ ἑαυτὸν Βαβυλώνιον εἶναι ὁ συγγραφεύς, καὶ μαθεῖν τὴν μαγικήν, μαθεῖν δὲ καὶ τὴν Ἑλληνικὴν παιδείαν, καὶ ἀκμάζειν ἐπὶ Σοαίμου τοῦ Ἀχαιμενίδου τοῦ Ἀρσακίδου, ὃς βασιλεὺς ἦν ἐκ πατέρων βασιλέων, γέγονε δὲ ὅμως καὶ τῆς συγκλήτου βουλῆς τῆς ἐν Ῥώμῃ, καὶ ὕπατος δέ, εἶτα καὶ βασιλεὺς πάλιν τῆς μεγάλης Ἀρμενίας. Ἐπὶ τούτου γοῦν ἀκμάσαι φησὶν ἑαυτόν. Ῥωμαίων δὲ διαλαμβάνει βασιλεύειν Ἀντωνῖνον, καὶ ὅτε Ἀντωνῖνός, φησιν, Οὐῆρον τὸν αὐτοκράτορα καὶ ἀδελφὸν καὶ κηδεστὴν ἔπεμψε Βολογαίσῳ τῷ Παρθυαίῳ πολεμήσοντα, ὡς αὐτός τε προείποι καὶ τὸν πόλεμον, ὅτι γενήσεται, καὶ ὅποι τελευτήσοι. Καὶ ὅτι Βολόγαισος μὲν ὑπὲρ τὸν Εὐφράτην καὶ Τίγριν ἔφυγεν, ἡ δὲ Παρθυαίων γῆ Ῥωμαίοις ὑπήκοος κατέστη. Ἀλλ´ ὅ γε Τίγρις καὶ Εὐφράτης οἱ παῖδες ἐμφερεῖς ἀλλήλοις ἦσαν, καὶ Ῥοδάνης ἀμφοτέροις. Τοῦ δὲ παιδός, ὥσπερ ἔφημεν, τῷ ῥόδῳ τελειωθέντος Ῥοδάνης πρὸς τὴν νησῖδα ἅμα Σινωνίδι περαιοῦται, καὶ βοᾷ ἡ μήτηρ τὸν τεθνηκότα αὐτῆς υἱὸν ἀναβιῶναι, εἰς τὸν Ῥοδάνην ὁρῶσα, καὶ Κόρην αὐτῷ ἐκεῖθεν ἕπεσθαι· συνυποκρίνεται Ῥοδάνης ταῦτα, τῆς τῶν νησιωτῶν κατεντρυφῶν εὐηθείας. Μηνύεται Δάμας τὰ περὶ Ῥοδάνην καὶ ὅσα Σόραιχος περὶ αὐτοὺς ἔπραξε. Μηνυτὴς δ´ ἦν αὐτὸς ὁ ἰατρὸς ὃν ὁ Σόραιχος κρύφα πέμψας τὸ τῆς Σινωνίδος ἐθεράπευσε τραῦμα. Συλλαμβάνεται διὰ τοῦτο Σόραιχος, καὶ ἄγεται ἐπὶ Γάρμον. Ἀποστέλλεται καὶ αὐτὸς ὁ μηνυτὴς γράμμα Δάμα ἐπιφερόμενος πρὸς τὸν τῆς Ἀφροδίτης ἱερέα, ἐφ´ ᾧ συλλαβεῖν τοὺς περὶ Σινωνίδα. Διαβαίνει τὸν ποταμὸν ὁ ἰατρὸς τῆς ἱερᾶς ἑαυτὸν ὡς ἔθος ἐξαρτήσας καμήλου, τὸ δὲ γράμμα τῷ δεξιῷ παρενθεὶς τῶν ὤτων· καὶ τέλος ὁ μηνυτὴς ἐναποπνίγεται τῷ ποταμῷ, διαβαίνει δὲ πρὸς τὴν νησῖδα ἡ κάμηλος, καὶ πάντα μανθάνουσιν οἱ περὶ Ῥοδάνην, τὸ τοῦ Δάμα γράμμα τῶν ὤτων ἀνελόμενοι τῆς καμήλου. Φεύγουσιν ἐκεῖθεν διὰ τοῦτο καὶ συναντῶσιν ἀγόμενον Σόραιχον ἐπὶ Γάρμον καὶ καταλύουσιν ἅμα ἐν πανδοχείῳ. Καὶ τῇ τοῦ χρυσίου ἐπιθυμίᾳ νύκτωρ ἀναπείθει Ῥοδάνης, καὶ ἀναιροῦνται οἱ Σοραίχου φύλακες, καὶ φεύγει σὺν αὐτοῖς Σόραιχος, ἀμοιβὴν εὑρὼν τῆς προϋπαρξάσης εὐεργεσίας. Συλλαμβάνει Δάμας τὸν τῆς Ἀφροδίτης ἱερέα, καὶ ἀνακρίνεται περὶ Σινωνίδος, καὶ τέλος κατακρίνεται δήμιος γενέσθαι ἀντὶ ἱερέως ὁ πρεσβύτης. Καὶ τὰ περὶ τὸν δήμιον ἔθη καὶ νόμιμα. Συλλαμβάνεται Εὐφράτης, ὅτι ὁ πατὴρ καὶ ἱερεύς, ὡς Ῥοδάνην αὐτὸν ὑπολαβών, οὕτως ἐπεκάλει· καὶ φεύγει Μεσοποταμία ἡ ἀδελφή. Καὶ πρὸς τὸν Σάκαν ἀπάγεται Εὐφράτης, καὶ ἀνακρίνεται περὶ Σινωνίδος· ὡς γὰρ Ῥοδάνης ἠτάζετο. Ἀποστέλλει Σάκας πρὸς Γάρμον ὅτι Ῥοδάνης συνείληπται καὶ Σινωνὶς συλληφθήσεται· ὁ γὰρ Εὐφράτης, ὡς Ῥοδάνης κρινόμενος ἔφη, τὴν Σινωνίδα συλλαμβανομένου αὐτοῦ πεφευγέναι, Σινωνίδα καλεῖν κἀκεῖνος ἐκβιαζόμενος τὴν ἀδελφὴν Μεσοποταμίαν. Ὅτι οἱ περὶ Ῥοδάνην καὶ Σινωνίδα φεύγοντες ἅμα Σοραίχῳ καταίρουσιν εἰς γεωργοῦ· τῷ δ´ ἦν κόρη θυγάτηρ καλὴ τὴν ὄψιν ἄρτι χηρωθεῖσα καὶ τῇ πρὸς τὸν ἄνδρα εὐνοίᾳ τὰς τρίχας περικειραμένη. Πέμπεται αὕτη τῆς ἁλύσεως τῆς χρυσῆς ἀπεμπολῆσαι, ἣν οἱ περὶ Ῥοδάνην ἐκ τῶν δεσμῶν ἐπεφέροντο· καὶ ἄπεισι πρὸς τὸν χρυσοχόον ἡ τοῦ γεωργοῦ θυγάτηρ. Καὶ ἰδὼν ἐκεῖνος τήν τε ὄψιν τῆς κόρης καλὴν καὶ τῆς ἁλύσεως τὸ μέρος, ἧς αὐτὸς ἐργάτης ἐτύγχανε, καὶ τὴν κόμην περιῃρημένην, ὑπονοεῖ Σινωνίδα εἶναι, καὶ πέμψας πρὸς Δάμαν καὶ λαβὼν φύλακας ἀπερχομένην ἐφύλαττε κρύφα. Ἡ δὲ ὑπονοήσασα τὸ πραττόμενον φεύγει εἰς ἔρημον κατάλυμα· ἐν ᾧ καὶ τὰ περὶ τῆς κόρης τῆς ἐπικαλουμένης Τροφίμης καὶ τοῦ δούλου τοῦ ἐραστοῦ καὶ φονέως, καὶ τοῦ κόσμου τοῦ χρυσοῦ, καὶ αἱ ἔκθεσμοι τοῦ δούλου πράξεις, καὶ τὸ ἑαυτὸν ἐπισφάξαι, καὶ τὸ αἱματωθῆναι τὴν τοῦ γεωργοῦ θυγατέρα τοῖς τοῦ ἑαυτὸν διαχρησαμένου αἵμασι, καὶ ὁ τῆς κόρης διὰ ταῦτα φόβος καὶ ἡ φυγή, καὶ ἡ ἔκστασις τῶν φυλάκων καὶ φυγή, καὶ ἡ πρὸς τὸν πατέρα τῆς κόρης ἄφιξις καὶ διήγησις τῶν συγκυρησάντων, καὶ φυγὴ ἐκεῖθεν τῶν περὶ Ῥοδάνην, καὶ πρὸς τούτοις γράμμα πρὸς Γάρμον τοῦ χρυσοχόου ὅτι Σινωνὶς εὕρηται· καὶ ἦν πίστις ἡ ἐξωνηθεῖσα ἅλυσις πεμπομένη καὶ τὰ ἄλλα ἃ περὶ τὴν τοῦ γεωργοῦ θυγατέρα ὑπωπτεύετο. Ῥοδάνης ἀπιὼν ἐφ´ ᾧ φεύγειν φιλεῖ τὴν κόρην τοῦ γεωργοῦ, καὶ ἀνάπτεται εἰς ὀργὴν Σινωνὶς διὰ τοῦτο, εἰς ὑπόνοιαν μὲν πρῶτον ἀφιγμένη τοῦ φιλήματος, ἔπειτα καὶ ἀπὸ τῶν τοῦ Ῥοδάνους χειλέων ἀφελομένη τὸ αἷμα, ὃ φιλήσας αὐτὴν περιεκέχριστο, εἰς ἰσχυρὰν πίστιν καταστᾶσα. Ζητεῖ διὰ τοῦτο Σινωνὶς τὴν κόρην ἀνελεῖν, καὶ ὑποστρέφειν πρὸς αὐτὴν ἠπείγετο καθάπερ τις ἐμμανής· καὶ συνέπεται Σόραιχος, ἐπεὶ μὴ κατασχεῖν τῆς μανιώδους ὁρμῆς ἴσχυε. Καὶ καταίρουσιν εἰς πλουσίου τινός, τὸ ἦθος δὲ ἀκολάστου, Σήταπος αὐτῷ ὄνομα, ὃς ἐρᾷ τῆς Σινωνίδος καὶ πειρᾷ. Ἡ δὲ ἀντερᾶν ὑποκρίνεται, καὶ μεθυσθέντα τὸν Σήταπον κατ´ αὐτὴν τὴν νύκτα καὶ τὴν ἀρχὴν τοῦ ἔρωτος ἀναιρεῖ ξίφει. Καὶ ἀνοῖξαι κελεύσασα τὴν αὔλιον, καὶ τὸν Σόραιχον ἀγνοοῦντα τὸ πραχθὲν καταλιποῦσα, ἐπὶ τὴν τοῦ γεωργοῦ κόρην ἠλαύνετο. Σόραιχος δὲ τὴν ἔξοδον αὐτῆς μαθὼν ἐδίωκεν ὀπίσω, καὶ καταλαμβάνει ἔχων μεθ´ ἑαυτοῦ καὶ τῶν Σητάπου δούλων οὓς ἦν μισθωσάμενος, ἵνα κωλύσῃ τὴν σφαγὴν τῆς τοῦ γεωργοῦ κόρης· καταλαβὼν δὲ ἀναλαμβάνει εἰς τὴν ἁρμάμαξαν (παρεσκεύαστο γὰρ καὶ τοῦτο) καὶ ἀπελαύνει ὀπίσω. Ὑποστρεφόντων δὲ αὐτῶν οἱ τοῦ Σητάπου θεράποντες, ἐπεὶ τὸν δεσπότην ἀνῃρημένον ἐθεάσαντο, ἀπήντησαν ὠργισμένοι, καὶ συλλαβόντες Σινωνίδα καὶ δήσαντες ἦγον ἐπὶ Γάρμον ὡς ἀνδροφόνον κολασθησομένην. Καὶ Σόραιχος ἦν ἄγγελος Ῥοδάνει τῶν κακῶν, κόνιν τε κατὰ τῆς κεφαλῆς πασάμενος καὶ τὸν κάνδυν περιερρηγμένος. Καὶ Ῥοδάνης ἀναιρεῖν ἑαυτὸν ὁρμᾷ· ἀλλ´ ἐκώλυε Σόραιχος. Γάρμος Σάκα δεξάμενος γράμμα ὅτιπερ Ῥοδάνης συνείληπται καὶ παρὰ τοῦ χρυσοχόου ὅτι Σινωνὶς ἔχεται, ἔχαιρέ τε καὶ ἔθυε καὶ τοὺς γάμους ἡτοίμαζε, καὶ κήρυγμα ἥπλωτο πανταχοῦ πάντας δεσμώτας λύεσθαι καὶ ἀφίεσθαι. Καὶ Σινωνὶς ὑπὸ τῶν Σητάπου θεραπόντων δέσμιος ἀγομένη τῷ κοινῷ τοῦ κηρύγματος λύεται καὶ ἀφίεται. Δάμαν δὲ κελεύει Γάρμος παραδοθῆναι θανάτῳ καὶ παραδίδοται δημίῳ ὃν αὐτὸς ἀπὸ ἱερέως εἰς τὸν δήμιον μετέστησεν· ἐδυσχέραινε δὲ τῷ Δάμᾳ ὁ Γάρμος ὅτι παρ´ ἄλλοις Ῥοδάνης, ὡς ἐνόμιζε, καὶ Σινωνὶς συνεσχέθησαν. Διάδοχος δὲ Δάμα ὁ ἀδελφὸς καθίσταται Μόνασος. Διάληψις περὶ Βερενίκης, ἥτις ἦν θυγάτηρ τοῦ βασιλέως Αἰγυπτίων, καὶ τῶν ἀγρίων αὐτῆς καὶ ἐκθέσμων ἐρώτων· καὶ ὅπως Μεσοποταμίᾳ τε συνεγίνετο, καὶ ὡς ὕστερον ὑπὸ Σάκα συνελήφθη Μεσοποταμία, καὶ πρὸς Γάρμον ἅμα τῷ ἀδελφῷ Εὐφράτῃ ἀπάγεται. Γράμμα δεξάμενος Γάρμος παρὰ τοῦ χρυσοχόου ὡς Σινωνὶς διαπέφευγε, προστάσσει ἐκεῖνόν τε ἀναιρεθῆναι καὶ τοὺς ἐπὶ φυλακῇ ταύτης καὶ ἀγωγῇ σταλέντας αὐταῖς γυναιξὶ καὶ τέκνοις ζῶντας κατορυχθῆναι. Ὑρκανὸς κύων, ὁ τοῦ Ῥοδάνους, εὑρὼν ἐν ἐκείνῳ τῷ ἀποτροπαίῳ καταγωγίῳ τὰ σώματα τῆς τε δυστυχοῦς κόρης καὶ τοῦ παλαμναίου καὶ δυσέρωτος δούλου, κατέφαγε πρῶτον τὸ τοῦ δούλου, ἔπειτα κατὰ μικρὸν καὶ τῆς κόρης. Καὶ ἐφίσταται τῷ τόπῳ ὁ τῆς Σινωνίδος πατήρ, καὶ τὸν κύνα ὡς εἴη Ῥοδάνους εἰδὼς καὶ τὴν κόρην ἡμίβρωτον ἰδὼν σφάζει μὲν ὡς ἐπὶ Σινωνίδι τὸν κύνα, ἀναρτᾷ δὲ καὶ ἑαυτὸν βρόχῳ, καταχώσας τὸ ὑπόλοιπον τῆς κόρης σῶμα καὶ ἐπιγράψας αἵματι τοῦ κυνός· «ἐνθάδε κατάκειται Σινωνὶς ἡ καλή». Παραγίνονται τῷ τόπῳ Σόραιχος καὶ Ῥοδάνης, καὶ τόν τε κύνα ἐσφαγμένον τῷ τάφῳ ἰδόντες τόν τε πατέρα τῆς Σινωνίδος ἀνηρτημένον τό τε τοῦ τάφου ἐπίγραμμα, ὁ μὲν Ῥοδάνης πρώτην πληγὴν ἑαυτῷ ἐπενεγκὼν προσέγραφε τῷ ἰδίῳ αἵματι ἐπὶ τῷ τῆς Σινωνίδος ἐπιγράμματι· «Καὶ Ῥοδάνης ὁ καλός», ὁ δὲ Σόραιχος βρόχῳ ἑαυτὸν ἐξῆπτεν. Ἐν ᾧ δὲ καὶ τὴν τελευταίαν πληγὴν ὁ Ῥοδάνης ἐπάγειν ἤρχετο, ἡ τοῦ γεωργοῦ θυγάτηρ ἐπιστᾶσα μέγα ἐβόα· «Οὐκ ἔστι Σινωνίς, ὦ Ῥοδάνη, ἡ κειμένη». Καὶ δραμοῦσα κόπτει τε τὸν βρόχον Σοραίχου καὶ τὸ ξίφος ἀφαιρεῖται Ῥοδάνους, καὶ πείθει μόλις διηγησαμένη τά τε περὶ τὴν δυστυχῆ κόρην καὶ περὶ τοῦ χρυσίου κατορωρυγμένου, καὶ ὡς ἐπὶ τῷ ἀναλαβεῖν τοῦτο ἥκοι. Ἡ δὲ Σινωνὶς ἀπολυθεῖσα τῶν δεσμῶν ἐπὶ τὴν οἰκίαν ἔφθη τοῦ γεωργοῦ, ἔτι κατὰ τῆς κόρης ἐπιμαινομένη. Μὴ εὑροῦσα δὲ αὐτήν, ἐπηρώτα τὸν πατέρα. Ὁ δὲ τὴν ὁδὸν ἔφραζε, καὶ αὕτη ἐδίωκεν ὀπίσω, γυμνώσασα τὸ ξίφος. Ὡς δὲ κατέλαβεν ἐρριμμένον μὲν τὸν Ῥοδάνην, ἐκείνην δὲ μόνην παρακαθημένην καὶ τὸ τραῦμα τοῦ στήθους παραψύχουσαν (ὁ Σόραιχος γὰρ ἐπὶ ζήτησιν ἰατροῦ ἐξῄει), ὀργῆς τε καὶ ζηλοτυπίας μᾶλλον ἐμπίμπλαται καὶ ὁρμᾷ κατὰ τῆς κόρης. Ὁ δὲ Ῥοδάνης ὑπὸ τῆς βίας κρείττων τοῦ τραύματος γεγονὼς ὑπήντα καὶ ἐκώλυε τὴν Σινωνίδα, τὸ ξίφος ἁρπάσας ἀπ´ αὐτῆς. Ἡ δὲ ὑπ´ ὀργῆς ἐκπηδήσασα τοῦ καταγωγίου, καὶ δρόμῳ χρωμένη μανιώδει, τοῦτο πρὸς Ῥοδάνην εἰποῦσα ἀπέρριψε μόνον· «Καλῶ σε σήμερον εἰς τοὺς Γάρμου γάμους». Σόραιχος δὲ παραγενόμενος καὶ μαθὼν ἅπαντα παρηγορεῖ μὲν Ῥοδάνην, καὶ ἰατρεύσαντες τὸ τραῦμα ἀπολύουσι μετὰ τῶν χρημάτων τὴν κόρην πρὸς τὸν πατέρα.
Ἄγεται πρὸς Γάρμον
Εὐφράτης ὡς Ῥοδάνης, καὶ ὡς Σινωνὶς Μεσοποταμία· ἄγεται καὶ
Σόραιχος καὶ ὁ ἀληθὴς Ῥοδάνης. Καὶ διαγνοὺς ὁ Γάρμος μὴ εἶναι
Σινωνίδα τὴν Μεσοποταμίαν, δίδωσι Ζοβάρᾳ παρὰ ποταμὸν Εὐφράτην
καρατομῆσαι ἵνα μή, φησί, καὶ ἑτέρα τις τοῦ τῆς Σινωνίδος
ἐπιβατεύσῃ ὀνόματος. Ὁ δὲ Ζοβάρας ἀπὸ πηγῆς ἐρωτικῆς πιὼν καὶ τῷ
Μεσοποταμίας ἔρωτι σχεθείς, σῴζει τε ταύτην καὶ πρὸς Βερενίκην
Αἰγυπτίων ἤδη, ἅτε τοῦ πατρὸς τελευτήσαντος βασιλεύουσαν, ἐξ ἧς
ἦν καὶ ἀφελόμενος, ἄγει· καὶ γάμους Μεσοποταμίας ἡ Βερενίκη
ποιεῖται, καὶ πόλεμος δι´ αὐτὴν Γάρμῳ καὶ Βερενίκῃ διαπειλεῖται.
Ἐν ᾧ καὶ περὶ τῆς
συγκαθευδούσης τῷ δημίῳ τά τε περὶ αὐτὴν ἔθιμά τε καὶ νόμιμα,
καὶ περὶ τῆς τοῦ γεωργοῦ θυγατρός, ὅπως ἀνάσπαστος γίνεται, ἐπεὶ
Σινωνὶς τῷ Συρίας βασιλεῖ γαμηθεῖσα ἔσχεν ἰσχὺν τὴν ὀργὴν ἐπ´
αὐτῇ πληρῶσαι· καὶ ὡς δημίῳ ταύτην συγκαθεύδειν καταδικάζει, καὶ
ὅτι συνεκαθεύδησεν ἐν τῷ τῶν δημίων περιβόλῳ εἰσελθοῦσα τῷ
Εὐφράτῃ, ὃς καὶ ἀντ´ αὐτῆς εἰς τὸ ἐκείνης πρόσωπον ὑποκριθεὶς
ἐξῆλθε τοῦ περιβόλου, καὶ ἐκείνη ἀντὶ τοῦ Εὐφράτου τὸ ἔργον
ἔπραττε τοῦ δημίου. Ἀλλ´ ὕστερον ταῦτα. Ὅτε δὲ Σόραιχος ἐπὶ τὸν σταυρὸν ἐπέμπετο, τότε καὶ Ῥοδάνης ὑπ´ αὐτοῦ Γάρμου ἐστεφανωμένου καὶ χορεύοντος ἐπὶ τὸν πρότερον σταυρὸν πάλιν ἤγετο καὶ ἀνεσταυροῦτο, καὶ Γάρμος μεθύων ἅμα καὶ χορεύων περὶ τὸν σταυρὸν σὺν ταῖς αὐλητρίσιν ἔχαιρέ τε καὶ εὐφραίνετο.
Ἐν ᾧ δὲ ταῦτα ἐπράττετο,
Σάκας πρὸς Γάρμον γράμματα πέμπει ὡς Σινωνὶς τῷ Σύρων βασιλεῖ
μειρακίῳ ὄντι γαμεῖται· καὶ Ῥοδάνης ἄνωθεν ἔχαιρε, Γάρμος ἑαυτὸν
ἀνελεῖν ὥρμησεν, ἐπισχὼν δὲ κατάγει Ῥοδάνην ἄκοντα τοῦ σταυροῦ
(θανεῖν γὰρ μᾶλλον ᾑρεῖτο) καὶ κοσμεῖ στρατηγικῶς, καὶ πέμπει
τοῦ πολέμου, ὃν πρὸς τὸν τῶν Σύρων ἀνεκίνει βασιλέα, στρατηγὸν
ὡς ἐραστὴν κατὰ τοῦ ἀντεραστοῦ, καὶ φιλοφρονεῖται ὑπούλως, καὶ
γράμμα κρύφιον γράφει τοῖς ὑποστρατήγοις, εἰ νίκη γένηται καὶ
συλληφθῇ Σινωνίς, ἀναιρεθῆναι Ῥοδάνην. Ῥοδάνης δὲ καὶ νικᾷ καὶ
τὴν Σινωνίδα ἀπολαμβάνει, καὶ βασιλεύει Βαβυλωνίων. Καὶ τοῦτο
χελιδὼν προμηνύει· ταύτην γάρ, ὅτε παρῆν Γάρμος καὶ συνεξέπεμπε
Ῥοδάνην, ἀετὸς ἐδίωκε καὶ ἰκτῖνος· ἀλλὰ τὸν μὲν ἀετὸν ἐξέφυγεν,
ὁ δὲ ἰκτῖνος ταύτην ἥρπασεν· ἐν οἷς ὁ ιϚʹ λόγος. |
Extrait de la Bibliothèque de PHOTIUSLES BABYLONIQUES (1)Ou les amours de Rhodanes et de Sinonis, par JAMBLIQUE.cod. xciv.
J'ai lu le roman où Jamblique raconte des aventures amoureuses. Cet auteur affiche moins l'obscénité qu'Achilles Tatius ; mais il n'est pas aussi décent que le Phénicien Héliodore; il est vrai que ces romanciers s'étant proposé le même but, ont choisi, tous trois, pour sujet de leurs fictions, des intrigues d'amour. Mais Héliodore est plus grave et plus réservé ; Jamblique l'est moins qu'Héliodore ; et Achilles Tatius qui a décrit en huit livres les amours de Leucippe et de Clitophon, pousse l'obscénité, jusqu'à l'impudence. Sa diction est molle et coulante; elle se distingue moins par le nerf que par une certaine manière efféminée et chatouilleuse, si l'on peut s'exprimer ainsi, qu'il affecte continuellement. On regrette, au contraire, que Jamblique, qui brille par la beauté du style, la régularité du plan et l'ordonnance des récits, n'ait pas déployé toute sa force et tout son art dans des sujets sérieux, au lieu de les prodiguer à des fictions puériles. Les personnages qu'il introduit dans ce roman, sont Rhodanes et Sinonis, beaux l'un et l'autre, et unis par le double lien de l'amour et de l'hymen. Garmus, roi de Babylone, ayant perdu sa femme, devient éperdument amoureux de Sinonis, et montre un grand empressement à l'épouser; — refus de la part de Sinonis ; elle est enchaînée avec une chaîne d'or; — par une suite de ce refus Damas et Sacas, eunuques du roi, ont déjà fait élever Rhodanes sur une croix (4) ; mais Sinonis parvient à le délivrer. Les deux amants s'enfuient et se dérobent, l’un au supplice et l'autre à un hymen abhorré. — Le roi fait couper le nez et les oreilles aux deux eunuques, pour les punir de leur négligence, et les envoie à la poursuite des fugitifs. Damas et Sacas prennent des routes différentes pour exécuter cet ordre. — Rhodanes et Sinonis (5) sont sur le point d'être surpris dans une prairie, par Damas. Un pêcheur lui a dénoncé des bergers qui, mis à la torture (6), lui montrent enfin cette prairie où Rhodanes avait découvert un trésor. L'inscription gravée sur un cippe, surmonté d'un lion, le lui avait indiqué (7). — Un spectre, sous la forme d'un bouc (8), y devient amoureux de Sinonis; ce qui oblige les deux amants à quitter cette prairie. —Sinonis, en fuyant, laisse tomber sa couronne de fleurs ; Damas la trouve et l'envoie à Garmus, comme un léger soulagement à son amour. Cependant Rhodanes et Sinonis rencontrent, dans leur fuite, une vieille femme sur le seuil de sa cabane, et se cachent dans un antre, long de trente stades, percé aux deux extrémités, et dont l'ouverture est masquée par des broussailles. — Damas arrive avec sa suite ; il interroge la vieille, qui s'évanouit en voyant un glaive nu; on se saisit des chevaux qui avaient amené Rhodanes et Sinonis. — Les soldats, qui avaient accompagné Damas, entourent l'endroit où Rhodanes et Sinonis étaient cachés; le bouclier d'airain d'un de ceux qui rôdaient à l'entour, se brise au-dessus de la caverne ; elle retentit, et ce bruit décèle les personnes qu'elle renferme ; on fait des fouilles, Damas pousse de grands cris ; sa voix se fait entendre dans le souterrain ; Rhodanes et Sinonis s'enfoncent dans la profondeur de la caverne et arrivent à l'ouverture opposée. Là un essaim d'abeilles sauvages fond sur ceux qui faisaient les fouilles; des gouttes de miel distillent aussi sur les fugitifs. Ce miel était empoisonné, ainsi que les abeilles, parce qu'elles s'étaient nourries de reptiles venimeux. Les travailleurs qu'elles piquent, ou perdent une partie de leurs membres, ou meurent. Rhodanes et Sinonis, pressés par la faim, lèchent quelques gouttes de ce miel ; il leur survient des coliques extraordinaires, et ils tombent sans mouvement sur le chemin (9). Les soldats, fatigués de l'assaut que leur ont livré les abeilles, s'éloignent et se mettent de nouveau à la poursuite de Rhodanes et de Sinonis. Ils aperçoivent étendus ceux qu'ils sont chargés de poursuivre ; mais ils les prennent pour des morts inconnus et continuent leur route. — Sinonis, pendant son séjour dans la caverne, avait coupé ses cheveux et en avait fait une corde pour tirer de l'eau; Damas la trouve et l'envoie à Garmus, comme un garant de la prise très prochaine des fuyards. — Cependant la troupe qui défile à côté de Rhodanes et de Sinonis, couchés sur le chemin, persuadée qu'ils sont réellement morts, leur rend quelques honneurs funèbres, selon la coutume du pays. Les uns les couvrent de leurs tuniques, les autres jettent sur eux tout ce qu'ils ont sous la main (10), en y ajoutant des morceaux de viande et de pain, et la troupe se remet en marche. — Rhodanes et Sinonis reviennent enfin de l'assoupissement causé par le miel ; des corbeaux qui se disputent les morceaux de chair, jetés par les soldats, ont réveillé Rhodanes, et celui-ci a réveillé Sinonis; ils se lèvent et prennent un chemin opposé à celui des soldats, afin de se dérober plus facilement à leur poursuite. Ils rencontrent deux ânes, et, après les avoir chargés d'une partie de ce que les soldats avaient jeté sur eux, lorsqu'on les croyait morts, et qu'ils avaient emportée, ils en font leur monture. Ils s'arrêtent à une hôtellerie et la quittent ensuite pour aller loger dans une autre, voisine de la place publique qui se trouvait en ce moment remplie de monde. Il arrive une aventure tragique à deux frères; Rhodanes et Sinonis sont accusés de la mort de l'un ; mais ils sont bientôt déchargés de cette accusation, parce que l'aîné des deux frères, qui avait empoisonné son cadet et qui les avait accusés d'un crime dont il était seul coupable, s'empoisonne lui-même et manifeste ainsi leur innocence. — Rhodanes s'empare du poison sans être aperçu ; il descend avec Sinonis au repaire d'un brigand qui détroussait les passants et qui les mangeait. — Des soldats, envoyés par Damas, prennent le brigand et mettent le feu à son repaire; Rhodanes et Sinonis sont enveloppés par la flamme, et n'échappent, avec beaucoup de peine, à la mort qu'après avoir égorgé leurs ânes et les avoir jetés sur le feu pour se frayer un passage.— Les soldats qui avaient incendié la maison, les aperçoivent, pendant la nuit, et leur demandent qui ils sont; nous sommes, répondent-ils, les ombres de ceux que le brigand a assassinés. La pâleur, la maigreur de leur visage, et la faiblesse de leur voix font ajouter foi à l'imposture, et effrayent les soldats. — Ils reprennent la fuite, rencontrent une jeune fille que l'on conduisait au tombeau, et se mêlent à la foule des spectateurs. — Il survient un vieux Chaldéen qui empêche la sépulture, en disant que la jeune fille respire encore, et il prouvé que la chose est vraie ; il prédit à Rhodanes et à Sinonis qu'ils sont destinés à régner. Le tombeau de la jeune fille reste vide, et on y laisse une grande partie des vêtements qui devaient être brûlés, et des vivres. Rhodanes et Sinonis usent copieusement de ces derniers ; ils s'emparent aussi de quelques-uns des vêtements, et s'endorment dans ce tombeau. — Les soldats incendiaires s'aperçoivent le matin qu'on les a trompés ; ils suivent les traces de Rhodanes et de Sinonis, s'imaginant qu'ils sont les complices du brigand ; ces traces les conduisent au tombeau ; mais les voyant couchés et immobiles, parce que le sommeil et le vin enchaînaient leurs mouvements, ils les prennent pour des cadavres et les laissent, ne comprenant pas comment les traces les ont conduits là. Rhodanes et Sinonis quittent ce tombeau, et traversent le fleuve dont les eaux douces et limpides sont la boisson ordinaire du roi de Babylone (12). — Sinonis vend les vêtements qu'elle a emportés ; elle est arrêtée, comme spoliatrice de tombeaux, et amenée devant Soroechus, fils de Soroechus le publicain, et surnommé le juste. Soroechus veut l'envoyer à Garmus, à cause de sa beauté. Rhodanes et Sinonis préparent un breuvage avec le poison des deux frères, préférant la mort à la vue de ce roi. Une esclave révèle à Soroechus le projet que méditent Rhodanes et Sinonis. Soroechus vide secrètement le vase qui renfermait le breuvage de mort, et lui substitue une liqueur soporifique, et lorsqu'ils l'ont bue, et qu'ils sont profondément endormis, il les fait placer sur un char pour les amener lui-même au roi. Comme ils approchaient de Babylone, Rhodanes, effrayé par un songe, jette un cri. Sinonis en est réveillée ; elle prend un glaive et s'en frappe. Soroechus veut connaître tous les détails de leur histoire, et les deux amants, après avoir reçu son serment, les lui apprennent. Il les met en liberté, et leur montre, dans une petite île, un temple de Vénus, où Sinonis doit être guérie de sa blessure. Chemin faisant il leur raconte l'histoire, de ce temple et de cette petite île. Elle est formée par l'Euphrate et le Tigre, qui l'entourent de leurs eaux ; la prêtresse de Vénus avait eu trois enfants, Euphrates, Tigris et Mésopotamie ; cette dernière était laide en naissant, mais Vénus avait changé sa laideur en une si grande beauté que trois amans se disputèrent sa conquête. Ils prirent pour juge Borochus, ou Borychus, le plus renommé de ceux qui vivaient alors (13). Chacun des trois rivaux plaide sa cause. Mésopotamie avait fait don à l'un de la coupe dans laquelle elle buvait; elle avait mis sur la tête de l'autre la couronne de fleurs qui ornait la sienne, et le troisième avait reçu un baiser. Borychus proclama vainqueur celui qui avait reçu le baiser ; mais la querelle n'en devint que plus vive; elle finit seulement lorsqu'ils eurent péri tous trois, l'un par la main de l'autre. — Dans une digression l'auteur donne des détails sur le temple de Vénus. Les femmes qui s'y rendent, sont obligées de révéler en public les songes qu'elles ont eus dans ce temple; ce qui fournit l'occasion d'entrer dans les détails les plus minutieux sur Pharnachus, Pharsiris et Tanaïs qui a donné son nom au fleuve qui le porte. Pharsiris et Tanaïs initièrent aux mystères de Vénus les peuples qui habitent sur les bords du fleuve. Tanaïs mourut dans la petite île dont nous venons de parler, après avoir mordu dans une rose qui n'é-toit pas encore épanouie et qui recélait une cantharide. Sa mère crut en avoir fait un demi-dieu, par ses enchantements. — Jamblique décrit ici les différentes sortes d'enchantements, celui des sauterelles, celui des lions, et celui des rats. Celui des rats est le premier de tous, puisque les mystères ont emprunté leur nom de ces animaux. Il parle ensuite des enchantements qui se font par le moyen de la grêle, des serpents, de la necyomantie ou évocation des morts; et par celui du ventriloque, que les Grecs appellent Euryclée (15), et les Babyloniens, Sacchoura (16). L'auteur se dit Babylonien; il apprit l'art magique, puis il s'adonna aux sciences que cultivent les Grecs. Il florissait sous le règne de Soaemus, fils d'Achéménides l'Arsacide. Ce prince occupait alors le trône de ses pères; il fut ensuite sénateur romain, consul, et enfin roi de la Grande-Arménie. C'est sous ce prince, dit-il, qu'il vivait. Marc-Aurèle régnait alors à Rome. Lorsqu'il envoya Lucius Verus, son frère adoptif et son gendre, qu'il avait associé à l'empire, combattre Vologèse, roi des Parthes, Jamblique prédit le commencement et la fin de cette guerre ; il raconte comment Vologèse s'enfuit au-delà de l'Euphrate et du Tigre, et comment le royaume des Parthes devint une province romaine. Tigris et Euphrates, enfants de la prêtresse, se ressemblaient, et Rhodanes ressemblait à l'un et à l'autre. La prêtresse, ayant jeté les yeux sur lui, s'écrie que son fils est rendu à la vie, et ordonne à sa fille de le suivre. Rhodanes se prête à cette illusion, et se joue de la crédulité des habitants de l'île. — Damas reçoit des renseignements sur Rhodanes et Sinonis, et sur ce que Soroechus avait fait pour eux; ils lui sont donnés par le médecin même que Soroechus avait envoyé secrètement pour guérir la blessure de Sinonis. Soroechus est arrêté et envoyé à Garmus. Damas fait partir en même temps le dénonciateur, avec une lettre pour le prêtre de Vénus, dans laquelle il lui enjoint de se saisir de Sinonis et de Rhodanes. Le médecin, pour traverser le fleuve qui entoure l'île sacrée, se suspend, selon l'usage, au cou d'un chameau, après avoir déposé la lettre dans l'oreille droite de cet animal, et il est suffoqué par l'eau du fleuve. Le chameau arrive seul à l'île ; Rhodanes et Sinonis retirent la lettre de con oreille, et apprennent ainsi tout ce qu'on tramait contre eux. Ils s'enfuient, rencontrent en chemin Soroechus que l'on amenait à Garmus, et descendent avec lui dans la même hôtellerie. Pendant la nuit Rhodanes, en distribuant quelques pièces d'or, fait égorger les gardiens de Soroechus ; celui-ci prend la fuite avec les deux amants, et trouve ainsi la récompense du service qu'il leur avait rendu auparavant — Damas fait saisir le prêtre de Vénus ; il l'interroge sur le compte de Sinonis, et ce vieillard est enfin condamné à changer son ministère en celui de bourreau (20) ! Euphrates, que le prêtre, son père, prend pour Rhodanes, et qu'il appelle de ce nom, est obligé de prendre les mœurs et de suivre les règlements des bourreaux. — Sa sœur Mésopotamie s'enfuit. — Euphrates est conduit devant Sacas, il est interrogé sur Sinonis, parce qu'on le prend pour Rhodanes et qu'il est examiné comme tel. — Sacas envoie un courrier à Garmus pour lui apprendre que Rhodanes est pris, et que Sinonis sera bientôt prise. Euphrates avait dit, en effet, lorsqu'on l’avait interrogé sous le nom de Rhodanes, que Sinonis avait pris la fuite dès qu'elle l’avait vu arrêté. Sinonis. était le nom qu'il était lui-même forcé de donner à sa sœur Mésopotamie. Les fugitifs Rhodanes, Sinonis et Soroechus entrent dans la maison d'un laboureur; il avait une fille belle qui, jeune encore, était déjà veuve, et qui, pour gage de la tendresse qu'elle portait à son mari, avait coupé ses cheveux sur sa tombe. Chargée d'aller vendre la chaîne d'or que Rhodanes et Sinonis avaient emportée de leur prison, elle court chez un orfèvre. Cet homme voyant la beauté de la jeune femme, reconnaissant une partie de la chaîne que lui-même, par un singulier hasard, se trouvait avoir faite; et s'apercevant que cette femme a les cheveux coupés, soupçonne qu'elle est Sinonis. Il en donne avis à Damas, et envoie secrètement des gardes pour observer sa marche lorsqu'elle se retire ; mais elle se doute de ce qu'on trame contre elle, et se réfugie dans une demeure écartée et solitaire. — Ici commence l'histoire d'une jeune fille, nomme Trophime; d'un esclave qui, après avoir été son amant, devient son meurtrier (22) ; de quelques ornements d'or à l'usage des femmes ; des attentats de l'esclave ; de son suicide ; du sang qui rejaillit sur la fille du laboureur au moment où il se donne la mort ; de la frayeur qu'elle en conçoit; de sa fuite, de la terreur et de la fuite des gardes qui la surveillaient ; de son retour chez son père ; du récit qu'elle lui fait de ses aventures; du départ précipité de Rhodanes; mais avant tout cela de la lettre que l'orfèvre écrit à Garmus pour lui apprendre que Sinonis est retrouvée. Il donne, pour preuve de la vérité de cette nouvelle, la chaîne qu'il a achetée et. qu'il envoie (24) et les autres soupçons qu'a fait naître la fille du laboureur. — Rhodanes, au moment de son départ, embrasse la fille de son hôte. Sinonis en est courroucée ; d'abord elle n’avait que des soupçons sur ce baiser, mais il ne lui resta plus de doutes lorsqu'elle eut essuyé le sang dont les lèvres de Rhodanes avaient été souillées par ce baiser. Transportée de fureur, elle médite de poignarder la jeune veuve, et se hâte de retourner sur ses pas (25). Soroechus ne pouvant arrêter cet élan furieux, prend le parti de la suivre. Ils descendent chez un homme opulent, mais de mœurs dissolues, nommé Sétapus. — Il devient amoureux de Sinonis et cherche à la séduire : elle fait semblant de correspondre à son amour ; mais cette nuit même, et lorsque, ivre de vin, Sétapus se livre à ses premiers transports, elle lui plonge son épée dans le sein, et, se faisant ouvrir la porte (26), elle abandonne Soroechus, qui ignore encore ce qui s'est passé, et court en hâte chez la fille du laboureur. Soroechus, ayant appris le départ de Sinonis, se met à sa poursuite, prenant avec lui quelques-uns de ses esclaves et de ceux de Sétapus qu'il paie pour l'accompagner, afin de s'opposer au meurtre de la fille du laboureur. Il rejoint Sinonis, la fait monter sur un char, préparé d'avance, et rebrousse chemin ; mais à peine se sont-ils mis en route pour revenir, que les serviteurs de Sétapus, qui ont vu leur maître égorgé, viennent, remplis de colère, au-devant d'eux, prennent Sinonis, l'enchaînent et la mènent à Garmus, comme, une meurtrière qu'il doit faire punir. Soroechus, après avoir jeté de la poussière sur sa tête et s'être enveloppé dans son manteau (28), annonce à Rhodanes ces tristes nouvelles. Rhodanes veut se tuer ; mais Soroechus retient son bras. —- Cependant Garmus, instruit par la lettre de Sacas que Rhodanes est pris, et par celle de l'orfèvre, que Sinonis est prisonnière, ne peut contenir sa joie; il offre des sacrifices aux dieux; il commande les apprêts des noces (29); il ordonne, par un édit, que partout les fers des prisonniers soient brisés, et que la liberté leur soit rendue. A la faveur de cet édit, Sinonis est délivrée de ses liens par les serviteurs de Sétapus, qui la conduisaient. — Garmus ordonne que Damas soit mis à mort ; on le livre au prêtre qu'il avait lui-même arraché de l'autel pour en faire un bourreau. Ce prince était irrité contre Damas, parce qu'il avait laissé à d'autres la gloire de faire prisonniers Sinonis et celui qu'il croyait être Rhodanes. — Monasus succède à son frère Damas. — Nouvelle digression sur Bérénice, fille du roi d'Egypte, et sur ses amours singulières et infâmes. On raconte comment Mésopotamie fut admise dans son intimité (30) ; et comment ensuite elle fut prise par Sacas, et envoyée à Garmus, avec son frère Euphrates. — Garmus apprend par une seconde lettre de l'orfèvre, que Sinonis a pris la fuite, il ordonne aussitôt que l'orfèvre soit mis à mort, et que les gardes chargés de la surveiller et de la lui amener, soient enterrés vivants, avec leurs femmes et leurs enfants. — Un chien hyrcanien (31), qui appartenait à Rhodanes, découvre dans l'infâme gîte où s'était réfugiée la fille du laboureur, les corps de la jeune, infortunée et de l'esclave, qui, épris pour elle d'un amour funeste, lui a ôté la vie (32). Il a déjà dévoré en entier celui de l'esclave, et peu s'en fallait, celui de la jeune fille, lorsque le père de Sinonis survient. Il reconnaît le chien de Rhodanes; il voit le corps de Trophime à demi rongé; il immole d'abord le chien aux mânes de celle qu'il prend pour Sinonis, et il se pend ensuite à un lacet, après avoir donné la sépulture aux restes de la jeune fille, et après avoir écrit sur sa tombe avec le sang du chien : ci gît la belle Sinonis. — Soroechus et Rhodanes arrivent sur ces entrefaites ; ils aperçoivent le chien égorgé sur une tombe, le père de Sinonis pendu à un lacet, et l'épitaphe gravée sur le tombeau. Rhodanes se donne un premier coup de poignard, et ajoute, avec son propre sang, à l'épitaphe de Sinonis, ces mots : et le beau Rhodanes. Soroechus se pend, et Rhodanes allait se porter le dernier coup, lorsque la fille du laboureur arrive et s'écrie : Rhodanes, celle qui gît ici n'est point Sinonis. Elle court à la hâte couper le lacet auquel Soroechus était suspendu, et arracher le poignard des mains de Rhodanes. Elle vient enfin à bout de les persuader, en leur racontant l'histoire de la malheureuse fille, dont ils voyaient le tombeau ; comment un trésor était enfoui dans cet endroit, et comment elle était venue pour s'en emparer, — Cependant Sinonis, délivrée de ses chaînes, est accourue à la maison du laboureur, toujours furieuse contre sa fille. Ne la trouvant pas, elle en demande des nouvelles à son père, qui lui indique le chemin qu'elle a pris. Elle court promptement sur ses traces, tenant en main un glaive nu. A la vue de Rhodanes, couché par terre, et de sa rivale, seule avec lui, parce que Soroechus était allé chercher un médecin (33), et occupée à panser la blessure qu'il s'était faite au sein, sa colère et sa jalousie redoublent ; elle fond sur la jeune veuve; mais Rhodanes, à qui cette violence fait oublier sa blessure, se jette au-devant de Sinonis et la retient, en lui arrachant le glaive des mains. Sinonis, transportée de colère, s'élance hors de l'hôtellerie, et courant comme une furieuse, elle adresse ce peu de mots à Rhodanes : Je t'invite aujourd'hui aux noces de Garmus: (34). Soroechus, de retour, apprend tout ce qui s'est passé; il console Rhodanes, et, après qu'on a mis un appareil sur sa blessure, on renvoie la jeune veuve chez son père avec quelques pièces de monnaie. — On amène à Garmus Euphrates et Mésopotamie, sous le nom de Rhodanes et de Sinonis ; on amène aussi Soroechus et le véritable Rhodanes. Garmus, connaissant alors que Mésopotamie n'est point Sinonis, la livre à l'eunuque (35) Zobaras, pour lui trancher la tête sur les bords de l'Euphrate, afin, dit-il, qu'aucune autre n'usurpe désormais le nom de Sinonis; mais Zobaras qui a déjà bu à la fontaine d'amour (36), est épris des charmes de Mésopotamie ; il lui conserve la vie, et la ramène à Bérénice à qui on l’avait enlevée, et qui était devenue reine d'Egypte, après la mort de son père. Bérénice donne un époux à Mésopotamie. — La guerre est prête à éclater, pour elle, entre Garmus et Bérénice. — Euphrates, livré à son père, qui exerce les fonctions de bourreau, et reconnu par lui, est également sauvé. Il prend la place de son père qui ne souille plus ses mains de sang humain ; ensuite il se fait passer pour la fille du bourreau; il sort de la prison, à la faveur de ce travestissement, et il recouvre la liberté. — Ici l'auteur parle de la concubine da bourreau, des usages et des lois qui la concernent; il raconte comment Sinonis devenue l'épouse du roi de Syrie, et ayant en main le pouvoir de satisfaire sa vengeance, fit arracher de ses foyers la fille du laboureur, et la condamna à partager la couche du bourreau ; comment étant entrée dans l'enceinte où logent les bourreaux, elle coucha avec Euphrates ; comment celui-ci sortit de cette enceinte, en prenant le costume de cette fille, et comment enfin elle le remplaça dans ses tristes fonctions (38). Les choses en étaient là, lorsque Soroechus est condamné au supplice de la croix. Le lieu où doit se faire l'exécution est désigné; c'est la prairie et la fontaine où Rhodanes et Sinonis s'arrêtèrent dans leur fuite, et où Rhodanes découvrit un trésor qu'il indique à Soroechus lorsqu'on le conduit au supplice. Cependant une armée d'Alains, que Garmus avait pris à sa solde, indignée de ne pas la recevoir, avait fait halte dans le lieu même où Soroechus devait mourir sur la croix. Elle chasse la troupe qui conduisait Soroechus, et le met en liberté. — Soroechus, ayant trouvé le trésor qui lui avait été indiqué, et l'ayant retiré avec beaucoup d'adresse et d'art de l'endroit où il était enfoui, persuade aux Alains que cette science et d'autres encore lui ont été enseignées parles dieux, et ayant gagné peu à peu leur confiance, il les amène à l'élire pour leur roi. Alors il déclara la guerre à Garmus et le vainquit ; mais ces faits sont postérieurs. — Pendant que Soroechus marchait au supplice, Garmus, couronné de fleurs et dansant au son des flûtes, avait fait reconduire Rhodanes à son premier gibet, et il était déjà élevé sur la croix. Cependant tandis qu'ivre de vin et dansant autour de la croix avec les joueuses de flûte, Garmus se livre à la joie la plus bruyante (40), il reçoit une lettre de Sacas ; elle lui apprend que Sinonis vient d'épouser le jeune roi de Syrie. — Rhodanes du haut de sa croix se réjouit de cette nouvelle. Garmus veut se donner la mort, mais il suspend cette résolution et fait descendre de la croix Rhodanes, qui en descend à regret, parce que la mort lui paraît préférable. Il lui fait donner un équipage de guerre et lui confie le commandement de l'armée qu'il fait marcher contre le roi de Syrie, afin de mettre aux prises les deux amants de Sinonis : Rhodanes reçoit un accueil gracieux, mais feint ; Garmus, en effet, écrit une lettre secrète aux généraux qui doivent commander sous Rhodanes ; il leur mande, de le mettre à mort, s'il est victorieux et si l'on a pu se saisir de Sinonis. — Rhodanes remporte la victoire, recouvre Sinonis, et règne sur les Babyloniens. (41) Une hirondelle avait présagé cette heureuse victoire. Lorsque Garmus, en personne, fit partir Rhodanes pour cette expédition, un aigle et un milan poursuivirent cette hirondelle ; mais elle échappa aux serres de l'aigle, et devint la proie du milan. — Voilà le contenu des seize livres.
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NOTES SUR LE ROMAN DE JAMBLIQUE.
(1) Jamblique, selon la voix commune, était un affranchi. Il a écrit ce qu'on appelle les Babyloniques, c'est-à-dire, les amours de Rhodanes et de Sinonis, en trente-neuf livres (Photius n’en compte que seize). Il parle de l’eunuque Zobaras, amant de la très belle Mésopotamie. (4) Le supplice de la croix fut en usage chez presque tous les peuples de l'antiquité. Ceux qui sont curieux de connaître tout de qui a rapport à ce supplice, peuvent consulter le trtité dé Juste Lipse De cruce, Paris, apud Sonnium, 1606, in-8° et le récit intitulé : Thomœ Bartholini Casp. P. de latere Christi aperto dissertatio. Acc-tiunt Cl. Shbftâsiï et àliàntm de cruce epistolœ. tugd. Bat. Le îtïatt-é, iè$6, ih-$*. Je ferai seulement observer qu'il y avait deux manières de crucifier, l'une en clouant le patient sur la croix, et l'autre en l’attachant simplement avec des cordes pour prolonger ses souffrances. C'est de cette dernière qu’il faut entendre, ici et dans la suite, les passages de Photius, ou il est question de ce supplice. (5) André Schott traduit toujours par Rhodanes, Damas ; mais il savait très bien que ces idiotismes grecsdésignent tantôt une personne seule et tantôt une personne et sa compagnie ou sa suite, et que le sens général de la phrase indique celui dans lequel on doit les prendre. Or il est clair que cette expression désigne ici Rhodanes et sa compagne, c'est-à-dire Sinonis, et plus loin Damas et sa suite. (6) C’est probablement à cet endroit que se rapporte le passage de Jamblique cité par Suidas; « lorsque, ayant questionné et sondé chacun de ces bergers, il ne put entendre ni apprendre d'eux qui étaient ces enfants. » Il me paraît évident que Damas fit mettre ces bergers à la torture, lorsqu'ayant sondé chacun d'eux en particulier, il ne put en tirer aucun éclaircissement sur les deux jeunes fugitifs. (7) Ptolémée, fila d'Hephaestion, dans l'ouvrage dont Photius nous donne l'analyse (Cod. 190) nous apprend l'origine de la coutume qui faisait placer un lion sur quelques cippes. Hercule, selon cet auteur, perdit un doigt dans le combat qu'il livra au lion de Némée; ou, selon d'autres, piqué par une raie venimeuse, il fut obligé de se le couper, et l'on voyait à Lacédémone un monument, érigé à ce doigt coupé. Il était surmonté d'un lion de pierre, symbole de la force d'Hercule, Depuis ce temps-là, ajoute l'auteur, on a placé des. lions sue d'autres tombeaux. Moréri nous donne sur ce Ptolémée l'article suivant, bien, maigre et bien écourté. « Ptolémée d'Alexandrie, fils de Chennus, vivait au temps de Trajan et d'Adrien, vers l'an 117 de J. C. Il était grammairien et poète, et laissa une Histoire des choses admirables, dont nous avons quelque chose dans Photius, C. 190. Consultez aussi Suidas, etc. » D'abord il est ridicule de dire que nous avons quelque chose de cet ouvrage dans Photius, puisque ce patriarche nous donne l'extrait des sept livres qui le composaient. Ensuite cet extrait et les deux articles de Suidas pou voient fournir à Moréri et aux auteurs des Dictionnaires historiques, qui ont négligé cet écrivain, un article assez intéressant. Je vais tacher de suppléer à la négligence de l'an et au silence des autres. Ptolémée, surnommé Chennus, était un grammairien d'Alexandrie, fils d’Hephaestion. Il naquit probablement sous Domitien, puisqu'il fut le contemporain d'Epaphrodite, et il florissait sons les règnes de Trajan et d'Adrien. Il fut en même temps historien et poète. Il avait compose plusieurs ouvrages. Suidas nomme les suivants : sur les histoires qui rapportent des faits invraisemblables, — le Sphinx, drame historique — poème à l’imitation d'Homère, composé de 24 livres. Suidas ajoute : et quelques autres. Kuster met au nombre de ces derniers celui dont Photius nous donne l'analyse : nouvelle manière d'écrire l'histoire pour propager l'érudition, divisée en sept livres; mais je pense avec Vossius (de historicis graecis,) et Fabricius (Biblioth. grœca, Tom. III. page 453. de l'ancienne édit. et Tom. VI, p. 333 de la nouvelle) que cet ouvrage est le même que celui qui est cité par Suidas. On voit par l'extrait donné par Photius, que cet ouvrage était curieux, mais rempli de fables, de prodiges et de mensonges. Photius en convient lui-même. « Ce livre, dit-il, est véritablement utile à ceux qui veulent passer pour érudits dans des matières historiques. Il fait connaître, en effet, en peu de temps, ce qui en exigerait beaucoup, s'il fallait le chercher dans les nombreux volumes où il est disséminé. Mais il renferme beaucoup de prodiges, de fictions mal imaginées, et, ce qui est encore plus absurde, il veut assigner les causes des fables qu'il débite. Ce compilateur est superficiel, et il pousse jusqu'à la forfanterie l'amour du merveilleux; son style, d'ailleurs, manque d'élégance. Il dédie son ouvrage à une certaine Tertylla, qu'il nomme sa maîtresse et dont il vante les connaissances philologiques, et l'érudition. Il tance ceux qui ont traité maladroitement avant lui le même sujet ; il fournit cependant une instruction variée et amusante, surtout lorsqu'il raconte des faits qui ne sont pas dénués de vraisemblance et auxquels on peut ajouter quelque foi ». C'est de ce compilateur que Tzetzes a dit (Chil. VIII, 387.) « Voilà ce qu'écrit Ptolémée à Tertylla, si, toutefois, ce Ptolémée Hephaestion nous est connu ». Thomas Gale a inséré l'analyse de Photius dans ses Historiae poeticœ scriptores antiqui. Paris. 1675. in-8°, mais il a supprimé le préambule que je viens de traduire. C'est ainsi qu'à la tête de Parthénius, qui se trouve dans le même recueil, il a supprimé la dédicace de l'éditeur de Bâle, Janus Comarius, quoiqu'elle soit curieuse. (8) « Et une espèce de fantôme de boue devient amoureux de Sinonis ». Suidas, nous a conservé le passage de Jamblique, où il était question de ce fantôme : « l’autre taureau fit entendre un mugissement d'un mauvais augure pour Garmus. Et ce spectre paraissait être un bouc et non un taureau. » Le bouc a joué un grand rôle dans l’antiquité. Il eut plus d'un temple en Egypte, et fut particulièrement adoré dans le nome Mendésien, où les femmes, par esprit de dévotion, ne rougissaient pas de se prostituer à lai, comme au plus lascif des animaux, et par conséquent au symbole de la fécondité. Mais si nous en croyons Plutarque, (Ceryllus, Tom. X, édit. de Reiske), ce bouc préférait les chèvres aux plus belles femmes qu’on enfermait avec lui. Ceux qui voudront connaître tout ce qui concerne cette divinité cornue des Mendésiens, peuvent consulter la savante dissertation de Jablonski, Pantheon Aegyptiorum, Tom. I, où cette matière est traitée à fond. Ils y trouveront citées toutes les autorités qui attestent ce culte et cette prostitution infâmes, (9) Littéralement, un flux dé ventre extraordinaire. L'interprète latin traduit : postquam id (aliquid mellis) in ventrem defluxit ; mais c'est un contresens formel. Ce miel empoisonné leur occasionne nécessairement des tranchées et un flux do ventre extraordinaire. Du reste cette expression mérite d'être remarquée. (10) Suidas, nous a conservé, mais sans nommer l'auteur, ce passage qui a échappé à Kuster et, ce qui est plus remarquable, à la sagacité de Toup. « Les soldats, étant survenus pendant la nuit, virent ces corps, et, selon la coutume des Babyloniens, ils jetèrent sur eux, l'un son candys, l'autre sa chlamyde, celui-ci des morceaux de pain, celui-là des fruits., et il s'éleva autour d’eux un grand monceau de pièces de petite monnaie ». (12) C’était le fleuve Choaspe. Les rois de Perse, et, comme on l'apprend de ce passage, ceux de Babylone, ne buvaient d'aucune autre eau. Lorsqu'ils voyageaient, plusieurs chariots a quatre roues, traînés par des mules, et chargés de flacons d'argent, remplis de cette eau que l'on avait fait bouillir, les suivaient, Voy. Hérodote, liv. I, §. 188, et les autres autorités rassemblées dans Brisson, De regio principatu Persarum, Liv. I. p. 132. et suiv. édit. de 1710. (13) C'est probablement de ce Borochus que Jamblique disait : « Homme ne sachant le moins du monde mentir, et ami de la vérité s'il en fut jamais ». (15) Le Scholiaste d'Aristophane sur le vers 1014 des Guêpes, nous apprend qu'il y avait à Athènes un devin ventriloque, nommé Euryclès, possédé d'un génie familier qui lui faisait découvrir la vérité. Voilà pourquoi, ajoute le scholiaste, les devins qui l'imitaient étaient appelés 'Ey->«or^7riH et EvgvjtXsn-at. Platon fait mention de cet Euryçlès et lui donne l'épithète de ridicule. Selon Suidas, tout ventriloque était appelé Euryclès, du nom de ce devin. Photius prétend que les démons de ce nom aiment à se loger dans le ventre, rempli d'ordures, non seulement des femmelettes, mais encore des hommes. Voyez sur les ventriloques la dissertation d'Allatius de Engastrimutho, insérée dans le recueil intitulé : Eustathii Antiocheni in Hexaëmeron etc., gr. lat. Lyon, 1629. in-4°. Plutarque dit que c'est un pur enfantillage et une sottise de croire que le Dieu lui-même entre dans le corps des devins, comme on croit, qu'il entre dans celui des ventriloques, appelés autrefois Euryçlès et nommés aujourd'hui Pythons, et qu'il se serve de l'organe de leur bouche et de leur voix pour rendre ses oracles, De la cessation des Oracles, Tom. VII. (16) Σακχύρα. Ce mot, selon le savant orientaliste M. Silvestre de Sacy, à qui je dois cette note, peut signifier ivre ou enchanteur, suivant qu'on le dérive de Schakar, qui dans l'hébreu et les autres langues orientales signifie enivrer, ou de Sahar qui, en arabe et peut-être en hébreu, signifie exercer la magie. En arabe Sahhan arec une double aspiration veut dire un magicien. Léo Allatius, dans la dissertation dont fut parlé dans la note précédente, après avoir cité ce passage de Photius, ajoute deo plena, ebria vates, alii exponebant. (20) Il n'y a aucun doute que le passage suivant rapporté par Suidas, ne soit emprunté de Jamblique et n'appartienne à cet endroit : « le prêtre se revêtit du costume de bourreau échangeant les habits les plus respectables, contre les plus vils. » (22) C’est peut-être aussi à cet endroit que se rapporte le passage suivant cité par Suidas, « et comme le soin de garder la maison était pénible et rarement confié à d'autres qu'à des esclaves, et que d'ailleurs il y avait une autre esclave qu'on pouvait charger du même soin, il la détermine à se dérober, par la suite, à la surveillance de ses parents ». Il s'agit peut-être de cet esclave qui entraîne une malheureuse fille dans un coupe-gorge solitaire et qui l'assassine. Je ne vois pas, du moins, à quel autre personnage peut se rattacher ce fragment. (24) C'est, sans doute, a cet endroit que se rapporte ce lambeau cité par Suidas, « Je t'ai envoyé la chaîne, car elle ne nous est d'aucune utilité ». Ces mots faisaient partie de la lettre de l'orfèvre. (25) Tout ce passage est mal ponctué, et ce défaut le rend presque inintelligible. (26) Il faut lire dans le texte « la femme ne doit connaître d'autres dieux que ceux de son mari; elle doit fermer la porte à tout culte superflu ut aux superstitions étrangères ». Préceptes de mariage, tom. VI, page 531. On lit dans le Banquet de Platon § 50 : « tout-à-coup la porte de la rue à laquelle on frappait fit un grand bruit ». Les maisons chez les anciens avaient trois portes ; la première était la porte de devant, la grande porte, celle qui s’ouvrait sur la rue. Suidas. Elle était ainsi appelée, parce que c’était celle de la cour, du vestibule. La seconde conduisait à l'appartement des hommes et à celui des femmes Schol. d'Apoll. Rhod. sur le v. 235 du trois. liv. La troisième, était la porte de derrière ou la fausse porte : « Je crains bien que philosophant avec des étrangers, ou avec des supérieurs, soit en dignités, soit en âge, nous ne paraissions fermer au faste la porte de devant et lui ouvrir celle de derrière. » Plutarque, Propos de table. Tom. VIII. Voy. la note de Taylor sur la première harangue de Lysias. (28) Il me semble qu'il faudrait lire : ayant jeté de la poussière sur sa tête et déchiré son vêtement. C’étaient, comme on sait, chez les anciens, des marques d'une profonde douleur, au lieu que la leçon enveloppé dans le vêtement, appelé Candys, ne donne, dans cet endroit, aucun sens raisonnable. Le Candys, était un vêtement usité chez les Perses (Pollux, VII, 58), nous apprend qu'il y en avait de trois espèces : celui du roi se distinguait par sa couleur pourpre, préparée avec le coquillage de ce nom ; celui des grands personnages imitait seulement la pourpre; enfin celui des soldats, et probablement celui du peuple, était de peaux. Les uns et les autres avaient des manches et s'attachaient avec des agrafes au-dessus des épaules. Suidas dit simplement que le Candys était un vêtement à l'usage des Perses. Hésychius ajoute : que les soldats attachent avec des agrafes. Photius, dans son Lexique, donne deux explications de ce mot ; l'une est la même que celle de Suidas, l'antre est plus remarquable et a échappe aux éditeurs d'Hésychius qui ont cite la première : vêtement à manches, semblable à ceux dont on se couvre sur mer. Cette explication, et un passage de Lucien, dans ses Dialogues des morts, où Philippe reproche à son fils Alexandre d'avoir quitté la Chlamyde des Macédoniens pour le Candys des Perses, cette explication, dis-je, de Photius et ce passage de Lucien semblent résoudre la question élevée, parmi les savants, pour savoir si le Candys était une tunique, un vêtement intérieur, ou bien un vêtement extérieur, une espèce de manteau, et prouver que la Chlamyde et le Candys étaient le même vêtement extérieur, distingué seulement par la simplicité de l'un, et l'éclat de l'autre, et sans doute aussi par la forme et la couleur. (29) C'est probablement à ces préparatifs de noces que se rapporte le passage suivant de Jamblique conservé par Suidas, « il fit préparer une pompe brillante et splendide, des habits somptueux, et un nombreux cortège d'eunuques et de jeunes suivantes ». (30) Quelle est cette Bérénice? On n'en connaît aucune à qui l'histoire reproche la passion des Lesbiennes, qui probablement était celle de Bérénice. (31) L'interprète latin traduit plaisamment : canis interim Rhodanis, Hyrcanus appellalus. Pollux, v. 37. met au nombre des chiennes renommées, les Hyrcaniennes. Bandelot de Dairval, dans son Histoire de Ptolémée Auletes, cite plusieurs fois notre romancier qu'il confond avec l'auteur de la vie de Porphyre ; mais il ne voit dans tout ce roman que l'histoire de son héros. Bérénice, selon lui, est la fille de Ptolémée Aulètes. Le passage le plus remarquable est la note qu'on lit au bas de la page 146 : « Une preuve encore que le romancier décrit l'histoire de ce temps là, c'est le nom d'Hyrcan qu'il donne au chien de Rhodanes, et qui est indubitablement le prince de Judée. On voit qu'il se mêle fort avant dans les intrigues d'Aulètes dont il était ami particulier. Les Juifs enfin étaient appelés chiens par les autres nations », (32) C'est probablement ici la place du passage cité par Suidas. Ce lexicographe donne deux significations a ce mot; d'abord celui d’amant malheureux, ensuite celui d'amant dont l’amour est funeste à celle qu'il aime, et il confirme cette dernière par l'exemple suivant : « égorgée par un amant dont la passion a été si funeste pour elle ». (33) Ici se rattache, sans aucun doute, ce court passage rapporté par Suidas, « à peine Soroechus est parti, (pour aller chercher le médecin) que Sinonis arrive. » Ces articles montrent avec quelle négligence travaillèrent les compilateurs de ce lexique. (34) Je crois qu'il faut placer, avant ces derniers mots, le lambeau que nous a conservé Suidas : « Sinonis était encore pleine de la jalousie qu'elle avait déjà conçue, et l'action dont elle est témoin, lui donne de l'audace. Lorsqu'elle est sur le point de s'éloigner, elle lui adresse ces paroles : notre premier combat est terminé ; mais il nous en reste un second et nous nous sommes exercés à temps pour le commencer. Alors, transportée de colère, elle s'élance hors de l'hôtellerie, et, courant comme une furieuse, elle n'ajoute que ce peu de mots : Je t’invite demain aux noces de Garmus ». (35) Suidas, nous apprend que ce Zobaras était eunuque. (36) L'interprète latin a négligé cette expression élégante, « ayant bu à la fontaine d'amour » et il traduit froidement « Mœsopotamiae possessus amore. » (38) Comme nous n'avons vu, dans le cours de cette analyse, aucune des femmes que le romancier fait paraître sur la scène, se donner la mort, on pourrait rapporter à la fille du laboureur, condamnée à faire le cruel office de bourreau, ce passage de Jamblique, conservé par Suidas, « laquelle, regardant ces fonctions comme dures et insupportables, se donna la mort ». (40) C'est ici, je crois, la place de ce fragment conservé par Suidas, « tantôt il riait d'un rire impudent, immodéré, et tantôt il proférait des paroles pleines d'arrogance ». (41) Voici les autres passages de Jamblique, cités par Suidas, dont je n'ai pu retrouver la place dans l'analyse de Photius. « laissez le (ou la) mourir en paix ». « je suis déjà disposé à te plaindre, parce que je suis aussi malheureux que toi ». « les dieux voient tout et ne veulent pas qu'on soit inexorable et implacable dans les vengeances. » Ce passage se rapporte peut-être à Sinonis, qui poursuit sans relâche et punit cruellement la pauvre fille du laboureur, d'un crime dont elle est innocente. « Sinonis leur montrait le feu, et les conduisait tout autour. » L'auteur de ce passage n'est point nommé dans Suidas, mais le nom de Sinonis l’indique assez. Il se rapporte probablement à l’endroit où les soldats mettent le feu à la maison du brigand anthropophage. « le fleuve les entraîna au fond de l'eau et ils ne reparurent plus », « ayant jeté des courroies autour de ses mains, il l'attacha, au lit ». « le receveur d'impôts rendit le collier au marchand ; ainsi bientôt les loups relâcheront les agneaux de leur gueule, et les lions renverront les chevreuils à leurs mères, puisqu'un publicain a lâché une telle proie ».
« le père,
voyant que ses enfants étaient beaux et dans la fleur de l’âge, et redoutant
la brutalité du tyran, les envoya chez les b
J'ai promis dans la notice sur Jamblique de donner le texte et la traduction du morceau inséré dans les Excerpta varia graecorum sophistarum ac rhetorum, publiés par Allatius à Rome 1641, in 8°. On le trouve sous le nom d'Adrien de Tyr, page 250 de ce volume extrêmement rare.
DÉPART DU ROI DE BABYLONE.
Le char qui porte le roi est tout entier d'ivoire, et ressemble à celui que les Grecs nomment apéné. Les rênes des chevaux sont des bandelettes de pourpre. Ce prince est revêtu de ses habits d'appareil, de ceus qu'il ne porte ni à la chasse, ni lorsqu'il rend la justice, ni lorsqu'il offre des sacrifices ; mais seulement dans les pompes solennelles. Sa robe est tissée, à parties égales, d'or et de pourpre. Sa main droite, élevée, s'appuie sur un sceptre d'ivoire. Devant lui marchent les gardes du sceptre, les satrapes, les hipparques, les chiliarques de service. Viennent ensuite les troupes à pied, décorées de boucliers d'argent, de cuirasses d'argent et d'or, et ornées de bracelets et de colliers. Leur tête n'est point couverte d'un casque ; elle est surmontée d'espèces de créneaux et de tours d'argent et d'or qui la couronnent et qui l'ombragent. Les plus distingués y ajoutent des pierreries. Un petit nombre porte des couronnes d'or, qu'il doit a la munificence du roi. Les cavaliers munis de cuissards, sont montés sur des chevaux Niséens.[4] Les uns sont équipés en guerre, avec des fronteaux et des armures qui défendent le poitrail et les flancs ; les autres dressés pour la représentation ont tous des freins d'or, et sont parés comme des femmes opulentes.[5] Leurs sangles, leurs attaches, leurs housses sont tissues ou recouvertes d'or. Leurs crins frisés et tressés comme la chevelure des femmes, sont retenus par des bandelettes de pourpre mouchetées. Ceux de la tête forment des panaches ondoyants qui descendent sur le cou, les uns flottants, les autres droits ou bouclés; les uns formés tels par la nature, les autres façonnés par l'art. C'est aussi l'art qui règle leurs pas, leurs regards, leurs divers mouvements de tête. On apprend même à quelques-uns, comment il faut souffler et hennir. Un cheval de parade est en effet dressé sur chaque chose. D'abord il étend les jambes sur le pavé, ensuite se baissant jusqu'à terre, il reçoit le cavalier qui le monte pour son plaisir, ou parce qu'il est fatigué ou malade. Le cheval qui a reçu une éducation plus brillante ne se couche point sur le ventre, mais il tombe sur les genoux, afin qu'il ne semble pas seulement recevoir son cavalier, mais se prosterner devant lui. Ensuite il lui présente un dos flexible, qui se courbe, dans la marche, et se redresse comme celui d'un serpent. On lui apprend à mettre en harmonie ses pas, ses attitudes, son souffle, le mouvement de ses yeux ; à lever la tête, à la secouer, à la redresser fièrement; enfin il sait tout ce qu'un athlète montre sur le théâtre. De pareils exercices donnent plus de grâce au coursier et plus de noblesse au cavalier.
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