Philon de Byzance

PHILON DE BYZANCE

 

LE LIVRE DES APPAREILS PNEUMATIQUES ET DES MACHINES HYDRAULIQUES

Introduction

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

LE LIVRE DES APPAREILS PNEUMATIQUES ET DES MACHINES HYDRAULIQUES,

PAR

PHILON DE BYZANCE,

ÉDITÉ D’APRÈS LES VERSIONS ARABES D’OXFORD ET DE CONSTANTINOPLE ET TRADUIT EN FRANÇAIS.

 

 

 

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LIVRE DE PHILON SUR LES INSTRUMENTS PNEUMATIQUES ET LES MACHINES A EAU.

1. L’auteur dit: J’ai su, ô mon cher Ariston, ton désir de connaître les appareils élégants, et j’ai voulu répondre à ta demande en te dédiant ce livre, afin qu’il te serve d’exemple pour tout ce que tu recherches en mécanique. Je commencerai d’abord par décrire les appareils pneumatiques, et je mentionnerai toutes les constructions connues des savants antérieurs.[20]

Les philosophes qui ont spéculé sur les choses physiques ont reconnu qu’un vase qui semble vide au vulgaire ne l’est pas réellement. mais qu’il est plein d’air. L’on a ignoré cela tant que l’on n’a pas été assuré que l’air est un corps. Je ne veux pas rapporter ce qui a été dit à ce sujet ni les contestations qui y sont relatives. Que l’air est un élément, cela n’est pas seulement une théorie, mais un fait, rendu évident par des observations qui tombent sous les sens. Je vais en rapporter ce qui est nécessaire et ce qui n’a pas été abordé par les autres, et prouver que l’air est un corps.

2. Prenons un vase vide semblable aux amphores d’Egypte; plongeons-le, l’orifice renversé, dans de l’eau profonde, en appuyant dessus; il n’entre point d’eau dans son intérieur, tant qu’il n’en est pas sorti de l’air; mais quand l’air sort, l’eau entre dans le vase. Voilà l’une des preuves que j’invoque.

Prenons une amphore égyptienne dont le goulot ne soit pas trop large, et perçons dans le fond de ce vase un petit trou que nous bouchons avec de la cire; puis renversons ce vase et plaçons-le dans de l’eau profonde, en le maintenant droit, sans lui permettre d’incliner d’un côté ni de l’autre. Appuyons dessus dans l’eau, puis sortons-le de l’eau doucement; en regardant à l’intérieur, nous apercevons qu’il est resté sec et qu’il n’a été mouillé qu’à son orifice.

Cette expérience prouve que l’air est un corps. S’il n’en était pas, et que le lieu eût été vidé, l’eau y eût pénétré et n’aurait pas trouvé d’obstacle. Mettons cela en évidence.

 

 

Prenons encore ce vase et renversons-le comme la première fois, en appuyant dessus avec les mains pour le faire plonger dans l’eau pendant un certain temps. Puis ôtons la cire qui bouche le trou. Alors la sortie de l’air par le trou est perceptible aux sens et l’on voit l’eau bouillonner au-dessus du trou. Aussitôt le vase, se remplit, puisque l’air s’est déplacé en sortant par le trou; et ce qui a chassé l’air n’est autre chose que le mouvement de l’eau qui le presse tandis que nous appuyons sur le vase. Ce discours prouve que l’air est un corps. Voici la figure.

3. Nous allons parler des autres éléments, en tant qu’ils sont intéressants pour ce que tu veux apprendre de cette science. Les savants pensent que l’air est composé de très légers corpuscules qui, à cause de leur petitesse, ne tombent pas sous le sens de la vue ni sous aucun autre sens, quand ils sont séparés, et que l’air n’est sensible alors que par sa force, mais qu’il n’en est plus de même quand ces corpuscules sont réunis. Des savants[21] sont d’avis que le vide a une nature physique et qu’il se mélange au corps de l’air, à cause des corpuscules légers dont celui-ci est constitué, qu’il se mélange de même aux particules des liquides et des autres corps. Nous avons expliqué ce qui a rapport à cette question dans le discours que nous avons composé sur les instruments extraordinaires.[22]

Quant à la substance de l’élément liquide, ces savants pensent qu’il est composé avec l’air de par leur nature physique,[23] étant joint à l’air, sans qu’il reste de vide entre eux deux. C’est pourquoi il arrive quelquefois que l’eau aille en haut, bien que la nature physique qui prédomine en elle la porte en bas. Tous les corps lourds tendent d’ailleurs vers le bas.

4. Il est donc clair que si parfois l’eau se porte en haut, c’est qu’elle est tirée par l’air à cause de la continuité qui existe entre eux deux. C’est ce qui arrive, par exemple, dans la pipette avec laquelle on déguste le vin. Quand on a mis la bouche sur l’extrémité de la pipette et aspiré doucement, l’air qui était dedans est tiré et, avec lui, le corps liquide qui se trouve en bas de la pipette, parce qu’il est adhérent à l’air, qu’il y soit adhérent à la façon de la glu ou par tout autre mode d’attache.

 

 

Cela se démontre avec un autre vase, préparé comme nous allons le décrire. Ou prend une corne de bœuf dont on évide l’intérieur jusqu’à ce qu’elle devienne creuse, lisse et bien polie. Elle a une longueur médiocre et elle ressemble à une pipette. A son extrémité inférieure qui ressemble à une pomme de pin, on adapte un autre récipient de bois, bien étanche, convenable pour cette extrémité et qui ne laisse de fuite d’aucun côté, tellement arrangé que l’appareil ressemble aux capsules employées en médecine.[24] ……

6. ........ On dresse une première fois cet instrument. Or on sait tout d’abord que l’eau ne s’élève pas du tout sans cet appareil. Elle s’élève avec ce siphon pour les causes que nous voulons expliquer. Quand nous plaçons l’orifice du siphon dans un vase plein d’eau et que nous aspirons l’air de l’autre côté avec la bouche, l’eau monte comme nous l’avons décrit précédemment; et, une fois qu’elle a commencé à monter, elle continue à être repoussée jusqu’à ce que toute l’eau du vase soit vidée et ait passé par ce siphon; car l’eau qui est dans le siphon a ses parties jointes l’une à l’autre d’une façon continue s’il ne s’interpose pas d’air. Que s’il y a fuite dans le siphon et que de l’air entre dans l’eau, par quoi la continuité de l’eau se trouve interrompue, le reste cesse de couler pour les causes que nous avons dites. C’est d’ailleurs ce qui va être mis en évidence par l’expérience que nous allons maintenant rapporter.

 

 

Soit un vase préparé dans une forme allongée, étanche de tous côtés. Ce vase est placé dans l’eau; on l’appuie avec les mains jusqu’à ce qu’il soit rempli, puis on le renverse vivement sous l’eau de façon à ce que sa partie inférieure vienne en haut et qu’il reste plein, puis on l’élève hors de l’eau jusqu’à ce qu’il n’y plonge plus que par son bord. Quand on a ainsi fait, le vase demeure plein. Ce que nous disons peut être rendu visible si le vase est fait de verre ou de corne ou d’une autre substance transparente. Sans ce vase, il n’est pas possible que l’eau soit élevée par aucun mécanisme. Mais si l’on pratique dans ce vase un petit trou, juste assez grand pour laisser rentrer l’air, l’eau redescend en son lieu comme elle était. Il résulte de tout ce que nous venons de dire que l’eau est composée avec l’air, qui y est joint de façon continue. C’est pourquoi l’un des deux suit l’autre.

7. La nature du feu se mélange aussi avec l’air, et c’est pourquoi il est attiré avec lui. La preuve en sera dans ce que nous allons rapporter.

Il faut prendre un œuf de plomb,[25] de grosseur moyenne, creux, mais non trop mince, afin qu’il ne se brise pas quand on le manie rapidement. Cet œuf doit être étanche, pour l’usage qu’on veut en faire; puis on le perce. Dans le trou on introduit un siphon, dont l’extrémité pénètre dans l’œuf jusqu’à arriver près de sa paroi inférieure, afin que l’eau s’écoule. Ce siphon doit être aussi très étanche. L’œuf est placé dans un lieu exposé au soleil. Sous l’autre extrémité du siphon, on place une coupe. Soit l’œuf marqué α, le siphon β, la coupe γ.

 

 

Je dis que, lorsque l’œuf est échauffé à l’extérieur, une partie de l’air qui se trouve dans le siphon fuit; et ce fait est visible aux yeux, parce que l’air qui arrive dans l’eau, provenant du siphon, l’agite en y produisant beaucoup de globules successifs. Si, ensuite, vous disposez au-dessus de cet œuf un ombrage et qu’il y séjourne un peu de temps, vous voyez l’eau monter de la coupe et parvenir à l’œuf. Lorsque vous enlevez l’ombrage et que l’appareil se retrouve au soleil, l’eau qui était dedans est de nouveau renvoyée vers la coupe. L’œuf étant ramené à l’ombre, l’eau y revient, et ainsi de suite indéfiniment.

Si vous allumez un feu et que vous l’approchiez de cet œuf de façon à l’échauffer, il se produit la même chose; et, quand l’œuf se refroidit, l’eau y revient, comme elle était. Si l’on prend de l’eau chaude et qu’on la verse sur l’œuf, il arrive encore ce que nous avons décrit. Voici la figure.

Cette opinion est un des fondements de ce qu’on appelle la pneumatique, parce que cela repose sur des appareils de ce genre.[26] Il en est ainsi seulement parce qu’il ne peut exister un lieu vide d’air, mais que, aussitôt que l’air s’en va, d’autres corps composés avec l’air prennent sa place; et ceux-ci sont seulement poussés d’une façon naturelle. C’est là l’opinion adoptée par plusieurs physiciens, et c’est aussi la nôtre.

8. L’on prouve qu’il ne peut pas exister de lieu vide d’air ou de tout autre corps. Versez de l’eau dans un vase; au milieu de ce vase dressez quelque chose de semblable à un chandelier et placez-y un flambeau. Renversez sur ce flambeau une amphore dont l’orifice vienne près de l’eau; que le flambeau se tienne au milieu de l’amphore. Laissez celle-ci un peu de temps ainsi; vous verrez l’eau qui est dans le vase monter vers l’amphore. Cela ne peut arriver que pour la cause que nous avons dite, à savoir que l’air emprisonné dans l’amphore s’évanouit, s’use et s’en va, à cause de la présence de la flamme, et qu’il ne peut pas subsister avec elle; et quand l’air a été dissous par le mouvement du feu, l’eau monte dans la proportion de l’air qui s’est en allé. Cela est pareil à ce que nous avons vu arriver dans le siphon; l’air s’en va, dissous par le feu, et c’est pourquoi l’eau monte et vient remplir le lieu qui est devenu vide. Voici la figure.

9. Autre appareil. — Nous avons déjà démontré étant placé un siphon à deux branches dans un vase plein d’eau, si quelqu’un commence à aspirer cette eau en suçant l’appareil avec la bouche, puis cesse de sucer dès qu’il a senti l’eau, alors celle-ci s’écoule en bas du vase.[27] ………………

 

10. ………………. Il faut[28] que le tube soit un peu large pour que l’aspiration n’y soit pas trop violente. Le bout supérieur du tube doit être fermé d’une manière étanche, et le bout inférieur doit être incisé des deux côtés, afin que, lorsqu’il est appuyé sur le fond du vase, l’eau ait une entrée et un écoulement convenables. Soit a la marque du vase; le tube qui y pénètre et qui est dressé dedans est en β; le tube supérieur qui revêt le premier en γ. L’endroit où parvient l’eau est δ, la sortie de l’eau, ε. Cela étant comme nous l’avons décrit, on verse l’eau dans le vase. Quand on l’y verse, elle tient et ne s’écoule pas, parce que le premier tube, qui a été introduit par le bas du vase, monte plus haut que le niveau de l’eau. On appelle ce système siphon. Quand l’eau s’élève jusqu’au niveau supérieur du siphon, elle s’écoule au dehors en le traversant

Quand l’écoulement commence, l’air qui est dans le siphon est repoussé. L’air est repoussé dans le tube jusqu’au point où l’eau le remplit. Il est clair que l’eau continue à couler jusqu’à ce que tout ce que contenait le vase soit vidé, pour la cause que nous avons dite, en parlant du siphon qui est avant celui-ci. Ce siphon-ci s’appelle l’intermittent. Il faut maintenant savoir que ce vase sert dans beaucoup d’expériences de pneumatique, comme nous l’avons dit dans ce qui précède; et c’est encore là un des fondements de cet art. Voici la figure.

11. Construction d’un autre vase.[29] — Construisons encore un autre vase pneumatique: c’est un des appareils fondamentaux de cette science. Prenons un œuf de cuivre ou d’argent, ou d’autre matière, au gré du constructeur; qu’il soit creux et de la capacité d’un demi-kist, étanche de tous les côtés. Perçons-le en un point de sa surface et introduisons par ce trou un petit tuyau. Le creux de ce tuyau est large d’un demi-doigt; sa longueur est d’une coudée. Il adhère, à l’œuf d’une façon parfaite au moyen d’une soudure d’étain, de façon à demeurer fixe dans ce trou et à ne laisser aucune fuite d’air. Perçons ensuite l’œuf, en face du tuyau, de petits trous étroits, proches les uns des autres comme les trous d’une passoire. Que ce vase soit élégant et analogue à ceux où l’on met le nébid.

Pour s’en servir, on prend une coupe dans la main gauche et l’on y verse du nébid pur; puis on tient l’extrémité du tuyau qui entre dans l’œuf, et on la plonge dans de l’eau de façon à submerger tout l’œuf. Celui-ci se remplit de cette eau qui entre par les petits trous minces; l’air passe dans le tuyau qui est en face. L’opérateur saisit fortement l’ouverture du tuyau avec son pouce; il sort l’œuf de l’eau et l’élève à l’air, sans qu’aucune partie de cette eau ne s’écoule, jusqu’à ce que l’œuf soit amené au-dessus de la coupe. L’opérateur ôte alors le pouce de dessus le tuyau et, aussitôt, l’eau coule; et si, pendant ce temps, il bouche de nouveau avec son pouce l’orifice du tuyau, il se produit la même chose qu’auparavant, pour les causes que nous avons dites plus haut. Quand l’œuf est placé dans l’eau, l’eau entre par les trous comme nous l’avons dit, parce que l’air passe dans le tuyau; si l’air ne passait pas, l’œuf ne se remplirait pas. Une fois l’œuf rempli et le pouce placé sur l’ouverture du tuyau, l’eau tient sans couler hors de l’œuf, parce qu’il ne peut pas y avoir un lieu vide d’air et que l’air n’a pas le moyen d’entrer dans le tuyau, à cause du pouce qui en bouche l’orifice; les trous qui sont dans l’œuf sont fermés par l’eau, et l’air ne peut pas soulever l’eau ni entrer au dedans d’elle, parce qu’il est plus léger qu’elle, ni l’eau couler parce que ses parties qui occupent les petits trous sont très déliées et n’ont pas beaucoup de poids pour les forcer à tomber; et chaque trou est retenu et emprisonné par le corps de l’œuf. Cet œuf est α, le tuyau β, les trous γ. Voici la figure.

12. Description d’un autre vase. — La même chose est encore prouvée par le vase que nous allons décrire. Vous versez de l’eau dans un vase à goulot étroit, jusqu’à ce qu’il soit rempli complètement et que l’eau arrive au bord du vase. Puis vous placez sur son orifice une feuille et vous la retenez avec la main pendant que vous renversez le vase sens dessus dessous. Vous ôtez alors la main de dessous la feuille et vous constatez que celle-ci ne tombe pas et que l’eau ne coule pas; le vase reste rempli comme il était, satis changement pendant longtemps.

La même chose arrive si vous remplissez d’eau un verre à boire, jusqu’au bord, que vous placiez dessus une serviette, et que vous le renversiez au-dessus de l’eau. Il n’en coule absolument rien, et ce verre reste tel quel pendant longtemps.

13. Construction d’un autre vase. — Préparons un autre vase très élégant et beau. Prenons un vase semblable à une amphore ou à un godet de cuivre ou à ce que nous voulons, muni d’un col allongé sur lequel est un couvercle unique; le fond du vase est percé de plusieurs petits trous. Ce vase porte un tuyau d’écoulement semblable au tuyau de l’aiguière. Dans sa partie inférieure est soudé un plan séparé du fond du godet par un espace d’un pouce. Ce plan est aussi percé d’un trou unique. Préparez ensuite un siphon, semblable à la serpette à émonder les arbres, de la dimension des deux tiers du vase. Puis remplissez le vase d’eau. Bouchez bien le trou qui est à sa partie supérieure. Quand nous versons l’eau, rien ne coule, car l’eau n’atteint pas le niveau supérieur du siphon; mais si elle l’atteignait, tout ce qui est dans le vase s’en irait dans le lieu qui est sous le siphon. Il faut donc que l’eau soit toujours au-dessous du niveau du siphon. Alors, si nous voulons que l’eau sorte par le bas de ce vase, soufflons violemment dans le tuyau extérieur du vase en y appuyant les deux lèvres. L’air meut l’eau qui n’a pas d’issue et la repousse dans le siphon, car la moitié du siphon est vide et remplie d’air; alors l’eau sort par les petits trous qui sont dans le bas du vase. Et si nous voulons emprisonner l’eau, nous attirons l’air avec notre bouche vers le larynx, par le tuyau d’écoulement du vase, et nous suçons avec force. L’air fait arriver l’eau dans le tuyau et il l’intercepte par rapport au siphon. Alors l’écoulement cesse. C‘est là un effet pneumatique merveilleux. Le vase est marqué α, son col β, le trou du col γ, le couvercle du trou δ, le tuyau de l’instrument ε, le tuyau du siphon ζη, le trou du plan θ, le plan ο, les petits trous ικ, le niveau de l’eau λ L’eau atteint seulement à la ligne marquée ν; car si elle atteignait à la ligne elle sortirait toute, parce que cette ligne est trop voisine du niveau du siphon. Sachez cela et réfléchissez, car cela est très beau. La figure est au verso.

14. Nous voulons aussi joindre l’eau à l’eau et en élever une partie par l’autre, de façon que celle-ci retourne au lieu de celle-là. Préparons un vase et soit un tuyau de cuivre jaune, dont la longueur est d’un empan et demi, que nous appelons la base. Joignons-y un autre tuyau en plomb, de la longueur d’une coudée, bien ajusté, perpendiculaire sur l’extrémité de la base et que nous appellerons le grand pilier. A l’autre extrémité de la base, élevons de même un autre tuyau de la longueur de quatre doigts et appelons-le le petit pilier. Marquons γ à l’extrémité du grand pilier; au lieu de sa soudure avec la base, η ; à l’autre extrémité de la base, au lieu de sa soudure avec le petit pilier, θ; à l’extrémité du petit pilier, ι.

Que ces piliers soient étanches de toute part et que leurs soudures soient bien faites, en sorte qu’il n’y ait aucune fuite. Prenons ensuite une ampoule de verre de la capacité d’un demi-kist, et prenons le tuyau qui entoure le grand pilier en laissant autour de lui un espace circulaire d’un doigt de tous côtés. La longueur de ce tuyau est en rapport avec celle du grand pilier. Montons alors l’ampoule sur la tête du tuyau au moyen de poix, de goudron ou de ciment, en l’ajustant d’une manière étanche et avec grand soin de tous côtés. L’ampoule est marquée ab, l’endroit où elle est montée sur le tuyau de, le bas du tuyau qui est le lieu de sortie de l’eau zh. Prenons un entonnoir de cuivre ou autre, dont le tuyau soit monté soigneusement sur le petit pilier; qu’il soit étanche de tous côtés. Cet entonnoir est marqué ολ. Pour le monter, nous le trempons dans la cire et nous le posons de façon qu’il adhère bien. Quand nous avons achevé tous ces préparatifs, nous versons l’eau dans l’entonnoir jusqu’à ce qu’il soit plein; à ce moment, l’eau est déjà entrée dans le grand pilier et y atteint un niveau correspondant à celui de l’entonnoir. Ensuite vous remplissez d’eau le tuyau et l’ampoule; puis vous ordonnez à un homme ayant en main un grand vase contenant de l’eau d’en ajouter dans l’entonnoir. Vous saisissez en même temps le tuyau de l’ampoule avec vivacité, et vous la renversez avec l’eau qu’elle contient, en en entourant le grand pilier jusqu’à sa base. L’homme qui tient le vase verse rapidement l’eau dans l’entonnoir, tandis que vous opérez comme nous venons de dire. L’eau sort par le bas du tuyau au point z, et celle qui est dans l’entonnoir est repoussée en bas; le reste de l’eau qui est dans l’ampoule attire celle qui est dans le grand tuyau, et celle-ci sort, jointe à la première, et l’eau continue de sortir par le point ζ; en sorte que, si on versait de l’eau dans l’entonnoir pendant toute une année, l’écoulement continuerait toujours sans interruption. Tout cela tombe sous le sens; et c’est de la même manière que l’eau adhère à l’air. L’air joint l’eau à l’eau. Sachez cela et exécutez-le, sous le trouverez merveilleux. Voici la figure.

15. Construction d’un autre vase remarquable. — Préparons un autre vase où l’écoulement se fait de lui-même. Sa forme est celle d’une amphore; mais il n’y a rien de nuisible à ce qu’on lui donne une autre forme. Ce vase a une capacité de 6 kist. Si l’on y verse un demi-kist, l’eau s’y maintient et ne s’écoule pas; mais si on le remplit, l’eau s’écoule. Dans le col de ce vase est un petit trou que l’on bouche avec la main, afin que l’écoulement ne se produise pas; niais quand on a versé un demi-kist d’eau en puis du premier, l’eau coule; et quand on y verse un demi, un tiers ou un quart de kist, ou ce que l’on veut, l’eau s’écoule continuellement.

Le vase étant disposé comme nous venons de dire, on perce à sa partie inférieure un trou, et l’on y monte le siphon que l’on appelle l’intermittent. Quand vous avez fait cela et rempli le vase, l’eau coule. Il faut introduire dans ce vase un tuyau qui aille de son orifice jusque près de son fond et qui soit bien étanche. L’eau qui s’écoule est marquée αα, le siphon intermittent ββ, le tuyau qui est introduit par l’orifice du vase, γγ; le trou qui est dans le col du vase, ε.

Maintenant que nous avons expliqué cette construction, si quelqu’un verse dans le vase un demi-kist d’eau, le trou étant ouvert, rien ne sort du siphon ouvert jusqu’à ce que le vase soit plein, parce que l’air sort par le trou; mais si quelqu’un bouche le trou avec son doigt et verse encore dans le vase un demi-kist, puis laisse le trou ouvert, l’eau s’écoule aussitôt parce que l’air n’a pas d’endroit par où s’en aller, et il est refoulé alors dans le siphon intermittent par l’eau versée qui monte au-dessus de lui. Il suffit d’ôter le doigt du trou pour qu’aussitôt l’air revienne au lieu qui en est vide. Ce vase est d’un usage élégant; dès qu’on place le doigt sur le trou, l’eau cesse de s’écouler, et si on renverse alors le vase, on croirait qu’il est vide et qu’il n’y a rien dedans. Voici la figure.

16. Construction d’un autre vase de mouvement merveilleux.[30] — Préparons un vase de forme belle et gracieuse: l’on prend une corne et on lui donne la forme indiquée par le dessin αβγδε. Au-dessus du récipient du vase est un chapeau comme ceux que placent les Égyptiens sur la tête des statues, semblable à une mitre allongée;[31] c’est ce qui est marqué ζ. En bas de ce chapeau et à l’ouverture de la corne, c’est-à-dire au lieu marqué αβ, il y a un orifice assez grand pour qu’on y verse l’eau et qu’elle coule dans le vase. Il résulte de cette construction des effets très merveilleux.

Le vase est placé dans un lieu élevé, tenant par son chapeau, et on ne le touche pas du tout avec les mains. Quand on le remplit et que l’eau atteint le bord de la corne, alors on la voit s’élever du fond du verre, ensuite s’arrêter et revenir en bas; puis elle s’écoule par le lieu d’écoulement jusqu’à ce que le vase soit entièrement vidé. Cela est rendu évident par le moyen du verre, et visible aux yeux. — La construction du vase est telle: le vase est marqué αβγδε, le chapeau ζ; le bas du chapeau adhère à la corne avec exactitude à l’endroit marqué ηθ. La corne est fermée à la ligne droite γδ.

On prépare ensuite deux tubes de cuivre et on monte l’un en bas du chapeau, à l’endroit marqué θ; il pénètre en bas du côté de la cloison marquée γδ; son extrémité va en bas du vase et ressort au dehors, émergeant du vase au point ε. La cloison adhère exactement au lieu γδ. Les côtés de la corne sont arrangés de telle façon que, lorsqu’on y verse de l’eau, elle ne coule pas du tout du côté inférieur, je veux dire par la pointe. L’autre tube est monté avec le bas du chapeau, au point η, et adhère très bien. Il avance en bas de façon à pénétrer un peu au-dessous de la cloison, j’entends la cloison marquée γδ afin de donner passage à l’eau. L’extrémité du tube long qui ressort à l’extérieur et est marquée e doit être un peu plus étroite que l’autre extrémité.

Quand on a fini de préparer le vase comme nous venons de le décrire,[32] on verse l’eau ou le nébid sur l’orifice du vase marqué β quand elle est versée, le compartiment limité par la cloison s’emplit; quand il est empli, le second tube s’emplit aussi jusqu’au niveau θ; alors ce tube laisse jaillir l’eau, qui s’en va à l’autre tube ressortant au dehors et qui s’écoule par là. — Voici la figure.

L’eau se maintient jusqu’à ce que le tube qui sort au dehors soit rempli, et l’eau qui est dans ce tube y reste, parce qu’il est plus long que l’autre tube qui va du point η au point ι. Alors l’eau se meut avec violence et tire avec elle une partie de l’air qui est dans le chapeau. C’est pourquoi il arrive que l’air restant est raréfié et qu’une plus grande quantité de vide s’y introduise. Or l’eau, quand elle donne sur des parties d’air très raréfiées, est envoyée plus facilement en haut. Cela est évident pour qui y fait attention; comprenez-le.

17. Construction d’un autre vase beau et élégant.[33] — Afin que la vérité de notre théorie soit établie par de nombreux exemples et qu’on connaisse la construction des machines, [indiquons encore ceci]: On prépare une base de bois allongée, sur un côté de laquelle on place une pièce de bois longue et arrondie; sur ce bois, on met une amphore; sur un des côtés de l’amphore, un tuyau dirigé en bas. A l’autre extrémité de la base, on place une coupe. Si on emplit de vin l’amphore, le tuyau s’ouvre de façon à laisser couler un peu de nébid dans la coupe; puis il se bouche et il ne coule plus rien, à moins que quelqu’un ne prenne un peu de ce nébid. Quand on en a pris, il recommence à en verser en une quantité égale à ce qui a été pris, et cela se répète autant de fois que l’on fait ce que nous venons de dire, jusqu’à ce que le vin pie contenait l’amphore soit épuisé. C’est là un appareil très élégant.

La construction du vase est telle que nous la décrivons. La base longue et apparente est marquée αα, le bois arrondi et long est ββ, l’amphore, γ; la coupe qui est sous le tuyau est δ. Il faut qu’il y ait au-dessous de la coupe un autre vase de verre ou de bois semblable au bois arrondi placé sur la base, et que ce vase serve de support à la coupe. Cette pièce de bois ronde doit être creuse comme celle que nous avons décrite d’abord et un peu plus élevée qu’elle. Oit dispose un conduit dans ce vase, sur le côté et caché dans sa cavité; c’est en vue de cela que le vase doit être adhérent à la coupe par en dessous. — Le vase qui est constitué par cette pièce de bois arrondie est marqué ε; le bas de la coupe y adhère au lieu δ, le conduit qui les traverse tous deux est θ; le tuyau d’écoulement de l’amphore, κ.

Il faut placer un tuyau à l’intérieur de l’amphore, y entrant par en bas; une de ses extrémités s’élève vers le col de l’amphore; l’autre pénètre dans le bois arrondi et dans le vase qu’il supporte, étant placé dans sa cavité et du côté de l’amphore; il doit être bien étanche. A l’orifice de l’amphore est un couvercle étanche, solidement ajusté, qui la ferme bien, afin qu’il n’y ait aucune fuite d’air. Le tuyau que nous venons de placer est ζ. Que tout cela soit préparé comme nous venons de le décrire.

Cela fait, il faut dresser l’amphore sur le bois rond et allongé. On la retourne sur son sommet; on place un entonnoir sur l’orifice du tuyau d’écoulement, et l’on y verse du nébid. Quand l’amphore est pleine, il faut fermer étroitement avec la main l’orifice du tuyau, retourner l’amphore comme elle était d’abord et la placer sur le bois rond. On introduit le tuyau qui est à l’intérieur de l’amphore dans le creux du bois arrondi, puis on lâche le tuyau d’écoulement: le liquide coule dans la coupe. Quand la coupe est remplie, le vase que constitue le bois arrondi est rempli aussi, parce que le bas de la coupe est percé d’un trou qui pénètre dans ce vase adhérent à sa base. Lorsque le nébid est monté jusqu’à boucher le conduit de l’amphore, l’écoulement cesse, parce qu’il n’y a plus d’endroit par où l’air puisse entrer dans l’amphore. Si quelqu’un prend un peu du nébid qui est dans la coupe, le tuyau marqué ζ se découvre et le nébid recommence à couler. La même chose se reproduit jusqu’à ce que toute l’amphore soit vidée. Voici la figure.

18. Construction d’an autre vase analogue, d’une description plus facile pour les commençants.[34] — Prenons un vase, le vase αβ, le plus grand, servant de réservoir pour l’eau et placé sur trois ou quatre colonnes. Dans l’une des colonnes antérieures ou dans celle que nous voudrons, est un tube traversant le creux de la colonne et pénétrant à l’intérieur du vase jusque près de son sommet, tout entier caché: c’est le tube marqué θ. On prend ensuite une coupe liée aux colonnes, fixée avec elles, marquée ικ. On forme un lion de cuivre qui paraît s’élever au-dessus de la coupe; il est marqué λ Puis, dans le creux de l’une des autres colonnes, on met encore un tuyau, pénétrant dans l’intérieur creux du lion et allant jusqu’à sa bouche. Le réservoir est marqué ζ, la bouche du lion, lieu où sort l’eau, est marquée η. Au sommet du réservoir, on met un couvercle bien fait et étanche, dans lequel il n’y a aucune fuite d’air: il est marqué δ.

Quand nous avons préparé tout cela, nous fermons la bouche du lion avec un doigt; nous ouvrons le sommet du réservoir marqué d et nous emplissons ce réservoir de nébid jusque près de la marque ε; puis nous remettons le couvercle du réservoir, et nous le joignons avec le plus grand soin, très solidement. Sachez cela: voici la figure.

Cela fait, nous ouvrons avec la main la bouche du lion. Le nébid sort de la bouche du lion jusqu’à ce qu’il parvienne à la coupe, et il ne cesse de couler jusqu’à ce qu’il recouvre le trou θ. Quand ce trou est couvert, l’écoulement du nébid par la bouche du lion cesse; le lion s’arrête d’en verser, et rien ne coule, tant que l’on n’a pas retiré de la coupe de quoi découvrir le trou θ. Dès que celui-ci est découvert, le lion verse du liquide en quantité égale à ce qui a été extrait; et cela continue ainsi jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien dans le réservoir. La quantité à extraire pour découvrir le trou θ est au gré de l’opérateur: deux ritls, ou trois, ou moins, ou plus. Cet appareil est le plus clair, le plus facile, le plus élégant et le plus commode pour qui veut connaître cet art.

19. Construction d’un autre vase de ce genre.[35] — Il est construit dans la proportion qui plait à son auteur. Ce vase est empli de nébid; à la partie inférieure est un lieu d’entrée du liquide dans le vase. Quand l’opérateur prend un peu de liquide du vase où est versé le nébid, il en coule de nouveau dans le vase une quantité égale à celle qui a été extraite, et cela se répète jusqu’à ce que les buveurs aient fini de boire.

La préparation de l’appareil est la suivante: on place un récipient dans un lieu élevé derrière un mur, de façon que l’échanson puisse l’atteindre. On prépare un tuyau adhérant au bas du récipient et ouvrant dessus. Ce tuyau traverse le mur, et, du côté où il ouvre sur le récipient, il porte une passoire. Le vase qui se trouve au-dessous du récipient décrit, je veux dire celui pu reçoit le nébid qui se déverse, doit avoir un trou mince à son bord, et un tube de cuivre soudé à ce trou traverse le mur et pénètre dans le récipient jusque près de son orifice. Ensuite, on verse dans le récipient, jusque près de son orifice, du nébid, en la quantité prévue. Puis on ferme le sommet du récipient, et on le bouche de tous côtés de façon qu’il n’y ait pas de passage d’air. Le vase inférieur se remplit, et on laisse ouvert le lieu d’écoulement du récipient. Quand un buveur a pris une partie de ce nébid qui est dans le vase, il s’y déverse de nouveau une quantité de liquide égale à celle qui a été extraite. Ensuite l’écoulement cesse jusqu’à ce qu’en s’y abreuve de nouveau.

Il faut que nous sachions que l’écoulement cesse quand le vase est plein, parce que rien ne peut couler de l’extrémité du tube qui apporte le nébid, celui-ci ne recevant d’air de nulle part. Quand on enlève une certaine quantité de nébid et que le tube se découvre, il s’en déverse en la quantité qui a été extraite, parce que l’air arrive, au tube; et cela se répète un nombre indéfini de fois, à cause de ce que nous avons expliqué. Le grand récipient est marqué a, le tuyau qui ouvre dessus β, le vase dans lequel se déverse le nébid γ, le tube δε, le tuyau allant du récipient au bord du vase ζη, le niveau du nébid θ, le couvercle iι

Ces trois espèces d’appareils dont nous venons de donner la description sont du genre des vases à niveau constant. Employez-les comme vous voudrez pour des bains, des lavabos ou des lampes; c’est la même chose dans tous ces cas.

20. Construction d’un vase niveau constant pour une très belle lampe.[36] — On prend un vase semblable à une pomme de pin, pouvant contenir la quantité d’huile que l’on veut. On dispose dans son intérieur un tuyau qui en ressort, pareil à une éprouvette. Ensuite, formez un lustre dans lequel vous réunissez deux, trois ou quatre lampes. Au milieu de ce lustre est un tuyau droit, percé d’un trou, qui donne dans le côté de l’une des lampes. Le tuyau- éprouvette est dans ce tuyau. Le vase qui constitue le réservoir d’huile est muni d’un tube d’écoulement vers chacune des lampes, en forme de trompe. On remplit ensuite la pomme d’huile par l’orifice du tuyau-éprouvette, et on monte dessus le tuyau fixe du milieu du lustre. Les trompes égouttent dans les lampes jusqu’à ce que l’huile atteigne le trou et le bouche. Alors, l’écoulement des trompes cesse. Quand le feu a consumé l’huile et que le trou se découvre, les trompes égouttent de nouveau; et cela se répète jusqu’à ce que l’huile soit épuisée.

Le réservoir est marqué αβ, le tuyau-éprouvette γδ, le tuyau du lustre ε, le trou de ce tuyau ζ, les trompes ηθ, les lampes ικ.

Il y a de nombreuses variétés de ces vases à niveau constant modifiez-les comme vous voudrez. Voici la figure.

21. Construction d’un autre vase. Sa forme est celle d’une amphore.[37] Sa panse est faite de l’argile de l’île qui s’appelle en grec Chio. Il y a un robinet en bas de cette amphore, par où s’écoule son contenu. On verse dans l’amphore quatre sortes de liquides, et, par ce robinet, chacun des quatre liquides sort séparément, sans se mélanger avec un autre. Celui qui sort d’abord est au choix du domestique; puis il en sort un autre au gré de la personne qui préside à l’opération.

Le vase est construit de la façon suivante: on dispose, à l’intérieur de l’amphore, deux cloisons allant du bas jusqu’au col, l’une coupant l’autre, de sorte qu’elles forment ensemble quatre compartiments. A la partie inférieure de chaque compartiment est une cloison percée d’un trou qui donne sur le tuyau d’évacuation marqué ε, allant du bas du vase au dehors. Que les deux cloisons, à leur partie supérieure, près du col de l’amphore, soient fermées ensemble et qu’il y ait sur chaque compartiment un crible et, dans chacun, un trou unique ouvrant sur l’extérieur, sur le pourtour de l’amphore, à la partie supérieure de sa panse.[38]

Alors, on prend le vase avec les mains, en bouchant avec les doigts les quatre trous qui sont sur la panse de l’amphore. La partie inférieure qui sert à l’écoulement, le domestique la tient dans sa main. Quand les compartiments ont été remplis de liquides et que le domestique veut faire écouler l’un de ces liquides, soit nébid, soit vinaigre, soit lait, soit eau, il lève le doigt du trou qui correspond à ce compartiment, et il laisse les autres doigts sur les autres trous. Ceux-ci ne reçoivent pas d’air, et il ne sort du vase rien d’autre que ce qu’il veut. Ensuite, il bouche ce trou, et il en ouvre un autre, et il le laisse couler. Il continue ainsi tant qu’il lui plaît.

Soit l’amphore marquée α, les cloisons sont marquées γγ, δδ. Il y a des trous dans le col de l’amphore, un trou pour chaque compartiment.

Quand on a versé le liquide par la tête de l’amphore, on la ferme. La tête de l’amphore est marquée h, les deux trous l sont pour les deux compartiments θ; les deux trous μ pour les deux compartiments ι les trous que le domestique bouche et ouvre avec les doigts sont les quatre trous υ. C’est ce que nous voulions expliquer. Voici la figure.

22. Construction d’un autre vase qui conduit à quelque chose de plus beau et dont il sort aussi quatre liquides. On prend un vase à quatre compartiments; en bas est un réservoir appelé le déversoir. Au milieu du vase est une pomme de pin faisant saillie. Quand nous voulons ouvrir tous les réservoirs, nous tournons la pomme d’une fraction de tour; et quand nous voulons les fermer, nous la tournons une autre fois. Quand nous voulons les ouvrir deux par deux, un par un ou trois par trois, nous faisons aussi une fraction de tour. Le vase doit être partagé en quatre compartiments sous le cercle ι κ λ μ. Au milieu est un cylindre faisant fonction de la partie femelle du robinet; dans le creux de ce cylindre, on place un autre cylindre percé de quatre trous dans des endroits connus, chaque trou se trouvant en face d’un des conduits des compartiments: ce sont les trous α β γ δ et cette partie correspond au mâle du robinet; elle est en face de vous. La partie femelle du robinet est traversée par les conduits des compartiments, chaque conduit allant à l’un des compartiments du vase; cette partie

femelle est solidement ajustée. En bas du vase est un petit espace semblable à un récipient, dans lequel ouvrent les trous d’écoulement des liquides qui viennent des quatre réservoirs. On prend alors l’autre cylindre appelé le mâle, qui tourne dans la femelle et qui est percé de quatre trous correspondant aux trous de la femelle, trou par trou, et marqués aussi α β γ δ. Si vous faites venir ces trous en face de α β γ δ  tous les liquides des réservoirs s’écouleront par les trous qui auront été percés dans le mâle, comme le trou ε et le trou ζ. Et si vous voulez, au moment où vous établissez la coïncidence avec le trou, celui-ci s’ouvre, les autres trous restant fermés. Ensuite tournez le trou ε, de façon à le boucher tout entier; puis tournez vers le trou δ alors le trou ζ est ouvert et tous les autres sont fermés. Ensuite revenez vers le trou γ, après avoir tourné le trou ζ de façon qu’il soit entièrement bouché. Le trou γ s’ouvre. Quand il s’est bouché, percez en face de γ le trou η et en face de δ le trou θ; ces deux trous sont alors ouverts et tous les autres fermés.[39] Si vous voulez ouvrir tous les trous, laissez le trou α du mâle en face du trou α de la femelle. Tout est alors ouvert. Construisez en bas du mâle, avant de monter le bas du vase, un collier monté avec la femelle, afin que le mâle tourne pour ouvrir et fermer les trous, et qu’il sorte, si quelqu’un veut le faire sortir. Sur la tête du mâle, prenez une pomme de pin carrée, placée au milieu du vase, que vous tournez quand vous voulez ouvrir ou fermer. Au sommet de chaque réservoir, placez un crible, afin qu’on ne sache pas ce qu’il y a dedans. Puis versez-y quatre liquides de diverses espèces qui sortent à votre volonté un par un ou tous ensemble ou autrement. Faisons des marques sur le vase et sur la pomme de pin, afin que, quand nous voulons faire sortir quelque chose du vase, nous tournions jusqu’à faire coïncider deux des marques. Il arrive alors ce que vous voulez. Voici la figure.

23. Construction d’une aiguière deux liquides. De ce vase sortent encore deux espèces de liquides, ou trois ou quatre à notre gré, et il est plus difficile à comprendre que le premier. — On prend une aiguière d’argent, d’étain ou de cuivre, bien faite, à long col et solide; et ou la sépare en deux moitiés dans le sens de sa longueur, par une cloison de même matière qu’elle, jusque près de son orifice, et suivant la longueur du col. On ferme le col en cet endroit, transversalement, et, dans cette cloison qui ferme le col, on perce deux trous, donnant chacun dans une des moitiés de l’aiguière. Ces deux trous sont marqués αβ. Ensuite on fait à l’aiguière une tête qui tourné sur la circonférence du col dont elle semble faire partie, construite avec soin, convenable à l’aiguière, plus longue que son col et vide. Cette tête est fermée à sa partie inférieure par un plan percé d’un trou qui donne dans une moitié seulement de l’aiguière, et est marqué γ. En haut de cette tête est un crible par où nous pouvons verser ce que nous voulons sans qu’on distingue où cela entre.

Ensuite on donne à cette aiguière un tuyau d’écoulement appelé bulbulah, d’épaisseur mesurée et de construction soignée, et l’on prend un autre tuyau d’écoulement plus long que celui-là et plus mince, ayant seulement la moitié de la largeur du précédent, afin qu’il entre dedans; le tuyau large est marqué d, le mince e. On monte d’abord le plus mince dans une des moitiés de l’aiguière, la moitié intérieure, celle qui est du côté dé l’anse, marquée z on perce la cloison, et l’on monte dedans ce tuyau d’écoulement mince qui s’en va à l’extérieur de l’aiguière. Puis le gros tuyau d’écoulement vient revêtir ce tuyau mince, et il est monté lui-même sur l’autre moitié de l’aiguière, marquée h. Le tuyau mince est en retraite sur le gros, afin que, si quelqu’un veut regarder l’aiguière, il ne le voie pas. Cela fait meilleur effet dans l’opération. Nous avons ainsi disposé deux tuyaux d’écoulement en un seul.

On donne à cette aiguière une anse; c’est en elle que réside l’opération. Cette anse est faite comme deux tuyaux d’écoulement: elle contient un tuyau qui pénètre dans la moitié de l’aiguière marquée ζ, et un autre qui pénètre dans l’autre moitié η, marquée. Ces deux tuyaux ont leur entrée du côté de la tête de l’aiguière dans son col, et ils sont soudés l’un à l’autre. On forme l’anse de façon à dissimuler ces deux tuyaux, et l’on perce dedans un trou pour le tuyau ν marqué ι et un trou pour le tuyau ζ marqué κ. La construction est ainsi terminée. Quand nous voulons verser dans cette aiguière de l’eau et du nébid, nous tournons la tête qui est un crible, en observant des repères marqués sur le col de l’aiguière et sur le crible, de façon que le trou inférieur de la tête vienne correspondre à l’une des deux divisions de l’aiguière; puis nous versons ce que nous voulons. Nous tournons ensuite la tête vers l’autre repère; le trou vient correspondre à l’autre division, et nous versons encore ce que nous voulons. Il y a un autre repère marqué l. Nous tournons le crible jusqu’à ce que la ligne λ tracée sur lui coïncide avec la ligne μ tracée sur le col de l’aiguière; dans cette position le trou de la tête est bouché, ce sans quoi l’opération n’aurait pas lieu.

Quand donc on veut verser ce qui est dans cette aiguière, le serviteur prend l’anse et l’empoigne comme on fait à l’ordinaire avec cette sorte de vases; et s’il veut verser le nébid, il ouvre l’un des deux trous; il doit savoir lequel des deux; il se trouve sous son pouce; le nébid sort alors du tuyau d’écoulement. S’il veut verser l’eau, il bouche ce trou avec son pouce, et il ouvre le trou de l’eau qui est sous son index; et l’eau sort du tuyau d’écoulement. S’il veut ouvrir à la fois les deux appels d’air, l’eau et le nébid s’écoulent ensemble. — Nous avons expliqué ce que nous voulions. Voici la figure.

24. Construction d’un autre vase merveilleux.[40] — On prépare un vase de construction élégante et très beau; sa forme est celle d’une aiguière, car cela est plus convenable; il est d’argent, de cuivre ou d’étain; il a un tuyau d’écoulement et une anse. Quand on verse l’eau dans cette aiguière, le tuyau d’écoulement étant bouché, il n’y entre pas d’eau, ni peu ni beaucoup; si nous ôtons le doigt du tuyau d’écoulement, l’eau entre et le vase se remplit. Si on bouche de nouveau le tuyau, l’eau est emprisonnée comme la première fois. — On forme l’aiguière comme nous l’avons expliqué. On prend une aiguière marquée α, puis on la bouche au col par un plan percé en son milieu d’un trou. Le col est allongé. Ensuite on introduit un tube allant dans la partie inférieure de l’aiguière, près de son sol, à la distance d’un doigt; ce tube est marqué γ. Il ressort dans le col de l’aiguière jusqu’à ses deux tiers; sur cette partie qui ressort est δ. Ensuite on prend un autre tube capable de contenir celui-là et quelque chose en plus; sa longueur est mesurée sur celle de la partie qui dépasse et est un peu en excès. Il est fermé à l’un de ses deux bouts, et il ressemble aux capsules des médecins; à l’autre bout, il est partagé en deux par une fente, de façon que lorsqu’il est monté sur cette partie qui dépasse, il se trouve sous lui un endroit pour l’entrée de l’eau; ce tube est marqué ε.

On monte donc ce tube dans le coi de l’aiguière, comme s’il s’agissait d’un vase à trop plein,[41] puis on soude la partie fendue du bas. On bouche la tête de l’aiguière à la distance d’une phalange, par un plan que l’on soude bien, afin qu’il n’y ait pas de fuite d’aucun côté; c’est plus parfait ainsi. Au milieu de ce plan est un trou marqué ζ, par ou l’eau entre dans l’aiguière. On donne à celle-ci un tuyau d’écoulement marqué η. Telle est la construction de cet appareil.

Quand on verse l’eau dans l’aiguière par le trou ζ, elle entre jusqu’à ce qu’elle parvienne à la cloison du col: puis elle monte dans le col et dans le tube; et, quand elle a atteint la ligne ε, elle revient au dedans du tube à l’intérieur de l’aiguière. L’air sort à ce moment par le tuyau d’écoulement, et l’eau ne cesse d’entrer jusqu’à ce que l’aiguière soit remplie. Si on bouche l’orifice du tuyau d’écoulement en η, l’air n’a plus de passage et l’eau alors ne peut plus entrer; elle est emprisonnée et elle revient déborder au dehors. Si on ouvre l’orifice, l’air sort et l’eau entre.

On peut aussi ne pas donner de tuyau d’écoulement à cette aiguière, pratiquer un trou dans l’anse, ouvrant sur l’intérieur de l’aiguière, avec un autre trou à l’extrémité de l’anse; cela est plus beau, parce que le domestique saisit l’anse, et celui qui verse l’eau dans l’aiguière ne sait pas la cause de l’opération. Le trou qui bouche le domestique est marqué θ; le trou qui entre dans l’aiguière est ι, l’anse est marquée κ. Nous en avons fini avec la construction de ce vase. Voici la figure.

25. Construction d’un autre vase plus merveilleux que ce qui précède. — Sachez que ce vase est une amphore qu’on appelle la voleuse de vin; elle a reçu ce nom à cause de son emploi, parce que, tandis qu’elle est pleine jusqu’à déborder, elle ne verse que dans la mesure que veut l’opérateur, et, les lieux d’écoulement restant ouverts, elle s’arrête de verser comme s’arrête un vase qui est vidé; étant entièrement emplie, si on la renverse, il n’en coule que peu de chose. Voici sa description.

On introduit un tuyau par l’orifice de l’amphore, que l’on approche du fond jusqu’à la distance d’un doigt; au milieu du vase, on met une cloison sur laquelle ce tuyau se monte. Les anses de l’amphore sont courbées depuis le côté de la panse jusque vers le sommet de la convexité du vase, et elles ont des trous d’air donnant sur l’extérieur, susceptibles d’être bouchés avec les doigts. Des lieux d’écoulement pour l’eau sont ménagés des deux côtés du vase.

Quand on veut emplir cette amphore d’eau ou d’un autre liquide, on doit d’abord boucher les appels d’air qui sont dans les anses; alors l’air ne peut pas sortir sans qu’une partie du liquide n’arrive aux extrémités de l’amphore. Quant au tuyau, il s’emplit jusqu’en haut, le liquide monte dans le col et en déborde. Quand celui qui tient l’amphore veut faire cesser cet écoulement, il débouche un peu les appels d’air, et l’écoulement cesse corrélativement à cette ouverture. Quand il juge que l’amphore est remplie, il la renverse sur son orifice, et il n’en coule qu’un peu de liquide qui restait dans le tuyau.

Cet appareil fait aussi[42] partie des appareils à siphons. Soit l’amphore marquée α, le tuyau β, l’orifice du tuyau γ. Quand l’eau a été versée et que l’amphore est pleine, on bouche le lieu γ de façon qu’il n’y passe pas d’air du tout. Les trous dans les deux anses sont δ, ε; la sortie de l’eau par les deux robinets se fait aux points, ζ, η, et les deux trous des anses qui ouvrent dans l’amphore sont en θ, iι Quand l’eau a été versée dans le tuyau par le lieu γ, elle entre dans le tuyau; mais si les deux trous δ, ε sont bouchés, elle n’arrive pas à l’intérieur du vase, parce que les deux robinets étant fermés, l’air n’a pas de passage. Quand on ouvre les deux trous δ, ε, l’amphore se remplit. On bouche alors l’orifice de l’amphore au lieu γ, très soigneusement, comme nous avons dit, et l’on ouvre les deux robinets: les liquides s’écoulent. Si on bouche de nouveau les deux trous, l’écoulement des liquides par les robinets cesse. On peut recommencer jusqu’à ce que l’appareil soit vidé. Voici la figure.

26. Construction d’un autre vase semblable au précédent. — Si l’on fait ce vase d’une autre manière, il devient très merveilleux. Quand nous voulons exécuter cet appareil, nous lui donnons la forme déjà indiquée ou une autre forme, peu importe. Puis nous dressons le tuyau à sa place; qu’il soit plus large que dans le cas précédent. Nous divisons ensuite le vase par une cloison, d’un bout à l’autre. Cette cloison adhère à la paroi du vase. L’une des deux sections du tuyau est dans une moitié de l’amphore, l’autre dans l’autre moitié. Cela fait, nous nous servons de ce vase comme de celui qui précède, si ce n’est que nous y versons deux sortes de liquides. Il faut convexité de chacune d’elles. L’un est dans la cloison γ et l’autre dans la cloison δ, la marque des deux siphons est η, ζ. On joint, ensuite les extrémités des deux siphons par deux tuyaux qui passent aussi dans le creux de la base et dont on ne voit rien. Il a sur ces deux tuyaux un robinet bien fait, qui sort du milieu de la base et dont la marque est ε.[43]

Montons alors les deux amphores et munissons-les de deux robinets, l’un dans le compartiment γ, l’autre dans le compartiment δ, où sont les deux siphons. Quand nous avons fini tout cela, que nous avons monté ces tuyaux et les siphons, que nous avons soudé la base et adapté son robinet, ainsi que les robinets des amphores, alors on n’aperçoit rien que les deux amphores sur la base et les deux robinets.

Nous plaçons ensuite à la tête de chaque amphore, dans le compartiment ouvert, — car une moitié de chaque amphore est bouchée, la moitié antérieure, — nous plaçons donc sur cette moitié ouverte un robinet qui entre dans un tuyau d’écoulement et au-dessus duquel est un entonnoir bien construit et muni d’un crible. Quand nous voulons verser dans l’amphore un liquide à notre gré, nous ouvrons ce robinet et nous versons ce que nous voulons par l’entonnoir à crible; après que nous avons versé ce dont nous avons besoin, nous fermons le robinet d’une façon parfaite, de façon à ne laisser de fuite d’aucun côté, parce que ce serait la perte de l’opération.

Lors donc que nous voulons opérer, nous versons dans l’amphore α de l’eau et dans l’amphore β du nébid, et nous fermons le robinet ε qui est au milieu de la base; puis nous ouvrons les robinets des deux amphores, et il n’en sort pas de liquide, ni peu ni beaucoup, jusqu’à ce que nous ouvrions le robinet de la base; quand nous l’avons ouvert, le nébid sort de l’amphore a et l’eau de l’amphore β [44]; quand nous le refermons, les robinets des deux amphores s’interrompent aussi.

On peut encore percer dans le robinet ε, qui est au milieu de la base, un trou dans l’intervalle qui est entre les deux trous ouvrant sur ce robinet. Si nous voulons alors qu’il sorte quelque chose de l’une des deux amphores seulement, nous tournons le robinet de façon convenable, et l’amphore que nous voulons fermer se ferme, celle que nous voulons ouvrir s’ouvre.

Nous avons fini ce que nous voulions dire de cet appareil élégant merveilleux, beau et magnifique. Le principe de son bon fonctionnement consiste à bien boucher la tête des deux amphores, à souder ce qui les ferme, à bien achever leur construction, car elle est fort belle. Comprenez et faites bien. Voici la figure.

28. Construction d’un autre vase merveilleux. — Nous faisons une amphore, comme celle dont on se sert pour rafraîchir l’eau, munie d’un robinet. Quand nous ouvrons ce robinet, il sort de l’amphore un ritl et rien de plus, même si le robinet reste tout le jour ouvert, l’amphore étant remplie. Puis on bouche le robinet, et on l’ouvre de nouveau; il sort encore un ritl; et toutes les fois qu’après avoir fermé le robinet on le rouvre, il sort un ritl et rien de plus ni de moins.

Cette amphore est semblable à celles que vous connaissez. On dispose en son intérieur une chambre de la capacité d’un ritl. La chambre est inclinée du côté du robinet, elle n’est pas au milieu du vase, et elle est construite avec mesure. Dans sa paroi intérieure opposée au robinet, il y a une porte à charnière qui tombe en dedans quand elle se ferme, très bien ajustée de façon à ne pas laisser de fuite.

Soit l’amphore marquée α, la chambre β, la porte γ. Que le robinet monté sur l’amphore aille jusqu’à la chambre et soit aussi ajusté dedans; rien ne parviendra au robinet de ce qui en est dehors de la chambre, et ce qui en sortira sera seulement ce qui se trouve dans la chambre.

Ensuite nous prenons une verge de cuivre mince que nous plaçons dans le creux de la chambre, en la faisant adhérer à la porte intérieurement. La longueur de cette verge va depuis la porte de la chambre jusqu’à la clef du robinet. La clef du robinet a un pan coupé. Quand le robinet est clos, sa convexité repousse la verge; la porte s’ouvre et l’eau entre dans la chambre qu’elle remplit; quand le robinet s’ouvre, le pan coupé vient en face de la verge; celle-ci est ramenée du côté de l’orifice du robinet et la porte se referme. Lorsque le liquide que contient la chambre est sorti, rien n’y étant rentré, l’écoulement cesse. Si alors on referme le robinet, sa convexité repousse encore la verge; la porte s’ouvre, l’eau entre et la chambre se remplit; et ainsi de suite indéfiniment. — Nous avons fini ce que nous voulions expliquer. Voici la figure.

29. Construction d’un vase élégant et merveilleux. Nous faisons une fontaine à intermittence telle que si l’on place devant elle une coupe de la contenance d’une oque, cette coupe se remplit, puis l’écoulement cesse; ou si l’on veut, on place une coupe de la capacité d’un ritl, ou de plus ou de moins. Quand la coupe est remplie, l’écoulement cesse, jusqu’à ce que, l’ayant enlevée, on en replace une autre. Alors l’écoulement recommence, la coupe se remplit, puis l’écoulement cesse, et ainsi de suite indéfiniment.

On prend un réservoir construit en forme d’amphore. A son sommet est un couvercle étanche. Nous introduisons dans l’amphore un tuyau à air, que nous faisons pénétrer par le bas de l’amphore, qui passe dans son socle, dans son sol et dans son intérieur. Ce tuyau est marqué a. Il s’élève jusqu’auprès du disque, au point β. Puis nous prenons un disque monté au point β sur la tête du tuyau à air, tournant d’un côté pour l’ouverture et en sens inverse pour la fermeture; ce disque est percé en son milieu[45] d’un petit trou oblique.

Quand on le tourne pour l’ouverture, son trou vient coïncider avec le trou du tuyau à air qui est au point β et quand on le tourne pour la fermeture, ces trous s’écartent l’un de l’autre, et le trou de l’air se bouche.

On donne à l’amphore un orifice d’écoulement. Le disque a une grandeur mesurée; on le fait un peu concave, comme s’il servait de base aux coupes que nous plaçons dessus. Puis nous prenons des coupes de grandeurs diverses, d’une petite à une grande; et voici la disposition de ces coupes; comprenez-là. Une coupe est dans le creux de l’autre; il y a de l’air entre les deux. La coupe du bas est percée en un point. Quand on la place sur le disque, son trou coïncide avec celui du disque, dans le cas de l’ouverture, et celui du disque coïncide avec celui du tuyau à air. Les deux bords des coupes sont soudés en un seul et, sous le rebord, au dedans, est un trou de la grosseur de la moitié du petit doigt; ou bien le bord de la coupe intérieure est en retraite sur le bord de la coupe extérieure, et l’extérieur est recourbé sur le bord intérieur, sans y être soudé, mais seulement avançant au-dessus de lui. L’air circule entre les deux bords; niais le rebord extérieur cache l’intérieur, comme si tous deux ensemble ne formaient qu’une seule coupe.

Quand vous voulez opérer avec cet appareil, placez la coupe sur le disque, puis tournez celui-ci d’un mouvement léger, jusqu’à ce que les trous viennent en face l’un de l’autre.

Le réservoir a été rempli de liquide; le couvercle a été fermé. Alors l’eau jaillit de l’orifice d’écoulement parce que l’air se tient, partie par partie, du bord de la coupe à la tête du tuyau à air qui entre dans l’amphore au point a et le liquide ne cesse de couler jusqu’à ce qu’il parvienne au bord recourbé de la coupe ou au trou. Il est alors emprisonné. Si vous voulez le délivrer, prenez la coupe et, tout en l’ôtant, tournez le disque, de façon que le trou s’écarte de sa position; le liquide est alors intercepté.[46] Comprenez ce que nous avons décrit. Voici la figure.

Appendice. Le principe de cette opération est celui-ci: Quand le trou du disque est bouché et qu’il y a de l’air dans le tuyau à air, cet air empêche l’écoulement du nébid, parce qu’il est au repos; car l’air et le liquide se tiennent ensemble, et aucun d’eux n’a d’inclination qui le pousse sur l’autre.

Prenez pour cet appareil une coupe d’argile, dont le rebord vienne jusqu’en θ où est le trou à air. Le nébid distille de l’orifice d’écoulement dans la coupe d’argile, jusqu’à ce qu’il parvienne en θ. A ce moment le trou se bouche et l’écoulement cesse. Dressez l’amphore sur quatre piliers.

30. Description d’un autre vase plus merveilleux que celui-là. — C’est une fontaine à intermittence ayant la forme d’une servante qui tient en main une aiguière. Quand on place dans la paume de sa main gauche une coupe à boire, elle verse du nébid en la quantité que l’on veut; ensuite elle verse l’eau qu’on mélange à ce nébid.

Vous faites une servante de cuivre ou d’argent, représentée debout. De sa tête à sa poitrine vous pratiquez un réservoir séparé par une cloison en deux moitiés. Dans chaque réservoir est un tuyau à air, et dans chacun un tuyau à liquide qui s’en va à l’aiguière. Le tuyau du réservoir à nébid se dirige droit vers l’aiguière et le tuyau du réservoir d’eau, qui est long, est dans le ventre de la servante, tournant autour du réservoir. Les tuyaux à air s’ouvrent en bas du réservoir, du côté du ventre de la servante. La main gauche tient, à l’épaule, sur deux tourillons. A l’intérieur de la figure est une crosse, tournée en bas, pareille à la serpette à émonder les arbres; sur cette crosse sont deux verges, semblables à deux robinets, et toutes deux forment clef. Elles ont deux fentes ou deux trous à leurs extrémités. Ces extrémités entrent exactement dans celles du tuyau à air et elles y tournent à frottement doux. Le bas de la crosse qui ressemble à la serpette est un peu alourdi. Il tend naturellement vers le bas et il élève la main gauche; celle-ci s’élève à l’extérieur, en tirant les deux petits tuyaux qui forment clef. Leurs deux trous s’écartent des deux trous des tuyaux à air. Ceux-ci sont bouchés, et les liquides ne s’écoulent pas des deux orifices dans l’aiguière.

Toute cette construction est à l’intérieur de la servante. L’eau et le nébid se déversent de la tête de la servante et coulent facilement; le crâne constitue un couvercle très étanche. La main droite reste à sa place, ne se mouvant pas, et l’aiguière non plus ne se meut pas. Les deux trous font communiquer les deux réservoirs avec l’aiguière, comme nous l’avons dit.

Voici la description de la servante: α et β sont les marques des deux réservoirs; celles des tuyaux à air γ et δ; celles des deux tuyaux à liquide qui s’en vont à l’aiguière ε et ζ,celle des tourillons de la main est η;celle de la crosse θ; les deux clefs sont marquées ι et κ.

Il y a dans la figure un trou qui ouvre sur l’extérieur, et le couvercle est fermé pendant l’opération, afin que l’air soit aspiré, autrement l’appareil ne fonctionnerait pas.

Après avoir achevé ce que nous venons de décrire, prenez une coupe de la capacité d’un ritl ou d’un demi-ritl, ou de la capacité que vous voudrez, en rapport avec les dimensions que vous aurez données aux orifices. Il convient de diviser le mélange dans la proportion du tiers, soit 2/3 de nébid et 1/3 d’eau. La capacité de la coupe sera en conséquence. La coupe est alourdie en bas par un poids convenable.

Quand on la place dans la paume de la main gauche, elle l’abaisse; la crosse se meut; les tuyaux qui forment clef se lèvent, le trou d’air qui correspond au nébid précédant l’autre, de façon qu’il parvienne plus vite à sa place dans le tuyau à air; le trou correspondant à l’eau ne parvient à la sienne que lorsque la coupe est déjà alourdie de nébid et lorsque celui-ci y est déjà versé presque en entier. Alors la main s’incline davantage et la clef, correspondant à l’eau, arrive à sa place, tandis que la clef du nébid dépasse la sienne par en dessus; son tuyau se bouche et il n’en sort plus rien; puis l’eau commence à couler.

Quand la figure a versé ce qu’elle a à verser, prenez-lui la coupe. La main revient à sa place en bouchant les deux trous d’air, et il ne sort plus rien de l’aiguière.

Si on replace la coupe dans la main de la servante, après l’avoir vidée, la main redescend et le nébid puis l’eau recommencent couler dans la coupe. Ainsi de suite, tant qu’il y a du nébid et de l’eau.

Voilà ce que nous voulions expliquer au sujet de cette fontaine à intermittence faite à l’image d’une servante. Comprenez ce que nous avons décrit. Voici la figure.[47]

31. Construction d’un autre vase merveilleux. — C’est un lavabo dont la construction ressemble à celle des horloges.[48] —On fait une arche dans laquelle s’ouvre une porte d’où sort une main tenant une boule, et dans la boule sont des pierres ponces. On prend les pierres ponces et l’on met la boule de côté; la main rentre et la porte est repoussée. Puis l’eau sort du bec d’un oiseau, et l’on se lave les mains. Il y a assez d’eau pour se rincer les mains et la bouche. L’écoulement cesse; ensuite, la porte se rouvre, et la main ressort, tenant une autre boule. On prend ce qui est dedans et on la met de côté. La main rentre; l’eau jaillit encore du bec de l’oiseau, et cela se répète jusqu’à ce que tout le monde se soit lavé les mains. Alors on ferme le robinet; l’eau cesse de couler, et toute l’action de l’appareil s’arrête aussi.

Vous prenez une caisse de la grandeur que vous voulez, et vous la divisez en deux moitiés. Dans la moitié la plus basse, vous placez un axe sur deux tourillons ayant, à une extrémité, une cuiller et, à l’autre extrémité, un contrepoids qui soulève la cuiller quand celle-ci est vide. Quand elle est un peu remplie, elle descend et son eau s’écoule dans un vase de forme quelconque placé en bas du coffre. Vous établissez dans la moitié supérieure de la caisse un réservoir d’eau en plomb très solide, construit avec le plus grand soin, pour que l’eau ne fuie pas. Ce réservoir est à l’arrière de la caisse et il est pourvu d’un tuyau dans le plan du milieu de la caisse, par où l’eau coule pour aller se déverser au milieu de la cuiller quand celle-ci est vide. La largeur de ce réservoir est du quart de celle de la caisse, et sa longueur approche de la largeur de la caisse. Soit l’axe qui est sur les tourillons α, la marque de la cuiller β, celle du contrepoids γ; celle du réceptacle où est évacuée l’eau ε; la marque du réservoir d’eau ζ, celle du tuyau, η.

Plaçons ensuite sur le devant de ce réservoir, dans l’intervalle libre qui subsiste en avant du tuyau, un autre axe sur deux tourillons fixes. A celle des extrémités de cet axe qui se dirige vers l’extérieur de la caisse est une main tendue, et à l’autre extrémité un contrepoids de plomb. La main est élevée en haut quand il n’y a rien dedans. Son poids est tel que, lorsqu’on y ajoute la boule avec ce qu’elle contient, la main penche; elle va appuyer sur une porte à deux battants qui s’ouvre, et la main parait à l’extérieur. Quand on a pris la boule de la main, celle-ci revient en arrière et rentre. Elle tire alors les deux fils attachés aux deux battants, et ceux-ci se referment. L’axe est marqué θ, la main ι, le contrepoids κ, les deux fils λ, les deux battants μ.

Au-dessus de la main, on dispose un chenal un peu incliné pour les boules, sous le toit de la caisse et descendant vers la main. On y place les boules; à son extrémité est une clef qui s’ouvre naturellement, étant lourde par en bas.

A cette clef est attaché un fil qui passe sur une petite poulie et dont l’autre extrémité est fixée à l’extrémité inférieure de l’axe, au contrepoids de la cuiller. La clef est marquée ς et la poulie ρ. Pour le fil, c’est écrit dessus.

Quand le contrepoids de la cuiller penche en bas, il tire le fil sur la poulie, et la clef se ferme. Quand la cuiller est pleine et, le fil se relâche, et la clef s’ouvre; alors, la boule se meut et vient s’arrêter dans la main. Celle-là s’incline, les battants s’ouvrent, et la main sort. Il y a, près du réservoir d’eau, un endroit d’où l’eau est versée dans le réservoir; cela se trouve l’extérieur de la caisse. Là est disposé un entonnoir, muni d’un robinet que l’on ouvre et d’où l’eau se déverse dans le réservoir qu’elle emplit jusqu’au niveau de l’entonnoir. Puis on laisse le robinet ouvert. L’eau égoutte dans la cuiller tant que le robinet est ouvert.

Nous faisons cet appareil comme nous avons dit. Le vase dans lequel verse la cuiller est semblable lui-même à une cuiller ou semblable à une cuvette; il est à l’intérieur de la caisse. En bas de ce réceptacle est un trou par lequel l’eau entre pour ressortir dans un long tuyau allant à l’extrémité de la caisse. Le tuyau se recourbe de façon à se diriger vers un lieu d’évacuation convenable pour que l’eau y séjourne longtemps. Sous le trou de cette cuvette est un autre réservoir. L’eau entre d’abord avec vitesse du trou de la cuvette dans ce réservoir, puis ressort du réservoir par un tuyau étroit allant au tuyau recourbé. La cuvette est marquée υ, le réservoir du bas φ le tuyau ς'. Dans la partie supérieure de la cuvette est placée une espèce d’ampoule qui reçoit un peu d’eau, laquelle se déverse d’abord par un conduit à l’orifice d’écoulement, pour arroser les pierres ponces et permettre de se frotter les mains avant que l’eau n’arrive en abondance. Le lieu d’où l’eau coule sur la main est ο. Comprenez ce que nous avons décrit. Quand vous voulez que l’appareil cesse de fonctionner, fermez le robinet de l’entonnoir, et l’eau n’égoutte plus. C’est ce que nous voulions expliquer. Voici la figure.

32. Description d’un autre vase, lavabo aussi et de construction plus facile que le premier, dont il dérive d’ailleurs. Vous prenez une caisse de capacité convenable, surmontée par une coupole, comme vous voyez dans la figure. Vous la divisez en haut, dans la proportion du tiers, de façon à former un réservoir pour l’eau que vous enduisez soigneusement de goudron pour que l’eau ne fuie pas. Vous ménagez en haut, sous le couvercle de la caisse, un endroit d’où l’eau se déverse. La caisse que nous avons décrite est marquée a, l’endroit d’où se déverse l’eau est en β. Ensuite, vous dressez dans la caisse deux colonnes et un arbre et, sur cet arbre, un fléau. Les colonnes sont désignées par α ’, β ’; l’arbre, par γ. A l’extrémité du fléau est une main fermée, percée d’un trou. La marque de la main est δ.

Prenez maintenant une coupe de la capacité d’un ritl ou plus, munie en bas d’une tige qui entre dans la main, pour qu’elle tienne bien. Cette coupe est marquée ζ. Et, de l’autre côté de l’axe, mettez un contrepoids de plomb qui soulève la main et la coupe quand celle-ci est vide, tandis quand elle est pleine, elle devient plus lourde que le contrepoids, et alors la main s’abaisse et va sortir par une porte à deux battants qu’elle repousse. Il y a deux fils attachés au poignet de la main, comme nous l’avons décrit dans la figure précédente. Le poids est désigné par e, la porte par θ; les deux fils sont marqués η.

Percez alors un trou dans le réservoir d’eau correspondant à la coupe. Quand celle-ci est vide dans la main, l’eau tombe goutte à goutte de ce trou dans la coupe, jusqu’à ce qu’elle soit remplie. La marque du trou est. Et, quand la coupe est pleine, elle s’incline vers le bas, repousse la porte qui s’ouvre, et la main paraît. Prenez alors la coupe, videz-la et remettez-la dans la main, puis lâchez tout; la main retournera à la position qu’elle avait d’abord. Elle ressort quand la coupe est remplie; elle rentre quand vous l’avez prise et vidée; et cela continue jusqu’à ce qu’il ne reste plus d’eau dans le réservoir. Comprenez ce que nous avons décrit. Voici la figure.

33. Description d’an autre appareil qui est un lavabo. — Nous prenons un bassin du diamètre que nous voulons, soit de quatre empans, ou plus, ou moins. Au-dessous est un réservoir pour l’eau stagnante. Nous pratiquons, au milieu du bassin, une partie concave, comme une chambre creuse; et nous disposons sur cette chambre, je veux dire autour d’elle, quatre colonnes, dont trois pleines et la dernière creuse. En bas de celle-ci est un trou ouvert sur le bord de la chambre. Nous plaçons au-dessus de ces colonnes un vase pour l’eau, une amphore, une coupole ou une cruche. Ce vase est soudé aux colonnes. On monte au-dedans de lui un tuyau à air qui rejoint la colonne creuse, de façon qu’ils ne forment ensemble qu’un seul conduit. Nous donnons à ce vase un tuyau d’écoulement par où l’eau se déverse sur la main, et nous lui formons un couvercle bien ajusté, étanche de tous les côtés. Le bassin est marqué αβ ; la figure de la chambre se voit; la colonne creuse, avec le tuyau à air, est marquée γδ ; le réservoir ou se trouve l’eau ε; le couvercle, ο ; le tuyau d’écoulement, ζ.

Formons ensuite un cheval de cuivre qui tend la tête vers le sol de la chambre, comme s’il buvait l’eau, et, depuis sa bouche jusqu’à sa gorge et à son ventre, pratiquons un trou oblique, coudé comme la serpette à émonder les arbres, pour tirer l’eau. Dans le ventre est un tuyau qui communique avec ce trou. Son extrémité entre dans un trou d’évacuation au milieu de la chambre, et il y a dans le tuyau du cheval un trou en face du trou d’évacuation de la chambre, afin que l’eau s’en aille par là au réservoir où elle restera stagnante, en bas du bassin. La bouche du cheval est marquée η. Le lieu où l’eau sort du bout du tuyau est en υ, le trou d’évacuation en ι. Le réservoir de stagnation a un robinet par où l’on vide l’eau, dont la marque est κ.

On verse l’eau dans le réservoir, et on ferme son couvercle et l’orifice du tuyau d’écoulement. Et, si l’on veut, on perce la colonne à air, à sa partie inférieure, au point μ. Quand l’opérateur veut se laver, il ouvre le trou m et le tuyau d’écoulement. L’eau se déverse de ce tuyau sur sa main, jusqu’à ce que le trou m soit submergé. Quand il est submergé, le cheval se met à boire, parce qu’alors l’eau atteint le niveau du coude du siphon qui est dans le cheval; celui-ci boit l’eau rapidement, et le tuyau d’écoulement recommence à verser. Le siphon du cheval est large, et le tuyau d’écoulement est dans la proportion de son quart ou plus petit. Toutes les fois que l’eau bouche le trou μ, l’écoulement du tuyau cesse, et le cheval boit. Cela continue jusqu’à ce que l’opérateur ait fini. C’est ce que nous voulions expliquer. Voici la figure.

34. Construction d’un autre lavabo élégant, d’aspect merveilleux, du même genre que le précédent. — On prend un bassin semblable à celui que nous venons de décrire et on dresse autour de la chambre deux ou quatre colonnes dont l’une est un tuyau à air. Le bassin est marqué αβ la colonne à air est marquée γ. La dernière colonne creuse part de la panse du réservoir d’eau et va sortir dans l’intérieur du bassin, près de son bord; elle est marquée, de son entrée dans le réservoir à sa sortie sur le bord, d et e. Ensuite, sur le bord du bassin, vous placez un homme tenant en main une cruche au-dessus de la main de l’opérateur. De l’un de ses deux pieds part un tuyau qui passe à travers tout son corps allant jusqu’à la main et jusqu’à l’aiguière. Vous montez cet homme sur le trou ε, en sorte que, le trou communiquant par la colonne avec ε et avec l’aiguière, le tout ne forme qu’un seul tuyau par lequel l’eau passe du réservoir à l’aiguière. Le lieu où l’eau sort de l’aiguière est marqué; le pied percé est en ζ.

Alors mettez dans la chambre creuse, au milieu du bassin, la figure qu’il vous plait semblant boire l’eau, et placez dans son intérieur un tuyau qui entre dans un trou d’évacuation du bassin, tout à fait comme on l’a pratiqué pour le cheval. Dans cette figure-ci, cet animal est remplacé par un taureau. L’eau que boit le taureau entre dans son corps au point θ; le bout du tuyau est en ι et le trou d’évacuation en κ. Le grand bassin est muni d’un réservoir de stagnation pour l’eau, comme précédemment, où parvient l’eau bue par le taureau; sa marque est λ. Ce réservoir est muni d’un robinet qui permet de vider l’eau. Le réservoir supérieur porte un couvercle bien ajusté, étanche. Faites ce que nous vous expliquons comme dans la précédente construction, et comprenez. Quand vous avez rempli le réservoir et fermé le couvercle, bouchez le sommet de l’aiguière et le lieu μ ; quand alors vous ouvrez le sommet de l’aiguière et le lieu μ, l’eau jaillit du bec de l’aiguière nécessairement; et l’écoulement continue jusqu’à ce que l’eau atteigne le trou μ. Au moment où celui-ci est bouché, l’écoulement par l’aiguière cesse et le bœuf commence à boire; il boit rapidement comme buvait le cheval. Ensuite l’eau se déverse de nouveau, et ainsi de suite jusqu’à ce que le réservoir soit vidé. C’est ce que nous voulions expliquer. Voici la figure.

35. Construction d’un autre vase, un asperseur pour l’eau de rose ou pour un autre liquide. — Ou fait un bassin dans lequel est un asperseur qui projette l’eau par le bec d’un oiseau volant dans la direction que l’on veut. Cet appareil est de construction facile.

On prend un bassin de la figure que l’on voit ici, hexagonal. Au-dessous de lui est un réservoir pour l’eau et, au-dedans, le mécanisme. Ce bassin doit être bien proportionné et beau, avec de jolis pieds. Aux angles de cet hexagone, à chaque angle, est un pilier de cuivre surmonté d’un fleuron pour l’ornementation, ou de la figure que vous voudrez. Le bassin hexagonal est désigné par α β φ δ ε ο. Que l’aspersoir soit placé sur l’un de ces piliers, soit le pilier δ et qu’il y ait au milieu du bassin une colonne droite, de la dimension d’un empan et demi, surmontée d’un oiseau aux ailes éployées. L’eau sort de son bec quand on veut asperger. Cet oiseau tourne à volonté, de façon à se diriger vers la personne que l’on veut, et à asperger ensuite son visage d’eau.

On construit dans l’un des piliers du bassin, le pilier δ un corps de pompe pareil aux corps des pompes aspergeantes, soit ζ. Dans ce corps se place le piston de refoulement, au lieu η. La poignée de la pompe est le sommet du fleuron du pilier, marqué θ; au bas du corps de pompe est un réservoir contenant l’eau dans laquelle plonge cette pompe, au lieu ι. Le corps de pompe porte la soupape d’aspiration marquée κ, et le tuyau, la soupape de refoulement marquée λ. Ensuite on monte à l’extrémité du conduit de refoulement, à son orifice, un tuyau, que l’on soude d’une soudure parfaite au point μ. Son extrémité interne est recourbée, munie d’un couvercle percé d’un trou en son milieu, au point ν. La partie coudée de ce tuyau vient exactement vis-à-vis du milieu du bassin. On prend alors un tuyau étroit et mince, dont le bout entre dans le trou du couvercle et qui ressort par le trou du milieu du bassin, ayant la proportion que nous avons dite. Sur ce tuyau s’emmanche une roue ou un tambour; si c’est une roue, qu’elle soit dentée; elle est en σ. Disposons encore un arbre portant une roue dentée qui fait tourner cette poulie; son extrémité munie d’un anneau, vient en dehors du bassin, l’arbre est u, l’anneau j.

Alors prenons un oiseau aux ailes éployées ayant à son bec un tuyau qui ressort de l’intérieur. Cet oiseau est en σ ’. On le monte sur le tuyau auquel est adaptée la roue, au point κ ’. Quand maintenant vous voulez asperger d’eau le visage de quelqu’un de la société, vous tournez l’anneau jusqu’à ce que le bec de l’oiseau vienne en face du visage de cette personne. Le fleuron qui sert de poignée est placé devant vous; levez-le rapidement, puis pressez: l’eau jaillira; le bec de l’oiseau la projettera au visage de cette personne. — On se sert de cet appareil pour projeter des odeurs sur les robes. — Comprenez ce que nous avons décrit. Voici la figure.

36. Description d’un autre vase avec bassin élégant. Ce vase sert aux ablutions. Il sort de son milieu une servante qui a l’air d’être à son service, et, lorsqu’on lui commande de cesser de verser de l’eau, elle retourne à sa place. —Vous prenez un bassin plat au-dessous duquel est un grand réservoir contenant assez d’eau pour qu’une ou deux personnes puissent se laver les mains; et vous placez au milieu de ce réservoir l’image en cuivre d’une servante debout sur une outre. Le bassin porte en son milieu, au-dessus de la tête de la servante, un bouton qui lui est lié par une charnière à sa partie inférieure; autour de ce bouton, dans le bassin, il y a un crible. Le bassin est marqué αβ, le réservoir d’eau γ,  la servante est en δ, l’outre en ε, le bouton en ζ. Le réservoir d’eau est muni d’un robinet d’où l’eau est évacuée par en bas; ce robinet est marqué η. Lorsqu’on verse l’eau dans le bassin, elle entre par le crible en abondance; le flotteur s’élève avec la servante; puis l’eau entre dans le réservoir d’en bas par les deux trous θ qui sont plus fins que les trous du crible, et peu à peu il s’ensuit la rentrée de la servante. Voici la figure.

37. Description d’une autre aiguière du genre qui a précédé. — C’est une aiguière dans laquelle est un asperseur, on se lave avec et, quand on veut, on asperge la personne qu’il vous plaît. — Vous prenez une aiguière comme celle que vous connaissez d’ordinaire, dans laquelle vous placez le corps de pompe de l’asperseur. L’aiguière a un tuyau d’écoulement par où son eau se déverse. Vous introduisez dans le corps de pompe un piston qui fait passer l’eau dans un tuyau mince entrant dans le tuyau de l’aiguière. Vous donnez au corps de pompe la soupape d’aspiration et, au piston, la soupape de refoulement. L’aiguière est marquée a, le corps de pompe b, le tuyau d’écoulement de l’aiguière γ, le piston δ, le tuyau asperseur du piston ε; la soupape d’aspiration la soupape de refoulement ζ. Ensuite vous prenez une tige qui passe dans le col de l’aiguière et qui se dirige vers le bas du corps de pompe: c’est la tige du piston marquée θ. Sur la tête de l’aiguière, vous mettez un crible, au milieu duquel ressort la tige, et, sur le sommet de cette tige, un bouton qui recouvre entièrement la tête de l’aiguière; sa marque est i.

On verse l’eau par le crible et on ramène dessus le bouton tout en laissant entre celui-ci et le crible un intervalle pour le passage de l’air; autrement l’eau ne sortirait pas par le tuyau d’écoulement. Quand alors on veut asperger quelqu’un, on prend le bouton; on le monte et le baisse; l’eau jaillit par le tuyau d’écoulement vers cette personne. C’est ce que nous voulions expliquer. Voici la figure.

38. Construction d’une autre aiguière semblable à la précédente. —--- Nous nous servons de cette aiguière en y ajoutant un siphon. Le corps de pompe est placé en son lieu de la manière que nous avons dite, mais un peu écarté en arrière pour laisser la place au siphon. Nous désignons l’aiguière par les mêmes lettres. Ensuite nous mettons une passoire à la tête de l’aiguière et à sa partie inférieure, comme pour le siphon que nous avons construit dans la proposition 9 de notre présent livre.[49] L’appareil est coupé au-dessous du corps de pompe, en bas de la soupape d’aspiration, par un plan, selon la ligne κ λ, étendu au-dessus du crible inférieur de l’aiguière. On perce dans ce plan un trou marqué ε; puis on monte sur ce trou le siphon recourbé marqué ζ. Son sommet qui est la partie coudée vient en face de l’entrée du tuyau d’écoulement et très près d’elle; il est marqué σ. Le niveau de l’eau, quand nous bougeons le vase, ne s’élève jamais au-dessus du coude du siphon; on fait une marque pour le reconnaître.

On se lave avec ce vase comme d’habitude et on asperge qui l’on veut, comme nous l’avons dit. Quand nous voulons faire sortir toute l’eau qui est dans l’aiguière par le crible d’en bas, nous soufflons dans le tuyau d’écoulement avec beaucoup de force par γ. Alors l’eau entre dans l’orifice du siphon recourbé par σ et, parvient au coude; et, quand elle l’a atteint, une partie tire l’autre, de sorte qu’elle s’en va toute. Si nous aspirons l’air, l’eau est interceptée par rapport au coude du siphon et elle revient à l’état où elle était. Comprenez ce que nous avons décrit. Voici la figure.

39. Construction d’une autre aiguière merveilleuse. — Ce vase est léger et élégant. On le fait d’argile, de cuivre ou de plomb ou de quelque matière que l’on veut. Quand on y verse l’eau par en haut, elle sort par en bas et n’y séjourne pas du tout, à moins qu’on ne le plonge dans de l’eau profonde, de façon à le submerger; étant ainsi plongé dans l’eau, il se remplit. Vous prenez un vase comme vous voyez, et vous mettez sur sa tête un crible. En son milieu est un tube vertical, et il a un tuyau d’écoulement comme les aiguières ordinaires. Le vase est marqué ab, son sommet est en γ, son fond en δ, le tube est en ε et le tuyau d’écoulement en ζ. Quand on verse l’eau dans ce vase, elle ressort par en bas, parce que les cribles se correspondent;[50] mais si on le plonge dans l’eau, celle-ci tient autour du tube. Comprenez ce que nous avons décrit. Voici la figure.

40. Construction d’an autre vase merveilleux. — Décrivons maintenant comment on fait un récipient couvert, surmonté en son milieu d’un arbre avec des rameaux, sur lequel est un oiseau qui couve ses petits. A la racine de l’arbre est un trou. Quand on verse de l’eau ou du nébid dans ce récipient, ils entrent à l’intérieur. Alors, du trou qui est à la racine de l’arbre, sort un serpent qui monte en menaçant les petits de l’oiseau; au moment où sa tête est près d’atteindre les poussins, l’oiseau saute de sa place et s’élève en déployant ses ailes. Quand l’eau évacue le récipient, le serpent redescend; et lorsqu’il est rentré dans son trou, l’oiseau revient sur ses petits, referme ses ailes et se repose en sa place.

On prend un récipient du diamètre d’un empan, ou plus ou moins, comme le veut le constructeur et selon ce que ce récipient doit contenir. Vous donnez à cette chambre un couvercle qui ressemble à un plateau de cuivre et sur le quel est un crible, construit et orné à votre gré. Au milieu de ce crible vous dressez un arbre dont le pied est soudé au plan du crible. Son tronc est un tube creux, et il porte autant que nous voulons de rameaux, de feuillage et de fruits. Soit α la marque du récipient; β celle du crible, γ celle de l’arbre. Introduisez dans le creux de ce tuyau un autre tuyau pénétrant à l’intérieur du récipient, muni à sa partie inférieure d’un flotteur qui tient sur l’eau autour du cou du serpent, et qui ressemble au flotteur des clepsydres. Ce tuyau est creux d’un bout à l’autre, et il est bien soudé et ajusté, pour qu’il n’y entre pas d’eau. Il y a aussi dans ce flotteur un trou, comme un conduit, de grandeur convenable. Le tuyau est marqué δ, le flotteur ε, le trou ζ.

Faisons maintenant un serpent d’argent mince, en fil d’argent enroulé ou en tôle, creux et léger. Le corps de ce serpent entre dans le trou qui traverse le flotteur et qui est marqué ζ. Il est centré dans un petit flotteur qui se tient aussi sur l’eau, portant l’animal. Le serpent est marqué η, le flotteur qui le porte θ. Le grand flotteur qui porte le tuyau passant à l’intérieur du tuyau de l’arbre, est au tiers de la profondeur du récipient, à partir d’en haut; la longueur du tuyau et du flotteur ne descend pas plus bas que cela, et la tête de ce tuyau est au niveau de la tête de l’arbre.

Ensuite nous prenons un oiseau de l’espèce que nous voulons. Il est creux, soudé à ce tuyau; le creux du tuyau se relie au creux de l’oiseau. L’oiseau est marqué ι. Le flotteur du serpent pose sur le sol du récipient, pour que l’eau dans le tuyau de l’oiseau, et dont l’extrémité inférieure est faxée au sol du récipient. La longueur de cette verge est telle que, lorsque l’oiseau repose à sa place sur ses poussins, la tête de la verge vient à la hauteur exacte du dos de l’oiseau dans la fente qui est au point γ. L’extrémité de cette verge est un piton qui lui est soudé; et chacune des deux ailes a un anneau qui lui est également soudé. On réunit les anneaux des deux ailes et celui de la verge, de façon que la verge vienne entre les deux ailes; puis on passe un clou dont on aplatit les deux extrémités. Les pitons des deux ailes doivent être assez larges pour se mouvoir avec aisance autour du clou, qui est lui-même mince par rapport aux deux anneaux, de façon que les deux ailes aient de l’aisance à suivre le mouvement. Quand tout est ainsi préparé et que l’oiseau repose en son lieu sur ses poussins, ses ailes sont retombantes et fermées. Quand l’eau atteint le flotteur de l’oiseau et que celui-ci s’élève de sa place, il porte ses ailes en haut et il les déploie, parce qu’elles sont fixées à la verge comme nous l’avons expliqué. La verge est marquée λ, les ailes μ.

Après que nous avons exécuté tout ce que nous avons dit, et que nous avons monté le tout ensemble, l’eau étant versée sur le crible entre dans le fond du récipient; le flotteur du serpent s’élève, et le serpent avec. On continue à verser l’eau et le serpent continue à monter jusqu’au moment où il atteint presque les poussins. Alors l’eau atteint le flotteur de l’oiseau qui monte et déploie ses ailes; et cela dure ainsi tant que l’eau se maintient dans le récipient. Lorsqu’elle évacue le récipient, le serpent redescend et il rentre dans le rocher dont il était sorti; et l’oiseau revient à la place où il était d’abord, en refermant ses ailes sur ses petits. —- Nous avons fini ce que nous voulions. Voici la figure.

41. Construction d’un autre vase. — Expliquons maintenant comment nous faisons un autre récipient dans le genre du premier, ayant au milieu de son crible une montagne ou une coupole à quatre portes closes. Quand on y verse l’eau et qu’elle entre par le crible dans le creux du récipient. les portes s’ouvrent et, de chaque porte, il sort un poisson qui paraît au dehors, ou un serpent ou toute autre chose, à la volonté du constructeur; et cette figure reste dehors tant que l’eau demeure dans le récipient. Quand on retire l’eau du récipient, les figures rentrent dans leurs lieux et les portes se referment comme elles étaient auparavant.

Faites le récipient de la façon qui précède et donnez-lui un crible exactement comme le premier. Faites-lui quatre ouvertures, et prenez une verge pleine soudée au soi du récipient. Les ouvertures de la coupole sont des fentes de fenêtres donnant sur des tuyaux obliques. Le récipient est marqué α, le crible β, la coupole γ, la verge δ, les fenêtres ε. Les tuyaux se dirigent obliquement en haut. Leur construction dans le corps de la coupole les fait ressembler à des tubes de conduite qui se relient à un autre tube dressé verticalement au milieu de la coupole; ce tube est marqué ζ.

Ensuite vous prenez un tuyau au bas duquel est un flotteur; ce tuyau monte, avec le flotteur, autour de la verge fixe attachée dans le fond du récipient; il est marqué η. A l’extrémité de ce tuyau qui entre dans le tube dressé dans la longueur de la coupole, à son extrémité supérieure, dis-je, sont quatre verges, petites et fines, marquées θ. Chaque verge est en face de l’un des tubes de la coupole qui se relient au tube principal.

Prenons alors les figures que nous voulons, comme nous avons dit, soit des poissons. Chacune de ces figures a exactement la longueur du tube; sa tête vient à l’orifice du tube vers l’extérieur de la coupole, à l’endroit même de la porte. A l’autre extrémité de chaque figure est une charnière suspendue qui tourne autour de la petite verge, d’un mouvement très facile, pour que, quand le flotteur s’élève, les images s’élèvent et sortent des portes. Ensuite on attache à chaque ouverture, c’est-à-dire aux orifices de ces tubes qui contiennent les images, un gond, sur lequel est une porte retombante, semblable à un fermoir de cuir suspendu par une seule charnière, et qui tourne facilement dans un fixe placé au-dessus de la porte. Il est marqué i.

Quand nous avons achevé de préparer cela comme nous venons de le dire, l’eau entrant dans le récipient soulève le flotteur, les images montent et elles appuient avec leurs têtes les portes qui s’ouvrent; les images apparaissent hors des portes et elles restent visibles tant que l’eau demeure dans le récipient. Quand l’eau est évacuée, le flotteur revient sur le soi du récipient, les images sont tirées en bas et rentrent dans les tubes, et les portes se ferment d’elles-mêmes. — Nous avons fini ce que nous voulions dire sur ce sujet; voici la figure.

42. Construction d’un autre joli vase, un récipient fort beau. — Prenons un autre récipient portant au milieu de son crible une montagne sur laquelle est un vautour, la tête en bas. Il a les ailes fermées et, autour de lui, sont des passereaux qui éploient les leurs. Quand on verse l’eau dans le récipient, le vautour lève la tête et éploie les ailes, tandis que les passereaux les referment.

Nous faisons ce récipient à la manière du premier et nous lui donnons un crible ayant en son milieu, soudée avec lui, une montagne creuse d’un bout à l’autre. La chambre est en α, le crible en β, la montagne en γ. Ensuite nous introduisons dans le creux de la montagne un tuyau, et nous faisons un vautour que nous montons sur ce tuyau. Celui-ci est muni en bas d’un flotteur; il va du sommet de la montagne jusqu’au fond du récipient. Le tuyau est marqué δ, le vautour ε, le flotteur ζ. Les ailes du vautour sont séparées comme les ailes de l’oiseau que nous avons décrit précédemment; elles sont marquées ηη. La tête du vautour est pourvue, au milieu du cou, d’une articulation intérieure qui lui permet de fléchir et de se lever comme pour crier. Cette articulation est marqué θ. Prenons une verge pleine qui entre dans le creux du tuyau du vautour, fixe et soudée au soi du récipient. Cette verge pénètre dans le corps du vautour et ressort par son dos, comme dans la construction de l’oiseau précédent. Les deux ailes ont deux anneaux groupés avec l’anneau de la tête de la verge. Celle-ci est marquée υ ; l’articulation doit être d’un mouvement très facile. La dimension du flotteur avec son tuyau est telle que les serres du vautour se trouvent au sommet de la montagne, de sorte que les pattes du vautour se reposent, que sa tête s’abaisse et que ses ailes se ferment.

Prenons ensuite tels oiseaux que nous voulons et soudons-les à des tuyaux seulement, non pas à des montagnes ni à des arbres, mais à des tuyaux pénétrant dans leur dos jusqu’à une fente qui s’y trouve, semblable à la fente du vautour. Leur marque est κκ. Soient des verges passant dans ces tuyaux, entrant dans le récipient et ayant à leurs extrémités inférieures qui y pénètrent des flotteurs suspendus marqués λλ. Les ailes pourvues d’articulations sont à leurs places aux extrémités de ces verges et marquées mm. Quand les flotteurs sont suspendus dans le récipient. Ils tirent les verges qui tiennent aux ailes, et les ailes se déploient.

Quand on verse l’eau dans le récipient, elle s’élève jusqu’à ce qu’elle atteigne le flotteur du vautour; celui-ci est soulevé et son tuyau aussi, et le vautour, puisqu’il est fixé au tuyau. Tandis que le vautour monte, les articulations des ailes et celles du cou sont tendues par en haut, la tête se lève et se dresse et les ailes se déploient. Ensuite quand l’eau parvient aux flotteurs des passereaux, les flotteurs s’élèvent et les verges aussi; les articulations des ailes se relâchent, les ailes tombent et se ferment. Cela dure ainsi jusqu’à ce que l’eau soit évacuée du récipient. Quand elle est sortie, chaque chose retourne à sa place comme elle était d’abord. C’est ce que nous voulions expliquer. Voici la figure.

43. Construction d’un autre vase voleur de vin joli et beau. — On fait cette coupe de façon qu’elle soit plus élégante et plus légère, et l’on appelle ce vase voleur de vin. L’explication en est plus claire pour qui veut connaître cela. Cette coupe boit ce qu’elle contient en sorte qu’elle se vide et que rien du liquide n’apparait plus au dehors; ou bien elle dérobe la moitié de la boisson et la cache, ou moins, ou plus de la moitié, au gré du constructeur. Quand on y verse de nouveau du vin, en la quantité qui en a été bue, elle revient à son premier état et s’emplit. Si quelqu’un qui ne sait pas s’en servir boit avec, il ne boit que ce qui apparaît au dehors; mais quelqu’un qui sait boit ce qui est à l’intérieur et ce qui est à l’extérieur à la fois. Et l’ignorant ne cherche pas à se plaindre, puisqu’il semble avoir bu autant que le savant. La disposition de ce vase est la suivante

On prend une coupe marquée αβ dans sa cavité est une autre coupe mar ……

Il manque la page 159 du livre

…….conque voit cette coupe croit que c’est une coupe unique, et il n’imagine pas qu’il y ait dedans rien de ce que nous y avons fait, d’après ce qui paraît. La marque du disque est λ. Nous avons fini la description.

Traçons alors, à l’extérieur des tuyaux soudés aux coupes, une marque, sur le dos de la plus grande, coupes qui est αβ, et une autre sur le disque, soit une ligne légère ou quelque repère que l’on comprend en le voyant. Ce repère est en face des trous, je veux dire des trous qui traversent les deux tuyaux. Quand ceux-ci sont ouverts, le vin versé entre et va remplir l’espace entre les deux coupes; après quoi, il remplit la coupe γδ. Si on laisse les trous ouverts comme ils sont et qu’on boive ce qui est dans la coupe γδ le vin qui est dans l’espace entre les deux coupes suit. Et, si l’on bouche les deux trous en tournant le disque, en sorte que les repères extérieurs ne se correspondent plus, on ne boit que ce qui est dans la coupe γδ ce qui est entre les deux coupes reste emprisonné. Nous avons déjà démontré, dans la partie antérieure de notre livre, pourquoi il en est ainsi; il n’est pas bon d’y revenir en tout lieu. Nous en avons fini avec ce que nous voulions touchant la construction de cette coupe, et voici la figure.

44. Description d’un autre vase voleur de vin. — Vous prenez une chambre marquée ab, et vous la coupez selon la ligne γδ. Vous percez en son milieu un trou marqué ε. Ensuite, placez au-dessus d’elle une pomme de pin, comme celle que nous avons décrite, ou toute autre chose que vous voudrez, pour cacher le trou.

Construction de la pomme de pin. On prend un bouton, ressemblant à une pomme de pin, évidé par en dedans, et au-dessous de lui, dans la coupe, est le trou. Ensuite, on monte la pomme qui est percée d’un trou caché, pour que le vin passe par ce trou, non pour autre chose. Soit alors la voleuse de vin au lieu ζη. Ensuite, percez dans la paroi du sol de ζη un trou marqué θ; puis placez dans ce trou un tuyau de la dimension de la longueur du socle de la coupe ou un peu moindre, et fermez-en le bas, et soudez-le avec la coupe, et percez en un endroit de ce tuyau un trou marqué ι. Puis percez un autre tuyau qui soit revêtu par celui-là et tourne sur lui d’une rotation de meule, exacte, de façon que rien ne s’en échappe par aucun côté. Percez-le d’un trou en face du trou, marqué κ : montez le disque de la coupe en bas de ce tuyau, et revêtez-le du tuyau soudé à la coupe. Quand vous tournez le disque et que les trous sont en face l’un de l’autre, tout ce qui est dans la coupe est bu. Et quand vous tournez le disque en sens inverse, on ne boit que ce qui parait dans la coupe, je veux dire la coupe gd, et ce qui est dans le réservoir reste. Voici la figure.

45. Construction d’un autre vase voleur de vin fort beau. — Si vous voulez, donnez à ce vase une autre forme ce sera une coupe qui se lève et s’abaisse. Vous prenez une coupe de la figure que vous voulez; c’est la coupe αβ, la plus grande; elle est à paroi creuse de α à γ et de β à δ, comme vous voyez. Une coupe e est ajustée dans le creux de la coupe αβ. La coupe αβ est percée en bas d’un trou de la largeur du pouce. Ensuite, vous donnez à la coupe ε un pied allongé que vous soudez avec elle et qui est marqué η; quand le pied iι s’élève, la coupe ε s’élève vers la ligne γδ. Vous tracez à l’extrémité du socle de la coupe ε un repère θ et, en bas de la coupe, un repère θι ; il doit y avoir entre ab et cl un intervalle correspondant à l’intervalle entre ε et γδ. Cette coupe est entre les mains du serviteur qui donne à boire. Quand il veut donner à boire un peu, il élève le socle jusqu’à ce que le repère de e montre la coïncidence avec la ligne γδ ; alors, il verse le vin qui est dans la coupe γδ seulement. Et, s’il veut donner à boire beaucoup, il tire le disque jusqu’en bas, et la coupe descend. Le vin, alors, remplit le vase e et le vase γδ. Nous avons fini ce que nous voulions; voici la figure.

46. Construction d’un autre vase voleur de vin. — Si vous voulez, faites ce vase de cette façon. Fabriquez une coupe comme d’ordinaire, marquée ab; dans sa cavité est une autre coupe marquée γδ. Leurs deux bords se rencontrent avec exactitude et sont soudés ensemble; entre elles deux reste un vide pour le vin. Percez au milieu du fond de la coupe γδ deux trous mesurés ou un seul trou au milieu, entouré de trois ou quatre autres. Puis, prenez une espèce de pomme de pin de la façon que nous avons décrite, percée en son milieu d’un trou unique qui s’ouvre en face du trou du milieu du vase. Montez cette pomme en ayant soin qu’il reste autour d’elle une fente, afin que l’eau et le vin puissent passer par ces trous pour se rendre dans l’endroit où le vin se dérobe. La pomme de pin est marquée ε. Introduisez alors dans la pomme un tuyau qui ressorte sous le fond de la coupe γδ en dépassant de la longueur d’un ongle. Sa plus grande partie sort du milieu de la pomme de pin, dans le milieu de la coupe, jusqu’à venir au niveau de son bord. Faites encore un autre tuyau qui se monte sur le précédent et qui tourne sur lui d’une rotation de meule, à la manière d’un robinet, étanche de tout côté. Le premier tuyau est percé près de son sommet, de côté, d’un trou marqué ζ ; son extrémité est bien bouchée, et l’extrémité du second tuyau est bouchée aussi exactement; elle porte de même un trou marqué η, en face du trou ζ et ce tuyau tourne sur le tuyau. Ensuite, on monte sur le second tuyau l’image d’une bête à volonté; ici, c’est un oiseau, et on l’y soude. Puis l’on monte les tuyaux l’un sur l’autre et l’on fait descendre le second jusqu’au sommet de la pomme de pin; on n’aperçoit pas alors le tuyau intérieur. Quand nous faisons venir les deux trous en face l’un de l’autre et que nous versons le vin dans la coupe αβ, il entre dans le creux de la coupe γδ où il se dérobe; il emplit ce creux, puis il parvient dans la coupe αβ. Si, ensuite, nous tournons l’oiseau, les deux trous se bouchent, et alors on ne boit plus que le contenu d’une seule coupe.[51] Nous avons achevé ce que nous voulions; voici la figure.

47. Construction d’un autre vase voleur de vin plus beau que le précédent. — Reprenez le même vase en le disposant d’une autre manière. Faites un récipient dans un récipient. Le plus grand récipient est αβ et sa concavité en contient un autre qui est le récipient γδ ; que leurs deux bords se rejoignent; on les soude ensemble, et ce qui reste entre eux deux est l’endroit où se dérobe le vin. Percez dans le sol du récipient γδ, en son milieu, deux ou trois petits trous marqués ε; puis placez au-dessus de ces trous la figure de tel animal que vous voudrez, en train de couver ses petits, les tenant sous son ventre, ses pieds atteignant les trous ε. Soudez cette figure par

les pieds et que son ventre dissimule les trous ε. Donnez ensuite une anse creuse au récipient, percée d’un trou qui communique avec l’espace vide entre les deux récipients, où se dérobe le vin. Dans l’intérieur de l’anse est un autre trou marqué ζ ; la marque de celui qui communique avec la chambre est η. Lorsqu’on verse du vin dans ce vase, il remplit l’endroit où se dérobe le vin et l’espace extérieur. Si alors on bouche le trou qui est dans l’anse avec le doigt et que l’on boive, on ne boit que le liquide qui paraît à l’extérieur et qui est la moitié du contenu; si on débouche le trou qui est dans l’anse, on boit tout le contenu des récipients. On pourrait, au lieu de l’anse, mettre un trou peu visible, en quelque endroit du récipient; en bouchant ce trou avec le doigt, puis en l’ouvrant, il se produirait exactement la même chose. C’est ce que nous voulions; voici la figure.

48. Construction d’un autre vase voleur de vin. — Celui-ci est d’une construction très facile. Vous prenez un verre dans un verre ou une tasse dans une tasse, avant ensemble un même bord bien soudé; l’espace qui est entre les deux a la capacité que vous voulez. Pratiquez dans le bord un petit trou et, au milieu du fond de la tasse, un autre trou; recouvrez celui-ci avec un bouton ou une image. Le verre ou la tasse est en αβ, le récipient intérieur en γδ, le trou qui est dans le bord est en e, le trou du fond en ζ et l’objet qui recouvre ce trou, en η.

Quand on a versé le vin dans ce vase de façon qu’il soit plein jusqu’à l’extérieur, appuyez le pouce sur le trou du bord et buvez; vous boirez seulement ce qui est à l’extérieur; et si vous ne bouchez ce trou, vous boirez le tout.

Comprenez ce que nous avons décrit et sachez que cela peut se varier à volonté. Toute l’opération réside dans le trou, dans le fait de le boucher ou de l’ouvrir. Nous avons complété ce que nous voulions dire de ce genre d’appareils. Voici la figure.

49. Construction d’un autre vase à équilibre. — On ne peut verser dans ce vase qu’une quantité de liquide toujours la même. Si on verse un peu plus que cette quantité, tout ressort par en bas. Vous faites ce vase pareil à une tasse ou à un verre à boire; il est marqué αβ. Dans sa cavité est un autre vase qui y est comme adhérent, et il n’y a pas grand espace entre les deux; c’est le vase marqué γδ. Le verre à boire est d’une contenance de plus d’un ritl, si l’on mêle l’eau au vin, ou il contient un ritl exactement. Disposez ensuite dans l’intervalle entre les deux vases un siphon recourbé qui ait l’un de ses orifices sur le plan inférieur du verre γδ et qui atteigne le niveau de la ligne droite marquée εζ. Recourbez-le de façon que son autre extrémité ressorte en bas du vase au point η l’orifice intérieur est au point θ. Le verre a une ou deux anses, si nous voulons; et, de la sorte, on ne voit rien du siphon, parce qu’il est tout entier dans l’espace entre les deux vases.

Quand nous avons fini cette construction et que nous versons le vin mêlé d’eau jusque près de la ligne droite désignée par εζ, le vin tient et ne fuit pas hors du vase; mais, si nous dépassons cette ligne, il ressort tout entier par le bas, du vase, au point h. Nous avons donné la cause et l’explication de cela dans ce qui précède. Voici la figure.

50. Construction d’un autre vase, verre à boire merveilleux. On boit ce qui est dans ce verre sans le renverser. — Vous prenez un verre ab, dans le creux duquel est un autre verre. Leurs deux bords n’en forment qu’un seul, et le second est marqué γδ. Il n’y a pas grand intervalle entre les deux.

Ensuite vous disposez entre eux deux un conduit recourbé, ayant un orifice au milieu du verre γδ au point ε, et un orifice sur le bord du verre, au point ζ. Vous montez sur l’orifice ε telle figure que vous voulez, pour que le vin entre en dessous d’elle et que l’orifice ne se voie pas. Quand le verre est rempli, l’opérateur le prend, place ses lèvres sur l’orifice ζ et aspire ce qu’il contient; il boit ainsi tout le liquide sans renverser le vase. Comprenez ce que nous avons décrit. Voici la figure.

51. Construction d’an autre vase, un robinet élégant et merveilleux. — C’est un robinet d’où l’eau sort par la sortie principale ou par une flèche à votre gré. Vous prenez un robinet de l’espèce que vous voulez, après en avoir bien fini la construction; puis vous formez la clef comme vous voyez dans la figure. Ensuite vous percez la clef selon la longueur, de sa tête au grand trou qui est le passage pour la sortie de l’eau, et vous la percez aussi d’un trou du côté du lieu principal de sortie de l’eau. Ce trou donne dans celui qui s’ouvre dans le sens de sa longueur, et il est bien ajusté avec. Si vous tournez la clef, vous bouchez la principale sortie de l’eau, du côté

du réservoir. Ensuite prenez la flèche; percez-la d’un trou qui donne dans le creux de la clef, dans le fleuron. Alors l’eau sort de la flèche. Donnez à la flèche un petit robinet, avec lequel on bouche le lieu de sortie de l’eau hors de la flèche, quand on a ouvert le robinet principal. Le trou, qui est dans la clef et que nous avons décrit, sert pour le cas ou la flèche est ouverte, seulement. Quand vous voulez fermer le robinet principal, ainsi que la sortie de la flèche, tournez la clef à gauche; cela ferme les deux passages ensemble; et quand vous voulez que l’eau sorte de la flèche seulement, tournez à droite. Si vous voulez qu’elle sorte du robinet principal, mettez la flèche dans la direction de la sortie principale de l’eau: alors elle sortira par là seulement. — Le point θ est le trou principal par où l’eau sort de la clef; et le trou ε est le trou de l’entrée de la flèche qui est percé de côté vers le milieu; la ligne εδ représente le trou de la flèche d’où sort l’eau. Comprenez ce que nous avons décrit et faites bien. Voici la figure.

52. Construction d’un autre vase à robinet, plus beau que le précédent. — C’est le robinet d’un réservoir à cloison qui contient de l’eau et du nébid sortant d’un même lieu. On prend un réservoir séparé par une cloison en deux moitiés, en longueur; et l’on prend deux tuyaux minces, l’un le tuyau α, l’autre le tuyau ω, que l’on soude  tous deux ensemble soigneusement avec du plomb, et on les entre dans le creux du gros tuyau du robinet, qui est l’ajutage femelle pour la principale sortie de l’eau. Tous deux aboutissent aux points γ et δ qui sont dans la clef, correspondant à ces deux tuyaux minces; et ils ouvrent, — je parle de ces deux trous g et d qui sont dans la clef, — sur le trou e qui est du côté de la sortie principale, par où l’eau et le nébid s’écoulent du robinet. Quand vous tournez la flèche de la clef à droite, le trou g est bouché et le trou δ reste ouvert, et la sortie se fait par le trou commun ε. Quand vous tournez la flèche à gauche, le trou δ se bouche et γ s’ouvre, et la sortie se fait encore par le trou commun ε. Quand vous placez la flèche dans la direction de la sortie principale, les deux trous se bouchent ensemble, et rien ne sort plus. Comprenez ce que nous avons décrit et exécutez-le bien; voici la figure.

53. Construction d’un autre robinet élégant et merveilleux. — Nous prenons un robinet ordinaire, comme nous voulons, et selon la figure. Le grand fleuron qui porte les quatre trompes par où sortent l’eau et le nébid est fixe, ne se mouvant pas; les trompes sont fixées dedans; il y en a quatre autour de lui, creuses, par où sortent, selon le sens où l’on tourne, l’eau et l’autre liquide. Le [second] fleuron qui porte la flèche de la clef est marqué θη. Le trou de la sortie principale de l’eau est ε ; [il y a un trou] ζ dans le côté de la clef, dans sa cavité, percé en longueur, comme nous l’avons expliqué dans ce qui précède, qui va correspondre aux trompes en γδ. Un oiseau est fixé sur la tête du mâle υμ ; il tourne avec facilité, quand nous voulons. Ce mâle s’allonge dans la clef, ηθ à laquelle tient la flèche, dépassant un peu le bas des trompes; et il est percé à son côté d’un trou au point σ qui peut faire face à chacune des ouvertures des quatre trompes. La flèche est bien faite et bien dressée, de façon que, quand elle est placée dans le sens de la sortie principale, le liquide s’écoule par cette sortie, et, quand on la tourne à droite ou à gauche, il ne sort rien du tout. Si alors on tourne l’oiseau, quand le trou de sa flèche vient correspondre au trou de l’une des trompes, le liquide sort par cette trompe. Comprenez ce que nous avons décrit; voici la figure.

54. Construction d’un autre robinet élégant avec roue à palettes. Dans ce robinet l’eau sort de la flèche ou de la tête du fleuron. C’est un jet d’eau sur lequel est un moulin qui tourne. — Nous perçons l’entrée principale de l’eau et sa sortie; puis nous montons la clef dans le robinet et la clef est construite de cette façon soient deux verges creuses αβ, leurs deux trous dans la clef sont en γ, δ ; ε est un trou qui ouvre sur la longueur du tuyau ou tourne la roue; sur la palette ικ se réunit l’eau des deux verges, et elle ressort ensuite par des petits trous de crible. L’eau entre dans les deux verges par un seul trou ouvert clans le côté de la clef du côté de la principale entrée de l’eau, et c’est η ; cette entrée principale est θ, comme nous avons dit et fait dans ce qui précède. Quand nous plaçons la flèche dans la direction de la sortie principale, l’eau s’écoule par cette sortie principale; et quand nous tournons la flèche, la roue se met en mouvement. Les palettes avec tout ce qui y tient ont été construites de façon que cela tourne facilement. Si nous voulons, nous donnons à la flèche un petit robinet pour la fermer et l’ouvrir, c’est plus commode. Comprenez ce que nous avons décrit et exécutez-le bien.[52] Voici la figure.

55. Construction d’une chambre de bois à quatre portes ouvertes. — On met dans cette chambre un flambeau allumé; ensuite on la plonge dans un cours d’eau jusqu’à ce qu’elle en atteigne le fond, et on l’y laisse autant qu’on veut; puis on la retire, et le flambeau reste allumé, ne s’éteignant pas; et s’il y a quelque chose dans la chambre, cela n’est pas mouillé. Vous prenez une chambre comme à l’ordinaire, avec un sol mobile qui monte et qui descend; ses quatre angles servent de coulisses pour ce plancher mobile, et celui-ci remonte jusqu’à ce qu’il s’ajuste exactement dans le toit de la chambre, comme s’il était le véritable plafond. Comprenez.

Le châssis est αβγδ l’obturateur de la chambre, je veux dire le plancher mobile, est ε ; ζ, η sont les portes; quand la chambre est solide, vous lui donnez quatre portes. θ, ι sont deux montants sur lesquels repose la chambre, et μν l’espace où entre l’eau. Quand cela est fini, prenez un tuyau de la longueur que vous voulez, ouvrant sur la chambre, et percez le toit au point s puis soudez le tuyau sur ce trou avec soin et de façon étanche. Disposez un chandelier pour un flambeau. Quand la chambre est plongée dans l’eau et que le couvercle est venu recouvrir le plancher mobile, le tuyau sert d’aspirateur pour la fumée, afin que le flambeau ne s’éteigne pas. Voici la figure.

56. Construction de l’encrier octogonal, appareil très élégant. — Nous faisons un encrier octogonal, hexagonal, carré ou pentagonal ou de l’une quelconque des formes que l’on donne aux verres prismatiques. Cet encrier porte sur chacune de ses faces un endroit d’où l’on écrit, et de quelque façon que vous le placiez se présente à vous

sur sa face supérieure un trou pour l’entrée de la plume, sans que rien se renverse; vous entrez la plume, elle rencontre l’encre et vous écrivez avec. Soit cet encrier hexagonal comme vous voyez. A l’intérieur est un collier sur un tourillon αβ, dans ce collier en est un autre sur un tourillon γδ dans l’intérieur du second collier est un godet sur un tourillon εζ, et c’est ce godet qui forme l’encrier. Si vous voulez, il est à la manière juive et la construction de l’appareil ressemble à celle de l’encensoir qui tourne en restant en équilibre. Mesurez bien cette construction et ajustez-la avec soin, en sorte que toutes les fois que vous poserez l’encrier sur une face, ce qui s’offrira à vous pour l’entrée de la plume sera le sommet de l’encrier. Voici la figure.[53]

57. Construction d’un brille-parfums qui s’attise lui-même. — Vous prenez un brûle-parfums ayant un réservoir pour l’eau au-dessous du foyer, et de la forme d’un vase. C’est le brûle-parfums αβ ; le lieu où l’on verse l’eau est γδ. De l’endroit où est l’eau part un tuyau recourbé qui revient au-dessus du foyer, il est marqué εζ. Tout le reste est construit comme dans les brûle-parfums que l’on connaît d’ordinaire. Quand l’eau bout, elle se vaporise et la vapeur sort par l’orifice du tuyau recourbé au-dessus du feu qu’elle attise. Ce foyer est muni d’un lieu d’évacuation pour l’eau, qui est le robinet. Comprenez cela. Voici la figure.

58. Construction d’un minaret siffleur. — Les phares[54] peuvent être de cette sorte. Il y en a qui sifflent parce que la vapeur sort de la bouche d’un oiseau, et il y en a qui chantent parce que la vapeur sort de la bouche d’une image dont la poitrine halète. — Soit le phare αβ, le lieu du réservoir d’eau γ, le lieu du foyer δ, l’endroit par où l’on verse l’eau ε; en cet endroit est un robinet que l’on ferme quand on a versé l’eau et qui ressemble à un entonnoir monté sur un robinet. A l’endroit de la sortie de l’eau est un autre robinet marqué ζ. Autour du phare sont disposés des conduits allant de l’endroit où est l’eau à l’extérieur; vous montez dessus les figures que vous voulez, telles que celles que nous avons décrites, oiseaux et autres. Quand l’eau bout, la vapeur monte par ces conduits, sort par ces endroits et on l’entend produire des sons. Les cercles noirs que l’on voit au cou des oiseaux sont les marques des sifflets. Nous avons fini ce que nous voulions dire de ce fort bel appareil. Vous ferez en ce genre tout ce que vous voudrez. Voici la figure.

59. Construction d’un appareil, d’un vase que l’on dispose dans les temples. — Il doit être proche d’une source ou d’une eau courante venant d’une caverne ou d’un lieu escarpé; on le met dans un temple: c’est plus sûr. Il faut que l’eau égoutte de quelque orifice ou d’une fente de rocher; auprès se trouve un dragon ou un cerf ou quelque autre figure convenable à un temple ou au lieu dans lequel se trouve cet appareil. Cette figure s’incline vers la chute d’eau comme si elle voulait y boire. En face d’elle est disposé un personnage, celui que l’on appelle en grec Paniscos ou Hermarion ou un autre arrangé comme s’il empêchait l’animal de boire; il se tient sur un tapis, et il est susceptible d’être mû et retourné comme l’on veut. Quand vous voulez que le dragon boive, il faut retourner le jeune Pan, puis lui verser de cette eau courante; il en boira et l’aspirera avec un grand souffle et un ronflement, comme s’il était fortement altéré. Si vous désirez, vous placez un vase élégant sous cette chute d’eau faible, l’animal boira alors tout le liquide qui y coulera; mais quand le jeune Pan est tourné vis-à-vis de lui, l’animal cesse de boire, comme si cette figure l’en empêchait. Cet appareil se construit ainsi qu’il suit

On fait une arche de cuivre de la capacité de dix kaïl; on y entre un tube par en bas, c’est le tube marqué β, et un autre tube de l’autre côté, courbe, entrant aussi par en bas, et qui est marqué γ. Le tout est placé dans une dépression du sol et recouvert d’un tapis ou arrangé de façon à ressembler à la roche, afin que rien ne paraisse. Le tuyau courbe est invisible et il monte jusqu’au niveau de la ligne droite marquée δε. La base est marquée ζη ; le dragon est au lieu θ; le jeune Pan en le lieu d’écoulement de l’eau en κ. Dans la bouche du dragon est un tuyau qui sort du cou, se bifurque dans chacune des deux jambes et pénètre dans l’arche vers la base; il est marqué λμ. Tout cela est bien clos, fortement soudé, partie par partie, parce que c’est la condition pour le succès de tous les appareils pneumatiques; s’il fuit quelque chose, aucun effet ne se produit plus. Il faut un petit chenal élégant pour conduire l’eau dans l’arche du tuyau marqué κ. Quand l’arche est remplie, le tube courbe s’emplit aussi, et l’eau se répand et commence à s’écouler, en sortant par ce siphon recourbé. Ce qui arrive dans l’arche venant du chenal que nous avons dit est en plus grande quantité que ce qui sort par là; c’est pourquoi l’arche reste pleine. Ce qui est en excès s’écoule par en haut de l’arche dans le tube marqué g. Quant au jeune Pan, il est dressé sur un axe de cuivre qui pénètre dans la base de l’arche allant en bas; au-dessous de lui est un petit tube soudé avec cette arche, muni à son extrémité de quelque chose de semblable à une coupe. Ce tube est marqué υν ; ce qui ressemble à la coupe est marqué σ ; l’axe du jeune Pan est ce qui porte la marque υ, et c’est un tuyau. Quand le jeune Pan est tourné vers le dragon, celui-ci paraît se retenir de boire, et quand il est tourné en sens contraire, la coupe vient se placer dans l’aplomb du tube par où l’eau s’écoule dans l’arche et qui est marqué κ; elle reçoit alors l’eau du tube et lui donne passage vers le lieu marqué β, d’où elle s’en va ailleurs.

Quand cette eau ne s’écoule pas dans l’arche, et que le siphon courbe a évacué celle qui y était contenue, l’arche reste vide, et, quand elle est vide, il ne peut lui parvenir d’air que par la bouche du dragon qui aspire, en même temps que cet air, de l’eau avec une grande force. Si l’écoulement de l’eau est rapide, il boit avidement, et, s’il est lent, il boit en proportion. Car la coupe étant placée sous le lieu d’écoulement, si l’eau est abondante, le dragon boit beaucoup, parce que l’aspiration est continue. Et quand on retourne la coupe, il s’arrête de boire, parce que l’arche s’emplit de nouveau et qu’il ne peut plus absorber la boisson. C’est ce que nous voulions expliquer touchant la disposition de ce bel appareil. Voici la figure.

60. Construction d’un autre appareil fort joli du genre du premier. Il faut que nous préparions un autre appareil tel que celui-là, qui fonctionne au moyen de l’eau sortant d’une caverne ou d’une source ou d’un autre lieu où elle est courante. — Vous faites des petits oiseaux bien travaillés posés sur des petits rochers ou des petits arbres. Leur structure est telle qu’ils chantent en rendant des sons différents selon les sifflets qui sont mis dans leurs gorges. Cela dure tant que coule l’eau; leurs chants ne s’interrompent pas. Quand vous voulez ainsi qu’ils chantent continûment, il faut que vous formiez un hibou bien travaillé, posé en un lieu préparé pour lui en face des oiseaux; cet endroit où il pose peut se mouvoir et se changer. Quand vous voulez que les oiseaux chantent, il ne faut pas que le hibou les regarde; mais il doit leur tourner le dos; les oiseaux chantent alors jusqu’à ce qu’on le retourne. Voici la construction de cet appareil.

On prépare des siphons pareils aux siphons égyptiens où l’eau coule. On les fait d’argent ou de cuivre ou de matière dorée, afin que l’eau ne gâte pas cet appareil, qu’aucune impureté ne s’y attache, et qu’il ne se détériore pas avec le temps, ce qui changerait les sons. Vous en préparez un certain nombre, selon le nombre des oiseaux; et vous percez les uns du côté par où l’appareil plonge dans l’eau, et vous laissez les autres tels quels pour faire différer les sons. Cela fait, vous plongez l’appareil dans l’eau, à l’endroit préparé pour cela. Chaque oiseau porte un tuyau sur lequel est adaptée l’extrémité du siphon, comme vous le voyez dans la figure. Soit le vase marqué a, son orifice marqué β, sa partie inférieure γ, le siphon qui y est soudé δ. On plonge alors le vase dans l’eau, et on l’enfonce jusqu’à ce que l’eau atteigne la ligne droite marquée e. La tête du siphon qui est montée sur le bas du tuyau de l’oiseau est η; le tuyau de l’oiseau est en θ, le bec en ι. Lorsque l’eau entre par l’orifice du vase du côté, l’air sort par le siphon de γ en η, et pénètre dans le tuyau θ. Le son sort à ce moment du bec de l’oiseau, parce qu’au point κ de la gorge de l’oiseau est un sifflet; il se produit donc à la sortie de l’air un fort sifflement, parce que, au moment où le vase est plongé dans l’eau, l’air s’en échappe en abondance. Quand tout l’air qui était dans le vase est sorti, il faut en vider l’eau qu’il contient; ensuite on le submerge de nouveau dans l’eau, et la même chose qui était arrivée d’abord arrive encore.

Maintenant que nous savons comment on opère avec un vase en particulier, nous devons construire des appareils où il y ait plusieurs vases. Nous les plongerons dans l’eau en les amenant dans un endroit approprié; puis nous les ferons remonter de là dans l’air, afin qu’ils s’emplissent d’air de nouveau, de façon automatique, sans que personne fasse cette opération. C’est ce que l’on va voir dans la suite. Voici la figure.

61. Construction d’une belle roue hydraulique sifflante. — Vous préparez une roue de bois ou de cuivre ayant une certaine profondeur, et semblable aux tambours qui servent à irriguer. Son diamètre a une dimension de deux coudées; sa marque est γ. Elle a des cintres tournant avec elle, marqués κ, λ. Du côté extérieur sur lequel est σ, sur le pourtour de la roue, ces cintres sont fermés, ils ont sur le dehors des orifices pareils aux orifices des tympans qui n’ont pas de palettes; cela sur un des côtés de la partie fermée que nous avons dite; et de l’autre côté il y a un obturateur carré, de façon à former des compartiments creux susceptibles de recevoir l’eau. Les orifices ouverts sur ces compartiments creux sont marqués ζ. Le lieu, qui est au-dedans de celui marqué σ, est bouché et marqué υ. Il a des orifices ouverts marqués ο. Quant au milieu de la roue, il doit avoir un diamètre égal au tiers de l’épaisseur de la roue. C’est l’endroit marqué r.

La roue est solidement établie sur des piliers forts. Quand vous avez fait cela, qui doit être bien préparé, vous placez la roue dans un vase plein jusqu’à la ligne droite marquée eh. Du côté supérieur se trouve un chenal qui verse l’eau dans les endroits creux marqués z. La roue est d’une bonne forme, égale en poids de tout côté. Quand un seul côté est rempli d’eau, nécessairement il pèse et la roue tourne. Et quand il a pesé et que la roue a tourné, les endroits qui étaient vides se remplissent, je parle des endroits creux marqués ζ. Quand ce côté de la roue s’est enfoncé dans l’eau et a penché, l’air est emprisonné; et lorsque l’eau en s’écoulant est parvenue dans le lieu vide, l’air qui était dans les lieux creux siffle; et celui qui plonge sous la surface de l’eau est expulsé avec un son.[55] Pendant qu’il siffle, l’autre côté descend, et il lui arrive la même chose qui est arrivée à celui-ci; en sorte que, tandis que l’un s’arrête de siffler, l’autre commence. Ces compartiments pratiqués pour recevoir l’eau, lorsqu’ils se trouvent élevés au-dessus de l’eau, sont évacués par elle; les compartiments qui sont sur le pourtour de la roue montent vides; ils l’emportent sur les compartiments où se produit le son parce qu’ils sont plus grands et que leur distance au centre[56] est plus grande.

Si l’on veut qu’il y ait plusieurs sons de différents côtés, que les lieux creux soient pratiqués en différents points de la roue, comme nous l’avons décrit. Qu’il y en ait, par exemple, quatre ensemble, et prenez garde que les instruments creux soient différents afin que les sons qu’ils rendent soient aussi différents.

Tant que l’eau coule dans la roue et qu’elle tourne, ces instruments sifflent. Si vous ne voulez plus qu’ils chantent, tournez le hibou[57] comme nous vous l’avons appris précédemment. Formez un tuyau partagé dans sa profondeur en deux moitiés; la marque de ce tuyau, arrondi ou carré est γβ ; au-dessus est un cercle qui recouvre le tuyau arrondi; il est aussi dans le milieu, et il tourne sur le diamètre qui est dans le milieu. Dedans est un organe soudé au tuyau marqué εζ. L’eau qui meut la cavité de la roue arrive du côté du lieu marqué β ; elle va au tuyau arrondi, et nécessairement elle coule vers l’endroit marqué ε, puis elle coule de là vers l’autre endroit marqué η, après quoi elle s’en va au chenal qui la déverse sur la roue. Quand vous avez tourné le hibou, cet organe soudé au tuyau tombe autrement. Le lieu marqué ε vient sur la partie g, et le lieu marqué γ vient sous le centre, entrée du cercle. — C’est ce que nous voulions expliquer. Voici la figure.

62. Construction d’une autre roue à sifflet. On peut former une roue hydraulique qui puise de l’eau d’un lieu où elle est stagnante, ne coulant pas d’un autre lieu. — On prépare une roue hydraulique de cuivre dont le diamètre est d’une coudée; elle a un bord ayant une profondeur de la dimension d’un empan. Elle a en plus deux bords circulaires éloignés l’un de l’autre d’une profondeur égale à la profondeur du premier. Soit la roue marquée α; le bord qui est sur elle et à cette profondeur est marqué β ; les deux autres cercles sont marqués γ, δ. Sur la roue sont montés des vases d’égale grandeur, dans le lieu vide qui est entre les bords; c’est le lieu marqué γ. Ces vases sont convexes et de la forme que montre le dessin; soient les vases marqués e; leur orifice est en ζ. Dans le lieu qui suit celui que nous venons de dire sont des vases droits de la forme indiquée par le dessin; ce sont ceux qui sont marqués h. Leur orifice est tourné à l’inverse de celui des vases convexes; il est en θ. La roue est établie sur des traverses, dans un instrument carré; elle plonge par en bas dans un vase plein d’eau; la marque de la surface de l’eau est la ligne droite ικ. Si un homme tourne la roue dans le sens de la convexité des vases, les vases carrés montent pleins d’eau et cette eau se vide sur la ligne droite marquée λμ. Les vases convexes restent vides. Si on verse de l’eau d’en haut sur les vases convexes, ceux-ci pèsent parce qu’ils sont sur un cercle plus grand, et ils font monter les vases carrés remplis d’eau. L’appareil doit être préparé pour le poids de l’eau qui se déverse de ces vases au niveau λμ, selon la proportion entre cette eau qui se vide et celle qui est versée sur les vases convexes. L’instrument qui est sur le plus grand cercle domine sur l’instrument qui est sur le plus petit cercle. Cette roue tourne dans la mesure où cette eau l’incline et la meut.[58] — Nous avons expliqué comment se prépare cet appareil; il est parmi les merveilles, puisque son eau ne change pas et ne diminue pas. Voici la figure.

63. Autre appareil. Roue hydraulique pour les ablutions et les purifications, placée dans le voisinage d’une mosquée ou d’un temple. — Cet appareil est semblable à celui que nous avons décrit, mais la roue est de cuivre. Les anciens en employaient beaucoup de ce genre; lorsqu’ils voulaient entrer dans le temple, ils aspergeaient leurs vêtements de l’eau qui était projetée par cette roue; puis ils la mouvaient avec leurs mains, parce qu’ils croyaient qu’en touchant le cuivre ils se purifiaient. Et la roue tournait d’une rotation régulière et continue et sifflait; c’est ce qui la désignait à ceux qui entraient dans le temple. Elle s’arrêtait quand on la touchait avec la main; et, quand on la laissait libre de nouveau, elle reprenait son mouvement et tournait comme auparavant. Sa rotation était de cette sorte:

Vous creusez en un certain endroit le montant de la porte du temple et vous introduisez dans cette cavité une arche carrée de cuivre, dans laquelle vous montez une roue tournant très bien et ayant un diamètre de cinq empans. Son axe est de cuivre, il vient au dehors et, à ses extrémités, on place le vase avec lequel les gens se purifient. L’axe traverse [le montant] et est fixé dans ses deux [parois]. Soit un petit réservoir constitué par le vase marqué α, l’axe est marqué β, la partie extérieure de la roue qui est employée pour la purification est en γ. Le bord de la roue qui est à l’intérieur de l’appareil est en δ. Les petits vases sont montés sur le pourtour de la roue dans l’endroit marqué ε. L’arrivée de l’eau est cachée du côté du montant; l’eau se verse dans les vases de la roue et l’endroit d’où elle se déverse est marqué ζ.

L’axe doit avoir les extrémités solidement fixées dans un instrument carré préparé pour lui, en cuivre, creusé au milieu pour que la roue tourne facilement, et le poids de l’appareil est équilibré de tous côtés. Quand l’eau s’est déversée du chenal sur les vases de la roue et qu’elle a pesé, la roue se meut, et il ne faut pas que l’arrivée de l’eau soit interrompue pour le mouvement; toute l’eau qu’élève la roue coule de nouveau en bas du vase. Elle s’élève d’un mouvement caché du côté de la porte, sans que personne s’en aperçoive. A cause de cela personne ne croit que le mouvement vient de l’eau, mais d’autre chose. Telle est la disposition de l’appareil que nous avons décrit. C’est ce que nous voulions expliquer. Voici la figure.

64. Construction d’un autre appareil. Une roue au-dessus d’un puits profond. — Cette roue monte l’eau d’un lieu profond, sans l’emploi d’un outil pour puiser. Elle est conforme à cette description: On prend une caisse de bois d’une structure robuste et solide, frétée avec des traverses et enduite de goudron de tous côtés; et l’on fait un tuyau carré en bois, dont l’origine est au milieu de la caisse. Ce tuyau aussi est d’une structure solide. Le haut en est plus élevé que la bouche du puits, de façon que sa hauteur totale la dépasse d’une brasse. On dispose ensuite une roue dentée auprès de son extrémité. Quand alors on veut faire monter l’eau, il faut tourner cette roue et élever la caisse au-dessus de la surface de l’eau. Ensuite on la laisse retomber, car elle est chargée d’un poids de plomb; quand elle arrive dans l’eau, vous voyez celle-ci jaillir du tuyau avec un vent fort; et cela dure un peu de temps, jusqu’à ce que tout l’air qui se trouvait dans la caisse soit évacué. Ensuite on renouvelle l’opération avec la caisse.

La marque de la caisse qui est sur l’eau est ε. Le tuyau est marqué ζ, la roue dentée η. Quant aux pieux carrés cloués dans le haut du tuyau, ils sont marqués θ. La caisse a en bas un orifice qui est ι. Il faut que le tuyau descende au dedans de la caisse d’une quantité telle qu’il ne reste entre lui et le fond de la caisse qu’un petit intervalle. Son extrémité inférieure est recourbée, et cette partie recourbée vient à une petite distance du toit de la caisse. Cette partie est marquée κ. Un autre tuyau pénètre dans un côté de la caisse de façon à atteindre l’eau; sa marque est λ. Quand la caisse est élevée au-dessus de l’eau, elle s’emplit d’air, et, quand elle est jetée dans l’eau, celle-ci jaillit par le tuyau recourbé qui est dans la caisse. Pour que tout l’air ne puisse pas sortir par-dessus, l’eau est prise du côté du tuyau qui entre dans la caisse par le dehors. Alors l’eau qui entre par ce tuyau se trouve sur l’air et, quand celui-ci s’élève violemment, il repousse l’eau. Cela dure tant que l’eau entre et que l’air monte. Telle est la construction de cet appareil. C’est ce que nous voulions expliquer. Voici la figure.

65. Construction d’un autre appareil élégant. — Préparons encore un autre appareil dont on tirera beaucoup d’autres services.[59] On pourra, par son moyen, élever l’eau des rivières ou autres lieux jusqu’à l’amener dans des endroits élevés et arroser les jardins et les cultures; on pourra élever cette eau jusqu’à la faire parvenir dans des châteaux et dans des lieux cachés. — Il faut que la rivière dont on se sert pour arroser avec cet appareil soit bien courante, allant vers des lieux déprimés, assez abondante relativement à l’eau qu’élève cet instrument.

Construisons un bâtiment rectangulaire semblable à une tour; on lui donne des proportions telles qu’il ne soit pas affaibli par son élévation, et on l’éloigne de la rivière d’une certaine distance pour que la masse d’eau de la rivière ne pénètre pas dans l’endroit par où est évacuée l’eau; ses parties antérieure et postérieure sont distantes l’une de l’autre de façon que cette construction se termine à l’endroit où s’évacue l’eau. Sur ces fondements on pose un plancher de bois; le passage de l’eau se fait sur ce plancher qui repose sur le bâtiment maçonné. On creuse une fosse depuis la rivière jusque dans la proximité de ce bâtiment. La profondeur de cette fosse est d’une brasse et demie au-dessous de la ligne droite, je veux dire au-dessous du niveau de l’eau qui est dans la fosse. Les murs de cette fosse sont bâtis solidement, et le sol est fait de chaux et de plâtre, travaillé avec grand soin, jusqu’à ce qu’elle aboutisse au bassin. Ce bassin a deux parois d’une étendue de six coudées, et sa largeur est telle que l’appareil qui verse l’eau pour arroser est cloué dedans. L’appareil est établi sur une traverse très solide, et cet axe porte des poulies dont le diamètre est de deux coudées; les extrémités de l’axe sont revêtues et entrées dans un organe carré présentant une cavité où elles peuvent tourner facilement. Tout l’appareil est cloué d’une façon très solide, parce que le mouvement est fort. En haut du bâtiment est placé un autre axe solide, semblable à celui que nous avons décrit à sa partie inférieure. La roue servant à l’arrosage est au milieu de cet axe; son diamètre est de quatre coudées. Soit un instrument triangulaire fait de cuivre; ses côtés ont une dimension mesurée sur le rayon de la roue hydraulique et sa largeur est d’une coudée. Aux deux bouts de l’axe sont des poulies égales entre elles, semblables aux poulies que nous avons décrites dans la partie inférieure. La roue hydraulique placée au milieu, sur laquelle est l’instrument triangulaire, et les poulies, sont fixées sur l’axe.

La marque de la roue hydraulique qui est à la partie inférieure est ab, la marque de l’axe est γ ; celle des poulies δε; celle de la roue qui est en haut ζ, celle de l’instrument triangulaire η ; celle de l’axe [supérieur] θ et celle des poulies [supérieures] ικ.

Il faut préparer un organe de fer lié aux poulies,[60] ressemblant à une colonne vertébrale, dont la longueur soit telle que, étant placé sur un instrument triangulaire, il atteigne à la distance d’une coudée du sol du bassin; la distance d’un de ses segments à l’autre est aussi d’une coudée; il est articulé au moyen de clous de fer. La marque de cet outil est ο, et celle des clous λ. Vous préparez encore des godets rectangulaires de cuivre ou de bois, cloués avec cet organe, et joints par la partie inférieure. Ils sont marqués μ. Soit l’organe de fer placé autour de l’instrument triangulaire, comme nous avons dit, les godets cloués sont marqués m. Si l’on fait tourner l’axe avec force, l’instrument triangulaire tourne et les godets montent pleins d’eau. Il faut que la partie de l’organe qui porte les godets tombe sur les angles du triangle, de façon que, quand la roue a tourné et que les godets se sont remplis, ils se vident. Ils se vident en haut à la marque η. Sous l’endroit où se vident les godets, on place un vase qui reçoit cette eau et qui la fait découler vers le conduit placé sur les piliers de maçonnerie, comme nous l’avons décrit.

Il reste à expliquer comment l’axe se meut sans que personne en approche et comment il monte l’eau par le moyen des godets. Il faut que l’appareil plonge dans l’eau que nous avons dite, venant de la fosse. On pratique des conduits qui se déversent dans les auges de la roue hydraulique; qu’ils soient solides et forts. Ces conduits sont disposés de façon que, lorsque les auges sont remplies, l’axe inférieur se meut d’un mouvement très fort. Quand cet axe inférieur se meut avec force et s’ébranle, le supérieur se meut aussi, en raison des chaînes sur lesquelles sont les godets. Quatre godets s’emplissent sur chaque segment de l’appareil hydraulique, et chacun a la capacité de deux kouz, le mouvement de l’eau dépend de l’abondance ou de la rareté de l’eau.

Il faut savoir qu’entre les roues hydrauliques les plus grandes sont les roues hydrauliques à instrument triangulaire. Si l’appareil a assez de force pour élever vingt godets. Il faut lui donner une élévation de soixante coudées, et la montée des godets sera difficile. Il faut laisser dans le bassin assez d’eau pour que les godets soient submergés et se remplissent. L’eau qui sera en excès sur cette quantité devra être évacuée vers une autre fosse allant vers un lieu plus bas. Cet appareil se prépare selon que nous l’avons dit. Voici la figure.

 

FIN DU LIVRE DES APPAREILS PNEUMATIQUES ET DES MACHINES À EAU PAR LE SAVANT PHILON DE BYZANCE.


 

APPENDICE PREMIER.

DEUX POMPES D’APRÈS LE MANUSCRIT D’OXFORD.

I. Appareil pour faire monter l’eau du fond d’un puits par un procédé élégant. — Soit un certain puits; que sa largeur soit la même en haut et en bas et qu’il soit également arrondi. Puis qu’on le cimente au fond de l’eau, si c’est possible, ou qu’on recouvre ce sol avec des planches ou autrement. Soit ab ce puits. On fabrique ensuite un couvercle de bois dur entrant exactement dans le puits, à la manière d’un robinet; en entrant, il le remplit sans y adhérer et il recouvre la surface de l’eau intégralement et sans défaut. Ce couvercle est gd. Disposons, sur une longueur qui dépasse un peu la profondeur de l’eau, des cuirs cousus et ajustés hermétiquement autour du couvercle, sans aucune fuite, et semblables à des tubes de conduite. Cet organe de cuir plonge dans l’eau, le long de la paroi cylindrique et jusqu’au fond du puits. Il y a dedans des colliers qui s’enroulent à son intérieur, en sorte que tout cet organe se ferme et s’ouvre pendant le mouvement, comme se ferme et s’ouvre le soufflet des orfèvres appelé zauqi. Ce cuir se voit en ζη.[61] On perce un trou au milieu du couvercle, au point ε, et dans ce trou on monte un tuyau de cuivre ou d’autre substance, assez long pour ressortir du puits au lieu κ. Puis, à l’extrémité de l’organe de cuir qui touche le sol du puits, on place un collier de plomb très lourd, de façon que, lorsque ce collier arrive sur le sol du puits, il y tienne très fermement; sa marque est θυ. On dispose encore sur le tuyau, en un point convenable dont l’élévation est en rapport avec la profondeur de l’eau, un manche de bois qui s’attache au tuyau et que l’on appelle le levier; sa marque est λ. Du côté postérieur du puits, à son extrémité, ce manche est pourvu de deux charnières qui sont fixées à une traverse dont il est muni et articulées à l’extrémité de deux colonnes de façon très solide; ces charnières tournent d’un mouvement facile; elles sont marquées σσ.

La traction et la pression se font au lieu λ ; et nécessairement, quand nous levons le levier, le tuyau se lève avec ce qui y tient, et l’organe de cuir est tiré. Quand, au contraire, le levier est abaissé, le tuyau descend avec force, ainsi que ce qui y tient. Le couvercle alors presse l’eau, et celle-ci sort du lieu κ, tête du tuyau. C’est ce que nous voulions exposer.

Quand le lieu λ est abaissé vers la margelle du puits du côté β, le couvercle descend; les anneaux de cuir, se resserrent les uns contre les autres, jusqu’à ce que ε vienne dans le voisinage de θ. Nécessairement, l’eau est alors forcée de monter par ε et de sortir par κ.[62] C’est ce que nous voulions.

2. Autre appareil pour faire monter l’eau par un procédé élégant. — On prend deux marmites de cuivre,[63] le diamètre de chacune d’elles étant de trois empans et sa hauteur de deux coudées. Soient ab ces marmites. Au milieu de chacune, nous établissons un corps de pompe solide et vertical γδ, au bas duquel nous ouvrons la soupape d’aspiration ε ; et nous lui adaptons un piston qui est οζ. Nous donnons au corps de pompe une proéminence en η, dans laquelle s’ouvre la soupape de refoulement qui est θ. Mors, nous prenons deux tuyaux que nous montons sur la proéminence, au-dessus de la soupape de refoulement; la hauteur de chacun d’eux est de dix coudées; ils sont marqués ικ. Au sommet du piston, au point ο, du côté extérieur, nous plaçons une tige qui est le levier qu’on manœuvre, et nous attachons à ce levier deux charnières, comme nous l’avons fait pour le puits. A l’orifice des deux marmites, nous mettons un couvercle μ.

Il faut nécessairement que, lorsque le piston est tiré en haut, l’eau soit aspirée de la marmite dans le corps de pompe, puisque la soupape d’aspiration est soulevée par l’air; alors, l’eau est attirée et entre dans le corps de pompe. Lorsque, au contraire, le levier est abaissé, la soupape d’aspiration se bouche, la soupape de refoulement s’ouvre, et l’eau monte dans les tuyaux, dont les orifices viennent aux points l, elle est évacuée de là dans un réservoir qui la reçoit en s. Il faut qu’il y ait constamment de l’eau dans les deux marmites. C’est ce que nous voulions expliquer. Voici la figure.


 

APPENDICE II.

LES SEPT PREMIERS NUMÉROS DU RECUEIL ANONYME D’OXFORD.

1. Appareil des Ispahaniens. — Premier appareil. — Cet appareil se compose de deux organes hydrauliques sur lesquels on monte et on descend, et qui élèvent l’eau sans repos et sans interruption. Vous prenez deux balanciers de la longueur que vous voulez, et vous les montez comme on monte les balançoires, parallèlement l’un à l’autre, à une distance de dix coudées. Ensuite, vous prenez deux planches assez larges pour qu’un homme ou deux y puissent marcher. La longueur de chaque planche égale l’intervalle entre les deux piliers. Vous attachez chaque planche à l’extrémité d’un balancier, comme vous voyez dans la figure. Le balancier γαι a pour bois εζ ; ce bois est attaché au point ε avec l’organe hydraulique, et son autre extrémité, du côté ζ, est attachée à terre. Les hommes marchent sur la planche de ηβν, du point γ au point δ. Le seau, s’élève, et le bout η touche terre. Ils descendent de δ et ils marchent de ζ à ε ; θ s’élève, et ε vient à terre. Ils descendent et ils marchent de nouveau de γ à δ. Comme cela, ils ne s’arrêtent pas de monter et de descendre, d’une planche à l’autre; et les deux seaux marchent et s’élèvent, donnant l’eau sans arrêt et sans interruption, tant que l’opération dure. Comprenez cela; voici la figure.

2. Second appareil. — Construction d’une roue hydraulique légère que l’on tourne avec la main de la même façon que les cordiers tordent les cordes minces. — Soit l’arbre αβ, la corde ζη; la poulie montée sur la terre, sur laquelle tourne la corde qui est enroulée sur le dévidoir, est θ ; le dévidoir autour duquel est la corde est γ. L’appareil porte quarante godets, sur une élévation de quinze coudées, et un homme seul peut les mouvoir.

3. Troisième appareil. — Construction d’un seau de la capacité de 1.000 ritls que peut tirer un homme seul travaillant sans fatigue; bien plus, il est mû d’un mouvement modéré qui ne fatigue pas. Nous creusons la fondation où nous voulons; puis nous prenons un arbre sur deux tourillons, dont l’élévation au-dessus du sol est d’environ six pieds; ces tourillons sont en αβ, l’arbre est marqué γ. Nous installons une poulie sur l’orifice du puits en δ ; et nous prenons comme récipient un grand seau en cuir de bœuf, de la capacité de 1.000 ritls environ ou un peu moins, comme nous voulons. Nous attachons ce seau, avec une corde et un anneau, à la poulie, lorsque l’appareil est préparé. Sur l’arbre, nous fixons un tambour cylindrique marqué εζ, portant en son milieu un collier solide pourvu de larges œillets marqués η. Nous creusons ensuite dans la terre, parallèlement au tambour, une espèce de canal, et nous montons dans le collier du tambour des pieux de bois, au nombre de 10 ou 12, marqués tous θ. Nous formons sur eux un collier dans le voisinage de leur extrémité, à moins d’une coudée; c’est le collier i. Sachez que plus ces pieux sont longs, plus la manœuvre en est aisée et facile pour celui qui les tourne. Alors, vous montez le seau et vous attachez le bout de la corde à la poulie. L’homme, monte sur le bord et au bout du canal creusé sous le collier, et il tourne les pieux. Le seau s’élève avec la plus grande facilité, et il ne semble pas plus lourd qu’un ritl, bien qu’il en contienne 1.000. C’est ce que nous voulions expliquer. Voici la figure.

4. Quatrième appareil. — Construction d’un manège qui fait tourner une roue hydraulique à godets. — Nous prenons un arbre comme à l’ordinaire et nous montons dessus la poulie de la chaîne à godets. L’arbre est marqué α et la poulie β ; on y suspend les godets quand on a fini de disposer l’appareil. Puis nous dressons la roue du manège qui se compose de deux colliers recouverts de planches dans lesquels entre un homme. Il fait comme s’il montait dedans, et la roue tourne par son mouvement. Après qu’il a écarté les pieds comme pour monter, lorsqu’ensuite il reprend appui, ce sur quoi il s’appuie avec les pieds, baisse, et lui-même descend. De cette façon tourne le manège et la roue hydraulique arrose sans interruption.

La roue du manège est marquée γδ, γ étant sur l’un de ses cintres, δ sur l’autre. L’intervalle de γ à δ est recouvert avec les planches; l’homme est dedans [et il entre] par une porte marquée e, recouverte aussi de planches. La courbure de cette roue ressemble à celle d’un bouclier, si ce n’est qu’elle est creuse et que l’homme est dedans; sa paroi est percée d’ouvertures, en face du visage de l’homme, pour qu’il reçoive de l’air et de la fraîcheur.[64] C’est ce que nous voulions expliquer.

Le cercle δ est [tracé] comme le cercle γ ; le noir désigne la partie sur laquelle marche l’homme, dans le même sens, le dessin réticulé est la charpente;[65] c’est l’endroit ζ et celui sur lequel est ε est la porte. — Voici la figure.

5. Cinquième appareil. — Faire monter l’eau par un appareil élégant. — Vous construisez un bassin cimenté sur le bord d’un cours d’eau. Vous dressez à l’extrémité du bassin du côté de la terre deux colonnes α, β ; et vous y suspendez une sorte de battoir ayant à son extrémité un récipient quelconque qui peut descendre jusque près du fond du bassin: c’est ν. Ce battoir a un axe qui est αβ. Sur la longueur du battoir comptée de son axe jusqu’au voisinage de la roue hydraulique, on sépare un segment égal à la moitié de la hauteur dont nous voulons élever le récipient; et cette partie, séparée du côté de la roue hydraulique, est aplanie et rendue semblable à une planche; elle va de η à ζ. Elle a deux bords, la longueur de chaque bord étant de quatre [empans]. Ensuite nous montons une roue hydraulique, c’est-à-dire un collier, sur un axe, qui est κ ; et nous plaçons vers le bout du même axe une roue dentée marquée υ. Nous munissons le collier de quatre pieux, fixés dedans; la longueur de ces pieux sous le balancier du récipient est de trois empans, atteignant à la marque s du battoir; ces pieux sont marqués λ. Nous prenons encore un arbre portant une roue dentée qui fait tourner la roue du collier. Ct arbre est θ et sa roue iι ; la roue du collier est marquée ν. Du centre du réservoir jusqu’au bout du diamètre des pieux, nous creusons un fossé dans la terre, pour que les pieux tournent dedans; ceux-ci appuient sur la partie aplanie qui est à l’extrémité du balancier, et ils le font descendre en bas; alors le réservoir monte plein d’eau et il la déverse en son lieu. C’est ce que nous voulions exposer.

6. Sixième appareil. — Construction d’une fontaine d’où l’eau sort de différentes formes. — Il sort une verge au milieu, une coupe et, autour de la fontaine, une nappe d’aspersion. Il en sort d’abord comme des gouttes de pluie qui aspergent à l’entour, tandis qu’elle tourne, formant une grande et large roue.

Construisons l’instrument asperseur avec lequel cette opération se fait et s’achève: C’est la roue κ, une plaque de plomb d’une certaine épaisseur; et chaque petit cercle [de la figure] représente un trou oblique creusé dans sa partie la plus épaisse. De λ à σ est un trou; et ainsi des autres trous. On monte cette plaque dans le milieu d’une pomme, comme vous voyez.

L’eau sort du lieu αβ d’abord, quand la fontaine est ouverte. Si, dans le réservoir, l’eau est abondante, il sort des trous comme un nuage de poussière de vingt coudées d’étendue; et il sort du lieu γδ, dans le même temps, de l’eau qui asperge selon un cercle plan; et du lieu ε sort une verge. Et quand le poids de l’eau est un peu plus léger, l’eau sort du lieu αβ en aspergeant suivant un plan, du lieu γδ comme une coupe, de la figure d’un lys, et du lieu ε comme une verge. — Faites bien cela, s’il plaît à Dieu.

7. Septième appareil. —. Construction d’une fontaine d’où sortent des jets de plusieurs formes à votre choix. — Vous prenez un vase κλ, et vous l’introduisez dans une pomme μν par l’endroit αβ. α et β sont deux trous dans le tuyau de la pomme. Le vase peut tourner dans le tuyau ab. Quand il est tourné vers le côté γ, les deux trous sont bouchés et l’eau sort par le lieu ηζ. Cette pomme a quatre tubes coudés comme i, pour que l’eau sorte par quatre endroits. Quand le vase est tourné vers le côté γ, comme cela est dans la figure, l’eau ne sort pas par ces coudes; elle sort du lieu η et de la tête du vase, en figure de coupe; et elle sort du lieu ζ comme une verge. L’eau entre par un crible. Vous monterez de la même manière ce que vous voudrez sur le bassin de la fontaine, et l’eau sortira par là. — Voici la figure.


 

 

[20] L’idée du latin est moins satisfaisante: j’affirme que plusieurs physiciens ignorent ces choses.

[21] Le latin traduit: un savant, ce qui est admissible aussi d’après le texte: quelqu’un ou quelques-uns des savants

[22] Voir l’Introduction.

[23] Le latin a traduit: de préférence aux autres natures physiques, ce que je ne crois pas le sens le plus probable an point de vue de l’arabe. Cf. d’ailleurs l’expression: de par la nature, κατὰ φύσιν, à la fin du paragraphe 7. — V. sur ces questions le mémoire de Diels, das physikalische System des Straton. Sitzungsber. der K. I. Ak. der Wiss. Berlin. 1893, pages 6-10.

[24] Ici est une lacune qui comprend la fin du paragraphe 4, le paragraphe 5 et la première phrase du paragraphe 6.

[25] Cf. les Pneumatiques de Héron, p. 225, et Schmidt, Zur Geschichte des Thermoskops dans Abh. zur Gesch. der Mathematik. VIII, 163-173.

[26] Cette phrase est autrement rendue dans le latin ce dont nous allons parler ressemble à l’appareil précédent; — et cet alinéa y est rangé dans le paragraphe 8.

[27] Il manque la fin du n° 9 et le début du n° 10.

[28] Cette rédaction est autre que celle du latin. Le nom de siphon intermittent, proprement suffoqué, n’est pas dans le latin.

[29] La rédaction arabe, plus étendue que la rédaction latine, paraît meilleure.

[30] Cet article est très semblable à l’article XIII du t. II des Pneumatiques de Héron.

[31] Il s’agit apparemment du pschent. Voir, par exemple, l’Histoire de l’art clans l’antiquité de G. Perrot et Ch. Chipiez, t. Ier, p. 757.

[32] Il doit, en outre, y avoir un trou dans la cloison gd.

[33] Autre rédaction, plus développée, du paragraphe 12 du Philon latin.

[34] Autre rédaction plus développée du paragraphe 13 du latin.

[35] Rédaction meilleure du paragraphe 14 du Philon latin.

[36] Autre rédaction du paragraphe 15 du Philon latin.

[37] Rédaction développée du paragraphe 16 et dernier du Philon latin.

[38] La tête de l’amphore tourne de façon qu’un trou unique, percé dans son plan inférieur, et non marqué dans notre figure, vienne successivement coïncider avec chacun des quatre trous lm qui donnent des compartiments dans le col. Cf. nos 23, 25, 26.

[39] La rédaction de ce passage parait altérée; mais la manière de faire coïncider les trous ne doit pas être autre que celle qu’indique la figure. Cf. (Dans Héron la disposition de l’appareil XXXIII du livre I des Pneumatiques. éd. Schmidt, p. 153 et suivantes. Peut-être aussi les deux manchons tournent d’abord l’un dans l’autre, puis tous deux ensemble dans le vase.

[40] Cet article est très semblable à l’article XXXVI du livre I des Pneumatiques de Héron.

[41] Cf. le n° 49.

[42] Remarquer ce mot aussi qui indique bien que cet appareil fait partie d’une suite et ne peut être le début d’une série comme dans le ms. d’Oxford.

[43] Ces deux tuyaux servent de tuyaux à air.

[44] Les liquides se sont interchangés.

[45] En son milieu ne signifie pas au centre, mais: dans son épaisseur.

[46] La rédaction est un peu brève: le liquide se trouve délivré si, moment où l’on replace la coupe après l’avoir vidée.

[47] La figure que nous donnons est imitée d’un dessin du ms. de Bédi-ez-Zaman Sainte-Sophie, représentant un page

[48] C’est-à-dire ressemble aux mécanismes de que l’on adapte aux clepsydres. Cf. notre Notice sur deux ms. arabes.

[49] La référence est exacte, ce qui est un bon indice d’authenticité et de conservation du livre.

[50] On a omis de dire qu’il y a un crible au fond du tube vertical.

[51] Parce que, les deux trous ne donnant plus passage à l’air, le liquide qui est entre les deux coupes se trouve emprisonné.

[52] Ce robinet est le plus difficile des quatre. L’utilité du dédoublement de la verge est difficile à saisir; de même la position de la roue n’est pas claire; nous n’avons pas osé donner à cette roue un axe parallèle à la verge, bien que cette interprétation soit probable et que les numéros 6 et 7 de l’appendice eussent pu nous y autoriser. Cf. l’introduction.

[53] Le manuscrit d’Oxford ajoute, sous la figure, cette phrase qui ne peut être qu’une glose: « Cet appareil mobile est comme le trône de Salomon, fils de David. Lorsqu’une personne qui connait le trône de Salomon s’en sert et monte dessus, elle y tient; quand une personne qui ne le connait pas s’y asseoit, elle tombe par terre. C’est très joli.

[54] L’arabe a le mot minaret, soit tout appareil servant de support à un foyer. L’appareil dont il s’agit ici est un brasero.

[55] Le conduit par où s’en va l’air expulsé et qui forme sifflet est insuffisamment décrit. Nous l’avons représenté par un petit tube coudé issu de la partie supérieure des compartiments creux et allant s’ouvrir près de l’axe. Ces tubes sont analogues aux columbaria secundum axem du 1er tympan décrit par Vitruve, liv. X, ch. iv.

[56] Le texte a: « au diamètre. » C’est l’énoncé de la loi du levier.

[57] Sur le hibou empêchant les passereaux de chanter, cf. Héron, Pneumatiques. t. I, ch. xviii. — La description du mécanisme de ce hibou est obscure et la figure nulle. Celle que nous donnons n’est que pour fixer un peu les idées.

[58] Ce texte n’indique aucun organe pour produire le sifflement. Nous avons rajouté de minces tuyaux coudés dans le fond des godets h ; l’air expulsé au moment ou les godets entrent dans l’eau sort par ces tuyaux que l’on peut munir de sifflets.

[59] Cette grande roue est celle qui est sommairement indiquée dans le premier alinéa du ch. v du l. X de Vitruve (éd. Rose, p. 257.)

[60] Il doit y avoir ici une lacune dans l’exposé. La grande chaîne à godets n’est pas liée aux poulies, mais seulement à la grande roue du haut; les poulies doivent porter d’autres chaînes pour la transmission. En Orient les godets sont des cruches de terre.

[61] L’emploi de conduites en cuir pour l’eau, par les Arabes, est indiqué dans Hérodote, Thalie, ix.

[62] Le texte ne dit pas qu’il doit y avoir des soupapes ménagée dans le cuir.

[63] Ceci est la pompe de Ctésibius, décrite par Vitruve, l. X, ch. vii, p. 259. Cf. Héron, Pneumatiques. 1. I, ch. xxviii.

[64] Une roue de ce genre est figurée dans un bas-relief trouvé à Capoue, reproduit dans Duruy, Histoire des Romains, t. V, P. 309. On employait des esclaves à cette besogne. Cf. Guhl und Koner, Das Leben der Griechen und Römer, p. 685.

[65] Ces indications se rapportent à la figure du manuscrit.