Apollodore

APOLLODORE

 

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Ἀππολόδωρος Βιβλιοθήκη

 

LIVRE I - chapitre II + NOTES

 

chapitre I - chapitre III

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

APOLLODORE

 

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II.

§ 1. Ἐπειδὴ δὲ Ζεὺς ἐγενήθη τέλειος, λαμβάνει Μῆτιν τὴν Ὠκεανοῦ συνεργόν, ἣ δίδωσι Κρόνῳ καταπιεῖν φάρμακον, ὑφ᾽ οὗ ἐκεῖνος ἀναγκασθεὶς πρῶτον μὲν ἐξεμεῖ τὸν λίθον, ἔπειτα τοὺς παῖδας οὓς κατέπιε· μεθ᾽ ὧν Ζεὺς τὸν πρὸς Κρόνον καὶ Τιτᾶνας ἐξήνεγκε πόλεμον. Μαχομένων δὲ αὐτῶν ἐνιαυτοὺς δέκα ἡ Γῆ τῷ Διὶ ἔχρησε τὴν νίκην, τοὺς καταταρταρωθέντας ἂν ἔχῃ συμμάχους· ὁ δὲ τὴν φρουροῦσαν αὐτῶν τὰ δεσμὰ Κάμπην ἀποκτείνας ἔλυσε. Καὶ Κύκλωπες τότε Διὶ μὲν διδόασι βροντὴν καὶ ἀστραπὴν καὶ κεραυνόν, Πλούτωνι δὲ κυνέην, Ποσειδῶνι δὲ τρίαιναν· οἱ δὲ τούτοις ὁπλισθέντες κρατοῦσι Τιτάνων, καὶ καθείρξαντες αὐτοὺς ἐν τῷ Ταρτάρῳ τοὺς ἑκατόγχειρας κατέστησαν φύλακας. Αὐτοὶ δὲ διακληροῦνται περὶ τῆς ἀρχῆς, καὶ λαγχάνει Ζεὺς μὲν τὴν ἐν οὐρανῷ δυναστείαν, Ποσειδῶν δὲ τὴν ἐν θαλάσσῃ, Πλούτων δὲ τὴν ἐν Ἅιδου.

§ 2. Ἐγένοντο δὲ Τιτάνων ἔκγονοι Ὠκεανοῦ μὲν καὶ Τηθύος Ὠκεανίδες, Ἀσία Στὺξ Ἠλέκτρα Δωρὶς Εὐρονόμη (Ἀμφιτρίτη) Μῆτις, Κοίου δὲ καὶ Φοίβης Ἀστερία καὶ Λητώ, Ὑπερίονος δὲ καὶ Θείας Ἠὼς Ἥλιος Σελήνη, Κρείου δὲ καὶ Εὐρυβίας τῆς Πόντου Ἀστραῖος Πάλλας Πέρσης,

§ 3. Ιαπετοῦ δὲ καὶ Ἀσίας Ἄτλας, ὃς ἔχει τοῖς ὤμοις τὸν οὐρανόν, καὶ Προμηθεὺς καὶ Ἐπιμηθεὺς καὶ Μενοίτιος, ὃν κεραυνώσας ἐν τῇ τιτανομαχία Ζεὺς κατεταρτάρωσεν.

§ 4. Ἐγένετο δὲ καὶ Κρόνου καὶ Φιλύρας Χείρων διφυὴς Κένταυρος, Ἠοῦς δὲ καὶ Ἀστραίου ἄνεμοι καὶ ἄστρα, Πέρσου δὲ καὶ Ἀστερίας Ἑκάτη, Πάλλαντος δὲ καὶ Στυγὸς Νίκη Κράτος Ζῆλος Βία.

§ 5. Τὸ δὲ τῆς Στυγὸς ὕδωρ ἐκ πέτρας ἐν Ἅιδου ῥέον Ζεὺς ἐποίησεν ὅρκον, ταύτην αὐτῇ τιμὴν διδοὺς ἀνθ᾽ ὧν αὐτῷ κατὰ Τιτάνων μετὰ τῶν τέκνων συνεμάχησε.

§ 6. Πόντου δὲ καὶ Γῆς Φόρκος Θαύμας Νηρεὺς Εὐρυβία Κητώ. Θαύμαντος μὲν οὖν καὶ Ἠλέκτρας Ἶρις καὶ ἅρπυιαι, Ἀελλὼ <καὶ> Ὠκυπέτη, Φόρκου δὲ καὶ Κητοῦς Φορκίδες <καὶ> Γοργόνες, περὶ ὧν ἐροῦμεν ὅταν τὰ κατὰ Περσέα λέγωμεν,

§ 7. Νηρέως δὲ καὶ Δωρίδος Νηρηίδες, ὧν τὰ ὀνόματα Κυμοθόη Σπειὼ Γλαυκονόμη Ναυσιθόη Ἁλίη, Ἐρατὼ Σαὼ Ἀμφιτρίτη Εὐνίκη Θέτις, Εὐλιμένη Ἀγαύη Εὐδώρη Δωτὼ Φέρουσα, Γαλάτεια Ἀκταίη Ποντομέδουσα Ἱπποθόη Λυσιάνασσα, Κυμὼ Ἠιόνη Ἁλιμήδη Πληξαύρη Εὐκράντη, Πρωτὼ Καλυψὼ Πανόπη Κραντὼ Νεόμηρις, Ἱππονόη Ἰάνειρα Πολυνόμη Αὐτονόη Μελίτη, Διώνη Νησαίη Δηρὼ Εὐαγόρη Ψαμάθη, Εὐμόλπη Ἰόνη Δυναμένη Κητὼ Λιμνώρεια.

CHAPITRE II.

§ 1. Jupiter étant parvenu à l'âge viril, appela à son aide Métis, fille de l'Océan; elle fit prendre à Saturne un breuvage qui lui fit vomir d'abord la pierre, ensuite les enfants qu'il avait avalés, avec lesquels Jupiter fit la guerre aux Titans et à Saturne (01). Après avoir combattu dix ans, la Terre prédit la victoire à Jupiter, s'il appelait à son secours les fils d'Uranus que Saturne avait précipités dans le Tartare. Jupiter ayant tué Campé, gardienne de leur prison, les délivra, et les Cyclopes lui donnèrent le tonnerre, l'éclair et la foudre. Ils donnèrent à Pluton le casque, et le trident à Neptune. Revêtus de ces armes, Ms vainquirent les Titans, et les enfermèrent dans le Tartare, où ils leur donnèrent pour gardiens ceux qu'on nomme à cent bras ; ils divisèrent ensuite l'empire du monde en trois parts, qu'ils tirèrent au sort : le Ciel échut à Jupiter, la Mer à Neptune, et l'Enfer à Pluton (02).

§ 2. Voici quels furent les descendants des Titans :

L'Océan (03) eut de Téthys trois mille Nymphes Océanides, Asie, Styx, Electre, Doris, Eurynome, Amphitrite et Métis. De Cœüs et de Phœbé naquirent Astérie et Latone; d'Hypérion et de Theia (04), l'Aurore, le Soleil (05) et la Lune ; de Crius et d'Eurybie, fille de Pontus, Astræus, Pallas, Persès.

§ 3. De Japet et d'Asie (06), fille de l'Océan, naquirent Atlas, qui porte le Ciel sur ses épaules, Prométhée, Épiméthée et Ménœtius, que Jupiter précipita d'un coup de tonnerre dans le Tartare, lors du combat avec les Titans (07).

§ 4. Chiron, centaure, naquit de Saturne: et de Philyre (08). De l'Aurore et d'Astræus, naquirent les Vents et les Astres ; de Persès et d'Astérie, Hécate (09). De Pallas et de Styx, fille de l'Océan, naquirent la Victoire, la Puissance, l'Émulation et la Force.

§ 5. Jupiter rendit l'eau de Styx, qui sort d'un rocher dans les enfers, un serment sacré pour les Dieux; il fit cet honneur à Styx pour la récompenser, de ce qu'avec ses enfants, elle avait pris les armes pour lui dans la guerre contre les Titans.

§ 6. De Pontus (10) et de la Terre, naquirent Phorcus, Thaumas, Nérée, Eurybie et Céto ; de Thaumas et d'Electre, fille de l'Océan, Iris et les Harpies, Ællo et Ocypéte ; de Phorcus et de Céto, les Phorcydes et les Gorgones, dont je parlerai à l'article de Persée.

§ 7. De Nérée et de Doris, fille de l'Océan naquirent les Néréides dont voici les noms (11): Cymothoé, Speio, Glaucothoé, Nausitoé, Alie, Erato, Sao, Amphitrite, Eunice, Thétis, Eulimène, Agavé, Eudore, Doto, Phéruse, Galathée, Actée, Protoméduse, Hippothoé, Lysianasse, Cymo, Pione, Alimède, Plexaure, Eucrate, Proto, Calypso, Panope, Cranto, Néoméris, Hipponoé, Déjanire, Polynoé, Autonoé, Mélie, Dione, Isée, Déro, Evagore, Psamathé, Eumolpe, Ione, Dynamène, Céto et Limnorée (12).

CHAPITRE II.

 

(01) Ce fut en suivant les conseils de la Terre, attirant Hésiode (Théog., v. 494), que Jupiter fit rendre à son père les enfants qu'il avait avalés. Hésiode ne parle pas de Campé, mais il paraît qu'Apollodore a suivi d'autres auteurs. La guerre des Titans et des dieux avait, en effet, été chantée par beaucoup de poètes, qui y avaient tous ajouté des circonstances particulières. Musée, cité par Eratosthène (Cataster., c. xiii), dit que la Terre promit la victoire a Jupiter, s'il se couvrait de la peau de la chèvre qui l’avait nourri, et dont j'ai parlé, note 12. Au milieu de cette peau était la tête de la Gorgone, ce qui forma l'Egide que Jupiter donna par la suite à Minerve. Avant de marcher contre les Titans, les dieux prêtèrent serment sur un autel que les Cyclopes fabriquèrent exprès, et que Jupiter plaça parmi les astres, en mémoire de cet événement. Les Cyclopes lui fabriquèrent aussi un voile de fer, pour que les Titans n'aperçussent pas l'éclat de la foudre (Arati schol., v. 403, p. 96. Germanioi schol., p. 85. Hyginus, Pœt. Astron., l. II, c. 39).

(02) L'histoire de ce partage se trouve dans les beaux vers qu'Homère met dans la bouche de Neptune (Il., l. xv, v. 187 et suiv.). La terre resta en commun aux trois frères.

(03) Il est assez singulier que l'Océan sait l'un des plus anciens, dieux des Grecs, qui le connaissaient si peu qu'Hérodote (l. ii, c. 23) paraît ignorer ce qu'Homère a entendu par ce mot. Cela suffirait pour prouver que les premières idées de religion leur furent apportées par les Phéniciens, qui étaient les seuls peuples anciens qui connussent l'Océan.

(04) Homère, dans l'hymne au Soleil, nomme Euryphæsse, l'épouse d'Hypérion, et il lui donne aussi pour enfants, le Soleil, la Lune et l'Aurore. Apollodore a suivi Hésiode (Théog., v. 371 et suiv.)

(05)  Cicéron dit que l'on connaissait cinq Soleils : le premier, fils de Jupiter, et petit-fils de l'Æther ; le second, fils d'Hypérion; le troisième, fils de Vulcain et petit-fils du Nil : il avait donné son nom à la ville d'Egypte qu'on nommait Héliopolis ou ville du soleil; le quatrième, né dans l'île de Rhodes, était père de Ialysus, de Camirus et de Lindus, et le cinquième fut père d'Æétès et de Circé. Mais il est aisé de voir qu'il s'agit d'une seule divinité à laquelle on avait donné différentes généalogies.

(06) Japet épousa, suivant Hésiode, Clymène, fille de l'Océan. Cependant, suivant Eschyle (Prométhée, v. 209), Thémis était mère de Prométhée, et par conséquent femme de Japet. Euphorion, cité par le schol. d'Homère (Il., l. xiv, v. 205), dit que Junon étant jeune, fut violée par Eurymédon, l'un des géants, et qu'elle en eut Prométhée; Jupiter ayant appris cela après son mariage, précipita Eurymédon dans le Tartare, et prenant le larcin du feu pour prétexte, fit enchaîner Prométhée sur le Caucase.

(07)  Japet avait eu vingt-neuf enfants, suivant Proclus, dans ses commentaires sur Hésiode (Travaux et Jours, p. 24, a). Nous ne connaissons que les quatre dont parle Hésiode, et une fille nommée Anchiale, qui fonda la ville de ce nom (Stephan. Byz., in  Ἀγχιάλη).

(08) Saturne ayant appris que Rhéa élevait un de ses enfoui, descendit sur la terre pour le chercher. En la parcourant, il rencontra, dans la Thrace, suivant les uns, ou dans une île du Pont-Euxin, suivant d'autres, Philyre, fille de l'Océan : il en devint amoureux, et parvint à s'en faire écouter ; mais Rhéa étant survenue tandis qu'ils se donnaient des preuves de leur amour, Saturne pour s'échapper se changea en cheval, et Philyre s'enfuit dans la Thessalie (Apollonius, l. ii, v. 1236 et suiv. Virgile, Géorgiques, l. iii, v. 93. Servius et Philargyrius). Phérécyde, cité par le scholiaste d'Apollonius de Rhodes (l. II, v. 1235), dit que Saturne avait pris la forme d'un cheval pour jouir d'elle ; c'était aussi l'opinion de l'auteur d'une Gigantomachie, cité par le même scholiaste (l. I, v. 554) : Philyre accoucha de Chiron, qui avait la moitié du corps d'un homme, et la partie inférieure d'un cheval. Honteuse d'avoir produit un monstre pareil, elle pria les dieux de la métamorphoser, et ils la changèrent en tilleul (Servius et Philargyrius, ib.). Suidas, auteur d'une histoire de la Thessalie, disait que Chiron était fils d'Ixion comme les autres Centaures (Apollonii schol., ibid.) ; on lui attribuait l'éducation de la plupart des héros. Voyez le Traité de la Chasse, par Xénophon, c. 1.

(09) Musée, cité par le schol. d'Apollonius (l. III, v. 1034), dit que Jupiter ayant joui d'Astérie, la donna en mariage à Persès ; elle était déjà enceinte et elle accoucha d'Hécate après son mariage; cette Hécate, qui n’est pas la déesse, épousa Æétès, et fut mère de Médée (Apollonii schol., l. iii, v. 200, et Diodore de Sicile, l. iv, c. 45). Cependant Hésiode dans sa Théogonie (v. 411), la confond avec la déesse, et il dit que Jupiter lui conserva les mêmes honneurs qu'elle avait eue sous le règne des Titans. On peut consulter, sur Hécate, la savante dissertation de M. de Sainte-Croix, à la suite de ses recherches sur les Mystères des Anciens.

(10)  Pontus était fils de la Terre, suivant Hésiode, Théog., v. 132.

(11) Homère dans son Iliade (l. xviii, v: 39, et suiv.); Hésiode dans sa Théogonie (v. 243 et suiv.), et Hygin (p. 7 et 8) donnent aussi la liste des Néréides. On peut voir toutes ces listes dans l'ouvrage intitulé : les Siècles païens, à l’article Néréides. L'auteur a oublié Proto dans celles que nomme Hésiode. Calypso, qu'Apollodore met au nombre des Néréides, était fille de l'Océan, suivant Hésiode (Théog., v. 359), et d'Atlas, suivant Homère (Odyssée, l. 1, v. 52). Outre toutes ces filles, Nérée avait eu un fils nommé Nérites, qui était le plus beau des hommes et des dieux. Il était le favori de Vénus, tandis qu'elle habitait la mer, et il prenait part à tous ses plaisirs. Le temps étant venu où cette déesse devait habiter le ciel, elle voulut emmener avec elle son bien-aimé ; mais il refusa de la suivre, aimant mieux vivre avec ses parents que dans le ciel. Il négligea aussi de faire usage des ailes dont elle lui avait fait présent ; c'est pourquoi la déesse irritée le métamorphosa en un coquillage qui porte son nom, et donna ses ailes à l'amour, qu'elle prit pour être à sa suite (Elien, Hist. anim., l. xiv, c. 28).