OEUVRES
D'HIPPOCRATE.
PRÉNOTIONS
DE COS INTRODUCTION PLUS
j'examine les Prénotions de Cos, moins je suis porté à les regarder
comme antérieures au Pronostic, et comme la source principale de ce
traité que MM Pruys Van der Hoeven (01) et
Ermerins (02) appellent un Commentaire sur
les Prénotions. J'ose â peine soutenir une pareille opinion devant l'opinion
contraire formellement professée par ces deux érudits et par MM. Houdart et
Littré, dont l'autorité a une si grande valeur dans la question qui m'occupe ;
j'exposerai simplement mes objections et ce sera déjà beaucoup pour moi, si je
fais naître quelques doutes dans leur esprit, et si je ramène leur attention
sur un point si intéressant à tous égards.
Je rappellerai d'abord ce que je disais à la fin de l'introduction au Pronostic,
à savoir, que ce traité me semble le fruit d'une pensée systématique et tout
originale, qu'il est le résumé d'une conception dogmatique, laquelle représente
une école tout entière, et qu'en conséquence il ne saurait, à mon avis du
moins, avoir été composé de morceaux empruntés aux Coaques, cousus
ensemble par quelques phrases servant de transition, et entremêlés
d'observations particulières.
Je ferai remarquer, en second lieu, que les Coaques renferment un grand
nombre d'observations très importantes qui n'ont point passé dans le Pronostic
: or, si l'auteur de ce traité avait travaillé d'après les Coaques, il
n'eût pas manqué de profiter de ces observations, dont un grand nombre
rentrait parfaitement dans son cadre, même parmi celles qui sont empruntées au
premier livre des Prorrhétiques. Ainsi quand on ne considérerait dans
les Coaques que ce dernier traité, il serait déjà difficile de
concevoir comment il n'a pas été reproduit en partie dans le Pronostic
avec les modifications nécessaires; mais il faut se rappeler, et les critiques
ne se sont pas assez arrêtés sur ce point, que les Coaques ont des
rapports intimes et très fréquents avec d'autres écrits de la collection
hippocratique, avec les traités des Maladies, des Maladies des femmes,
des Plaies de tête, etc. En présence de ce fait, il faudrait admettre,
ou que les écrits que je viens de citer sont en partie tirés des Coaques,
ce qui n'est jamais venu à la pensée de personne, ou bien, ce qui n'est guère
plus admissible, que le livre des Prénotions est une compilation dans
tout ce qu'il a de commun avec les ouvrages que je viens de nommer, et que c'est
une oeuvre originale dans sa partie la plus importante, celle qui lui est
commune avec le Pronostic. Il me semble beaucoup plus naturel de regarder
le livre des Coaques comme une compilation dans sa presque totalité et
de n'y admettre comme originales , qu'un certain nombre d'observations peut-être
propres à l'auteur, dont on ne peut pas retrouver la source et qui sont, du
reste, presque toutes des corollaires de celles dont l'origine est connue.
J'arrive à une objection très spécieuse qui a été émise pour la première
fois par Costéi dans sa lettre sur l'Examen de Mercuriali et à laquelle M.
Littré attache la plus haute importance (p. 244 et 350 de son Introd.) ;
c'est que les Prénotions (toujours comparées au Pronostic) sont
des notes où la rédaction manque, et que de notes décousues on peut très
bien faire un livre, mais que d'un livre où tout se tient, on le style a reçu
l'élaboration nécessaire, on ne saurait faire une série de notes décousues.
Cette objection a, selon moi , un grave inconvénient, c'est qu'elle porte à
faux aussi bien pour la disposition de l'ensemble que pour celle des détails.
Certainement les Coaques ne présentent pas un ordre aussi parfait que
nos traités modernes ; mais si, se plaçant au point de vue de la médecine
ancienne et surtout de la médecine pronostique de l'école de Cos, on parcourt
rapidement la suite des Prénotions, on se convaincra aisément que les
matières y sont disposées dans un ordre aussi régulier que l'état de la
science d'alors le permettait. On trouve d'abord un certain nombre de grandes
divisions, que j'ai fait ressortir à l'aide de titres séparés ; ces divisions
se suivent assez régulièrement ; elles représentent à la fois la somme des
connaissances médicales du temps et le système nosologique qui servait à les
Coordonner. Si l'on pousse ensuite l'examen un peu plus loin, on reconnaît que,
dans chacune de ces grandes divisions, les sentences ne sont pas jetées tout à
fait au hasard et sans aucun enchaînement. Je n'ai à m'occuper ici que de
l'ordre suivant lequel ont été rangés dans le livre des Prénotions
les diverses sentences correspondantes aux propositions du Pronostic, et
il me suffira d'un exemple que je prends au hasard pour décider ce point de
critique.
Les paragraphes 14, 15, 16, 17, 18 du Pronostic, où il est traité de
tout ce qui regarde les maladies de poitrine, ont été reproduits dans les Coaques
en dix sentences qui se trouvent toutes réunies dans le chapitre XVII et XVIII.
Voici une esquisse du plan suivant lequel les divers sujets ont été disposés
dans les deux ouvrages : 14.
Signes tirés de l'injection des crachats ; - de l'éternuement ; - du coryza
dans les maladies de poitrine ; - autres considérations sur la valeur
pronostique, des crachats.
15. Des douleurs rebelles de côté ; - suite des considérations sur les
crachats ; - exposition des signes bons et mauvais qui peuvent accompagner
l'empyème.
10. Détermination de l'époque à laquelle les empyèmes se forment ; -
diagnostic local de l'empyème.
17. Diagnostic général ; -détermination de l'époque à laquelle les empyèmes
s'ouvrent a l'extérieur ; - pronostics généraux de l'issue de cette maladie.
18. Des dépôts dans les affections de poitrine. - Pronostics généraux de
l'empyème ; ouverture des empyèmes par le fer ou par le feu ; - qualité du
pus qui s'échappe. Sent.
390, 391, reproduction du § 14 ; - sauf la digression sur l'éternuement et le
coryza, qui occupe dans le Pronostic une place tout â fait irrégulière.
Sent. 392, suite des considérations sur les crachats.
Sent. 393, exposition abrégée des bons et des mauvais signes.
Sent. 394, des douleurs rebelles de côté ; - dans le Pronostic ce
paragraphe est encore irrégulièrement placé.
Sent. 395, 396, reproduction abrégée du § 18.
Sent. 399 , de l'éternuement et du coryza dans les maladies de poitrine.
La Sent. 402 renferme les §§ 10 et 17. Les matières sont mieux disposées que
dans le Pronostic ; - diagnostic général ; détermination de l'époque
à laquelle les empyèmes se fomentent s'ouvrent à l'extérieur ; - Pronostics
généraux sur l'issue de cette maladie (voy. aussi Sent. 431) ; - ce qui, dans
le Pronostic, est dit du diagnostic local, ne se retrouve dans les Coaques
qu'à la 428e Sent. Comme
j'aurais absolument les mêmes remarques à faire pour ce qui me reste d
examiner, et en particulier pour ce qui regarde la distribution des sentences où
il est parlé des signes fournis par le visage, par les sueurs, par les urines,
par le sommeil, par la respiration, par l'état des hypocondres, etc., je ne
pousserai pas plus loin cet examen, que chacun pourra achever comme je l'ai
commencé avec la plus grande exactitude possible.
Ces rapports et ces différences ressortiraient bien mieux encore, et les
conclusions que j'en tire seraient bien plus évidentes si j'avais pu mettre en
regard le Pronostic et les sentences correspondantes des Coaques.
M. Ermerins a exécuté ce rapprochement, qui l'a conduit à un résultat tout
opposé à celui auquel je suis arrivé par la même voie. Je me contente de
renvoyer à ce travail ; les lecteurs jugeront de quel côté sont les
apparences de la vérité, car en pareille matière on ne saurait arriver à une
certitude absolue.
En résumé, ou bien les sentences des Coaques parallèles aux diverses
propositions du Pronostic sont rangées dans l'ordre de ces dernières,
quand les sujets se tiennent, ou bien, quand les sujets sont détachés, elles
sont disposées suivant un autre ordre, mais presque toujours logique, presque
toujours parfaitement conforme au plan de l'auteur, quelquefois même plus méthodique
que celui du Pronostic.
Pour ce qui est de la comparaison des deux textes, celui des Coaques est
quelquefois la reproduction exacte de celui du Pronostic, mais le plus
souvent il en est l'abrégé. Tous les développements qui n'étaient pas
indispensables, toutes les discussions et distinctions, en un mot tout ce qui
dans le Pronostic ne présentait pas la forme aphoristique, a été élagué
ou resserré dans les Prénotions, mais sans que la correction du style
et la lucidité de la pensée en aient notablement souffert. D'ailleurs rien
n'est plus naturel que de voir un texte se modifier, s'altérer même par le
seul fait qu'il est remis en Oeuvre ou simplement recopié. Si l'on veut se
faire une idée exacte et complète de ces transformations de texte, on n'a qu'à
étudier comparativement les compilateurs et abréviateurs, tels qu'Oribase, Aëtius
d'Amide, Alexandre de Tralles, Paul d'Egine, etc., et les auteurs originaux qui
nous restent et qui ont fourni, pour ainsi dire, la première mise de fonds,
tels que Rufus, Soranus, Galien, Antyllus, etc. Du reste on en trouve un exemple
dans la manière dont le premier livre des Prorrhétiques a été remanié
pour entrer dans le cadre des Coaques ; il n'y a pas passé intégralement
; les sentences ont été retravaillées, et remises dans un meilleur ordre :
cependant il faut bien admettre que le premier traité a été un des éléments
du second. Je crois donc avoir annihilé l'objection de Costéi et l'importance
que M. Littré lui accordait.
Je me vois encore forcé de n'être pas du même avis que ce judicieux critique
sur un autre point. Il dit, t. Ier, p. 247 : « Ce qui a prouve
qu'elles (les Prénotions de Cos) ont servi de matériaux au Pronostic,
c'est que les propositions particulières des Prénotions de Cos, qui
n'en ont point de générales; sont les éléments des propositions générales
du Pronostic, qui n'en a pas de particulières. Ce rapport du particulier
au général entre les Prénotions et
le Pronostic est très remarquable, et il est décisif dans la question
de savoir lequel de ces deux livres est postérieur à l'autre. » Eh bien ! je l'avoue, je ne vois pas comment appuyer cette
assertion, et je trouve au contraire que les propositions des Coaques
sont tout aussi générales que celles du Pronostic, car, ou bien elles
ont entre elles une identité parfaite, ou, si elles diffèrent, les différences
n'ont pas porté sur ce point, ainsi que tout le monde peut s'en assurer en
parcourant l'un et l'autre ouvrage.
Je n'ajoute plus qu'un mot, c'est qu'Érotien n'a pas admis les Coaques
dans sa liste, et c'est pour moi une grande présomption de croire que cet
ouvrage n'est pas antérieur au Pronostic et partant à Hippocrate, car
Érotien n'a rejeté de son catalogue que des écrits évidemment postérieurs
â l'époque où vivait le divin vieillard, et la haute antiquité d'un livre
devait être une raison pour le lui attribuer. Du reste, nous n'avons aucun témoignage
ancien important sur les Coaques (03)
: Galien en cite quatre sentences (17, 422, 556, 560) (04),
et dans un autre passage (05), il assimile
les Coaques au Prorrhétique, et dit que ces deux ouvrages sont
composés aux dépens du Pronostic, des Epidémies et des Aphorismes.
Ainsi, je regarde le livre des Prénotions comme une compilation faite
surtout aux dépens du Pronostic et du Prorrhétique (06)
par un des successeurs immédiats d'Hippocrate, qui a voulu résumer la médecine
de son temps. En cela, les Prénotions se rapprochent beaucoup des Aphorismes
; mais ces derniers ont été composés avec un plus grand nombre d'éléments,
et la pathologie n'y est plus tout â fait considérée au même point de vue.
Ces deux écrits marquent, pour ainsi dire, deux époques de la médecine
grecque, et l'étude de son histoire serait fort avancée si l'on pouvait déterminer
leur date précise ; mais les renseignements directs et positifs manquent
surtout pour ce qui regarde les Coaques.
Je diviserai l'analyse des Coaques en deux parties : dans la première,
j'exposerai sommairement et dans leur ordre de succession les divers sujets que
l'auteur examine ; dans la seconde partie, je présenterai un tableau des
maladies qui, dans cet ouvrage, sont nommées ou du moins assez nettement déterminées,
et qui sont étudiées â part, mais presque toujours au point de vue de la
prognose. Ce tableau a été déjà esquissé par M. Ermerins dans sa thèse ;
je le traduis en partie, mais en le modifiant, en le complétant et en le
rectifiant sur plusieurs points. Chap.
Ier. Les sentences renfermées dans ce premier chapitre sont irrégulièrement
disposées ; cela tient â ce que l'auteur y a rassemblé tout ce qui se
rapportait â la grande classe des fièvres, dans laquelle les médecins anciens
avaient confusément relégué tous les symptômes qui appartiennent plus
particulièrement aux fièvres, tels que frissons, tremblement, froid, spasmes,
délire, etc., etc., et toutes les maladies dont ils ignoraient le siège,
c'est-à-dire une grande partie de celles qui attaquent l'homme, et plus
particulièrement les maladies de l'encéphale et des viscères abdominaux. Ce
ne serait point un travail infructueux que de dégager, pour ainsi dire, chaque
unité morbide et chaque symptôme de ce chaos inévitable de propositions où
ils sont groupés sans ordre et quelquefois sans vérité : je ne puis essayer
ce travail que très superficiellement dans le tableau des maladies. Chap.
II. La céphalalgie, considérée isolément ou concurremment avec d'autres phénomènes
morbides, est prise tantôt comme une maladie, et tantôt comme un symptôme, ou
plutôt comme un signe. Chap.
III. Le causus et le coma sont envisagés absolument d'après la même
méthode, du reste la seule possible dans une médecine toute pronostique et
presque absolument privée des ressources du diagnostic, qui seul peut
distinguer un symptôme d'une maladie. Chap.
IV. Pronostic de l'otite suivant les âges ; -
de la surdité considérée comme signe. Chap.
V. Ce chapitre sur les Parotides est pris tout entier du Prorrhétique :
je n'ai rien à ajouter à ce qui a été dit dans l'argument de ce traité. Chap.
VI. Signes fournis par le visage. Je renvoie sur ce point à ce que j'ai dit au
§ 2 du Pronostic. Je ferai remarquer seulement que la 216e
sentence est évidemment égarée dans ce chapitre, et doit être reportée au
chapitre XVII ou XVIII. Chap.
VII. Étude des signes pris de l'aspect des yeux. Observations sur l'ophtalmie
considérée comme maladie. Chap.
VIII. Exposition des signes fournis par les diverses parties de la bouche, et en
particulier par la langue. L'auteur avait interrogé la valeur des enduits qui
recouvrent cet organe ; je n'ai retrouvé cette observation que dans le livre
des Jours critiques où elle a été transportée avec beaucoup d'autres
prises çà et là dans la collection. Chap.
IX. De l'aphonie et des modifications de la voix considérées comme signes. -.
La séméiologie pure domine, comme on le voit, dans tous ces chapitres. Chap.
X et XI. Ici, à propos de l'état de la respiration et des maladies du pharynx
et du cou, recommence le mélange de la pathologie spéciale et de la séméiologie.
Ce chapitre réunit à la fois les propositions du Pronostic, les
sentences du Prorrhétique, et des Observations dont l'origine est
inconnue, et qui sont peut-être propres à l'auteur. Chap.
XII. Les réflexions précédentes s'appliquent également aux observations
faites sur l'état des hypocondres. Je renvoie de plus à l'argument du Pronostic,
§ 7. Chap.
XIII. L'auteur vient d'examiner successivement la tète, le cou, l'hypocondre;
il arrive, en suivant cet ordre anatomique, à s'occuper des lombes. Il s'arrête
longuement sur les douleurs lombaires rhumatismales envisagées comme maladies
ou comme signes. Il appuie sur le danger de la métastase de ces douleurs, soit
à la tête, soit à la poitrine, soit sur l'estomac. Chap.
XIV. L'auteur ayant parcouru, en quelque sorte région par région, l'ensemble
de la pathologie, revient sur quelques signes plus généraux. - On retrouve
dans ce chapitre tout ce qui a été consigné au Prorrhétique sur les hémorragies
nasales, plus quelques additions importantes. Chap.
XV. L'étude des spasmes revient très souvent dans les Coaques et tient,
en général, une grande place dans la médecine hippocratique. Mais évidemment
les médecins de l'école de Cos ont confondu sous le même nom des états bien
différents. Un examen attentif fait reconnaître dans ce qu'ils désignent sous
ce nom presque tous les désordres fonctionnels du système nerveux. Chap.
XVI. On retrouve ici, avec des additions notables, tout ce qui a été dit dans
le Pronostic sur l'angine ou esquinancie, sauf la mention de l'amputation
de la luette. Chap.
XVII et XVIII. Les maladies de poitrine y sont traitées complètement, et bien
mieux que dans le Pronostic. Un grand nombre de sentences ont été
empruntées au traité des Maladies, et plusieurs sont. probablement le
fruit de la pratique de l'auteur. Je signalerai plus particulièrement les
sentences 384, 386, 388, 389 , 401, 403, 404, 407, 411, 412, 425, 427, 434, 435,
436, 440, 444, qui prouvent des connaissances avancées et un esprit
observateur. Chap.
XIX. Je n'ajouterai rien à ce que j'ai dit des hydropisies au § 8 du Pronostic,
si ce n'est que la 461e sentence est tris remarquable au point de vue
de la doctrine physiologique, qui est précisément l'opposé de celle professée
aujourd'hui sur la solution de l'hydropisie par résorption. Chap.
XX et XXI. Observations pratiques très justes, et pour la plupart originales
sur la dysenterie et la lienterie. - Les sentences 451, 456 à 459 seraient
mieux placées dans le chapitre XVIII. Chap.
XXII. La sentence 471 est la répétition du § 19 du Pronostic sur le
danger de l'inflammation de la vessie. Je reviendrai plus tard sur les sentences
472, 473. Chap.
XXIII. Observations pronostiques sur l'apoplexie. La sentence 481 devrait être
reportée au chapitre XIX, sur les hydropisies. Chap.
XXIV. Ce chapitre renferme des propositions assez disparates sur les signes tirés
du froid des lombes, de l'apparition de pustules, et sur l'emploi très sagement
indiqué de la saignée dans différents cas. Chap.
XXV. On ne retrouve guère de remarquable dans ce chapitre que ce qui est dit au
§ 3e du Pronostic, sur le décubitus du malade. Chap.
XXVI. Ce chapitre est une sorte de compendium de la chirurgie des Asclépiades.
Il n'est pas susceptible d'analyse, car il y a presque autant de sujets différents
que de sentences. Je le compléterai dans mes notes. Chap.
XXVII. Le titre seul : « Des maladies propres aux différents âges »
indique assez le contenu de ce chapitre. Chap.
XXVIII. Il est consacré tout entier â l'élude clinique plutôt encore que
prognostique des maladies des femmes, pendant l'état de grossesse ou pendant
celui de vacuité, surtout à l'époque menstruelle. Je compléterai ce chapitre
dans mes notes. Chap.
XXIX. Du vomissement considéré comme signe prognostique. Ce chapitre est en
grande partie emprunté au Pronostic et au Prorrhétique. Chap.
XXX et XXXI. Des sueurs, des urines et des selles. Je renvoie à ce que j'ai dit
sur ce sujet dans l'argument du Pronostic, et j'ajoute que l'auteur des Coaques
a très bien compris l'importance et la relation de ces trois sources
principales du pronostic dans la médecine ancienne. Tableau
des maladies. - Les fièvres sont divisées en fièvres aiguës et en fièvres
de long cours, sent. 75, 118, 394, 421, 594. II faut lire aussi la 143, sentence
sur la distinction des fièvres de langueur, en celles qui sont entretenues par
quelque travail morbide, par quelque phlegmasie interne, et celles qui ne sont
dues à aucune cause évidente. Au
premier rang des fièvres se trouve le causus, fièvre rémittente ou
pseudo-continue des pays chauds, dont la nature est regardée tantôt comme
inflammatoire, tantôt comme bilieuse, sent. 60, 107, 129, 130, 131, 132 , 133,
134, 135, 136, 137, 138, 299, 581. II
est aussi parlé du léthargus, qu'il faut probablement ranger au nombre
des fièvres pseudo-continues des pays chauds. sent. 139, 140. Mention
de la fièvre lipyrie, sent. 120. Division
des fièvres d'après leur type ; -Fièvres continues. Parmi ces fièvres,
l'auteur regarde comme présentant un très mauvaise caractère, celles qui sont
produites par des douleurs à l'hypocondre, et qui sont accompagnées de carus,
sent. 31 et 32. Il fait une mention spéciale des fièvres avec sueurs et avec
tension de l'hypocondre, sent. 32 ; de celles avec ballonnement et avec dureté
du ventre, sent. 44, 640 ; avec perturbations abdominales, sent. 637, 641 ; avec
lividité des diverses parties du corps, sent. 66 ; avec phlyctènes, sent. 114
; avec tumeurs aux aines, sent. 73 ; de celles qui sont accompagnées de
vertiges avec ou sans iléus , sent. 106 ; avec vomissements et déjections
bilieuses, sent. 68. - Voir aussi les sent. 107, 108, 109, 130, 158, 201, 29S,
305, sur quelques états fébriles particuliers. Toutes ces observations
prouvent que déjà l'attention était éveillée sur la localisation des fièvres,
sur leurs rapports avec divers états pathologiques, et en particulier avec les
affections des viscères abdominaux (07). Au
milieu de toutes ces variétés de fièvres, on en reconnaît quelques-unes qui
se rapprochent de notre fièvre typhoïde. - Fièvres rémittentes. - Parmi ces
fièvres, l'auteur nomine les tritaeophyes,
c'est-à-dire celles qui redoublent tous les trois jours, et quisont très
dangereuses, sent. 26, 33 ; titraeophyes asodes, sent. 33 ; titraeophyes
errantes, sent. 37, 116, 305. -Fièvres intermittentes. - Parmi ces fièvres,
l'auteur distingue les erratives, sent. 582 (voir aussi sent. 79) ; les quartes,
sent. 159 ; les tierces légitimes, sent. 123, 148. 584; les tierces d'hiver,
sent. 150. II fait aussi mention du passage des fièvres rémittentes au type
intermittent, sent. 117. On trouve également disséminés çà et là plusieurs
caractères de la fièvre hectique (voir surtout sent. 143 ). Pour
la classe des fièvres, les signes sont surtout tirés du vomissement, des
selles, des urines, de la sueur, de la température du corps, de sa couleur, des
spasmes, des douleurs, de l'aphonie, du délire. -Les crises sont notées avec
le plus grand soin. Les maladies aiguës sont jugées en quatorze jours, sent.
147, par une épistaxis, par une sueur abondante, par une évacuation copieuse
d'urine purulente ou vitrée, dont l'hypostase est louable, par des dépôts
considérables, par des déjections alvines muqueuses et sanguinolentes,
abondantes et soudaines, par des vomissements copieux au moment de la crise,
sent. 150. Un sommeil profond et calme présage la certitude de la solution. Si
le sommeil est troublé , c'est un signe d'instabilité, sent.151. On ne trouve
point dans les Coaques l'énumération des jours critiques ; mais il y
est dit que si une fièvre disparaît dans un jour non critique, il faut
craindre une récidive. Mention
du battement des vaisseaux dans la fièvre et dans d'autres maladies, sent. 81,
124, 128, 139, 143, 201 282, 283, 369 ; peut-être 298 et 300. Il
est souvent parlé du phrénitis ou délire aigu continu dans une fièvre. Il
est certain que les médecins hippocratiques ne rapportaient pas à une
inflammation des membranes du cerveau, comme Galien l'a fait depuis, cet état
pathologique, que, du reste, ils considéraient tantôt comme un symptôme, tantôt
comme une maladie, et dont ils ignoraient la nature aussi bien que le siège,
sent. 76, 91, 92, 97, 101, 102, 110, 179, 213, 228, 324, 570, 582. L'auteur
semble aussi distinguer le phrénitis en métastatique et en idiopathique. La
sent. 275 se rapporte à la première espèce ; celles que j'ai indiquées tout
à l'heure, à la deuxième. Réunion
confuse des symptômes propres à la méningite et à d'autres affections cérébrales
indéterminées, sent: 100 à 109, et passim dans le chap. XI (voir aussi sent.
253) ; paraplégie, sent. 340 ; apoplexie et paralysie, sent. 187, 470, 477,
478, 479, 480, et peut-être sent. 197, 250 et 256.- Cause et présage de l'épilepsie,
sont. 345, 599. Observations
sur les spasmes ou étals nerveux, sent. 330, 338, 350, 351, 352, 353, 354, 350,
357, 358, 359, 554 ; torticolis aigu, sent. 201, et peut-être 273 et 278 ; tétanos
et opisthotonos, sent. 23, 301, 302. Considérations
'sur l'otite aiguë, sent. 189 ; sur l'ophthalmie , sent. 222, 223, 224, peut-être
sur l'orgeolet, sent. 220. On trouve aussi, sent. 225, 220, 510, la mention de
l'amaurose. S'agit-il de la maladie Connue sous ce nom, ou simplement de
l'obscurcissement et de la perte de la vue ? II est difficile de se prononcer. Observations
sur l'érythème, sent. 63, 200, 215, 231, 417 ; sur l'érysipèle, sent. 142,
200, 366, 524, et peut-être 7 et 211.- Sur un ulcère serpigineux à l'aine
appelé ¥rpustikñn
sent. 628 ; sur les parotides, presque toujours considérées comme dépôt
critique dans les fièvres , sent. 105, 107, 120, 163, 183, 185, 201, 202, 203,
204, 205, 206, 207, 209, 264, 268, 292, 302, 352, 563. Esquinancie,
sent. 263 â 277, passion 364 â 379. Espèces particulières d'affections de la
gorge, sent. 264, 265, 266, 278, 279. M. Ermerins affirme que l'auteur a divisé
les inflammations de la gorge en celles du larynx et celles du pharynx ; cela me
paraît fort douteux. Il se fonde probablement sur ce qu'il est parlé en
particulier des inflammations pharyngiennes. Mais le mot pharynx signifiait pour
Hippocrate le vestibule des voies aériennes et alimentaires, et non l'entrée
particulière de l'œsophage. Inflammation
aiguë ou chronique de l'estomac, sent. 283, 285, 286 ; inflammation aiguë ou
chronique des intestins, chap. 1, XII, XX et XXI, et sent. 470, 467, 640, 643.-
Hémorroïdes, sent. 346. Presque
tout ce qui est dit au chap. XIII peut être, ce me semble, rapporté au
rhumatisme aigu. On retrouve çà et là dans tout le cours des Coaques
plusieurs observations qui regardent évidemment cette maladie. Je
n'ajouterai rien à ce que j'ai dit dans l'argument du Pronostic sur les
maladies de poitrine, sinon que l'auteur des Coaques regarde la pneumonie
comme très dangereuse quand elle succède à une pleurésie, sent. 397 ; et
qu'il distingue les pleurésies en bilieuses et inflammatoires , sent. 387. Maladies
du foie assez mal déterminées, mais pouvant se rapporter à l'hépatite, et
considérées assez ordinairement dans leurs rapports avec les maladies de
poitrine, sent. 446 â 440 : Abcès du foie, 450 et 451. Ictère regardé comme
un épiphénomène, sent: 121; comme une maladie, sent. 613 - Maladiesde la
rate, sent. 327, 466. Inflammation
aiguë et chronique de la vessie (cystite), sent. 471. - Néphrite, sent. 591. Rétention
d'urine causée par un abcès, sent. 473. De la gravelle et de la pierre, sent.
472, 485, 580, 590. Phthisie
ischiatique, suite des dépôts multipliés â la hanche, sent. 144. L'auteur
des Coaques semble regarder comme des maladies chroniques la dysenterie,
chap. XX et XXI, le meloena (hémathémèse et hématocatharsis), qu'il n'est
pas facile de distinguer d'un simple flux de bile fortement colorée, sent. 330,
331, 333, 559, 571, 608, 611, 633, 636, 637. - Il étudie tous ces états
pathologiques comme des maladies ou des symptômes essentiels ; il range dans la
même catégorie l'hydropisie ascite symptomatique, sent. 452, 454, 456, 457,
458, 459, 460, 461, 482 ; l'hydropisie sèche, sent. 304, 424, 453, 459, que
plusieurs interprètes regardent comme la lympanite, mais que P. Martian (08)
et Sprengel (09) soutiennent être
l'ascite accompagnée de symptômes de sécheresse, soit du côté du ventre,
soit du côté de la poitrine ou du reste du corps. Dans
l'hémoptysie, qui est aussi placée au nombre des maladies chroniques, le sang
vient ou du foie, sent. 450, ou du poumon, sent. 450. Observations
confuses et indéterminées sur les symptômes propres à la fièvre de lait
intense et à la métro-péritonite puerpérale (passim, dans le chap. XXVIII).
- Danger de l'évacuation des eaux dans l'amnios avant l'accouchement, sent.
513, 536. - Des ulcérations vaginales, des aphtes chez les femmes grosses,
sent. 514, 529, 539, 544. Observations
sur les plaies de tête, sent. 188, 477, 498, 499, 500, 501, 510. De la carie
des dents et de leurs suites, sent. 236, 237. Abcès au palais, sent. 238.
Maladies des os de la mâchoire, sent. 237, 239. Danger des spasmes dans les
blessures, sent. 355, 506. - Blessure de l'épiploon et des intestins, sent.
502, 503. Division des parties molles, des os et des cartilages, sent. 504, 505
; - des tendons de la jambe, 508. - Pronostic des plaies suivant les parties
blessées, sent. 509. - Des fistules, sent. 511. - Des ulcères, sent. 496. -
Des varices, sent. 513. (01)
Chrestomathia Hippocratica, p.
IX. Cf. aussi Hist.
Méd. lib. sing. p.20, sqq.
(02)
Thèse citée, page 92.
(03) Il
est vrai qu'Érotien, dans son
Glossaire (p. 196), cite de Démétrius l'épicurien une explication qu'il est
très rationnel de rapporter à la 561e sent. des Coaques,
ainsi que parait l'avoir fait M. Littré, quand il dit, peut-être trop
affirmativement, dans son introduction (p. 140), que Démétrius avait commenté
les Coaques. Mais on pourrait aussi soutenir, en admettant avec H. Étienne
une altération de texte, que celte explication se rapporte à la 17e
sent. du Prorrhétique. Du reste, Érotien a donné plusieurs
explications de mots communs au Prorrhétique et aux Coaques, mais
il n'en donne point qui soit, particulière à ce dernier ouvrage, sauf peut être,
celle relative au mot
(04) Com. II, in Hip. Epid. II, textes 2 et 3. - Com. III, in Epid. II, texte 7.
(05) Com. II, in Epid. III, in proaem.
(06) C'était le sentiment de Gruner, Censura, p. 124.
(07) On ne sera sans doute pas fâché de trouver ici un passage fort intéressant du traité des Airs sur les fièvres. L'auteur se propose de démontrer que toutes les maladies viennent des airs : « Je commencerai, dit-il, par la maladie la plus commune : la fièvre; elle s'associe à toutes les autres, et surtout à la phlegmasie, les blessures que l'on se fait aux pieds en se heurtant (proskñmmata) le prouvent bien : il se développe une tumeur à l'aine par suite de l'inflammation, et la fièvre s'allume aussitôt. Il y a, pour le dire en passant, deux sortes de fièvres : l'une, commune à tous, s'appelle peste (loimñw), l'autre, qui est engendrée par une mauvaise nourriture, survient chez ceux qui ne prennent pas une alimentation salubre. L'air est la cause première de ces deux classes de fièvres.» Ed. de Bâle, p. 118, lig. Dern
(08) Mag. Hip. expl., Rome, 1626, in-f°, p. 525.
(09) Apol. des Hip., p. 299.