Sophronius

SAINT SOPHRONIUS

 

LA PRISE DE JÉRUSALEM PAR LES PERSES, EN 614
 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

LA

PRISE DE JÉRUSALEM

PAR LES PERSES, EN 614[1]

 

ÉLÉGIES DU PATRIARCHE

SAINT SOPHRONIUS,

 

ET RÉCIT CONTEMPORAIN DU MÊME ÉVÉNEMENT,

 

 PAR

UN MOINE DU COUVENT DE SAINT-SABAS.

 


 

I

La prise de Jérusalem par les Perses de Chosroès II, le 2G mai 614, a été racontée par les historiens byzantins[2] avec un laconisme désespérant. Il semble que les paroles leur lassent défaut pour décrire la grandeur de cette catastrophe qui désola tout l'Orient.[3] On ne connaissait ni les circonstances de la chute de la Ville Sainte, ni les détails de sa ruine.

Cette douloureuse lacune avait été en partie comblée par la publication de certains passages de la chronique de l'évêque arménien Sébéos, cités dans la Chronologie arménienne de M. Dulaurier[4] et dont a su tirer un excellent parti M. Ludovic Drapeyron, dans sa remarquable thèse de Doctorat ès-lettres intitulée : L'empereur Heraclius et l'Empire byzantin au VIIe siècle. Mais l'exagération manifeste, le manque de critique et de sincérité, l'amour de la fable inhérent aux annalistes arméniens,[5] et surtout l'invraisemblance frappante de certains détails nous mettaient en garde contre ce texte nouvellement produit et que certains auteurs croyaient même pouvoir traiter avec une sévérité assez dédaigneuse.[6] On attendait un document de source plus autorisée, à la fois plus grave et plus complet, car, dans les fragments de l'arménien Sébéos, les lacunes sont aussi considérables que le récit est suspect. Ce document était tout indiqué, on en connaissait l'existence, on en citait même la première ligne. C'était l'Elégie ou Ode anacréontique par laquelle le patriarche de Jérusalem, saint Sophronius, dont le nom semble résumer toutes les gloires et les vertus de l'Église grecque unie, avait déploré la ruine de la Ville Sainte par les Perses, en 614. Mais cette Élégie si importante et par sa date contemporaine de la catastrophe et par sa provenance, puisqu'elle émanait d'un personnage si considérable, cette Élégie était perdue : le grand évêque semblait avoir emporté dans sa tombe le cri de désespoir que lui avait arraché le sac de la Ville Sainte...

Qu'il me soit permis de saluer ici l'illustre mémoire de cet admirable prélat, de ce modèle de piété, d'orthodoxie, de science religieuse et littéraire et de courage patriotique, dont naguère un de mes meilleurs et plus regrettés amis a raconté la noble vie en quelques pages charmantes![7] Cet ancien professeur de rhétorique, originaire de Damas, « la perle de l'Orient », montra bien que, selon un mot célèbre, « l'Université mène atout, à condition d'en sortir ». Abandonnant sa chaire et congédiant ses nombreux élèves, tour à tour moine, anachorète, pèlerin, hagiographe, théologien et poète, il parcourt l'Orient, visite, avec son ami Jean Mosch, les monastères de Syrie et d'Egypte, en recueille les mystiques traditions,[8] devient à Alexandrie le bras droit du patriarche saint Jean l'Aumônier, fait voile pour Rome, s'agenouille dévotieusement devant le pape saint Dieudonné,[9] retourne en Orient et s'enferme dans le monastère de Saint-Théodose,[10] au désert de Judée, jusqu'au jour où la voix unanime du clergé, des moines et du peuple l'appelle au trône patriarcal de Jérusalem. Là, il achève de réparer les désastres de l'invasion persane, combat les erreurs théologiques du patriarche Sergius de Constantinople, tient tête à l'empereur Heraclius, et, en présence de la défaillance des armées byzantines, des incertitudes de l'Empereur et de la désolation générale, il défend pendant près d'une année Jérusalem contre les Arabes. Forcé de rendre la Ville Sainte, il exige la présence du Khalife, obtient, grâce à son indomptable énergie et au prestige de son nom, des conditions exceptionnelles,[11] envoie au siège de Rome, par l'intermédiaire d'un de ses suffragants,[12] un dernier témoignage de fidèle orthodoxie, puis, le cœur brisé, se couche dans sa tombe, les mains jointes et la crosse pastorale entre ses bras pieusement raidis... Voilà l'auguste auteur, l'insigne personnage duquel émane l’Élégie que nous avons eu la bonne fortune de retrouver; il l'a composée, de l'année 620 à l'année 628, au monastère de Saint-Théodose, entre Jérusalem et Saint-Sabas, auprès de la tombe de son vieux compagnon Jean Mosch. Les éditeurs des œuvres de Sophronius : Fabricius, Pierre Matranga, le cardinal Mai, etc., en avaient déjà signalé et déploré la perte. L'un d'eux, le Sicilien Pierre Matranga, dans une note reproduite au bas de la colonne 3.799, note 47 du tome LXXXVII (pars tertia) de la Patrologie grecque de l'abbé Migne, fait cette remarque attristée: « Seul, « le premier vers de cette Ode subsiste : plaise à Dieu qu'un « autre plus favorisé que moi en puisse découvrir dans un nouveau manuscrit le texte intégral ! Sans doute, nous y lirions « les plaintes déchirantes de Sophronius sur la prise de Jérusalem par le Perse Chosroès en 614. Je suis heureux de pouvoir précisément vous apporter cette Ode dont la disparition était si vivement ressentie par les vieux éditeurs de saint Sophronius et par tous les amis de la Terre Sainte. Elle a été retrouvée, non par moi, mais par le très regretté comte Riant, dans un manuscrit du Cabinet des Titres de notre belle Bibliothèque nationale. Mon seul mérite a été de remarquer et de relever la brève indication de cette précieuse trouvaille demeurée inaperçue et comme noyée au milieu de l'océan de notices, de titres d'ouvrages et de noms d'auteurs dont se compose l'Inventaire des manuscrits relatifs à l'Orient Latin.[13] Ce texte était tellement contracté et défiguré par les abréviations qu'il ne m'a pas été possible de le déchiffrer en entier : j'ai dû recourir, par l'intermédiaire de mon excellent ami, M. Lucien Auvray, sous-bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, à l'obligeante érudition de M. H. Lebègue, Chef des travaux paléographiques à l'École des Hautes-Études, qui, avec un talent, une bonne grâce et un désintéressement auxquels je suis heureux de rendre un public hommage, a bien voulu copier pour moi ce texte malaisé. Restait à le traduire. J'ai entrepris ce travail, mais bientôt les difficultés ont été telles, le manuscrit était tellement défectueux et corrompu, que j'ai dû appeler au secours un helléniste de premier ordre dont la ville d'Orléans est justement fière : le savant M. Anatole Bailly. Il a eu la bonté de me rétablir et de m'aider à traduire cette énigmatique Élégie si précieuse pour tous ceux qui s'intéressent à la Terre Sainte et aux études byzantines. Qu'il veuille bien recevoir ici mes plus affectueux remerciements !

Cette pièce de poésie se compose actuellement de quatre-vingt-huit vers, mais en comprenait à l'origine quatre-vingt-seize. Elle est, comme les autres œuvres poétiques de Sophronius, une ode anacréontique, c'est-à-dire écrite dans le mètre appelé par les métriciens anacréontique, formé de deux brèves et de trois trochées (une longue et une brève).

La langue employée est une imitation du grec classique, une contrefaçon de la vieille langue épique. Le dialecte est, en général, l’ionien. L'ode se compose de vingt-deux quatrains, et la lettre initiale de chacune de ces strophes est une lettre de l'alphabet grec écrite en rouge dans le manuscrit; ces lettres se succèdent dans l'ordre traditionnel de l'alphabet. Malheureusement, deux lettres manquent : l'H et l'W, ce qui entraîne la perte de quatre distiques, c'est-à-dire de huit vers. Un instant, nous avons cru découvrir une sorte d'assonance rimée, mais ce fugitif indice, qui paraît dû au seul hasard, s'est évanoui devant une investigation plus approfondie. A côté de cette imitation voulue, manifeste, prétentieuse de l'antique, nous devons constater un regrettable et puéril abus du jeu de mots, de l'antithèse et de l'allitération, un usage exagéré de l'ellipse, et surtout ce quelque chose de vague et de pompeux qui est le grand défaut de l'esprit oriental.

Mais ce qui constitue, au point de vue calligraphique, le caractère spécial, exceptionnel, la personnalité de cette ode, c'est la manière dont elle est disposée sur le papier. Elle est écrite sur deux longues colonnes de quarante-quatre vers chacune, séparées l'une de l'autre par un espace blanc ; mais les lignes, au lieu de se suivre perpendiculairement, colonne par colonne, comme cela a presque toujours lieu, se succèdent horizontalement de gauche à droite en passant alternativement d'une colonne à l'autre. Le premier vers commence la colonne de gauche; le second forme la première ligne de la colonne de droite ; le troisième revient à gauche et le quatrième, repassant du côté opposé, constitue la seconde ligne de la colonne de droite. En un mot, au lieu de se lire perpendiculairement et successivement, les colonnes doivent se lire horizontalement et alternativement.

Ce texte, remarquablement calligraphié sur un soyeux papier vélin, est une copie faite vraisemblablement au dix-huitième du siècle par un scribe ayant une très belle main, mais fort ignorant grec. Il a omis des vers, en a estropié d'autres qui, par sa faute, sont devenus faux; il en a rendu plusieurs inintelligibles, a confondu des mots offrant une certaine analogie de forme et d'assonance mais de sens très dissemblable, a ajouté de son chef une ponctuation absolument fantaisiste, et n'a certainement point compris ce qu'il écrivait. Il a ainsi rendu nécessaire un examen scrupuleux ou plutôt une révision, un rétablissement presque complet du texte mutilé. Nous ignorons absolument où et sur quel manuscrit antérieur cette copie a été exécutée. Le volume dont elle fait partie provient de la Bibliothèque de l'archevêque de Toulouse, Charles de Montchal, décédé en 1651 ; de là il a passé dans celle de Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, d'où il est parvenu, vers l'année 1700, à la Bibliothèque du Roi, devenue la Bibliothèque nationale.[14] Il porte le n° 3282 du fonds latin, et consiste dans un mince manuscrit in-4° couvert en parchemin jauni, contenant des textes latins au milieu desquels émergent bizarrement (folios 19 à 63) un certain nombre de pièces grecques. L'Élégie du patriarche saint Sophronius occupe les folios 26 in fine recto et verso et 27 recto à peu près en entier.

Mais la question littéraire, pour intéressante qu'elle soit, ne saurait être pour nous, historiens, que l'accessoire. Quels sont, au point de vue historique, les résultats apportés, les connaissances nouvelles fournies par la découverte de l’Élégie de saint Sophronius? — Ces résultats sont d'un réel intérêt.

D'abord, l’Élégie en question nous prouve que, comme au temps du pèlerinage de sainte Sylvie, en 385, Jérusalem continuait, deux siècles et demi plus tard, à être habitée par une population d'élite, mais d'origine principalement cosmopolite, pratiquant dans la vie civile presque toutes les vertus de l'état monastique.[15]

Ensuite, elle nous peint l'épouvante générale causée par la marche des Perses; la fuite éperdue, non seulement des populations affolées, mais encore des moines et des anachorètes de Syrie et de Palestine venant confusément chercher dans la Ville Sainte un refuge qui leur semblait inexpugnable.

En troisième lieu, et surtout, elle nous donne de précieux détails sur le siège même de Jérusalem par l'armée persane du général Romizanès, surnommé « le Sanglier royal ». Elle nous prouve que, à la différence de ce qu'avaient cru les annalistes byzantins suivis à tort par Lebeau,[16] Darras,[17] Martial Delpit[18] et autres historiens,[19] Jérusalem ne s'est point rendue sans combat; que, au contraire, elle s'est vaillamment défendue, plus encore peut-être que, en 1187, contre Salah ed-Din. Pour la réduire, les assaillants ont dû recourir aux machines de guerre et, chose plus rare, à l'incinération des remparts par d'énormes bûchers amoncelés au pied des murs et dont l'action calcinait et faisait éclater les assises de pierres. Au lieu de capituler misérablement, comme on le pensait à tort, les habitants privés de tout appui, à peine soutenus par un faible détachement de troupes romaines rappelé en toute hâte de Jéricho, mais puisant dans leur cœur l'énergie des jours désespérés, réparent activement les vieux remparts de la « bienheureuse Eudocie », les garnissent de projectiles et d'archers et repoussent longtemps (durant vingt jours) tous les assauts.... Mais enfin, les Perses, furieux, renversent les murailles, se précipitent, l'épée au poing, par la brèche, égorgent la population, incendient la ville, embrasent les sanctuaires, musée de l'art religieux et orgueil de l'Orient chrétien, pillent les basiliques et en emportent les dépouilles au fond de l'Asie… Au premier rang de ces dépouilles opimes : la Sainte Croix dans son reliquaire de vermeil!...

Enfin, notre Élégie, — et ce n'est pas le moindre de ses résultats, —détruit la curieuse mais invraisemblable légende des deux prises successives de la ville racontée avec tant d'assurance et si peu de véracité par le fallacieux Sébéos et, d'après lui, par le distingué M. Ludovic Drapeyron. A en croire le chroniqueur arménien, les Perses seraient entrés une première fois dans Jérusalem en vertu d'une capitulation amiablement consentie; ils auraient respecté la ville[20] et se seraient éloignés en laissant une faible garnison dans le Prétoire et la Tour de David. Croyant ce départ irrévocable, les habitants se seraient soulevés, auraient arboré de nouveau le labarum byzantin et massacré la petite garnison persane. Les Perses, encore peu éloignés, campés peut-être à Mechatta,[21] sur la route de l'Euphrate, ou sur la frontière égyptienne, seraient revenus à grands pas, au raient assiégé et pris d'assaut Jérusalem et l'auraient pillée et incendiée pour la punir du manque de foi de ses citoyens………..

Tout cela est un rêve, ou plutôt un récit fabuleux reposant peut-être sur le souvenir indécis de propositions de paix réellement faites à Jérusalem par les Perses avant le siège, propositions qui, malheureusement, furent rejetées sur le conseil équivoque de quelques anachorètes du désert de Juda.[22] Du reste, s'il fallait une preuve de plus que le pillage de Jérusalem rentrait bien dans le plan stratégique de l'état-major perse, c'est le coup de main tenté sur Jérusalem, moins d'un siècle auparavant, par Chosroès Nouschirvan, sur le double conseil des Mages et des Samaritains, tentative déjouée par une marche rapide de Bélisaire.[23]

Telles sont les notions nouvelles et les amendements historiques qui émanent de l'Élégie du patriarche saint Sophronius. Tout à l'heure nous compléterons ces indications, forcément très brèves, vu l'exiguïté du poème, par un document de source toute différente, entièrement inédit, et de dimensions tout autrement spacieuses.

Voici maintenant le texte même de l’Élégie de saint Sophronius. Nous le publions tel qu'il existe dans le manuscrit de la Bibliothèque nationale. Les remarques et corrections seront proposées en note et la traduction française fera suite au texte grec.[24]

Bibliothèque nationale. Cabinet des titres. Mss. latin 3282, ch. xvi, folio 26, au milieu de la page, et folio 27 :

 

 

 

 

Τοῦ ἁγίου Σωφρονίου πατριάρχου ἱεροσολύμων, στίχοι ἀνακρέοντι εἰς τὴν ἅλωσιν τῆς ἱερουσαλὴμ, κατὰ ἀλφάβητον

Αγία πόλις θεοῖο,
ἀγίων ἔδος κράτιστον,
ἱερουσαλὴμ μεγίστη,
τίνα σοι γόον προσοίσω;

Βλεφάρων ἐμῶν τὸ χεῦμα,
βραχὺ πρὸς τόσον ἀνίην,
κραδίης ἐμης ὁ θρῆνος,
μέτριος τόσον πρὸς ἄλλοις

Γοερὸν ὅμως βοήσω
ἐπὶ σοῖς τόνοις ὑφαίνων
τι κῦρμα τοῖον εὗρες,
δακρύων φορὰν καλύπτον.

Δολερὸς προσήλθε μῆδος,
ἀπὸ περσίδος κακίστης,
πολεμῶν πόλεις πολίτας,
πολεμῶν ἄνακτά ῥώμης.

Ἐπὶ δὲ χθόνα προβαίνων,
γίην κάκιστος ἦλθεν,
va καὶ πόλιν θεοῖο,
ἱερουσαλὴμ ὀλέσῃ,

Ζακότῳ ὦρτο δαίμων,
μανίῃ φθόνῳ, μαχαίρῃ,
ζαθέους πόλεις πολίχνας,
φοινικοῖς ξίφεσι πέρσας·

[λείπει Η]

θεράποντες ἔνθα χριστοῦ,
πὸ παντὸς ὄντες ἔθνους,
μόνον ὡς ἴδον μολοῦντα,
πόλεως φῦγον ἔνδον.

Ἱερὸς γὰρ ἴσχε δῆμος,
διὰ χριστὸν ἔνθα ναίων,
δίας πόλεις λιπόντες,
ἰδίους δόμους ἀφέντες,

χρατερὸς γὰρ αὐτῶν οἶστρος,
ἐκάλει γόνου θεοῖο,
πὸ πατρίδος τροχάζεν,
ἱερουσαλὴμ ἐς ἄστυ,

Λεαδνὸν αὐτῷ πότμον,
μερόπων οἷς ὑπέστη,
κρύω πάγεὶς ἐν ἥλοις
ἵν' ὅλον γένος σαώσῃ.

Μετὰ συμβόλων γε νίκης
μεγάλης τάφων ἀνέστη,
θανάτου κράτος πατήσας,
θανάτου βροτοὺς ἁπάρας.

Νόμον ἔνθα δὶ λοιπόντες,
Γαμικὸν, νέοι, γυναῖκες,
πόλιν ὡς πόλον κατῴκουν,
χθονὸς ἄγγελοι φανέωτες,

Ξένος, ἄστεος πολίτης,
φιλίαν θεοῦ διώκων,
ποθέων πόλιν θεοῖο,
παθέων ἄνευθεν ναίων,

Ὅθεν ὡς παρόντα πάρθον,
ἅμα τοῖς φίλοις ἐβραίοις
δον εὐθέως δραμόντες
πόλεως πόλεις συνήψαν.

Παλάμας δὲ τὰς πανάγνους
ὁμαδον πρὸς ὕψος ἦραν,
προμαχεῖν ἄνακτα χριστὸν,
πόλεως ἑῆς καλοῦντες,

Ῥάχεος ὕπερθεν τείχους
ναετὴς ὄλυμπός ἐστιν·
πόσοι ἀγώνων συνεύνων.
λάχον εὐτελεῖς μερίμνας.

Σταθερὸν νόον κρατοῦντες,
βελέων λίθων χαλάζαις,
Τότε δὴ φρεσὶ μανείσαις,
μετά μύριους ἀγῶνας,

ἀπὸ τειχέων κρατίστων
πελάοντα μῆδον εἶργοι
ἅτε βάρβαρος πέρσης,
ἐπὶ
μηχανὰς μεθῆλθεν.

Ὑποθεὶς δὲ πάντα τείχη,
φλόγα, μάγγανα, στράτευμα
κρατερν καθεῖλεν ἕρκος
πόλεως δ'ἔσω κατέστη.

Φοινιχὸν ξίφος κορύσσων
μερόπων ἔτεμνε δήμους
ἱερῶν ἁγνῶν πολιτων,
πολιῶν, νέων, γυναίων,

χαλιπῶς δὲ πάντα ῥέζων,
ἱερον πύλης ἐν ἄστυ,
ἁγίους τόπους τε χριστὸν,
φλογερῷ πυρὶ φλογίζει,

Ψόγον εἰς θεὸν βοήσας,
τὸν ἐκεῖ πάλαι παθόντα,
ἁγία σκύλα σκυλιύσας,
ἅμα
τοῖς σκύλοις πορεύθη

 

TRADUCTION

VERS DE

SAINT SOPHRONIUS,

PATRIARCHE DE JÉRUSALEM, SUR LA PRISE DE JÉRUSALEM,

EN MÈTRE ANACRÉONTIQUE, SELON L'ORDRE DE L'ALPHABET.

 

« Sainte ville de Dieu, sol puissant des saints, très grande Jérusalem, quel gémissement t'apporterai-je?...

« Le flot [des larmes qui coulent] de mes yeux est bien faible pour un si grand deuil; le gémissement de mon cœur est peu de chose pour une si cruelle douleur.

« Cependant, dissimulant le cours de mes larmes, je pousserai des cris et des lamentations, je composerai un chant sur tes malheurs, parce que tu as rencontré un tel sort.

« Le Mède perfide s'est avancé de la Perse funeste, guerroyant contre les villes, contre les bourgades, guerroyant contre l'empereur de Rome.

« Enfants des chrétiens bienheureux, venez pour gémir sur Jérusalem aux collines élevées !

« Marchant en avant contre la Terre Sainte, [l'ennemi] scélérat est venu pour détruire même la ville de Dieu : Jérusalem.

« Le démon[26] a surgi avec fureur, poussé par la folie, la haine, l'épée en main, détruisant avec les glaives meurtriers les villes divines, les bourgades. »

[La série H manque et cette omission entraîne la perte de quatre vers.]

« Là [habitaient] des serviteurs du Christ de toute nation; dès qu'ils virent l'approche de l'ennemi, ils se réfugièrent dans la ville.

« Pleurez les générations des chrétiens saints, de la sainte Jérusalem détruite!

« Car un peuple saint occupait [Jérusalem], ayant abandonné ses villes propres, ayant délaissé ses propres demeures, il habitait là pour l'amour du Christ.

« Un aiguillon puissant, l'aiguillon du Fils de Dieu, le pressait, en effet, d'accourir hors de sa patrie dans la ville de Jérusalem.

« [Le Christ] assuma le joug même de la mort et accepta d'être la brebis (victime)[27] des mortels, ayant été attaché par des clous, sur une croix, pour sauver tout le genre humain.

« Mais avec les signes de la victoire, sublime il surgit du sépulcre, ayant foulé aux pieds la puissance de la mort, ayant délivré du trépas les mortels.

O Christ, bienheureux protecteur, irrite-toi contre les Mèdes, parce qu'ils ont détruit la ville qui t'était douce !

« Là, ayant renoncé à la loi du mariage, jeunes gens, femmes, habitaient la cité comme [si c'eût été] le ciel apparaissant comme les anges de la terre :

« [Tous], étranger, indigène de la ville, poursuivant l'amitié de Dieu, chérissant la ville de Dieu, vivent en dehors des passions.

« Aussi, dès qu'ils virent présent le Parthe avec les Hébreux, ses amis, ils coururent aussitôt et fermèrent de concert les portes de la ville.

« Puis, tous ensemble, ils levèrent vers le ciel leurs mains très pures, criant vers le Seigneur Christ pour qu'il combattit en faveur de sa propre cité.

« L'objet des vœux de tous les hommes qui vivent sur la terre a péri : ils ont subi le sort déplorable de la ville céleste.

« Au sommet de la montagne, les habitants enfermés dans les murs sont sans crainte, et tous ceux qui participèrent à la lutte ne conçurent que de faibles alarmes.

« Fermes, résolus, avec des grêles de pierres et de traits, ils repoussèrent loin de leurs puissantes murailles le Mède qui s'approchait.

« Alors le Perse, l'esprit furieux, en barbare que certes il était, après d'innombrables combats, eut recours aux machines de guerre.

« Sous toute l'enceinte de la muraille, ayant placé la flamme, les mangonneaux, les corps de troupes, il renversa le fort rempart et s'établit dans la ville.

« O Christ! puisses-tu dompter par la main des chrétiens les enfants infortunés de la Perse qui enfante pour le malheur!

« Brandissant le glaive meurtrier, il égorgea la multitude des mortels : citoyens saints, purs, vieillards aux cheveux blancs, enfants, femmes.

« Accomplissant son cruel forfait, il pilla la Ville Sainte, et, de la flamme ardente, il embrase les Saints Lieux du Christ.

« Ayant proféré des cris d'imprécations contre Dieu, le Dieu qui jadis souffrit en ce lieu même, et ayant ravi les saintes dépouilles, avec cette proie, il s'éloigna....[28]

………………………………………………………………………………………………………………………………………………

« O Christ! donne-nous de voir bientôt, en représailles de la ruine des Lieux Saints, la Perse consumée par l'incendie! »



 

 

La série W manque.

Voilà cette Élégie tant regrettée des amis de la Terre Sainte et des études byzantines! Mutilée, tronquée, altérée, souvent énigmatique et parfois inintelligible, mais encore animée dans ses débris et comme ses épaves du vrai souffle de la poésie, de la religion et du patriotisme, elle ressemble à ces monuments de l'antiquité hellénique dont les ruines glorieuses planent sur la contrée et font pleurer de regret et d'amour l'artiste, le poète et l'historien. Comme le vieux commentateur des œuvres de saint Sophronius, je dirai à mon tour : « Puisse un autre plus favorisé découvrir quelque jour dans un manuscrit inconnu un texte moins défectueux et qui nous donne enfin dans son harmonieuse intégrité l'œuvre complète du grand Sophronius, cet Oriental à l'esprit et à l'âme de Romain ! »

II

A la suite du texte que nous venons de reproduire, figure dans le manuscrit de la Bibliothèque nationale (Latin n° 3282) une seconde Élégie du patriarche saint Sophronius de Jérusalem.

Bien plus brève, puisqu'elle ne se compose que de douze vers, et infiniment moins intéressante, puisqu'elle ne consiste guère que dans un long anathème contre les Perses homicides, mais encore digne de quelque attention à cause du grand nom de son auteur, cette deuxième pièce n'avait encore été signalée par personne. Même les Archives de l'Orient latin,[25] cependant si érudites et si complètes, la passent sous silence. Son existence nous a été révélée par une rapide indication de l'honorable M. H. Lebègue, insérée à la suite de sa transcription de la précédente Élégie. Cette amorce a éveillé notre attention et nous avons prié instamment M. Lebègue de vouloir bien ajouter cette seconde copie à la première. Il y a très obligeamment consenti et voici le texte qui, plus correct et bien moins étendu que le premier, ne paraît guère devoir donner lieu à aucune remarque ni incident.

Nous dirons seulement que cette Élégie a sans doute, comme la première, dû être composée de l'année 620 à l'année 628, durant le long séjour de Sophronius dans le monastère de Saint-Théodose, et antérieurement au retour triomphant d'Héraclius victorieux, rapportant à Jérusalem, en 629, la sainte Croix avec les trophées de la Perse vaincue. Elle se compose de vers formés de deux dactyles suivis d'une longue, puis d'un dactyle et d'un dernier pied trochée ou spondée.

Bibliothèque nationale. Cabinet des titres. Mss. latin »° 3282, ch. xvi, folio 27 in fine:

(1) Le copiste a placé des trémas au-dessus de la plupart des i, nous faisons remarquer ce détail une fois pour toutes. Nous signalons également, d'une façon générale, l'incorrection absolue de la ponctuation, et l'absence de capitales aux noms propres.

(5) A la suite de cette seconde élégie, figure dans le manuscrit une troisième pièce de vers. Est-elle l’œuvre de saint Sophronius? c'est bien possible, mais rien ne paraît l'établir; en outre, elle n'a nullement trait à Jérusalem ni à la Terre-Sainte.

TRADUCTION

Autres vers du même :

« Enfants des chrétiens bienheureux, venez pour gémir sur Jérusalem aux collines élevées!

« Pleurez les générations des chrétiens saints, de la sainte Jérusalem détruite !

« O Christ bienheureux! toi qui es le Roi, irrite-toi contre les Mèdes, parce qu'ils ont détruit la ville qui t'était douce!

« L'objet des vœux du monde entier a péri ; la ville céleste a subi un sort déplorable !

« O Christ! puisse-tu dompter par la main des chrétiens les enfants homicides de la Perse qui enfante pour le malheur!

« O Christ! donne-nous de voir bientôt, en représailles des Lieux Saints, la Perse consumée par l'incendie!

III

Nous… avons reçu, grâce à la courtoise obligeance de M. le docteur Ott, supérieur du Grand Séminaire de Strasbourg, communication d'une brochure rare et fort peu connue du monde lettré, même strasbourgeois…

Là, à notre vive surprise, nous avons retrouvé l’Élégie du Patriarche saint Sophronius, publiée, d'après le même manuscrit latin n° 3282 de la Bibliothèque nationale de Paris, par M. l'abbé Léon Ehrhard et soigneusement revue et rétablie par le regretté M. Studemund, alors professeur à l'Université de Strasbourg. Les corrections de ce savant ont même été si complètes, qu'elles constituent presque un remaniement aussi ingénieux, parfois, qu'audacieux...

Bien plus, les deux élégies qui, dans le manuscrit de Paris, sont absolument distinctes et se succèdent l'une à l'autre, ont été volontairement confondues et intercalées, infusées l'une dans l'autre, par le professeur Studemund, si bien que les versets de la deuxième élégie, encadrés entre les longues strophes de la première, en sont devenues comme une sorte de refrain et de périodique ritournelle.

Nous croyons devoir publier ce double texte qui, malgré ses corrections peut-être quelque peu téméraires, nous paraît constituer une version excellente et à peu près définitive... au moins jusqu'à la découverte inespérée d'un manuscrit plus correct et plus complet que celui de Paris.

Remarquons toutefois que MM. Ehrhard et Studemund nous paraissent avoir trop peu tenu compte de la disparition si regrettable des deux strophes H et W. Ils ne mentionnent la perte de la première que dans une brève note, et dont la teneur même pourrait à la rigueur sembler entachée de quelque inexactitude.


 

IV

Dans sa brièveté constitutive l’Élégie de saint Sophronius nous laisse ignorer bien des circonstances, elle se maintient forcément dans le superficiel et le hâtif qui est le défaut originaire de toutes ces pièces fugitives, asservies à la fois au rythme et à la concision, d'où les détails techniques, les épisodes et les noms propres, rebelles à la quantité, sont forcément exclus. Cette lacune est comblée, trop abondamment peut-être, par un document de tout autre étendue : je n'ose dire de tout autre envergure. Ce document est le récit de la prise de Jérusalem par les Perses, en 614, écrit à une date très voisine de l'événement, par un moine du couvent de Saint-Sabas (près de Jérusalem), lequel paraît lui-même avoir été prisonnier des Perses.

Ce texte, comme tous les opuscules réunis dans le volume, aurait, à en croire une note manuscrite insérée en tête du livre, été originairement rédigé en grec, puis aurait été traduit en arabe par un certain prêtre Jean. Comme les deux élégies de saint Sophronius, il provient du Cabinet des titres de la Bibliothèque nationale, non plus du groupe des manuscrits latins, mais du Fonds arabe n° 262 (ancien Fonds arabe, n° 154) et il a été également signalé par le regretté comte Riant dans son Inventaire des manuscrits relatifs à l’Orient latin.[29] Ce manuscrit qui, dans sa calligraphie, paraît remonter au commencement du quinzième siècle, est de provenance inconnue; certains indices tendraient à faire supposer que, peut-être, il aurait été copié en Occident. Le volume dont il occupe les folios 140 à 153, est un épais manuscrit de 250 feuillets, ayant chacun 205 millimètres de hauteur sur 153 de largeur, format petit in-4°. La reliure massive est en bois, revêtue de cuir noir gaufré; elle parait, à première vue, accuser la seconde moitié du seizième siècle ou le commencement du dix-septième. L'écriture de notre texte est très large, assez régulière, pâlie, souvent même presque effacée, les lignes très distantes. Le titre est en lettres rouges et occupe deux lignes. Le texte, peu correct, contient, nous dit-on, de nombreuses fautes grammaticales; « on a cru nécessaire d'ajouter dans la copie les points diacritiques dont l'absence le rend presque inintelligible ».

Nous vous proposons ce document sous toute réserve, ne nous dissimulant point son caractère légendaire, son amour enfantin du merveilleux, des anecdotes invraisemblables, son défaut de précision chronologique, ses redites, ses confusions, ses détours pour ainsi dire. Mais ces desiderata sont les lacunes mêmes de l'esprit oriental passé et présent : rien ne pourra les vaincre, si ce n'est peut-être la forte éducation donnée aux jeunes clercs de nationalité syrienne dans le grand Séminaire français de Sainte-Anne de Jérusalem. Mais, tout en rejetant avec quelque mépris cette gangue inévitable, ces scories intellectuelles, tout en déplorant ce quelque chose de déprimé qui est le défaut capital de ce morceau, nous devons, ce semble, nous féliciter de rencontrer dans ce texte entièrement nouveau nombre de circonstances ignorées, nombre de points éclaircis, de détails inconnus, de renseignements inédits, tant de chiffres, de statistique pour ainsi dire, tant de noms de monastères, de localités et d'églises que les Germer-Durand, les Lagrange, les Séjourné, les Liévin de Hamme et les distingués ecclésiastiques du Patriarcat latin et du séminaire Sainte-Anne identifieront sans doute aisément. Désormais, grâce à ce texte jusqu'ici demeuré dans l'ombre, et dont l'accent douloureux va parfois droit au cœur, nous savons de quelle direction venait l'armée persane destructive de Jérusalem : non point de Damas, comme je l'avais pensé avec Lebeau[30] dans ma thèse de doctorat es lettres;[31] ni de la Cappadoce et de la Syrie, comme l'avait supposé l'honorable M. Ludovic Drapeyron,[32] mais de Césarée, d'Arsouf[33] et des villes du littoral. Nous savons que, retenus par la splendeur de Jérusalem et la crainte inavouée de quelque intervention surnaturelle, les Perses offrirent aux habitants une capitulation avantageuse, imprudemment rejetée par eux sur le conseil de quelques moines illuminés; que le siège commença le treize du mois (de mai?) de la quatrième année du règne d'Héraclius; que le patriarche saint Zacharie, malgré son peu d'espoir, fit rappeler à la hâte un1 faible corps de troupes grecques retiré à Jéricho, et résista désespérément durant vingt jours. Nous connaissons les détails de la lutte, les nombreux assauts, l'écroulement des remparts sous l'effort des machines de guerre, la fuite éperdue des défenseurs et du peuple qui cherchent à se dissimuler dans les cryptes du mont des Olives, et l'irruption furieuse des Perses, « grinçant des dents et semblables à des lions », égorgeant les prêtres à l'autel, saccageant les églises, et foulant aux pieds les croix. « Le sang coulait comme un torrent…. La Jérusalem céleste, dit le vieil annaliste, pleurait sur la Jérusalem terrestre, et les ténèbres se répandirent sur la ville comme au jour de la mort du Christ…»

Le chiffre total des morts s'éleva à 64.820.[34] Nous connaissons les sanctuaires qui furent les principaux théâtres du carnage et le nombre des cadavres qui en jonchaient les dalles profanées...

Notre document nous renseigne également sur les traitements barbares infligés aux captifs chrétiens entassés dans la piscine du Birket-es-Sultan,[35] sur la constance des martyrs, l'attitude des Juifs, sur la noble fermeté et les pieux discours du saint patriarche Zacharie, et le sort douloureux des prisonniers emmenés au fond de la Perse, victimes de la haine des Mages et réduits sous peine de mort à marcher sur la vraie Croix.[36]

Mais, à la différence du patriarche saint Sophronius, qui regardait évidemment le peuple de Jérusalem comme un collège de saints, le récit arabe semble mettre à la charge des habitants de la Ville Sainte, peu de semaines ou de jours avant le siège, une série de méfaits, de violations de la loi morale qui aurait subitement transformé les sentiments de Dieu à leur égard et déchaîné sur leur tête le céleste courroux.

A côté de ces détails d'un incontestable intérêt nombre de puérilités, de fables, de faux merveilleux, de miracles apocryphes, de crédules homélies, de prédictions futiles et de légendes misérables. Que voulez-vous? C'est un document oriental avec ses faiblesses, ses inconsciences et ses fautes de perspective!... Nous croyons cependant le devoir donner dans son intégralité et tel qu'a bien voulu le traduire pour nous un orientaliste distingué, d'origine russe, M. Jacques Broydé, professeur d'Arabe de la Société de propagation des langues étrangères en France, que nous remercions sincèrement du concours qu'il nous a bien voulu prêter. Nous publions d'abord le texte arabe tel qu'il figure dans le manuscrit du Cabinet des titres; et nous le faisons suivre de la traduction française, dont le passage principal a été soigneusement revu et corrigé à Jérusalem même par le R. P. Rhétoré, des Frères Prêcheurs.

Bibliothèque nationale. Cabinet des Titres. Fonds arabe, n° 262 (ancien fonds arabe n° 154), ff. 140-153.

 


 

[1] Alias 615.

[2] Notamment par la Chronique pascale; Théophane; Zonaras, Cedrenus, Eutychius (Ibn-Batrick) et le moine Antiochus.

[3] Couret, La Palestine sous les empereurs grecs.

[4] Dulaurier. Recherches sur la chronologie arménienne, etc., tome Ier (Paris, Imprimerie nationale. 1859, in-4°).

[5] « Or les Arméniens sont fourbes dès l'origine et vivent toujours de fourberie.  Chronique syriaque de Denys de Tell-Mahré, 112e fascicule de la Bibliothèque de l'École des Hautes-Études. Paris. Emile Bouillon, 1895, gr. in-8°.)

[6] Essai sur les anciens pèlerinages à Jérusalem, suivi du texte du pèlerinage d'Arculphe, par M. Martial Delpit (A Paris, chez Léon Techener, libraire, etc., et à Périgueux chez. J. Monnet, imprimeur-libraire. 1870, in-8°).

[7] Vie de saint Sophrone patriarche de Jérusalem, par M. l'abbé Laurent de Saint-Aignan, chanoine de la cathédrale d'Orléans, membre de l'Académie de Sainte-Croix. (Extrait du tome V des Lectures et Mémoires de l'Académie de Sainte-Croix.)

[8] Ces traditions, rédigées à Rome par Jeun Mosch et Sophronius, forment le très curieux recueil intitulé : Pré spirituel. (Patrologie grecque de l'abbé Migne, tome LXXXVII, pars tertia, col. 2851 à 3116.)

[9] Saint Deusdedit (19 octobre 615 —8 novembre 618); ou peut-être Boniface V (23 décembre 619 — 25 octobre 625) (Histoire de l'Église, par Fr.-X. Kraus, traduite par P. Godet et C. Verschaffel, Paris. Bloud et Barral. 1891).

[10] En ce moment réédifié par les Grecs avec l'arpent de la Russie. (Échos de Notre-Dame de France, 9e année, n° 10, avril 1896.)

[11] Histoire de Jérusalem et d'Hébron, depuis Abraham jusqu'à la fin du XVe siècle de J.-C. Fragments de la chronique de Moudjir ed-dyn, traduite sur le texte arabe par Henry Sauvaire, Paris, chez Ernest Leroux, 1886.

[12] Etienne, évêque de Dor.

[13] Archives de l'Orient Lutin, publiées sous le patronage de la Société de l'Orient Latin (Paris, Ernest Leroux. 1884, in-8°), tome II, 1ère partie, B, § 2 : Inventaire sommaire des manuscrits relatifs à l'Histoire et à la Géographie de l’Orient latin, page 135, ligne 23.

[14] Le Ms. latin n° 3282 provient de Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, comme l'indique cette mention du premier feuillet de garde : Codex Telleriano Remensis, 55 ». Une note manuscrite de notre exemplaire du Catalogue des Mss. latins, imprimé en 1711, indique en outre qu'il faisait auparavant partie de la Bibliothèque de Charles de Montchal, archevêque de Toulouse, mort en 1651 : en effet, la contenance de ce Ms. correspond exactement à la notice qui en est donnée, sous le n° 71 des manuscrits de Montchal, dans la Bibliotheca Bibliothecarum de Montfaucon, tome II, page 900. Les manuscrits de Charles-Maurice Le Tellier sont armés presque tous par don à la Bibliothèque du Roi en 1700. (Note due à l'obligeance de M. Lucien Auvray, sous-bibliothécaire à la Bibliothèque nationale.)

[15] Assertion malheureuse contredite par le document arabe que nous publions plus loin.

[16] Lebeau, Histoire du Bas-Empire (édition de Saint-Martin), tome X, livre LV, § 16, p. 437; et tome XI, livre LVI, § 9.

[17] Abbé J.-E. Darras, Histoire générale de l'Église depuis la création jusqu'à nos jours, tome XV, troisième époque, chap. v, page 188. (Paris, Louis Vivès, 1871, in-8°.)

[18] Essai sur les anciens pèlerinages à Jérusalem, suivi du texte du pèlerinage d’Arculphe, par M. Martial Delpit. p. 235, texte et note 2, p. 236, 237. (Paris, Léon Techener; Périgueux, J. Bonnet, 1870. in-8). Ouvrage cité avec éloges par le comte Riant dans sa brochure intitulée : La donation de Hugues, marquis de Toscane, au Saint-Sépulcre, page 5. (Paris. Imprimerie nationale, mdccclxxxiv, in-4°. Extrait des Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XXXI, 2e partie, pp. 151-195.)

[19] Couret, La Palestine sous les empereurs grecs, page242.

[20] Ce qui rendait un peu moins invraisemblable cette mansuétude inattendue des Perses, c'était la croyance où l'on était que Chosroès Il avait épousé une sœur ou une fille de l'empereur de Constantinople, Maurice, nommée Marie. Mais c'est là, semble-t-il, une légende, acceptée cependant encore par quelques auteurs. Chosroès n'a point épousé ni une sœur, ni une fille de l'empereur Maurice : sa femme préférée était une chrétienne de la Suziane ou (lu Liban, nommée Sira ou Schirin (Irène), qui n'était point, tant s'en faut, de sang impérial. (Lebeau. Histoire du Bas-Empire (édition de Saint-Martin), tome X, livre LIII, page 334, texte et note 3 et livre LV, pape 436. — Ludovic Drapeyron, L'Empereur Héraclius et l'Empire byzantin au VIIe siècle, page 88.)

[21] Au delà du Jourdain, par le K. P. Marie-Joseph Lagrange, des FF. PP., dans la Science catholique, 1800. papes 11-15. — Le savant Père Germer-Durand attribue la fondation du palais de Mechatta, non point à Chosroès II, mais au khalife Abd-el-Mélek. (Excursion dans les montagnes Bleues par des moines de Notre-Dame de France à Jérusalem, page 18. Paris, Maison de la Bonne Presse, 8, rue François Ier, s. d. in-4°.)

[23] Couret, La Palestine sous les empereurs grecs, page 210, et auteurs cités.

[24] Cette traduction sera donnée au § III.

[25] Tome II, première partie, section B, § 2. page 135.

[26] Littéralement « un génie malfaisant ».

[27] Cf. Isaïe, liii, v. 7.

[28] Bien que le manuscrit de Paris ne signale pas cette omission, l'W manque. Remarquons à ce sujet certaines ratures dans les majuscules initiales des derniers versets : l'W y figurait primitivement à la place d'une autre capitale omise, mais qui a été rétablie au préjudice dudit W.

[29] Archives de l'Orient latin, tome II, première partie, section B, § 2, Fonds orientaux, page 173, ligne 4 et 5.

[30] Histoire du Bas-Empire (édition de Saint-Martin), tome XI, livre LV1, pages 10, 11.

[31] La Palestine sous les Empereurs grecs, pape 211.

[32] L'Empereur Heraclius et l'Empire byzantin au VIIe siècle, page 102.

[33] Petit port sur la Méditerranée, à sept lieues au nord de Jaffa : c'est l'ancienne Apollonia, l’Arsur du moyen âge, aujourd'hui encore connue sous le nom d'Arsuf on Arsouf. C'est peut-être encore, quoique avec beaucoup moins de probabilité, l'ancienne petite ville d’Azot, l'ancien Achdod ou Esdond biblique, à huit lieues au sud de Jaffa, et à une lieue dans les terres, appelée quelquefois aussi Arsur, Arsuf ou Arsuff. (Les seigneurs d'Arsur en Terre Sainte, par L. de Mas-Latrie, pages 585 et 586 du tome 1er de 1804, numéro d'avril, de la Revue des Questions historiques, Paris, 5, rue Saint-Simon.)

[34] Exagération évidente.

[35] Ou peut-être du Birket-Mamillah.

[36] Cf. Incerti de Persica captitivitate, tome LXXXVI, col 3235 et suivantes de la Patrologie grecque de l'abbé Migne. — Couret, La Palestine sous les Empereurs grecs, pages 212 à 217.