Saint Jérôme

SAINT JERÔME

 

LETTRES

 

A THÉOPHILE, PATRIARCHE D'ALEXANDRIE.

EPISTOLA LXIII AD THEOPHILUM.

Augustin       Evangelus

 

 

 

 

 

 

SÉRIE VI. LETTRES.

A THÉOPHILE, PATRIARCHE D'ALEXANDRIE.

Jérôme persiste dans son attachement à l'Eglise. — Il dit que les fidèles blâment l’indulgence de Théophile pour les Origénistes.

Ecrite en 398.

  EPISTOLA LXIII AD THEOPHILUM.

 

1. Meminit Beatitudo tua, quod eo tempore quo nobiscum tacebas, nunquam ab officiis meus sermo cessaverit: nec consideraverim, quid tu pro dispensatione tunc faceres; sed quid me facere conveniret. Et nunc sumptis Dignationis tuae epistolis, fructum aliquem coepisse me video Evangelicae lectionis. Si enim duri judicis sententiam creba mulieris inflexit petitio (Luc. 18. 15), quanto magis paterna viscera interpellatione sedula molliuntur?

2. Quod de Canonibus Ecclesiasticis mones, gratias agimus; «Quem enim diligit Dominus, corripit; et flagellat omnem filium, quem recipit (Hebr. 12. 6). Sed tamen scito nobis nihil esse antiquius, quam Christi jura servare, nec Patrum transferre (al. transire) terminos, semperque meminisse Romanam fidem, Apostolico ore laudatam, cujus se esse participem Alexandrina Ecclesia gloriatur.

3. Super nefaria haeresi (Origeniana), quod multam patientiam geris: et putas Ecclesiae visceribus incubantes tua posse corrigi lenitate, multis Sanctis displicet: NE DUM PAUCORUM poenitentiam praestolaris, nutrias audaciam perditorum, et factio robustior fiat. Vale in Christo.
 

 

1 Votre béatitude se souvient que, dans le temps même qu'elle gardait un profond silence à mon égard, je n'ai point cessé de lui donner des marques de mon obéissance et de mon respect. Je ne considérais alors que mon devoir, sans faire attention aux ménagements que la charité et la prudence vous obligeaient de garder. Je reconnais maintenant, par la lettre que vous m'adressez, que la lecture que j'ai faite autrefois de l'Évangile ne m'a pas été entièrement inutile, et que, si les importunités de cette femme dont il est parlé ont eu assez de force pour fléchir la dureté de son ;juge, et pour l'obliger même, contre son gré, à lui rendre justice, les fréquentes sollicitations d'un fils ne devaient pas avoir moins d'effet sur l'esprit d'un père plein de tendresse et de bonté comme vous.

2 Je vous suis infiniment obligé de l'avis que vous me donnez sur l'observation des canons de l'Eglise; car je sais que le « Seigneur châtie celui qu'il aime, et qu'il frappe de verges tous ceux qu'il reçoit au nombre de ses enfants. » Je vous prie néanmoins d'être persuadé qu'il n'est rien à quoi je m'attache plus inviolablement qu'à conserver les droits de Jésus-Christ; que je ne passe point les bornes que nos pires nous ont prescrites, et que je n'ai point oublié que la foi de l'Église romaine, avec laquelle celle d'Alexandrie tient à honneur d'être unie de communion, a reçu autrefois des louanges de la bouche même de l'apôtre saint Paul.

3 Quant à l'indulgence que vous montrez pour une hérésie très pernicieuse, dans l'espérance de ramener par là au sein de l'Église ceux qui ne cherchent qu'à l'opprimer, je vous dirai que plusieurs d'entre les fidèles ne l'approuvent pas, et qu'ils appréhendent que la patience avec laquelle vous attendez le retour d'un petit nombre qui pourrait se convertir ne serve à rendre les méchants plus hardis et à fortifier leur parti. Je vous salue en Jésus-Christ.