SÉRIE VI. LETTRES.
A SAINT AUGUSTIN.
Eloge du zèle de saint Augustin dans la grande discussion du pélagianisme.
En 418.
EPISTOLA CXLI . AD AUGUSTINUM.
Domino sancto ac beatissimo Papae AUGUSTINO HIERONYMUS. Omni quidem tempore beatitudinem tuam, eo quo decet honore, veneratus sum; et habitantem in te dilexi dominum Salvatorem: sed [al. et] nunc, si fieri potest, cumulo aliquid addimus, et plene complemus, ut absque tui nominis mentione, ne unam quidem horam praeterire patiamur, qui contra flantes ventos ardore fidei perstitisti. Maluisti, quantum in te fuit, solus liberari de Sodomis, quam cum pereuntibus commorari. Scit quid dicam prudentia tua. Macte virtute, in orbe [al. urbe] celebraris. Catholici te conditorem antiquae rursum fidei venerantur atque suspiciunt; et, quod signum majoris gloriae est, omnes haeretici detestantur: et me pari persequuntur odio; ut quos gladiis nequeunt, voto interficiant. Incolumem et mei memorem te Christi Domini clementia tueatur, domine venerande et beatissime Papa. |
J'ai toujours eu pour votre béatitude le respect qui lui est dû, me faisant un plaisir et un devoir d'aimer et de respecter une personne dont le coeur est la demeure de Jésus-Christ. Mais aujourd'hui ces sentiments d'estime et de vénération que j'ai pour vous sont devenus encore plus vifs qu'ils n'étaient (si néanmoins cela est possible)., de telle sorte que je ne puis être un moment saris parler de vous, et sans faire l'éloge de votre zèle et de la fermeté avec laquelle vous vous êtes opposé aux pernicieux desseins des ennemis de l'Église. Vous avez mieux aimé, autant qu'il a été en votre pouvoir, vous sauver seul du milieu de Sodome que de demeurer avec ceux qui périssaient, et de vous voir enveloppé dans leur ruine. Tasse le ciel que ce beau zèle que vous avez pour les intérêts de Jésus-Christ, ne se refroidisse jamais ! Tout Rome vous applaudit. Les catholiques vous regardent comme le réparateur de la foi ancienne, et ce qui relève encore davantage votre gloire, tous les hérétiques vous détestent. Ils ne me haïssent pas moins , et s'ils n'ont pas le pouvoir de nous tuer l'un et l'autre , ils en ont du moins la volonté. Je prie notre Seigneur Jésus-Christ qu'il vous conserve, et je conjure votre béatitude de ne me point oublier. |