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ARISTOPHANE
LES CHEVALIERS
(L'AN 425 AVANT J.-C.)
Texte mis en page par Thierry Vebr
http://www.mikrosapoplous.gr/zpd/knights10.zip
http://remacle.org/bloodwolf/comediens/Aristophane/cavaliers.htm
Ed. F.W. Hall and W.M. Geldart, Oxford, 1907
Ἀριστοφάνης
Ἱππεῖς
traduction
française seule
Les Chevaliers sont dirigés contre le démagogue Cléon qui s'était mis à la tête
des affaires après la mort de Périclès, et qui, à la suite de son succès de
Sphactérie, était devenu l'idole du peuple, personnifié dans la pièce par le
bonhomme Démos. Le vieillard, circonvenu à la fois par Cléon, transformé en
corroyeur, et par le marchand d'andouilles Agoracritos, finit par voir clair
dans leur jeu. Cléon est chassé. Agoracritos, faisant amende honorable, sert
consciencieusement son maître qui recouvre la jeunesse et la raison.
PERSONNAGES DU DRAME
DÉMOSTHÈNE.
NICIAS.
UN MARCHAND D'ANDOUILLES, nommé AGORACRITOS.
CLÉON.
CHŒUR DE CHEVALIERS.
DÉMOS.
La scène se passe devant la maison de Démos.
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Δημοσθένης
ἰατταταιὰξ τῶν κακῶν, ἰατταταῖ.
κακῶς Παφλαγόνα τὸν νεώνητον κακὸν
αὐταῖσι βουλαῖς ἀπολέσειαν οἱ θεοί.
ἐξ οὗ γὰρ εἰσήρρησεν ἐς τὴν οἰκίαν
πληγὰς ἀεὶ προστρίβεται τοῖς οἰκέταις. 5
Νικίας
κάκιστα δῆθ᾽οὗτός γε πρῶτος Παφλαγόνων
αὐταῖς διαβολαῖς.
Δημοσθένης
ὦ κακόδαιμον πῶς ἔχεις;
Νικίας
κακῶς καθάπερ σύ.
Δημοσθένης
δεῦρο δὴ πρόσελθ᾽, ἵνα
ξυναυλίαν κλαύσωμεν Οὐλύμπου νόμον.
Δημοσθένης καὶ Νικίας
μυμῦ μυμῦ μυμῦ μυμῦ μυμῦ μυμῦ. 10
Δημοσθένης
τί κινυρόμεθ᾽ἄλλως; οὐκ ἐχρῆν ζητεῖν τινα
σωτηρίαν νῷν, ἀλλὰ μὴ κλάειν ἔτι;
Νικίας
τίς οὖν γένοιτ᾽ἄν;
Δημοσθένης
λέγε σύ.
Νικίας
σὺ μὲν οὖν μοι λέγε,
ἵνα μὴ μάχωμαι. 14
Δημοσθένης
μὰ τὸν Ἀπόλλω ᾽γὼ μὲν οὔ.
Νικίας
πῶς ἂν σύ μοι λέξειας ἁμὲ χρὴ λέγειν; 16
Δημοσθένης
ἀλλ᾽εἰπὲ θαρρῶν, εἶτα κἀγὼ σοὶ φράσω. 15
Νικίας
ἀλλ᾽οὐκ ἔνι μοι τὸ θρέττε. πῶς ἂν οὖν ποτε 17
εἴποιμ᾽ἂν αὐτὸ δῆτα κομψευριπικῶς;
Δημοσθένης
μὴ ᾽μοί γε, μὴ ᾽μοί, μὴ διασκανδικίσῃς·
ἀλλ᾽εὑρέ τιν᾽ἀπόκινον ἀπὸ τοῦ δεσπότου. 20
Νικίας
λέγε δὴ μόλωμεν ξυνεχὲς ὡδὶ ξυλλαβών.
Δημοσθένης
καὶ δὴ λέγω μόλωμεν.
Νικίας
ἐξόπισθε νῦν
αὐτὸ φάθι τοῦ μόλωμεν.
Δημοσθένης
αὐτό.
Νικίας
πάνυ καλῶς.
ὥσπερ δεφόμενος νῦν ἀτρέμα πρῶτον λέγε
τὸ μόλωμεν, εἶτα δ᾽αὐτό, κᾆτ᾽ἐπάγων πυκνόν. 25
Δημοσθένης
μόλωμεν αὐτὸ μόλωμεν αὐτομολῶμεν.
Νικίας
ἢν
οὐχ ἡδύ;
Δημοσθένης
νὴ Δία· πλήν γε περὶ τῷ δέρματι
δέδοικα τουτονὶ τὸν οἰωνόν.
Νικίας
τί δαί;
Δημοσθένης
ὁτιὴ τὸ δέρμα δεφομένων ἀπέρχεται.
Νικίας
κράτιστα τοίνυν τῶν παρόντων ἐστὶ νῷν, 30
θεῶν ἰόντε προσπεσεῖν του πρὸς βρέτας.
Δημοσθένης
“ποῖον βρέτας;” ἐτεὸν ἡγεῖ γὰρ θεούς;
Νικίας
ἔγωγε.
Δημοσθένης
ποίῳ χρώμενος τεκμηρίῳ;
Νικίας
ὁτιὴ θεοῖσιν ἐχθρός εἰμ᾽. οὐκ εἰκότως;
Δημοσθένης
εὖ προσβιβάζεις μ᾽. ἀλλ᾽ἑτέρᾳ πῃ σκεπτέον. 35
βούλει τὸ πρᾶγμα τοῖς θεαταῖσιν φράσω;
Νικίας
οὐ χεῖρον· ἓν δ᾽αὐτοὺς παραιτησώμεθα,
ἐπίδηλον ἡμῖν τοῖς προσώποισιν ποιεῖν,
ἢν τοῖς ἔπεσι χαίρωσι καὶ τοῖς πράγμασιν.
Δημοσθένης
λέγοιμ᾽ἂν ἤδη. νῷν γάρ ἐστι δεσπότης 40
ἄγροικος ὀργὴν κυαμοτρὼξ ἀκράχολος,
Δῆμος πυκνίτης, δύσκολον γερόντιον
ὑπόκωφον. οὗτος τῇ προτέρᾳ νουμηνίᾳ
ἐπρίατο δοῦλον, βυρσοδέψην Παφλαγόνα,
πανουργότατον καὶ διαβολώτατόν τινα. 45
οὗτος καταγνοὺς τοῦ γέροντος τοὺς τρόπους,
ὁ βυρσοπαφλαγών, ὑποπεσὼν τὸν δεσπότην
ᾔκαλλ᾽ἐθώπευ᾽ἐκολάκευ᾽ἐξηπάτα
κοσκυλματίοις ἄκροισι τοιαυτὶ λέγων·
ὦ Δῆμε λοῦσαι πρῶτον ἐκδικάσας μίαν, 50
ἐνθοῦ ῥόφησον ἔντραγ᾽ἔχε τριώβολον.
βούλει παραθῶ σοι δόρπον; εἶτ᾽ἀναρπάσας
ὅ τι ἄν τις ἡμῶν σκευάσῃ, τῷ δεσπότῃ
Παφλαγὼν κεχάρισται τοῦτο. καὶ πρώην γ᾽ἐμοῦ
μᾶζαν μεμαχότος ἐν Πύλῳ Λακωνικήν, 55
πανουργότατά πως περιδραμὼν ὑφαρπάσας
αὐτὸς παρέθηκε τὴν ὑπ᾽ἐμοῦ μεμαγμένην,
ἡμᾶς δ᾽ἀπελαύνει κοὐκ ἐᾷ τὸν δεσπότην
ἄλλον θεραπεύειν, ἀλλὰ βυρσίνην ἔχων
δειπνοῦντος ἑστὼς ἀποσοβεῖ τοὺς ῥήτορας. 60
ᾄδει δὲ χρησμούς· ὁ δὲ γέρων σιβυλλιᾷ.
ὁ δ᾽αὐτὸν ὡς ὁρᾷ μεμακκοακότα,
τέχνην πεποίηται. τοὺς γὰρ ἔνδον ἄντικρυς
ψευδῆ διαβάλλει· κᾆτα μαστιγούμεθα
ἡμεῖς· Παφλαγὼν δὲ περιθέων τοὺς οἰκέτας 65
αἰτεῖ ταράττει δωροδοκεῖ λέγων τάδε·
“ὁρᾶτε τὸν Ὕλαν δι᾽ἐμὲ μαστιγούμενον;
εἰ μή μ᾽ἀναπείσετ᾽, ἀποθανεῖσθε τήμερον”.
ἡμεῖς δὲ δίδομεν· εἰ δὲ μή, πατούμενοι
ὑπὸ τοῦ γέροντος ὀκταπλάσιον χέζομεν. 70
νῦν οὖν ἀνύσαντε φροντίσωμεν ὦγαθέ,
ποίαν ὁδὸν νὼ τρεπτέον καὶ πρὸς τίνα.
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DÉMOSTHÈNE.
Iattataex ! Que de malheurs! Iattatae ! Que ce Paphlagonien, cette
nouvelle peste, avec ses projets, soit confondu par les dieux ! Depuis
qu'il s'est glissé dans la maison, il ne cesse de rouer de coups les
serviteurs.
NICIAS.
Malheur, en effet, à ce prince de Paphlagoniens, avec ses calomnies !
DÉMOSTHÈNE.
Pauvre malheureux, comment vas-tu ?
NICIAS.
Mal, comme toi.
DÉMOSTHÈNE.
Viens, approche, gémissons de concert sur le mode d'Olympos.
DÉMOSTHÈNE et NICIAS.
Mu, Mu, Mu, Mu, Mu, Mu, Mu, Mu, Mu, Mu, Mu, Mu.
DÉMOSTHÈNE.
Pourquoi ces plaintes inutiles ? Ne vaudrait-il pas mieux chercher
quelque moyen de salut pour nous et ne pas pleurer davantage ?
NICIAS.
Mais quel moyen ? Dis-le-moi.
DÉMOSTHÈNE.
Dis-le plutôt, afin qu'il n'y ait pas de dispute.
NICIAS.
Non, par Apollon ! pas moi. Allons, parle hardiment, puis je te dirai
mon avis.
DÉMOSTHÈNE.
Que ne me dis-tu plutôt ce qu'il faut que je dise ?
NICIAS.
Ce courage barbare me manque. Comment m'exprimerais-je en grand style,
en style euripidien ?
DÉMOSTHÈNE.
Non, non, pas à moi, pas à moi : ne me sers pas un bouquet de cerfeuil,
mais trouve un chant de départ de chez notre maître.
NICIAS.
Eh bien, dis : « Échappons ! » comme cela, tout d'un trait.
DÉMOSTHÈNE.
Je le dis : « Échappons ! »
NICIAS.
Ajoute ensuite le mot : « Nous », au mot : « Échappons ».
DÉMOSTHÈNE.
« Nous ! »
NICIAS.
A merveille ! A présent, comme procédant par légères secousses de la
main, dis d'abord : « Échappons, » ensuite : « Nous, » puis : « A la
hâte ! »
DÉMOSTHÈNE.
« Échappons, échappons-nous, échappons-nous à la hâte ! »
NICIAS.
Hein ! N'est-ce pas délicieux ?
DÉMOSTHÈNE.
Oui, par Zeus ! Si ce n'est que j'ai peur que ce. ne soit pour ma peau
un mauvais présage.
NICIAS.
Pourquoi cela ?
DÉMOSTHÈNE.
Parce que les plus légères secousses de la main emportent la peau.
NICIAS.
Ce qu'il y aurait de souverain dans les circonstances présentes, ce
serait d'aller tous les deux nous prosterner devant les statues de
quelque dieu.
DÉMOSTHÈNE.
Quelles statues ? Est-ce que tu crois vraiment qu'il y a des dieux ?
NICIAS.
Je le crois.
DÉMOSTHÈNE.
D'après quel témoignage ?
NICIAS.
Parce que je suis en haine aux dieux. N'est-ce pas juste ?
DÉMOSTHÈNE.
Tu me ranges de ton avis. Mais considérons autre chose. Veux-tu que
j'expose l'affaire aux spectateurs ?
NICIAS.
Ce ne serait pas mal. Seulement, prions-les de nous faire voir
clairement, par leur air, s'ils se plaisent à nos paroles et à nos
actions.
DÉMOSTHÈNE.
Je commence donc. Nous avons un maître, d'humeur brutale, mangeur de
fèves, atrabilaire, Démos le Pnycien, vieillard morose, un peu sourd. Au
commencement de la nouménia, il a acheté un esclave, un corroyeur
paphlagonien, coquin fieffé et grand calomniateur. Ce corroyeur
paphlagonien, connaissant à fond le caractère du vieux, fait le chien
couchant, flatte son maître, le caresse, le choie, le dupe avec des
rognures de cuir et des mots comme ceux-ci : "Démos, il suffit d'avoir
jugé une affaire : va au bain, mange, avale, dévore, reçois trois oboles
: veux-tu que. je te serve un souper ?" Alors le Paphlagonien fait
main-basse sur ce que l'un de nous a préparé et l'offre gracieusement à
son maître. L'autre jour, je venais de pétrir à Pylos une galette
laconienne ; par ses roueries et par ses détours il me la subtilise, et
il sert comme de lui le mets de ma façon. Il nous éloigne et ne permet
pas à un autre de soigner le maître ; mais, armé d'une courroie, debout
près de la table, il en écarte les orateurs. Il lui chante des oracles,
et le bonhomme sibyllise. Puis, quand il le voit à l'état de brute, il
met en oeuvre son astuce ; il lance effrontément mensonges et calomnies
contre les gens de la maison ; alors nous sommes fouettés, nous ; et le
Paphlagonien, courant après les esclaves, demande, menace, escroque en
disant : « Voyez Hylas, comme je le fais fouetter; si vous ne m'obéissez
pas, vous êtes morts aujourd'hui. » Nous donnons. Autrement, le vieux
nous piétinerait et nous ferait chier huit fois davantage. Hâtons-nous
donc, mon bon, de voir maintenant quelle voie à suivre et vers qui.
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Νικίας
κράτιστ᾽ἐκείνην τὴν μόλωμεν ὦγαθέ.
Δημοσθένης
ἀλλ᾽οὐχ οἷόν τε τὸν Παφλαγόν᾽οὐδὲν λαθεῖν·
ἐφορᾷ γὰρ οὗτος πάντ᾽. ἔχει γὰρ τὸ σκέλος 75
τὸ μὲν ἐν Πύλῳ, τὸ δ᾽ἓτερον ἐν τἠκκλησίᾳ.
τοσόνδε δ᾽αὐτοῦ βῆμα διαβεβηκότος
ὁ πρωκτός ἐστιν αὐτόχρημ᾽ἐν Χάοσιν,
τὼ χεῖρ᾽ἐν Αἰτωλοῖς, ὁ νοῦς δ᾽ἐν Κλωπιδῶν.
Νικίας
κράτιστον οὖν νῷν ἀποθανεῖν. 80
Δημοσθένης
ἀλλὰ σκόπει,
ὅπως ἂν ἀποθάνοιμεν ἀνδρικώτατα.
Νικίας
πῶς δῆτα πῶς γένοιτ᾽ἂν ἀνδρικώτατα;
βέλτιστον ἡμῖν αἷμα ταύρειον πιεῖν.
ὁ Θεμιστοκλέους γὰρ θάνατος αἱρετώτερος.
Δημοσθένης
μὰ Δί᾽ἀλλ᾽ἄκρατον οἶνον ἀγαθοῦ δαίμονος. 85
ἴσως γὰρ ἂν χρηστόν τι βουλευσαίμεθα.
Νικίας
ἰδού γ᾽ἄκρατον. περὶ πότου γοῦν ἐστί σοι;
πῶς δ᾽ἂν μεθύων χρηστόν τι βουλεύσαιτ᾽ἀνήρ;
Δημοσθένης
ἄληθες οὗτος; κρουνοχυτρολήραιον εἶ.
οἶνον σὺ τολμᾷς εἰς ἐπίνοιαν λοιδορεῖν; 90
οἴνου γὰρ εὕροις ἄν τι πρακτικώτερον;
ὁρᾷς, ὅταν πίνωσιν ἄνθρωποι τότε
πλουτοῦσι διαπράττουσι νικῶσιν δίκας
εὐδαιμονοῦσιν ὠφελοῦσι τοὺς φίλους.
ἀλλ᾽ἐξένεγκέ μοι ταχέως οἴνου χοᾶ, 95
τὸν νοῦν ἵν᾽ἄρδω καὶ λέγω τι δεξιόν.
Νικίας
οἴμοι τί ποθ᾽ἡμᾶς ἐργάσει τῷ σῷ πότῳ;
Δημοσθένης
ἀγάθ᾽· ἀλλ᾽ἔνεγκ᾽· ἐγὼ δὲ κατακλινήσομαι.
ἢν γὰρ μεθυσθῶ, πάντα ταυτὶ καταπάσω
βουλευματίων καὶ γνωμιδίων καὶ νοιδίων. 100 |
NICIAS.
Le mieux, mon bon, c'est notre : « Échappons-nous ! »
DÉMOSTHÈNE.
Mais il n'est pas facile de rien cacher au Paphlagonien ; il a l'oeil à
tout. Une de ses jambes est à Pylos, et l'autre à l'assemblée ; si bien
que, ses jambes ainsi écartées, son derrière est en Chaonie, ses mains
en Étolie et son esprit en Clopidie.
NICIAS.
Le mieux pour nous est donc de mourir. Mais voyons à mourir de la mort
la plus héroïque.
DÉMOSTHÈNE. Mais quelle sera cette mort très héroïque ?
NICIAS. La plus belle pour nous est de boire du sang de taureau.
Une mort comme celle de Thémistocle n'est pas à dédaigner.
DÉMOSTHÈNE.
Oui, par Zeus ! buvons du vin pur à notre Bon Génie, et peut-être
trouverons-nous quelque utile dessein.
NICIAS.
Comment ? Du vin pur ? Tu songes à boire ? Jamais homme ivre a-t-il
trouvé quelque utile dessein ?
DÉMOSTHÈNE.
Vraiment, mon bon ? Tu es un robinet de sottes paroles. Tu oses accuser
le vin de pousser à la démence ? Trouve-moi donc quelque chose de plus
pratique que le vin. Vois-tu ? Quand on a bu, on est riche, on fait ses
affaires, on gagne ses procès, on est en plein bonheur, on rend service
aux amis. Allons, apporte-moi vite une cruche de vin ! Que j'arrose mon
esprit pour trouver une idée ingénieuse !
NICIAS.
Hélas ? Que nous fera ta boisson ?
DÉMOSTHÈNE.
Beaucoup de bien. Apporte-la ; moi je vais m'étendre. Une fois ivre, je
te débiterai sur tout ce qui nous intéresse un tas de petits conseils,
de petites sentences et de petites raisons.
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Νικίας
ὡς εὐτυχῶς ὅτι οὐκ ἐλήφθην ἔνδοθεν
κλέπτων τὸν οἶνον.
Δημοσθένης
εἰπέ μοι Παφλαγὼν τί δρᾷ;
Νικίας
ἐπίπαστα λείξας δημιόπραθ᾽ὁ βάσκανος
ῥέγκει μεθύων ἐν ταῖσι βύρσαις ὕπτιος.
Δημοσθένης
ἴθι νυν ἄκρατον ἐγκάναξόν μοι πολὺν 105
σπονδήν.
Νικίας
λαβὲ δὴ καὶ σπεῖσον ἀγαθοῦ δαίμονος.
Δημοσθένης
ἕλχ᾽ἕλκε τὴν τοῦ δαίμονος τοῦ Πραμνίου.
ὦ δαῖμον ἀγαθὲ σὸν τὸ βούλευμ᾽, οὐκ ἐμόν.
Νικίας
εἴπ᾽, ἀντιβολῶ, τί ἔστι;
Δημοσθένης
τοὺς χρησμοὺς ταχὺ
κλέψας ἔνεγκε τοῦ Παφλαγόνος ἔνδοθεν, 110
ἕως καθεύδει.
Νικίας
ταῦτ᾽. ἀτὰρ τοῦ δαίμονος
δέδοιχ᾽ὅπως μὴ τεύξομαι κακοδαίμονος.
Δημοσθένης
φέρε νυν ἐγὼ μ᾽αὐτῷ προσαγάγω τὸν χοᾶ.
τὸν νοῦν ἵν᾽ἄρδω καὶ λέγω τι δεξιόν.
Νικίας
ὡς μεγάλ᾽ὁ Παφλαγὼν πέρδεται καὶ ῥέγκεται, 115
ὥστ᾽ἔλαθον αὐτὸν τὸν ἱερὸν χρησμὸν λαβών,
ὅνπερ μάλιστ᾽ἐφύλαττεν.
Δημοσθένης
ὦ σοφώτατε.
φέρ᾽αὐτὸν ἵν᾽ἀναγνῶ· σὺ δ᾽ἔγχεον πιεῖν
ἀνύσας τι. φέρ᾽ἴδω τί ἄρ᾽ἔνεστιν αὐτόθι.
ὦ λόγια. δός μοι δὸς τὸ ποτήριον ταχύ. 120
Νικίας
ἰδού. τί φησ᾽ὁ χρησμός;
Δημοσθένης
ἑτέραν ἔγχεον.
Νικίας
ἐν τοῖς λογίοις ἔνεστιν “ἑτέραν ἔγχεον;”
Δημοσθένης
ὦ Βάκι.
Νικίας
τί ἔστι;
Δημοσθένης
δὸς τὸ ποτήριον ταχύ.
Νικίας
πολλῷ γ᾽ὁ Βάκις ἐχρῆτο τῷ ποτηρίῳ.
Δημοσθένης
ὦ μιαρὲ Παφλαγὼν ταῦτ᾽ἄρ᾽ἐφυλάττου πάλαι, 125
τὸν περὶ σεαυτοῦ χρησμὸν ὀρρωδῶν;
Νικίας
τιή;
Δημοσθένης
ἐνταῦθ᾽ἔνεστιν, αὐτὸς ὡς ἀπόλλυται.
Νικίας
καὶ πῶς;
Δημοσθένης
ὅπως; ὁ χρησμὸς ἄντικρυς λέγει
ὡς πρῶτα μὲν στυππειοπώλης γίγνεται,
ὃς πρῶτος ἕξει τῆς πόλεως τὰ πράγματα. 130
Νικίας
εἷς οὑτοσὶ πώλης. τί τοὐντεῦθεν; λέγε.
Δημοσθένης
μετὰ τοῦτον αὖθις προβατοπώλης δεύτερος.
Νικίας
δύο τώδε πώλα. καὶ τί τόνδε χρὴ παθεῖν;
Δημοσθένης
κρατεῖν, ἕως ἕτερος ἀνὴρ βδελυρώτερος
αὐτοῦ γένοιτο· μετὰ δὲ ταῦτ᾽ἀπόλλυται. 135
ἐπιγίγνεται γὰρ βυρσοπώλης ὁ Παφλαγών,
ἅρπαξ κεκράκτης Κυκλοβόρου φωνὴν ἔχων.
Νικίας
τὸν προβατοπώλην ἦν ἄρ᾽ἀπολέσθαι χρεὼν
ὑπὸ βυρσοπώλου;
Δημοσθένης
νὴ Δί᾽.
Νικίας
οἴμοι δείλαιος.
πόθεν οὖν ἂν ἔτι γένοιτο πώλης εἶς μόνος; 140
Δημοσθένης
ἔτ᾽ἐστὶν εἷς ὑπερφυᾶ τέχνην ἔχων.
Νικίας
εἴπ᾽, ἀντιβολῶ, τίς ἐστιν;
Δημοσθένης
εἴπω;
Νικίας
νὴ Δία.
Δημοσθένης
ἀλλαντοπώλης ἔσθ᾽ὁ τοῦτον ἐξολῶν.
Νικίας
ἀλλαντοπώλης; ὦ Πόσειδον τῆς τέχνης.
φέρε ποῦ τὸν ἄνδρα τοῦτον ἐξευρήσομεν; 145
Δημοσθένης
ζητῶμεν αὐτόν.
Νικίας
ἀλλ᾽ὁδὶ προσέρχεται
ὥσπερ κατὰ θεὸν εἰς ἀγοράν.
Δημοσθένης
ὦ μακάριε
ἀλλαντοπῶλα, δεῦρο δεῦρ᾽ὦ φίλτατε
ἀνάβαινε σωτὴρ τῇ πόλει καὶ νῷν φανείς.
Ἀλλαντοπώλης
τί ἔστι; τί με καλεῖτε; 150 |
NICIAS.
Il rentre dans la maison et revient avec une cruche. Quelle chance de
n'avoir pas été pris volant ce vin !
DÉMOSTHÈNE.
Dis-moi, le Paphlagonien, que fait-il ?
NICIAS.
Bourré de gâteaux confisqués, le drôle ronfle, cuvant son vin et couché
sur des cuirs.
DÉMOSTHÈNE.
Eh bien, maintenant, verse-moi un plein verre de vin pur, en manière de
libation.
NICIAS.
Prends et fais une libation au Bon Génie : déguste, déguste la liqueur
du Génie de Pramné.
DÉMOSTHÈNE.
Ô Bon Génie, c'est ta volonté et non pas la mienne.
NICIAS.
Dis, je t'en prie, qu'y a-t-il ?
DÉMOSTHÈNE.
Va vite voler les oracles du Paphlagonien endormi, et rapporte-les de la
maison.
NICIAS.
Soit ; mais je crains que ce Bon Génie ne se trouve en être un Mauvais.
DÉMOSTHÈNE.
Et maintenant approche-moi la cruche, pour arroser mon esprit et dire
quelque parole ingénieuse.
NICIAS.
Il sort un instant et il rentre aussitôt. Comme il pète, comme il
ronfle, le Paphlagonien ! Aussi ne m'a-t-il pas surpris dérobant
l'oracle, qu'il garde avec le plus de soin.
DÉMOSTHÈNE.
Ô le plus fin des hommes ! Donne, que je lise. Toi, verse-moi à boire
sans retard. Voyons ce qu'il y a là dedans. Oh ! les oracles ! Donne,
donne-moi vite à boire !
NICIAS.
Voyons, que dit l'oracle ?
DÉMOSTHÈNE.
Verse encore !
NICIAS.
Est-ce qu'il y a dans l'oracle : "Verse encore !"
DÉMOSTHÈNE.
Ô Bacis !
NICIAS.
Qu'y a-t-il ?
DÉMOSTHÈNE.
A boire ! Vite !
NICIAS.
II paraît que Bacis aimait à boire.
DÉMOSTHÈNE.
Ah ! maudit Paphlagonien, voilà donc pourquoi tu gardais depuis si
longtemps l'oracle qui te concerne, tu avais peur !
NICIAS.
De quoi ?
DÉMOSTHÈNE.
Il est dit là comment il doit finir.
NICIAS.
Et comment ?
DÉMOSTHÈNE.
Comment ? L'oracle annonce clairement que d'abord un marchand d'étoupes
doit avoir en main les affaires de la cité.
NICIAS.
Voilà déjà un marchand ! Et ensuite, dis ?
DÉMOSTHÈNE.
Après lui, en second lieu, un marchand de moutons.
NICIAS.
Cela fait deux marchands. Et que lui advient-il à celui-là ?
DÉMOSTHÈNE.
D'être le maître, jusqu'à ce qu'il en arrive un plus scélérat. Alors il
périt, et à sa place arrive le marchand de cuirs, le Paphlagonien
rapace, braillard, à voix de charlatan.
NICIAS.
Il faut donc que le marchand de moutons soit exterminé par le marchand
de cuirs ?
DÉMOSTHÈNE.
Oui, par Zeus !
NICIAS.
Malheureux que je suis ! Où trouver un autre marchand, un seul ?
DÉMOSTHÈNE.
Il en est encore un, qui exerce un métier hors ligne.
NICIAS.
Dis-moi, je t'en prie, qui est-ce ?
DÉMOSTHÈNE.
Tu le veux ?
NICIAS.
Oui, par Zeus !
DÉMOSTHÈNE.
C'est un marchand d'andouilles qui le renversera.
NICIAS.
Un marchand d'andouilles ! Par Poseidon ! le beau métier ! Mais,
dis-moi, où trouverons-nous cet homme ?
DÉMOSTHÈNE.
Cherchons-le.
NICIAS.
Tiens ! le voici qui, grâce aux dieux, s'avance vers l'Agora.
DÉMOSTHÈNE.
Ô bienheureux marchand d'andouilles, viens, viens, mon très cher ;
avance, sauveur de la ville et le nôtre.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Qu'est-ce ? Pourquoi m'appelez-vous ?
|
Δημοσθένης
δεῦρ᾽ἔλθ᾽, ἵνα πύθῃ
ὡς εὐτυχὴς εἶ καὶ μεγάλως εὐδαιμονεῖς.
Νικίας
ἴθι δὴ κάθελ᾽αὐτοῦ τοὐλεὸν καὶ τοῦ θεοῦ
τὸν χρησμὸν ἀναδίδαξον αὐτὸν ὡς ἔχει·
ἐγὼ δ᾽ἰὼν προσκέψομαι τὸν Παφλαγόνα.
Δημοσθένης
ἄγε δὴ σὺ κατάθου πρῶτα τὰ σκεύη χαμαί· 155
ἔπειτα τὴν γῆν πρόσκυσον καὶ τοὺς θεούς.
Ἀλλαντοπώλης
ἰδού· τί ἔστιν;
Δημοσθένης
ὦ μακάρι᾽ὦ πλούσιε,
ὦ νῦν μὲν οὐδεὶς αὔριον δ᾽ὑπέρμεγας,
ὦ τῶν Ἀθηνῶν ταγὲ τῶν εὐδαιμόνων.
Ἀλλαντοπώλης
τί μ᾽ὦγάθ᾽οὐ πλύνειν ἐᾷς τὰς κοιλίας 160
πωλεῖν τε τοὺς ἀλλᾶντας, ἀλλὰ καταγελᾷς;
Δημοσθένης
ὦ μῶρε ποίας κοιλίας; δευρὶ βλέπε.
τὰς στίχας ὁρᾷς τὰς τῶνδε τῶν λαῶν;
Ἀλλαντοπώλης
ὁρῶ.
Δημοσθένης
τούτων ἁπάντων αὐτὸς ἀρχέλας ἔσει,
καὶ τῆς ἀγορᾶς καὶ τῶν λιμένων καὶ τῆς πυκνός· 165
βουλὴν πατήσεις καὶ στρατηγοὺς κλαστάσεις,
δήσεις φυλάξεις, ἐν πρυτανείῳ λαικάσει.
Ἀλλαντοπώλης
ἐγώ;
Δημοσθένης
σὺ μέντοι· κοὐδέπω γε πάνθ᾽ὁρᾷς.
ἀλλ᾽ἐπανάβηθι κἀπὶ τοὐλεὸν τοδὶ
καὶ κάτιδε τὰς νήσους ἁπάσας ἐν κύκλῳ. 170
Ἀλλαντοπώλης
καθορῶ.
Δημοσθένης
τί δαί; τἀμπόρια καὶ τὰς ὁλκάδας;
Ἀλλαντοπώλης
ἔγωγε.
Δημοσθένης
πῶς οὖν οὐ μεγάλως εὐδαιμονεῖς;
ἔτι νῦν τὸν ὀφθαλμὸν παράβαλλ᾽ἐς Καρίαν
τὸν δεξιόν, τὸν δ᾽ἕτερον ἐς Καρχηδόνα.
Ἀλλαντοπώλης
εὐδαιμονήσω δ᾽εἰ διαστραφήσομαι; 175
Δημοσθένης
οὐκ ἀλλὰ διὰ σοῦ ταῦτα πάντα πέρναται.
γίγνει γάρ, ὡς ὁ χρησμὸς οὑτοσὶ λέγει,
ἀνὴρ μέγιστος.
Ἀλλαντοπώλης
εἰπέ μοι καὶ πῶς ἐγὼ
ἀλλαντοπώλης ὢν ἀνὴρ γενήσομαι;
Δημοσθένης
δι᾽αὐτὸ γάρ τοι τοῦτο καὶ γίγνει μέγας, 180
ὁτιὴ πονηρὸς κἀξ ἀγορᾶς εἶ καὶ θρασύς.
Ἀλλαντοπώλης
οὐκ ἀξιῶ ᾽γὼ ᾽μαυτὸν ἰσχύειν μέγα.
Δημοσθένης
οἴμοι τί ποτ᾽ἔσθ᾽ὅτι σαυτὸν οὐ φῂς ἄξιον;
ξυνειδέναι τί μοι δοκεῖς σαυτῷ καλόν.
μῶν ἐκ καλῶν εἶ κἀγαθῶν; 185
Ἀλλαντοπώλης
μὰ τοὺς θεοὺς
εἰ μὴ ᾽κ πονηρῶν γ᾽.
Δημοσθένης
ὦ μακάριε τῆς τύχης
ὅσον πέπονθας ἀγαθὸν ἐς τὰ πράγματα.
Ἀλλαντοπώλης
ἀλλ᾽ὦγάθ᾽οὐδὲ μουσικὴν ἐπίσταμαι
πλὴν γραμμάτων, καὶ ταῦτα μέντοι κακὰ κακῶς.
Δημοσθένης
τουτὶ μόνον σ᾽ἔβλαψεν, ὅτι καὶ κακὰ κακῶς. 190
ἡ δημαγωγία γὰρ οὐ πρὸς μουσικοῦ
ἔτ᾽ἐστὶν ἀνδρὸς οὐδὲ χρηστοῦ τοὺς τρόπους,
ἀλλ᾽εἰς ἀμαθῆ καὶ βδελυρόν. ἀλλὰ μὴ παρῇς
ἅ σοι διδόασ᾽ἐν τοῖς λογίοισιν οἱ θεοί.
Ἀλλαντοπώλης
πῶς δῆτά φησ᾽ὁ χρησμός; 195
Δημοσθένης
εὖ νὴ τοὺς θεοὺς
καὶ ποικίλως πως καὶ σοφῶς ᾐνιγμένος·
ἀλλ᾽ὁπόταν μάρψῃ βυρσαίετος ἀγκυλοχήλης
γαμφηλῇσι δράκοντα κοάλεμον αἱματοπώτην,
δὴ τότε Παφλαγόνων μὲν ἀπόλλυται ἡ σκοροδάλμη,
κοιλιοπώλῃσιν δὲ θεὸς μέγα κῦδος ὀπάζει, 200
αἴ κεν μὴ πωλεῖν ἀλλᾶντας μᾶλλον ἕλωνται. |
DÉMOSTHÈNE.
Viens ici, afin de savoir quelle chance tu as, quel comble de
prospérité.
NICIAS.
Voyons ; débarrasse-le de son étal, et apprends-lui l'oracle du dieu,
quel il est. Moi, je vais avoir l'œil sur le Paphlagonien.
DÉMOSTHÈNE.
Allons, toi, dépose d'abord cet attirail, mets-le à terre ; puis adore
la terre et les dieux.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Soit : qu'est-ce que c'est ?
DÉMOSTHÈNE.
Homme heureux, homme riche ; aujourd'hui rien, demain plus que grand,
chef de la bienheureuse Athènes.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Hé ! mon bon, que ne me laisses-tu laver mes tripes et vendre mes
andouilles, au lieu de te moquer de moi ?
DÉMOSTHÈNE.
Imbécile ! Tes tripes ! Regarde par ici. Vois-tu ces files de peuple ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je les vois.
DÉMOSTHÈNE.
Tu seras le maître de tous ces gens-là ; et celui de l'Agora, des ports,
de la Pnyx ; tu piétineras sur le Conseil, tu casseras les stratèges, tu
les enchaîneras, tu les mettras en prison ; tu feras la débauche dans le
Prytanée.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Moi ?
DÉMOSTHÈNE.
Oui, toi. Et tu ne vois pas encore tout. Monte sur cet étal, et jette
les yeux sur toutes les îles d'alentour.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je les vois.
DÉMOSTHÈNE.
Eh bien ! Et les entrepôts ? Et les navires marchands ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
J'y suis.
DÉMOSTHÈNE.
Comment donc ! N'es-tu pas au comble du bonheur? Maintenant jette l'œil
droit du côté de la Carie, et l'œil gauche du côté de la Chalcédoine.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Effectivement ; me voilà fort heureux de loucher !
DÉMOSTHÈNE.
Mais non : c'est pour toi que se fait tout ce trafic ; car tu vas
devenir, comme le dit cet oracle, un très grand personnage.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Dis-moi, comment moi, un marchand d'andouilles, deviendrai-je un grand
personnage ?
DÉMOSTHÈNE.
C'est pour cela même que tu deviendras grand, parce que tu es un mauvais
drôle, un homme de l'Agora, un impudent.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je ne me crois pas digne d'un si grand pouvoir.
DÉMOSTHÈNE.
Hé ! hé ! pourquoi dis-tu que tu n'en es pas digne ? Tu me parais avoir
conscience que tu n'es pas sans mérite. Es-tu fils de gens beaux et bons
?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
J'en atteste les dieux, je suis de la canaille.
DÉMOSTHÈNE.
Quelle heureuse chance ! Comme cela tourne bien pour tes affaires !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Mais, mon bon, je n'ai pas reçu la moindre éducation ; je connais mes
lettres, et, chose mauvaise, même assez mal.
DÉMOSTHÈNE.
C'est la seule chose qui te fasse du tort, même sue assez mal. La
démagogie ne veut pas d'un homme instruit, ni de mœurs honnêtes ; il lui
faut un ignorant et un infâme. Mais ne laisse pas échapper ce que les
dieux te donnent, d'après leurs oracles.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Que dit donc cet oracle ?
DÉMOSTHÈNE.
De par les dieux, il y a de la finesse et de la sagesse dans son tour
énigmatique : "Oui, quand l'aigle corroyeur, aux serres crochues, aura
saisi dans son bec le dragon stupide, insatiable de sang, ce sera fait
de la saumure à l'ail des Paphlagoniens, et la divinité comblera de
gloire les tripiers, à moins qu'ils ne préfèrent vendre des andouilles."
|
Ἀλλαντοπώλης
πῶς οὖν πρὸς ἐμὲ ταῦτ᾽ἐστίν; ἀναδίδασκέ με.
Δημοσθένης
βυρσαίετος μὲν ὁ Παφλαγών ἐσθ᾽οὑτοσί.
Ἀλλαντοπώλης
τί δ᾽ἀγκυλοχήλης ἐστίν;
Δημοσθένης
αὐτό που λέγει,
ὅτι ἀγκύλαις ταῖς χερσὶν ἁρπάζων φέρει. 205
Ἀλλαντοπώλης
ὁ δράκων δὲ πρὸς τί;
Δημοσθένης
τοῦτο περιφανέστατον.
ὁ δράκων γάρ ἐστι μακρὸν ὅ τ᾽ἀλλᾶς αὖ μακρόν.
εἶθ᾽αἱματοπώτης ἔσθ᾽ὅ τ᾽ἀλλᾶς χὠ δράκων·
τὸν οὖν δράκοντά φησι τὸν βυρσαίετον
ἤδη κρατήσειν, αἴ κε μὴ θαλφθῇ λόγοις. 210
Ἀλλαντοπώλης
τὰ μὲν λόγι᾽αἰκάλλει με· θαυμάζω δ᾽ὅπως
τὸν δῆμον οἷός τ᾽ἐπιτροπεύειν εἴμ᾽ἐγώ.
Δημοσθένης
φαυλότατον ἔργον· ταῦθ᾽ἅπερ ποιεῖς ποίει·
τάραττε καὶ χόρδευ᾽ὁμοῦ τὰ πράγματα
ἅπαντα, καὶ τὸν δῆμον ἀεὶ προσποιοῦ 215
ὑπογλυκαίνων ῥηματίοις μαγειρικοῖς.
τὰ δ᾽ἄλλα σοι πρόσεστι δημαγωγικά,
φωνὴ μιαρά, γέγονας κακῶς, ἀγοραῖος εἶ·
ἔχεις ἅπαντα πρὸς πολιτείαν ἃ δεῖ·
χρησμοί τε συμβαίνουσι καὶ τὸ Πυθικόν. 220
ἀλλὰ στεφανοῦ καὶ σπένδε τῷ Κοαλέμῳ·
χὤπως ἀμυνεῖ τὸν ἄνδρα.
Ἀλλαντοπώλης
καὶ τίς ξύμμαχος
γενήσεταί μοι; καὶ γὰρ οἵ τε πλούσιοι
δεδίασιν αὐτὸν ὅ τε πένης βδύλλει λεώς.
Δημοσθένης
ἀλλ᾽εἰσὶν ἱππῆς ἄνδρες ἀγαθοὶ χίλιοι 225
μισοῦντες αὐτόν, οἳ βοηθήσουσί σοι,
καὶ τῶν πολιτῶν οἱ καλοί τε κἀγαθοί,
καὶ τῶν θεατῶν ὅστις ἐστὶ δεξιός,
κἀγὼ μετ᾽αὐτῶν χὠ θεὸς ξυλλήψεται.
καὶ μὴ δέδιθ᾽· οὐ γάρ ἐστιν ἐξῃκασμένος, 230
ὑπὸ τοῦ δέους γὰρ αὐτὸν οὐδεὶς ἤθελεν
τῶν σκευοποιῶν εἰκάσαι. πάντως γε μὴν
γνωσθήσεται· τὸ γὰρ θέατρον δεξιόν.
Ἀλλαντοπώλης
οἴμοι κακοδαίμων ὁ Παφλαγὼν ἐξέρχεται.
Κλέων
οὔτοι μὰ τοὺς δώδεκα θεοὺς χαιρήσετον, 235
ὁτιὴ ᾽πὶ τῷ δήμῳ ξυνόμνυτον πάλαι.
τουτὶ τί δρᾷ τὸ Χαλκιδικὸν ποτήριον;
οὐκ ἔσθ᾽ὅπως οὐ Χαλκιδέας ἀφίστατον.
ἀπολεῖσθον ἀποθανεῖσθον ὦ μιαρωτάτω.
Δημοσθένης
οὗτος τί φεύγεις; οὐ μενεῖς; ὦ γεννάδα 240
ἀλλαντοπῶλα μὴ προδῷς τὰ πράγματα.
ἄνδρες ἱππῆς παραγένεσθε· νῦν ὁ καιρός. ὦ Σίμων,
ὦ Παναίτι᾽οὐκ ἐλᾶτε πρὸς τὸ δεξιὸν κέρας;
ἅνδρες ἐγγύς. ἀλλ᾽ἀμύνου κἀπαναστρέφου πάλιν.
ὁ κονιορτὸς δῆλος αὐτῶν ὡς ὁμοῦ προσκειμένων. 245
ἀλλ᾽ἀμύνου καὶ δίωκε καὶ τροπὴν αὐτοῦ ποιοῦ.
Χορός Ἱππεῶν
παῖε παῖε τὸν πανοῦργον καὶ ταραξιππόστρατον
καὶ τελώνην καὶ φάραγγα καὶ Χάρυβδιν ἁρπαγῆς,
καὶ πανοῦργον καὶ πανοῦργον· πολλάκις γὰρ αὔτ᾽ἐρῶ.
καὶ γὰρ οὗτος ἦν πανοῦργος πολλάκις τῆς ἡμέρας. 250
ἀλλὰ παῖε καὶ δίωκε καὶ τάραττε καὶ κύκα
καὶ βδελύττου, καὶ γὰρ ἡμεῖς, κἀπικείμενος βόα·
εὐλαβοῦ δὲ μὴ ᾽κφύγῃ σε· καὶ γὰρ οἶδε τὰς ὁδούς,
ἅσπερ Εὐκράτης ἔφευγεν εὐθὺ τῶν κυρηβίων. |
LE
MARCHAND D'ANDOUILLES.
En quoi cela me regarde-t-il ? Apprends-le-moi.
DÉMOSTHÈNE.
L'aigle corroyeur, c'est ce Paphlagonien.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Que signifie : "Aux serres crochues" ?
DÉMOSTHÈNE.
Cela veut dire qu'avec ses mains crochues il enlève et emporte tout.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et le dragon ?
DÉMOSTHÈNE.
C'est ce qu'il y a de plus clair : le dragon est long, le boudin aussi,
et boudin et dragon se remplissent de sang. Or, l'oracle dit que l'aigle
corroyeur sera dompté par le dragon, si celui-ci ne se laisse pas
enjôler par des mots.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Oui, l'oracle me désigne ; mais j'admire comment je serai capable de
gouverner Démos.
DÉMOSTHÈNE.
Tout ce qu'il y a de plus simple. Fais ce que tu fais brouille toutes
les affaires comme tes tripes; amadoue Démos en l'édulcorant par des
propos de cuisine : tu as tout ce qui fait un démagogue, voix canaille,
nature perverse, langage des halles : tu réunis tout ce qu'il faut pour
gouverner. Les oracles sont pour toi, y compris celui de la Pythie.
Couronne-toi, fais des libations à la Sottise, et lutte contre notre
homme.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Qui sera mon allié ? Car les riches le craignent, et les pauvres en ont
peur.
DÉMOSTHÈNE.
Mais il y a les Chevaliers, braves gens au nombre de mille, qui l'ont en
haine : ils te viendront en aide, et avec eux les citoyens beaux et
bons, les spectateurs sensés, moi et le dieu. Ne crains rien : tu ne
verras pas ses traits. Pris de peur, aucun artiste n'a voulu faire son
masque; on le reconnaîtra tout de même : le public n'est pas bête.
NICIAS.
Malheur à moi ! Le Paphlagonien sort.
CLÉON.
Non, par les douze dieux, vous n'aurez pas à vous réjouir vous deux qui,
depuis longtemps, conspirez contre Démos. Que fait là cette coupe de
Chalcis? Pas de doute que vous n'excitiez les Chalcidiens à la révolte.
Vous mourrez, vous périrez, couple infâme !
DÉMOSTHÈNE.
Hé ! l'homme ! Tu fuis, tu ne restes pas là ? Brave marchand
d'andouilles, ne gâte pas nos affaires. Citoyens Chevaliers, accourez :
c'est le moment. Hé ! Simon, Panétios, n'appuyez-vous pas l'aile droite
? Voici nos hommes. Toi, tiens bon, et fais volte-face. La poussière
qu'ils soulèvent annonce leur approche. Oui, tiens ferme, repousse
l'ennemi et mets-le en fuite.
LE CHOEUR.
Frappe, frappe ce vaurien, ce trouble-rang des Chevaliers, ce
concussionnaire, ce gouffre, cette Charybde de rapines, ce vaurien, cet
archivaurien! Je me plais à le dire plusieurs fois; car il est vaurien
plusieurs fois par jour. Oui, frappe, poursuis, mets-le aux abois,
extermine. Hais-le comme nous le haïssons ; crie à ses trousses!
Prends-garde qu'il ne t'échappe, vu qu'il connaît les passes par
lesquelles Eucrate s'est sauvé droit dans du son.
|
Κλέων
ὦ γέροντες ἡλιασταί, φράτερες τριωβόλου, 255
οὓς ἐγὼ βόσκω κεκραγὼς καὶ δίκαια κἄδικα,
παραβοηθεῖθ᾽, ὡς ὑπ᾽ἀνδρῶν τύπτομαι ξυνωμοτῶν.
Χορός
ἐν δίκῃ γ᾽, ἐπεὶ τὰ κοινὰ πρὶν λαχεῖν κατεσθίεις,
κἀποσυκάζεις πιέζων τοὺς ὑπευθύνους σκοπῶν,
ὅστις αὐτῶν ὠμός ἐστιν ἢ πέπων ἢ μὴ πέπων, 260
κἄν τιν᾽αὐτῶν γνῷς ἀπράγμον᾽ὄντα καὶ κεχηνότα,
καταγαγὼν ἐκ Χερρονήσου διαβαλὼν ἀγκυρίσας
εἶτ᾽ἀποστρέψας τὸν ὦμον αὐτὸν ἐνεκολήβασας·
καὶ σκοπεῖς γε τῶν πολιτῶν ὅστις ἐστὶν ἀμνοκῶν,
πλούσιος καὶ μὴ πονηρὸς καὶ τρέμων τὰ πράγματα. 265
Κλέων
ξυνεπίκεισθ᾽ὑμεῖς; ἐγὼ δ᾽ἄνδρες δι᾽ὑμᾶς τύπτομαι,
ὅτι λέγειν γνώμην ἔμελλον ὡς δίκαιον ἐν πόλει
ἑστάναι μνημεῖον ὑμῶν ἐστιν ἀνδρείας χάριν.
Χορός
ὡς δ᾽ἀλαζών, ὡς δὲ μάσθλης· εἶδες οἷ᾽ὑπέρχεται
ὡσπερεὶ γέροντας ἡμᾶς καὶ κοβαλικεύεται; 270
ἀλλ᾽ἐὰν ταύτῃ γε νικᾷ, ταυτῃὶ πεπλήξεται·
ἢν δ᾽ὑπεκκλίνῃ γε δευρί, τὸ σκέλος κυρηβάσει.
Κλέων
ὦ πόλις καὶ δῆμ᾽ὑφ᾽οἵων θηρίων γαστρίζομαι.
Χορός
καὶ κέκραγας, ὥσπερ ἀεὶ τὴν πόλιν καταστρέφει;
Κλέων
ἀλλ᾽ἐγώ σε τῇ βοῇ ταύτῃ γε πρῶτα τρέψομαι. 275
Χορός
ἀλλ᾽ἐὰν μέντοι γε νικᾷς τῇ βοῇ, τήνελλος εἶ·
ἢν δ᾽ἀναιδείᾳ παρέλθῃ σ᾽, ἡμέτερος ὁ πυραμοῦς.
Κλέων
τουτονὶ τὸν ἄνδρ᾽ἐγὼ ᾽νδείκνυμι, καὶ φήμ᾽ἐξάγειν
ταῖσι Πελοποννησίων τριήρεσι ζωμεύματα.
Ἀλλαντοπώλης
ναὶ μὰ Δία κἄγωγε τοῦτον, ὅτι κενῇ τῇ κοιλίᾳ 280
ἐσδραμὼν ἐς τὸ πρυτανεῖον, εἶτα πάλιν ἐκθεῖ πλέᾳ.
Δημοσθένης
νὴ Δί᾽ἐξάγων γε τἀπόρρηθ᾽, ἅμ᾽ἄρτον καὶ κρέας
καὶ τέμαχος, οὗ Περικλέης οὐκ ἠξιώθη πώποτε.
Κλέων
ἀποθανεῖσθον αὐτίκα μάλα.
Ἀλλαντοπώλης
τριπλάσιον κεκράξομαί σου. 285
Κλέων
καταβοήσομαι βοῶν σε.
Ἀλλαντοπώλης
κατακεκράξομαί σε κράζων.
Κλέων
διαβαλῶ σ᾽ἐὰν στρατηγῇς.
Ἀλλαντοπώλης
κυνοκοπήσω σου τὸ νῶτον.
Κλέων
περιελῶ σ᾽ἀλαζονείαις. 290
Ἀλλαντοπώλης
ὑποτεμοῦμαι τὰς ὁδούς σου.
Κλέων
βλέψον ἔς μ᾽ἀσκαρδάμυκτος.
Ἀλλαντοπώλης
ἐν ἀγορᾷ κἀγὼ τέθραμμαι.
Κλέων
διαφορήσω σ᾽εἴ τι γρύξει.
Ἀλλαντοπώλης
κοπροφορήσω σ᾽εἰ λαλήσεις. 295
Κλέων
ὁμολογῶ κλέπτειν· σὺ δ᾽οὐχί.
Ἀλλαντοπώλης
νὴ τὸν Ἑρμῆν τὸν ἀγοραῖον,
κἀπιορκῶ γε βλεπόντων.
Κλέων
ἀλλότρια τοίνυν σοφίζει,
καὶ φανῶ σε τοῖς πρυτάνεσιν 300
ἀδεκατεύτους τῶν θεῶν ἱερὰς
χοντα κοιλίας.
Χορός
ὦ μιαρὲ καὶ βδελυρὲ “καὶ κεκράκτα”, τοῦ σοῦ θράσους
πᾶσα μὲν γῆ πλέα, πᾶσα δ᾽ἐκκλησία, καὶ τέλη 305
καὶ γραφαὶ καὶ δικαστήρι᾽, ὦ βορβοροτάραξι καὶ
τὴν πόλιν ἅπασαν ἡμῶν ἀνατετυρβακώς, 310
ὅστις ἡμῶν τὰς Ἀθήνας ἐκκεκώφωκας βοῶν,
κἀπὸ τῶν πετρῶν ἄνωθεν τοὺς φόρους θυννοσκοπῶν. 313 |
CLÉON.
Vieillards héliastes, confrères du triobole, vous que je nourris de mes
criailleries, en mêlant le juste et l'injuste, venez à mon aide, je suis
battu par des conspirateurs.
LE CHOEUR.
Et c'est justice, puisque tu dévores les fonds publics, avant le
partage, que tu tâtes les accusés comme on tâte un figuier, pour voir
ceux qui sont encore verts, ou plus ou moins mûrs, et que, si tu en sais
un insouciant et bonasse, tu le fais venir de la Chersonèse, tu le
saisis par le milieu du corps, tu lui prends le cou sous ton bras, puis,
lui renversant l'épaule en arrière, tu le fais tomber et tu l'avales. Tu
guettes aussi, parmi les citoyens, quiconque est d'humeur moutonnière,
riche, pas méchant et tremblant devant les affaires.
CLÉON.
Vous vous coalisez ? Et moi, citoyens, c'est à cause de vous que je suis
battu, parce que j'allais proposer, comme un acte de justice, d'élever
dans la ville un monument à votre bravoure.
LE CHOEUR.
Qu'il est donc hâbleur, et souple comme un cuir ! Voyez, il rampe auprès
de nous autres vieillards, pour nous friponner ; mais, s'il réussit d'un
côté, il échouera de l'autre; et, s'il se tourne par ici, il s'y cassera
la jambe.
CLÉON, battu.
Ô ville, ô peuple, voyez par quelles bêtes féroces je suis éventré !
LE CHOEUR.
Tu cries à ton tour, toi qui ne cesses de bouleverser la ville ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES, reparaissant.
Oh ! Moi, par mes cris, je l'aurai bientôt mis en fuite.
LE CHOEUR.
Ah ! si tu cries plus fort que lui, tu es digne de l'hymne triomphal ;
mais, si tu le surpasses en impudence, à nous le gâteau au miel.
CLÉON.
Je te dénonce cet homme, et je dis qu'il exporte ses sauces pour les
trières des Péloponnésiens.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et. moi, par Zeus ! je te dénonce cet homme, qui court au Prytanée le
ventre vide, et qui en revient le ventre plein.
DÉMOSTHÈNE.
Et, par Zeus ! il en rapporte des mets interdits, pain, viande, poisson
; ce à quoi Périclès n'a jamais été autorisé.
CLÉON.
A mort, tout de suite !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je crierai trois fois plus fort que toi.
CLÉON.
Mes cris domineront tes cris.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Mes beuglements tes beuglements.
CLÉON.
Je te dénoncerai, si tu deviens stratège.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
e te résisterai comme un chien.
CLÉON.
Je rabattrai tes vanteries.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je déjouerai tes ruses.
CLÉON.
Ose donc me regarder en face.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et moi aussi j'ai été élevé sur l'Agora.
CLÉON.
Je te mettrai en pièces, si tu grognes.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je te couvrirai de merde, si tu parles.
CLÉON.
Je conviens que je suis un voleur. Et toi ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Par Hermès Agoréen ! je me parjure, même devant ceux qui m'ont vu.
CLÉON.
C'est donc que tu t'attribues à faux le mérite des autres. Je tes
dénonce aux Prytanes comme possédant des tripes sacrées, qui n'ont pas
payé la dîme.
LE CHOEUR.
Infâme, scélérat, braillard, tout le pays est plein de ton impudence,
l'assemblée entière, les finances, les greffes, les tribunaux. Agitateur
brouillon, tu as rempli toute la cité de désordre, et tu as assourdi
notre Athènes de tes cris ; d'une roche élevée tu as l'œil sur les
revenus, comme un pêcheur sur des thons.
|
Κλέων
οἶδ᾽ἐγὼ τὸ πρᾶγμα τοῦθ᾽ὅθεν πάλαι καττύεται.
Ἀλλαντοπώλης
εἰ δὲ μὴ σύ γ᾽οἶσθα κάττυμ᾽, οὐδ᾽ἐγὼ χορδεύματα, 315
ὅστις ὑποτέμνων ἐπώλεις δέρμα μοχθηροῦ βοὸς
τοῖς ἀγροίκοισιν πανούργως, ὥστε φαίνεσθαι παχύ,
καὶ πρὶν ἡμέραν φορῆσαι μεῖζον ἦν δυοῖν δοχμαῖν.
Δημοσθένης
νὴ Δία κἀμὲ τοῦτ᾽ἔδρασε ταὐτόν, ὥστε κατάγελων
πάμπολυν τοῖς δημόταισι καὶ φίλοις παρασχεθεῖν· 320
πρὶν γὰρ εἶναι Περγασῆσιν ἔνεον ἐν ταῖς ἐμβάσιν.
Χορός
ἆρα δῆτ᾽οὐκ ἀπ᾽ἀρχῆς ἐδήλους ἀναίδειαν,
ἥπερ μόνη προστατεῖ ῥητόρων; 325
ᾗ σὺ πιστεύων ἀμέλγεις τῶν ξένων τοὺς καρπίμους,
πρῶτος ὤν· ὁ δ᾽Ἱπποδάμου λείβεται θεώμενος.
ἀλλ᾽ἐφάνη γὰρ ἀνὴρ ἕτερος πολὺ
σοῦ μιαρώτερος, ὥστε με χαίρειν,
ὅς σε παύσει καὶ πάρεισι, δῆλός ἐστιν αὐτόθεν, 330
πανουργίᾳ τε καὶ θράσει
καὶ κοβαλικεύμασιν.
ἀλλ᾽ὦ τραφεὶς ὅθενπέρ εἰσιν ἄνδρες οἵπερ εἰσίν,
νῦν δεῖξον ὡς οὐδὲν λέγει τὸ σωφρόνως τραφῆναι.
Ἀλλαντοπώλης
καὶ μὴν ἀκούσαθ᾽οἷός ἐστιν οὑτοσὶ πολίτης. 335
Κλέων
οὐκ αὖ μ᾽ἐάσεις;
Ἀλλαντοπώλης
μὰ Δί᾽ἐπεὶ κἀγὼ πονηρός εἰμι.
Χορός
ἐὰν δὲ μὴ ταύτῃ γ᾽ὑπείκῃ, λέγ᾽ὅτι κἀκ πονηρῶν.
Κλέων
οὐκ αὖ μ᾽ἐάσεις;
Ἀλλαντοπώλης
μὰ Δία.
Κλέων
ναὶ μὰ Δία.
Ἀλλαντοπώλης
μὰ τὸν Ποσειδῶ.
ἀλλ᾽αὐτὸ περὶ τοῦ πρότερος εἰπεῖν πρῶτα διαμαχοῦμαι.
Κλέων
οἴμοι διαρραγήσομαι. 340
Ἀλλαντοπώλης
καὶ μὴν ἐγὼ οὐ παρήσω.
Χορός
πάρες πάρες πρὸς τῶν θεῶν αὐτῷ διαρραγῆναι.
Κλέων
τῷ καὶ πεποιθὼς ἀξιοῖς ἐμοῦ λέγειν ἔναντα;
Ἀλλαντοπώλης
ὁτιὴ λέγειν οἷός τε κἀγὼ καὶ καρυκοποιεῖν.
Κλέων
ἰδοὺ λέγειν. καλῶς γ᾽ἂν οὖν σὺ πρᾶγμα προσπεσόν σοι
ὠμοσπάρακτον παραλαβὼν μεταχειρίσαιο χρηστῶς. 345
ἀλλ᾽οἶσθ᾽ὅπερ πεπονθέναι δοκεῖς; ὅπερ τὸ πλῆθος.
εἴ που δικίδιον εἶπας εὖ κατὰ ξένου μετοίκου,
τὴν νύκτα θρυλῶν καὶ λαλῶν ἐν ταῖς ὁδοῖς σεαυτῷ,
ὕδωρ τε πίνων κἀπιδεικνὺς τοὺς φίλους τ᾽ἀνιῶν,
ᾤου δυνατὸς εἶναι λέγειν. ὦ μῶρε τῆς ἀνοίας. 350
Ἀλλαντοπώλης
τί δαὶ σὺ πίνων τὴν πόλιν πεποίηκας, ὥστε νυνὶ
ὑπὸ σοῦ μονωτάτου κατεγλωττισμένην σιωπᾶν;
Κλέων
ἐμοὶ γὰρ ἀντέθηκας ἀνθρώπων τίν᾽; ὅστις εὐθὺς
θύννεια θερμὰ καταφαγών, κᾆτ᾽ἐπιπιὼν ἀκράτου
οἴνου χοᾶ κασαλβάσω τοὺς ἐν Πύλῳ στρατηγούς. 355 |
CLÉON.
Je connais cette affaire et où depuis longtemps elle a été ressemelée.
LE MARCHAND D ANDOUILLES.
Si tu ne te connaissais pas en ressemelage, moi je n'entendrais rien aux
andouilles. C'est toi qui coupais obligeamment le cuir d'un mauvais
bœuf, pour le vendre aux paysans, après une préparation frauduleuse, qui
le faisait paraître épais. Ils ne l'avaient pas porté un jour, qu'il
s'allongeait de deux palmes.
DÉMOSTHÈNE.
Par Zeus ! il m'a joué le même tour, si bien que je devins la risée
complète de mes voisins et de mes amis car, avant d'arriver à Pergasè,
je nageais dans mes souliers.
LE CHOEUR.
N'as-tu pas, dès le début, étalé ton impudence, qui est l'unique force
des orateurs ? Tu la pousses jusqu'à traire les étrangers opulents, toi
le chef de l'État. Aussi, à ta vue, le fils de Hippodamos fond-il en
larmes. Mais voici un autre homme, bien pire que toi, qui me ravit l'âme
; il t'élimine, il te surpasse, c'est facile à voir, en perversité, en
effronterie, en tours de passe-passe. Allons, toi, qui as été élevé à
l'école d'où sortent tous les grands hommes, montre donc qu'une
éducation sensée ne signifie rien.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Alors, écoutez quel est ce citoyen-là.
CLÉON.
Ne me laisseras-tu point parler ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Non, de par Zeus ! je suis aussi mauvais que toi.
LE CHOEUR.
S'il ne cède pas â cette raison, dis qu'il est de mauvaise lignée.
CLÉON.
Tu ne me laisseras point parler ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Non, de par Zeus !
CLÉON.
Mais si, de par Zeus !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Non, par Poseidon ! Mais qui parlera le premier, c'est ce que je
commencerai par débattre.
CLÉON.
Oh ! j'en crèverai.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Non, je ne te laisserai pas.
LE CHOEUR.
Laisse-le donc, au nom des dieux, laisse-le crever !
CLÉON.
Mais d'où te vient cette hardiesse de me contredire en face ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
De ce que je me sens capable de parler et de cuisiner.
CLÉON.
De parler ! Ah! vraiment, s'il te tombait quelque affaire, tu saurais la
découper dans le vif et l'accommoder comme il faut ; mais veux-tu savoir
ce qu'il me semble que tu as éprouvé ? Ce qui arrive à tout le monde.
Si, par hasard, tu as gagné une toute petite cause contre un métèque,
durant la nuit, tu t'es mis à marmotter, à te parler à toi-même dans les
rues, buvant de l'eau, importunant tes amis ; et tu te figures que tu es
capable de parler ? Pauvre fou !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et que bois-tu donc, toi, pour que, maintenant, la ville, abasourdie par
ton unique bavardage, soit réduite au silence ?
CLÉON.
Mais quel homme m'opposerais-tu, à moi ? Aussitôt que j'aurai avalé du
thon chaud, et bu par là-dessus une coupe de vin pur, je me moquerai des
stratèges de Pylos.
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Ἀλλαντοπώλης
ἐγὼ δέ γ᾽ἤνυστρον βοὸς καὶ κοιλίαν ὑείαν
καταβροχθίσας κᾆτ᾽ἐπιπιὼν τὸν ζωμὸν ἀναπόνιπτος
λαρυγγιῶ τοὺς ῥήτορας καὶ Νικίαν ταράξω.
Χορός
τὰ μὲν ἄλλα μ᾽ἤρεσας λέγων·. ἓν δ᾽οὐ προσίεταί με,
τῶν πραγμάτων ὁτιὴ μόνος τὸν ζωμὸν ἐκροφήσει. 360
Κλέων
ἀλλ᾽οὐ λάβρακας καταφαγὼν Μιλησίους κλονήσεις.
Ἀλλαντοπώλης
ἀλλὰ σχελίδας ἐδηδοκὼς ὠνήσομαι μέταλλα.
Κλέων
ἐγὼ δ᾽ἐπεσπηδῶν γε τὴν βουλὴν βίᾳ κυκήσω.
Ἀλλαντοπώλης
ἐγὼ δὲ κινήσω γέ σου τὸν πρωκτὸν ἀντὶ φύσκης.
Κλέων
ἐγὼ δέ γ᾽ἐξέλξω σε τῆς πυγῆς θύραζε κύβδα. 365
Χορός
νὴ τὸν Ποσειδῶ κἀμέ τἄρ᾽, ἤνπερ γε τοῦτον ἕλκῃς.
Κλέων
οἷόν σε δήσω <᾽ν> τῷ ξύλῳ.
Ἀλλαντοπώλης
διώξομαί σε δειλίας.
Κλέων
ἡ βύρσα σου θρανεύσεται.
Ἀλλαντοπώλης
δερῶ σε θύλακον κλοπῆς. 370
Κλέων
διαπατταλευθήσει χαμαί.
Ἀλλαντοπώλης
περικόμματ᾽ἔκ σου σκευάσω.
Κλέων
τὰς βλεφαρίδας σου παρατιλῶ.
Ἀλλαντοπώλης
τὸν πρηγορεῶνά σοὐκτεμῶ.
Δημοσθένης
καὶ νὴ Δί᾽ἐμβαλόντες αὐτῷ 375
πάτταλον μαγειρικῶς
ἐς τὸ στόμ᾽, εἶτα δ᾽ἔνδοθεν
τὴν γλῶτταν ἐξείραντες αὐτοῦ
σκεψόμεσθ᾽εὖ κἀνδρικῶς
κεχηνότος 380
τὸν πρωκτὸν εἰ χαλαζᾷ.
Χορός
ἦν ἄρα πυρός γ᾽ἕτερα θερμότερα καὶ λόγων
ἐν πόλει τῶν ἀναιδῶν ἀναιδέστεροι· καὶ τὸ πρᾶγμ᾽ 385
ἦν ἄρ᾽οὐ φαῦλον ὧδ᾽. . . ἀλλ᾽ἔπιθι καὶ στρόβει,
μηδὲν ὀλίγον ποίει. νῦν γὰρ ἔχεται μέσος·
ὡς ἐὰν νυνὶ μαλάξῃς αὐτὸν ἐν τῇ προσβολῇ,
δειλὸν εὑρήσεις· ἐγὼ γὰρ τοὺς τρόπους ἐπίσταμαι. 390
Ἀλλαντοπώλης
ἀλλ᾽ὅμως οὗτος τοιοῦτος ὢν ἅπαντα τὸν βίον,
κᾆτ᾽ἀνὴρ ἔδοξεν εἶναι, τἀλλότριον ἀμῶν θέρος.
νῦν δὲ τοὺς στάχυς ἐκείνους, οὓς ἐκεῖθεν ἤγαγεν,
ἐν ξύλῳ δήσας ἀφαύει κἀποδόσθαι βούλεται.
Κλέων
οὐ δέδοιχ᾽ὑμᾶς, ἕως ἂν ζῇ τὸ βουλευτήριον 395
καὶ τὸ τοῦ δήμου πρόσωπον μακκοᾷ καθήμενον.
Χορός
ὡς δὲ πρὸς πᾶν ἀναιδεύεται κοὐ μεθίστησι
τοῦ χρώματος τοῦ παρεστηκότος.
εἴ σε μὴ μισῶ, γενοίμην ἐν Κρατίνου κῴδιον, 400
καὶ διδασκοίμην προσᾴδειν Μορσίμου τραγῳδίᾳ.
ὦ περὶ πάντ᾽ἐπὶ πᾶσί τε πράγμασι
δωροδόκοισιν ἐπ᾽ἄνθεσιν ἵζων,
εἴθε φαύλως ὥσπερ ηὗρες ἐκβάλοις τὴν ἔνθεσιν.
ᾄσαιμι γὰρ τότ᾽ἂν μόνον, 405
“πῖνε πῖν᾽ἐπὶ συμφοραῖς”.
τὸν Ἰουλίου τ᾽ἂν οἴομαι γέροντα πυροπίπην
ἡσθέντ᾽ἰηπαιωνίσαι καὶ βακχέβακχον ᾆσαι.
Κλέων
οὔτοί μ᾽ὑπερβαλεῖσθ᾽ἀναιδείᾳ μὰ τὸν Ποσειδῶ,
ἢ μή ποτ᾽ἀγοραίου Διὸς σπλάλχνοισι παραγενοίμην. 410
Ἀλλαντοπώλης
ἔγωγε νὴ τοὺς κονδύλους οὓς πολλὰ δὴ ᾽πὶ πολλοῖς
ἠνεσχόμην ἐκ παιδίων, μαχαιρίδων τε πληγάς,
ὑπερβαλεῖσθαί σ᾽οἴομαι τούτοισιν, ἢ μάτην γ᾽ἂν
ἀπομαγδαλιὰς σιτούμενος τοσοῦτος ἐκτραφείην.
Κλέων
ἀπομαγδαλιὰς ὥσπερ κύων; ὦ παμπόνηρε πῶς οὖν 415
κυνὸς βορὰν σιτούμενος μαχεῖ σὺ κυνοκεφάλλῳ;
Ἀλλαντοπώλης
καὶ νὴ Δί᾽ἄλλα γ᾽ἐστί μου κόβαλα παιδὸς ὄντος.
ἐξηπάτων γὰρ τοὺς μαγείρους ἐπιλέγων τοιαυτί·
“σκέψασθε παῖδες· οὐχ ὁρᾶθ᾽; ὥρα νέα, χελιδών”.
οἱ δ᾽ἔβλεπον, κἀγὼ ᾽ν τοσούτῳ τῶν κρεῶν ἔκλεπτον. 420 |
LE
MARCHAND D'ANDOUILLES.
Moi, quand j'aurai englouti une caillette de bœuf et un ventre de truie,
et, par là-dessus, bu la sauce, à moi seul, je mettrai à mal les
orateurs, et j'épouvanterai Nicias.
DÉMOSTHÈNE.
Tes paroles ne me déplaisent point ; mais il y a une chose qui ne me va
pas dans ces affaires, c'est que tu es seul à boire la sauce.
CLÉON.
Et toi, ce n'est pas en avalant des loups de mer que tu battras les
Milésiens.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Mais si je dévore des côtes de bœuf, je rachèterai nos mines.
CLÉON.
Et moi, je me ruerai sur le Conseil, et j'y mettrai tout en l'air.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et moi, je te tripoterai le derrière en guise d'andouilles.
CLÉON.
Et moi, je t'empoignerai par les fesses et je te jetterai à la porte la
tête en avant.
DÉMOSTHÈNE.
Par Poséidon ! ce ne sera pourtant que quand tu m'y auras jeté.
CLÉON.
Comme je te serrerai dans des entraves de bois !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je t'accuserai de lâcheté.
CLÉON. Je te taillerai en ronds de cuir.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je ferai de ta peau un sac à voleur.
CLÉON.
Je te clouerai par terre.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je te couperai en petits morceaux.
CLÉON.
Je t'arracherai les paupières.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je te crèverai le jabot.
DÉMOSTHÈNE.
De par Zeus! nous lui enfoncerons un morceau de bois dans la bouche,
comme font les cuisiniers, puis nous lui arracherons la langue et nous
examinerons avec soin et hardiment, par sa gorge béante, s'il a de la
ladrerie au derrière.
LE CHOEUR.
Il y a donc ici des choses plus chaudes que le feu et des êtres plus
impudents que l'impudence de certains discours. L'affaire n'est pas sans
importance. Allons, pousse, bouscule, ne fais rien à demi. Tu le tiens à
bras-le-corps s'il mollit, dès le premier choc, tu trouveras en lui un
lâche ; je connais, moi, son caractère.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Tel, en effet, il a été toute sa vie ; il n'a semblé être un homme que
quand il a moissonné la récolte d'autrui maintenant les épis qu'il a
amenés tout engerbés de là-bas, il les fait sécher et il veut les
vendre.
CLÉON.
Je ne vous crains pas, tant qu'il y a un Conseil, et que Démos radote.
LE CHOEUR.
Il dépasse toute impudence, et il ne change pas de couleur ! Si je ne te
hais pas, que je devienne une couverture du lit de Cratinos, et qu'on me
donne un rôle dans une tragédie de Alorsimos ! Ô toi, qui te poses
partout et dans toutes les affaires, pour en tirer profit, comme on
voltige sur des fleurs, puisses-tu rendre ton manger aussi vilainement
que tu l'as trouvé! Car alors seulement je chanterai : "Bois, bois à la
Bonne Fortune !," Je crois que le fils d'Ioulios, ce vieux cupide, se
réjouirait et chanterait : "Io Péan ! Bacchus ! Bacchus !"
CLÉON.
Par Poséidon! vous ne me surpasserez pas en impudence, ou alors que je
n'aie jamais place aux sacrifices de Zeus Agoréen !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et moi, je jure par les coups de poing que j'ai tant de fois reçus, dès
mon enfance, et par les balafres des couteaux, que j'espère l'emporter
dans cette lutte ; ou c'est en vain que je suis devenu si gros, nourri
de boulettes à la crasse.
CLÉON.
De boulettes, comme un chien ! Ô chef-d'œuvre de méchanceté, comment
donc un être nourri de la pâture d'un chien ose-t-il combattre contre un
Cynocéphale ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
De par Zeus ! j'ai fait bien des tours, étant enfant. Entre autres
j'attrapais les cuisiniers en leur disant : "Regardez donc, mes enfants.
Ne voyez-vous pas ? Voici le renouveau, l'hirondelle !" Eux de regarder,
et moi, pendant ce temps-là, de faire main-basse sur les viandes.
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Χορός
ὦ δεξιώτατον κρέας σοφῶς γε προὐνοήσω·
ὥσπερ ἀκαλήφας ἐσθίων πρὸ χελιδόνων ἔκλεπτες.
Ἀλλαντοπώλης
καὶ ταῦτα δρῶν ἐλάνθανόν γ᾽· εἰ δ᾽οὖν ἴδοι τις αὐτῶν,
ἀποκρυπτόμενος ἐς τὼ κοχώνα τοὺς θεοὺς ἀπώμνυν·
ὥστ᾽εἶπ᾽ἀνὴρ τῶν ῥητόρων ἰδών με τοῦτο δρῶντα· 425
“οὐκ ἔσθ᾽ὅπως ὁ παῖς ὅδ᾽οὐ τὸν δῆμον ἐπιτροπεύσει”.
Χορός
εὖ γε ξυνέβαλεν αὔτ᾽· ἀτὰρ δῆλόν γ᾽ἀφ᾽οὗ ξυνέγνω·
ὁτιὴ ᾽πιώρκεις θ᾽ἡρπακὼς καὶ κρέας ὁ πρωκτὸς εἶχεν.
Κλέων
ἐγώ σε παύσω τοῦ θράσους, οἶμαι δὲ μᾶλλον ἄμφω.
ἔξειμι γάρ σοι λαμπρὸς ἤδη καὶ μέγας καθιείς, 430
ὁμοῦ ταράττων τήν τε γῆν καὶ τὴν θάλατταν εἰκῇ.
Ἀλλαντοπώλης
ἐγὼ δὲ συστείλας γε τοὺς ἀλλᾶντας εἶτ᾽ἀφήσω
κατὰ κῦμ᾽ἐμαυτὸν οὔριον, κλάειν σε μακρὰ κελεύσας.
Δημοσθένης
κἄγωγ᾽, ἐάν τι παραχαλᾷ, τὴν ἀντλίαν φυλάξω.
Κλέων
οὔτοι μὰ τὴν Δήμητρα καταπροίξει τάλαντα πολλὰ 435
κλέψας Ἀθηναίων.
Δημοσθένης
ἄθρει καὶ τοῦ ποδὸς παρίει·
ὡς οὗτος ἤδη καικίας καὶ συκοφαντίας πνεῖ.
Ἀλλαντοπώλης
σὲ δ᾽ἐκ Ποτειδαίας ἔχοντ᾽εὖ οἶδα δέκα τάλαντα.
Κλέων
τί δῆτα; βούλει τῶν ταλάντων ἓν λαβὼν σιωπᾶν;
Χορός
ἁνὴρ ἂν ἡδέως λάβοι. τοὺς τερθρίους παρίει· 440
τὸ πνεῦμ᾽ἔλαττον γίγνεται.
Κλέων
φεύξει γραφὰς . . .
ἑκατονταλάντους τέτταρας.
Ἀλλαντοπώλης
σὺ δ᾽ἀστρατείας γ᾽εἴκοσιν,
κλοπῆς δὲ πλεῖν ἢ χιλίας.
Κλέων
ἐκ τῶν ἀλιτηρίων σέ φημι 445
γεγονέναι τῶν τῆς θεοῦ.
Ἀλλαντοπώλης
τὸν πάππον εἶναί φημί σου
τῶν δορυφόρων --
Κλέων
ποίων; φράσον.
Ἀλλαντοπώλης
τῶν Βυρσίνης τῆς Ἱππίου.
Κλέων
κόβαλος εἶ. 450
Ἀλλαντοπώλης
πανοῦργος εἶ.
Χορός
παῖ᾽ἀνδρικῶς.
Κλέων
ἰοὺ ἰού,
τύπτουσί μ᾽οἱ ξυνωμόται.
Χορός
παῖ᾽αὐτὸν ἀνδρειότατα, καὶ
γάστριζε καὶ τοῖς ἐντέροις
καὶ τοῖς κόλοις, 455
χὤπως κολᾷ τὸν ἄνδρα.
ὦ γεννικώτατον κρέας ψυχήν τ᾽ἄριστε πάντων,
καὶ τῇ πόλει σωτὴρ φανεὶς ἡμῖν τε τοῖς πολίταις,
ὡς εὖ τὸν ἄνδρα ποικίλως θ᾽ὑπῆλθες ἐν λόγοισιν.
πῶς ἄν σ᾽ἐπαινέσαιμεν οὕτως ὥσπερ ἡδόμεσθα; 460
Κλέων
ταυτὶ μὰ τὴν Δήμητρά μ᾽οὐκ ἐλάνθανεν
τεκταινόμενα τὰ πράγματ᾽, ἀλλ᾽ἠπιστάμην
γομφούμεν᾽αὐτὰ πάντα καὶ κολλώμενα.
Χορός
οἴμοι σὺ δ᾽οὐδὲν ἐξ ἁμαξουργοῦ λέγεις;
Ἀλλαντοπώλης
οὔκουν μ᾽ἐν Ἄργει γ᾽οἷα πράττεις λανθάνει. 465
πρόφασιν μὲν Ἀργείους φίλους ἡμῖν ποιεῖ,
ἰδίᾳ δ᾽ἐκεῖ Λακεδαιμονίοις ξυγγίγνεται.
καὶ ταῦτ᾽ἐφ᾽οἷσίν ἐστι συμφυσώμενα
ἐγᾦδ᾽· ἐπὶ γὰρ τοῖς δεδεμένοις χαλκεύεται.
Χορός
εὖ γ᾽εὖ γε, χάλκεὐ ἀντὶ τῶν κολλωμένων. 470
Ἀλλαντοπώλης
καὶ ξυγκροτοῦσιν ἄνδρες αὔτ᾽ἐκεῖθεν αὖ,
καὶ ταῦτά μ᾽οὔτ᾽ἀργύριον οὔτε χρυσίον
διδοὺς ἀναπείσεις οὔτε προσπέμπων φίλους,
ὅπως ἐγὼ ταῦτ᾽οὐκ Ἀθηναίοις φράσω.
Κλέων
ἐγὼ μὲν οὖν αὐτίκα μάλ᾽ἐς βουλὴν ἰὼν 475
ὑμῶν ἁπάντων τὰς ξυνωμοσίας ἐρῶ,
καὶ τὰς ξυνόδους τὰς νυκτερινὰς τὰς ἐν πόλει,
καὶ πάνθ᾽ἃ Μήδοις καὶ βασιλεῖ ξυνόμνυτε,
καὶ τἀκ Βοιωτῶν ταῦτα συντυρούμενα.
Ἀλλαντοπώλης
πῶς οὖν ὁ τυρὸς ἐν Βοιωτοῖς ὤνιος; 480
Κλέων
ἐγώ σε νὴ τὸν Ἡρακλέα παραστορῶ.
Χορός
ἄγε δὴ σὺ τίνα νοῦν ἢ τίνα ψυχὴν ἔχεις;
νυνί γε δείξεις, εἴπερ ἀπεκρύψω τότε
ἐς τὼ κοχώνα τὸ κρέας, ὡς αὐτὸς λέγεις·
θεύσει γὰρ ᾄξας ἐς τὸ βουλευτήριον, 485
ὡς οὗτος ἐσπεσὼν ἐκεῖσε διαβαλεῖ
ἡμᾶς ἅπαντας καὶ κράγον κεκράξεται.
Ἀλλαντοπώλης
ἀλλ᾽εἶμι· πρῶτον δ᾽ὡς ἔχω τὰς κοιλίας
καὶ τὰς μαχαίρας ἐνθαδὶ καταθήσομαι.
Δημοσθένης
ἔχε νυν, ἄλειψον τὸν τράχηλον τουτῳί, 490
ἵν᾽ἐξολισθάνειν δύνῃ τὰς διαβολάς.
Ἀλλαντοπώλης
ἀλλ᾽εὖ λέγεις καὶ παιδοτριβικῶς ταυταγί.
Δημοσθένης
ἔχε νυν, ἐπέγκαψον λαβὼν ταδί.
Ἀλλαντοπώλης
τί δαί;
Δημοσθένης
ἵν᾽ἄμεινον ὦ τᾶν ἐσκοροδισμένος μάχῃ.
καὶ σπεῦδε ταχέως. 495
Ἀλλαντοπώλης
ταῦτα δρῶ.
Δημοσθένης
μέμνησό νυν
δάκνειν διαβάλλειν, τοὺς λόφους κατεσθίειν,
χὤπως τὰ κάλλαἰ ἀποφαγὼν ἥξεις πάλιν. |
LE
CHOEUR.
Ô masse de chair astucieuse, quelle prévoyante sagesse ! Comme le
mangeur d'orties, tu faisais ta main, avant le retour des hirondelles.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et en agissant ainsi, j'échappais aux regards : ou, si quelqu'un me
voyait, je cachais la viande entre mes fesses, et je niais au nom des
dieux. Aussi un orateur important me voyant agir ainsi : "Un jour,
dit-il, cet enfant-là gouvernera le peuple."
LE CHOEUR.
Il a prédit juste, et rien de clair comme sa conjecture tu te parjurais,
tu volais et tu avais de la viande au derrière.
CLÉON.
Moi, je mettrai fin à ton audace, ou plutôt, je crois, à la vôtre. Je
fondrai sur toi comme un vent clair et prolongé, bouleversant à la fois
la terre et la mer.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Moi, je ferai un paquet de mes andouilles, et puis je m'abandonnerai à
un courant favorable, en te souhaitant des ennuis sans fin.
DÉMOSTHÈNE.
Et moi, en cas de voie d'eau, je veillerai à la sentine.
CLÉON.
Par Déméter ! ce n'est pas impunément que tu auras volé tant de talents
aux Athéniens.
LE CHOEUR.
Attention ! Cargue un peu la voile ; ce vent de nord-est va souffler la
dénonciation.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je sais très bien que tu as dix talents tirés de Potidée.
CLÉON.
Quoi donc ? Veux-tu recevoir un de ces talents pour te taire ?
DÉMOSTHÈNE.
Notre homme le prendrait volontiers. Lâche les câbles le vent est moins
fort.
CLÉON.
Tu auras à tes trousses quatre procès de cent talents.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et toi vingt pour désertion, et plus de mille pour vols.
CLÉON.
Je dis que tu descends de profanateurs de la Déesse.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je dis que ton grand-père a été doryphore.
CLÉON.
De qui ? Dis.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
De Byrsina, la mère d'Hippias.
CLÉON.
Tu es un imposteur.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et toi un coquin.
LE CHOEUR.
Frappe vigoureusement.
CLÉON.
Aïe ! aïe ! les conjurés m'assomment.
LE CHOEUR.
Frappe-le de toute vigueur ; tape sur le ventre à coups de tripes et de
boyaux : châtie bien notre homme. Ô robuste masse de chair et âme
généreuse entre toutes, tu apparais comme un sauveur à la cité et à nous
les citoyens. Avec quel bonheur tu as daubé notre homme dans tes paroles
! Comment nos louanges égaleraient-elles notre joie ?
CLÉON.
Ah ! par Démâter ! je n'ignorais pas qu'on fabriquait ces intrigues,
mais j'avais l'oeil sur cette charpente et sur cette colle.
LE CHOEUR, au marchand d'andouilles.
Malheur à nous ! Est-ce que tu n'as pas à ton service quelques termes de
charronnage ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je sais ce qui se passe à Argos. Sous prétexte de faire des Argiens nos
amis, il négocie personnellement avec les Lacédémoniens. Et je connais,
moi, les soufflets de la forge : c'est la question des captifs qu'on bat
sur l'enclume.
LE CHOEUR.
Bien, très bien, voilà l'enclume opposée à la colle !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Il y a là-bas des gens qui battent le fer avec toi ; mais tes présents
d'argent et d'or ne pourront m'induire, pas plus que l'envoi de tes
amis, à ne pas dénoncer ta conduite aux Athéniens.
CLÉON.
Moi, je me rends immédiatement au Conseil révéler toute votre
conspiration, vos réunions nocturnes dans la ville : tous vos serments
aux Mèdes et à leur Roi sans compter ce que vous avez fourragé en
Béotie.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Combien donc se vend le fourrage chez les Béotiens
CLÉON.
Ah ! par Héraclès ! je vais te corroyer.
LE CHOEUR.
Voyons, certes, as-tu de l'esprit et de la résolution ? C'est le moment
de le montrer comme le jour où tu cachais, dis-tu, de la viande dans ton
derrière. Hâte-toi de courir à la salle du Conseil ; car il va s'y ruer,
lui, pour nous calomnier en jetant les hauts cris.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
J'y cours ; mais d'abord je vais déposer ici tout de suite ces tripes et
ces couteaux.
DÉMOSTHÈNE.
Maintenant, frotte-toi le cou avec cette graisse, afin que tu puisses en
faire glisser les calomnies.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
C'est bien dit : on en use ainsi chez les maîtres de gymnastique.
DÉMOSTHÈNE.
Maintenant, prends ceci, et avale ! (Il lui donne de l'ail.)
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Pourquoi ?
DÉMOSTHÈNE.
Afin, mon cher, que tu te battes mieux, après avoir mangé de l'ail. Et
hâte-toi ! Vite !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Ainsi fais-je.
DÉMOSTHÈNE.
N'oublie pas maintenant de mordre, de renverser, de ronger la crête, et
ne reviens qu'après lui avoir dévoré le jabot.
|
Χορός
ἄλλ᾽ἴθι χαίρων, καὶ πράξειας
κατὰ νοῦν τὸν ἐμόν, καί σε φυλάττοι
Ζεὺς ἀγοραῖος· καὶ νικήσας 500
αὖθις ἐκεῖθεν πάλιν ὡς ἡμᾶς
ἔλθοις στεφάνοις κατάπαστος.
ὑμεῖς δ᾽ἡμῖν προσέχετε τὸν νοῦν
τοῖς ἀναπαίστοις,
ὦ παντοίας ἤδη Μούσης 505
πειραθέντες καθ᾽ἑαυτούς.
Χορός
εἰ μέν τις ἀνὴρ τῶν ἀρχαίων κωμῳδοδιδάσκαλος ἡμᾶς
ἠνάγκαζεν λέξοντας ἔπη πρὸς τὸ θέατρον παραβῆναι,
οὐκ ἂν φαύλως ἔτυχεν τούτου· νῦν δ᾽ἄξιός ἐσθ᾽ὁ ποιητής,
ὅτι τοὺς αὐτοὺς ἡμῖν μισεῖ τολμᾷ τε λέγειν τὰ δίκαια, 510
καὶ γενναίως πρὸς τὸν τυφῶ χωρεῖ καὶ τὴν ἐριώλην.
ἃ δὲ θαυμάζειν ὑμῶν φησιν πολλοὺς αὐτῷ προσιόντας
καὶ βασανίζειν ὡς οὐχὶ πάλαι χορὸν αἰτοίη καθ᾽ἑαυτόν,
ἡμᾶς ὑμῖν ἐκέλευε φράσαι περὶ τούτου. φησὶ γὰρ ἁνὴρ
οὐχ ὑπ᾽ἀνοίας τοῦτο πεπονθὼς διατρίβειν, ἀλλὰ νομίζων 515
κωμῳδοδιδασκαλίαν εἶναι χαλεπώτατον ἔργον ἁπάντων·
πολλῶν γὰρ δὴ πειρασάντων αὐτὴν ὀλίγοις χαρίσασθαι·
ὑμᾶς τε πάλαι διαγιγνώσκων ἐπετείους τὴν φύσιν ὄντας
καὶ τοὺς προτέρους τῶν ποιητῶν ἅμα τῷ γήρᾳ προδιδόντας·
τοῦτο μὲν εἰδὼς ἅπαθε Μάγνης ἅμα ταῖς πολιαῖς κατιούσαις, 520
ὃς πλεῖστα χορῶν τῶν ἀντιπάλων νίκης ἔστησε τροπαῖα·
πάσας δ᾽ὑμῖν φωνὰς ἱεὶς καὶ ψάλλων καὶ πτερυγίζων
καὶ λυδίζων καὶ ψηνίζων καὶ βαπτόμενος βατραχείοις
οὐκ ἐξήρκεσεν, ἀλλὰ τελευτῶν ἐπὶ γήρως, οὐ γὰρ ἐφ᾽ἥβης,
ἐξεβλήθη πρεσβύτης ὤν, ὅτι τοῦ σκώπτειν ἀπελείφθη· 525
εἶτα Κρατίνου μεμνημένος, ὃς πολλῷ ῥεύσας ποτ᾽ἐπαίνῳ
διὰ τῶν ἀφελῶν πεδίων ἔρρει, καὶ τῆς στάσεως παρασύρων
ἐφόρει τὰς δρῦς καὶ τὰς πλατάνους καὶ τοὺς ἐχθροὺς προθελύμνους·
ᾆσαι δ᾽οὐκ ἦν ἐν ξυμποσίῳ πλὴν “Δωροῖ συκοπέδιλε”,
καὶ “τέκτονες εὐπαλάμων ὕμνων”· οὕτως ἤνθησεν ἐκεῖνος. 530
νυνὶ δ᾽ὑμεῖς αὐτὸν ὁρῶντες παραληροῦντ᾽οὐκ ἐλεεῖτε,
ἐκπιπτουσῶν τῶν ἠλέκτρων καὶ τοῦ τόνου οὐκέτ᾽ἐνόντος
τῶν θ᾽ἁρμονιῶν διαχασκουσῶν· ἀλλὰ γέρων ὢν περιέρρει,
ὥσπερ Κοννᾶς, στέφανον μὲν ἔχων αὖον δίψῃ δ᾽ἀπολωλώς,
ὃν χρῆν διὰ τὰς προτέρας νίκας πίνειν ἐν τῷ πρυτανείῳ, 535
καὶ μὴ ληρεῖν ἀλλὰ θεᾶσθαι λιπαρὸν παρὰ τῷ Διονύσῳ.
οἵας δὲ Κράτης ὀργὰς ὑμῶν ἠνέσχετο καὶ στυφελιγμούς,
ὃς ἀπὸ σμικρᾶς δαπάνης ὑμᾶς ἀριστίζων ἀπέπεμπεν,
ἀπὸ κραμβοτάτου στόματος μάττων ἀστειοτάτας ἐπινοίας·
χοὖτος μέντοι μόνος ἀντήρκει, τοτὲ μὲν πίπτων τοτὲ δ᾽οὐχί. 540
ταῦτ᾽ὀρρωδῶν διέτριβεν ἀεί, καὶ πρὸς τούτοισιν ἔφασκεν
ἐρέτην χρῆναι πρῶτα γενέσθαι πρὶν πηδαλίοις ἐπιχειρεῖν,
κᾆτ᾽ἐντεῦθεν πρῳρατεῦσαι καὶ τοὺς ἀνέμους διαθρῆσαι,
κᾆτα κυβερνᾶν αὐτὸν ἑαυτῷ. τούτων οὖν οὕνεκα πάντων,
ὅτι σωφρονικῶς κοὐκ ἀνοήτως ἐσπηδήσας ἐφλυάρει, 545
αἴρεσθ᾽αὐτῷ πολὺ τὸ ῥόθιον, παραπέμψατ᾽ἐφ᾽ἕνδεκα κώπαις
θόρυβον χρηστὸν ληναΐτην,
ἵν᾽ὁ ποιητὴς ἀπίῃ χαίρων
κατὰ νοῦν πράξας,
φαιδρὸς λάμποντι μετώπῳ. 550
ἵππι᾽ἄναξ Πόσειδον, ᾧ
χαλκοκρότων ἵππων κτύπος
καὶ χρεμετισμὸς ἁνδάνει
καὶ κυανέμβολοι θοαὶ
μισθοφόροι τριήρεις, 555
μειρακίων θ᾽ἅμιλλα λαμπρυνομένων ἐν ἅρμασιν
καὶ βαρυδαιμονούντων,
δεῦρ᾽ἔλθ᾽ἐς χορὸν ὦ χρυσοτρίαιν᾽ὦ
δελφίνων μεδέων Σουνιάρατε, 560
ὦ Γεραίστιε παῖ Κρόνου,
Φαρμίωνί τε φίλτατ᾽ἐκ
τῶν ἄλλων τε θεῶν Ἀθηναίοις
πρὸς τὸ παρεστός.
εὐλογῆσαι βουλόμεσθα τοὺς πατέρας ἡμῶν, ὅτι 565
ἄνδρες ἦσαν τῆσδε τῆς γῆς ἄξιοι καὶ τοῦ πέπλου,
οἵτινες πεζαῖς μάχαισιν ἔν τε ναυφάρκτῳ στρατῷ
πανταχοῦ νικῶντες ἀεὶ τήνδ᾽ἐκόσμησαν πόλιν·
οὐ γὰρ οὐδεὶς πώποτ᾽αὐτῶν τοῦς ἐναντίους ἰδὼν
ἠρίθμησεν, ἀλλ᾽ὁ θυμὸς εὐθὺς ἦν Ἀμυνίας· 570
εἰ δέ που πέσοιεν ἐς τὸν ὦμον ἐν μάχῃ τινί,
τοῦτ᾽ἀπεψήσαντ᾽ἄν, εἶτ᾽ἠρνοῦντο μὴ πεπτωκέναι,
ἀλλὰ διεπάλαιον αὖθις. καὶ στρατηγὸς οὐδ᾽ἂν εἷς
τῶν πρὸ τοῦ σίτησιν ᾔτησ᾽ἐρόμενος Κλεαίνετον·
νῦν δ᾽ἐὰν μὴ προεδρίαν φέρωσι καὶ τὰ σιτία, 575
οὐ μαχεῖσθαί φασιν. ἡμεῖς δ᾽ἀξιοῦμεν τῇ πόλει
προῖκα γενναίως ἀμύνειν καὶ θεοῖς ἐγχωρίοις.
καὶ πρὸς οὐκ αἰτοῦμεν οὐδὲν πλὴν τοσουτονὶ μόνον·
ἤν ποτ᾽εἰρήνη γένηται καὶ πόνων παυσώμεθα,
μὴ φθονεῖθ᾽ἡμῖν κομῶσι μηδ᾽ἀπεστλεγγισμένοις. 580
Ὦ πολιοῦχε Παλλάς, ὦ
τῆς ἱερωτάτης ἁπασῶν
πολέμῳ τε καὶ ποιηταῖς
δυνάμει θ᾽ὑπερφερούσης
μεδέουσα χώρας, 585
δεῦρ᾽ἀφικοῦ λαβοῦσα τὴν
ἐν στρατιαῖς τε καὶ μάχαις
ἡμετέραν ξυνεργὸν
Νίκην, ἣ χορικῶν ἐστιν ἑταίρα
τοῖς τ᾽ἐχθροῖσι μεθ᾽ἡμῶν στασιάζει. 590
νῦν οὖν δεῦρο φάνηθι· δεῖ
γὰρ τοῖς ἀνδράσι τοῖσδε πάσῃ
τέχνῃ πορίσαι σε νίκην
εἴπερ ποτὲ καὶ νῦν.
ἃ ξύνισμεν τοῖσιν ἵπποις, βουλόμεσθ᾽ἐπαινέσαι. 595
ἄξιοι δ᾽εἴσ᾽εὐλογεῖσθαι· πολλὰ γὰρ δὴ πάγματα
ξυνδιήνεγκαν μεθ᾽ἡμῶν, ἐσβολάς τε καὶ μάχας.
ἀλλὰ τἀν τῇ μὲν αὐτῶν οὐκ ἄγαν θαυμάζομεν,
ὡς ὅτ᾽ἐς τὰς ἱππαγωγοὺς εἰσεπήδων ἀνδρικῶς,
πριάμενοι κώθωνας, οἱ δὲ καὶ σκόροδα καὶ κρόμμυα· 600
εἶτα τὰς κώπας λαβόντες ὥσπερ ἡμεῖς οἱ βροτοὶ
ἐμβαλόντες ἀνεβρύαξαν, “ἱππαπαῖ, τίς ἐμβαλεῖ;
ληπτέον μᾶλλον. τί δρῶμεν; οὐκ ἐλᾷς ὦ σαμφόρα;”
ἐξεπήδων τ᾽ἐς Κόρινθον· εἶτα δ᾽οἱ νεώτεροι
ταῖς ὁπλαῖς ὤρυττον εὐνὰς καὶ μετῇσαν στρώματα· 605
ἤσθιον δὲ τοὺς παγούρους ἀντὶ ποίας Μηδικῆς,
εἴ τις ἐξέρποι θύραζε κἀκ βυθοῦ θηρώμενοι·
ὥστ᾽ἔφη Θέωρος εἰπεῖν καρκίνον Κορίνθιον,
“δεινά γ᾽ὦ Πόσειδον εἰ μήτ᾽ἐν βυθῷ δυνήσομαι
μήτε γῇ μήτ᾽ἐν θαλάττῃ διαφυγεῖν τοὺς ἱππέας”. 610 |
LE
CHOEUR.
Vas-y donc gaiement : réussis selon mes vœux et que Zeus te garde !
Puisses-tu revenir vainqueur vers nous, chargé de couronnes ! Et vous
(s'adressant agis spectateurs), prêtez l'oreille à nos anapestes, vous
qui, sur les différents genres consacrés aux Muses, avez exercé votre
esprit.
PARABASE ou CHOEUR.
Si quelqu'un des vieux auteurs comiques m'eût contraint à monter sur le
théâtre pour réciter des vers, il n'y aurait point aisément réussi.
Aujourd'hui notre poète en est digne, parce qu'il a les mêmes haines que
nous, l'audace de dire ce qui est juste et le courage d'affronter le
typhon et la tempête. Il affirme que plusieurs d'entre vous sont venus
lui témoigner leur surprise, et lui demander formellement pourquoi il
est resté si longtemps sans réclamer un Chœur pour lui : il nous a
chargés de vous en dire la raison. Il dit que ses délais ne sont pas un
acte de folie ; il croit que l'art de la comédie est le plus difficile
de tous : un grand nombre s'y essayent ; très peu réussissent. Il
connaît depuis longtemps votre humeur changeante et comment vous
délaissez les anciens poètes quand la vieillesse les prend. Il sait ce
qui est advenu à Magnès, lorsque ses tempes ont blanchi, lui qui dressa
de nombreux trophées en signe de victoire sur ses rivaux. Il vous en fit
entendre sur tous les tons, Joueurs de luth, Oiseaux, Lydiens,
Moucherons, se barbouillant le visage en vert de Grenouilles, cela n'a
servi de rien : il a fini, vieillard, car il n'était plus jeune, par
être rejeté à cause de son âge, parce que sa verve moqueuse l'avait
abandonné. L'auteur se souvient aussi de Cratinos, qui, dans son cours
glorieux, roulait rapide à travers les plaines, dévastant ses bords,
entraînant chênes, platanes et rivaux déracinés. On ne pouvait chanter,
dans un banquet, que : "Doro à la chaussure de figuier", et "Auteurs
d'hymnes élégants", tant ce poète florissait. Aujourd'hui vous le voyez
radoter, et vous n'en avez pas pitié ; les clous d'ambre sont tombés, le
ton est faux, et les harmonies discordantes. Vieillard, il se met à
errer, comme Connas, portant une couronne desséchée, mourant de soif,
lui qui méritait, pour ses anciennes victoires, de boire dans le
Prytanée et, au lieu de radoter, de s'asseoir au théâtre, tout parfumé,
près de Dionysos. Quelles colères, quels sifflets Cratés a supportés de
vous, lui qui vous renvoyait régalés, à peu de frais, pétrissant de sa
bouche délicate les pensées les plus ingénieuses! Et cependant il s'est
maintenu seul, tantôt essuyant une chute, tantôt n'en éprouvant pas.
Ces craintes retenaient toujours notre poète ; et il disait souvent
qu'il faut être rameur, avant de prendre en main le gouvernail ; avoir
gardé la proue et observé les vents, avant de diriger soi-même le
navire. Pour tous ces motifs, dignes d'un homme réservé, qui ne se lance
pas follement dans les niaiseries, soulevez pour lui des flots
d'applaudissements, faites bruire sur onze avirons les acclamations
glorieuses des Lénaca, afin que le poète s'en aille joyeux, ayant réussi
à son gré, et le front rayonnant de bonheur.
Dieu des chevaux, Poseidon, à qui plaît le hennissement sonore des
coursiers aux sabots d'airain, et l'essor des trières salariées aux
éperons noirs, et la lutte des jeunes gens sur leurs chars magnifiques
et ruineux, viens ici vers nos chœurs, ô souverain au trident d'or, roi
des dauphins, dieu du Sounion et du Géréstos, fils de Kronos, ami de
Philémon, et de tous les autres dieux le plus cher aux Athéniens à
l'heure présente.
Nous voulons chanter la gloire de nos pères, parce qu'ils furent des
hommes dignes de cette terre et du péplos, toujours vainqueurs dans les
combats terrestres et navals, honorant leur cité. Jamais aucun d'eux, en
voyant les ennemis, ne les a comptés, mais leur cœur était tout prêt à
combattre. Si l'un d'eux tombait sur l'épaule, dans une mêlée, il
s'essuyait, riait de sa chute, et revenait à la charge. Jamais un
stratège, en ces temps-là, n'aurait demandé à Cléénéte le droit d'être
nourri. Aujourd'hui, si l'on n'obtient pas la préséance et le droit à la
nourriture, on refuse de combattre. Pour nous, nous sommes résolus à
défendre gratuitement et avec courage la patrie et les dieux nationaux,
et nous ne demanderons que cela seul : si la paix arrive et le terme de
nos fatigues, qu'on ne nous refuse pas de laisser croître notre
chevelure et de nous brosser la peau avec la strigile.
Ô protectrice de la cité, Pallas, toi, la très sainte, déesse d'un pays
puissant par la guerre et par le génie de ses poètes, viens et amène
avec toi notre compagne dans les expéditions et dans les batailles, la
Victoire, amie de nos Chœurs et qui lutte dans nos rangs contre les
ennemis. Parais donc ici en ce jour ! Il faut, par tous les moyens,
procurer à ces hommes la victoire, et plus que jamais aujourd'hui. Ce
que nous devons à nos coursiers, nous voulons en faire l'éloge : ils
sont dignes de nos louanges : dans beaucoup d'affaires, ils nous ont
secondés, incursions et combats. Mais n'admirons pas trop ce qu'ils ont
fait sur terre. Disons comme ils se sont bravement lancés sur les
barques de transport, munis de tasses militaires, d'ail et d'oignon ;
saisissant ensuite les rames comme nous autres mortels, se courbant et
s'écriant :
« Hippapai ! qui prendra l'aviron ? Plus d'ardeur ! Que faisons-nous ?
Ne rameras-tu pas, Samphoras ? » Ils firent une descente à Corinthe :
là, les plus jeunes se creusèrent des lits avec leurs sabots et allèrent
chercher des couvertures : ils mangèrent des pagures au lieu de l'herbe
de Médie, soit à leur sortie de l'eau, soit en les poursuivant au fond
de la mer. Aussi Théoros fait-il dire à un crabe de Corinthe : « Il est
cruel, ô Poséidon, que je ne puisse, ni au fond de l'abîme, ni sur
terre, ni sur mer, échapper aux Chevaliers ! »
|
Χορός
ὦ φίλτατ᾽ἀνδρῶν καὶ νεανικώτατε.
ὅσην ἀπὼν παρέσχες ἡμῖν φροντίδα·
καὶ νῦν ἐπειδὴ σῶς ἐλήλυθας πάλιν,
ἄγγειλον ἡμῖν πῶς τὸ πρᾶγμ᾽ἠγωνίσω.
Ἀλλαντοπώλης
τί δ᾽ἄλλο γ᾽εἰ μὴ Νικόβουλος ἐγενόμην; 615
Χορός
νῦν ἄρ᾽ἄξιόν γε πᾶσίν ἐστιν ἐπολολύξαι.
ὦ καλὰ λέγων πολὺ δ᾽ἀμείνον᾽ἔτι τῶν λόγων
ἐργασάμεν᾽, εἴθ᾽ἐπέλθοις
ἅπαντά μοι σαφῶς·
ὡς ἐγώ μοι δοκῶ 620
κἂν μακρὰν ὁδὸν διελθεῖν
ὥστ᾽ἀκοῦσαι. πρὸς τάδ᾽ὦ βέλτιστε
θαρρήσας λέγ᾽, ὡς, ἅπαντες
ἡδόμεσθά σοι. 623β
Ἀλλαντοπώλης
καὶ μὴν ἀκοῦσαί γ᾽ἄξιον τῶν πραγμάτων.
εὐθὺς γὰρ αὐτοῦ κατόπιν ἐνθένδ᾽ἱέμην· 625
ὁ δ᾽ἄρ᾽ἔνδον ἐλασίβροντ᾽ἀναρρηγνὺς ἔπη
τερατευόμενος ἤρειδε κατὰ τῶν ἱππέων,
κρημνοὺς “ἐρείδων” καὶ ξυνωμότας λέγων
πιθανώταθ᾽· ἡ βουλὴ δ᾽ἅπασ᾽ἀκροωμένη
ἐγένεθ᾽ὑπ᾽αὐτοῦ ψευδατραφάξυος πλέα, 630
κἄβλεψε νᾶπυ καὶ τὰ μέτωπ᾽ἀνέσπασεν.
κἄγωγ᾽ὅτε δὴ γ᾽νων ἐνδεχομένην τοὺς λόγους
καὶ τοῖς φενακισμοῖσιν ἐξαπατωμένην,
“ἄγε δὴ Σκίταλοι καὶ Φένακες”, ἦν δ᾽ἐγώ,
“Βερέσχεθοί τε καὶ Κόβαλοι καὶ Μόθων, 635
ἀγορά τ᾽ἐν ᾗ παῖς ὢν ἐπαιδεύθην ἐγώ,
νῦν μοι φράσος καὶ γλῶτταν εὔπορον δότε
φωνήν τ᾽ἀναιδῆ”. ταῦτα φροντίζοντί μοι
ἐκ δεξιᾶς ἀπέπαρδε καταπύγων ἀνήρ.
κἀγὼ προσέκυσα· κᾆτα τῷ πρωκτῷ θενὼν 640
τὴν κιγκλίδ᾽ἐξήραξα κἀναχανὼν μέγα
ἀνέκραγον· “ὦ βουλὴ λόγους ἀγαθοὺς φέρων
εὐαγγελίσασθαι πρῶτον ὑμῖν βούλομαι·
ἐξ οὗ γὰρ ἡμῖν ὁ πόλεμος κατερράγη,
οὐπώποτ᾽ἀφύας εἶδον ἀξιωτέρας”. 645
τῶν δ᾽εὐθέως τὰ πρόσωπα διεγαλήνισεν·
εἶτ᾽ἐστεφάνουν μ᾽εὐαγγέλια· κἀγὼ φρασα
αὐτοῖς ἀπόρρητον ποιησάμενος ταχύ,
ἵνα τὰς ἀφύας ὠνοῖντο πολλὰς τοὐβολοῦ,
τῶν δημιουργῶν ξυλλαβεῖν τὰ τρύβλια. 650
οἱ δ᾽ἀνεκρότησαν καὶ πρὸς ἔμ᾽ἐκεχήνεσαν.
ὁ δ᾽ὑπονοήσας ὁ Παφλαγών, εἰδὼς ἄρα
οἶς ἥδεθ᾽ἡ βουλὴ μάλιστα ῥήμασιν,
γνώμην ἔλεξεν· “ἄνδρες, ἤδη μοι δοκεῖ
ἐπὶ συμφοραῖς ἀγαθαῖσιν εἰσηγγελμέναις 655
εὐαγγέλια θύειν ἑκατὸν βοῦς τῇ θεῷ”.
ἐπένευσεν εἰς ἐκεῖνον ἡ βουλὴ πάλιν.
κἄγωγ᾽ὅτε δὴ γ᾽νων τοῖς βολίτοις ἡττημένος,
διακοσίαισι βουσὶν ὑπερηκόντισα,
τῇ δ᾽Ἀγροτέρᾳ κατὰ χιλιῶν παρῄνεσα 660
εὐχὴν ποιήσασθαι χιμάρων εἰς αὔριον,
αἱ τριχίδες εἰ γενοίαθ᾽ἑκατὸν τοὐβολοῦ.
ἐκαραδόκησεν εἰς ἔμ᾽ἡ βουλὴ πάλιν.
ὁ δὲ ταῦτ᾽ἀκούσας ἐκπλαγεὶς ἐφληνάφα.
κᾆθ᾽εἷλκον αὐτὸν οἱ πρυτάνεις χοἰ τοξόται. 665
οἱ δ᾽ἐθορύβουν περὶ τῶν ἀφύων ἑστηκότες·
ὁ δ᾽ἠντεβόλει γ᾽αὐτοὺς ὀλίγον μεῖναι χρόνον,
“ἵν᾽ἅτθ᾽ὁ κῆρυξ οὑκ Λακεδαίμονος λέγει
πύθησθ᾽, ἀφῖκται γὰρ περὶ σπονδῶν”, λέγων.
οἱ δ᾽ἐξ ἑνὸς στόματος ἅπαντες ἀνέκραγον· 670
“νυνὶ περὶ σπονδῶν; ἐπειδή γ᾽ὦ μέλε
ᾔσθοντο τὰς ἀφύας παρ᾽ἡμῖν ἀξίας.
οὐ δεόμεθα σπονδῶν· ὁ πόλεμος ἑρπέτω”.
ἐκεκράγεσάν τε τοὺς πρυτάνεις ἀφιέναι·
εἶθ᾽ὑπερεπήδων τοὺς δρυφάκτους πανταχῇ. 675
ἐγὼ δὲ τὰ κορίανν᾽ἐπριάμην ὑποδραμὼν
ἅπαντα τά τε γήτεἰ ὅσ᾽ἦν ἐν τἀγορᾷ·
ἔπειτα ταῖς ἀφύαις ἐδίδουν ἡδύσματα
ἀποροῦσιν αὐτοῖς προῖκα κἀχαριζόμην.
οἱ δ᾽ὑπερεπῄνουν ὑπερεπύππαζόν τέ με 680
ἅπαντες οὕτως ὥστε τὴν βουλὴν ὅλην
ὀβολοῦ κοριάννοις ἀναλαβὼν ἐλήλυθα. |
LE
CHŒUR, au marchand d'andouilles.
Ô le plus cher et le plus bouillant des hommes, que ton absence nous a
donné d'inquiétude ! Mais maintenant puisque tu es revenu sain et sauf,
raconte-nous comment la lutte s'est passée.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Qu'y a-t-il autre chose sinon que j'ai été vainqueur au Conseil ?
LE CHOEUR.
C'est donc maintenant qu'il nous convient à tous de pousser des cris.
Oui, tu parles bien ; mais tes actes sont encore au-dessus de tes
paroles. Voyons, raconte-moi tout en détail. Il me semble que je ferais
même une longue route pour t'entendre. Ainsi, excellent homme, parle
avec confiance; nous sommes tous ravis de toi.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Assurément, il est bon d'entendre l'affaire. En sortant d'ici, j'ai
suivi notre homme sur les talons; et lui, à peine entré, faix éclater sa
voix comme un tonnerre, se déchaînant contre les Chevaliers, entassant
contre eux des montagnes et les traitant de conspirateurs, comme si
c'était réel. Le Conseil tout entier, en l'entendant, se laisse gagner
par la mauvaise herbe de ses mensonges ; les regards s'aigrissent, les
sourcils se froncent. Et moi, voyant le Conseil accueillant ses discours
et trompé par ses impostures : « Voyons, m'écrié-je, dieux protecteurs
de la Bassesse, de l'Imposture, de la Sottise, de la Friponnerie, de la
Bouffonnerie, et toi, Agora, où je fus élevé dès l'enfance, donnez-moi
maintenant de l'audace, une langue agile et une voix impudente ! »
Pendant que je fais cette prière, un débauché pète à ma droite, et moi
je me prosterne ; puis, poussant la barre avec mon derrière, je la fais
sauter et, ouvrant une bouche énorme, je m'écrie : « Ô Conseil,
j'apporte de bonnes, d'excellentes nouvelles, et c'est à vous d'abord
que j'en veux faire part. Car, depuis que la guerre s'est déchaînée sur
nous, je n'ai jamais vu les anchois à meilleur marché. » Aussitôt la
sérénité se répand sur les visages et l'on me couronne pour ma bonne
nouvelle. Alors je continue en leur indiquant le secret d'avoir tout de
suite quantité d'anchois pour une obole, qui est d'accaparer les plats
chez les fabricants. Ils applaudissent et restent devant moi bouche bée.
Soupçonnant la chose, le Paphlagonien, qui sait bien aussi le langage
qui plaît le plus au Conseil, émet son avis : « Citoyens, dit-il, je
crois bon, pour les heureux événements qui vous sont annoncés, d'immoler
cent bœufs à la déesse. » Le Conseil l'écoute de nouveau avec faveur ;
et moi, me voyant battu par de la bouse de vache, je porte le nombre à
deux cents bœufs; puis je propose de faire vœu à Agrotera de mille
chèvre, pour le lendemain, si les anchois ne sont qu'à une obole le
cent. Les têtes du Conseil se reportent vers moi. L'autre, entendant ces
mots, en est abasourdi et bat la campagne. Alors les prytanes et les
archers l'entraînent. Quelques-uns se lèvent et devisent bruyamment au
sujet des anchois, tandis que notre homme leur demande en grâce un
instant de délai. « Écoutez au moins, dit-il, ce que ait le héraut des
Lacédémoniens : il est venu pour traiter. » Mais tout le monde crie
d'une seule voix : « Pour traiter maintenant ? Imbécile ! puisqu'ils
savent que les anchois sont chez nous à bon marché, qu'avons-nous besoin
de traités ? Que la guerre suive son cours ! » Les Prytanes crient de
lever la séance, et chacun de sauter par-dessus les barrières de tous
les côtés. Moi, je cours acheter la coriandre et tout ce qu'il y a de
ciboules sur l'Agora, puis j'en donne à ceux qui en ont besoin pour
assaisonner leurs anchois, le tout gratis, et afin de leur être
agréable. Tous m'accablent d'éloges, de caresses, si bien que j'ai dans
ma main le Conseil entier pour une obole de coriandre, et me voici.
|
Χορός
πάντα τοι πέπραγας οἷα χρὴ τὸν εὐτυχοῦντα·
ηὗρε δ᾽ὁ πανοῦργος ἕτερον πολὺ πανουργίαις
μείζοσι κεκασμένον 685
καὶ δόλοισι ποικίλοις
ῥήμασίν θ᾽αἱμύλοις.
ἀλλ᾽ὅπως ἀγωνιεῖ φρόντιζε
τἀπίλοιπ᾽ἄριστα·
συμμάχους δ᾽ἡμᾶς ἔχων εὔνους
ἐπίστασαι πάλαι. 690
Ἀλλαντοπώλης
καὶ μὴν ὁ Παφλαγὼν οὑτοσὶ προσέρχεται,
ὠθῶν κολόκυμα καὶ ταράττων καὶ κυκῶν,
ὡς δὴ καταπιόμενός με. μορμὼ τοῦ θράσους.
Κλέων
εἰ μή σ᾽ἀπολέσαιμ᾽, εἴ τι τῶν αὐτῶν ἐμοὶ
ψευδῶν ἐνείη, διαπέσοιμι πανταχῇ. 695
Ἀλλαντοπώλης
ἥσθην ἀπειλαῖς, ἐγέλασα ψολοκομπίαις,
ἀπεπυδάρισα μόθωνα, περιεκόκκασα.
Κλέων
οὔτοι μὰ τὴν Δήμητρ᾽, ἐὰν μή σ᾽ἐκφάγω
ἐκ τῆσδε τῆς γῆς, οὐδέποτε βιώσομαι.
Ἀλλαντοπώλης
ἣν μὴ κ᾽φάγῃς; ἐγὼ δέ γ᾽, ἢν μή σ᾽ἐκπίω 700
κἀπεκροφήσας αὐτὸς ἐπιδιαρραγῶ.
Κλέων
ἀπολῶ σε νὴ τὴν προεδρίαν τὴν ἐκ Πύλου.
Ἀλλαντοπώλης
ἰδοὺ προεδρίαν· οἷον ὅψομαί σ᾽ἐγὼ
ἐκ τῆς προεδρίας ἔσχατον θεώμενον.
Κλέων
ἐν τῷ ξύλῳ δήσω σε νὴ τὸν οὐρανόν. 705
Ἀλλαντοπώλης
ὡς ὀξύθυμος. φέρε τί σοι δῶ καταφαγεῖν;
ἐπὶ τῷ φάγοις ἥδιστ᾽ἄν; ἐπὶ βαλλαντίῳ;
Κλέων
ἐξαρπάσομαί σου τοῖς ὄνυξι τἄντερα.
Ἀλλαντοπώλης
ἀπονυχιῶ σου τἀν πρυτανείῳ σιτία.
Κλέων
ἕλξω σε πρὸς τὸν δῆμον, ἵνα δῷς μοι δίκην. 710
Ἀλλαντοπώλης
κἀγὼ δέ σ᾽ἕλξω καὶ διαβαλῶ πλείονα.
Κλέων
ἀλλ᾽ὦ πόνηρε σοὶ μὲν οὐδὲν πείθεται·
ἐγὼ δ᾽ἐκείνου καταγελῶ γ᾽ὅσον θέλω.
Ἀλλαντοπώλης
ὡς σφόδρα σὺ τὸν δῆμον σεαυτοῦ νενόμικας.
Κλέων
ἐπίσταμαι γὰρ αὐτὸν οἷς ψωμίζεται. 715
Ἀλλαντοπώλης
κᾆθ᾽ὥσπερ αἱ τίτθαι γε σιτίζεις κακῶς.
μασώμενος γὰρ τῷ μὲν ὀλίγον ἐντίθης,
αὐτὸς δ᾽ἐκείνου τριπλάσιον κατέσπακας.
Κλέων
καὶ νὴ Δί᾽ὑπό γε δεξιότητος τῆς ἐμῆς
δύναμαι ποιεῖν τὸν δῆμον εὐρὺν καὶ στενόν. 720
Ἀλλαντοπώλης
χὠ πρωκτὸς οὑμὸς τουτογὶ σοφίζεται.
Κλέων
οὐκ ὦγάθ᾽ἐν βουλῇ με δόξεις καθυβρίσαι.
ἴωμεν ἐς τὸν δῆμον.
Ἀλλαντοπώλης
οὐδὲν κωλύει·
ἰδοὺ βάδιζε, μηδὲν ἡμᾶς ἰσχέτω.
Κλέων
ὦ Δῆμε δεῦρ᾽ἔξελθε. 725
Ἀλλαντοπώλης
νὴ Δί᾽ὦ πάτερ
ἔξελθε δῆτ᾽.
Κλέων
ὦ Δημίδιον <ὦ> φίλτατον
ἔξελθ᾽, ἵν᾽εἰδῇς οἷα περιυβρίζομαι.
Δῆμος
τίνες οἱ βοῶντες; οὐκ ἄπιτ᾽ἀπὸ τῆς θύρας;
τὴν εἰρεσιώνην μου κατεσπαράξατε.
τίς ὦ Παφλαγὼν ἀδικεῖ σε; 730
Κλέων
διὰ σὲ τύπτομαι
ὑπὸ τουτουὶ καὶ τῶν νεανίσκων.
Δῆμος
τιή;
Κλέων
ὁτιὴ φιλῶ σ᾽ὦ Δῆμ᾽ἐραστής τ᾽εἰμὶ σός.
Δῆμος
σὺ δ᾽εἶ τίς ἐτεόν;
Ἀλλαντοπώλης
ἀντεραστὴς τουτουί,
ἐρῶν πάλαι σου βουλόμενός τέ σ᾽εὖ ποιεῖν,
ἄλλοι τε πολλοὶ καὶ καλοί τε κἀγαθοί. 735
ἀλλ᾽οὐχ οἷοί τ᾽ἐσμὲν διὰ τουτονί. σὺ γὰρ
ὅμοιος εἶ τοῖς παισὶ τοῖς ἐρωμένοις·
τοὺς μὲν καλούς τε κἀγαθοὺς οὐ προσδέχει,
σαυτὸν δὲ λυχνοπώλαισι καὶ νευρορράφοις
καὶ σκυτοτόμοις καὶ βυρσοπώλαισιν δίδως.· 740
Κλέων
εὖ γὰρ ποιῶ τὸν δῆμον.
Ἀλλαντοπώλης
εἰπέ νυν τί δρῶν;
Κλέων
ὅ τι; “τῶν στρατηγῶν ὑποδραμὼν τῶν ἐκ Πύλου”,
πλεύσας ἐκεῖσε, τοὺς Λάκωνας ἤγαγον.
Ἀλλαντοπώλης
ἐγὼ δὲ περιπατῶν γ᾽ἀπ᾽ἐργαστηρίου
ἕψοντος ἑτερου τὴν χύτραν ὑφειλόμην. 745
Κλέων
καὶ μὴν ποιήσας αὐτίκα μάλ᾽ἐκκλησίαν
ὦ Δῆμ᾽ἵν᾽εἰδῇς ὁπότερος νῷν ἐστί σοι
εὐνούστερος, διάκρινον, ἵνα τοῦτον φιλῇς.
Ἀλλαντοπώλης
ναὶ ναὶ διάκρινον δῆτα, πλὴν μὴ ᾽ν τῇ πυκνί.
Δῆμος
οὐκ ἂν καθιζοίμην ἐν ἄλλῳ χωρίῳ. 750
ἀλλ᾽ἐς τὸ πρόσθε. χρὴ παρεῖν᾽ἐς τὴν πύκνα.
Ἀλλαντοπώλης
οἴμοι κακοδαίμων ὡς ἀπόλωλ᾽. ὁ γὰρ γέρων
οἴκοι μὲν ἀνδρῶν ἐστι δεξιώτατος,
ὅταν δ᾽ἐπὶ ταυτησὶ καθῆται τῆς πέτρας,
κέχηνεν ὥσπερ ἐμποδίζων ἰσχάδας. 755 |
LE
CHOEUR.
Tu as agi dans tout cela comme il faut quand on a pour soi la Fortune.
Le fourbe a trouvé un rival mieux pourvu que lui de fourberies, de
toutes sortes de ruses, de paroles décevantes. Mais fais en sorte de
terminer la lutte à ton avantage, sûr d'avoir en nous des alliés dévoués
depuis longtemps.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Voici le Paphlagonien qui s'avance, poussant la vague devant lui,
troublant, bouleversant tout, comme pour m'engloutir. Peste de
l'effronterie !
CLÉON.
Si je ne t'extermine, pour peu qu'il me reste de mes anciens mensonges,
que je m'en aille en morceaux !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je suis ravi de tes menaces, je ris de tes bouffées de jactance, je
danse le mothon, et je chante cocorico !
CLÉON.
Ah! par Déméter ! si je ne te mange pas, sortant de cette terre, que je
meure !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Si tu ne me manges pas ? Et moi, si je ne t'avale pas, et si, après
t'avoir englouti, je ne viens pas à crever !
CLÉON.
Je t'étranglerai, j'en jure par la préséance que m'a conférée Pylos !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Ta préséance ! Quel bonheur pour moi de te voir descendre de ta
préséance au dernier rang des spectateurs !
CLÉON.
Je te mettrai des entraves de bois, j'en atteste le ciel !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Quel emportement ! Voyons, que te donnerais-je bien à marger ? Que
mangerais-tu avec le plus de plaisir ? Une bourse ?
CLÉON.
Je t'arracherai les entrailles avec mes ongles.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je te rognerai les vivres du Prytanée.
CLÉON.
Je te traînerai devant Démos, pour avoir justice de toi.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Moi aussi, je t'y traînerai, et je te dénoncerai encore plus fort.
CLÉON.
Mais, misérable, il ne te croit pas ; et moi je m'en ris autant que je
le veux.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Tu te figures donc que Démos est absolument à toi ?
CLÉON.
C'est que je sais de quoi il faut le régaler.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Tu fais comme les nourrices, tu le nourris mal : mâchant les morceaux,
tu lui en mets un peu dans la bouche, et tu en dévores les trois quarts.
CLÉON.
Par Zeus! je puis, grâce à mon adresse, dilater ou resserrer Démos.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Mon derrière en fait autant.
CLÉON.
Ne crois pas, mon bon, te jouer de moi comme dans le Conseil. Allons
devant Dèmos !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Rien n'empêche. Voyons, marche : que rien ne nous arrête.
CLÉON.
Ô Démos, sors ici.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Par Zeus ! ô mon père, sors ici.
CLÉON.
Sors, ô mon petit Démos, mon cher ami, sors, afin de voir comme on
m'outrage.
DÉMOS.
Quels sont ces braillards ? N'allez-vous pas décamper de ma porte ? Vous
m'avez arraché ma branche d'olivier. Qui donc, Paphlagonien, te fait
injure ?
CLÉON.
C'est à cause de toi que je suis frappé par cet homme et par ces jeunes
gens.
DÉMOS.
Pourquoi ?
CLÉON.
Parce que je t'aime, Démos, et que je suis épris de toi.
DÉMOS, au marchand d'andouilles.
Et toi, au fait, qui es-tu ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Son rival. Il y a longtemps que je t'aime et que je veux te faire du
bien, ainsi qu'un grand nombre de gens qui sont beaux et bons; mais nous
ne le pouvons pas à cause de cet homme. Car toi tu ressembles aux
garçons aimés tu ne reçois pas les gens beaux et bons, et tu te donnes à
des marchands de lanternes, à des savetiers, à des bourreliers, à des
corroyeurs.
CLÉON.
Je fais du bien à Démos.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et comment, dis-le-moi ?
CLÉON.
Supplantant les stratèges qui étaient à Pylos, j'y ai fait voile, et
j'en ai ramené les Laconiens captifs.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et moi, en me promenant, j'ai enlevé d'une boutique la marmite qu'un
autre faisait bouillir.
CLÉON.
Toi, cependant, Démos, hâte-toi de convoquer l'assemblée, pour décider
qui de nous deux t'est le plus dévoué, et pour lui accorder ton amour.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Oui, oui, décide, pourvu que ce ne soit pas sur la Pnyx.
DÉMOS.
Je ne puis siéger dans un autre endroit ; il faut donc, selon la
coutume, se rendre à la Pnyx.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Malheureux que je suis, c'est fait de moi. Chez lui, ce vieillard est le
plus sensé des hommes ; mais, dès qu'il est assis sur ces bancs de
pierre, il est bouche béante, comme s'il attachait des figues par la
queue. (la scène change et représente la Pnyx.)
|
Χορός
νῦν δή σε πάντα δεῖ κάλων ἐξιέναι σεαυτοῦ,
καὶ λῆμα θούριον φορεῖν καὶ λόγους ἀφύκτους
ὅτοισι τόνδ᾽ὑπερβαλεῖ. ποικίλος γὰρ ἁνὴρ
κἀκ τῶν ἀμηχάνων πόρους εὐμήχανος πορίζειν.
πρὸς ταῦθ᾽ὅπως ἔξει πολὺς καὶ λαμπρὸς ἐς τὸν ἄνδρα. 760
ἀλλὰ φυλάττου καὶ πρὶν ἐκεῖνον προσκεῖσθαί σοι πρότερος σὺ
τοὺς δελφῖνας μετεωρίζου καὶ τὴν ἄκατον παραβάλλου.
Κλέων
τῇ μὲν δεσποίνῃ Ἀθηναίᾳ τῇ τῆς πόλεως μεδεούσῃ
εὔχομαι, εἰ μὲν περὶ τὸν δῆμον τὸν Ἀθηναίων γεγένημαι
βέλτιστος ἀνὴρ μετὰ Λυσικλέα καὶ Κύνναν καὶ Σαλαβακχώ, 765
ὥσπερ νυνὶ μηδὲν δράσας δειπνεῖν ἐν πρυτανείῳ·
εἰ δέ σε μισῶ καὶ μὴ περὶ σοῦ μάχομαι μόνος ἀντιβεβηκώς,
ἀπολοίμην καὶ διαπρισθείην κατατμηθείην τε λέπαδνα.
Ἀλλαντοπώλης
κἄγωγ᾽ὦ Δῆμ᾽, εἰ μή σε φιλῶ καὶ μὴ στέργω, κατατμηθεὶς
ἑψοίμην ἐν περικομματίοις· κεἰ μὴ τούτοισι πέποιθας, 770
ἐπὶ ταυτησὶ κατακνησθείην ἐν μυττωτῷ μετὰ τυροῦ,
καὶ τῇ κρεάγρᾳ τῶν ὀρχιπέδων ἑλκοίμην ἐς Κεραμεικόν.
Κλέων
καὶ πῶς ἂν ἐμοῦ μᾶλλόν σε φιλῶν ὦ Δῆμε γένοιτο πολίτης;
ὃς πρῶτα μὲν ἡνίκ᾽ἐβούλευον σοὶ χρήματα πλεῖστ᾽ἀπέδειξα
ἐν τῷ κοινῷ, τοὺς μὲν στρεβλῶν τοὺς δ᾽ἄγχων τοὺς δὲ μεταιτῶν, 775
οὐ φροντίζων τῶν ἰδιωτῶν οὐδενός, εἰ σοὶ χαριοίμην.
Ἀλλαντοπώλης
τοῦτο μὲν ὦ Δῆμ᾽οὐδὲν σεμνόν· κἀγὼ γὰρ τοῦτό σε δράσω.
ἁρπάζων γὰρ τοὺς ἄρτους σοι τοὺς ἀλλοτρίους παραθήσω.
ὡς δ᾽οὐχὶ φιλεῖ σ᾽οὐδ᾽ἔστ᾽εὔνους, τοῦτ᾽αὐτό σε πρῶτα διδάξω,
ἀλλ᾽ἢ διὰ τοῦτ᾽αὔθ᾽ὁτιή σου τῆς ἀνθρακιᾶς ἀπολαύει. 780
σὲ γάρ, ὃς Μήδοισι διεξιφίσω περὶ τῆς χώρας Μαραθῶνι,
καὶ νικήσας ἡμῖν μεγάλως ἐγγλωττοτυπεῖν παρέδωκας,
ἐπὶ ταῖσι πέτραις οὐ φροντίζει σκληρῶς σε καθήμενον οὕτως,
οὐχ ὥσπερ ἐγὼ ῥαψάμενός σοι τουτὶ φέρω. ἀλλ᾽ἐπαναίρου,
κᾆτα καθίζου μαλακῶς, ἵνα μὴ τρίβῃς τὴν ἐν Σαλαμῖνι. 785
Δῆμος
ἄνθρωπε τίς εἶ; μῶν ἔκγονος εἶ τῶν Ἁρμοδίου τις ἐκείνων;
τοῦτό γέ τοί σου τοὔργον ἀληθῶς γενναῖον καὶ φιλόδημον.
Κλέων
ὡς ἀπὸ μικρῶν εὔνους αὐτῷ θωπευματίων γεγένησαι.
Ἀλλαντοπώλης
καὶ σὺ γὰρ αὐτὸν πολὺ μικροτέροις τούτων δελεάσμασιν εἷλες.
Κλέων
καὶ μὴν εἴ πού τις ἀνὴρ ἐφάνη τῷ δήμῳ μᾶλλον ἀμύνων 790
ἢ μᾶλλον ἐμοῦ σε φιλῶν, ἐθέλω περὶ τῆς κεφαλῆς περιδόσθαι.
Ἀλλαντοπώλης
καὶ πῶς σὺ φιλεῖς, ὃς τοῦτον ὁρῶν οἰκοῦντ᾽ἐν ταῖς φιδάκναισι
καὶ γυπαρίοις καὶ πυργιδίοις ἔτος ὄγδοον οὐκ ἐλεαίρεις,
ἀλλὰ καθείρξας αὐτὸν βλίττεις; Ἀρχεπτολέμου δὲ φέροντος
τὴν εἰρήνην ἐξεσκέδασας, τὰς πρεσβείας τ᾽ἀπελαύνεις 795
ἐκ τῆς πόλεως ῥαθαπυγίζων, αἳ τὰς σπονδὰς προκαλοῦνται.
Κλέων
ἵνα γ᾽Ἑλλήνων ἄρξῃ πάντων. ἔστι γὰρ ἐν τοῖς λογίοισιν
ὡς τοῦτον δεῖ ποτ᾽ἐν Ἀρκαδίᾳ πεντώβολον ἡλιάσασθαι,
ἢν ἀναμείνῃ· πάντως δ᾽αὐτὸν θρέψω γ᾽ὼ καὶ θεραπεύσω,
ἐξευρίσκων εὖ καὶ μιαρῶς ὁπόθεν τὸ τριώβολον ἕξει. 800
Ἀλλαντοπώλης
οὐχ ἵνα γ᾽ἄρξῃ μὰ Δί᾽Ἀρκαδίας προνοούμενος, ἀλλ᾽ἵνα μᾶλλον
σὺ μὲν ἁρπάζῃς καὶ δωροδοκῇς παρὰ τῶν πόλεων, ὁ δὲ δῆμος
ὑπὸ τοῦ πολέμου καὶ τῆς ὁμίχλης ἃ πανουργεῖς μὴ καθορᾷ σου,
ἀλλ᾽ὑπ᾽ἀνάγκης ἅμα καὶ χρείας καὶ μισθοῦ πρός σε κεχήνῃ.
ἢν δέ ποτ᾽εἰς ἀγρὸν οὗτος ἀπελθὼν εἰρηναῖος διατρίψῃ, 805
καὶ χῖδρα φαγὼν ἀναθαρρήσῃ καὶ στεμφύλῳ ἐς λόγον ἔλθῃ,
γνώσεται οἵων ἀγαθῶν αὐτὸν τῇ μισθοφορᾷ παρεκόπτου·
εἶθ᾽ἥξει σοι δριμὺς ἄγροικος κατὰ σοῦ τὴν ψῆφον ἰχνεύων.
ἃ σὺ γιγνώσκων τόνδ᾽ἐξαπατᾷς καὶ ὀνειροπολεῖς περὶ σαυτοῦ.
Κλέων
οὔκουν δεινὸν ταυτί σε λέγειν δῆτ᾽ἔστ᾽ἐμὲ καὶ διαβάλλειν 810
πρὸς Ἀθηναίους καὶ τὸν δῆμον, πεποιηκότα πλείονα χρηστὰ
νὴ τὴν Δήμητρα Θεμιστοκλέους πολλῷ περὶ τὴν πόλιν ἤδη;
Ἀλλαντοπώλης
ὦ πόλις Ἄργους κλύεθ᾽οἷα λέγει. σὺ Θεμιστοκλεῖ ἀντιφερίζεις;
ὃς ἐποίησεν τὴν πόλιν ἡμῶν μεστὴν εὑρὼν ἐπιχειλῆ,
καὶ πρὸς τούτοις ἀριστώσῃ τὸν Πειραιᾶ προσέμαξεν, 815
ἀφελών τ᾽οὐδὲν τῶν ἀρχαίων ἰχθῦς καινοὺς παρέθηκεν·
σὺ δ᾽Ἀθηναίους ἐζήτησας μικροπολίτας ἀποφῆναι
διατειχίζων καὶ χρησμῳδῶν, ὁ Θεμιστοκλεῖ ἀντιφερίζων.
κἀκεῖνος μὲν φεύγει τὴν γῆν σὺ δ᾽Ἀχιλλείων ἀπομάττει. |
LE
CHOEUR.
Et maintenant il te faut lâcher tous les cordages, avoir à ton service
une résolution vigoureuse et des paroles sans réplique, pour l'emporter
sur lui. Car c'est un homme retors, passant facilement par les pas
difficiles. Aussi faut-il te multiplier pour t'élancer sur lui.
Seulement, prends garde ; et, avant qu'il fonde sur toi, lève les
dauphins et lance ta barque.
CLÉON.
Souveraine Athéna, protectrice de la cité, c'est toi que j'invoque. Si
auprès du peuple athénien je suis le mieux en posture après Lysiclès,
Cynna et Salabaccho, sans rien faire:, comme maintenant, je dîne dans le
Prytanéion ; si, au contraire, je te hais, et si je ne combats pas, même
seul, pour ta défense, que je meure, que je sois scié vif, et que ma
peau soit découpée en lanières !
LE MARCHAND D’ANDOUILLES.
Et moi, Démos, si je ne t'aime et ne te chéris, qu'on me dépèce et qu'on
me fasse cuire en petits morceaux ; et, si tu ne crois pas à mes
paroles, que je sois râpé dans un hachis avec du fromage, accroché par
les testicules et traîné au Céramique !
CLÉON.
Et comment, Démos, peut-il y avoir un citoyen qui t'aime plus que moi ?
D'abord, tant que je t'ai conseillé, j'ai accru ta richesse publique,
tordant ceux-ci, étranglant ceux-là, sollicitant les autres, n'ayant
souci d'aucun des particuliers, si je te faisais plaisir.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Il n'y a là, Démos, rien de merveilleux ; et moi aussi j'en ferai
autant. Volant pour toi le pain des autres, je te le servirai. Mais
comment il n'a pour toi ni affection ni bienveillance, je te le
prouverai tout d'abord : il ne songe qu'à se chauffer avec ta braise.
Car toi, qui as tiré l'épée contre les Mèdes pour sauver le pays à
Marathon, et qui, vainqueur, nous as fourni la matière de grands effets
de langue, il n'a nul souci de toi, durement assis sur les pierres,
tandis que je t'apporte ce tapis fait par moi. Lève-toi, assois-toi sur
ce siège moelleux, afin de ne pas user ce qui t'a servi à Salamine.
DÉMOS.
Homme, qui es-tu ? Ne serais-tu pas quelque descendant de Harmodios ? Ce
que tu fais là est vraiment généreux et populaire.
CLÉON.
Ce sont là de bien petites attentions pour montrer son dévouement.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et toi, tu l'as pris avec des appâts bien plus minces.
CLÉON.
S'il a jamais paru un homme qui fût un meilleur défenseur de Démos et un
plus grand ami que moi, je veux y engager ma tête.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Tu l'aimes, toi qui, le voyant habiter dans des tonneaux, des nids de
vautours, des tourelles, n'en as pas eu pitié, depuis huit ans, mais
l'as tenu enfermé et comprimé. Lorsque Archeptolémos t'apportait la
paix, tu l'as rejetée, chassant de la ville, à coups de pied au
derrière, la députation qui proposait la trêve.
CLÉON.
C'était pour qu'il commandât à tous les Hellènes, car il est dit dans
les oracles qu'il recevra un jour, en Arcadie, trois oboles à titre
d'héliaste, s'il a quelque patience. Et moi, je ne cesserai de le
nourrir et de le soigner, cherchant, par le bien ou par le mal, à lui
faire avoir son triobole.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Non, par Zeus! tu ne songeais pas à le rendre maître de l'Arcadie, mais
plutôt à rapiner toi-même, et à rançonner les villes. Tu veux que Démos,
perdu dans la guerre et dans les brouillards des fourberies que tu
machines, n'ait pas les yeux sur toi, mais que, pressé par la nécessité,
le besoin, l'attente de son salaire, il tende la bouche vers toi. Or, si
quelque jour, retournant aux champs vivre en paix, se réconfortant de
grains de froment grillés, et revenant au bon moment à ses olives, il
reconnaît de quels biens l'a privé ta solde misérable, il viendra,
paysan farouche, invoquer un jugement contre toi. Tu le sais; aussi tu
le trompes, et tu le berces de songes sur ton compte.
CLÉON.
N'est-ce pas une indignité que tu parles ainsi, et que tu me calomnies
devant les Athéniens et devant Démos, pour qui j'ai fait beaucoup plus,
j'en atteste Déméter, que Thémistocle, dans l'intérêt de la ville ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
"Ô cité d'Argos, entendez-vous ce qu'il dit ?" Toi, t'égaler à
Thémistocle, lui qui, trouvant notre ville opulente, l'a remplie
jusqu'aux lèvres, qui, comme surcroît à ses repas ; lui a fait un plat
du Pirée, et qui, sans retrancher rien du passé, lui a servi de nouveaux
poissons. Mais toi, tu n'as cherché qu'à réduire les Athéniens à l'état
de pauvre petit peuple, en les murant et en leur chantant des oracles,
et tu te mets au-dessus de Thémistocle ! Lui, il est exilé de sa terre
natale, et toi, tu manges les gâteaux d'Achille.
|
Κλέων
οὔκουν ταυτὶ δεινὸν ἀκούειν ὦ Δῆμ᾽ἐστίν μ᾽ὑπὸ τούτου, 820
ὁτιή σε φιλῶ;
Δῆμος
παὖ ὦ οὗτος, καὶ μὴ σκέρβολλε πονηρά.
πολλοῦ δὲ πολύν με χρόνον καὶ νῦν ἐλελήθης ἐγκρυφιάζων.
Ἀλλαντοπώλης
μιαρώτατος, ὦ Δημακίδιον, καὶ πλεῖστα πανοῦργα δεδρακώς,
ὁπόταν χασμᾷ, καὶ τοὺς καυλοὺς
τῶν εὐθυνῶν ἐκκαυλίζων 825
καταβροχθίζει, κἀμφοῖν χειροῖν
μυστιλᾶται τῶν δημοσίων.
Κλέων
οὐ χαιρήσεις, ἀλλά σε κλέπτονθ᾽
αἱρήσω γ᾽ὼ τρεῖς μυριάδας.
Ἀλλαντοπώλης
τί θαλαττοκοπεῖς καὶ πλατυγίζεις, 830
μιαρώτατος ὢν περὶ τὸν δῆμον
τὸν Ἀθηναίων; καί σ᾽ἐπιδείξω
νὴ τὴν Δήμητρ᾽, ἢ μὴ ζῴην,
δωροδοκήσαντ᾽ἐκ Μυτιλήνης
πλεῖν ἢ μνᾶς τετταράκοντα. 835
Χορός
ὦ πᾶσιν ἀνθρώποις φανεὶς μέγιστον ὠφέλημα,
ζηλῶ σε τῆς εὐγλωττίας. εἰ γὰρ ὧδ᾽ἐποίσεις,
μέγιστος Ἑλλήνων ἔσει, καὶ μόνος καθέξεις
τἀν τῇ πόλει τῶν ξυμμάχων τ᾽ἄρξεις ἔχων τρίαιναν,
ᾗ πολλὰ χρήματ᾽ἐργάσει σείων τε καὶ ταράττων. 840
καὶ μὴ μεθῇς τὸν ἄνδρ᾽, ἐπειδή σοι λαβὴν δέδωκεν·
κατεργάσει γὰρ ῥᾳδίως πλευρὰς ἔχων τοιαύτας.
Κλέων
οὐκ ὦγαθοὶ ταῦτ᾽ἐστί πω ταύτῃ μὰ τὸν Ποσειδῶ.
ἐμοὶ γάρ ἐστ᾽εἰργασμένον τοιοῦτον ἔργον ὥστε
ἁπαξάπαντας τοὺς ἐμοὺς ἐχθροὺς ἐπιστομίζειν, 845
ἕως ἂν ᾖ τῶν ἀσπίδων τῶν ἐκ Πύλου τι λοιπόν.
Ἀλλαντοπώλης
ἐπίσχες ἐν ταῖς ἀσπίσιν· λαβὴν γὰρ ἐνδέδωκας.
οὐ γάρ σ᾽ἐχρῆν, εἴπερ φιλεῖς τὸν δῆμον, ἐκ προνοίας
ταύτας ἐᾶν αὐτοῖσι τοῖς πόρπαξιν ἀνατεθῆναι.
ἀλλ᾽ἐστὶ τοῦτ᾽ὦ Δῆμε μηχάνημ᾽, ἵν᾽ἢν σὺ βούλῃ 850
τὸν ἄνδρα κολάσαι τουτονί, σοὶ τοῦτο μὴ κ᾽γένηται.
ὁρᾷς γὰρ αὐτῷ στῖφος οἷόν ἐστι βυρσοπωλῶν
νεανιῶν· τούτους δὲ περιοικοῦσι μελιτοπῶλαι
καὶ τυροπῶλαι· τοῦτο δ᾽εἰς ἕν ἐστι συγκεκυφός,
ὥστ᾽εἰ σὺ βριμήσαιο καὶ βλέψειας ὀστρακίνδα, 855
νύκτωρ καθαρπάσαντες ἂν τὰς ἀσπίδας θέοντες
τὰς ἐσβολὰς τῶν ἀλφίτων ἂν καταλάβοιεν ἡμῶν.
Δῆμος
οἴμοι τάλας· ἔχουσι γὰρ πόρπακας; ὦ πόνηρε
ὅσον με παρεκόπτου χρόνον τοιαῦτα κρουσιδημῶν.
Κλέων
ὦ δαιμόνιε μὴ τοῦ λέγοντος ἴσθι, μηδ᾽οἰηθῇς 860
ἐμοῦ ποθ᾽εὑρήσειν φίλον βελτίον᾽· ὅστις εἷς ὢν
ἔπαυσα τοὺς ξυνωμότας, καί μ᾽οὐ λέληθεν οὐδὲν
ἐν τῇ πόλει ξυνιστάμενον, ἀλλ᾽εὐθέως κέκραγα.
Ἀλλαντοπώλης
ὅπερ γὰρ οἱ τὰς ἐγχέλεις θηρώμενοι πέπονθας.
ὅταν μὲν ἡ λίμνη καταστῇ, λαμβάνουσιν οὐδέν· 865
ἐὰν δ᾽ἄνω τε καὶ κάτω τὸν βόρβορον κυκῶσιν,
αἱροῦσι· καὶ σὺ λαμβάνεις, ἢν τὴν πόλιν ταράττῃς.
ἓν δ᾽εἰπέ μοι τοσουτονί· σκύτη τοσαῦτα πωλῶν
ἔδωκας ἤδη τουτῳὶ κάττυμα παρὰ σεαυτοῦ
ταῖς ἐμβάσιν φάσκων φιλεῖν; 870
Δῆμος
οὐ δῆτα μὰ τὸν Ἀπόλλω.
Ἀλλαντοπώλης
ἔγνωκας οὖν δῆτ᾽αὐτὸν οἷός ἐστιν; ἀλλ᾽ἐγώ σοι
ζεῦγος πριάμενος ἐμβάδων τουτὶ φορεῖν δίδωμι.
Δῆμος
κρίνω σ᾽ὅσων ἐγᾦδα περὶ τὸν δῆμον ἄνδρ᾽ἄριστον
εὐνούστατόν τε τῇ πόλει καὶ τοῖσι δακτύλοισιν.
Κλέων
οὐ δεινὸν οὖν δῆτ᾽ἐμβάδας τοσουτονὶ δύνασθαι, 875
ἐμοῦ δὲ μὴ μνείαν ἔχειν ὅσων πέπονθας; ὅστις
ἔπαυσα τοὺς βινουμένους, τὸν Γρύττον ἐξαλείψας.
Ἀλλαντοπώλης
οὔκουν σε δῆτα ταῦτα δεινόν ἐστι πρωκτοτηρεῖν
παῦσαί τε τοὺς βινουμένους; κοὐκ ἔσθ᾽ὅπως ἐκείνους
οὐχὶ φθονῶν ἔπαυσας, ἵνα μὴ ῥήτορες γένωνται. 880
τονδὶ δ᾽ὁρῶν ἄνευ χιτῶνος ὄντα τηλικοῦτον
οὐπώποτ᾽ἀμφιμασχάλου τὸν Δῆμον ἠξίωσας
χειμῶνος ὄντος· ἀλλ᾽ἐγώ σοι τουτονὶ δίδωμι.
Δῆμος
τοιουτονὶ Θεμιστοκλῆς οὐπώποτ᾽ἐπενόησεν.
καίτοι σοφὸν κἀκεῖν᾽ὁ Πειραιεύς· ἔμοιγε μέντοι 885
οὐ μεῖζον εἶναι φαίνετ᾽ἐξεύρημα τοῦ χιτῶνος. |
CLÉON.
N'est-ce pas dur pour moi, Démos, d'entendre de pareilles choses de la
bouche de cet homme, parce que je t'aime ?
DÉMOS.
Tais-toi, tais-toi donc, et fais trêve à tes méchancetés. C'est trop, et
depuis trop longtemps jusqu'ici, que, sans m'en douter, je suis ta dupe.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
C'est le plus scélérat des hommes, ô mon cher petit Dèmos : il a fait
toutes les méchancetés possibles, pendant que tu bâillais ; il coupe à
la racine les tiges des concussions, les avale, et puise à deux mains
dans les fonds de l'État.
CLÉON.
Tu ne vas pas rire : je vais t'accuser, moi, d'avoir volé trente mille
drachmes.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Pourquoi ce bruit de vagues et de rames du plus grand scélérat envers le
peuple d'Athènes ? Je prouverai, par Déméter, ou que je meure, que tu as
accepté plus de quarante mines de Mytilène.
LE CHOEUR.
Ô toi, qui sembles un grand bienfaiteur de tous les hommes, je loue ton
éloquence. Si tu continues ainsi, tu seras le plus grand des Hellènes ;
seul, tu gouverneras la république et tu commanderas aux alliés, tenant
en main le trident, à l'aide duquel tu recueilleras d'immenses
richesses, dans l'agitation et dans le trouble. Mais ne lâche pas cet
homme, puisqu'il t'a donné prise : tu le vaincras facilement avec de
tels poumons.
CLÉON.
Non, braves gens, la chose n'en est pas là, par Poseidon ! Car j'ai fait
un acte de nature à fermer la bouche à tous mes ennemis, tant qu'il
restera un des boucliers de Pylos.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Arrête-toi à ces boucliers : c'est un avantage que tu me donnes. Il ne
fallait pas, si tu aimes Démos, être assez imprévoyant pour les laisser
suspendre avec leurs brassards. Mais c'est là, ô Démos, qu'est la
finesse. Si tu voulais châtier cet homme, tu ne le pourrais pas. Tu
vois, en effet, autour de lui un cortège de jeunes corroyeurs ; près
d'eux se tiennent des marchands de miel et de fromages ; cela fait une
ligue ; de sorte que, si tu frémis de colère et si tu songes à
l'ostracisme, ils enlèveront la nuit les boucliers, et courront
s'emparer des greniers.
DÉMOS.
Malheur à moi ! Les brassards y sont ? Scélérat, que de temps tu m'as
trompé, dupé !
CLÉON.
Mon cher, ne crois pas ce qu'il dit ; ne te figure pas trouver un
meilleur ami que moi. Seul, j'ai fait cesser les conspirateurs : aucun
complot tramé dans la ville ne m'a échappé, et je me suis mis tout de
suite à crier.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Tu as fait comme les pêcheurs d'anguilles : lorsque le lac est calme,
ils ne prennent rien ; mais, quand ils remuent la vase en haut et en
bas, ils en prennent. Ainsi, tu prends quand tu as troublé la ville.
Mais dis-moi une seule chose : toi qui vends tant de cuirs, lui as-tu
jamais donné une semelle de soulier, toi qui te dis son ami ?
DÉMOS.
Jamais, par Apollon !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Tu le connais donc, et ce qu'il est. Moi, j'ai acheté pour toi cette
paire de chaussures, et je te la donne à porter.
DÉMOS.
Je juge que de tous ceux que je connais tu es le meilleur citoyen à
l'égard du peuple, le plus bienveillant pour la ville et pour nos
orteils.
CLÉON.
N'est-il pas dur de voir qu'une paire de souliers ait le pouvoir
d'enlever le souvenir de tous mes services ? C'est moi qui ai mis fin à
certains accouplements, en biffant Gryttos.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
N'est-il donc pas étrange que tu inspectes les derrières, et que tu
mettes fin à ces accouplements ? Peut-être aussi ne les faisais-tu
cesser que par envie, de peur que ces gens-là ne devinssent orateurs.
Mais, voyant ce pauvre vieillard sans tunique, tu ne l'as jamais jugé
digne d'une robe à manches pour l'hiver ; et moi, Démos, je te donne
celle-ci.
DÉMOS.
Voilà une chose à laquelle Thémistocle n'a jamais songé ! Cependant,
c'est une belle invention que le Pirée ; mais pourtant, elle ne semble
pas plus grande que celle de cette robe à manches.
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Κλέων
οἴμοι τάλας οἵοις πιθηκισμοῖς με περιελαύνεις.
Ἀλλαντοπώλης
οὔκ, ἀλλ᾽ὅπερ πίνων ἀνὴρ πέπονθ᾽ὅταν χεσείῃ,
τοῖσιν τρόποις τοῖς σοῖσιν ὥσπερ βλαυτίοισι χρῶμαι.
Κλέων
ἀλλ᾽οὐχ ὑπερβαλεῖ με θωπείαις· ἐγὼ γὰρ αὐτὸν 890
προσαμφιῶ τοδί· σὺ δ᾽οἴμωζ᾽ὦ πόνηρ᾽.
Δῆμος
ἰαιβοῖ.
οὐκ ἐς κόρακας ἀποφθερεῖ βύρσης κάκιστον ὄζων;
Ἀλλαντοπώλης
καὶ τοῦτό <γ᾽> ἐπίτηδές σε περιήμπεσχ᾽, ἵνα σ᾽ἀποπνίξῃ·
καὶ πρότερον ἐπεβούλευσέ σοι. τὸν καυλὸν οἶσθ᾽ἐκεῖνον
τοῦ σιλφίου τὸν ἄξιον γενόμενον; 895
Δῆμος
οἶδα μέντοι.
Ἀλλαντοπώλης
ἐπίτηδες οὗτος αὐτὸν ἔσπευδ᾽ἄξιον γενέσθαι,
ἵν᾽ἐσθίοιτ᾽ὠνούμενοι, κἄπειτ᾽ἐν ἡλιαίᾳ
βδέοντες ἀλλήλους ἀποκτείνειαν οἱ δικασταί.
Δῆμος
νὴ τὸν Ποσειδῶ καὶ πρὸς ἐμὲ τοῦτ᾽εἶπ᾽ἀνὴρ Κόπρειος.
Ἀλλαντοπώλης
οὐ γὰρ τόθ᾽ὑμεῖς βδεόμενοι δήπου ᾽γένεσθε πυρροί; 900
Δῆμος
καὶ νὴ Δί᾽ἦν γε τοῦτο Πυρράνδρου τὸ μηχάνημα.
Κλέων
οἵοισί μ᾽ὦ πανοῦργε βωμολοχεύμασιν ταράττεις.
Ἀλλαντοπώλης
ἡ γὰρ θεός μ᾽ἐκέλευσε νικῆσαί σ᾽ἀλαζονείαις.
Κλέων
ἀλλ᾽οὐχὶ νικήσεις. ἐγὼ γάρ φημί σοι παρέξειν
ὦ Δῆμε μηδὲν δρῶντι μισθοῦ τρύβλιον ῥοφῆσαι. 905
Ἀλλαντοπώλης
ἐγὼ δὲ κυλίχνιόν γέ σοι καὶ φάρμακον δίδωμι
τἀν τοῖσιν ἀντικνημίοις ἑλκύδρια περιαλείφειν.
Κλέων
ἐγὼ δὲ τὰς πολιάς γέ σοὐκλέγων νέον ποιήσω.
Ἀλλαντοπώλης
ἰδοὺ δέχου κέρκον λαγῶ τὠφθαλμιδίω περιψῆν.
Κλέων
ἀπομυξάμενος ὦ Δῆμέ μου πρὸς τὴν κεφαλὴν ἀποψῶ. 910
Ἀλλαντοπώλης
ἐμοῦ μὲν οὖν.
Κλέων
ἐμοῦ μὲν οὖν.
ἐγώ σε ποιήσω τριηραρχεῖν
<ἀναλίσκοντα τῶν
σαυτοῦ,> παλαιὰν ναῦν ἔχοντ᾽,
εἰς ἣν ἀναλῶν οὐκ ἐφέξεις 915
οὐδὲ ναυπηγούμενος·
διαμηχανήσομαί θ᾽ὅπως
ἂν ἱστίον σαπρὸν λάβῃς.
Χορός
ἁνὴρ παφλάζει, παῦε παῦ᾽,
ὑπερζέων· ὑφελκτέον 920
τῶν δᾳδίων ἀπαρυστέον
τε τῶν ἀπειλῶν ταυτῃί.
Κλέων
δώσεις ἐμοὶ καλὴν δίκην
ἰπούμενος ταῖς ἐσφοραῖς.
ἐγὼ γὰρ ἐς τοὺς πλουσίους 925
σπεύσω σ᾽ὅπως ἂν ἐγγραφῇς.
Ἀλλαντοπώλης
ἐγὼ δ᾽ἀπειλήσω μὲν οὐδέν,
εὔχομαι δέ σοι ταδί·
τὸ μὲν τάγηνον τευθίδων
ἐφεστάναι σίζον· σὲ δὲ 930
γνώμην ἐρεῖν μέλλοντα περὶ
Μιλησίων καὶ κερδανεῖν
τάλαντον, ἢν κατεργάσῃ,
σπεύδειν ὅπως τῶν τευθίδων
ἐμπλήμενος φθαίης ἔτ᾽εἰς 935
ἐκκλησίαν ἐλθών· ἔπειτα
πρὶν φαγεῖν ἀνὴρ μεθήκοι,
καὶ σὺ τὸ τάλαντον λαβεῖν
βουλόμενος ἐσθίων
ἐναποπνιγείης. 940
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CLÉON.
Malheureux que je suis, par quelles singeries tu me supplantes !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Non pas ; mais je fais comme un buveur pressé d'aller à la selle : je me
sers de tes façons d'agir comme de sandales.
CLÉON.
Mais tu ne me surpasseras pas en petits soins : je vais revêtir Démos de
cet habillement ; et toi, gémis, infâme.
DÉMOS.
Pouah ! va-t'en crever aux corbeaux ! Tu pues horriblement le cuir.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Mais c'est à dessein qu'il t'a fourré dans ce vêtement ; il veut que tu
étouffes. Et il y a longtemps qu'il trame contre toi. Te rappelles-tu
cette tige de silphion, qu'il t'a vendue à si bon compte ?
DÉMOS.
Je m'en souviens.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
C'est lui qui avait eu soin qu'elle tombât à vil prix, afin que chacun
en mangeât, et qu'ensuite, dans l’Héliée, les juges s'empoisonnassent
les uns les autres en vessant.
DÉMOS.
Par Poséidon ! c'est ce que m'a dit un vidangeur.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et vous, à force de vesser, n'étiez-vous pas devenus tout jaunes ?
DÉMOS.
Par Zeus! c'était une invention digne de Pyrrhandre !
CLÉON.
De quelles bouffonneries, misérable, viens-tu me troubler
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
La Déesse m'a ordonné de te vaincre en hâbleries.
CLÉON.
Mais tu n'y parviendras pas ; car j'ai l'intention, Démos, de te servir,
sans que tu fasses rien, le plat de ton salaire.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et moi, je te donne cette petite boîte et ce médicament, pour te frotter
les ulcères des jambes.
CLÉON.
Moi, j'épilerai tes cheveux blancs et je te rajeunirai.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Tiens, prends cette queue de lièvre pour essuyer tes deux petits yeux.
CLÉON.
Quand tu te moucheras, Démos, essuie-toi à ma tête.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Non, à la mienne.
CLÉON.
Non, à la mienne ! Je te ferai nommer triérarque, pour épuiser tes
fonds; tu auras un vieux navire, où il faudra sans cesse des dépenses et
des réparations, et je m'arrangerai de manière que tu prennes des voiles
pourries.
LE CHOEUR.
Notre homme bout ; cesse, cesse de chauffer ; retire un peu de bois, et
écume ses menaces avec ceci. (Il lui présente une cuillère.)
CLÉON.
Tu me le paieras cher ; je t'écraserai d'impôts, je m'empresserai de te
porter sur la liste des riches.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Moi je ne fais pas de menaces, je te souhaite seulement ceci, c'est que,
la poêle chauffant pour frire des sépias, au moment où tu vas proposer
ton avis sur les Milésiens, et gagner un talent, si tu réussis, tu te
hâtes d'avaler tes sépias pour courir à l'assemblée, et que si, avant de
manger, on t'appelle, toi qui veux gagner le talent, tu avales et tu
étouffes.
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Χορός
εὖ γε νὴ τὸν Δία καὶ τὸν Ἀπόλλω καὶ τὴν Δήμητρα.
Δῆμος
κἀμοὶ δοκεῖ· καὶ τἄλλα γ᾽εἶναι καταφανῶς
ἀγαθὸς πολίτης, οἶος οὐδείς πω χρόνου
ἀνὴρ γεγένηται τοῖσι πολλοῖς τοὐβολοῦ. 945
σὺ δ᾽ὦ Παφλαγὼν φάσκων φιλεῖν μ᾽ἐσκορόδισας.
καὶ νῦν ἀπόδος τὸν δακτύλιον, ὡς οὐκέτι
ἐμοὶ ταμιεύσεις.
Κλέων
ἔχε· τοσοῦτον δ᾽ἴσθ᾽ὅτι,
εἰ μή μ᾽ἐάσεις ἐπιτροπεύειν, ἕτερος αὖ
ἐμοῦ πανουργότερός τις ἀναφανήσεται. 950
Δῆμος
οὐκ ἔσθ᾽ὅπως ὁ δακτύλιός ἐσθ᾽οὑτοσὶ
οὑμός· τὸ γοῦν σημεῖον ἕτερον φαίνεται,
ἀλλ᾽ἢ οὐ καθορῶ.
Ἀλλαντοπώλης
φέρ᾽ἴδω τί σοι σημεῖον ἦν;
Δῆμος
δημοῦ βοείου θρῖον ἐξωπτημένον.
Ἀλλαντοπώλης
οὐ τοῦτ᾽ἔνεστιν. 955
Δῆμος
οὐ τὸ θρῖον; ἀλλὰ τί;
Ἀλλαντοπώλης
λάρος κεχηνὼς ἐπὶ πέτρας δημηγορῶν.
Δῆμος
αἰβοῖ τάλας.
Ἀλλαντοπώλης
τί ἔστιν;
Δῆμος
ἀπόφερ᾽ἐκποδών.
οὐ τὸν ἐμὸν εἶχεν ἀλλὰ τὸν Κλεωνύμου.
παρ᾽ἐμοῦ δὲ τουτονὶ λαβὼν ταμίευέ μοι.
Κλέων
μὴ δῆτά πώ γ᾽ὦ δέσποτ᾽, ἀντιβολῶ σ᾽ἐγώ, 960
πρὶν ἄν γε τῶν χρησμῶν ἀκούσῃς τῶν ἐμῶν.
Ἀλλαντοπώλης
καὶ τῶν ἐμῶν νυν.
Κλέων
ἀλλ᾽ἐὰν τούτῳ πίθῃ,
μολγὸν γενέσθαι δεῖ σε.
Ἀλλαντοπώλης
κἄν γε τουτῳί,
ψωλὸν γενέσθαι δεῖ σε μέχρι τοῦ μυρρίνου.
Κλέων
ἀλλ᾽οἵ γ᾽ἐμοὶ λέγουσιν ὡς ἄρξαι σε δεῖ 965
χώρας ἁπάσης ἐστεφανωμένον ῥόδοις.
Ἀλλαντοπώλης
οὑμοὶ δέ γ᾽αὖ λέγουσιν ὡς ἁλουργίδα
ἔχων κατάπαστον καὶ στεφάνην ἐφ᾽ἅρματος
χρυσοῦ διώξει Σμικύθην καὶ κύριον.
Χορός
καὶ μὴν ἔνεγκ᾽αὐτοὺς ἰών, ἵν᾽οὑτοσὶ 970
αὐτῶν ἀκούσῃ.
Δῆμος
πάνυ γε. καὶ σύ νυν φέρε.
Κλέων
ἰδού.
Ἀλλαντοπώλης
ἰδοὺ νὴ τὸν Δί᾽· οὐδὲν κωλύει. |
LE CHOEUR.
Très bien, au nom de Zeus, d'Apollon et de Déméter !
DÉMOS.
Mais il me semble que voilà de tout point un excellent citoyen, tel
qu'il n'y en a eu en aucun temps pour la populace à une obole. Et toi,
Paphlagonien, qui prétendais m'aimer, tu ne m'as fait manger que de
l'ail. Maintenant, rends-moi mon anneau ; tu cesses d'être mon
intendant.
CLÉON.
Le voici. Mais sache bien que, si tu m'empêches de gouverner, un autre
se montrera, qui sera pire que moi.
DÉMOS.
Il n'est pas possible que cet anneau soit le mien : il y a là un autre
cachet, à moins que je n'y voie goutte.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Fais voir. Quel était ton cachet ?
DÉMOS.
Une feuille de figuier à la graisse de bœuf.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Ce n'est pas cela.
DÉMOS.
Pas de feuille de figuier ! Qu'est-ce donc ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Une mouette, le bec ouvert, haranguant du haut d'une pierre.
DÉMOS.
Ah ! malheureux !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Quoi donc ?
DÉMOS.
Jette-le vite; ce n'est pas le mien qu'il tient, mais celui de Cléonyme.
Reçois celui-ci de mes mains, et sois mon intendant.
CLÉON.
Ne fais pas cela, maître, avant d'avoir entendu mes oracles.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et les miens aussi.
CLÉON.
Si tu l'écoutes, il faut que tu sois son complaisant immonde.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et si tu l'écoutes, il faut que tu sois à lui jusqu'à ton plan de myrte.
CLÉON.
Mes oracles disent que tu dois régner sur toute la contrée, couronné de
roses.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et les miens disent que, vêtu d'une robe de pourpre brodée, une couronne
sur la tête, debout sur un char doré, tu poursuivras Smincythé et son
maître.
DÉMOS.
Va me chercher tes oracles, afin que celui-ci les entende.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Volontiers.
DÉMOS.
Et toi les tiens.
CLÉON.
J'y cours.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Par Zeus ! j'y cours aussi : rien n'empêche.
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Χορός
ἥδιστον φάος ἡμέρας
ἔσται τοῖσι παροῦσι καὶ
τοῖσι δεῦρ᾽ἀφικνουμένοις, 975
ἢν Κλέων ἀπόληται.
καίτοι πρεσβυτέρων τινῶν
οἵων ἀργαλεωτάτων
ἐν τῷ δείγματι τῶν δικῶν
ἤκουσ᾽ἀντιλεγόντων, 980
ὡς εἰ μὴ ᾽γένεθ᾽οὗτος ἐν
τῇ πόλει μέγας, οὐκ ἂν ἤστην
σκεύη δύο χρησίμω,
δοῖδυξ οὐδὲ τορύνη.
ἀλλὰ καὶ τόδ᾽ἔγωγε θαυμάζω 985
τῆς ὑομουσίας
αὐτοῦ· φασὶ γὰρ αὐτὸν οἱ
παῖδες οἳ ξυνεφοίτων,
τὴν Δωριστὶ μόνην ἂν ἁρμόττεσθαι
θαμὰ τὴν λύραν, 990
ἄλλην δ᾽οὐκ ἐθέλειν μαθεῖν·
κᾆτα τὸν κιθαριστὴν
ὀργισθέντ᾽ἀπάγειν κελεύειν,
ὡς ἁρμονίαν ὁ παῖς
οὗτος οὐ δύναται μαθεῖν 995
ἢν μὴ Δωροδοκιστί.
Κλέων
ἰδοὺ θέασαι, κοὐχ ἅπαντας ἐκφέρω.
Ἀλλαντοπώλης
οἴμ᾽ὡς χεσείω, κοὐχ ἅπαντας ἐκφέρω.
Δῆμος
ταυτὶ τί ἔστι;
Κλέων
λόγια.
Δῆμος
πάντ᾽;
Κλέων
ἐθαύμασας;
καὶ νὴ Δί᾽ἔτι γέ μοὔστι κιβωτὸς πλέα. 1000
Ἀλλαντοπώλης
ἐμοὶ δ᾽ὑπερῷον καὶ ξυνοικία δύο.
Δῆμος
φέρ᾽ἴδω, τίνος γάρ εἰσιν οἱ χρησμοί ποτε;
Κλέων
οὑμοὶ μέν εἰσι Βάκιδος.
Δῆμος
οἱ δὲ σοὶ τίνος;
Ἀλλαντοπώλης
Γλάνιδος, ἀδελφοῦ τοῦ Βάκιδος γεραιτέρου.
Δῆμος
εἰσὶν δὲ περὶ τοῦ; 1005
Κλέων
περὶ Ἀθηνῶν, περὶ Πύλου,
περὶ σοῦ, περὶ ἐμοῦ, περὶ ἁπάντων πραγμάτων.
Δῆμος
οἱ σοὶ δὲ περὶ τοῦ;
Ἀλλαντοπώλης
περὶ Ἀθηνῶν, περὶ φακῆς,
περὶ Λακεδαιμονίων, περὶ σκόμβρων νέων,
περὶ τῶν μετρούντων τἄλφιτ᾽ἐν ἀγορᾷ κακῶς,
περὶ σοῦ, περὶ ἐμοῦ, περὶ ἁπάντων πραγμάτων. 1010 |
LE CHOEUR.
La plus agréable clarté du jour luira sur les présents et sur les
absents, si Cléon est perdu comme il doit l'être. Cependant j'ai entendu
certains vieillards des plus quinteux soutenir sur le Digma cette
controverse que, si cet homme n'était pas devenu si grand dans l'État,
il n'y aurait pas deux ustensiles nécessaires, le pilon et la cuillère à
pot. J'admire aussi son éducation porcine : car les enfants, qui sont
allés à l'école avec lui, disent qu'il ne peut jamais monter sa lyre que
sur le mode dorique, et qu'il ne veut pas en apprendre d'autre. Aussi le
cithariste en colère lui enjoignit de sortir, disant : "Ce garçon est
incapable d'apprendre un autre genre d'harmonie que le dorodocite."
CLÉON.
Voilà, regarde, et je ne les apporte pas tous.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je crois que je vais faire sous moi, et je ne les apporte pas tous.
DÉMOS.
Qu'est-ce que cela ?
CLÉON.
Les oracles.
DÉMOS.
Tous ?
CLÉON.
Cela t'étonne, mais, par Zeus ! j'en ai encore une cassette toute
pleine.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et moi, l'étage supérieur et deux chambres.
DÉMOS.
Voyons, de qui sont donc ces oracles ?
CLÉON.
Les miens sont de Bacis.
DÉMOS.
Et les tiens, de qui ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
De Glanis, frère aîné de Bacis.
DÉMOS.
Et sur quel sujet ?
CLÉON.
Sur Athènes, Pylos, toi, moi, et toutes les affaires.
DÉMOS.
Et les tiens, sur quel sujet ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Sur Athènes, les lentilles, les Lacédémoniens, les maquereaux nouveaux,
les mauvais mesureurs de grain sur l'Agora, toi, moi : qu'il t'en cuise
entre les jambes !
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Δῆμος
ἄγε νυν ὅπως αὐτοὺς ἀναγνώσεσθέ μοι,
καὶ τὸν περὶ ἐμοῦ ᾽κεῖνον ᾧπερ ἥδομαι,
ὡς ἐν νεφέλαισιν αἰετὸς γενήσομαι.
Κλέων
ἄκουε δή νυν καὶ πρόσεχε τὸν νοῦν ἐμοί.
φράζευ Ἐρεχθεΐδη λογίων ὁδόν, ἥν σοι Ἀπόλλων 1015
ἴαχεν ἐξ ἀδύτοιο διὰ τριπόδων ἐριτίμων.
σῴζεσθαί σ᾽ἐκέλευσ᾽ἱερὸν κύνα καρχαρόδοντα,
ὃς πρὸ σέθεν λάσκων καὶ ὑπὲρ σοῦ δεινὰ κεκραγὼς
σοὶ μισθὸν ποριεῖ, κἂν μὴ δρᾷ ταῦτ᾽ἀπολεῖται.
πολλοὶ γὰρ μίσει σφε κατακρώζουσι κολοιοί. 1020
Δῆμος
ταυτὶ μὰ τὴν Δήμητρ᾽ἐγὼ οὐκ οἶδ᾽ὅ τι λέγει.
τί γάρ ἐστ᾽Ἐρεχθεῖ καὶ κολοιοῖς καὶ κυνί;
Κλέων
ἐγὼ μέν εἰμ᾽ὁ κύων· πρὸ σοῦ γὰρ ἀπύω·
σοὶ δ᾽εἶπε σῴζεσθαί μ᾽ὁ Φοῖβος τὸν κύνα.
Ἀλλαντοπώλης
οὐ τοῦτό φησ᾽ὁ χρησμός, ἀλλ᾽ὁ κύων ὁδὶ 1025
ὥσπερ θύρας σοῦ τῶν λογίων παρεσθίει.
ἐμοὶ γάρ ἐστ᾽ὀρθῶς περὶ τούτου τοῦ κυνός.
Δῆμος
λέγε νυν· ἐγὼ δὲ πρῶτα λήψομαι λίθον,
ἵνα μή μ᾽ὁ χρησμὸς τὸ πέος οὑτοσὶ δάκῃ.
Ἀλλαντοπώλης
φράζευ Ἐρεχθεΐδη κύνα Κέρβερον ἀνδραποδιστήν, 1030
ὃς κέρκῴ σαίνων σ᾽ὁπόταν δειπνῇς ἐπιτηρῶν
ἐξέδεταί σου τοὔψον, ὅταν σύ ποι ἄλλοσε χάσκῃς·
ἐσφοιτῶν τ᾽ἐς τοὐπτάνιον λήσει σε κυνηδὸν
νύκτωρ τὰς λοπάδας καὶ τὰς νήσους διαλείχων.
Δῆμος
νὴ τὸν Ποσειδῶ πολύ γ᾽ἄμεινον ὦ Γλάνι. 1035
Κλέων
ὦ τᾶν ἄκουσον, εἶτα διάκρινον τόδε.
ἔστι γυνή, τέξει δὲ λέονθ᾽ἱεραῖς ἐν Ἀθήναις,
ὃς περὶ τοῦ δήμου πολλοῖς κώνωψι μαχεῖται
ὥστε περὶ σκύμνοισι βεβηκώς· τὸν σὺ φυλάξαι,
τεῖχος ποιήσας ξύλινον πύργους τε σιδηροῦς. 1040
ταῦτ᾽οἶσθ᾽ὅ τι λέγει;
Δῆμος
μὰ τὸν Ἀπόλλω ᾽γὼ μὲν οὔ.
Κλέων
ἔφραζεν ὁ θεός σοι σαφῶς σῴζειν ἐμέ·
ἐγὼ γὰρ ἀντὶ τοῦ λέοντός εἰμί σοι.
Δῆμος
καὶ πῶς μ᾽ἐλελήθης Ἀντιλέων γεγενημένος;
Ἀλλαντοπώλης
ἓν οὐκ ἀναδιδάσκει σε τῶν λογίων ἑκών, 1045
ὃ μόνον σιδηροῦν ἐστι τεῖχος καὶ ξύλον,
ἐν ᾧ σε σῴζειν τόνδ᾽ἐκέλευσ᾽ὁ Λοξίας.
Δῆμος
πῶς δῆτα τοῦτ᾽ἔφραζεν ὁ θεός;
Ἀλλαντοπώλης
τουτονὶ
δῆσαί σ᾽ἐκέλευ᾽ἐν πεντεσυρίγγῳ ξύλῳ.
Δῆμος
ταυτὶ τελεῖσθαι τὰ λόγι᾽ἤδη μοι δοκεῖ. 1050
Κλέων
μὴ πείθου· φθονεραὶ γὰρ ἐπικρώζουσι κορῶναι.
ἀλλ᾽ἱέρακα φίλει μεμνημένος ἐν φρεσὶν ὅς σοι
ἤγαγε συνδήσας Λακεδαιμονίων κορακίνους.
Ἀλλαντοπώλης
τοῦτό γέ τοι Παφλαγὼν παρεκινδύνευσε μεθυσθείς.
Κεκροπίδη κακόβουλε τί τοῦθ᾽ἡγεῖ μέγα τοὔργον; 1055
καί κε γυνὴ φέροι ἄχθος, ἐπεί κεν ἀνὴρ ἀναθείη·
ἀλλ᾽οὐκ ἂν μαχέσαιτο· χέσαιτο γάρ, εἰ μαχέσαιτο.
Κλέων
ἀλλὰ τόδε φράσσαι, πρὸ Πύλου Πύλον ἥν σοι ἔφραζεν.
ἔστι Πύλος πρὸ Πύλοιο--
Δῆμος
τί τοῦτο λέγει, πρὸ Πύλοιο;
Ἀλλαντοπώλης
τὰς πυέλους φησὶν καταλήψεσθ᾽ἐν βαλανείῳ. 1060
Δῆμος
ἐγὼ δ᾽ἄλουτος τήμερον γενήσομαι;
Ἀλλαντοπώλης
οὗτος γὰρ ἡμῶν τὰς πυέλους ἀφήρπασεν.
ἀλλ᾽οὑτοσὶ γάρ ἐστι περὶ τοῦ ναυτικοῦ
ὁ χρησμός, ᾧ σε δεῖ προσέχειν τὸν νοῦν πάνυ.
Δῆμος
προσέχω· σὺ δ᾽ἀναγίγνωσκε, τοῖς ναύταισί μου 1065
ὅπως ὁ μισθὸς πρῶτον ἀποδοθήσεται.
Ἀλλαντοπώλης
Αἰγεΐδη φράσσαι κυναλώπεκα, μή σε δολώσῃ,
λαίθαργον ταχύπουν, δολίαν κερδὼ πολύιδριν.
οἶσθ᾽ὅ τι ἐστὶν τοῦτο;
Δῆμος
Φιλόστρατος ἡ κυναλώπηξ.
Ἀλλαντοπώλης
οὐ τοῦτό φησιν, ἀλλὰ ναῦς ἑκάστοτε 1070
αἰτεῖ ταχείας ἀργυρολόγους οὑτοσί·
ταύτας ἀπαυδᾷ μὴ διδόναι σ᾽ὁ Λοξίας.
Δῆμος
πῶς δὴ τριήρης ἐστὶ κυναλώπηξ;
Ἀλλαντοπώλης
ὅπως;
ὅτι ἡ τριήρης ἐστὶ χὠ κύων ταχύ.
Δῆμος
πῶς οὖν ἀλώπηξ προσετέθη πρὸς τῷ κυνί; 1075
Ἀλλαντοπώλης
ἀλωπεκίοισι τοὺς στρατιώτας ᾔκασεν,
ὁτιὴ βότρυς τρώγουσιν ἐν τοῖς χωρίοις.
Δῆμος
εἶεν·
τούτοις ὁ μισθὸς τοῖς ἀλωπεκίοισι ποῦ;
Ἀλλαντοπώλης
ἐγὼ ποριῶ, καὶ τοῦτον ἡμερῶν τριῶν.
ἀλλ᾽ἔτι τόνδ᾽ἐπάκουσον, ὃν εἶπέ σοι ἐξαλέασθαι 1080
χρησμὸν Λητοΐδης, Κυλλήνην, μή σε δολώσῃ.
Δῆμος
ποίαν Κυλλήνην;
Ἀλλαντοπώλης
τὴν τούτου χεῖρ᾽ἐποίησεν
Κυλλήνην ὀρθῶς, ὁτιή φησ᾽, “ἔμβαλε κυλλῇ”.
Κλέων
οὐκ ὀρθῶς φράζει· τὴν Κυλλήνην γὰρ ὁ Φοῖβος
ἐς τὴν χεῖρ᾽ὀρθῶς ᾐνίξατο τὴν Διοπείθους. 1085
ἀλλὰ γάρ ἐστιν ἐμοὶ χρησμὸς περὶ σοῦ πτερυγωτός,
αἰετὸς ὡς γίγνει καὶ πάσης γῆς βασιλεύεις.
Ἀλλαντοπώλης
καὶ γὰρ ἐμοί· καὶ γῆς καὶ τῆς ἐρυθρᾶς γε θαλάσσης,
χὤτι γ᾽ἐν Ἐκβατάνοις δικάσεις, λείχων ἐπίπαστα.
Κλέων
ἀλλ᾽ἐγὼ εἶδον ὄναρ, καί μοὐδόκει ἡ θεὸς αὐτὴ 1090
τοῦ δήμου καταχεῖν ἀρυταίνῃ πλουθυγίειαν.
Ἀλλαντοπώλης
νὴ Δία καὶ γὰρ ἐγώ· καί μοὐδόκει ἡ θεὸς αὐτὴ
ἐκ πόλεως ἐλθεῖν καὶ γλαῦξ αὐτῇ ᾽πικαθῆσθαι·
εἶτα κατασπένδειν κατὰ τῆς κεφαλῆς ἀρυβάλλῳ
ἀμβροσίαν κατὰ σοῦ, κατὰ τούτου δὲ σκοροδάλμην. 1095 |
DÉMOS.
Allons, lisez-les-moi, et surtout celui qui me fait tant de plaisir, où
il est dit que je serai un aigle dans les nuages.
CLÉON.
Écoute donc, et prête-moi ton attention. " Comprends, enfant d'Érechtée,
le sens des oracles qu'Apollon fait entendre de son sanctuaire, au moyen
des trépieds vénérés. Il t'ordonne de garder le chien sacré, aux dents
aiguës, qui, aboyant et hurlant pour ta défense, t'assurera un salaire ;
et, s'il ne le fait pas, il est mort. La haine fait croasser de nombreux
geais contre lui."DÉMOS. Par Déméter ! je ne sais pas ce qu'il dit. Quel
rapport y a-t-il entre Érechthée, des geais et un chien ?
CLÉON.
Moi, je suis le chien, puisque j'aboie pour ta défense. Or, Phébus te
recommande de garder le chien.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
L'oracle ne dit pas cela, mais ce chien-ci ronge les oracles, comme tes
portes. Moi je sais au juste ce qui a rapport à ce chien.
DÉMOS.
Dis tout de suite ; mais il faut d'abord que je prenne une pierre, pour
que cet oracle ne me morde pas entre les jambes.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
"Comprends, enfant d'Érechthée, que ce chien Cerbère est un asservisseur
d'hommes : te caressant de la queue, quand tu dînes, il guette tes plats
pour les dévorer, pour peu que tu détournes la tête ; pénétrant
furtivement dans la cuisine, durant la nuit, en vrai chien, il léchera
les plats et les îles."
DÉMOS.
Par Poséidon ! ceci est bien meilleur, ô Glanis !
CLÉON.
Mon ami, écoute, et puis tu jugeras: "Il est une femme ; elle enfantera,
dans Athènes la sainte, un lion qui défendra Démos contre des nuées de
moucherons, comme il défendrait ses lionceaux. Garde-le, en élevant un
mur de bois et des tours de fer." Comprends-tu ce qu'il te dit ?
DÉMOS.
Pas du tout, par Apollon !
CLÉON.
Le Dieu te dit clairement de me garder. Car c'est moi qui suis le lion.
DÉMOS.
Comment, à mon insu, es-tu devenu un Antilion ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Il y a quelque chose dans les oracles qu'il prend soin de te cacher :
c'est à propos du mur de fer et de bois, dans lequel Loxias t'enjoint de
le garder.
DÉMOS.
Comment le Dieu dit-il cela ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Il t'enjoint de l'attacher à un bois percé de cinq trous.
DÉMOS.
Il me semble que c'est ainsi que l'oracle s'accomplit.
CLÉON.
N'en crois rien ; ce sont des corneilles envieuses qui croassent. Aime
plutôt l'épervier, te souvenant, dans ton cœur, qu'il t'a amené
enchaînés des coracins lacédémoniens.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Le Paphlagonien était ivre quand il affronta ce danger. Enfant étourdi
de Cécrops, que vois-tu de si grand dans cette action ? Une femme
portera un fardeau, si un homme l'aide à le charger ; mais il n'ira pas
au combat : il irait sous lui, s'il allait combattre.
CLÉON.
Remarque cette « Pylos devant Pylos », comme dit l'oracle : « Pylos est
devant Pylos. »
DÉMOS.
Que veut dire : « Devant Pylos »?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Il dit qu'on empilera toutes les baignoires d'un bain.
DÉMOS.
Et moi, je ne me baignerai pas aujourd'hui.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Sans doute, puisqu'il a empilé nos baignoires. Mais voici, au sujet de
la flotte, un oracle auquel il faut que tu prêtes attention tout à fait.
DÉMOS.
J'y suis. Lis-nous donc d'abord comment on paiera la solde à mes
matelots.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
"Fils d'Égée, méfie-toi du chien-renard, crains qu'il ne te trompe ; il
est sournois, agile, astucieux, rusé, fin matois." Sais-tu qui est-ce ?
DÉMOS.
Oui, c'est Philostrate qui est le chien-renard.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Ce n'est pas cela ; mais notre homme demande à chaque instant des
vaisseaux légers pour aller recueillir de l'argent. Loxias te défend de
les donner.
DÉMOS.
Et comment une trière est-elle chien-renard ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Comment ? Parce qu'une trière et un chien sont rapides.
DÉMOS.
Comment un renard s'ajoute-t-il à un chien ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
L'oracle compare les soldats à des renardeaux, parce qu'ils mangent les
raisins dans les vignes.
DÉMOS.
Soit : et la solde de ces renardeaux, où la prendre ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Moi, je la fournirai, et cela dans trois jours. Mais écoute encore cet
oracle, par lequel le fils de Léto t'ordonne d'éviter Cyllène de peur
d'être trompé.
DÉMOS.
Quelle Kyllène ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Il désigne justement par Kyllène la main de cet homme, car celui-ci dit
toujours : "Jette dans Cyllè !"
CLÉON.
La désignation n'est pas juste. Phébus désigne justement par le mot
Kyllène la main de Diopithès. Mais j'ai là un oracle ailé, qui dit : "Tu
deviendras aigle et roi de toute la terre."
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et moi j'en ai un qui dit : "Tu seras souverain de la terre et de la Mer
Rouge; tu rendras la justice dans Ecbatane, en léchant de bons mets
saupoudrés."
CLÉON.
Mais moi j'ai eu un songe, et j'ai vu la Déesse elle-même verser sur
Démos des coupes de richesse et de santé.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Moi aussi, j'ai vu la Déesse elle-même descendre de l'Acropole, une
chouette perchée sur son casque ; d'un large vase, elle versait sur ta
tête de l'ambroisie, et sur celle de cet homme de la saumure à l'ail.
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Δῆμος
ἰοὺ ἰού.
οὐκ ἦν ἄρ᾽οὐδεὶς τοῦ Γλάνιδος σοφώτερος.
καὶ νῦν ἐμαυτὸν ἐπιτρέπω σοι τουτονὶ
γερονταγωγεῖν κἀναπαιδεύειν πάλιν.
Κλέων
μήπω γ᾽, ἱκετεύω σ᾽, ἀλλ᾽ἀνάμεινον, ὡς ἐγὼ 1100
κριθὰς ποριῶ σοι καὶ βίον καθ᾽ἡμέραν.
Δῆμος
οὐκ ἀνέχομαι κριθῶν ἀκούων· πολλάκις
ἐξηπατήθην ὑπό τε σοῦ καὶ Θουφάνους.
Κλέων
ἀλλ᾽ἄλφιτ᾽ἤδη σοι ποριῶ ᾽σκευασμένα.
Ἀλλαντοπώλης
ἐγὼ δὲ μαζίσκας γε διαμεμαγμένας 1105
καὶ τοὔψον ὀπτόν· μηδὲν ἄλλ᾽εἰ μὴ ᾽σθιε.
Δῆμος
ἀνύσατέ νυν ὅ τι περ ποιήσεθ᾽· ὡς ἐγώ,
ὁπότερος ἂν σφῷν νῦν με μᾶλλον εὖ ποιῇ,
τούτῳ παραδώσω τῆς πυκνὸς τὰς ἡνίας.
Κλέων
τρέχοιμ᾽ἂν εἴσω πρότερος. 1110
Ἀλλαντοπώλης
οὐ δῆτ᾽ἀλλ᾽ἐγώ.
Χορός
ὦ Δῆμε καλήν γ᾽ἔχεις
ἀρχήν, ὅτε πάντες ἄνθρωποι
δεδίασί σ᾽ὥσπερ
ἄνδρα τύραννον.
ἀλλ᾽εὐπαράγωγος εἶ, 1115
θωπευόμενός τε χαίρεις
κἀξαπατώμενος,
πρὸς τόν τε λέγοντ᾽ἀεὶ
κέχηνας· ὁ νοῦς δέ σου
παρὼν ἀποδημεῖ. 1120
Δῆμος
νοῦς οὐκ ἔνι ταῖς κόμαις
ὑμῶν, ὅτε μ᾽οὐ φρονεῖν
νομίζετ᾽· ἐγὼ δ᾽ἑκὼν
ταῦτ᾽ἠλιθιάζω.
αὐτός τε γὰρ ἥδομαι 1125
βρύλλων τὸ καθ᾽ἡμέραν,
κλέπτοντά τε βούλομαι
τρέφειν ἕνα προστάτην·
τοῦτον δ᾽, ὅταν ᾖ πλέως,
ἄρας ἐπάταξα. 1130
Χορός
χοὔτω μὲν ἂν εὖ ποιοῖς,
εἴ σοι πυκνότης ἔνεστ᾽
ἐν τῷ τρόπῳ, ὡς λέγεις,
τούτῳ πάνυ πολλή,
εἰ τούσδ᾽ἐπίτηδες ὥσπερ 1135
δημοσίους τρέφεις
ἐν τῇ πυκνί, κᾆθ᾽ὅταν
μή σοι τύχῃ ὄψον ὄν,
τούτων ὃς ἂν ᾖ παχύς,
θύσας ἐπιδειπνεῖς. 1140
Δῆμος
σκέψασθε δέ μ᾽, εἰ σοφῶς
αὐτοὺς περιέρχομαι
τοὺς οἰομένους φρονεῖν
κἄμ᾽ἐξαπατύλλειν.
τηρῶ γὰρ ἑκάστοτ᾽αὐτοὺς 1145
οὐδὲ δοκῶν ὁρᾶν
κλέπτοντας· ἔπειτ᾽ἀναγκάζω
πάλιν ἐξεμεῖν
ἅττ᾽ἂν κεκλόφωσί μου,
κημὸν καταμηλῶν. 1150
Κλέων
ἄπαγ᾽ἐς μακαρίαν ἐκποδών.
Ἀλλαντοπώλης
σύ γ᾽ὦ φθόρε.
Κλέων
ὦ Δῆμ᾽ἐγὼ μέντοι παρεσκευασμένος
τρίπαλαι κάθημαι βουλόμενός σ᾽εὐεργετεῖν.
Ἀλλαντοπώλης
ἐγὼ δὲ δεκάπαλαί γε καὶ δωδεκάπαλαι
καὶ χιλιόπαλαι καὶ προπαλαιπαλαίπαλαι. 1155
Δῆμος
ἐγὼ δὲ προσδοκῶν γε τρισμυριόπαλαι
βδελύττομαί σφω καὶ προπαλαιπαλαίπαλαι.
Ἀλλαντοπώλης
οἶσθ᾽οὖν ὃ δρᾶσον;
Δῆμος
εἰ δὲ μή, φράσεις γε σύ.
Ἀλλαντοπώλης
ἄφες ἀπὸ βαλβίδων ἐμέ τε καὶ τουτονί, 1160
ἵνα σ᾽εὖ ποιῶμεν ἐξ ἴσου.
Δῆμος
δρᾶν ταῦτα χρή.
ἄπιτον.
Κλέων καὶ Ἀλλαντοπώλης
ἰδού.
Δῆμος
θέοιτ᾽ἄν.
Ἀλλαντοπώλης
ὑποθεῖν οὐκ ἐῶ.
Δῆμος
ἀλλ᾽ἢ μεγάλως εὐδαιμονήσω τήμερον
ὑπὸ τῶν ἐραστῶν νὴ Δί᾽ἢ ᾽γὼ θρύψομαι.
Κλέων
ὁρᾷς; ἐγώ σοι πρότερος ἐκφέρω δίφρον.
Ἀλλαντοπώλης
ἀλλ᾽οὐ τράπεζαν, ἀλλ᾽ἐγὼ προτεραίτερος. 1165
Κλέων
ἰδοὺ φέρω σοι τήνδε μαζίσκην ἐγὼ
ἐκ τῶν ὀλῶν τῶν ἐκ Πύλου μεμαγμένην.
Ἀλλαντοπώλης
ἐγὼ δὲ μυστίλας μεμυστιλημένας
ὑπὸ τῆς θεοῦ τῇ χειρὶ τἠλεφαντίνῃ.
Δῆμος
ὡς μέγαν ἄρ᾽εἶχες ὦ πότνια τὸν δάκτυλον. 1170
Κλέων
ἐγὼ δ᾽ἔτνος γε πίσινον εὔχρων καὶ καλόν·
ἐτόρυνε δ᾽αὔθ᾽ἡ Παλλὰς ἡ Πυλαιμάχος. |
DÉMOS.
Iou ! Iou ! Personne n'est plus sensé que Glanis ; et maintenant je me
confierai à toi pour guider ma vieillesse et refaire mon éducation.
CLÉON.
Pas encore, je t'en conjure; attends un peu : je te promets de te
procurer de l'orge pour ta vie de chaque jour.
DÉMOS.
Non, je ne supporte pas qu'on me parle d'orge. Maintes fois j'ai été
trompé par toi et par Théophane.
CLÉON.
Eh bien, je te procurerai de la farine d'orge toute préparée.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et moi des galettes toutes cuites et du poisson grillé tu n'auras qu'à
manger.
DÉMOS.
Accomplissez maintenant ce que vous devez faire. A celui de vous deux
qui aura le plus d'égards pour moi je remettrai les rênes de la Pnyx.
CLÉON.
J'y cours le premier.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Non pas, ce sera moi.
LE CHOEUR.
Ô Démos, tu as une belle souveraineté ; tous les hommes te craignent
comme un tyran ; mais tu es facile à mener par les petits soins, et tu
te plais à être dupe, la bouche toujours béante devant celui qui parle,
et alors ta présence d'esprit déménage.
DÉMOS.
C'est vous qui n'avez pas d'esprit sous vos chevelures, quand vous me
croyez en démence. Je joue à dessein le rôle de niais. J'aime à boire
tout le jour, et à prendre pour chef un voleur que je nourris ; puis,
quand il est bien plein, je le saisis et je l'écrase.
LE CHOEUR.
Tu as raison d'agir ainsi, s'il est vrai que tu as, comme tu le dis,
cette prudence excessive de conduite ; si tu les engraisses exprès dans
la Pnyx comme des victimes publiques, et qu'ensuite, quand il t'arrive
de manquer de vivres, tu prends le plus gros d'entre eux, tu l'immoles
et tu le manges !
DÉMOS.
Voyez quelle est mon adresse à les circonvenir, quand ils se croient
assez fins pour m'attraper. Je les observe attentivement, sans paraître
rien voir, pendant qu'ils volent ; puis, quand ils m'ont volé, je les
contrains à rendre gorge, en insinuant une sonde.
CLÉON.
Va-t'en à la malheure !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Vas-y toi-même, infâme !
CLÉON.
Ô Démos, il y a je ne sais combien de temps que je suis assis là, tout
prêt et voulant te faire du bien.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Moi, il y a dix fois longtemps, douze fois longtemps, mille fois
longtemps, et encore plus longtemps, longtemps, longtemps.
DÉMOS.
Et moi, qui attends depuis trente mille fois longtemps, je vous maudis
tous les deux depuis encore plus longtemps, longtemps, longtemps.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Sais-tu ce que tu as à faire ?
DÉMOS.
Si je ne le sais, tu me le diras, toi.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Lâche-nous hors de la barrière, moi et cet homme, afin de concourir à
qui te fera du bien.
DÉMOS.
C'est ce qu'il faut faire. Éloignez-vous !
CLÉON.
Voilà.
DÉMOS.
Partez
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je ne me laisse pas devancer.
DÉMOS.
Certes, je vais recevoir aujourd'hui un grand bonheur de ces deux
adorateurs, ou bien, par Zeus ! je ferai le difficile.
CLÉON.
Vois-tu ? Je suis le premier à t'apporter un siège.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Oui mais pas une table, et c'est moi le premier.
CLÉON.
Regarde, je t'apporte cette galette pétrie avec mes orges de Pylos.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et moi des morceaux de pain morcelés par la main d'ivoire de la Déesse.
DÉMOS.
Oh ! comme tu as un grand doigt, vénérable Déesse !
CLÉON.
Et moi, voici de la purée de pois, d'aussi bonne couleur que belle :
elle a été pilée par Pallas, protectrice du combat de Pylos.
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Ἀλλαντοπώλης
ὦ Δῆμ᾽ἐναργῶς ἡ θεός σ᾽ἐπισκοπεῖ,
καὶ νῦν ὑπερέχει σου χύτραν ζωμοῦ πλέαν.
Δῆμος
οἴει γὰρ οἰκεῖσθ᾽ἂν ἔτι τήνδε τὴν πόλιν, 1175
εἰ μὴ φανερῶς ἡμῶν ὑπερεῖχε τὴν χύτραν;
Κλέων
Τουτὶ τέμαχός σοὔδωκεν ἡ Φοβεσιστράτη.
Ἀλλαντοπώλης
ἡ δ᾽Ὀβριμοπάτρα γ᾽ἑφθὸν ἐκ ζωμοῦ κρέας
καὶ χόλικος ἠνύστρου τε καὶ γαστρὸς τόμον.
Δῆμος
Καλῶς γ᾽ἐποίησε τοῦ πέπλου μεμνημένη. 1180
Κλέων
ἡ Γοργολόφα σ᾽ἐκέλευε τουτουὶ φαγεῖν
ἐλατῆρος, ἵνα τὰς ναῦς ἐλαύνωμεν καλῶς.
Ἀλλαντοπώλης
λαβὲ καὶ ταδί νυν.
Δῆμος
καὶ τί τούτοις χρήσομαι
τοῖς ἐντέροις;
Ἀλλαντοπώλης
ἐπίτηδες αὔτ᾽ἔπεμψέ σοι
ἐς τὰς τριήρεις ἐντερόνειαν ἡ θεός· 1185
ἐπισκοπεῖ γὰρ περιφανῶς τὸ ναυτικόν.
ἔχε καὶ πιεῖν κεκραμένον τρία καὶ δύο.
Δῆμος
ὡς ἡδὺς ὦ Ζεῦ καὶ τὰ τρία φέρων καλῶς.
Ἀλλαντοπώλης
ἡ Τριτογενὴς γὰρ αὐτὸν ἐνετριτώνισεν.
Κλέων
λαβέ νυν πλακοῦντος πίονος παρ᾽ἐμοῦ τόμον. 1190
Ἀλλαντοπώλης
παρ᾽ἐμοῦ δ᾽ὅλον γε τὸν πλακοῦντα τουτονί.
Κλέων
ἀλλ᾽οὐ λαγῷ᾽ἕξεις ὁπόθεν δῷς, ἀλλ᾽ἐγώ.
Ἀλλαντοπώλης
οἴμοι, πόθεν λαγῷά μοι γενήσεται;
ὦ θυμὲ νυνὶ βωμολόχον ἔξευρέ τι.
Κλέων
ὁρᾷς τάδ᾽ὦ κακόδαιμον; 1195
Ἀλλαντοπώλης
ὀλίγον μοι μέλει·
ἐκεινοιὶ γὰρ ὡς ἔμ᾽ἔρχονταί τινες
πρέσβεις ἔχοντες ἀργυρίου βαλλάντια.
Κλέων
ποῦ ποῦ; toto
Ἀλλαντοπώλης
τί δέ σοι τοῦτ᾽; οὐκ ἐάσεις τοὺς ξένους;
ὦ Δημίδιον ὁρᾷς τὰ λαγῷ᾽ἅ σοι φέρω;
Κλέων
οἴμοι τάλας ἀδίκως γε τἄμ᾽ὑφήρπασας. 1200
Ἀλλαντοπώλης
νὴ τὸν Ποσειδῶ καὶ σὺ γὰρ τοὺς ἐκ Πύλου. toto
Δῆμος
εἴπ᾽, ἀντιβολῶ, πῶς ἐπενόησας ἁρπάσαι;
Ἀλλαντοπώλης
τὸ μὲν νόημα τῆς θεοῦ, τὸ δὲ κλέμμ᾽ἐμόν.
Κλέων
ἐγὼ δ᾽ἐκινδύνευσ᾽, ἐγὼ δ᾽ὤπτησά γε.
Δῆμος
ἄπιθ᾽· οὐ γὰρ ἀλλὰ τοῦ παραθέντος ἡ χάρις. 1205
Κλέων
οἴμοι κακοδαίμων, ὑπεραναιδευθήσομαι.
Ἀλλαντοπώλης
τί οὐ διακρίνεις Δῆμ᾽ὁπότερός ἐστι νῷν
ἀνὴρ ἀμείνων περὶ σὲ καὶ τὴν γαστέρα;
Δῆμος
τῷ δῆτ᾽ἂν ὑμᾶς χρησάμενος τεκμηρίῳ
δόξαιμι κρίνειν τοῖς θεαταῖσιν σοφῶς; 1210
Ἀλλαντοπώλης
ἐγὼ φράσω σοι. τὴν ἐμὴν κίστην ἰὼν
ξύλλαβε σιωπῇ καὶ βασάνισον ἅττ᾽ἔνι,
καὶ τὴν Παφλαγόνος· κἀμέλει κρινεῖς καλῶς.
Δῆμος
φέρ᾽ἴδω τί οὖν ἔνεστιν;
Ἀλλαντοπώλης
οὐχ ὁρᾷς κενὴν
ὦ παππίδιον; ἅπαντα γάρ σοι παρεφόρουν. 1215 |
LE MARCHAND
D'ANDOUILLES.
Ô Démos, la Déesse veille attentivement sur toi ; et, en ce moment, elle
étend au-dessus de ta tête une marmite pleine de bouillon.
DÉMOS.
Penses-tu que nous habiterions encore cette ville, si elle n'avait pas
manifestement étendu sur nous cette marmite ?
CLÉON.
Voici des poissons qui te sont offerts par l'Épouvante des armées.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
La Fille du Dieu redoutable t'envoie cette viande cuite dans son jus,
avec ce plat de tripes, de caillette, de gras-double.
DÉMOS.
Elle a bien fait de se ressouvenir du péplos.
CLÉON.
La Déesse à la redoutable aigrette t'invite à manger de cette galette
longue, afin que nous fassions bien allonger nos vaisseaux.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Prends également ceci maintenant.
DÉMOS.
Et que ferai-je de ces intestins ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
C'est à propos que la Déesse t'envoie de quoi garnir l'intérieur des
trières : car elle veille attentivement sur notre flotte. Bois aussi ce
mélange de trois parties d'eau contre deux de vin.
DÉMOS.
Qu'il est donc bon, par Zeus ! Comme il porte bien ses trois parties
d'eau.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Tritogénie elle-même a mêlé cette triple mesure.
CLÉON.
Reçois de moi cette tranche de galette grasse.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et de moi ce gâteau tout entier.
CLÉON.
Mais tu n'as pas où prendre un civet de lièvre à donner ; moi je l'ai.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Malheur à moi ! Où trouver un civet ? Ô mon esprit, invente maintenant
quelque farce.
CLÉON.
Le vois-tu, pauvre malheureux ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je n'en ai cure. Voici des gens qui viennent à moi.
CLÉON.
Qui sont-ils ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Des envoyés qui ont des sacs d'argent.
CLÉON.
Où donc ? où donc ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Mais qu'est-ce que cela te fait ? Ne laisseras-tu pas les étrangers
tranquilles ? Ô mon petit Démos, vois-tu le civet que je t'apporte ?
CLÉON.
Malheur à moi ! Tu m'as indignement volé.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Par Poseidon ! et toi les habitants de Pylos !
DÉMOS.
Dis-moi, je t'en prie; comment tu as imaginé de faire ce vol ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
L'inspiration est de la Déesse, le vol de moi.
CLÉON.
Mais j'ai eu de la peine pour attraper ce lièvre.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et moi pour le rôtir.
DÉMOS, à Cléon.
Va-t'en : je ne sais de gré qu'à celui qui me l'a servi.
CLÉON.
Hélas ! malheureux que je suis ! Être surpassé en impudence !
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Ne décides-tu pas, Démos, lequel de nous deux a le mieux servi toi et
ton ventre ?
DÉMOS.
Par quel moyen prouverai-je aux spectateurs que j'ai bien choisi entré
vous deux ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Je te le dirai. Va, sans rien dire, prendre ma corbeille ; fouilles-y,
et ensuite dans celle du Paphlagonien : de la sorte tu jugeras bien.
DÉMOS.
Eh bien, qu'y a-t-il dans la tienne ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Tu ne vois donc pas, mon petit papa, qu'elle est vide ? Je t'ai tout
apporté.
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Δῆμος
αὕτη μὲν ἡ κίστη τὰ τοῦ Δήμου φρονεῖ.
Ἀλλαντοπώλης
βάδιζέ νυν καὶ δεῦρο πρὸς τὴν Παφλαγόνος.
ὁρᾷς <τάδ᾽;>
Δῆμος
οἴμοι τῶν ἀγαθῶν ὅσων πλέα.
ὅσον τὸ χρῆμα τοῦ πλακοῦντος ἀπέθετο·
ἐμοὶ δ᾽ἔδωκεν ἀποτεμὼν τυννουτονί. 1220
Ἀλλαντοπώλης
τοιαῦτα μέντοι καὶ πρότερόν σ᾽ἠργάζετο·
σοὶ μὲν προσεδίδου μικρὸν ὧν ἐλάμβανεν,
αὐτὸς δ᾽ἑαυτῷ παρετίθει τὰ μείζονα.
Δῆμος
ὦ μιαρὲ κλέπτων δή με ταῦτ᾽ἐξηπάτας;
ἐγὼ δέ τυ ἐστεφάνιξα κἀδωρησάμαν. 1225
Κλέων
ἐγὼ δ᾽ἔκλεπτον ἐπ᾽ἀγαθῷ γε τῇ πόλει.
Δῆμος
κατάθου ταχέως τὸν στέφανον, ἵν᾽ἐγὼ τουτῳὶ
αὐτὸν περιθῶ.
Ἀλλαντοπώλης
κατάθου ταχέως μαστιγία.
Κλέων
οὐ δῆτ᾽, ἐπεί μοι χρησμός ἐστι Πυθικὸς
φράζων ὑφ᾽οὗ “δεήσει μ᾽” ἡττᾶσθαι μόνου. 1230
Ἀλλαντοπώλης
τοὐμόν γε φράζων ὄνομα καὶ λίαν σαφῶς.
Κλέων
καὶ μήν σ᾽ἐλέγξαι βούλομαι τεκμηρίῳ,
εἴ τι ξυνοίσεις τοῦ θεοῦ τοῖς θεσφάτοις.
καί σου τοσοῦτον πρῶτον ἐκπειράσομαι·
παῖς ὢν ἐφοίτας ἐς τίνος διδασκάλου; 1235
Ἀλλαντοπώλης
ἐν ταῖσιν εὕστραις κονδύλοις ἡρμοττόμην.
Κλέων
πῶς εἶπας; ὥς μου χρησμὸς ἅπτεται φρενῶν.
εἶεν.
ἐν παιδοτρίβου δὲ τίνα πάλην ἐμάνθανες;
Ἀλλαντοπώλης
κλέπτων ἐπιορκεῖν καὶ βλέπειν ἐναντίον·
Κλέων
ὦ Φοῖβ᾽Ἄπολλον Λύκιε τί ποτέ μ᾽ἐργάσει; 1240
τέχνην δὲ τίνα ποτ᾽εἶχες ἐξανδρούμενος;
Ἀλλαντοπώλης
ἠλλαντοπώλουν καί τι καὶ βινεσκόμην.
Κλέων
οἴμοι κακοδαίμων· οὐκέτ᾽οὐδέν εἰμ᾽ἐγώ.
λεπτή τις ἐλπίς ἐστ᾽ἐφ᾽ἧς ὀχούμεθα.
καί μοι τοσοῦτον εἰπέ· πότερον ἐν ἀγορᾷ 1245
ἠλλαντοπώλεις ἐτεὸν ἢ ᾽πὶ ταῖς πύλαις;
Ἀλλαντοπώλης
ἐπὶ ταῖς πύλαισιν, οὗ τὸ τάριχος ὤνιον.
Κλέων
οἴμοι πέπρακται τοῦ θεοῦ τὸ θέσφατον.
κυλίνδετ᾽εἴσω τόνδε τὸν δυσδαίμονα.
ὦ στέφανε χαίρων ἄπιθι, κεἴ σ᾽ἄκων ἐγὼ 1250
λείπω· σὲ δ᾽ἄλλος τις λαβὼν κεκτήσεται,
κλέπτης μὲν οὐκ ἂν μᾶλλον, εὐτυχὴς δ᾽ἴσως.
Ἀλλαντοπώλης
Ἑλλάνιε Ζεῦ σὸν τὸ νικητήριον.
Χορός
ὦ χαῖρε καλλίνικε καὶ μέμνησ᾽ὅτι
ἀνὴρ γεγένησαι δι᾽ἐμέ· καί σ᾽αἰτῶ βραχύ, 1255
ὅπως ἔσομαί σοι Φανὸς ὑπογραφεὺς δικῶν.
Δῆμος
ἐμοὶ δέ γ᾽ὅ τι σοι τοὔνομ᾽εἴπ᾽.
Ἀλλαντοπώλης
Ἀγοράκριτος·
ἐν τἀγορᾷ γὰρ κρινόμενος ἐβοσκόμην.
Δῆμος
Ἀγορακρίτῳ τοίνυν ἐμαυτὸν ἐπιτρέπω,
καὶ τὸν Παφλαγόνα παραδίδωμι τουτονί. 1260
Ἀλλαντοπώλης
καὶ μὴν ἐγώ σ᾽ὦ Δῆμε θεραπεύσω καλῶς,
ὥσθ᾽ὁμολογεῖν σε μηδέν᾽ἀνθρώπων ἐμοῦ
ἰδεῖν ἀμείνω τῇ Κεχηναίων πόλει.
Χορός
τί κάλλιον ἀρχομένοισιν
ἢ καταπαυομένοισιν 1265
ἢ θοᾶν ἵππων ἐλατῆρας ἀείδειν, “μηδὲν ἐς” Λυσίστρατον,
μηδὲ Θούμαντιν τὸν ἀνέστιον αὖ λυπεῖν ἑκούσῃ καρδίᾳ;
καὶ γὰρ οὗτος ὦ φίλ᾽Ἄπολλον <ἀεὶ> πεινῇ, θαλεροῖς δακρύοις
σᾶς ἁπτόμενος φαρέτρας Πυθῶνι δίᾳ μὴ κακῶς πένεσθαι. 1273
λοιδορῆσαι τοὺς πονηροὺς οὐδέν ἐστ᾽ἐπίφθονον,
ἀλλὰ τιμὴ τοῖσι χρηστοῖς, ὅστις εὖ λογίζεται. 1275
εἰ μὲν οὖν ἄνθρωπος, ὃν δεῖ πόλλ᾽ἀκοῦσαι καὶ κακά,
αὐτὸς ἦν ἔνδηλος, οὐκ ἂν ἀνδρὸς ἐμνήσθην φίλου.
νῦν δ᾽Ἀρίγνωτον γὰρ οὐδεὶς ὅστις οὐκ ἐπίσταται,
ὅστις ἢ τὸ λευκὸν οἶδεν ἢ τὸν ὄρθιον νόμον.
ἔστιν οὖν ἀδελφὸς αὐτῷ τοὺς τρόπους οὐ συγγενής, 1280
Ἀριφράδης πονηρός. ἀλλὰ τοῦτο μὲν καὶ βούλεται·
ἔστι δ᾽οὐ μόνον πονηρός, οὐ γὰρ οὐδ᾽ἂν ᾐσθόμην,
οὐδὲ παμπόνηρος, ἀλλὰ καὶ προσεξηύρηκέ τι.
τὴν γὰρ αὑτοῦ γλῶτταν αἰσχραῖς ἡδοναῖς λυμαίνεται,
ἐν κασωρείοισι λείχων τὴν ἀπόπτυστον δρόσον, 1285
καὶ μολύνων τὴν ὑπήνην καὶ κυκῶν τὰς ἐσχάρας,
καὶ Πολυμνήστεια ποιῶν καὶ ξυνὼν Οἰωνίχῳ.
ὅστις οὖν τοιοῦτον ἄνδρα μὴ σφόδρα βδελύττεται,
οὔ ποτ᾽ἐκ ταὐτοῦ μεθ᾽ἡμῶν πίεται ποτηρίου.
ἦ πολλάκις ἐννυχίαισι 1290
φροντίσι συγγεγένημαι,
καὶ διεζήτηχ᾽ὁπόθεν ποτὲ φαύλως ἐσθίει Κλεώνυμος. 1294
φασὶ <μὲν> γὰρ αὐτὸν ἐρεπτόμενον τὰ τῶν ἐχόντων ἀνέρων
οὐκ ἂν ἐξελθεῖν ἀπὸ τῆς σιπύης· τοὺς δ᾽ἀντιβολεῖν ἂν ὅμως·
“ἴθ᾽ὦ ἄνα πρὸς γονάτων, ἔξελθε καὶ σύγγνωθι τῇ τραπέζῃ”.
φασὶν ἀλλήλαις ξυνελθεῖν τὰς τριήρεις ἐς λόγον, 1300
καὶ μίαν λέξαι τιν᾽αὐτῶν ἥτις ἦν γεραιτέρα·
“οὐδὲ πυνθάνεσθε ταῦτ᾽ὦ παρθένοι τἀν τῇ πόλει;
φασὶν αἰτεῖσθαί τιν᾽ἡμῶν ἑκατὸν ἐς Καρχηδόνα
ἄνδρα μοχθηρὸν πολίτην ὀξίνην Ὑπέρβολον”·
ταῖς δὲ δόξαι δεινὸν εἶναι τοῦτο κοὐκ ἀνασχετόν, 1305
καί τιν᾽εἰπεῖν ἥτις ἀνδρῶν ἆσσον οὐκ ἐληλύθει·
“ἀποτρόπαἰ οὐ δῆτ᾽ἐμοῦ γ᾽ἄρξει ποτ᾽, ἀλλ᾽ἐάν με χρῇ,
ὑπὸ τερηδόνων σαπεῖσ᾽ἐνταῦθα καταγηράσομαι”·
“οὐδὲ Ναυφάντης γε τῆς Ναύσωνος, οὐ δῆτ᾽ὦ θεοί,
εἴπερ ἐκ πεύκης γε κἀγὼ καὶ ξύλων ἐπηγνύμην. 1310
ἢν δ᾽ἀρέσκῃ ταῦτ᾽Ἀθηναίοις, καθῆσθαί μοι δοκεῖ
ἐς τὸ Θησεῖον πλεούσαις ἢ ᾽πὶ τῶν σεμνῶν θεῶν.
οὐ γὰρ ἡμῶν γε στρατηγῶν ἐγχανεῖται τῇ πόλει·
ἀλλὰ πλείτω χωρὶς αὐτὸς ἐς κόρακας, εἰ βούλεται,
τὰς σκάφας, ἐν αἷς ἐπώλει τοὺς λύχνους, καθελκύσας”. 1315 |
DÉMOS.
Voilà une corbeille dévouée à Démos.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Visite maintenant ici celle du Paphlagonien. Vois-tu ?
DÉMOS.
Bon Dieu, comme elle est pleine de bonnes choses ! Quelle ampleur de
gâteau il s'était réservée ! Et à moi il donnait cette toute petite
rognure.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
C'est pourtant ce qu'il t'a toujours fait : il te donnait très peu de ce
qu'il prenait, et il en gardait pour lui la meilleure part.
DÉMOS.
Misérable ! Tu volais, et tu me trompais ! Et moi, je t'ai tressé des
couronnes et donné des présents.
CLÉON.
Je volais pour le bien de l'État.
DÉMOS.
Dépose à l'instant cette couronne, pour que je la mette au front de
l'homme que voici.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Dépose-la vite, gibier à étrivières.
CLÉON.
Non certes ; j'ai par devers moi un oracle Pythique, désignant celui-là
seul par qui je dois être vaincu.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et c'est mon nom qu'il indique : c'est par trop clair.
CLÉON.
Mais je veux te convaincre avec preuve si tu as le moindre rapport avec
les paroles du Dieu. Tout enfant, à l'école de quel maître allais-tu ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
C'est dans les cuisines que j'ai été formé à coups de poing.
CLÉON.
Que dis-tu ? Ah ! cet oracle s'adapte à mon idée ! Bien ; et chez le
maître de palestre quel exercice apprenais-tu ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
A voler, à me parjurer, à regarder en face la partie adverse.
CLÉON.
Ô Phébus Apollon Lycien, que me réserves-tu ? Quel métier as-tu fait,
devenu homme ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Vendre des andouilles, et m'accoupler.
CLÉON.
Malheureux que je suis ! C'est fait de moi ! Légère est l'espérance qui
me soutient. Mais, dis-moi, est-ce en effet sur l'Agora que tu vendais
tes andouilles, ou bien aux portes ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Aux portes, où se fait le commerce des salaisons.
CLÉON.
Ô ciel ! l'oracle du Dieu est accompli. Roulez-moi infortuné dans ma
demeure. Chère couronne, adieu, disparais ; c'est à regret que je te
quitte ; un autre va te prendre et te garder. Il n'est pas plus voleur,
mais il est plus chanceux.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Zeus Hellènios, à toi cette victoire !
LE CHOEUR.
Salut, beau vainqueur ; souviens-toi que je t'ai fait ce que tu es, un
homme ! Je t'en demande une faible récompense, c'est d'être pour toi
Phanos, greffier du tribunal.
DÉMOS, au marchand d'andouilles.
Dis-moi quel est ton nom ?
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Agoracritos, car j'ai été nourri sur l'Agora, au milieu des procès.
DÉMOS.
Je me remets donc aux mains d'Agoracritos, et je lui livre ce
Paphlagonien.
LE MARCHAND D'ANDOUILLES.
Et moi, Démos, j'emploierai mon zèle à te bien servir, de telle sorte
que tu avoueras n'avoir jamais vu d'homme plus dévoué à la ville des
Gobe-mouches.
LE CHOEUR.
Quoi de plus beau, à notre début ou à notre fin, que de chanter les
entraîneurs des coursiers rapides, sans chagriner, de gaieté de cœur,
Lysistrate, ou Théomantis sans foyer. Celui-ci, cher Apollon, à tout
jamais pauvre, fond en larmes, en embrassant ton carquois dans le temple
pythique, pour ne pas mourir de faim.
Injurier les méchants n'est point chose odieuse, mais honorable aux yeux
des bons, quand on s'en acquitte bien. Si l'homme, qui doit entendre
nombre de traits méchants, était connu, je ne mentionnerais pas le nom
d'un ami. Maintenant, pour ce qui est d'Arignotos, il n'est personne qui
ne le connaisse, à moins d'ignorer le blanc ou le nome orthien. Or, il a
un frère qui ne l'est guère par les mœurs, l'infâme Ariphradès, qui veut
être ce qu'il est. Il n'est pas seulement pervers, mais il y raffine. Il
salit sa langue des plus honteux plaisirs, léchant la hideuse rosée des
lupanars, souillant sa barbe, caressant les pustules, versifiant à la
façon de Polymnestos, et vivant avec Oenichos. Quiconque ne prendra pas
cet homme en horreur, ne boira jamais dans la même coupe que nous.
Souvent, durant la nuit, je me suis pris à réfléchir, et je me suis
demandé alors pourquoi Cléonyme mange si gloutonnement. On dit que,
quand il se repaît aux dépens des gens riches, il ne sort plus de la
huche. Ils en arrivent à le supplier : "Allez-vous-en, seigneur, nous
embrassons vos genoux ; entrez et ménagez notre table."
On dit que les trières se sont formées en Conseil, et que l'une d'elles,
la plus âgée, a dit aux autres : "N'avez-vous pas entendu, mes sœurs, ce
qui se passe dans la ville ? On dit qu'on demande cent de nous contre la
Chalcédoine : c'est ce mauvais citoyen, l'aigre Hyperbolos." Cette
proposition leur paraît affreuse, intolérable. L'une d'elles, qui n'a
pas encore eu commerce avec les hommes : "Nous préserve le ciel !
dit-elle. Jamais il ne sera mon pilote, ou, s'il le faut, que je sois
rongée par les vers et que je vieillisse au port ! Non, Nauphanté, fille
de Nauson, j'en atteste les dieux, aussi vrai que je suis faite de
planches de pin et charpentée de bois, si ce projet agrée aux Athéniens,
je suis d'avis d'aller stationner au Thèséion, ou devant le temple des
Vénérables Déesses. Ainsi nous ne le verrions pas devenir notre stratège
et insulter notre ville : qu'il navigue seul du côté des corbeaux, s'il
veut, et que les, chaloupes, où il vendait des lanternes, le portent à
la mer !"
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Ἀλλαντοπώλης
εὐφημεῖν χρὴ καὶ στόμα κλῄειν καὶ μαρτυριῶν ἀπέχεσθαι,
καὶ τὰ δικαστήρια συγκλῄειν οἷς ἡ πόλις ἥδε γέγηθεν,
ἐπὶ καιναῖσιν δ᾽εὐτυχίαισιν παιωνίζειν τὸ θέατρον.
Χορός
ὦ ταῖς ἱεραῖς φέγγος Ἀθήναις καὶ ταῖς νήσοις ἐπίκουρε,
τίν᾽ἔχων φήμην ἀγαθὴν ἥκεις, ἐφ᾽ὅτῳ κνισῶμεν ἀγυιάς; 1320
Ἀλλαντοπώλης
τὸν Δῆμον ἀφεψήσας ὑμῖν καλὸν ἐξ αἰσχροῦ πεποίηκα.
Χορός
καὶ ποῦ ᾽στιν νῦν ὦ θαυμαστὰς ἐξευρίσκων ἐπινοίας;
Ἀλλαντοπώλης
ἐν ταῖσιν ἰοστεφάνοις οἰκεῖ ταῖς ἀρχαίαισιν Ἀθήναις.
Χορός
πῶς ἂν ἴδοιμεν; ποίαν <τιν᾽> ἔχει σκευήν; ποῖος γεγένηται;
Ἀλλαντοπώλης
οἷός περ Ἀριστείδῃ πρότερον καὶ Μιλτιάδῃ ξυνεσίτει. 1325
ὄψεσθε δέ· καὶ γὰρ ἀνοιγνυμένων ψόφος ἤδη τῶν προπυλαίων.
ἀλλ᾽ὀλολύξατε φαινομέναισιν ταῖς ἀρχαίαισιν Ἀθήναις
καὶ θαυμασταῖς καὶ πολυύμνοις, ἵν᾽ὁ κλεινὸς Δῆμος ἐνοικεῖ.
Χορός
ὦ ταὶ λιπαραὶ καὶ ἰοστέφανοι καὶ ἀριζήλωτοι Ἀθῆναι,
δείξατε τὸν τῆς Ἑλλάδος ὑμῖν καὶ τῆς γῆς τῆσδε μόναρχον. 1330
Ἀλλαντοπώλης
ὅδ᾽ἐκεῖνος ὁρᾶν τεττιγοφόρας, ἀρχαίῳ σχήματι λαμπρός,
οὐ χοιρινῶν ὄζων ἀλλὰ σπονδῶν, σμύρνῃ κατάλειπτος.
Χορός
χαῖρ᾽ὦ βασιλεῦ τῶν Ἑλλήνων· καί σοι ξυγχαίρομεν ἡμεῖς.
τῆς γὰρ πόλεως ἄξια πράττεις καὶ τοῦ ᾽ν Μαραθῶνι τροπαίου.
Δῆμος
ὦ φίλτατ᾽ἀνδρῶν ἐλθὲ δεῦρ᾽Ἀγοράκριτε. 1335
ὅσα με δέδρακας ἀγάθ᾽ἀφεψήσας.
Ἀλλαντοπώλης
ἐγώ;
ἀλλ᾽ὦ μέλ᾽οὐκ οἶσθ᾽οἷος ἦσθ᾽αὐτὸς πάρος,
οὐδ᾽οἷ᾽ἔδρας· ἐμὲ γὰρ νομίζοις ἂν θεόν.
Δῆμος
τί δ᾽ἔδρων, κάτειπέ μοι, πρὸ τοῦ; ποῖός τις ἦ;
Ἀλλαντοπώλης
πρῶτον μέν, ὁπότ᾽εἴποι τις ἐν τἠκκλησίᾳ, 1340
“ὦ Δῆμ᾽ἐραστής εἰμι σὸς φιλῶ τέ σε
καὶ κήδομαί σου καὶ προβουλεύω μόνος”,
τούτοις ὁπότε χρήσαιτό τις προοιμίοις,
ἀνωρτάλιζες κἀκερουτίας.
Δῆμος
ἐγώ;
Ἀλλαντοπώλης
εἶτ᾽ἐξαπατήσας σ᾽ἀντὶ τούτων ᾤχετο. 1345
Δῆμος
τί φῄς;
ταυτί μ᾽ἔδρων, ἐγὼ δὲ τοῦτ᾽οὐκ ᾐσθόμην;
Ἀλλαντοπώλης
τὰ δ᾽ὦτά γ᾽ἄν σου νὴ Δί᾽ἐξεπετάννυτο
ὥσπερ σκιάδειον καὶ πάλιν ξυνήγετο.
Δῆμος
οὕτως ἀνόητος ἐγεγενήμην καὶ γέρων;
Ἀλλαντοπώλης
καὶ νὴ Δί᾽εἴ γε δύο λεγοίτην ῥήτορε, 1350
ὁ μὲν ποιεῖσθαι ναῦς μακρὰς ὁ δ᾽ἕτερος αὖ
καταμισθοφορῆσαι τοῦθ᾽, ὁ τὸν μισθὸν λέγων
τὸν τὰς τριήρεις παραδραμὼν ἂν ᾤχετο.
οὗτος τί κύπτεις; οὐχὶ κατὰ χώραν μενεῖς;
Δῆμος
αἰσχύνομαί τοι ταῖς πρότερον ἁμαρτίαις. 1355
Ἀλλαντοπώλης
ἀλλ᾽οὐ σὺ τούτων αἴτιος, μὴ φροντίσῃς,
ἀλλ᾽οἵ σε ταῦτ᾽ἐξηπάτων. νυνδὶ φράσον·
ἐάν τις εἴπῃ βωμολόχος ξυνήγορος·
“οὐκ ἔστιν ὑμῖν τοῖς δικασταῖς ἄλφιτα,
εἰ μὴ καταγνώσεσθε ταύτην τὴν δίκην”· 1360
τοῦτον τί δράσεις, εἰπέ, τὸν ξυνήγορον;
Δῆμος
ἄρας μετέωρον ἐς τὸ βάραθρον ἐμβαλῶ,
ἐκ τοῦ λάρυγγος ἐκκρεμάσας Ὑπέρβολον.
Ἀλλαντοπώλης
τουτὶ μὲν ὀρθῶς καὶ φρονίμως ἤδη λέγεις·
τὰ δ᾽ἄλλα, φέρ᾽ἴδω, πῶς πολιτεύσει φράσον. 1365
Δῆμος
πρῶτον μὲν ὁπόσοι ναῦς ἐλαύνουσιν μακράς,
καταγομένοις τὸν μισθὸν ἀποδώσω ᾽ντελῆ.
Ἀλλαντοπώλης
Πολλοῖς γ᾽ὑπολίσφοις πυγιδίοισιν ἐχαρίσω. |
AGORACRITOS.
Silence, une clef à la bouche, trêve à l'audition des témoins, clôture
des tribunaux qui sont les délices de cette ville, et, en réjouissance
de nos prospérités nouvelles, péan au théâtre !LE
CHOEUR.
Ô toi, flambeau d'Athènes, la ville sacrée, et protecteur des îles,
quelle bonne nouvelle viens-tu nous apporter, afin que nous parfumions
les rues du fumet des victimes ?
AGORACRITOS.
Je vous ai recuit Démos, et de laid je l'ai fait beau.
LE CHOEUR.
Et où est-il maintenant, ô merveilleux inventeur de métamorphose ?
AGORACRITOS.
Couronné de violettes, il habite la vieille Athènes.
LE CHOEUR.
Comment le verrons-nous ? Quel est son costume ? Qu'est-il devenu ?
AGORACRITOS.
Tel que jadis il vivait avec Aristide et Miltiade. Vous l'allez voir. On
entend le bruit de l'ouverture des Propylées. Saluez de vos cris de joie
l'antique Athènes ; la merveilleuse, la glorifiée, où séjourne
l'illustre Démos.
LE CHOEUR.
Cité brillante et couronnée de violettes, Athènes, digne d'envie,
montre-moi le monarque de la Grèce et de cette contrée.
AGORACRITOS.
Voyez; c'est lui qui porte la cigale, dans tout l'éclat du costume
antique, ne sentant plus la coquille à voter, mais la paix, et parfumé
de myrrhe.
LE CHOEUR.
Salut, ô roi des Hellènes : nous nous réjouissons tous avec toi. Ton
sort est digne de cette cité et du trophée de Marathon.
DÉMOS.
Ô le plus chéri des hommes, viens ici, Agoracritos ; que de bien tu m'as
fait, en me recuisant !
AGORACRITOS.
Moi ? Mais, mon pauvre ami, tu ne sais pas ce que tu étais alors, ni ce
que tu faisais ; sans quoi, tu me croirais un dieu.
DÉMOS.
Que faisais-je donc en ce temps-là ? dis-le-moi ; et quel étais-je ?
AGORACRITOS.
Et d'abord, dès que quelqu'un disait dans l'assemblée "Démos, je suis
épris de toi ; seul, je t'aime, je veille à tes intérêts, et j'y
pourvois " quand on usait de cet exorde, tu te redressais et tu portais
la tête haute.
DÉMOS.
Moi ?
AGORACRITOS.
Et puis, après t'avoir dupé de la sorte, il s'en allait.
DÉMOS.
Que dis-tu ? Ils me faisaient cela, et je ne m'en apercevais pas ?
AGORACRITOS.
Mais oui, par Zeus ! tes oreilles s'ouvraient comme une ombrelle et se
fermaient ensuite.
DÉMOS.
J'étais devenu si stupide et si vieux ?
AGORACRITOS.
Oui, par Zeus ! Si deux orateurs prenaient la parole, l'un pour la
construction de grands navires, l'autre pour le salaire des juges, celui
qui parlait du salaire s'en allait triomphant de l'orateur des trières.
Mais pourquoi baisses-tu la tête et ne restes-tu pas en place ?
DÉMOS.
J'ai honte de mes fautes passées.
AGORACRITOS.
Mais tu n'en es pas responsable, n'en aie point de souci, ce sont les
gens qui te trompaient de la sorte. Maintenant, dis-moi, si quelque
harangueur impudent se met à parler ainsi : "Juges, vous n'aurez pas
d'orges, si vous ne condamnez cet accusé," que feras-tu, dis, à ce
harangueur ?
DÉMOS.
Je le soulèverai en l'air, et je le lancerai dans le Barathron, après
lui avoir attaché au cou Hyperbolos.
AGORACRITOS.
Voilà qui est juste, et tu parles en homme sensé. Pour le reste, voyons
quels sont tes projets politiques, dis-les.
DÉMOS.
D'abord, toutes les fois qu'on fera rentrer de grands navires, je
paierai la somme intégrale aux matelots.
AGORACRITOS.
Par là tu feras plaisir à bien des derrières usés.
|
Δῆμος
ἔπειθ᾽ὁπλίτης ἐντεθεὶς ἐν καταλόγῳ
οὐδεὶς κατὰ σπουδὰς μετεγγραφήσεται, 1370
ἀλλ᾽ὥσπερ ἦν τὸ πρῶτον ἐγγεγράψεται.
Ἀλλαντοπώλης
τοῦτ᾽ἔδακε τὸν πόρπακα τὸν Κλεωνύμου.
Δῆμος
οὐδ᾽ἀγοράσει γ᾽ἀγένειος οὐδεὶς ἐν ἀγορᾷ.
Ἀλλαντοπώλης
ποῦ δῆτα Κλεισθένης ἀγοράσει καὶ Στράτων;
Δῆμος
τὰ μειράκια ταυτὶ λέγω τἀν τῷ μύρῳ, 1375
ἃ στωμυλεῖται τοιαδὶ καθήμενα·
“σοφός γ᾽ὁ Φαίαξ δεξιῶς τ᾽οὐκ ἀπέθανεν.
συνερτικὸς γάρ ἐστι καὶ περαντικός,
καὶ γνωμοτυπικὸς καὶ σαφὴς καὶ κρουστικός,
καταληπτικός τ᾽ἄριστα τοῦ θορυβητικοῦ”. 1380
Ἀλλαντοπώλης
οὔκουν καταδακτυλικὸς σὺ τοῦ λαλητικοῦ;
Δῆμος
μὰ Δί᾽ἀλλ᾽ἀναγκάσω κυνηγετεῖν ἐγὼ
τούτους ἅπαντας, παυσαμένους ψηφισμάτων.
Ἀλλαντοπώλης
ἔχε νυν ἐπὶ τούτοις τουτονὶ τὸν ὀκλαδίαν,
καὶ παῖδ᾽ἐνόρχην, ὅσπερ οἴσει τόνδε σοι· 1385
κἄν που δοκῇ σοι, τοῦτον ὀκλαδίαν ποίει.
Δῆμος
μακάριος ἐς τἀρχαῖα δὴ καθίσταμαι.
Ἀλλαντοπώλης
φήσεις γ᾽, ἐπειδὰν τὰς τριακοντούτιδας
σπονδὰς παραδῶ σοι. δεῦρ᾽ἴθ᾽αἱ Σπονδαὶ ταχύ.
Δῆμος
ὦ Ζεῦ πολυτίμηθ᾽ὡς καλαί· πρὸς τῶν θεῶν, 1390
ἔξεστιν αὐτῶν κατατριακοντουτίσαι;
πῶς ἔλαβες αὐτὰς ἐτέον;
Ἀλλαντοπώλης
οὐ γὰρ ὁ Παφλαγὼν
ἀπέκρυπτε ταύτας ἔνδον, ἵνα σὺ μὴ λάβῃς;
νῦν οὖν ἐγώ σοι παραδίδωμ᾽ἐς τοὺς ἀγροὺς
αὐτὰς ἰέναι λαβόντα. 1395
Δῆμος
τὸν δὲ Παφλαγόνα,
ὃς ταῦτ᾽ἔδρασεν, εἴφ᾽ὅ τι ποιήσεις κακόν.
Ἀλλαντοπώλης
οὐδὲν μέγ᾽ἀλλ᾽ἢ τὴν ἐμὴν ἕξει τέχνην·
ἐπὶ ταῖς πύλαις ἀλλαντοπωλήσει μόνος,
τὰ κύνεια μιγνὺς τοῖς ὀνείοις πράγμασιν,
μεθύων τε ταῖς πόρναισι λοιδορήσεται, 1400
κἀκ τῶν βαλανείων πίεται τὸ λούτριον.
Δῆμος
εὖ γ᾽ἐπενόησας οὗπέρ ἐστιν ἄξιος,
πόρναισι καὶ βαλανεῦσι διακεκραγέναι,
καί σ᾽ἀντὶ τούτων ἐς τὸ πρυτανεῖον καλῶ
ἐς τὴν ἕδραν θ᾽, ἵν᾽ἐκεῖνος ἦν ὁ φαρμακός. 1405
ἕπου δὲ ταυτηνὶ λαβὼν τὴν βατραχίδα·
κἀκεῖνον ἐκφερέτω τις ὡς ἐπὶ τὴν τέχνην,
ἵν᾽ἴδωσιν αὐτὸν οἷς ἐλωβᾶθ᾽οἱ ξένοι. |
DÉMOS.
Ensuite nul hoplite, inscrit sur un registre, ne sera, par faveur, porté
sur un autre, mais il demeurera inscrit comme tout d'abord.
AGORACRITOS.
Voilà qui mord le bouclier de Cléonyme.
DÉMOS.
Nul imberbe ne haranguera dans l'Agora.
AGORACRITOS.
Où harangueront donc Clisthène et Straton ?
DÉMOS.
Je parle de ces efféminés qui vivent dans les parfumeries, et qui, de
leurs sièges, babillent ainsi : "L'habile homme que Phaeax ! Il a eu
l'adresse de ne pas mourir ! C'est un dialecticien pressant, serrant ses
conclusions, sentencieux, clair, émouvant, dominant puissamment le
tumulte."
AGORACRITOS.
Est-ce que tu ne joues pas du doigt avec cette gent babillarde ?
DÉMOS.
Non, de par Zeus! mais je les forcerai tous d'aller à la chasse et de
mettre fin à leurs décrets.
AGORACRITOS.
En ce cas, je te donne ce pliant et ce jeune garçon bien monté, qui te
le portera ou, si bon te semble, te servira de pliant.
DÉMOS.
Quel bonheur pour moi de recouvrer mon ancien état !
AGORACRITOS.
C'est ce que tu pourras dire quand je t'aurai livré les trêves de trente
ans : "Ô Trêves, paraissez au plus vite !"
DÉMOS.
Ô Zeus vénéré, comme elles sont belles ! Au nom des dieux, est-il permis
de les trentanniser ? Où les as-tu prises, en réalité ?
AGORACRITOS.
C'était le Paphlagonien qui les tenait cachées dans sa maison, afin que
tu ne les prisses pas. Maintenant, moi, je te les donne, pour que tu les
emmènes à la campagne.
DÉMOS.
Et ce Paphlagonien, qui a fait tout cela, quel châtiment lui
infligeras-tu ?
AGORACRITOS.
Pas bien terrible; il exercera mon métier : établi seul devant les
portes, il vendra pour andouilles un mélange de chien et d'âne, luttera
d'outrages, dans son ivresse, avec des prostituées, et boira l'eau sale
des baignoires.
DÉMOS.
C'est une bonne invention et digne de ce qu'il mérite, que ces assauts
de cris avec des prostituées et des baigneurs. Pour toi, en récompense
de tes services, je t'invite au Prytanée, sur le siège occupé par ce
poison. Suis-moi, vêtu de cette robe couleur de grenouille. Quant à lui,
qu'on l'emmène à l'endroit où il doit faire son métier, bien en vue de
ceux qu'il outrageait, c'est-à-dire des étrangers !
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