RETOUR À L'ENTRÉE DU SITE

ALLER A LA TABLE DES MATIERES DES CYRANIDES

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

LE LIVRE DES CYRANIDES

INTRODUCTION - LIVRE II

 

PREMIÈRE CYRANIDE

 

PROLOGUE

 

1] Ce livre est celui de Cyranus… Le divin Hermès des deux en fit un troisième : livre des vertus naturelles, formé des deux livres des sympathies et des antipathies: l'un, premier livre des Cyranides, de Cyranus roi de Perse, l'autre, [livre] d'Harpocration d'Alexandrie, dédié par lui à sa propre fille. Voici ce que contenait le premier livre de Cyranus, autant que nous le pouvons supposer.

2] Hermès, le dieu trismégiste, ayant reçu par les anges un très grand présent de la Divinité, le communiqua à tous les hommes intelligents. Ne le communique donc pas aux ignorants, mais conserve-le par devers toi comme un grand trésor; communique, si tu le peux, à tes fils seulement, toi leur père, ce grand trésor qui, pour l'action, vaut l'or précieux, mais qu'ils jurent de le garder fidèlement, comme un enfant sacré.

3] Ce livre a été écrit sur une colonne de fer en caractères syriaques ; il a été interprété par moi dans le premier livre, l’Archaïque. Dans celui qui s'appelle La Cyranide, il est traité de vingt-quatre pierres, de vingt-quatre oiseaux, de vingt-quatre plantes et de vingt-quatre poissons.

4] Donc, chacune de leurs vertus fut combinée et mélangée aux autres vertus du corps mortel, non seulement pour servir de remède efficace, mais aussi pour son charme naturel, révélation du Dieu souverain et tout-puissant dont la sagesse nous enseigna la puissance des plantes, des pierres, des poissons et des oiseaux, la vertu des pierres et la nature des animaux et des bêtes sauvages, leurs mélanges mutuels, leurs oppositions et leurs propriétés. Ainsi, c'est de Dieu que vint aux hommes la gnose et l'expérience.

5] Donc, après avoir divisé l'ouvrage tout entier en trois Cyranides, j'ai expliqué, par ordre alphabétique, les choses telles qu'elles se présentaient à ma mémoire. Elles s'appellent les Cyranides parce qu'elles sont les reines de tous les écrits, et nous avons trouvé qu'elles venaient de Cyranus, roi des Perses : Voilà la première : tel est son prologue ; voici celui d'Harpocration.

6] Livre médical de Syrie. Harpocration a écrit ce qui suit pour sa fille. Dans un voyage que je fis en Babylonie, je suis arrivé à une ville qui s'appelait Séleucie : l'histoire en a été écrite, nous n'avons donc pas besoin, comme d'aucuns, de nous attarder à la décrire et de nous perdre dans de longs prologues. Arrivons donc au but que nous nous proposons. Il ajoute avoir vu une autre ville distante de dix-sept schènes de Séleucie, qu'Alexandre, roi de Macédoine, détruisit à son retour et c'est alors qu'il bâtit une autre Séleucie, soumise aux Perses, au point d'être persogône, on l'appelle la première Alexandrie, en Babylonie.

7] Voilà d'abord ce que j'ai appris, mon enfant. Puis la troisième année, je rencontrai un vieillard étranger extrêmement instruit, même en littérature grecque ; il me dit qu'il était Syrien, qu'il avait été fait prisonnier, et que là, s'écoulait sa vie. Parcourant donc toute la ville avec moi, il m'en faisait voir chaque détail. Arrivé un jour dans un endroit éloigné de la ville d'environ quatre milles, je vis là, au milieu des tours, une stèle très grande, que les habitants disaient avoir été apportée de Syrie (le Vieil Interprète dit : du temps de Salomon), puis consacrée pour le traitement des malades de la ville. Je l'examinai et la trouvai couverte de caractères perses. Aussitôt donc, je priai le vieillard de m'en indiquer le sens, et j'écoutai ce qu'il me raconta de la stèle. Et il m'expliqua longuement en grec les caractères barbares. Tu vois, dit-il, mon enfant, ces hautes tours au nombre de trois : la première couvre environ cinq mille (?), la deuxième deux mille et demi, la troisième quatre mille : elles ont été construites par des géants qui voulaient escalader le ciel. Pour cette impiété folle, les uns furent frappés de la foudre, les autres sur l'ordre de Dieu ne se reconnurent plus désormais entre eux, tout le reste enfin s'en alla tomber dans l'île de Crète, où Dieu, dans sa colère, les précipita.

8] Ensuite le vieillard m'ordonna de mesurer avec un cordeau, la pierre [la tour de pierre] qui présentait sa longueur vers l'Orient. Ayant donc mesuré celle qui était proche, je trouvai qu'elle avait six cent vingt-deux (V. I. trente-deux) coudées de hauteur et soixante-dix-huit de largeur, et les degrés jusqu'en haut étaient au nombre de huit (V. I. deux cent huit). J'examinai aussi le sanctuaire. Le naos, placé au milieu du sanctuaire, avait trois cent soixante-cinq marches, [les unes] d'argent et les autres d'or au nombre de soixante : nous les montâmes pour aller adresser nos prières au dieu. Et il répétait les innombrables puissances du dieu, qu'il ne faut pas énumérer, disait-il. Mais, décidé à connaître toutes les autres choses, je cessai toutes questions, désirant me renseigner au sujet de la stèle seule. Alors le vieillard, écartant le voile de lin placé sur la stèle, me la montra couverte de caractères étrangers, et moi, qui ne connaissais pas ces lettres, je désirai vivement savoir ce que chacune signifiait. Et je réussis à connaître ce qui se lisait ainsi sur la stèle :

9] « Mythe célèbre, que la volonté des immortels a rempli de connaissances. Comme quoi le deuxième livre recevra de Dieu le nom de Cyranide, second livre suivant le premier, celui de l'Archaïque de Syrie, là où courent les eaux du fleuve Euphrate. »

10] Voici les caractères tracés sur les stèles de fer : « J'y ai d'abord gravé l'avenir, ensuite j'y ai classé les pierres d'après leurs vertus; j'y ai joint les produits de la terre, les poissons des abîmes de la mer, les oiseaux des airs : vertu par vertu, je les ai réunis par groupes de quatre, plus développés, pour servir aux hommes nés et à naître. Oh! âme immortelle, traînant un corps mortel, conduite du haut des airs par le fil d'une Nécessité malfaisante, comme Dieu lui-même l'a dit, tissu filé par les Parques et par la Nécessité, engage les corps mortels à supporter leurs maladies. Car, tel qu'un homme pris dans une entrave et dans des chaînes, tu es sous le joug impérieux de la Nécessité. Mais quand tu auras quitté ton enveloppe mortelle et insupportable, tu verras alors réellement dans les airs et dans les nuages, le souverain maître, qui commande au tonnerre, aux tremblements de terre, aux éclairs, à la foudre, qui met en mouvement les fondements de la terre et les flots de la mer. Telles seront les œuvres de la Divinité éternelle, mère de toutes choses. Dieu les a toutes enseignées aux mortels ainsi que leurs contraires. »

11] Mais ce livre, gravé sur une stèle de fer trempé, a été enfoui dans un lac de Syrie, comme il a été rapporté au livre précédent, intitulé l’Archaïque ; et dans celui-ci, intitulé Les Cyranides, il est question de vingt-quatre pierres, de vingt-quatre oiseaux, de vingt-quatre poissons de mer et de vingt-quatre plantes. Les vertus de chacun, jointes ou combinées avec celles des autres, seront associées pour apporter le calme au corps mortel et nous faire jouir éternellement de la santé. Car nul autre que Dieu ne saurait donner la vie à l'homme. Or, tout ceci a été écrit d'après l'ordre du Seigneur. C'est donc ainsi qu'ils commencent. Mais si on constate une discordance dans les prologues [du Livre de Cyranus et d'Harpocration], ils sont d'accord pour commencer par la première lettre de l'alphabet, comme il suit.

Α

1] Bryonne. (Ἄμπελος λευκή)
Aigle
, (Ἀετός) oiseau.

tite, (Ἀετίτης] pierre.
Aigle
, (Ἀετός) poisson sans écailles, vivant dans la mer.

Vigne blanche, plante très sacrée, la première, l'excellente, qu'on appelle aussi la divine bryonne. L'aigle mâle, le roi de tous les oiseaux. L'aétite, pierre enceinte et résonnante ; car, bien que très petite, si tu la places près de ton oreille en l'agitant, tu entendras comme un bruit de clochette. Aigle, poisson sans écailles, presque semblable à l'épervier [de mer], plus noir cependant, semblable en tous points à la pastenague.

2] La racine de la plante suspendue au cou, guérit les asthmatiques et les épileptiques : l'infusion de ses feuilles, à la dose d'un cyathe, délivre ceux qui sont atteints de dysenterie.

3] L'homme bien portant, qui veut boire beaucoup sans se griser, n'a qu'à prendre à jeun une décoction d'une once de ses feuilles avec du vinaigre, il sera insatiable au point de ne pas savoir ce qu'il boit.

4] S'il boit avec du vin pur la pierre qui se trouve dans la tête du poisson, il ne saura pas tout ce qu'il boira.

5] S'il porte autour du cou la pierre sans la plante, il pourra boire un pot de vin sans s'en apercevoir.

6] S'il boit la même pierre du poisson broyée avec du vin pur, il n'aura pas du tout conscience de ce qu'il boit.

7] Le marc de raisins pressés, mélangé avec un peu de cette pierre et bu par ceux qui ont les parties génitales affaiblies, procure le gonflement et une grande érection ; à ceux qui ne peuvent accomplir le rapprochement sexuel, il sera également salutaire. C'est Dieu lui-même qui a révélé ce secret, pour que le corps humain ne restât pas dans l'embarras.

8] Vin blanc trois cotyles; quarante bourgeons de la plante; baies de sumac trois onces, réduits à un cotyle, en boisson, soulageront la dysenterie, la lienterie et les autres affections analogues.

9] Une décoction de feuilles de bryonne, avec un peu de miel, soulage les souffrances du colon : et si tu y mêles un peu de la pierre, la maladie n'augmentera pas et ne reviendra pas.

10] J'ai vu un jour une femme dont les os étaient brisés, et je m'étonnais du traitement qu'elle suivait, apprenant en même temps qu'elle était ainsi depuis vingt-cinq ans, inerte (brillante et divine nature) ; car elle ne remuait pas les mains et sa chair était gangrenée, et elle ne sentait plus rien. Le reste de ses os allait donc se briser. H'étant servi de cette plante, je la guéris. Je trouvai dans le Livre Sacré cette formule : mélangez une quantité égale de décoction de feuilles de la plante et de vin blanc, faites boire pendant sept jours et le malade sera sauvé.

11] Et la pierre d'aétite suspendue au cou, et le poisson pris comme aliment, produisent les mêmes effets. C'est un présent de Dieu qu'il ne faut pas révéler : ne le fais donc pas connaître, même à ton propre enfant.

12] Pour la chute des ongles des grands doigts, difficiles à guérir et à conserver, mais atteints récemment d'écoulements, mouille avec du vin blanc des dattes pressées, fais macérer, et pose le remède, tantôt seul, tantôt avec de l'huile de roses.

13] Contre les fourmillements ressentis dans tout le corps, ou seulement dans une partie, ou encore contre les verrues, tu brûleras une branche de bryonne, ou du bois, et tu appliqueras l'eau qui sortira de l'extrémité du sarment ou tu la donneras à boire, et toutes les verrues tomberont. N'apprends cela à personne. Egalement, une application de fiente d'aigle est un bon remède. Et la pierre suspendue au cou, ou la graisse du poisson en onction, est un remède très salutaire.

14] Contre les abcès des gencives, la carie des molaires, les affections purulentes se produisant dans tout le corps et les ulcères cancéreux ou rongeurs : décoction de feuilles de bryonne, trois onces; alun, quatre onces; misy cru, huit drachmes; manne, quatre cotyles; iris d'Illyrie, une once; couperose, quatre grains : broyé jusqu'à ce que le tout devienne sec ; cela purge, reconstitue la plaie, arrête l'écoulement consécutif, et, d'une manière générale, c'est le plus puissant remède.

13] Or, nous avons appris un souverain remède, après avoir constaté sur la langue d'un malade des abcès tels que les gencives en étaient mortifiées : appliquant de la décoction de feuilles avec du miel, du misy sec, la plaie fut purifiée : ensuite, ayant saupoudré d'iris sec, la plaie fut reconstituée.

16] Contre l'ozène nasal, les tumeurs, les polypes, les corrosions externes et internes, les ulcères, les engelures et tout ce qui affecte les narines, voici le remède divin : décoction de feuilles, une once ; couperose, encens, calcite, aristoloche, trois grains de chaque : broyé jusqu'à ce que le tout devienne sec et sers t'en comme d'un remède très divin.

17] Contre la calvitie et les sueurs, les ulcères, les gales, les tumeurs et toutes les maladies de la tête : décoction de bryonne, décoction de potamogéton, décoction de bette, parties égales, mélanger pendant trois jours et employer en onctions. C'est tout à fait bon.

18] Pour empêcher la carie des molaires, les rendre inébranlables, incassables, il y a un remède divin (retiens-le) : jus de raisin, deux cotyles; écorce de racine de mûrier, six onces : fais bouillir jusqu'à réduction de moitié : donne en lotion pendant trois, cinq ou sept jours, et les molaires ou les gencives ne seront plus jamais malades.

19] Si donc quelqu'un voulait l'étudier, la bryonne, plante donnée par Dieu, guérit les maux des pieds à la tête.

20] Jusqu'ici Cyranus et Harpocration ont été d'accord ; à partir de ce moment, Cyranus s'exprime différemment en ces termes :

21] Les pousses de la plante, mangées cuites au moment de la pousse, font évacuer l'urine et rendent le ventre libre. Les feuilles, la racine et le fruit sont acres et très échauffants; ils ont aussi une autre action merveilleuse dont on n'a pas parlé, c'est que mis en cataplasme avec du lait et de l'ammi, ils guérissent les ulcères invétérés, les gangrènes, les cancers et les ulcères purulents.

22] Sa racine desséchée fait disparaître les humeurs et les taches de rousseur du visage, la rigidité des membres et les autres taches du visage et les taies des yeux : mélangée avec de la farine d'orobe et du fenugrec, elle guérit les boutons, les taches de rousseur, les dartres farineuses, les enflures du visage, les excroissances entre les doigts et les tumeurs noires. Cuite dans l'huile jusqu'à consistance de cire, elle convient aux mêmes affections; mise en cataplasme avec du vin, elle arrête les enflures du visage et les excroissances entre les doigts, elle fait disparaître les inflammations.

23] Pour l'épilepsie, il faut en boire pendant une année, quatre grains chaque jour avec de l'oxymel : administrée à la dose de deux grains, elle est bonne pour les apoplectiques et les gens sujets au vertige : elle vient également au secours des gens mordus par un serpent. Elle détruit les fœtus : elle cause un certain trouble dans la pensée, et quelquefois, associée à du vin de seconde cuvée, elle augmente l'urine. Trois oboles bues avec du vinaigre pendant trente jours, diminuent les douleurs de tête : on l'emploie utilement avec des figues en cataplasme pour le même objet : on la fait aussi bouillir pour les bains de siège destinés à purifier la matrice. C'est encore un excellent remède pour le ventre.

24] En liniment ou en cataplasme, le fruit, seul, est bon contre les dartres et les lèpres : le suc de la plante, extrait jusqu'à la dernière goutte, en boisson, fait venir le lait. En boisson, elle convient aux paralytiques, en liniments avec de l'huile, aux ulcérations.

25] Ses feuilles, avec du vin, employées en cataplasme sur des écoulements, sont parfaites : en un mot, elle est utile à tous ceux qui l'emploient dignement.

26] Cette plante est de deux sortes. La première est la vigne blanche, celle qui s'appelle aussi bryonne, raisin de serpent, couleuvrée, chelidon, mylithron, psilothron, archizostes, kechedron. Ses sarments, ses feuilles, ses vrilles sont semblables à celles de la vigne cultivée, mais plus touffus : elle pousse au travers des buissons qui l'avoisinent et s'y attache par ses vrilles. Son fruit est comme une grappe de raisin roux : il enlève la peau.

27] La deuxième est la vigne noire : on l'appelle aussi bryonne et chrironion (gentiane). Ses feuilles sont semblables à celles du lierre, plus encore au smilax, mais plus grandes ; elle s'attache aux arbres par ses vrilles ; ses fruits, d'abord verts, deviennent noirs à l'extérieur et couleur de buis à l'intérieur ; ses pousses, dans leur premier bourgeonnement, se mangent comme légumes ; elles sont diurétiques et emménagogues, curatives de la rate, salutaires aux hypocondriaques, mais surtout les racines; toute la plante convient aux épileptiques et aux personnes qui ont des vertiges; ses feuilles avec du vin, mises en cataplasme sont salutaires aux écrouelles et contre les coliques et les relâchements; et en général elle a une vertu semblable à la précédente.

28] La vigne blanche a encore d'autres effets convenables et très agréables, car dans les festins elle ne rend pas seulement sobre, mais elle fait qu'on se réjouit.

29] Jusque-là Cyranus s'exprime ainsi : puis ils ne sont plus d'accord ; et voici ce que dit Harpocration :

30] « Heureuse plante, conductrice des Dieux, maîtresse de la terre, du ciel et de l'air, qui dégages l'esprit par une boisson venant de ton raisin, qui procures le sommeil pour reposer tous les membres, personne, ni par la parole, ni par le corps, n'aura un pouvoir comparable au tien; mais tu montres la vanité des choses cachées au fond des âmes des mortels. Possédant mystérieusement les mystiques esprits, ô vigne, tu feras connaître ce qui existe dans les seuls livres saints et dans les remèdes, comme aussi tout ce qui est caché dans les mystères du couteau et de la hache. Et ceci s'appellera les mystères de la vigne. » Elle a encore d'autres vertus convenables, dont il n'est pas permis de parler légèrement au milieu des mortels.

31] A partir d'ici, suivant la Cyranide, le discours sacré parle ainsi : « Heureuse reine divine, chargée de raisin divin, mère de toute la divine nature favorable aux plantes, la nature désire le raisin, et c'est de la grappe que vient le vin divin……. »

32] Après cette invocation, verse dans une coupe le breuvage dont tous boiront, puis ils partiront charmés, sans que personne ne discute.

33] Or donc, si nous voulions dire toutes les vertus de la vigne, un livre entier ne nous suffirait pas : cependant, il nous faut ajouter qu'elle est utile pour la fièvre quarte.

34] Le jus de la vigne procure les plus grandes joies. Plante-la donc partout : car il n'est pas de fêtes des dieux ou des mortels, à la fin ou à leur entrée dans la vie, ou s'élançant au sortir de l'éducation, vers l'agriculture, vers la plantation ou vers quelque autre but de la vie, qui puissent se passer de cette plante.

35] Il me reste à parler d'un mauvais démon, celui de la fièvre quarte qui est envoyé aux hommes et aux femmes par le premier décan du capricorne, qui n'est pas dompté promptement parce qu'il ne voit ni n'entend, car il est sans tète.

36] Prenant donc des raisins secs ayant quatre pépins, épluche-les avec tes ongles, et non avec ta bouche, puis tu les mettras dans un linge, en état de pureté ; suspends-les ensuite au cou du malade sans que le malade le sache, et par la grâce de Dieu, tu le guériras.

37] Et la pierre de la tête du poisson, suspendue au cou, guérit la fièvre quarte.

38] La stèle de Cyranus s'exprime ainsi sur la joie : « O plante très divine qui portes le raisin, vigne blanche, mère des plantes, douce porte-cymbale, la première d'entre les plantes de la terre. » Adresse à la coupe, ces paroles : « Evohé pour le bon vin : rends mon esprit tranquille : évohé, toi qui es fille de l'Olympe, garde mon intelligence, toi qui es généreuse, très divine et salutaire, — ΥΙ  ΕΥ ΑΕ ΙΑΥΩ ΑΕ ΚΙΕΩ (lire ΑΕΙ ?), — évohé. » Après avoir ainsi parlé à la coupe, verse [le vin] dans la coupe où tous boiront, et tous les amis partiront charmés, sans que personne discute.

39] Ayant donc choisi une pierre d'aétite, grave dessus un aigle : puis, sous la pierre, mets un pépin de raisin et le bout d'une aile d'aigle ou d'épervier : puis l'ayant sertie, porte-la. Elle éloignera de toi toutes les maladies dont il vient d'être question, elle te donnera de la considération et t'attirera la bienveillance des puissants, des grands et de tes supérieurs ; elle te servira encore en beaucoup de circonstances qu'il est inutile d'énumérer. Ainsi se termine la première lettre A.

Β

1] Βράυθος Sabine, plante semblable au cyprès.
Βρύσις Brysis ou corneille.
Βήρυλλος Béryl, pierre blanche.
Βύσσα Byssa, crabe.

2] L'arbrisseau semblable au cyprès, connu de Dieu, s'appelle Sabine : il est brûlé devant les dieux comme encens. Brysis, animal d'espèce commune avec la corneille, vit jusqu'à cinq cents ans. Béryl, pierre blanche bien connue, de grande valeur. Le byssa est un crabe de mer : on l'appelle byssa à cause de sa ressemblance avec les bysala. Or donc, la plante bue avec du vin fera ouvrir les plaies cancéreuses : placée sous le fœtus, elle en provoque l'expulsion, et dans la dysurie, fait uriner du sang.

3] Pour la dyspnée, l'orthopnée et l'asthme : sabine, une obole; beurre, quatre oboles; miel, deux onces : fais-en un électuaire et donne-le à boire à jeun.

4] Les yeux de crabes, portés au cou, guérissent la maladie.

5] Voici l'instinct de l'oiseau qui s'appelle la corneille : si sa femelle meurt, le mâle n'en prend pas une autre. Et la femelle fait de même. Et ils sont, à cause de cela, très utiles aux hommes. Car si un homme porte sur lui le cœur d'une corneille mâle, et sa femme celui d'une femelle, ils se traiteront avec bienveillance mutuellement toute leur vie; c'est là une merveille qui dépasse tout.

6] Prends donc un béryl, grave dessus une corneille et sous ses pattes, un crabe ; puis, enferme dessous une petite branche de sabine, un peu du cœur de l'oiseau et ce qu'on appelle l'aphrodite (κλειτορίς) du crabe et porte-le comme tu voudras.

7] Il est efficace, en effet, pour les gens atteints de dyspnée, de coliques hépatiques ou néphrétiques ; car c'est la pierre du dieu Zeus. Il donne à celui qui le porte le don de plaire, le succès dans les entreprises; il fait naître l'affection entre ceux qui se marient, ainsi que le parfait accord dans les rapports intimes, comme étant fort belle.

Γ

1] Γλυκυσίδη Pivoine, plante, d'autre la nomment péône.
Γλαῦλος Chouette, oiseau.
Γνάθος Gnathos, pierre.
Γλαῦκος Glauque, poisson, connu de tous.

2] La pivoine est la péône : elle a reçu le nom de péône parce que c'est Péon qui l'a découverte : son fruit semble l'extrémité d'une amande : de ses graines, les unes sont fermées, les autres entr'ouvertes.

3] La chouette est l'oiseau consacré à Minerve : elle a sur la tête une couronne royale en plumes, les grands yeux du nycticorax : elle vit dans les champs.

4] Le gnathos est une pierre, dure comme la pierre molaire, semblable à une mâchoire.

5] Le glauque est un poisson de mer connu de tous.

6] Or, la plante est de deux sortes, l'une mâle, l'autre femelle.

7] Si donc la matrice d'une femme ne garde pas la semence et qu'elle veuille concevoir, qu'elle ceigne le divin fruit fermé, après l'avoir lié dans un linge de lin teint des sept couleurs, et qu'elle le porte au bas-ventre.

7 bis] Mais si tu veux empêcher la femme d'engendrer, donne-lui à manger du mouton avec de l'orge souillé avec ses menstrues, et elle ne concevra jamais. De même, éteins des charbons ardents dans ses menstrues, elle ne concevra pas. Alors enlève convenablement le charbon et garde-le, et lorsque tu voudras qu'elle conçoive, allume-le au feu, et elle concevra.

8] Mais si elle ne veut pas concevoir, qu'elle porte sur elle de la graine de pivoine ouverte, avec de la sécrétion d'oreille de mulet, aussi longtemps qu'elle voudra [ne pas concevoir].

9] Si la femme qui enfante est dans des souffrances cruelles, et qu'il y ait du danger, ayant mis dans de l'huile de la graine ouverte de la plante, frottes-en ses reins et son bas-ventre, et elle enfantera sans douleurs.

10] Les fumigations ou les boissons de racine de pivoine écartent les démons : et si on la porte, elle chasse tous les fantômes.

11] Délaye avec un peu d'eau de mer les yeux de la chouette et du glauque, puis dépose-les dans un vase de verre. Il est meilleur par exemple de mêler leurs biles et de laisser déposer dans un vase de verre.

12] Lors donc que tu voudras essayer la puissance de la substance, écris avec l'eau de cette préparation sur une feuille de papier pure et blanche : le jour, l'écriture ne se verra pas, mais l'obscurité venue, elle se lira. Si donc [avec cette composition] tu peins sur une muraille quelque personnage, la nuit venue, ceux qui le verront se sauveront, croyant apercevoir des démons ou des dieux.

13] Si on grave sur la pierre gnathos une chouette et sous ses pattes le glauque, et qu'on la porte après avoir enfermé dessous les yeux de celui-ci, en s'abstenant de chair de porc et de toute impureté, l'obscurité venue, on paraîtra comme un homme de noble race, inspiré des dieux : pendant le jour, tout ce qu'on dira sera cru, et si on la porte au lit, on verra en songe la réalité.

Δ

1] Δρακόντιος Serpentaire, plante.
Δενδροκολάπτης Pic-vert, oiseau.
Δράκων Vive, poisson.
Δενδρίτης Dendrite, pierre bien connue.

2] La serpentaire est une plante dont les graines ressemblent à des yeux de dragon : ses feuilles sont larges : en tout elle est malfaisante. Il y a deux espèces de serpentaires : l'une qui est sauvage et qu'on appelle herbe Saint-Jean, l'autre cultivée : la première est le lachanon sauvage, γριολάχανον, l'autre le lachanon cultivé, appelé ρμενολάχανον. Il faut leur préférer le cholobotanos, qui a des feuilles larges, semblables à celles du platane. Des graines de cette plante, on extrait une huile rouge qui s'appelle orcolachanon et dracontia.

3] Le pic-vert est un oiseau très connu, de la grosseur d'une caille; il creuse les chênes, les sapins et les noyers, pour faire son nid dans leur tronc.

4] La vive est un poisson de mer sans écailles, avec des piquants : si elle devient trop grande, au point d'être malfaisante, les nuages l'enlèvent en l'air, la précipitent d'en haut sur les montagnes, ses membres sont mis en pièces. Sa langue est fourchue, comme une queue à plat, longue de deux doigts. Mets-la dans l'huile et garde-la. Portée par les enfants, elle éloigne d'eux les maléfices et les maladies.

5] J'ai appris cela sur les plages de la Syrie et de l'Assyrie.

6] La dendrite est une pierre connue de beaucoup; elle ressemble au corail. Elle naît dans l'Inde, dans les rochers de la mer, elle a environ six doigts de hauteur.

7] La graine de la serpentaire portée, rend la vue perçante ; elle enlève les légers maux de tête.

8] Une plume de l'aile du pic-vert, avec un peu de dendrite, guérit la migraine et les maux de tête.

9] Egalement, une plume de l'aile de l'oiseau, avec un peu de poisson, hachés et piles ensemble, portés, guérissent rapidement tous les maux de tête.

10] Afin que nous ne soyons pas dans l'erreur, à cause de l'extrême rareté de la grande vive, nous achèterons pour employer à sa place, des petites vives ayant forme de poissons, longues de deux palmes.

11] Contre les douleurs de tête, l'éléphantiasis à son début, les ardeurs, les taches blanches qui se produisent sur le corps et toutes les variétés de la lèpre si funeste, fais un onguent composé de graisse de vive et de jus de la plante et emploie-le matin et soir.

12] Si donc quelqu'un bouche avec un coin le nid du pic-vert, l'oiseau apporte une plante qu'il connaît, s'approche et l'ouvre; s'il est, en effet, fermé avec de l'argile, l'argile tombe : si c'est avec une pierre, la pierre saute : avec une planche et des clous, déclouée, la planche tombe : si c'est avec une feuille de fer et des clous, ils seront brisés, car rien qu'en touchant légèrement avec la plante un endroit, il ouvrira tout sur-le-champ et prendra son nid ; puis il jette la plante au pied de l'arbre. Si donc après avoir fermé le nid on cherche la plante, on la trouvera toujours au pied et elle sera bonne pour beaucoup de choses qu'il n'est pas permis de dire, à cause de sa nature divine, et qu'un homme ne saurait accomplir.

13] Si quelqu'un grave sur une dendrite le pic, et sous ses pattes une vive, s'il enferme dessous la plante trouvée sous le nid du pic et s'il la porte, toutes les portes s'ouvriront devant lui et il fera tomber les fers et les verrous; les bêtes sauvages se soumettront à lui et s'apprivoiseront; de tous les hommes il sera aimé et écouté; il mènera à bien tout ce qu'il désirera, et ce qu'il voudra réussira.

14] Chantez donc l'hymne en l'honneur d'Hermès Trismégiste, l'initiateur de toute sagesse, le guide des discours, le très sage dispensateur de tous les arts, le plus admirable des astres.

15] Hermès, bienheureux entre tous les Dieux ! Mortel, il vit inconnu des Dieux ! Et cependant il est de leur nature. Car qui trouvera un homme semblable? Personne ; mais on échouera. Tu instruis par une stèle : telle est sa nature. Mais porteur de la raison divine et de ses mystères, porteur de la science des Dieux, tu ouvriras les serrures, tu délieras les chaînes : tu civiliseras les bêtes sauvages, et par la volonté de Celui qui est dans les deux, tu calmeras les tourbillons des flots furieux; et tous les démons t'éviteront, et seul, entre les hommes, tu paraîtras bon à tous.

16] Nous passerons maintenant à un autre conseil. Si donc, comme il est vraisemblable, tu ne trouves pas la plante après l'ouverture du nid, mets sous la pierre gravée l'extrémité de la plume de l'aile de l'oiseau et son cœur, un grain de semence de serpentaire, de la pierre ou de la moelle de vive. Cette préparation procure une vue perçante à celui qui la porte, guérit les maux de tête et procure le bien-être à la tête et aux yeux de celui qui la porte. Puis, elle le rend heureux dans ses entreprises et redouté de tous les hommes.

Ε

1] Εὔζωνος Roquette, plante, appelée aussi tzantyra.
Εὐβοή Euboé, oiseau qui est le rossignol.
Ἐχῖνος Oursin, espèce de poisson.
Εὔανθος Evanthus, pierre.

2] La roquette est un légume qui se mange, connu de tous. L'euboé est le rossignol, oiseau connu de tous. L'oursin de mer est connu de tous. L'evanthus est une pierre de toutes les couleurs; elle est consacrée à Aphrodite, parce qu'elle est polychrome.

3] La roquette est échauffante. Une erreur existe chez beaucoup de personnes qui ne connaissent pas la nature de chaque plante. Or, les prêtres mangent la roquette, la rue, le gattilier, pour être chastes. Car la roquette verte éteint les désirs sexuels et ne permet pas les fréquents rapprochements intimes, ni les fréquentes érections, ni les pertes nocturnes. C'est pour cela que les prêtres qui sont aux sanctuaires en mangent souvent et, grâce à elle, n'ont pas d'idées impudiques.

4] Graine de roquette, quatre onces ; poivre, quatre onces : pris malin et soir avec du miel, la valeur de deux doigts, procureront l'érection.

5] Si l'âge s'avance et que le membre soit affaibli, fais ceci : graine de roquette, seize onces; cumin, huit onces; poivre, quatre onces; graine de pourpier, deux onces : broyé le tout avec du miel et fais prendre soir et matin. C'est incomparable.

6] Les yeux et le cœur du rossignol suspendus à un lit donnent des insomnies à ceux qui y sont couchés.

7] Si, après les avoir broyés, on les donne secrètement à boire à quelqu'un, il mourra sans pouvoir dormir et il n'y a pas de conjuration possible.

8] Si, après l'avoir broyé, tu donnes aux épileptiques le nombril de l'oursin, aussitôt ils seront soulagés; mais seulement, donne-le très souvent, avec du miel.

9] Grave sur la pierre evanthus, toute dorée, Aphrodite sortant de l'onde, avec ses cheveux tout mouillés : mets sous la pierre la racine de la plante et la langue d'un rossignol : puis après l'avoir sertie, porte-la : tu seras aimé et connu de tous, et agréable non seulement aux hommes, mais aux démons, et tout animal sauvage te fuira.

Ζ

1]  Ζμῖλαξ Smilax, plante.
Ζῶκος Sarcos, oiseau.
Ζμύρνα
Mur
ène, poisson.
Ζμάραγδος Émeraude, pierre précieuse verte, de grand prix, venant de Perse.

2] Le smilax est une plante très vigoureuse, comme le lierre; si quelqu'un en met sur la tête d'une femme dont la couche est laborieuse, elle accouchera sans douleur.

3] Si une femme, pendant ses menstrues est prise de malaises et de douleurs, mets-lui la plante autour de la ceinture, et ses menstrues viendront sans douleur.

4] Si après avoir mélangé un grain de jus des feuilles de la plante et une once de miel, tu les donnes à un hydropique, il se videra sans danger. Une femme qui en aura pris, aura une hémorragie.

5] Le sarcos est un oiseau ; les uns le nomment zogion, les autres, harpie. C'est une variété du vautour blanc qui mange les cadavres. La murène, poisson de mer, est connue de tous. L'émeraude est une pierre connue de tous.

6] Si tu donnes à manger à quelqu'un dans sa nourriture l'intérieur de la harpie, cette personne, après l'avoir absorbé, éclatera en mangeant; car elle sera insatiable.

7] Si tu donnes le gros intestin de l'oiseau, broyé, à boire, ou cuit, à manger, à quelqu'un atteint de coliques, il sera rapidement guéri.

8] Sa graisse en liniment avec de l'huile de murène mâle, chasse la fièvre quarte; sa fiente, en onguent avec du vinaigre, diminue la lèpre; son foie, prie en telle quantité qu'on voudra, trouble les intestins.

9] L'émeraude est une pierre verte d'un grand prix. Grave donc sur l'émeraude nne harpie, sous ses pattes une murène, enferme sous la pierre de la racine de la plante et porte-la contre les visions délirantes, les frayeurs et tout ce qui affecte les lunatiques; elle guérit aussi les coliques. Elle sera meilleure si on y joint de la graisse de murène. Cest une amulette divine.

Η

1] Ἠρύγγιος Eryngium, panicaut, plante.
Ἡλίου ζωή Vie du Soleil, le phénicoptère.
Ἡφαιστίτης Héphestite pierre.
Ἡδονίς Hédonis, que d'autres appellent anchois.

2]  L'eryngium est une plante épineuse qui pousse comme un roseau; on la nomme également gorgonios. Voici sa vertu : celui qui porte sa racine n'aura pas à subir les ruses du démon.

3] Si quelqu'un a l'Esprit de l'air (?), on placera sous ses vêtements la racine de la plante et il avouera quel il est, d'où il vient et d'où il a été chassé comme étant étranger.

4] La plante entière avec ses racines, prise en infusion dans l'eau avec du miel, apaise les coliques.

5] Si tu la fais bouillir avec du vin miellé et que tu la donnes à boire à ceux qui ont ou la pierre, ou une rétention d'urine, ou des coliques néphrétiques, tu guériras leur maladie. Qu'ils en boivent pendant seize jours, le matin au lit ; si tu la fais cuire avec de l'écorce de grenadier, tu leur feras encore plus de bien.

6] Si après l'avoir fait bouillir, tu fais manger secrètement le phénicoptère, c'est un meilleur remède que l'oursin.

7] L'hédonis de mer, qu'on appelle anchois, mangé fréquemment, guérit le» ulcères qui se forment dans les reins.

8] Si sur la pierre héphestite, appelée aussi pyrite, tu graves un phénicoptère, et près de ses pattes un scorpion, et que sous la pierre tu mettes un peu de la racine de la plante, tu auras un phylactère contre tous les animaux venimeux ; il chasse aussi les apparitions nocturnes ; il fait aussi du bien aux gens atteints de la pierre, il écarte également toutes les fascinations.

9] Hymne. — Le fils de Cronos, lui-même, veille à la vigueur des pauvres et chétifs mortels ; il donne la lumière aux astres, produit sur terre l'or et l'argent et fait disparaître la maladie et la cruelle pauvreté imposée par une Nécessité malfaisante. Étant bon, il ne donne pas la mort. Mais il commande, sous l'empire de la Nécessité, à la terre tout entière et au ciel étoile : il conduit les humains avec le fouet du Destin et tout puissant, les étreint sous l'influence de la Nécessité. Un fils de Kronos, le chef, fut entraîné dans le monde par les immortels tourbillons, traversant les cercles célestes dans lesquels toutes choses se meuvent de l'Orient à l'Occident, autour des Ourses aux sept étoiles : qu'il suffise à ton âme de demander, dans le temps qui fuit, ce qui lui peut venir en aide : car aussitôt après l'enfantement, quoiqu'ayant connu Dieu directement dans l'air et dans les nuages, exilée dans le corps qu'elle doit habiter, elle a souffert la maladie.

Oh ! bienheureuse âme immortelle, dans le lieu où tu es, apaise la souffrance d'un corps qui est tien. Ne te donne plus la peine de rechercher ce qu'est le ciel, ce qu'est l'eau, le feu, ce que sont les astres brillants, les ténèbres indicibles qui sont au-dessus des Dieux eux-mêmes, la sphère roulant d'Orient en Occident, le cyclone incessant des vents qui, en agitant tout, amène l'incandescence de la mer et brisant les profondeurs du ciel avec des bruits de tonnerre, produit le feu de l'éclair, la pluie, l'impétuosité des eaux douces : car Géa, nourrice de toutes choses, détient dans son sein divin tout ce qui naît dans son sein terrestre, les racines des plantes, filles fleuries de la terre, qu'elle enfante autour des quadrupèdes, des oiseaux, des poissons, tout ce qui se trouve dans les cavités, en un mot, tout ce qu'on voit parmi les mortels, et qui leur est utile.

10] Mais c'est assez de préliminaires : j'exposerai maintenant en prose, en détail, et je ferai connaître les oracles de l'âme. J'ai dit ce qu'on voyait : d'autres choses existent, puissent-elles être indiquées 1 Or, j'ai dit ce qui se rattachait à la gnose et aux êtres qui dépendaient d'elles.

11] La huppe. Il est un oiseau qui vole dans l'air, qu'on appelle la huppe : sur la tête, il a une crête des sept couleurs, de deux doigts de longueur, qui se dresse et se rabat. L'oiseau est de quatre couleurs, pour ainsi dire, par rapport aux quatre saisons de l'année. Cet oiseau s'appelle aussi cucupha ou puppa, ainsi qu'il est écrit dans le premier livre, appelé l'Archaïque. Or, cet animal est sacré.

12] Ayant donc pris le cœur de la huppe encore palpitant, mange-le juste au début de la première heure du soleil ou de la huitième, et que ce soit le jour de Saturne, la lune étant à son lever ; bois sur l'heure du lait d'une vache noire avec un peu de miel, suivant la formule qui va être donnée, afin que le cœur soit avalé sainement ; et tu connaîtras alors les choses du ciel et de la terre, le fond de l'âme des autres, ce qui se passe chez les peuples comme dans les villes et la destinée de tous les hommes. Voici donc la formule du miel.

13] Miel, un cotyle et demi ; pierre d'aimant vivante très pulvérisée, deux onces; sept cœurs de panicaut : délaye le tout avec du miel. Procure-toi une autre pierre d'aimant sur laquelle aura été gravé l'oiseau : il faut la plonger dans la composition. Si tu veux savoir quelque chose, goûtes-en la valeur d'un doigt, mets sur toi l'aimant gravé, porte-le au cou, et tu sauras d'avance tout ce que tu voudras.

14] Si tu mets dans la composition un autre cœur et un foie de huppe, elle sera meilleure et te donnera encore plus de mémoire ; mais afin de conserver sain le corps de celui qui a mangé le miel ou avalé le cœur (car d'ordinaire il surgit une infinité de poux), il faut d'abord se frotter avec l'huile suivante : huile, un cotyle; staphisaigre (herbe aux poux) finement pulvérisée, deux onces : après avoir bien pilé et bien unifié, mets de côté, prêt à servir ; et lorsque la t'en serviras, frotte-toi avec dans ton lit.

15] Question posée au philosophe. — Dis-moi, que penses-tu, l'âme est-elle immortelle ou mortelle? — Et il répond : beaucoup d'esprits grossiers se trompent sur l'intelligence de l'immortalité de l'âme ; celle-ci se prouve elle-même. Car, pourquoi, lorsque le corps se repose sur un lit, l'âme s'élance-t-elle dans sa propre patrie, c'est-à-dire dans l'air, d'où nous l'avons reçue, et d'où elle voit ce qui se passe dans d'autres régions ? Souvent, par amour pour le corps qu'elle habite, avant le temps, elle prédit les choses bonnes et leurs contraires, c'est ce qui s'appelle le rêve : puis de nouveau, elle se hâte vers sa demeure, et, au réveil elle explique le même rêve. Par là, vois avec évidence que l'âme est immortelle et incorruptible. Ayant ainsi parlé, Harpocration termine ici cette lettre.

16] Mais Cyranus, tantôt en désaccord, tantôt d'accord avec lui, continue au sujet de la dégustation de la huppe. Il dit, qu'en ayant goûté, il connaît ce qui se passe dans le monde : et voici comment.

17] Comme il est très difficile de se procurer l'extrémité de la racine du panicaut et sa tête, si tu veux l'obtenir facilement, agis de cette façon : prends de la graine de panicaut et de la terre dans laquelle il pousse, mets terre et graine dans un pot, arrose neuf fois et lorsque la plante aura poussé et sera mûre dans le pot comme les autres panicauts, alors étant pur et à jeun, cherche dans le pot, comme il convient, et tu trouveras la tête du gorgonios l'ayant enlevée, garde-la prête pour le moment où tu en auras besoin.

18] Prenant donc à un phoque marin les poils qui sont entre ses naseaux et sa gueule, une pierre de jaspe vert, le cœur et le foie d'une huppe, une petite racine de panicaut, une racine de pivoine (peône), de la graine de verveine, du sang cosmique du chrysanthème (cf. Lettre X), la pointe du cœur d'un phoque, puis de la crête qui se trouve sur la tête de la huppe, tu auras ainsi la meilleure de toutes les formules ; lorsque tu auras enroulé le tout avec un peu de musc autour des quatre parfums, mets-le dans une peau d'ichneumon, ou de phoque, ou de jeune faon, ou de vautour, et porte-le en état de pureté. Et si tu dores la surface, ce sera mieux : car tu réussiras dans tout ce que tu voudras, tu seras aimé de tous les hommes et de toutes les femmes : tu paraîtras redoutable, pacifique et bienveillant : tu soumettras toutes les bêtes sauvages et tu te feras des amis de tes ennemis.

19] Si tu ajoutes aux choses qui viennent d'être énumérées l'œil droit d'un loup, et que tu les portes, tu seras enviable en tout, victorieux en toute affaire, sûr du succès, car le démon et toute bête sauvage te fuiront, en tout tu réussiras et tu seras protégé contre la maladie.

20] Quant à moi, j'y ai ajouté de la présure de phoque, j'ai vaincu tous mes adversaires et je suis demeuré invincible; car celui qui porte ce phylactère aura des biens qu'il n'espère pas recevoir de Dieu. Partout il sera honoré, victorieux en actes et en paroles, protégé contre tout danger, contre le démon, les poisons et les maléfices, et pour tout dire, ce phylactère détourne tous les maux et procure tous les biens. II fait aussi connaître ce que Dieu seul connaît avec toi. C'est ainsi que Cyranus termine cette lettre.

Θ

1] Θύρσις Grande sauge, plante.
Θύρ Faucon, oiseau.
Θυρσίτης Thyrsite, pierre semblable au corail.
Θύννος Thon, poisson de mer.

2] La sauge est la plante consacrée à Bacchus : c'est un arbrisseau bon à tout. Le faucon est un oiseau semblable à l'épervier de mer, actif, divin. La thyrsite est une pierre semblable au corail. Le thon est un poisson de mer, bon à manger, semblable au palamyde; il est grand et bien connu.

3] La sauge sclarée est une plante consacrée à Bacchus : son thyrse est mis au pressoir par les Ménades dans les fêtes de Bacchus ; c'est une plante de la terre qui pousse pour le plaisir des hommes. Et maintenant, je dirai ses vertus puissantes dans le vin, qui la rendent si nécessaire aux hommes dans les pressurages : j'en ferai l'énumération plus tard en prose. Or, que la terre sache cela.

4] Si quelqu'un broyé quatre parties de cette plante, et quatre de la pierre, en prononçant la formule dionysiaque, et qu'il jette le tout dans un vase de vin, où chacun boira un seul verre, tous ceux qui auront bu s'en iront, comme enivrés et reconnaissants en disant : á Seigneur, tu nous as fait bien plaisir. »

5] Si tu jettes dans le vin l'œil droit d'un thon, en prononçant le nom de Bacchus et ces paroles : « Que les amis réunis en cercle, qui boivent ici, s'en aillent reconnaissants et heureux », il en sera ainsi.

6] Si tu coupes, avec un couteau tout en fer, l'aile de l'épervier et que tu la jettes dans le vin en prononçant la formule dionysiaque et ajoutant : « Seigneur » fais lever les convives couverts de sang, et qu'ils se frappent mutuellement », la chose arrivera.

7] Si après avoir gravé sur une thyrsite un épervier et l'oiseau tenant un thon, tu renfermes sous la pierre la racine de la plante et si tu la portes, tu ne t'enivreras pas, et pour tous tu seras rempli de charme ; avec elle, on est à l'abri du danger et invincible devant les tribunaux. Or, la formule dionysiaque est celle-ci : « Ei, eïris; (en abrégé) Christ-Jésus, évohé, oioo : a e i i l ». Et le véritable nom est losu : Ioôb. Ainsi parle Harpocration : quant à Cyranus, voici ce qu'il dit : « Eïa Bacchus, eïuleu Dionysos. »

Ι

1] Ἰτέα Saule, arbre.
Ἴασπις Jaspe, pierre verte.
Ἰκτίς Milan, oiseau.
Ἰούλης Girelle, poisson.

2] Le saule est un arbre connu de tout le monde, qui ne porte pas de fruits!

3] Le jaspe est une pierre bien connue.

Milan, oiseau connu de tous.

4] La girelle est un poisson de mer, petit, multicolore, facile à trouver, que quelques-uns appellent petite aiguille.

5] Broyé des feuilles vertes de saule, fais-en un cataplasme avec un peu de sel et de salive, pour ceux qui souffrent de la rate. Fais bouillir l'écorce avec de l'oxymel et donnes-en à jeun deux ou trois cuillerées : réduis au tiers la décoction ; donnes-en ensuite à chacun, suivant sa force.

6] Sur une pierre de jaspe, grave un milan déchiquetant un serpent, et sous la pierre, mets la pierre de la tête de la girelle ; puis, l'ayant renfermée, fais-la porter sur la poitrine : elle calmera tout mal d'estomac et permettra de beaucoup manger en digérant bien. Elle a encore d'autres vertus : porte-la sur la poitrine et tu verras.

Κ

1] Κιναίδιος Cinédios, plante, poisson, pierre, oiseau.

2] Le cinédios est la verveine rampante, consacrée à Aphrodite.

3] Le cinédios est l'oiseau qu'on appelle bergeronnette ou hochequeue, parce qu'il remue continuellement la queue qui est plus longue qu'il ne faut. C'est l'oiseau auquel s'adresse ce vers de Théocrite :

Bergeronnette, ramène vers ma demeure mon bien-aimé.

D'autres appellent bergeronnette attique, un petit oiseau bon à manger, remuant le cou comme la caille, ainsi que le dit Harpocration. Il a trois pierres autour du cou et une longue langue ; il est consacré à Aphrodite.

4] Le cinédios, poisson de mer, est long de dix doigts : sa tête est plate comme celle de la baveuse : c'est un petit poisson rond, dont le corps est transparent au point que Ton voit au milieu son épine dorsale, comme à travers une pierre spéculaire : il abonde sur le littoral de la Syrie, de la Palestine et de la Libye. Ce poisson a deux pierres, qui ont des effets différents comme on va le dire dans la suite : elles sont dans sa tête. Il a une autre pierre dans la troisième vertèbre de l'épine dorsale, du côté de la queue : elle est très puissante et recherchée dans la ceinture de Vénus.

5] La pierre cinédios était inconnue à cause de la difficulté de la distinguer : c'est celle qui s'appelle obsidienne : c'est la pierre de Saturne. Elle est de deux espèces : l'une est mate et noire, l'autre noire aussi, mais brillante comme un miroir. C'est cette dernière que beaucoup désirent, et ils ne la connaissent pas, car c'est la pierre du serpent.

6] Si quelqu'un fait brûler un peu de la plante avec de la fiente de vautour, sous un citronnier, l'arbre perdra ses feuilles.

7] Si on place la plante sous l'oreiller de quelqu'un, pendant sept jours, il n'aura pas d'érection pour le commerce intime.

8] Si tu en donnes à un coq avec de la farine d'orge, il ne chaussera pas sa femelle.

9] Si tu prépares en boisson ou en aliment la pierre de la troisième vertèbre du poisson cinédios, celui qui aura absorbé la pierre sera reconnu, le même jour, fornicateur.

10] Si on la donne à manger à un coq avec de la farine d'orge, les autres coqs le chausseront furieusement, et à quelque autre animal mâle que ce soit, il ne saura résister.

11] Si donc tu prends celle pierre avec un être semblable, il te servira comme de femelle : voilà réellement ce que produit la pierre.

12] Celui qui portera la langue de l'oiseau sur une feuille d'or, charmera tous les hommes et sera aimé d'eux.

13] Le croupion de l'oiseau donné secrètement à un homme ou à un autre être mâle, l'efféminera et il remplira l'œuvre des femelles.

14] L'œil droit, porté sous un saphir sans taches, sur lequel est gravée Aphrodite, rendra celui qui le porte plein de charme, le fera comprendre de tous les hommes et lui fera gagner tous ses procès. L'œil gauche, porté par une femme, produira les mêmes effets.

15] Le sang de l'oiseau, mêlé à n'importe quel collyre et employé en liniment, produit la suffusion.

16] Son cœur, porté au déclin de la lune, guérit de la fièvre tierce et de la fièvre quarte.

17] Le cerveau de l'oiseau, donné secrètement dans les aliments ou dans les boissons, calme la céphalalgie incurable.

18] Son foie, dans du sel et de l'eau, guérit la maladie du foie.

19] Première ceinture d'Aphrodite, la grande déesse, ceinture très puissante et changeant les natures des hommes et de tous les êtres, et aussi les pensées des mâles, principalement des hommes, au point que celui qui la touche ou la porte, s'efféminé et devient une femme.

20] Grave encore sur une opsiane un homme châtré, ayant à ses pieds ses parties génitales, les mains pendantes et regardant ses parties ; en arrière, derrière lui, dos à dos, grave Aphrodite, qui se détourne et regarde de son côté; mets dessous la pierre du poisson cinédios. Et si tu ne possèdes pas une des pierres de la tête, remplace-la par la racine de la plante et l'extrémité de l'aile gauche de l'oiseau. Renferme-la dans une large botte d'or; place-la dans une courroie faite de nerfs du ventre de l'épervier, afin qu'elle soit mollement; couds-la au milieu de la courroie, afin qu'elle ne soit pas visible. Ceci est la courroie peinte ou modelée autour de la tête d'Aphrodite comme diadème, ce qu'on appelle sa ceinture.

21] Si un mâle est touché par la ceinture, il n'aura pas d'érection ; s'il la porte sans le savoir, il sera efféminé.

22] Si quelqu'un goûte la pierre du poisson, il deviendra tout à fait pédéraste et il ne pourra revenir aux rapports naturels.

23] Si une femme porte cette ceinture, aucun homme ne pourra avoir de rapports avec elle, car il n'aura pas d'érection. Or, la mesure de la ceinture doit être celle-ci, deux doigts de largeur et cinq palmes de longueur.

24] Il est un autre objet d'Aphrodite que portent les reines et tous ceux qui le peuvent également, et il se place dans une ceinture faite de nerfs, de manière qu'on ne voie pas les pierres, gravées comme il suit.

25] D'abord, au milieu de la ceinture, il y aura une lychnite ou une céraunie qui portera la gravure de Mars armé; puis, cousus à droite et à gauche, deux adamas ayant la gravure d'Aphrodite avec des épines ou des roses sous les pieds; ensuite, de chaque côté, deux pierres rouges sans taches, représentant Aphrodite, attachant ses cheveux et Éros a côté d'elle ; puis, deux autres pierres, également de chaque Côté, des cornalines, portant en gravure, l'une, le soleil sur un quadrige, l'autre, la lune au dessus de deux taureaux; puis, deux autres pierres de chaque côté, représentant Mercure tenant le caducée de la main droite ; puis, deux ananchites en forme de perles planes de chaque côté, ayant Némésis debout, un pied sur une roue et tenant une verge ; enfin deux autres perles sans taches, sans gravures, fixées des deux côtés de la ceinture, de telle sorte que les pierres soient au nombre de treize, et que les pierres gravées, ainsi cousues dans des baies d'or, sur la ceinture, ne puissent être vues.

26] Il existe encore une courroie qu'on fait double, et l'autre pierre qui doit l'accompagner se porte autour du cou. C'est la sélénite, dans laquelle on voit la lune croissant et décroissant. La pierre porte gravée la lune, «t au dessous de la pierre dans une capsule d'or, il faut mettre de la racine de persil. Cette courroie se porte autour du cou.

27] Cet objet mystérieux, porté sur soi, donne à celui qui le porte l'inspiration divine et le rend digne d'être honoré et vénéré par tous. Et beaucoup de-rois le portent sous leurs vêtements, ou comme un bandeau à l'intérieur de leur diadème, afin que personne ne le voie.

28] On dit que la sélénite, portée au doigt, produit les mêmes effets.

29] Mais pour ne pas allonger ce livre, arrêtons maintenant notre discours, puisque les plus grandes vertus sont citées ici. Aussi, ayant traduit avec beaucoup de labeur et de fatigue d'esprit tout ce que je viens de dire, je l'ai écrit pour toi. Connais donc ce que personne d'autre ne possède. Aussi, ne communique à personne, mon enfant, ce mystère divin.

Λ

1] Λίβανος L'arbre à encens, plante.
Λύγγουρος Lyngurium, pierre.
Λώβηξ Lobex (?), oiseau.
Λάβραξ Loup de mer, poisson de mer et de rivière.

2] L'arbre à encens est un arbuste dont la sève, lorsqu'on la fait brûler, excite l'inspiration divine.

3]. Le lyngurium tire son nom de l'urine du lynx : d'autres disent que ce sont les larmes du peuplier noir : c'est une bonne pierre.

4] Le lobex est le même oiseau que le vautour, animal très vigoureux.

5] Le loup de mer est un poisson connu de tous. De Ce poisson, on prépare un collyre mou tout à fait divin pour toutes les amblyopies, tel, qu'en trois jours, la vue redevient perçante. Il est excellent pour les débuts des suffusions et les membranes qui se forment sur les yeux, pour les taches nuageuses des yeux, les brouillards, les myopies, les aspérités internes des paupières, les mydriasis, les nyctalopies, les hydatides, les inflammations des paupières, les ophtalmies sèches, la chute des cils, les ulcérations du conduit lacrymal. Appliqué en liniment, il est souverain pour toutes ces maladies.

6] Préparation : encens mâle, neuf oboles; ambre, deux oboles; fiel de vautour, six oboles; tout le fiel d'un loup de mer ; poivré, trois oboles; miel de l'Hymette, soixante-seize scrupules: en vieillissant, l'onguent devient meilleur.

7] Le collyre, d'après Cyranus, doit être ainsi composé : encens mâle, pierre lyngurium, chacun deux oboles; fiel de vautour, six oboles; poivre, trois onces, miel non enfumé, trois onces.

8] Sur l'ambre, grave un vautour, mets dessous un peu d'encens et le bout, de l'aile de l'oiseau, puis porte-le. Il est bon pour l'amblyopie et les suffusions.

Μ

1] Μορέα Mûrier, plante.
Μυγερός Engoulevent, oiseau.
Μηδικός Médique, pierre.
Μόρμυρος Spare, poisson.

2] Le mûrier est une plante connue de tous.

3] L'engoulevent est le corbeau de nuit, connu de tous.

4] La médique est une pierre consacrée à Aphrodite.

5] Le spare est un petit poisson de mer, bon à manger.

6] Le suc de la racine de mûrier, donné secrètement comme aliment ou comme boisson, purge et amène la diarrhée : si quelqu'un mâche un peu de l'écorce intérieure de la racine, avale sa salive et rejette l'écorce, il courra risque d'avoir la diarrhée.

7] Il est utile contre les plus vives douleurs des molaires et des gencives, et il ne permet pas aux grosses dents de se carier, mais il fait aussi disparaître les maux de celles déjà gâtées : écorce interne de la racine, deux oboles (dans d'autres manuscrits trois) ; ricin incorruptible, trois oboles; vinaigre très bon, deux cotyles : après avoir mis en petits morceaux, fais bouillir jusqu'à réduction à une cotyle. Avec l'infusion, tu te laveras la bouche matin et soir. Nous avons appris cela d'une puissance divine.

8] Des branches du mûrier, les unes pointent en haut, les autres en bas; elle» ont l'extrémité en forme de cœur et transparente.

9] Si donc quelqu'un, se tenant debout au pied de l'arbre, tourné vers le vent du sud-ouest, étend avec deux doigts de la main gauche vers le soleil levant, l'extrémité d'une des petites branches tournées vers le haut, puis entoure de vraie pourpre les hanches d'une femme qui a une hémorragie, soit de l'utérus, soit de l'anus, la perte de sang sera arrêtée en trois jours.

10] Si quelqu'un, se tenant debout, comme il vient d'être dit, étend l'extrémité d'une des petites branches tournées vers le bas, et en frotte quelqu'un qui crache le sang, le flux s'arrêtera également en trois jours.

11] C'est ce qu'on appelle les anacardes : celles qui sont tournées vers le haut, guérissent les hémorragies inférieures, dans le même nombre de jours, celles qui sont tournées vers le bas, les hémorragies supérieures : aussi pour les hémorragies, on les appelle anacarde et calacarde. Et là-dessus, beaucoup de faux savants sont dans l'erreur.

12] Pour les hémorroïdes intestinales, appelées exochades (externes), remède incomparable : fruit vert du mûrier, deux oboles; chalcitis, deux oboles; pierre médique, quatre oboles; extrémités des plumes de l'aile de l'engoulevent brûlé, sept : prépare dans un peu de vin, avec une plume de l'aile du même engoulevent, jusqu'à consistance visqueuse.

13] Pour les hémorroïdes internes, on l'emploie en lavement : pour les hémorroïdes externes, en liniment, en employant en même temps la bandelette convenable.

14] Sur une pierre médique, on gravera le spare, on l'enfermera dans une botte de fer et dessous on mettra une des petites branches du mûrier tournées vers le haut. On la portera pour les hémorroïdes et pour les maladies du fondement.

15] Si tu enfermes dessous une des petites branches tournées vers le bas, ce sera un phylactère contre les crachements de sang et les hémorragies nasales, les hémorragies et les hémorroïdes de la partie supérieure du corps.

16] On prépare aussi un purgatif avec la racine de mûrier.

17] Hymne. — O mûrier ! plante merveilleuse, à combien ne sers-tu pas? Car ton suc peut être mêlé en égale quantité à la décoction de millefeuilles, au suc d'euphorbe et de scammonée. Lorsque le mélange, fait par parties égales, est complet, il faut y ajouter le triple de miel, puis, en faire sur le feu une préparation jusqu'à consistance de cérat mou, et le mettre dans un vase dé verre; alors donnes-en une obole au malade, que tu auras auparavant soumis à une diète absolue.

18] Mais si tu en donnais plus que la grosseur d'un haricot, celui qui l'aurait absorbé, pris de choléra, ne vivrait pas un jour.

19] Ne donne donc rien de trop en boisson ou en aliment, mais à chacun suivant sa force.

Ν

1] Νεκύα Nécya, plante.
Ναυκράτης Pilote, poisson.
Νῆσσα Frégate, oiseau.
Νεμεσίτης Némésite, pierre.

2] La nécya est la molène : il y en a sept espèces : on dit que ses feuilles s'élèvent de terre d'une coudée. Ses feuilles brûlent dans les lampes comme des mèches. Comme les nécromanciens la tiennent dans les opérations qu'Us font dans les bassins, on l'appelle nécya.

3] La frégate est un oiseau qui nage sur les flots, il est de la grosseur d'une poule.

4] Le pilote est un poisson de mer, c'est l'échénéis. S'il se fixe à un navire bien gréé, il ne lui permet pas de se déplacer, à moins qu'il ne soit détaché de sa carène. Ce poisson, cuit tout entier dans l'huile jusqu'à consistance de cire, puis purifié de l'huile, employé en cataplasme lorsqu'il a consistance de cire, guérit la goutte.

5] La némésite est une pierre enlevée à l'autel de Némésis : c'est une pierre puissante.

6] On gravera donc sur la pierre, Némésis debout, le pied sur une roue : elle a l'aspect d'une vierge tenant dans sa main gauche une coudée, dans sa main droite une verge. Tu mettras sous la pierre l'extrémité de l'aile d'une frégate et un peu de la plante.

7] Si donc tu présentes cet anneau à un possédé, aussitôt le démon se dénonçant lui-même, s'enfuira.

8] Porté autour du cou, il guérit aussi les lunatiques.

9] Il agit également contre les fantômes que le démon amène pendant la nuit, les frayeurs des enfants et les mauvaises rencontres nocturnes.

10] Cet anneau indique à celui qui le porte le nombre des années qu'il a à vivre, le genre et le lieu de sa mort.

11] Il faut que le porteur s'abstienne de toute mauvaise action.

12] Si tu couds quelques arêtes d'échénéis dans de la peau de cheval, que tu les portes sous tes vêtements ou que tu les caches en montant sur un vaisseau, celui-ci ne pourra naviguer, à moins que ce qui a été déposé ne soit enlevé ou que tu ne sois sorti du vaisseau.

13] Quant à la prescience de la vie et de la mort, comme je l'ai dit un peu plus haut, il faut la demander à la dégustation de l'épervier.

Ξ

1] Ξίφιος Glaïeul, plante.
Ξίφιος Xiphios, pierre.
Ξίφιος Faucon, oiseau.
Ξίφιος Xiphios, poisson.

2] Le glaïeul est une plante qu'on trouve sur toute la terre ; ses feuilles ressemblent à celle du blé, plus allongées. Elle pousse dans les terres de labour avec le blé ; les uns l'appellent mâchera (couteau), les autres phasganon (poignard). Elle s'élève droite de terre, à la hauteur d'une coudée, elle n'a qu'une tige. Sa fleur est d'un bleu foncé, odorante, tirant sur le pourpre. Les bergers la tressent, au printemps, pour s'en faire des couronnes.

3] La pierre xiphios est connue de tous; elle est répandue partout, comme les cailloux; sa couleur est bleue; on la trouve surtout en Cappadoce et à Nazianze. En Assyrie, on la réduit en poudre et on s'en sert comme parfum à brûler dans les sacrifices de quadrupèdes.

4] L'oiseau xiphios est un épervier commun, celui qu'on appelle faucon.

5] Le xiphios est semblable a la girelle, multicolore, plus petit et menu.

6] Si tu mets dans une certaine quantité d'huile la fleur et la racine de la plante et que tu laisses reposer quelque temps, en raclant le dépôt, tu obtiendras un parfum dont font mention les livres sacrés, appelé suivant eux sousinon dans la terre de Mélanide ; ce en quoi les anciens prophètes se trompent. Dans le pays des Assyriens la plante s'appelle sousanon et en Mélanide sounon.

7] Cette plante a deux racines, l'une sur l'autre. Si l'on broie la racine supérieure et qu'on la donne à boire avec du vin, elle excite aux rapprochements sexuels : si quelqu'un boit la racine inférieure, au contraire, il deviendra impuissant.

8] Grave donc sur la pierre un épervier et sous ses pattes le poisson ; enferme sous la pierre la racine de la plante et conserve-la. Cet anneau est chaste, ainsi que le précédent.

9] Si donc tu le gardes sur toi, il t'aidera dans ce que tu voudras.

10] Et si tu le places sur un animal ou sur une statue consacrés aux dieux, l'oracle te répondra ce que tu voudras apprendre de lui.

11] La tête du poisson, brûlée avec de la myrrhe, provoque un transport divin (démoniaque) chez ceux qui en respirent l'odeur.

12] Mais toi, frotte-toi les narines avec de la myrrhe forte et tu ne seras pas atteint de ce transport.

Ο

1] Ὀνοθρύσις Guimauve, plante.
Ὄρτυξ Caille, oiseau.
Ὄρφος Orphe, poisson.
Ὀνυχίτης Onyx, pierre connue dé tous.

2] L'onothyrse est une plante : les uns l'appellent onothoure, les autres mauve d'âne. C'est une sorte de rose dont les Grecs font des couronnes pour les fêtes des dieux. Les feuilles ressemblent à celles de la mauve cultivée ; les Grecs l'appellent althea.

3] La caille est un oiseau connu de tous. La nature de la caille n'a pas été facile à découvrir, pas plus que son origine ; car lorsque les mauvais temps durent longtemps dans les contrées désertes de la Lybie, la mer rejette sur les rivages les plus grands thons ; ceux-ci produisent au bout de quatorze jours des vers, qui se transforment et deviennent comme des mouches, puis des sauterelles, grandissent et deviennent des cailles. Puis, lorsque s'élève le Notus (vent du sud) ou le vent du sud-sud-ouest, elles traversent la mer, se dirigeant vers la Pamphylie, la Cilicie, la Carie, la Lycie, et de nouveau, lorsque souffle le vent du nord, elles s'envolent vers les régions maritimes des pays d'Assyrie et les autres parties de la Mélanitide. Mais, ceux qui ne sont pas initiés à l'intelligence des choses disent qu'elles sont sacrées, ignorant leur nature et ne connaissant pas leur principe.

4] L'orphe est un poisson de mer bien connu de tous et bon à manger.

5] L'onychite appelée aussi sardonyx, est une pierre connue de tout le monde.

6] La racine de la plante, cuite dans l'huile avec de la graisse de caille, puis mélangée de cire, agit contre les squirres de l'utérus, les phlegmons, les plaies, les ulcères et toutes les affections du sein de la femme ; on la mêle à l'huile de roses et elle agit sur les ulcères malins.

7] Les yeux de la caille, appliqués avec la racine de la plante, mettent fin aux fièvres quotidienne et tierce, s'ils sont appliqués au déclin de la lune.

8] Ayant délayé dans un peu d'eau les yeux de la caille ou de l'orphe, mets-les pendant sept jours dans un vase de verre, ensuite jette dessus un peu d'huile, puis mets-en dans une lampe. Si tu en enduis seulement la mèche, et que tu l'allumes, en l'approchant de gens attablés, ils se verront comme des démons couleur de feu et se lèveront pour s'enfuir.

9] Grave donc sur une onychite une caille et, sous ses pattes, une orphe : place sous la pierre un peu de la préparation susdite, et personne ne te verra, quand même tu emporterais quelque chose : enduis ton visage avec la composition, porte l'anneau, et personne ne te verra, quand bien même tu emporterais ou que tu ferais quelque chose.

Π

1] Πολύγονος Polygonum, plante.
Πορφύριον Porphyrion, oiseau.
Πορφύτα θαλλασία Pourpre de mer.
Πορφυρίτης  Porphyre, pierre bien connue de tous.

2] Polygonum, plante; quelques-uns l'appellent camomille.

3] Porphyrion, oiseau d'eau douce qui abonde dans les rivières.

4] Pourpre de mer ; quelques-uns l'appellent cirycion; il est semblable à une coquille.

5] Porphyre, pierre connue surtout en Mélanitide.

6] La racine de la plante, récoltée pendant le déclin de la lune, empêche les yeux d'être malades. Son suc, préparé comme il est indiqué, agit contre beaucoup d'affections congestives des yeux : car, dans beaucoup de maladies, les yeux de l'homme sont attaqués.

7] Au surplus, pour ne pas prolonger notre discours, voici les maladies des paupières : le prurigo, les lentes, la maladie pédiculaire, le manque de cils, le trichiasis, le retournement des cils, le chalazion, les orgelets, les verrues, la chute des cils, l'engorgement des paupières, en tout onze maladies ; sous les sourcils : les aspérités des paupières, les humeurs aqueuses, l'ulcère, la croissance des poils, cela fait quatre affections; dans les angles des yeux : les pustules cuisantes, l'ophtalmie sèche, les taches sur la cornée, l'ulcération, l'égylops, l'anchylops, la fistule, l'ulcère rongeant, l'érosion, neuf affections. Au globe de l'œil : les membranes sur la cornée, l'albugo, les épanchements de sang, les têtes de mouches, le néphélion, l'amblyopie, [six affections. A la pupille] : la dilatation, la congestion, l'affaiblissement, l'atrophie, le dépérissement, le glaucome, la mydriase, le doublement de la pupille, l'hipparion, la nyctalopie, la myopie, l'obscurcissement, cela fait douze. Autour de l'œil : l'inflammation, le phimosis, la sensation de brûlure, les troubles, les petits abcès, le chancre, l'ulcère, les douleurs, les petits abcès tubéreux : cela fait neuf.

8] Il y a onze variétés de fluxions : violente, subite, chaude, douce, froide, tiède, faible, aiguë, chronique, sablonneuse, nitreuse.

9] Ce qui fait soixante affections [62].[1] Or, Voici la formule du remède pour toutes les affections susdites: suc de la plante, vi onces; nerprun indien, vi drachmes; aloès indien, vi dr.; myrrhe, iv dr. ; safran, iv dr. ; encens, iv dr. ; opium, iv dr. ; acacia noir, ii dr. ; eau de pluie, v onces. Délaye dans un vase de verre.

Il vaut mieux mettre du vin que de l'eau. C'est un précieux remède contre toutes les fluxions et les maladies des yeux et leur affaiblissement : il arrête en effet tous les écoulements. En outre, employé comme friction, au bain, ainsi qu'en ablution, c'est un excellent remède.

Pour la migraine. 10] La chair crue du porphyrion, mise en cataplasme sur le front, guérit la migraine.

11] Donc sur la pierre porphyre grave l'oiseau, et sous ses pattes, un caducée : après avoir enfermé sous la pierre la pointe de l'aile de l'oiseau, porte-la pour te préserver des maux de tête et des douleurs de la migraine. Elle est aussi excellente pour les yeux rhumatisants. Prépare l'anneau et le collyre au décours de la lune.

Ρ

1] Ῥάμνος Nerprun, plante.
Ῥομφαία Rhomphea, oiseau.
Ῥαφίς Aiguille, poisson.
Ῥινόκερως
Rhinoc
éros, pierre.

2] Le nerprun est une plante épineuse, connue en tous pays.

3] La rhomphea, qui est la chauve-souris, est connue de tous.

4] L'aiguille est un poisson de mer, ainsi nommé, parce qu'il a la bouche comme une aiguille.

5] Le rhinocéros est une pierre qui se trouve sur le nez du rhinocéros; elle a l'apparence d'une corne.

6] Si tu places dans ta demeure un rameau de la plante, tous les mauvais esprits s'enfuiront.

7] Le suc de la tige de la plante et de son fruit avec du miel, mis sur les yeux, aiguise la vue. Fais-le bouillir jusqu'à épaississement.

8] Le fiel de la chauve-souris, mêlé au suc de la plante et au miel, employé en onguent, aiguise la vue et fait cesser le larmoiement des yeux.

On gravera donc sur la pierre une chauve-souris et, sous ses pattes, une aiguille ; sous la pierre, on mettra une petite racine de la plante, et les démons fuiront celui qui la portera. Si tu la caches secrètement sous le chevet de quelqu'un, il ne dormira pas. Semblablement, si tu coupes la tête d'une chauve-souris vivante, que tu l'enveloppes dans une peau noire et que tu l'attaches au bras de quelqu'un, il ne dormira pas jusqu'à ce que tu la lui enlèves, mais même si tu attaches au vêtement ou au lit de quelqu'un les poils que la chauve-souris a autour du cou, celui qui les portera ou qui sera couché dans ce lit ne pourra pas dormir.

Σ

1] Σατύριος Orchis, plante.
Στρουθοκάμηλος Autruche, oiseau.
Σάπφειρος Saphir, pierre.
Σάλπη Merluche, poisson.

2] L'orchis est une plante qui semble garnie de pointes; sa tige unique, qui s'élève de terre, à deux palmes, elle est couverte de semence ; l'entre-deux ides graines est plus jaune que le carthame.

3] L'autruche est un oiseau connu de tous.

4] La merluche est un poisson de mer, abondant, connu, bon à manger.

5] La pierre de saphir sans taches est consacrée à Aphrodite ; c'est une pierre couleur du ciel, avec des veines d'or ; à cause de cela, quelques-uns l'appellent chrysosaphir; c'est avec elle que les peintres font le meilleur azur, celui qu'on nomme naturel.

6] Avec la plante on fait la préparation que je vais dire; elle est très utile pour les femmes affaiblies par un excès de sérosité et incapables de concevoir; elle sèche et affermit leurs parties génitales. Si donc, avant la copulation on saupoudre le membre viril de poudre sèche de la plante et qu'ensuite on connaisse la femme, on la fera concevoir. Par exemple, avant de saupoudrer le membre, il faudra l'enduire de miel ; autrement, sous l'action de la poudre, il gonflera beaucoup et prendra une grosseur démesurée. Semblablement aussi la femme : si elle en enduit son poil et qu'elle en pose sur ses parties génitales, elle concevra facilement, car cette poudre dessèche les parties génitales des femmes au point de rendre fécondes les femmes improductives et stériles. Voici la préparation de cette poudre : graine d'orchis, ii onces ; poivre, i once ; alun rond, ii onces ; alun fendu, ii onces; après les avoir broyés, dépose-les dans un vase de verre. Suivant un autre manuscrit : graine d'orchis, ii onces; poivre, i once ; alun, ii onces ; extrait sec, i once et demie ; fruit du baumier, iv onces ; baumier, i once et demie.

7] Voici la préparation de l'extrait sec : costus, i once ; cassia, ii onces et demie; amôme, i once; clou de girofle, nonces; musc, ii grammes; (autre formule) costus, iii onces ; nard, demi-once ; fruit du baumier, iv onces ; baumier, demi-once ; roses triées, iv onces ; bon musc, vi exagies. Pile et remue bien tous ces ingrédients secs. Après avoir pilé dans un mortier et mêlé les roses avec du safran, retire un peu de ce mélange ; dans celui-ci mets du styrax, puis pile avec soin, jusqu'à ce que le styrax soit pulvérisé, et mets les parties sèches avec le reste des roses ; puis, combinant bien le tout, fais des pilules en brûlant au-dessous de l'iris, du mastic, du baume et des ongles de castor, et après les avoir fait sécher, dépose-les dans un vase, et lorsque tu en auras besoin, pile, tamise et fais-en un extrait sec, et donnes-en deux onces aux femmes qui ne peuvent concevoir.

8] L'estomac des autruches appelé siphouchion, sec, broyé et donné secrète· ment, est un philtre propre à préparer la jeune fille qui le boit aux plaisirs de l'amour.

9] La pierre de l'estomac de l'autruche, broyée et donnée en aliment ou en boisson produit un grand désir, surtout chez ceux qui ne peuvent avoir commerce avec une femme, ni procréer.

10] La même pierre, suspendue au cou, facilite beaucoup la digestion et procure une violente érection à ceux qui ne peuvent avoir commerce avec une femme.

11] La pierre du côté droit de la tête de la merluche, suspendue au cou, provoque l'érection, celle du côté gauche la supprime.

12] La graisse du poisson, mêlée au miel et employée en liniment sur les parties génitales des hommes et des femmes, procure une grande jouissance.

13] Grave donc sur un saphir une autruche tenant dans son bec une merluche, enferme dessous un peu de la pierre trouvée dans la cavité de l'estomac de l'autruche, et porte-la. Cette pierre convient, en effet, pour la bonne digestion et l'érection, et les désirs réciproques de l'amour : elle procure surtout l'érection à ceux qui sont déjà vieux et à ceux qui veulent se livrer souvent aux plaisirs de l'amour ; enfin, elle rend agréable celui qui la porte.

T

1]  ΤριφύλλιοςTrèfle, plante.
Ταώς Paon, oiseau.
Τρυγὼν θαλασσία Pastenague, poisson.
Ταίτης Taïte, pierre fleurie.

2] Le trèfle est une plante connue de tous; elle est bonne.

3] Le paon est un oiseau gracieux, bien connu, élégant.

4] La pastenague est un poisson de mer peu prisé.

5] La taïte est une pierre multicolore, fleurie, semblable au paon, appelée aussi panchrus : elle se rapproche du paon par ses nombreuses couleurs qui correspondent à celles du paon.

6] On gravera donc sur la pierre, un paon marchant sur une pastenague, et sur la pierre le cri du paon qui est Alû; et dessous on mettra une petite racine de la plante ; et l'ayant renfermée, porte la pierre. Portée, c'est une grande et admirable amulette pour la victoire, pour l'amitié, la réconciliation, pour tous et toutes, au point que tout le monde vous est favorable. Elle renseigne aussi, pendant le sommeil, sur ce que l'on veut savoir.

7] Si tu la places sous ta télé, endormi, en état de pureté, tu verras ce que l'on projette à ton égard. Or, tu ne donneras cet anneau à personne, car il est très puissant ; tu n'en trouverais pas un autre semblable.

Υ

1] Ὑπέρεικον Hypéricon, plante.
Ὑπερωνίς Hypérion, oiseau.
Ὕλλος Anguille, poisson de mer.
Ὑετιος Hyétite, pierre.

2] L'hypéricon est une plante excellente, elle ressemble à un arbuste ; d'aucuns l'appellent plante de Dionysios; c'est une plante d'été.

3] L'hypérion est l'aigle femelle, comme il y a l'aigle mâle.

4] L'anguille de mer, poisson connu, bon à manger, de mauvaise qualité.

5] L'hyétite, pierre charriée par les rivières ; petit caillou de couleur de sang.

6] Après avoir travaillé la pierre, grave sur elle un aigle déchirant le poisson. Et sous la pierre, mets une petite racine de la plante et la pointe de l'aile de l'oiseau; si tu n'en as pas d'hypérion, prends-en d'épervier, et après l'avoir renfermée dessous, conserve-la. C'est un puissant phylactère pour les hommes et pour les femmes, pour l'inversion de l'utérus, ses déplacements, ses spasmes, ses hémorragies, ses désordres, ses phlegmons, ses écoulements, et pour tout en général, sauf la chute, la corrosion et le cancer. Donne-le donc aux femmes atteintes d'inversion ou de déplacement de l'utérus, comme un remède mystérieux, bien puissant, et comme un secours assurément très efficace.

φ

1] Φρύνη Grenouillette, plante.
Φρῦνος Phrynos, oiseau.
Φώκη Phoque, animal marin.
Φρῦνος Crapaudine, pierre.

2] La grenouillette est une renoncule, mauvaise plante qui ressemble au persil. Elle pousse dans les endroits humides; ses propriétés sont caustiques et brûlantes.

3] Phrynos, oiseau : les uns l'appellent loriot, les autres l'oiseau jaune. II est de la grosseur du passereau.

4] Le phoque marin est un très bel animal, bien connu; il a des mains humaines et le mufle d'une petite vache.

5] La crapaudine, pierre ; d'autres l'appellent batrachite.

6] La vertu de la plante est très grande, la voici : comme le fer, elle ouvre les abcès, ronge les furoncles, les tumeurs scrofuleuses et convient pour toutes les inflammations.

7] Tu feras l'emplâtre à appliquer de la largeur de deux doigte, et pour la longueur, suivant la partie que tu veux ouvrir, environ un demi-doigt. Place sur le remède un cataplasme de cérat; après l'avoir porté trois ou six heures, lu trouveras le mal ouvert II faut donc l'employer dans les emplâtres destinés à purifier la coupure et les ulcères, pour ceux qui commencent à guérir comme pour ceux qui doivent réunir les bords des fistules.

8] La poudre de l'emplâtre se fait ainsi : suc de la plante, iv drachmes (dans un autre manuscrit : iv drachme) ; arsenic, sandaraque, iv dr. de chaque ; lépidotes rouges, iv dr. ; tithymale, iv dr. ; corps de cantharides, vi dr. ; cèdre ou rosier, quantité suffisante. Après avoir broyé, dépose dans un vase de verre : veille à ne pas l'appliquer sar un nerf ou sur une veine, de crainte d'occasionner un spasme. Appliqué habilement, il convient dans les fistules lacrymales et dans les trichiasis. Prépare les cantharides en leur coupant les pattes et les ailes que tu rejetteras, ne conservant que les corps. Projette iv drachmes de [savon (V. I.)] gaulois et de chaux vive : pile, amollis, aplanis, fais une sorte d'emplâtre et applique.

9] Les poils longs et durs qui sont entre le nez et la bouche du phoque, avec le milieu du cœur du phoque, la pointe du cœur de la huppe, un peu du foie du phoque et de chrysanthème, une petite fourmi, la langue d'une bergeronnette, un peu de musc, liés ensemble dans une peau de cerf, avec l'œil droit d'un loup, te donneront un très puissant phylactère pour le commandement des troupes et pour la victoire ; car il met fin a tout combat et ramène l'amitié ; il délivre de toute fâcheuse destinée et des tristes événements, des périls de la mer et des épreuves sur terre et sur mer, des démons et de toute maladie. Il procure aussi la santé, le succès, des jours heureux et tous les biens, et réellement c'est un puissant phylactère de victoire et d'amitié donné par les dieux, surtout si tu y ajoutes de la racine et du fruit de la pivoine.

10] Les ongles des mains du phoque, tenus ou portés, écartent toute fascination, toute maladie et tout maléfice. Il ne sera donc pas hors de propos d'ajouter au phylactère un ongle de la patte droite [du phoque], il en sera plus puissant.

11] Les poils du phoque, placés sur la tête des gens qui ne peuvent dormir, ramènent le sommeil, et attachés à la cuisse gauche procurent un grand bien aux femmes dont les couches sont laborieuses.

12] Sa peau, portée comme ceinture sur les reins, guérit toute douleur des reins, et si, en ayant fait des sandales, tu les portes aux pieds, elle guérit la goutte et la dysurie.

13] Semblablement aussi, la graisse de phoque mêlée à du cérat à la rose, soulage les goutteux et les arthritiques.

14] Si tu suspends le cœur du phoque au mât d'un navire, celui-ci ne fera jamais naufrage.

15] De même si tu cloues sa peau à la proue, le navire ne sera jamais frappé de la foudre.

16] L'oiseau, pris comme aliment, guérit la jaunisse ; c'est pourquoi on l'appelle l'oiseau ictérique.

17] Ses ongles, suspendus au cou, guérissent le frisson de la fièvre tierce : le long de l'épine dorsale, le frisson de la fièvre quotidienne.

18] Son cœur, suspendu le long de la colonne vertébrale et porté au bras, gué· rit le frisson des fièvres tierce, quarte et quotidienne.

19] Sur une pierre batrachite grave un épervier, sous ses pattes une grenouille : enferme dessous, la langue d'une grenouille et une petite racine de la plante, le bout de la langue de l'oiseau, et, après fermeture, donne-la à porter : elle guérit, en effet, toute hémorragie et les asclépiades et sauve les ictériques.

20] Elle convient également à ceux qui crachent le sang et aux femmes qui ont des hémorragies de l'utérus. Elle convient pour calmer les mouvements de colère des adversaires, surtout si tu as placé dessous des poils de phoque; elle préserve aussi des bêtes venimeuses. Et cette pierre a encore d'autres vertus divines que j'indiquerai.

21] Ne souffre pas, ï âme, de ton corps mortel. Tu as pour toi le commencer ment et la fin des temps. Seule, la terre sait que le corps que lu guides est amèrement éprouvé par les maladies et tourmenté par les lois de l'Univers, et non seulement par ces lois, mais encore par les crises qu'il éprouve. Toi donc, dans ta lassitude et dans ton affliction, déesse au nom de bête, écoute la parole d'un dieu et la mienne. Seul, l'homme est le maître de toutes choses, les ayant toutes nommées, les voyant toutes : seul, il chante les messagers des dieux et les démons. En lui-même, dis-lui que les démons, nos messagers, annoncent de la part des dieux, tout ce que seul il crée dans de divins discours. Moi aussi, je suis agité par des sympathies pour ses maladies, pour ses destinées, comme pour ses joies. O Destin vénéré par les êtres vivants! L'Univers sympathisant au moment propice à leurs blessures, enfante seul, en un instant, tout pour leur délivrance, par la volonté des dieux. Et moi, après avoir abandonné mon corps, puissé-je retourner dans l'éther d'où je suis venue sur l'ordre du Seigneur !

22] Je dirai les choses dont l'âme a la prédiction ; je dirai comment elle possède la nourriture de la vie. Voici ce qu'elle dit : « O nature transformée d'après toute nature, qui connais tous les êtres qui existent et dans l'air et sur terre, et le gazouillis des oiseaux parmi les êtres aériens, et les races de quadrupèdes, celles qui mugissent, celles qui aboient comme les chiens, celles qui sifflent comme les serpents. Comprends les bruits de toute espèce, de la souris, du chat, de la musaraigne, du hibou, de la blatte, de toute guêpe et des abeilles de toutes sortes. »

23] Prends donc une pierre hiéracite, grave sur elle un épervier et à ses pieds une grenouille, et sous la pierre les mots : ΜΑΛΛΕΝΕΚΑΑ (dans un autre ms. : ΜΑΛΘΑΛΑ) : et sur une pierre d'aimant vivante, la même gravure : sous la pierre tu graveras ceci : ΜΑΜΑ' ΛΛΑΙΝΑ (d'autres manuscrits disent : MA’ ΛΑΛΛA) : et tu l'attacheras comme il convient.

24] C'est ainsi que s'exprime Harpocration plus tard ; ici, de son côté, Cyranus avait ainsi décrit la gravure de la pierre : Sur la pierre hiéracite, grave un épervier, sous ses pattes, une grenouille et sur le dessous de la pierre ces mots : ΜΑ'ΛΑΑ : et sur une pierre d'aimant la même gravure : sous la pierre ΜΑ'ΛΛΕΝΑ.

25] Prenant donc un épervier commun, celui qu'on appelle circéos, plonge-le dans environ deux cotyles d'eau de fontaine, de façon qu'il puisse être étouffé, et tiens-le sous l'eau jusqu'à ce qu'il meure. Puis, l'ayant retiré, laisse-le pendant dix heures dans la saumure. (Cyranus dit sept jours.) Ensuite, enferme ensemble ses yeux, sa langue et son cœur, avec la langue d'une grenouille et les deux pierres, l'aimant vivant et l'hiéracite, avec un peu de poudre de fer, pour que l'aimant vive, puis ferme le tout, et tu auras un puissant phylactère. Tout cela devra être enfermé dans la peau de l’épervier. Forme le lien du phylactère avec les nerfs de l'épervier, comme un lien incassable, ténu, long, afin que porté sur la poitrine, il descende jusqu'au milieu de l'estomac et du cœur, et tu auras la prescience de toutes choses. Ne transmets pas cela, ne l'enseigne pas, même à ton propre fils.

26] Le remède qui accompagne le phylactère est celui-ci : mets dans un vase préparé d'avance l'eau dans laquelle l'épervier a été étouffé, une cotyle de miel, iv drachmes de racine de la plante romarin, de bel orge infusé dans l'eau de rivière jusqu'à ce qu'il ait germé et qu'il en sorte xxviii pointes, iv drachmes de la plante grenouillette, (dans un autre manuscrit : i drachme d'encens, dans un troisième : trois olives de l'olivier nain). Après avoir bien broyé le tout, fais bouillir suivant la formule, jusqu'à consistance d'électuaire, puis mets-le dans un vase de verre, que tu boucheras très bien. Lorsque tu le mettras, joins-y le cœur d'une huppe encore chaud et palpitant, avec un peu de son sang. Ensuite, mange le cœur encore palpitant d'une autre huppe en buvant de l'hydromel, et tu seras initié jusqu'à la fin de ta vie.

27] Lors donc que tu voudras savoir ce qui se passe dans le monde ou dans le ciel, ou dans un pays, ou dans une ville, ou chez un homme, ou dans ta maison ou dans une autre, au sujet des femmes, des hommes ou des voleurs, prends un doigt de la composition, puis bois du lait de vache et de l'hydromel. Ensuite, porte le phylactère susdit, pendu à ton cou, de façon qu'il touche à ton cœur et à ton estomac, alors tu seras en état de connaître ce que tu voudras savoir. Car tu connaîtras tout ce qui a été dit plus haut, les vies et les destinées des hommes et des femmes, des voleurs et des esclaves fugitifs, où et comment, bref, tout.

28] Tous les deux ont la même rédaction. Harpocration ajoute ceci : je t'adjure, mon enfant, par le ciel, par l'air, par la terre, par l'abime, par les sources et par les fleuves, par le dieu qui respire en toi, de ne communiquer à personne ce mystère, pas même à ton propre fils, à moins qu'il ne soit digne de connaître cette nature. Tous les dieux que nous adorons possèdent cette puissance ; mais ne le dis à personne, seulement emploie-la comme une âme sage à l'exclusion de tout autre.

Χ

1] Χρυσάνθεμος Chrysanthème, plante.
Χρθσόπτερον Chrysoptère, oiseau.
Χρυσοφός Dorade, poisson.
Χρυσίτης Chrynte, pierre.

2] Chrysanthème, plante connue de tous.

3] Chrysoptère, oiseau de la grosseur de la caille.

4] Dorade, poisson de mer, bon à manger, bien connu.

5] Chrysite, pierre de plusieurs couleurs, ayant l'éclat de l'or.

6] La fleur du chrysanthème est jaune d'or, ayant la forme d'un calice, et au milieu de la fleur se trouve une sorte de petites fourmis noires, aux ailes courtes. On les appelle sang cosmique ; on les voit avant le lever du soleil, lorsque ce dernier est dans le signe du Bélier. On les met dans un vase de verre avec de l'huile de roses et un peu de la fleur de la plante. Puis, en sortant le malin, en état de pureté, prends un peu de la préparation, graisse t'en les yeux, et marche hardiment : car cela te rendra agréable, gracieux, recommandable vis-à-vis de tous les hommes et de toutes les femmes. Si tu fais cela au lever du soleil, l'effet en sera meilleur.

7] Cela agit contre les insuccès partiels, l'éloignement des affaires et les choses analogues.

8] Pour les douleurs des enfants qui font leurs dents, mets-leur au cou, dans un morceau d'étoffe, de la racine de la plante avec de la pierre de la tête du poisson.

9] Les yeux de l'oiseau chrysoptère, suspendus au cou, guérissent la fièvre tierce ; son cœur, suspendu au cou, délivre les fiévreux.

10] Les pierres de la tête du poisson, suspendues au cou, guérissent les phtisiques.

11] Sur une pierre chrysite, grave l'oiseau ayant une crête en forme de disque et sous ses pattes, le poisson : puis, après avoir enfermé dessous une petite racine de la plante, donne-la à porter. Elle est bonne pour les douleurs d'estomac, l'inversion de l'utérus et pour les reins.

12] Elle rend gracieux celui qui la porte et le fait chérir de tous.

13] Elle est efficace aussi pour les fiévreux, si elle est jetée dans l'huile dont on se frottera au coucher du soleil.

14] Elle a aussi d'autres vertus pour les breuvages d'amour, si elle est trempée dans du vin et qu'on le boive ensuite.

15] Si tu as la pierre de la tête du poisson avec les choses qui viennent d'être dites, elle soulagera beaucoup les phtisiques.

Ψ

1] Ψύλλιος Plantain, plante.
Ψύλλος Puce de mer.

Ψαρός Étourneau, oiseau.
Ψωρίτης Psorite, pierre, appelée aussi porus.

2] Le plantain est une plante connue de tous.

3] La puce de mer est un petit animal dont se servent les pécheurs au bord de la mer.

4] Etourneau, oiseau connu de tous.

5] Psorite, pierre qu'on appelle aussi porus.

6] Fais bouillir dans deux cotyles d'eau, iii drachmes de graines de la plante, jusqu'à consistance visqueuse, puis les ayant filtrées dans un linge, jette le résidu et dans l'eau de la décoction mets vi onces de cire et vi onces d'huile. Ensuite, fais bouillir jusqu'à ce que la cire soit fondue; écrase bien au mortier; c'est un cataplasme divin pour les maux de pied et les brûlures dangereuses.

7] Si tu délayes la pierre dans du sang de l'oiseau, et que tu leur en frottes le front, tu sauveras les gens atteints des fièvres tierce et quarte.

8] Si tu délayes dans l'infusion susdite de la plante la pierre et que tu en frottes le front des fiévreux et des céphalalgiques, tu leur enlèveras la douleur.

9] xxviii grains de graine de plantain, joints à des puces de mer, suspendus au cou dans un linge, guérissent la fièvre tierce accompagnée de frissons.

10] Fais bouillir une grande quantité de puces de mer dans de l'eau de mer et répands-la où il y a beaucoup de puces : elles disparaîtront.

11] Sur une pierre psorite, grave trois puces de mer sous un roseau vert; enferme dessous une petite racine de la plante et fais-la porter aux enfants agités et qui grincent des dents.

12] Si un pêcheur vigilant la porte sur lui pendant le jour sur un fleuve ou sur un étang, il fera très bonne pèche.

Ω

1] Ὤκιμος Basilic, plante.
Ὠκύτερος
Ocypt
ère, oiseau.
Ὤμις Omis, poisson de mer.
Ὠκυτόκιος Ocytocios, pierre.

2] Basilic, plante bonne à manger, sorte de légume, connue de tous, odorante.

3] Ocyptère, oiseau, animal vénéré : c'est l'hirondelle commune.

4] L'omis, poisson de mer, qui suivant les uns est l'anchois, suivant les autres le lyembros : petit animal qui se mange et qu'on appelle mendole.

5] L'ocytocios, pierre, est la très petite aélite, sonore; elle est belle à voir.

6] Nous avons appris au sujet de la plante basilic qu'elle a de très grandes vertus. Si quelqu'un, après l'avoir mâchée à jeun, sans qu'elle ail été lavée, la place pendant sept nuits dans un endroit découvert, éloigné du soleil, l'enlevant pendant le jour, la laissant exposée à l'air pendant la nuit, il trouvera un scorpion à sept vertèbres, jaune. S'il blesse quelqu'un, le blessé enflera et mourra le troisième jour.

7] Si, après l'avoir étouffé dans de l'eau ou dans du vin, tu en fais boire à quelqu'un, celui qui l'aura bu aura sur tout le corps des pustules, qui détermineront des ulcères incurables.

8] Si tu broyés le scorpion avec de la graine de l'herbe au scorpion [tournesol], et que tu en fasses des pilules, et que les ayant desséchées, tu les mettes dans un vase de verre et que tu en donnes à un épileptique, il n'aura plus d'attaques : donne à jeun pendant vn jours a la dose de trois pilules dans un mélange convenable. Si tu en donnes à quelqu'un qui soit bien portant, rendu lunatique, il ne pourra jamais guérir.

9] Si tu fais pour un liniment un mélange d'infusion de basilic et de fiente d'hirondelle, tu délivreras les gens malades de la fièvre quarte.

10] Si tu donnes à tenir une aile d'hirondelle et une petite racine de basilic à une femme dont les couches sont difficiles, aussitôt, elle accouchera sans danger.

11] Si tu mets dans n'importe quelle essence l'aile de l'oiseau, tu auras, de tous et de toutes, très grand bonheur et favorable accueil. Le cœur de l'hirondelle, porté au cou dans une peau de cerf, soulage les lunatiques.

12] Au sujet du scorpion commun, je ne garderai pas le secret, à cause de l'erreur des ignorants. Car l'erreur s'engendre dans l'air. Si tu mets un scorpion commun dans une cotyle d'huile, au déclin de la lune, et que tu le gardes en réserve, puis que tu en frottes l'épine dorsale de quelqu'un, l'extrémité des pieds et des mains et que tu en frottes l'épine dorsale depuis la seconde vertèbre du cou jusqu'au bas, puis le front et la tête avant l'heure de l'accès, tu guériras les fièvres tierce, quarte et quotidienne; tu soulageras également les lunatiques et les possédés du démon.

13] Si tu mets dans d'autre huile l'aile de l'oiseau, et que tu en frottes une personne guérie, le mal reviendra et elle ne pourra être sauvée.

14] Le scorpion commun, grillé et mangé par des personnes atteintes de la pierre, la leur fait rendre en urinant, sans douleur.

15] Avec le dard du scorpion, avec la pointe du basilic, dans laquelle est la graine, avec le cœur de l'hirondelle, portés au cou dans une peau de cerf, tu guériras les lunatiques de leur folie. Ce phylactère chasse également les démons qui refusent de s'éloigner.

16] Broie donc la pierre dont il vient d'être question avec du suc de la plante et du sang de l'oiseau, avec une tête d'anchois et un peu d'eau et mets en réserve dans un vase de verre; et lorsque tu voudras en faire l'expérience, imprègne les doigts de ta main droite ou de ta main gauche, touche alors ce que tu voudras, pierre très dure, bois ou os, immédiatement ils se briseront, de sorte que les assistants croiront que tu es un magicien.

17] Nous avons vu, dit Harpocration, une opération tout à fait divine et démonstrative, qui s'est passée dans la capitale de la Babylonie.

18] Car si quelqu'un place sur des charbons ardents la tête d'un anchois frais sur la terrasse de la maison, dans l'air pur de la nuit, il fera apparaître un nombre d'astres tel que le ciel en paraîtra rempli.

19] Si pendant la pleine lune on met la tête de l'animal dans une figue, puis qu'on la place sur le feu, le soir, l'air étant calme, tu verras le disque de la lune qui semblera occuper la moitié du ciel.

20] Si tu mêles à tout cela un peu d'étoile de mer, tu verras apparaître Stichius, très grand, qui se tiendra debout à tes pieds.

21] Si tu la places sur de la pyrite pulvérisée, il se produira des tonnerres et des éclairs.

22] Si tu la places sur de la terre venant de la maison de certaines personnes, il se produira là un tremblement de terre.

23] On a nommé omis, la mendole, parce qu'elle a dans les épaules (μος) une grande vertu. Voici la préparation d'un cataplasme : arêtes des épaules de la mendole, i once ; pomme de mandragore, i once ; graine de jusquiame, i once ; opium, i once; roses sèches, i once; écorce de racine de coqueret, iii onces; colophane, i mine; soufre, i once; nitre, i once : prépare comme topique et mets, en cataplasme à celui que ta voudras, et rapidement tu auras raison de la maladie.

24] Si tu fais le cataplasme, que tu le poses au jour indiqué et que tu veuilles, soigner autrement, il ne produira aucun effet, car il ne sera pas bon au-delà de vii jours : c'est le remède des maladies suivantes.

25] La mendole est nommée mainis parce qu'elle fournit la préparation suivante pour la folie (μανίας). Après avoir pris les yeux de la mendole, mets-les, dans une cotyle de vin (dans un autre manuscrit, dans de l'huile de lis) : il faut les laisser infuser sept jours. Ensuite, mets dans le vin : graine de semence de mandragore, xiv drachmes ; graine d'églantier, iv dr. ; graine de tournesol, iv dr.; fais bouillir jusqu'à réduction de moitié, et après avoir fait déposer, emploie de la façon suivante.

26] Si tu vois quelqu'un pris de folie, donne-lui de ce vin, i drachme, avec de l'eau chaude, et il sera, sauvé. (Dans un autre manuscrit, c'est une cotyle qu'il faut donner·).

27] Si tu le donnes à boire avec du vin à quelqu'un qui tombe [du mal caduc], et atteint de folie, il sera soulagé.

28] Si, après l'avoir mélangé avec un collyre, tu le donnes pour s'oindre les, yeux, celui qui est atteint de suffusion des yeux sera guéri en sept jours.

29] Si tu soignes avec ce remède quelqu'un qui a mal aux oreilles, il· deviendra sourd·

30] L'onguent fait avec les pierres de la tête de la mendole, broyées avec du fiel d'alabète noir, mis sur les yeux, fait apparaître et voir les choses dans l'obscurité.

31] Si tu ajoutes au mélange un peu de pierre d'aimant vivant et un peu d'eau de pluie, celui qui se frottera les yeux avec cet onguent Terra pendant sept jours les choses du ciel et de l'air.

32] Grave donc sur une pierre une hirondelle et près de ses pattes le scorpion sur une mendole : sous la pierre, enferme les yeux du scorpion et de la mendole, une petite racine de tournesol, et, après l'avoir fermé, porte le phylactère; il détourne tous les animaux venimeux, quadrupèdes, serpents, reptiles venimeux, il humilie aussi tous les ennemis et ceux qui dressent des embûches.

33] Si quelqu'un est blessé par un scorpion et qu'il scelle la blessure avec ce sceau, aussitôt la blessure se calmera.

34] Si quelqu'un, après avoir été mordu par un chien enragé, devient hydrophobe et ne peut boire, prends l'anneau, jette-le dans de l'eau, donne-la lui à boire, et quand il aura bu, il sera guéri.

35] Si tu la donnes à boire avant l'accès à un maniaque, il ne sera pas fou.

36] Si tu donnes à un maniaque une langue de mendole fraîche, écrasée dans l'eau en mettant l'anneau dedans, il sera guéri : si c'est à une personne saine d'esprit, elle deviendra folle. Pour la guérison, donne-lui à manger une mendole grillée. L'homme qui ignore tout ce qui vient d'être dit, deviendra fou. Ainsi s'exprime pour les mortels la divine Cyranide.

37] Harpocration a ainsi terminé ici ce livre ; quant à son autre livre des Cyranides, nous ne l'avons pas trouvé. Mais ici, ce en quoi Harpocration a différé de Cyranus, ou le second du premier, j'ai tout recueilli dans l'ordre des deux ouvrages, et j'en ai fait un livre, sans rien passer sous silence. Maintenant je passerai aux autres livres de Cyranus, afin que nous puissions en tirer profit. Ainsi prend fin le livre du très auguste et tout puissant [Hermès].

 

Fin de la première Cyranide.


 

 

[1] Le V. I., après avoir énuméré ces maladies, dit : Et passiones omnes sunt lv.