Le temps des généraux : Pompée |
Conjuration de Catilina |
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CICERON
: M. Tullius Cicero fut avocat, homme politique, écrivain. Durant les
dernières années de sa vie, aigri par son divorce et par sa mise à l'écart
de la vie politique, Cicéron va se consacrer à la rédaction d'ouvrages
théoriques sur l'art oratoire et sur la philosophie. Au fil de ses
lectures, Cicéron choisit son bien où il le trouve ; il est en
philosophie, un représentant de l'éclectisme.
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Nous sommes dans la deuxième Catilinaire : Cicéron va parler des ancienc colons de Sylla, subitement enrichis, mais ruinés et qui voudraient de nouvelles proscriptions. |
Tertium
genus est aetate iam affectum, sed tamen exercitatione robustum; quo ex
genere iste est Manlius cui nunc Catilina succedit. Hi sunt homines ex eis
coloniis quas Sulla constituit; quas ego universas civium esse optimorum
et fortissimorum virorum sentio, sed tamen ii sunt coloni, qui se in
insperatis ac repentinis pecuniis sumptuosius insolentiusque iactaverunt.
Hi dum aedificant tamquam beati, dum praediis lectis, familiis magnis,
conviviis apparatis delectantur, in tantum aes alienum inciderunt ut, si
salvi esse velint, Sulla sit eis ab inferis excitandus ; qui etiam non
nullos agrestis homines tenues atque egentes in eandem illam spem
rapinarum veterum impulerunt. Quos ego utrosque in eodem genere
praedatorum direptorumque pono, sed eos hoc moneo, desinant furere ac
proscriptiones et dictaturas cogitare. Tantus enim illorum temporum dolor
inustus est civitati, ut iam ista non modo homines, sed ne pecudes quidem
mihi passurae esse videantur. In Catilinam, II, 20 |
La troisième catégorie n'est plus de
première jeunesse, mais l'exercice physique l'a gardée en bonne forme.
C'est à cette catégorie qu'appartient le Manlius dont Catilina prend
maintenant la relève. Ce sont les hommes des colonies que Sylla a
établies. Je n'ignore pas que dans leur ensemble, elles soient composées
de citoyens excellents et valeureux, mais pourtant ceux-ci sont des colons
qui, se retrouvant soudain à la tête fortunes inattendues, ont jeté
l'argent par les fenêtres de manière incroyable. En construisant comme
des riches, en s'offrant des domaines de choix, des domesticités
considérables, des banquets somptueux, ils sont tombés dans des dettes
si grandes que, s'ils voulaient s'en sortir, il leur faudrait tirer Sylla
des enfers. Ce sont eux qui poussent quelques hommes grossiers, misérables et pauvres à espérer les pillages du passé. Moi je les classe dans la catégorie des pillards et des brigands et je les avertis de cesser leur folie et de ne plus penser à des proscriptions et à des dictatures. La douleur engendrée par ces temps est tellement
profonde pour la cité que non seulement les hommes mais même les bêtes sauvages ne pourraient plus, à mon avis, le supporter. In Catilinam, II, 20 |
Les
proscriptions de Sylla XXXI. Dès que eut commencé à faire couler le sang, il ne mit plus de bornes à sa cruauté, et remplit la ville de meurtres dont on n’envisageait plus le terme. Une foule de citoyens furent les victimes de haines particulières ; , qui n’avait pas personnellement à s’en plaindre, les sacrifiait au ressentiment de ses amis, qu’il voulait obliger. Un jeune Romain, nommé Caïus Métellus, osa lui demander en plein sénat quel serait enfin le terme de tant de maux, et jusqu’où il se proposait de les pousser, afin qu’on sût au moins quand on n’aurait plus à en craindre de nouveaux. « Nous ne vous demandons pas, ajouta-t-il ; de sauver ceux que vous avez destinés à la mort, mais de tirer de l’incertitude ceux que vous avez résolu de sauver. » lui ayant répondu qu’il ne savait pas encore ceux qu’il laisserait vivre : « Eh bien ! reprit Métellus, déclarez-nous donc quels sont ceux que vous voulez sacrifier. - C’est aussi ce que je ferai, » repartit . Quelques historiens disent que la dernière réplique ne fut pas de Métellus, mais d’un certain Aufidius, un des flatteurs de . Il commença donc par proscrire quatre-vingts citoyens, sans en avoir parlé à aucun des magistrats. Comme il vit que l’indignation était générale, il laissa passer un jour, et publia une seconde proscription de deux cent vingt personnes, et une troisième de pareil nombre. Ayant ensuite harangué le peuple, il dit qu’il avait proscrit tous ceux dont il s’était souvenu ; et que ceux qu’il avait oubliés, il les proscrirait à mesure qu’ils se présenteraient à sa memoire. Il comprit dans ces listes fatales ceux qui avaient reçu et sauvé un proscrit, punissant de mort cet acte d’humanité, sans en excepter un frère, un fils ou un père. Il alla même jusqu’à payer un homicide deux talents, fût-ce un esclave qui eût tué son maître, ou un fils qui eût été l’assassin de son père. Mais ce qui parut le comble de l’injustice, c’est qu’il nota d’infamie les fils et les petits-fils des proscrits, et qu’il confisqua leurs biens. Les ne furent pas bornées à Rome ; elles s’étendirent dans toutes les villes d’Italie. Il n’y eut ni temple des dieux, ni autel domestique et hospitalier, ni maison paternelle, qui ne fût souillée de meurtres. Les maris étaient égorgés dans le sein de leurs femmes, les enfants entre les bras de leurs mères ; et le nombre des victimes sacrifiées à la colère ou à la haine n’égalait pas à beaucoup près le nombre de ceux que leurs richesses faisaient égorger. Aussi les assassins pouvaient-ils dire : « Celui-ci, c’est sa belle maison qui l’a fait périr ; celui-là, ses magnifiques jardins ; cet autre, ses bains superbes. » Un Romain nommé Quintus Aurélius, qui ne se mêlait de rien, et qui ne craignait pas d’avoir d’autre part aux malheurs publics que la compassion qu’il portait à ceux qui en étaient les victimes, étant allé sur la place, se mit à lire les noms des proscrits, et y trouva le sien. « Malheureux que je suis, s’écria-t-il, c’est ma maison d’Albe qui me poursuit. » Il eut à peine fait quelques pas, qu’un homme qui le suivait le massacra.XXXII. Cependant Marius, ayant été pris, se donna lui-même la mort ; et , étant allé à Préneste, fit d’abord juger et exécuter chacun des habitants en particulier. Mais, trouvant ensuite que ces formalités lui prenaient trop de temps, il les fit tous rassembler dans un même lieu, au nombre de douze mille, et ils furent égorgés en sa présence. Il ne voulut faire grâce de la vie qu’à son hôte ; mais cet homme lui dit, avec une grandeur d’âme admirable, qu’il ne devrait jamais son salut au bourreau de sa patrie ; et, s’étant jeté au milieu de ses compatriotes, il se fit tuer avec eux. Lucius Catilina donna dans ces un exemple inouï de cruauté. Avant que la guerre fût terminée, il avait tué son frère de sa propre main ; et quand eut commencé ses , il le pria de mettre son frère au nombre des proscrits, comme s’il eût été vivant, ce que lui accorda volontiers. Catilina, pour reconnaître ce service, alla tuer un homme de la faction contraire, nommé Marcus Marius, et porta sa tête à , qui était dans la place publique sur son tribunal ; après quoi il alla froidement laver ses mains dégouttantes de sang dans le vase d’eau lustrale qui était près de là, placé à la porte du temple d’Apollon.
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ab,
prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par ac, conj. : et, et aussi aedifico, as, are : construire aes, aeris, n. : le bronze, l'argent.(aes alienum : la dette) aetas, atis, f. : 1. le temps de la vie, la vie 2. l'âge 3. la jeunesse 4. te temps, l'époque (in aetatem : pendant longtemps) afficio, is, ere, feci, fectum : 1. pourvoir de 2. affecter, disposer 3. affaiblir (affectus, a, um : pourvu de, disposé, affaibli) agrestis, e : relatif aux champs, agreste, rustique, peu évolué, grossier alienus, a, um : 1. d'autrui, étranger 2. éloigné, déplacé, désavantageux apparo, as, are : préparer, s’apprêter à atque, conj. : et, et aussi beatus, a, um : heureux Catilina, ae, m. : Catilina civis, is, m. : le citoyen civitas, atis, f. : la cité, l'état cogito, as, are : penser, réfléchir colonia, ae, f. : la ferme, la colonie colonus, i, m : le paysan, l'agriculteur, le fermier, l'habitant d'une colonie constituo, is, ere, tui, tutum :1. placer devant, dresser 2. fixer 3. établir, décider convivium, ii, n. : le repas en commun, le banquet cui 4 possibilités : 1. datif singulier du pronom relatif : à qui, pour qui 2. datif singulier de l'interrogatif : à qui? à quel? 3. faux relatif = et ei 4. après si, nisi, ne num = alicui delecto, as, are : 1. attirer, retenir 2. charmer, faire plaisir à desino, is, ere, sii, situm : cesser dictatura, ae, f. : la dictature direptor, oris, m. : le brigand, le pillard dolor, oris, m. : la douleur dum, conj. : 1. + ind. = pendant que, jusqu'à ce que 2. + subj. : pourvu que, le temps suffisant pour que egens, entis : pauvre, dépourvu de (+ Gén.) ego, mei : je eis, D. ou ABL. PL. de is,ea,is : le, la, les, ce,... enim, conj. : car, en effet eos, acc. m. pl. de is, ea, id : les, ceux-ci, ces et, conj. : et. adv. aussi etiam, adv. : encore, en plus, aussi, même, bien plus ex, prép. : + Abl. : hors de, de excito, as, are : exciter, réveiller, dresser, inciter exercitatio, ionis, f. : l'exercice (physique), la pratique familia, ae, f. : l'ensemble des esclaves de la maison, le personnel; la troupe, l'école fortissimus, a, um : superlatif de fortis : courageux, fort furo, is, ere : être hors de soi, être fou genus, eris, n. : la race, l'origine, l'espèce hic, haec, hoc : adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci homo, minis, m. : l'homme, l'humain iacto, as, are : 1. jeter, lancer 2. agiter 3. débattre 4. jeter avec ostentation, vanter iam, adv. : déjà, à l'instant idem, eadem, idem : le (la) même ille, illa, illud : adjectif : ce, cette (là), pronom : celui-là, ... impello, is, ere, puli, pulsum : 1. heurter contre 2. ébranler 3. pousser à qqch 4. culbuter, bousculer (un ennemi) in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre incido, is, ere, cidi : I. de cadere : tomber dans, arriver, se présenter II. de caedere : entailler, couper, graver inferus, a, um : que est au-dessous de, inférieur (inferi : les enfers) insolentius, adv. : avec démesure insperatus, a, um : inattendu inustus, a, um : 1 - brûlé (profondément), brûlé dans. - 2 - marqué avec un fer chaud. - 3 - imprimé, marqué. - 4 - au fig. imprimé (en parl. d'une tache). - 5 - imposé. - 6 - profond. is, nominatif masculin singulier de is, ea, id : ce, cette, celui-ci, il, 2ème personne sing. de eo, is, ire : aller iste, a, um : ce, celui-ci (péjoratif) lego, is, ere, legi, lectum : cueillir, choisir, lire (lectus, a, um : choisi, d'élite) magnus, a, um : grand Manlius, i, m. : Manlius (nom d'homme) modo, adv. : seulement ; naguère, il y a peu (modo... modo... tantôt... tantôt...) moneo, es, ere, ui, itum : avertir, engager à ne, 1. adv. : ... quidem : pas même, ne (défense) ; 2. conj. + subj. : que (verbes de crainte et d'empêchement), pour que ne pas, de ne pas (verbes de volonté) 3. adv. d'affirmation : assurément 4. interrogatif : est-ce que, si non, neg. : ne...pas nullus, a, um : aucun nunc, adv. : maintenant optimus, a, um : très bon, le meilleur. superlatif de bonus patior, eris, i, passus sum : supporter, souffrir, être victime de, être agressé par pecunia, ae, f. : l'argent pecus, udis, f. : bête domestique (de troupeau) pono, is, ere, posui, situm : 1. poser 2. déposer 3. placer, disposer 4. installer 5. présenter, établir praedator, oris, m. : 1 - le pillard, le brigand, le voleur, le ravisseur. - 2 - le chasseur. - 3 - l'avare, l'ambitieux. praedium, ii, n. : la propriété, le domaine proscriptio, ionis, f. : la proscription quas, 1. ACC. FEM. PL. de pronom relatif. 2. ACC. FEM. PL. de l'adjectif ou du pronom interrogatif. 3. Après si, nisi, ne, num = aliquas 4. Faux relatif = et eas. quo, 1. Abl. M. ou N. du pronom relatif. 2. Abl. M. ou N. du pronom ou de l'adjectif interrogatif. 3. Faux relatif = et eo. 4. Après si, nisi, ne, num = aliquo. 5. Adv. =où ? (avec changement de lieu) 6. suivi d'un comparatif = d'autant 7. conj. : pour que par là rapina, ae, f. : le vol, la rapine repentinus, a, um : soudain, imprévu robustus, a, um : fort, robuste, solide salvus, a, um : en bonne santé se, pron. réfl. : se, soi sed, conj. : mais sentio, is, ire, sensi, sensum : 1 - sentir physiquement, recevoir une impression par le moyen des sens, percevoir, être affecté. 2 - sentir moralement, ressentir (une jouissance ou une peine), éprouver (une passion, un sentiment). 3 - sentir intellectuellement, connaître instinctivement, s'apercevoir par la réflexion, reconnaître par expérience, comprendre, savoir. 4 - avoir un sentiment, avoir une opinion, juger, penser. 5 - émettre son opinion, voter. si, conj. : si spes, ei, f. : l'espoir succedo, is, ere, cessi, cessum : aller sous, gravir, monter, aller aux pieds de, succéder Sulla, ae, m. : Sylla sum, es, esse, fui : être sumptuosius, adv. : à trop grand frais tamen, adv. : cependant tamquam, adv. : comme, de même que, pour ainsi dire; tamquam si : comme si tantus, a, um : si grand ; -... ut : si grand... que tempus, oris, n. : 1. le moment, l'instant, le temps 2. l'occasion 3. la circonstance, la situation - la tempe tenuis, e : mince, fin, léger, faible ; subtil, délicat; misérable, pauvre tertius, a, um : troisième uniuersus, a, um : tout entier ut, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que uter, tra, trum : lequel des deux ?, l'un des deux vetus, eris : vieux video, es, ere, vidi, visum : voir (videor, eris, eri, visus sum : paraître, sembler) vir, viri, m. : l'homme, le mari volo, vis, velle : vouloir |
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