Le temps des Généraux : Marius

88 : Sylla consul - Guerre contre Mithridate

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88

Rivalité Sylla - Marius

VELLEIUS PATERCULUS : Velleius Paterculus fut préfet de cavalerie de Tibère. Il écrivit une Histoire Romaine allant du retour de Troie au règne de Tibère.

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Sylla s'empare de Stabies et réduit les derniers îlots de résistance du Samnium en 89 avant JC. Ce nouveau succès lui vaut d'être nommé consul l'année suivante et de recevoir du Sénat le soin de mener la guerre contre le roi du Pont, Mithridate IV, coupable d'avoir repris les hostilités et massacré des milliers de Romains et d'Italiens en Orient. Cette décision contrarie Marius (69 ans), représentant du parti populaire, qui comptait sur cette guerre pour redresser son prestige. Marius manigance avec un tribun de la plèbe, P. Sulpicius Rufus, un arrangement qui lui confie le commandement de la campagne du Pont.

XVIII. - Per ea tempora, Mithridates, Ponticus rex, vir neque silendus, neque dicendus sine cura, bello acerrimus, virtute eximius, aliquando fortuna, semper animo maximus, consiliis dux, miles manu, odio in Romanos Hannibal, occupata Asia, necatisque in ea omnibus civibus Romanis, quos quidem eadem die atque hora, redditis civitatibus litteris, ingenti cum pollicitatione praemiorum interimi iusserat. Quo tempore neque fortitudine adversus Mithridatem, nequc fide in Romanos quisquam Rhodiis par fuit: horum fidem Mitylenaeorum perfidia illuminavit, qui M'. Aquilium, aliosque Mithridati vinctos tradiderunt; quibus libertas, in unius Theophanis gratiam, postea a Pompeio restituta est. Cum terribilis Italiae quoque videretur imminere, sorte obvenit Sullae Asia provincia.
Is egressus Urbe, cum circa Nolam moraretur quippe ea urbs pertinacissime arma retinebat, exercituque Romano obsidebatur, velut paeniteret eius fidei, quam omnium sanctissimam bello praestiterat Punico, - P. Sulpicius, tribunus plebis, disertus, acer, opibus, gratia, amicitiis, vigore ingenii atque animi celeberrimus, cum antea rectissima voluntate apud populum maximam quaesisset dignitatem, quasi pigeret eum virtutum suarum, et bene consulta ei male cederent, subito pravus et praeceps, C. Mario post septuagesimum annum omnia imperia et omnes provincias concupiscenti addixit se legemque ad populum tulit, qua Sullae imperium abrogaretur, C. Mario bellum decerneretur Mithridaticum; aliasque leges perniciosas et exitiabiles, neque tolerandas liberae civitati tulit. Quin etiam Q. Pompeii consulis filium, eumdemque Sullae generum, per emissarios factionis suae interfecit.

VELLEIUS PATERCULUS, II

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XVIII. - Vers la même époque vécut Mithridate, roi du Pont, homme qu'on ne peut passer sous silence et dont on ne saurait parler à la légère, ardent à combattre, remarquablement courageux, supérieur à tous parfois par la chance et toujours par l'énergie. C'était un chef dans les décisions, un soldat dans la lutte et par sa haine contre les Romains, un nouvel Hannibal. Il s'empara de l'Asie et y fit tuer tous les citoyens romains. Bien plus, dans les lettres qu'il avait envoyées aux cités, avec la promesse d'immenses récompenses, il avait ordonné de les faire périr le même jour, à la même heure. Personne à cette époque n'égala les Rhodiens par leur courage contre Mithridate ni par la loyauté envers les Romains. Cette loyauté fut mise en lumière par la perfidie des Mytiléniens qui livrèrent enchaînés à Mithridate, Manius Aquilius et d'autres Romains et à qui plus tard Pompée ne rendit la liberté qu'en considération du seul Théophane. Mithridate effrayait l'Italie qu'il semblait menacer, quand le sort donna à Sylla la province d'Asie.
Celui-ci parti de Rome s'attarda devant Nole. Cette ville, en effet, s'entêtait à continuer la lutte et soutenait le siège de l'armée romaine, comme si elle se repentait d'être restée plus que toutes scrupuleusement fidèle pendant la guerre punique. Mais le tribun de la plèbe Publius Sulpicius, homme éloquent, actif, bien connu pour sa fortune, son crédit, ses relations, la vigueur de son intelligence et de son caractère, et qui jusque-là avait par l'honnêteté de ses desseins recherché la parfaite estime du peuple, parut alors avoir honte de ses vertus et considérer que les résultats payaient mal ses bonnes intentions. Devenu subitement un mauvais citoyen et aveuglé par l'ambition, il s'allia à Caïus Marius qui, malgré ses soixante-dix ans passés, continuait à convoiter commandements et provinces, et proposa au peuple une loi qui ôtait son commandement à Sylla et confiait à Caïus Marius la guerre contre Mithridate. Il présenta aussi d'autres lois funestes et détestables, intolérables dans un état libre. Bien plus, il fit tuer par des agents secrets de son parti le fils du consul Quintus Pompée, gendre de Sylla.

traduction Garnier, édition de Pierre HAINSSELIN et Henri WATELET.

VELLEIUS PATERCULUS, II

PLUTARQUE, Vie de Marius

35. Les peuples de l'Italie étant presque soumis, plusieurs généraux employaient le crédit des orateurs du peuple pour obtenir la conduite de la guerre contre Mithridate, lorsque tout à coup, au grand étonnement de tout le monde, le tribun Sulpicius, homme d'une audace singulière, mit en avant Marius, et le nomma pour aller combattre contre ce prince, avec le titre de proconsul. Le peuple se partagea : les uns approuvèrent le choix du tribun ; les autres, appelant Sylla à ce commandement, envoyaient Marius aux bains chauds de Baies, lui conseillant d'y soigner son corps affaibli, comme il le disait lui-même, par la vieillesse et les maladies. Marius avait près de Misène une superbe maison de campagne, où il menait une vie plus délicieuse et plus efféminée qu'il ne convenait à un homme qui, dans un si grand nombre d'expéditions, s'était signalé par tant d'exploits. Cornélie l'acheta, dit-on, soixante-quinze mille drachmes, et peu de temps après elle coûta à Lucullus cinq cent mille deux cents drachmes : tant le prix des biens-fonds avait promptement haussé à Rome ! tant le luxe y avait fait des progrès rapides ! Cependant Marius, par une ambition excusable tout au plus dans un jeune homme, forçant son âge et sa vieillesse, descendait tous les jours au champ de Mars, s'y exerçait avec la jeunesse romaine, montrait un corps souple et léger sous les armes, propre encore à tous les exercices du manège, quoique, devenu replet et pesant dans sa vieillesse, il conservât peu d'activité. Il plut par là à quelques personnes qui allaient exprès au champ de Mars pour assister à ses exercices, et être témoins des efforts qu'il faisait afin de surpasser les autres. Mais les gens sensés voyaient avec pitié cette avarice, ce désir insatiable de gloire, dans un homme qui, de l'état le plus obscur, parvenu au plus haut rang et à la plus grande opulence, ne savait pas se borner dans sa prospérité ; qui, pouvant jouir en repos de l'estime et de l'admiration publiques et des biens immenses qu'il possédait, voulait, comme s'il eût manqué de tout, s'en aller, après tant de triomphes et tant de gloire, traîner en Cappadoce et dans le Pont-Euxin les restes languissants de sa vieillesse, pour y combattre les satrapes de Mithridate, Archélaos et Néoptolème. II cherchait à se justifier, en disant qu'il voulait former lui-même son fils au métier des armes ; mais cette raison même paraissait frivole.

PLUTARQUE, Vie de Sylla

Guerre civile entre Marius et Sylla.

VII. Sylla, qui ne voyait dans le consulat qu’une dignité commune, au prix de ses prétentions pour l’avenir, désirait ardemment d’être chargé de la guerre contre Mithridate. Il avait pour concurrent Marius, à qui l’ambition et la manie de la gloire, passions qui ne vieillissent jamais, faisaient oublier sa faiblesse et son grand âge. Obligé, par cette raison, de renoncer aux dernières expéditions d’Italie, il recherchait alors, au-delà des mers, des guerres étrangères ; et, profitant de l’absence de Sylla, qui était retourné à son camp pour y terminer un reste d’affaires, il trama dans Rome cette sédition funeste, qui causa plus de maux aux Romains que toutes les guerres qu’ils avaient eues jusque alors à soutenir. Les dieux l’annoncèrent par divers prodiges. Le feu prit spontanément au bois des piques qui soutenaient les enseignes, et l’on eut beaucoup de peine à l’éteindre. Trois corbeaux apportèrent dans la ville leurs petits ; et, après les avoir dévorés en présence de tout le monde, ils en remportèrent les restes dans leurs nids. Des souris ayant rongé de l’or consacré dans un temple, les gardiens de cet édifice sacré en prirent une dans une souricière, où elle fit cinq petits et en dévora trois. Mais le signe le plus frappant, c’est que dans un ciel serein et sans nuages on entendit une trompette qui rendait un son si aigu et si lugubre, que tout le monde en fut dans la frayeur et la consternation. Les devins toscans, consultés sur ce dernier prodige, répondirent qu’il annonçait un nouvel âge qui changerait la face du monde ; qu’il devait se succéder huit races d’hommes qui différeraient entre elles par leurs moeurs et leurs genres de vie ; que Dieu avait fixé pour chacune de ces races une durée de temps, limitée par la période de la grande année, que, lorsqu’une race finit et qu’il s’en élève une autre, le ciel ou la terre en donne le signal par quelque mouvement extraordinaire. Ceux qui se sont occupés de ces sortes d’études, ajoutaient-ils, et qui les ont approfondies, connaissent quand il est né sur la terre une espèce d’hommes qui ont d’autres moeurs, d’autres manières de vivre que ceux qui les ont précédés, et dont les dieux prennent plus ou moins de soin. lls font observer que dans ces renouvellements de races il arrive de grands changements ; qu’un des plus sensibles est l’accroissement d’estime et d’honneur qu’obtient, dans une race, la science de la divination, qui voit toutes ses prédictions se vérifier, les dieux faisant connaître aux devins, par les signes les plus clairs et les plus certains, tout ce qui doit arriver ; au lieu que, dans une autre race, cette science est généralement méprisée, parce que la plupart de ses prédictions se font précipitamment sur de simples conjectures, et que la divination n’a, pour connaître l’avenir, que des moyens obscurs et des traces presque effacées. Voilà les fables que débitaient les Toscans qui passaient pour les plus habiles et les plus instruits. Pendant que le sénat était assemblé dans le temple de Bellone, pour conférer avec les devins sur ces prodiges, on vit tout à-coup un passereau voler au milieu de l’assemblée, portant dans son bec une cigale qu’il partagea en deux ; il en laissa tomber une partie dans le temple, et s’envola avec l’autre. Les devins dirent que ce prodige leur faisait craindre une sédition entre le peuple des champs et celui de la ville : car celui-ci crie toujours comme la cigale, et l’autre vit tranquillement dans ses terres.

VIII. Marius s’associa donc le tribun du peuple Sulpicius, qui, ne le cédant à personne en la plus profonde scélératesse, faisait chercher en lui, non qui il surpassait en méchanceté, mais en quel genre de méchanceté il se surpassait lui-même. II portait à un tel excès la cruauté, l’audace et l’avarice, qu’il commettait de sang-froid les actions les plus criminelles et les plus infâmes. Il vendait publiquement le droit de bourgeoisie aux affranchis et aux étrangers, et en recevait le prix sur une table qu’il avait dressée exprès sur la place publique. Il entretenait auprès de sa personne trois mille satellites toujours armés, et un grand nombre de jeunes cavaliers, prêts à exécuter tout ce qu’il leur commandait, et qu’il appelait l’anti-sénat. Il avait fait recevoir par le peuple une loi qui défendait à tout sénateur d’emprunter au-delà de deux mille drachmes ; et à sa mort il en devait trois millions. Ce scélérat, lâché par Marius sur le peuple, porta dans toutes les parties du gouvernement la confusion et le désordre ; il employa le fer et la violence pour faire passer plusieurs lois pernicieuses, et en particulier celle qui donnait à Marius le commandement de la guerre contre Mithridate. Les consuls, pour réprimer ces voies de fait, suspendirent l’exercice de tous les tribunaux et la poursuite de toutes les affaires. Un jour que ces magistrats tenaient une assemblée publique devant le temple de Castor et de Pollux, Sulpicius, amenant la troupe de ses satellites, tua plusieurs personnes sur la place même, entre autres le jeune Pompéius, fils du consul de ce nom, qui lui-même ne se déroba à la mort que par la fuite. Sylla, poursuivi jusque dans la maison de Marius, où il s’était réfugié, fut obligé d’en sortir pour aller lever la suspension de la justice qu’il avait ordonnée. Cette soumission fit que Sulpicius, qui avait ôté le consulat à Pompéius, en laissa jouir Sylla, et qu’il se contenta de transférer à Marius seul le commandement de la guerre contre Mithridate. Il envoya sur-le-champ des tribuns des soldats à Nole pour y prendre l’armée de Sylla et la mener à Marius; .

IX. Mais Sylla l’avait prévenu, et il s’était sauvé dans son camp, où les soldats, instruits de ce qui s’était passé, lapidèrent les tribuns. Marius, de son côté, fit mourir à Rome les amis de Sylla, et livra leurs maisons au pillage. On ne voyait plus que des gens qui changeaient de séjour ; les uns fuyaient du camp à la ville, et les autres de la ville au camp. Le sénat, n’ayant plus aucun pouvoir, exécutait sans opposition les ordres de Marius et de Sulpicius. Lorsqu’on apprit que Sylla marchait vers Rome, les sénateurs lui envoyèrent deux préteurs, Brutus et Servilius, pour lui défendre de passer outre. Comme ils parlèrent à Sylla avec beaucoup de hauteur, les soldats voulurent les tuer ; mais ils se contentèrent de briser leurs faisceaux, de déchirer leurs robes de pourpre, et de les renvoyer, après leur avoir fait mille outrages. Quand on les vit revenir avec une tristesse morne, dépouillés des marques de leur dignité, leur vue seule annonça que la sédition allait éclater avec violence, et qu’elle était sans remède. Marius, de son côté, se prépara pour la défense ; et Sylla partit de Nole avec son collègue Pompéius, à la tête de six légions complètes, qui brûlaient d’impatience d’aller à Rome. Il s’arrêta cependant, et fut quelque temps en balance ; il ne savait quel parti prendre, et n’était pas sans crainte sur le péril auquel il s’exposait. Il fit d’abord un sacrifice ; et le devin Posthumius, après avoir examiné les présages, présenta ses deux mains à Sylla, le pria de les lui lier, et de le tenir prisonnier jusque après la bataille, s’offrant à endurer le dernier supplice si son entreprise n’était pas suivie d’un prompt succès. La nuit suivante, il crut, dit-on, voir en songe une déesse que les Romains adorent, et dont les Cappadociens leur ont enseigné le culte, soit la Lune, soit Minerve, ou Bellone, qui, placée au-dessus de sa tête, lui mettait la foudre en main, et lui ordonnait de la lancer sur ses ennemis, qu’elle lui nommait les uns après les autres. Tous ceux qui en étaient frappés tombaient et disparaissaient à l’instant. Encouragé par cette vision, qu’il raconta le lendemain à son collègue, il marcha vers Rome. Il était près de Picines, lorsqu’il reçut une nouvelle députation du sénat, pour le prier de ne pas tomber ainsi brusquement sur la ville, et l’assurer que le sénat était résolu de lui accorder tout ce qu’il demanderait de raisonnable. Il y consentit ; et, ayant promis de camper dans ce lieu-là même, il ordonna aux capitaines de marquer, selon l’usage, les quartiers du camp. Les députés s’en retournèrent pleins de confiance ; mais ils ne furent pas plus tôt partis, qu’il envoya Lucius Basillus et Caïus Muminius se saisir de la porte et des murailles qui étaient près du mont Esquilin ; il les suivit lui-même en toute diligence. Basillus s’empare de la porte et entre dans la ville. Les habitants, qui étaient sans armes, montent sur les toits des maisons, et font pleuvoir sur lui une grêle de tuiles et de pierres qui l’empêchent d’avancer, et le repoussent même jusqu’au pied des murailles. Sylla survient en ce moment, et, voyant ce qui se passe, il crie à ses soldats de mettre le feu aux maisons, et, lui-même prenant une torche allumée, il marche le premier, et ordonne à ses archers de lancer sur les toits leurs traits enflammés. C’est ainsi que, sourd à la raison, n’écoutant que sa passion et se laissant maîtriser par la colère, il ne voyait dans la ville que ses ennemis ; et, sans aucun égard pour ses amis, ses alliés et ses proches, sans aucune distinction de l’innocent et du coupable, il s’ouvrait un chemin dans Rome par le fer et par la flamme. Cependant Marius, qui avait été repoussé jusqu’au temple de la Terre, fit une proclamation pour appeler à la liberté tous les esclaves qui se joindraient à lui ; mais ses ennemis, étant survenus, le pressèrent si vivement, qu’il fut obligé de s’enfuir avec précipitation.

X. Sylla assemble le sénat, et fait porter un décret de mort contre Marius et quelques autres, au nombre desquels était le tribun Sulpicius, qui, trahi par un de ses esclaves, fut tout de suite égorgé. Sylla donna la liberté à cet esclave, et le fit précipiter ensuite de la roche Tarpéienne. Il mit à prix la tête de Marius, acte d’ingratitude aussi contraire à l’humanité qu’à la politique : car, peu de jours auparavant, forcé de se livrer à lui, en cherchant un asyle dans sa maison, Marius l’avait laissé aller. Si, au lieu de le relâcher, il l’eût abandonné à Sulpicius, qui voulait le massacrer, Marius se rendait maître de Rome : il l’avait cependant renvoyé ; et Sylla, peu de jours après, ayant le même avantage sur Marius, n’use pas envers lui de la même générosité. Cette conduite blessa vivement le sénat, qui dissimula ses sentiments ; mais le peuple lui donna des marques sensibles de son mécontentement et de son indignation. Il rejeta avec des marques de mépris Nonius, neveu de Sylla, et Servius, un de ses amis, qui, s’appuyant sur sa protection, s’étaient présentés pour les premières charges ; et il nomma ceux dont il put croire que l’élection mortifierait le plus Sylla. Il fit semblant de l’approuver, et dit même qu’il était bien aise que le peuple lui dût la liberté de faire tout ce qu’il voulait. Pour adoucir la haine du peuple, il prit un consul dans la faction contraire : ce fut Lucius Cinna, dont il s’était assuré d’avance en lui faisant jurer, avec les plus fortes imprécations, qu’il soutiendrait ses intérêts. Cinna, étant monté au Capitole, en tenant une pierre dans sa main, fit, en présence de tout le monde, son serment, qu’il accompagna de cette imprécation, que, s’il ne gardait pas à Sylla l’affection qu’il lui promettait, il priait les dieux de le chasser de la ville comme il allait jeter cette pierre loin de sa main. En disant ces mots ; il laissa tomber la pierre. Mais il eut à peine pris possession de son consulat, qu’il entreprit de casser tout ce qui avait été fait. Il voulut même intenter procès à Sylla, et le fit accuser par le tribun du peuple Virginius. Sylla, laissant là et l’accusateur et les juges, partit pour aller faire la guerre à Mithridate.

a, prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par
abrogo, as, are
: enlever, supprimer
acer, cris, cre
: 1 - aigu, tranchant, perçant, vif, âcre, pénétrant, aigu, dur, violent. 2 - pénétrant, subtil, fin, vif. 3 - actif, brave, vaillant, énergique, ardent. 4 - irritable, irascible, fougueux, sévère, cruel, terrible.
acerrimus, a, um
: superlatif de acer, cris, cre : vif, aigu
ad
, prép. : + Acc. : vers, à, près de
addico, is, ere, dixi, dictum
: attribuer, adjuger, vendre, dévouer ; être favorable
adversus, a, um
: contraire (prép. + acc. = contre)
aliquando
, adv. : 1 - quelquefois. - 2 - autrefois, jadis, déjà. - 3 - un jour à venir, un jour. - 4 - une bonne fois, enfin. - si (forte) aliquando : si jamais.
alius, a, ud
: autre, un autre
amicitia, ae
, f. : 1 - l'amitié, la tendresse, la liaison, l'affection, l'affinité (des plantes). - 2 - le cercle d'amis; au plur. les amis. - 3 - l'amitié politique, l'alliance, la ligue, la confédération, la paix, la concorde.
animus, i,
m. : le coeur, la sympathie, le courage, l'esprit
annus, i
, m. : l'année
antea
, adv. : auparavant
apud
, prép. : + Acc. : près de, chez
Aquilius, i
, m. : Aquilius
arma, orum
, n. : les armes
Asia, ae
, f. : Asie
atque
, conj. : et, et aussi
bellum, i
, n. : la guerre
bene
, adv. : bien
C
, = Caius, ii, m. : abréviation.
cedo, is, ere, cessi, cessum
: 1. aller, marcher 2. s'en aller, se retirer 3. aller, arriver 4. céder, concéder
celeberrimus, a, um
: superlatif de celeber, bris, bre : très fréquenté, célèbre, très répandu
circa
, prép + acc. : autour de
civis, is
, m. : le citoyen
civitas, atis
, f. : 1 - la qualité de citoyen, la condition de citoyen, l'état de citoyen, le droit de cité. - 2 - la réunion de citoyens, la ville, la cité, la nation, l'Etat.
concupisco, is, ere, cupivi, pitum
: convoiter, souhaiter
consilium, ii
, n. :1. la délibération, la consultation 2. le conseil, l'assemblée 3. le projet, le plan 4. l'avis 5. la sagesse, la prudence
consul, is
, m. : le consul
consultum, i
, n. : le décret ; senatus - : le sénatus-consulte
cum
, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que
cura, ae,
f. : le soin, le souci
decerno, is, ere, crevi, cretum
: - intr. et tr. - 1 - juger, décider, décréter, voter, statuer, ordonner, prononcer un arrêt. - 2 - décerner, déférer, assigner. - 3 - terminer (une guerre); combattre, lutter (au pr. et au fig.). - 1 - résoudre, décider, penser, tenir pour certain, estimer, être d'avis. - 4 - résoudre de, être décidé à, se déterminer à.
dico, is, ere, dixi, dictum
: 1 - dire, affirmer, prononcer, exprimer; débiter, réciter. - 2 - dire le nom, nommer, appeler. - 3 - haranguer, plaider. - 4 - célébrer, chanter, raconter, décrire, composer, prédire. - 5 - fixer, assigner, établir, régler. - 6 - avertir, faire savoir, notifier. - 7 - signifier, vouloir dire. - 8 - nommer, élire, proclamer, élever au rang de.
dies, ei
, m. et f. : le jour
dignitas, atis
, f. : la dignité, la considération, l'estime, le prestige, l'honorabilité
disertus, a, um
: 1 - habile, expérimenté. - 2 - habile à parler, qui parle bien, qui s'exprime facilement, disert, éloquent. - 3 - bien dit, bien écrit (en parl. du langage, du style).
dux, ducis,
m. : le chef, le guide
ea
, 1. ablatif féminin singulier, nominatif ou accusatif neutres pluriels de is, ea, id (ce, cette, le, la...) 2. adv. : par cet endroit
egredior, eris, i, egressus sum
: 1 - intr. - sortir (de), s'écarter de; monter au-dessus, s’élever; qqf. venir de, émaner. - 2 - tr. - passer, surpasser, excéder, outrepasser, sortir de.
ei
, datif singulier ou nominatif masculin pluriel de is, ea, id : lui, à celui-ci, ce,...
eius
, génitif singulier de is, ea, id : ce, cette, son, sa, de lui, d'elle
emissarius, i
, m. : l'agent, l'émissaire, l'espion
eo, is, ire, ivi, itum
: aller
et
, conj. : et. adv. aussi
etiam
, adv. : encore, en plus, aussi, même, bien plus
eum
, ACC M SING. de is, ea, id : il, lui, elle, celui-ci...
exercitus, us
, m. : 1 - l'armée, le corps de troupes. - 2 - l'infanterie. - 3 - la foule, la troupe, la multitude, l'essaim (d'abeilles). - 4 - l'exercice. - 5 - la peine, le chagrin, le tourment, l'inquiétude.
eximius, a, um
: sortant de l'ordinaire, remarquable, rare
exitiabilis, is, e
: funeste, pernicieux, fatal
factio, onis
, f. : 1. le pouvoir de faire, la conduite 2. la troupe, l'association, le parti, la faction
fero, fers, ferre, tuli, latum
: porter, supporter, rapporter
fides, ei
, f. : 1. la foi, la confiance 2. le crédit 3. la loyauté 4. la promesse, la parole donnée 5. la protection (in fide : sous la protection)
filius, ii
, m. : le fils
fortitudo, inis
, f. : 1 - la force, la puissance, la solidité. - 2 - la force d'âme, le courage, la fermeté, la bravoure, la valeur, la hardiesse.
fortuna, ae
, f. : la fortune, la chance
gener, eri,
m. : le gendre, le beau-fils
gratia, ae
, f. : la grâce, la reconnaissance (gratias agere = remercier)
Hannibal, alis
, m. : Hannibal
hic, haec, hoc
: adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci
hora, ae
, f. : l'heure
idem, eadem, idem
: le (la) même
illumino, as, are
: tr. - 1 - illuminer, éclairer. - 2 - rendre éclatant, mettre en lumière, faire briller, orner, enrichir; illustrer, honorer. - 3 - révéler, faire connaître.
immineo, es, ere
: être imminent, menacer
imperium, ii
, n. : 1 - le commandement, l'ordre, l'injonction, l'autorité. - 2 - le droit de commander, l'autorité suprême, la puissance, la domination, la souveraineté, l'hégémonie, la suprématie, la prééminence. - 3 - le pouvoir dans l'Etat : le commandement militaire. - 4 - le pouvoir monarchique, la royauté, l'empire. - 5 - l'empire, l'Etat. - 6 - l'ordonnance (du médecin).
in
, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
ingenium, ii
, n. : les qualités innées, le caractère, le talent, l'esprit, l'intelligence
ingens, entis
: immense, énorme
interficio, is, ere, feci, fectum
: tuer
interimo, is, ere, emi, emptum
: supprimer, tuer
Italia, ae
, f. : l'Italie
iubeo, es, ere, iussi, iussum
: 1. inviter à, engager à 2. ordonner
lex, legis
, f. : la loi, la (les) condition(s) d'un traité
liber, era, erum
: libre
libertas, atis
, f. : la liberté
littera, ae
, f. : la lettre
M
, inv. : abréviation de Marcus
male
, adv. : mal, vilainement
manus, us,
f. : la main, la petite troupe
Marius, i,
m. : Marius
maximus, a, um
: superlatif de magnus, a, um : grand
miles, itis
, m. : le soldat
Mithridas, atis
, m. : Mithridate
Mithridaticus, a, um
: de Mithridate
Mitylenaeus, a, um
: de Mitylène (Mitylenaei, orum : les habitants de Mitylène)
moror, aris, ari
: s'attarder, demeurer (nihil - : ne pas se soucier de)
neco, as, are
: 1 - tuer, mettre à mort. - 2 - faire mourir (les plantes). - 3 - éteindre (le feu). - 4 - étouffer (le naturel). - 5 - assommer, assassiner (de questions, par ses discours).
neque
, adv. : et ne pas
Nola, ae
, f. : Nola (ville de Campanie)
obsideo, es, ere, edi, essum
: être assis; occuper un lieu, assiéger, bloquer, investir
obvenio, is, ire, veni, ventum
: intr. - 1 - venir au-devant de, se présenter à. - 2 - échoir, tomber en partage, être dévolu à. - 3 - survenir, se produire, arriver, se rencontrer.
occupo, as, are
: se saisir de, envahir, remplir, devancer, couper (la parole)
odium, i
, n. : 1 - la haine, l'aversion, l'antipathie, le ressentiment. - 2 - l'antipathie naturelle (entre les choses), la répugnance. - 3 - le désagrément, l'ennui. - 4 - l'objet de haine, l'objet d'aversion; l'homme haïssable.
omnis, e
: tout
ops, opis
, f. : sing., le pouvoir, l'aide ; pl., les richesses
P
, abréviation de Publius
paeniteo, es, ere, ui
: se repentir ; me paenitet + gén ou prop. inf. je me repens de...
par, aris
: semblable, pareil (par, paris, m. : le couple, la paire)
per
, prép. : + Acc. : à travers, par
perfidia, ae
, f. : la mauvaise foi, la perfidie, la déloyauté, la trahison.
perniciosus, a, um
: pernicieux, funeste, dangereux
pertinacissimus, a, um
: superlatif de petinax, acis : opiniâtre, obstiné, entêté
piget
, impersonnel : je suis chagriné (accusatif de la personne, gén. de la chose), + inf. = il en coûte
plebs, plebis
, f. : la plèbe
pollicitatio, ionis
, f. : la proposition, l'offre, la promesse, l'engagement
Pompeius, i
, m. : Pompée
Ponticus, a, um
: du Pont (-Euxin)
populus, i,
m. : 1. le peuple - 2. f. : le peuplier
post
, adv. : en arrière, derrière; après, ensuite; prép. : + Acc. : après
postea
, adv. : ensuite
praeceps, cipitis
: la tête en avant, précipité, penché, en déclivité, emporté (praeceps, ipitis, n. : l'abîme, le précipice - praeceps adv. au fond, dans l'abîme)
praemium, ii,
n. : 1. le gain, le profit; le butin (fait à la guerre); le capture (faite à la pêche ou à la chasse) 2. l'avantage, le bénéfice, la prérogative, le privilège, la faveur 3. la récompense, le prix, le salaire.
praesto, as, are
: l'emporter sur, être garant, fournir
pravus, a, um
: de travers, difforme, mauvais
provincia, ae
, f. : 1 - la province romaine, le pays réduit en province. - 2 - la charge de gouverneur, le gouvernement d'une province, l'administration d'une province; la conduite d'une guerre. - 3 - la charge, l'emploi, la fonction, la mission, la tâche, le soin.
Punicus, a, um
: punique, carthaginois
Q
, abr. pour Quintus
qua
, 1. ablatif féminin singulier du relatif. 2. Idem de l'interrogatif. 3. après si, nisi, ne, num = aliqua. 4. faux relatif = et ea 5. adv. = par où?, comment?
quaero, is, ere, si(v)i, situm
: - tr. - 1 - chercher, faire des recherches, se mettre en quête, désirer, vouloir. - 2 - obtenir en cherchant, procurer (à soi ou aux autres), amasser, acquérir, gagner. - 3 - chercher une chose qui manque, désirer. - 4 - avoir besoin de, demander, réclamer, exiger (avec suj. de ch.). - 5 - chercher à savoir (par la réflexion ou par la discussion), poser une question, traiter une question, se livrer à des recherches. - 6 - chercher à savoir (en interrogeant), s'enquérir, s'informer, demander, questionner. - 7 - faire une enquête, rechercher (judiciairement), instruire (une affaire); avoir recours à la question.
quam
, 1. accusatif féminin du pronom relatif = que 2. accusatif féminin sing de l'interrogatif = quel? qui? 3. après si, nisi, ne, num = aliquam 4. faux relatif = et eam 5. introduit le second terme de la comparaison = que 6. adv. = combien
quasi
, conj. : comme si; adv. : pour ainsi dire, environ
qui
, 1. nominatif masculin singulier ou nominatif masculin pluriel du relatif 2. idem de l'interrogatif 3. après si, nisi, ne, num = aliqui 4. faux relatif = et ei 5. interrogatif = en quoi, par quoi
quibus
, 1. datif ou ablatif pluriel du relatif 2. Idem de l'interrogatif 3. faux relatif = et eis 4. après si, nisi, ne, num = aliquibus
quidem
, adv. : certes (ne-) ne pas même
quin
, inv. : pourquoi ne... pas ?, bien plus, construction des verbe de doute négatifs (non dubito quin)
quippe
, inv. : adv. : assurément, oui, bien sûr. conj. + ind. : en effet, c'est qu'en effet, car.
quisquam, quaequam, quidquam (quic-)
: quelque, quelqu'un, quelque chose
quoque
, adv. : aussi
quos
, 1. accusatif masculin pluriel du relatif. 2. Idem de l'interrogatif. 3. après si, nisi, ne, num = aliquos. 4. faux relatif = et eos
rectissimus, a, um
: superlatif de rectus,a,um : droit
reddo, is, ere, ddidi, dditum
: 1. rendre 2. payer, s'acquitter de rapporter 3. retourner, traduire 4. accorder
restituo, is, ere, tui, tutum
: remettre debout, reconstruire, restaurer; restituer, rendre
retineo, es, ere, ui, tentum
: tr. - 1 - retenir, arrêter, ne pas laisser aller, contenir, maintenir, tenir immobile, attacher, fixer. - 2 - retenir par devers soi, tenir en son pouvoir, posséder, conserver, garder. - 3 - garder intact, maintenir, sauvegarder. - 4 - tenir à, ne pas se départir de.
rex, regis
, m. : le roi (Rex, Regis : Rex)
Rhodius, a, um
: de Rhodes (Rhodii, orum : les Rhodiens)
Romanus, a, um
: Romain (Romanus, i, m. : le Romain)
sanctissimus, a, um
: superlatif de sanctus, a, um : sacré, inviolable, saint
se
, pron. réfl. : se, soi
semper
, adv. : toujours
septuagesimus, a, um
: 70ème
sileo, es, ere , ui, -
: se taire
sine
, prép. : + Abl. : sans
sors, sortis
, f. : la réponse d'un oracle, le sort, la destinée
subito
, inv. : subitement, soudain
Sulla, ae
, m. : Sylla
Sulpicius, i
, m. : Sulpicius (nom d'homme)
sum, es, esse, fui
: être
suus, a, um
: adj. : son; pronom : le sien, le leur
tempus, oris
, n. : 1. le moment, l'instant, le temps 2. l'occasion 3. la circonstance, la situation - la tempe
terribilis, e
: effrayant
Theophanes, is
, m. : Théophane de Mitylène (qui écrivit l'histoire de Pompée de son vivant)
tolero, as, are
: 1. porter, supporter 2. soutenir, maintenir 3. résister à
trado, is, ere, didi, ditum
: 1. transmettre, remettre 2. livrer 3. enseigner
tribunus, i
, m. : le tribun ; tribunus pl. : le tribun de la plèbe
unus, a, um
: un seul, un
urbs, urbis
, f. : la ville
velut
, inv. : comme
video, es, ere, vidi, visum
: voir (videor, eris, eri, visus sum : paraître, sembler)
vigor, oris,
m. : la vigueur, la force vitale
vincio, is, ire, vinxi, vinctum
: enchaîner
vir, viri
, m. : l'homme, le mari
virtus, utis
, f. : le courage, l'honnêteté
voluntas, atis
, f. : la volonté, le voeu, le désir, l'assentiment, le consentement, la sympathie, les bonnes dispositions, les sentiments
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