Caius Gracchus

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Questeur en Sardaigne

AULU-GELLE : Erudit qui fit un long séjour à Athènes. Pour meubler ses loisirs, ses veillées d'hiver, il composa un recueil, Noctes Atticae en 20 livres; cet ouvrage parle de tout : histoire, mythologie, littérature, arts, droit, sciences, médecine. C'est une mine de renseignements intéressants sur l'Antiquité.
Grâce à ses citations, nous possédons des fragments d'écrivains dont les oeuvres sont perdues. L'auteur juge, raisonne, apprécie; il est homme de goût.

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Caius semblait ne pas vouloir s'occuper de politique.  Il partit en sardaigne comme questeur du consul Orestes.

C. Gracchus, cum ex Sardinia rediit, orationem ad populum in contione habuit. Ea verba haec sunt : "Versatus sum, inquit, in provincia quomodo ex usu vestro existimabam esse, non quomodo ambitioni meae conducere arbitrabar. Nulla apud me fuit popina, neque pueri eximia facie stabant, et in convivio liberi vestri modestius erant quam apud principia." Post deinde haec dicit : "Ita versatus sum in provincia uti nemo posset vere dicere assem aut eo plus in muneribus me accepisse aut mea opera quemquam sumptum fecisse. Biennium fui in provincia ; si ulla meretrix domum meam introivit aut cuiusquam servulus propter me sollicitatus est, omnium nationum postremissimum nequissimumque existimatote. Cum a servis eorum tam caste me habuerim, inde poteritis considerare quomodo me putetis cum liberis vestris vixisse." Atque ibi ex intervallo : "Itaque, inquit, Quirites, cum Romam profectus sum, zonas, quas plenas argenti extuli, eas ex provincia inanes retuli ; alii vini amphoras quas plenas tulerunt, eas argento repletas domum reportaverunt".

AULUS GELLIUS, Noctes Atticae, XV, XII

  vocabulaire

Quand Gaius Gracchus revint de Sardaigne il prononça un discours devant le peuple réuni en assemblée. Voici ses paroles : "Je me suis comporté dans la province, dit-il, comme je jugeais qu'il était de votre intérêt et non comme je pensais qu'il convenait à mon ambition. Il n'y avait pas chez moi de taverne, il ne s'y trouvait pas d'enfants de grande beauté mais vos enfants étaient traités au banquet avec plus de réserve que dans un quartier général de l'armée." Ensuite il dit encore ceci : "Je me suis comporté dans la province en sorte que personne ne pût vraiment dire que j'ai reçu un as ou plus lors lors de ma charge ni que quelqu'un ait fait une dépense à cause de moi. J'ai été deux ans dans la province ; si une courtisane est entrée dans ma maison ou si j'ai séduit un esclave, considérez moi comme le dernier des derniers et le plus débauché de toutes les nations. Alors que je me suis abstenu si chastement de leurs esclaves, vous pourrez en conclure de quelle manière, selon vous, j'ai vécu avec vos enfants." Et après un peu plus loin : "C'est pourquoi, Romains, dit-il, quand je suis parti pour Rome j'ai ramené vides de la province les ceintures que j'avais pleines d'argent au départ ; alors que pour d'autres, les amphores qu'ils avaient amenées pleines de vin, ils les ont ramenées chez eux pleines d'argent."

AULUS GELLIUS, Noctes Atticae, XV, XII.

 

 

 

Plutarque, vies parallèles

22 (partim)

22. Mais peu après il fut élu questeur et il fut obligé d’accompagner le consul Orestes en Sardaigne. Ce départ plut à ses ennemis autant qu'il lui fut agréable : il était naturellement d'un caractère guerrier et aussi bien entraîné dans l'art de la guerre que dans celui de la plaidoirie. En outre, à ce moment-là il redoutait beaucoup de se mêler aux affaires publiques et d’apparaître devant les rostres mais en raison des sollicitations du peuple et de ses amis il ne pouvait éviter de faire ce voyage. Il était donc très content de s’absenter. Pourtant l’opinion prévalut que Caius fut un démagogue bien plus dangereux et plus ambitieux que Tibérius dans la recherche des faveurs du peuple. Mais il est certain qu'il fut emporté dans la politique plutôt par une sorte de nécessité que dans un but précis . Et Cicéron, l'orateur, raconte, que comme Caius refusait tous les soucis et voulait vivre tranquillement, son frère lui apparut en rêve et l'appela par son nom en disant "pourquoi restes-tu tranquille, Caius? Il n'y a aucun échappatoire ; il n’y a qu’une vie et une mort pour nous deux : elle nous impose de nous consacrer et nous mettre au service du peuple."

23.  Aussitôt arrivé en Sardaigne Caius montra des preuves exemplaires de son haut mérite. Il surpassa tous les jeunes gens de son âge dans les actions contre ses ennemis, par son sens de la justice envers ses inférieurs et par son obéissance et son respect à son général. Par sa modération, sa frugalité et son zèle il surpassa même ceux qui étaient beaucoup plus âgés que lui. Cette année-là l’hiver fut vraiment rude et malsain en Sardaigne de sorte que le général fut forcé d’imposer à plusieurs villes de fournir aux soldats des vêtements nécessaires. Les villes envoyèrent à Rome des ambassadeurs pour demander d’être exemptes de ce  fardeau.  Le sénat trouva leur demande raisonnable et demanda au général de trouver une autre solution pour obtenir un nouvel habillement pour l'armée. Comme le général ne savait que faire et que les soldats étaient dans une grande détresse Caius alla d'une ville à l'autre et s’arrangea avec elles pour que d’elles-mêmes elles vêtissent gratuitement l'armée romaine. Ce fait fut rapporté à Rome et il sembla que c’était la confirmation de sa démagogie : ce qui augmenta la jalousie des sénateurs. En outre des ambassadeurs arrivèrent d'Afrique de la part du Roi Micipsa pour mettre au courant le sénat que leur maître, par respect pour Caius Gracchus, avait envoyé une quantité considérable de blé au général en Sardaigne. Les sénateurs en furent tellement offensés qu'ils chassèrent les ambassadeurs du sénat et donnèrent l’ordre de rappeler les troupes et de les remplacer tout en laissant Orestes à son poste en pensant que Caius qui était son questeur y resterait aussi. Mais Caius voyant comment les choses se passaient, dans un accès de colère s’embarqua pour Rome. Sa venue inopinée fut critiquée non seulement par ses ennemis mais aussi par le peuple qui considérait étrange qu'un questeur parte avant son général. Mais quand il fut accusé par les censeurs, il décida de se défendre lui-même et le fit tellement bien que finalement on le considéra comme une victime. Il montra qu'il avait servi douze ans dans l'armée tandis que d'autres ne servaient que dix ans; qu'il avait été questeur pendant trois ans alors qu’il aurait pu légalement rentrer après un an; qu’il était le seul parmi tous ceux qui avaient combattu à être rentré sans un franc alors que d'autres après avoir bu le vin qu’ils avaient apporté avec eux étaient rentrés chez eux les amphores remplies d'or et d'argent comme butin de guerre.(suite)

http://www.isolasarda.com/storia-romani_fr.htm

La Sardaigne romaine

Fin de la première guerre punique

La paix, conclue en 241 avant J.C. laisse la Sardaigne sous la domination carthaginoise.

Guerre des mercenaires

Mais peu de temps après, Rome put récupérer l'île, profitant d'une rébellion des mercenaires envoyés par Carthage qui la contrôlaient militairement. Comme les Carthaginois ne disposaient pas d'argent pour payer les mercenaires (soldats d'origines diverses pas particulièrement fidèles à Carthage), ceux-ci offrirent la Sardaigne aux Romains.

Conquête

L'île fut conquise en 238 avant J.C., durant le brève période de paix entre le première et la seconde guerre punique. Elle constitua avec la Corse une unique province romaine.
Mais pendant les premiers temps de la domination romaine, le contrôle sur la Sardaigne fut plutôt incertain en raison des rébellions ininterrompues fomentées par les populations littorales d'origine punique et soutenues aussi par les populations nouragiques de l'intérieur.

Révolte

En 215 av. J.C., au cours de la deuxième guerre punique, eu lieu la plus importante des révoltes anti-romaines, sous le commandement d'un général punique dénommé Ampsicore. La révolte mis à mal la domination romaine et contraint le Sénat à envoyer en Sardaigne une armée nombreuse, sous le commandement du consul Titus Manilius. L'armée sardo-punique fut défaite par les légions romaines lors de la bataille de Cornus. 

Au temps de la troisième guerre punique

La résistance à la domination romaine se prolongea, même après la défaite définitive de Carthage lors de la troisième guerre punique (146 Av. J.C.).

Pacification finale

La phase ultime de cette résistance eu lieu avec l'expédition militaire du proconsul Marcus Cecilius Metellus, qui battit à plusieurs reprises les rebelles et pacifia la Sardaigne en 111 av. J.C. Néanmoins les romains pouvaient difficilement établir un contrôle sur les zones inaccessibles du centre de la Sardaigne, montagneuse et dépeuplée, riche en grottes et abris, où les soldats risquaient de tomber en embuscade. C'est pourquoi les généraux romains se contentaient de repousser les incursions périodiques dans la plaine des habitants de l'intérieur, sans pour autant les suivre sur leur territoire.
Pendant la période des guerres civiles entre Marius et Sylla et ensuite entre César et Pompée, la Sardaigne fut concernée de façon marginale. L'île était importante pour Rome, surtout comme fournisseur de grain, qui servait à nourrir la plèbe de la capitale. Les guerres civiles, interrompant le commerce et rendant la navigation peu sûre, entraînèrent une crise économique dans les villes littorales du sud et de l'ouest : en fait, les restes archéologiques datant de l'époque de la république sont plutôt maigres. La situation s'améliore à l'époque impériale; au premier siècle ap. J.C. les échanges reprennent et les villes du sud-ouest connaissent une grande expansion urbaine, avec la construction de thermes, de théâtres, d'aqueducs, de temples et de quartiers résidentiels.
Les romains améliorent et agrandissent le réseau routier carthaginois et favorisent la naissance de villages ruraux. Les mines se développent et sont données en concession aux privés qui les font exploiter par les esclaves. D'un point de vue administratif, la Sardaigne constituait une province unique avec la Corse et était dirigée par un gouverneur dont la résidence se trouvait à Karalis. Les villes prirent l'appellation de municipalités.
Ces longs siècles de domination ont entraîné la romanisation de l'île, au moins dans les régions littorales et des plaines, mais pas de la région centrale que les romains appelaient Barbarie (terre des barbares), dont le nom Barbagia dérive.
Rome utilisait la Sardaigne non seulement pour l'approvisionnement en céréales mais s'en servait aussi comme terre de déportation : des Hébreux mais aussi de nombreux chrétiens y furent déportés à l'époque des persécutions (2ième siècle ap. J.C.), ce qui a favorisé la diffusion de la religion dans l'île.

Recherche réalisée par la classe de seconde - Ecole Secondaire 'B. Croce' - Année Scolaire 1997/8.

Traduit par Philippe MacClenahan

 

a, prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par
accipio, is, ere, cepi, ceptum : recevoir, apprendre (acceptus, a, um : bien accueilli, agréable)
ad, prép. : + Acc. : vers, à, près de
alius, a, ud : autre, un autre
ambitio, onis, f. : 1. les tournées électorales 2. l'ambition 3. la pompe, le faste
amphora, ae, f. : l'amphore
apud, prép. : + Acc. : près de, chez
arbitror, aris, ari, atus sum : penser, juger
argentum, i, n. : l'argent
as, assis, m. : l'as (monnaie)
atque, conj. : et, et aussi
aut, conj. : ou, ou bien
biennium, i, n. : l'espace de deux ans
C, = Caius, ii, m. : abréviation.
caste : honnêtement, vertueusement, religieusement
conduco, is, ere, duxi, ductum :. conduire ensemble, rassembler; louer, faire un marché avec qqn.; être utile, avantageux
considero, as, are : considérer, examiner
contio, onis, f. : la tribune, l'assemblée
convivium, ii, n. : le repas en commun, le banquet
cum, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que
deinde, adv. : ensuite
dico, is, ere, dixi, dictum : dire, appeler
domus, us, f. : la maison
ea, 1. ABL. FEM. SING - NOM-ACC. N. PL. de is, ea, id (ce, cette, le, la...) 2. adv. : par cet endroit
eas, 1. ACC. FEM. PL. de is, ea, is : il, elle, le, la, .... 2. 2ème PERS. SING. du SUBJ. PRES. de eo, ire : aller
ego, mei : je
eo, 1. ABL. M-N SING de is, ea, is : le, la, les, lui... ce,..; 2. 1ère pers. sing. de l'IND PR. de eo, ire 3. adv. là, à ce point 4. par cela, à cause de cela, d'autant
eorum, G. M et N. PL. de is,ea,id = d'eux, leur, leurs
et, conj. : et. adv. aussi
ex, prép. : + Abl. : hors de, de
eximius, a, um : sortant de l'ordinaire, remarquable, rare
existimo, as, are : estimer, juger, considérer, être d'avis
extollo, is, ere, extuli, - : lever hors de, élever, exalter
facies, ei, f. : 1. la forme extérieure, l'aspect l'apparence, la beauté 2. la figure 3. le genre, l'espèce
facio, is, ere, feci, factum : faire
fero, fers, ferre, tuli, latum : porter, supporter, rapporter
Gracchus, i, m. : Gracchus
habeo, es, ere, bui, bitum : avoir (en sa possession), tenir (se habere : se trouver, être), considérer comme
hic, haec, hoc : adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci
ibi, adv. : là
in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
inanis, e : vain, vide, qui ne possède rien
inde, adv. : de là, donc
inquit, vb. inv. : dit-il, dit-elle
intervallum, , i, n. : l'intervalle, l'espace
introeo, is, ire, iui, itum : entrer dans (+acc.)
ita, adv. : ainsi, de cette manière ; ita... ut, ainsi que
itaque, conj. : c'est pourquoi, aussi, par conséquent
liberi, orum, m. pl. : les enfants (fils et filles)
meretrix, icis, f. : la prostituée
meus, mea, meum : mon
modestius, comparatif adverbial ou neutre de modestus, a, um : modéré, mesuré, calme
munus, eris, n. :1. l'office, la fonction 2. l'obligation, la charge 3. le produit 4. le service rendu 5. le don, le présent 6. le spectacle public, les combats de gladiateurs
natio, onis, f. : la nation, la nationalité
nemo, neminis : personne, nul... ne, personne
neque, adv. : et ne pas
nequissimus, a, um : superlatif de nequam (indecl. ) mauvais
non, neg. : ne...pas
nullus, a, um : aucun
omnis, e : tout
opera, ae, f. : le soin, l'effort (operam dare : se consacrer à)
oratio, onis, f. : le langage, la parole, l'exposé, le discours
plenus, a, um : 1. plein 2. rassasié, entier, complet, abondamment pourvu
plus, adv. : plus, davantage
popina, ae, f. : la taverne, le cabaret
populus, i, m. : le peuple
possum, potes, posse, potui : pouvoir
post, adv. : en arrière, derrière; après, ensuite; prép. : + Acc. : après
postremissimus, a, um : superlatif de postremus, a, um : le dernier
principium, ii, n. : le début, le principe (principia, orum : le quartier général)
proficiscor, eris, i, fectus sum : partir
propter, prép + acc. : à cause de, à côté
provincia, ae, f. : la province
puer, pueri, m. l'enfant, le jeune esclave
puto, as, are : 1. élaguer, émonder, apurer 2. supputer 3. estimer, penser, croire 4. supposer
quam, 1. accusatif féminin du pronom relatif = que 2. accusatif féminin sing de l'interrogatif = quel? qui? 3. après si, nisi, ne, num = aliquam 4. faux relatif = et eam 5. introduit le second terme de la comparaison = que 6. adv. = combien
quas, 1. ACC. FEM. PL. de pronom relatif. 2. ACC. FEM. PL. de l'adjectif ou du pronom interrogatif. 3. Après si, nisi, ne, num = aliquas 4. Faux relatif = et eas.
Quiris, itis, m. : Quirite = citoyen romain. Rare au sing.
quisquam, quaequam, quidquam ou quic- : quelque, quelqu'un, quelque chose
quisque, quaeque, quidque : chaque, chacun, chaque chose
quomodo, adv. : de quelle manière, comme
redeo, is, ire, ii, itum : revenir
refero, fers, ferre, tuli, latum : 1. reporter 2. porter en retour, rapporter (refert : il importe)
repletus, a, um : plein de (+abl.)
reporto, as, are : ramener, rapporter
Roma, ae, f. : Rome
Sardinia, ae, f. : Sardaigne
servulus, i, m. : petit esclave
servus, i, m. : l'esclave
si, conj. : si
sollicito, as, are : 1. remuer, agiter, ébranler 2. troubler 3. exciter à, provoquer à 4. solliciter, attirer
sto, as, are, steti, statum : se tenir debout
sum, es, esse, fui : être
sumptus, us, m. : la dépense, les frais
tam, adv. : si, autant
ullus, a, um : un seul ; remplace nullus dans une tournure négative
usus, us, m. : l'usage, l'utilité
uti = ut
verbum, i, n. 1. le mot, le terme, l'expression 2. la parole 3. les mots, la forme
vere, adv. : vraiment, conformément à la vérité, justement
versor, aris, ari, atus sum : 1. se trouver habituellement, vivre 2. s'occuper de, s'appliquer à
vester, tra, trum : votre
vinum, i, n. : le vin
vivo, is, ere, vixi, victum : vivre
zona, ae, f. : la ceinture
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