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table des matières de l'œuvre dE PHILOSTRATE

 

 

 

APOLLONIUS DE TYANE

 



LETTRES

 

 

 

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LETTRES  D'APOLLONIUS DE TYANE (01)

I.  A EUPHRATE.

Je suis l'ami des philosophes : mais quant aux sophistes, aux grammairiens, et à tout le reste de cette misérable engeance, je ne me sens, et j'espère ne jamais me sentir pour eux aucune amitié. Cela ne s'adresse pas à vous, à moins que vous ne soyez de ces gens-là. Mais voici qui s'adresse à vous : modérez vos passions, efforcez-vous d'être philosophe, et de n'être pas envieux des philosophes véritables, car déjà vous approchez de la vieillesse et de la mort.

II. AU MÊME

La vertu vient de la nature, de l'éducation, de l'exercice : trois choses qui, en vue de la vertu, méritent toute espèce de considération. Il faut voir si vous avez une des trois. Ou bien vous devez abandonner vos nobles études, ou bien vous devez en faire part gratuitement à qui en voudra profiter. Ne vous ont-elles pas déjà valu les richesses d'un Mégabyze ?

III. AU MÊME.

Vous avez parcouru tous les pays, depuis la Syrie jusqu'en Italie, couvert de manteaux magnifiques et, comme on dit, de manteaux de roi. Autrefois vous aviez un manteau de philosophe, une barbe blanche et longue, et puis c'était tout. Comment se fait-il donc que maintenant vous nous reveniez avec un vaisseau chargé d'or, d'argent, de vases de toute espèce, de riches étoffes, de tout l'attirail du luxe, du faste, de la vanité, de la folie? Quelle est cette cargaison, quel est ce nouveau genre de marchandise? Zénon, lui, était un simple, marchand de fruits (02).

IV. AU MÊME.

Il faudrait peu de chose à vos enfants, s'ils étaient les enfants d'un philosophe. Vous devriez, en conséquence, ne songer à acquérir que le nécessaire, et surtout ne pas chercher ce que l'on n'acquiert qu'au prix de la considération. Mais, puisqu'il n'est plus temps de revenir sur ce qui est fait, au moins devriez-vous être tout disposé à répandre un peu autour de vous vos richesses : n'avez-vous pas des concitoyens, des amis?

V. AU MÊME.

La doctrine du plaisir n'a plus besoin de défenseur venant des jardins d'Épicure ni de son école : ne la voyons-nous pas tout à fait acceptée par le Portique? Peut-être allez-vous me contredire et m'opposer les discours et les sentences de Chrysippe, mais je lis sur les registres de l'empereur : Euphrate a reçu tant, et plus loin : Euphrate a reçu tant. Épicure ne recevait pas ainsi.

VI. AU MÊME.

J'ai demandé à des riches s'ils n'avaient pas de soucis. «Comment n'en aurions-nous point? me dirent-ils. — Et d'où viennent donc vos soucis? — De nos richesses.» Euphrate, je vous plains, car vous venez de vous enrichir.

VII. AU MÊME.

Quand vous vous serez dépêché de venir décharger votre vaisseau à Egées (03), il vous faudra bien vite repartir pour l'Italie, et recommencer à faire la cour aux malades, aux vieillards, aux vieilles femmes, aux orphelins, aux riches, aux voluptueux, aux Midas, aux Géta. Il faut tout remuer quand on a de si bonnes marchandises à débiter. Ah ! que ne puis-je percer votre vaisseau dans la demeure de Thémis (04)!

VIII. AU MÊME.

Peut-être allez-vous me mettre en accusation. A la bonne heure! Enhardissez-vous donc; vous n'avez pas à être embarrassé, vous n'avez qu'à répéter ce qu'on dit tous les jours : « Apollonius ne va jamais dans les bains. » C'est qu'il ne sort jamais de sa demeure, et garde les pieds purs de toute souillure (05). « On ne voit jamais bouger une partie de son corps. » Mais son âme est toujours en mouvement. « Il porte les cheveux longs. » Il agit en Grec, parce qu'il est Grec, et non en Barbare. « Il porte une robe lin. » Oui, et ce qu'il y a de plus pur parmi les substances sacrées, « Il fait de la divination. » C'est que les choses inconnues sont plus nombreuses que les autres, et qu'il n'y a pas moyen de connaître autrement l'avenir. «Mais cela ne convient pas à un philosophe. » Cela convient bien à un Dieu (06). « Il guérit les maladies et apaise les passions. »  C'est une accusation qui lui est commune avec Esculape. « Il  dit être le seul qui se nourrisse véritablement. » Oui ; les autres dévorent. « Ses discours sont brefs et sont tout de suite finis. » C'est qu'il est capable de garder le silence. « Il s'abstient de viandes. » C'est par là qu'il est homme (07). Si vous me dites que tels sont vos chefs d'accusation , Euphrate, peut-être ajouterez-vous celui-ci : « Si Apollonius avait quelque mérite, il aurait reçu, comme moi, de l'argent, des biens, un rang dans la cité. » Mais c'est précisément s'il avait du mérite qu'il ne devait pas recevoir. « Ne devait-il pas recevoir tout cela par égard pour sa patrie ? » Elle n'est pas sa patrie, la ville qui ne sait pas ce qu'elle possède.

IX. A DION (08).

Si vous voulez charmer les oreilles, mieux vaut jouer de la flûte ou de la lyre que faire des discours. Voilà quels sont les instruments du plaisir, et l'art de donner du plaisir s'appelle la musique. Le discours a pour but de découvrir la vérité. Voilà ce qui doit être l'objet de vos actions, de vos écrits, de vos paroles, si du moins c'est pour cela que vous êtes philosophe.

X. AU MÊME.

Quelques personnes veulent savoir pourquoi j'ai cessé de parler, de philosopher en public. Que ceux qui s'intéressent à cela apprennent une chose : c'est que tout discours qui ne s'adresse pas à un homme en particulier est sans action. Parler dans d'autres conditions, c'est parler par amour de la gloire.

XI. AUX MAGISTRATS DE CÉSARÉE (09).

Les hommes, pour toute chose et par-dessus toute chose, ont d'abord besoin des hommes : puis ils ont besoin des cités. Car après les Dieux, ce sont les cités qu'il faut honorer, ce sont les avantages des cités qu'un homme sensé doit préférer à toute chose. S'il s'agit non pas de telle ou telle cité, mais de la plus considérable de la Palestine, de la plus florissante de toutes celles de ce pays par le nombre des habitants, par les lois, par les institutions, par les exploits de la guerre, par les travaux de la paix, comme est votre cité, il n'y en a pas une qui doive inspirer plus d'admiration et de respect, et à moi et à tout homme sensé. Voilà, du consentement général, quels sont les motifs de préférence, si le consentement général est quelque chose dans ce qui est de jugement. Que si votre cité est la première à honorer un homme, quand elle est cité, et quand cet homme est pour elle un étranger, venu d'un pays lointain, que pourra lui donner en retour cet homme, et quel présent sera digne de leur mutuelle affection? Je n'en connais qu'un : c'est que, se trouvant l'ami des Dieux par une sorte de privilège de sa nature, il leur demande pour la ville toute sorte de biens, et que ses prières soient exaucées. C'est ce que , quant à moi, je ne cesserai de faire pour vous : car j'aime les mœurs grecques, qui, par le moyen de l'écriture, communiquent à tous les avantages d'un seul. Apollonide, fils d'Aphrodise, est un jeune homme d'une nature vigoureuse et tout à fait digne du titre de citoyen de Césarée : je m'efforcerai défaire qu'il vous devienne utile en toute chose, pourvu que la Fortune ne me soit pas contraire.

XII. AUX MAGISTRATS DE SÉLEUCIE.

Une cité qui a d'aussi bons sentiments que la vôtre envers les Dieux et envers les hommes dignes de respect, est heureuse elle-même et encourage à la vertu ceux en faveur desquels elle porte témoignage. Il n'est pas mal aisé de rendre le premier un bon office, et il n'y a rien de plus beau sur la terre. Mais ce qui est difficile, c'est de donner quelque chose en retour ; quant à rien faire qui égale le premier bienfait, cela est impossible. Car ce qui, dans le temps, est venu en second ne peut jamais être qu'en second. Aussi me faut-il avoir recours aux Dieux : je les invoque pour qu'ils récompensent en vous, non seulement de plus puissants que moi, mais des hommes dont la bienveillance a été plus efficace. Car aucun mortel ne peut donner autant. Vous désirez que je vienne habiter dans votre ville : c'est là un effet de votre bonté pour moi, qui fait que je forme des vœux pour pouvoir me trouver au milieu de vous. Vos députés, Hiéronyme et Zenon, sont d'autant plus dignes d'être honorés par moi que ce sont des amis.

XIII. AUX MÊMES.

Straton a quitté la terre laissant ici tout ce qu'il avait de mortel. Pour nous, qui continuons ici la série de nos expiations (10), ou, si vous voulez, pour nous qui vivons, il nous faut veiller à ses affaires. Il faut que chacun, et aujourd'hui et plus tard, fasse quelque chose, soit comme parent, soit seulement comme ami : c'est maintenant que l'on va voir ceux qui ont véritablement mérité ces deux titres. Pour moi, j'aurai encore ici une occasion de vous témoigner combien je veux être tout à vous : je me charge du fils qu'il a eu de Séleucis, Alexandre, et je ferai de lui un de mes disciples. Déjà je lui ai donné quelque argent; je lui en aurais donné davantage, s'il avait été à propos qu'il en eût davantage.

XIV. A EUPHRATE.

Souvent on me demande pourquoi je n'ai pas été appelé en Italie, et pourquoi, bien que n'ayant pas été appelé, j'y suis allé, comme vous et quelques autres. Je ne répondrai pas à la seconde question : je ne veux pas qu'on pense que je sais la cause de mon voyage en Italie, quand je ne m'inquiète pas même de la savoir. Quant à la première question, ma réponse est bien simple : on m'a appelé avec plus d'instance que je n'ai mis d'empressement à venir.

XV. AU MÊME.

Platon a dit (11) : La vertu ne connaît pas de maître. Quiconque n'honore pas ce précepte, et, au lieu d'être heureux d'y conformer sa vie, se laisse corrompre par les richesses, se donne par cela même une foule de maîtres.

XVI. AU MÊME.

Il faut, selon vous, appeler mages les philosophes qui procèdent de Pythagore, et aussi ceux qui procèdent d'Orphée. Eh bien! moi, je dis qu'il faut appeler mages ceux qui procèdent de Jupiter, s'ils veulent être justes et divins.

XVII. AU MÊME.

Les Perses appellent mages les hommes divins (12). Un mage est donc un ministre des Dieux ou un homme d'une nature divine. Vous, vous n'êtes pas un mage, donc vous êtes un athée.

XVIII. AU MÊME.

Héraclite le physicien a dit que l'homme est naturellement déraisonnable. Si cela est vrai (et, selon moi, cela est vrai), tout homme qui se repaît d'une vaine gloire doit se voiler le visage de honte.

XIX. AU SOPHISTE SCOPÉLIANUS.

Il y a en tout cinq genres littéraires en prose : le genre philosophique, le genre historique, le genre judiciaire, le genre épistolaire et le genre des mémoires. Tel est l'ordre dans lequel ils se présentent, d'après les caractères de chaque genre. Mais, pour chacun, le premier est celui qui est le plus conforme à ses facultés ou à sa nature; le second consiste dans l'imitation des facultés supérieures que donne la nature, pour celui qui en est dépourvu. Mais ces facultés sont bien difficiles à atteindre par l'imitation ; de sorte que le caractère qui convient le mieux à chacun est son propre caractère, car il est le plus durable.

XX. AU MÊME.

Si vous avez (et vous l'avez en effet) la faculté oratoire, cela ne suffit pas : il faudrait encore acquérir la sagesse. Car si vous avez la sagesse et pas de faculté oratoire, il vous faudrait aussi acquérir cette faculté. Car l'une a toujours besoin de l'autre, comme la vue a besoin de la lumière, et la lumière de la vue.

XXI. AU MÊME.

Fuyez les Barbares et ne cherchez pas à les commander; car il n'est pas juste de rendre service à des Barbares.

XXII. A LESBONAX.

Il faut dans la pauvreté être un homme de cœur, et dans la richesse être un homme.

XXIII. A CRITON.

Pythagore a dit que la médecine est le plus divin des arts. Si la médecine est l'art le pins divin, il faut que le médecin s'occupe de l'âme en môme temps que du corps. Comment un être serait-il sain, quand la partie de lui-même qui est la plus importante serait malade?

XXIV. AUX HELLANODICES (13)  ET AUX ÉLÉENS.

Vous voulez que j'assiste aux jeux Olympiques, et vous m'avez envoyé à ce sujet des députés. Pour moi, je n'assisterais pas au spectacle de luttes corporelles, si, en négligeant de venir, je ne négligeais la lutte bien plus belle de la vertu.

XXV. AUX PÉLOPONÉSIENS.

Avant l'installation des jeux Olympiques, vous étiez ennemis : depuis, vous n'êtes pas amis.

XXVI. AUX SACRIFICATEURS D'OLYMPIE.

Les Dieux n'ont pas besoin de sacrifices. Que faut-il donc faire pour leur être agréable? Il faut, si je ne me trompe, chercher à acquérir la divine sagesse, et rendre, autant qu'on le peut, des services à ceux qui le méritent. Voilà ce qu'aiment les Dieux. Les impies eux-mêmes peuvent faire des sacrifices.

XXVII. AUX PRÊTRES DE DELPHES.

Les prêtres souillent de sang les autels, et puis l'on s'étonne quelquefois de ce que les villes soient malheureuses, lorsqu'elles font tout pour être frappées de grandes calamités. Ô folie! Héraclite était un sage; mais lui-même il ne conseillait pas aux Éphésiens d'effacer avec de la boue les taches de boue (14).

XXVIII. AU ROI DES SCYTHES.

Zamolxis élait un homme vertueux et un philosophe: Pythagore avait été son maître. Si dans son temps les Romains eussent été aussi puissants qu'aujourd'hui, il aurait recherché leur amitié. Que si vous voulez combattre et lutter pour la liberté, faites-vous philosophe, cela veut dire homme libre.

XXIX. A UN LÉGISLATEUR.

Les fêtes amènent des maladies. C'est un repos pour les corps fatigués, mais une occasion de se charger le ventre.

XXX. A DES PROCONSULS ROMAINS.

Vous avez un pouvoir souverain. Si vous savez commander, pourquoi, sous votre autorité, les villes déclinent-elles? Si vous ne savez pas, il fallait apprendre avant de commander.

XXXI. A DES PROCONSULS D'ASIE.

Quand des arbres sauvages poussent pour le mal des hommes, à quoi sert de couper les branches, si on laisse les racines (15) ?

XXXII. AUX SECRÉTAIRES (16) DE LA VILLE D'ÉPHÈSE.

Des statues, des peintures, des promenades, des théâtres, tout cela ne sert de rien dans une ville, si l'esprit n'y domine et si la loi n'y règne. Toutes ces choses peuvent inspirer l'esprit et la loi, mais elles ne sont ni l'esprit ni la loi.

XXXIII. AUX MILÉSIENS.

Vos enfants ont besoin de leurs pères, vos jeunes gens des vieillards, vos femmes de leurs maris, vos citoyens de magistrats, vos magistrats des lois, vos lois de philosophes, vos philosophes des Dieux, les Dieux de la foi des hommes. Vous descendez d'ancêtres vertueux, vous devez haïr le présent.

XXXIV. AUX SAVANTS DU MUSÉE.

J'ai parcouru l'Argolide, la Phocide, la Locride, j'ai passé à Sicyone et à Mégare, et, après avoir longtemps parlé de philosophie en public, c'est là que j'ai cessé. Si vous me demandez quelle a été ma raison, je répondrai à vous et aux Muses : Je suis devenu Barbare, non par un long séjour loin de la Grèce, mais par un long séjour en Grèce.

XXXV. A HESTIÉE (17).

Chez nous, rien n'est plus opposé que la vertu à la richesse, et la richesse à la vertu. Chacune d'elles grandit quand l'autre diminue, et diminue quand l'autre grandit. Comment donc pourraient-elles se trouver ensemble chez le même homme? Il n'y a que les insensés qui puissent croire cette réunion possible, les insensés pour qui richesse est synonyme de vertu. Faites qu'on ne se trompe pas ainsi autour de vous sur mon compte, et ne me laissez pas donner le titre de riche plutôt que celui de philosophe. Je me croirais déshonoré, si l'on croyait que je voyage pour m'enrichir, lorsque quelques-uns négligent les richesses pour laisser un nom après eux, et sans même s'attacher à la vertu.

XXXVI. AU CORINTHIEN BASSUS. (18)

Praxitèle de Chalcis est un fou furieux : il est venu armé d'une épée pour m'assassiner. C'est vous qui l'aviez envoyé, vous qui vous dites philosophe et agonothète (19) aux jeux Isthmiques. Pour le pousser au meurtre, vous aviez promis de lui livrer votre femme, et cela, misérable, quand je vous ai rendu tant de services !

XXXVII. AU MÊME.

Que quelqu'un à Corinthe vienne à demander : Comment est mort le père de Bassus? Tous, étrangers aussi bien que citoyens, répondent qu'il a été empoisonné. Quel est l'empoisonneur? Les voisins même répondront : C'est le philosophe Bassus. Et cependant ce misérable suivait en pleurant le convoi funèbre de son père!

XXXVIII. AUX HABITANTS DE SARDES.

Vous n'avez pas la première place pour la vertu, car quelle serait cette vertu? Mais si vous avez la première place pour le vice, vous l'avez tous également. Voilà ce que diront des habitants de Sardes les habitants de Sardes eux-mêmes. C'est qu'il n'y a pas d'amitié entre eux, et que nul n'ira par bienveillance dissimuler les défauts de son voisin.

XXXIX. AUX MÊMES.

Les noms mêmes de vos classes sont affreux : les Coddares, les Xyrisituares (20) ! Voilà les titres que dès leur naissance vous donnez à vos enfants, et vous vous estimez heureux d'en être dignes.

XL. AUX MÊMES.

Coddares et Xyrisituares ! mais comment appellerez-vous vos filles? Car elles font elles-mêmes partie de ces classes, et ce n'en sont pas les membres les moins audacieux.

XLI. AUX MÊMES.

Ne croyez pas que vos serviteurs vous soient dévoués. Comment le seraient-ils? D'abord ce sont des serviteurs ; ensuite la plupart d'entre eux font partie des classes opposées. Car eux aussi ont leur généalogie.

XLII. AUX PLATONICIENS.

Si l'on offre de l'argent à Apollonius, et qu'on lui paraisse estimable, il ne fera pas difficulté de l'accepter, pour peu qu'il en ait besoin. Mais un salaire pour ce qu'il enseigne, jamais, même dans le besoin, il ne l'acceptera.

XLIII. A CEUX QUI SE CROIENT SAGES.

Vous dites que vous êtes de mes disciples? Eh bien! ajoutez que vous vous tenez chez vous, que vous n'allez jamais aux Thermes, que vous ne tuez pas d'animaux, que vous ne mangez pas de viande, que vous être libre de toute passion, de l'envie, de la malignité, de la haine, de la calomnie, du ressentiment, qu'enfin vous êtes du nombre des hommes libres. N'allez pas faire comme ceux qui, par des discours mensongers, font croire qu'ils vivent d'une manière, tandis qu'ils vivent d'une manière tout opposée.

XLIV. A HESTIÉE, FRÈRE D'APOLLONIUS.

Partout je suis regardé comme un homme divin; en quelques endroits même on me prend pour un Dieu. Dans ma patrie, au contraire, pour laquelle j'ai tant cherché la réputation, je suis jusqu'ici méconnu. Faut-il s'en étonner? Vous-mêmes, mes frères, je le vois, vous n'êtes pas encore convaincus que je sois supérieur à bien des hommes pour la parole et les mœurs. Et comment mes concitoyens et mes parents se sont-ils trompés à mon égard? Hélas! cette erreur m'est bien douloureuse. Quoi ! il faut que, sur les seuls points que les plus ignorants n'ont pas besoin qu'on leur  apprenne, j'avertisse ma patrie et mes frères! Je sais bien qu'il est beau de considérer toute la terre comme sa patrie, et tous les hommes comme ses frères et ses amis, puisque tous descendent de Dieu et sont d'une même nature, puisque tous ont partout absolument les mêmes passions, puisque tous sont hommes également, qu'ils soient nés Grecs ou Barbares. Il n'en est pas moins vrai que les liens du sang triomphent de tous les raisonnements, et que ce qui est proche attire ce qui est proche. Ainsi l'Ulysse d'Homère préfère Ithaque même à l'immortalité que lui offre une déesse (21). Je vois cette loi régner même chez les animaux dépourvus de raison. Les volatiles ne couchent jamais hors de leurs nids. Le poisson peut être enlevé aux siens par le pêcheur, mais son instinct ne cesse pas de le reporter vers eux. Jamais les bêtes féroces n'ont été amenées, même par la faim, à gîter hors de leurs tanières. La nature a produit l'homme, et ce qui est plus, elle a produit le sage. Eh bien! une terre peut lui offrir tout, elle ne lui offrira rien tant qu'elle ne présente pas à ses regards les tombeaux de ses pères (22).

XLV. AU MÊME.

Si la philosophie est ce qu'il y a de plus estimable au monde, et si l'on me considère comme philosophe, comment pourrait-on m'accuser de haïr mon frère, et cela pour une cause honteuse et qu'un homme libre ne saurait avouer? C'est pour de l'or que je haïrais mon frère, et cela quand je m'efforçais de mépriser l'or, même avant d'être philosophe ! Si je ne vous ai pas écrit, la cause n'est pas celle-là : cherchez-en une autre plus acceptable. Je ne voulais pas m'exposer au reproche d'orgueil, en vous écrivant la vérité, ou bien au reproche de bassesse, en vous écrivant des mensonges : l'un et l'autre est également pénible à des frères et en général à des amis. Je veux vous donner une preuve de mon amitié. Si la Divinité le permet, après avoir visité mes amis de Rhodes, je viendrai vous voir à la fin du printemps.

XLVI. A GORDIUS.

On dit que vous avez des torts envers Hestiée, vous qui étiez son ami, s'il est vrai que vous ayez des amis. Prenez garde, Gordius, de trouver, non pas une apparence d'homme, mais un homme. Embrassez pour moi votre fils Aristoclide, et puisse-t-il ne pas vous ressembler ! Vous aussi, clans votre jeunesse, vous étiez irréprochable.

XLVII. AU SÉNAT ET AU PEUPLE DE TYANE.

Vous m'ordonnez de revenir, j'obéis. Ce qu'une ville peut faire de plus flatteur pour un homme, c'est de rappeler un de ses citoyens pour lui faire honneur. Pour moi, si j'ai fait tous mes voyages, c'est (puisse-je ne pas paraître présomptueux en parlant ainsi!), c'est afin de vous conquérir de la gloire, un nom retentissant et l'amitié de cités et d'hommes illustres. Je ne dis pas que vous n'eussiez mérité encore plus de considération, mais voilà tout ce qu'ont pu faire les facultés de parole et de zèle que j'ai reçues en partage.

XLVIII. A DIOTIME.

Vous vous êtes trompé, quand vous avez pensé que j'eusse besoin de quoi que ce soit, qui me fût donné, soit par vous, avec qui je n'ai jamais rien eu de commun, soit par tout autre qui vous ressemblât, et de cette façon. Du reste, il ne vous eût servi à rien de vous mettre en dépense, car j'ai coutume d'obliger sans en tirer profit. C'est pour moi le seul moyen de rester fidèle à mes habitudes. Telle est ma manière d'agir envers tous mes concitoyens, je pourrais dire envers tous les hommes ; c'est ce que vous diront tous mes concitoyens, que j'ai obligés toutes les fois qu'ils m'ont demandé quelque chose, et auxquels je n'ai jamais rien demandé en retour. Ne vous formalisez donc pas si j'ai fait à mon ami les reproches qu'il méritait pour avoir commencé par recevoir de vous un présent, et s'il l'a rendu aussitôt à Lysias, votre ami et mon ami, ne connaissant aucun des esclaves que vous aviez laissés en partant. Si l'on parle de moi de deux manières, il en sera toujours de même. Faut-il s'en étonner? La fatalité veut que, sur tout ce qui domine, il se tienne des propos contradictoires. Ainsi sur Pythagore, sur Orphée, sur Platon, sur Socrate, on a non seulement dit, mais écrit des choses toutes différentes : les discours mêmes sur la Divinité se ressemblent-ils partout (23) ? Mais les bons accueillent la vérité, et les mauvais le mensonge. De ce genre, je veux dire du mauvais, sont les discours satiriques. Il est juste, pour ce qui me concerne, de vous dire seulement que des Dieux mêmes m'ont déclaré un homme divin (24), et cela non pas en particulier, mais en public. Je vous choquerais si j'insistais sur un tel témoignage, ou si j'en ajoutais de plus flatteurs. Je prie pour votre santé.

XLIX. A PHÉRUCIEN.

Votre lettre m'a fait le plus grand plaisir. Elle était pleine d'intimité, pleine du souvenir des liens qui nous unissent. Je suis convaincu que vous désirez vivement me voir et être vu de moi. J'irai donc vous trouver le plus tôt possible. Aussi, restez où vous êtes. Dès que je serai près de vous, vous serez, de tous mes familiers et de tous mes amis, celui avec lequel je serai le plus souvent, cela vous est dû.

L. A EUPHHATE.

Le savant Pythagore était de la race des Dieux  (25). Mais vous, vous me semblez bien loin de la philosophie, de la véritable science. Sans cela vous ne diriez pas de mal de Pythagore, et vous ne haïriez pas ceux qui s'efforcent de marcher sur ses traces. Croyez-moi, vous devriez faire autre chose. Car, pour la philosophie, vous l'avez manquée, et vous ne l'avez pas plus atteinte que Pandare n'atteignit Ménélas lors de la rupture de la trêve (26).

LI. AU MÊME.

On vous reproche d'avoir reçu de l'argent de l'empereur (27); et l'on n'a pas tort, à moins qu'il ne soit faux que vous vous soyez fait payer pour votre philosophie, et cela si souvent, aussi cher, et par un autre qui vous croyait sérieusement philosophe.

LII. AU MÊME.

Qu'on aille trouver un pythagoricien, quels avantages et combien d'avantages en retirera-t-on ? Je vais vous les dire : la science du législateur, la géométrie, l'astronomie, l'arithmétique, la science de l'harmonie, la musique, la médecine, et tous les divins secrets de la divination. Ce n'est pas tout, en voici d'autres encore plus considérables : un grand esprit, un grand cœur, de la majesté, de la constance, une bonne renommée, la connaissance des Dieux, et non des opinions sur les Dieux, la croyance raisonnée et non superstitieuse dans les démons, l'amour des uns comme des autres, le contentement de soi-même, la persévérance, la frugalité, l'art d'avoir peu de besoins, la vigueur des sens, l'agilité, la respiration facile, un bon teint, une bonne santé, un esprit tranquille, enfin l'immortalité ! Veuillez maintenant me dire que reçoivent de vous ceux qui vous ont vu. Serait-ce la vertu que vous avez?

LIII. CLAUDE AU SÉNAT DE TYANE (28).

Nous avons honoré comme il le mérite, c'est-à-dire comme il faut honorer les philosophes les plus éminents, votre concitoyen Apollonius, philosophe de l'école de Pythagore, qui a parcouru avec éclat la Grèce et fait beaucoup de bien à vos jeunes gens, et nous avons voulu vous assurer par lettres toute notre bienveillance.

LIV. AUX PRÉTEURS ROMAINS.

Quelques-uns d'entre vous veillent aux ports, aux édifices, aux portiques et aux promenades. Mais quant aux enfants, aux jeunes gens et aux femmes qui sont dans nos villes, nul n'en prend souri, ni vous ni les lois. Est-ce une bonne chose que d'être gouverné par vous?

LV. APOLLONIUS A SON FRÈRE.

La nature veut que chaque chose, après son accomplissement, disparaisse : c'est ce qui fait que tout vieillit, puis meurt. Ne vous affligez donc pas si votre femme a péri à la fleur de l'âge; et puisque l'on compte la mort pour quelque chose, ne pensez pas que la vie vaille mieux, la vie, qui, pour les hommes sensés, est de tout point plus triste que la mort. Montrez-vous le frère, je ne dis pas d'un philosophe, mais, ce qui est plus rare, d'un pythagoricien et d'un Apollonius. Que votre maison reste la même. Si nous avons fait des reproches à votre première femme, nos craintes ne manquaient peut-être pas de fondement. Que si elle est toujours restée respectable, attachée à son mari, et par conséquent estimable, pourquoi n'attendrions-nous pas d'une nouvelle épouse les mêmes qualités? Il est probable même qu'elle voudra être meilleure que l'autre, qu'elle aura vue si tendrement regrettée par vous. Au surplus, songez à la position de vos frères. L'aîné n'est pas même marié (29). Le plus jeune a bien l'espoir d'avoir des enfants, mais plus tard. Nous sommes trois frères, et pas un de nous n'a d'enfants. Il y a là un danger pour la patrie et pour notre descendance. En effet, si nous sommes sur de certains points supérieurs à notre père (il a sur nous une supériorité, c'est qu'il est notre père), pourquoi nos enfants ne nous surpasseraient-ils pas? Je forme donc des vœux pour la naissance d'enfants auxquels nous laisserons notre nom, comme nos ancêtres nous ont laissé le leur. Les larmes m'ont forcé d'interrompre cette lettre, et je n'avais rien de plus important à vous écrire.

LVI. AUX HABITANTS DE SARDES.

Crésus, en passant l'Halys, perdit l'empire des Lydiens. Il fut pris vivant, fut chargé de chaînes, monta sur le bûcher , vit le feu allumé et s'élevant déjà à une certaine hauteur : cependant il continua de vivre, parce que les Dieux l'aimaient. Que fit ensuite cet homme, votre ancêtre et le roi de vos ancêtres ? Ce roi, qui avait été traité ainsi contre toute justice, fut admis à la table de son vainqueur, et fut pour lui un conseiller fidèle, un ami dévoué. Parmi vous, au contraire, je ne vois que perfidie, déloyauté, haine, profanation, impiété dans vos rapports envers vos parents, vos enfants, vos amis, vos proches, vos voisins. Vous agissez en ennemis, et cela sans avoir passé l'Halys, ou sans qu'on l'ait passé pour entrer chez vous. Et la terre, l'injuste terre, vous donne ses fruits !

LVII. A DES ÉCRIVAINS HABILES.

La lumière indique la présence du feu, lequel ne peut se produire sans la lumière. Le feu est donc ce qui nous affecte; et quand nous sommes affectés, nous sommes brûlés. La lumière ne fait que montrer à nos yeux son éclat, elle ne leur fait pas violence, elle les attire. L'éloquence ressemble, ou bien au feu, et nous en sommes affectés, ou bien à la lumière, et nous sommes éclairés par elle. Et comme ce dernier effet est le meilleur, je le demande aux Dieux, si ce n'est pas trop demander.

LVIII. CONSOLATIONS A VALÉRIUS.

Personne ne meurt, si ce n'est en apparence, de même que personne ne naît, si ce n'est en apparence. En effet, le passage de l'essence à la substance, voilà ce qu'on a appelé naître; et ce qu'on a appelé mourir, c'est, au contraire, le passage de la substance à l'essence. Rien ne naît, rien ne meurt en réalité : mais tout paraît d'abord pour devenir ensuite invisible ; le premier effet est produit par la densité de la matière, le second par la subtilité de l'essence, qui reste toujours la même, mais qui est tantôt eu mouvement, tantôt en repos. Elle a cela de propre dans son changement d'état, que ce changement ne vient pas de l'extérieur : le tout se subdivise en ses parties, ou les parties se réunissent en un tout, l'ensemble est toujours un. Quelqu'un dira peut-être : Qu'est-ce qu'une chose qui est tantôt visible, tantôt invisible, qui se compose des mêmes éléments ou d'éléments différents ? On peut répondre : Telle est la nature des choses d'ici-bas, que, lorsqu'elles sont massées, elles paraissent à cause de la résistance de leur masse ; au contraire, quand elles sont espacées, leur subtilité les rend invisibles; la matière est nécessairement renfermée ou répandue hors du vase éternel qui la contient, mais elle ne naît ni ne meurt. Comment donc une erreur aussi grossière que celle-ci a-t-elle subsisté si longtemps? C'est que quelques personnes s'imaginent avoir été actives quand elles ont été passives : elles ne savent pas que les parents sont les moyens, et non les causes de ce qu'on appelle la naissance des enfants, comme la terre fait sortir de son sein les plantes, mais ne les produit pas. Ce ne sont pas les individus visibles qui se modifient, c'est la substance universelle qui se modifie en chacun d'eux (30). Et cette substance, quel autre nom lui donner que celui de substance première? C'est elle seule qui est et devient, dont les modifications sont infinies, c'est le Dieu éternel, dont on oublie à tort le nom et la figure pour ne voir que les noms et les figures de chaque individu. Mais ce n'est rien encore. On pleure lorsqu'un individu est devenu dieu, non par un changement de nature, mais par un changement d'état. Si l'on veut avoir égard à la vérité, il ne faut pas déplorer la mort, il faut, au contraire l'honorer, et la vénérer. Or quelle est la marque d'honneur la plus convenable et la plus digne? C'est de laisser à Dieu ceux qui sont rentrés dans son sein, et de commander aux hommes qui vous sont confiés, comme vous le faisiez auparavant. Ce serait une honte pour vous, si le temps, et non le raisonnement, vous rendait plus ferme : car le temps efface les chagrins même des moins philosophes. Ce qu'il y a de plus illustre sur la terre, c'est un grand pouvoir; et parmi ceux qui ont un grand pouvoir, le plus recommandable est celui qui se commande à lui-même tout le premier. Est-il conforme au respect qu'on doit à Dieu de se plaindre de la volonté de Dieu? S'il y a un ordre dans l'univers (or sans contredit il y en a un), et si cet ordre est réglé par Dieu, le juste ne désirera pas les bonheurs qu'il n'a pas : un tel désir vient d'une préoccupation égoïste et contraire à l'ordre ; mais il estimera comme un bonheur tout ce qui lui arrivera. Avancez dans la sagesse , et songez à guérir votre âme : rendez la justice et corrigez les coupables; tout cela vous fera oublier vos larmes. Vous ne devez pas penser à vous avant de penser au public : c'est le contraire que vous devez faire. Quels sujets de consolation n'avez-vous pas ! Tout le peuple a pleuré avec vous votre fils. Ne ferez-vous pas à votre tour quelque chose pour le peuple? Ce que vous devez faire pour lui, c'est de ne pas aller plus loin dans votre douleur, et d'y mettre fin avant lui. Vous dites n'avoir pas d'amis; mais il vous reste un fils. Et celui que vous croyez avoir perdu, ne vous reste-t-il pas? Il vous reste, dira tout homme sensé. En effet ce qui est ne saurait périr; car s'il est, c'est qu'il doit être toujours; ou bien il faudra croire que le non-être puisse passer à l'être. Et comment cela aurait-il lieu, quand l'être ne passe point au non-être? Ce n'est pas tout. Un autre vous dira que vous manquez au respect envers Dieu, et que vous êtes injuste. Oui, vous manquez au respect envers Dieu, et vous êtes injuste envers votre fils, ou plutôt vous manquez de respect envers lui. Voulez-vous savoir ce qu'est la mort? Faites-moi périr aussitôt après le dernier mot que je prononce : aussitôt, privé de mou enveloppe matérielle, je suis plus puissant que vous. Vous avez pour vous consoler le temps, vous avez une femme sérieuse et qui vous aime, vous avez tous les biens de la vie : c'est à vous de vous demander le reste à vous-même. Un ancien Romain (31), pour sauver la loi et le respect du commandement, mit à mort son fils, il le mit à mort ayant une couronne sur la tête. Cinq cents villes sont soumises à votre empire (32), vous êtes le plus illustre des Romains; et vous vous mettez dans un état à ne pouvoir bien administrer votre maison, bien loin de pouvoir gouverner des villes et des peuples. Si Apollonius était auprès de vous, il persuaderait à Phabulla même (33) de cesser de pleurer.

LX. A EUPHRATE (34).

Praxitèle de Chalcis est un fou furieux : on l'a vu, armé d'une épée, à ma porte, à Corinthe, avec un de vos disciples (35). Pourquoi vouliez-vous me faire assassiner?

« Ai-je jamais dérobé vos bœufs? Ne sommes-nous pas séparés par beaucoup de montagnes couvertes d'arbres et par la mer retentissante (36)? »

Quelle distance n'y a-t-il pas entre votre philosophie et la mienne !

LXI. A LESBONAX.

Le Scythe Anacharsis était savant. Les Scythes peuvent donc être savants.

LXII. LES LACÉDÉMONIENS A APOLLONIUS (37).

On vous remettra le gage des honneurs que nous vous avons conférés : cette lettre, revêtue du cachet de notre cité, vous les fera connaître.

LXIII. APOLLONIUS AUX ÉPHORES ET AUX LACÉDEMONIENS.

J'ai vu vos concitoyens sans barbe, les jambes et les cuisses épilées et blanches, couverts des plus fines étoffes, ayant aux doigts une foule d'anneaux du plus grand prix, et aux pieds une chaussure ionienne. Je n'ai pas reconnu en eux les envoyés de Lacédémone; dois-je en croire la lettre qui me les présentait comme tels?

LXIV. AUX MÊMES.

Vous m'appelez souvent pour venir en aide aux lois et être utile à votre jeunesse. La ville de Solon n'a pas besoin de m'appeler ainsi. Songez à Lycurgue, et rougissez.

LXV. AUX ÉPHÉSIENS DU TEMPLE DE DlANE.

Vous avez conservé tous les rites des sacrifices, tout le faste de la royauté. Gomme banqueteurs et joyeux convives, vous êtes irréprochables : mais que de reproches n'a-t-on pas à vous faire, comme voisins de la déesse nuit et jour ! N'est-ce pas de votre milieu que sortent tous les filous, les brigands, les marchands d'esclaves, tous les hommes injustes et impies (38)? Le temple est un repaire de voleurs.

LXVI. AUX MÊMES.

Il est venu d'une terre grecque un homme, Grec d'esprit et de cœur, sans être ni Athénien ni Mégarien. Il se nomme Apollonius et veut visiter votre déesse. Donnez-lui un endroit qu'il n'ait pas besoin de purifier, même y restant constamment.

LXVII. AUX MÊMES.

Le temple est ouvert à ceux qui sacrifient, qui prient, qui chantent des hymnes, aux suppliants, aux Grecs, aux Barbares, aux hommes libres, aux esclaves. Voilà une loi merveilleusement divine. J'y reconnais les attributs de Jupiter et de Latone. Plût aux Dieux qu'il n'y en eût pas d'autres !

LXVIII. AUX MILÉSIENS.

Vous avez éprouvé un tremblement de terre; c'est ce qui est arrivé à bien d'autres villes. Mais ce malheur était pour elles un effet de la fatalité, et l'on voyait entre les citoyens de la commisération, non de la haine. Vous seuls vous vous armez du fer et du feu même contre les Dieux, et cela contre des Dieux dont vous avez besoin et avant et après le danger. Vous aviez parmi vous un philosophe, ami des Grecs, qui souvent avait annoncé ce fléau en public; et, lorsque le tremblement de terre est arrivé, vous l'accusez tous les jours d'en être la cause. Ô folie de tout un peuple! Et cependant on compte Thaïes parmi vos ancêtres.

LXIX. A DES CITOYENS DE TRALLES.

Beaucoup d'hommes viennent à moi de divers côtés, les uns pour une cause, les autres pour une autre; les uns jeunes, les autres vieux. J'examine les dispositions et le caractère de chacun avec autant d'attention que je puis, et j'observe s'il est bon ou mauvais citoyen. Jusqu'ici je ne saurais préférer à vous, qui êtes de Tralles, ni les Lydiens, ni les Achéens, ni les Ioniens, ni même les peuples de la Grande-Grèce, les Thuriens, les Crotoniates, les Tarentins, ou quelques autres de ce fortuné pays de l'Italie, comme on l'appelle, ou d'autres terres. Pourquoi donc, quand j'ai pour vous tant d'estime, ne viens-je pas habiter au milieu de vous, moi qui suis de votre race? Je vous le dirai une autre fois. Pour le moment, qu'il me suffise de vous adresser des éloges, à vous et à vos magistrats, qui surpassent en sagesse et en vertu les magistrats de beaucoup d'autres cités, surtout de celles d'où vous tirez votre origine.

LXX. AUX HABITANTS DE SAÏS.

Vous êtes une colonie athénienne, à ce que dit Platon dans le Tïmée. Cependant les Athéniens repoussent de l'Attique une déesse qui vous est commune, à eux et à vous, la déesse Neith, qu'ils appellent Athênè. Ils ne restent pas Grecs. Comment ne restent-ils pas Grecs? Je vais vous le dire. Les Athéniens n'ont pas de sages vieillards; personne n'y laisse croître toute sa barbe, et même personne n'y porte de barbe. Mais on trouve près des portes des adulateurs, devant les portes des sycophantes, à l'entrée des longs murs des trafiquants de prostitution, sur les ports de Munychie et du Pirée des parasites. A la déesse il ne reste pas même le cap Sunium.

LXXI. AUX IONIENS (39).

Vous croyez qu'on doit vous appeler Grecs à cause de votre origine, et de la colonie que les Grecs ont autrefois établie chez vous. Mais ce qui fait un peuple grec, ce sont non seulement les coutumes, les lois, la langue, la manière de vivre, mais encore l'air et la mine. Mais vous, pour la plupart, vous n'avez pas même gardé les noms de vos pères ; mais votre nouvelle félicité (40) vous a fait perdre les attributs de vos ancêtres. Ils feraient bien de ne pas vous recevoir dans leurs tombeaux, car vous leur êtes devenus étrangers. Autrefois vous portiez des noms de héros, de navigateurs, de législateurs : maintenant vous prenez les noms des Lucullus, des Fabricius, des heureux Lucius (41). J'aimerais mieux m'appeler Mimnerme (42).

LXXII. A HESTIÉE.

Mon père Apollonius avait trois Ménodotes parmi ses ancêtres : vous, vous voulez du premier coup vous nommer Lucretius ou Lupercus, sans avoir aucun de ces noms parmi vos ancêtres. Si vous tenez pour honteux le nom de quelqu'un, du moins n'ayez pas sur vos traits sa ressemblance.

LXXIII. AU MÊME.

Nous sommes loin de notre pays, et la Fortune nous sourit. Cela ne m'empêche pas de songer aux affaires de la ville. La destinée prépare la fin prochaine des hommes qui sont à la tête de l'administration. Vous serez commandés par de petits jeunes gens, puis par des enfants. Ici il y a à craindre : quelle sécurité pour une barque gouvernée par des enfants? Cependant je ne crains pas pour vous, car notre vie approche de son terme.

LXXIV. AUX STOÏCIENS.

Bassus était jeune et fort à court d'argent, bien que son père fût très riche. Il s'enfuit d'abord à Mégare avec un amant et même un trafiquant de prostitution : car il leur fallait vivre et subvenir aux frais du voyage. De là il alla en Syrie. Il accueillit le jeune Euphrate et quiconque eut envie de ce bel objet, pour satisfaire la plus honteuse des passions.

LXXV. AUX HABITANTS DE SARDES.

Le fils d'Alyatte ne put sauver la capitale de son empire ni par la force ni par les conseils : cependant il était roi, et il était Crésus. Mais vous, quel lion avez-vous écouté, quand vous avez engagé une guerre fratricide, enfants, jeunes gens, hommes faits, vieillards, et même jeunes filles et femmes? C'est à croire que votre ville est consacrée, non à Cérés, mais aux Furies. Gérés aime les hommes : d'où vient votre fureur contre eux?

LXXVI. AUX MÊMES.

Il était naturel qu'un philosophe qui vénère l'antiquité voulût visiter une ville antique et puissante comme la vôtre. Je suis donc venu de moi-même, sans attendre que je fusse appelé, comme je l'ai été par un grand nombre d'autres villes. J'ai voulu voir si je pourrais rendre à votre ville l'unité de mœurs, d'esprit, de loi et de religion. J'ai fait pour arriver à ce but tout ce qui dépendait de moi : la discorde, a dit un sage, est pire que la guerre.

LXXVII. A SES DISCIPLES.

En parlant, je n'ai songé qu'à la philosophie, je n'ai nullement songé à Euphrate. Qu'on ne pense pas que je me sois ému de l'épée de Praxitèle ou du poison de Lysias. Ce serait bon pour le même Euphrate.


LXXVIII. A IARCHAS ET AUX SAGES INDIENS.

J'en jure par l'eau de Tantale, à laquelle vous avez bien voulu m'initier (43).

LXXIX. A EUPHRATE.

L'âme qui ne se rend pas compte de ce dont le corps peut se contenter ne peut arriver à être contente d'elle-même.

LXXX. AU MÊME.

Les hommes les plus sages sont les plus brefs dans leurs discours. Si les bavards souffraient ce qu'ils font souffrir aux autres, ils ne parleraient pas tant.

LXXXI. A SES DISCIPLES.

Simonide a dit qu'il ne s'était jamais repenti de s'être tu, mais souvent d'avoir parlé.

LXXXII. AUX MÊMES.

La loquacité fait commettre bien des imprudences, le silence ne compromet jamais.

LXXXIII. A UN DÉLIEN.

Le mensonge est d'un esclave, la vérité, d'un homme libre.

LXXXIV. A SES DISCIPLES.

Ne pensez pas que, donnant des conseils aux autres, j'en prenne moi-même à mon aise C'est en vivant moi-même de pâtes et de choses de ce genre que je vous engage à vous nourrir ainsi.

LXXXV. A IDOMÉNÉE.

Nous nous sommes efforcés de nous contenter de mets simples et exigus, non pour que ces mets suffisent à notre corps, mais pour que notre âme se fortifie à ce genre de nourriture.

LXXXVI. A UN MACÉDONIEN.

La colère s'épanouit dans la fureur.

LXXXVII. A ARISTOCLÈS.

La colère est une affection de l'âme qui, si elle n'est soignée, dégénère en une maladie du corps.

LXXXVIII. A SATYRUS.

La plupart des hommes sont disposés à s'excuser de leurs fautes, et à se porter accusateurs de celles des autres.

LXXXIX. A DANAUS.

Un travail, quand il est en train, s'exécute sans peine.

XC. A DION.

Ne pas être né n'est rien : être né est un malheur.

XCI. A SES FRÈRES.

Il ne faut porter envie à personne : car les bons méritent d'être heureux, et il n'y a pas de bonheur pour les méchants.

XCII. A DENYS.

Il est inappréciable, avant les épreuves de l'adversité, de connaître toutes les ressources delà tranquillité d'esprit.

XCIII. A NUMÉNIUS. Quand on a perdu des amis, il ne faut pas les pleurer bruyamment, mais nous souvenir que c'est avec eux que nous avons passé la plus agréable partie de notre existence.

XCIV. A THÉÉTÈTE.

Que la vue des maux d'autrui vous console des vôtres.

XCV. A UN INCONNU.

La vie est courte pour l'homme heureux : pour celui qui vit dans le malheur, elle est bien longue.

FIN DES LETTRES.

APPENDICE.

DES LETTRES ET AUTRES ÉCRITS MIS SOUS LE NOM D'APOLLONIUS
DE TYANE.

Les écrits qui ont été mis sous le nom d'Apollonius de Tyane sont les suivants:
1° Son Apologie, dont Philostrate nous dit avoir conservé le fond, sinon la forme (V. p. 466);
2° Un traité en quatre livres Sur l'Astrologie, cité par Philos¬trate (V. p. 130);
3° Un livre Sur les sacrifices (V. p. 130), dont un passage est cité par Eusèbe (Préparat. évangel., 1. IV, c. 13); 4n Un Hymne à la Mémoire (V. p. 1G);
5° Un livre intitulé la Doctrine de Pythagore, qui est sans doute le même qu'une Vie de Pythagore que lui attribue Suidas, et dont Jonson et Meiners ont cru voir des fragments dans quel¬ques endroits des Vies de Pythagore de Jamblique et de Porphyre (V. Fabricius, Bibi. greca, 1, p. 830, Harles);
6° Un Testament cité par Plnlostrate ( p. 5 et 327), et dont il si¬gnale cette particularité, qu'il était écrit en ionien. Peut-être verra-t-on dans ce titre une contrefaçon de plus de l'Écriture sainte. Ce serait une erreur. Il nous reste de l'antiquité païenne le souvenir de plusieurs Testaments écrits par des philosophes pour résumer leur doctrine : il en existe un sous le nom de Platon, mais il est apocryphe. Cet usage était très-fréquent, surtout dans l'école pythagoricienne, à laquelle appartenait Apollonius. D'ail-leurs le mot de Testament, appliqué à l'Écriture, est fort impropre; le vrai sens est ancienne alliance, nouvelle alliance (V. le Thesau¬rus lingux grxcæ, édit. Didot, au mot Stein') ;
7° Des Lettres adressées à des princes, à des sophistes, à des philosophes, à des peuples. Pliilostrate parle de ces Lettres, et en donne un certain nombre dans sa Vie d'Apollonius (p. 4, 136, 144,160, 165, 166, 185, 1R7, 225, 226, 274, 278, 323, 336). Il nous a été conservé un recueil de Lettres d'Apollonws de Tyane, dont nous avons donné plus haut la première traduction en français, et qui, s'il était authentique, nous représenterait le seul ouvrage d'Apollonius aujourd'hui connu. Mais il est assez vraisemblable

482 ÉCLAIRCISSEMENTS HISTORIQUES ET CRITIQUES.
qu'aucune de ces Lettres n'est d'Apollonius de Tyane, et qu'elles viennent de la même source que ces Lettres de Phalaris, dont Beut¬lev a démontré le caractère apocryphe, c'est-à-dire qu'elles sont l'oeuvre des rhéteurs et des sophistes des siècles postérieurs.
Remarquons d'abord que pas une des Lettres qui composent ce recueil ne se trouve citée dans la Vie d'Apollonius de Philostrate, ensuite que Stobée parait avoir eu entre les mains un recueil de Lettres d'Apollonios plus volumineux que celui qui nous est resté ; car il cite, dans son Anthologie (V. passim), des frag¬ments de Lettres que nous n'avons pas. Cela ne prouve encore qu'une chose, c'est que le recueil qui nous est resté est incom¬plet. Mais, pour peu qu'on les lise avec un esprit critique, il est peu de ces Lettres qui n'inspirent plus que des doutes. Presque partout on y sent la main de rhéteurs uniquement préoccupés de l'effet littéraire; et il n'en est, pour ainsi dire, pas une qui mé¬rite l'éloge que leur donne Philostrate, dans la première des Lettres qui nous restent de ce sophiste : «Apollonius de Tyane et Dion sont, après les anciens, ceux qui ont le mieux observé le caractère du style épistolaire. • Ce ne sont, du reste, qu'éloges de soi-même, que forfanteries indignes d'un philosophe, si maigre philosophe que l'on suppose qu'ait été Apollonius. Enfin quelques-unes de ces lettres semblent en opposition avec les doctrines con-nues de ce philosophe (V. p. 409, 416), et d'antres viennent contre-dire la vie d'Apollonius, telle qu'elle nous est rapportée par Phi¬lostrate, ce qui prouve qu'il y a erreur d'un côté ou de l'autre (V. D. 413, note, et p. 414, sur ses deux frères, etc.). Nous avons .cru cependant devoir donner ces Lettres, pour que ce volume contint tout ce que l'antiquité nous a laissé, soit d'Apollonius, soit au sujet d'Apollonius.


 


 

(01) J'ai traduit ces Lettres sur le texte que donne Oléarius dans son édition de Philostrate. L'authenticité de ces lettres est plus que douteuse. (Voir sur ce point une note à la fin des Éclaircissements historiques et critiques sur la Vie d'Apollonius de Tyane.)

(02)  Allusion bizarre à la frugalité de Zénon. On sait qu'Apollonius, s'interdisant la viande, se nourrissait de légumes, de fruits, de gâteaux, etc. (Voyez Vie d'Apollonius, liv. I, VIII, etc.)

(03) Ville d'Éolie, au S.-O. de Cumes. (Voy. p. 8.)

(042. Manière assez obscure d'exprimer celle idée : « Que ne puis-je mettre à nu vos impostures ? »

(05)   Apollonius répond à quelques-unes des objections qui lui sont
faites.

(06) Apollon.

(07)  Selon les pythagoriciens, 'les animaux étant frères des hommes,
il était coupable de manger de leur chair. (Voyez Porphyre, de l'Abstinence des viandes, livre III.)

(08)  Voyez la Vie d'Apollonius. (Liv. V, XL, p. 225.)

(09)  Il s'agit de la ville de Césarée en Palestine, dont il remercie les magistrats de quelque grand honneur qu'ils lui avaient fait, probablement du droit de cité qu'ils lui avaient accordé.

(10)  Doctrine pythagoricienne et platonicienne.

(11) République, livre X, p. 617.

(12) Je crois devoir ici apporter une légère variante au texte d'Oléarius. Je lis θέιους; au lieu de θεούς.

(13) Ce mot grec signifie : Juges des Grecs. C'était le titre qui était donné aux juges des jeux Olympiques.

(14) Il voulait dire d'effacer les souillures de ses fautes par les souillures des sacrifices.

(15) Manière métaphorique de dire : « A quoi sert de réprimer certains vices, si l'on n'attaque pas leurs principes? »

(16) C'était le nom des premiers magistrats de la ville d'Éphèse.

(17) C'est le frère d'Apollonius (Voyez lettres XLIV, XLV, LV, et Vie d'Apollonius, liv. 1, XIII, p. 14).

(18)   Sur ce Bassus, voyez la Vie d'Apollonius (liv. IV, XXVI, p. 165.)

(19) C'est-à-dire président des jeux.

(20) On n'a pas de détails sur ces classes de citoyens de Sardes.

(21) Voyez l'Odyssée, livre V, v. 102 et suivants.

(22)  Cette lettre, qui est peu d'accord avec les doctrines d'Apollonius, et qui d'un bout à l'autre accuse la rhétorique, suffirait pour donner des doutes sur l'authenticité de tout ce recueil épistolaire.

(23) Nous lisons ποῦ au lieu de ὅπου, que donne le texte d'Oléarius, et qui ne donne pas un sens satisfaisant.

(24) Il fait sans doute allusion aux Brachmanes, qui, pour lui, étaient des Dieux (Voyez Vie d'Apollonius, liv. III, XVIII, p. 110).

(25) Dans les Vers dorés, attribués à Pythagore, les philosophes sont partout appelés des Dieux. D'ailleurs on disait que Pythagore descendait  de Jupiter, et il fut quelquefois considéré chez les anciens comme une des formes d'Apollon Hyperboréen (Voyez Oléarius, note sur ce passage).
 

(26) Iliade, chant IV.

(27) Voyez Vie d'Apollonius, liv. V, XXXVII, p. 225.

(28)  Voici une tradition oubliée dans la Vie d'Apollonius de Tyane. Philostrate ne nous parle nulle pari de la bienveillance que Claude aurait témoignée à Apollonius. Oléarius dit que cette tradition n'a pas été connue de Philostrale, ou qu'il n'y a pas ajouté foi. La première raison est sans doute la vraie. Cette lettre est plus que suspecte.

(29) C'est de lui-même qu'il parle.

(30) Oléarius fait ici observer avec raison que ce langage a de grands rapports avec celui de Spinoza. Le panthéisme est l'une des doctrines les plus vieilles qui aient paru dans le monde. C'est la première philosophie de toutes les races indo-européennes.

(31) Titus Manlius (Voyez Tite-Live, VIII, 7).
 

(32) Oléarius fait remarquer qu'il résulte de ce passage que Valérius était proconsul d'Asie. Il s'appuie sur un passage de Josèphe (Guerre des Juifs, II, 16), et sur un autre de Philostrate (Vies des Sophistes,II, 3).

(33) C'était sans doute la femme de Valérius.

(34) Nous omettons le n° LIX du recueil d'Oléarius. C'est une courte lettre du roi de Babylone Garmus au roi indien Néogynde. Ces noms ne se trouvent pas dans la Vie d'Apollonius de Tyane, et il n'est nullement question d'Apollonius dans cette lettre.

(35) Voyez la lettre XXXVI.

(36) Citation d'Homère, Iliade, l, v. 154 et suiv. (Querelle d'Achille et d'Agamemnon.)

(37)  Au sujet de celte lettre et de la suivante, voyez Vie d'Apollonius, IV, 31.

(38) Allusion au droit d'asile, qui rendait inviolables même les scélérats réfugiés aux pieds des autels.

(39)  Voyez Vie d'Apollonius, IV, 5, p. 144.

(40) Allusion ironique à l'administration romaine.

(41) Allusion à Lucius Cornélius Sylla, surnommé Félix,

(42) Poète et musicien grec, né à Colophon(v° siècle av. J.-C.).

(43) Voyez Vie de Philostrate, III, 25, 32, 51.

(44)

(45)

(46)
(47) C'était la capitale du pays des Volsques, et ce sont les éperons (rostra) de ses vaisseaux qui, après la victoire de Camille, décorèrent la tribune aux harangues du Forum.
(48) On appelait xystes des galeries couvertes où, s'exerçaient les athlètes pendant le mauvais temps. Autour des xystes, Il y avait toujours des bosquets, où venaient se promener les philosophes, comme dans les gymnases : par exemple, dans l'Académie, dans le Lycée.
(49) C'est une ville de l'île de Rhodes.
(50) Nom d'une déesse crétoise, souvent confondue avec Diane. (Voyez Maury, Histoire des religions de la Grèce, III, p. 160.)
(51) Voyez les Éclaircissements historiques et critiques.
(52) Voyez les Éclaircissements historiques et critiques.
(53). Ceci fait sans doute allusion à l'heroum que lui consacra Caracalla. (Voyez Dion Cassius, LXXVII, 18.)
(54)
Codin, Orig., C, p. 4. Voir aussi Tsetzès. Chiliad. I.
(55) Chron. Alex., p. 590.

(56)
Dictionnaire des sciences philosophiques, art. Métempsycose. Cela n'est nullement prouvé. On ne constate pas encore la métempsycose, niais on trouve l'immortalité de l'âme dans les plus anciens poèmes de l'Inde, par exemple dans le Rig-Véda. (Voyez Revue germanique, 30 novembre 1861, leçon sur la migration des âmes, faite à I'Association scientifique de Berlin, par M. le docteur Jürgen Bona Meyer.)
(57) Voir la leçon du docteur Meyer.
(58)  Voyez Karden, Empedoclis reliquiae, et l'article Empédocle, dans le Dictionn. des sciences philosophiques.
(59) Voyez Lobeckh, Aglaophamus, p. 795 : De migratione animarum.
(60)  Revue germanique, article cité.
(61) Origène, par exemple.
(62)  Voyez Henri Martin, Hist. de France, 1er vol., 2e édit. - L'Enchanteur Merlin par M. de la Villémarqué.
(63)  Voyez la leçon du docteur Meyer (Revue germanique).
(64Alexandre, ou le Faux devin, p. 476, c. 5.

 

FIN DU LIVRE VIII DE PHILOSTRATE.