PYTHIQUES
PYTHIQUE I. A HIERON ETNEEN, VAINQUEUR A LA COURSE DES CHARS. ΕΡΩΝΙ ΑΙΤΝΑΙΩΙ ΑΡΜΑΤΙ Argument. — Hiéron (1) vainqueur à Delphes, à la course des chars, s'était fait proclamer Etnéen pour honorer la cité d'Etna, ville qu'il avait fait construire récemment (476 avant J. C). L'année même de son triomphe pythique (474), il avait défait les Étrusques devant Cumes, dans un combat terrible. Enfin, depuis 479, les éruptions de l'Etna n'avaient point cessé. Idées principales. Éloge de la lyre et de la musique; elle endort la foudre, l'aigle de Jupiter et Mars. La lyre est détestée des méchants; fureurs de Typhon écrasé sous l'Etna. Vœux pour la prospérité de la ville d'Etna ; la victoire d'Hiéron est pour elle un présage de gloire. Puisse Hiéron jouir toujours de grandes richesses et oublier ses souffrances corporelles en se rappelant la défaite des Étrusques , et ses exploits qui l'ont conduit à l'empire avec ses frères! Éloge de Dinomène, fils d'Hiéron et roi de la nouvelle ville d'Etna, soumise aux institutions doriennes. Encore des prières pour la prospérité d'Etna. Bataille d'Himère où Hiéron et ses frères se sont distingués. Conseils 158 à Hiéron; qu'il continue d'être juste, libéral; qu'il évite les flatteurs, et recherche les applaudissements de la postérité; elle vante Crésus et déteste Phalaris. Unité de plan. Hiéron vainqueur à Delphes, roi puissant, illustre guerrier, mais ami des beaux-arts, se rapproche de Jupiter et de Mars, qui, dans l'Olympe, eux aussi, laissent reposer la foudre et l'aigle pour écouter la lyre : Hiéron ne s'exposera pas au sort de Typhon ; il voudra ressembler à Crésus plutôt qu'à Phalaris. Dissen pense que cette ode fut chantée à Syracuse dans le palais du roi pendant un festin; Bœck place le lieu de la scène à Etna. Selon Heyne, Pindare avait alors environ cinquante ans. |
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Χρυσέα
φόρμιγξ, Ἀπόλλωνος καὶ ἰοπλοκάμων |
Str. 1. — Ο lyre d'or, trésor commun d'Apollon et des muses aux tresses noires, toi que la danse, prélude de la fête, écoute; toi dont les chanteurs suivent le signal, quand lu fais vibrer le début des hymnes qui conduisent le chœur, tu éteins même les traits brûlants de l'éternelle foudre; sur le sceptre de Jupiter, s'assoupit en abaissant de chaque côté ses ailes rapides, l'aigle, Ant. 1. — Le roi des oiseaux; et, sur sa tête recourbée, tu répands une sombre vapeur qui dot doucement ses paupières. Il dort, et soulève son dos humide, maîtrisé par tes frémissements. Le cruel Mars aussi laisse tomber sa pique redoutable, le sommeil charme son cœur. L'âme des dieux même est séduite par les sons que tu lances avec tout l'art du Latoïde (2) et des muses au sein puissant. Ép. 1.— Tout ce que Jupiter n'aima jamais a horreur d'entendre la voix des Piérides et sur la terre et sur la mer indomptée. Tel est étendu au fond de l'odieux Tartare cet 159 ennemi des dieux, Typhon aux cent têtes, qu'un antre célèbre de Cilicie nourrit autrefois : maintenant les collines battues par les flots au-dessus de Cumes et la Sicile, pèsent sur sa poitrine velue; une colonne du ciel l'oppresse, c'est le blanc Etna, patrie glacée de neiges éternelles; Str. 2. — L'Etna dont les cavernes vomissent les ondes ardentes d'un feu inaccessible, qui roule de jour les torrents d'une fumée brûlante, tandis que la nuit, les tourbillons d'une rouge flamme emportent les rocs avec fracas dans le bassin profond, des mers. Et le monstre lance aux cieux les plus terribles flots de Vulcain ; prodige affreux à voir, affreux à apprendre de ceux qui ont vu Ant. 2. — Comme il est attaché entre les cimes ombreuses et la base de l'Etna, et couché sur un lit qui déchire et perce son dos. Puissé-je, ô Jupiter, puissé-je te plaire! ô roi de cette montagne (3), crête d'un pays fertile, nommée comme la ville voisine (4) qu'un glorieux fondateur vient d'illustrer; car, dans le stade pythique, le héraut l'a citée en proclamant le char du noble vainqueur Hiéron. Ép. 2— La première joie des hommes qui naviguent, c'est qu'au début du voyage le vent souffle propice; car il est probable qu'ils obtiendront aussi un retour heureux. De même les succès présents me font espérer que cette cité (5) sera désormais illustre par ses couronnes et ses coursiers, et vantée dans le* hymnes des banquets. Roi de Lycie et de Délos, ô Phébus, toi.qui chéris la fontaine de Castalie sur le Parnasse, daigne te rappeler mes paroles et une terre de héros. Str. 3. — Des dieux vient tout ce que peuvent les vertus des hommes, qu'ils soient nés poètes ou avec des bras 160 d'athlètes ou éloquents. Pour moi qui brûle de louer le vainqueur, j'espère bien ne pas jeter hors de la lice le trait au front d'airain que ma main brandit, mais le lançant au loin, dépasser mes rivaux. O que le temps ne cesse jamais de lui départir le même bonheur avec le don de la richesse, qu'il lui apporte aussi l'oubli de ses souffrances (6) ! Ant. 3. — Alors il lui rappellera quels combats (7) il a soutenus dans les guerres avec un courage invincible , lorsque la main des dieux lui fit conquérir une palme (8) que ne cueille aucun des Hellènes, et qui est le plus beau couronnement des richesses. Naguère, nouveau Philoctète, il a pris (9) les armes. Dans la nécessité, des orgueilleux (10) même l'ont recherché pour ami. On dit qu'à Lemnos vinrent des héros divins, pour en amener celui que tourmentait un ulcère, Ép. 3. — Le fils de Péan, armé de l'arc; et il renversa la cité de Priam, et il mit fin aux travaux des Grecs, quoiqu'il traînât un corps languissant. Mais c'était l'ordre du destin. Ainsi, puisse un Dieu protecteur assister Hiéron dans le temps futur, et lui donner d'accomplir les vœux de son cœur! Muse, obéis, va chanter aussi chez Dinomène (11) la victoire des quadriges. Elle ne lui est pas étrangère la joie du succès paternel. Ça, trouvons ensuite un hymne cher au souverain de l'Etna (12); Str. 4. — C'est pour lui qu'Hiéron a bâti cette ville où règne la divine liberté avec les institutions d'Hyllus (13). Ils veulent, les fils de Pamphile (14) et les Héraclides qui 161 habitent au pied du Taygète (15), rester toujours sous la législation dorienne d'Égimius (16). Heureux ifs occupèrent Amycles (17), accourus du Pinde, illustres voisins des Tyndarides(18) aux blancs coursiers, et ils fleurirent par la gloire de leur lance. Ant. 4. - Puissant Jupiter, fais que les hommes, dans un discours vrai, attribuent toujours une pareille destinée (19) aux citoyens et aux rois sur les rives de l'Amène (20). Que par toi, le héros (21) qui confie la nation à son fils (22), la porte par son affabilité à l'union et à la paix. Je t'en supplie, accorde-moi, fils de Cronos, que le Phénicien (23), que les hordes thyrrhéniennes restent dans leurs demeures, en songeant au désastre honteux de leur flotte devant Cumes, Ép. 4. — A tout ce qu'ils souffrirent domptés par le roi de Syracuse (24), lui qui du haut des vaisseaux rapides précipitant leur jeunesse dans la mer, affranchit la Grèce (25) d'une accablante servitude. Pour louer dignement les Athéniens, je choisirais Salamine; à Sparte, je citerais le combat au pied du Cithéron (26), où succombèrent les Mèdes aux arcs recourbés, et sur les rives d'Himère aux belles eaux, je paye aux fils (27) de Dinomène un chant qu'ils ont mérité par leur valeur, par la défaite des guerriers ennemis (28). Str. 5. — Si vous louez à propos, en pressant dans un style bref la fleur de mille exploits, vous êtes moins en butte au blâme des hommes. Car une satiété pénible émousse la curiosité impatiente. Le cœur des citoyens est blessé en secret par la renommée, surtout quand elle vante des biens qu'ils n'ont pas. Toutefois (car il vaut mieux exciter 162 l'envie que la pitié), garde-toi de négliger la gloire. Dirige ton peuple avec le gouvernail de la justice, et façonne ta langue sur l'enclume de la vérité: Ant. 6. — Pour peu qu'elle s'en écarte, c'est chose grave partant de toi ; tu es l'arbitre de mille intérêts, mille témoins sûrs t'observent en tout. Conserve la fleur de ton caractère, si tu aimes à entendre toujours la douce voix de Ja renommée; ne te lasse point d'être généreux. Semblable au pilote, déploie la voile aux vents; ne te laisse point tromper, ô mon ami, par de flatteuses impostures. Après le trépas, la gloire de la vertu seule rappelle la vie des hommes qui ne sont plus. Ép. 5 Aux historiens et aux poètes. Elle ne meurt pas l'aimable vertu de Crésus. Le barbare qui brûlait les corps dans un taureau d'airain, Phalaris est toujours sous le poids d'une célébrité odieuse, et les lyres des banquets ne l'admettent point à une douce intimité dans les chants de la jeunesse. La victoire est le premier des biens; la gloire est le second; un mortel qui les rencontre tous deux et les saisit, obtient la plus superbe des couronnes. |
PYTHIQUE II. AU MÊME HIÉRON, VAINQUEUR A LA COURSE DES CHARS. ΙΕΡΩΝΙ ΣΨΡΑΚΟΣΙΩΙ ΑΡΜΑΤΙ Argument. — Voyez les arguments de la première Olympique et de la première Pythique. Hiéron avait remporté à Thèbes (477 avant J. C.), dans les jeux d'Iolas ou d'Hercule , la victoire que célèbre cette ode chantée à Syracuse. Il venait d'assurer le salut des Locriens du Zéphyrium menacés par Anaxilaüs, tyran de Rhège. D'un autre côté, 163 Hiéron n'était point d'accord avec son frère Polyzèle; il l'avait envoyé prendre part à la guerre des Sybarites contre Crotone, dans l'espérance qu'il y périrait; mais il en était revenu sain et sauf et avait demandé un asile à Théron d'Agrigente. Hiéron se disposait à marcher contre eux les armes à la main : alors aussi on l'accusait d'avoir voulu séduire Damarète, épouse de son frère, veuve de Gélon et fille de Théron. Idées principats. Victoire d'Hiéron. Hiéron qui a sauvé Locre, est chanté par les vierges de cette cité comme Cinyras. par les Cypriens. Partie mythique. L'exemple d'Hiéron et de Cinyras prouve qu'il faut payer d'un agréable retour ses bienfaiteurs. C'est ce que ne fit pas Ixion : favorisé des immortels, il se rendit coupable du premier parricide et d'un attentat à la pudeur de Junon, et fut condamné au supplice de la roue. La nue substituée à Junon par Jupiter engendre le Centaure...Le poète ne doit point calomnier: retour au sujet: Éloge d'Hiéron, riche, puissant , courageux. Pindare l'excite à suivre la pente de son heureux caractère, à mépriser les flatteurs, les nouvellistes , les méchants qui noircissent près de lui les gens de bien et Pindare lui-même; à réunir aux dons de la fortune ceux de la sagesse. Sans doute l'histoire d'Ixion renferme quelque leçon indirecte adressée au prince. |
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Μεγαλοπόλιες ὦ
Συράκοσαι, βαθυπολέμου |
Str. 1. — O grande cité de Syracuse, temple du très-belliqueux Mars, divine nourrice d'hommes et de chevaux que réjouit le fer, je viens vers toi de l'illustre Thèbes avec cet hymne en l'honneur du quadrige retentissant, sur lequel Hiéron aux beaux chars a gagné les couronnes éclatantes qui ceignent Ortygie (29), séjour de la Diane des 164 fleuves (30); ce n'est pas sans Diane que ses bras habiles ont dompté les coursiers aux riches harnais. Ant. 1. — Car les deux mains de la vierge amie des javelots et Mercure qui préside aux luttes, disposent le resplendissant équipage; toutes les fois qu'au char brillant, au quadrige docile, Hiéron attache ses vigoureux coursiers en invoquant le redoutable dieu du trident, Mais d'autres hommes ont achevé pour d'autres rois un hymne harmonieux prix de la vertu. Il est souvent chanté dans les vers des Cypriens, Cinyras (31) tendrement aimé d'Apollon aux cheveux d'or, Ép. 1. — Aimable prêtre de Vénus. Ils. obéissent (32) à la reconnaissance qui paie des bienfaits par des hommages. Pour toi, ô fils de Dinomène (33), elle te chante devant ses demeures, la Locrienne du Zéphyrium (34), vierge aux regards paisibles depuis que ton bras l'a sauvée des horreurs de la guerre (35). On dit que, par l'ordre des dieux, Ixion crie aux mortels, du haut de la roue ailée qui l'eut-porte sans cesse, d'honorer un bienfaiteur en le payant d'un agréable retour. Str. 2. — Il ne le sait que trop. Car, en possession d'une douce vie parmi les bienveillants Cronides, il ne put soutenir l'excès de sa félicité, lorsque dans l'égarement de son cœur il s'éprit de Junon, qui appartient à la couche fortunée de Jupiter; mais son audace l'entraîna au comble du crime. Or, bientôt puni justement, il subit un supplice inouï. Voici les deux forfaits qui le perdirent: d'abord il fut le premier des héros qui fît connaître aux mortels un parricide prémédité (36) ; 165 Ant. 2 — Puis, jusque dans le sanctuaire de l'hyménée, il sollicita un jour l'épouse de Jupiter. L'homme doit voir en soi (37) la mesure de tout. Cet amour illégitime jeta Ixion dans une profonde misère lorsqu'il s'approcha (38) de la couche. En effet, il ne serra dans ses bras qu'une nue, fantôme séduisant qu'il avait poursuivi en aveugle. Elle ressemblait parfaitement à la plus belle des immortelles, à la fille de Saturne. Les mains de Jupiter lui avaient tendu le piège, l'appât vengeur. Ii y gagna les entraves d'une roue à quatre rayons Ép. 2. — Qui fut sa perle; et tombé au milieu de liens inextricables, ii fut chargé d'instruire le monde. Sans les Grâces, ta nue monstrueuse lui donna pour fils un monstre unique comme elle, qui ne fut honoré ni parmi les hommes ni dans les demeures des dieux. Elle le nourrit et l'appela Centaure; il s'unit aux cavales magnésiennes dans les vallées du Pélion, et de là une affreuse engeance (39), semblable aux deux êtres qui l'avaient produite, à la mère par le bas du corps, au père par le haut. Str. 3. — Dieu règle à son gré tous les événements, Dieu qui suit même le vol de l'aigle, qui devance le dauphin des mers, qui courbe plus d'un front superbe, tandis qu'il donne à d'autres une gloire toujours jeune; mais je dois m'interdire la calomnie aux dents meurtrières. Car je sais, malgré l'éloignement des temps, quelle fut la misère du satirique Archiloque (40) nourri de médisance et de fiel. Être riche et tenir du sort le lot de sapience, voilà le mieux (41). Ant. 3. — Tu le possèdes et tu peux déployer ta munificence, ô toi qui règnes en souverain sur une vaste cité (42) couronnée de remparts et sur son peuple. Celui qui prétendrait que, parmi tes devanciers, un seul dans la Grèce t'a surpassé en richesse et en gloire, s'engagerait légèrement dans une vaine lutte. Pour moi je monterai sur une flotte ornée de fleurs (43) en chantant tes vertus. Oui, la bravoure dans de cruelles guerres relève ta jeunesse, et, je le déclare, de là aussi tu as retiré un honneur immortel, Ép. 3. — Soit que tu aies combattu dans les rangs des cavaliers ou parmi les troupes à pied; mais les pensées de ta vieillesse (44) assurent à mes discours la matière de mille éloges. Salut. Cet hymne est envoyé comme un riche produit de (45) Phénicie à travers les mers blanchissantes. Regarde avec faveur ce chant de (46) Castor sur le mode éolien, en allant où t'appelle (47) la lyre à sept cordes. Sache rester toi-même (48). Un singe est beau (49), toujours beau aux yeux des enfants. Str. 4. — Mais Rhadamante est heureux parce qu'il possède le fruit incorruptible (50) de l'âme, et que, dans son cœur, il ne s'est jamais plu aux flatteries dont l'artifice des imposteurs poursuit sans relâche les hommes. Elles font inévitablement deux victimes (51), les calomnies souterraines, 167 semblables en tout aux allures du renard. Quant au profit, quel si grand profit en revient-il (52)? tandis que la mer tourmentée pèse sur tout le filet au fond de l'abime, moi je surnage (53), pareil au liège au-dessus des ondes amères. Ant. 4. — Non, jamais le citoyen perfide ne fera tomber parmi les gens de bien une parole puissante. Et cependant, adulateur de la foule, il l'enlace de ses ruses. Loin de moi une telle audace. Je veux aimer un ami; mais haïssant qui me hait, semblable à un loup, je le poursuivrai en tous sens par des voies obliques. Sous tous les gouvernements, il remporte l'homme au langage droit, dans une monarchie, dans un état conduit par le peuple séditieux ou par les habiles. Ne faisons point la guerre à Dieu, Ép. 4. — Qui tantôt élève les uns, tantôt transmet à d'autres une grande gloire. Mais cela (54) même n'apaise point l'esprit des envieux. Ils se tracent comme une carrière immense , et dans leur cœur s'ouvre une blessure douloureuse avant qu'ils aient atteint le terme de leurs vœux. Porter légèrement le joug qui nous est imposé est très-sage. Mais regimber contre l'aiguillon est une voie dangereuse. Puissé-je vivre aimé au milieu des gens de bien! |
PYTHIQUE III. AU MÊME HlÉRON VAINQUEUR A LA COURSE DU CHEVAL DE MAIN. ΙΕΡΩΝΙ ΣΨΡΑΚΟΣΙΩΙ ΚΕΛΗΤΙ Argument, — Voyez sur le héros la première Olympique, la première pythique et la deuxième. Idées principales. Plût à Dieu qu'il vécût encore, Chi- 168 ron, précepteur d'Esculape ! — Origine d'Esculape. Sa mère Coronis, après s'être livrée au dieu Apollon, admit dans sa couche l'Arcadien Ischys. — Diane, envoyée par Apollon courroucé, fait périr Coronis. — Cependant, comme elle était enceinte, Apollon, au moment où le bûcher va la dévorer, arrache de ses entrailles le fruit de ses amours avec elle. — Cet enfant n'est autre qu'Esculape; le dieu le confie au centaure Chiron qui lui enseigne l'art de guérir les maladies. — Esculape, séduit par l'appât du gain, rappelle un mort à la vie: Jupiter le foudroie. — Si Chiron vivait, Pindare le supplierait de lui donner pour Hiéron souffrant un médecin pareil à Esculape; le poète du moins adressera des vœux en sa faveur à la mère des dieux. — Mais, pour un bien, le ciel nous donne toujours deux maux en partage; témoin la destinée de Cadmus et de Pélée : les dieux ont assisté aux noces de tous deux, et tous deux se sont vus exilés, et ils ont vu périr leurs enfants. — Conseils à Hiéron. — Le poète espère l'immortalité. L'ode tout entière repose sur la recommandation que le poète fait à Hiéron de se résigner dans la souffrance et de jouir de sa fortune. Coronis, Esculape, Cadmus, Pélée, comblés de bienfaits par les dieux, ont été en butte au malheur. Consolons-nous en ne le méritant point, en cultivant les beaux-arts. Sans doute, les souffrances d'Hiéron n'étaient point seulement corporelles; il avait à gémir de quelque infortune domestique. Les critiques supposent qu'il avait perdu un fils ou une fille. Pindare célèbre dans cette ode l'anniversaire de deux victoires pythiques remportées, la première 486 avant J. C., la deuxième 482. Date de la représentation : 474 avant J. C. — Pindare était âgé de quarante-six ans à peu près. — Lieu de la scène : Syracuse. |
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Ἤθελον Χείρωνά
κε Φιλλυρίδαν, |
Str. 1. — Je voudrais que Chiron, fils de Philyre (s'il est permis à ma langue d'exprimer le vœu de tous), vécût encore, lui rejeton tout-puissant de l'Uranide Cronos, et qu'il régnât encore dans les vallées du Pélion, ce sauvage (55) centaure au cœur ami des hommes; tel qu'autrefois, il éleva le père généreux de la santé robuste, Esculape, héros vainqueur de toutes les maladies. Ant. 1. — Avant que la fille de (56) Phlégyas aux beaux coursiers, l'eût (57) mis au monde, assistée de Lucine, protectrice des mères, elle fut percée de flèches d'or par Diane, et descendit de son palais aux enfers, victime d'Apollon. Il n'est point vain le courroux des enfante de Jupiter. Au mépris du dieu, dans l'égarement de ses esprits, elle consentit à un autre hymen, à l'insu de son père, elle qui auparavant s'était unie à Phébus aux longs cheveux, Ep. 1. — Elle qui portait la semence sacrée d'un dieu. Elle ne supportait plus, ni les tables nuptiales (58), ni les cris confus d'hymen, que ses compagnes, les jeunes vierges, aiment à mêler dans leurs doux chants du soir (59). Mais elle brûlait pour ce qu'elle n'avait point. Que d'autres ont fait de même! Il est parmi les hommes une race insensée qui dédaigne le présent, porte au loin ses regards, et, dans ses espérances stériles, ne poursuit que des chimères. Str. 2. — Cette grande erreur fut celle de Coronis aux riches vêtements. Elle entra dans la couche d'un étranger venu d'Arcadie. Mais ce ne fut point sans être vue. Car, dans Pytho, où se pressent les victimes, le roi du temple, Loxias (60), qui a foi dans son jugement, apprit le fait de la plus sûre des confidentes, de son intelligence qui connaît 170 tout; il ne sait point tromper, et nul ne lui en impose , ni dieu, ni homme, par action ou par pensée. Ant 2. — Et alors instruit de ce commerce avec l'étranger Ischys, fils d'Élatus, et de cette trahison impie, il envoya sa sœur (61), transportée d'un brûlant courroux, dans Lacérie (62). Car, sur les rives de Bébiade (63), habitait la jeune fille. Le funeste génie qui l'avait portée au crime la perdit. Et beaucoup de ses voisins partagèrent son sort, et ils périrent avec elle, et l'incendie né d'une seule étincelle, courut embraser, au haut des monts, une immense forêt. Ép. 2. — Cependant, lorsque les parents de la jeune fille l'eurent placée sur le bois amoncelé, que la flamme dévorante de Vulcain s'élança tout autour, Apollon s'écria : «Non, mon âme ne saurait souffrir que mon fils périsse de la plus pitoyable mort en partageant le sort cruel d'une mère.» Il dit, il fait un pas, et, saisissant son fils, il le retire du cadavre. Les feux du bûcher ardent s'étaient entr'ouverts. Puis il le porta au centaure (64) de Magnésie (65), pour qu'il lui apprit à guérir les nombreuses maladies qui affligent les hommes. Str. 3. — Là tous .ceux qui vinrent à lui, soit avec des ulcères naturels, soit blessés par l'airain brillant ou par une pierre lancée de loin, ceux dont le corps avait souffert de l'excès du chaud ou du froid, il les délivrait chacun de leurs douleurs; remettant sur pied les uns par de douces paroles, les autres par des breuvages calmants, ceux-ci avec des simples appliqués autour des membres, ceux-là par des incisions. Ant. 3. — Mais la cupidité enchaîne la sagesse même. Lui aussi, à la vue de mains pleines d'un or promis, con- 171 sentit à ravir au trépas un (66) mortel déjà expiré. Mais de ses mains, le fils Cronos, les perçant tous deux, arracha vite le souffle de leur poitrine, et la foudre brûlante les frappa de mort. Demandons seulement aux dieux ce qui convient à des cœurs humains, connaissant notre portée et quelle est notre nature. Ép. 3. — Ο mon âme, n'aspire point à la vie des immortels. Mais entreprends une œuvre possible. Oh ! si l'habile Chiron habitait encore son antre; si mes hymnes abreuvaient son cœur de quelque plaisir, ils le persuaderaient de donner aujourd'hui encore à de nobles mortels un médecin qui guérit leurs douleurs brûlantes, un fils de Latone ou de Jupiter. Alors, fendant sur un navire la mer d'Ionie, j'irais vers la fontaine Aréthuse, chez un hôte d'Etna, Str. 4. — Roi de Syracuse, monarque doux aux citoyens, sans envie des bons, père des étrangers qui l'admirent. Oui, si j'abordais avec un double présent, avec la santé d'or, et cet hymne pythique, honneur ajouté aux couronnes remportées par Phérénice (67) dans Cirrha (68), sans doute un astre du ciel brillerait moins radieux que mol quand je paraîtrais à tes yeux après avoir franchi les mers profondes. Ant. 4. — Du moins adresserai-je ma prière à la mère des dieux, vénérable déesse, dont le culte avec celui du dieu Pan, est souvent célébré la nuit par les vierges, non loin de ma demeure. Puisque tu as appris à comprendre les vérités les plus sublimes, ô Hiéron, tu connais cette maxime des anciens: «Pour un bien, les hommes reçoivent des immortels deux maux en partage.» Les insensés 172 ne peuvent, les supporter avec dignité; c'est le fait des sages qui ne montrent des choses que leurs beaux cotés. Ép. 4. — Pour toi, la prospérité t'accompagne; car un roi, chef de nation, est plus que tout autre remarqué de la puissante fortune. Mais une vie bienheureuse n'a été donnée, ni à l'Éacide Pelée, ni au divin Cadmus. Et cependant ils passent pour avoir été les plus, fortunés des martels, eux qui entendirent les Muses aux réseaux d'or, chanter sur la montagne (69) et dans Thèbes aux sept portes ; lorsque l'un d'eux épousa Harmonie aux grands yeux; l'autre, Thétis, illustre fille du sage Nérée. Str. 6. — Tous deux ont accueilli les dieux à leur table, et ils ont vu les rois fils de Cronos, sur des trônes d'or; ils en ont reçu des présents d'Hyménée, et cette faveur de Jupiter qui succédait à des infortunes, releva leur courage. Mais, plus tard, l'un se vit enlever par les malheurs de ses trois filles (70) une partie de sa joie; cependant l'auguste Jupiter entra dans l'aimable couche de Thyone (71) au bras d'albâtre. Ant. 6. — Le fils de l'autre, fils unique (72), enfanté dans Phthie par l'immortelle Thétis, fut tué d'une flèche à la guerre, et fit éclater les gémissements des Grecs autour de son bûcher. Lorsque l'esprit d'un mortel tient la voie de la vérité, il doit être heureux de ce que les dieux lui accordent. Mais il est inconstant le souffle des vents impétueux. Le bonheur des hommes ne va pas loin, surtout lorsqu'il les accable par son excès. Ép. 5. — Humble dans un humble sort, je serai grand 173 dans la grandeur. Toujours l'esprit attentif à ma destinée de chaque instant j'en userai de mon mieux. Que si Dieu me comble jamais de richesses désirées, j'espère (73) acquérir dans la postérité une gloire éclatante. Nestor et le Lycien Sarpédon, célèbres parmi, les hommes, nous sont connus, grâce aux chants harmonieux des poëtes : les beaux vers immortalisent la vertu ; mais peu de mortels obtiennent ce privilège. |
PYTHIQUE IV. POUR ARCESILAS DE CYRÈNE VAINQUEUR A LA COURSE DES CHARS. ΑΡΚΕΣΙΛΑΙ ΚΥΡΗΝΑΙΩΙ ΑΡΜΑΤΙ Argument. — Généalogie d'Arcésilas : Neptune Euphémus 1er, Ténarien, de la race des Mliyens (Thessaliens), uni à Malaché, Lemnienne, dans le séjour que les Argonautes firent à Lemnos en revenant en Grèce. Leucophanès, fils d*Euphémus Ier et de Malaché. Euphémus II. Sesamus ou Samus, le quatrième de la race, à partir d'Euphémus Ier, accompagna Théras qui fonda une colonie à Théra. Aristotèle ou Battus Ier, dix-septième descendant du premier Euphémus et fils de Polymnestre, fonda Cyrène 631 avant J. C. Arcésrlas Ier. Battus II. Arccéilas II. Battus III. Arcésilas III. Battus IV. 174 Arcésilas IV, Il est célébré dans la quatrième Pythique et dans la cinquième pour la même victoire remportée à Delphes 466 avant J. C. De ces deux odes la cinquième. était destinée à être chantée pendant que le cortège se rendait de l'entrée de la ville de Cyrène au temple d'Apollon; l'autre, au contraire, devait être représentée dans l'intérieur du palais, pendant le festin. Elles furent envoyées ensemble à Arcèsilas. La quatrième-a été composée d'après les instances de Démophile de Cyrène, parent du prince qui l'avait exilé parce qu'il avait pris part à une sédition. Démophile s'était retiré à Thèbes : Pindare cherche à obtenir sa grâce. Sujet de l'ode. — 1—21. — Ο ma muse, va chez Arcèsilas pour chanter un hymne en l'honneur des fils de Latone et surtout de Delphes, où la Pythie prescrivit à Battus de s'éloigner de Théra, et d'aller fonder Cyrène en Libye, conformément à la prophétie de Médée. Prophétie de Médée. — 22 —99. «Guerriers, dit Médée, je vous annonce que, d'une terre battue par les flots, sortira un jour la fille d'Épaphus qui élèvera une grande cité en Libye. Cette prédiction, dont l'Ile de Théra verra l'accomplissement, a été faite à Euphémus sur les bords du lac Tritonide. C'est là que sous les traits d'un mortel, le dieu Eurypyle lui remit une glèbe, gage de l'hospitalité. Aujourd'hui j'apprends que par négligence on a laissé tomber cette glèbe dans les flots près de l'île de Théra. Si Euphémus l'eût emportée près du cap Ténare, ses descendants, à la quatrième génération, auraient envahi la Libye avec les peuples d'Argos et de Lacédémone. Mais maintenant ce sont des femmes étrangères qui donneront à Euphémus la race d'élite d'où naîtra le dominateur de la Libye.» Rapports qui existent entre la prophétie de Médée et 175 Arcèsilas vainqueur à la course des chars.—100—123,— Ainsi parla Médée. C'est toi, Battus, qui as eu le bonheur de vérifier le sens de cette prophétie. Tu consultais Apollon sur les moyens de remédier à une infirmité qui t'empêchait d'articuler nettement, et le Dieu te donna l'ordre de conduire une colonie en Afrique. Aujourd'hui la race de Battus est encore dans toute sa vigueur. Arcèsilas, son huitième descendant, vient de remporter le prix à la course des chars. Je veux le célébrer ainsi que la conquête de la toison d'or. La gloire des Minyens est inséparable de celle des Argonautes. Causes de l'expédition des Argonautes. — 124 — 333. — Quelle fut la cause de cette entreprise ? Les dieux avaient décidé que les Éolides feraient mourir Pélias. Celui-ci instruit de l'oracle devait se tenir en garde contre tout homme qui descendrait des montagnes à Iolcos et se présenterait chaussé d'un seul pied. Enfin ce mortel parut, et s'arrêta sur la place publique d'Iolcos. Tous les citoyens l'admirent sans le connaître : Pélias survient, lui demande quelle est sa patrie, quels sont ses parents. L'étranger lui répond : «Je suis l'élève de Chiron, ses filles m'ont nourri : j'ai vingt ans, et jamais elles n'ont eu à se plaindre de moi. Je reviens dans ma patrie pour réclamer contre un usurpateur le trône de mes pères. Pélias est cet usurpateur: à peine étais-je né que mes parents, pour me soustraire à son audace, me firent transporter chez le centaure Chiron. Citoyens, conduisez-moi chez mon père: je suis fils d'Éson, je m'appelle Jason.» A ces mots, il entre chez son père. Deux de ses oncles, Phérès et Amythaon, viennent bientôt le voir ; puis Admète et Mélampe ses cousins. Pendant cinq jours il se livre avec eux aux plaisirs des festins. Le sixième, il leur expose ses projets. Tous l'approuvent, et ensemble ils envahissent le palais de Pélias qui ne tarde pas à accourir. 176 Jason lui dit: «La même mère a nourri Créthéus et Salmonée: nous « sommes parents : mais ce n'est point avec le fer que nous « devons vicler nos querelles. Je vous abandonne volontiers «les richesses que vous avez enlevées à ma famille; mais «rendez-moi le trône de Créthéus.» Ainsi parla Jason. Pélias lui répondit : «Vous serez content; mais je suis vieux et vous êtes jeune: c'est à vous d'apaiser les dieux infernaux. Phrixus ordonne que l'on aille recueillir ses mânes en Colchide, et enlever l'épaisse toison du bélier qui l'a sauvé. Un songe est venu m'instruire: j'ai consulté l'oracle; il me commande d'équiper un vaisseau pour cette expédition. Partez, je vous rendrai le trône.» Le pacte est consenti. Jason annonce partout l'expédition. On voit accourir près de lui Hercule, Castor et Pollux, Euphémus, Périclymène, Orphée, Echion et Eurytus, Zélés et Calais. Junon allume dans l'âme de tous ces guerriers l'amour de la gloire. Expédition des Argonautes. — 334 — 466. — Lorsqu'ils sont réunis à lolcos, Jason les passe en revue. Le devin Mopsus fait connaître les auspices favorables que donnent les dieux, et la troupe s'embarque. Du haut de la poupe, le fils d'Éson, une coupe d'or à la main, invoque Jupiter; la voix du tonnerre annonce que le héros est entendu. Bientôt les rames sont en mouvement: on vogue; les Argonautes arrivent à l'entrée de l'Euxin, et offrent un sacrifice à Neptune. Le secours de ce dieu les arrache ensuite à la fureur des Symplégades. Délivrés de ce danger, ils continuent leur route, et entrent dans le Phase; alors Vénus descend de l'Olympe pour enseigner à Jason l'art de se faire aimer de Médée. Celle-ci, à son tour, fait connaître au héros grec les moyens de triompher des épreuves que son père lui imposera. Cependant, en présence des Argonautes, le roi de Col- 177 chos a amené sa charrue de diamant et ses bœufs aux ongles d'airain. Il trace quelques sillons, puis promet de donner la toison d'or au chef du navire Argo, s'il peut achever l'œuvre commencée. Jason n'hésite point. Il saisit la charrue, attelle les taureaux, et sillonne l'étendue de terrain prescrite. Pélée est interdit; mais il ne peut plus se refuser à indiquer l'endroit où la toison d'or est exposée sous la garde d'un dragon. Seulement il espère que Jason succombera dans cette deuxième épreuve. «Ici, dit Pindare, le temps me presse: il faut que je sois bref. » Jason tua le dragon et enleva Médée. Les Argonautes abordèrent à Lemnos, y célébrèrent des jeux, et partagèrent le lit des Lemniennes. De cette union descend la race d'Euphémus, laquelle vécut d'abord à Lacédémone, puis passa dans l'île de Théra (Calliste). C'est de Théra que partirent les aïeux d'Arcésilas, sous la conduite de Battus, pour aller fonder Cyrène. Pindare intercède près d'Arcésilas pour en obtenir le rappel de Démophile exilé. — 467—533. — Maintenant, ô Arcésilas, ayez la pénétration d'Œdipe. Le chêne est toujours chêne (cette image figure le peuple qui est toujours utile et mérite toujours des ménagements, quel que soit son état); lorsqu'on a abattu ses plus belles branches, lorsque le feu du ciel l'embrase, lorsqu'il sert de poutre dans un palais. C'est à vous, Arcésilas, de guérir les plaies du peuple. Réfléchissez aussi sur cette maxime d'Homère : «Un bon «messager honore la cause dont il est chargé. » Un noble message honore aussi le poète. Je vous demande donc la grâce de Démophile exilé : il est digne de cette faveur par ses vertus. Qu'il serait heureux de revoir sa patrie ! 178 Toute cette longue ode se rapporte à cette idée unique: les princes doivent user de clémence pour apaiser les discordes civiles. «Vous êtes roi par droit de naissance, Arcésilas, vous êtes riche, vous venez de vaincre à Delphes : hé bien, à ces titres glorieux ajoutez-en un autre· soyez modéré, doux, humain, comme le fut Jason, en revendiquant le trône de ses pères. A cette condition seule vous jouirez aussi de la faveur constante des dieux.» Ainsi tout se lie; l'expédition des Argonautes n'est nullement un hors-d'œuvre. A cette expédition se rattache l'origine des Euphémides dont Arcésilas descend; les Euphémides doivent les commencements de leur brillante fortune à l'expédition si heureusement, si courageusement entreprise et terminée par Jason. . Pindare était âgé de cinquante-quatre ans environ. |
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Σάμερον μὲν χρή
σε παρ᾽ ἀνδρὶ φίλῳ |
Str. 1. — C'est aujourd'hui que tu dois te présenter chez un mortel que j'aime, chez le roi de Cyrène aux prompts coursiers, afin que, dans les fêtes d'Arcésilas, ô Muse, tu souffles le doux vent (74) des hymnes que j'ai promis aux Latoïdes (75) et à Pytho; là, jadis, la prêtresse (76), assise près des aigles (77) d'or de Jupiter (Apollon (78) n'était point absent), prédit que Battus (79), souverain de la féconde Libye, après avoir quitté son île sacrée (80), fonderait sur un mamelon blanc une cité (81) aux beaux chars, Ant. 1. — Et accomplirait ainsi, sous la dix-septième génération (82), l'oracle de Médée dans Théra (83), oracle qu'ex- 179 hala de sa bouche immortelle la fille intrépide d'Éétès, la reine de Colchos. Or, voici ce qu'elle dit aux demi-dieux, nautonniers du belliqueux Jason : «Ecoutez-moi, fils des «plus vaillants mortels et des dieux; je dis que, hors de «cette terre (84), battue par les flots, un jour la fille (85) d'Epaphus (86) plantera une tige (87) de villes chères aux mortels, dans les domaines de Jupiter Ammon.» Ep. 1. — « Ils remplaceront les dauphins aux courtes ailes par d'agiles coursiers, et, au lieu de rames, manieront des rênes et des chars prompts comme la tempête; cette prédiction fera de Théra la métropole de cités puissantes : jadis, à l'embouchure du lac Tritonide (88), un dieu (89), sous une forme humaine, l'annonça en présentant une glèbe, gage d'hospitalité à Euphémus, descendu de la proue. Et d'en haut, l'auguste Cronos (90), fils de Jupiter, approuva d'un coup de foudre. Str. 2. — « II (91) nous était apparu quand nous suspendions au navire l'ancre à la dent d'airain, frein du rapide Argo. Pendant douze jours, nous avions traîné sur le dos d'une terre déserte la poutre marine (92) qui, par mes conseils, avait été tirée de la mer. Tout à coup, seul, un dieu s'avance sous les traits d'un mortel vénérable, et d'abord il nous adresse des paroles amies comme ces hôtes généreux qui convient aussitôt à leur table les étrangers qui surviennent. Ant. 2. — «Mais le désir d'un doux retour ne nous per- 180 mettait pas de nous arrêter. Alors il se dit Eurypyle, fils de l'immortel Géochus Ennoside (93). Mais il nous voit pressés, et soudain saisissant une glèbe, il s'empresse de «tendre vers nous de la main droite ce gage improvisé d'hospitalité. Le héros (94) n'hésite point, il s'élance au «rivage, tend la main vers sa main, et reçoit la glèbe (95) mystérieuse. Et j'apprends que, du vaisseau, elle est allée «s'engloutir dans les flots amers, Ép. 2. — «Emportée un soir par l'onde humide. Certes j'en avais (96) souvent recommandé la garde aux serviteurs qui allègent nos travaux; mais leur zèle s'est oublié. Ainsi, dans cette île même de Théra, s'est dispersée, avant le temps, l'immortelle semence de la vaste Libye. Que si, rendu à sa famille dans la sainte Ténare, Euphémus eût jeté cette glèbe près du soupirail des enfers, le fils de Neptune Hippius (97), le roi que la fille de Titye, Europe, mit au monde sur les rives du Céphise, Str. 3. — «Aurait vu son sang, à la quatrième génération, s'emparer, avec les Danaens (98), de cet immense continent (99). Car, à cette époque (100), ils sortent de la grande Lacédémone, du golfe d'Argos et de Mycènes. Maintenant la couche de femmes étrangères (101) lui donnera la race des mortels choisis, qui, venus dans cette île (102) avec la faveur des dieux, engendreront le héros (103) dominateur des contrées aux sombres nuages. A celui-ci, dans son temple éclatant d'or, Apollon redira les oracles 181 Ant. 3. — «Près du sanctuaire de la Pythie. Enfin les temps s'accomplissent, et sur ses vaisseaux il a (104) transporté une colonie au sol fertile de Nilus Cronide.» Tels furent les vers que prononça Médée (105). Immobiles, dans l'étonnement et le silence, les héros divins écoutèrent ces paroles profondes (106). Heureux fils de Polymneste (107) ! c'est toi que, d'accord avec ce discours, l'oracle exalta soudain par la voix de l'abeille (108) de Delphes; elle ordonna de te saluer trois fois, et te proclama le roi de Cyrène marqué par les destins, Ép. 3. — Au moment où tu demandais aux dieux le moyen de délier ta langue (109) captive. Et maintenant encore, après tant d'années, vigoureux comme le printemps aux fleurs purpurines, Arcésilas est le huitième rejeton de cette race. C'est à lui qu'Apollon et Pytho viennent de donner la gloire aux courses équestres de la contrée (110). Pour moi, je le placerai sous la garde des Muses avec le bélier à la toison d'or. Car, de celte toison cherchée par les Minyens (111) à travers les flots, naquirent les honneurs que leur départirent les dieux. Str. 4. — Quelle fut donc l'origine de cette expédition? quel péril les enchaîna de ses durs liens (112) d'acier? Il était arrêté que Pélias (113) mourrait par les mains ou par les embûches inévitables des nobles Eolides (114). Mais, à son âme prudente, était parvenu l'effrayant oracle, prononcé au centre (115) de la terre, mère de riche forêts. Il devait sans cesse être sur ses gardes contre tout homme chaussé d'un 182 seul pied, qui, des retraites de la montagne, descendrait dans les brillantes plaines de l'illustre lolcos, Ant. 4. — Soit qu'il fût étranger ou citoyen. Enfin il paraît, armé de deux javelots, ce terrible mortel. Un double vêtement le couvre ; l'un, propre aux Magnésiens (116), dessine ses membres admirables; l'autre, dépouille d'un léopard, le défend de tous côtés contre les froides pluies : jamais les boucles de sa belle chevelure n'ont été coupées ; mais elles ondoient sur ses larges épaules. Et bientôt, marchant tête haute, il s'est arrêté, l'air intrépide, au milieu d'un peuple nombreux. Ép. 4. — On ne le connaît point; cependant, parmi ceux qui le contemplent, on en vient à dire : «Ce n'est point Apollon, ce n'est point le dieu au char d'airain, l'époux (117) d'Aphrodite. Dans la féconde Naxos ont péri, dit-on, les «enfants d'Iphimidée (118), Otus et toi, Éphialte, guerrier «audacieux. Titye (119) aussi est tombé sous une flèche sortie «de l'invincible carquois de Diane, afin que chacun n'aspire qu'à de légitimes amours.» Str. 5. — C'est ainsi que l'on s'entretenait. Or, sur un char brillant, traîné par d'agiles mules, Pélias arriva en toute hâte. Et soudain il s'étonne à l'aspect du cothurne trop connu dont le pied droit seul est chaussé. Mais , cachant sa frayeur dans son âme, il prend la parole : «Quelle terre, ô étranger, reconnais-tu pour patrie? Quel sein blanc de femme terrestre t'a engendré ? Sans te souiller par d'odieux mensonges, dis-moi ton origine.» Ant. 5. — D'un ton ferme et calme, il lui répondit: «J'apporte l'enseignement de Chiron (120). Car j'arrive de son 183 antre, où m'ont nourri Chariclès et Philyre, chastes filles du centaure. Parvenu à l'âge de vingt ans accomplis, sans qu'avec elles une seule de mes actions ou de «mes paroles ait été équivoque, je reviens dans ma patrie (121) pour revendiquer l'antique royaume de mon père, gouverné contre le droit, et donné jadis par Jupiter au roi Éole et à ses descendants. Ép. 5. — «Car je sais que l'injuste Pélias, entraîné par un esprit aveugle, a violemment dépouillé mes parents, qui régnaient au nom des lois. Je voyais à peine la lumière, que ceux-ci, redoutant l'iniquité d'un maître audacieux, simulèrent mes funérailles dans leur palais en deuil, au milieu des cris de femmes éplorées, tandis que «sous des langes de pourpre ils me faisaient fuir secrètement, protégé dans ma route par la nuit, et confiaient mon enfance au Cronide Chiron. Str. 6. — «Maintenant vous connaissez tout ce que j'avais à dire. La demeure de mes aïeux aux blancs coursiers, généreux citoyens, indiquez-la moi sans détour. Car, fils d'Éson, je suis né dans ces lieux, je ne suis point venu dans une terre étrangère. Le divin Centaure m'appelait du nom de Jason.» Ainsi dit-il. A peine est-il entré, que les yeux d'un père le reconnaissent. Des paupières du vieillard jaillissent des larmes ; car il était joyeux au fond du cœur à la vue de ce noble fils, le plus beau des mortels. Ant. 6. — Au bruit de son arrivée accourent bientôt deux frères d'Éson. Phérès ne vient pas de loin; il a quitté la fontaine Hypéréide (122); Amythaon vient de Messène; leurs fils Admète et Mélampe s'empressent avec joie de saluer un parent (123). Au milieu des banquets, Jason les 184 captive par des paroles de miel, leur fait dignement les présents de l'hospitalité, ne songe qu'à exciter leur allégresse, et pendant cinq jours et cinq nuits leur prodigue la divine fleur du plaisir ; Ép. 6. — Mais, au sixième, le héros, dans un grave discours où il expose tout dès l'origine, s'ouvre à ses proches. Ils l'approuvent. Aussitôt il sort de sa demeure avec eux; et ils marchent au palais de Pélias, et, se précipitant dans l'intérieur, ils s'y établissent. Instruit de l'événement, le fils (124) de Tyro, à l'élégante chevelure, vient lui-même à leur rencontre. Alors, d'une voix affable, Jason épanchant de douces paroles, jette ainsi la base d'un sage entretien : «Fils de Neptune Pétréen (125), Str. 7. — «L'esprit des mortels n'est que trop prompt à préférer au bon droit un gain frauduleux, quoiqu'ils marchent ainsi vers une fin cruelle. Mais vous et moi, assurons-nous, en réglant nos désirs sur la justice, des jours tissus de joie. Vous le savez, la même mère (126) a nourri Créthéus et l'audacieux Salmonée. Descendus de ces princes à la troisième génération (127), nous contemplons les rayons dorés du soleil ; mais les Parques, dès que les parents se haïssent, courent se cacher de honte (128). Ant. 7. — «Non, il ne convient pas que l'airain des glaives ou des javelots règle le partage des grandeurs de nos pères. Pour moi, je vous abandonne volontiers et les brebis, et les blonds troupeaux de bœufs et les vastes pâturages que vous avez enlevés à mes parents pour grossir vos richesses. Je ne regrette point que ces biens agrandissent votre maison; mais ce sceptre de roi, ce trône 185 où jadis assis le fils de Créthéus (129) dictait des lois à un peuple de cavaliers, Ép. 7. — «Rendez-le moi, sans que nous ayons à gémir tous deux; craignez de susciter quelque nouveau malheur.» Telles furent ses paroles. Pélias, à son tour, lui répond aussi avec sang-froid : «Ainsi ferai-je. Mais déjà la vieillesse m'accable, tandis que vous êtes dans la fleur d'une bouillante jeunesse. C'est à vous d'apaiser les dieux infernaux. Car Phrixus (130) ordonne que l'on aille recueillir son âme dans le palais d'Eétès (131), et enlever l'épaisse toison du bélier sur lequel jadis il échappa aux flots Str. 8. — «Et aux traits impies d'une marâtre (132). Un songe merveilleux est venu m'avertir. J'ai consulté l'oracle de Castalie (133) pour m'éclairer. Et il me commande d'équiper au plus tôt un navire pour ce voyage. Subissez donc cette épreuve de bon gré; et, je le jure, je vous rendrai le trône et l'empire! Pour garantie de nos inviolables serments, prenons tous deux à témoin Jupiter Généthliu (134).» Le pacte consenti, on se sépare. Jason, impatient, Ant. 8. — Dépêche partout des hérauts pour annoncer la prochaine expédition. Bientôt accourent trois guerriers (135) indomptés, fils de Jupiter Cronide, d'AIcmène aux yeux étincelants et de Léda ; deux héros chevelus, enfants d'Ennoside (136) et redoutés par leur bravoure, ont quitté Pylos et la crête du Ténare; tous deux parviendront au faite de la gloire: c'est Euphémus, c'est toi, courageux Pé- 186 riclymène. A. eux se joint un fils d'Apollon, le père de la lyre et du chant, le fameux Orphée. Ép. 8. — Mercure aussi, au caducée d'or, jette dans les périls de cette entreprise ses deux fils Echion et Eurytus, bouillants de jeunesse. D'autres qui habitent le pied du Pangée sont arrivés à la hâte. Le cœur tout ravi, Borée, leur père, le roi des vents, a pressé en souriant le départ de Zétès et de Calaiï, guerriers qui dressent sur leur dos deux ailes de pourpre. C'est Junon qui alluma dans l'âme de ces demi-dieux la douce , l'irrésistible envie de monter Str. 9. — Sur le navire Argo, afin qu'aucun d'eux ne consumât lâchement sa vie en restant près d'une mère; mais qu'ils pussent tous, même au risque de la mort, conquérir avec les héros de leur âge la plus belle récompense de leur vertu. Dès que la fleur des nautonniers est descendue à Iolcos , Jason les compte et les loue. Déjà le devin Mopsus, qui lui dit l'avenir d'après les augures et les sacrés oracles, a fait embarquer la troupe entière sous de bons auspices. Lorsque les ancres sont suspendues à l'éperon, Ant. 9. — Une coupe d'or entre les mains, le chef, sur la poupe, invoque le père des immortels, Jupiter tonnant, les tourbillons impétueux des flots et des vents, et les ténèbres et les routes de la mer, et les jours propices et la chance d'un heureux retour. Or, du sein des nues, la voix favorable du tonnerre lui répondit, et les éclairs jaillirent en feux étincelants. Les héros respirèrent, pleins de foi dans les signes de Dieu. Puis le devin les exhorte Ep. 9. — A se courber sur les rames, et les flatte des plus douces espérances. Leurs mains actives exécutent la manœuvre infatigable. Ils arrivent, poussés par les brises du 187 midi, à l'embouchure de l'Euxin. Là, ils élèvent une enceinte sacrée à Neptune (137), dieu des flots. Car ils avaient rencontré un troupeau fauve de buffles de Thrace, et les fondements (138) récents d'un autel en pierre. Cependant, jetés dans un affreux danger, ils conjurent le maître des navires Str. 10. — De les soustraire au choc violent de rochers (139) qui s'entre-heurtent. C'étaient deux écueils vivants qui roulaient avec plus d'impétuosité que les bataillons des vents retentissants. Mais bientôt leur mort signala le passage des demi-dieux. Ils entrèrent ensuite dans le Phase, et combattirent les noirs Colchidiens dans les États même d'Éétès. Alors la déesse aux flèches acérées, Cyprine, ayant attaché une bergerette aux mille couleurs sur les quatre rayons d'une roue inébranlable, apporta de l'Olympe Ant. 10. — Aux mortels cet oiseau du délire (140), et apprit au sage Esonide (141) des prières et des enchantements, afin que Médée perdit tout respect pour sa famille, et que l'amour de la Grèce agitât ce cœur en feu sous le fouet de Pitho (142). Et vite elle l'instruit à subir les épreuves paternelles. Avec de l'huile, elle compose un baume qui doit guérir les plus âpres douleurs, et le lui donne. Tous deux conviennent de s'unir par les doux liens du mariage. 188 Ep. 10. — Cependant Eétès, aux yeux de tous, arrête sa charrue d'acier, ses bœufs qui soufflent de leurs rouges naseaux des torrents de flamme, et déchirent tour à tour le sol de leurs ongles d'airain. Il les conduit seul, les soumet au joug, puis il les pousse en traçant des sillons en ligne droite, et fend le dos de la terre soulevée par glèbes à la profondeur d'une brasse. Alors il s'écrie : «Qu'il achève ma tâche, le roi, le chef, quel qu'il soit, de ce navire! et il emportera Str. 11. — La dépouille immortelle, la brillante toison «aux franges d'or.» A ces mots, Jason jette de côté son manteau de safran (143) et se met à l'œuvre, plein de foi en Dieu. Mais la flamme ne le trouble point; l'étrangère (144) aux mille talismans l'a instruit. Il tire la charrue, il assujettit avec des lanières invincibles le cou des taureaux, enfonce l'aiguillon douloureux dans leurs énormes flancs, et parcourt l'espace prescrit en robuste héros. Secrètement affligé, Eétès ne peut retenir un cri d'admiration. Ant. 11. — Et les compagnons du vigoureux guerrier tendent vers lui des mains amies, le couronnent de verdure et l'accueillent avec de douces paroles. Et bientôt le superbe fils (145) du soleil indique l'endroit où le glaive de Phryxus a déployé la brillante toison. Il espérait que le héros ne pourrait accomplir ce labeur. En effet, elle était suspendue dans une forêt, et serrée par les mâchoires dévorantes d'un dragon plus large et plus long qu'une galère à cinquante rames, façonnée sous les coups du fer. Ép. 11. — Mon retour serait lent par la route des chars; car le temps me presse. Je connais un sentier qui abrège. Sur beaucoup d'autres je l'emporte (146) en habileté. Il tua 189 par son adresse , ô Arcésilas, le dragon aux yeux verts, au dos tacheté, et enleva Médée, sa complice, la meurtrière (147) de Pélias. Ils pénétrèrent dans les eaux de l'océan, dans la mer Erythrée (148), chez les femmes de Lemnos, homicides de leurs époux, où ils ouvrirent une lutte solennelle d'athlètes pour un vêtement (149), Str. 12. — Et se marièrent. Ainsi, dans des champs étrangers, le destin marqua le jour ou les nuits qui reçurent le premier rayon de votre bonheur. C'est là que parut la race d'Euphémus à jamais immortelle. Plus tard, après avoir partagé la vie des hommes Lacédémoniens, elle émigra dans l'île appelée autrefois Calliste (150). C'est de là que Latoïde (151) vous envoya dans la terre de Libye pour l'agrandir par la faveur des dieux, et gouverner la cité divine de Cyrène au trône d'or avec les conseils d'une sagesse éclairée. Maintenant, ayez la pénétration d'Œdipe. Ant. 12. — Si le tranchant d'une cognée enlève ses branches au grand chêne et flétrit son admirable beauté, quoique stérile, il rend encore témoignage de lui-même, lorsque le feu de la tempête vient le frapper, ou que, pressé par de superbes colonnes dans le palais d'un maître étranger, il soutient péniblement son fardeau, loin de la terre natale (152). 190 Ép. 12. — Or, vous êtes le médecin que les temps demandent, et Péan honore vos jours; ne touchez que d'une main légère à la plaie encore ouverte. Bouleverser une cité est chose facile, même aux faibles. Mais la rasseoir sur ses bases est une œuvre ardue, à moins que tout à coup un dieu ne vienne éclairer les princes. A vous ce rôle tissu de gloire. Osez consacrer tous vos soins au bonheur de Cyrène. Str. 13. — Réfléchissez aussi sur cette maxime d'Homère (153): «Un bon messager apporte toujours à une cause un grand relief.» Une muse aussi s'honore par un noble message. Cyrène et l'illustre maison de Battus ont reconnu dans Démophile (154) une âme pleine d'équité. Car, jeune avec les jeunes gens, on le prend, dans les conseils, pour un vieillard qui a vécu cent années. Il impose silence aux cris de la calomnie; il sait haïr les méchants, Ant. 13. —Ne combat jamais l'homme de bien et ne couve aucun projet (155). En effet, parmi les hommes, l'occasion échappe vite; il la connaît et la suit en homme libre, non en esclave. Cependant il est bien douloureux, dit-on, de connaître le séjour du bonheur et d'en être exilé par la force. Oui, Démophile, loin de sa patrie, loin de ses biens, est un Atlas qui se débat sous le poids des cieux (156). Mais quoi? l'immortel Jupiter a pardonné aux Titans, et quand le vent tombe il est à propos de changer la voile (157). Ep. 13. — Il souhaite, après avoir subi une mortelle infortune, de revoir enfin ses foyers, de prendre part encore avec tout l'abandon de la jeunesse, aux banquets célébrés près de la fontaine d'Apollon (158), et, sa docte lyre 191 à la main, au milieu de citoyens paisibles, de goûter le repos, sans nuire à personne, sans être lui-même en butte à aucune attaque. Alors, ô Arcésilas, il vous dirait quelle source de vers immortels s'ouvrit pour lui dans Thèbes, qui lui a donné l'hospitalité (159). |
PYTHIQUE V. POUR ARCÉSILAS DE CYRENE , VAINQUEUR A LA COURSE DES CHARS. ΑΡΚΕΣΙΛΑΙ ΚΥΡΗΝΑΙΩΙ ΑΡΜΑΤΙ Argument. — Voyez l'argument de la quatrième pythique. Carrhotus, au nom d'Arcésilas, conduisait les chevaux qui avaient remporté la victoire; il était frère de la reine. Idées principales. — Puissance de la fortune unie à la vertu. Arcésilas, dès sa jeunesse, jouit de cet avantage. — Vainqueur, aujourd'hui, élevé en dignité, riche et sage, il n'oubliera point qu'il doit tout aux dieux et à Carrhotus. — Louanges adressées à Carrhotus. — Nous n'obtenons rien sans peine. La famille des Battiades continue d'être heureuse. — Battus, conduit par Apollon, fonde Cyrène; ce dieu avait mené les Doriens dans le Péloponnèse; sous ses auspices, les Égides partirent de là pour Théra, et plus tard transportèrent à Cyrène les fêtes carnéennes. Battus s'établit dans un lien que les Troyens Anténorides avaient occupé ; il honore le souvenir de ces héros, agrandit les temples des dieux, fait paver la rue d'Apollon destinée aux pompes solennelles. Il vit heureux; après sa mort on le révère comme un héros. — Sépulcres des autres rois; tous, aux enfers, prennent part au triomphe d'Arcésilas. — Éloge d'Arcésilas ; vœux en sa faveur. 192 Dans cette ode, toutes les pensées semblent se rapporter à la première : que la vertu accompagne les biens de la fortune! On accusait le vainqueur de n'être pas trop pieux, d'oublier les services rendus, de se montrer trop sévère ; le poète ne lui épargne pas les avis indirects en lui conseillant d'honorer Carrhotus, Battus et Apollon. Ces avis étaient d'autant moins déplacés qu'une sédition récente avait failli renverser du trône Arcésilas. Date de la victoire: 466 avant J. C. Lieu de la scène : Cyrène, au retour du vainqueur ; le cortège se dirige par la rue d'Apollon vers le temple du dieu. Le char était resté à Delphes, où il lui avait été consacré. Pindare était âgé de cinquante-quatre ans environ. |
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Ὁ πλοῦτος
εὐρυσθενής, |
Str. 1. — Toute puissante est la richesse lorsque, alliée à une entière vertu, l'homme mortel qui l'a reçue du destin produit au grand jour cette compagne chérie. Favori des dieux, ô Arcésilas, telle fut, dès le début d'une noble vie, ta glorieuse ambition, grâce à Castor (160) au char brillant, qui, après une vie orageuse, fait luire des jours sereins sur. ton heureux foyer. Ant. 1. — Les sages, en effet, rehaussent la puissance même qui vient des dieux. Pour toi, qui marches dans la justice, un bonheur immense t'environne. Car, étant roi de grandes cités, ta vertu personnelle trouve dans cette dignité un éclat qui sied à ton âme; et maintenant tu es heureux encore, après la victoire de tes coursiers dans l'illustre Pythiade, de recevoir ce cœur d'hommes, 193 Ép. 1. — Délices d'Apollon. N'oublie donc pas au moment où tu es chanté dans Cyrène, près du charmant jardin d'Aphrodite, de tout rapporter à ce dieu. Chéris surtout Carrhotus (161) parmi tes compagnons, lui qui n'a pas songé à se faire suivre de l'Excuse, fille de l'imprudent (162) Epiméthée, en rentrant dans le palais des Battides (163), amis de la justice; mais qui, reçu aux eaux de Castalie (164), a ceint tes cheveux de la couronne Str. 2. — Des chars vainqueurs, après avoir, sans rompre les rênes, parcouru douze fois l'enceinte sacrée. Car rien du solide équipage n'a été brisé. Mais, tout entier, l'attirail est suspendu , ce chef-d'œuvre d'ouvriers adroits avec lequel il a traversé la colline (165) de Crisa, pour arriver dans la vallée du dieu ; suspendu à un dôme de cyprès à côté de cette statue que les Crétois archers ont placée dans le trésor (166) du Parnasse, statue naturelle formée d'un seul tronc d'arbre. Ant. 2. — Reçois donc ton bienfaiteur (167) avec une âme empressée. Pour toi, fils d'Alcibiade ()168, les Grâces à la belle chevelure te célèbrent. Heureux après de grands efforts, lu as de plus dans ces vers un magnifique monument. Car, au milieu de quarante conducteurs tombés de leurs chars, tu as sauvé le tien tout entier avec un courage intrépide ; et déjà tu es revenu des luttes glorieuses dans les champs de la Libye, dans la ville de tes ancêtres. Ép. 2. — Personne n'est et ne sera exempt de peines. 194 II se maintient pourtant malgré des retours, l'antique bonheur de Battus, rempart de la ville, phare brillant pour les étrangers. Loin de Battus, les lions même rugissants fuirent épouvantés, lorsqu'il leur apporta les paroles d'au (169) delà des mers. Chef de la colonie, Apollon livra ces monstres au plus vif effroi, afin que ses oracles pour le roi (170) de Cyrène ne fussent point sans effet. Str. 3. — Apollon dispense aux hommes et aux femmes les remèdes des cruelles maladies ; il prête la lyre, il donne la muse à qui lui plaît, versant dans les cœurs une modération ennemie de la guerre : c'est lui qui règne dans l'antre prophétique, d'où il a (171) envoyé à Lacédémone, à Argos et dans la divine Pylos les robustes fils d'Hercule et d'Égimius (172). De Sparte, dit-on, me vient une gloire que j'aime. Ant. 3. — Elle a vu naître les Égides (173), mes ancêtres , qui passèrent de là dans Théra, non sans l'aide des dieux; n'est-ce pas un de leurs arrêts qui y a transporté (174) le banquet aux nombreuses victimes? Ainsi nous l'avons reçu, Apollon Carnéen (175), et dans tes fêtes, nous célébrons Cyrène aux beaux édifices ; de belliqueux étrangers l'habitent, des Troyens, fils d'Anténor. Car ils y arrivèrent avec Hélène, après avoir vu leur patrie incendiée Ép. 3. — Dans la guerre. Et cette nation de cavaliers est honorée (176) de sacrifices, de visites et d'offrandes par les hommes auxquels Aristotèle (177), sur de rapides navires, 195 a ouvert la route des mers profondes. Il agrandit les bois sacrés des dieux, construisit en ligne droite, pour les utiles pompes d'Apollon, une route nivelée, battue par les chevaux, pavée, où lui-même, à l'extrémité de la lice, repose à part depuis sa mort. Str. 4. — Il vivait heureux parmi les hommes : depuis, il est pour le peuple un héros vénéré. Ou honora séparément, devant leurs palais, les autres rois qui subirent le trépas. Leur vertu sublime s'abreuve de la douce rosée des libations poétiques, et, dans les enfers, leur âme apprend le bonheur, la gloire qu'ils partagent avec un fils, et que mérite Arcésilas. Pour lui, dans ce chœur des jeunes hommes, il doit chanter Apollon à la lyre d'or, Ant. 4. —Puisque c'est de Pytho que lui vient un doux hymne de victoire, prix de ses efforts. Les sages louent ce mortel ; je répète ce que l'on dit : il nourrit des pensées au-dessus de son âge. Par son éloquence et par sa valeur, c'est un aigle qui déploie ses ailes au milieu des oiseaux ; sa force est un rempart dans les combats : parmi les Muses il a pris l'essor dès les premières caresses d'une mère. Et il brille par son adresse à guider un char. Ép. 4. — Et toutes les routes des gloires nationales, il les a tentées. Aujourd'hui même encore un dieu protecteur accomplit ses vœux: puissiez-vous de même dans l'avenir , ô bienheureux Cronide, seconder et ses actions et ses projets! Que le souffle glacé du vent fatal aux fruits ne flétrisse pas sa vie. La volonté suprême de Jupiter règle le sort des mortels qu'il chérit. Je le prie d'accorder aussi à la race de Battus une victoire olympique. |
196 PYTHIQUE VI. A XÉNOCRATE D'agrigente , VAINQUEUR A LA COURSE DES CHARS. ΞΕΝΟΚΡΑΤΕΙ ΑΚΡΑΓΑΝΤΙΝΩΙ ΑΡΜΑΤΙ Argument. — Xénocrate d'Agrigente était frère deThéron, alors roi de cette ville. Thrasybule guidait le char, et vainquit au nom de son père; il était chéri de Pindare. Celui-ci se hâta de composer cet hymne et de le lui envoyer. Le poète accourt à Delphes pour y célébrer l'immortelle victoire de Xénocrate. — En remportant la victoire au nom de son père, Thrasybule a suivi les sentiments de piété filiale que Chiron jadis enseignait à Achille. — Exemple de piété filiale, Antiloque meurt pour sauver la vie à son père Nestor. — Eloge de Thrasybule. |
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Ἀκούσατ᾽· ἦ γὰρ
ἑλικώπιδος Ἀφροδίτας |
Str. 1. — Écoutez! car nous sillonnons (178) le champ d'Aphrodite (179) aux vives prunelles, le champ des Grâces (180), en marchant vers le centre (181) frémissant (182) du monde, vers ce temple où, pour les heureux Emménides (183), pour Agrigente et son fleuve, et pour Xénocrate même, s'ouvre le monument (184) des hymnes pythiques, élevé dans la riche forêt d'Apollon ; 197 Ant. 1. — Monument que ni les pluies impétueuses de l'hiver, ni les affreux bataillons de nuées tonnantes, ni les vents n'entraîneront par leur choc dans le gouffre des mers au milieu de mille débris. Que dis-je? son radieux fronton, ô Thrasybule, rappellera parmi les discours des hommes cette victoire glorieuse et pour ton père et pour toute votre famille, remportée à la course des chars dans les vallons de Crisa. Str. 2. — Oui, tu fais marcher à ta droite le sage précepte recommandé autrefois, dit-on, sur les montagnes, par le fils de Philyre, au généreux Pélide (185), séparé de sa famille: « Vénère, par-dessus tous les autres dieux, Cronide, roi tonnant des éclairs et des foudres; mais ne prive point d'un pareil honneur la vie que le destin assigne à tes parents.» Ant. 2. — Tels sont les sentiments que fit éclater jadis le brave Antiloque (186), mort pour son père, en affrontant le chef de l'armée des Ethiopiens, l'homicide Memnon. Un cheval blessé par les traits de Paris avait arrêté le char de Nestor : Memnon brandissait une énorme javeline : éperdu, le vieillard messénien (187) appelle son fils: Str. 3. — Et le cri qu'il pousse n'est point perdu. Sans reculer, le divin guerrier rachète en expirant le salut d'un père, et montre, par cette action d'éclat, aux jeunes gens des générations antiques le modèle de la piété filiale. Ces temps sont loin de nous. Mais aujourd'hui même Thrasybule marche surtout d'après la règle paternelle, Ant. 3. — Et sur les traces d'un oncle (188) fait preuve de vertu : il gouverne sa fortune avec intelligence; ne moissonnant dans la fleur de l'âge ni injustice, ni orgueil ; mais 198 la sagesse dans les retraites des Piérides. Et toi aussi, agitateur du globe, il aime à t'honorer, ô Neptune, par sa passion pour les exercices équestres. Son cœur affable encore dans l'intimité des banquets, est plus doux qu'un rayon de miel. |
PYTHIQUE VII. A MÉGACLÈS ATHÉNIEN , VAINQUEUR AU QUADRIGE. ΜΕΓΑΚΛΕΙ ΑΘΗΝΑΙΩΙ ΤΕΘΡΙΠΠΩΙ Argument. — On ne sait pas avec certitude si Mégaclès était fils d'Hippocrate ou de Clisthène. Le Scholiaste croit que Clisthène fut son père. Clisthène chassa d'Athènes le tyran Hippias et rétablit la démocratie 510 avant J. C. Éloge d'Athènes, des Alcméonides, de Mégaclès, de sa famille; énumération de leurs victoires. Il ne faut pas chercher de plan dans une ode si courte; on trouve néanmoins dans celle-ci, comme dans toutes celles de Pindare, une idée morale qui fait un contraste utile avec les louanges décernées au vainqueur. Date de la victoire : 490 avant J. C., l'année même de la bataille de Marathon. Lieu de la scène : Delphes. Pindare était âgé de trente ans , selon Heyne. |
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Κάλλιστον αἱ
μεγαλοπόλιες Ἀθᾶναι |
Str. — La grande (189) cité d'Athènes est le plus beau prélude pour jeter le fondement d'un hymne aux puissants Alcméonides (190) et à leurs coursiers. Eh ! quelle patrie, 199 quelle maison plus illustre dans la Grèce pourrais-je nommer? Ant. — Toutes les villes répètent l'éloge de ces (191) fils d'Érecthée (192), ô Apollon, qui relevèrent (193) dans la divine Pytho ton admirable temple. Cinq victoires isthmiques m'inspirent : une des plus brillantes dans l'Olympie de Jupiter, deux autres à Cirrha (194); Ép. — Toutes sont à vous, ô Mégaclès, et à vos ancêtres. Votre dernier succès me ravit. Hélas! pourquoi l'envie est-elle le prix des belles actions? C'est un adage; la prospérité de l'homme, fût-elle solide et florissante, est encore agitée. |
PYTHIQUE VIII. POUR ARISTOMÈNE D'Égine , LUTTEUR. ΑΡΙΣΤΟΜΕΝΕΙ ΑΙΓΙΝΗΤΗΙ ΠΑΛΑΙΣΤΗΙ Argument. — Fils de Xénarque, Aristomène d'Égine était de la famille des Midylides. Date de la victoire: 458 avant J. C. Lieu de la scène : Egine ? Le cortège s'avance vers le temple de la déesse Hésychie. Date de la composition de l'ode : 458 avant J. C. Les Athéniens viennent de vaincre les Péloponnésiens au combat de Cécryphalée; ils ne tardèrent pas à attaquer Égine et à s'en emparer. Le mode est dorien. Pindare invoque d'abord Hésychie, pour qu'elle agrée les honneurs rendus à Aristomène ; puissance de. cette déesse, tantôt bienveillante, tantôt terrible; c'est elle qui a dompté les géants. — La violence des superbes finit par 200 être réprimée : ainsi Typhon et Porphyrion furent renversés par Jupiter et par Apollon, qui vient d'accueillir Aristomène vainqueur. — Éloge d'Egine. — Eloge d'Aristomène; il marche sur les traces de ces ancêtres; il mérite les éloges adressés par Amphiaraüs aux Epigones et à Alcméon. Lorsque le poète partit pour Delphes, Alcméon lui a donné d'heureuses prédictions. — Invocation à Apollon pour qu'il ne repousse pas ces vers. — Retour au héros, ses victoires, son bonheur. — Maximes sur l'instabilité des choses humaines. — Charmes de la gloire. — Invocation à Egine, déesse. Dans cette ode, Pindare célèbre à la fois son héros et la déesse Hésychie (tranquillité), qui aime la paix et les jeux, mais qui au besoin court aux armes. Les critiques croient que le poète fait allusion à la politique du temps. Athènes menaçait alors Égine, qui ne tarda pas à succomber. Les maximes qui terminent l'ode s'adressent moins à Aristomène qu'à sa patrie. C'est aujourd'hui qu'elle doit montrer de la piété, de la modération, de la prudence. |
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Φιλόφρον Ἡσυχία,
Δίκας |
Str. 1. — Douce tranquillité (195), toi qui agrandis les villes, ô fille de la justice, toi qui tiens les clefs suprêmes des conseils et des guerres, agrée cet éloge du Pythionique Aristomène. Car tu sais toujours à propos et donner la joie et toi-même l'éprouver. Ant. 1. — C'est toi, lorsqu'une haine amère s'est ancrée dans une âme, qui, t'opposant terrible à la violence des ennemis, plonges l'injure dans l'abîme. Porphyrion (196) n'a point compris qu'il te provoquait pour son malheur. 201 Le bien le plus précieux est celui que l'on emporte de la maison qui le donne (197). Ep. 1. — La force, avec le temps, renverse le superbe même. Typhon (198) de Cilicie, aux cent têtes, ne lui a point échappé, non plus que le roi des géants (199); mais ils furent domptés par la foudre et par les flèches d'Apollon, qui a reçu avec bonté le fils de Xénarque (200), revenu de Cirrha (201), couronné des feuilles du Parnasse et de chants doriens. Str. 2. — Non, elle n'est point reléguée loin des Grâces, l'ile (202) fameuse par une cité équitable, par les vertus éclatantes des Eacides; elle possède, dès l'origine, une gloire accomplie. Car beaucoup la chantent parce qu'elle a nourri des héros illustres dans les luttes victorieuses et dans les combats impétueux. Ant. 2. — Elle brille aussi par ses citoyens. Mais je ne puis confier un long discours à la lyre et au doux chant : j'exciterais un pénible dégoût. Ce qui me presse, c'est que ta victoire, jeune homme, c'est que le dernier de tes exploits vole publié sur les ailes de mon art. Ép. 2. — Car, à la lutte, sur les traces de tes oncles maternels, tu ne déshonores ni Théognète dans Olympie, ni la victoire isthmique de Clitomaque à la force audacieuse. En rehaussant la tribu des Midylides, tu l'attires l'éloge que donna jadis à entendre le fils d'Oïclée (203) à la vue des fils debout avec leurs lances devant Thèbes aux sept portes, Str. 3. — Lorsque Argos eut envoyé les Épigones à une 202 seconde expédition. Il parle ainsi pendant qu'ils combattent : «Naturellement le courage généreux des pères éclate dans les fils (204). Je vois, oui je vois Alcméon (205) agitant le dragon tacheté de son bouclier étincelant; il est le premier aux portes de Cadmus (206). Ant. 3. — «Celui-là qu'une première défaite accabla et que soutient maintenant la nouvelle.de meilleurs auspices, c'est le héros Adraste(207) ; mais dans sa maison il éprouvera des revers. Car seul, de l'armée des Grecs, après avoir recueilli les ossements de son fils immolé (208), il devra aux dieux de ramener toutes ses troupes Ép. 3. — «Dans la vaste cité d'Abas (209).» Ainsi dit Amphiaraüs. Et moi je jette aussi avec joie des couronnes sur Alcméon, et je l'arrose de mes hymnes. Car il habite près de moi (210), il veille sur mes biens (211), il s'est montré à moi lorsque j'allais vers le centre illustre du monde, et s'est livré à l'art de prédire, héréditaire dans sa famille. Str. 4. — Mais toi qui lances au loin des traits, qui gouvernes le temple ouvert à tous dans les vallons de Pytho, tu viens d'y donner le plus grand des bonheurs (212). Déjà dans sa patrie, au milieu de vos fêtes (213), tu lui avais fait gagner le prix du pentathle qu'il ambitionnait. O roi, je t'en supplie, jette un regard de bonté Ant. 4. — Sur l'hymne qui retrace tant de succès. A mes doux chants préside la justice. Que les dieux, Xénarque (214), veillent éternellement sur vos destinées. Un 203 homme a-t-il acquis des biens en peu de temps, il passe dans la foule pour un sage Ep. 4. — Dont la vie est réglée par de prudents efforts. Mais ces choses ne dépendent point des hommes. Dieu les dispense, lui qui tantôt élève l'un, tantôt abaisse l'autre, sous le niveau de sa main. Pour toi, tu t'es illustré à Mégare, et dans la lice de Marathon ; et dans les jeux que ta patrie consacre à Junon, ô Aristomène, trois fois ta force victorieuse a tout dompté. Str. 5. — De toute ta hauteur tu t'es jeté menaçant sur quatre adversaires, et Pytho ne leur a point décerné, comme à toi, un retour agréable; et, revenus près d'une mère, un doux sourire n'a point excité la joie autour d'eux; mais, à l'écart, fuyant leurs rivaux, ils tremblent tout meurtris de leurs disgrâces. Ant. 5. — Loin de là, celui qui s'est acquis une gloire nouvelle, vole transporté d'espérance sur les ailes de pensées généreuses, et animé d'une ambition supérieure aux richesses. En un moment s'élève le bonheur de l'homme. Il croule de même dans la poudre ébranlé par une volonté ennemie. Ep. 5. — Nous vivons un jour. Que sommes-nous ? que ne sommes-nous pas? le rêve d'une ombre, voilà l'homme. Mais quand survient la gloire, présent de Jupiter, les hommes sont entourés d'une vive lumière et d'une douce existence. Egine (215), ô mère chérie, conserve cette cité à son peuple libre, d'accord avec Jupiter, avec le puissant Eaque, avec Pélée, le brave Télamon et Achille! |
PYTHIQUE IX. A TÉLÉSICRATE DE CYRÈNE, VAINQUEUR A LA COURSE ARMÉE. ΤΕΛΕΣΙΚΡΑΤΕΙ ΚΥΡΗΝΑΙΩΙ ΟΠΛΙΤΟΔΡΟΜΩΙ Argument. — Fils de Carnéade, Télésicrate de Cyrène, était très-probablement de la tribu des Égides, originaires de Thèbes; du temps de Pindare il existait encore des Egides, et lui-même faisait partie de cette tribu. Les critiques supposent que Télésicrate, après sa victoire Pythique, passa à Thèbes où il fut fêté par ses amis et chanté par Pindare. Le poète annonce le sujet. — Histoire mythique de Cyrène. Cette nymphe de Thessalie fut enlevée par Apollon et transportée en Afrique où elle devint la reine de la cité qui porte son nom. — Vie de Cyrène chez son père Hypsée, roi des Lapithes : c'était une chasseresse intrépide. — Un jour, Apollon l'aperçut comme elle luttait contre un énorme lion; il appelle Chiron et lui demande s'il peut sur-le-champ l'épouser. — Le centaure donne au dieu quelques conseils de chasteté et lui prédit ce qu'il doit savoir. — Apollon épousera Cyrène en Libye où il l'établira souveraine d'une riche contrée; la déesse Libye les accueillera tous deux. — Cyrène mettra au monde un fils né de cet hymen, Aristée, le meilleur des bergers. — Le dieu se hâte de réaliser la prédiction; le jour même il s'unit à Cyrène en Libye. — Cyrène est fière de la gloire d'un de ses enfants, de Télésicrate; à son retour, elle le comblera d'honneur. — Les louanges de Télésicrate prêteraient à des discours sans fin; mais en tout il faut savoir s'arrêter. — Cette maxime est justifiée par l'exemple du Thébain Iolas qui profita du peu de forces que lui laissait encore son extrême vieillesse pour tuer de sa main le tyran Eurysthée : il mourut aussitôt après ce trait de courage. Les Thébains l'ensevelirent dans le tombeau de 205 son aïeul Amphytrion. — Honneur éternel à Hercule et à Thèbes ! — Éloge de Télésicrate et de sa famille. Pindare loue habilement Télésicrate et sa famille. Il donne à son héros des avis indirects sur la chasteté, qu'il n'avait pas toujours, ce semble, assez respectée. A cette idée se rattachent : 1° La conduite d'Apollon doucement blâmée par le centaure, lorsque le dieu veut sur le champ épouser Cyrène; 2° l'action héroïque d'Iolas qui nous enseigne à mettre en tout de l'à-propos; 3° le mariage légitime que contracte Alexidame, après avoir gagné à la course la main de la fille d'Antée. Alexidame était un des ancêtres de Télésicrate. |
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Ἐθέλω χαλκάσπιδα Πυθιονίκαν |
Str. 1. — Je veux, avec les Grâces (216) au sein puissant, chanter d'une voix forte le Pythionique Télésicrate au bouclier d'airain, fortuné mortel, qui couronne Cyrène (217) amie des coursiers : Cyrène, jadis enlevée des vallons orageux du Pélion par le Latoïde (218) chevelu, qui, sur son char d'or, transporta la vierge chasseresse dans une contrée fertile en troupeaux, fertile en moissons, où il l'établit souveraine dans une terre riante et fleurie (219), troisième bras du monde. Ant. 1. — Vénus, aux pieds d'argent, accueillit l'hôte (220) de Délos, en arrêtant d'une main légère le char divin ; et, aux douces étreintes de l'amour, elle associa l'aimable pudeur, en réglant l'hymen du dieu avec la fille du tout-puissant Hypsée, qui alors était roi des belliqueux Lapithes (221), héros, petit-fils de l'Océan, engendré autrefois dans les gorges fameuses du Pinde par une naïade que la 206 couche du Pénée avait charmée, par Creuse, fille de la terre. Ep. 1. — Hypsée éleva sa fille Cyrèrie aux beaux bras ; elle n'aimait ni le mouvement de la navette qui va et revient , ni la joie des banquets domestiques avec ses compagnes. Mais armée et du javelot d'airain et de l'épée, elle perçait les monstres sauvages, assurant ainsi une paix longue et profonde aux troupeaux paternels, et ne laissant Je sommeil, ce doux compagnon de sa couche, se glisser un moment sur ses paupières que vers l'aurore. Str. 2. — Un jour, le dieu au large carquois, Apollon, qui lance au loin ses flèches, la rencontra comme elle luttait seule et sans armes contre un énorme lion. Aussitôt il appelle Chiron hors de sa demeure: «Sors de ton antre sacré, fils de Philyre (222), admire le courage d'une femme, son extrême vigueur, et de quel front intrépide elle soutient un combat, jeune fille d'un cœur au-dessus du danger. L'effroi ne trouble point son âme. Quel mortel lui a donné le jour? de quelle tige a été Ant. 2. — «Détachée celle qui habite les retraites de ces montagnes ombreuses et déploie une force immense? Puis-je sans crime la saisir de mes nobles mains? Ou faut-il moissonner dans une couche sa douce fleur?» Mais le courageux centaure, déridant son front avec un aimable sourire, lui donne aussitôt son avis : «C'est dans le mystère que les clefs de la prudente persuasion initient aux saintes amours, ô Phébus; et, parmi les dieux, comme parmi les hommes, on craint de goûter au grand jour les premières caresses de l'hymen. Ép. 2. — «Mais toi qui ne devrais point connaître le mensonge, une humeur enjouée t'a porté à des paroles 207 peu sincères. D'où vient que tu m'interroges, ô roi, sur l'origine de cette nymphe, toi qui sais clairement la fin suprême et toutes les voies de toutes choses ? combien, au printemps, la terre fait pousser de feuilles; combien les flots de la mer, et les fleuves et les tourbillons de vents roulent de grains de sable; toi qui sais à merveille ce qui doit être et ce qui sera. Cependant si lutter avec un sage m'est permis, je parlerai. Str. 3. — «Tu es venu dans cette vallée pour épouser Cyrène; tu dois la transporter au delà des ondes dans le magnifique jardin de Jupiter (223). Là tu l'établiras souveraine d'une cité, après avoir conduit une colonie d'insulaires sur une hauteur entourée de plaines. Aujourd'hui la divine Libye aux prairies immenses recevra avec joie ton illustre fiancée dans un palais d'or. Là, sur-le-champ, elle lui donnera en propre un domaine qu'elles (224) gouverneront de concert, qui n'est ni pauvre en plantes utiles, ni dépourvu d'animaux. Ant. 3. — Elle y mettra au monde un fils que le grand Mercure enlèvera à sa tendre mère pour en charger les Heures (225) aux trônes brillants et la Terre. Celles-ci placeront l'enfant sur leurs genoux, distilleront sur ses lèvres le nectar et l'ambroisie, et en feront un immortel comme Jupiter et le bel Apollon, un bienfaiteur des plus agréables aux hommes qu'il chérira, pasteur de brebis, appelé par les uns Agréus ou Nomius; par les autres, Aristée. Il dit et presse Phébus d'accomplir cette douce union. Ép. 3. — Or l'œuvre des dieux, quand ils sont pressés d'agir, est prompte et leurs voies sont courtes. Ce jour même elle se réalisa. Dans un palais de Libye tout bril- 208 lant d'or ils s'épousèrent, au lieu où elle gouverne une cité (226) superbe, fameuse par ses jeux. Et cette cité vient d'être associée dans la divine Pytho à l'éclatante fortune d'un fils de Carnéade (227). Là vainqueur il a illustré Cyrène. Aussi recevra-t-elle (228)? avec transport dans la patrie aux belles vierges celui qui revient de Delphes avec une gloire désirée. Str. 4. — Toujours les hautes vertus sont longuement célébrées. Mais, dans les grandes choses, une précision élégante a l'oreille des sages. En tout, l'à-propos est également essentiel. Jadis Thèbes aux sept portes a bien reconnu qu'Iolas (229) n'en faisait pas lui-même peu de cas; aussi, lorsque du tranchant de son glaive il eut coupé la tête d'Eurysthée (230), elle l'ensevelit au sein de la terre, dans la tombe d'Amphitryon (231), conducteur de chars : à l'endroit même où reposait son aïeul paternel, hôte des Spartes, qui s'était réfugié dans les bourgades cadméennes (232) aux blancs coursiers. Ant. 4. — Après s'être unie à lui et à Jupiter, l'habile Alcmène, d'un seul enfantement, mit au monde deux jumeaux (233), fils vigoureux, vainqueurs dans lés combats. C'est être stupide que de ne pas ouvrir sa bouche à l'éloge d'Hercule, de ne point se rappeler toujours les eaux dircéennes (234) où il fut nourri avec Iphiclès. Je chanterai ce héros chaque fois qu'un bonheur viendra combler mes vœux. Puisse la lumière pure des Grâces ne pas m'aban- 209 donner! Car je proclame que clans Egine et sur la colline de Nisus (235) il a trois fois illustré cette cité , Ép. 4. — Lui qui s'est dérobé par sa vertu à un honteux oubli. Ainsi que tout citoyen, ami ou ennemi, se garde d'obscurcir une action glorieuse utile à tous, et de mépriser la parole du vieillard des mers (236). Il voulait qu'on louât même un ennemi, de tout cœur, lorsqu'il faisait des choses belles et justes. Souvent aussi on t'a vu vaincre dans les fêtes solennelles de Pallas (237), où chaque jeune vierge désirait en silence de t'avoir pour tendre époux ou pour fils, ô Télésicrate, Str. 5. — Puis dans les combats olympiques, dans les jeux de la Terre aux puissantes mamelles, et dans toutes les autres fêtes de ta patrie (238). Mais, pendant que j'apaise ma soif de vers, il me semble qu'elle me presse de me rappeler encore une dette, l'antique gloire de tes aïeux : comment , pour une femme de Libye, ils marchèrent à la ville d'Irasse (239); amants attirés vers la fille d'Antée (240), illustre vierge aux beaux cheveux. Beaucoup de héros ses parents , beaucoup d'étrangers la recherchaient; Ant. 5. — Car elle était d'une admirable beauté, et tous désiraient cueillir la fleur de sa jeunesse à la couronne d'or. Mais le père, qui méditait pour sa fille un parti plus glorieux, apprit comment autrefois dans Argos Danaüs avait trouvé pour ses quarante-huit filles un prompt hyménée avant le milieu du jour. Sans tarder, en effet, il les avait rangées toutes en chœur au bout de la carrière, et 210 ordonné que la course à pied fit connaître celle que posséderait chacun des héros qui étaient venus pour être ses gendres. Ép. 5. — Ainsi le Libyen s'y prit pour fiancer un homme à sa fille. Parée, il la place comme but à l'extrémité de la lice. Puis il déclare au milieu des prétendants : qu'il l'emmènera celui qui le premier à la course aura touché son voile. Alors Alexidame (241) précipite sa course, prend dans sa main la main de la vierge chérie, et la conduit à travers l'assemblée des cavaliers humides. Ceux-ci lui jetaient des feuilles et des couronnes : plus d'une fois déjà il avait volé sur les ailes de la victoire. |
PYTHIQUE X. A HIPPOCLÈS THESSALIEN, VAINQUEUR AU DOUBLE STADE. ΙΠΠΟΚΛΕΙ ΘΕΣΣΑΛΩΙ ΠΑΙΔΙ ΔΙΑΥΛΟΔΡΟΜΩΙ Argument. — Hippoclès, vainqueur à Delphes, au double stade, avait le même jour remporté le prix du stade. Pindare ne parle point de cette deuxième victoire, sans doute parce qu'un autre poète avait été chargé de la célébrer. Phricias, père d'Hippoclès, s'était fait connaître par une victoire pythique et par deux victoires olympiques. Hippoclès était de Pélinna, ville de Thessalie ; maïs Pindare n'avait point été invité par la famille du héros à le chanter : ce soin lui avait été confié par les Alévades de Larisse. Ils y régnaient et chérissaient le jeune Hippoclès , leur parent. Des habitants de Cranon formaient le chœur. Pindare annonce qu'il vient chanter la victoire d'Hippodès. — Eloge du père et du fils. Bonheur de cette fa- 211 mille : que les dieux le leur conservent ! — Fable des Hyperboréens ; Persée est conduit par Minerve dans leur pays inaccessible au reste des mortels; plaisirs purs et constants que goûte ce peuple. — Retour au sujet. Le poète espère que ses vers augmenteront la gloire d'Hippoclès parmi ses concitoyens. Pindare finit en louant Thorax et ses frères : c'est Thorax qui l'a prié de composer ce chant. Ici encore Pindare mêle aux louanges de son héros des conseils de modération. La famille d'Hippoclès est riche , puissante, heureuse; il est cependant sur la terre un peuple qui jouit d'un bonheur plus complet et plus sûr; ce sont les Hyperboréens ; qu'elle sache donc reconnaître des bornes à sa fortune. Date de la victoire : 502 avant J. C. Lieu de la scène: Pélinna, ville de Thessalie? |
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Ὄλβια Λακεδαίμων, |
Str. 1. — Heureuse est Lacédémone; fortunée, la Thessalie; car toutes deux sont gouvernées par une race issue du même père, du très-vaillant Hercule (242). Pourquoi cette jactance hors de saison ? Eh! c'est Pytho, c'est Pélimnée (243) qui m'appelle; ce sont les fils d'AIève (244), impatients d'amener à Hippoclès le chœur des hommes à la belle voix. Ant. 1. — Car il tente les luttes; et, dans l'assemblée des peuples voisins, le vallon du (245) Parnasse l'a proclamé le premier des jeunes gens qui parcourent le double stade. O Apollon, quoique les hommes achèvent ou commencent avec bonheur, le succès vient d'un dieu, et les conseils 212 ont dirigé Hippoclès; puis naturellement il a suivi les traces d'un père (246) Ép. 1. — Deux fois Olympionique avec les armes guerrières de (247) Mars. Phricias encore, sous la roche de Cirrha (248) aux vastes prairies, a vaincu à la course à pied. Puisse la fortune les protéger aussi dans les jours à venir, afin qu'ils aient la fleur des richesses magnifiques ! Str. 2. — Si leur part n'a point été faible dans les gloires de la Grèce, que les dieux ne leur fassent point encourir de cruelles vicissitudes! que la divinité les favorise de cœur! Il est heureux, et les sages doivent le chanter, ce mortel vainqueur par la vigueur des mains ou des pieds, qui doit les prix les plus nobles à son courage et à sa force; Ant. 2. — Qui (249) a vécu assez pour voir un jeune fils (250) obtenir loyalement les couronnes de Pytho. Il ne montera jamais jusqu'au ciel d'airain ; mais toutes les joies que nous pouvons atteindre, race mortelle, il en a touché le dernier terme. Ni sur des vaisseaux, ni à pied, vous ne découvrirez la merveilleuse route qui mène aux fêtes des (251) Hyperboréens; Ép. 2. — Où jadis fut accueilli Persée (252), chef des peuples , qui entra dans leurs palais et les trouva sacrifiant à dieu de magnifiques hécatombes d'ânes. Leurs banquets sans fin, leurs cris de joie charment surtout Apollon ; il rit en voyant se dresser les lubriques animaux. Str. 3. — La Muse pourtant n'est point proscrite par 213 leurs mœurs. Mais de toutes parts les chœurs des vierges, les bruyantes lyres et les flûtes sonores sont en mouvement; les cheveux ceints de lauriers d'or, ils se livrent à la joie des festins; ni les maladies, ni la funeste vieillesse n'approchent de cette nation sainte; loin des fatigues et des guerres, ils vivent à l'abri des vengeances de Némésis. Ant. 3. — Mais un jour, celui dont le cœur ne respirait que l'audace, le fils de Danaè (253), pénétra, sous la conduite de Minerve, dans l'assemblée de ces mortels heureux ; et il tua la Gorgone (254), et avec sa tête hérissée d'une crinière de serpents, il revint apporter la mort aux insulaires (255), qu'elle pétrifiait. Ép. 3. — Rien de merveilleux, quand les dieux interviennent, ne me parait incroyable. Arrête ta rame(256), vite, que l'ancre jetée de la proue morde la terre et nous sauve de l'écueil caché. Car les éloges de mes hymnes fleuris, semblables à l'abeille, volent d'un sujet à un autre. Str. 4. — Je l'espère donc, les Ephyréens (257) répandront les doux accents de ma voix sur les rives du Pénée, et ces chants feront admirer davantage encore les couronnes d'Hippoclès parmi les jeunes gens de son âge et les vieillards ; il sera le rêve des jeunes vierges. Chaque cœur a sa passion qui l'aiguillonne. Ant. 4. — Quiconque a vu ses vœux comblés doit s'attacher au présent : ce qui sera dans un an, il est impossible de le prévoir. Je compte sur l'hospitalité gracieuse de Thorax, qui, en demandant mon aide, attela ce quadrige des Piérides ; ami d'un ami, soutien de qui le soutient. Ép. 4. — L'épreuve fait briller l'or et une âme droite. Nous louerons aussi des frères vertueux, puisqu'ils élèvent en l'agrandissant la terre de Thessalie. Sur des hommes de cœur y repose de père en fils le noble gouvernement des cités. |
PYTHIQUE XI. POUR THRASYDÉE, VAINQUEUR AU STADE PARMI LES ENFANTS. ΘΡΑΣΥΔΑΙΩΙ ΘΗΒΑΙΩΙ ΠΑΙΔΙ ΣΤΑΔΙΕΙ Argument. — Thrasydée, jeune Thébain , de l'antique race des Cadméens, était fils de Pythias : son père avait aussi remporté une victoire pythique, et une autre personne de sa famille s'était illustrée à Olympie. Pindare invoque d'abord les filles de Cadmus et Alcmène; il les prie d'accourir au temple d'Apollon Isménien, afin de rendre hommage à Thémis et à Pytho, qui ont couronné Thrasydée, dans une contrée où se réfugia jadis Oreste soustrait à la cruauté de Clytemnestre. Cassandre et Agamemnon sont assassinés. Causes de ces meurtres? Oreste revient tuer sa mère et Egisthe. Retour au sujet. Victoires de Pythias et de Thrasydée. Éloge de la médiocrité. Gloire attachée à la modération dans la grandeur. En mêlant à l'éloge de Thrasydée et de sa famille le récit des meurtres qui ont souillé la race d'Agamemnon, le poète fait sans doute allusion à l'histoire contemporaine : deux tyrans, Attaginus et Témégénide, pendant la guerre des Perses, avaient soumis Thèbes à leur empire. La bataille de Platée venait d'affranchir la patrie du divin lyrique. Ces exemples ne seront point perdus pour Thrasydée : il évitera l'orgueil et les excès odieux de la tyrannie. Date de la victoire : 478 avant J. C. Lieu de la scène : Thèbes; le cortège se rend au temple d'Apollon Isménien. |
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Κάδμου κόραι, Σεμέλα μὲν Ὀλυμπιάδων ἀγυιᾶτις, |
Str. 1. — Filles de Cadmus (258), Sémélé, compagne des Olympiennes (259), et toi, Ino-Leucothoé, qui partages l'humide couche (260) des Néréides, venez avec la noble mère (261) du grand Hercule chez Mélia (262), au profond sanctuaire des trépieds d'or, honoré par-dessus tout de Loxias (263), Ant. 1. — Et qu'il appelle Isménien (264); au siège des oracles infaillibles, où, dans ce jour, ô filles d'harmonie (265), il convoque aussi la réunion de toutes les héroïnes de la contrée, afin que la sainte Thémis (266) et Pytho, et le centre du monde où règne la justice, soient chantés par vous, sitôt le soir, Ép. 1. — En l'honneur de Thèbes aux sept portes et des jeux de Cirrha (267) : c'est là que Thrasydée a illustré le foyer de ses aïeux, en y déposant une troisième couronne, lui vainqueur dans les fertiles plaines de Pylade (268), hôte du Lacédémonien Oreste. Str. 2. — Celui-ci, son père tué, dut à sa nourrice Artinoé d'échapper aux mains violentes, à la perfidie atroce (269) de Clytemnestre, lorsque la fille du Dardanien Priam, Cassandre, fut envoyée avec l'âme d'Agamemnon sur la rive ténébreuse de l'Achéron , par le glaive étincelant d'une femme sans pitié. Ant. 2. — Est-ce Iphigénie immolée sur l'Euripe, loin 216 de sa patrie, qui excita en elle ce terrible courroux (270) ? Est-ce le lit étranger où elle s'abandonnait à de nocturnes joies qui l'a pervertie? Crime abhorré dans de jeunes épouses et qui ne peut se soustraire Ép. 2. — A la langue d'autrui. Car les citoyens sont médisants. L'opulence n'est pas en butte à une médiocre envie. Qui vit (271) obscur crie dans l'ombre. Lui-même il a péri, le héros Atride, rendu enfin à l'illustre Amycles, Str. 3. — Et il a causé la mort de la vierge (272) prophétesse, après avoir abattu pour Hélène les riches palais des Troyens incendiés. Son fils arriva chez un hôte, le vieux Strophius, qui habitait au pied du Parnasse; plus tard il poignarda sa mère, et renversa Egisthe dans le sang. Ant. 3. — O mes amis, ou je me suis égaré dans un dédale (273) de fausses voies, loin du droit chemin que je suivais d'abord; ou quelque vent m'a jeté hors de ma route comme un vaisseau de la mer. Pour toi, ô ma Muse, s'il est vrai que tu as promis ta voix pour un salaire convenu, varie tes accords Ép.3. —En l'honneur, ou du père (274) qui vient de vaincre dans Pytho, ou de Thrasydée lui-même, mortels resplendissants de bonheur et de gloire. Jadis nobles (275) vainqueurs à la course des chars, ils ont, déjà dans les mémorables luttes d'Olympie, brillé d'un vif éclat avec leurs coursiers, Str. 4. — Et descendus sans armes dans le stade (276) de 217 Pytho , ils surpassèrent la foule des Grecs en agilité. Donnés par les dieux, j'aimerais des biens modestes auxquels j'aspire dans la force de l'âge (277). Car, instruit que dans une cité un bonheur médiocre brille plus longtemps, je plains le sort de la tyrannie. Ant. 4. — D'humbles vertus me plaisent. Mais les envieux sont punis par leur propre vice. Que si un mortel parvenu au faîte (278) vit en paix loin d'un funeste orgueil, il trouve au terme la sombre mort embellie, et lègue à ses enfants adorés une grande gloire le plus beau des héritages. Ép. 4. — La gloire vante au loin Iolas, fils d'Iphiclès, et le robuste Castor, et toi-même, roi Pollux, enfants des dieux, qui tour à tour habitez l'un Thérapné, l'autre le séjour de l'Olympe. |
PYTHIQUE XII. A MIDAS D'AGRIGENTE, JOUEUR DE FLUTE. ΜΙΔΑΙ ΑΚΡΑΓΑΝΤΙΝΩΙ ΑΥΛΗΤΗΙ Argument. — Midas d'Agrigente remporta deux fois de suite le prix de la flûte à Delphes, en 494 et 490 avant J. C. : on ne sait pas laquelle de ces deux victoires Pindare célèbre ici. Idées principales. Invocation à la déesse d'Agrigente, pour qu'elle accueille favorablement et le vainqueur et ces vers. — Origine de l'air de flûte qui fit remporter la victoire à Midas. Cet air a été inventé par Minerve pour imiter les cris que poussaient les Gorgones lorsque Persée 218 tuait Méduse. — Persée revient avec la tête de Méduse dans l'île de Sériphe; il se venge de Polydecte, qui l'avait exilé, et délivre Danaé, sa mère.—C'est alors que Minerve composa l'air qui se joue sur des flûtes faites avec des roseaux du Céphise. Maximes sur la puissance du destin et la misère de l'homme. Lieu de la scène: Agrigente; le vainqueur fait son entrée solennelle. Selon Heyne, Pindare avait alors environ trente ans. |
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Αἰτέω σε, φιλάγλαε, καλλίστα βροτεᾶν πολίων, |
Str. 1 Je t'implore, amie de la gloire, ô la plus belle, des cités des hommes, séjour de Proserpine (279), toi qui sur les rives de l'Acragas (280), riche en troupeaux, habites une colline aux beaux palais; ô reine, accueille avec faveur, avec la bienveillance des dieux (281) et des mortels, cette couronne méritée par le célèbre Midas dans Pytho ; celui-là même qui vient de surpasser la Grèce dans un art que Pallas Minerve inventa pour imiter les cris plaintifs des Gorgones audacieuses ; Str. 2. — Ces cris de poignante douleur qu'elle entendit sortir de la tête des vierges et des serpents affreux, lorsque Persée extermina l'une (282) des trois sœurs et porta le trépas chez les peuples de l'île (283) de Sériphe. En effet, il aveugla la race divine de Phorcus (284) et fit expier à Polydecte son festin (285), le long esclavage et le mariage forcé 219 d'une mère (286), après avoir tranché la tête de Méduse au beau visage, Str. 3. — Lui, fils de Danaë, né, dit-on, d'une pluie d'or. Mais lorsqu'elle eut délivré de ces épreuves le héros chéri, la Vierge essaya un air varié de flûtes, pour imiter avec cet instrument les gémissements aigus sortis des mâchoires dévorantes d'Euryale (287). La déesse réussit. Mais, pour faire part aux hommes mortels de son invention, elle appela cet air le nome des mille têtes (288), le nome mémorable, ami des luttes où accourent les peuples; Str. 4. — Qui s'exhale par l'airain (289) délicat, et par ces roseaux nés près de la ville des Grâces (290) aux beaux chœurs, dans le bois (291) sacré du Céphise, et témoins (292) fidèles des danses. Si les hommes connaissent un peu le bonheur, ce n'est point sans peine. Dieu pourtant aujourd'hui même peut le porter au comble. Le destin ne saurait s'éviter. Mais le jour viendra qui, frappant un coup inattendu , nous donnera une chose contre notre pensée et nous refusera l'autre. |
(1) Voyez l'argument de la première Olympique. (2) Enfants de Latone. (3) L'Etna. (4) Etna. (5) Etna. (6) Hiéron souffrait de la pierre. (7) Contre Polyzèle son frère et Théron, roi d'Agrigente. La bataille d'Himère fut suivie de la prise de cette ville. (8) Le souverain pouvoir à Syracuse. (9) Guerre des Grecs et d'Hiéron contre les Étrusques (10) La ville de Cumes. (11) Fils d'Hiéron qui habitait Etna. Dissen conclut de ce passage que l'ode est chantée à Syracuse. (12) Jupiter: (13) Fils d'Hercule. (14) Fils d'Égimius, roi de la Doride. (15) Sparte. (16) Roi de la Doride. (17) En Laconie. (18) Castor et Pollux ensevelis à Thérapné. (19) Qu'on les dise heureux comme les Doriens d'Amycles et qu'ils le soient. (20) Rivière qui arrosait Etna. (21) Hiéron. (22) Dinomène. (23) Le Carthaginois. (24) Hiéron. (25) La Grande-Grèce. (26) Platée. (27) Gélon, Hiéron , Polyzèle, Tarasybule. (28) A Himère. (29) Quartier de Syracuse dans l'île d'Ortygie. (30) Elle était surtout honorée avec le Cladée et l'Alphée. (31) Ancien roi de Chypre. (32) Les Cypriens. (33) Hiéron. (34) En Italie dans le Brutium. (35) D'Anaxilaüs, tyran de Rhège (36) Il tua Déionée, son beau-père. (37) II doit borner ses désire à sa nature, à son état. (38) Texte de Bœck. (39) Les Hippocentaures. (40) II vivait dans le neuvième siècle avant J. C. (41) Pindare voit le bonheur dans l'union de la fortune et de la sagesse; il revient plusieurs fois sur celle maxime dans ses œuvres; il a donc deux raisons poux ne pas vouloir ressembler à Archiloque. (42) Syracuse. (43) Je traite on magnifique sujet. (44)Tu as les vertus de la vieillesse. (45) Comme on envoie à ses amis de riches étoffes et surtout de la pourpre. (46) Ce chant où je vante tes mérites comme ceux de Castor étaient vantés dans celui qui portait son nom. L'hymne de Castor sur le mode dorien et le rhythme anapestique était chanté au son de la flûte par les Spartiates. Dans la première Olympique déjà nous avons vu la musique suivre un mode et léchant un autre. (47)Texte de Heyne. (48) En allant au devant du chœur. (49) Le singe est ici l'image des courtisans, des flatteurs qui imitent le prince ; des enfants seuls peuvent s'y laisser prendre. Hiéron doit se régler sur le sage Rhadamante. (50) La sagesse. (51) Les deux hommes dont elles enveniment la haine réciproque. (52) Aux calomniateurs. (53) Mes ennemis ne peuvent me perdre. (54) Ces retours. (55) Chiron. (56) Coronis. (57) Esculape (58) Elle n'allait plus à aucune fête. (59) En l'honneur de la fiancée. (60) Surnom d'Apollon. (61) Diane (62) En Thessalie, (63) Marais de Thessalie. (64) Chiron. (65) En Thessalie. (66) Hippolyte. (67) Cheval d'Hiéron. (68) Aux jeux pythiques. Cirrha était en Phocide près du Parnasse. L'Hippodrome de Delphes était prés de Cirrha. (69) Le Pélion; pendant le festin nuptial. (70) Ino. Agave. Antonoë. La première se précipita dans la mer avec son fils Mélicerte; la seconde mit en pièces son fils Panthée ; la troisième mourut de douleur, après avoir perdu son fils Actéon. (71) Sémélé. (72) Achille. (73) Emploi de la première personne pour la deuxième; «vous qui êtes riche, Hiéron, vous pouvez, par vos libéralités envers les poètes, obtenir d'eux des chants qui vous immortaliseront. » (74) Pierre Charron , de la Sagesse. livre I, ch. 24, dit que l'espérance allume de son doux vent nos fols désirs. (75) Apollon et Diane. (76) La Pythie. (77) Ils étaient sur une pierre blanche à l'entrée du temple, et représentaient la puissance de Jupiter, sous les auspices duquel la Pythie proclamait les oracles d'Apollon (78) Quelquefois il était, disait-on, à Délos. (79) Voyez l'argument. (80) Théra. (81) Cyrène. (82) A partir d'Euphémus I. (83) Ile de la mer Egée où le Lacédémonien Théras conduisit une colonie. (84 De Théra. (85) Libye. (86) Fils de Jupiter et d'Io. (87) Cyrène. (88) Lac de l'Afrique propre. (89) Un Triton, sous les traits d'Eurypyle, prince de la Cyrénaïque. (90) Un des Argonautes, aïeul des Battiades qui régnèrent en Libye. (91) Le dieu. (92) Les Argonautes passèrent, en retournant dans leur patrie du Phase dans l'Océan, de l'Océan dans la mer Erythrée , de la mer Erythrée dans le lac Triton , après avoir transporté à travers les terres leur vaisseau tout démonté. Ils sortaient du lac Triton lorsqu'un dieu vint leur offrir l'hospitalité en Libye. (93) Surnoms de Neptune : le premier signifie qui embrasse la terre; le second , agitateur. (94) C'est Médée qui parle; elle accompagnait les Argonautes qui retournaient en Grèce: (95) Euphémus. (96) Cette glèbe remise aux mains des Argonautes annonçait qu'un jour les descendants de l'un d'entre eux , les Battiades seraient les souverains de la Libye. (97) Euphémus I. (98) Ou Achéens. (99) De la Libye. (100) Époque de la grande invasion du Péloponnèse par les Doriens vers 1100. Les Danaens ou Achéens attaqués par les Doriens émigrèrent à Théra avec les Minyens et les Égides. (101) Des Lemniennes. (102) A Théra. (103 Battus. (104) Battus. (105) En Libye. (106) Le Jupiter qui répand sur l'Egypte les bienfaits du Nil : style d'oracle. (107) Battus. (108) La prêtresse. (109) Battus était bègue ; c'est le sens étymologique de son nom. (110) Aux jeux pythiques où se rendent les peuples voisins de Pytho. (111) Thessaliens. Jason, leur chef, était d'Iolcos, en Thessalie. (112) En grec Clous. (113) Pélias, oncle de Jason, avait usurpé le trône qui revenait à Éson , père du jeune héros. (114) Jason était fils d'Eson, fils de Créthée, fils d'Éole. (115) A Delphes. (116) Peuple de Thessalie. (117) Mars. (118) Femme d'Alocus qui régnait sur l'Asopie; elle eut deux enfants de Neptune : Otus et Éphialte voulurent escalader le ciel. (119) Il voulut attenter à l'honneur de Latone. (120) Je ne mentirai point. (121) A Iolcos. (122) Près de Phères en Thessalie. (123) Jason, leur cousin. (124) Pélias. (125) Le Neptune des rochers : il avait écarté des rochers pour donner un libre cours au Pénée , en Thessalie. (126) Enarée. (127) Pélias était petit-fils de Salmonée, et Jason petit(lis de Créthée : ils avaient pour aïeule commune Énarée. (128) Elles nous abandonnent : dès lors plus de bonheur. (129) Éson, père de Jason. (130) Fils d'Atbamas, roi de Thèbes, et persécuté par sa belle-mère Ino. Il chercha un asile en Colchide avec Hellé, sa sœur, qui périt dans les flots. (131) Roi de Colcbos. (132) Ino. (133) De Delphes. (134) De qui l'on descend ou qui préside à la naissance. Jason et Pélias descendaient de Jupiter par Éole. (135) Hercule, Castor et Pollux. (136) Surnom de Neptune qui signifie agitateur. (137) Chef de la race des Euphémides ; dieu de la mer qu'ils allaient franchir. (138) Ce lieu s'appelait Hiéron, sur la côte d'Asie. Les dis de Phrixus y avaient élevé un autel aux douze grands dieux; les Argonautes en retrouvèrent les débris et consacrèrent à Neptune une enceinte dans laquelle l'antique monument était renfermé. Ils offrirent au dieu des mers un sacrifice de buffles de Thrace, c'est-à-dire de Bithynie ; les Bithyniens étalent Thraces d'origine (139) Les Symplégades. (140) La bergerette était chez les anciens un emblème des agitations inquiètes de t'amour. On s'en servait dans les charmes pour faire naître celtt passion. (141) A Iason. (142) Déesse de la persuasion. (143) Chez les anciens, la couleur de safran comme celle de pourpre était la couleur des héros et des princes. (144) Médée. (145) Éétès. (146) Je connais l'art des transitions rapides. (147) Plus tard Médée fit périr Pélias en conseillant à ses filles de le tuer et de jeter ses membres dans une chaudière d'eau bouillante pour le rajeunir. (148) Qui baigne la partie orientale et méridionale de l'Afrique. Les Argonautes revinrent en Grèce en passant du Phase dans l'Océan , de l'Océan dans la mer Erythrée, de la mer Erythrée dans le lac de Triton par terre, de ce lac dans la Méditerranée, puis à Théra, puis à Lemnos. (149) Vêtement fait par des femmes : ceci rappelle les écharpes données aux chevaliers dans les joutes du moyen âge. (150) Théra. (151) Apollon. (152) Images un peu énigmatiques qui signifient: «Un prince doit respecter le peuple qui est toujours la force de l'état, soit qu'on le prive des grands , soit que la guerre civile éclate, soit qu'un tyran l'opprime. » On conçoit pourquoi Pindare s'entoure de précautions en adressant de sages avis à un prince qui a sévi récemment contre une révolte. (153) Iliade, XV, v. 207. (154) Exilé dont Pindare demande le rappel. (155) Qui puisse encore inquiéter Arcésilas. (156) II est accablé par l'exil. (157) Arcésilas aussi ferait bien de changer de politique. (158) Appelée Cyré; elle a donné son nom à Cyrène. (159) Il y a connu Pindare dont les vers immortaliseront Arcésilas. (160) Qui présidait aux jeux. (161) Frère de la reine ; il avait conduit le char d'Arcésilas. (162) Fils de Japet; il ouvrit la boite de Pandore, et s'aperçut trop lard de son imprudence (163) .Descendants de Battus, fondateur de Cyrène. (164) A Delphes; comme on recevait les étrangers et les concurrents. (165) De Cyrène Carrhotus est venu à Cirrha sur le golfe de Corinthe ; puis il a franchi la colline de Crisa pour descendre dans la vallée où était l'hippodrome : Dissen. (166) Édifice où se conservaient les offrandes consacrées à Apollon. (167) Carrhotus. (168) Carrhotus. (169) De l'oracle de Delphes. (170) Battus parti de Théra. (171) C'est Apollon qui a conduit les Doriens dans le Péloponnèse. (172) Roi de la Doride et contemporain d'Hercule qui le secourut. (173) Tribu de Sparte. (174) Avec les Égides qui passèrent de Sparte à Théra. (175) Dans les fêtes carnéennes chaque assistant fournissait sa victime : c'étaient des sacrifices auxquels tous contribuaient. Elles avaient été instituées, dit-on, en l'honneur de Camus, favori d'Apollon. (176) Dans la tombe. (177) Battus. (178) Images qui signifient : nous composons une ode en l'honneur d'un vainqueur pythique. (179) Le mot Aphrodite n'est pas sans liaison avec l'amitié qui unissait Pindare et Thrasybule. (180) Elles présidaient surtout aux chants de victoire; les muses, à la poésie , en général. (181) A Delphes. (182) Allusion aux tremblements de terre, aux tonnerres souterrains , qui éclatèrent à Delphes. (183) Race dont Xénocrate faisait partie. (184) Où l'on conservait les offrandes consacrées à Apollon ; où les vainqueurs suspendaient quelquefois leur char; où les poètes aussi déposaient peut-être leurs hymnes. La gloire de Xénocrate ne périra pas, célébrée qu'elle est par Pindare. Le mot grec qui signifie trésor est pris d'abord dans le sens physique , puis dans le sens d'Horace : Exegi monumentum. (185) Achille. (186) Fils de Nestor. (187) Nestor. (188) Théron qui fut plus tard roi d'Agrigente. (189) Il s'agit à la fois de la grandeur d'Athènes au physique (elle avait quarante-trois stades de tour) et de sa puissance politique. (190) Ils descendaient de Nestor. Alcméon fut chassé de Messénie par les Héraclides et se retira à Athènes où il fut le chef de la famille des Alcméonides. Plusieurs Alcméonides furent Archontes : Périclès et Alcibiade étaient de cette famille. (191) Des Athéniens. (192) Ancien roi d'Athènes. (193) Les Alcméonides dépensèrent trois cents talents à cet effet. (194) En Phocide : il s'agit de deux victoires pythiques. (195 Abstraction personnifiée; déesse véritable qui avait un culte à Égine et protégeait l'île entière (196) Tué par Jupiter au moment où il allait faire violence à Junon. (197) Nous ne devons pas employer la violence. (198) Enseveli sous l'Etna. (199) Porphyrion. (200) Aristomène. (201) Cirrha, près du Parnasse, faisait partie du territoire de Delphes. (202) Égine. (203) Amphiaraüs; en esprit il voyait dans l'avenir ces fils. (204) Enfants des sept héros grecs qui se signalèrent dans la première guerre de Thèbes. (205) Fils d'Amphiaraüs et d'Ériphile. (206) Devant Thèbes. (207) Roi d'Argos : il avait embrassé la cause de Polynice ; il marcha deux fois contre Thèbes. (208) Égialée. (209) Argos : Abas, ancien roi d'Argos (210) Avait-il un temple à Thèbes? (211) Déposés dans le temple d'Alcméon. (212) La victoire d'Aristomène. (213) Fêles d'Apollon et de Diane. (214) Père d'Aristomène. (215) Égine, déesse. (216) Déesses qui embellissent le vainqueur.. (217) Ville de Libye, bientôt personnifiée par le poète (218) Apollon. (219) En Libye. (220) Apollon. (221) En Thessalie. (222) Chiron. (223) La Libye : elle avait son Jupiter Ammon. (224) Cyrène et la déesse Libye. (225) Eunomie , Dicé et Irène; le bon ordre, la justice et la paix ; elles étaient filles de Jupiter et de Thémis. (226) Cyrène. (227) De Télésicrate. (228) Ainsi l'ode n'est pas représentée à Cyrène ; les pensées qui suivent font croire, au contraire, qu'elle eut lieu à Thèbes. (229) Moins, fils d'Ipbiclès et petit-fils d'Amphitryon et d'AIcmène. (230) Roi d'Argos, persécuteur d'Hercule et des Héraclides. (231) Amphitryon fut obligé de quitter Mycènes parce qu'il avait tué son oncle Électryon. (232) Chez les Thébains ou Spartes. (233) Hercule et Iphiclès. (234) Qui arrosent Thèbes. (235) A Mégare. (236) Nérée. (237) A Cyrène. (238) La colonie grecque qui avait fondé Cyrène avait transporté en Afrique la plupart des institutions de la mère patrie. Créuse, aïeule de Cyrène, était fille de la Terre. (239) En Afrique , dans la Pentapole. (240) Géant, roi d'Irasse ; il se vantait d'élever un temple à Neptune avec des crânes humains : Hercule le tua. (241) Aïeul de Télésicrate. (242) On croit que les Alevades et la famille d'Hippoclès étaient lie Héraclides; ce début est donc naturel. (243) Ville de Thessalie. (244) De Larisse. (245) Delphes. (246) De Phricias. (247) A la course armée. (248) Prés du Parnasse, aux jeux pythiques. (249) Hippias. (250) Hippoclès. (251) Dans la troisième Olympique, Pindare fait arriver Hercule à pied chez les Hyperboréens. (Voyez p. 116). (252) La fable de Persée convient d'autant mieux ici qu'il était an des ancêtres d'Hercule, et qu'il s'agit de célébrer une famille d'Héraclides. (253) Persée. (254) Méduse : toujours sous la conduite de Minerve. (255) De Sériphe. (256) Pindare se parle à lui-même; il est temps, à son avis, de traiter une autre partie de son sujet. (257) Habitants d'Éphyra ou Cranon en Thessalie; ils formaient le chœur. (258) Les filles de Cadmus sont appelées pour honorer un vainqueur d'origine cadméenne. (259) Admise après sa mort au rang des immortelles. (260) Se précipita dans les flots pour échapper aux fureurs d'Athamas et fut changée en déesse marine. (261) Alcméne. (262) Nymphe aimée d'Apollon et honorée avec ce dieu dans le temple Isménien. |