RETOUR À L’ENTRÉE DU SITE PINDARE : INTRODUCTION A SES OEUVRES CHRONOLOGIE - LES «VIES» PINDARE : LE POÈTE D'OR
PINDARE
ODES ET FRAGMENTS
Une nouvelle traduction
par
Philippe Renault
On a toujours affirmé, depuis la redécouverte de Pindare à la Renaissance, que sa poésie était d'une complexité telle qu'une traduction fidèle de ces vastes élévations lyriques était impossible. La richesse inépuisable des tournures, les effets de style, les alliances de mots sont, en effet, difficilement adaptables dans une autre langue que le grec. Car, comment avec aisance, adapter sans les déformer ou les détourner de leur syntaxe le phrasé et le verbe si touffu et si libre de cet auteur ? Plus qu'un tout autre poète grec, la reproduction d'un style d'une aussi grande subtilité s'avère délicate, et pour le moins hasardeuse.
Au siècle dernier, la seule traduction valable fut celle de Boissonade (reprise avec quelques variantes par Aimé Puech dans la collection Budé dans les années 1920) ; elle fut réalisée en prose, ce qui avait l'avantage d'éviter l'écueil d'une transcription de la phrase versifiée. C'était, à vrai dire, une traduction de moindre mal et à but pédagogique. Mais l'esprit du poème en était quelque peu malmené. En effet, comment en prose évoquer avec assez de justesse la richesse et le souffle épique de Pindare ?
Dans sa prime jeunesse, Saint-John Perse s'efforça de traduire ce poète qui le fascinait plus que tout autre, et dont le phrasé allait influencer ses propres compositions. Très récemment, les éditeurs ont révélé la teneur de ces travaux. Il faut bien convenir que la personnalité du poète prime largement sur celle du Grec, ce qui fausse quelque peu l'évaluation de cette traduction. Plus tard, Robert Brasillach – qui ne l'estime guère ! – et surtout Marguerite Yourcenar – grande admiratrice de Pindare, et auteur d'un brillant essai qui lui est consacré – tentèrent chacun, dans leur respective anthologie des poètes grecs, de retrouver l'authenticité rythmique de l'ode pindarique. Brasillach utilisa à cet effet l'amplitude du vers claudélien, très en vogue durant l'Entre–Deux–Guerres. Sa tentative ne fut guère concluante. Quant aux efforts de Yourcenar, malgré sa bonne volonté évidente, ils n'ont abouti – elle en avait pleinement conscience, si l'on en croit la notice sur Pindare qui précède ses traductions – qu'à l'écriture d'un texte d'une facture plus classique que celle de Brasillach, mais, somme toute, assez confus.
En 1990, la traduction juxtalinéaire de Jean Paul Savignac a eu le mérite de transcrire vers à vers le texte de Pindare, et « d'épousseter » les anciennes traductions, à la lumière des découvertes philologiques. Pourtant, ce travail me trouble quelque peu. La dislocation systématique des phrases, l'abus de mots composés, parfois stupéfiants, donnent l'impression d'une véritable cacophonie verbale ; en amplifiant jusqu'à l'illisibilité absolue le « beau désordre » qui a fait le succès du poète grec, M. Savignac a fini par rendre le texte plus complexe qu'il ne l'est en réalité. Certes, la souplesse syntaxique conquise par la poésie française, désormais communément acceptée, à permis à la traduction versifiée de développer des possibilités qui étaient inconnues au XIXe siècle, où seul l'alexandrin – ou presque – était en usage pour transcrire la poésie antique. Malheureusement, dans son édition de Pindare, M. Savignac, fort de ces perspectives nouvelles, a poussé la logique de déconstruction de la langue jusqu'à ses limites extrêmes. Je comprends qu'il est salutaire de ne jamais lisser une traduction, de l'enjoliver, afin de la rendre plus « présentable » aux yeux du lecteur ; mais d'ici à torturer la langue pour la soumettre tant bien que mal aux exigences, aux méandres du texte original, il y a des limites... Il s'agit de faire une traduction française, et, si possible, un tantinet compréhensible. Pour les Grecs, la souplesse syntaxique de leur langue faisait que les audaces de Pindare ne choquaient pas trop l'oreille de l'auditeur : en grec, la sonorité prime sur la phrase. Or le français, langue plus rigide par nature, se prête beaucoup moins bien à la dislocation des éléments constituant la phrase : aussi le but du traducteur est-il d'accommoder les caractères de la langue qui traduit avec ceux de la langue à traduire. L'exercice, est, je le reconnais, très périlleux, parfois insurmontable...
Quant à moi, il m'a paru essentiel de respecter la versification pindarique (strophe – antistrophe – épode) si complexe, liée à l'accompagnement musical. En cela, ma démarche est proche de celle de M. Savignac. Mais, contrairement à lui, j'ai essayé, tout en restant au plus près du texte, de ne pas tomber dans la manie de l'obscurité pour l'obscurité. La vigilance s'impose quant à la place des mots, essentielle chez le Thébain, mais je me suis bien gardé, sous prétexte de littéralité absolue, de me complaire dans un hermétisme stérile. Certes, ma traduction refuse toute concession à une clarté syntaxique, qui n'est pas de mise chez Pindare – c'est là, d'ailleurs, tout son charme –, mais je ne la crois pas illisible. Car tout bon traducteur se doit d'être avant tout un « faiseur d'harmonie ». Cela a fait que mon travail s'est avéré souvent très difficile, fruit de plusieurs années de méditation et de ratures, car tout doit être maîtrisé chez Pindare, véritable dentellier du verbe : nul plus que lui ne peut souffrir une traduction approchante, sans nuire aussitôt à l'intégrité de son art
Quant à la sonorité des vers, elle a été l'une de mes grandes préoccupations : de fait, j'ai tenté de restituer la résonance spécifiquement dorienne, faite de « a » et « oi ».
Autres précisions. J'ai rendu, quand il le fallait, le ton sublimement hautain du poète, tendant parfois vers la morgue, mais aussi l'élan solennel, le flot majestueux où bouillonnent tant de splendeurs, et que le dialecte dorien amplifie notablement ; j'ai bien eu conscience que cette puissance verbale risquait d'irriter par moment le lecteur moderne, habitué à plus de simplicité et de modestie. Devant cette avalanche d'images et de rythmes, la saturation guette... Mais que l'on aime ou pas, cela fait partie du style du poète, particulièrement dans les Odes. Par scrupule, je n'ai pas cherché à gommer cette pompeuse suffisance.
De plus, je me suis efforcé, autant qu'il m'était possible, d'éviter toute omission textuelle, mais aussi toute tentation paraphrasante, deux travers qui découlent d'une traduction en vers.
Telle est cette entreprise funambulesque et ingrate, où l'idéal poétique est mon principal leitmotiv, mais jamais au détriment du texte initial. Ainsi, ce travail a pour ambition (ou la naïveté peut-être !) de satisfaire à la fois l'honnête homme, l'amateur de poésie et le spécialiste des littératures anciennes. Au lecteur maintenant de juger.
SOMMAIRE
Pour Théron d'Agrigente,
Vainqueur à la course des chevaux,
pour les Théoxénies
Pour Psaumis d'Agrigente,
Vainqueur au quadrige
Pour Psaumis d'Agrigente,
Vainqueur à l'attelage des mules
Pour Agésidamos, Locien Zéphyrien,
Vainqueur au pugilat des garçons
Pour Asopicos d'Orchomène,
Vainqueur au stade des garçons
Pour Xénocrate d'Agrigente,
Vainqueur au quadrige
À Mégaclès d'Athènes,
Vainqueur au quadrige
PYTHIQUE X
Pour Hippocléas, Thessalien,
Vainqueur à la course diaulique
Pour le jeune Thrasidée de Thèbes,
Vainqueur à la course
À Midas d'Agrigente,
Joueur de flûte
À Timodèmos,
Vainqueur au pancrace
À Pythéas d'Égine,
Vainqueur au pancrace
Pour Alcimidas d'Égine, lutteur,
Vainqueur au concours des garçons
Pour Dénias, fils deMégas,
Vainqueur à la course du stade
À Aristagoras, fils d'Arcésilas,
Prytane de Ténédos
Pour Xénocrate d'Agrigente,
Vainqueur à la course des chars
Pour Mélissos de Thèbes,
Vainqueur au quadrige
Pour Strepsiade, Thébain,
Vainqueur au pancrace
FRAGMENTS DE PARTHÉNÉES
FRAGMENTS INCERTAINS
Pour Théron d'Agrigente,
Vainqueur à la course des chevaux,
pour les Théoxénies
Strophe 1
Des Tyndarides hospitaliers, je désire la faveur,
Et celle d'Hélène finement bouclée,
Pour célébrer la glorieuse Agrigente : tel est mon vœu !
Au vainqueur olympique,
Théron, j'ai dressé l'hymne, à ses coursiers aussi,
À l'élan prodigieux ! Or la Muse était
À mes côtés, lorsque j'inventai une harmonie nouvelle,
Unissant la cadence dorienne à la voix,
Antistrophe 1
Splendeur des fêtes. Puisque se dressent
Sur la chevelure les couronnes,
Je me dois d'acquitter une dette sacrée :
La lyre subtile,
Le son des flûtes, et l'ordre des vers,
Au fils d'Onésidamos doivent se mêler, comme il sied ;
Et toi, Pise, déclare aussi, toi par qui,
Divinement, sont inspirées aux hommes les Odes,
Épode 1
Oui, parle de celui qui obéit aux premiers ordres d'Héraclès,
Le juge intègre des Hellènes, cet Étolien,
Qui posa au-dessus de ses prunelles,
Sur son front,
Le verdoyant feuillage d'olivier, que, jadis,
Des sources obscures
De l'Ister ramena le fils d'Amphitryon,
Cette mémoire des joutes olympiques,
Strophe 2
Après avoir si bien convaincu les Hyperboréens,
Serviteurs d'Apollon, par l'éclat de sa parole.
Bienveillant, il désirait pour l'agréable
Bosquet de Zeus une plante ombrageante
Pour les hommes, afin de couronner leurs exploits.
Et déjà, alors que les autels au Père
Déjà étaient dédiés, et que le char doré
Du soir avait embrasé sa prunelle, la Lune,
Antistrophe 2
Les arbitres des joutes,
De même que les quinquennales,
Étaient par lui fondés sur les saintes falaises de l'Alphée ;
Mais les arbres charmants n'étaient guère abondants
Dans les vallées du Cronion, la terre de Pélops :
Tout était pauvre, et l'endroit lui apparut
Écrasé par les feux ardents du soleil.
Alors, son cœur le poussa à se rendre dans le pays
Épode 2
Istrien ; là, Léto, dresseuse de chevaux,
L'accueillit, lui qui revenait des régions d'Arcadie
Aux coteaux sinueux,
Jeté dans cette aventure
Par Eurysthée, contraint aussi par le Père céleste,
Afin de ramener la biche aux cornes d'or,
Que jadis Taigétê
Avait donnée à Orthosie, offrande sacrée.
Strophe 3
Dans sa poursuite, il découvrit une contrée
Épargnée par les souffles du Nord
Au froid mugissement ; devant ces arbres, il fut fasciné !
Un désir ardent le poussa
À les planter le long de l'espace douze fois borné de tours,
Où courent les chevaux. Et, aujourd'hui, à la fête,
Tout de mansuétude, il vient,
Accompagné des Jumeaux, enfants de la svelte Léda.
Antistrophe 3
Car il leur a ordonné, à son départ pour l'Olympe,
De régir ces jeux sublimes
Pour la vaillance des hommes et le maniement du char
Si vif. Et moi, je veux de tout mon cœur
Affirmer, qu'aux Euménides
Et à Théron, la gloire est échue, grâce aux cavaliers
De Tyndare, car aux plus opulents des hommes,
Ils furent hospitaliers, leur donnant des festins,
Épode 3
Ayant préservé une piété digne des Meilleurs.
Si le premier bien est l'eau, si
L'or est le plus pur,
Aujourd'hui, à l'apogée
De ses exploits, Théron vient d'atteindre
L'extrémité des Colonnes
D'Héraclès. Leur au-delà est aux sages interdit,
Comme aux impies. Mais je n'irai pas plus loin : sinon, je serai fou !
Pour Psaumis d'Agrigente,
Vainqueur au quadrige
Strophe
Toi qui lances au loin la foudre, toi l'agile,
Zeus, par tes filles, les Heures,
Aux sons de l'hymne surgi de ma lyre sublime, je suis venu
Pour admirer de valeureux exploits.
Leurs hôtes étant vainqueurs,
La joie étreint soudain les vertueux, à la douce nouvelle.
Fils de Cronos, maître de L'Etna,
Pourfendeur de la lourde masse à cent têtes,
Typhon l'abominable,
Reçois cet hommage pour le vainqueur olympique
Par les Charites décrété,
Antistrophe
Pour l'éclat immortel de la noble vaillance.
Voyez ! Le char
De Psaumis est là, lui, couronné de l'olivier de Pise, pressé d'étendre la gloire
Sur Camarine. Que les dieux favorables
Satisfassent ses vœux.
Je le loue ! Il est grand dans l'art de dompter les cavales ;
Mais sa vertu est l'hospitalité,
Et c'est dans la paix, joie de toute cité, que pure,
Son esprit aime à s'épancher.
Mais le mensonge ne doit point colorer
Mon éloge : l'expérience seule est gage de vérité aux hommes :
Épode
C'est elle qui vengea le fils de Clymènos
Des affres des femmes de Lemnos :
Écrasé par le bronze, triomphant à la course,
Il dit, recevant d'Hypsipyle les lauriers :
« Moi, je me suis affermi
Autant par les mains que par le cœur ! » Oui, les cheveux, même aux jeunes
Hommes, les voilà devenus blancs
Trop vite, malgré leur âge.
Pour Psaumis d'Agrigente,
Vainqueur à l'attelage des mules
Strophe 1
Du prestige et des lauriers la splendeur,
Ceux d'Olympie, ô filles d'Océan, dans la joie,
Et pour ses coursiers vifs, recevez l'offrande de Psaumis,
Antistrophe 1
Lui qui magnifie Camarine, lui, si prodigue envers son peuple,
À qui l'on doit les six autels aux fêtes divines, imposantes,
Où l'on sacrifia des bœufs, lors des cinq jours de jeux,
Épode 1
De chars, d'habileté au célès. Quelle gloire immortelle
Vainqueur, il s'est acquis ! Et, de son père Acron,
Il a proclamé le nom, et celui de sa ville renaissante.
Strophe 2
Il venait de revoir le doux pays d'Oïnomaos et de Pélops,
Et, ô poliade déesse, Pallas, il a honoré ton bosquet saint
Ta rivière, l'Oanis, le lac où il naquit,
Antistrophe 2
Et l'antique canal dont l'Hipparis désaltère les troupes,
Et où se dressent les bâtisses grandioses
Qui, après les temps misérables, ont consacré l'opulence de ce peuple.
Épode 2
Acharnement et souffrance se disputent pour l'exploit
Périlleux. Mais une fois vainqueur,
Le renom de sagesse grandit l'homme, reconnu même parmi les siens.
Strophe 3
Ô toi, prince des nuées, Zeus, qui trônes sur la cime cronienne,
Qui te plais sur l'Alphée, majestueux flot, dans la caverne de l'Ida,
À toi, je demande que mes hymnes se mêlent aux lydiennes flûtes,
Antistrophe 3
Pour louer, par ces nobles cœurs, la cité ;
Et toi, ô vainqueur d'Olympie, fier de tes chevaux posidoniens,
Dans la joie, passe une verte vieillesse jusqu'à la mort,
Épode 3
De tes fils entouré. Car celui qui baigne dans le bonheur et la santé,
Et joint à la richesse l'éloge,
Qu'il n'aspire point au sort des dieux.
Pour Agésidamos, Locien Zéphyrien,
Vainqueur au pugilat des garçons
Strophe
L'homme, parfois, goûte le vent comme un ardent
Besoin, ou la rosée céleste,
Filles des nuées de pluie ;
Mais que l'on soit vainqueur, les hymnes, son de miel,
Prélude aux discours futurs,
Sont les garants absolus de l'éternelle gloire.
Antistrophe
Loin de l'envie, voilà ce qui échoît
Aux vainqueurs olympiques,
Et ma langue désire en donner la saveur :
Or c'est par Zeus que l'homme exalte en pensées vertueuses.
Apprends donc, ô fils d'Archestratos,
Agésidamos, qu'à ton pugilat,
Épode
Autour de ta couronne d'olivier d'or,
Résonnera, suave, mon chant,
Hommage aux Locriens Zéphyriens.
Accourez à la joute : je vous y engage !
Muses, ce ne sont point des gens inaccueillants
Ignorant la beauté,
Mais sages grandement et guerriers vifs que vous rencontrerez ;
Car leur nature, ni le renard chafouin,
Ni le lion rugissant ne les échangeraient.
Pour Asopicos d'Orchomène,
Vainqueur au stade des garçons
Strophe 1
Vous, des ondes céphisiennes
Les habitantes, vous qui hantez le havre aux charmants poulains,
Reines suaves,
Charites de la riche Orchomène, gardiennes de la race antique de Mynias,
Écoutez-moi, je vous prie, vous par qui liesse
Et douceur éclosent aux mortels
Pour la sagesse, la beauté, la gloire éclatante.
Non, les dieux, sans les Charites saintes,
Ne pourvoiraient ni aux chœurs,
Ni aux banquets ; mais donneuses de tous les présents
Célestes, sur le trône, sises aux côtés de l'archer d'or,
Le Pythien Apollon,
Elles adorent le Père, l'Olympien sempiternel.
Strophe 2
Ô Aglaé,
Chant suave, Euphrosyme, filles du dieu le plus grand,
Soyez attentives ! Toi aussi, Thalie,
Amie du verbe ; voyez, dans la joie bienheureuse,
L'hymne virevoltant, car, sur le mode lydien,
- Mon œuvre -, je m'en vais chanter
Ta victoire olympique, dont Mynos
Par toi s'honore. Aussi, jusqu'à l'antre aux murs noirs
De Perséphone, vole, ô Écho,
Révèle à son père la prestigieuse nouvelle,
Vole vers Cléodamos, et dis que son fils,
Au cœur de la glorieuse Pise,
A ceint d'ailes triomphales son front.
Pour Xénocrate d'Agrigente,
Vainqueur au quadrige
Strophe 1
Écoutez ! C'est le champ d'Aphrodite
Aux yeux vifs et des Charites
Que nous labourons, tandis qu'au nombril de la mugissante
Terre, vers le temple, nous nous dressons ;
Louant la victoire pythique, pour les riches Euménides,
Pour l'humide Agrigente, enfin, pour Xénocrate,
J'offre ce cortège d'hymnes qui, à la profusion d'or
De l'Apollinienne vallée, se mêle, inaltérable.
Strophe 2
Sur lui, ni l'orageuse pluie, monstrueuse,
Ni le vacarme des nuées
Dans leurs bataillons cruels, ni le vent ne pourront jusqu'aux gouffres
Maritimes les mener, malgré tous les débris
Qui viendraient l'affecter. Brillante, pure, sa façade
Dira, tout comme de ton père, Thrasybule, de sa race,
Aux hommes, l'illustre victoire au quadrige,
Ce triomphe au vallon de Crisa !
Strophe 3
Tenant le rêne, à ta droite, tu conduis,
Debout, le Précepte
Qu'autrefois, sur les monts, au magnifique
Fils de Phylire, au fils de Pelée, loin de vos parents,
Rappelait ceci : « Puissamment, le Cronide,
Dont la voix rauque décoche éclairs et foudre,
Lui, parmi tous les dieux, honore-le : mais, de cette célébration,
N'oublie jamais tes parents tout le temps qui leur reste de vie. »
Strophe 4
Jadis aussi, Antilochos le fort
Était mû par ce sentiment,
Lui qui mourut pour son père en affrontant
Le tueur d'hommes, le chef des Éthiopiens,
Memnon. Le cheval nestoréen, clouant son char sur la place,
Il fut blessé par les coups de Pâris, brandissant
Son épée : le vieillard messénien
Éperdu, implora le secours de son fils,
Strophe 5
Sa parole ne s'éteignant que lorsqu'il fut à terre !
Face au péril, le héros divin
Vengea par son trépas le salut de son père,
Devenant, pour les siècles à venir,
Au regard de la jeunesse, par son exploit sublime,
L'indéfectible modèle de vaillance filiale.
Mais ce temps est révolu ! Aujourd'hui, Thrasybule
Marche, brillant, sur les voies paternelles :
Strophe 6
Il imite son oncle dans ses vertus splendides ;
Humblement, il goûte à sa richesse,
Ne cueillant ni l'injustice, ni l'intempérance au cœur de sa jeunesse,
Mais la vertu au fond de l'antre des Piérides.
Et toi, Trembleur de terre, toi qui préludes aux jeux équestres,
De toute son âme, Poséidon, il t'aime,
Et son commerce exquis, au milieu des banquets,
Est plus suave encore que l'œuvre ajourée des abeilles.
À Mégaclès d'Athènes,
Vainqueur au quadrige
Strophe
Le plus beau prélude
- Athènes l'immense - pour honorer cette race grandiose,
Les Alcmanides, auxquels je dresse une ode à leur quadrige.
Y a-t-il un pays, une famille, dont la renommée
Soit la plus éclatante
À jeter à la face des Grecs ?
Antistrophe
Car toutes les cités connaissent
Les hommes d'Érechthée, qui, ô Apollon, pour toi,
Ont bâti ta demeure dans la sainte Pytho, merveille !
Vois : cinq victoires dans l'Isthme me guident, comme celle, splendide,
Au Zeus de l'Olympique,
Deux triomphes à Cyrrha,
Épode
Ô Mégaclès,
Enfin, celles de vos ancêtres !
Et ton succès nouveau me grise. Cependant, je suis triste,
Car l'exploit engendre l'envie. Mais ne dit-on pas
Qu'ainsi vont les choses, que, trop proche de l'homme,
Le bonheur qui rayonne apporte l'un, apporte l'autre ?
PYTHIQUE X
Pour Hippocléas, Thessalien,
Vainqueur à la course diaulique
Strophe 1
Ô belle Lacédémone,
Ô heureuses vallées de Thessalie !
Sur vous deux, la race issue
D'un même père, le bienveillant Héraclès, règne.
Aurais-je retardé ma louange ? Mais Pytho
Et Pélinnéon m'ont fait part de leurs vœux,
Les enfants d'Aléas aussi, qui veulent d'Hippocléas
Glorifier la prouesse par des chants de victoire.
Antistrophe 1
Il se livre aux jeux :
Et le cortège assemblé dans le val parnassien
L'a proclamé vainqueur au diaule des garçons.
Apollon, finitude des hommes, et leur commencement aussi,
Est ébloui quand le sort leur concède la gloire.
Oui, c'est bien grâce à toi qu'il a triomphé,
Succédant aux exploits accomplis par son père,
Épode 1
Vainqueur deux fois à Olympie aux armes
Belliqueuses d'Arès,
Mais aussi sous les rochers de l'ombrageante Cyrrha,
À la course, grâce à son pied agile, lui Phrikias !
Qu'un destin bienveillant, pour ses jours futurs,
Déploie la floraison lumineuse de ses richesses,
Strophe 2
Car, pour le bonheur de l'Hellade,
Des dons divers leur ont été confiés ! Puissent-ils des Immortels
Ne point subir les humeurs versatiles ! Puisse Zeus
Leur être bienveillant ! Car heureux et digne des chants,
Devient l'homme aux yeux des sages,
Lui qui, par ses bras et ses pieds vainqueurs,
A conquis par ses âpres efforts les plus belles couronnes.
Antistrophe 2
Et a vu, de son vivant,
Son fils triompher à Pytho.
Certes, les astres d'airain lui sont défendus,
Mais toutes ces joies dont les mortels
Disposent, ils les a ressenties
Jusqu'à l'extrême ; hélas ! ni sur un vaisseau, ni sur la terre, on n'a jamais trouvé
Des hyperboréens les routes fantastiques.
Épode 2
Chez ce peuple, seul Persée festoya, cet âme de chef :
Il pénétra dans leurs maisons,
Où se préparait l'hécatombe de superbes ânes
Au dieu. Ces gens
Et leurs acclamations plaisent à Apollon,
Qui sourit devant les troupeaux qui se débattent.
Strophe 3
La Muse n'est point absente
De leur vie : chez eux, partout les chœurs de jeunes filles,
Le charme des lyres et l'aigu des flûtes se mêlent ;
Du laurier d'or ils couronnent leur front,
Et ils font bonne chère.
Jamais la maladies, ni la vieillesse ne souillent
Cette race sacrée. Loin des rudes labeurs, des guerres,
Antistrophe 3
Ils sont préservés
De l'âpre Vengeance. Et c'est d'un cœur vaillant
Que, jadis, arriva le fils de Danaé, guidé par Athéna,
Chez ces bienheureux.
C'est là qu'il tua Gorgone, et revint,
En ayant rapporté la tête sanglante, remplie de serpents,
Et pétrifiante pour les Iliens. Pour moi,
Épode 3
Lorsque les dieux font de tels actes, rien de sublime
Ne saurait m'étonner.
Mais, ô Muse, cesse de ramer, jette l'ancre ! Plante-la dans le sol,
Évite ainsi les écueils.
Car la splendeur de mes hymnes festifs
Butine de fleur en fleur, comme l'abeille.
Strophe 4
Et si, repris par les gens d'Éphyros,
Mon chant pénètre sur les rives de Penée, suave,
J'espère donner de l'éclat à Hippocléas par ces odes,
Pour ses couronnes, auprès
Des jeunes gens, des vieillards ou des jeunes vierges.
Et tous, leur cœur s'embrase pour ceci ou cela.
Antistrophe 4
Mais que chacun, après tant de soupirs,
Grâce à la chance, puisse atteindre un bonheur accessible.
Mais ce qui surviendra dans un an est aléatoire.
Moi, j'apprécie l'amitié douce
De Thorax, qui s'est empressé, ô joie,
De prendre les rênes du char des Piérides,
Lui qui aime celui qui l'aime, hospitalier à ceux dont il fut l'hôte.
Épode 4
L'or se révèle au caillou qui l'effleure,
Une belle âme aussi !
Ses frères, nous les louerons, ces êtres généreux,
Car ils ont levé très haut les lois du pays thessalien,
Les magnifiant ; oui, c'est aux Meilleurs qu'échoient,
Par leur rigueur, les suprêmes gouvernances des cités.
Pour le jeune Thrasidée de Thèbes,
Vainqueur à la course
Strophe 1
Ô filles de Cadmos, toi, Sémélé, vivant sur les rives olympiennes,
Ô Ino-Leucothée,
Vous toutes, filles des Néréides pontiques,
Volez avec la sainte mère
D'Héraclès jusqu'à Mélia, dans l'antre aux trépieds d'or,
Au sein du trésor chéri par Phébos,
Antistrophe 1
Nommé par lui Isménion, siège d'oracles fiables.
Ô filles d'Harmonie,
C'est là qu'Il invite les héroïnes de ce lieu,
Leur cortège, à se rassembler
En faveur de l'impérieuse justice, de Pytho, et du Droit,
Nombril du monde, pour que vous chantiez au crépuscule
Épode 1
Et honoriez la ville aux sept portes,
Et l'exploit de Cyrrha,
Où Thrasidée, dignement, a repris le flambeau parental,
En arborant trois couronnes,
Triomphant aux champs de Pylade,
Celui qui fut l'hôte d'Oreste,
Strophe 2
Lui qui, lors du meurtre de son père, échappa au piège affreux
Tendu par la main féroce de Clytemnestre,
Sauvé par sa nourrice,
Quand la fille de Priam le Dardanide,
Cassandre, fut aussi par le glaive aiguisé de la reine, jetée
Avec l'âme d'Agamemnon sur les rives glauques de l'Achéron,
Antistrophe 2
Ô femme sans pitié ! Était-ce parce qu'Iphigénie, sur l'Euripe,
Avait subi le sacrifice loin de sa patrie,
Que se dressa cette main enragée ?
Avait-elle été horrifiée par les fornications
Nocturnes, devenue folle ? Pour les jeunes épousées,
Ce forfait misérable n'était point dissimulable
Épode 2
Aux rumeurs ;
La populace est si médisante !
Car la gloire suscite une jalousie aussi puissante qu'elle !
Et l'homme mesquin déploie sa haine, bien caché.
Il mourut le héros, le fils d'Atrée,
Dans les champs d'Amyclées,
Strophe 3
Ayant sacrifié cet oracle fameux, ayant, à cause d'Hélène,
Anéanti de feu les demeures troyennes,
Leur splendeur. Mais le jeune homme (Oreste)
S'en vint chez le vieillard Straphios
Qui hantait le val parnassien ; puis, plein de rage,
Il tua sa mère, puis Égisthe, pour finir le massacre.
Antistrophe 3
Mais, chers amis, ne me suis-je point égaré sur des routes enchevêtrées,
Alors que je suivais droit mon chemin,
Auparavant ? Est-ce un vent divergent qui m'aurait détourné
De mon parcours comme une barque frêle ?
Muse, s'il est avéré que tu veuilles être payée
Pour ta voix d'argent, parle-nous, comme tu l'entends,
Épode 3
De son père vainqueur pythien,
De Thrasidée, surtout,
Ces gloires éblouissantes.
Jadis, triomphant aux chars,
Ils ont à gagné à Olympie par leurs coursiers,
Fulgurante lumière des jeux !
Strophe 4
À Pytho, courant dans le stade, nus, ils ont humilié
Leurs rivaux hellènes
Par leur vivacité. Quant à moi, puissé-je ne désirer qu'une gloire issue de Zeus !
Puissé-je ne goûter que les hauts faits digne de mon âge !
Oui, quand je vois dans la cité les médiocres
Vivre sereinement, je blâme les tyrans,
Antistrophe 4
Et n'aspire qu'aux ternes vertus : ainsi, les envieux sont évités.
Parvenu à son terme,
Flâneur paisible, prémuni
Contre les affres de l'orgueil, le noir couchant
Donne à l'homme une mort bien douce, laissant à son lignage
Belle renommée, la plus noble des richesses.
Épode 4
Celle-ci a rendu le fils d'Iphicléos,
Célèbre, et a offert à Iolaos
Les hymnes ; même chose pour le puissant Castor,
Pour toi encor, Pollux, de race divine,
Vous qui habitez votre cité, Thérapné,
Mais aussi en plein cœur de l'Olympe.
À Midas d'Agrigente,
Joueur de flûte
Strophe 1
Je t'invoque, toi, la resplendissante, le plus belle cité conçue par les mortels,
Lieu de Perséphone, sise en la plantureuse
Acragas, où paissent les brebis, colline fièrement dressée,
Heureuse, avec la bénédiction des dieux et des mortels,
Reçois la couronne offerte par Pytho pour l'illustre Midas,
Lui, vainqueur de la Grèce dans l'art, que, jadis,
Pallas inventa, alors qu'elle tressait
Un chant de deuil sur les tourments des Gorgones, Athéna.
Strophe 2
Ces cris jaillis de leurs têtes vierges, inabordables,
Pallas les entendit bruisser dans leur affreux supplice,
Alors que Persée, farouche, ramenait la tête de Méduse, troisième des sœurs,
À Sériphe la maritime, causant alors sa chute.
Le race antique de Phorkos, par lui, s'effondra,
Ayant rendu sa pièce à Polydecte, après l'accueil abominable,
Le durable esclavage et le viol de sa mère,
Ayant tranché la tête de Méduse,
Strophe 4
Lui, fils de Danaé, féconde par l'or qui vint en pluie !
Mais, quand, de ses labeurs, elle dispensa
Son mortel vénéré, la Vierge inventa le son des flûtes,
Ardente à imiter dans son éclat,
Le déversement de la bouche féroce d'Euryale, plainte aigue !
La Déesse l'inventa. Et, quand elle eut offert aux mortels,
Il devint l'instrument nommé pour tant d'usages,
L'évocation des guerrières clameurs
Strophe 4
Qui pénètre l'airain ; ce sont aussi les roseaux,
Aux abords de la cité harmonieuse des Charites,
Près du bois sacré du Céphise, compagnons des danseurs.
Si la joie étreint les hommes, ce n'est pas sans douleur
Qu'elle survient ; le sort nous comble aujourd'hui,
Mais le Destin – implacable – veille, et vient le temps
Qui nous octroie l'imprévisible,
Et qui, en attendant, donne ceci, mais, cela, pas encore.
À Timodèmos,
Vainqueur au pancrace
Strophe 1
Comme les aèdes homériques
Voix tisseuses d'hymnes,
Commencent par Zeus en leur prélude, de même cet homme,
La victoire aux jeux
Sacrés, il l'obtint d'abord
Au très saint bois de Zeus de Némée.
Strophe 2
Mais il faut encore que, sur les pas
De son heureux lignage, il marche fermement,
Qu'il soit l'ornement d'Athènes la grande ;
Tant de fois, aux Isthmiques,
Il recueillit la palme ; aux Pythiques il fut vainqueur,
Lui, fils de Timonoos : il est normal
Strophe 3
Que, dans le voisinage des montagneuses Pléiades,
Orion fuse.
Salamine, il est vrai, engendre de valeureux soldats,
Elle le peut ! À Troie,
Hector craignit Ajax ! Comme lui, Timodèmos, ton courage
Permanent au pancrace te sublime.
Strophe 4
Acharnès, jadis, fut, dit-on, loué
Pour sa vaillance ; aux jeux,
Les fiers Timodémides sont les meilleurs ;
Et, non loin du Parnasse, souverain des cimes,
Quatre victoires de suite par eux ont été remportées ;
Et chez les Corinthiens,
Strophe 5
Dans la vallée du noble Pélops,
Huit lauriers, déjà, s'étaient ajoutés ;
Sept à Némée ; en leur patrie, tant et tant !
Ô citoyens, glorifiez
Festivement Timodémos, qui revient, glorieux ;
Puis, d'une voix douce, chantez !
À Pythéas d'Égine,
Vainqueur au pancrace
Strophe 1
Sculpteur je ne suis point, pour modeler, raidies,
Des images sur un socle
Figé. Mais sur ton vaisseau,
Ou ta barque, belle ode,
Quitte Égine, et proclame
Que le fils de Lampon, Pythéas, vigueur extrême,
A gagné aux joutes néméennes la couronne au pancrace,
Alors qu'on ne voyait pas encor sur ses joues
Le bel automne qui fait naître le duvet,
Antistrophe 1
Et qu'aux guerriers de Cronos et de Zeus, lanciers
Issus des Néréides blondes,
Comme aux Éacides, il a fait honneur ;
De même à sa patrie, Égine, terre féconde aimée des étrangers,
Elle qui devint grande et fameuse
Par eux : devant l'autel du Père Hellanien,
Tous avaient levé leurs mains vers l'astre,
Les fils illustres d'Endéïs,
Comme le puissant et majestueux roi Phocos,
Épode 1
Lui qui fut enfanté par Psamathée sur les rives marines.
Mais je n'ose dire un fait grave,
Commis contre toute justice,
Lorsqu'ils abandonnèrent cette île bienheureuse,
Et qu'un Démon relégua ces héros
Loin d'Oïnone.
Ici, je m'arrêterai : intégrale, la vérité ne doit pas
Dévoiler son visage,
Et se taire est parfois la chose la plus sage
Pour l'homme intelligent.
Strophe 2
Mais si c'est leur victoire, leur vigueur, ou leur bravoure guerrière
Qu'il me faut célébrer, je bondirai
Du champ qu'on m'aura concéder :
Ma jambe sera pleine d'élan ;
Car, même au-delà des mers, vont s'envoler les aigles.
Et, avec bonheur, pour eux aussi, chanta sur le Pélion
Le chœur sublime des Muses, avec auprès d'Elles,
Apollon, sa lyre à sept sons,
Antistrophe 2
Guidant leurs chants variés ; avant toute chose, elles louèrent
En prélude, Zeus, puis Thétis
Et Pelée, que la coquette
Créthéide, Hippolyte, tenta
De piéger, en usant avec le roi des Magnésiens,
Son époux, des pires calomnies ;
Elle fit un mensonge perfide,
En prétendant que sur le lit d'Acaste, il avait
Défié la nuptiale
Épode 2
Couche : or c'était le contraire ! Car c'est avec grand zèle
Que la parjure avait cherché à le séduire.
Lui, fut enragé par l'infâme discours,
Et repoussa la jeune épousée,
Bien que du dieu hospitalier il redoutât
Le courroux : mais celui-ci comprit la chose et lui offrit,
Lui, le créateur des nuées célestes,
Zeus, roi des Immortels,
Une des Néréides à la quenouille d'or,
Comme épouse ;
Strophe 3
D'être son beau-frère, il convaincrait Poséidon, lui qui, d'Aigé
Visite souvent l'illustre Isthme dorienne ;
C'est là que de joyeux cortèges
Au son des flûtes, accueillent le dieu,
Et que, par la vigueur de leurs membres, ils rivalisent de prouesses.
Le destin ancestral arbitre leurs hauts faits.
Toi, deux fois à Égine, ô Euthymène,
Tu fus pris dans la bras de la Victoire,
Et, brillants, tu obtins les chants.
Antistrophe 3
Oui, ton oncle a fait sur toi rejaillir l'exploit,
Vous deux, la même semence, Pythéas.
Némée te fut propice,
Et, dans le mois préféré d'Apollon,
Tous tes jeunes rivaux venus chez lui, tu les as vaincus
Dans la douce vallée de Nisos. Je me réjouis
Que pour l'exploit travaillent les cités.
Sache que c'est grâce à Ménandre,
Si tu as vaincu,
Épode 3
Pour ta joie : car Athènes est la souche des entraîneurs d'athlètes ;
Mais s'il faut chanter
Thémistios, n'hésite plus ! Élève
La voix, dresse la voilure
En haut du mât,
Et crie qu'au pugilat comme au pancrace,
Il a gagné à Épidame, une double
Victoire, et que, dans l'enclos d'Éaque,
De fleurs verdoyantes il s'est couronné
Avec les blondes Charites.
Pour Alcimidas d'Égine, lutteur,
Vainqueur au concours des garçons
Strophe 1
L'humaine et la divine, telles sont les races ! La même mère
Pour les deux ; mais nous sépare un ineffable
Pouvoir : pour l'un, le néant ; pour l'autre,
L'éternité, l'astre de bronze,
Immuable. Et pourtant, des similitudes
- Génie, nature - avec les Immortels,
Bien que nous ne sachions, ni de jour, ni de nuit,
Le chemin
Frayé par le Destin, et sur lequel nous marchons.
Antistrophe 1
Comme preuve, Alcimidas, dont l'éclatante hérédité
Est un terreau fécond : à la fois,
On y voit récolter pour les hommes,
Fructueuse moisson de leur sol,
Puis un repos qui réimpulse des forces. De retour
Des jeux exquis de Némée,
Le jeune héros,
Dans son ardeur aidé par Zeus,
Apparaît désormais
Comme l'homme victorieux de sa lutte,
Épode 1
Marchant sur les pas
Familial de Praxidamas, son aïeul,
Lui qui, vainqueur à Olympie, fut, pour les Éacides,
Le premier à gagner les rameaux de l'Alphée,
Qui, cinq fois, aux joutes de l'Isthme fut couronné,
À Némée, trois fois, brisant l'oubli
Qui terrassa Socléidas, l'aîné
Des fils d'Agésimachos.
Strophe 2
Car les trois frères au sommet de la gloire
Se hissèrent, après moult efforts. Grâce à Zeus,
Jamais une maison
N'obtint au pugilat
Lauriers en profusion dans toute l'Hellade ! Ah ! fasse
Que mon verbe touche sa cible,
Pareille à la flèche !
Pour eux, soutiens, ô Muse,
Ce souffle impétueux de mots
Glorieux. Un homme meurt,
Antistrophe 2
Les hymnes et la voix rappellent les exploits,
Peu rares chez les Bassides ; lignée fertile, depuis longtemps,
Donneurs de leurs propres éloges
Aux laboureurs des Piérides,
Ils savent inspirer maints chants pour leurs grandioses faits.
Voyez : en la sainte cité,
Sa main armée du gant de cuir, à Pytho, il y eut,
Né de ce lignage,
Jadis, Callias, favori de celle à la quenouille d'or,
Épode 2
Léto, pour qui, à Castalie, jusqu'au soir,
Baigné par le chant des Charites, il s'embrasa ;
Et sur l'interminable pont sur la mer en furie, lors des joutes triennales,
Tueuses des taureaux avoisinants, fut honoré
Créontidas, au sein de l'enclos posidonien,
Et l'herbe, souvenir du lion,
Le couronna, vainqueur sous l'ombrage
Des cimes immémoriales de Phlionte.
Strophe 3
Ouvertes et amples aux poètes les routes
Glorifiant cette île merveilleuse : les Éacides
Y sont foison, révélant
Une vaillance accrue,
Au point que s'étend au-delà de la terre et des mers
Leur renom, jusqu'en Ethiopie même,
Où Memnon ne revint plus ;
C'est là qu'Achille,
Sur eux s'était rué, quand, descendu de son char,
Antistrophe 3
Il eut tué le fils de l'Aurore, de la pointe
De sa lance irascible. Oui, c'est un chemin
Où d'autres se retrouvèrent,
Et que j'emprunte aussi !
Mais cette vague qui va et qui vient, sempiternelle, autour du vaisseau,
Est de celle qui, avec force, assaillit
Mon âme. Le dos voûté,
Consentant au double fardeau,
Messager me voici
Pour diffuser, cinquième sur vingt autres,
Épode 3
Un exploit accompli dans les joutes sacrées,
Ô Alcimidas, pour le bonheur
De ton illustre race, bien que deux victoires, dans l'enclos du Cronien,
Mon enfant, te soient déniées, comme à Polytimidas,
Par un sort cruel, deux couronnes olympiques :
Mais, tel le dauphin alerte dans les flots,
Saurais-je, moi, rivaliser avec Mélésias,
Coursier vigoureux au bras agile ?
Pour Dénias, fils deMégas,
Vainqueur à la course du stade
Strophe 1
Ô belle saison de la jeunesse, témoin des immortelles
Douceurs d'Aphrodite,
Toi qui brilles dans les yeux des vierges et des garçons,
Toi dont les caressantes mains exaltent
Celui-ci et alarment celui-là !
Comme il est suave, en toutes circonstances,
De se laisser dominer par la grâce des Amours !
Antistrophe 1
Ainsi, telles furent celles qui, sur la couche de Zeus et d'Égine,
Se trouvèrent, elles qui offrirent
Les présents de Cypris ; il en naquit un fils, roi d'Oinoné,
Vaillant et de si bon conseil, si bien que de partout,
Une foule accourait pour le voir ;
Ainsi, avec aisance, la fleur héroïque du monde
Se soumettait humblement à sa loi,
Épode 1
Que ce soient ceux qui, dans la rocheuse Athènes régnaient sur la masse,
Ou ceux de Sparte, les Pélopides.
Mais c'est en suppliant
Qu'aux genoux vénérés d'Éaque, et par amour de la cité
Et de son peuple, je viens, apportant
Le fin diadème de strideur,
Pour l'exploit à la course du stade de Dénias
Et de son père Mégas, éclat de Némée.
Car, concédé par Zeus,
Le bonheur des mortels est chose durable,
Strophe 2
Comme celui qui combla de richesses Cyniras,
Jadis, dans la maritime Chypre.
Mais je dois me redresser, et reprendre mon souffle avant de chanter.
On a déjà tant dit ! Et une idée neuve
À offrir au jugement
De la critique, quel insigne péril ! Les mots : on les jette en pâture aux envieux ;
Oui, l'envie blesse le génie toujours, mais ne n'agresse jamais le médiocre.
Antistrophe 2
C'est elle qui perdit le fils de Télamon,
En retournant sur son sein son propre glaive.
Une langue hésitante, et bien qu'un cœur soit valeureux, l'oubli le terrasse
Sombrement, alors que l'opulence
Comble le perfide beau parleur.
Ainsi, votant en secret, ce fut Ulysse qui les Danaens favorisèrent,
Privant Ajax de son équipement d'or, et il affronta la mort.
Épode 2
Dissemblables, pourtant, furent les coups portés dans la chair brûlante
Des ennemis, repoussés
Par la lance meurtrière,
Sur le corps d'Achille expirant,
Et durant ces jours porteurs de batailles indicibles.
Oui, l'insidieuse parole existait autrefois, déjà,
Assise du propos mensonger,
Ruse, honte misérable
Qui jette l'opprobre sur la gloire éclatante,
Et récompense les obscurs, la pourriture !
Strophe 3
Ah ! loin de moi d'avoir d'aussi funestes sentiments !
Zeus, Père, je t'en prie, puissé-je suivre
La route la plus franche, de crainte qu'à mon trépas,
Je ne souille mes enfants d'une renommée exécrable. On veut
De l'or, d'autres veulent des domaines sans limite ;
Moi, je veux plaire à tous, jusqu'à ce qu'on ensevelisse mon corps,
Louant ce qui est bon, condamnant les infâmes.
Antistrophe 3
Jaillit l'exploit, tel, nourri par la fraîche rosée,
L'arbuste,
Lui, qui, grâce aux vertueux, aux justes, s'élève jusque dans le vaporeux
Éther. Précieux sont les amis
Lorsque les soucis
Sont aigus ; mais la joie aime aussi à se reposer
Sur celui qui vous aime. Ô Mégas, te redonner vie
Épode 3
Est impossible pour moi : cet espoir fou ne saurait s'accomplir ;
Mais, pour honorer ta patrie et les Chariades, légère,
J'érige une stèle
Issue des Muses pour les belles enjambées de ces deux hommes,
Victorieux deux fois. Quel plaisir
D'offrir à l'exploit le chant désiré : c'est par la poésie
Que l'athlète épuisé s'apaise après l'effort.
L'hymne de triomphe
Est un usage antique, déjà consacré avant que ne fit rage
Le combat entre Adraste et les fils de Cadmos !
À Aristagoras, fils d'Arcésilas,
Prytane de Ténédos
Strophe 1
Ô Fille de Rhéa, des prytanées gardienne, Hestia,
De Zeus tout-puissant la sœur, et de celle liée à son trône, Héra,
Reçois Aristagoras dans ton enclos,
Et ses compagnons près de ton sceptre éclatant,
Eux qui se dévouent à ton culte et gouvernent ferme Ténédos ;
Antistrophe 1
Par d'abondantes libations ils t'honorent, toi, la première des déesses,
Mais aussi par des fumées à profusion ; leur lyre t'exalte, comme leurs hymnes,
Et la loi de Zeus Hospitalier est invoquée à leurs festins
Interminables ; aussi, puisse-t-il avec gloire achever
Le terme des douze mois d'un cœur comblé de joie !
Épode 1
J'admire cet homme pour son père Arcésilas,
Au corps magnifique, au courage ancestral ;
Celui qui a l'honneur de surpasser les autres en splendeur,
Qui s'accomplit aux Jeux et révèle sa force,
Qu'il n'oublie pas qu'il est enveloppé de chair mortelle,
Et qu'à la fin de tout, il s'habillera de terre.
Strophe 2
Répétées par son peuple, entonnons des louanges,
Peignons-le de gloire par des odes, son de miel.
Près d'ici, seize victoires
Brillantes nimbent Aristagoras
Et son illustre lignage, à la lutte et au pancrace !
Antistrophe 2
Mais les espoirs déçus de ses parents n'ont point voulu
Que le zèle d'un fils excelle aux Jeux de Pytho et d'Olympie.
Oui, je le jure, c'eût été avec gloire, si, à Castalie
Et aux touffus coteaux de Cronos il s'était rendu ;
Cette gloire eût été la plus belle, et il serait revenu
Épode 2
Des joutes quinquennales, l'œuvre d'Héraclès,
Fête où il eût été couronné d'un pourpre
Feuillage. Mais il incombe à un tel, par sa vanité,
D'être privé de gloire ; tel autre, qui dévalue
Sa vigueur, verra passer l'exploit qui devait lui échoir,
Entravé par un cœur trop hésitant.
Strophe 3
Pourtant, on reconnaît en lui le sang pur
De Pisandre, venu jadis de Sparte : d'Amyclées, accompagné d'Oreste,
Il mena les Éoliens armés de bronze jusqu'ici,
Et, près de l'Isménos, il mêla son sang
À celui de Mélanippe, son aïeul maternel. Les antiques vertus
Antistrophe 3
Font surgir par à-coups la force de la race.
Sur terre, les noirs sillons n'engendrent aucun fruit,
Les arbres ne veulent pas, en toutes saisons,
Se couvrir de fleurs profuses et parfumées,
Ils ont leur alternance ! La race des mortels est vouée, elle aussi,
Épode 3
Au destin ; et Zeus aux hommes n'élucide
Rien. Et pourtant, vers d'amples ambitions nous voguons,
Méditant maints projets, soumis à la funeste
Espérance, laissant la Prévoyance dériver.
Que la quête des richesses se fasse avec mesure !
Idéal inaccessible, folie sans borne !
Pour Xénocrate d'Agrigente,
Vainqueur à la course des chars
Strophe 1
Les poètes d'autrefois, ô Thrasybule,
Ceux qui, sur la char irradié d'or
Des Muses se hissaient,
Maniant leur noble lyre,
Jetaient leurs chants de miel aux jouvenceaux,
Dont la fraîcheur imitait, sous le regard d'Aphrodite
Au beau trône, la splendeur automnale.
Antistrophe 1
La Muse, encor peu mercantile,
N'était pas laborieuse :
On ne vendait point les odes suaves
Modulées par Terpsichore, voix de miel,
Au visage d'argent, ces odes délicates.
Aujourd'hui, elle nous enjoint de méditer
Une phrase de l'Argien, d'une belle justesse :
Épode 1
« Argent, argent, voilà toute l'humanité ! »
Arguait-il, ayant perdu et fortune, et amis.
Mais toi, tu es sage ; je loue
De tes chars une victoire isthmique que nul n'ignore ;
Celle qu'à Xénocrate Poséidon octroya,
Lorsqu'il fit ceindre sa chevelure
De la couronne tressée des aches doriennes,
Strophe 2
Pour célébrer en lui l'homme au beau quadrige
Éclat d'Agrigente.
À Crisa, le Tout-Puissant,
Le vit, Apollon, qui le combla d'honneurs,
Lui aussi ; et, nanti des bienfaits des Érechtides,
Dans la splendide Athènes, il n'a point méprisé
La main habile au char du cravacheur équestre,
Antistrophe 2
Nicomachos, qui sut au dernier moment
Maîtriser les rênes,
Lui que les crieurs des saisons
Désignèrent, ces serviteurs du Cronide,
Zénos, les Aléens, dès qu'il se montra ;
De leur voix, souffle exquis, ils le saluèrent,
Quand, aux pieds de la statue d'or, il se jeta, celle de la Victoire,
Épode 2
Dans le pays
Qu'on nomme l'Enclos
De Zeus Olympien, où sont les enfants d'Onésidamos,
De gloires immortelles chargés,
Mais n'ignorant pas votre fier lignage,
Ni les exploits, ô Thrasybule, si désirables,
Ni les hymnes, musique de miel.
Strophe 3
Car il n'est pas rocailleux,
Ni abrupt, le chemin
Pour le poète, lui qui octroie
Aux hommes illustres le tribut des Muses héliconiennes.
Moi, j'ai l'espoir de lancer mon disque, là où Xénocrate
A lui-même jeté à l'horizon des hommes son insigne
Grandeur ! Aimable à son peuple,
Antistrophe 3
Lui qui dressait ses chevaux
À la manière hellène,
Qui participait aux festins
Offerts aux dieux, sans que jamais le souffle,
Sur sa table abondante, ne lui fit changer de cap,
Si bien que l'on passait le Phase, au temps d'été,
Et que l'on goûtait, l'hiver, les rives nilotiques.
Épode 3
Non, que l'impatience jalouse
N'étreigne point les cœurs des mortels ;
Il ne faut jamais taire la vertu des aïeux,
Ni les odes ! D'ailleurs,
Je ne les ai pas conçues pour l'oubli.
Aussi, ces choses, Nikasippos, publie-les, quand
Chez mon hôte vénéré, tu séjourneras.
Pour Mélissos de Thèbes,
Vainqueur au quadrige
Strophe 1
L'homme vainqueur aux Jeux de gloire,
Ou riche, mais dont le cœur n'est point gonflé par l'arrogance,
Celui-là mérite l'éloge de son peuple.
Zeus, les plus belles vertus sont acquises aux mortels
Par Toi : constant
Le bonheur des purs ; mais pour les cœurs tortueux,
Éphémère la floraison !
Antistrophe 1
Pour ses exploits immenses, il faut l'hymne pour ce vaillant ;
Il faut que les douces Charites le chantent à grandes envolées.
Mélissos est d'une double victoire
Détenteur, si bien qu'une joie suave
Est en lui ; dans les vallons de l'Isthme,
Les couronnes furent à lui, et, dans la contrée
Du lion colossal, il fit résonner le nom de Thèbes,
Épode 1
En triomphant au quadrige ; l'ancestrale vaillance,
Chose innée, il ne la contredit point !
Vous savez tous le renom de Cléonymos,
L'antique éclat de ses chars ;
Par leur mère, liés aux Labdacides,
L'opulence suivit leurs pas, comme leurs efforts au quadrige.
Mais le temps qui se déploie jour après jour change une chose,
Tantôt une autre. Sont protégés seuls, les enfants des Dieux.
Pour Strepsiade, Thébain,
Vainqueur au pancrace
Strophe 1
Quelle fut, ô heureuse cité de Thèbes,
Parmi les gloires de ton passé, celle qui, en ton cœur, te semble
La plus rayonnante ? Les Fêtes de Déméter
Rythmées par l'airain ? De l'hirsute
Dionysos la naissance ? La visite à minuit,
En pluie d'or, du plus grand de nos dieux,
Antistrophe 1
Quand au palais d'Amphytrion,
Il surgit et s'unit à Alcmène, pour faire naître Héraclès ?
Les conseils vifs et sages de Tirésias ?
Ou Iolaos, le grand coursier ?
Ou des Semès les lances puissantes ? Ou lorsque,
D'une lutte acharnée, tu sauvas Adraste, ayant perdu
Épode 1
Ses mille compagnons, toute sa cavalerie, le menant à Argos ?
Ou la fondation
De la colonie dorienne
Des Lacédémoniens, quand fut soumise Amyclées
Par les Égides, sur l'ordre oraculaire de Pytho ?
Mais ce passé
S'endort malgré sa grâce ; car toujours ils oublient, les mortels,
Strophe 2
La fine splendeur de la sagesse,
Quand celle-ci, aux flots de nos vers, ne s'est point mélangée.
Aussi, célèbre la victoire par un hymne suave,
Celle de Strepsiade, qui remporta dans l'Isthme
La victoire au pancrace : par sa force, par sa beauté visible,
Il est vaillant et ne faillit point à sa race.
Antistrophe 2
Il s'illumine grâce aux Muses noir-bouclées,
Et, sur son oncle au même nom, la lumière rejaillit,
Lui qui, par Arès au bouclier de bronze, périt,
Mais dans l'honneur, parmi les héros.
Car sache bien que celui qui, au milieu de l'orage, repousse
Les nuées de sang pour sauver sa patrie,
Épode 2
Et refoule le trépas vers la troupe ennemie,
Celui-là offre à son peuple une immense gloire
Tout au long de sa vie, par-delà le trépas.
Ainsi donc, toi, rejeton de Diodotos, émule
Du belliqueux Méléagre, d'Hector
Et d'Amphiaraos,
Tu expiras, en ta jeunesse vigoureuse,
Strophe 3
Au cœur de la mêlée furieuse, où les plus braves
Soutenaient le choc des armes en un sursaut ultime.
Je fus endeuillé ; mais aujourd'hui,
Celui qui tient la terre a jeté une éclaircie
Après la tempête. Je chanterai donc avec, sur mes cheveux,
Une couronne de laurier. Sans subir des dieux la jalousie,
Antistrophe 3
Le bonheur quotidien, je veux en jouir
À satiété, jusqu'à la vieillesse, jusqu'au terme
Fatal ! Car pour tous, la mort est semblable.
Mais le destin diffère. Qui vise
Trop loin échouera dans son envol vers le parvis de bronze
Des Immortels : Ne fit-il pas chuter, lui, Pégase l'ailé,
Épode 3
Son maître qui désirait dans l'antre du ciel
Pénétrer, Bellérophon, au sein du Conseil
De Zeus. Quand le plaisir contredit la justice,
Une fin misérable s'ensuit.
Mais à nous, ô toi, l'Impétueux aux cheveux d'or, octroie,
En ta course oblique,
Lumineuse, à Pytho, enfin une couronne !
I
Voyez ces chœurs, Olympiens !
Dispensez la beauté,
Ô Dieux, vous qui, au cœur de la cité, populeuse, odorante,
La sainte Athènes,
Pénétrez, passant par l'Agora bariolé ;
Tressé de violettes, voici pour vous ces couronnes
Et ces hymnes, au printemps moissonnés.
Voyez-moi : après Zeus et son splendide
Chant, je passe
Au dieu porteur de lierre, flamboyant,
Celui que nous, mortels, nommons le vibrant, le vociférant,
Lorsque nous célébrons les fils des pères célestes
Et des femmes cadméennes.
Je suis devin, je ne l'ignore point !
Quand, de pourpre vêtu, la palais des saisons
Parfumé proclame le retour du printemps et des bourgeons nectaréens,
Tout est parsemé sur la terre immortelle de doux
Pétales de violettes ; les roses se mêlent aux cheveux,
Alors que résonnent à tue-tête les chants et les flûtes,
Et que s'avancent vers Sémélé, nimbé du diadème, les chœurs.
Cité par Denys d'Halicarnasse
L'Arrangement des mots, 22
II
Ô toi, couronnée de violettes, digne de l'hymne,
Rempart de l'Hellade,
Grande Athènes, portail sacré.
Cité par Denys d'Halicarnasse
L'Arrangement des mots, 22
III
Les fils des Athéniens, dressèrent, éclatant,
Le socle de la liberté.
Cité par Plutarque, Glor. Ath., 7
I
Avant que la douleur de la vieillesse ne survienne,
Avant cela, que la joie s'immisce
Dans son esprit en paix, que la mesure l'imprègne à la vue
De la prospérité de son lignage.
Iê, iê, voici l'année qui s'achève,
Et les saisons engendrées par Thémis
Dans la cité résonnant du pas chevalin, Thèbes, reviennent,
Offrant à Apollon le banquet ami des couronnes.
Péan, puisse par toi l'avenir de ce peuple pour longtemps être parsemé
Des fleurs de la sage loi.
Papyrus Oxyrhynchos V
II
Après l'éclipse du 30 avril 463 av. J.-C.
Ô splendeur du Soleil, Visionnaire, que nous prépares-tu,
Ô Mère des regards, astre lointain,
En quittant la clarté ? Pourquoi rendre impuissantes
La force des humains et les arcanes de la vertu
En te jetant dans une route obscure ?
Veux-tu créer un prodige sans pareil ?
Par Zeus, ô habile aurige,
Je t'en supplie, puisses-tu transformer
En une joie profonde pour Thèbes,
Ô reine, ce mystère visible à tous...
... Annoncerais-tu une guerre imminente,
La ruine des moissons, une tempête de neige
Terrifiante, une sédition dangereuse,
Des eaux inondant la terre,
Le gel de nos sols ou un été pourri
Traversé d'averses furieuses ?
Vas-tu engloutir le monde, et recréer,
Dès l'origine, une nouvelle humanité ?
Mais je ne me plains pas si je partage le sort commun...
Papyrus Oxyrhynchos, V
I
Ce qui dans la prudence
Et la pudeur
Est enraciné fleurit toujours en douces lumières ;
Que Zeus nous donne cela !
Abreuvée de haine,
L'envie ne touche plus
Les morts du passé ;
Et l'homme se doit à ses parents d'offrir
Sa part de gloire.
Papyrus Oxyrhynchos, V
II
On t'invoque, [Phébos] par des danses
Dans Délos, l'île parfumée, et, autour des cimes
Parnassiennes, souvent, de Delphes,
Celles aux fins diadèmes, qui conduisent leurs chœurs d'un pas
Aérien, Les Vierges,
De leur voix de bronze, vocalisent de suaves
Mélopées...
Papyrus Oxyrhynchos, V
C'est au moment opportun qu'il eût fallu cueillir l'amour,
Mon âme, dans ta jeunesse ;
Mais qui a vu l'éclat fugace
Du visage de Théoxène,
Et ne sent point l'enflement du désir, d'airain,
De fer, on a forgé ce cœur noir
À un feu de glace ; ou d'Aphrodite,
Le mépris et le regard oblique ;
Ou alors, le choix effronté du lucre ;
Ou bien la témérité des femmes
Le subjugue : leur froid chemin l'avilit.
Mais moi, comme cire écrasée de soleil,
Labeur des saintes abeilles, je fonds à la vue
De la jouvence éclatante de ces enfants.
À Ténédos, aussi,
Peitho rôde, comme la Charite,
Le fils d'Agésilas.
Cité par Athénée, XIII, 601
Il faut pour les vaillants des hymnes...
...De beaux chants.
C'est par eux que passe l'immortel renom, seulement ;
Mais périt, quand on le tait, le bel exploit.
Cité par Athénée, XIII
Quand le festin s'achève, suave est le biscuit,
Même après une bombance...
Cité par Athénée, XIV, 641
N'assombris point la joie dans ta vie : de loin,
Le mieux pour l'homme, c'est être sans souci.
Cité par Athénée, XII, 635b
Thrasybule, ce char de chansons douces,
Le voici pour toi en guise de dessert. Il devrait
Aux amateurs de vin être plaisant, et au fruit dionysien
Et aux coupes athéniennes propice ;
À l'heure où les rudes soucis des hommes ont quitté
Leur sein, sur des flots où les trésors rutilent,
Nous sommes tous voguant vers l'étrange d'une île :
Les pauvres sont opulents, les riches...
Cité par Athénée, XI, 480
Ô filles charmantes, servantes
De Peithô dans la plantureuse Corinthe,
Vous qui sur l'autel, les larmes d'or de l'encens
Versez, qui vers la mère des amours,
L'Aphrodite céleste, élevez
Votre esprit,
Vous donnez votre corps sans critique,
Ô beautés, au sein de votre couche suave,
Pour y recueillir les fruits de la jeunesse.
Nécessité le veut, et tout est pour le mieux !
Ô divine Cypris, dans ton sanctuaire,
Des hétaïres, cortège
De cent filles, sont menées par Xénophon,
Heureux d'être pareillement comblé...
Cité par Athénée, XIII, 473
Belle chose, la guerre, pour les ignares ; mais qui en subit les affres,
Tremble à son approche, de tout son être, terriblement.
Cité par Stobée, 50, 3
Zeus peut de l'obscurité
Nocturne, pure, faire jaillir la clarté ;
Et des ténèbres aux nuées âcres,
Voiler la luisante beauté
Du jour.
Cité par Clément d'Alexandrie, Stromates, 708
Aux gens, ne pas montrer les maux
Qui nous harcèlent, je te le dis.
Les choses les plus belles, les bienfaits,
Voilà ce qu'il faut au monde
Révéler ; mais quand, chez les mortels,
Une divinité apporte le malheur,
Le cacher au fond des ténèbres est préférable.
Cité par Stobée, 109, 1
Par les sages, ces mots-ci : « Rien de trop »,
Ont été tant loués.
Cité par Héphestion, p. 51, 16
Pour eux, là-bas, c'est la puissance d'éclat du soleil,
Alors que c'est la nuit qui règne sur la ronde ;
Dans les prairies pourprées de roses, leurs faubourgs
Regorgent d'arbres ombrageants
Portant des fruits dorés.
... Ils font des courses de chevaux, ou sculptent leur corps,
D'autres jouent aux jetons ;
D'autres encore à la lyre s'adonnent joyeusement ; chez eux,
La fleur du bonheur s'épanouit.
Une suave odeur dans ce lieu se diffuse
Sans cesse... Ils jettent des parfums dans une flamme pure,
Parfums divers, sur les autels divins.
Cité par Plutarque,
Consolation à Apollonios, XXXV
Bienheureux celui qui a contemplé ces choses, avant d'être sous terre,
Car il sait la fin,
Et le commencement défini par les dieux.
Cité par Clément d'Alexandrie,
Stromates III, 518
Qu'y a-t-il de plus beau quand un hymne commence ou finit,
Que de chanter Léto à la ceinture accrue,
La dresseuse des trépidants chevaux.
Cité par Pausanias, XI, 30
FRAGMENTS DE PARTHÉNÉES
Ô Pan, protecteur du pays arcadien,
Gardien des divins sanctuaires,
Ô toi, compagnon de la Grande-Mère,
Des saintes Charites le doux souci.
Scholie de la Pythique III
Les dieux n'ont pas de maux ; ils ignorent la vieillesse ;
Il n'ont à subir aucune peine, prémunis
Contre le gémissant voyage sur l'Achéron.
Cité par Plutarque,
Sur la Superstition, VI
Zeus qui fait tout pour les mortels,
Qui a conçu la beauté des chants.
Cité par Didyme l'Aveugle,
Trinit. III, 1
Danseur, roi de la splendeur,
Apollon à l'immense carquois.
Cité par Plutarque, De E. ap. Delph., 21
Le verger, puisse Dionysos l'ivre de joie, le rendre prospère
À la pure lumière automnale.
Cité par Plutarque, De Iride, 35
Ô maudit éphémère, tu me dis des balivernes
Quand tu me vantes les richesses.
Cité par Pausanias, II, 25, 2
Pour les justes, le temps est le meilleur sauveur.
Cité par Dion d'Halicarnasse,
De Orat. Ant., 2
Ô toi, hautement vertueuse,
Sainte Vérité, ne précipite point
Ma voix sur la pente du mensonge.
Cité par Stobée, XI, 8
Doucement caressant son cœur,
Nourrissant sa vieillesse, il est suivi
Par l'Espérance, qui, sur les mortels, ces esprits inconstants,
Se déploie.
Cité par Platon,
La République, I, 33 A
Une jeune ambition gonflée par les prouesses
Atteint la gloire. Resplendissent avec le temps qui passe,
Les exploits au firmament exaltés.
Cité par Clément d'Alexandrie,
Stromates, IV, 586
Ma parole, plus suave que les rayons, ouvrages des abeilles.
Cité par Cromer,
Anecd. Oxon. I, 285, 19
Ce n'est pas un homme étranger aux Muses,
Ni oublieux d'Elles, qu'a engendré l'illustre
Thèbes.
Cité par Chrysippe
Au beau char, à la tunique d'or, sainte
Image, ô Thèbes !
Scholie de la Pythique II
Devant tous, ne fais pas résonner d'inutiles paroles,
Car il est des moments où la route la meilleure est le silence !
Propice à la guerre la parole de trop.
Cité par Clément d'Alexandrie,
Stromates, I, 345
Voilà dressé un piédestal inouï pour les chants sacrés !
Maintenant, bâtissons une broderie
Splendide d'éloquence...
... Bien que déjà grandiose,
Thèbes brillera encore davantage
Dans le sillage des hommes et des dieux.
Cité par Aristide, II, 159
Les coutumes humaine divergent, chaque
Peuple aime à louer la sienne.
Cités par Cramer
Anecd. Par. III, 154, 13
Œuvre de Zeus, l'or ;
Lui, ni rouille, ni vermine ne le rongent :
De l'humanité c'est le don le plus grand.
Scholie de la Pythique IV, 407