LIVRE I (2 Solon) -LIVRE I (4 Pittacus)
Autre traduction - Traduction Genaille sur le site de Ugo Bratelli
DIOGENE DE LAERTE.
CHAPITRE III.
CHILON.
ΧΙΛΩΝ
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[68] Χίλων Δαμαγήτου Λακεδαιμόνιος. Οὗτος ἐποίησεν ἐλεγεῖα εἰς ἔπη διακόσια, καὶ ἔφασκε πρόνοιαν περὶ τοῦ μέλλοντος λογισμῷ καταληπτὴν εἶναι ἀνδρὸς ἀρετήν. Πρός τε τὸν ἀδελφὸν δυσφοροῦντα ὅτι μὴ ἔφορος ἐγένετο, αὐτοῦ ὄντος, « Ἐγὼ μὲν γὰρ ἐπίσταμαι, » εἶπεν, « ἀδικεῖσθαι, σὺ δὲ οὔ. » Γέγονε δὲ ἔφορος κατὰ τὴν πεντηκοστὴν ἕκτην Ὀλυμπιάδα. Παμφίλη δέ φησι κατὰ τὴν ἕκτην, καὶ πρῶτον ἔφορον γενέσθαι-ἐπὶ Εὐθυδήμου, ὥς φησι Σωσικράτης. Καὶ πρῶτος εἰσηγήσατο ἐφόρους τοῖς βασιλεῦσι παραζευγνύναι· Σάτυρος δὲ Λυκοῦργον. Οὗτος, ὥς φησιν Ἡρόδοτος ἐν τῇ πρώτῃ, Ἱπποκράτει θυομένῳ ἐν Ὀλυμπίᾳ, τῶν λεβήτων αὐτομάτων ζεσάντων, συνεβούλευσεν ἢ μὴ γῆμαι, ἤ, εἰ ἔχοι γυναῖκα, ἐκπέμψαι καὶ παῖδας ἀπείπασθαι. [69] Φασὶ δ’ αὐτὸν καὶ Αἰσώπου πυθέσθαι, ὁ Ζεὺς τί εἴη ποιῶν· τὸν δὲ φάναι, « Τὰ μὲν ὑψηλὰ ταπεινοῦν, τὰ δὲ ταπεινὰ ὑψοῦν. » Ἐρωτηθεὶς τίνι διαφέρουσιν οἱ πεπαιδευμένοι τῶν ἀπαιδεύτων, ἔφη, « Ἐλπίσιν ἀγαθοῖς. » τί δύσκολον, « Τὸ τὰ ἀπόρρητα σιωπῆσαι, καὶ σχολὴν εὖ διαθέσθαι, καὶ ἀδικούμενον δύνασθαι φέρειν. » Προσέταττε δὲ καὶ ταῦτα· γλώττης κρατεῖν, καὶ μάλιστα ἐν συμποσίῳ. Μὴ κακολογεῖν τοὺς πλησίον· εἰ δὲ μή, ἀκούσεσθαι ἐφ’ οἷς λυπήσεσθαι. [70] Μὴ ἀπειλεῖν μηδενί· γυναικῶδες γάρ. Ταχύτερον ἐπὶ τὰς ἀτυχίας τῶν φίλων ἢ ἐπὶ τὰς εὐτυχίας πορεύεσθαι. Γάμον εὐτελῆ ποιεῖσθαι. Τὸν τεθνηκότα μὴ κακολογεῖν. Γῆρας τιμᾶν. Φυλάττειν ἑαυτόν. Ζημίαν αἱρεῖσθαι μᾶλλον ἢ κέρδος αἰσχρόν· ἡ μὲν γὰρ ἅπαξ ἐλύπησε, τὸ δὲ διὰ παντός. Ἀτυχοῦντι μὴ ἐπιγελᾶν. Ἰσχυρὸν ὄντα πρᾷον εἶναι, ὅπως οἱ πλησίον αἰδῶνται μᾶλλον ἢ φοβῶνται. Μανθάνειν τῆς αὑτοῦ οἰκίας καλῶς προστατεῖν. Τὴν γλῶτταν μὴ προτρέχειν τοῦ νοῦ. Θυμοῦ κρατεῖν. μαντικὴν μὴ ἐχθαίρειν. Μὴ ἐπιθυμεῖν ἀδυνάτων. Ἐν ὁδῷ μὴ σπεύδειν. Λέγοντα μὴ κινεῖν τὴν χεῖρα· μανικὸν γάρ. νόμοις πείθεσθαι. Ἠρεμίᾳ χρῆσθαι. [71] Τῶν δὲ ᾀδομένων αὐτοῦ μάλιστα εὐδοκίμησεν ἐκεῖνο·
Ἐν <μὲν> λιθίναις ἀκόναις ὁ
χρυσὸς ἐξετάζεται, Φασὶ δ’ αὐτόν ποτε γηραιὸν ἤδη ὄντα εἰπεῖν ὡς οὐδὲν συνειδείη ἄνομον ἑαυτῷ ἐν τῷ βίῳ· διστάζειν δὲ περὶ ἑνός. Κρίνων γάρ ποτε φίλῳ δίκην αὐτὸς μὲν κατὰ τὸν νόμον, τὸν δὲ φίλον πείσειεν ἀποδικάσαι αὐτοῦ, ἵνα ἀμφότερα καὶ τὸν νόμον καὶ τὸν φίλον τηρήσαι. Ἐνδοξότατος δὲ μάλιστα παρὰ τοῖς Ἕλλησιν ἐγένετο προειπὼν περὶ Κυθήρων τῆς νήσου τῆς Λακωνικῆς. Καταμαθὼν γὰρ τὴν φύσιν αὐτῆς, « Εἴθε, » ἔφη, « μὴ ἐγεγόνει, ἢ γενομένη κατεβυθίσθη. » [72] Καὶ εὖ προὐνοήσατο. Δημάρατος μὲν γὰρ φυγὰς ὢν Λακεδαιμονίων Ξέρξῃ συνεβούλευσε τὰς ναῦς συνέχειν ἐν τῇ νήσῳ· κἂν ἑαλώκει ἡ Ἑλλάς, εἰ ἐπείσθη Ξέρξης. Ὕστερόν τε Νικίας ἐπὶ τῶν Πελοποννησιακῶν καταστρεψάμενος τὴν νῆσον, φρουρὸν ἐγκατέστησεν Ἀθηναίων, καὶ πάμπολλα τοὺς Λακεδαιμονίους κακὰ διέθηκε. Βραχυλόγος τε ἦν· ὅθεν καὶ Ἀρισταγόρας ὁ Μιλήσιος τοῦτον τὸν τρόπον Χιλώνειον καλεῖ. <...> Βράγχου δὲ εἶναι, ὃς τὸ ἱερὸν ἔκτισε τὸ ἐν Βραγχίδαις. Ἦν δὲ γέρων περὶ τὴν πεντηκοστὴν δευτέραν Ὀλυμπιάδα, ὅτε Αἴσωπος ὁ λογοποιὸς ἤκμαζεν. Ἐτελεύτησε δ’, ὥς φησιν Ἕρμιππος, ἐν Πίσῃ, τὸν υἱὸν Ὀλυμπιονίκην ἀσπασάμενος πυγμῆς. Ἔπαθε δὴ τοῦτο ὑπερβολῇ τε χαρᾶς καὶ ἀσθενείᾳ πολυετίας. Καὶ αὐτὸν πάντες οἱ κατὰ τὴν πανήγυριν ἐντιμότατα παρέπεμψαν. Ἔστι δὲ καὶ εἰς τοῦτον ἐπίγραμμα ἡμῶν·
[73]
Φωσφόρε, σοί, Πολύδευκες, ἔχω
χάριν, οὕνεκεν υἱὸς Ἐπὶ δὲ τῆς εἰκόνος αὐτοῦ ἐπιγέγραπται τόδε·
τόνδε δοριστέφανος Σπάρτα
Χίλων’ ἐφύτευσεν, Ἀπεφθέγξατο, « Ἐγγύα, πάρα δ’ ἄτα. » Ἔστιν αὐτοῦ καὶ ἐπιστόλιον τόδε· Χίλων Περιάνδρῳ
Ἐπιστέλλεις ἐμὶν ἐκστρατείαν ἐπὶ
ἐκδάμως, ὡς αὐτός κα ἐξέρποις· ἐγὼν δὲ δοκέω καὶ τὰ οἰκῇα σφαλερὰ
ἦμεν ἀνδρὶ μονάρχῳ, καὶ τῆνον τυράννων εὐδαιμονίζω ὅστις κα οἴκοι ἐξ
αὐτὸς αὑτῶ κατθάνῃ. |
[68] Chilon de Lacédémone, fils de Damagète, a laissé deux cents vers élégiaques. Il disait que la prévoyance de l’avenir, appuyée sur le raisonnement, est pour l’homme la vertu par excellence. Son frère s’affligeant de n’avoir pas été nommé éphore, comme lui, il lui dit : « Moi, je sais supporter l’injustice ; mais toi, tu ne le sais pas. » Il obtint cette dignité vers la cinquante-cinquième olympiade, Pamphila dit dans la cinquante-sixième, et elle ajoute d’après Sosicrate, qu’il est le premier à qui cette dignité ait été conférée, sous l’archontat d’Euthydème. Ce fut aussi Chilon qui donna les éphores pour adjoints aux rois de Lacédémone, quoique Satyrus fasse remonter cette institution à Lycurgue. Hérodote raconte qu’ayant vu’les chaudières bouillir sans feu pendant qu’Hippocrate (01) faisait un sacrifice, à OIympie, il lui conseilla de ne point se marier, ou, s’il l’était, de renvoyer sa femme et de désavouer ses enfants. [69] On rapporte aussi qu’ayant demandé à Ésope ce que 33 faisait Jupiter, il en reçut cette réponse : « Il abaisse les grands et élève les petits. » On lui demandait à lui-même ce qui distingue l’homme instruit de l’ignorant: « Les bonnes espérances, » dit-il. A cette question : Quelles sont les choses les plus difficiles ? il répondit : « Taire un secret, bien employer son temps , supporter une injustice. » On lui doit encore ces préceptes : « Retenez votre langue, surtout dans un festin. — Ne parlez mal de personne, si vous ne voulez entendre, à votre tour, des choses désobligeantes. [70] — Point de menaces ; cela ne convient qu’aux femmes. — Que le malheur d’un ami vous trouve plus empressé que sa bonne fortune. — Faites un mariage assorti. — Ne dites pas de mal des morts. — Respectez la vieillesse. — Veillez sur vous-même. — Plutôt une perte qu’un gain honteux : l’un n’afflige qu’une fois ; l’autre est une source éternelle de regrets. — Ne riez pas des malheureux. — Êtes- vous puissant? soyez bienveillant, afin qu’on ait pour vous plus de respect que de crainte. —Apprenez à bien gouverner votre propre maison. — Que la langue chez vous ne devance pas la pensée. — Domptez la colère. — Ne rejetez point la divination. — Ne désirez pas l’impossible. — Ne vous hâtez point en route. — Ne gesticulez pas en parlant : c’est le propre d’un insensé. — Obéissez aux lois. — Menez une vie paisible.» [71] Parmi ses vers gnomiques, les plus célèbres sont ceux-ci : La pierre de louche sert à éprouver l’or et en fait connaître la pureté; de même aussi l’or éprouve l’homme et met en évidence les bons et les méchants. On dit qu’arrivé à la vieillesse il se rendait lui- même ce témoignage, qu’il n’avait pas conscience de 34 s’être jamais écarté de la justice. Il disait cependant que sur un seul point il conservait des doutes : ayant à prononcer sur un de ses amis, dans une cause capitale, il avait voté conformément à la loi, mais en même temps il avait conseillé d’absoudre son ami, afin de ménager en même temps la loi et l’amitié. Ce qui le rendit surtout célèbre parmi les Grecs, c’est la prédiction qu’il fit au sujet de Cythère, île de Laconie : lorsqu’on lui eut dit la situation de cette île, il s’écria : « Plût aux dieux qu’elle n’eût jamais existé, ou qu’elle eût été engloutie dès le premier jour ! » [72] Prédiction justifiée par l’événement; car lorsque Démarate se fut enfui de Lacédémone, il conseilla à Xerxès de réunir ses vaisseaux autour de cette île ; et si Xerxès eût suivi cet avis, la Grèce était perdue. Plus tard Nicias en fit la conquête sur les Lacédémoniens, y établit une garnison athénienne et fit de là beaucoup de mal à ceux de Sparte. Chilon avait une diction brève et serrée. C’est pour cela qu’Aristagoras de Milet donne à cette manière le nom de genre chilonien ; il dit aussi que c’était là la manière de Branchus, celui qui a bâti le temple des Branchides (02). Chilon était déjà vieux vers la cinquante-deuxième olympiade , à l’époque où florissait Ésope le fabuliste. Hermippe dit qu’il mourut à Pise, en embrassant son fils vainqueur au pugilat dans les jeux olympiques. L’excès de la joie et l’épuisement de la vieillesse causèrent sa mort. Toute l’assemblée lui rendit les derniers devoirs avec de grands honneurs. J’ai composé à ce sujet l’épigramme suivante : [73] Brillant Pollux, je te rends grâce de ce que le fils de Chilon 35 a remporté au pugilat la couronne d’olivier. Son père mourut de joie en voyant son triomphe. Ne le plaignons pas! Moi aussi, puissé-je avoir une pareille fin. On grava cette inscription au bas de sa statue : Sparte, terrible par sa lance, a donné le jour à Chilon, le plus grand des sept sages. On lui doit cette maxime-: « Caution, ruine prochaine,. » On a aussi de lui cette courte lettre : CHILON A PÉRIANDRE.
Tu m’ordonnes de renoncer à marcher
contre les émigrés, et tu me menaces de prendre les armes de ton côté. Pour moi,
je pense qu’un roi absolu a-déjà bien de la peine à se maintenir chez lui, et
j’estime heureux le tyran qui meurt naturellement dans son lit. |
(01) Père de Pisistrate, (02) Quartier de Milet. — C’est le temple de Jupiter Didyméen.
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