Diogène Laërce

DIOGÈNE DE LAERTE



LIVRE VIII

 

CHAPITRE VII. EUDOXE - ΕΥΔΟΞΟΣ

6 Philolaüs - livre IX 1 Héraclite

Autre traduction - Traduction Genaille sur le site de Ugo Bratelli

 

 

 

 

 

DIOGENE DE LAERTE.

 

 

LIVRE VIII.

CHAPITRE VII.

EUDOXE.

ΕΥΔΟΞΟΣ

 

[86] Εὔδοξος Αἰσχίνου Κνίδιος, ἀστρολόγος, γεωμέτρης, ἰατρός, νομοθέτης. Οὗτος τὰ μὲν γεωμετρικὰ Ἀρχύτα διήκουσε, τὰ δ' ἰατρικὰ Φιλιστίωνος τοῦ Σικελιώτου, καθὰ Καλλίμαχος ἐν τοῖς Πίναξί φησι. Σωτίων δ' ἐν ταῖς Διαδοχαῖς λέγει καὶ Πλάτωνος αὐτὸν ἀκοῦσαι. Γενόμενον γὰρ ἐτῶν τριῶν που καὶ εἴκοσι καὶ στενῶς διακείμενον κατὰ κλέος τῶν Σωκρατικῶν εἰς Ἀθήνας ἀπᾶραι σὺν Θεομέδοντι τῷ ἰατρῷ, τρεφόμενον ὑπ' αὐτοῦ· οἱ δέ, καὶ παιδικὰ ὄντα· καταχθέντα δ' εἰς τὸν Πειραιᾶ ὁσημέραι ἀνιέναι Ἀθήναζε καὶ ἀκούσαντα τῶν σοφιστῶν αὐτόθι ὑποστρέφειν. [87] Δύο δὴ μῆνας διατρίψαντα οἴκαδ' ἐπανελθεῖν καὶ πρὸς τῶν φίλων ἐρανισθέντα εἰς Αἴγυπτον ἀπᾶραι μετὰ Χρυσίππου τοῦ ἰατροῦ, συστατικὰς φέροντα παρ' Ἀγησιλάου πρὸς Νεκτάναβιν· τὸν δὲ τοῖς ἱερεῦσιν αὐτὸν συστῆσαι. Καὶ τέτταρας μῆνας πρὸς ἐνιαυτῷ διατρίψαντ' αὐτόθι ξυρόμενόν θ' ὑπήνην καὶ ὀφρὺν τὴν Ὀκταετηρίδα κατά τινας συγγράψαι. Ἐντεῦθέν τε γενέσθαι ἐν Κυζίκῳ καὶ τῇ Προποντίδι σοφιστεύοντα· ἀλλὰ καὶ παρὰ Μαυσωλὸν ἀφικέσθαι. Ἔπειθ' οὕτως ἐπανελθεῖν Ἀθήναζε, πανὺ πολλοὺς περὶ ἑαυτὸν ἔχοντα μαθητάς, ὥς φασί τινες, ὑπὲρ τοῦ Πλάτωνα λυπῆσαι, ὅτι τὴν ἀρχὴν αὐτὸν παρεπέμψατο. [88] Τινὲς δέ φασι καὶ συμπόσιον ἔχοντι τῷ Πλάτωνι αὐτὸν τὴν ἡμικύκλιον κατάκλισιν, πολλῶν ὄντων, εἰσηγήσασθαι. Φησὶ δ' αὐτὸν Νικόμαχος ὁ Ἀριστοτέλους τὴν ἡδονὴν λέγειν τὸ ἀγαθόν.

Ἀπεδέχθη δὴ ἐν τῇ πατρίδι μεγαλοτίμως ὡς τό γε περὶ αὐτοῦ ψήφισμα γενόμενον δηλοῖ. Ἀλλὰ καὶ παρὰ τοῖς Ἕλλησιν ἐπιφανέστατος ἐγένετο, γράψας τοῖς ἰδίοις πολίταις νόμους, ὥς φησιν Ἕρμιππος ἐν τετάρτῃ Περὶ τῶν ἑπτὰ σοφῶν, καὶ ἀστρολογούμενα καὶ γεωμετρούμενα καὶ ἕτερ' ἄττα ἀξιόλογα. [89] Ἔσχε δὲ καὶ θυγατέρας τρεῖς, Ἀκτίδα, Δελφίδα, Φιλτίδα. Φησὶ δ' αὐτὸν Ἐρατοσθένης ἐν τοῖς Πρὸς Βάτωνα καὶ Κυνῶν διαλόγους συνθεῖναι· οἱ δέ, γεγραφέναι μὲν Αἰγυπτίους τῇ αὑτῶν φωνῇ, τοῦτον δὲ μεθερμηνεύσαντα ἐκδοῦναι τοῖς Ἕλλησι.

Τούτου διήκουσε Χρύσιππος ὁ Ἐρίνεω Κνίδιος τά τε περὶ θεῶν καὶ κόσμου καὶ τῶν μετεωρολογουμένων, τὰ δ' ἰατρικὰ παρὰ Φιλιστίωνος τοῦ Σικελιώτου. Κατέλιπε δὲ καὶ ὑπομνήματα κάλλιστα. Τούτου γέγονε παῖς Ἀρισταγόρας, οὗ Χρύσιππος Ἀεθλίου μαθητής, οὗ τὰ θεραπεύματα φέρεται ὁρατικά, τῶν φυσικῶν θεωρημάτων [τῶν] ὑπὸ τὴν διάνοιαν αὐτοῦ πεσόντων.

[90] Γεγόνασι δ' Εὔδοξοι τρεῖς· αὐτὸς οὗτος, ἕτερος Ῥόδιος ἱστορίας γεγραφώς, τρίτος Σικελιώτης παῖς Ἀγαθοκλέους, ποιητὴς κωμῳδίας, νίκας ἑλὼν ἀστικὰς μὲν τρεῖς, Ληναϊκὰς δὲ πέντε, καθά φησιν Ἀπολλόδωρος ἐν Χρονικοῖς. Εὑρίσκομεν δὲ καὶ ἄλλον ἰατρὸν Κνίδιον, περὶ οὗ φησιν Εὔδοξος ἐν Γῆς περιόδῳ ὡς εἴη παραγγέλλων ἀεὶ συνεχὲς κινεῖν τὰ ἄρθρα πάσῃ γυμνασίᾳ, ἀλλὰ καὶ τὰς αἰσθήσεις ὁμοίως. Ὁ δ' αὐτός φησι τὸν Κνίδιον Εὔδοξον ἀκμάσαι κατὰ τὴν τρίτην καὶ ἑκατοστὴν Ὀλυμπιάδα, εὑρεῖν τε τὰ περὶ τὰς καμπύλας γραμμάς. Ἐτελεύτησε δὲ τρίτον ἄγων καὶ πεντηκοστὸν ἔτος. Ὅτε δὲ συνεγένετο ἐν Αἰγύπτῳ Χονούφιδι τῷ Ἡλιουπολίτῃ, ὁ Ἆπις αὐτοῦ θοἰμάτιον περιελιχμήσατο. Ἔνδοξον οὖν αὐτὸν ἀλλ' ὀλιγοχρόνιον ἔφασαν οἱ ἱερεῖς ἔσεσθαι, καθά φησι Φαβωρῖνος ἐν Ἀπομνημονεύμασιν. [91] Ἔστι δὲ καὶ ἡμῶν εἰς αὐτὸν οὕτως ἔχον·

Ἐν Μέμφει λόγος ἐστὶν προμαθεῖν τὴν ἰδίην
Εὔδοξόν ποτε μοῖραν παρὰ τοῦ καλλικέρω
ταύρου. Κοὐδὲν ἔλεξεν· βοῒ γὰρ πόθεν λόγος;
φύσις οὐκ ἔδωκε μόσχῳ λάλον Ἄπιδι στόμα.
Παρὰ δ' αὐτὸν λέχριος στὰς ἐλιχμήσατο στολήν,
προφανῶς τοῦτο διδάσκων, Ἀποδύσῃ βιοτὴν
ὅσον οὔπω. Διὸ καί οἱ ταχέως ἦλθε μόρος,
δεκάκις πέντ' ἐπὶ τρισσαῖς ἐσιδόντι Πλειάδας.

Τοῦτον ἀντὶ Εὐδόξου Ἔνδοξον ἐκάλουν διὰ τὴν λαμπρότητα τῆς φήμης.

Ἐπειδὴ δὲ περὶ τῶν ἐλλογίμων Πυθαγορικῶν διεληλύθαμεν, νῦν ἤδη περὶ τῶν σποράδην, ὥς φασι, διαλεχθῶμεν. Λεκτέον δὲ πρῶτον περὶ Ἡρακλείτου.

Eudoxe de Cnide, fils d'Eschine, était astronome, géomètre, médecin, législateur. Il avait appris la géométrie d'Archytas, et la médecine de Philistion de Sicile, suivant Callimaque dans les Tablettes. Sotion dit dans les Successions, qu'il avait aussi suivi les leçons de Platon. A l'âge de vingt-trois ans environ, pressé par la pauvreté et attiré par la réputation des disciples de Socrate, il vint à Athènes, en compagnie du médecin Théomédon qui le nourrissait et qui même, suivant quelques-uns, avait avec lui un commerce amoureux. Habitant le Pirée, il lui fallait chaque jour aller de là à Athènes pour entendre les philosophes, et revenir ensuite. Après deux mois de séjour à Athènes il retourna dans sa patrie ; de là, aidé par les libéralités de ses amis, il se rendit en Egypte avec le médecin Chrysippe. Il emportait une lettre de recommandation d'Agésilas pour Nectabanis qui lui-même le recommanda aux prêtres. Il passa quatorze mois avec eux, se fit raser la barbe et les sourcils (1), et composa, dit-on, pendant son séjour le traité intitulé Octaétèride (2). 189 Il alla ensuite enseigner la philosophie à Cyzique et dans la Propontide ; puis il se rendit auprès de Mausole ; enfin il retourna à Athènes, où il parut entouré d'un grand nombre de disciples, dans le but, assure-t-on, de molester Platon qui au commencement l'avait repoussé. On dit que c'est lui qui dans un repas chez Platon introduisit l'usage de s'asseoir en demi-cercle, à cause du grand nombre des convives. Nicomaque, fils d'Aristote, dit qu'il faisait consister le bien dans le plaisir.

Eudoxe fut reçu dans sa patrie avec de grands honneurs, ainsi que le témoigne le décret rendu en sa faveur. Hermippe dit dans le quatrième livre des Sept Sages que sa réputation ne tarda pas à se répandre dans toute la Grèce, grâce aux lois qu'il donna à ses concitoyens , à ses écrits sur l'astronomie et la géométrie et à quelques autres ouvrages remarquables. Il eut trois filles: Actide, Philtide et Delphide. Eratosthène prétend dans le livre à Baton, qu'il avait composé des dialogues intitulés Dialogues des Chiens; mais suivant d'autres, ces dialogues avaient été composés par des Égyptiens, et Eudoxe n'avait fait que les traduire de l'égyptien en grec.

Il eut pour disciple Chrysippe de Cnide fils d'Érinée. Chrysippe apprit de lui tout ce qui concerne les dieux, le monde et les phénomènes célestes ; Philistion de Sicile lui enseigna la médecine. On a de lui des mémoires fort remarquables. Il eut un fils du nom d'Aristagoras et un petit-fils nommé Chrysippe, disciple d'Ethlias et auteur d'un ouvrage intitulé Remèdes pour les Yeux, dans lequel il invoque et applique les théories physiques.

Il y a eu trois Eudoxe : celui dont nous venons de parler ; un historien de Rhodes et un Sicilien, fils d'A- 190 gathocle. Ce dernier est un poëte comique qui, d'après les Chroniques d'Apollodore, remporta trois fois le prix dans les concours de la ville, et cinq fois dans ceux de la campagne. ( On cite encore un autre Eudoxe médecin de Cnide. Eudoxe dit, dans le Tour du Monde, qu'il recommandait sans cesse d'exercer continuellement et par tous les moyens imaginables ses membres et ses sens (3). ) Apollodore dit aussi qu'Eudoxe de Cnide florissait vers la cent troisième olympiade et qu'on lui doit la théorie des lignes courbes. Il mourut dans sa cinquante-troisième année. Pendant qu'il était en Egypte auprès de Conuphis d'Héliopolis, le bœuf Apis lécha ses vêtements, et les prêtres conclurent de là, au rapport de Phavorinus dans les Commentaires, qu'il deviendrait fort célèbre, mais mourrait jeune J'ai fait à ce sujet les vers suivants :

On dit qu'Eudoxe étant à Memphis, voulut apprendre sa destinée du taureau aux belles cornes. L'animal ne répondit rien; un bœuf peut-il parler ? Apis n'a pas reçu de la nature l'usage de la voix ; mais placé à côté d'Eudoxe il lécha son habit, annonçant clairement par là que sa vie serait courte. En effet il mourut bientôt, après avoir vu cinquante-trois fois se lever les Pléiades.

On l'appelait Endoxe (4) au lieu d'Eudoxe, à cause de sa célébrité.

Après avoir parlé des pythagoriciens illustres, passons maintenant à ceux qu'on appelle philosophes isolés. Nous commencerons par Héraclite.
 

(1) A l'exemple des prêtres égyptiens.

(2) Sur les mathématiques.

(3) II suffit de lire le texte pour se convaincre que tout ce passage a été interpolé après coup. Le commencement de la phrase suivante ὁ δὲ αὐτός φησι ne peut se rapporter qu'à Apollodore.

(4) Illustre.