Cicéron, De finibus

CICÉRON

ŒUVRES COMPLÈTES DE CICÉRON AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. NISARD PROFESSEUR D'ÉLOQUENCE LATINE AU COLLÈGE DE FRANCE.
 - TOME TROISIÈME -
PARIS, J. J. DUBOCHET, LE CHEVALIER ET COMP., ÉDITEURS,
RUE RICHELIEU, N° 60. 1848.

TOME III.

NOTES DES VRAIS BIENS ET DES VRAIS MAUX.

Oeuvre numérisée et mise en page par Patrick Hoffman

de finibus livre V

 

 

ŒUVRES

COMPLÈTES



DE CICÉRON,


AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS,

PUBLIÉES

SOUS LA DIRECTION DE M. NISARD,

PROFESSEUR D'ÉLOQUENCE LATINE AU COLLÈGE DE FRANCE.
 

TOME TROISIEME






PARIS,


J. J. DUBOCHET, LE CHEVALIER ET COMP., ÉDITEURS,
RUE RICHELIEU, N° 60.

1848.


NOTES DES VRAIS BIENS ET DES VRAIS MAUX.

 

 

 

 

LIVRE PREMIER.

I. Latinis literis mandaremus. Cicéron parle à la fin de ses propres ouvrages, et de ceux de Brutus, parmi lesquels sont cités le Traité de la Vertu et celui du Devoir, περὶ καθήκοντος.

Ut Terentianus Chremes. Dans l'Heautontim. act. 1, sc. 1, vers 117.

II. Synephebos ego. Les Synéphèbes ou les Jeunes Camarades, comédie de Ménandre, traduite par Césilius, contemporain d'Ennius. R. D. (Régnier Desmarais.)

Quo Licinius ferreum scriptorem. Cicéron appelle lui-même Attilius durissimum poetam. Attic. xiv, ep. 20.

Utinam ne in nemore. Cicéron ne rapporte pas le vers entier, parte que de son temps c'était un mot fort connu. C'est le commencement d'un vers d'Ennius, dans la Médée qu'il avait traduite d'Euripide. Ce même fragment d'Ennius est plus au long dans le traité de Cicéron de Fato, 1.15, et dans la Rhét. à Héren. II, 22. R. D.

Diogenem, Antipatrum... Diogène le stoïcien, né à Babylooe, et disciple de Chrysippe, fut envoyé par les Athéniens à Rome pendant la seconde guerre punique, avec Carnéade et le péripatélicien Critolaüs. — Antipater de Tarse ou de Sidon, disciple de Diogène, maître ou ami de Caton l'ancien. — Mnésarque n'est connu que par Cicéron. — Panétius de Rhodes, disciple d*Antipater, et dont Cicéron a imité le traité des Offices. — Posidonius d'Apamée, qui eut pour disciples ou auditeurs Cicéron et Pompée.

III. Utinam esset ille Persius ! Lucilius ne voulait point que ses vers fussent lus par les ignorants, ni par les gens trop habiles. Persius était un des plus savants hommes de son temps.

Rutilius multo etiam magis. Rutilius était un juris-consulte très-renommé, qui possédait les lettres grecques et avait embrassé la doctrine des Stoïciens.

A Scœvola est prœtore salutatus Athenis Albutius. Cicéron, de Claris Orat. c. 35, dit que Titus Albutius était si savant en grec, qu'il passait presque pour Grec; qu'il avait été très jeune à Athènes et qu'il y était devenu épicurien. Pour Mucius Scévola, il était augure, gendre de Lélius, et beau-père de Crassus, et un excellent jurisconsulte; c'est un des interlocuteurs que Cicéron introduit dans ses livres de l'Orateur. R. D.

IV. P. Scœvolam, M. Manilium. Il y a apparence que P. Scévola, dont Cicéron parle en cet endroit, est le même que Mucius Scévola dont il vient de parler, et dont il est encore question dans le livre de l'Orateur, où Crassus après avoir lait la définition d'un excellent jurisconsulte donne pour exemple P. Mucius et M. Manilius. R. D.

V. Quondam a L. Torquato....quum C. Triarius. Cicéron dans le Brutus, c 76, parle de L. Torquatus et de C. Triarius comme déjà morts, à peu près en ces termes : « L. Torquatus était un homme d'une grande et profonde érudition, et d'une mémoire admirable : il parlait avec beaucoup de dignité et d'élégance, et ce qui ajoutait un grand prix à tout cela! c'était la sagesse et l'intégrité de sa vie. Pour Triarius, je voyais en lui avec plaisir, dans un âge peu avancé, l'éloquence d'une savante vieillesse. Quels n'étaient point la gravité de son air et le poids de ses paroles! Jamais il n'eut à se repentir d'un seul mot. » Ce fut contre L. Torquatus que Cicéron défendit la cause de P. Cornélius Sylla, que Torquatus accusait d'avoir eu part à la conjuration de Catilina. R. D.

Nisi mihi Phœdrum aut Zenonem. Les plus célèbres des Épicuriens à cette époque. Cicéron entendit le premier à Rome dans sa jeunesse, et l'autre à Athènes quelques années après.

VI. A Polyœno, familiari suo. Polyène, de Lampsaque, dont Cicéron parle encore dans les Académiques, ii, 35.

VII. Anne judicium veri et falsi putat.... Il y a ici une lacune. Plusieurs éditions ont essayé de la remplir par une transition qui ne se trouve dans aucun des manuscrits faisant autorité et que la saine critique condamne. Voici cette transition qu'Orelli rejette absolument de son texte : In tertia vero parte, quae est de vita et moribus, in constitutione finis, nil generosum sapit, atque magnificum.

Neque eum Torquatum. Titus Manlius dont l'histoire est connue de tout le monde. Tite-Live nous apprend que le dictateur Postumius Tubéron fit aussi, avant l'exemple de Torquatus, trancher la tête à son fils qui avait enfreint une défense militaire.

XI. Statua est in Ceramico. Il y avait à Athènes deux places ainsi appelées; l'une dans la ville même, où les. courtisanes logeaient; l'autre dans un des faubourgs, où ceux qui mouraient à la guerre étaient enterrés aux dépens, du public, et c'était peut-être dans celle là qu'on voyait lal statue de Chrysippe. R. D.

XVIII. Clamat Epicurus. Ce sont là les propres paroles d'Épicure dans les Κυρίαι δόξαι, Diog. Laert x, 140 : Οκ στιν ἡδέως ζν ἄνευ το φρονίμως , κα καλς, κα δικαίως· οὐδὲ φρονίμως, κα καλς, κα δικαίως, νευ τοῦ ἡδέως.

XIX. Ea scientia, et verborum vis. Cest bien de la physique et non de la dialectique que parle ici Torquatus. Pour Épicure les mots étaient d'institution naturelle, et l'étude du langage appartenait proprement à la physique.

XX. De qua Epicurus; Traduction d'une maxime des Κυρίαι δόξαι : « ὧν σοφία παρασκευάζεται εἰς τν τοῦ ὅλου βίου μακαριότητα πολ μέγιστόν στιν τς φιλίας κτσις.» D. Laert. x, 148.

Tria vix amicorum paria. Il n'est pas difficile d'entendre quels sont les deux première couples d'amis dont Torquatus palie en cet endroit. Les premiers sont Thésée et Pirithous; les seconds, Oreste et Pylade. Mais je ne sais qui sont les autres, si ce n'est peut-être Achille et Patrocle. Alde Manuce, dans ses commentaires, marque Damon et Pythias; mais je ne comprends pas comment il peut les citer, en remontant d'Oreste à Thésée, puisque Pythias et Damon qui vivaient du temps de Platon, étaient par conséquent bien au-dessous du temps d'Oreste. R. D.

LIVRE SECOND.

I. Primus est ausus Leontinus Gorgias. Gorgias était Sicilien, et d'une ville très-célèbre alors, appelée aujourd'hui Léontini. Il fut disciple <f Empédocle, et dans la suite s'étant adonné à former des orateurs, il y fit un si grand gain, qu'il en dédia une statue d'or au temple de Delphes. Cicéron dans le livre de la Vieillesse, chap. v, dit qu'il vécut cent septans; e tQuintilienf dans le 1er chap. du troisième livre des Institutions, dit qu'il vécut cent neuf ans. R. D.

Translatum ad philosophos nostros. Aux philosophes de la nouvelle Académie, à laquelle appartenait Cicéron.

Arcesilas eum revocavit. Arcésilas de Pitane en Éolie, fondateur de la seconde Académie. Déjà versé dans l'étude de la poésie, de l'éloquence et des mathématiques, ce philosophe. entendit, à Athènes, Théophraste et ensuite Polémon. Il eut pour condisciples sous ce dernier, Caton et Zénon dont l'esprit systématique et novateur l'excita à la contradiction. Ensuite il prit, comme chef de l'Académie, la place de Sosicrate, et mourut en 241 ou 239 avant J.C. Manuel de Tennemann.

II. Hoc positum in Phdœdro a Platone.Voici le passage de Platon : « Περ παντς μία ρχ τος μλλουσι καλς βοϋλεύεσθαι· εδέναι δε, περ ο ν βουλ, παντος μμαρτάνειν νάγκη ». ρ. 301, Bip.

III. Testificetur, ne intelligere quidem. Ce sont les propres paroles d'Épicure dans le livre Περ τέλους, paroles citées très-souvent dans l'antiquité. Cf. Laert. x, 6.

Nam Metrodorum non putant. Métrodore était Athénien , et le principal disciple, et le plus intime ami d'Épicure. Depuis le premier jour qu'il le connut, il ne se sépara jamais de lui que pendant six mois. Il mourut à cinquante-trois ans, sept ans avant Épicure. R. D.

Hieronymus Ehodius. De l'école péripatéticienne. II en est beaucoup parlé dans les Traités de Cicéron et surtout dans ce second livre des Biens et des Maux.

IV. Nam et ille apud Trabeam. Trabéa est un ancien poêle comique, dont il ne nous reste que fort peu de fragments.

Tanta lœtitia. De ces trois vers le premier appartient très-probablement à Trabéa; le second est rapporté à Trabéa et à Cécilius; enfin le troisième est de Térence, c'est le premier vers de l'Heautontimorumenos.

VI. Callipho adjunxit. Calliphon était d'une ville de Carie, et passait pour un grand dialecticien. Mais étant allé à la cour de Ptolémée Soter, et Stilpon qui y était, lui ayant fait, en présence du roi, des questions auxquelles il ne put répondre, et pour lesquelles il demanda du temps, il en fut appelé Κρόνος, comme qui dirait Temporiseur.R. D.

VII. Rectene hanc sententiam interpreter. C'est la tra-dnction exacte de la dixième des Κυρίων δόξων ; voyez Laerte x, 142.

Ut edant de patella. Espèce de plat ou de coupe où l'on mettait quelque partie de la victime. « Fert missos Vestae pura patella cibos. » Ovide dans les Fastes. « Dii me omnes magni, minutique, et patellarii. » Plaute.

In ore habeant ex Hymnide. Comédie de Ménandre, traduite par Cécilius. Athénée en parle, Deipnos. ιν, 342. Ce vers a été imité par Lucilius : « Qui sex menses vitam ducunt, Orco spondent Septimum. » Satyr., lib. xxvi.

VIII. Hir siphon, ut ait Lucilius. On traduit comme s'il y avait, nix et sacculus abstulerit, ce qui marque une délicatesse des anciens qui, pour boire le vin frais et trempé en même temps, le faisaient verser à travers un sac rempli de neige. Les Romains établissaient une très-grande différence entre le Vinum diffusum, ou comme le porte notre texte, defusum, du vin tiré au tonneau ; et le Vinum doliare, du vin mis récemment en barrique, qui n'a ni l'âge ni la maturité, ni la saveur du Vinum diffusum, et que l'on faisait passer à travers de petits sacs pleins de neige pour le rafraîchir, (Note empruntée à M. J. V. Leclerc).

O lapathe. Vers de Lucilius. Sur ce Gallonius voyez le discours pour Quintius, ch. 30,et les satires d'Horace, n, 2, 47.

IX. Appellet hœc desideria naturœ. C'est ce qu'Épicure nomme ordinairement ρέξεις.

X. Aristo, Herilliu, jam diu abjecti. Ariston de Chio, disciple de Zénon, prétendait que tout était complètement indifférent, hors le vice et la vertu. Hérille de Carthage, autre disciple de Zénon, mettait le souverain bien dans la science.

XIII. Hoc dixerit potius Ennius. Le vers cité par Cicéron est très-probablement emprunté à l'Hécube d'Ennius. On retrouve la même pensée dans la pièce d'Euripide qu'il avait imitée.

XVI. Oculorum, inquit Plato. C'est un passage traduit du Phèdre.

An tu me de L. Tubulo. Voyez sur ee Tubulus, le Traité de la Nature des Dieux, iii, 51.

XVII. Q. Pompeius infœdere Numantino. Ce Q. Pompeius fut le premier consul de la Camille des Pompées; après avoir été défait par les Numantins contre lesquels il avait été envoyé, il fit avec eux une paix honteuse, dans laquelle il avait eu l'adresse de se servir de termes ambigus, et qui fut blâmée par la république. R. D.

Se in legem Voconiam juratum. Cette loi fut portée l'an 584 de Rome, par Voconius Saxa, tribun du peuple; par ses dispositions, dont Caton le censeur fut le pro¬moteur le plus ardent, les filles étaient exclues des grandes successions de leurs pères. R. D.

XIX. Imperiosum illum. Le premier Torquatus, dont Cicéron a tant jtarlé dans le livre précédent.

Eriperes P. Sullœ consulatum. C'est contre Torquatus, ainsi que nous l'avons dit, que Cicéron avait plaidé la cause de Sylla.

XX. L. Thorius Balbus. Contemporain de M. Pison et de C. Macer. Il était né à Lanuvium, à présent Judovina, à seize milles de Rome. R. D.

XXI. Tantis voluminibus de Themista. Cette Thémiste était de Lampsaque, fille de Zoïle, et femme de Léontée, tous deux aussi de Lampsaque; elle était intime amie d'Épicure, qui lui dédia un traité intitulé Néoclès. Dans une de ses lettres, Épicure lui mande : « Si vous ne venez chez moi, je suis résolu de me faire pousser parfont où vous m'appellerez, quand même je devrais m'y faire rouler. » R. D.

XXII. C. Hirrius Postumius.... Orata. Hirrius, selon Pline, fut le premier qui fit un vivier de murènes ou de lamproies. Pour Sergius Orata, selon Pline encore, ce fut le premier qui fit parquer les huîtres et qui trouva le moyen d'avoir des bains suspendus. Pline, ix, 65.

Temporibus illis. L'exil de Cicéron.

Est enim tibi ediseendum. Le préteur lorsqu'il entrait en charge, fixait lui-même sa jurisprudence, et même sa législation. De là le nom de droit prétorien.

XXIV. Ut Pythagoreus ille fecit. C'est l'histoire de Damon et Pythias.

XXVII. Ait enim se, si uratur. Nous lisons encore dans Sénèque, ep. 60, 17 : « Epicurus ait, sapientem, si in Phalaridis tauro peraratur, exclamaturum : quant dulce est, et ad me nihil pertinet » Voyez Tusculanes , ii, 7.

XXVIII. Scribit Xenophon.... a Platone graviter. Xénopbon, Cyropédie iι, 11, 8 ; Platon, Lettres, vii , pag. 97. Biponl. Voyez encore Tusculanes, v, 35.

Quum corpus bene. Dans Clément d'Alexandrie qui rapporte ce sentiment de Métrodore : « γαθν, φησὶ , ψυχς τι λλο τ σαρκς εσταθς κατάστημα, κα τ περ ταύτης πιστν λπισμα. Strom. ii, 498.

Cn. Octavium. Consul Tan de Rome 677.

XXIX. Clamore Philotœ. On croit que les vers cités ici sont empruntés à Attius, ou traduits de Sophocle par Cicéron lui-même. Görenz combat l'une et l'autre opinion.

XXX. Epicurus Hermarcho. Cette lettre est reproduite par Diogène Laërce, x, 22. Montaigne l'a traduite, Essais, II, 16.

XXXI. In eo libro, quem modo. Les Κύριαι δόξαι. Ce que Cicéron en cite est une traduction exacte.

XXXII. Ne ista sint Manliana. Allusion au Manlius Imperiosus.

Desine, Roma.... Vers tirés du poème d'Ennuis, composée la louange de Scipion.

XXXV. Consentisse de Calatino. L'an de Rome 495, A. Atilîus Caiatinus prit Enna, Drepanum, Lilybée sur les Carthaginois, parcourut en vainqueur toute la Sicile et battit avec quelques vaisseaux la nombreuse flotte d'Amilcar.

Syronem dicis et Philodemum. Syron, philosophe épicurien, ami de Cicéron, comme on le voit dans une de ses Lettres (Ep. fam. vi, 11). Quelques-uns ont cru devoir le confondre avec Scyron ou Sciron, que Virgile parait avoir eu pour maître et dont il célèbre la maison de campagne dans une petite pièce qu'on lui attribue, Catalecta, 10 : Villula, quœ Scironis eras...., — Plilodème, autre épicurien, composa des livres de philosophie et des poésies amoureuses. (Note empruntée à M. J.V. Leclerc.)

LIVRE TROISIÈME.

II. Ludis commisses ex urbe profectus. La campagne de Cicéron était à douze milles de Rome. Il se dérobait le plus possible au spectacle des jeux publics, qui ne lui offraient que de l'ennui, comme on le voit dans une de ses lettres à M. Marius.

Et Cœpioni nostro. Ce Cépion parait être M. Jun. Brutus, que l'on appelle quelquefois G. Servilius Cépion, ou G. Cépion, parce qu'il avait été adopté par G. Servilius Cépion, son oncle. «Tum exposuit, manum fuisse juventutis, duce Curione, in qua Paullus initio fuisset, et G. Caepio hic Brutus,......» Ep. ad Attic. ii, 24.

Avi...... Cœpionem. Ce G. Servilius Cépion était le père de Servilie, femme de Lucullus.

IV. Ne hoc ephippiis et acratophoris. On voit par là que les mots d'éphippies et d'acratophores, étaient dès lors en usage à Rome; celui d'éphippies était employé pour signifier une selle, et veut dire proprement un sur-cheval, de même que nous disons un surtout, un surfaix. Horace s'en est servi dans l'avant dernier vers de l'Épitre XIV du 1er livre: Optat ephippia bos piger, optat arare caballus. Celui d'acratophore, qui veut dire proprement porte-vin, signifiait un vase à mettre du vin. R. D. Varron, De Re rustic., lib vi: «Ea minus sumptuosa vinea, quœ sine jugo ministrat acratophoro vinum

IX. Trium earum rerum...... singuli singulas addiderunt. Calliphon ajoutait à la vertu la volupté; Diodore, l'absence de la douleur; les Péripatéticiens, les premiers biens de la nature.

X. Motum aut statum esse dixit. Diogène Laer, vii, 104: ὠφελεῖν δ στ κινεῖν ἢ ἴσχειν κατ' ἀρετήν. Voyez encore Sénèque, ep. 76.

Ægritudo, formido, libido...... Les Grecs nommaient ces trois premières passions: λύπην, φόβον, πιθυμίαν.

XII. Scio enim esse quosdam. Cette allusion est expliquée clairement par le passage suivant des Académiques: Didicisti enim non posse nos Amafinii, aut Rabirii similes esse, qui, nulla arte adhibita, de rebus ante oculos positis vulgari sermone disputant; nihil definiunt, nihil partiuntur, nilhil apta interrogatione concludunt, nullam denique artem esse nec dicendi, nec disserendi putant.» Acad. lib. i, cap. 2.

XIII. Carneades tuus. Votre Carnéade; parce que Carnéade était le chef de la nouvelle Académie à laquelle Cicéron appartenait. — Les Athéniens ayant envoyé à Rome une célèbre ambassade de trois grands philosophes, Carnéade, un des trois, se distingua tellement par la force de son éloquence, que Caton le censeur fut d'avis qu'on les renvoyât au plus tôt, parce que, lorsque Carnéade parlait (et il plaidait souvent le pour et le contre), il était difficile de ne se pas laisser persuader. Il se rendit d'ailleurs très-fameux pour s'être attaché à réfuter les Stoïciens, et particulièrement Chrysippe, avec tant d'ardeur, que jamais leur philosophie n'a eu d'adversaire plus redoutable. Il mourut à quatre-vingt-cinq ans, selon Diogène Laërce. Cicéron et Valère Maxime disent qu'il alla jusqu'à quatre-vingt-dix, et Diogène rapporte de lui, qu'étant travaillé de phthisie sur la fin de ses jours, et entendant dire qu'Antipater, pour se délivrer du même mal, avait avalé du poison, il dit à ceux qui étaient autour de lui: «Donnez-moi donc ainsi que je boive; «et ses amis lui ayant demandé quoi? il changea de résolution tout d'un coup, et dit, du vin et du miel, ονμελει.

XIX. At illa, quœ in concha. Pline, Hist. Nat. «Parmi les coquillages se trouve aussi la pinne. Elle naît dans les endroits limoneux; elle se tient toujours droite, et n'est jamais sans un compagnon, qu'on appelle pinnothère ou pinnophylax. C'est une petite squille, ou un cancre, qui s'associe avec elle pour trouver sa nourriture. La pinne, qui est aveugle, s'ouvre, offrant son corps aux petits poissons, qui viennent jouer autour d'elle. Bientôt ils remplissent la coquille. Le pinnothère qui est aux aguets, avertit la pinne par une morsure légère. Celle-ci se referme, écrase tout ce qui se trouve pris entre ses écailles, et partage sa proie avec son associé. Hist. Nat. ix, 67.

Quod vulgari quodam versu grœco. Voici ce vers grec; μου θανόντος, γαα μιχθήτω πυρί. Les auteurs anciens le citent souvent; cf. Sueton., Ner. cap. 38; Dion, lib. viii alla plus loin encore en répétant ce vers ainsi modifié: μο δ ζντος, γαα...... Sueton., Néron.

Eumdem Salutarem. C'est le Ζες Σωτήρ.

Cynicorum autem rationem. Voyez l'éloge des Cyniques dans Arrien, et dans Maxime de Tyr, Dissert. xx. Sur l'esprit de cette secte on peut consulter Diog. Laert. vi, 103, Lactant. Div. Inst. iii, 15, Stob. Eclog. Ethiq.

Quœque sunt vetera prœcepta sapientium. Ces anciens préceptes des sages, sont: Καιρῷ πειθαρχεν, θεῷ πείχειν, γνῶθι σεαυτόν, μηδν γαν. — Cicéron dit encore dans une de ses lettres (Fam. vi, 9:) «Tempori cedere, id est, necessitati parere, semper sapientis est habitum.»

LIVRE QUATRIEME.

I. Quum ego te hoc nova lege. Loi de Pompée, qui voulait qu'un procès fût plaidé en un seul jour, et accordait deux heures à l'accusation, et trois heures à la défense.

Et a te ipso sœpe. Allusion au plaidoyer de Cicéron pour Muréna, consul désigné, accusé par Serv. Sulpicius, par Cn. Postumius et par Caton, d'avoir contrevenu à la loi contre la brigue, et défendu par Crassus, par Hortensius et par Cicéron, qui parla le dernier. Muréna fut absous. Dans ce plaidoyer, Cicéron après avoir extrêmement élevé le mérite et la vertu de Caton, lui reproche cette austérité trop rigoureuse et trop sévère qu'il devait à la philosophie des Stoïciens, et qu'il regarde comme la seule chose qu'on puisse reprendre dans un si grand homme. Il fait ensuite de la philosophie stoïcienne une espèce de portrait chargé, dans lequel conservant, mais grossissant tous les traits qui peuvent la faire reconnaître, il la rend insoutenable et presque ridicule. R. D.

II. Quam partitionem a Zenone retentant esse. Diogène Laert. vii, 39, prétend que Zénon divisa ainsi la philosophie le premier. Mais il est constant que cette division remonte à Aristote et à Platon. Cicéron, dans les Académ.: «Fuit ergo jam accepta a Platone philosophandi ratio triplex: una de vita et moribus, altera de natura et rebus occultis; tertia de disserendo.» Acad. I, 5.

III. Dicendi exercitatio duplex. C'est un sujet traité complètement dans le livre de l'Orat ii, 15, 65 sq.

Ut, Circeis qui habitet. C'est un promontoire fort élevé, dans la mer de Toscane, appelé aujourd'hui il Monte Circello, et qui était une île avant que les marais dont il était environné, eussent été desséchés. On prétend que c'était autrefois la demeure de Circé, qui métamorphosa les compagnons d'Ulysse. R. D.

IX. Quod ejus virtute. Ce sont les expressions solennelles du décret par lequel on décernait le triomphe.

XIII. Quin omnium naturalium simile esset id. Orelli donne ici naturalium au lieu de naturarum qui est la leçon de la plupart des éditions et tous les manuscrits. Mous avons traduit comme si naturarum était conservé dans ce texte. Cicéron emploie souvent dans ce livre l'expression de naturarum pour désigner les êtres animés en général, le terme de natures s'emploie en français à peu près dans le même sens. Ce qui rend, selon nous, la leçon de naturarum incontestable, c'est la phrase suivante qu'on lit un peu plus loin: «quomodo...... conservabitur, ut simile sit omnium naturale illud ultimum, de quo quaeritur? tum enim esset simile, si in ceteris quoque naturis id cuique esset ultimum, quod in quoque excelleret.

XIV. Ut Herillus cognitionem amplexarentur. Hérille de Carthage, qui met le souverain bien dans la science.

XVI. Quodcumque in mentem incideret. Ariston, et quelques Stoïciens prétendaient qu'il n'y avait pas de règles à donner pour le choix des choses et la conduite des actions; que le sage n'avait rien de mieux à faire que de suivre ses inspirations, et de se conformer aux occurrences. Sext. Emp. exprime ainsi ce principe: «o φυσική τις γνεται τρων παρ' ἕτερα πρόκρισις, κατ περίστασιν δὲ μλλον.» Sénèque dit aussi: «Qui constitutionem summi boni bene intellexerit et didicerit, quid in quaque re faciendum eit, sibi tacile ipsum praecipere.» Ep.94, 2.

XVIII. Ille sorites, quo nihil putatis esse vitiosius. Ce n'était évidemment pas ce sorite que les Stoïciens trouvaient vicieux, mais le sorite en général, comme forme d'argumentation. Nous lisons dans les Académ: Soritus... quod tu modo e Stoicorum mente, dicebas esse vitiosum genus.» ii, 29.

XX. Tuus ille Pœnulus. Cicéron appelle Zénon Phénicien, parce qu'il était de Citium, petite ville de Cypre, ancienne colonie des Phéniciens; et en parlant de lui à Caton, il dit votre Phénicien, parce que Caton ayant le premier réduit l'ile de Cypre en province, tous ceux de cette île étaient regardés comme ses clients, suivant l'usage d'alors. R. D.

XXIV. Eadem ratione qua sum paullo ante usus. Argument qui repose sur cet axiome, qu'il faut juger du principe par la conséquence.

XXVI. M. Piso familiaris noster. Le Pison dont il est parlé, est le même que Cicéron introduit dans le ve livre, et auquel il fait exposer l'opinion des Académiciens et des Péripatéticiens sur les vrais biens et les vrais maux. Il était petit-fils de Cn. Pison, celui qui fut surnommé Piso Frugi. R. D.

XXVII. Hæc παράδοξα illi, nos admirabilia. Ce sont ces paradoxes que Cicéron a développés dans un traité que nous avons joint à ses ouvrages de rhétorique. Il est évident par ce passage que notre auteur ne pouvait pas prendre au sérieux ces paradoxes. Il en avait fait le sujet d'un exercice oratoire, ou plutôt déclamatoire.

XXVIII. L. Tubulum fuisse. C'est de ce L. Tubulus que Cicéron disait dans le second livre: «An tu me de L. Tubulo putas dicere? qui, quum praetor... Voyez aussi de Nat. Deor. i, I3, iii, 30.

LIVRE CINQUIÈME.

I. In eo gymnasio, quod Ptolemœium... Gymnase en grec, se dit également et des lieux destinés pour les exercices publics de la jeunesse, et de ceux où enseignaient les philosophes. Le lieu dont parle Cicéron ne servait qu'aux réunions des philosophes et de leurs disciples; et on l'appelait du nom de Ptolémée, parce que c'était un Ptolémée, roi d'Égypte, qui l'avait fait bâtir. R. D.

Conficeremus in Academia. L'Académie était un lieu hors d'Athènes, planté de plusieurs rangées d'arbres. On prétend que Platon y était né; et c'est là qu'il avait coutume d'enseigner sa doctrine, qui, prenant sa dénomination du lieu même, fut appelée l'Académie.

Hostiliam dico. Palais élevé par Tullius Hostilius, et où le sénat se rassembla jusqu'à la mort de Scipion l'Africain. Cette cour Hostilie fut brûlée en 701, lors des funérailles de Clodius, et rebâtie bien plus magnifique en vertu d'un décret du sénat et par les soins de Faustus, fils de Sylla.

Coloneus ille locus. Ce lieu qui était proche d'Athènes, s'appelait Colone; et Sophocle y composa h seconde tragédie d'Œdipe, qu'il appela l'Œdipe à Colone, parce que ce fut là qu'Œdipe mourut. R. D. — Quintus frère de Cicéron avait composé des tragédies.

Cum Phœdro, quem unice.... Phèdre, philosophe épicurien, dont Cicéron parle le premier dans ses lettres ad Fam. xiii, i; et dans le traité de Natura Deorum, ii, 33.

II. Me.... Metapontum venisse. Métaponte, ville bâtie autrefois par les Pyliens dans le golfe de Tarente, après la guerre de Troie. Elle fut ensuite ruinée par les Samnites; et dans la plaça où elle avait été bâtie, il n'y a plus maintenant qu'une vieille tour qu'on appelle Torre di Mare. R. D. — Nous lisons dans Justin, xx, 4: 617 «Pythagoræ autem quum annos xx Crotonæ egisset, Metapontum migravit, ibique decessit.»

II. Illa moveor exedra. On donnait le nom d' xedrœ à des hémicycles, qui étaient en même temps des espèces d'amphithéâtres. «Constitnuntur in porticibus exedræ spatiosæ, habentas sedes, in quibus philosophi, rhetores, reliquique, qui studiis delectantur, sedentes disputare possint.» Vitruv. v, ii.

III. Speusippus, Xenocrates. Aristote avait acheté les ouvrages très-peu nombreux de Speusippe, trois talents, c'est-à-dire seize mille deux cents francs. — Xénocrate de Chalcédoine composa, à la prière d'Alexandre, un traité de l'Art de régner.

Staseam neapolitanum. Voici ce qu'en dit Cicéron dans le de Oratore, i, 23: «Est enim apud M. Pisonem adolescentem jam huic studio deditum, summo hominem ingenio, nostrique cupidissimum, peripateticus Staseas, homo nobis sane familiaris, et, ut inter homines peritos constare video, in illo suo genere omnium princeps..»

Fratrem ejus Aristum. Cicéron parle encore d'Ariste dans les Académiques, i, 3; ii, 4; les Tusculanes, v, 8; et le Brutus, 97.

IV. Hoc amplius Theophrastus. Diogène Laêrce compte un très-grand nombre d'ouvrages politiques de la main de Théophraste. Cicéron semble ici plus particulièrement faire allusion aux livres intitulés Πολιτικο πρς τος καιρούς.

V. Ejus filium Nicomachum. Il est certain que Nicomaque avait composé au moins quelques livres de morale; mais il est incontestable que les livres qui portent son nom appartiennent à Aristote et sont même l'un des plus beaux fruits de son génie.

Strato physicus se voluit. Diogène Laërce dit que Straton était de Lampsaque. Il fut appelé le physicien, parce qu'il s'adonna principalement à l'étude de la physique, quoique Diogène rapporte de lui quantité de titres de livres sur la morale. Il fut précepteur de Ptolémée Philadelphe. — Lycon était de la Troade; il succéda à Straton, et ayant pendant quarante ans tenu l'école des Péripatéticiens, il mourut de la goutte à 74 ans.

VII. Ne si etiam evitare posset. C'est un passage dont la lettre a beaucoup embarrassé les traducteurs et les critiques. Nous croyons que le sens indiqué par Orelli, est évident: «Negativa sententia requiritur, ut supra, aut non dolendi, etiam si id assequi nequeas, et hoc loco bis scilicet; etiam si evitari non posset dolor.»

VIII. Quoniam igitur et de voluptate. Cicéron oublie en cet endroit que c'est Pison qu'il fait parler, lequel à Athènes ne doit pas savoir ce qui s'est dit ni entre Cicéron et Torquatus auprès de Cumes, ni entre Cicéron et Caton à Tusculum: et qui doit encore moins fonder là-dessus l'instruction qu'il donne à Lucius, qui ne pouvait en avoir aucune connaissance. R. D. L'inadvertance paraîtra même plus singulière, si l'on songe que dans l'ordre des dates, ce dialogue est bien antérieur au premier (Note empruntée à M. Leclerc.)

X. Ut ille apud Terentium. Dans l'Heauton. act I, scen. i, v. 95.

XI. Non refugiat. Vers d'Ennius.

Configebat tardus. Vers d'Attius.

XIII. Animam.... datam pro sale. Ce mot est de Chrysippe le stoïcien.

XVIII. Ut quœdam Homeri, sic ipsum istum locum. La traduction de ce passage de l'Odyssée (xιι, 184) est de Cicéron; et il oublie encore ici que ce n'est pas lui qui parle, mais Pison. R. D.
Voici la traduction en vers de Régnier Desmarais:

«Venez vers nous, Ulysse, exemple de sagesse;
Venez vers nous, la gloire et Γ honneur de la Grèce;
Venez prêter l'oreille à nos savants concerts:
Nul jamais, avant vous, n'a sillonné ces mers,
Que de notre savante et divine harmonie,
Il n'ait voulu goûter la douceur infinie;
Et qu'instruit et charmé par nos doctes chansons,
Il n'en ait remporté d'admirables leçons.
Nous chantons les combats et les malheurs de Troie,
Que le ciel par les Grecs mit aux flammes en proie;
Et tout ce qui se fait sous la voûte des cieux,
Nos chants le font connaitre aux mortels curieux.»

XIX. Princeps hujus civitatis Phalereus Demetrius. Démétrius de Phalère gouverna Athènes pendant dix ans; il y fit plusieurs beaux règlements, et y fut honoré de trois cent soixante statues de bronze. Mais ayant été ensuite chassé par la brigue de ses ennemis, il se retira à Alexandrie sous Ptolémée Soter, sous le fils duquel il mourut de la piqûre d'un aspic. R. D.

XXI. Prœclare enim Plato. Voici le passage de Platon: «φρόνησιν δὲ καὶ ἀληθεῖς δόξας βεβαιοῦν, ετυχές ὅτῳ καὶ πρς τ γρας παριγένετο.» Traité des Lois, ii.

XXII. Fregellum proditorem. Frégelles était une ville des Volsques, qui, s'étant révoltée contre les Romains, fut ruinée par eux; et Pullus Numitor, qui était de Frégelles, fut celui qui, trahissant sa patrie, leur en facilita les moyens. R. D.

Erechthei filias. Érechtée fut le sixième roi d'Athènes, et prédécesseur de Cécrops. On dit que pour apaiser la peste, qui faisait de grands ravages à Athènes, il immola ses filles à Proserpine, et qu'elles-mêmes s'offrirent volontairement pour être sacrifiées. R. D Nous avons déjà rencontré le nom de Tubulus dans le second et le quatrième livre.

XXIV. Tiberina decursio. C'était une fête que les Romains célébraient tous les ans en l'honneur de la Fortune.

XXVI. Ut eum discere ea mavis. Raillerie délicate que Cicéron fait ici contre lui-même, et qu'il met dans la bouche de Pison; parce que Cicéron était attaché à la nouvelle Académie qui faisait profession d'examiner toutes choses et de ne décider de rien. R. D.

Habent enim et bene longam. Allusion aux livres académiques.

XXX. M. Crasso. Préteur en 648, aïeul du triumvir. Suivant Pline, il ne rit pas même une seule fois dans sa vie.

XXXI. Ille Dionysius flagitiosus. Sur cette sorte d'apostasie de Denys, voyez les Académiq. ii, 22.