HERMÉNEIA, ou TRAITÉ DE LA PROPOSITION.
CHAPITRE II. De nom : définition du nom : justification des parties diverses de cette définition. - Du nom indéterminé. - Des cas du nom. |
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1 Ὄνομα μὲν οὖν ἐστὶ φωνὴ σημαντικὴ κατὰ συνθήκην ἄνευ χρόνου, ἧς μηδὲν μέρος ἐστὶ σημαντικὸν κεχωρισμένον· 2 ἐν γὰρ τῷ Κάλλιππος τὸ ιππος οὐδὲν καθ´ αὑτὸ σημαίνει, ὥσπερ ἐν τῷ λόγῳ τῷ καλὸς ἵππος. οὐ μὴν οὐδ´ ὥσπερ ἐν τοῖς ἁπλοῖς ὀνόμασιν, οὕτως ἔχει καὶ ἐν τοῖς πεπλεγμένοις· ἐν ἐκείνοις μὲν γὰρ οὐδαμῶς τὸ μέρος σημαντικόν, ἐν δὲ τούτοις βούλεται μέν, ἀλλ´ οὐδενὸς κεχωρισμένον, οἷον ἐν τῷ ἐπακτροκέλης τὸ κελης. 3 Τὸ δὲ κατὰ συνθήκην, ὅτι φύσει τῶν ὀνομάτων οὐδέν ἐστιν, ἀλλ´ ὅταν γένηται σύμβολον· ἐπεὶ δηλοῦσί γέ τι καὶ οἱ ἀγράμματοι ψόφοι, οἷον θηρίων, ὧν οὐδέν ἐστιν ὄνομα. 4 — Τὸ δ´ οὐκ ἄνθρωπος οὐκ ὄνομα· οὐ μὴν οὐδὲ κεῖται ὄνομα ὅ τι δεῖ καλεῖν αὐτό, — οὔτε γὰρ λόγος οὔτε ἀπόφασίς ἐστιν· — ἀλλ´ ἔστω ὄνομα ἀόριστον. 5 Τὸ δὲ Φίλωνος ἢ Φίλωνι καὶ ὅσα [16b] τοιαῦτα οὐκ ὀνόματα ἀλλὰ πτώσεις ὀνόματος. Λόγος δέ ἐστιν αὐτοῦ τὰ μὲν ἄλλα κατὰ τὰ αὐτά, ὅτι δὲ μετὰ τοῦ ἔστιν ἢ ἦν ἢ ἔσται οὐκ ἀληθεύει ἢ ψεύδεται, —τὸ δ´ ὄνομα ἀεί,— οἷον Φίλωνός ἐστιν ἢ οὐκ ἔστιν· οὐδὲν γάρ πω οὔτε ἀληθεύει οὔτε ψεύδεται. |
§ 1. Le nom est un mot qui par convention signifie quelque chose sans spécifier de temps, et dont aucune partie séparée n'a de signification à elle. § 2. Ainsi, dans le nom de Callippos, hippos ne signifie rien par lui seul, comme il signifierait dans cette phrase: Kalos hippos. C'est qu'il n'en est pas dans les noms composés comme dans les simples: dans les premiers, une partie prise seule n'a aucune signification; dans les autres, la partie semble vouloir signifier quelque chose, mais ne signifie cependant rien, quand elle est isolée; ainsi dans épactrokélès, kélès ne signifie rien par lui-même. § 3. On a dit plus haut : Par convention, attendu que les mots n'existent point dans la nature et qu'ils ne sont quelque chose qu'en devenant signes: cela est si vrai que les sons inarticulés signifient aussi quelque chose; par exemple, les cris des bêtes fauves, qui cependant ne sont pas des mots. § 4. Non-homme n'est pas un nom; car il n'y a pas de limite de nom qu'on puisse lui appliquer; ce n'est ni une énonciation ni une négation; c'est ce que j'appellerai un nom indéterminé, parce qu'il convient également à tout, à l'être et au non-être. § 5. Philônos, Philôni, et autres mots de ce genre, [16b] ne sont pas précisément des noms, ce sont des cas du nom. Du reste la définition de ces mots est pour tout le reste la même que celle du nom : mais la différence c'est que, joints aux verbes Est, a été, ou sera, ces mots n'expriment encore rien de faux, rien de vrai, tandis que le nom exprime toujours quelque chose : par exemple, si on dit : Est ou n'est pas à Philon; car ni l'un ni l'autre n'est encore ni vrai ni faux. |
§ 1. Un mot qui par convention, Et non par une sorte de nécessité naturelle, comme Platon le veut dans le Cratyle. Ammonius cherche à concilier Platon et Aristote : Alexandre d'Aphrodise se prononçait pour la théorie platonicienne. Ammonius, Scholies, p. 103, a, 11, et b, 29, et la note - Sans spécifier de temps, Comme le fait le verbe; voir plus bas, ch. 3. § 1. - Dont aucune partie séparée, Les lettres et les syllabes, par exemple. § 2. Callippos, J'ai conservé le mot, parce que la démonstration y est tout aussi frappante que sur un composé français. - Dans cette phrase, Composée seulement d'un adjectif et d'un substantif. - Epactrokélès, J'ai encore conservé le mot grec. Epactrokélès designer une espèce d'embarcation dont se servaient les pirates et qui ressemblait à deux autres, dont l'une se nommait épactris et l'autre kélès. - Ne signifie rien par lui-même, Dans le mot composé : pris isolément, il aurait un sens complet qui se trouve modifié par la combinaison même où il entre. Pacius cite, comme pouvant servir ici d'exemple, le mot français, Aigre-doux. § 3. Les mots n'existent point dans la nature, C'est tout le contraire de la doctrine platonicienne. - Non articulés, Le texte dit: non écrits, c'est-à-dire non susceptibles d'être écrits. § 4. Non-homme, J'ai conservé la forme grecque, qui est aussi passée dans notre langue philosophique : non-être, non-moi, etc. - C'est ce que j'appellerai, Aristote crée un mot nouveau, comme il le conseille dans les Catégories, ch. 7, § 11. - Il convient à tout, Il désigne tout ce qui n'est pas la chose devant le nom de laquelle est mise la négation, et par conséquent n'a aucune détermination vraie. § 5. - Philônos, Philôni, J'ai gardé le génitif et le datif grecs, parce que notre langue n'a pas de cas. - Le nom exprime toujours quelque chose, Le nom au nominatif joint au verbe Est, a été ou sera, exprime toujours une affirmation. - Par exemple, Cet exemple se rapporte non à la dernière proposition, mais à la précédente. - Les commentateurs ont recherché pourquoi Aristote ne regarde comme noms que les noms au nominatif, et ils en ont donné diverses raisons qui ne sont pas toutes très exactes, voir Ammonius, Scholies, p. 104, a, 27 et la note.
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