Aristote

ARISTOTE

 

CONSTITUTION D'ATHENES (I-XXIX) (XXX-FIN)

— PREMIÈRE PARTIE

HISTOIRE DE LA CONSTITUTION D'ATHÈNES (CH. I-XLI)

On sait que le commencement de l'Aθηναίων πολιτεία manque dans le papyrus de Londres. Énumérant au chapitre XLI les différentes modifications qu'a subies la constitution d'Athènes, l'auteur n'en compte pas moins de onze depuis l'établissement d'Ion jusqu'à la restauration définitive de la démocratie. Tel qu'il nous a été rendu, l'ouvrage commence à la description de l'état social d'Athènes avant Dracon. Il nous manque donc l'époque d'Ion et celle de Thésée. Pour compléter, dans la mesure du possible, ce tableau de l'histoire athénienne, nous joignons à notre traduction de l᾿Aθηναίων πολιτεία les fragments de cette partie perdue qui nous ont été plus ou moins fidèlement conservés par les historiens postérieurs, les grammairiens ou les lexicographes.

ÉPOQUE D'ION

§ 1. LA ROYAUTÉ. - § 2. LE CULTE D'APOLLON PATROOS. - § 3. LES QUATRE TRIBUS. - § 4. LES ROIS DES TRIBUS.

§ 1. La royauté

HERACLEIDES : Les Athéniens à l'origine étaient gouvernés par des rois. Quand Ion se fut établi au milieu d'eux, ils reçurent pour la première fois le nom d'Ioniens.

N. B. Les fragments des περὶ πολιτειῶν attribués à Héracleidès de Pont, l'élève de Platon, ont été publiés par F. G. SCHNBIDEWIN, Heraclidis politiarum quae extant. Göttingen,1847 ; et par K. MULLER, dans les Fragmenta historicorum graecorum, éd. Didot, II, p. 196 et suiv. Schneidewin a très bien prouvé que ces fragments ne sauraient être attribués au philosophe Héracleidès. Le compilateur est peut-être le grammairien Héracleidès Lembos, qui vivait au second siècle avant notre ère : il est certain qu'il a fait son résumé d'après les Constitutions d'Aristote.

Sur les circonstances dans lesquelles Ion aurait été appelé à Athènes, voy. Constitution d'Athènes, ch. III.2. Le culte d'Apollon Patroos.
HARPOCRATION. Le dieu de Delphes. Une des nombreuses épithètes du dieu. C'est depuis Ion que les Athéniens honorent en commun Apollon sous ce nom. Aristote dit que les Athéniens ne furent ap­pelés Ioniens et ne donnèrent à Apollon le surnom de Patroos, qu'après l'établissement d'Ion en Attique.

§ 3. Les quatre tribus

Cf. Constitution d'Athènes, ch. XLI.

HARPOCRATION : Les membres d'un même γένος. Tous les citoyens étant divisés en groupes, les premiers et les plus grands de ces groupes s'appelaient des tribus. Chaque tribu était elle-même divisée en trois groupes qu'on appelait trittyes et phratries. Enfin chaque phratrie comprenait trente γένη, dans le sein desquels le sort désignait les titulaires des sacerdoces qui leur appartenaient... Par exemple les g¡nh des Eumolpides, des Kéryces, des Etéoboutades, ainsi que le montre Aristote dans la Constitution d'Athènes.

§ 4. Les rois des tribus

Cf. Constitution d'Athènes, ch. XLI.

POLLUX, VIII, 111 : Les rois des tribus, an nombre de quatre, choisis parmi les eupatrides, s'occupaient surtout des choses de la religion. Ils se réunissaient au Palais Royal, près du Boukoléion.

I. - ÉPOQUE DE THÉSÉE

1. Affaiblissement de la royauté

Cf. Constitution d'Athènes, ch. XLI.

PLUTARQUE, Vie de Thésée, XXV : Voulant agrandir encore la cité, il appela tous les gens du peuple, leur promettant les mêmes droits, et l'on dit que la phrase : « Venez tous ici, gens du peuple, » vient d'une proclamation qui fut faite par Thésée pour convoquer une assemblée générale. Mais il ne voulut pas que la démocratie fût sans ordre et que la foule qu'il y versait s'y confondît sans distinction : le premier, au contraire, il sépara les eupatrides des cultivateurs et des artisans. Aux eupatrides il réserva le droit de connaître les choses divines, de fournir les magistrats, d'enseigner les lois, d'interpréter le droit public et le droit sacré. Entre les autres citoyens, il établit comme une sorte de balance : les eupatrides semblaient avoir l'avantage de la considération, les cultivateurs de l'utilité, les artisans du nombre. Qu'il inclinât le premier vers la foule, comme le dit Aristote, et qu'il renonçât au pouvoir absolu, c'est ce que semble témoigner Homère dans le catalogue des vaisseaux, où les Athéniens seuls sont désignés du nom de peuple.

Sur les troubles qui avaient précédé le gouvernement de Thésée et sur ceux qui suivirent jusqu'à l'attentat de Cylon, voy. HERACLEIDÈS (Arist. fragm., n° 611, p. 371).

Dans l'état actuel, la Constitution d'Athènes commence au récit des mesures prises pour purifier Athènes du meurtre de Cylon.

HÉRACLEIDÈS (ibid., II) : Mégaclès et les siens massacrèrent les partisans de Cylon qui, après avoir tenté d'établir la tyrannie s'étaient réfugiés sur l'autel de la déesse. Les meurtriers furent ensuite chassés comme coupables d'un sacrilège.

Nous savons par PLUTARQUE (V. de Solon, XII) que le jugement fut rendu par un tribunal formé de trois cents nobles et que l'accusation fut soutenue par un citoyen du nom de Myron.

C'est sur ce nom que s'ouvre la Constitution d'Athènes.
 

 

 

I.

 —Μύρωνος καθ´ ἱερῶν ὀμόσαντες ἀριστίνδην. καταγνωσθέντος δὲ τοῦ ἅγους, αὐτοὶ μὲν ἐκ τῶν τάφων ἐξεβλήθησαν, τὸ δὲ γένος αὐτῶν ἔφυγεν ἀειφυγίαν. Ἐπιμενίδης δ´ ὁ Κρὴς ἐπὶ τούτοις ἐκάθηρε τὴν πόλιν.

 

 

II.

Μετὰ δὲ ταῦτα συνέβη στασιάσαι τούς τε γνωρίμους καὶ τὸ πλῆθος πολὺν χρόνον 〚τὸν δῆμον〛. ἦν γὰρ αὐτῶν ἡ πολιτεία τοῖς τε ἄλλοις ὀλιγαρχικὴ πᾶσι, καὶ δὴ καὶ ἐδούλευον οἱ πένητες τοῖς πλουσίοις καὶ αὐτοὶ καὶ τὰ τέκνα καὶ αἱ γυναῖκες· καὶ ἐκαλοῦντο πελάται καὶ ἑκτήμοροι· κατὰ ταύτην γὰρ τὴν μίσθωσιν ἠργάζοντο τῶν πλουσίων τοὺς ἀγρούς (ἡ δὲ πᾶσα γῆ δι´ ὀλίγων ἦν), καὶ εἰ μὴ τὰς μισθώσεις ἀποδιδοῖεν, ἀγώγιμοι καὶ αὐτοὶ καὶ οἱ παῖδες ἐγίγνοντο· καὶ οἱ δανεισμοὶ πᾶσιν ἐπὶ τοῖς σώμασιν ἦσαν μέχρι Σόλωνος· οὗτος δὲ πρῶτος ἐγένετο τοῦ δήμου προστάτης. χαλεπώτατον μὲν οὖν καὶ πικρότατον ἦν τοῖς πολλοῖς τῶν κατὰ τὴν πολιτείαν τὸ δουλεύειν· οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ ἐπὶ τοῖς ἄλλοις ἐδυσχέραινον· οὐδενὸς γὰρ ὡς εἰπεῖν ἐτύγχανον μετέχοντες.

 III.

Ἦν δ´ ἡ τάξις τῆς ἀρχαίας πολιτείας τῆς πρὸ Δράκοντος τοιάδε.

τὰς μὲν ἀρχὰς καθίστασαν ἀριστίνδην καὶ πλουτίνδην. ἦρχον δὲ τὸ μὲν πρῶτον διὰ βίου, μετὰ δὲ ταῦτα δεκαέτειαν.

μέγισται δὲ καὶ πρῶται τῶν ἀρχῶν ἦσαν βασιλεὺς καὶ πολέμαρχος καὶ ἄρχων· τούτων δὲ πρώτη μὲν ἡ τοῦ βασιλέως (αὕτη γὰρ ἦν πάτριος), δευτέρα δ´ ἐπικατέστη πολεμαρχία, διὰ τὸ γενέσθαι τινὰς τῶν βασιλέων τὰ πολέμια μαλακούς, ὅθεν καὶ τὸν Ἴωνα μετεπέμψαντο χρείας καταλαβούσης. τελευταία δ´ ἡ τοῦ ἄρχοντος· οἱ μὲν γὰρ πλείους ἐπὶ Μέδοντος, ἔνιοι δ´ ἐπὶ Ἀκάστου φασὶ γενέσθαι ταύτην· τεκμήριον δ´ ἐπιφέρουσιν, ὅτι οἱ ἐννέα ἄρχοντες ὀμνύουσιν ἢ 〈μὴν〉 τὰ ἐπὶ Ἀκάστου ὅρκια ποιήσειν, ὡς ἐπὶ τούτου τῆς βασιλείας παραχωρησάντων τῶν Κοδριδῶν ἀντὶ τῶν δοθεισῶν τῷ ἄρχοντι δωρεῶν. τοῦτο μὲν οὖν ὁποτέρως ποτ´ ἔχει, μικρὸν ἂν παραλλάττοι τοῖς χρόνοις. ὅτι δὲ τελευταία τούτων ἐγένετο τῶν ἀρχῶν, σημεῖον καὶ τὸ μηδὲν τῶν πατρίων τὸν ἄρχοντα διοικεῖν, ὥσπερ ὁ βασιλεὺς καὶ ὁ πολέμαρχος, ἀλλ´ ἁπλῶς τὰ ἐπίθετα· διὸ καὶ νεωστὶ γέγονεν ἡ ἀρχὴ μεγάλη, τοῖς ἐπιθέτοις αὐξηθεῖσα.

 θεςμοθέται δὲ πολλοῖς ὕστερον ἔτεσιν ᾑρέθησαν, ἤδη κατ´ ἐνιαυτὸν αἱρουμένων τὰς ἀρχάς, ὅπως ἀναγράψαντες τὰ θέσμια φυλάττωσι πρὸς τὴν τῶν ἀμφιςβητούντων κρίσιν· διὸ καὶ μόνη τῶν ἀρχῶν οὐκ ἐγένετο πλείων ἐνιαυσίας. τοῖς μὲν οὖν χρόνοις τοσοῦτον προέχουσιν ἀλλήλων. ἦσαν δ´ οὐχ ἅμα πάντες οἱ ἐννέα ἄρχοντες, ἀλλ´ ὁ μὲν βασιλεὺς εἶχε τὸ νῦν καλούμενον Βουκόλιον, πλησίον τοῦ πρυτανείου (σημεῖον δέ· ἔτι καὶ νῦν γὰρ τῆς τοῦ βασιλέως γυναικὸς ἡ σύμμειξις ἐνταῦθα γίγνεται τῷ Διονύσῳ καὶ ὁ γάμος), ὁ δὲ ἄρχων τὸ πρυτανεῖον, ὁ δὲ πολέμαρχος τὸ Ἐπιλύκειον (ὃ πρότερον μὲν ἐκαλεῖτο πολεμαρχεῖον, ἐπεὶ δὲ Ἐπίλυκος ἀνῳκοδόμησε καὶ κατεσκεύασεν αὐτὸ πολεμαρχήσας, Ἐπιλύκειον ἐκλήθη), θεσμοθέται δ´ εἶχον τὸ θεσμοθετεῖον. ἐπὶ δὲ Σόλωνος ἅπαντες εἰς τὸ θεσμοθετεῖον συνῆλθον.

κύριοι δ´ ἦσαν καὶ τὰς δίκας αὐτοτελεῖς κρίνειν, καὶ οὐχ ὥσπερ νῦν προανακρίνειν. τὰ μὲν οὖν περὶ τὰς ἀρχὰς τοῦτον εἶχε τὸν τρόπον.

ἡ δὲ τῶν Ἀρεοπαγιτῶν βουλὴ τὴν μὲν τάξιν εἶχε τοῦ διατηρεῖν τοὺς νόμους, διῴκει δὲ τὰ πλεῖστα καὶ τὰ μέγιστα τῶν ἐν τῇ πόλει, καὶ κολάζουσα καὶ ζημιοῦσα πάντας τοὺς ἀκοσμοῦντας κυρίως. ἡ γὰρ αἵρεσις τῶν ἀρχόντων ἀριστίνδην καὶ πλουτίνδην ἦν, ἐξ ὧν οἱ Ἀρεοπαγῖται καθίσταντο. διὸ καὶ μόνη τῶν ἀρχῶν αὕτη μεμένηκε διὰ βίου καὶ νῦν.

 CHAPITRE I

Condamnation des Alcméonides. – Épiménide ...

Après que Myron eut parlé, les juges, choisis parmi les familles nobles, prêtèrent serment sur l'autel. Ils condamnèrent les sacrilèges : on arracha donc de leurs sépultures et l'on jeta les ossements des coupables, et la famille des Alcméonides fut condamnée à l'exil perpétuel. C'est après ces événements qu'Épiménide de Crète purifia la ville.

CHAPITRE II

Institutions sociales d'Athènes

Athènes, divisée par les dissensions des nobles et de la plèbe, traversa ensuite une longue période de troubles. La constitution d'alors était, en effet, une oligarchie absolue, où surtout les pauvres étaient les serfs des riches, eux, leurs enfants et leurs femmes. On les appelait clients (πελάται) et sixeniers (ἑκτήμοροι) : ils cultivaient en effet les champs des riches, à la condition de ne garder pour eux qu'un sixième des fruits. La terre était tout entière entre les mains d'un petit nombre d'hommes, et si les cultivateurs ne payaient pas leur redevance, ils s'exposaient à être vendus, eux et leurs enfants : car les débiteurs étaient soumis à la contrainte par corps, et il en fut ainsi jusqu'à Solon, le premier chef du parti démocratique. Sous un tel régime, le peuple souffrait surtout et s'irritait de ne pas avoir sa part de la terre, mais il avait bien d'autres sujets de mécontentement ; car, à vrai dire, il n'avait aucun droit.

CHAPITRE III

Institutions politiques

Voici quelle était l'organisation de l'ancienne constitution qui était en vigueur avant Dracon.

Les magistrats étaient choisis dans les familles nobles et riches. Les charges furent d'abord conférées à vie, puis seulement pour dix ans.

Les plus importantes et les premières en date des magistratures furent celles du roi, du polémarque et de l'archonte : de celles-ci, la première fut celle du roi, qui existait à l'origine ; la polémarchie fut instituée en second lieu, parce que certains rois avaient montré de la faiblesse à la guerre : c'est ainsi que pressés par la nécessité, les Athéniens avaient fait appel à Ion. La dernière de ces magistratures fut l'archontat. Elle aurait été instituée, sous le règne de Médon, selon la plupart des auteurs; sous celui d'Acastos, selon quelques autres, et ces derniers ajoutent comme preuve, que les neuf archontes s'engagent dans leur serment à remplir leur charge comme au temps d'Acastos. Ce serait donc sous son règne que les Codrides auraient cédé à l'archonte quelques-uns de leurs privilèges... Quoi qu'il en soit de ces deux dates, il y a peu d'intervalle entre les deux époques, et nous avons la preuve que l'archontat fut institué en dernier lieu : l'archonte, en effet, à la différence du roi et du polémarque, n'a à veiller sur aucun des cultes établis par les ancêtres, mais seulement sur des cultes d'origine récente. Aussi cette magistrature n'est-elle devenue importante qu'assez tard, après s'être accrue de nouvelles attributions.

Les thesmothètes n'ont été institués que bien des années après, alors que déjà les magistratures n'étaient conférées que pour un an : on les chargea de rédiger par écrit les décisions ayant force de lois et de les garder pour servir à juger ceux qui les violeraient. De telles fonctions expliquent que, seuls les thesmothètes ne soient jamais restés plus d'une année en charge. Tel est l'ordre dans lequel se sont succédé ces magistrats.
A l'origine, les neuf archontes ne se tenaient pas tous dans le même édifice. Le roi occupait l'édifice qu'on appelle aujourd'hui Boukoléion, près du Prytanée : la preuve en est que, aujourd'hui encore, en cet endroit, est célébrée l'union de la femme du roi avec Dionysos. L'archonte se tenait au Prytanée, le polémarque à l'Épilykéion. Ce dernier édifice s'appelait primitivement Polémarchéion, mais après qu'Épilykos l'eut reconstruit et aménagé de nouveau, pendant qu'il était polémarque, on lui donna le nom d'Epilykéion. Les thesmothètes occupaient le Thesmothétéion. C'est là que, du temps de Solon, tous les archontes se réunirent.

Les archontes jouissaient du droit de juger souverainement dans les affaires qui leur étaient soumises : ils n'étaient pas, comme maintenant, simplement chargés de l'instruction. Voilà pour ce qui concerne les archontes.

Quant à l'Aréopage, il devait veiller à la conservation des lois. Il avait dans l'État les pouvoirs les plus étendus et l'autorité la plus haute, disposant du droit souverain d'infliger des châtiments ou des amendes aux auteurs de tout désordre. Les Aréopagites se recrutaient parmi les archontes, et ceux-ci avaient été pris dans les familles nobles et riches. Aussi cette charge est-elle la seule qui soit restée viagère : elle l'est encore.


 

IV.

 

 

Ἡ μὲν οὖν πρώτη πολιτεία ταύτην εἶχε τὴν ὑπογραφήν. μετὰ δὲ ταῦτα χρόνου τινὸς οὐ πολλοῦ διελθόντος, ἐπ´  Ἀρισταίχμου ἄρχοντος, Δράκων τοὺς θεσμοὺς ἔθηκεν·

ἡ δὲ τάξις αὐτοῦ τόνδε τὸν τρόπον εἶχε. ἀπεδέδοτο μὲν ἡ πολιτεία τοῖς ὅπλα παρεχομένοις· ᾑροῦντο δὲ τοὺς μὲν ἐννέα ἄρχοντας καὶ τοὺς ταμίας οὐσίαν κεκτημένους οὐκ ἐλάττω δέκα μνῶν ἐλευθέραν, τὰς δ´ ἄλλας ἀρχὰς  〈τὰς〉 ἐλάττους ἐκ τῶν ὅπλα παρεχομένων, στρατηγοὺς δὲ καὶ ἱππάρχους οὐσίαν ἀποφαίνοντας οὐκ ἔλαττον ἢ ἑκατὸν μνῶν ἐλευθέραν, καὶ παῖδας ἐκ γαμετῆς γυναικὸς γνησίους ὑπὲρ δέκα ἔτη γεγονότας. τούτους δ´ ἔδει διεγγυᾶν τοὺς πρυτάνεις καὶ τοὺς στρατηγοὺς καὶ τοὺς ἱππάρχους τοὺς ἕνους μέχρι εὐθυνῶν, ἐγγυητὰς δʹ ἐκ τοῦ αὐτοῦ τέλους δεχομένους, οὗπερ οἱ στρατηγοὶ καὶ οἱ ἵππαρχοι.

βουλεύειν δὲ τετρακοσίους καὶ ἕνα τοὺς λαχόντας ἐκ τῆς πολιτείας. κληροῦσθαι δὲ καὶ ταύτην καὶ τὰς ἄλλας ἀρχὰς τοὺς ὑπὲρ τριάκοντ´ ἔτη γεγονότας, καὶ δὶς τὸν αὐτὸν μὴ ἄρχειν πρὸ τοῦ πάντας ἐξελθεῖν· τότε δὲ πάλιν ἐξ ὑπαρχῆς κληροῦν. εἰ δέ τις τῶν βουλευτῶν, ὅταν ἕδρα βουλῆς ἢ ἐκκλησίας ᾖ, ἐκλείποι τὴν σύνοδον, ἀπέτινον ὁ μὲν πεντακοσιομέδιμνος τρεῖς δραχμάς, ὁ δὲ ἱππεὺς δύο, ζευγίτης δὲ μίαν.

ἡ δὲ βουλὴ ἡ ἐξ Ἀρείου πάγου φύλαξ ἦν τῶν νόμων καὶ διετήρει τὰς ἀρχάς, ὅπως κατὰ τοὺς νόμους ἄρχωσιν. ἐξῆν δὲ τῷ ἀδικουμένῳ πρὸς τὴν τῶν Ἀρεοπαγιτῶν βουλὴν εἰσαγγέλλειν, ἀποφαίνοντι παρ´ ὃν ἀδικεῖται νόμον.

ἐπὶ δὲ τοῖς σώμασιν ἦσαν οἱ δανεισμοί, καθάπερ εἴρηται, καὶ ἡ χώρα δι´ ὀλίγων ἦν.

 

 V.

Τοιαύτης δὲ τῆς τάξεως οὔσης ἐν τῇ πολιτείᾳ, καὶ τῶν πολλῶν δουλευόντων τοῖς ὀλίγοις, ἀντέστη τοῖς γνωρίμοις ὁ δῆμος. ἰσχυρᾶς δὲ τῆς στάσεως οὔσης καὶ πολὺν χρόνον ἀντικαθημένων ἀλλήλοις, εἵλοντο κοινῇ διαλλακτὴν καὶ ἄρχοντα Σόλωνα,

καὶ τὴν πολιτείαν ἐπέτρεψαν αὐτῷ, ποιήσαντι τὴν ἐλεγείαν ἧς ἐστὶν ἀρχή·
γιγνώσκω, καί μοι φρενὸς ἔνδοθεν ἄλγεα κεῖται, πρεσβυτάτην ἐσορῶν γαῖαν Ἰαονίας κλινομένην·

ἐν ᾗ πρὸς ἑκατέρους ὑπὲρ ἑκατέρων μάχεται καὶ διαμφισβητεῖ, καὶ μετὰ ταῦτα κοινῇ παραινεῖ καταπαύειν τὴν ἐνεστῶσαν φιλονικίαν.

ἦν δ´ ὁ Σόλων τῇ μὲν φύσει καὶ τῇ δόξῃ τῶν πρώτων, τῇ δ´ οὐσίᾳ καὶ τοῖς πράγμασι τῶν μέσων, ὡς ἔκ τε τῶν ἄλλων ὁμολογεῖται, καὶ αὐτὸς ἐν τοῖσδε τοῖς ποιήμασιν μαρτυρεῖ, παραινῶν τοῖς πλουσίοις μὴ πλεονεκτεῖν·
ὑμεῖς δ´ ἡσυχάσαντες ἐνὶ φρεσὶ καρτερὸν ἦτορ, οἳ πολλῶν ἀγαθῶν ἐς κόρον ἠλάσατε, ἐν μετρίοισι τίθεςθε μέγαν νόον. οὔτε γὰρ ἡμεῖς πεισόμεθ´, οὔθ´ ὑμῖν ἄρτια ταῦτ´ ἔσεται.

καὶ ὅλως αἰεὶ τὴν αἰτίαν τῆς στάσεως ἀνάπτει τοῖς πλουσίοις· διὸ καὶ ἐν ἀρχῇ τῆς ἐλεγείας δεδοικέναι φησὶ

‘τήν τε φιλαργυρίαν τήν θ´ ὑπερηφανίαν’,

ὡς διὰ ταῦτα τῆς ἔχθρας ἐνεστώσης.

VI.

 Κύριος δὲ γενόμενος τῶν πραγμάτων Σόλων τόν τε δῆμον ἠλευθέρωσε καὶ ἐν τῷ παρόντι καὶ εἰς τὸ μέλλον, κωλύσας δανείζειν ἐπὶ τοῖς σώμασιν, καὶ νόμους ἔθηκε καὶ χρεῶν ἀποκοπὰς ἐποίησε, καὶ τῶν ἰδίων καὶ τῶν δημοσίων, ἃς σεισάχθειαν καλοῦσιν, ὡς ἀποσεισάμενοι τὸ βάρος.

ἐν οἷς πειρῶνταί τινες διαβάλλειν αὐτόν· συνέβη γὰρ τῷ Σόλωνι μέλλοντι ποιεῖν τὴν σεισάχθειαν προειπεῖν τισι τῶν γνωρίμων, ἔπειθ´ ὡς μὲν οἱ δημοτικοὶ λέγουσι, παραστρατηγηθῆναι διὰ τῶν φίλων, ὡς δ´ οἱ βουλόμενοι βλαςφημεῖν, καὶ αὐτὸν κοινωνεῖν. δανεισάμενοι γὰρ οὗτοι συνεπρίαντο πολλὴν χώραν, καὶ μετ´ οὐ πολὺ τῆς τῶν χρεῶν ἀποκοπῆς γενομένης ἐπλούτουν. ὅθεν φασὶ γενέσθαι τοὺς ὕστερον δοκοῦντας εἶναι παλαιοπλούτους. οὐ μὴν ἀλλὰ πιθανώτερος ὁ τῶν δημοτικῶν λόγος· οὐ γὰρ εἰκὸς ἐν μὲν τοῖς ἄλλοις οὕτω μέτριον γενέσθαι καὶ κοινόν, ὥστ´ ἐξὸν αὐτῷ τοὺς ἑτέρους ὑποποιησάμενον τυραννεῖν τῆς πόλεως, ἀμφοτέροις ἀπεχθέσθαι καὶ περὶ πλείονος ποιήσασθαι τὸ καλὸν καὶ τὴν τῆς πόλεως σωτηρίαν ἢ τὴν αὑτοῦ πλεονεξίαν, ἐν οὕτω δὲ μικροῖς καὶ ἀναξίοις καταρρυπαίνειν ἑαυτόν. ὅτι δὲ ταύτην ἔσχε τὴν ἐξουσίαν, τά τε πράγματα νοσοῦντα μαρτυρεῖ, καὶ ἐν τοῖς ποιήμασιν αὐτὸς πολλαχοῦ μέμνηται, καὶ οἱ ἄλλοι συνομολογοῦσι πάντες. ταύτην μὲν οὖν χρὴ νομίζειν ψευδῆ τὴν αἰτίαν εἶναι.

CHAPITRE IV

II. - ÉPOQUE DE DRACON

Constitution de Dracon

Telle était, dans ses grands traits, la première constitution. Ensuite et avant qu'un long temps se fût écoulé, sous l'archontat d'Aristaechmos, Dracon établit ses lois. En voici l'économie.

Les droits politiques étaient réservés à ceux qui étaient en état de s'armer. Ceux-ci élisaient les neuf archontes et les trésoriers parmi les citoyens possédant une fortune d'au moins dix (?) mines, libre de toute charge ; les magistrats inférieurs, parmi les citoyens qui étaient en état de s'armer ; les stratèges et les hipparques, parmi ceux qui prouvaient une fortune d'au moins cent mines, exempte de toute charge, et qui déclaraient des enfants légitimes, nés d'un mariage légitime et âgés d'au moins dix ans. Tous ces magistrats étaient, jusqu'à la reddition des comptes, placés sous la surveillance des prytanes, des stratèges et des hipparques de l'année d'avant. Les contrôleurs des comptes étaient de la même classe que les stratèges et les hipparques.

Le Conseil était formé de quatre cent un membres, désignés par le sort parmi les citoyens. Pour se présenter au tirage au sort de cette charge et des autres magistratures, il fallait être âgé de plus de trente ans, et nul ne pouvait en exercer une deux fois avant que tous les candidats fussent tombés au sort : le tirage recommençait alors avec tous les noms. Tout Conseiller qui manquait une séance du Conseil ou de l'Assemblée du peuple était condamné, s'il appartenait à la classe des Pentacosiomédimnes, à trois drachmes d'amende ; à deux, s'il était de la classe des cavaliers ; à une, s'il était zeugite.

Le Sénat de l'Aréopage était le gardien des lois et veillait à ce que tous les magistrats s'y conformassent dans l'exercice de leur charge. Tout citoyen victime d'une injustice de la part d'un magistrat avait le droit de déposer une accusation devant l'Aréopage, en produisant la loi violée à son détriment.

Mais, comme on l'a dit, les pauvres étaient soumis à la contrainte par corps pour dettes, et la terre était toujours entre les mains d'un petit nombre d'hommes.

CHAPITRE V

III. - ÉPOQUE DE SOLON

Commencement de la démocratie. - Solon est choisi comme conciliateur.

Un pareil régime et l'asservissement de la multitude au petit nombre soulevèrent le peuple contre les nobles. La lutte fut acharnée et les deux partis étaient depuis longtemps debout l'un contre l'autre, quand ils s'entendirent pour prendre Solon comme conciliateur et l'élire archonte.

594 a. C. n.

Ils s'en remettent à lui du soin de réformer la constitution, se souvenant de cette élégie qu'il avait faite et dont voici le début : Je sais tout le mal et je souffre au fond de mon cœur, quand je vois l'aînée des terres d'Ionie...

Dans la suite, il attaque à tour de rôle les uns et les autres, et leur donne tort et raison pour les pousser enfin à mettre, d'un commun accord, un terme aux dissensions qui se sont élevées entre eux.

Solon, par sa naissance et par sa réputation, comptait parmi les premiers des citoyens ; par sa fortune et sa situation, il faisait partie de la classe moyenne. On le sait d'ailleurs et lui-même le proclame dans ces vers, où il exhorte les riches à la modération : Sachez calmer en vos cœurs la violence de vos sentiments, vous qui en êtes venus au dégoût de vos biens trop abondants. Sachez maintenir votre grande âme dans la modération, car pour nous, nous ne vous céderons pas, et tout n'ira pas droit pour vous.

C'est ainsi qu'il rejette toujours sur les riches toute, la responsabilité des dissensions. Aussi dit-il au commencement de son élégie, qu'il redoute

l'avarice et l'orgueil d'où est née la haine.

CHAPITRE VI

SOLON (SUITE)

Réformes sociales. - Abolition des dettes.

Devenu maître du pouvoir, Solon affranchit le peuple, en défendant que dans le présent et à l'avenir la personne du débiteur servît de gage. Il donna des lois et abolit toutes les dettes, tant privées que publiques. C'est la réforme qu'on appelle la délivrance du fardeau (seis‹xyeia), par allusion à la charge qu'ils avaient comme rejetée de leurs épaules.

On a essayé d'attaquer Solon à ce sujet. Au moment en effet où il projetait l'abolition des dettes, il lui arriva d'en parler à l'avance à quelques-uns des nobles, et ses amis, selon la version des démocrates, firent, à l'encontre de ses projets, une manœuvre, dont il aurait aussi profité, ajoutent ceux qui le veulent calomnier. Ils s'entendirent pour emprunter de l'argent et acheter beaucoup de terre, et l'abolition des dettes survenant presque aussitôt, ils firent fortune. Ce fut, dit-on, l'origine de ces fortunes que dans la suite on fit remonter à une si haute antiquité. Mais la version des démocrates est plus plausible ; l'autre n'a pas la vraisemblance pour elle : comment un homme, qui fut si modéré et si attaché aux intérêts publics que, pouvant tourner les lois à son profit et établir sa tyrannie dans la ville, il s'attira plutôt la haine de l'un et de l'autre parti, mettant l'honneur et le salut de la cité au-des­sus de ses propres intérêts, se serait-il sali à d'aussi petites et aussi indignes opérations ? Et ce n'est pas le pouvoir qui lui manqua et c'est bien lui qui porta remède au mauvais état des affaires : lui-même l'a rappelé souvent dans ses vers et tous les auteurs sont d'accord sur ce point. Il faut donc regarder comme mensongère une telle accusation.
 



 

VII.

Πολιτείαν δὲ κατέστησε καὶ νόμους ἔθηκεν ἄλλους, τοῖς δὲ Δράκοντος θεσμοῖς ἐπαύσαντο χρώμενοι πλὴν τῶν φονικῶν. ἀναγράψαντες δὲ τοὺς νόμους εἰς τοὺς κύρβεις ἔστησαν ἐν τῇ στοᾷ τῇ βασιλείῳ καὶ ὤμοσαν χρήσεσθαι πάντες. οἱ δ´ ἐννέα ἄρχοντες ὀμνύντες πρὸς τῷ λίθῳ κατεφάτιζον
ἀναθήσειν ἀνδριάντα χρυσοῦν, ἐάν τινα παραβῶσι τῶν νόμων· ὅθεν ἔτι καὶ νῦν οὕτως ὀμνύουσι. κατέκλεισεν δὲ τοὺς νόμους εἰς ἑκατὸν ἔτη

καὶ διέταξε τὴν πολιτείαν τόνδε 〈τὸν〉 τρόπον. τιμήματι διεῖλεν εἰς τέτταρα τέλη, καθάπερ διῄρητο καὶ πρότερον, εἰς πεντακοσιομέδιμνον καὶ ἱππέα καὶ ζευγίτην καὶ θῆτα. καὶ τὰς μὲν ἄλλας ἀρχὰς ἀπένειμεν  ἄρχειν ἐκ πεντακοσιομεδίμνων καὶ ἱππέων καὶ ζευγιτῶν, τοὺς ἐννέα ἄρχοντας καὶ τοὺς ταμίας καὶ τοὺς πωλητὰς καὶ τοὺς ἕνδεκα καὶ τοὺς κωλακρέτας, ἑκάστοις ἀνάλογον τῷ μεγέθει τοῦ τιμήματος ἀποδιδοὺς τὴν ἀρχήν· τοῖς δὲ τὸ θητικὸν τελοῦσιν ἐκκλησίας καὶ δικαστηρίων μετέδωκε μόνον.

ἔδει δὲ τελεῖν πεντακοσιομέδιμνον μέν, ὃς ἂν ἐκ τῆς οἰκείας ποιῇ πεντακόσια μέτρα τὰ συνάμφω ξηρὰ καὶ ὑγρά, ἱππάδα δὲ τοὺς τριακόσια ποιοῦντας—ὡς δ´ ἔνιοί φασι τοὺς ἱπποτροφεῖν δυναμένους· σημεῖον δὲ φέρουσι τό τε ὄνομα τοῦ τέλους, ὡς ἂν ἀπὸ τοῦ πράγματος κείμενον, καὶ τὰ ἀναθήματα τῶν ἀρχαίων· ἀνάκειται γὰρ ἐν ἀκροπόλει εἰκὼν Διφίλου, ἐφ´ ᾗ ἐπιγέγραπται τάδε· Διφίλου Ἀνθεμίων τήνδ´ ἀνέθηκε θεοῖς, θητικοῦ ἀντὶ τέλους ἱππάδ´ ἀμειψάμενος.

καὶ παρέστηκεν ἵππος ἐκμαρτυρῶν, ὡς τὴν ἱππάδα τοῦτο σημαίνουσαν. οὐ μὴν ἀλλ´ εὐλογώτερον τοῖς μέτροις διῃρῆσθαι, καθάπερ τοὺς πεντακοσιομεδίμνους—ζευγίσιον δὲ τελεῖν τοὺς διακόσια τὰ συνάμφω ποιοῦντας. τοὺς δ´ ἄλλους θητικόν, οὐδεμιᾶς μετέχοντας ἀρχῆς. διὸ καὶ νῦν ἐπειδὰν ἔρηται τὸν μέλλοντα κληροῦσθαί τιν´ ἀρχήν, ποῖον τέλος τελεῖ, οὐδ´ ἂν εἷς εἴποι θητικόν.

VIII

Τὰς δ´ ἀρχὰς ἐποίησε κληρωτὰς ἐκ προκρίτων, οὓς ἑκάστη προκρίνειε τῶν φυλῶν. προύκρινεν δ´ εἰς τοὺς ἐννέα ἄρχοντας ἑκάστη δέκα, καὶ τούτων ἐκλήρουν· ὅθεν ἔτι διαμένει ταῖς φυλαῖς τὸ δέκα κληροῦν ἑκάστην, εἶτ´ ἐκ τούτων κυαμεύειν. σημεῖον δ´ ὅτι κληρωτὰς ἐποίησεν ἐκ τῶν τιμημάτων ὁ περὶ τῶν ταμιῶν νόμος, ᾧ χρώμενοι διατελοῦσιν ἔτι καὶ νῦν· κελεύει γὰρ κληροῦν τοὺς ταμίας ἐκ πεντακοσιομεδίμνων.

Σόλων μὲν οὖν οὕτως ἐνομοθέτησεν περὶ τῶν ἐννέα ἀρχόντων· τὸ γὰρ ἀρχαῖον ἡ ἐν Ἀρείῳ πάγῳ βουλή, ἀνακαλεσαμένη καὶ κρίνασα καθ´ αὑτήν, τὸν ἐπιτήδειον ἐφ´ ἑκάστῃ τῶν ἀρχῶν ἐπ´ ἐνιαυτὸν διατάξασα ἀπέστελλεν.

φυλαὶ δ´ ἦσαν δʹ καθάπερ πρότερον, καὶ φυλοβασιλεῖς τέτταρες. ἐκ δὲ
τῆς φυλῆς ἑκάστης ἦσαν νενεμημέναι τριττύες μὲν τρεῖς, ναυκραρίαι δὲ δώδεκα καθ´ ἑκάστην· ἦν δ´ ἐπὶ τῶν ναυκραριῶν ἀρχὴ καθεστηκυῖα ναύκραροι, τεταγμένη πρός τε τὰς εἰσφορὰς καὶ τὰς δαπάνας τὰς γιγνομένας· διὸ καὶ ἐν τοῖς νόμοις τοῖς Σόλωνος οἷς οὐκέτι χρῶνται πολλαχοῦ γέγραπται, ‘τοὺς ναυκράρους εἰσπράττειν’, καὶ ‘ἀναλίσκειν ἐκ τοῦ ναυκραρικοῦ ἀργυρίου’.

βουλὴν δ´ ἐποίησε τετρακοσίους, ἑκατὸν ἐξ ἑκάστης φυλῆς,

τὴν δὲ τῶν Ἀρεοπαγιτῶν ἔταξεν ἐπὶ τὸ νομοφυλακεῖν, ὥσπερ ὑπῆρχεν καὶ πρότερον ἐπίσκοπος οὖσα τῆς πολιτείας, καὶ τά τε ἄλλα τὰ πλεῖστα καὶ τὰ μέγιστα τῶν πολιτ〈ικ〉ῶν διετήρει, καὶ τοὺς ἁμαρτάνοντας ηὔθυνεν κυρία οὖσα καὶ ζημιοῦν καὶ κολάζειν, καὶ τὰς ἐκτίσεις ἀνέφερεν εἰς πόλιν, οὐκ ἐπιγράφουσα τὴν πρόφασιν δι´ ὃ τὸ ἐκτίνεσθαι, καὶ τοὺς ἐπὶ καταλύσει τοῦ δήμου συνισταμένους ἔκρινεν,  Σόλωνος θέντος νόμον εἰσαγγελίας περὶ αὐτῶν.

ὁρῶν δὲ τὴν μὲν πόλιν πολλάκις στασιάζουσαν, τῶν δὲ πολιτῶν ἐνίους διὰ τὴν ῥᾳθυμίαν ἀγαπῶντας τὸ αὐτόματον, νόμον ἔθηκεν πρὸς αὐτοὺς ἴδιον, ὃς ἂν στασιαζούσης τῆς πόλεως μὴ θῆται τὰ ὅπλα μηδὲ μεθ´ ἑτέρων, ἄτιμον εἶναι καὶ τῆς πόλεως μὴ μετέχειν.

 Τὰ μὲν οὖν περὶ τὰς ἀρχὰς τοῦτον εἶχε τὸν τρόπον.

IX.

 δοκεῖ δὲ τῆς Σόλωνος πολιτείας τρία ταῦτ´ εἶναι τὰ δημοτικώτατα· πρῶτον μὲν καὶ μέγιστον τὸ μὴ δανείζειν ἐπὶ τοῖς σώμασιν, ἔπειτα τὸ ἐξεῖναι τῷ βουλομένῳ τιμωρεῖν ὑπὲρ τῶν ἀδικουμένων, τρίτον δὲ 〈ᾧ καὶ〉 μάλιστά φασιν ἰσχυκέναι τὸ πλῆθος, ἡ εἰς τὸ δικαστήριον ἔφεσις· κύριος γὰρ ὢν ὁ δῆμος τῆς ψήφου, κύριος γίγνεται τῆς πολιτείας. ἔτι δὲ καὶ διὰ τὸ μὴ γεγράφθαι τοὺς νόμους ἁπλῶς μηδὲ σαφῶς, ἀλλ´ ὥσπερ ὁ τῶν κλήρων καὶ ἐπικλήρων, ἀνάγκη πολλὰς ἀμφισβητήσεις γίγνεσθαι, καὶ πάντα βραβεύειν καὶ τὰ κοινὰ καὶ τὰ ἴδια τὸ δικαστήριον. οἴονται μὲν οὖν τινες ἐπίτηδες ἀσαφεῖς αὐτὸν ποιῆσαι τοὺς νόμους, ὅπως ᾖ τῆς κρίσεως ὁ δῆμος κύριος. οὐ μὴν εἰκός, ἀλλὰ διὰ τὸ μὴ δύνασθαι καθόλου περιλαβεῖν τὸ βέλτιστον· οὐ γὰρ δίκαιον ἐκ τῶν νῦν γιγνομέων, ἀλλ´ ἐκ τῆς ἄλλης πολιτείας θεωρεῖν τὴν ἐκείνου βούλησιν.

X.

 Ἐν μὲν οὖν τοῖς νόμοις ταῦτα δοκεῖ θεῖναι δημοτικά, πρὸ δὲ τῆς νομοθεσίας ποιήσας τὴν τῶν χρεῶν ἀποκοπήν, καὶ μετὰ ταῦτα τήν τε τῶν μέτρων καὶ σταθμῶν καὶ  τὴν τοῦ νομίσματος αὔξησιν.

ἔπ´ ἐκείνου γὰρ ἐγένετο καὶ τὰ μέτρα μείζω τῶν Φειδωνείων,

καὶ ἡ μνᾶ, πρότερον ἔχουσα ςταθμὸν ἑβδομήκοντα δραχμάς, ἀνεπληρώθη ταῖς ἑκατόν.  ἦν δ´ ὁ ἀρχαῖος χαρακτὴρ δίδραχμον.

ἐποίησε δὲ καὶ σταθμὰ πρὸς τὸ νόμισμα, τρεῖς καὶ ἑξήκοντα μνᾶς τὸ τάλαντον ἀγούσας, καὶ ἐπιδιενεμήθησαν αἱ τρεῖς μναῖ τῷ στατῆρι καὶ τοῖς ἄλλοις σταθμοῖς.

 XI.

Διατάξας δὲ τὴν πολιτείαν ὅνπερ εἴρηται τρόπον, ἐπειδὴ προσιόντες αὐτῷ περὶ τῶν νόμων ἠνώχλουν, τὰ μὲν ἐπιτιμῶντες τὰ δὲ ἀνακρίνοντες, βουλόμενος μήτε ταῦτα κινεῖν, μήτ´ ἀπεχθάνεσθαι παρών, ἀποδημίαν ἐποιήσατο κατ´ ἐμπορίαν ἅμα καὶ θεωρίαν εἰς Αἴγυπτον, εἰπὼν ὡς οὐχ ἥξει δέκα ἐτῶν. οὐ γὰρ οἴεσθαι δίκαιον εἶναι τοὺς νόμους ἐξηγεῖσθαι παρών, ἀλλ´ ἕκαστον τὰ γεγραμμένα ποιεῖν. ἅμα δὲ καὶ συνέβαινεν αὐτῷ τῶν τε γνωρίμων διαφόρους γεγενῆσθαι πολλοὺς διὰ τὰς τῶν χρεῶν ἀποκοπάς, καὶ τὰς στάσεις ἀμφοτέρας μεταθέσθαι διὰ τὸ παράδοξον αὐτοῖς γενέσθαι τὴν κατάστασιν. ὁ μὲν γὰρ δῆμος ᾤετο πάντ´ ἀνάδαστα ποιήσειν αὐτόν, οἱ δὲ γνώριμοι πάλιν εἰς τὴν αὐτὴν τάξιν ἀποδώσειν, ἢ μικρὸν  παραλλάξειν. 〈ὁ δὲ〉 Σόλων ἀμφοτέροις ἠναντιώθη, καὶ ἐξὸν αὐτῷ μεθ´ ὁποτέρων ἐβούλετο συστάντα τυραννεῖν, εἵλετο πρὸς ἀμφοτέρους ἀπεχθέσθαι, σώσας τὴν πατρίδα καὶ τὰ βέλτιστα νομοθετήσας.

CHAPITRE VII

SOLON (SUITE)

Réformes politiques. - Lois de Solon. - Les quatre classes censitaires.

Il établit une constitution, et donna d'autres lois. On abrogea en effet celles de Dracon, à l'exception des lois sur le meurtre. Les lois nouvelles furent inscrites sur des tables triangulaires qu'on exposa clans le Portique Royal, et tous jurèrent de les observer. Les neuf archontes prêtèrent serment sur la pierre et s'engagèrent à offrir une statue d'or dans le cas où ils en violeraient quelqu'une. De cette époque date cet engagement qui se trouve encore dans le serment qu'ils prêtent aujourd'hui. La durée des lois fut fixée par Solon lui-même à cent ans.

Voici la constitution qu'il établit. Il maintint la division antérieure des citoyens en quatre classes censitaires pentacosiomédimnes, cavaliers, zeugites et thètes. Il réserva les magistratures, à savoir les charges des neuf archontes, des trésoriers, des polètes, des onze et des colacrètes aux trois premières classes : encore étaient-elles attribuées à chacune de ces classes selon les degrés du cens. La classe des thètes ne reçut que le droit de siéger à l'assemblée du peuple et aux tribunaux.

Les cens étaient les suivants : le pentacosiomédimne devait faire, sur sa terre, cinq cents médimnes de sec et de liquide, l'un dans l'autre ; le cavalier devait en faire trois cents, ou, selon une autre explication, être en état d'entretenir un cheval. Cette explication se fonde sur le nom même de la classe, qui viendrait du fait d'être monté, et sur les offrandes des anciens. On voit en effet sur l'Acropole une statue de Diphilos, avec l'inscription suivante : Anthémion, fils de Diphilos, a consacré cette statue aux dieux, pour avoir de la classe des thètes passé dans celle des cavaliers.

Et à côté de lui se tient, en guise de preuve, un cheval, allusion à la classe des cavaliers. Il n'en est pas moins plus probable que les cavaliers, comme les pentacosiomédimnes, se distinguaient des autres classes par le nombre des mesures. Les zeugites devaient faire deux cents médimnes, sec et liquide, l'un dans l'autre. Tous les autres citoyens formaient la classe des thètes : ils n'avaient accès à aucune magistrature. Aussi, aujourd'hui encore, quand on demande à un candidat qui se présente pour tirer au sort, quel est son cens, nul ne s'avise de répondre : « celui des thètes. »

CHAPITRE VIII

SOLON (SUITE)

Réformes politiques. - Les magistratures.- Tirage au sort des neuf archontes.- Rois et naucrares.- Conseil et Aréopage.

Solon institua le tirage au sort pour les magistratures, mais en le combinant avec une élection préalable qui avait lieu dans chacune des tribus. Ainsi, pour la désignation des neuf archontes, chaque tribu élisait dix candidats, entre lesquels le sort décidait. De là vient l'usage, encore en vigueur, de tirer au sort dans chaque tribu dix candidats, parmi lesquels le sort désigne le magistrat. Ce qui prouve aussi que Solon institua pour les magistratures le tirage au sort en tenant compte du cens, c'est la loi qui régit aujourd'hui encore le choix des trésoriers, et prescrit que les trésoriers soient tirés au sort parmi les pentacosiomédimnes.

Telles sont les règles de Solon relatives aux neuf archontes. Anciennement, l'Aréopage les faisait comparaître devant lui pour les examiner, et ne les envoyait en possession de la charge pour l'année qu'après les en avoir jugés dignes.

Il y avait, comme auparavant, quatre tribus et quatre rois des tribus. Chaque tribu était divisée en trois trittyes et douze naucraries. A la tête de chaque naucrarie était un naucrare, qui veillait à. la levée des contributions et soldait les dépenses. Aussi lit-on, en plus d'un endroit, dans des lois de Solon, qui ne sont plus en vigueur aujourd'hui, que les fonds seront levés par les naucrares et les dépenses à la charge de la caisse des naucrares.

Solon institua un Conseil de quatre cents membres, cent par tribu.

Pour l'Aréopage, il lui maintint la garde des lois, et comme par le passé, ce sénat fut chargé de veiller sur la Constitution. En possession de l'autorité politique la plus haute et la plus étendue, il surveillait les citoyens, et frappait ceux qui commettaient quelque infraction aux lois, car il disposait souverainement du droit d'infliger une amende ou un châtiment. Il remettait à la caisse publique le montant des amendes qu'il avait prononcées, sans ajouter le motif de la punition. A toutes ces prérogatives, Solon ajouta celle de juger les complots ourdis pour la ruine de la démocratie. Telles furent ses dispositions législatives en ce qui concerne le Conseil et l'Aréopage.

Voyant aussi qu'au milieu des troubles qui divisaient la ville, nombre de citoyens, par indifférence, s'en remettaient au hasard, il porta contre eux cette loi singulière : Quiconque, en temps de trouble, ne prendra pas les armes pour l'un des deux partis, sera frappé d'atimie et exclu de la cité.

Voilà ce qui concerne les magistratures.

CHAPITRE IX

SOLON (SUITE)

Éléments démocratiques de sa constitution.

Dans toute la constitution de Solon, trois mesures semblent avoir été particulièrement favorables aux progrès de la démocratie : d'abord et surtout, l'abolition de la contrainte par corps pour dettes ; ensuite, la faculté donnée à chaque citoyen de poursuivre les auteurs des injustices commises au détriment de qui que ce fût ; enfin le droit d'en appeler au tribunal. Ce fut, dit-on, ce qui donna dans la suite tant de puissance au peuple ; car, rendre le peuple maître du vote, c'est mettre toute la constitution à sa merci. Ajoutons que, ses lois étant d'une rédaction obscure et compliquée, comme par exemple la loi sur les héritages et sur les épicières, il en résultait nécessairement nombre de contestations, si bien que le règlement de tous les différends, privés et publics, appartenait aux tribunaux. Certains pensent que Solon a recherché cette obscurité pour ses lois, afin d'attribuer au peuple le droit de décider en cas de conflit. Mais cette explication est peu vraisemblable. La vérité est qu'il lui était impossible d'atteindre la perfection, étant donné le caractère général des lois. Aussi bien n'est-ce pas d'après ce qui se passe aujourd'hui, mais d'après l'ensemble de ses réformes politiques, qu'il est juste de juger ses desseins.

CHAPITRE X

SOLON (SUITE)

Réformes économiques, Mesures, Monnaies et Poids.

Voilà donc ce qui, dans ses lois, favorisa le développement de la démocratie. L'abolition des dettes avait précédé la promulgation des lois : l'augmentation des mesures, poids et monnaies la suivit.

Les mesures en usage jusqu'alors étaient celles de Pheidon d'Argos : Solon les agrandit.

La mine valait jusque-là environ soixante-dix drachmes : sa valeur fut portée à cent. L'unité était alors le didrachme.

Pour les poids, Solon les mit en rapport avec sa monnaie : c'est-à-dire que soixante-trois mines formèrent un talent. Les mines étaient subdivisées en statères et autres sous-multiples.

CHAPITRE XI

SOLON (SUITE)

Mécontentement général après les réformes de Solon.

Une fois l'ordre établi dans la Constitution, comme il a été dit, les Athéniens allaient trouver Solon et l'importunaient de reproches ou de questions au sujet de ses lois. Ne voulant pas y toucher, ni exciter la haine en restant plus longtemps, il entreprit un voyage d'affaires et d'études en Égypte : son absence, disait-il, devait durer dix ans. A son avis, en effet, il n'était pas juste qu'il restât pour interpréter ses lois, mais chacun devait se conformer à la lettre de la loi. En même temps, beaucoup de nobles lui étaient devenus hostiles à cause de l'abolition des dettes, et les deux partis avaient changé d'attitude à son égard, parce que sa constitution n'avait pas répondu à leur attente : le peuple croyait que Solon ferait un partage de toutes les terres, et les nobles, qu'il les ramènerait aux institutions du passé ou qu'il s'en écarterait peu. Mais lui s'était opposé aux deux partis, et alors qu'il eût pu, avec l'appui de l'un ou de l'autre, usurper la tyrannie, il avait préféré, au prix de la haine de tous deux, sauver sa patrie et établir les meilleures lois.


 

Ταῦτα δ´ ὅτι τοῦτον 〈τὸν〉 τρόπον ἔσχεν οἵ τ´ ἄλλοι συμφωνοῦσι πάντες, καὶ αὐτὸς ἐν τῇ ποιήσει μέμνηται περὶ αὐτῶν ἐν τοῖσδε·

δήμῳ μὲν γὰρ ἔδωκα τόσον γέρας, ὅσσον ἀπαρκεῖ,
τιμῆς οὔτ´ ἀφελὼν οὔτ´ ἐπορεξάμενος·
οἳ δ´ εἶχον δύναμιν καὶ χρήμασιν ἦσαν ἀγητοί,
καὶ τοῖς ἐφρασάμην μηδὲν ἀεικὲς ἔχειν.
ἔστην δ´ ἀμφιβαλὼν κρατερὸν σάκος ἀμφοτέροισι,
νικᾶν δ´ οὐκ εἴας´ οὐδετέρους ἀδίκως.

πάλιν δ´ ἀποφαινόμενος περὶ τοῦ πλήθους, ὡς αὐτῷ δεῖ χρῆσθαι·

δῆμος δ´ ὧδ´ ἂν ἄριστα σὺν ἡγεμόνεσσιν ἕποιτο,
μήτε λίαν ἀνεθεὶς μήτε βιαζόμενος.
τίκτει γὰρ κόρος ὕβριν, ὅταν πολὺς ὄλβος ἕπηται
ἀνθρώποισιν, ὅσοις μὴ νόος ἄρτιος ᾖ.

καὶ πάλιν δ´ ἑτέρωθί που λέγει περὶ τῶν διανείμασθαι τὴν γῆν βουλομένων·

οἳ δ´ ἐφ´ ἁρπαγαῖσιν ἦλθον, ἐλπίδ´ εἶχον ἀφνεάν,
κἀδόκουν ἕκαστος αὐτῶν ὄλβον εὑρήσειν πολύν,
καί με κωτίλλοντα λείως τραχὺν ἐκφανεῖν νόον.
χαῦνα μὲν τότ´ ἐφράσαντο, νῦν δέ μοι χολούμενοι
λοξὸν ὀφθαλμοῖς´ ὁρῶσι πάντες ὥστε δήιον.
οὐ χρεών· ἃ μὲν γὰρ εἶπα, σὺν θεοῖσιν ἤνυσα,
ἄλλα δ´ οὐ μάτην ἔερδον, οὐδέ μοι τυραννίδος
ἁνδάνει βίᾳ τι ῥέζειν, οὐδὲ πιείρας χθονὸς
πατρίδος κακοῖσιν ἐσθλοὺς ἰσομοιρίαν ἔχειν.

πάλιν δὲ καὶ περὶ τῆς ἀποκοπῆς τῶν χρεῶν καὶ τῶν δουλευόντων μὲν πρότερον, ἐλευθερωθέντων δὲ διὰ τὴν σεισάχθειαν·

ἐγὼ δὲ τῶν μὲν οὕνεκα ξυνήγαγον
δῆμον, τί τούτων πρὶν τυχεῖν ἐπαυσάμην;
συμμαρτυροίη ταῦτ´ ἂν ἐν δίκῃ Χρόνου
μήτηρ μεγίστη δαιμόνων Ὀλυμπίων
ἄριστα, Γῆ μέλαινα, τῆς ἐγώ ποτε
ὅρους ἀνεῖλον πολλαχῇ πεπηγότας,
πρόσθεν δὲ δουλεύουσα, νῦν ἐλευθέρα.
πολλοὺς δ´ Ἀθήνας, πατρίδ´ εἰς θεόκτιτον,
ἀνήγαγον πραθέντας, ἄλλον ἐκδίκως,
ἄλλον δικαίως, τοὺς δ´ ἀναγκαίης ὑπὸ
χρειοῦς φυγόντας, γλῶσσαν οὐκέτ´ Ἀττικὴν
ἱέντας, ὡς ἂν πολλαχῇ πλανωμένους·
τοὺς δ´ ἐνθάδ´ αὐτοῦ δουλίην ἀεικέα
ἔχοντας, ἤθη δεσποτῶν τρομευμένους,
ἐλευθέρους ἔθηκα. ταῦτα μὲν κράτει
νομοῦ βίην τε καὶ δίκην συναρμόσας
ἔρεξα καὶ διῆλθον ὡς ὑπεσχόμην.
θεσμοὺς δ´ ὁμοίως τῷ κακῷ τε κἀγαθῷ,
εὐθεῖαν εἰς ἕκαστον ἁρμόσας δίκην,
ἔγραψα. κέντρον δ´ ἄλλος ὡς ἐγὼ λαβών,
κακοφραδής τε καὶ φιλοκτήμων ἀνήρ,
οὐκ ἂν κατέσχε δῆμον. εἰ γὰρ ἤθελον
ἃ τοῖς ἐναντίοισιν ἥνδανεν τότε,
αὖθις δ´ ἃ τοῖσιν οὕτεροι φρασαίατο,
πολλῶν ἂν ἀνδρῶν ἥδ´ ἐχηρώθη πόλις.
τῶν οὕνεκ´ ἀλκὴν πάντοθεν ποιούμενος
ὡς ἐν κυσὶν πολλῇσιν ἐστράφην λύκος.

καὶ πάλιν ὀνειδίζων πρὸς τὰς ὕστερον αὐτῶν μεμψιμοιρίας ἀμφοτέρων·

δήμῳ μὲν εἰ χρὴ διαφάδην ὀνειδίσαι,
ἃ νῦν ἔχουσιν οὔποτ´ ὀφθαλμοῖσιν ἂν εὕδοντες εἶδον.
ὅσοι δὲ μείζους καὶ βίαν ἀμείνονες,
αἰνοῖεν ἄν με καὶ φίλον ποιοίατο.
εἰ γάρ τις ἄλλος, φησί, ταύτης τῆς τιμῆς ἔτυχεν,
οὐκ ἂν κατέσχε δῆμον οὐδ´ ἐπαύσατο,
πρὶν ἀνταράξας πῖαρ ἐξεῖλεν γάλα.
ἐγὼ δὲ τούτων ὥσπερ ἐν μεταιχμίῳ ὅρος κατέστην.

CHAPITRE XII

SOLON (FIN)

Témoignages de Solon lui-même sur ses réformes.

C'est bien ainsi que les choses se passèrent. Tous les autres auteurs s'accordent à le dire, et Solon lui-même, dans ses vers, le rappelle en ces termes :

J'ai donné au peuple autant de pouvoir qu'il lui en faut, sans rien retrancher de son droit ni rien y ajouter. Quant à ceux qui avaient la puissance et dont les richesses pouvaient exciter l'envie, je leur ai défendu aussi de commettre aucun excès. Je me suis tenu debout, me couvrant de toutes parts de mon solide bouclier, en face des deux partis, et je n'ai permis ni à l'un ni à l'autre de triompher injustement.

Il explique encore comment on doit en user avec le peuple :

Le peuple n'obéit bien à ses chefs que si on ne le tient ni trop lâche, ni trop serré. Car la satiété engendre la violence, quand une grande richesse échoit à des hommes dont l'esprit est au-dessous de cette fortune.

Et ailleurs encore, il dit de ceux qui voulaient qu'on leur partageât la terre :

Ceux-ci venaient ardents au pillage et avaient de riches espérances : chacun d'eux croyait trouver une grande fortune, et, malgré la douceur de mon langage, ils pensaient que je laisserais voir bientôt la violence de mes projets. Vaine pensée ! Maintenant, pleins d'irritation contre moi, ils me regardent de travers, comme un ennemi. Et pourquoi? Les promesses que j'ai faites, je les ai tenues avec l'aide des Dieux. Quant au reste, je n'ai pas agi sans raison : il ne me plaisait pas de rien faire par la violence de la tyrannie, ni de voir les bons et les méchants posséder une part égale de la riche terre de la patrie.

Voici ce qu'il dit aussi sur la misère des pauvres, serfs hier et maintenant libres, grâce à l'abolition des dettes :

J'ai mis fin aux maux dont souffrait le peuple... Et pourquoi? Je la prends à témoin devant le tribunal du temps, la mère, très grande et très bonne, des divinités de l'Olympe, la Terre noire dont jadis j'arrachai les bornes qui se dressaient partout à sa surface : auparavant esclave, la voilà libre aujourd'hui. Ils sont nombreux, ceux que j'ai ramenés à Athènes, dans la patrie fondée par les Dieux : beaucoup avaient été vendus, les uns justement, les autres injustement ; ceux-là, réduits à l'exil par la dure nécessité, ne parlaient plus la langue attique, errants qu'ils étaient de tous côtés; - d'autres, ici même, subissaient un joug humiliant et tremblaient devant la violence de leurs maîtres; tous je les ai rendus libres. Voilà ce que j'ai fait par la force de la loi, en alliant la violence et la justice, et j'ai tenu jusqu'au haut mes promesses. J'ai donné des lois pour le bon comme pour le méchant, et elles assuraient à chacun une droite justice. Un autre eût-il pris en main, comme moi, l'aiguillon, un homme malveillant et avide, il n'eût pas contenu le peuple. Car si j'avais voulu faire ce qui plaisait alors à l'un des partis, puis ce que voulait l'autre, cette ville fût devenue veuve de bien des citoyens. Voilà pourquoi, résistant de part et d'autre, je me suis, trouvé cerné comme un loup par une meute de chiens.

Et encore ripostant par un reproche aux blâmes qui vinrent plus tard des deux côtés :

Au peuple, puisqu'il lui faut une brutale franchise, je dirai que les biens qu'il possède aujourd'hui, il ne les a même pas vus en rêve, les yeux fermés... Quant aux grands, plus redoutables par leur force, ils devraient me louer et me traiter comme leur ami. Si en effet quelque autre, dit-il, avait eu ce même honneur que moi, il n'aurait pas contenu le peuple, et ne l'eût pas apaisé, avant d'avoir battu le lait pour en enlever la crème. Mais moi, placé au milieu, ainsi qu'entre deux armées en bataille, je me suis tenu comme une borne infranchissable.
 

ΧΙΙΙ

Τὴν μὲν οὖν ἀποδημίαν ἐποιήσατο διὰ ταύτας τὰς αἰτίας. Σόλωνος δ´ ἀποδημήσαντος, ἔτι τῆς πόλεως τεταραγμένης ἐπὶ μὲν ἔτη τέτταρα διῆγον ἐν ἡσυχίᾳ· τῷ δὲ πέμπτῳ μετὰ τὴν Σόλωνος ἀρχὴν οὐ κατέστησαν ἄρχοντα διὰ τὴν στάςιν, καὶ πάλιν ἔτει πέμπτῳ διὰ τὴν αὐτὴν αἰτίαν ἀναρχίαν ἐποίησαν. μετὰ δὲ ταῦτα διὰ τῶν αὐτῶν χρόνων  Δαμασίας αἱρεθεὶς ἄρχων ἔτη δύο καὶ δύο μῆνας ἦρξεν, ἕως ἐξηλάθη βίᾳ τῆς ἀρχῆς. εἶτ´ ἔδοξεν αὐτοῖς διὰ τὸ στασιάζειν ἄρχοντας ἑλέσθαι δέκα, πέντε μὲν εὐπατριδῶν, τρεῖς δὲ ἀγροίκων, δύο δὲ δημιουργῶν, καὶ οὗτοι τὸν μετὰ Δαμασίαν ἦρξαν ἐνιαυτόν. ᾧ καὶ δῆλον ὅτι μεγίστην εἶχεν δύναμιν ὁ ἄρχων· φαίνονται γὰρ αἰεὶ στασιάζοντες περὶ ταύτης τῆς ἀρχῆς. ὅλως δὲ διετέλουν νοσοῦντες τὰ πρὸς ἑαυτούς, οἱ μὲν ἀρχὴν καὶ πρόφασιν ἔχοντες τὴν τῶν χρεῶν ἀποκοπήν (συνεβεβήκει γὰρ αὐτοῖς γεγονέναι πένησιν), οἱ δὲ τῇ πολιτείᾳ δυσχεραίνοντες διὰ τὸ μεγάλην γεγονέναι μεταβολήν, ἔνιοι δὲ διὰ τὴν πρὸς ἀλλήλους φιλονικίαν. ἦσαν δ´ αἱ στάσεις τρεῖς· μία μὲν τῶν παραλίων, ὧν προειστήκει Μεγακλῆς ὁ Ἀλκμέωνος, οἵπερ ἐδόκουν μάλιστα διώκειν τὴν μέσην πολιτείαν. ἄλλη δὲ τῶν πεδιακῶν, οἳ τὴν ὀλιγαρχίαν ἐζήτουν· ἡγεῖτο δ´ αὐτῶν Λυκοῦργος. τρίτη δ´ ἡ τῶν διακρίων, ἐφ´ ᾗ τεταγμένος ἦν Πεισίστρατος, δημοτικώτατος εἶναι δοκῶν. προσεκεκόσμηντο δὲ τούτοις οἵ τε ἀφῃρημένοι τὰ χρέα διὰ τὴν ἀπορίαν, καὶ οἱ τῷ γένει μὴ καθαροὶ διὰ τὸν φόβον· σημεῖον δ´, ὅτι μετὰ τὴν τῶν τυράννων κατάλυσιν ἐποίησαν διαψηφισμόν, ὡς πολλῶν κοινωνούντων τῆς πολιτείας οὐ προσῆκον. εἶχον δ´ ἕκαστοι τὰς ἐπωνυμίας ἀπὸ τῶν τόπων ἐν οἷς ἐγεώργουν.

 XIV.

Δημοτικώτατος δ´ εἶναι δοκῶν ὁ Πεισίστρατος καὶ σφόδρ´ εὐδοκιμηκὼς ἐν τῷ πρὸς Μεγαρέας πολέμῳ, κατατραυματίσας ἑαυτὸν συνέπεισε τὸν δῆμον, ὡς ὑπὸ τῶν ἀντιστασιωτῶν ταῦτα πεπονθώς, φυλακὴν ἑαυτῷ δοῦναι τοῦ σώματος, Ἀριστίωνος γράψαντος τὴν γνώμην. λαβὼν δὲ τοὺς κορυνηφόρους καλουμένους, ἐπαναστὰς μετὰ τούτων τῷ δήμῳ, κατέσχε τὴν ἀκρόπολιν ἔτει δευτέρῳ καὶ τριακοστῷ μετὰ τὴν τῶν νόμων θέσιν, ἐπὶ Κωμέου ἄρχοντος. λέγεται δὲ Σόλωνα Πεισιστράτου τὴν φυλακὴν αἰτοῦντος ἀντιλέξαι καὶ εἰπεῖν ὅτι τῶν μὲν εἴη σοφώτερος, τῶν δ´ ἀνδρειότερος· ὅσοι μὲν γὰρ ἀγνοοῦσι Πεισίστρατον ἐπιτιθέμενον τυραννίδι, σοφώτερος εἶναι τούτων, ὅσοι  δ´ εἰδότες κατασιωπῶσιν, ἀνδρειότερος. ἐπεὶ δὲ λέγων οὐκ ἔπειθεν, ἐξαράμενος τὰ ὅπλα πρὸ τῶν θυρῶν, αὐτὸς μὲν ἔφη βεβοηθηκέναι τῇ πατρίδι, καθ´ ὅσον ἦν δυνατός (ἤδη γὰρ σφόδρα πρεσβύτης ἦν), ἀξιοῦν δὲ καὶ τοὺς ἄλλους ταὐτὸ τοῦτο ποιεῖν. Σόλων μὲν οὖν οὐδὲν ἤνυσεν τότε παρακαλῶν. Πεισίστρατος δὲ λαβὼν τὴν ἀρχὴν διῴκει τὰ κοινά, πολιτικῶς μᾶλλον ἢ τυραννικῶς.

οὔπω δὲ τῆς ἀρχῆς ἐρριζωμένης, ὁμοφρονήσαντες οἱ περὶ τὸν Μεγακλέα καὶ τὸν Λυκοῦργον, ἐξέβαλον αὐτὸν ἕκτῳ ἔτει μετὰ τὴν πρώτην κατάστασιν, ἐφ´ Ἡγησίου ἄρχοντος. ἔτει δὲ δωδεκάτῳ μετὰ ταῦτα περιελαυνόμενος ὁ Μεγακλῆς τῇ στάσει, πάλιν ἐπικηρυκευσάμενος πρὸς τὸν Πεισίστρατον, ἐφ´ ᾧ τε τὴν θυγατέρα αὐτοῦ λήψεται, κατήγαγεν αὐτὸν ἀρχαίως καὶ λίαν ἁπλῶς. προδιασπείρας γὰρ λόγον, ὡς τῆς Ἀθηνᾶς καταγούσης Πεισίστρατον, καὶ γυναῖκα μεγάλην καὶ καλὴν ἐξευρών, ὡς μὲν Ἡρόδοτός φησιν ἐκ τοῦ δήμου τῶν Παιανιέων, ὡς δ´ ἔνιοι λέγουσιν ἐκ τοῦ Κολλυτοῦ στεφανόπωλιν Θρᾷτταν, ᾗ ὄνομα Φύη, τὴν θεὸν ἀπομιμησάμενος τῷ κόσμῳ, συνεισήγαγεν μετ´ αὐτοῦ· καὶ ὁ μὲν Πεισίστρατος ἐφ´ ἅρματος εἰσήλαυνε, παραιβατούσης τῆς γυναικός, οἱ δ´ ἐν τῷ ἄστει προσκυνοῦντες ἐδέχοντο θαυμάζοντες.

 XV.

Ἡ μὲν οὖν πρώτη κάθοδος ἐγένετο τοιαύτη. μετὰ δὲ ταῦτα 〚ὡς〛 ἐξέπεσε τὸ δεύτερον, ἔτει μάλιστα ἑβδόμῳ μετὰ τὴν κάθοδον, (οὐ γὰρ πολὺν χρόνον κατέσχεν, ἀλλὰ διὰ τὸ μὴ βούλεσθαι τῇ τοῦ Μεγακλέους θυγατρὶ συγγίγνεσθαι, φοβηθεὶς ἀμφοτέρας τὰς στάσεις ὑπεξῆλθεν). καὶ πρῶτον μὲν συνῴκισε περὶ τὸν Θερμαῖον κόλπον χωρίον ὃ καλεῖται Ῥαίκηλος, ἐκεῖθεν δὲ παρῆλθεν εἰς τοὺς περὶ Πάγγαιον τόπους, ὅθεν χρηματισάμενος καὶ στρατιώτας μισθωσάμενος, ἐλθὼν εἰς Ἐρέτριαν ἑνδεκάτῳ πάλιν ἔτει τό〈τε〉 πρῶτον ἀνασώσασθαι βίᾳ τὴν ἀρχὴν ἐπεχείρει, συμπροθυμουμένων αὐτῷ πολλῶν μὲν καὶ ἄλλων, μάλιστα δὲ Θηβαίων καὶ Λυγδάμιος τοῦ Ναξίου, ἔτι δὲ τῶν ἱππέων τῶν ἐχόντων ἐν Ἐρετρίᾳ τὴν πολιτείαν. νικήσας δὲ τὴν ἐπὶ Παλληνίδι μάχην καὶ λαβὼν τὴν πόλιν καὶ παρελόμενος τοῦ δήμου τὰ ὅπλα, κατεῖχεν ἤδη τὴν τυρρανίδα βεβαίως· καὶ Νάξον ἑλὼν ἄρχοντα κατέστησε Λύγδαμιν.

παρεῖλε δὲ τοῦ δήμου τὰ ὅπλα τόνδε τὸν τρόπον. ἐξοπλασίαν ἐν τῷ Θησείῳ ποιησάμενος ἐκκλησιάζειν ἐπεχείρει, καὶ χρόνον προσηγόρευεν μικρόν, οὐ φασκόντων δὲ κατακούειν, ἐκέλευσεν αὐτοὺς προσαναβῆναι πρὸς τὸ πρόπυλον τῆς ἀκροπόλεως, ἵνα γεγωνῇ μᾶλλον. ἐν ᾧ δ´ ἐκεῖνος διέτριβε δημηγορῶν, ἀνελόντες οἱ ἐπὶ τούτῳ τεταγμένοι τὰ ὅπλα, καὶ κατακλείσαντες εἰς τὰ πλησίον οἰκήματα τοῦ Θησείου, διεσήμηναν ἐλθόντες πρὸς τὸν Πεισίστρατον. ὁ δὲ ἐπεὶ τὸν ἄλλον λόγον ἐπετέλεσεν, εἶπε καὶ περὶ τῶν ὅπλων τὸ γεγονός, ὡς οὐ χρὴ θαυμάζειν οὐδ´ ἀθυμεῖν, ἀλλ´ ἀπελθόντας ἐπὶ τῶν ἰδίων εἶναι, τῶν δὲ κοινῶν αὐτὸς ἐπιμελήσεσθαι πάντων.

CHAPITRE XIII

État des partis après Solon.

C'est donc pour les motifs exposés plus haut que Solon entreprit son voyage. Il partit laissant la cité troublée. Pendant quatre ans pourtant l'ordre fut maintenu ; mais la cinquième année après l'archontat de Solon, les Athéniens ne nommèrent point d'archonte (590 a. C. n.) tant était grande l'agitation. Quatre ans après, pour de semblables motifs, ils laissèrent encore la ville sans archonte (586 a. C. n.). Quatre autres années après, Damasias fut élu (582 a. C. n.) : il exerça sa charge deux ans et deux mois, et en fut chassé par la force. On résolut alors, en raison de cet état de trouble, d'élire dix archontes, pris : cinq parmi les eupatrides, trois parmi les cultivateurs et deux parmi les artisans. Ce premier collège d'archontes fut au pouvoir pendant l'année qui suivit l'archontat de Damasias. (580 a. C. n.) Voilà qui prouve que l'archonte avait alors le pouvoir le plus grand : c'est toujours pour cette magistrature que luttaient les partis. Quoi qu'il en soit, les Athéniens n'en continuaient pas moins à souffrir de ces maux intérieurs : les uns donnaient pour raison première de leur mécontentement l'abolition des dettes, qui les avait ruinés; d'autres s'irritaient contre la Constitution, qu'avait transformée une si grave révolution ; il en était enfin qui étaient excités les uns contre les autres par la jalousie. Il y avait alors trois partis: celui des Paraliens que dirigeait Mégaclès, fils d'Alcméon, et qui semblait s'attacher surtout à donner le pouvoir à la classe moyenne ; celui des Pédiéens qui tendait à l'oligarchie, et dont le chef était Lycurgue ; celui des Diacriens, à la tête duquel se trouvait Pisistrate qui passait pour le plus résolu partisan de la démocratie. Ce troisième parti s'était accru : la misère y avait amené ceux qui avaient été dépouillés de leurs créances, et la crainte ceux que leur naissance aurait dû écarter de la cité. La preuve en est qu'après le renversement de la tyrannie on fit une révision des registres civiques, parce que beaucoup d'inscrits jouissaient indûment du droit de cité. Chacun de ces partis tirait son nom de la région qu'il cultivait.

CHAPITRE XIV

IV. - ÉPOQUE DE PISISTRATE

Tyrannie de Pisistrate. Son premier exil.

Pisistrate, qui passait donc pour le plus résolu partisan de la démocratie, et qui s'était illustré dans la guerre contre Mégare, se fit un jour lui-même une blessure, puis il persuada au peuple que c'étaient ses adversaires qui l'avaient ainsi maltraité, et qu'il fallait lui donner une garde du corps : la proposition fut faite par Aristion. On lui donna ceux qu'on appela les porte-massue, et, marchant contre le peuple avec leur aide, il prit possession de l'Acropole, trente-deux ans après l'établissement des lois de Solon, sous l'archontat de Coméas. On rapporte que, lorsque Pisistrate demanda des gardes du corps (560 a. C. n.), Solon lui fit opposition, disant : « J'aurai plus de perspicacité que les uns et plus de courage que les autres : plus de perspicacité que tous ceux qui ne comprennent pas que Pisistrate prétend à la tyrannie; plus de courage que ceux qui, sans l'ignorer, se taisent. » Comme ses paroles restaient sans effet, il suspendit ses armes au-dessus de sa porte, et dit qu'il avait servi sa patrie aussi longtemps qu'il l'avait pu -il était déjà très vieux, - et que c'était au tour des autres d'en faire autant. Mais Solon n'aboutit à rien par ses exhortations. Au reste, Pisistrate, maître du pouvoir, administra la cité moins en tyran qu'en citoyen respectueux de la Constitution.

Son pouvoir n'avait pas encore pris de fortes racines, quand les partisans de Mégaclès et ceux de Lycurgue s'associèrent pour le chasser : cela eut lien cinq ans après le premier établissement de Pisistrate (555 a. C. n.), et sous l'archontat d'Hégésias. Onze ans après (544 a. C. n. (?), Mégaclès, menacé par ses propres partisans, entra en pourparlers avec lui ; il lui imposa comme condition d'épouser sa fille, et le fit rentrer par un artifice digne des anciens temps, et d'une extrême simplicité. Il fit courir le bruit qu'Athéna allait ramener Pisistrate, puis, ayant découvert une femme grande et belle, originaire du dème de Paeania, suivant Hérodote, marchande de couronnes d'origine thrace, du quartier de Collytos, selon d'autres, et nommée Phyé, il la costuma eu Athéna, et la fit entrer dans la ville avec Pisistrate. Celui-ci fit son entrée sur un char, ayant cette femme à ses côtés, et les habitants, prosternés, les reçurent avec une pieuse admiration.

CHAPITRE XV

PISISTRATE (SUITE)

Second exil et second retour de Pisistrate

Ainsi s'accomplit son premier retour. Dans la suite, exactement six ans après, il dut s'exiler de nouveau (538 a. C. n.). Il lui fut en effet impossible de tenir longtemps : n'ayant pas voulu s'unir avec la fille de Mégaclès, il craignit les deux partis opposés et se déroba par la fuite. Il s'établit d'abord sur le golfe Thermaïque, à l'endroit nommé Rhaekélos, et passa ensuite dans la région qui s'étend autour du mont Pangée. C'est de là qu'après avoir amassé de l'argent et pris des-hommes à sa solde, il partit pour Érétrie (528 a. C. n. (?), dix ans après sa fuite d'Athènes, - et essaya, alors pour la première fois, d'employer la violence pour recouvrer le pouvoir. Parmi tous ceux qui l'aidèrent dans son entreprise, les plus zélés furent les Thébains, Lygdamis de Naxos, et aussi les cavaliers qui tenaient le pouvoir à Érétrie. Vainqueur auprès du temple de Palléné, il s'empara du pouvoir et sut maintenir solidement sa tyrannie, après avoir enlevé ses armes au peuple. Il se rendit aussi à Naxos et y installa Lygdamis.

Voici comment il s'y prit pour enlever ses armes au peuple après avoir passé une revue dans l'enceinte de l'Anakéion, il fit mine d'y haranguer le peuple et s'efforça de parler à voix basse. Comme les assistants disaient qu'ils n'entendaient rien, il les invita à monter à l'entrée de l'acropole, pour que sa voix portât mieux. Pendant qu'il était occupé à haranguer le peuple, des hommes, qui en avaient reçu l'ordre, enlevèrent toutes les armes et les enfermèrent dans les édifices situés auprès du Théséion. Ils revinrent ensuite près de Pisistrate, qui achevait son discours, et l'avertirent. Pisistrate conta ce qui venait de se passer au sujet des armes, ajoutant qu'il ne fallait ni s'en étonner, ni se laisser abattre ; qu'une fois de retour chez eux, ils n'avaient qu'à s'occuper de leurs propres affaires ; qu'a lui seul incombait le soin de toutes les affaires publiques.


 

XVI.

Ἡ μὲν οὖν Πεισιστράτου τυραννὶς ἐξ ἀρχῆς τε κατέστη τοῦτον τὸν τρόπον, καὶ μεταβολὰς ἔσχεν τοσαύτας. διῴκει δ´ ὁ Πεισίστρατος, ὥσπερ εἴρηται, τὰ περὶ τὴν πόλιν μετρίως καὶ μᾶλλον πολιτικῶς ἢ τυραννικῶς. ἔν τε γὰρ τοῖς ἄλλοις φιλάνθρωπος ἦν καὶ πρᾷος καὶ τοῖς ἁμαρτάνουσι συγγνωμονικός, καὶ δὴ καὶ τοῖς ἀπόροις προεδάνειζε χρήματα πρὸς τὰς ἐργασίας, ὥστε διατρέφεσθαι γεωργοῦντας. τοῦτο δ´ ἐποίει δυοῖν χάριν, ἵνα μήτε ἐν τῷ ἄστει διατρίβωσιν, ἀλλὰ διεσπαρμένοι κατὰ τὴν χώραν, καὶ ὅπως εὐποροῦντες τῶν μετρίων καὶ πρὸς τοῖς ἰδίοις ὄντες, μήτ´ ἐπιθυμῶσι μήτε σχολάζωσιν ἐπιμελεῖσθαι τῶν κοινῶν. ἅμα δὲ συνέβαινεν αὐτῷ καὶ τὰς προσόδους γίγνεσθαι μείζους, ἐξεργαζομένης τῆς χώρας. ἐπράττετο γὰρ ἀπὸ τῶν γιγνομένων δεκάτην. διὸ καὶ τοὺς κατὰ δήμους κατεσκεύασε δικαστάς, καὶ αὐτὸς ἐξῄει πολλάκις εἰς τὴν χώραν, ἐπισκοπῶν καὶ διαλύων τοὺς διαφερομένους, ὅπως μὴ καταβαίνοντες εἰς τὸ ἄστυ παραμελῶσι τῶν ἔργων. τοιαύτης γάρ τινος ἐξόδου τῷ Πεισιστράτῳ γιγνομένης, συμβῆναί φασι τὰ περὶ τὸν ἐν τῷ Ὑμηττῷ γεωργοῦντα τὸ κληθὲν ὕστερον χωρίον ἀτελές. ἰδὼν γάρ τινα παντελῶς πέτρας σκάπτοντα καὶ ἐργαζόμενον, διὰ τὸ θαυμάσαι τὸν παῖδα ἐκέλευσεν ἐρέσθαι, τί γίγνεται ἐκ τοῦ χωρίου. ὁ δ´ ‘ὅσα κακὰ καὶ ὀδύναι’ ἔφη, ‘καὶ τούτων τῶν κακῶν καὶ τῶν ὀδυνῶν Πεισίστρατον δεῖ λαβεῖν τὴν δεκάτην.’ ὁ μὲν οὖν ἄνθρωπος ἀπεκρίνατο ἀγνοῶν, ὁ δὲ Πεισίστρατος ἡσθεὶς διὰ τὴν παρρησίαν καὶ τὴν φιλεργίαν ἀτελῆ πάντων ἐποίησεν αὐτόν.

οὐδὲν δὲ τὸ πλῆθος οὐδ´ ἐν τοῖς ἄλλοις παρώχλει κατὰ τὴν ἀρχήν, ἀλλ´ αἰεὶ παρεσκεύαζεν εἰρήνην καὶ ἐτήρει τὴν ἡσυχίαν· διὸ καὶ πολλάκις ἐθρύλλουν ὡς ἡ Πεισιστράτου τυραννὶς ὁ ἐπὶ Κρόνου βίος εἴη· συνέβη γὰρ ὕστερον διαδεξαμένων τῶν υἱέων πολλῷ γενέσθαι τραχυτέραν τὴν ἀρχήν. μέγιστον δὲ πάντων ἦν τῶν εἰρημένων τὸ δημοτικὸν εἶναι τῷ ἤθει καὶ φιλάνθρωπον. ἔν τε γὰρ τοῖς ἄλλοις ἐβούλετο πάντα διοικεῖν κατὰ τοὺς νόμους, οὐδεμίαν ἑαυτῷ πλεονεξίαν διδούς, καί ποτε προσκληθεὶς φόνου δίκην εἰς Ἄρειον πάγον, αὐτὸς μὲν ἀπήντησεν ὡς ἀπολογησόμενος, ὁ δὲ προσκαλεσάμενος φοβηθεὶς ἔλιπεν. διὸκαὶ πολὺν χρόνον ἔμεινεν 〈ἐν〉 τῇ ἀρχῇ, καὶ ὅτ´ ἐκπέσοι πάλιν ἀνελάμβανε ῥᾳδίως. ἐβούλοντο γὰρ καὶ τῶν γνωρίμων καὶ τῶν δημοτικῶν οἱ πολλοί. τοὺς μὲν γὰρ ταῖς ὁμιλίαις, τοὺς δὲ ταῖς εἰς τὰ ἴδια βοηθείαις προςήγετο, καὶ πρὸς ἀμφοτέρους ἐπεφύκει καλῶς. ἦσαν δὲ καὶ τοῖς Ἀθηναίοις οἱ περὶ τῶν τυράννων νόμοι πρᾷοι κατ´ ἐκείνους τοὺς καιρούς, οἵ τ´ ἄλλοι καὶ δὴ καὶ ὁ μάλιστα καθήκων πρὸς τὴν τῆς τυραννίδος 〈κατάστασιν〉. νόμος γὰρ αὐτοῖς ἦν ὅδε. ‘θέσμια τάδε Ἀθηναίων καὶ πάτρια· ἐάν τινες τυραννεῖν ἐπανιστῶνται 〚ἐπὶ τυραννίδι〛, ἢ συγκαθιστῇ τὴν τυραννίδα, ἄτιμον εἶναι καὶ αὐτὸν καὶ γένος.’

Πεισίστρατος μὲν οὖν ἐγκατεγήρασε τῇ ἀρχῇ, καὶ ἀπέθανε νοσήσας ἐπὶ Φιλόνεω ἄρχοντος, ἀφ´ οὗ μὲν κατέστη τὸ πρῶτον τύραννος, ἔτη τριάκοντα καὶ τρία βιώσας, ἃ δ´ ἐν τῇ ἀρχῇ διέμεινεν, ἑνὸς δέοντα εἴκοσι. ἔφευγε γὰρ τὰ λοιπά. διὸ καὶ φανερῶς ληροῦσιν 〈οἱ〉 φάσκοντες ἐρώμενον εἶναι Πεισίστρατον Σόλωνος, καὶ στρατηγεῖν ἐν τῷ πρὸς Μεγαρέας πολέμῳ περὶ Σαλαμῖνος· οὐ γὰρ ἐνδέχεται ταῖς ἡλικίαις, ἐάν τις ἀναλογίζηται τὸν ἑκατέρου βίον καὶ ἐφ´ οὗ ἀπέθανεν ἄρχοντος.

τελευτήσαντος δὲ Πεισιστράτου, κατεῖχον οἱ υἱεῖς τὴν ἀρχὴν, προάγοντες τὰ πράγματα τὸν αὐτὸν τρόπον. ἦσαν δὲ δύο μὲν ἐκ τῆς γαμετῆς Ἱππίας καὶ Ἵππαρχος, δύο δ´ ἐκ τῆς Ἀργείας Ἰοφῶν καὶ Ἡγησίστρατος, ᾧ παρωνύμιον ἦν Θέτταλος. 〈ἐπ〉έγημεν γὰρ Πεισίστρατος ἐξ Ἄργους ἀνδρὸς Ἀργείου θυγατέρα, ᾧ ὄνομα ἦν Γοργίλος, Τιμώνασσαν, ἣν πρότερον ἔσχεν γυναῖκα Ἀρχῖνος ὁ Ἀμπρακιώτης τῶν Κυψελιδῶν. ὅθεν καὶ ἡ πρὸς τοὺς Ἀργείους ἐνέστη φιλία, καὶ συνεμαχέσαντο χίλιοι τὴν ἐπὶ Παλληνίδι μάχην, Ἡγησιστράτου κομίσαντος. γῆμαι δέ φασι τὴν Ἀργείαν οἱ μὲν ἐκπεσόντα τὸ πρῶτον, οἱ δὲ κατέχοντα τὴν ἀρχήν.

CHAPITRE XVI

PISISTRATE (SUITE)

Caractère de son gouvernement

C'est ainsi qu'au début fut établie la tyrannie de Pisistrate, et ce furent là ses vicissitudes. Pisistrate, comme nous l'avons dit, gouverna la cité moins en tyran qu'en citoyen respectueux de la Constitution. Il avait l'abord facile et plein de douceur, et se montrait indulgent à toutes les fautes. Il faisait aux pauvres, pour l'exploitation de leurs terres, des avances d'argent qui leur permettaient de ne pas interrompre leurs travaux de culture. Il agissait ainsi pour deux raisons : il voulait qu'au lieu de vivre à la ville, ils fussent dispersés dans la campagne, et que parvenant à l'aisance et préoccupés de leurs seuls intérêts, ils n'eussent ni le désir, ni le loisir de s'occuper des affaires publiques. En même temps, plus on cultivait la terre, plus ses propres revenus s'accroissaient : car Pisistrate percevait la dîme des fruits. Pour toutes ces raisons, il établit les juges des dèmes, et lui-même sortait souvent dans la campagne pour se rendre compte des choses et régler les différends, afin qu'on n'eût pas à négliger les champs pour venir à la ville. C'est dans une de ces tournées qu'il arriva à Pisistrate cette aventure bien connue : il vit, dans la région de l'Hymette, un paysan qui cultivait le champ appelé depuis le Champ-Franc. Le bonhomme ne remuait que des cailloux, et Pisistrate, surpris, fit demander par son esclave ce qu'on retirait du champ : « Dieu que maux et peines, répondit le paysan, et encore, faut-il que Pisistrate en prélève la dîme. » II avait répondu sans connaître Pisistrate, mais celui-ci, charmé de cette franchise en même temps que de cette ardeur au travail, l'exempta de tout impôt.

Pas une des mesures de son gouvernement ne fut vexatoire pour le peuple. Il prépara toujours la paix et sut maintenir le calme à l'intérieur de la cité ; de là l'expression proverbiale qu'on répéta souvent dans la suite : « Vivre sous la tyrannie de Pisistrate, c'était vivre du temps de Cronos. » Ce n'est en effet que plus tard et par les excès de ses fils, que la tyrannie devint de jour en jour plus dure. Ce qu'on louait le plus en lui, c'étaient ses manières, qui dénotaient un ami du peuple, et sa bienveillance. D'ailleurs, en toute son administration, il se conforma aux lois, sans s'arroger aucune prérogative : appelé un jour à comparaître devant l'Aréopage comme prévenu de meurtre, il se présenta lui-même en homme prêt à se défendre ; ce fut l'accusateur, effrayé, qui fit défaut. Voilà pourquoi sa tyrannie dura longtemps et pourquoi, après chacune de ses chutes, il n'eut pas de peine à ressaisir le pouvoir. Il avait en effet pour lui le bon vouloir de la plupart des nobles : et des gens du parti populaire : également bien disposé pour les uns et pour les autres, il gagnait les uns par ses relations d'amitié, les autres par des services personnels. Les lois des Athéniens sur la tyrannie (?) étaient alors peu sévères, celle surtout qui visait les entreprises des tyrans et dont voici le texte : Les lois athéniennes établies par nos pères portent que : quiconque aspire à la tyrannie ou forme un complot pour l'établir, sera frappé d'atimie clans sa personne et dans sa race.

CHAPITRE XVII

PISISTRATE (FIN) - Mort de Pisistrate. - Ses fils.

Pisistrate vieillit dans l'exercice du pouvoir et mourut de maladie sous l'archontat de Philonéos (527 a. C. n.). Depuis qu'il avait établi pour la première fois sa tyrannie, il avait vécu trente-trois ans: il en avait passé dix-neuf au pouvoir et le reste en exil. Aussi est-il manifestement déraisonnable de dire que Pisistrate fut aimé par Solon et qu'il commandait dans la guerre engagée contre les Mégariens au sujet de Salamine. L'âge de l'un et de l'autre rend cette assertion inadmissible on n'a qu'à rapprocher l'époque de leur vie et la date de leur mort.

Après la mort de Pisistrate, ses fils prirent le pouvoir et continuèrent à l'exercer de la même manière. De son union légitime avec une femme d'Athènes, Pisistrate avait eu deux fils, Hippias et Hipparque ; d'une femme d'Argos, il en avait eu deux autres, Iophon et Hégésistratos. Ce dernier était surnommé Thettalos. Pisistrate avait en effet épousé une femme d'Argos, la fille d'un citoyen de cette ville nommé Gorgilos : elle s'appelait Timonassa et avait été la femme d'Archinos d'Ambracie, de la famille des Kypsélides. De ce second mariage de Pisistrate était résultée une alliance avec les Argiens : mille d'entre eux, qu'avait amenés Hégésistratos, prirent part à la bataille livrée près du temple de Palléné. Le mariage avait été contracté, selon les uns, pendant le premier exil de Pisistrate ; selon les autres, pendant qu'il était au pouvoir.

 

XVIII.

Ἦσαν δὲ κύριοι μὲν τῶν πραγμάτων διὰ τὰ ἀξιώματα καὶ διὰ τὰς ἡλικίας Ἵππαρχος καὶ Ἱππίας, πρεσβύτερος δὲ ὢν ὁ Ἱππίας καὶ τῇ φύσει πολιτικὸς καὶ ἔμφρων ἐπεστάται τῆς ἀρχῆς. ὁ δὲ Ἵππαρχος παιδιώδης καὶ ἐρωτικὸς καὶ φιλόμουσος ἦν, (καὶ τοὺς περὶ Ἀνακρέοντα καὶ Σιμωνίδην καὶ τοὺς ἄλλους ποιητὰς οὗτος ἦν ὁ μεταπεμπόμενος), Θέτταλος δὲ νεώτερος πολὺ καὶ τῷ βίῳ θρασὺς καὶ ὑβριστής, ἀφ´ οὗ καὶ συνέβη τὴν ἀρχὴν αὐτοῖς γενέσθαι πάντων τῶν κακῶν.

ἐρασθεὶς γὰρ τοῦ Ἁρμοδίου καὶ διαμαρτάνων τῆς πρὸς αὐτὸν φιλίας, οὐ κατεῖχε τὴν ὀργήν, ἀλλ´ ἔν τε τοῖς ἄλλοις ἐνεσημαίνετο πικρῶς, καὶ τὸ τελευταῖον μέλλουσαν αὐτοῦ τὴν ἀδελφὴν κανηφορεῖν Παναθηναίοις ἐκώλυσεν, λοιδορήσας τι τὸν Ἁρμόδιον ὡς μαλακὸν ὄντα, ὅθεν συνέβη παροξυνθέντα τὸν Ἁρμόδιον καὶ τὸν Ἀριστογείτονα πράττειν τὴν πρᾶξιν μετεχόντων πολλῶν. ἤδη δὲ παρατηροῦντες ἐν ἀκροπόλει τοῖς Παναθηναίοις Ἱππίαν (ἐτύγχανεν γὰρ οὗτος μὲν δεχόμενος, ὁ δ´ Ἵππαρχος ἀποστέλλων τὴν πομπήν), ἰδόντες τινὰ τῶν κοινωνούντων τῆς πράξεως φιλανθρώπως ἐντυγχάνοντα τῷ Ἱππίᾳ, καὶ νομίσαντες μηνύειν, βουλόμενοί τι δρᾶσαι πρὸ τῆς συλλήψεως, καταβάντες καὶ προεξαναστάντες τῶν ἄλλων, τὸν μὲν Ἵππαρχον διακοσμοῦντα τὴν πομπὴν παρὰ τὸ Λεωκόρειον ἀπέκτειναν, τὴν δ´ ὅλην ἐλυμήναντο πρᾶξιν. αὐτῶν δ´ ὁ μὲν Ἁρμόδιος εὐθέως ἐτελεύτησεν ὑπὸ τῶν δορυφόρων, ὁ δ´ Ἀριστογείτων ὕστερον, συλληφθεὶς καὶ πολὺν χρόνον αἰκισθείς. κατηγόρησεν δ´ ἐν ταῖς ἀνάγκαις πολλῶν, οἳ καὶ τῇ φύσει τῶν ἐπιφανῶν καὶ φίλοι τοῖς τυράννοις ἦσαν. οὐ γὰρ ἐδύναντο παραχρῆμα λαβεῖν οὐδὲν ἴχνος τῆς πράξεως, ἀλλ´ ὁ λεγόμενος λόγος, ὡς ὁ Ἱππίας ἀποστήσας ἀπὸ τῶν ὅπλων τοὺς πομπεύοντας, ἐφώρασε τοὺς τὰ ἐγχειρίδια ἔχοντας, οὐκ ἀληθής ἐστιν· οὐ γὰρ ἔπεμπον τό〈τε〉 μεθ´ ὅπλων, ἀλλ´ ὕστερον τοῦτο κατεσκεύασεν ὁ δῆμος. κατηγόρει δὲ τῶν τοῦ τυράννου φίλων, ὡς μὲν οἱ δημοτικοί φασιν ἐπίτηδες, ἵνα ἀσεβήσαιεν ἅμα καὶ γένοιντο ἀσθενεῖς, ἀνελόντες τοὺς ἀναιτίους καὶ φίλους ἑαυτῶν, ὡς δ´ ἔνιοι λέγουσιν οὐχὶ πλαττόμενος, ἀλλὰ τοὺς συνειδότας ἐμήνυεν. καὶ τέλος ὡς οὐκ ἐδύνατο πάντα ποιῶν ἀποθανεῖν, ἐπαγγειλάμενος  ὡς ἄλλους μηνύσων πολλούς, καὶ πείσας αὑτῷ τὸν Ἱππίαν δοῦναι τὴν δεξιὰν πίστεως χάριν, ὡς ἔλαβεν ὀνειδίσας ὅτι τῷ φονεῖ τἀδελφοῦ τὴν δεξιὰν δέδωκε, οὕτω παρώξυνε τὸν Ἱππίαν, ὥσθ´ ὑπὸ τῆς ὀργῆς οὐ κατέσχεν ἑαυτόν, ἀλλὰ σπασάμενος τὴν μάχαιραν διέφθειρεν αὐτόν.

 XIX.

Μετὰ δὲ ταῦτα συνέβαινεν πολλῷ τραχυτέραν εἶναι τὴν τυραννίδα· καὶ γὰρ διὰ τὸ τιμωρεῖν τἀδελφῷ καὶ διὰ τὸ πολλοὺς ἀνῃρηκέναι καὶ ἐκβεβληκέναι, πᾶσιν ἦν ἄπιστος καὶ πικρός. ἔτει δὲ τετάρτῳ μάλιστα μετὰ τὸν Ἱππάρχου θάνατον, ἐπεὶ κακῶς εἶχεν τὰ ἐν τῷ ἄστει, τὴν Μουνιχίαν ἐπεχείρησε τειχίζειν, ὡς ἐκεῖ μεθιδρυσόμενος. ἐν τούτοις δ´ ὢν ἐξέπεσεν ὑπὸ Κλεομένους τοῦ Λακεδαιμονίων βασιλέως, χρησμῶν γιγνομένων ἀεὶ τοῖς Λάκωσι καταλύειν τὴν τυραννίδα διὰ τοιάνδ´ αἰτίαν. οἱ φυγάδες ὧν οἱ Ἀλκμεωνίδαι προειστήκεσαν, αὐτοὶ μὲν δι´ αὑτῶν οὐκ ἐδύναντο ποιήσασθαι τὴν κάθοδον, ἀλλ´ αἰεὶ προσέπταιον. ἔν τε γὰρ τοῖς ἄλλοις οἷς ἔπραττον διεσφάλλοντο, καὶ τειχίσαντες ἐν τῇ χώρᾳ Λειψύδριον τὸ ὑπὲρ Πάρνηθος, εἰς ὃ συνεξῆλθόν τινες τῶν ἐκ τοῦ ἄστεως, ἐξεπολιορκήθησαν ὑπὸ τῶν τυράννων, ὅθεν ὕστερον μετὰ ταύτην τὴν συμφορὰν ᾖδον ἐν τοῖς σκολιοῖς 〚αἰεί〛·

αἰαῖ Λειψύδριον προδωσέταιρον,
οἵους ἄνδρας ἀπώλεσας, μάχεσθαι
ἀγαθούς τε καὶ εὐπατρίδας,
οἳ τότ´ ἔδειξαν οἵων πατέρων ἔσαν.

ἀποτυγχάνοντες οὖν ἐν ἅπασι τοῖς ἄλλοις, ἐμισθώσαντο τὸν ἐν Δελφοῖς νεὼν οἰκοδομεῖν, ὅθεν εὐπόρησαν χρημάτων πρὸς τὴν τῶν Λακώνων βοήθειαν. ἡ δὲ Πυθία προέφερεν αἰεὶ τοῖς Λακεδαιμονίοις χρηστηριαζομένοις ἐλευθεροῦν τὰς Ἀθήνας, εἰς τοῦθ´ ἕως προύτρεψε τοὺς Σπαρτιάτας, καίπερ ὄντων ξένων αὐτοῖς τῶν Πεισιστρατιδῶν· συνεβάλλετο δὲ οὐκ ἐλάττω μοῖραν τῆς ὁρμῆς τοῖς Λάκωσιν ἡ πρὸς τοὺς Ἀργείους τοῖς Πεισιστρατίδαις ὑπάρχουσα φιλία. τὸ μὲν οὖν πρῶτον Ἀγχίμολον ἀπέστειλαν κατὰ θάλατταν ἔχοντα στρατιάν· ἡττηθέντος δ´ αὐτοῦ καὶ τελευτήσαντος, διὰ τὸ Κινέαν βοηθῆσαι τὸν Θετταλὸν ἔχοντα χιλίους ἱππεῖς, προσοργισθέντες τῷ γενομένῳ, Κλεομένην ἐξέπεμψαν τὸν βασιλέα στόλον ἔχοντα μείζω κατὰ γῆν, ὃς ἐπεὶ τοὺς τῶν Θετταλῶν ἱππεῖς ἐνίκησεν, κωλύοντας αὐτὸν εἰς τὴν Ἀττικὴν παριέναι, κατακλείσας τὸν Ἱππίαν εἰς τὸ καλούμενον Πελαργικὸν τεῖχος, ἐπολιόρκει μετὰ τῶν Ἀθηναίων. προσκαθημένου δ´ αὐτοῦ, συνέπεσεν ὑπεξιόντας ἁλῶναι τοὺς τῶν Πεισιστρατιδῶν υἱεῖς. ὧν ληφθέντων ὁμολογίαν ἐπὶ τῇ τῶν παίδων σωτηρίᾳ ποιησάμενοι, καὶ τὰ ἑαυτῶν ἐν πένθ´ ἡμέραις ἐκκομισάμενοι, παρέδωκαν τὴν ἀκρόπολιν τοῖς Ἀθηναίοις ἐπὶ Ἁρπακτίδου ἄρχοντος, κατασχόντες τὴν τυραννίδα μετὰ τὴν τοῦ πατρὸς τελευτὴν ἔτη μάλιστα ἑπτακαίδεκα,  τὰ δὲ σύμπαντα σὺν οἷς ὁ πατὴρ ἦρξεν ἑνὸς δεῖ πεντήκοντα.
 

CHAPITRE XVIII

LES PISISTRATIDES

Complot d'Harmodios et d'Aristogiton

Le pouvoir revint, par droit de naissance et d'aînesse, à Hipparque et à Hippias. Hippias, l'aîné, ayant naturellement le goût des affaires publiques, et d'un caractère sérieux, prit en main le gouvernement. Hipparque était d'un caractère jeune, amoureux, ami des muses ; ce fut lui qui appela à Athènes Anacréon, Simonide, et les autres poètes; Thettalos, beaucoup plus jeune, avait une conduite hardie et violente. C'est lui qui fut l'origine de tous leurs malheurs.

Il s'éprit d'Harmodios, et ne fut point payé de retour. Au lieu de contenir sa nature violente, il laissa paraître son ressentiment, surtout dans cette dernière occasion. La sœur d'Harmodios devait être canéphore aux Panathénées : il l'en empêcha, en traitant outrageusement Harmodios de débauché. Exaspérés, Harmodios et Aristogiton s'unirent avec un grand nombre de citoyens pour tenter ce que l'on sait. Le jour de la fête venu, ils épiaient, à l'Acropole, Hippias qui s'apprêtait à recevoir la procession qu'Hipparque ordonnait dans la cité, quand ils virent un de leurs complices s'entretenir familièrement avec Hippias : se croyant trahis, et voulant frapper au moins un coup avant d'être pris, ils s'élancèrent seuls tous les deux, trop tôt, rencontrèrent Hipparque près du Léocoreion, où il organisait la procession, et le tuèrent. Ainsi, par leur faute, échoua toute l'entreprise. Harmodios périt aussitôt, tué par les gardes ; Aristogiton, pris seulement plus tard, subit avant de mourir une longue torture. Au milieu des tourments, il accusa beaucoup d'hommes de naissance illustre, et amis des tyrans. Ceux-ci ne purent sur le moment saisir aucune trace du complot ; et il est faux que - comme on l'a dit - Hippias ait fait enlever leurs armes aux gens de la procession, et ainsi pris sur le fait ceux qui portaient des poignards, car alors la procession ne se faisait pas en armes : c'est plus tard que cet usage fut établi par la démocratie. Pour Harmodios, disent les partisans de la démocratie, s'il accusait ainsi les amis des tyrans, c'était à dessein, pour faire commettre à ceux-ci une impiété et les affaiblir par l'exécution d'innocents qui étaient leurs amis : selon d'autres, il n'inventait rien, et dénonçait réellement ses complices. A la fin, comme tous ses efforts ne pouvaient lui procurer la mort, il annonça qu'il allait dénoncer encore beaucoup d'autres complices, et persuada à Hippias de lui donner la main en signe de sa foi. Quand il la tint, il insulta le tyran, qui donnait la main au meurtrier de son frère, et l'exaspéra au point que, de colère, celui-ci ne se contint plus, tira son épée et le tua.

CHAPITRE XIX

LES PISISTRATIDES (FIN)

Tyrannie d'Hippias. Sa chute.

Dès lors sa tyrannie devint de plus en plus dure. Pour venger son frère il mit à mort nombre de citoyens, en chassa beaucoup d'autres : tous le prirent en défiance et en haine. (511 a. C. n.) Trois ans après le meurtre d'Hipparque, ne se sentant plus en sûreté dans la ville, il entreprit de fortifier Munichie, où il comptait s'établir. Les travaux étaient commencés quand il fut chassé par Cléomène, roi de Sparte. Les oracles avaient toujours dit qu'il appartiendrait aux Lacédémoniens de renverser la tyrannie, et voici comment : les proscrits, à la tête desquels étaient les Alcméonides, ne pouvaient point, avec leurs seules forces, parvenir à rentrer ; ils échouaient toujours. Toutes leurs tentatives avaient été vaines : ils avaient par exemple fortifié Leipsydrion, au-delà du Parnés, et quelques Athéniens étaient venus de la ville s'y joindre à eux. Mais les tyrans les y assiégèrent et les en délogèrent, et c'est en souvenir de cet échec que longtemps après on chantait encore dans les scolies : Maudit Leipsydrion, traître aux amis ! Quels hommes tu as fait périr, braves au combat, et de noble race, qui prouvèrent alors de quels pères ils étaient les fils!

C'est après avoir échoué dans tous leurs desseins qu'ils passèrent marché pour la reconstruction du temple de Delphes ; ce qui leur permit, avec les grandes richesses dont ils disposaient, de s'assurer l'alliance de Sparte. Toutes les fois en effet qu'un Lacédémonien venait consulter l'oracle, la Pythie lui enjoignait de délivrer Athènes; elle finit par décider les Spartiates, en dépit des liens d'hospitalité qui les unissaient aux Pisistratides. Aussi bien les relations d'amitié des Pisistratides avec les Argiens ne contribuèrent pas peu à pousser les Lacédémoniens. Ils envoyèrent donc, par mer, une première armée commandée par Anchimolos ; mais le Thessalien Kinéas vint avec mille cavaliers au secours des Pisistratides, et Anchimolos fut vaincu et tué. Irrités de cet échec, les Lacédémo­niens envoyèrent le roi Cléomène avec une armée plus forte, et par terre. Les cavaliers thessaliens s'opposèrent en vain à l'entrée de ses troupes en Attique : Cléomène les défit, enferma Hippias dans l'enceinte appelée Pélargicon, et l'y assiégea avec l'aide des Athéniens. Cléomène était encore là quand les fils des Pisistratides, qui cherchaient à s'enfuir, furent faits prisonniers. Les tyrans traitèrent aussitôt à la condition que leurs enfants auraient la vie sauve. Ils prirent cinq jours pour enlever tout ce qui leur appartenait, puis ils livrèrent l'Acropole aux Athéniens, sous l'archontat d'Harpagidès (511 a. C. n.). Il y avait juste dix-sept ans, depuis la mort de leur père, qu'ils exerçaient la tyrannie ; en tout, c'est-à-dire en comptant les années de Pisistrate, la tyrannie avait duré quarante-neuf ans.

 

XX.

Καταλυθείσης δὲ τῆς τυραννίδος, ἐστασίαζον πρὸς ἀλλήλους Ἰσαγόρας ὁ Τεισάνδρου φίλος ὢν τῶν τυράννων, καὶ Κλεισθένης τοῦ γένους ὢν τῶν Ἀλκμεωνιδῶν. ἡττώμενος δὲ ταῖς ἑταιρείαις ὁ Κλεισθένης, προσηγάγετο τὸν δῆμον, ἀποδιδοὺς τῷ πλήθει τὴν πολιτείαν. ὁ δὲ Ἰσαγόρας ἐπιλειπόμενος τῇ δυνάμει, πάλιν ἐπικαλεσάμενος τὸν Κλεομένην ὄντα ἑαυτῷ ξένον, συνέπεισεν ἐλαύνειν τὸ ἅγος, διὰ τὸ τοὺς Ἀλκμεωνίδας δοκεῖν εἶναι τῶν ἐναγῶν. ὑπεξελθόντος δὲ τοῦ Κλεισθένους, 〈ἀφικόμενος ὁ Κλεομένης〉 μετ´ ὀλίγων, ἡγηλάτει τῶν Ἀθηναίων ἑπτακοσίας οἰκίας. ταῦτα δὲ διαπραξάμενος, τὴν μὲν βουλὴν ἐπειρᾶτο καταλύειν, Ἰσαγόραν δὲ καὶ τριακοσίους τῶν φίλων μετ´ αὐτοῦ κυρίους καθιστάναι τῆς πόλεως. τῆς δὲ βουλῆς ἀντιστάσης καὶ συναθροισθέντος τοῦ πλήθους, οἱ μὲν περὶ τὸν Κλεομένην καὶ Ἰσαγόραν κατέφυγον εἰς τὴν ἀκρόπολιν, ὁ δὲ δῆμος δύο μὲν ἡμέρας προσκαθεζόμενος ἐπολιόρκει, τῇ δὲ τρίτῃ Κλεομένην μὲν καὶ τοὺς μετ´ αὐτοῦ πάντας ἀφεῖσαν ὑποσπόνδους, Κλεισθένην δὲ καὶ τοὺς ἄλλους φυγάδας μετεπέμψαντο.

κατασχόντος δὲ τοῦ δήμου τὰ πράγματα, Κλεισθένης ἡγεμὼν ἦν καὶ τοῦ δήμου προστάτης. αἰτιώτατοι γὰρ σχεδὸν ἐγένοντο τῆς ἐκβολῆς τῶν τυράννων οἱ Ἀλκμεωνίδαι, καὶ στασιάζοντες τὰ πολλὰ  διετέλεσαν. ἔτι δὲ πρότερον τῶν Ἀλκμεωνιδῶν Κήδων ἐπέθετο τοῖς τυράννοις, διὸ καὶ ᾖδον καὶ εἰς τοῦτον ἐν τοῖς σκολιοῖς·

ἔγχει καὶ Κήδωνι, διάκονε, μηδ´ ἐπιλήθου,
εἰ χρὴ τοῖς ἀγαθοῖς ἀνδράσιν οἰνοχοεῖν.

XXI.

Διὰ μὲν οὖν ταύτας τὰς αἰτίας ἐπίστευεν ὁ δῆμος τῷ Κλεισθένει. τότε δὲ τοῦ πλήθους προεστηκώς, ἔτει τετάρτῳ μετὰ τὴν τῶν τυράννων κατάλυσιν, ἐπὶ Ἰσαγόρου ἄρχοντος, πρῶτον μὲν συνένειμε πάντας εἰς δέκα φυλὰς ἀντὶ τῶν τεττάρων, ἀναμεῖξαι βουλόμενος, ὅπως μετάσχωσι πλείους τῆς πολιτείας· ὅθεν ἐλέχθη καὶ τὸ μὴ φυλοκρινεῖν, πρὸς τοὺς ἐξετάζειν τὰ γένη βουλομένους. ἔπειτα τὴν βουλὴν πεντακοσίους ἀντὶ τετρακοσίων κατέστησεν, πεντήκοντα ἐξ ἑκάστης φυλῆς. τότε δ´ ἦσαν ἑκατόν. διὰ τοῦτο δὲ οὐκ εἰς δώδεκα φυλὰς συνέταξεν, ὅπως αὐτῷ μὴ συμβαίνῃ μερίζειν πρὸς τὰς προϋπαρχούσας τριττῦς. ἦσαν γὰρ ἐκ δʹ φυλῶν δώδεκα τριττύες, ὥστ´ οὐ συνέπιπτεν 〈ἂν〉 ἀναμίσγεσθαι τὸ πλῆθος.

διένειμε δὲ καὶ τὴν χώραν κατὰ δήμους τριάκοντα μέρη, δέκα μὲν τῶν περὶ τὸ ἄστυ, δέκα δὲ τῆς παραλίας, δέκα δὲ τῆς μεσογείου, καὶ ταύτας ἐπονομάσας τριττῦς, ἐκλήρωσεν τρεῖς εἰς τὴν φυλὴν ἑκάστην, ὅπως ἑκάστη μετέχῃ πάντων τῶν τόπων. καὶ δημότας ἐποίησεν ἀλλήλων τοὺς οἰκοῦντας ἐν ἑκάστῳ τῶν δήμων, ἵνα μὴ πατρόθεν προσαγορεύοντες ἐξελέγχωσιν τοὺς νεοπολίτας, ἀλλὰ τῶν δήμων ἀναγορεύωσιν. ὅθεν καὶ καλοῦσιν Ἀθηναῖοι σφᾶς αὐτοὺς τῶν δήμων. κατέστησε δὲ καὶ δημάρχους, τὴν αὐτὴν ἔχοντας ἐπιμέλειαν τοῖς πρότερον ναυκράροις. καὶ γὰρ τοὺς δήμους ἀντὶ τῶν ναυκραριῶν ἐποίησεν. προσηγόρευσε δὲ τῶν δήμων τοὺς μὲν ἀπὸ τῶν τόπων, τοὺς δὲ ἀπὸ τῶν κτισάντων· οὐ γὰρ ἅπαντες ὑπῆρχον ἐν τοῖς τόποις. τὰ δὲ γένη καὶ τὰς φρατρίας καὶ τὰς ἱερωσύνας εἴασεν ἔχειν ἑκάστους κατὰ τὰ πάτρια.

ταῖς δὲ φυλαῖς ἐποίησεν ἐπωνύμους ἐκ τῶν προκριθέντων ἑκατὸν ἀρχηγετῶν, οὓς ἀνεῖλεν ἡ Πυθία δέκα.

XXII.

Τούτων δὲ γενομένων δημοτικωτέρα πολὺ τῆς Σόλωνος ἐγένετο ἡ πολιτεία. καὶ γὰρ συνέβη τοὺς μὲν Σόλωνος νόμους ἀφανίσαι τὴν τυραννίδα διὰ τὸ μὴ χρῆσθαι, καινοὺς δ´ ἄλλους θεῖναι τὸν Κλεισθένη στοχαζόμενον τοῦ πλήθους, ἐν οἷς ἐτέθη καὶ ὁ περὶ τοῦ ὀστρακισμοῦ νόμος. πρῶτον μὲν οὖν ἔτει πέμπτῳ μετὰ ταύτην τὴν κατάστασιν, ἐφ´ Ἑρμοκρέοντος ἄρχοντος, τῇ βουλῇ τοῖς πεντακοσίοις τὸν ὅρκον ἐποίησαν, ὃν ἔτι καὶ νῦν ὀμνύουσιν. ἔπειτα τοὺς στρατηγοὺς ᾑροῦντο κατὰ φυλάς, ἐξ ἑκάστης φυλῆς ἕνα, τῆς δὲ ἁπάσης στρατιᾶς ἡγεμὼν ἦν ὁ πολέμαρχος.

ἔτει δὲ μετὰ ταῦτα δωδεκάτῳ νικήσαντες τὴν ἐν Μαραθῶνι μάχην, ἐπὶ Φαινίππου ἄρχοντος, διαλιπόντες ἔτη δύο μετὰ τὴν νίκην, θαρροῦντος ἤδη τοῦ δήμου, τότε πρῶτον ἐχρήσαντο τῷ νόμῳ τῷ περὶ τὸν ὀστρακισμόν, ὃς ἐτέθη διὰ τὴν ὑποψίαν τῶν ἐν ταῖς δυνάμεσιν, ὅτι Πεισίστρατος δημαγωγὸς καὶ στρατηγὸς ὢν τύραννος κατέστη. καὶ πρῶτος ὠστρακίσθη τῶν ἐκείνου συγγενῶν Ἵππαρχος Χάρμου Κολλυτεύς, δι´ ὃν καὶ μάλιστα τὸν νόμον ἔθηκεν ὁ Κλεισθένης, ἐξελάσαι βουλόμενος αὐτόν. οἱ γὰρ Ἀθηναῖοι τοὺς τῶν τυράννων φίλους, ὅσοι μὴ συνεξαμαρτάνοιεν ἐν ταῖς ταραχαῖς, εἴων οἰκεῖν τὴν πόλιν, χρώμενοι τῇ εἰωθυίᾳ τοῦ δήμου πρᾳότητι· ὧν ἡγεμὼν καὶ προστάτης ἦν Ἵππαρχος.

εὐθὺς δὲ τῷ ὑστέρῳ ἔτει, ἐπὶ Τελεσίνου ἄρχοντος, ἐκυάμευσαν τοὺς ἐννέα ἄρχοντας κατὰ φυλὰς ἐκ τῶν προκριθέντων ὑπὸ τῶν δήμων πεντακοσίων, τότε μετὰ τὴν τυραννίδα πρῶτον. οἱ δὲ πρότεροι πάντες ἦσαν αἱρετοί. καὶ ὠστρακίσθη Μεγακλῆς Ἱπποκράτους Ἀλωπεκῆθεν. ἐπὶ μὲν οὖν ἔτη γʹ τοὺς τῶν τυράννων φίλους ὠστράκιζον, ὧν χάριν ὁ νόμος ἐτέθη, μετὰ δὲ ταῦτα τῷ τετάρτῳ ἔτει καὶ τῶν ἄλλων εἴ τις δοκοίη μείζων εἶναι μεθίσταντο· καὶ πρῶτος ὠστρακίσθη τῶν ἄπωθεν τῆς τυραννίδος Ξάνθιππος ὁ Ἀρίφρονος. ἔτει δὲ τρίτῳ μετὰ ταῦτα Νικοδήμου ἄρχοντος, ὡς ἐφάνη τὰ μέταλλα τὰ ἐν Μαρωνείᾳ, καὶ περιεγένετο τῇ πόλει τάλαντα ἑκατὸν ἐκ τῶν ἔργων, συμβουλευόντων τινῶν τῷ δήμῳ διανείμασθαι τὸ ἀργύριον, Θεμιστοκλῆς ἐκώλυσεν, οὐ λέγων ὅ τι χρήσεται τοῖς χρήμασιν, ἀλλὰ δανεῖσαι κελεύων τοῖς πλουσιωτάτοις Ἀθηναίων ἑκατὸν ἑκάστῳ τάλαντον, εἶτ´ ἐὰν μὲν ἀρέσκῃ τὸ ἀνάλωμα, τῆς πόλεως εἶναι τὴν δαπάνην, εἰ δὲ μή, κομίσασθαι τὰ χρήματα παρὰ τῶν δανεισαμένων. λαβὼν δ´ ἐπὶ τούτοις ἐναυπηγήσατο τριήρεις ἑκατόν, ἑκάστου ναυπηγουμένου τῶν ἑκατὸν μίαν, αἷς ἐναυμάχησαν ἐν Σαλαμῖνι πρὸς τοὺς βαρβάρους. ὠστρακίσθη δ´ ἐν τούτοις τοῖς καιροῖς Ἀριστείδης ὁ Λυσιμάχου. τετάρτῳ δ´ ἔτει κατεδέξαντο πάντας τοὺς ὠστρακισμένους ἄρχοντος Ὑψηχίδου, διὰ τὴν Ξέρξου στρατείαν· καὶ τὸ λοιπὸν ὥρισαν τοῖς ὀστρακιζομένοις, ἐντὸς Γεραιστοῦ καὶ Σκυλλαίου κατοικεῖν, ἢ ἀτίμους εἶναι καθάπαξ.
 

CHAPITRE XX

État des partis après l'expulsion des tyrans

Aussitôt après le renversement de la tyrannie, éclata la rivalité d'Isagoras, fils de Teisandros et ami des tyrans, et de Clisthène, de la famille des Alcméonides. Impuissant contre les associations politiques, celui-ci se concilia le peuple, en s'efforçant de donner le gouvernement au plus grand nombre, et son influence l'emporta sur celle de son rival. Alors Isagoras appela de nouveau Cléomène, qui avait avec lui des relations: d'hospitalité, et lui persuada de chasser la souillure ; on croyait encore que les Alcméonides en étaient entachés. Clisthène se déroba par la fuite, suivi d'un petit nombre d'hommes, et Cléomène exila sept cents familles athéniennes. Il essaya alors de dissoudre le Conseil et de donner le pouvoir à Isagoras et à trois cents de ses amis. Mais le Conseil résista, le peuple rassembla, ses forces, et Cléomène, Isagoras et leurs partisans durent se réfugier dans l'Acropole. Le peuple l'investit et l'assiégea deux jours durant : le troisième il laissa sortir, en vertu d'une trêve, Cléomène et tous ses partisans ; en même temps il rappela Clisthène et les proscrits.

Quand le peuple eut ainsi repris le pouvoir, il se laissa diriger par Clisthène, digne chef du parti populaire : en effet, c'était surtout aux Alcméonides qu'on devait l'expulsion des tyrans, et ils avaient constamment entretenu les troubles. Déjà, avant les Alcméonides, Kédon avait fait une tentative contre les tyrans : aussi chantait-on en son honneur dans les chansons à boire : Verse aussi en l'honneur de Kédon, esclave, et garde-toi de l'oublier, si lu dois verser une rasade en l'honneur de tous les braves.

CHAPITRE XXI

V. - ÉPOQUE DE CLISTHÈNE

Développement des institutions démocratiques de Solon. Tribus et dèmes.

C'est pour ces raisons que le peuple accorda sa confiance à Clisthène. Ayant pris la tête du parti populaire, Clisthène fit ses réformes sous l'archontat d'Isagoras, trois ans après le renversement des tyrans (508 a. C. n.).Il commença par répartir les Athéniens dans dix tribus. Jusque-là, il n'y en avait eu que quatre ; mais Clisthène voulait mêler davantage les citoyens les uns aux autres et faire participer un plus grand nombre d'hommes à la vie politique. De là cette phrase qu'on adressa dans la suite à ceux qui voulaient réviser les listes des membres des familles : Ne vous occupez pas des tribus ! Il porta le nombre des Conseillers de quatre cents à cinq cents, cinquante par tribu. Auparavant chaque tribu fournissait cent Conseillers. S'il ne répartit pas les citoyens en douze tribus, c'était pour ne pas retomber dans les divisions déjà existantes des trittyes (les quatre tribus étaient en effet divisées en douze trittyes) : le peuple ne s'y serait pas suffisamment confondu.

Le sol, qu'il divisa par dèmes, fut distribué en trente parties, dix dans les environs de la ville, dix dans la paralie et dix dans la mésogée ; et ces parties, qu'il appela trittyes, furent assignées par le sort aux dix tribus, à raison de trois par tribu, si bien que chacune des tribus tenait à toutes les contrées de l'Attique. Les habitants de chaque dème formèrent entre eux un groupe de démotes, et pour que l'appellation patronymique ne pût trahir les nouveaux citoyens, on ne se servit plus, pour désigner les citoyens, que du nom du dème : l'usage du démotique à Athènes date de cette époque. Clisthène attribua aux démarques les mêmes fonctions qu'exerçaient autre fois les naucrares : les dèmes remplacèrent en effet les naucraries. Pour les noms des dèmes, il les emprunta soit aux lieux qu'ils occupaient, soit aux personnes qui avaient fondé le bourg : car nombre de lieux n'avaient pas de nom.

Quant aux familles, aux phratries et aux sacerdoces, il les laissa tous subsister, respectant la tradition. Les dix tribus reçurent les noms de dix éponymes, que la Pythie désigna parmi les cent héros choisis à l'avance.

CHAPITRE XXII

CLISTHENE (Fin)

Caractère démocratique des réformes de Clisthène. L'Ostracisme.

Après ces réformes la constitution fut beaucoup plus démocratique que celle de Solon. Il se trouvait en effet que les tyrans, en ne les appliquant pas, avaient comme abrogé les lois de Solon et que Clisthène en avait établi de nouvelles, où il se montrait préoccupé de gagner la foule : du nombre était la loi sur l'ostracisme.(504 a. C. n) D'abord, quatre ans (?) après que ces lois eurent été instituées, sous l'archontat d'Hermocréon (501 a. C. n.), fut imposé au Conseil des Cinq Cents le serment qu'il prête encore aujourd'hui. Ensuite on élut les stratèges par tribus, un par tribu; le polémarque avait encore le commandement de toute l'armée.

Onze ans après les Athéniens furent vainqueurs à Marathon, sous l'archontat de Phaenippos (490 a. C. n.). Le peuple, que cette victoire avait enhardi, laissa pourtant passer deux années encore avant d'appliquer pour la première fois la loi sur l'ostracisme (488 a. C. n.). Elle avait été portée par défiance contre les chefs de parti trop puissants : on se souvenait que Pisistrate était chef du peuple et à la tète de l'armée, quand il avait établi sa tyrannie. C'est un de ses parents qui fut le premier frappé, Hipparque, fils de Charmos, de Collytos : Clisthène l'avait surtout visé en instituant cette loi et voulait le proscrire. Les Athéniens, en effet, avec la douceur de leur caractère, avaient laissé les amis des tyrans vivre tranquillement dans la ville, ceux du moins qui, lors des troubles, n'avaient pas participé a leurs excès : ils avaient à leur tête et pour chef Hipparque.

L'année suivante (487 a. C. n.), sous l'archontat de Télésinos, les neuf archontes furent tirés au sort, par tribu, parmi les citoyens de la classe des pentacosiomédimnes, que le peuple avait préalablement désignés. C'était la première fois depuis la tyrannie : jusque-là tous les archontes avaient été élus. La même année, Mégaclès, fils d'Hippocratès, d'Alopéké, fut frappé d'ostracisme. On frappa, trois années encore, les seuls amis des tyrans, contre lesquels la loi avait été dirigée ; la quatrième année (485 a. C. n.), on commença à exiler tout citoyen des autres partis, qui paraissait trop puissant. Le premier frappé, en dehors du parti des tyrans, fut Xanthippos, fils d'Ariphron.
Deux ans après, sous l'archontat de Nicomédès (483 a. C. n.), les mines de Maronéia furent découvertes, et l'exploitation eut bientôt rapporté cent talents à l'État. Quelques-uns proposaient de distribuer cet argent au peuple ; Thémistocle s'y opposa, et, sans dire l'emploi qu'il comptait faire de cette somme, il conseilla de la prêter aux cent plus riches Athéniens, à raison d'un talent à chacun. Si le peuple approuvait l'emploi, la dépense serait portée au compte de la ville ; sinon les emprunteurs devraient restituer l'argent. A ces conditions, il obtint de disposer de la somme, et fit construire une trière à chacun des cent : c'est avec cette flotte que les Athéniens combattirent les Barbares à Salamine. Vers le même temps, Aristide, fils de Lysimaque, fut frappé d'ostracisme. Trois ans après, sous l'archontat d'Hypséchidès (481 a. C. n) et à l'occasion de l'expédition de Xerxès, tous ceux qui avaient été frappés d'ostracisme furent rappelés, et on établit, pour l'avenir, que tout citoyen frappé d'ostracisme devait habiter entre le promontoire Géraestos et le cap Skyllaeon, comme limites extrêmes, sous peine d'encourir la déchéance définitive de tous droits politiques.


 

XXIII.

Τότε μὲν οὖν μέχρι τούτου προῆλθεν ἡ πόλις, ἅμα τῇ δημοκρατίᾳ κατὰ μικρὸν αὐξανομένη· μετὰ δὲ τὰ Μηδικὰ πάλιν ἴσχυσεν ἡ ἐν Ἀρείῳ πάγῳ βουλὴ καὶ διῴκει τὴν πόλιν, οὐδενὶ δόγματι λαβοῦσα τὴν ἡγεμονίαν, ἀλλὰ διὰ τὸ γενέσθαι τῆς περὶ Σαλαμῖνα ναυμαχίας αἰτία. τῶν γὰρ στρατηγῶν ἐξαπορησάντων τοῖς πράγμασι, καὶ κηρυξάντων σῴζειν ἕκαστον ἑαυτόν, πορίσασα δραχμὰς ἑκάστῳ ὀκτὼ διέδωκε καὶ ἐνεβίβασεν εἰς τὰς ναῦς. διὰ ταύτην δὴ τὴν αἰτίαν παρεχώρουν αὐτῆς τῷ ἀξιώματι, καὶ ἐπολιτεύθησαν Ἀθηναῖοι καλῶς καὶ κατὰ τούτους τοὺς καιρούς. συνέβη γὰρ αὐτοῖς κατὰ τὸν χρόνον τοῦτον τά τε περὶ τὸν πόλεμον ἀσκῆσαι, καὶ παρὰ τοῖς Ἕλλησιν εὐδοκιμῆσαι, καὶ τὴν τῆς θαλάττης ἡγεμονίαν λαβεῖν, ἀκόντων Λακεδαιμονίων.

ἦσαν δὲ προστάται τοῦ δήμου κατὰ τούτους τοὺς καιροὺς Ἀριστείδης ὁ Λυσιμάχου καὶ Θεμιστοκλῆς ὁ Νεοκλέους, ὁ μὲν τὰ πολέμια δοκῶν, ὁ δὲ τὰ πολιτικὰ δεινὸς εἶναι καὶ δικαιοσύνῃ τῶν καθ´ ἑαυτὸν διαφέρειν· διὸ καὶ ἐχρῶντο τῷ μὲν στρατηγῷ, τῷ δὲ συμβούλῳ. τὴν μὲν οὖν τῶν τειχῶν ἀνοικοδόμησιν κοινῇ διῴκησαν, καίπερ διαφερόμενοι πρὸς ἀλλήλους, ἐπὶ δὲ τὴν ἀπόστασιν τὴν τῶν Ἰώνων ἀπὸ τῆς τῶν Λακεδαιμονίων συμμαχίας Ἀριστείδης ἦν ὁ προτρέψας, τηρήσας τοὺς Λάκωνας διαβεβλημένους διὰ Παυσανίαν. διὸ καὶ τοὺς φόρους οὗτος ἦν ὁ τάξας ταῖς πόλεσιν τοὺς πρώτους, ἔτει τρίτῳ μετὰ τὴν ἐν Σαλαμῖνι ναυμαχίαν, ἐπὶ Τιμοσθένους ἄρχοντος, καὶ τοὺς ὅρκους ὤμοσεν τοῖς Ἴωςιν, ‖ ὥστε τὸν αὐτὸν ἐχθρὸν εἶναι καὶ φίλον, ἐφ´ οἷς καὶ τοὺς μύδρους ἐν τῷ πελάγει καθεῖσαν.

XXIV.

 Μετὰ δὲ ταῦτα θαρρούσης ἤδη τῆς πόλεως, καὶ χρημάτων ἡθροισμένων πολλῶν, συνεβούλευεν ἀντιλαμβάνεσθαι τῆς ἡγεμονίας, καὶ καταβάντας ἐκ τῶν ἀγρῶν οἰκεῖν ἐν τῷ ἄστει· τροφὴν γὰρ ἔσεσθαι πᾶσι, τοῖς μὲν στρατευομένοις, τοῖς δὲ φρουροῦσι, τοῖς δὲ τὰ κοινὰ πράττουσι· εἶθ´ οὕτω κατασχήσειν τὴν ἡγεμονίαν. πεισθέντες δὲ ταῦτα καὶ λαβόντες τὴν ἀρχὴν τοῖς τε συμμάχοις δεσποτικωτέρως ἐχρῶντο, πλὴν Χίων καὶ Λεσβίων καὶ Σαμίων· (τούτους δὲ φύλακας εἶχον τῆς ἀρχῆς, ἐῶντες τάς τε πολιτείας παρ´ αὐτοῖς καὶ ἄρχειν ὧν ἔτυχον ἄρχοντες.)

κατέστησαν δὲ καὶ τοῖς πολλοῖς εὐπορίαν τροφῆς, ὥσπερ Ἀριστείδης εἰσηγήσατο. συνέβαινεν γὰρ ἀπὸ τῶν φόρων καὶ τῶν τελῶν καὶ τῶν συμμάχων πλείους ἢ δισμυρίους ἄνδρας τρέφεσθαι. δικασταὶ μὲν γὰρ ἦσαν ἑξακισχίλιοι, τοξόται δ´ ἑξακόσιοι καὶ χίλιοι, καὶ πρὸς τούτοις ἱππεῖς χίλιοι καὶ διακόσιοι, βουλὴ δὲ πεντακόσιοι, καὶ φρουροὶ νεωρίων πεντακόσιοι, καὶ πρὸς τούτοις ἐν τῇ πόλει φρουροὶ νʹ, ἀρχαὶ δ´ ἔνδημοι μὲν εἰς ἑπτακοσίους ἄνδρας, ὑπερόριοι δ´ εἰς †ἑπτακοσίους· πρὸς δὲ τούτοις ἐπεὶ συνεστήσαντο τὸν πόλεμον ὕστερον, ὁπλῖται μὲν δισχίλιοι καὶ πεντακόσιοι, νῆες δὲ φρουρίδες εἴκοσι, ἄλλαι δὲ νῆες αἱ τοὺς φόρους ἄγουσαι ** τοὺς ἀπὸ τοῦ κυάμου δισχιλίους ἄνδρας. ἔτι δὲ πρυτανεῖον καὶ ὀρφανοὶ καὶ δεσμωτῶν  φύλακες· ἅπασι γὰρ τούτοις ἀπὸ τῶν κοινῶν ἡ διοίκησις ἦν.

XXV.

Ἡ μὲν οὖν τροφὴ τῷ δήμῳ διὰ τούτων ἐγίγνετο. ἔτη δὲ ἑπτακαίδεκα μάλιστα μετὰ τὰ Μηδικὰ διέμεινεν ἡ πολιτεία προεστώτων τῶν Ἀρεοπαγιτῶν, καίπερ ὑποφερομένη κατὰ μικρόν. αὐξανομένου δὲ τοῦ πλήθους, γενόμενος τοῦ δήμου προστάτης Ἐφιάλτης ὁ Σοφωνίδου, δοκῶν καὶ ἀδωροδόκητος εἶναι καὶ δίκαιος πρὸς τὴν πολιτείαν, ἐπέθετο τῇ βουλῇ. καὶ πρῶτον μὲν ἀνεῖλεν πολλοὺς τῶν Ἀρεοπαγιτῶν, ἀγῶνας ἐπιφέρων περὶ τῶν διῳκημένων. ἔπειτα τῆς βουλῆς ἐπὶ Κόνωνος ἄρχοντος ἅπαντα περιεῖλε τὰ ἐπίθετα δι´ ὧν ἦν ἡ τῆς πολιτείας φυλακή, καὶ τὰ μὲν τοῖς πεντακοσίοις, τὰ δὲ τῷ δήμῳ καὶ τοῖς δικαστηρίοις ἀπέδωκεν. ἔπραξε δὲ ταῦτα συναιτίου γενομένου Θεμιστοκλέους, ὃς ἦν μὲν τῶν Ἀρεοπαγιτῶν, ἔμελλε δὲ κρίνεσθαι μηδισμοῦ. βουλόμενος δὲ καταλυθῆναι τὴν βουλὴν ὁ Θεμιστοκλῆς πρὸς μὲν τὸν Ἐφιάλτην ἔλεγεν ὅτι συναρπάζειν αὐτὸν ἡ βουλὴ μέλλει, πρὸς δὲ τοὺς Ἀρεοπαγίτας, ὅτι δείξει τινὰς συνισταμένους ἐπὶ καταλύσει τῆς πολιτείας. ἀγαγὼν δὲ τοὺς αἱρεθέντας τῆς βουλῆς οὗ διέτριβεν ὁ Ἐφιάλτης, ἵνα δείξῃ τοὺς ἀθροιζομένους, διελέγετο μετὰ σπουδῆς αὐτοῖς. ὁ δ´ Ἐφιάλτης ὡς εἶδεν καταπλαγείς, καθίζει μονοχίτων ἐπὶ τὸν βωμόν. θαυμασάντων δὲ πάντων τὸ γεγονός, καὶ μετὰ ταῦτα συναθροισθείσης τῆς βουλῆς τῶν πεντακοσίων, κατηγόρουν τῶν Ἀρεοπαγιτῶν ὅ τ´ Ἐφιάλτης καὶ 〈ὁ〉 Θεμιστοκλῆς, καὶ πάλιν ἐν τῷ δήμῳ τὸν αὐτὸν τρόπον, ἕως περιείλοντο αὐτῶν τὴν δύναμιν. καὶ *** ἀνῃρέθη δὲ καὶ ὁ Ἐφιάλτης δολοφονηθεὶς μετ´ οὐ πολὺν χρόνον δι´ Ἀριστοδίκου τοῦ Ταναγραίου.

 XXVI.

Ἡ μὲν οὖν τῶν Ἀρεοπαγιτῶν βουλὴ τοῦτον τὸν τρόπον ἀπεστερήθη τῆς ἐπιμελείας. μετὰ δὲ ταῦτα συνέβαινεν ἀνίεσθαι μᾶλλον τὴν πολιτείαν διὰ τοὺς προθύμως δημαγωγοῦντας. κατὰ γὰρ τοὺς καιροὺς τούτους συνέπεσε μηδ´ ἡγεμόνα ἔχειν τοὺς ἐπιεικεστέρους, ἀλλ´ αὐτῶν προεστάναι Κίμωνα τὸν Μιλτιάδου, †νεώτερον ὄντα καὶ πρὸς τὴν πόλιν ὀψὲ προσελθόντα, πρὸς δὲ τούτοις ἐφθάρθαι τοὺς πολλοὺς κατὰ πόλεμον. τῆς γὰρ στρατείας γιγνομένης ἐν τοῖς τότε χρόνοις ἐκ καταλόγου, καὶ στρατηγῶν ἐφισταμένων ἀπείρων μὲν τοῦ πολεμεῖν, τιμωμένων δὲ διὰ τὰς πατρικὰς δόξας, αἰεὶ συνέβαινεν τῶν ἐξιόντων ἀνὰ δισχιλίους ἢ τρισχιλίους ἀπόλλυσθαι, ὥστε ἀναλίσκεσθαι τοὺς ἐπιεικεῖς καὶ τοῦ δήμου καὶ τῶν εὐπόρων.

τὰ μὲν οὖν ἄλλα πάντα διῴκουν οὐχ ὁμοίως καὶ πρότερον τοῖς νόμοις προσέχοντες, τὴν δὲ τῶν ἐννέα ἀρχόντων αἵρεσιν οὐκ ἐκίνουν, ἀλλ´ ἕκτῳ ἔτει μετὰ τὸν Ἐφιάλτου θάνατον ἔγνωσαν καὶ ἐκ ζευγιτῶν προκρίνεσθαι τοὺς κληρωσομένους τῶν ἐννέα ἀρχόντων, καὶ πρῶτος ἦρξεν ἐξ αὐτῶν Μνησιθείδης.

οἱ δὲ πρὸ τούτου πάντες ἐξ ἱππέων καὶ πεντακοσιομεδίμνων ἦσαν (οἱ 〈δὲ〉 ζευγῖται τὰς ἐγκυκλίους ἦρχον), εἰ μή τι παρεωρᾶτο τῶν ἐν τοῖς νόμοις.

ἔτει δὲ πέμπτῳ μετὰ ταῦτα ἐπὶ Λυσικράτους ἄρχοντος οἱ τριάκοντα δικασταὶ κατέστησαν πάλιν οἱ καλούμενοι κατὰ δήμους. καὶ τρίτῳ μετὰ τοῦτον ἐπὶ Ἀντιδότου διὰ τὸ πλῆθος τῶν πολιτῶν Περικλέους εἰπόντος ἔγνωσαν μὴ μετέχειν τῆς πόλεως, ὃς ἂν μὴ ἐξ ἀμφοῖν ἀστοῖν ᾖ γεγονώς.

CHAPITRE XXIII

VI. - ÉPOQUE DE L'ARÉOPAGE

Progrès et sagesse de la Démocratie athénienne. - Aristide et Thémistocle.

C'est ainsi qu'Athènes continuait de grandir, se développant peu à peu en même temps que la démocratie. Après les guerres Médiques, le Sénat de l'Aréopage reprit de l'influence et gouverna la ville, sans tenir le pouvoir d'aucun décret, mais parce qu'on lui devait la bataille de Salamine. Alors que les stratèges avaient désespéré de la république et fait proclamer que chacun pourvût à son salut, l'Aréopage trouva des fonds, fit distribuer huit drachmes à tous les combattants et les embarqua sur les vaisseaux. Aussi cédèrent-ils à son prestige, et le régime d'Athènes fut dans ce temps digne d'éloges. Car c'est alors que les Athéniens acquirent l'expérience de la guerre, que la ville sut gagner une grande gloire dans la Grèce, et qu'elle conquit l'hégémonie maritime, que dut lui céder Lacédémone.

Les chefs du peuple en ce temps étaient Aristide, fils de Lysimaque, et Thémistocle, fils de Néoclès, l'un dont la place était à la tête des affaires militaires, l'autre qui avait la réputation d'un très habile politique, et, par son équité, s'élevait au-dessus de ses contemporains. Aussi, l'un fut-il le général, l'autre le conseiller politique d'Athènes. Ensemble ils dirigèrent la reconstruction des murs, quoiqu'ils fussent divisés entre eux. Ce fut Aristide qui entreprit de détacher les Ioniens de l'alliance de Sparte, et il épia le moment où la conduite de Pausanias avait rendu les Lacédémoniens odieux. Ce fut encore lui qui imposa aux villes alliées les premiers tributs, deux ans après la bataille de Salamine, sous l'archontat de Timosthénès (478 a. C. n.) ; et il fit prêter aux Ioniens le serment que désormais amis et ennemis seraient communs, en foi de quoi on jeta dans la mer des masses de fer rougies.

CHAPITRE XXIV

L'ARÉOPAGE (FIN)

Aristide attire les Athéniens dans la ville. - Dureté de l'hégémonie athénienne.

Ensuite comme Athènes s'était enhardie et que de grandes richesses y affluaient, Aristide conseilla aux citoyens de se saisir de l'hégémonie, et de quitter la campagne pour venir habiter à la ville. Tous y auraient leur subsistance, les uns en faisant la guerre, les autres en gardant la ville, d'autres en prenant part à l'administration des affaires publiques : ainsi, ils tiendraient solidement l'hégémonie. On l'en crut, et, prenant en mains le pouvoir suprême, Athènes fit sentir à ses alliés une domination plus tyrannique, sauf à Chios, Lesbos et Samos, qu'elle considérait comme les gardiens de son empire ; aussi laissa-t-elle intactes la constitution nationale de ces trois îles et l'autorité qu'elles avaient eue jusqu'alors sur leurs sujets.

En même temps, suivant la politique inaugurée par Aristide, on assura à la multitude largement sa subsistance. Il arriva que par les contributions extraordinaires, par les droits et impôts, par les alliés, plus de vingt mille hommes étaient nourris. Il y avait en effet six mille juges, mille six cents archers et en outre douze cents cavaliers ; le Conseil comptait cinq cents membres, les gardes des arsenaux étaient au nombre de cinq cents, et les gardes en ville au nombre de cinquante ; environ sept cents hommes exerçaient des magistratures dans le pays; environ autant, en dehors du pays. Plus tard, quand Athènes eut entrepris la guerre, il y eut deux mille cinq cents hoplites, vingt vaisseaux croiseurs, d'autres vaisseaux pour la perception des tributs ayant à bord les deux mille hommes désignés par le sort. Ajoutons le prytanée, les orphelins, les geôliers. Tout ce monde tirait sa subsistance des revenus publics.

CHAPITRE XXV

VII. - ÉPOQUE D'ÉPHIALTE ET DE PÉRICLÈS

Ruine de l'Aréopage

C'est donc ainsi qu'était assurée la subsistance du peuple. Pendant dix-sept ans après les guerres Médiques (479 - 462 a. C. n.), l'Aréopage conserva la direction suprême des affaires de la cité, quoique son autorité fût minée peu à peu. Mais, voyant le peuple croître en nombre et en force, Éphialte, fils de Sophonidès, et chef du parti démocratique, homme qui passait pour incorruptible et guidé dans sa politique par la justice, s'attaqua au Sénat. Il se débarrassa d'abord d'un grand nombre d'Aréopagites, au moyen d'accusations intentées contre leur administration ; ensuite, sous l'archontat de Conon, (462 a. C. n.) il enleva au Sénat toutes les attributions qu'il avait ajoutées à ses attributions primitives, et qui lui assuraient la garde de la Constitution, pour les donner, les unes au Conseil des cinq cents, les autres au peuple et aux tribunaux. Dans cette entreprise, il eut le concours de Thémistocle, qui faisait bien partie de l'Aréopage, mais était sous le coup d'une accusation de rnédisme. Thémistocle, ayant résolu de renverser le Sénat dit à Éphialte que ce corps allait le faire arrêter, et à l'Aréopage qu'il lui montrerait des citoyens conjurés pour le renversement de la Constitution. Il emmena donc les commissaires de l'Aréopage au lieu où se trouvait Éphialte, pour leur montrer cette réunion, et il se mit à leur parler avec animation. Éphialte, à cette vue, frappé d'effroi, s'assit, vêtu d'un simple chiton, sur l'autel. Tous s'étonnèrent de cet événement. Après quoi, dans une réunion du Conseil des cinq cents, Éphialte et Thémistocle accusèrent l'Aréopage, et firent de même ensuite devant le peuple, jusqu'à ce qu'ils l'eussent dépouillé de son influence. Éphialte disparut peu après, assassiné par Aristodicos de Tanagra. C'est ainsi que la garde de la Constitution fut enlevée au Sénat de l'Aréopage.

CHAPITRE XXVI

ÉPHIALTE ET PÉRICLÈS (SUITE)

Affaiblissement des partis modérés. - Les zeugites admis à l'archontat. Les Juges des dèmes. - Le Droit de cité.
Il s'ensuivit un certain relâchement dans la pratique des institutions, par le fait de l'ardeur des démagogues. Le hasard voulut, en effet, qu'à la même époque les modérés n'eussent pas de chef véritable : Cimon, fils de Miltiade, qui était à leur tête, était trop jeune et n'avait commencé que tard à s'occuper de politique. De plus, les guerres enlevaient au peuple ses meilleurs citoyens : comme ceux-là seulement prenaient alors part aux expéditions, qui étaient inscrits sur les rôles, et comme les stratèges placés à leur tête n'avaient ni expérience de la guerre, ni d'autre titre que la gloire de leurs ancêtres, chaque expédition coûtait de deux à trois mille hommes, si bien que les modérés des deux partis, du parti populaire et du parti des riches, s'épuisaient à la guerre.

Pour le reste, bien que, dans la pratique du régime politique, on n'observât pas les lois avec autant de respect que par le passé, on n'avait pourtant pas touché à l'élection des neuf archontes : ce n'est que cinq ans après la mort d'Éphialte que l'on décida que les zeugites, eux aussi, pourraient être désignés par une élection préalable pour tirer au sort les charges des neuf archontes. Le premier zeugite qui fut archonte fut Mnésitheidès (457 a. C. n.).

Jusqu'alors, tous les archontes avaient été pris parmi les pentacosiomédimnes et les cavaliers : les zeugites ne remplissaient que les charges inférieures, à moins que quelque infraction aux lois ne fût commise par les dèmes.

Quatre ans après, sous l'archontat de Lysicratès (453 a. C. n.) on institua de nouveau les trente juges, appelés juges des dèmes, et deux ans plus tard, sous l'archontat d'Antidotos (451 a. C. n.), en considération du nombre croissant des citoyens et sur la proposition de Périclès, il fut décidé que, nul ne jouira des droits politiques, s'il n'est pas né de père et de mère athéniens.



 

XXVII.

Μετὰ δὲ ταῦτα πρὸς τὸ δημαγωγεῖν ἐλθόντος Περικλέους, καὶ πρῶτον εὐδοκιμήσαντος, ὅτε κατηγόρησε τὰς εὐθύνας Κίμωνος στρατηγοῦντος νέος ὤν, δημοτικωτέραν ἔτι συνέβη γενέσθαι τὴν πολιτείαν. καὶ γὰρ τῶν Ἀρεοπαγιτῶν ἔνια παρείλετο, καὶ μάλιστα προύτρεψεν τὴν πόλιν ἐπὶ τὴν ναυτικὴν δύναμιν, ἐξ ἧς συνέβη θαρρήσαντας τοὺς πολλοὺς ἅπασαν τὴν πολιτείαν μᾶλλον ἄγειν εἰς αὑτούς. μετὰ δὲ τὴν ἐν Σαλαμῖνι ναυμαχίαν ἑνὸς δεῖ πεντηκοστῷ ἔτει, ἐπὶ Πυθοδώρου ἄρχοντος, ὁ πρὸς Πελοποννησίους ἐνέστη πόλεμος, ἐν ᾧ κατακλεισθεὶς ὁ δῆμος ἐν τῷ ἄστει, καὶ συνεθισθεὶς ἐν ταῖς στρατείαις μισθοφορεῖν, τὰ μὲν ἑκὼν τὰ δὲ ἄκων προῃρεῖτο τὴν πολιτείαν διοικεῖν αὐτός.

ἐποίησε δὲ καὶ μισθοφόρα τὰ δικαστήρια Περικλῆς πρῶτος, ἀντιδημαγωγῶν πρὸς τὴν Κίμωνος εὐπορίαν. ὁ γὰρ Κίμων ἅτε τυραννικὴν ἔχων οὐσίαν, πρῶτον μὲν τὰς κοινὰς λῃτουργίας ἐλῃτούργει λαμπρῶς, ἔπειτα τῶν δημοτῶν ἔτρεφε πολλούς. ἐξῆν γὰρ τῷ βουλομένῳ Λακιαδῶν, καθ´  ἑκάστην τὴν ἡμέραν ἐλθόντι παρ´ αὐτὸν ἔχειν τὰ μέτρια. ἔτι δὲ τὰ χωρία πάντα ἄφρακτα ἦν, ὅπως ἐξῇ τῷ βουλομένῳ τῆς ὀπώρας ἀπολαύειν. πρὸς δὴ ταύτην τὴν χορηγίαν ἐπιλειπόμενος ὁ Περικλῆς τῇ οὐσίᾳ, συμβουλεύσαντος αὐτῷ Δαμωνίδου τοῦ Οἴηθεν (ὃς ἐδόκει τῶν πολλῶν εἰσηγητὴς εἶναι τῷ Περικλεῖ· διὸ καὶ ὠστράκισαν αὐτὸν ὕστερον), ἐπεὶ τοῖς ἰδίοις ἡττᾶτο, διδόναι τοῖς πολλοῖς τὰ αὑτῶν, κατεσκεύασε μισθοφορὰν τοῖς δικαστηρίοις· ἀφ´ ὧν αἰτιῶνταί τινες χείρω γενέσθαι, κληρουμένων ἐπιμελῶς ἀεὶ μᾶλλον τῶν τυχόντων ἢ τῶν ἐπιεικῶν ἀνθρώπων. ἤρξατο δὲ μετὰ ταῦτα καὶ τὸ δεκάζειν, πρώτου καταδείξαντος Ἀνύτου μετὰ τὴν ἐν Πύλῳ στρατηγίαν. κρινόμενος γὰρ ὑπό τινων διὰ τὸ ἀποβαλεῖν Πύλον, δεκάσας τὸ δικαστήριον ἀπέφυγεν.

XXVIII.

Ἕως μὲν οὖν Περικλῆς προειστήκει τοῦ δήμου, βελτίω τὰ κατὰ τὴν πολιτείαν ἦν, τελευτήσαντος δὲ Περικλέους πολὺ χείρω. πρῶτον γὰρ τότε προστάτην ἔλαβεν ὁ δῆμος οὐκ εὐδοκιμοῦντα παρὰ τοῖς ἐπιεικέσιν· ἐν δὲ τοῖς πρότερον χρόνοις ἀεὶ διετέλουν οἱ ἐπιεικεῖς δημαγωγοῦντες. ἐξ ἀρχῆς μὲν γὰρ καὶ πρῶτος ἐγένετο προστάτης τοῦ δήμου Σόλων, δεύτερος δὲ Πεισίστρατος, τῶν εὐγενῶν καὶ γνωρίμων· καταλυθείσης δὲ τῆς τυραννίδος Κλεισθένης, τοῦ γένους ὢν τῶν Ἀλκμεωνιδῶν, καὶ τούτῳ μὲν οὐδεὶς ἦν ἀντιστασιώτης, ὡς ἐξέπεσον οἱ περὶ τὸν Ἰσαγόραν. μετὰ δὲ ταῦτα τοῦ μὲν δήμου προειστήκει Ξάνθιππος, τῶν δὲ γνωρίμων Μιλτιάδης, ἔπειτα Θεμιστοκλῆς καὶ Ἀριστείδης· μετὰ δὲ τούτους Ἐφιάλτης μὲν τοῦ δήμου, Κίμων δ´ ὁ Μιλτιάδου τῶν εὐπόρων· εἶτα Περικλῆς μὲν τοῦ δήμου, Θουκυδίδης δὲ τῶν ἑτέρων, κηδεστὴς ὢν Κίμωνος.

Περικλέους δὲ τελευτήσαντος, τῶν μὲν ἐπιφανῶν προειστήκει Νικίας ὁ ἐν Σικελίᾳ τελευτήσας, τοῦ δὲ δήμου Κλέων ὁ Κλεαινέτου, ὃς δοκεῖ μάλιστα διαφθεῖραι τὸν δῆμον ταῖς ὁρμαῖς, καὶ πρῶτος ἐπὶ τοῦ βήματος ἀνέκραγε καὶ ἐλοιδορήσατο, καὶ περιζωσάμενος ἐδημηγόρησε, τῶν ἄλλων ἐν κόσμῳ λεγόντων. εἶτα μετὰ τούτους τῶν μὲν ἑτέρων Θηραμένης ὁ Ἅγνωνος, τοῦ δὲ δήμου Κλεοφῶν ὁ λυροποιός, ὃς καὶ τὴν διωβελίαν ἐπόρισε πρῶτος·

καὶ χρόνον μέν τινα διεδίδου, μετὰ δὲ ταῦτα κατέλυσε Καλλικράτης Παιανιεύς, πρῶτος ὑποσχόμενος ἐπιθήσειν πρὸς τοῖν δυοῖν ὀβολοῖν ἄλλον ὀβολόν. τούτων μὲν οὖν ἀμφοτέρων θάνατον κατέγνωσαν ὕστερον· εἴωθεν γὰρ κἂν ἐξαπατηθῇ τὸ πλῆθος ὕστερον μισεῖν τούς τι προαγαγόντας ποιεῖν αὐτοὺς τῶν μὴ καλῶς ἐχόντων. ἀπὸ δὲ Κλεοφῶντος ἤδη διεδέχοντο συνεχῶς τὴν δημαγωγίαν οἱ μάλιστα βουλόμενοι θρασύνεσθαι καὶ χαρίζεσθαι τοῖς πολλοῖς πρὸς τὸ παραυτίκα βλέποντες.

δοκοῦσι δὲ βέλτιστοι  γεγονέναι τῶν Ἀθήνησι πολιτευσαμένων μετὰ τοὺς ἀρχαίους Νικίας καὶ Θουκυδίδης καὶ Θηραμένης. καὶ περὶ μὲν Νικίου καὶ Θουκυδίδου πάντες σχεδὸν ὁμολογοῦσιν ἄνδρας γεγονέναι οὐ μόνον καλοὺς κἀγαθούς, ἀλλὰ καὶ πολιτικοὺς καὶ τῇ πόλει πάσῃ πατρικῶς χρωμένους, περὶ δὲ Θηραμένους, διὰ τὸ συμβῆναι κατ´ αὐτὸν ταραχώδεις τὰς πολιτείας, ἀμφισβήτησις τῆς κρίσεώς ἐστι. δοκεῖ μέντοι μὴ παρέργως ἀποφαινομένοις οὐχ ὥσπερ αὐτὸν διαβάλλουσι πάσας τὰς πολιτείας καταλύειν, ἀλλὰ πάσας προάγειν ἕως μηδὲν παρανομοῖεν, ὡς δυνάμενος πολιτεύεσθαι κατὰ πάσας, ὅπερ ἐστὶν ἀγαθοῦ πολίτου ἔργον, παρανομούσαις δὲ οὐ συγχωρῶν, ἀλλ´ ἀπεχθανόμενος.

 XXIX.

Ἕως μὲν οὖν ἰσόρροπα τὰ πράγματα κατὰ τὸν πόλεμον ἦν, διεφύλαττον τὴν δημοκρατίαν. ἐπεὶ δὲ μετὰ τὴν ἐν Σικελίᾳ γενομένην συμφορὰν ἰσχυρότερα τὰ τῶν Λακεδαιμονίων ἐγένετο διὰ τὴν πρὸς βασιλέα συμμαχίαν, ἠναγκάσθησαν κινήσαντες τὴν δημοκρατίαν καταστῆσαι τὴν ἐπὶ τῶν τετρακοσίων πολιτείαν, εἰπόντος τὸν μὲν πρὸ τοῦ ψηφίσματος λόγον Μηλοβίου, τὴν δὲ γνώμην γράψαντος Πυθοδώρου τοῦ Ἀναφλυςτίου, μάλιστα δὲ συμπεισθέντων τῶν πολλῶν διὰ τὸ νομίζειν βασιλέα μᾶλλον ἑαυτοῖς συμπολεμήσειν, ἐὰν δι´ ὀλίγων ποιήσωνται τὴν πολιτείαν

ἦν δὲ τὸ ψήφισμα τὸ Πυθοδώρου τοιόνδε· τὸν δῆμον ἑλέσθαι μετὰ τῶν προϋπαρχόντων δέκα προβούλων ἄλλους εἴκοσι ἐκ τῶν ὑπὲρ τετταράκοντα ἔτη γεγονότων, οἵτινες ὀμόσαντες ἦ μὴν συγγράψειν ἃ ἂν ἡγῶνται βέλτιστα εἶναι τῇ πόλει, συγγράψουσι περὶ τῆς σωτηρίας· ἐξεῖναι δὲ καὶ τῶν ἄλλων τῷ βουλομένῳ γράφειν, ἵν´ ἐξ ἁπάντων αἱρῶνται τὸ ἄριστον.

 Κλειτοφῶν δὲ τὰ μὲν ἄλλα καθάπερ Πυθόδωρος εἶπεν, προσαναζητῆσαι δὲ τοὺς αἱρεθέντας ἔγραψεν καὶ τοὺς πατρίους νόμους, οὓς Κλεισθένης ἔθηκεν ὅτε καθίστη τὴν δημοκρατίαν, ὅπως 〈ἂν〉 ἀκούσαντες καὶ τούτων βουλεύσωνται τὸ ἄριστον, ὡς οὐ δημοτικὴν ἀλλὰ παραπλησίαν οὖσαν τὴν Κλεισθένους πολιτείαν τῇ Σόλωνος.

οἱ δ´ αἱρεθέντες πρῶτον μὲν ἔγραψαν ἐπάναγκες εἶναι τοὺς πρυτάνεις ἅπαντα τὰ λεγόμενα περὶ τῆς σωτηρίας ἐπιψηφίζειν, ἔπειτα τὰς τῶν παρανόμων γραφὰς καὶ τὰς εἰσαγγελίας καὶ τὰς προσκλήσεις ἀνεῖλον, ὅπως ἂν οἱ ἐθέλοντες Ἀθηναίων συμβουλεύωσι περὶ τῶν προκειμένων. ἐὰν δέ τις τούτων χάριν ἢ ζημιοῖ ἢ προσκαλῆται ἢ εἰσάγῃ εἰς δικαστήριον, ἔνδειξιν αὐτοῦ εἶναι καὶ ἀπαγωγὴν πρὸς τοὺς στρατηγούς, τοὺς δὲ στρατηγοὺς παραδοῦναι τοῖς ἕνδεκα θανάτῳ ζημιῶσαι.

μετὰ δὲ ταῦτα τὴν πολιτείαν διέταξαν τόνδε 〈τὸν〉 τρόπον. τὰ μὲν χρήματα 〈τὰ〉 προσιόντα μὴ ἐξεῖναι ἄλλοσε δαπανῆσαι ἢ εἰς τὸν πόλεμον, τὰς δ´ ἀρχὰς ἀμίσθους ἄρχειν ἁπάσας ἕως ἂν ὁ πόλεμος ᾖ, πλὴν τῶν ἐννέα ἀρχόντων καὶ τῶν πρυτάνεων οἳ ἂν ὦσιν· τούτους δὲ φέρειν τρεῖς ὀβολοὺς ἕκαστον τῆς ἡμέρας. τὴν δ´ ἄλλην πολιτείαν ἐπιτρέψαι πᾶσαν Ἀθηναίων τοῖς δυνατωτάτοις καὶ τοῖς σώμασιν καὶ τοῖς χρήμασιν λῃτουργεῖν, μὴ ἔλαττον ἢ πεντακισχιλίοις, ἕως ἂν ὁ πόλεμος ᾖ. κυρίους δ´ εἶναι τούτους καὶ συνθήκας συντίθεσθαι πρὸς οὓς ἂν ἐθέλωσιν. ἑλέσθαι δὲ καὶ τῆς φυλῆς ἑκάστης δέκα ἄνδρας ὑπὲρ τετταράκοντα ἔτη γεγονότας, οἵτινες καταλέξουσι τοὺς πεντακισχιλίους ὀμόσαντες καθ´ ἱερῶν τελείων.

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CHAPITRE XXVII

PÉRICLÈS (FIN)

La guerre du Péloponnèse et l'hégémonie maritime. Le salaire des tribunaux.

Périclès prit ensuite la direction du parti populaire. Il s'était déjà rendu célèbre en attaquant, jeune encore, Cimon, alors que celui-ci rendait ses comptes au sortir de sa stratégie. Avec lui la constitution devint encore plus démocratique. Il enleva au Sénat de l'Aréopage quelques-unes des attributions qui lui restaient et surtout il tourna l'ambition d'Athènes vers l'empire maritime, si bien que la multitude enhardie tira de plus en plus à elle tout le gouvernement (432 a. C. n.). Quarante-huit ans après la bataille de Salamine, sous l'archontat de Pythodoros, éclata la guerre du Péloponnèse, durant laquelle le peuple, enfermé dans la ville et s'habituant au salaire qui lui était fourni pour chaque expédition, se décida, bon gré, mal gré, à diriger lui-même les affaires publiques.

Périclès est aussi le premier qui établit le salaire des tribunaux, mesure populaire prise contre l'opulence de Cimon. Celui-ci, qui avait une vraie fortune de tyran, ne se contentait pas de s'acquitter avec magnificence des services publics dont il était chargé, mais il nourrissait encore bon nombre de ses démotes. Chaque jour, en effet, tout Lakiade n'avait qu'à se présenter chez lui pour être assuré de sa subsistance. Bien plus, aucun de ses domaines n'était clos de murs, et y entrait qui voulait, pour prendre sa part des fruits. La fortune de Périclès ne lui permettait pas de rivaliser avec un si grand seigneur, et il suivit le conseil de Damonidès d'Oié (le même qui, semble-t-il, lui inspira la plupart de ses mesures, et fut plus tard, pour cette raison, frappé d'ostracisme). "Puisque Périclès, disait Damonidès, n'avait pas assez de sa fortune à lui, il devait donner au peuple l'argent du peuple. " C'est ainsi que Périclès établit le salaire des juges. On lui a reproché cette mesure comme funeste : dans la suite, en effet, les premiers venus mirent plus d'empressement à se présenter aux urnes que les modérés. Alors s'introduisit la corruption dont Anytos donna le premier l'exemple après sa stratégie de Pylos : accusé d'avoir perdu Pylos, il se fit acquitter en corrompant le tribunal.

CHAPITRE XXVIII

Athènes après Périclès. - Décadence de la Démocratie athénienne. Énumération et jugement des chefs de parti à Athènes.

Tant que Périclès fut à la tête du parti populaire, le régime politique fut meilleur; après sa mort, le mal empira beaucoup. (429 a. C . n.) Pour la première fois, le peuple prit pour chef un homme qui n'avait pas l'estime du parti modéré : jusque-là, c'étaient toujours des modérés qui avaient été à la tête du peuple. Car, au début, le premier chef du peuple fut Solon ; vint ensuite Pisistrate. Après la chute de la tyrannie, ce fut Clisthène, de la famille des Alcméonides : l'autre parti ne lui opposa point d'adversaire après la chute d'Isagoras. Ensuite le parti démocratique eut pour chef Xanthippos, l'aristocrate Miltiade ; après eux vinrent Thémistocle et Aristide ; puis Éphialte à la tête du peuple et Cimon, fils de Miltiade, à la tête des riches ; ils eurent pour successeurs dans le parti démocratique Miltiade, dans l'autre Thucydide, allié de Cimon.

Après la mort de Périclès, la direction de l'aristocratie passa à Nicias, celui qui mourut en Sicile ; celle du peuple à Cléon, fils de Clémnétos, qui semble vraiment avoir perdu le peuple par ses violences : le premier il se mit à pousser des cris à la tribune, et à lancer des injures ; au lieu de garder, comme les autres, une tenue décente, on le vit parler en retroussant son chiton. Après eux, tandis que l'autre parti obéissait à Théramène, fils d'Hagnon, celui du peuple eut pour chef Cléophon le luthier, celui qui, le premier, assura au peuple la diobélie.

La distribution du diobole eut lieu pendant quelque temps, puis elle fut supprimée par Callicratès de Paeania, qui avait d'abord promis de l'augmenter d'une obole. Cléophon et Callicratès furent plus tard condamnés à mort. Le peuple, en effet, quand il s'est laissé entraîner à une erreur, se prend d'ordinaire à haïr ceux qui l'ont poussé au mal. A partir de Cléophon, se succédèrent à la tête du peuple les démagogues les plus audacieux et les plus empressés à gagner la faveur de la multitude, sans voir plus loin que l'intérêt présent.

A mon avis, les meilleurs hommes d'État qu'ait eus Athènes, après les anciens, sont Nicias, Thucydide et Théramène. Pour Nicias et Thucydide, il y a presque unanimité à les considérer, non seulement comme d'honnêtes gens, mais encore comme des hommes d'État fidèles aux traditions qu'ils tenaient de leurs pères et ayant bien mérité de la cité. Pour Théramène, le jugement est plus contesté, parce qu'il a vécu sous des régimes pleins de troubles. Il semble pourtant, à un examen attentif, que loin d'avoir, comme on le lui reproche injustement, détruit tous les régimes, il les ait bien plutôt tous soutenus tant qu'ils ne commettaient pas d'illégalité, montrant qu'a cette condition il pouvait - ce qui est le rôle d'un bon citoyen - les servir tous; au contraire, l'illégalité commise, ils ne rencontraient plus chez lui la soumission, mais bien la haine.

CHAPITRE XXIX

VIII. - ÉPOQUE DES QUATRE CENTS

Renversement de la Démocratie. - Le Comité de Salut public.- Les Cinq Mille.

Tant que les chances de la guerre restèrent égales, les Athéniens conservèrent le régime démocratique; mais après le désastre de Sicile et quand l'alliance avec le grand roi eut donné l'avantage aux Lacédémoniens, on fut forcé de renverser le régime démocratique et d'établir le gouvernement des Quatre Cents : Pythodoros, fils d'Épizélos, fit la proposition et Mélobios prononça le discours avant le vote du décret, mais ce qui décida surtout la multitude, ce fut la pensée que le grand roi se porterait bien plus volontiers du côté des Athéniens, s'ils établissaient un gouvernement oligarchique. Voici le décret de Pythodoros :

Le peuple élira vingt autres commissaires, en outre des dix qui sont déjà en fonction. II les choisira parmi les citoyens âgés de plus de quarante ans et leur fera prêter le serment de s'entendre pour le salut de la cité, et de rédiger la constitution qu'ils jugeront la meilleure. Il sera également permis à tout citoyen de faire des propositions par écrit, afin que les commissaires prennent les meilleures décisions possibles.

Amendement de Cleitophon : il en sera pour le reste comme l'a proposé Pythodoros, mais les commissaires désignés devront aussi rechercher, pour les examiner, les lois que Clisthène a établies pour nos ancêtres, quand il a fondé la démocratie, afin que, s'inspirant aussi de ces lois, ils fassent dans leurs délibérations en tout pour le mieux; - cela dans la pensée que la constitution de Clisthène n'était pas une constitution absolument démocratique, mais celle qui se rapprochait le plus de la constitution de Solon.

Les commissaires décidèrent tout d'abord que les prytanes seraient tenus de mettre aux voix toutes les propositions faites en vue du salut public ; puis ils supprimèrent toutes les accusations d'illégalité, de haute trahison et les citations, afin que tous les Athéniens de bonne volonté pussent prendre part aux délibérations : quiconque frapperait un orateur d'une amende ou le citerait en justice ou le ferait comparaître devant un tribunal, serait poursuivi par voie de délation sommaire, saisi et traîné devant les stratèges : ceux-ci remettraient le coupable aux Onze, qui le puniraient de mort.

Après avoir pris ces mesures, ils établirent la constitution que voici : Défense d'employer les revenus de la cité à d'autres dépenses qu'à celles de la guerre. Tant que la guerre durera, les magistrats ne toucheront aucun salaire, excepté les neuf archontes et les prytanes qui se succéderont à la présidence : ceux-ci toucheront chacun trois oboles par jour. Pour les droits politiques, en jouiront tous les Athéniens qui seront le mieux en état de servir la cité, de leur personne et de leur argent, et leur nombre ne sera pas inférieur à cinq mille, au moins tant que durera la guerre. Les Cinq Mille auront, entre autres droits, celui de conclure des traités avec qui ils voudront. On élira dans chaque tribu dix hommes âgés de plus de quarante ans, qui dresseront la liste des Cinq Mille, après avoir prêté serment sur les chairs d'une victime parfaite.

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