chapitre XXXVII - chapitre XXXIX
PREMIERS ANALYTIQUES
CHAPITRE XXXVIII Des termes redoublés : il faut toujours dans l'analyse les confondre dans le majeur et non dans le moyen. - Exemples divers. - Syllogismes avec ou sans termes redoublés. - Rapports du moyen au mineur, quand le moyen est redoublé ou qu'il ne l'est pas. - Exemples. |
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1 Τὸ δ´ ἐπαναδιπλούμενον ἐν ταῖς προτάσεσι πρὸς τῷ πρώτῳ ἄκρῳ θετέον, οὐ πρὸς τῷ μέσῳ. 2 Λέγω δ´ οἷον εἰ γένοιτο συλλογισμὸς ὅτι τῆς δικαιοσύνης ἔστιν ἐπιστήμη ὅτι ἀγαθόν, τὸ ὅτι ἀγαθόν ἢ ᾗ ἀγαθόν πρὸς τῷ πρώτῳ θετέον. Ἔστω γὰρ τὸ Α ἐπιστήμη ὅτι ἀγαθόν, ἐφ´ ᾧ δὲ Β ἀγαθόν, ἐφ´ ᾧ δὲ Γ δικαιοσύνη. Τὸ δὴ Α ἀληθὲς τοῦ Β κατηγορῆσαι· τοῦ γὰρ ἀγαθοῦ ἔστιν ἐπιστήμη ὅτι ἀγαθόν. Ἀλλὰ καὶ τὸ Β τοῦ Γ· ἡ γὰρ δικαιοσύνη ὅπερ ἀγαθόν. Οὕτω μὲν οὖν γίνεται ἀνάλυσις. Εἰ δὲ πρὸς τῷ Β τεθείη τὸ ὅτι ἀγαθόν, οὐκ ἔσται· τὸ μὲν γὰρ Α κατὰ τοῦ Β ἀληθὲς ἔσται, τὸ δὲ Β κατὰ τοῦ Γ οὐκ ἀληθὲς ἔσται· τὸ γὰρ ἀγαθὸν ὅτι ἀγαθὸν κατηγορεῖν τῆς δικαιοσύνης ψεῦδος καὶ οὐ συνετόν. 3 Ὁμοίως δὲ καὶ εἰ τὸ ὑγιεινὸν δειχθείη ὅτι ἔστιν ἐπιστητὸν ᾗ ἀγαθόν, ἢ τραγέλαφος ᾗ μὴ ὄν, ἢ ὁ ἄνθρωπος φθαρτὸν ᾗ αἰσθητόν· ἐν ἅπασι γὰρ τοῖς ἐπικατηγορουμένοις πρὸς τῷ ἄκρῳ τὴν ἐπαναδίπλωσιν θετέον. 4 Οὐχ ἡ αὐτὴ δὲ θέσις τῶν ὅρων ὅταν ἁπλῶς τι συλλογισθῇ καὶ ὅταν τόδε τι ἢ πῇ ἢ πώς, λέγω δ´ οἷον ὅταν τἀγαθὸν ἐπιστητὸν δειχθῇ καὶ ὅταν ἐπιστητὸν ὅτι ἀγαθόν· 5 ἀλλ´ εἰ μὲν ἁπλῶς ἐπιστητὸν δέδεικται, μέσον θετέον τὸ ὄν, 6 εἰ δ´ ὅτι ἀγαθόν, τὸ τὶ ὄν. Ἔστω γὰρ τὸ μὲν Α ἐπιστήμη ὅτι τὶ ὄν, ἐφ´ ᾧ δὲ Β ὄν τι, τὸ δ´ ἐφ´ ᾧ Γ ἀγαθόν. Ἀληθὲς δὴ τὸ Α τοῦ Β κατηγορεῖν· ἦν γὰρ ἐπιστήμη τοῦ τινὸς ὄντος ὅτι τὶ ὄν. Ἀλλὰ καὶ τὸ Β τοῦ Γ· τὸ γὰρ ἐφ´ ᾧ Γ ὄν τι. Ὥστε καὶ τὸ Α τοῦ Γ· ἔσται ἄρα ἐπιστήμη τἀγαθοῦ ὅτι ἀγαθόν· ἦν γὰρ τὸ τὶ ὂν τῆς ἰδίου σημεῖον οὐσίας. 7 Εἰ δὲ τὸ ὂν μέσον ἐτέθη καὶ πρὸς τῷ ἄκρῳ τὸ ὂν ἁπλῶς καὶ μὴ τὸ τὶ ὂν ἐλέχθη, οὐκ ἂν ἦν συλλογισμὸς ὅτι ἔστιν ἐπιστήμη τἀγαθοῦ ὅτι ἀγαθόν, ἀλλ´ ὅτι ὄν, οἷον ἐφ´ ᾧ τὸ Α ἐπιστήμη [50a] ὅτι ὄν, ἐφ´ ᾧ Β ὄν, ἐφ´ ᾧ Γ ἀγαθόν. 8 Φανερὸν οὖν ὅτι ἐν τοῖς ἐν μέρει συλλογισμοῖς οὕτως ληπτέον τοὺς ὅρους. |
1 Toute notion redoublée dans les propositions doit être jointe au premier extrême, et non point au moyen. 2 Par exemple, si l'on concluait en syllogisme qu'il y a cette science de la justice qu'elle est un bien, il faudrait placer : Qu'elle est un bien ou en tant qu'elle est un bien, avec le premier extrême. Soit A, par exemple, la science que telle chose est un bien, B le bien, et C la justice. A peut être, avec vérité, attribué à B: car l'on sait du bien qu'il est le bien ; mais B peut être avec une égale vérité attribué à C : car la justice est ce qui est le bien : et c'est ainsi que se fait la résolution du syllogisme. Mais si c'est à B qu'on joint : Qu'elle est un bien, l'assertion n'est plus vraie. Il sera bien vrai que A est attribué à B; mais il ne le sera pas du tout que B le soit à C; car attribuer à la justice que le bien est le bien, c'est une erreur et un non sens. 3 Même remarque si l'on prétendait démontrer qu'une chose salubre peut être connue en tant que bien; que le bouc-cerf est intelligible en tant que n'étant pas; ou enfin, que l'homme est mortel en tant que sensible. C'est que, en effet, dans tous les cas où l'on ajoute quelque chose à l'attribution, il faut joindre la notion complexe au majeur. 4 La position des termes ne reste pas la même, quand on met dans le syllogisme des notions absolues, et quand on limite la notion par une restriction quelconque de nature ou d'étendue; par exemple, quand l'on conclut que le bien est connaissable, et que l'on conclut d'une chose qu'on peut connaître d'elle qu'elle est un bien. 5 Si l'on démontre d'une manière absolue que le bien est connaissable, chose sera le terme moyen. 6 Mais si l'on démontre que l'on peut connaître d'une chose qu'elle est un bien, il faut alors prendre pour moyen cette chose spéciale. Soit A la connaissance que cette chose est telle chose, B cette chose même, et C le bien. On peut attribuer, avec vérité, A à B, car on sait de telle chose qu'elle est telle chose; mais on peut attribuer aussi B à C, car C est cette chose même: de sorte que A sera aussi à C; et l'on saura donc du bien qu'il est bien; car la chose spéciale était le signe même de l'essence. 7 Mais si l'on prenait chose pour moyen terme, et qu'on joignît au majeur, chose, pris absolument, et non pas la chose spéciale, on conclurait syllogistiquement, non pas qu'on sait du bien qu'il est bien, mais seulement qu'il est. Soit, par exemple: A la connaissance que la chose est, B la chose, et C, le bien. 8 Il est donc évident que c'est ainsi qu'il faut disposer les termes dans les syllogismes limités. |
§ 1. Lorsqu'en cherchant à dégager par l'analyse les termes du syllogisme, on trouve une notion redoublée, il faut la confondre dans le majeur, en l'y réunissant comme une de ses parties, et ne pas la joindre au moyen non plus qu'au mineur. Notion redoublée ne doit pas s'entendre ici du moyen qui est répété dans les deux propositions. L'exemple du § suivant l'indique assez. § 2. Soit par exemple ce syllogisme : Il y a cette science du bien qu'il est bien (c'est-à-dire, on sait du bien qu'il est bien) ; or la justice est un bien: Donc il y a cette science de la justice qu'elle est un bien. Quels sont ici les termes vrais du syllogisme? quel est celui des trois auquel il faut rapporter cette notion: qu'il est bien, redoublé dans la majeure et dans la conclusion? C'est au majeur; de sorte qu'on aura pour majeur : Science qu'il est bien ou science en tant que bien ; pour mineur: justice, et pour moyen : bien. - C'est ainsi que se fait la résolution, Elle n'aurait pas lieu si l'on joignait la notion redoublée soit au mineur, soit au moyen; car alors on aurait ce syllogisme qui est un non-sens: Il y a cette science du bien qu'il est bien: or la justice est un bien en tant que bien, mineure inintelligible qui empêche toute conclusion. L'erreur vient de ce qu'on aurait pris : bien en tant que bien, pour moyen, au lieu de prendre : bien, absolument. § 3. Voici les syllogismes entiers dont Aristote ne donne ici que les conclusions : Le bien peut être connu en tant que bien; or le salubre est bien : Donc le salubre peut être connu eu tant que bien. Ici le majeur doit être avec la notion redoublée: Connu en tant que bien; le mineur, salubre; le moyen, bien. Si l'on joignait la notion redoublée au mineur ou au moyen, la conclusion ne serait plus possible. - Le non-être est intelligible en tant que non-être : le bouc-cerf est un non-être : Donc le bouc-cerf est intelligible en tant que non-être : majeur, intelligible en tant que non-être ; non-être, moyen : bouc-cerf, mineur. - Tout être sensible est mortel en tant que sensible : l'homme est un être sensible; Donc il est mortel en tant que sensible : majeur, mortel en tant que sensible : moyen, sensible : mineur, homme. § 4. Des notions absolues, Comme dans l'exemple cité plus bas dans ce paragraphe: Le bien est connaissable. - Restriction quelconque, Comme dans l'autre, exemple : Telle chose connaissable est un bien : connaissable est une limite de chose, qui n'est point alors pris absolument. § 5. Toute chose est connaissable; Ie bien est une chose: Donc le bien est connaissable. § 6. Voici le sens de ce § qui est fort obscur Quand la conclusion est absolue, Ie moyen est absolu lui-même, et il suffit qu'il puisse servir de sujet au majeur; quand la conclusion est limitée, restreinte, le moyen doit avoir aussi une limite qui rende vraie l'attribution qu'on lui fait du majeur. Le syllogisme dont Aristote indique la conclusion, pourrait être construit ainsi: Il y a science du désirable qu'il est désirable : or le bien est désirable: Donc il y a science du bien qu'il est désirable; ou, en d'autres termes: Il y a science du bien qu'il est bien: car désirable est le signe substantiel bien, c'est-à-dire que l'essence même du bien c'est d'être désirable. La chose spéciale est ici : désirable: B est désirable, C est le bien : A, la connaissance que la chose est désirable. B est moyen. Le moyen et le mineur se confondent essentiellement. § 7. Voici le syllogisme entier : Il y a science d'une chose qu'elle est une chose; le bien est une chose : Donc il y a science du bien qu'il est une chose, ou qu'il est. § 8. Limités, c'est-à-dire, où l'attribut n'est pas pris d'une manière absolue.
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