Cicéron, Vie

 

CICÉRON

ŒUVRES COMPLÈTES DE CICÉRON AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. NISARD PROFESSEUR D'ÉLOQUENCE LATINE AU COLLÈGE DE FRANCE.  - TOME PREMIER

TOME I.

TABLEAU SYNCHRONIQUE DES ÉVÉNEMENTS QUI SE RATTACHENT A LA VIE DE CICÉRON.

Œuvre numérisée et mise en page par Patrick Hoffman

     Vie de Cicéron (Amyot) - tableau des lois    

 

ŒUVRES

COMPLÈTES



DE CICÉRON,


AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS,

PUBLIÉES

SOUS LA DIRECTION DE M. NISARD,

DE L'ACADEMIE FRABCAISE

INSPECTEUR GENERAL DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR.
 

TOME PREMIER






PARIS,


CHEZ FIRMIN DIDOT FRERES, FILS ET CIE, LIBRAIRES,
IMPRIMEURS DE L'INSTITUT DE FRANCE

RU JACOB, 56

M DCCC LIX

 

TABLEAU SYNCHRONIQUE DES ÉVÉNEMENTS QUI SE RATTACHENT A LA VIE DE CICÉRON.

 

 

 

 

 

Ann. de R.

Ann. av. J.-C.

 

Ann. de Cic.

648

106

Consulat de C. Atilius Serranus et de Q. Semlius Cepion1.

Naisance de M. Tullius Cicéron, à Arpinum, le 3 des nones de janvier2. Il a pour père M. Tullius Cicéron, pour mère Helvia3.

Expédition de Marius en Numidie contre Jugurtha.

Naissance de Cn. Pompée, la veille des kalendes d'octobre.

1

649

105

Consulat de P. Rutilius Rufus et de Cn. Mallius.

Jugurtha est livré à L. Cornélius Sylla, questeur de Marius, et amené par lui à Marius.

2

650

104

Consulat de C. Marius (deuxième) et de C. Flavius Fimbria.

C. Marius triomphe de Jugurtha aux kalendes de janvier. On décide la guerre contre les Cimbres et les Teutons.

3

651

103

Consulat de C. Marius (troisième) et de L. Aurélius Orestes.

Marius emploie cette année à faire les préparatifs de la guerre contre les Cimbres. C'est cette année ou la précédente que paraît être né Q. Cicéron, frère de Marcus.

4

652

102

Consulat de C. Marius (quatrième) et de Q. Lutatius Catulus.

Victoire remportée par C. Marius sur les Teutons et les Ambrons à Aix, près de Marseille. Expédition d'Antoine contre les pirates. — Le poète Archias vient à Rome4.

5

653

101

Consulat de C. Marius (cinquième) et de M' Aquilius.

M' Aquilius, consul, est envoyé en Sicile contre les esclaves. La mort d'Athénion, leur chef, met fin à la guerre Servile. — M' Aquilius, au sujet de cette guerre, est accusé de concussion par L. Fufius; il est défendu par Antoine, et absous. — C. Marius et le proconsul Q. Lutatius battent les Cimbres sur les bords de l'Adige.

6

654

100

Consulat de C. Marius (sixième) et de L. Valérius Flaccus.

Sédition de L. Appuléius Saturninus, tribun du peuple, et de C. Servilius Glaucia. Ils sont tous deux mis à mort. — Servilius Glaucia ayant cité en justice Q. Métellus le Numidique, parce qu'il refusait de jurer sa loi agraire, Q. Métellus s'éloigne de Rome, plutôt que de se soumettre à cette loi.

7

655

99

Consulat de M. Antoine (l'orateur) et de A. Postumius Albinus.

Q. Métellus le Numidique est rappelé à Rome sur la proposition de Q. Calidius, tribun du peuple.

8

656

98

Consulat de Q. Célius Métellus Népos et de T. Didius.

Adoption de la loi Cécilia Didia, qui statue que les lois seront promulguées pendant trois jours de marché, et qu'on ne réunira pas dans la même loi plusieurs objets distincts. (Ne quis per saturam ferat.)

9

657

97

Consulat de Cn. Cornélius Lentulus et de P. Licinius Crassus.

Les censeurs L. Valérius Flaccus et M. Antoine l'orateur ferment le lustre.

10

658

96

Consulat de Cn. Domitius Ahénobarbus et de C. Cassius Longinus.

Ptolémée Apion, roi de Cyrène, lègue par testament ses États au peuple romain.

11

 

659

95

Consulat de Licinius Crassus et de Q. Mucius Scévola.

Adoption de la loi Licinia Mucia, qui restreint le droit de cité aux seuls citoyens romains. Cette loi est la principale cause do la guerre Sociale.

12

660

94

Consulat de C. Célius Caldus et de L. Domitius Ahénobarhus.

13

661

93

Consulat de C. Valérius Flaccus et de M. Hérennius.

14

662

92

Consulat de C. Claudius Pulcher et de M. Perpenna.

15

663

91

Consulat de L. Marcius Philippus et de Sext. Julius César.

Cicéron prend la robe virile5. Il compose le poëme intitulé Pontius Glaucus et les vers héroïques en l'honneur de Marius6.

Le tribun M. Livius Drusus veut transférer les fonctions judiciaires des chevaliers au sénat. Il fait espérer le droit de cité aux alliés et aux Italiens. Quelque temps après, au moment où il revenait du forum, il est assassiné par Q. Varius, dans le vestibule de sa maison.

Cette année est aussi celle de la mort de L'. Crassus, l'orateur7.

16

664

90

Consulat de L. Julius César et de P. Rutilius Lupus.

Commencement de la guerre Sociale ou Marsique. Le refus du droit de cité ayant amené la défection des alliés, Q. Varius propose une loi qui ordonne des poursuites contre ceux dont les conseils avaient soulevé les alliés. Mais le sénat décide que tant que durerait la révolte des Italiens, il n'y aurait point de poursuites judiciaires.

Cicéron traduit en vers latins les Phénomènes d'Aratus8.

17

665

89

Consulat de Cn. Pompéius Strabon et de L. Porcius Caton.

Cicéron fait ses premières armes dans la guerre Sociale sous les ordres du consul Cn. Pompée9.

Cette année, la loi Plotia, portée par Plautius Silvanus, tribun du peuple, partage les fonctions judiciaires entre les sénateurs et les chevaliers. Le même tribun porte la loi de VI armatis hominibus, qui prononçait la peine de mort contre quiconque aurait usé de violence.

18

666

88

Consulat de L. Cornélius Sylla et de Q. Pompéius Rufus.

P. Sulpicius, tribun du peuple, propose des lois funestes, à l'instigation de Marius. Il fait périr le fils du consul Q. Pompée, gendre de Sylla. — Sylla vient à Rome avec son armée.—Mort de P. Sulpicius. — Marius s'enfuit d'abord à Minturnes, puis en Afrique10. — Sylla, après avoir rétabli l'ordre dans Rome, part pour la guerre contre Mithridate. Q. Pompée, suivant les conseils du proconsul Cn. Pompée, auquel il devait succéder dans le commandement, se rend au camp pour prendre part à la guerre contre les Marses, et est assassiné par les soldats.

Cicéron étudie à Rome sous Phèdre l'épicurien11, puis sous Philon, chef de l'Académie12.

Il apprend le droit civil sous la direction de l'augure Scévola, et, après la mort de ce dernier, il suit les leçons du pontife Q. Mucius Scévola13.

19

667

87

Consulat de Cn. Octavius et de L. Cornélius Cinna.

Cinna, consul, ayant fait passer par la violence, des lois funestes, est chassé de Rome par son collègue Cn. Octavius, et destitué par le sénat, qui nomme à sa place L. Cornélius Mérula. C. Mérula soulève les villes d'Italie, prend le commandement de l'armée d'Appius Claudius, et rappelle Marius avec les autres exilés. — Marius s'approche de Rome avec son armée, s'en empare, et la livre au pillage. — Plusieurs sénateurs sont mis à mort, entre autres Q. Catulus, M. Antoine et les deux frères C. et L. César14. — Cornélius Mérula abdique et s'ouvre les veines.

Cicéron étudie à Rome sous Apollonius Molon, de Rhodes, célèbre rhéteur15.

20

668

86

Consulat de L. Cornélius Cinna (deuxième) et de C. Marius (septième).

Marius, consul, meurt aux ides de janvier16. L. Valérius Flaccus lui succède; il est envoyé par Cinna pour prendre la place de Sylla dans l'expédition contre Mithridate, et passe en Asie.

Vers cette époque, Cicéron compose son ouvrage sur la Rhétorique; il nous en reste deux livres qui traitent de l'Invention17.

21

669

85

Consulat de L. Cornélius Cinna (troisième) et de Cn. Papirius Carbo.

22

670

84

Consulat de Cn. Papirius Carbo (deuxième) et de L. Cornélius Cinna (quatrième).

Succès de Sylla contre Mithridate. Cicéron étudie à Rome sous le stoïcien Diodotus; il s'exerce particulièrement à la dialectique et à la déclamation en latin et en grec18. A la même époque, il traduit du grec en latin les Économiques de Xénophon et quelques dialogues de Platon.

23

671

83

Consulat de L. Cornélius Scipion l'Asiatique et de C. Junius Norbanus Bulbus.

Sylla fait la paix avec Mithridate, et revient en Italie. — II bat le consul C. Norbanus. — L'autre consul, Scipion, qui était à Téanum avec son armée, entré en négociation avec Sylla19; mais ils ne s'entendent point sur les conditions du traité. Alors l'armée de Scipion passe du côté de Sylla. Scipion reste seul dans son camp avec son fils, se retire et s'exile à Marseille.20 — Le Capitole est frappé de la foudre.

24

672

82

Consulat de C. Marius (fils de Caïus), et de Cn. Papirius Carbo (troisième).

Le préteur L. Damasippus, à l'instigation du consul Marius, massacre toute la noblesse. Sylla, vainqueur à Sacriport, vient à Rome, proscrit ses ennemis, et confisque leurs biens. Il met une garnison dans Rome, et bat dans diverses rencontres le consul Cn. Carbon21, qui s'enfuit en Sicile, et est bientôt après pris et mis à mort par Cn. Pompée. Enfin, il remporte une victoire décisive sur les autres chefs du parti de Marius, Carinas, Damasippe et Cn. Marcius Censorinus. Après quoi il revient dans Rome, fait égorger une foule de citoyens, et est nommé dictateur en vertu d'une loi proposée au peuple par l'interroi L. Valérius Flaccus22. Il exerce cette dictature pendant quelques années, en permettant toutefois que l'on nomme des consuls.

25

673

81

Consulat de M. Tullius Décula et de Cornélius Dolabella.

Sylla donne de nouvelles lois à la république. Cn. Pompée met fin à la guerre d'Afrique contre Domitius et Hiarbas, roi de Numidie. Il triomphe, âgé de vingt -six ans, et quoique simple chevalier.

Cicéron prononce son discours pour Quintius.

26

674

80

Consulat de L. Sylla (deuxième) et de Q. Cécilius Métellus Pius.

Cicéron défend Sext. Roscius Amérinus, accusé de parricide23.

27

675

79

Consulat de P. Servilius Vatia Isauricus et d'App. Claudius Pulcher.

Sylla abdique la dictature. Cicéron défend la liberté d'une femme d'Arrétium contre Cotta24. Quelque temps après, il part pour la Grèce. Il étudie à Athènes sous Antiochus d'Ascalon. Il suit les leçons de Phèdre et de Zenon, philosophes épicuriens25.

28

676

78

Consulat de M. Êmilius Lépidus et de Q. Lutatius Catulus.

Mort de L. Cornélius Sylla26. Le consul M. Lépidus, part pour la Gaule, province qui lui avait été assignée; il veut faire abolir les lois de Sylla et ordonner le rappel des proscrits. Il marche sur Rome à la tête d'une armée; mais il est repoussé par le consul Catulus et par Cn. Pompée, et meurt dans l'exil en Sardaigne.

Cicéron s'exerce à l'art oratoire, à Athènes, auprès de Démétrius de Syrie. Il parcourt toute l'Asie, et étudie sous les rhéteurs Ménippe de Stratonice, Xénoclès d'Adramytte, Eschyle de Cnide et Denys de Magnésie. A Rhodes, il s'exerce à prononcer des harangues en grec auprès d'Apollonius Molon, et suit les leçons du philosophe stoïcien Posidonius27.

29

677

77

Consulat de D. Junius Brutus et de Mam. Êmilius Lépidus Livianus.

Cn Pompée est envoyé contre Sertorius. Cicéron revient de son voyage en Grèce et en Asie; il épouse Térentia.

30

678

76

Consulat de Cn. Octavius28 et de T. Scribonius Curion.

– Batailles sanglantes livrées en Espagne contre Sertorius.

Cicéron plaide plusieurs causes dans le forum, entre autres celle du comédien Roscius29. Il sollicite la questure, et l'obtient dans les comices à l'unanimité des suffrages30.

31

679

75

Consulat de L. Octavius, et de C. Aurélius Cotta.

Cicéron questeur de Lilybée en Sicile, pendant la prétuire de Sext. Péducéus31.

32

680

74

Consulat de L. Licinius Lucullus et de M. Aurélius Colla.

M. Antonius Créticus, père de Marc Antoine le triumvir, chargé de faire la guerre aux pirates qui infestaient les côtes maritimes, pille la Sicile et les autres provinces dont la défense lui était confiée, et meurt après une tentative infructueuse contre l'ile de Crète.

Cicéron revient à Rome à l'expiration de sa questure32.

33

681

73

Consulat de M. Térentius Varron Lucullus, et de C. Cassius Varus.

Commencement de la guerre des Gladiateurs en Italie, sous la conduite de Spartacus. Lucullus attaque Mithridate, et le force à lever le siège de Cyziqne.

34

682

72

Consulat de L. Gellius Poplicola et de Cn. Cornélius Lentulus Clodianus.

Lucullus poursuit Mithridate jusque dans son royaume de Pont Spartacus bat les deux consuls envoyés contre lui.

35

683

71

Consulat de Cn. Aufidius Orestes et de P. Cornélius Lentulus Sura.

Mithridate se réfugie en Arménie auprès de Tigrane, son gendre. Spartacus est vaincu, et meurt dans une bataille que lui livre le préteur M. Licinius Crassus33. Vers la fin de cette année, Pompée, de retour d'Espagne, où il avait terminé la guerre de Sertorius, taille en pièces cinq mille gladiateurs échappés du champ de bataille, et obtient les honneurs du triomphe34.

36

684

70

Consulat de Cn. Pompée et de M. Licinius Crassus.

Cicéron, édile désigné, se charge de soutenir l'accusation intentée par les Siciliens à C. Verrès, qui avait rempli pendant trois ans les fonctions de préteur en Sicile, et qui s'était livré pendant sa magistrature aux actes les plus violents de tyrannie, de cruauté et d'avarice35. A cette cause appartiennent le discours intitulé Divmatio in Cœcilium, et la première Action contre Verres. Les cinq livres de la seconde Action furent écrits plus tard, lorsque Verres était déjà parti pour l'exil.

Cette même année, le préteur L. Aurélius Cotta présente à l'adoption du peuple la loi Aurélia judiciaria, qui étendait aux chevaliers et aux tribuns du trésor public les fonctions judiciaires exclusivement accordées aux sénateurs par la loi Cornélia. Les tribuns sont rétablis dans toutes leurs prérogatives.

37

685

69

Consulat de Q. Hortensius et de Q. Cécilins Métellus Créticus.

Cicéron, édile, fait célébrer trois espèces de jeux avec un appareil modeste36. Il défend M. Fontéins, accusé de concussion pendant ses fonctions dans la Gaule cisalpine, province dont il avait été gouverneur pendant trois ans. Il faut rapporter à la même année le discours pour Cécina.

38

686

69

Consulat de L. Cécilius Métellus et de Q. Marcius Rex.

Cicéron adresse cette année ses premières lettres à Atticus. — Mort de L. Cicéron, cousin germain de Marcus37.

39

687

67

Consulat de C. Calpurnius Pison et de M. Acilius Glabrion.

Cicéron brigue la préture. Il est nommé le premier des huit préteurs38. Vers la fin de l'année, il promet la main de sa fille Tullia à C. Pison, fils de Lucius, surnommé Frugi. Tullia n'étant pas encore nubile, le mariage est fixé à trois ans plus tard.

La loi Gabinia confie à Cn. Pompée la conduite de la guerre contre les pirates39. L. Roscius Othon, tribun du peuple, porte une loi qui accorde aux chevaliers quatorze gradins au théâtre, immédiatement après les sénateurs40.

40

688

66

Consulat de M. Émilius Lépidus et de L. Volcatius Tullus.

Cicéron, préteur. — Son frère Qnintus sollicite l'édilité. Cicéron prononce son discours Pro lege Manilia en faveur de la loi proposée par le tribun du peuple C. Manilius pour donner à Cn. Pompée le commandement de la guerre contre Mithridate, dont Lucullus était alors chargé. La même année, il prononce les plaidoyers pour A. Cluentius et M. Fundanius.

41

689

65

Consulat de L. Aurélius Cotta et de L. Manlius Torquatns.

Cicéron défend, devant le préteur Q. Gallius. C. Cornélius Gallus accusé de crime d'État41.

42

690

64

Consulat de L. Julius César et de C. Marcius Figulus.

Cicéron demande le consulat. Il prononce, avec la toge de candidat, un discours contre la ligue de Catilina et d'Antonius. Il est désigné consul avec C. Antonius. Naissance de son fils42. Il donne en mariage sa fille, âgée de treize ans, à C. Pison, fils de Lucius, surnommé Frugi43. Le père de Cicéron meurt le 18 des kalendes de décembre44.

C. Julius César, préteur, informe contre les sicaires de Sylla.

43

691

63

Consulat de M. Tullius Cicéron et de C. Antonius.

P. Servilius Ruffus, tribun du peuple, avait proposé la Loi Agraire. Cicéron prononce contre cette loi trois discours, le premier dans le sénat, le second et le troisième devant le peuple45. Ces discours sont bientôt suivis des plaidoyers pour L. Roscius Othon et pour Rabirius Postumus46, et du discours sur les Fils des proscrits que Sylla avait dépouillés des biens de leurs pères et exclus du droit de briguer les honneurs: loi cruelle, dont Cicéron demande cependant le maintien, dans l'intérêt de la république47. Vient ensuite le discours qu'il prononça devant le peuple en sortant de charge. La conjuration de Catilina contre la république ayant éclaté, Cicéron prononce les Catilinaires.48 Enfin il défend L. Muréna,
consul désigné, accusé de brigue49.

44

692

62

Consulat de D. Junius Silanus et de L. Licinius Muréna.

Catilina, contre qui le sénat avait envoyé Antonius à la tête d'une armée, est vaincu et tué par M. Pétréius, lieutenant du proconsul. Antonius part pour la Macédoine, province qui lui était échue. Pompée revient à Rome après avoir terminé la guerre contre Mithridate.

Métellus Népos, tribun du peuple, se répand en invectives contre Cicéron et le sénat. Il soutient devant le peuple assemblé que les complices de Catilina ne devraient pas être mis à mort sans jugement. Cicéron lui répond par le discours connu sous le nom de Oratio Metelliana. Il  achète une maison sur le mont Palatin50. Vers la fin de l'année Clodius, épris de Pompéia, femme de César, s'introduit secrètement dans sa maison, déguisé en musicienne, le jour où Pompéia célébrait les mystères de la Bonne Déesse; il est reconnu et chassé51.

La même année, Cicéron prononce le plaidoyer pour P. Cornélius Sylla, accusé de conjuration par L. Torquatus Q. Cicéron, frère de Marcus, remplit la charge de préteur.

45

693

61

Consulat de M. Pupius Pison Calpurnius et de M. Valérius Messala Niger.

Clodius, accusé d'inceste, s'efforce de repousser l'accusation en soutenant qu'il a passé la nuit du crime à Intéramne et non à Rome. Cicéron, appelé en témoignage, déclare que Clodius est venu chez lui le jour même. Clodius n'en est pas moins absous.

Q. Cicéron, frère de Marcns, à l'expiration de sa préture, obtient la province d'Asie. Cicéron confond Clodius dans le sénat par un discours suivi et par la discussion des faits52. Il prononce cette année son discours Pour le poëte Archias.

Le 3 et la veille des kalendes d'octobre, Pompée triomphe de Mithridate, de Tigrane et des autres rois qu'il a vaincus. César, après sa préture, obtient la province d'Espagne.

46

694

60

Consulat de L. Afranius et de Q. Cecilius Métellus Celer.

An commencement de l'année, Cicéron empèche qu'on ne donne un successeur à son frère Quintus dans son gouvernement d'Asie. P. Clodius, voulant obtenir le tribunal pour se venger de Cicéron, travaille à devenir plébéien. Cicéron écrit l'Histoire de son consulat. Il publie le livre qu'il avait écrit en grec sur le même sujet. Enfin il compose un poème en trois livres sur son consulat53.

Vers la fin de cette année, César forme une ligue avec Pompée et M. Licinius Crassus.

47

695

59

Consulat de C. Julius César et de M. Calpurnius Bibulus.

Cicéron refuse la lieutenance que lui offre César, et s'oppose au partage du territoire de la Campanie par les vigintivirs. César, irrité de sa résistance, fait entrer dans l'ordre des plébéiens Clodius, qui venait d'être adopté par le plébéien P. Fonléius54. C. Antonius est accusé au retour de sa province, et défendu par Cicéron. Il est condamné à l'exil, et se retire à Cépliallénie. Cicéron plaide deux fois pour M. Thermus, et le fait absoudre. Il prononce ensuite son Plaidoyer pour L. Valérius Flaccus accusé de concussion par D. Lélius; ses heureuses saillies sauvent Flaccus, malgré les charges qui l'accablent.

César, consul, obtient pour cinq ans, sur la proposition du tribun du peuple P. Vatinius, et malgré le sénat, le gouvernement de la Gaule citérieure et de l'Illyrie, avec trois légions. Bientôt le sénat lui-même ajoute à son commandement la Gaule ultérieure et une nouvelle légion. P. Clodius est nommé tribun dans l'assemblée des comices, et entre en charge au mois de décembre.

48

696

58

Consulat de L. Calpurnius Pison Cesoninus et d'Aul. Gabinius.

Le tribun Clodius propose plusieurs lois: la première ordonne que le blé soit désormais distribué gratuitement au peuple; la seconde défend de prendre les auspices et d'observer le ciel, lorsque le peuple est assemblé pour des affaires publiques; la troisième statue que les anciennes compagnies ou associations (collegia) d'ouvriers, abolies depuis Numa, seront rétablies, et qu'on instituera d'autres corporations de même nature; la quatrième enlève aux censeurs le droit d'exclure un citoyen du sénat ou de lui infliger aucune peine infamante, sans l'avoir accusé et fait condamner publiquement. Une autre loi déclare que toute personne qui aura fait mettre à mort un citoyen non condamné, sera privé du feu et de l'eau. Après l'adoption de cette loi, Cicéron prend des vêtements de deuil, et se présente devant le peuple en suppliant55. Un grand nombre de sénateurs, l'ordre presque entier des chevaliers, et plus de vingt mille citoyens prennent également des habits de suppliants56.

Cicéron sort de Rome à la fin du mois de mars57. Après son départ, Clodius fait rendre contre lui un décret de bannissement, lui fait interdire l'eau et le feu, et lui défend de séjourner dans un rayon de quatre cent milles. Puis il fait brûler ses maisons du mont Palatin, de Formies et de Tusculum, et mettre ses biens en vente58. Cicéron se rend à Vibo, à Thurium, à Tarante, à Brindes, et arrive à Thessalonique le 10 des kalendes de juin59. Bientôt, pouvant espérer son rappel, il revient à Dyrrhachium vers le 6 des kalendes de décembre. Son frère Quintus quitte, la veille des kalendes de mai, la province d'Asie, qu'il avait gouvernée pendant trois ans.

Après le départ de Cicéron pour l'exil, Clodius fait passer une loi ayant pour but d'ôter à Ptolémée le royaume de Cypre, pour le réduire en province. M. Caton est chargé de l'exécution de cette loi.

49

697

57

Consulat de P. Cornélius Lentulus Spinther et de Q. Cécilius Métellus Népos.

Aux kalendes de janvier, le consul Leutulus Spinther propose dans le sénat le rappel de Cicéron; il est secondé par presque tous les tribuns du peuple, et particulièrement par P. Sestius et T. Annius Milon. Ces manifestations provoquent d'abord un décret du sénat, puis l'adoption par toutes les centuries d'une loi sur le rappel de l'exilé, portée la veille des nones du mois d'août60. Le même jour, Cicéron part de Dyrrhachium, et arrive à Brindes le jour des nones, anniversaire de la naissance de sa fille Tullia. Après avoir traversé l'Italie, au milieu des applaudissements et des félicitations des villes municipales, des préfectures et des colonies, il arrive à Rome la veille des nones de septembre. Le lendemain, il adresse un discours d'actions de grâces d'abord au sénat, puis au peuple assemblé par les consuls61. La veille des kalendes d'octobre, il prononce devant les pontifes le discours Pour sa Maison. Ses maisons du mont Palatin, de Tusculum et de Formies sont rebâties aux frais de la république62.

La même année, aussitôt après le retour de Cicéron, et sur son avis, un sénatus-consulte et bientôt une loi donne à Pompée pour cinq ans la charge de faire venir des blés en Italie de toutes les parties du monde63. Cicéron est du nombre des lieutenants que Pompée s'adjoint en cette circonstance, et part pour la Sardaigne.

50

698

56

Consulat de Cn. Cornélius Lentulus Marcellinus et de L. Marcius Philippus.

Au commencement de l'année, Cicéron demande au sénat que P. Lentulus, proconsul de Cilicie, soit chargé de ramener le roi Ptolémée dans son royaume. Dans un discours qui nous reste, il défend et fait absoudre P. Sestius, accusé de violence d'après la loi Lutatia par M. Tullius Albinovanus. Vatinius avait porté témoignage contre Sestius; aussi Cicéron, par une suite de questions pressantes, critique sa conduite et son tribunal. Le 3 des ides de février, il défend Bestia, accusé de brigue. La veille des nones d'avril, il promet sa fille Tullia à Furius Crassipèdes. L'année précédente, des prodiges avaient éclaté dans le Latium, et les aruspices les avaient attribués entre autres causes à ce que des lieux consacrés servaient à des usages profanes. Clodius, qui était édile, soutient dans l'assemblée du peuple que la maison de Cicéron avait été bâtie sur un de ces emplacements sacrés.

On suppose que ce fut là l'occasion du discours de Haruspicum responsis. Ensuite, Cicéron défend L. Cornélius Balbus de Gades, à qui l'on contestait le titre de citoyen romain. Il prononce, peu de temps après, dans le sénat, son discours Sur les Provinces consulaires. La même année, il défend M. Celius, accusé d'avoir pris l'or de Clodia, et d'avoir voulu l'empoisonner.

C. Julius César, après avoir fait entrer ses troupes dans les quartiers d'hiver, vient lui-même passer l'hiver à Lucques. Il appelle auprès de lui Pompée, et Crassus, et convient avec eux qu'ils solliciteront ensemble un second consulat, afin d'écarter la candidature de L. Domitius, qui avait menacé César de lui enlever le commandement des armées, s'il était nommé consul.

51

699

55

Consulat de Cn. Pompée (deuxième), et de M. Licinius Crassus (deuxième).

Après un interrègne, les consuls entrent en charge. Le gouvernement des provinces leur est accordé pour cinq ans. Pompée obtient l'Espagne avec l'Afrique; Crassus, la Syrie. César est maintenu pour cinq nouvelles années dans son gouvernement des Gaules. Pompée fait administrer ses provinces par ses lieutenants Afranius et Pétréius; il reste lui-même en Italie. Marcus Crassus, avant de partir pour l'expédition contre les Parthes, soupe avec Cicéron dans les jardins de son gendre Crassipèdes.

Cette année, Cicéron prononce son discours contre Pison, et écrit trois livres du de Oratore64. On prétend à tort qu'il écrivit aussi trois livres de Tempérions suis.

52

700

54

Consulat de L. Domitius Ahénobarbus et d'App. Claudius Pulcher.

Cicéron défend Crassus dans le sénat. Il prononce des plaidoyers pour Vatinius, pour Messius et Drusus, pour M. Émiltus Scaurus, et A. Gabinius, accusés de concussion (il défend ce dernier à la demande de Pompée); pour Cn. Plancius, pour C. Rabirius Postumus, accusé de crime d'État. Il consacre son loisir à son ouvrage de la République65. Q. Cicéron part pour la Gaule en qualité de lieutenant de César66.

Mort de Julia, fille de César et femme de Cn. Pompée.

53

701

53

Consulat de Cn. Domitius Calvinus et de M. Valérius Messala.

Les consuls ne sont pas nommés aux calendes de janvier: ils le sont seulement au mois d'avril, après plusieurs interrègnes. Après la défaite et la mort de Crassus chez les Parthes, Cicéron est nommé augure à sa place67.

54

702

52

Troisième consulat de Cn. Pompée. Il n'a point de collègue.

Cette année, Milon, P. Plautius Hypséus et Q.Métellus Scipion demandaient le consulat; Clodius briguait la préture. On achetait les suffrages aux prix de largesses dont on ne rougissait plus; on avait recours à la violence et au meurtre. Le treizième jour des kalendes de février, Milon, en se rendant à Lanuvium pour nommer un flamine, rencontre Clodius, qui revenait d'Aricie: une querelle s'engage; Clodius est tué. Pompée, créé consul par l'interroi S. Sulpicius, le 5 des kalendes de mars, commence à s'éloigner de César. Il épouse Cornélia, fille de Q. Métellus Scipion, et prend son beau-père pour collègue pendant les cinq derniers mois de cette année.

Cicéron défend Milon accusé de meurtre. Mais les cris des partisans de Clodius, et la présence des soldats envoyés par Pompée, l'épouvantent tellement, qu'il oublie la meilleure partie de sa harangue. Le discours pro Milone, que nous avons, fut composé plus tard, après la condamnation de Milon, qui fut exilé à Marseille. Il défend ensuite et fait absoudre M. Sauféius. Au mois de décembre, le tribun du peuple C. Munatius Plancus Bursa, en sortant de charge, est accusé par Cicéron et condamné. Cette année, ou au commencement de la suivante, mais sans nul doute après le jugement de Milon, Cicéron compose son traité de Legibus68.

55

703

51

Consulat de Serv. Sulpicius Rufus et de M. Claudius Marcellus.

Un sénatus-consulte, rendu l'année précédente avait déclaré que les personnages prétoriens ou consulaires ne devaient point se rendre dans leurs provinces avant cinq ans. Néanmoins on les oblige à s'y rendre. Cicéron est envoyé comme proconsul en Cilicie, avec une armée de douze mille hommes d'infanterie et de deux mille six cents chevaux. Il succède dans ce gouvernement, à Appius Claudius. Il arrive à Laodicée la veille des kalendes d'août69.

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704

50

Consulat de L. Émilius Paullus et de C. Claudius Marcellus, fils de Caïus.

Les exploits de Cicéron font décréter par le sénat des supplications en son honneur70. Il quitte sa province le troisième jour des kalendes d'août, et laisse le commandement au questeur C. Célius. Parti d'Éphèse aux kalendes d'octobre, il arrive à Athènes la veille des ides. Il laisse Tiron malade à Patras. Il arrive à Blindes le septième jour des
kaleudes de décembre.

57

705

49

Consulat de C. Claudius Marcellus, fils de Marcus, et de L. Cornélius Lentulus Crus.

Cicéron, en arrivant à Rome la veille des nones de janvier, trouve la guerre civile allumée entre Pompée et César71. Aux kalendes de janvier, un sénatus-consulte ordonne à César de quitter son armée avant les kalendes de mars, sous peine d'être déclaré ennemi de la république. Les tribuns du peuple M. Antoine et Q. Crassus s'opposent vainement à ce décret. Le sénat charge les consuls, les préteurs, les tribuns du peuple et les proconsuls de veiller au salut de la république. Cicéron, après de vains efforts pour rapprocher les deux partis, voyant que César avait passé le Rubicon et s'était emparé de plusieurs villes, sort de Rome, et se charge de défendre Capoue et les côtes de la mer. Pompée arrive à Blindes le huitième jour des kalendes de mars. Le septième jour des ides du même mois, César arrive sous les murs de cette ville. Le seizième jour des kalendes d'avril, Pompée s'embarque pour la Grèce avec toutes ses troupes sur les vaisseaux qu'il avait réunis à Brindés. César entre le lendemain dans la ville, harangue les habitants, et part ensuite pour Rome. Sur la route, Cicéron vient le trouver. Le septième jour des ides de juin, Cicéron, après avoir fait prendre la robe virile à son fils à Arpinum, s'embarque pour rejoindre Pompée en Grèce. César défait les lieutenants de Pompée, et se rend maître de l'Espagne. Nommé dictateur en son absence par le préteur Lépidus, il revient à Rome, se fait créer consul pour l'année suivante avec P. Servilius, et préside à l'élection des autres magistrats.

58

706

48

Consulat de C. Julius César (deuxième), et de P. Servilius Vatia Isauricus.

La veille des nones de janvier, César s'embarque à Brindes, et passe en Épire. Il enferme Pompée dans Dyrrachium. Ce dernier force les lignes de son ennemi, et transporte le théâtre de la guerre en Thessalie. Là se livre, la veille des kalendes d'octobre, la célèbre bataille de Pharsale. Pompée, vaincu, s'enfuit en Égypte auprès de Ptolémée, qui le fait assassiner. Guerre d'Alexandrie.

Cicéron abandonne l'armée, et arrive à Brindes.

59

707

47

C. Julius César, dictateur pour la seconde fois; M. Antoine maître de la cavalerie.

César, après avoir terminé la guerre d'Alexandrie, revient en Italie au mois de septembre. Cicéron va à sa rencontre.  Dès que César l'aperçoit, il descend de cheval, l'embrasse, et marche plusieurs stades en s'entretenant avec lui. Bientôt Cicéron, qui jusque-là avait séjourné à Brindes, vient à Rome.

Pendant les trois derniers mois de cette année, Rome a pour consuls Q. Fufius Calénus et P. Vatinius. César, le sixième jour des kalendes de janvier, passe de Lylibée en Afrique pour combattre les partisans de Pompée, Scipion, Caton et Juba roi de Mauritanie.

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708

46

Troisième consulat et troisième dictature de C. Julius César; M. Émilius Lépidus, consul et maître de la cavalerie.

Au commencement du mois d'avril, César défait Scipion et Juba. Peu de jours après, Caton se donne la mort à Utique. César, après avoir terminé la guerre d'Afrique, s'embarque le jour des ides de juin, et arrive en Sardaigne trois jours après. Il en part le troisième jour des kalendes de juillet, et arrive à Rome le septième des kalendes d'août. Il triomphe de quatre nations à la fois, se fait décerner la dictature perpétuelle, et porte ainsi un coup mortel à la liberté de la république. Vers la fin de l'année, il part pour aller combattre les fils de Pompée en Espagne, et s'y rend en vingt-sept jours. Cette année, César corrige le calendrier; pour mettre plus de régularité dans la chronologie, à partir des kalendes de janvier il intercalle, entre novembre et décembre, deux mois nouveaux; de sorte que cette année eut quinze mois, en y comprenant l'ancien mois intercallaire.

Cicéron compose cette année son ouvrage intitulé Partitiones oratoriœ, et l'Éloge de Caton, auquel César oppose l'Anti- Caton. Il adresse l'Orateur à M. Brutus, qui commandait alors dans la Gaule cisalpine. La veille des kalendes du premier mois intercallaire, il prononce devant César son plaidoyer pour Q. Ligarius, accusé par Q. Élius Tubéron. Vers la fin de l'année, il répudie sa femme Térentia.

61

709

45

Consulat de C. Julius César, dictateur pour la quatrième fois; M. Émilius Lépidus, maître de la cavalerie.

César consul pour la quatrième fois sans collègue.

César, vainqueur en Espagne des fils de Pompée, Sextus et Cnéus, revient à Rome au mois d'octobre, abdique le consulat, et fait nommer à sa place Q. Fabius Maximus et C. Trébonius. Le dernier jour de décembre, Fabius meurt subitement; en l'absence de Trébonius, on nomme consul C. Céninius Rébilus; ce qui fait dire à Cicéron qu'on n'avait jamais vu un consul plus vigilant, puisqu'il n'avait pas dormi une seule fois pendant tout son consulat.

Cicéron, au commencement de cette année ou à la fin de la précédente, répudie Térentia, et épouse Publilia, riche héritière dont le père avait en mourant laissé tous ses biens à Cicéron en fidéi-commis. Tullia, sa fille, après s'être séparée de son époux Dolabella, donne naissance à un fils, et meurt peu de temps après. Cicéron, inconsolable de sa perte, renvoie Publilia, et va cacher sa douleur à Astura, où il cherche quelques consolations dans l'érection d'un tombeau aux mânes de sa fille et dans l'étude72. Il compose cette année la consolation, le traité de Finibus bonorum et malorum et les Question» académiques.

Il s'occupe aussi du traité adressé à César de Republica ordinanda. Au mois d'avril, il envoie son fils étudier à Athènes, quitte bientôt après Astura, et passe le reste de l'année en partie à Tusculum, en partie à Arpinum et dans ses autres maisons de campagne. Il vient à Rome au mois d'octobre. Au mois de décembre, il se rend à Pouzzol, où il reçoit chez lui, le douzième jour des kalendes de janvier, César et ceux qui l'accompagnent.

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710

44

Consulat de C. Julius César et de M. Antoine.

Dans les premiers mois de cette année, Cicéron termine ses Tusculanes.

Aux ides de mars, César est assassiné dans le sénat par M. Brutus, C. Cassius et les autres conjurés. Les assassins se réfugient dans le Capitole. Dolabella est nommé consul en remplacement de César.

Le seizième des kalendes d'avril, Cicéron prononce un discours en faveur de la paix, dans le temple de la déesse Tellus. Il déclare que tous les citoyens doivent oublier leurs divisions. Antoine feignant de partager cet avis, les assassins de César descendent du Capitole. On confie le gouvernement de la Crète à M. Brutus; celui de l'Afrique à Cassius; l'Asie à Trébonius; la Bithynie à Cimber, et la Gaule citérieure à D. Brutus. Mais au convoi de César, Antoine ayant prononcé son éloge, Brutus et Cassius, qui redoutaient les effets de la colère du peuple, sortent de Rome et se retirent à Antium et à Lanuvium. Antoine parcourt l'Italie. Cicéron visite ses maisons de campagne. Il écrit les traités de Nalura Deorum, de Divinatione, de Falo, de Amicitia, de Senectute et de Gloria.

Dolabella fait abattre une colonne que le peuple avait érigée en l'honneur de César, et mettre à mort les séditieux. C. Octavius, héritier de César, vient d'Apollonie à Naples le 14 des kalendes de mai. Aux kalendes de juin, les sénateurs se présentent au sénat d'après l'ordre d'Antoine. Ils se retirent effrayés par l'aspect de ses satellites. Cicéron visite ses maisons de campagne, et commence son traité de Officiis. Ayant été nommé lieutenant avec le droit de choisir la province, il prend la résolution de se rendre en Grèce. Il part de Vélia, le 12 des kalendes sextiles, passe par Rhégium et arrive à Syracuse aux kalendes d'août. C'est pendant ce trajet qu'il écrit ses Topiques à Trébatius. S'étant rembarqué le lendemain, il est poussé par les vents vers le promontoire de Leucopétra dans le territoire de Rhégium. Quelques Rhégiens qui arrivaient de Rome lui ayant raconté ce qui se passait de manière à lui faire concevoir l'espérance de la retraite d'Antoine et du retour des assassins de César, et lui ayant fait entendre qu'on désirait sa présence à Rome, et qu'on accusait son éloignement, il renonce à son projet de départ, reprend en toute hâte le chemin de Rome, et y arrive la veille des kalendes de septembre. Aux kalendes de septembre, Antoine assemble le sénat pour faire voter des supplications en l'honneur de César. Cicéron ne se rend point au sénat, craignant quelque piège d'Antoine. Il lui fait dire qu'il est indisposé des suites de son voyage. Antoine déclare dans le sénat que, s'il ne se présente point, il fera forcer sa maison. Le lendemain, Cicéron se rend au sénat, en l'absence d'Antoine, et prononce le discours connu sous le nom de première Philippique. Antoine furieux le somme de paraître au sénat, le 13 des kalendes d'octobre. Pour lui, il passe dix-sept jours dans la maison de Tibur de Scipion, et y prépare le discours qu'il prononça contre Cicéron le 13 des kalendes d'octobre dans le temple de la Concorde. Cicéron, suivant le conseil de ses amis, qui craignaient pour lui quelque trahison, ne se rend pas au sénat. Il répond au discours d'Antoine par sa seconde Philippique. Ce discours ne fut point prononcé, mais écrit comme s'il eut été prononcé le 13 des kalendes d'octobre en présence d'Antoine. Dans les derniers jours d'octobre et au mois de novembre, Cicéron visite sa maison de Pouzzol et d'autres, et achève son traité de Offictis. Pendant ce temps, Antoine va, le 7 des ides d'octobre, au-devant des quatre légions qui revenaient de Macédoine, et cherche à les gagner. Il se rend à Brindes le 7 des ides d'octobre. Octavius, ou César Octavien, comme on l'appelait depuis qu'il avait pris possession de l'héritage de César, soulève les vétérans de César, et forme une armée assez considérable grossie par d'autres recrues. Quelque temps après, les légions Martia et Quarta abandonnent le parti d'Antoine et passent dans celui d'Octavien. A cette nouvelle, Antoine, qui avait convoqué le sénat au Capitole le 4 des kalendes de décembre, quitte précipitamment l'assemblée, et se retire dans la Gaule citérieure. Dec. Brutus propose un édit par lequel il promet de retenir la province de Gaule au pouvoir du sénat et du peuple romain. Cicéron rentre dans Rome, le 5 des ides de décembre. Les nouveaux tribuns ayant convoqué le sénat le 13 des kalendes de janvier, Cicéron prononce le discours connu sous le nom de troisième Philippique. Il est d'avis qu'il faut sanctionner publiquement les choses qu'avait faites le jeune César, louer les légions d'avoir abandonné Antoine et récompenser D. Brutus d'avoir résisté à Antoine et dans la Gaule. Le sénat fait un décret conforme à ces propositions. Cicéron se présente à l'assemblée du peuple, et expose ce qui a été fait et décidé. C'est le sujet de la quatrième Philippique.

63

711

43

Consulat de Vibius Pansa et de Q. Hirtius.

Aux kalendes de janvier, les consuls appellent l'attention du sénat sur Antoine, qui assiégeait Brutus dans Modène. Pison et d'autres proposent d'envoyer des ambassadeurs à Antoine. C'est alors que Cicéron prononce la cinquième Philippique, dans laquelle il repousse le projet d'ambassade comme indigne de la majesté du sénat et du peuple romain, et insiste pour qu'Antoine soit déclaré ennemi de l'État. Cependant la veille des nones de janvier le sénat rend un décret par lequel Serv. Sulpicius, L. Pison et L. Philippe sont chargés d'aller trouver Antoine et de lui enjoindre de ne plus attaquer Brutus, de ne plus lever de troupes, et de se soumettre aux ordres du sénat et du peuple romain. Cicéron, présenté à l'assemblée du peuple par le tribun Appuléius, parle sur ce sénatus-consulte. C'est le sujet de sa sixième Philippique. Quelque temps après, le consul Pansa consulte le sénat au sujet de la voie Appia et de Monéta, et un tribun du peuple au sujet des Lupercales. Cicéron, à ce propos, sort de l'objet de la discussion, et représente la paix avec Antoine comme déshonorante, dangereuse, et impossible. (vii° Philippique. ) Les ambassadeurs envoyés à Antoine reviennent à Rome au commencement de février, à l'exception de Serv. Sulpicius, qui était mort en route. Ils exposent au sénat les prétentions intolérables d'Antoine. Le sénat veut déclarer qu'il y a tumulte, le nom de guerre déplaisant à quelques-uns. Cicéron, aux ides de mars, s'oppose à cette mesure (viii° Philippique), et s'élève contre Fufius Calénus, qui propose la paix, et contre les autres partisans d'Antoine. Le lendemain, le sénat ayant à s'occuper de la récompense à accorder à Serv. Sulpicius, Cicéron propose de lui élever aux Rostres une statue d'airain en pied. (ix° Philippique.) Le consul Pansa ayant lu les lettres de M. Brutus sur ses succès en Macédoine, Q. Fufius Calénus prend la parole contre lui. Cicéron réfute Calénus dans sa dixième Philippique, et propose de maintenir dans le gouvernement de Macédoine le proconsul Q. Hortensius, qui avait secondé Brutus dans la levée d'une armée. Avant les kalendes d'avril, on apprend à Rome la mort de C. Trébonius, que P. Dolabella avait fait périr à Smyrne au milieu des plus affreux tourments. Dolabella est déclaré ennemi de l'État, et l'on délibère sur le choix du général qu'on enverra contre lui. 04 Cicéron prononce sa onzième Philippique, et démontre qu'il faut choisir C. Cassius, et lui donner pouvoir de poursuivre Dolabella sur terre et sur mer. Présenté à l'assemblée du peuple par le tribun M. Servilius, il soutient la même cause au milieu des acclamations du peuple.

Le consul Pansa propose d'envoyer une seconde ambassade auprès d'Antoine pour traiter de la paix. Ceux qui donnaient les premiers leur avis, demandent qu'on charge de cette ambassade P. Servilius et Cicéron. Cicéron déclare que la paix avec Antoine est impossible, et refuse cette mission. (xii° Philippique.)

Pendant que le consul Pansa était à l'armée, le sénat délibère sur les lettres que lui adresse M. Émilius Lépidus. pour l'engager à faire la paix avec Antoine. Cicéron, dans sa treizième Philippique, s'oppose encore à cette paix. Il donne lecture des lettres d'Antoine à Hirtius et à Octavien, et réfute successivement toutes les raisons qui y sont exposées.

Le 17 des kalendes de mai, Antoine est vaincu à Modène. Un des deux consuls, Hirtius, périt dans cette bataille; l'autre consul, Pansa, y est grièvement blessé, et meurt à Bologne quelques jours après. Dès que la nouvelle de la victoire de Modène est arrivée à Rome, Cicéron est conduit au Capitole au milieu des applaudissements d'un immense concours de peuple; il est porté sur la tribune aux harangues, et reconduit en triomphe jusque chez lui.

La veille des Vinalia, le 10 des kalendes de mai, Cicéron prononce sa quatorzième Philippique. Il propose de décréter une supplication de cinquante jours au nom des trois généraux Hirtius, Pansa et César Octavien, et d'ériger un monument à la mémoire des soldats qui sont morts pour la défense de la république.

Le 4 des kalendes de juin, M. Lépidus se réunit à Antoine, qui, après la bataille de Modène, passe les Alpes; la veille des kalendes, il est déclaré ennemi de l'État. Quelque temps après, César Octavien abandonne la cause des grands; il appelle eu Italie Antoine et Lépide. Créé consul avec Q. Pédius, H entre en fonctions le 10 des kalendes d'octobre.

César Octavien, Antoine et Lépide font la paix. Réunis entre Pérouse et Bologne, ils conviennent qu'ils formeront un triumviratpour gouverner la république pendant cinq an, et qu'ils proscriront leurs ennemis respectifs. En conséquence, Antoine envoie le centurion Hérennius et M. Popilius Lénas, pour faire périr cicéron, qui s'était retiré à Astara. Il est assassiné le 7 des ides de décembre.

64

1 Brut., 43, 3.

2 Legg., ii, 1.

3 Ad Att., vi, 5; xiii, 42.

4 Pro Archia, 3.

5 Lael., 1.

6 Plut., Cle., l. De Legg., i, 1. De Orat., ii, 1.

7 De Orat. iii, 1, 2.

8 De Orat. i, 34.

9 Phil. xii, 11.

10 Pro Planc., 10. Vell. Pat., ii, 19.

11 Ad Fam., xiii, I.

12 Brut., 89.

13 Læl., I. Brut., 90. De Orat., I, 46.

14 Tusc., v, 19. De Orat., iii, 3.

15 Brut., 89.

16 De Nat. Deor., iii 32.

17 De Orat., i, 2.

18 Brut., 90.

19 Phil., xii, ii.

20 Pro Sestio, 3.

21 Ad fam., ix, 21.

22 De Lege ag., iii, 2.

23 Brut., 90. De Off. Ii, 14.

24 Pro Cæc., 33.

25 Brut., 91. De Fin., i, 5. De Mysteriis Eleus. De Legg. Ii, 14.

26 De Sulla. De Fin., iii, 22. Off., ii, 28. De Legg, ii, 22.

27 Brut., 91.

28 De Fin., ii, 28.

29 De Roscio, cfr. de Orat, 1, 28. Val. Max., viii, 7.

30 Brut., 92, in Pis., i.

31 In Verr., ii, v, 14. Tusc., v, 23.

32 Pro Planc., 26.

33 Cfr. in Pis., 24.

34 Cfr. pro lege Man., ii. Pro Sest., 31.

35 Brut., 92. Cfr. Verr., i, 3.

36 In Pis., i. Verr., ii, v, 14. Pro Mur., 19. De Off., ii, 17. Plut, Cic., 9.

37 Ad Att., i, 5.

38 Pro lege Man., I. Brut., 93.

39 Pro lege Man., ii, 12.

40 Pro Mur. 19.

41 Cfr. Orat., 67, 70. Quintil., viii, 3.

42 De Lege agr. ii, 2.

43 Ad Att. i. 2.

44 Ibid., 3.

45 Ibid., 6.

46 Plut. Cic., 14.

47 De Off., iii, 25, in Pis., 2.

48 Cfr. Pro Cælio, 5, 6. Pro Mur., 24, 26.

49 Cfr. Pro Flacco, 39; et de omni Cic. oonsulatu in Pi., Pro Sulla 1.

50 Ad Fam., v, 6.

51 Ad Att., i, 13.  Parad., iv 2.

52 Ad Att., 1, 16.

53 Ad Att. i, 19.

54 De Prov. Cons., 17. Ad Att., i, 18. Cfr. ibid., ii, 19; ix, 2.

55 Cfr. ad Att, iii, 15.

56 Pro Sestio, 14.

57  Ibid, 16, 22. Pro Planc., 35-37. in Pis 9.

58 Pro Sestio, 24. Pro C. Rabirio, 17.

59 Pro Planc., 40, 41.

60 Pro Sest., 31-41, 54-58, 60-62, In Pis., 15.

61 Ad Att., iv. Pro Sest., 63. In Pisonem, 22.

62 Ad Att., iv, 2, 3.

63 Ibid.iv 1.

64 Ad Fam., i, 9.

65 De Legg. ii, 10.

66 Cfr. ad Att. iv, 18.

67  Philipp., ii, 4. Brut., I.

68 Ad Fam., ix, 2

69 Cfr. Ad Att., v, 2, 7, 10, 15.

70 Ad Fam., xv, 4.

71 Ad Fam., xvi, 1.

72 Tusc., iv, 29. Ad Att, xii, 16 et 36.