IX
PLAIDOYER SUR LA SUCCESSION D'ASTYPHILE
Le frère d'Astyphile contre Cléon.
REVENDICATION DE SUCCESSION
ARGUMENT.
Le procès sur la succession d'Astyphile est fort simple. Astyphile est mort à la guerre, à Mytilène. Son cousin du côté paternel, Clëon, a un fils qu'il prétend avoir été adopté par le défunt, et en conséquence, à la première nouvelle du décès d'Astyphile il prend possession de tous les biens, en vertu de la saisine.
Mais Astyphile a un frère utérin qui servait comme lui, 'lans l'armée, et qui, à son retour, revendique la succession pn consignant la παρακαταβολή. Comme parent par les femme? il passerait après Cléon qui est cousin par son père Thou- dippos, mais ce dernier est passé par adoption dans une autre maison, et par suite il a perdu pour lui et pour tous ses descendants la parenté qui l'unissait à Astyphile.
La question est donc desavoir si le testament invoquéet produit par Cléon est sincère ou supposé. Plusieurs circonstances !' rendent suspect. D'abord les témoins désignés dans l'acte ne sont ni parents ni même des gens de la phratrie ou du dème. En second lieu, Astyphile a pris part à de nombreuses 168 expéditions et n'avait pas l'habitude de faire un testament avant de partir. S'il en avait fait un, ce n'aurait pas été en faveur de Cléon qui était son ennemi personnel. En effet, Euthycrate père d'Astyphile et Thoudippos père de Cléon se sont querellés au sujet d'un partage. Il y a eu des voies de fait, et Euthycrate est mort des coups qu'il avait reçus. De là une haine irréconciliable entre les deux familles. Enfin, le prétendu dépositaire du testament, Hîéroclès, a offert cette pièce à tout venant, et en dernier lieu à Cléon qui fait avec lui le procès, de compte à demi.
D'autre part, Théophraste, père de l'orateur, a comblé d bienfaits Astyphile. Ce dernier était orphelin. Sa mère a épousé en secondes noces Théophraste, et ce dernier a été son tuteur. L'orateur est né de ce mariage. Les deux frères ont été élevés ensemble et sont restés toujours intimement attachés l'un à l'autre. Aussi, en fait, ce n'est pas Cléon. c'est Théophraste et l'orateur qui ont rendu les derniers devoirs aux restes d'Astyphile.
La date du plaidoyer est facile à déterminer. L'orateur dil qu'Astyphile a fait les expéditions de Corinthe, de Thessalie et de Béotie, enfin qu'il a trouvé la mort dans celle de My tilène. Celle-ci a eu lieu en l'an 390.
Ἀστύφιλος καὶ ὁ λέγων τὸν λόγον ἀδελφοὶ ὁμομήτριοι· τελευτήσαντος δὲ τοῦ Ἀστυφίλου διαθήκας προήνεγκε Κλέων τις, ἀνεψιὸς ὢν αὐτοῦ, φάσκων αὐτὰς γενέσθαι εἰς τὸν υἱὸν ἑαυτοῦ. Ὁ δὲ ἀδελφὸς τοῦ Ἀστυφίλου κατηγορεῖ τῶν διαθηκῶν ὡς πλαστῶν. Ἡ στάσις στοχασμός. [1] Ἀδελφός μοι ἦν ὁμομήτριος, ὦ ἄνδρες, Ἀστύφιλος, οὗ ἐστιν ὁ κλῆρος· ἀποδημήσας οὖν μετὰ τῶν εἰς Μυτιλήνην στρατιωτῶν ἐτελεύτησε. Πειράσομαι δ' ὑμῖν ἐπιδεῖξαι ὅπερ ἀντώμοσα, ὡς οὔτε ἐποιήσατο ἐκεῖνος ὑὸν ἑαυτῷ, οὔτ' ἔδωκε τὰ ἑαυτοῦ, οὔτε διαθήκας κατέλιπεν, οὔτε προσήκει ἔχειν τὰ Ἀστυφίλου οὐδενὶ ἄλλῳ ἢ ἐμοί. [2] Ἔστι γὰρ [ὁ] Κλέων οὑτοσὶ ἀνεψιὸς Ἀστυφίλῳ πρὸς πατρός, ὁ δὲ ὑὸς ὁ τούτου, ὃν εἰσποιεῖ ἐκείνῳ, ἀνεψιαδοῦς. Εἰσποίητος δ' ἦν ὁ πατὴρ ὁ Κλέωνος εἰς ἄλλον οἶκον, καὶ οὗτοι ἔτι εἰσὶν ἐν ἐκείνῳ τῷ οἴκῳ, ὥστε γένει μὲν διὰ τὸν νόμον οὐδὲν προσήκουσιν Ἀστυφίλῳ. Ἐπειδὴ δὲ κατὰ ταῦτα οὐκ ἦν ἀμφισβήτησις, διαθήκας, ὦ ἄνδρες, ψευδεῖς (ὡς ἐγὼ οἶμαι ἐπιδείξειν) κατεσκεύασαν καὶ ζητοῦσιν ἀποστερῆσαί με τῶν τἀδελφοῦ· [3] καὶ οὕτω σφόδρα Κλέων οὑτοσὶ καὶ πρότερον καὶ νῦν οὐδένα ἄλλον τὸν κλῆρον ἡγεῖται ἕξειν ἢ αὑτόν, ὥστ' ἐπειδὴ τάχιστα ἠγγέλθη Ἀστύφιλος τετελευτηκώς, τοῦ μὲν πατρὸς τοῦ ἐμοῦ ἀσθενοῦντος, ἐμοῦ δὲ οὐκ ἐπιδημοῦντος ἀλλὰ στρατευομένου, εἰς τὸ χωρίον ἐνεβάτευσε, καὶ εἴ τι ἄλλο ἐκεῖνος κατέλιπεν, ἅπαντα ἔφη τοῦ ὑοῦ τοῦ ἑαυτοῦ εἶναι, πρίν τι ὑμᾶς ψηφίσασθαι. [4] Ἐπεὶ δ' ἐκομίσθη τὰ ὀστᾶ τοῦ ἀδελφοῦ, ὁ μὲν προσποιούμενος πάλαι ὑὸς εἰσπεποιῆσθαι οὐ προὔθετο οὐδ' ἔθαψεν, οἱ δὲ φίλοι Ἀστυφίλου καὶ οἱ συστρατιῶται, ὁρῶντες τὸν πατέρα τὸν ἐμὸν ἀρρωστοῦντα, ἐμὲ δὲ οὐκ ἐπιδημοῦντα, αὐτοὶ καὶ προὔθεντο καὶ τἆλλα πάντα τὰ νομιζόμενα ἐποίησαν καὶ τὸν ἐμὸν πατέρα ἀσθενοῦντα ἐπὶ τὸ μνῆμα ἤγαγον, εὖ εἰδότες ὅτι ἀσπάζοιτο αὐτὸν Ἀστύφιλος. Τούτου δ' ὑμῖν αὐτοὺς τοὺς ἐπιτηδείους τοὺς ἐκείνου μάρτυρας παρέξομαι τῶν παρόντων. ΜΑΡΤΥΡΕΣ [5] Ὅτι μὲν οὐκ ἔθαψε Κλέων Ἀστύφιλον, οὐδ' <ἂν> αὐτὸς ἔξαρνος γένοιτο μεμαρτύρηταί τε ὑμῖν· ἐπειδὴ δ' ἐπεδήμησα ἐγὼ καὶ ᾐσθόμην καρπουμένους τούτους τὰ ἐκείνου, ... ὁ [δὲ] ὑὸς αὐτοῦ ποιηθείη ὑπὸ Ἀστυφίλου, καὶ τούτων διαθήκας καταλίποι παρὰ Ἱεροκλεῖ Ἰφιστιάδῃ. Ἀκούσας δ' ἐγὼ λέγοντος αὐτοῦ ταῦτα ἐπορευόμην παρὰ τὸν Ἱεροκλέα, εὖ μὲν εἰδὼς ὅτι ὡς οἷόν τε μάλιστα ἐπιτήδειος εἴη Κλέωνι, [6] οὐχ ἡγούμενος δ' ἂν αὐτὸν τολμῆσαί τι ψεύσασθαι κατὰ Ἀστυφίλου τετελευτηκότος, καὶ ταῦτα θεῖον ὄντα καὶ ἐμοῦ καὶ ἐκείνου. Ὅμως δέ, ὦ ἄνδρες, οὐδὲν τούτων ὑπολογισάμενος ὁ Ἱεροκλῆς ἐρωτώμενος ὑπ' ἐμοῦ ἀπεκρίνατό μοι ὅτι ἔχοι τὰς διαθήκας· λαβεῖν δὲ ἔφη αὐτὰς παρὰ Ἀστυφίλου, ὅτε εἰς Μυτιλήνην ἔμελλεν ἐκεῖνος ἐκπλεῖν. Ὡς δὲ ταῦτ' ἔλεγεν, ἀνάγνωθί μοι ταύτην τὴν μαρτυρίαν [ὅτι Ἱεροκλῆς ἀπεκρίνατο]. ΜΑΡΤΥΡΙΑ [7] Ἐπειδὴ τοίνυν, ὦ ἄνδρες, οὔτε παραγενόμενος οὐδεὶς ἔτυχε τῶν οἰκείων ὅτε ὁ ἀδελφὸς ἐτελεύτησεν, οὔτε ἐγὼ ἐπεδήμουν ὅτε τὰ ὀστᾶ αὐτοῦ δεῦρο ἐκομίσθη, ἀναγκαῖόν μοί ἐστιν ἐξ αὐτῶν ὧν οὗτοι λέγουσιν ἐλέγχειν ψευδεῖς οὔσας τὰς διαθήκας [ἃς ἐποιήσαντο]. Εἰκὸς γὰρ ἐκεῖνον οὐ μόνον ἐπιθυμεῖν ὑὸν ποιησάμενον καταλιπεῖν, ἀλλὰ καὶ σκοπεῖσθαι ὅπως κυριώτατα ἔσται ἃ ἂν διαθῆται, καὶ τήν τε οὐσίαν, ὃν ἂν ἐκεῖνος εἰσποιήσηται, οὗτος ἕξει, καὶ ἐπὶ τοὺς βωμοὺς τοὺς πατρῴους οὗτος βαδιεῖται, καὶ τελευτήσαντι αὐτῷ καὶ τοῖς ἐκείνου προγόνοις τὰ νομιζόμενα ποιήσει· [8] ἅπαντα δὲ ταῦτα μάλιστ' ἂν εἰδέναι ὅτι γένοιτο, εἰ μὴ ἄνευ τῶν οἰκείων τῶν ἑαυτοῦ τὰς διαθήκας ποιοῖτο, ἀλλὰ πρῶτον μὲν συγγενεῖς παρακαλέσας, ἔπειτα δὲ φράτορας καὶ δημότας, ἔπειτα τῶν ἄλλων ἐπιτηδείων ὅσους δύναιτο πλείστους· οὕτω γὰρ εἴτε κατὰ γένος εἴτε κατὰ δόσιν ἀμφισβητοίη τις, ῥᾳδίως ἂν ἐλέγχοιτο ψευδόμενος. [9] Ὁ τοίνυν Ἀστύφιλος οὐδὲν φαίνεται τοιοῦτον ποιήσας, οὐδὲ παραστησάμενος οὐδένα τούτων ὅτε διέθετο ἃ οὗτοί φασιν, εἰ μή τις ἄρα ὑπὸ τούτων πέπεισται ὁμολογεῖν παρεῖναι. Αὐτὸς δ' ὑμῖν πάντας τούτους μαρτυροῦντας παρέξομαι. |
PLAIDOYER 1. Astyphile, juges, de la succession duquel il s'agit, était mon frère de mère. Parti avec l'armée qui se rendait à Mytilène, il est mort dans l'expédition. Je vais m'efforcer de vous montrer, comme j'y suis engagé par mon serment, qu'il n'a jamais adopté de fils, qu'il n'a pas donné ce qui lui appartenait, qu'il n'a pas laissé de testament, enfin qu'aucun autre que moi n'a droit à recueillir les biens d'Astyphile. 2. Mon adversaire Cléon est cousin d'Astyphile par son père. Son fils qu'il prétend lui donner en adoption, est un fils de cousin. Mais le père de Cléon avait été donné en adoption dans une autre maison et ils sont encore dans cette maison, en sorte qu'aux termes de la loi ils ne tiennent à Astyphile par aucun lien de parenté. Comme il n'y avait pas moyen de contester ce point, ils ont fabriqué, juges, un testament faux (c'est du moins ce que j'espère vous prouver), et ils cherchent à me dépouiller des biens de mon frère. 3. Cléon que voici, est si fortement convaincu, et il l'était hier comme aujourd'hui, qu'aucun autre que lui n'aura la succession, qu'au jour même où on reçut la nouvelle de la mort d'Astyphile, profitant de ce que mon père était malade, 't moi absent à l'armée, il prit possession du domaine ot déclara que si le défunt avait laissé quelque autre chose, tout appartenait à son fils à lui, avant même lout vote de votre part. 4. Mais quand on rapporta les restes de mon frère, ce prétendu fils adoplif ne parut 170 ni à l'exposition du corps ni à la mise au tombeau. Ce furent les amis et les compagnons d'armes d'Astyphile qui voyant mon père malade et moi absent, firent eux-mêmes l'exposition el toutes les cérémonies d'usage et conduisirent ensuite jusqu'au monument mon père infirme, sachant bien qu'Astyphile Je recevrait avec plaisir. Sur ce point je produis comme témoins les amis mêmes d'Astyphile, qui étaient présents. TÉmoins. 5. Ce n'est donc pas Cléon qui a mis Astyphile au tombeau; lui-même ne me contredirait pas, et les témoins vous l'ont déclaré. Quand je fus de retour, j'appris qu'ils percevaient les fruits des biens d'Astyphile, que le fils de Cléon aurait été adopté par Astyphile, et que le testament contenant ces dispositions aurait élé déposé chez Iliéroclès d'Héphestiades. C'était du moins ce qu'il disait. Je me rendis alors chez Hiéroclès, n'ignorant pas q'u'il était grand ami de Cléon, 6. mais croyant qu'il serait incapable de mentir au sujet d'Astyphile mort, alors surtout qu'il était oncle maternel de moi et de Cléon. Pourtant, juges, Hiéroclès ne fut arrêté par aucune de ces considérations. Sur ma demande il répondit qu'il était détenteur du testament, il affirma qu'il l'avait reçu d'Astyphile au moment où ce dernier allait s'embarquer pour Mytilène. Pour prouver que telles furent ses paroles donne lecture du témoignage que voici. TÉMOIGNAGE. 7. Puisqu'aucune des personnes de notre maison n'était là quand mon frère est mort, que moi-même 171 j'étais absent quand on a apporté ses restes, je suis obligé de prouver par les dires mêmes de ces hommes la fausseté du testament qu'ils ont fabriqué. Si nous cherchons ce qui est vraisemblable, Astyphile n'a pas dû se borner à exprimer le désir de laisser un fils adoptif, il a dû prendre des mesures pour que son testament soit exécuté de tout point, et pour que la fortune amassée par lui passe à son fils adoptif, pour que ce lils visitant les autels paternels, y rende les devoirs accoutumés à lui-même défunt et à ses ancêtres. 8. Mais, pour être sûr que tout cela aurait lieu, Astyphile devait, — il le savait bien — faire un testament non pas en l'absence des personnes de sa maison, mais après avoir appelé d'abord les parents, ensuite les membres de la phratrie et du dème, et enfin des amis, aussi nombreux que possible. De cette façon, quiconque voudrait contester, soit comme parent, soit comme légataire, serait facilement convaincu d'imposture. 9. Or, il ne paraît pas qu'Astyphile ait rien fait de tout cela, ni qu'il ait pris à témoin aucune des personnes dont je parle, lorsqu'il a fait les dispositions alléguées par mes adversaires, à moins qu'un témoin suborné par eux ne vienne déclarer qu'il a assisté à l'acte. Je vais vous produire moi-même toutes ces personnes pour que vous entendiez leur témoignage. |
ΜΑΡΤΥΡΕΣ [10] Ἴσως τοίνυν Κλέων οὑτοσὶ φήσει οὐκ εἰκὸς εἶναι τεκμηρίοις ὑμᾶς χρήσασθαι τούτοις τοῖς μάρτυσιν, ὅτι μαρτυροῦσι μὴ εἰδέναι Ἀστύφιλον ταῦτα διατιθέμενον. Ἐγὼ δ' οἶμαι, περί γε διαθηκῶν οὔσης τῆς ἀμφισβητήσεως καὶ περὶ τοῦ ποιηθῆναί τινα ὑὸν Ἀστυφίλῳ, ἡμῖν πολὺ βεβαιοτέραν εἶναι μαρτυρίαν ἣν οἱ ἀναγκαῖοι <οἱ> ἐκείνου περὶ τῶν μεγίστων μή φασι παραγενέσθαι, μᾶλλον ἢ ἣν οἱ μηδὲν προσήκοντες μαρτυροῦσι παρεῖναι. [11] Καὶ ἐχρῆν δ', ὦ ἄνδρες, καὶ αὐτὸν Κλέωνα, μὴ δοκοῦντα εἶναι ἠλίθιον, ὅτε τὸν ὑὸν τὸν τούτου ἐποιεῖτο Ἀστύφιλος καὶ τὰς διαθήκας κατέλειπε, παρακαλέσαι εἴ τέ τινα συγγενῆ ἐπιδημοῦντα ἐγίγνωσκε, καὶ τοὺς ἄλλους, ὅτῳ περ ἔμβραχυ ᾔδει Ἀστύφιλον χρώμενον. Κωλῦσαι μὲν γὰρ οὐδεὶς ἂν αὐτὸν ἐδύνατο, ὅτῳ ἐβούλετο, δοῦναι τὰ ἑαυτοῦ· τούτῳ δ' ἂν μεγάλη μαρτυρία ἦν, ὅτι οὐ λάθρᾳ ταῦτα διέθετο. [12] ἔτι δ', ὦ ἄνδρες, εἰ μὲν ὁ Ἀστύφιλος μηδένα ἐβούλετο εἰδέναι ὅτι τὸν Κλέωνος ὑὸν ἐποιεῖτο μηδ' ὅτι διαθήκας καταλίποι, εἰκὸς ἦν μηδὲ ἄλλον μηδένα ἐγγεγράφθαι ἐν τῷ γραμματείῳ μάρτυρα· εἰ δ' ἐναντίον μαρτύρων φαίνεται διαθέμενος, τούτων δὲ μὴ τῶν μάλιστα χρωμένων ἀλλὰ τῶν ἐντυχόντων, πῶς εἰκός ἐστιν ἀληθεῖς εἶναι τὰς διαθήκας; [13] Οὐ γὰρ <ἂν> ἡγοῦμαι ἔγωγε οὐδένα, ὑὸν ἑαυτῷ ποιούμενον, τολμῆσαι ἄλλους τινὰς παρακαλέσαι ἢ τούτους, οἷς περ καὶ ἱερῶν καὶ ὁσίων κοινωνὸν ἀνθ' αὑτοῦ εἰς τὸν ἔπειτα χρόνον ἔμελλε καταλιπεῖν. Ἀλλὰ μὴν οὐδ' αἰσχυνθῆναι οὐδενὶ προσήκει ἐπὶ τοιαύταις διαθήκαις ὡς πλείστους μάρτυρας παρίστασθαι, νόμου γε ὄντος ἐξεῖναι ὅτῳ βούλοιτο δοῦναι τὰ ἑαυτοῦ.
[14]
Σκέψασθε δέ, ὦ ἄνδρες, καὶ ἐκ τοῦ χρόνου ὃν οὗτοι λέγουσι περὶ τῶν
διαθηκῶν. Ὅτε γὰρ εἰς Μυτιλήνην ἐξέπλει στρατευόμενος, τότε φασὶν
αὐτὸν ταῦτα διαθέσθαι· φαίνεται δὲ ὁ Ἀστύφιλος τῷ τούτων λόγῳ τὰ
μέλλοντα ἅπαντα ἔσεσθαι προειδώς. Πρῶτον μὲν γὰρ ἐστρατεύσατο εἰς
Κόρινθον, ἔπειτα εἰς Θετταλίαν, ἔτι δὲ τὸν Θηβαικὸν πόλεμον ἅπαντα,
καὶ ἄλλοσε ὅπου περ αἰσθάνοιτο στράτευμα συλλεγόμενον, ἁπανταχοῖ
ἀπεδήμει λοχαγῶν· καὶ οὐδ' ἐν μιᾷ τούτων τῶν ἐξόδων διαθήκας
κατέλιπεν. Ἡ δὲ εἰς τὴν Μυτιλήνην στρατεία τελευταία αὐτῷ ἐγένετο,
ἐν ᾗ καὶ ἀπέθανε. [15] τῷ οὖν ἂν ὑμῶν
φανείη πιστόν, πρότερον ἄλλας στρατείας τοῦ Ἀστυφίλου στρατευομένου
καὶ εὖ εἰδότος ὅτι ἐν ἁπάσαις μέλλοι κινδυνεύειν, οὕτως ἀκριβῶς τὰ
παρὰ τῆς τύχης συμβῆναι, ὥστ' ἐν μὲν τῷ πρόσθεν χρόνῳ μηδὲ περὶ ἑνὸς
αὐτὸν τῶν αὑτοῦ διαθέσθαι, ὅτε δὲ τὸ τελευταῖον ἔμελλε στρατεύεσθαι,
ἐθελοντήν τε ἐκπλέοντα καὶ μάλιστα ἐκ ταύτης τῆς στρατείας ἐλπίζοντα
σωθήσεσθαι (πῶς τοῦτον πιστὸν ἤδη;) τὰς διαθήκας τότε καταλιπεῖν καὶ
ἐκπλεύσαντα τελευτῆσαι; [16] Χωρὶς δὲ
τούτων, ὦ ἄνδρες δικασταί, ἔτι μείζω τεκμήρια παρέξομαι ὡς οὐδὲν
ἀληθὲς λέγουσιν οὗτοι. Ἐπιδείξω γὰρ ὑμῖν ἔχθιστον ἁπάντων ὄντα
Ἀστύφιλον Κλέωνι, καὶ οὕτω σφόδρα καὶ δικαίως μισοῦντα τοῦτον, ὥστε
πολὺ ἂν θᾶττον διαθέμενον μηδένα ποτὲ τῶν ἑαυτοῦ οἰκείων διαλεχθῆναι
Κλέωνι, μᾶλλον ἢ τὸν τούτου ὑὸν ποιησάμενον. [17]
Εὐθυκράτει γάρ, ὦ ἄνδρες, τῷ πατρὶ τῷ Ἀστυφίλου αἴτιος γενέσθαι
λέγεται τοῦ θανάτου Θούδιππος ὁ Κλέωνος τουτουὶ πατήρ, αἰκισάμενος
ἐκεῖνον διαφορᾶς τινος αὐτοῖς γενομένης ἐν τῇ νεμήσει τοῦ χωρίου,
καὶ οὕτως αὐτὸν διατεθῆναι, ὥστε ἐκ τῶν πληγῶν αὐτὸν ἀσθενήσαντα οὐ
πολλαῖς ἡμέραις ὕστερον ἀποθανεῖν. [18]
Ὡς δὲ ταῦτ' ἐστὶν ἀληθῆ, ἴσως μὲν καὶ Ἀραφηνίων καὶ πολλοὶ τῶν τότε
συγγεωργούντων μαρτυρήσειαν ἄν μοι, διαρρήδην δὲ περὶ τηλικούτου
πράγματος οὐκ ἂν ἔχοιμι ὅπως ὑμῖν παρασχοίμην. Καὶ γὰρ αὐτὸν
τυπτόμενον ἰδὼν Ἱεροκλῆς, ὁ τὸ γραμματεῖον φάσκων παρ' ἑαυτῷ τεθῆναι,
οἶδ' ὅτι οὐκ ἂν ἐθελήσειε μαρτυρῆσαι ἐναντία ταῖς διαθήκαις αἷς
αὐτὸς ἀποφαίνει. Ὅμως μέντοι καὶ κάλει Ἱεροκλέα, ἵνα ἐναντίον τούτων
μαρτυρήσῃ ἢ ἐξομόσηται. |
TÉmoins. 10. Cléon va peut-être vous dire qu'il n'y a pas lieu, pour vous, de considérer comme une preuve les dires de ces témoins déclarant qu'il n'est pas à leur connaissance qu'Astyphile ait fait le testament dont il s'agit. Mais puisque la question porte sur l'existence, d'un testament et sur l'adoption d'un fils par Astyphile, Ie 172 témoignage des parents venant dire qu'ils n'ont pas assisté à des actes d'une si grande importance est bien plus fort, à mon sens, que celui des étrangers déclarant qu'ils étaient là. 11. Il aurait fallu aussi que Cléon, qui ne paraît pas être dépourvu d'intelligence, an moment où Astyphile adoptait son fils et laissait un testament, appelât tous les parents qu'il savait se trouver en ville, et les autres personnes, celles qu'il avait vues, si peu que ce fût, en relation avec Astyphile. Personne assurément ne pouvait l'empêcher de donner ses biens à qui il voulait, mais il était très important pour Cléon de prouver que le testament n'avait pas été fait en secret. 12. Il y a plus, juges. Si Astyphile ne voulait pas qu'où sût qu'il avait adopté un fils ni qu'il laissait un testament, il est probable qu'aucune autre personne ne figurerait dans l'acte comme témoin. Si donc Astyphile a testé en présence de témoins pris, non parmi les personnes qui avaient avec lui les relations les plus étroites, mais au hasard, comment peut-il se faire que le testament soit vrai? 13. Je ne pense pas, pour ma part, qu'au moment où l'on adopte un fils, on ose appeler d'autres personnes que celles auxquelles on va laisser à sa place, pour l'avenir, un nouvel associé dans la jouissance commune des choses divines et humaines. En quoi, d'ailleurs, serait-il honteux de faire assister à de semblables testaments le plus de témoins possible, quand il y a une loi qui permet de donner ses biens à qui l'on veut? 14. Remarquez encore, juges, à quel moment, selon eux, le testament aurait été fait. C'est au moment de partir pour l'expédition de Mytilène qu'Astyphile aurait testé. A ce compte il aurait su d'avance ce qui allait arriver. En effet, il a fait une première campagne à Corinthe, une seconde en Thessalie, il a ensuite pris part à toute la guerre thébaine, et dès qu'il apprenait 173 qu'une expédition se préparait n'importe où, il allait partout comme commandant d'une compagnie. Eh bien, pas une seule fois il n'a laissé de testament en partant. La campagne de Mitylène est la dernière qu'il ait faite. C'est celle où il est mort. 15. Est-il un seul d'entre vous qui trouve la chose croyable? Lui qui avait fait mainte autre campagne, sachant bien que, dans toutes, il risquait sa vie, le hasard l'aurait frappé à point nommé. Il n'avait jamais jusque-là disposé d'un seul de ses biens, et au moment de faire une dernière campagne, où il s'embarquait comme volontaire, d'où il espérait revenir plus que de toute autre, il aurait celte fois laissé un testament suivi bientôt de son départ et de sa mort? 16. Outre ces preuves, juges, je vais en produire de plus fortes encore pour établir que ces gens là ne disent pas la vérité. Je vais vous montrer qu'Astyphile était le plus grand ennemi de Cléon. Il le haïssait si fort et à si juste titre qu'il aurait par son testament interdit à tous ceux de sa maison d'avoir aucune relation avec Cléon, plutôt que d'adopter le fils de cet homme. 17. En effet, juges, Thoudippos, père de ce Cléon, a été la cause de la mort d'Euthycrate, père d'Astyphile. Un différend étant survenu entre eux au sujet du partage d'une terre, Thoudippos se livra à des voies de fait contre Euthycrate elle maltraita de telle sorte qu'Euthycraté tomba malade des coups qu'il avait reçus et mourut peu de jours après. 18. La vérité du fait pourrait être attestée par plusieurs habitants du dème d'Araphène, cultivateurs comme lui; mais je ne saurais vous les produire pour vous donner des explications sur un fait si grave. Voici par exemple un homme qui a vu le coup, c'est Hiéroclès, celui qui affirme être dépositaire du testament. Je sais qu'il ne voudra pas faire un témoignage contraire au testament qu'il produit lui-même. Pour- 174 tant appelle Hiéroclès pour qu'en face de ces juges il donne son témoignage ou s'excuse par serment. |
ΕΞΩΜΟΣΙΑ [19] Ἀκριβῶς μὲν ᾔδειν· τοῦ γὰρ αὐτοῦ ἀνδρός ἐστιν, ἃ μὲν οἶδεν, ἐξόμνυσθαι, τῶν δὲ μὴ γενομένων πίστιν ἐθέλειν ἐπιθεῖναι ἦ μὴν εἰδέναι γενόμενα· ὡς δέ, ὅτε ἀπέθνησκεν [ὁ] Εὐθυκράτης ὁ πατὴρ Ἀστυφίλου, ἐπέσκηψε τοῖς οἰκείοις μηδένα ποτὲ ἐᾶσαι ἐλθεῖν τῶν Θουδίππου ἐπὶ τὸ μνῆμα τὸ ἑαυτοῦ, τούτων ὑμῖν τὸν ἔχοντα τὴν τηθίδα τοῦ Ἀστυφίλου μάρτυρα παρέξομαι. ΜΑΡΤΥΡΙΑ [20] ἀκούων τοίνυν ταῦτα ὁ Ἀστύφιλος καὶ τούτου καὶ τῶν ἄλλων προσηκόντων εὐθέως ἐκ παιδίου, ἐπειδὴ τάχιστα ἤρχετο φρονεῖν, οὐδὲ πώποτε διελέχθη Κλέωνι, ἀλλὰ πρότερον ἐτελεύτησεν, οὐχ ἡγούμενος ὅσιον εἶναι, τοιαύτην αἰτίαν ἔχοντος Θουδίππου περὶ τὸν αὑτοῦ πατέρα, τῷ ἐκείνου ὑεῖ διαλέγεσθαι. Ὡς οὖν τὸν ἅπαντα χρόνον διάφορος ἦν Κλέωνι, τούτων ὑμῖν τοὺς συνειδότας μάρτυρας παρέξομαι. ΜΑΡΤΥΡΕΣ [21] Εἰς τὰς θυσίας τοίνυν, ἐν αἷσπερ οἱ ἄλλοι Ἀθηναῖοι ἑστιῶνται, πρῶτον μὲν δημότην ὄντα, ἔπειτα ἀνεψιόν, ἔτι δὲ τὸν ὑὸν τούτου μέλλοντα ποιεῖσθαι, εἰκὸς δήπου ἦν, ὁπότε περ ἐπιδημοίη, μηδὲ μεθ' ἑνὸς ἄλλου ἰέναι τὸν Ἀστύφιλον ἢ μετὰ Κλέωνος. Ὡς τοίνυν οὐδέποτ' ἦλθε μετ' αὐτοῦ, ὑμῖν τῶν δημοτῶν μαρτυρίαν ἀναγνώσεται. ΜΑΡΤΥΡΙΑ [22] Οὕτως τοίνυν διακείμενος τῷ τετελευτηκότι Κλέων ἀξιοῖ τὸν ὑὸν τὸν ἑαυτοῦ τὰ ἐκείνου ἔχειν. Καὶ τί δεῖ τοῦτον λέγειν; Ἀλλ' Ἱεροκλῆς, θεῖος ὢν καὶ <ἐκείνῳ καὶ> ἐμοί, οὕτως ἐστὶ τολμηρὸς ὥστε οὐ γενομένας διαθήκας ἥκει φέρων, καί φησι παρ' ἑαυτῷ Ἀστύφιλον ταύτας καταλιπεῖν. [23] Καίτοι, Ἱερόκλεις, πολλὰ κἀγαθὰ παθὼν ὑπὸ Θεοφράστου τοῦ πατρὸς τοῦ ἐμοῦ, ὅτε χεῖρον ἔπραττες ἢ νυνί, καὶ ὑπὸ Ἀστυφίλου, οὐδετέρῳ αὐτοῖν τὴν ἀξίαν χάριν ἀποδίδως· ἐμὲ μὲν γὰρ ὑὸν ὄντα Θεοφράστου, σαυτῷ δὲ ἀδελφιδοῦν, ἀποστερεῖς ἅ μοι οἱ νόμοι ἔδοσαν, Ἀστυφίλου δὲ τεθνεῶτος καταψεύδῃ, καὶ τὸ κατὰ σαυτὸν μέρος τοὺς ἐχθίστους καθίστης τῶν ἐκείνου κληρονόμους. [24] Καὶ πρὶν μὲν ληχθῆναι τοῦ κλήρου, ὦ ἄνδρες, εὖ εἰδὼς ὁ Ἱεροκλῆς ὅτι οὐδενὶ ἄλλῳ γίγνοιτο τὰ Ἀστυφίλου ἢ ἐμοί, ἐν μέρει ἑκάστῳ τῶν ἐκείνου ἐπιτηδείων προσῄει πωλῶν τὸ πρᾶγμα καὶ τοὺς οὐδὲν προσήκοντας πείθων ἀμφισβητεῖν, λέγων ὅτι θεῖος εἴη Ἀστυφίλῳ καὶ ἀποφανοίη28 διαθήκας ἐκεῖνον καταλελοιπότα, εἴ τις αὑτῷ κοινώσοιτο· ἐπειδὴ δὲ πρὸς Κλέωνα διωμολογήσατο καὶ τῶν τοῦ ἀδελφοῦ ἐμερίσατο, νυνὶ ὡς ἀληθῆ λέγων ἀξιώσει πιστεύεσθαι. Δοκεῖ δέ μοι κἂν ὀμόσαι ἄσμενος, εἴ τις αὐτῷ ὅρκον διδοίη. [25] Καὶ ἐμοὶ μὲν συγγενὴς ὢν οὐδὲ τὰ γενόμενα ἐθέλει μαρτυρεῖν, ᾧ δ' οὐδὲν προσήκει, τούτῳ τὰ ψευδῆ συλλαμβάνει καὶ τῶν οὐ πραχθέντων γραμματεῖον ἥκει φέρων· πολὺ γὰρ προὐργιαίτερον ἡγεῖται εἶναι τὸ χρηματίζεσθαι ἢ τὴν ἐμὴν συγγένειαν. Ὡς δὲ ἐπηγγέλλετο περιιὼν διαθήκας ἀποφανεῖν, εἴ τις αὑτῷ κοινώσαιτο, αὐτοὺς ὑμῖν οἷς προσῆλθε μάρτυρας παρέξομαι. ΜΑΡΤΥΡΕΣ [26] Τί οὖν χρή, ὦ ἄνδρες, ὄνομα θέσθαι τούτῳ τῷ ἀνδρί, ὅστις ἐθέλει οὕτω ῥᾳδίως διὰ τὸ ἑαυτοῦ κέρδος τῶν τεθνεώτων τινὸς καταψεύδεσθαι; Ὡς δὲ οὐδὲ Κλέωνι προῖκα τὰς διαθήκας ἀποφαίνει, ἀλλὰ μισθὸν εἴληφεν, αὕτη ὑμῖν ἡ μαρτυρία οὐ μικρὸν τεκμήριον ἔσται. Τοιαῦτα μέντοι κοινῇ ἐπ' ἐμοὶ τεχνάζουσιν· ἡγεῖται γὰρ αὐτῶν ἑκάτερος εὕρημα ἔχειν ὅ τι ἂν τῶν Ἀστυφίλου λάβῃ.
[27] Ὡς
μὲν οὖν οὐκ εἰσὶν ἀληθεῖς αἱ διαθῆκαι, ἀλλὰ Κλέων καὶ Ἱεροκλῆς
βούλονται ὑμᾶς ἐξαπατῆσαι, καθ' ὅσον ἐδυνάμην ἀπέδειξα· ὡς δ' εἰ καὶ
μηδὲν προσήκων ἔτυχον Ἀστυφίλῳ, δικαιότερός εἰμι ἔχειν τὰ ἐκείνου ἢ
οὗτοι, διδάξω ὑμᾶς. Ὅτε γὰρ ἐλάμβανε Θεόφραστος ὁ ἐμὸς πατὴρ τὴν
ἐμὴν μητέρα καὶ Ἀστυφίλου παρὰ Ἱεροκλέους, ἦλθε καὶ αὐτὸν ἐκεῖνον
ἔχουσα μικρὸν ὄντα, καὶ διῃτᾶτο παρ' ἡμῖν τὸν ἅπαντα χρόνον ὁ
Ἀστύφιλος, καὶ ἐπαιδεύθη ὑπὸ τοῦ πατρὸς τοῦ ἐμοῦ.
[28] Καὶ ἐπειδὴ ἐγὼ ἐγενόμην καὶ ὥραν εἶχον παιδεύεσθαι,
μετ' ἐκείνου συνεπαιδευόμην. Λαβὲ δέ μοι ταύτην τὴν μαρτυρίαν, εἶτα
τῶν διδασκάλων ὅποι ἐφοιτῶμεν. |
TÉMOIGNAGE. — EXCUSE. 19. Je le savais bien. C'est toujours le même homme : Ce qu'il sait il refuse de le dire, et ce qui n'est jamais arrivé il veut l'affirmer par serment, en prenant les dieux à témoin qu'il a vu les choses. Mais je vais vous prouver qu'au moment de mourir, Euthycrate, le père d'Astyphile, recommanda à toute sa maison de ne laisser approcher de son tombeau aucun des descendants de Thoudippos. Je vais à ce sujet vous produire comme témoin le mari de la tante maternelle d'Astyphile. TEMOIGNAGE. 20. Ainsi instruit dès son enfance par son père et par les autres personnes de sa famille, Astyphile, dès qu'il fut parvenu à l'âge de raison, n'eut jamais aucun rapport avec Cléon. Il est mort avant d'en avoir eu aucun, pensant qu'il n'était pas correct de parler au fils de Thoudippos, quand Thoudippos s'était rendu à coupable envers son père. Pour vous prouver qu'il » toujours été en querelle avec Cléon, je vais vous produire les témoins qui connaissent les faits. TÉmoins. 21. Quant aux sacrifices qui se terminent par un banquet entre Athéniens, il semble qu'Astyphile, quand il se trouvait ici, aurait dû s'y rendre avec Cléon plutôt qu'avec tout autre. Il était du même dème, de plus son cousin, enfin il devait adopter le fils de Cléon. Eh 175 bien, il ne s'y est jamais rendu avec Cléon. On va vous lire le témoignage des hommes du dème. TÉMOIGNAGE. 22. Voilà quelles étaient les relations de Cléon avec le défunt, et pourtant il veut que son fils recueille la succession. Mais pourquoi parler de lui? Voici Hiéroclès, son oncle et le mien. Il a l'audace d'apporter ici un testament qui n'a jamais existé et prétend qu'Astyphyle le lui a laissé en dépôt. 23. Pourtant, Hiéroclès, tu as été comblé de bienfaits par mon père Théo- phraste, alors que tu n'étais pas si à ton aise qu'aujourd'hui, et aussi par Astyphile, et tu ne le montres reconnaissant ni pour l'un ni pour l'autre. Moi qui suis fils de Théophraste et ton cousin, lu m'enlèves ce que les lois m'ont donné, tu dis des mensonges contre Astyphile mort et, autant qu'il est en toi, lu lui donnes pour héritiers ses plus grands ennemis. 24. Avant l'attribution de la succession, juges, Hiéroclès, sachant parfaitement que les biens d'Astyphile ne pouvaient revenir à un autre que moi, prit un à un tous ceux qui avaient eu avec Astyphile des relations d'amitié, proposant l'affaire comme un marché à conclure, et poussant à contester ceux qui n'avaient aucun droit, disant qu'il était l'oncle d'Astyphile et qu'il produirait un testament laissé par ce dernier, si quelqu'un voulait s'associer avec lui. Il s'est entendu avec Cléon, il a partagé avec lui les biens de son frère, et après cela il demandera qu'on le croie comme disant la vérité. Je crois même qu'il jurera volontiers si quelqu'un lui défère le serment. 25. A moi qui suis son parent il refuse son témoignage sur des faits réels, tandis qu'à cet homme qui n'a aucun droit il prête le secours de ses mensonges et arrive portant un mémoire de faits con- 176 trouvés. L'occasion de s'enrichir lui paraît bien préférable au lien de parenté qui l'unit à moi. Pour prouver qu'il allait de l'un à l'autre, promettant de produire un testament si quelqu'un voulait s'associer à lui, je vais vous produire comme témoins ceux-là mêmes qu'il est allé trouver. TÉmoins. 26. Quel nom faut-il donc donner à cet homme, juges, qui ne craint pas, pour s'enrichir, de dire des mensonges contre un mort? Ce n'est pas gratuitement, d'ailleurs, que Hiéroclès a produit le testament à Cléon: il s'est fait payer le service ainsi rendu. Le témoignage même que vous venez d'entendre en est une preuve assez forte. C'est ainsi qu'ils manœuvrent contre moi, de complicité. Ils estiment l'un et l'autre que tout ce qu'ils pourront prendre de la succession d'Astyphile est pour eux de l'argent trouvé. 27. Je vous ai montré, autant que j'ai pu le faire, que le testament n'est pas vrai et que Cléon et Hiéroclès veulent vous tromper. Je veux maintenant vous faire voir que, n'eussé-je même aucun lien de parente avec Astyphile, j'ai encore plus de droit à sa succession que mes adversaires. En effet, quand mon père Théophraste reçut d'Hiéroclès ma mère, qui est aussi celle d'Astyphile, elle entra dans la maison avec ce dernier qui était encore en bas-âge, et Astyphile demeura toujours chez nous et fut élevé par mon père. 28. Je suis né depuis et, quand je fus en âge de recevoir l'éducation, je partageai celle qui était donnée à Astyphile. Prends-moi ce témoignage, et ensuite ceux des maîtres que nous fréquentions.
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ΜΑΡΤΥΡΙΑ Τὸ τοίνυν χωρίον τὸ ἐκείνου πατρῷον, ὦ ἄνδρες, ὁ πατὴρ ὁ ἐμὸς ἐφύτευσε καὶ ἐγεώργει καὶ ἐποίει διπλασίου ἄξιον. Ἀνάβητέ μοι καὶ τούτων μάρτυρες. ΜΑΡΤΥΡΕΣ [29] Ἐπεὶ τοίνυν ἐδοκιμάσθη ὁ ἀδελφός, ἀπέλαβε πάντα ὀρθῶς καὶ δικαίως, ὥστε ἐκεῖνον μηδὲ πώποτε μηδὲν ἐγκαλέσαι τῷ ἐμῷ πατρί. Μετὰ δὲ ταῦτα τὴν ἀδελφὴν τὴν ἐκείνου ὁμοπατρίαν ἠγγύησεν ὁ ἐμὸς πατὴρ ὅτῳ ἐδόκει αὐτῷ, καὶ τἆλλα διῴκει, καὶ ταῦτα τῷ Ἀστυφίλῳ ἐξήρκει· ἱκανὴν γὰρ ἡγήσατο βάσανον εἰληφέναι ἀπὸ τοῦ πατρὸς τοῦ ἐμοῦ τῆς εἰς αὑτὸν εὐνοίας, ἐκ μικροῦ παιδίου τεθραμμένος παρ' αὐτῷ. Μαρτυροῦσι δὲ ὑμῖν καὶ περὶ τῆς ἐγγύης οἱ εἰδότες. ΜΑΡΤΥΡΕΣ [30] Εἰς τοίνυν τὰ ἱερὰ ὁ πατὴρ ὁ ἐμὸς τὸν Ἀστύφιλον <ὄντα> παῖδα ἦγε μεθ' ἑαυτοῦ ὥσπερ καὶ ἐμὲ πανταχῇ καὶ εἰς τοὺς θιάσους τοὺς Ἡρακλέους ἐκεῖνον [αὐτὸν] εἰσήγαγεν, ἵνα μετέχοι τῆς κοινωνίας. Αὐτοὶ ὑμῖν οἱ θιασῶται μαρτυρήσουσιν. ΜΑΡΤΥΡΕΣ Ἐγὼ δέ, ὦ ἄνδρες, ὡς διεκείμην πρὸς τὸν ἀδελφόν, σκέψασθε. Πρῶτον μὲν γὰρ συνετράφην ἐκείνῳ ἐκ παιδίου, ἔπειτα οὐδέποτε διάφορος ἐγενόμην, ἀλλ' ἠσπάζετό με, ὡς ἴσασιν οἱ οἰκεῖοι πάντες οἱ ἡμέτεροι καὶ οἱ φίλοι· οὓς βούλομαι ὑμῖν μάρτυρας ἀναβιβάσαι. ΜΑΡΤΥΡΕΣ [31] δοκεῖ ἂν οὖν ὑμῖν Ἀστύφιλος, ὦ ἄνδρες, οὕτω μὲν μισῶν Κλέωνα, τοσαῦτα δ' ἀγαθὰ ὑπὸ τοῦ πατρὸς τοῦ ἐμοῦ πεπονθώς, αὐτὸς τῶν ἐχθρῶν ἄν τινος ὑὸν ποιήσασθαι ἢ τὰ ἑαυτοῦ δοῦναι, τοὺς εὐεργέτας καὶ τοὺς συγγενεῖς ἀποστερήσας; Ἐγὼ μὲν οὐκ ἂν οἴομαι, εἰ καὶ δεκάκις ὁ Ἱεροκλῆς διαθήκας ψευδεῖς ἀποδεικνύει, ἀλλὰ καὶ διὰ τὸ ἀδελφὸν εἶναι καὶ διὰ τὴν ἄλλην οἰκειότητα πολὺ μᾶλλον προσήκειν ἐμοὶ ἢ τῷ Κλέωνος ὑεῖ, [32] Ἐπεὶ τούτοις γε οὐδὲ προσποιήσασθαι καλὸν ἦν τῶν Ἀστυφίλου, οἵτινες οὕτω διέκειντο πρὸς αὐτόν, τὰ δὲ ὀστᾶ οὐκ ἔθαψαν, ἀλλὰ πρότερον ἐπὶ τὴν οὐσίαν ἦλθον πρὶν ἐκείνῳ τὰ νομιζόμενα ποιῆσαι. Ἔπειτα νῦν ἀξιώσουσι κληρονομεῖν τῶν Ἀστυφίλου οὐ μόνον τὰς διαθήκας λέγοντες, ἀλλὰ καὶ τὸ γένος παρατιθέντες, ὅτι ἀνεψιὸς ἦν Κλέων πρὸς πατρός. [33] Ὑμᾶς δέ, ὦ ἄνδρες, οὐκ εἰκός ἐστι τῷ τοὔτου γένει προσέχειν τὸν νοῦν· οὐδεὶς γὰρ πώποτε ἐκποίητος γενόμενος ἐκληρονόμησε τοῦ οἴκου ὅθεν ἐξεποιήθη, ἐὰν μὴ ἐπανέλθῃ κατὰ τὸν νόμον.... οὗτοι μέντοι ἀκριβῶς εἰδότες ὅτι οὐκ ἐποιήσατο Ἀστύφιλος τὸν Κλέωνος ὑόν, πολλάκις ἐληλυθότι αὐτῷ οὐδεπώποτε κεκρεανομήκασι. Λαβέ μοι καὶ ταύτην τὴν μαρτυρίαν. ΜΑΡΤΥΡΙΑ [34] Ἑκατέρῳ οὖν ἡμῶν, ἐξ ὧν ἀντωμόσαμεν σκεψάμενοι, ψηφίσασθε. Κλέων μὲν γάρ φησι τὸν ὑὸν τὸν ἑαυτοῦ Ἀστυφίλῳ εἰσποιηθῆναι, καὶ ταῦτ' ἐκεῖνον διαθέσθαι· ἐγὼ δ' οὔ φημι, ἀλλ' ἐμὰ εἶναι πάντα τὰ Ἀστυφίλου, ἀδελφὸς ὢν ἐκείνου, ὡς καὶ αὐτοὶ οὗτοι ἴσασι. Μὴ τοίνυν, ὦ ἄνδρες, εἰσποιήσητε ὑὸν Ἀστυφίλῳ ὃν οὐδ' αὐτὸς ζῶν ἐκεῖνος ἐποιήσατο, ἀλλὰ τοὺς νόμους οὓς ὑμεῖς ἔθεσθε βεβαιώσατέ μοι· κατὰ τούτους γὰρ ἀμφισβητῶ, ὁσιωτάτην δέησιν δεόμενος, ὦ ἄνδρες, τῆς τοῦ ἀδελφοῦ οὐσίας κληρονόμον με καταστῆσαι. [35] Ἀπέδειξα δ' ὑμῖν ὡς οὐδενὶ ἐκεῖνος δέδωκε τὰ ἑαυτοῦ, καὶ μάρτυρας ἁπάντων ὧν εἶπον παρεσχόμην. Βοηθήσατε οὖν μοι, καὶ εἰ λέγειν ἐμοῦ δύναται Κλέων μᾶλλον, τοῦτο αὐτῷ ἄνευ τοῦ νόμου καὶ τοῦ δικαίου μηδὲν ἰσχυσάτω, ἀλλ' ὑμᾶς αὐτοὺς βραβευτὰς ἁπάντων καταστήσατε. Διὰ τοῦτο γὰρ συλλέγεσθε, ἵνα τοῖς μὲν ἀναισχυντοῦσι μηδὲν πλέον ᾖ, οἱ δὲ ἀδυνατώτεροι τολμῶσι περὶ τῶν δικαίων ἀμφισβητεῖν, εὖ εἰδότες ὅτι ὑμεῖς οὐδενὶ ἄλλῳ τὸν νοῦν προσέχετε.
[36]
Ἅπαντες οὖν, ὦ ἄνδρες, μετ' ἐμοῦ γένεσθε· ὡς ἐάν τι ἄλλο ψηφίσησθε
Κλέωνι πειθόμενοι, σκέψασθε ὁπόσων αἴτιοι γενήσεσθε. Πρῶτον μὲν τοὺς
ἐχθίστους Ἀστυφίλου ἐπί τε τὰ μνήματα ἰέναι καὶ ἐπὶ τὰ ἱερὰ <τὰ>
ἐκείνου ποιήσετε· ἔπειτα τὰς Εὐθυκράτους ἐπισκήψεις, τοῦ πατρὸς τοῦ
Ἀστυφίλου, ἀκύρους ποιήσετε, ἃς αὐτὸς πρότερον ἀπέθανεν ἢ παραβῆναι·
ἔπειτα τετελευτηκότα Ἀστύφιλον παρανοίας αἱρήσετε·
[37] εἰ γὰρ τοῦτον ἐποιήσατο ὑὸν οὗ τῷ πατρὶ πολεμιώτατος
ἦν, πῶς οὐ δόξει τοῖς ἀκούσασι παρανοεῖν ἢ ὑπὸ φαρμάκων διεφθάρθαι;
Ἔτι δ' ἐμέ, ὦ ἄνδρες δικασταί, ἐκτραφέντα ἐν τῷ αὐτῷ καὶ
συμπαιδευθέντα Ἀστυφίλῳ καὶ ἀδελφὸν ὄντα, περιόψεσθε ὑπὸ Κλέωνος
ἀποστερηθέντα τῶν ἐκείνου. Ἀντιβολῶ ὑμᾶς καὶ ἱκετεύω ἐκ παντὸς
τρόπου ψηφίσασθαί μοι· οὕτω γὰρ ἂν μάλιστα Ἀστυφίλῳ τε χαρίσαισθε
κἀμὲ οὐκ ἂν ἀδικήσαιτε. |
TÉMOIGNAGES. Et le domaine paternel d'Astyphile, juges, fut planté et cultivé par mon père, qui en a doublé la valeur. Montez ici vous qui êtes témoins de ces faits. TÉmoins. 29. Quand mou frère fut reconnu majeur, tout ce qui était à lui, lui fut remis régulièrement et en bonne forme, en sorte qu'il n'a jamais eu aucune répétition à exercer contre mon père. Après cela mon père donna en mariage à qui il voulut la sœur consanguine d'Astyphile, et administra le surplus de la fortune, le tout sans aucune réclamation de la part d'Astyphile. Celui-ci trouvait suffisante la preuve de bienveillance que lui avait donnée mon père, en l'élevant chez lui depuis sa plus tendre enfance. Voici, au sujet des cérémonies du mariage, le témoignage de ceux qui les ont vues. TÉmoins. 30. Mon père conduisait régulièrement aux cérémonies sacrées Astyphile enfant, comme il m'y conduisait moi-même, et il l'introduisit dans les thiases d'Héraclès pour qu'il put participer à la communauté. Les membres des thiases vont en témoigner eux-mêmes. TÉmoins. Pour moi, juges, voyez dans quelles relations j'étais avec mon frère. D'abord j'ai été élevé avec lui depuis mon enfance. En second lieu je n'ai jamais eu de querelle avec lui, il me chérissait au contraire, comme le savent tous ceux de notre maison et tous nos amis. Je veux les faire monter ici pour qu'ils soient témoins. TÉMOINS. 178 31. Vous paraît-il possible, juges, qu'Astyphile, haïssant à ce point Cléon, et d'autre part ayant été comblé de bienfaits par mon père, ait lui-même adopté le fils d'un de ses ennemis ou lui ait donné ses biens, au préjudice de ses bienfaiteurs et de ses parents? Pour moi je ne le pense pas, dût Hiéroclès produire dix faux testaments. Je crois au contraire qu'étant son frère, faisant partie de la même maison, la succession doit m'appartenir à moi, bien plutôt qu'au fils de Cléon. 32. En vérité il n'était pas honnête pour ces hommes de prétendre à la succession d'Astyphile, eux qui étaient envers lui dans les dispositions que vous savez, qui n'ont pas mis ses restes au tombeau, mais se sont emparés de sa fortune avant de lui rendre les derniers devoirs. Après cela ils soutiendront maintenant qu'ils doivent hériter des biens d'Astyphile non seulement en vertu du testament, mais encore à raison de la parenté, parce que Cléon était cousin du défunt par son père. 33. Mais vous juges, vous ne pouvez prendre en considération sa parenté. En effet, on n'a jamais vu un homme donné en adoption hériter de la maison dont il est sorti par cette adoption, à moins qu'il n'y soit retourné conformément à la loi. Or, ces hommes, sachant très bien qu'Astyphile n'avait pas adopté le fils de Cléon n'ont jamais fait à celui-ci une part dans leurs sacrifices, quoiqu'il s'y fût souvent présenté. Prends encore ce témoignage. TÉMOIGNAGE. 34. Votez donc, sur chacun de nous deux, d'après les faits que nous avons affirmés par serments l'un en face de l'autre. Cléon soutient que son fils a été adopté par Astyphile, et que ce dernier l'a ainsi voulu par son testament. Moi, je le nie, et je dis que tous les bien d'Astyphile m'appartiennent, parce que je suis son frère, comme ces hommes le savent très bien eux-mêmes. N'allez donc pas, juges, donner pour fils adoptif à Astyphile un homme qu'Astyphile n'aurait pas lui-même adopté de son vivant. Confirmez, en me les appliquant, les lois que vous avez faites. C'est en vertu de ces lois que j'exerce mon action, en vous demandant la chose la plus juste : de me faire hériter de la fortune de mon frère. 35. Je vous ai montré qu'il n'a donné ses biens à personne, et j'ai produit des témoins de tout ce que j'ai avancé. Soyez-moi donc en aide, et si Cléon sait parler mieux que moi, que cela ne lui serve de rien, puisqu'il n'a pour lui ni la loi ni le droit. Érigez-vous, vous-mêmes, en arbitres de toutes ces choses. Si vous vous réunissez en ce lieu, c'est précisément afin que les effrontés n'aient aucun avantage, et que les moins capables osent faire valoir leurs droits, sachant bien que vous n'attachez aucune importance à tout le reste.
36. Soyez
donc tous avec moi, juges, car si vous votiez autrement, entraînés
par Cléon, voyez de quel mal vous serez la cause. D'abord vous
donnerez aux pires ennemis d'Astyphile le droit de se rendre à son
tombeau et de prendre part aux cérémonies sacrées célébrées par lui.
Ensuite vous ôterez tout effet aux recommandations d'Euthycrate,
père d'Astyphile, si pressantes qu'Astyphile jusqu'à sa mort n'a
jamais voulu les enfreindre. Vous déclarerez aussi par le fait
qu'Astyphile est mort en démence. 37.
Car s'il a adopté pour fils l'homme dont il avait le père en si
grande aversion, comment ne croira-t-on pas, à entendre ce jugement,
qu'Astyphile était en démence ou que des breuvages avaient égaré sa
raison? Enfin, juges, moi qui ai été nourri et élevé avec Astyphile,
moi qui suis son frère, vous souffrirez que je sois dépouillé de ses
biens par Cléon. Je vous supplie et je vous conjure de voter pour
moi par tous ces motifs. Ainsi vous satisferez pleinement au désir
d'Astyphile et vous ne porterez pas atteinte à mon droit.
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181 NOTES § 2. L'adopté allait demeurer dans la maison de l'adoptant et se détachait ainsi de sa famille naturelle, en sorte que les liens ile parenté se trouvaient rompus. Ils ne pouvaient renaître que si fadopté revenait dans la maison de son père naturel, ce qu'il ne pouvait faire qu'à la condition de laisser un lils, né de lui, dans la maison de son père adoptif. V. le plaidoyer d'Isée sur la succession d'Aristarque et celui de Démosthène contre Léocharès, § 21 et suiv. § 3. Les descendants en ligne directe et les lils adoptifs. lorsque l'adoption avait eu lieu entre-vifs étaient de plein droit saisis de la succession et pouvaient prendre possession des biens par éu.Sx- ~i%. Tous autres héritiers avaient besoin d'un envoi en possession. § 4. Les anciens croyaient que les mânes des morts conservaient le sentiment de l'amitié et de la haine et éprouvaient de l'affection lou de l'aversion pour les personnes qui s'approchaient de leur tombeau. V. § 9 et Lycurgue, contre Léocrate, § 59. Au sujet d'Astyphile on pouvait craindre que s'il avait réellement adopté un étranger la visite de son père naturel ne lui fût pas agréable, parce que le droit de conduire le deuil appartenait au lllls, de préférence au père. Mais précisément ceux qui faisaient conduire le deuil par le père manifestaient l'intention de ne pas reconnaître la validité de la prétendue adoption. § 27. La mère d'Astyphile, devenue veuve, avait été donnée en mariage par son frère Hiéroclès à Théophraste. C'est de ce second mariage qu'est né l'orateur. §28. Théophraste est ainsi devenu le tuteur de son beau-fils Astyphile. § 29. Il s'agit ici de la δοκιμασία εἰς ἄνδρας qui était suivie de tinscription sur le registre civique, ληξιαρχικὸν γραμματεῖον. Théophraste donne en mariage sa belle-fille, celle-ci a pour κύριος son frère Astyphile ; c'est donc Astyphile qui devait faire Mais comme il est à peine majeur il laisse agir pour lui beau-père Théophraste et ratifie ensuite ce qui a été fait par celui-ci. Ainsi l'ἐγγυητής légal pouvait déléguer son pouvoir. Cette fille était sœur consanguine d'Astyphile, c'est-à-dire née du même père, mais il ne faudrait pas conclure de cette expression qu'elle n'était pas de la même mère. § 30. Les thiases étaient des confréries religieuses ἀθριεζομενον πλῆθος ἐπὶ τελετῇ καὶ τιμῇ θεῶν. Chaque thiase était consacré à une divinité particulière. V. P. Foucart, Des associations religieuses chez les Grecs, 1873. § 33. Ces hommes, que l'orateur montre aux juges, sont les membres de la phratrie, qui vont déclarer à l'instant, comme témoins qu'Astyphile et les siens n'ont jamais admis le fils de Cléon à leur cérémonies sacrées, et ne lui ont jamais donné ce morceau de la victime. μερίς que recevait chacun des participants. Cet usage de la κρεανομία est bien connu. V. Démosthène. contre Macartatos, § 82 et Harpocration, v° μεῖον.
§ 34. Ce serment est celui que les
deux parties ont prêté l'une en face de l'autre, au moment où le
débat a commencé, ἀντωμοσία. |