ŒUVRES COMPLÈTES DE CICÉRON AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. NISARD DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE; INSPECTEUR GÉNÉRAL DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR - TOME CINQUIÈME - PARIS - CHEZ FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET Cie. LIBRAIRES - IMPRIMERIE DE L'INSTITUT DE FRANCE - RUE JACOB, 56 - M DCCC LXIX
LETTRES A ATTICUS
LIVRE XV - LIBER QVINTVS DECIMVS AD ATTICVM
LETTRES A ATTICUS
LIVRE XV
LIBER QVINTVS DECIMVS AD ATTICVM
Letter 1 Scr. In Puteolano xvi K. Iun. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. O factum male de Alexione! incredibile est quanta me molestia adfecerit, nec me hercule ex ea parte maxime quod plerique mecum, 'ad quem igitur te medicum conferes?' quid mihi iam medico? Aut si opus est, tanta inopia est? Amorem erga me, humanitatem suavitatemque desidero. Etiam illud. Quid est quod non pertimescendum sit cum hominem temperantem, summum medicum tantus improviso morbus oppresserit? Sed ad haec omnia una consolatio est quod ea condicione nati sumus ut nihil quod homini accidere possit recusare debeamus. De Antonio iam antea tibi scripsi non esse eum a me conventum. Venit enim Misenum cum ego essem in Pompeiano. Inde ante profectus est quam ego eum venisse cognovi. Sed casu, cum legerem tuas litteras, Hirtius erat apud me in Puteolano. Ei legi et egi. Primum quod attinet, nihil mihi concedebat, deinde ad summam arbitrum me statuebat non modo huius rei sed totius consulatus sui. Cum Antonio autem sic agemus ut perspiciat, si in eo negotio nobis satis fecerit, totum me futurum suum. Dolabellam spero domi esse. Redeamus ad nostros. De quibus tu bonam spem te significas habere propter edictorum humanitatem. Ego autem perspexi, cum a me xvii Kal. De Puteolano Neapolim Pansae conveniendi causa proficisceretur Hirtius, omnem eius sensum. Seduxi enim et ad pacem sum cohortatus. Non poterat scilicet negare se velle pacem, sed non minus se nostrorum arma timere quam Antoni, et tamen utrosque non sine causa praesidium habere, se autem utraque arma metuere. Quid quaeris? οὐδὲν ὑγιές. De Quinto filio tibi adsentior. Patri quidem certe gratissimae bellae tuae litterae fuerunt. Caerelliae vero facile satis feci; nec valde laborare mihi visa est, et si illa, ego certe non laborarem. Istam vero quam tibi molestam scribis esse auditam a te esse omnino demiror. Nam quod eam conlaudavi apud amicos audientibus tribus filiis eius et filia tua, τὸ ἐκ τούτου quid est hoc? Quid est au/tem cur ego pe/rsonatus a/mbulem? Parumne foeda persona est ipsius senectutis? Quod Brutus rogat ut ante Kalendas, ad me quoque scripsit et fortasse faciam. Sed plane quid velit nescio. Quid enim illi adferre consili possum, cum ipse egeam consilio et cum ille suae immortalitati melius quam nostro otio consuluerit? De regina rumor exstinguitur. De Flamma, obsecro te, si quid potes. 1a Scr. In Sinuessano xv K. Iun. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. Here dederam ad te litteras exiens e Puteolano deverteramque in Cumanum. Ibi bene valentem videram Piliam. Quin etiam paulo <post> Cumis eam vidi. Venerat enim in funus; cui funeri ego quoque operam dedi. Cn. Lucullus familiaris noster matrem efferebat. Mansi igitur eo die in Sinuessano atque inde mane postridie Arpinum proficiscens hanc epistulam exaravi. Erat autem nihil novi quod aut scriberem aut ex te quaererem, nisi forte hoc ad rem putas pertinere. Brutus noster misit ad me orationem suam habitam in contione Capitolina petivitque a me ut eam ne ambitiose corrigerem ante quam ederet. Est autem oratio scripta elegantissime sententiis, verbis, ut nihil possit ultra. Ego tamen si illam causam habuissem, scripsissem ardentius. ὑΠόθεσις vides quae sit <et> persona dicentis. Itaque eam corrigere non potui. Quo enim in genere Brutus noster esse vult et quod iudicium habet de optimo genere dicendi, id ita consecutus in ea oratione est ut elegantius esse nihil possit; sed ego secutus aliud sum sive hoc recte sive non recte. Tu tamen velim eam orationem legas, nisi forte iam legisti, certioremque me facias quid iudices ipse. Quamquam vereor ne cognomine tuo lapsus ὑπεραττικὸς sis in iudicando. Sed si recordabere Δημοσθένους fulmina, tum intelleges posse et ἀττικώτατα <et> gravissime dici. Sed haec coram. Nunc nec sine epistula nec cum inani epistula volui ad te Metrodorum venire. |
717.— A ATTICUS. Sinuesse, mai. A. XV, 1, 1ere part. Quelle triste chose que la mort d'Alexion ! J'en ai un chagrin inexprimable. Ce n'est pas, je vous assure, de la manière que supposent les gens qui me disent : Quel médecin allez-vous prendre? Qu'ai-je affaire de médecin aujourd'hui? Et si j'en veux, en manque-t-il ? Ce que je regrette en lui, c'est son affection, son amabilité, sa douceur; et puisque! retour a faire sur soi-même, quand on voit un homme de cette tempérance et un si grand médecin ainsi emporté en un clin d'œil ! Il n'y a qu'une chose à se dire, c'est qu'on est homme, et qu'on doit se résigner aux conditions de l'humanité. — Je vous ai déjà mandé qu'il ne m'avait pas encore été possible de rejoindre Antoine. Il est venu a Misène, pendant que j'étais à Pompéi; mais il était déjà parti quand je l'ai su. Cependant le hasard a voulu qu'Hirtius se trouvât justement chez moi à Pouzzol au moment où j'ai reçu votre lettre. Je la lui ai montrée, et j'ai insisté sur son contenu. Son premier mot a été qu'il ne s'y intéressait pas moins que moi-même, et son dernier, que pour cette affaire comme pour toute autre il met le consul à ma discrétion. Quand je verrai Antoine, je m'y prendrai de manière à lui faire entendre que si, dans cette occasion, il fait ce que nous désirons, je suis à lui sans réserve. — Je pense bien que Dolabella n'aura pas mis la clef sous la porte. Revenons à nos amis. Vous augurez favorablement de la modération des édits. Pour moi, je sais parfaitement ce qu'il y a au fond de la pensée d'Hirtius; j'en ai pu juger le 17 des kalendes, lorsqu'il partit de Pouzzol pour se trouver avec Pansa à Naples. Je le pris à part, et l'exhortai au maintien de la paix. Il ne pouvait pas répondre : Je ne veux pas de la paix. Mais il dit que cette altitude armée ne l'inquiète pas moins de notre, part que de celle d'Antoine; que sans doute ou fait bien des deux côtés d'être sur ses gardes, mais qu'enfin d'un côté ou de l'autre la collision est imminente. Que vous dirai-je? Je n'en attends rien de bon. - Je suis de votre avis pour le fils de Quintus. Votre charmante lettre au père lui a fait le plus grand plaisir. J'ai fait sans peine entendre raison à Cérellia. Elle n'a pas, je crois, l'affaire grandement à cœur, et en tout cas je ne m'en soucie guère. Quant à cette autre personne qui se rend, dites-vous, si importante, je ne m'étonne que d'une chose: c'est que vous ayez voulu l'écouter. Si j'en ai dit du bien chez ses amis, en présence de ses trois fils et de sa fille, j'ai bien changé de note. Pourquoi cela? parce que, le rôle fini. je n'ai que faire du masque. Celui de la vieillesse est déjà bien assez laid. — Brutus désire, dites-vous, me voir avant les kalendes; il me l'a écrit. Je me rendrai probablement a son désir; mais je ne devine point ce qu'il veut. Moi qui ne sais pas me conseiller moi-même, quels conseils aurais-je à donner à un homme qui a si bien travaillé pour sa gloire, si peu pour notre repos? Les bruits qu'on a répandus sur la reine tomberont tout seuls. Si vous pouvez quelque chose auprès de Flamma, ne manquez pas d'agir, je vous prie. 718. — A ATTICUS Sinuesse, mai. Α. XV, 1, 2me partie. Je vous écrivis hier en quittant Pouzzol. J'allais à Cumes. J'y ai trouvé Pilia bien portante. Je l'ai vue ensuite un moment à Baules, où elle s'est rendue de Cumes pour une cérémonie funèbre à laquelle j'ai moi-même pris part. Notre ami Cn. Lentulus plaçait le corps de sa mère sur le bûcher. J'ai couché ce jour-là à Sinuesse, et j'en suis paru ce matin pour Arpinum, d'où je vous écris. Je n'ai rien de nouveau a vous apprendre ou à vous demander. Peut-être pourtant ne serez-vous pas fâché de savoir que notre cher Brutus m'a envoyé le discours qu'il a prononcé dans l'assemblée du Capitole, et il me prie de le corriger sans ménagement, avant qu'il le rende public. Ce discours est semé de pensées admirables; et quant au style, il n'est rien au-dessus. Mais si j'avais à traiter un tel sujet, je le ferais plus chaudement. Vous connaissez les principes et le caractère de l'orateur, et vous comprenez qu'aucune correction ne m'était possible. Ce que Brutus veut être en fait d'éloquence, il l'a été; et l'on ne saurait, mieux qu'il ne le fait, réaliser l'idée qu'il s'est formée de la perfection dans l'art de la parole. Mais soit à tort, soit à raison . et quand même je serais seul de mon avis, mon système est autre. Si vous ne connaissez pas encore ce morceau, faites-moi le plaisir de le lire et dites-moi ce que vous en pensez. Ce n'est pas que je ne redoute beaucoup chez vous l'influence du nom et des dispositions ultra-attiques. Cependant rappelez-vous les foudres de Démosthène, et vous verrez que le style peut se passionner sans cesser d'être ce qu'il y a de plus attique. Nous en parlerons à notre première recentre. Aujourd'hui je voulais seulement que Métrodore partît avec une lettre de moi, et une lettre qui ne fût pas vide. |
Letter 2 Scr. In Vesrino xv K. Iun. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. xv Kal. E Sinuessano proficiscens cum dedissem ad te litteras devertissemque acutius in Vescino accepi a tabellario tuas litteras; in quibus nimis multa de Buthroto. Non enim tibi ea res maiori curae aut est aut erit quam mihi. Sic enim decet te mea curare, tua me. Quam ob rem id quidem sic susceptum est mihi ut nihil sim habiturus antiquius. L. Antonium contionatum esse cognovi tuis litteris et aliis sordide; sed id quale fuerit nescio; nihil enim scripti. De Menedemo probe. Quintus certe ea dictitat quae scribis. Consilium meum a te probari quod ea non scribam quae tu a me postularis facile patior, multoque magis id probabis, si orationem eam de qua hodie ad te scripsi legeris. Quae de legionibus scribis, ea vera sunt. Sed non satis hoc mihi videris tibi persuasisse qui de Buthrotiis nostris per senatum speres confici posse quod puto. Tantum enim video, non videmur esse victuri, sed, ut iam nos hoc fallat, de Buthroto te non fallet. De Octavi contione idem sentio quod tu, ludorumque eius apparatus et Matius ac Postumus mihi procuratores non placent; Saserna conlega dignus. Sed isti omnes, quem ad modum sentis, non minus otium timent quam nos arma. Balbum levari invidia per nos velim, sed ne ipse quidem id fieri posse confidit. Itaque alia cogitat. Quod prima disputatio Tusculana te confirmat sane gaudeo; neque enim ullum est perfugium aut melius aut paratius. Flamma quod bene loquitur non moleste fero. Tyndaritanorum causa, de qua causa laborat, quae sit ignoro. Hos tamen . . . . Πεντέλοιπον movere ista videntur in primis erogatio pecuniae. De Alexione doleo, sed quoniam inciderat in tam gravem morbum, bene actum cum illo arbitror. Quos tamen secundos heredes scire velim et diem testamenti. |
719. — A ATTICUS. Sinuesse, mai. Α. XV, 2. Je partais de Sinuesse le 15 des kalendes, après avoir quitté Cumes, lorsque, sur le territoire de Vescia, votre messager me remit une lettre de vous. C'est trop insister sur Buthrote. Cette affaire ne vous est et ne vous sera jamais plus a cœur qu'a moi. Ainsi devons-nous être l'un pour l'antre. Je m'y suis mis dés l'origine, comme à la chose qui me préoccupe le plus au monde, .le vois, par votre lettre et par d'autres, que Lucius Antoine a fait un discours dégoûtant. Mais quel effet a-t-il produit? Vous ne m'en parlez point. J'approuve fort ce que vous me dites de Ménédémus. Ces propos de Quintus ne sont que trop vrais, il les tient à tout venant. Je suis ravi que vous me permettiez de laisser là le discours que vous m'aviez engage à faire ; vous vous en applaudirez en lisant celui dont je vous parle dans ma lettre d'aujourd'hui. Ce que vous dites des légions est vrai: mais vous ne vous persuadez pas assez que l'autorilé du sénat est insuffisante pour emporter l'affaire de Bulhrote. C'est du moins mon avis. Je vois tant de haine ! notre vie même est menacée, à en juger par les apparences. Puissé-je me tromper ! Vous ne vous seriez alors pas trompé pour Buthrote. — Je partage votre opinion sur le discours d'Octave; ses préparatifs pour les jeux publics, et ses commissaires, tels que Matius et Postumius, ne sont pas de mon goût. Saserna aussi est un digne collègue. Oui, vous le dites avec raison, il n'y a pas un seul de ces gens-là qui ne redoute la paix autant crue nous redoutons la guerre. Je voudrais bien réhabiliter Balbus parmi nos amis. Malheureusement il ne croit pas la chose possible lui-même, et il porte ses vues ailleurs. Je suis charmé du courage que vous donne la lecture de ma première Tusculane. Le remède qu'elle indique est toujours à notre disposition. Merci des bonnes paroles données par Flamma. Quelle est l'affaire des Tyndaritains dont il s'inquiète? On peut en tous cas compter sur moi. Ce qui se passe, et particulièrement les distributions d'argent, paraissent ébranler le dernier des cinq (Hirtius). La mort d'AIcxion m'afllige; mais, après une attaque si grave, son existence devenait telle que je ne puis le plaindre. Quels sont ses seconds héritiers, je vous prie? et quelle est la date de son testament? je voudrais le savoir. |
3 Scr. In Arpinati xi K. Iun. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL.
Vndecimo Kal. Accepi in Arpinati duas epistulas tuas, quibus duabus
meis respondisti. Vna erat xv Kal., altera xii data. Ad superiorem
igitur prius. Accurres in Tusculanum, ut scribis; quo me vi Kal.
Venturum arbitrabar. Quod scribis parendum victoribus, non mihi
quidem cui sunt multa potiora. Nam illa quae recordaris Lentulo et
Marcello consulibus acta in aede Apollinis, nec causa eadem est nec
simile tempus, praesertim cum Marcellum scribas aliosque discedere.
Erit igitur nobis coram odorandum et constituendum tutone Romae esse
possimus. Novi conventus habitatores sane movent; in magnis enim
versamur angustiis. Sed sunt ista parvi; quin et maiora contemnimus.
Calvae testamentum cognovi, hominis turpis ac sordidi; tabula
Demonici quod tibi curae est gratum. De malo scripsi iam pridem ad
Dolabellam accuratissime, modo redditae litterae sint. Eius causa et
cupio et debeo. Venio ad propiorem. Cognovi de Alexione quae desiderabam.
Hirtius est tuus. Antonio, quoniam est, volo peius esse. De Quinto
filio, ut scribis, A. M. C. De patre coram agemus. Brutum omni re
qua possum cupio iuvare. Cuius de oratiuncula idem te quod me
sentire video. Sed parum intellego quid me velis scribere quasi a
Bruto habita oratione, cum ille ediderit. Qui tandem convenit? An
sic ut in tyrannum iure optimo caesum? Multa dicentur, multa
scribentur a nobis sed alio modo et tempore. De sella Caesaris bene
tribuni; praeclaros etiam xiv ordines! Brutum apud me fuisse gaudeo,
modo et libenter fuerit et sat diu. |
720. — A ATTICUS. Atina, mai. A. XV, 3. J'ai reçu le 11 des kaiendes, à Atina, vos deux réponses à mes lettres. L'une est du 15, l'autre du 12. Commençons par la plus ancienne. Vous accourez à Tusculum. Eh bien ! c'est le 6, je le suppose, que j'y serai. Quant à courber la tête sous le vainqueur, ce n'est pas là mon avis; il y a bien mieux à faire. Vous rappelez ce qui arriva dans le temple d'Apollon, sous le consulat de Lentulus et de Marcellus. Mais la question n'est pas la même, et les circonstances sont tout autres. Ne dites-vous pas surtout que Marcellus et les autres se retirent? Nous aurons ensemble à chercher et à voir s'il y a sûreté pour nous dans Rome. D'un autre côté, cette masse de propriétaires nouveaux me donne à réfléchir. Nous sommes pris dans un défilé. Mais qu'importe? J'en ai vu froidement bien d'autres. Je connais le testament de Calva; c'est l'œuvre d'un homme avare et sordide. Merci de l'attention que vous donnez à la mise en vente des biens de Dominicus. Il y a longtemps que j'ai écrit à Dolabella en termes très-pressants au sujet de Marius. Est-ce que ma lettre ne serait pas parvenue? Je n'ai fait pour lui que ce que je désirais et devais faire. — J'arrive à votre seconde lettre. J'ai appris sur Alexion tout ce que je voulais savoir. Hirtius est pour vous. Je souhaite pis encore à Antoine. Vous jugez bien du fils de Quintus ; nous parlerons ensemble de son père. Je ne demande pas mieux que de faire pour Brutus tout ce qui dépend de moi. Je vois bien que vous partagez mon opinion sur son petit discours. Mais je ne comprends point que je puisse en faire un autre en son nom, aujourd'hui qu'il l'a publié. De quelle manière l'entendez-vous? S'agit-il seulement d'établir qu'on avait le droit de tuer le tyran? Il y eu a long à dire, long à écrire sur ce sujet. Mais je m'y prendrai autrement et dans d'autres temps. Bravos aux tribuns pour le siège de César ! bravos aussi aux quatorze rangs! Je suis charmé que Brutus ait logé chez moi, pourvu qu'il s'y soit bien trouvé, et qu'il y ait fait quelque séjour. |
4 Scr. In Arpinati ix K Iun. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. ix K. H. x fere a Q. Fufio venit tabellarius. Nescio quid ab eo litterularum, uti me sibi restituerem; sane insulse, ut solet, nisi forte, quae non ames omnia videntur insulse fieri. Scripsi ita ut te probaturum existimo. Mihi duas a te epistulas reddidit, unam xi, alteram x ad recentiorem prius et leniorem laudo; si vero etiam Carfulenus, 'ἄνω ποταμῶν.' Antoni consilia narras turbulenta. Atque utinam potius per populum agat quam per senatum! quod quidem ita credo. Sed mihi totum eius consilium ad bellum spectare videtur, si quidem D. Bruto provincia eripitur. Quoquo modo ego de illius nervis existimo, non videtur fieri posse sine bello. Sed non cupio, quoniam cavetur Buthrotiis. Rides? Aps condoleo non mea potius adsiduitate, diligentia, gratia perfici. Quod scribis te nescire quid nostris faciendum sit, iam pridem me illa ἀπορία sollicitat. Itaque stulta iam Iduum Martiarum est consolatio. Animis enim usi sumus virilibus, consiliis, mihi crede, puerilibus. Excisa enim est arbor, non evulsa. Itaque quam fruticetur vides. Redeamus igitur, quoniam saepe usurpas, ad Tusculanas disputationes. Saufeium de te celemus; ego numquam indicabo. Quod te a Bruto scribis, ut certior fieret quo die in Tusculanum essem venturus, ut ad te ante scripsi, vi Kal., et quidem ibi te quam primum per videre velim. Puto enim nobis Lanuvium eundum et quidem non sine multo sermone. Sed μελήσει. Redeo ad superiorem. Ex qua praetereo illa prima de Buthrotiis; quae 'mihi sunt inclusa medullis,' sit modo, ut scribis, locus agendi. De oratione Bruti prorsus contendis quom iterum tam multis verbis agis. Egone ut eam causam quam is scripsit? Ego scribam non rogatus ab eo? Nulla παρεγχείρησις fieri potest contumeliosior. 'at' inquis 'Ἡρακλείδειον aliquod.' non recuso id quidem, sed et componendum argumentum est et scribendi exspectandum tempus maturius. Licet enim de me ut libet existimes (velim quidem quam optime), si haec ita manant ut videntur (feres quod dicam), me Idus Martiae non delectant. Ille enim numquam revertisset, nos timor confirmare eius acta non coegisset, aut, ut in Saufei eam relinquamque Tusculanas disputationes ad quas tu etiam Vestorium hortaris, ita gratiosi eramus apud illum (quem di mortuum perduint!) ut nostrae aetati, quoniam interfecto domino liberi non sumus, non fuerit dominus ille fugiendus. Rubeo, mihi crede, sed iam scripseram; delere nolui. De Menedemo vellem verum fuisset, de regina velim verum sit. Cetera coram, et maxime quid nostris faciendum sit, quid etiam nobis, si Antonius militibus obsessurus est senatum. Hanc epistulam si illius tabellario dedissem, veritus sum ne solveret. Itaque misi dedita. Erat enim rescribendum tuis. 4a Scr. In Tusculano vi K Iun. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL.
Quam vellem Bruto studium tuum navare potuisses! ego igitur ad eum
litteras. Ad Dolabellam Tironem misi cum mandatis et litteris. Eum
ad te vocabis et si quid habebis quod placeat scribes. Ecce autem de
traverso L. Caesar ut veniam ad se rogat in nemus aut scribam quo se
venire velim; Bruto enim placere se a me conveniri. O rem odiosam et
inexplicabilem! puto me ergo iturum et inde Romam, nisi quid mutaro.
Summatim adhuc ad te; nihildum enim a Balbo. Tuas igitur exspecto
nec actorum solum sed etiam futurorum. |
721. — A ATTICUS. Atina mai. Α. XV, 4. Le 12 des calendes, à la 8e heure à peu près, un messager m'arrive porteur de je ne sais quel diminutif de billet, par lequel Fufius me. redemande mon amitié. On n'est pas plus gauche, en vérité. Mais peut-être tout semble-t-il gauche de la part des gens qu'on n'aime pas? Ma réponse serait de votre goût. Le même messager m'a remis deux lettres de vous, l'une du 11, l'autre du 10. Voyons d'abord la plus récente, qui est en même temps la plus aimable. A merveille. Quoi ! Et Carfulénus aussi? En vérité, les fleuves remontent vers leurs sources. Que de tempêtes prêtes à sortir de tous ces projets d'Antoine ! Puisse-t-il agir par le peuple plutôt que par le sénat! Il le fera, je crois. Mais si on veut enlever à Hrutus son gouvernement, c'est la guerre; si peu de nerf que je lui suppose, il ne se laissera pas dépouiller sans en venir aux coups. Je ne désire pas la guerre, puisqu'on s'occupe des Buthrotiens. Vous riez! mais moi, j'aurais bien mieux aimé réussir par ma persévérance, mon crédit et mes soins a arranger leur affaire. Je gémis. Vous ne savez que dire de nos amis, et de ce qu'ils doivent faire en de telles circonstances. J'en suis là pour moi-même, et ce n'est pas d'aujourd'hui que les ides de mars me semblent une consolation dérisoire. Nous avons montré un courage de héros et pris des résolutions d'enfants. Il fallait arracher l'arbre. On s'est borné à le rogner; aussi voyez comme il repousse. — Revenons-en à mes Tusculanes, que vous citez sans cesse. Ne parlons point à Sauféius, si vous le voulez. Je vous garderai le secret. Brutus demande quel jour je serai à Tusculum : le 6 des kaiendes, comme je vous l'ai déjà dit. Je voudrais bien vous y voir à mon arrivée. Je crois que je serai obligé d'aller à Lanuvium, et cela fera jaser. Nous y réfléchirons. — Je reviens maintenant à votre première lettre. Vous parlez d'abord de Buthrote : je passe outre. Je suis tout plein de cette affaire : et je dis comme vous, vienne seulement l'instant d'agir! Vous revenez si longuement sur ce discours de Brutus, que je vois bien que vous ne vous rendez point encore. Voulez-vous donc que je refasse son discours, et cela sans qu'il m'en ait prie? Mais rien ne blesse comme cette espèce de défi. Faites, me dites-vous, quelque chose dans le goût d'Héraclide. A cela, je ne réponds pas non : seulement, il faut choisir la thèse et attendre des temps favorables. Λ vous permis de penser de moi tout ce qu'il vous plaira! du bien pourtant, j'espère ; mais si la situation reste la même, comme il y a apparence, permettez-moi de vous dire que je ne trouve dans les ides de mars rien qui me contente. Il fallait empêcher le tyran de renaître; ne pas craindre d'annuler tous ses actes. Ou bien je rentre dans les principes de Sauféius, et je laisse de côté ceux de mes Tusculanes, que vous voulez pourtant faire lire même à Vestorius. Oui, puisque le meurt re ne nous a pas rendu la liberté, j'étais dans les bonnes grâces de ce mort (que les Dieux le confondent !), et je devais, à mon âge, m'accommoder d'un tel maître. Je rougis de mes paroles; mais n'importe! Ce qui est écrit est écrit et restera. — Que n'avez-vous dit vrai sur Ménédème! Que ne dit-on vrai sur la reine! Le reste à la première rencontre et de vive voix. Nous aurons surtout à voir ce que nous devons faire, et à prévoir le cas où Antoine environnerait le sénat de ses soldats. Je n'ai pas voulu donner cette lettre à son messager, de crainte qu'il ne l'ouvrît. Je vous envoie donc un exprès. J'avais d'ailleurs à vous répondre. — Que j'aurais été heureux si vous aviez pu rendre ce service à Brutus! mais je lui ai écrit. Je viens d'envoyer Tiron à Dolabella avec des instructions et une lettre. Faites-le venir, et s'il y a quelque chose de bon à me faire savoir, écrivez-moi. Voilà L. César qui vient à la traverse, et me prie fort malencontreusement de l'aller joindre au Bois, ou d'indiquer moi-même un rendez-vous, et c'est Brutus qui le désire. Quelle complication de contrariétés! Je pense aller à ce rendez-vous; puis de là à Rome; peut-être non. Je me borne à ce peu de mots ; car je n'ai pas encore vu Balbus. J'attends de vos nouvelles; parlez-moi de tout ce qui se fait ou doit se faire. |
5 Scr. In Tusculano v K. Iun. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. A Bruto tabellarius rediit; attulit et ab eo et Cassio. Consilium meum magno opere exquirunt, Brutus quidem utrum de duobus. O rem miseram! plane non habeo quid scribam. Itaque silentio puto me usurum, nisi quid aliud tibi videtur; sin tibi quid venit in mentem, scribe, quaeso. Cassius vero vehementer orat ac petit ut Hirtium quam optimum faciam. Sanum putas? ὁ θησαυρὸς ἄνθρακες. Epistulam tibi misi. Vt tu de provincia Bruti et Cassi per senatus consultum, ita scribit et Balbus et <Oppius>. Hirtius quidem se afuturum (etenim iam in Tusculano est) mihique ut absim vehementer auctor est, et ille quidem periculi causa quod sibi etiam fuisse dicit, ego autem, etiam ut nullum periculum sit, tantum abest ut Antoni suspicionem fugere nunc curem ne videar eius secundis rebus non delectari, ut mihi causa ea sit cur Romam venire nolim ne illum videam. Varro autem noster ad me epistulam misit sibi a nescio quo missam (nomen enim delerat); in qua scriptum erat veteranos eos qui reiciantur (nam partem esse dimissam) improbissime loqui, ut magno periculo Romae sint futuri qui ab eorum partibus dissentire videantur. Quis porro noster itus, reditus, vultus, incessus inter istos? Quod si, ut scribis, L. Antonius in D. Brutum, reliqui in nostros, ego quid faciam aut quo me pacto geram? Mihi vero deliberatum est, ut nunc quidem est, abesse ex ea urbe in qua non modo florui cum summa verum etiam servivi cum aliqua dignitate; nec tam statui ex Italia exire, de quo tecum deliberabo, quam istuc non venire. |
728. — A ATTICUS. Atina, mai. Α. XV, 5. Le messager que j'avais envoyé à Brutus est de retour. Il m'a apporté des lettres de lui et de Cassius : tous deux demandent instamment mes conseils; Brutus surtout veut que je tranche l'alternative. Ο embarras ! Je ne sais que leur dire. Aussi garderai-je le silence, à moins que vous n'en jugiez autrement. Ecrivez-moi dans ce cas quelles sont vos vues. Cassius me conjure d'agir sur Hirtius de manière à le rendre le meilleur possible. A-t-il bien sa raison ? « Le foulon a-t-il jamais blanchi le charbonnier? » Vous avez dû recevoir une lettre de moi. Balbus et Hirtius m'écrivent, comme vous, qu'il y aura un sénatus-consulte pour les gouvernements de Brutus et de Cassius. Hirtius est parti; il doit déjà être à Tusculum. Il me prie instamment de rester éloigné. Il y a du danger à courir, dit-il; i! en a couru lui-même. Mais quand il n'y aurait aucun danger, je suis si loin de craindre qu'Antoine sache mon déplaisir de ses succès, que je n'ai qu'un seul motif pour ne pas aller à Rome : je ne veux pas le voir. Varron vient de me communiquer une lettre qui lui a été écrite j'ignore par qui; il a effacé. la suscription. Cette lettre annonce que les vétérans, non compris dans la distribution des terres, (ils n'y ont pas tous eu part,) tiennent les plus mauvais propos, et que les gens qui ne sont pas pour eux peuvent avoir de grands risques à courir à Rome. Ainsi, pour nous, je vous prie, quel moyen d'y aller, d'en sortir? quelle y serait notre figure, notre contenance ? De plus, est-il vrai, comme vous l'annoncez, que L. Antoine marche contre D. Brutus, et les autres contre nos deux amis? Que dois-je faire? quel parti prendre? Pour le moment je suis décidé à rester ici, c'est-à-dire hors cette ville ou j'ai jeté tant d'éclat, et ou, sous la servitude même, mon caractère n'a pas été sans dignité. Quant à quitter tout à fait l'Italie, nous en parlerons ensemble. J'y suis moins résolu qu'à m'absenter de Rome. |
6 Scr. In Tusculano vi K Iun. Vesperi a. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. Cum ad me Brutus noster scripsisset et Cassius, ut Hirtium, qui adhuc bonus fuisset (sciebam, neque eum confidebam fore mea auctoritate meliorem; Antonio est enim fortasse iratior, causae vero amicissimus), tamen ad eum scripsi eique dignitatem Bruti et Cassi commendavi. Ille quid mihi rescripsisset scire te volui, si forte idem tu quod ego existimares, istos etiam nunc vereri ne forte ipsi nostri plus animi habeant quam habent HIRTIVS CICERONI SVO SAL. Rurene iam redierim quaeris. An ego, cum omnes caleant, ignaviter aliquid faciam? Etiam ex urbe sum profectus, utilius enim statui abesse. Has tibi litteras exiens in Tusculanum scripsi. Noli autem me tam strenuum putare ut ad Nonas recurram. Nihil enim iam video opus esse nostra cura, quoniam praesidia sunt in tot annos provisa. Brutus et Cassius utinam quam facile a te de me impetrare possunt ita per te exorentur ne quod calidius ineant consilium! cedentis enim haec ais scripsissequo aut qua re? Retine, obsecro te, Cicero, illos et noli sinere haec omnia perire, quae funditus medius fidius rapinis, incendiis, caedibus pervertuntur. Tantum si quid timent caveant, nihil praeterea moliantur. Non <medius> fidius acerrimis consiliis plus quam etiam inertissimis, dum modo diligentibus, consequentur. Haec enim quae fluunt per se diuturna non sunt; in contentione praesentis ad nocendum habent viris. Quid speres de illis in Tusculanum ad me scribe. Habes Hirti epistulam. Cui rescripsi nil illos calidius cogitare idque confirmavi. Hoc qualecumque esset te scire volui. Obsignata iam Balbus ad me Serviliam redisse, confirmare non discessuros. Nunc exspecto a te litteras. |
730. — A ATTICUS. Tusculum. A. XV, 6. Brutus m'écrit, ainsi que Cassius, pour me parler d'Hirtius. Ils savent qu'il a été excellent jusqu'à ce jour; mais comme ils doutent maintenant de lui, ils désirent que j'use de mon influence pour l'affermir dans ses bons sentiments. Sans doute il est mal avec Antoine, mais il est en même temps fort attaché à leur cause. Je lui ai écrit, et lui ai recommandé les intérêts de Brutus et de Cassius. Je veux que vous voyiez sa réponse. Peut-être jugerez-vous comme moi que la faction se figure nos amis plus fermes qu'ils ne sont réellement. HIRTIUS A CICERON. « Vous me demandez si je suis de retour des champs. Est-ce quand tout fermente autour de moi que je puis rester à ne rien faire? C'est de Rome que je suis de retour. J'ai cru qu'il serait mieux de n'y pas rester. Je vous écris partant pour Tusculum, et n'allez pas me croire assez brave pour revenir à la ville à l'époque des nones. En quoi d'ailleurs ma présence y pourrait-elle être utile, lorsqu'on a fait la besogne pour tant d'années à l'avance? Quant à Brutus et Cassius, qui me trouvent si maniable lorsque vous intercédez pour eux, puissent-ils aussi facilement se laisser persuader par vous de s'abstenir de résolutions extrêmes! C'est en partant, dites-vous, qu'ils vous ont écrit. Où vont-ils? que veulent-ils faire? Retenez-les, mon cher Cicéron, je vous en conjure, et ne souffrez pas que notre ruine, préparée par tant de violences, d'incendies et de meurtres d'un bout de la république à l'autre, s'accomplisse à la fin tout entière. S'ils ont quelque chose à craindre, qu'ils prennent leurs précautions, mais qu'ils s'arrêtent là. Ils ont à coup sûr bien moins à gagner par les mesures précipitées qu'en abandonnant les choses à leur cours naturel, tout en restant sur leurs gardes. Laissez passer le torrent, il ne durera pas toujours. Résistez-lui, sa violence va tout détruire. Mandez-moi à Tusculum ce que vous espérez de leurs dispositions. » — Telle est la lettre d'Hirtius : je lui ai répondu qu'ils ne songeaient à rien moins qu'à faire un coup de tête, et je le lui ai démontré. J'ai voulu que vous sussiez ce détail tel quel. Ma lettre fermée, il m'en arrive une de Balbus. Servilie est de retour. Ils ne partiront point. A vous maintenant de m'écrire. |
7 Scr. In Tusculano v aut iv K. Iun. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. Gratum quod mihi epistulas; quae quidem me delectarunt, in primis Sexti nostri. Dices, 'quia te laudat.' puto me hercule id quoque esse causae, sed tamen etiam ante quam ad eum locum veni, valde mihi placebat cum sensus eius de re publica cum tum scribendi. Servius vero pacificator cum librariolo suo videtur obisse legationem et omnis captiunculas pertimescere. Debuerat autem non 'ex iure manum consertum' sed quae sequuntur; tuque scribes. |
731. — A ATTICUS. Tusculum. A. XV, 7. Mille grâces pour toutes ces lettres; elles m'ont charmé, surtout celle de notre cher Sextus. Parce qu'il vous loue, allez-vous dire. En vérité, je crois qu'il en est quelque chose. Cependant, avant d'arriver à l'endroit de ses éloges, j'étais déjà ravi et de son sentiment sur les affaires publiques, et de son attention à m'écrire. Quant au pacificateur Servius, le voila embarqué dans sa médiation, escorté de son petit secrétaire, et uniquement préoccupé de faire tête à des arguties légales; il devrait bien penser « que ce n'est pas au droit qu'on aura recours en cette affaire, mais bien à ce qui est mentionné après » (Le glaive. Sed mage ferro. vers d'Euripide). » Écrivez-moi donc aussi vous-même, je vous prie. |
8 Scr. In Tusculano prid. K. Iun. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. Post tuum discessum binas a Balbo (nihil novi) itemque ab Hirtio, qui se scribit vehementer offensum esse veteranis. Exspectat animus quidnam agam de K. [Mart.]. Misi igitur Tironem et cum Tirone pluris quibus singulis, ut quidque accidisset, dares litteras, atque etiam scripsi ad Antonium de legatione, ne, si ad Dolabellam solum scripsissem, iracundus homo commoveretur. Quod autem aditus ad eum difficilior esse dicitur, scripsi ad Eutrapelum ut is ei meas litteras redderet; legatione mihi opus esse. Honestior est votiva, sed licet uti utraque. De te, quaeso, etiam atque etiam vide. Velim possis coram; si minus [possis], litteris idem consequemur. Graeceius ad me scripsit C. Cassium sibi scripsisse homines comparari qui armati in Tusculanum mitterentur. Id quidem mihi videbatur; sed cavendum tamen ut ille que plures videndae. Sed aliquid crastinus dies ad cogitandum nobis dare. |
729. — A ATTICUS. Tusculum. A. XV, 8. Deux lettres de Balbus depuis votre départ, mais rien de nouveau. Hirtius m'écrit aussi: il est très-offensé de la conduite des vétérans. J'hésite toujours sur ce que je dois faire aux kalendes de mars. J'ai dépêché Tiron, et avec lui plusieurs de mes gens, afin qu'au fur et à mesure des événements, je puisse avoir des lettres de vous. J'écris aussi à Antoine, au sujet de la mission que je désire. J'aurais craint de blesser cet esprit irritable en ne m'adressant qu'à Dolabella. Mais comme on pénètre, dit-on, très-difficilement jusqu'à Antoine, j'ai écrit à Eutrapélus pour le charger de remettre ma lettre, et d'appuyer sur le besoin que j'ai de cette légation. Il faut bien dès lors qu'il remette ma lettre. Une mission votive est plus honorable; enfin celle-là ou une autre. — Réfléchissez mûrement, je vous prie, sur votre position personnelle : le mieux serait de venir en conférer avec moi; mais il nous est toujours possible de nous écrire. Grécéius me mande qu'il tient de Cassius qu'on soudoie des hommes armés destinés pour Tusculum. Je n'y crois pas : cependant il est bon de prendre ses précautions, et d'avoir plusieurs villas toutes prêtes. D'ici à demain nous verrons ce qu'on en doit penser. |
9 Scr. In Tusculano iv Non. Iun. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. iiiii non. Vesperi a Balbo redditae mihi litterae fore Nonis senatum, ut Brutus in Asia, Cassius in Sicilia frumentum emendum et ad urbem mittendum curarent. O rem miseram! primum ullam ab istis, dein, si aliquam, hanc legatoriam provinciam! atque haud scio an melius sit quam ad Eurotam sedere. Sed haec casus gubernabit. Ait autem eodem tempore decretum iri ut et iis et reliquis praetoriis provinciae decernantur. Hoc certe melius quam illa Περσικὴ porticus; nolo enim Lacedaemonem longinquo quom Lanuvium existimavit. 'rides' inquies 'in talibus rebus?' quid faciam? Plorando fessus sum.
Di immortales! quam me conturbatum tenuit epistulae tuae prior pagina! quid autem iste in domo tua casus armorum? Sed hunc quidem nimbum cito transisse laetor. Tu quid egeris tua cum tristi tum etiam difficili ad consiliandum legatione vehementer exspecto; est enim inexplicabilis. Ita circumsedemur copiis omnibus. Me quidem Bruti litterae quas ostendis a te lectas ita perturbarunt ut, quamquam ante egebam consilio, tamen animi dolore sim tardior. Sed plura, cum ista cognoro. Hoc autem tempore quod scriberem nihil erat, eoque minus quod dubitabam tu bas ipsas litteras essesne accepturus. Erat enim incertum visurusne te esset tabellarius. Ego tuas litteras vehementer exspecto. |
32. — A ATTICUS. Tusculum, juin. Α. XV, 9, 1ère partie. Le 3 des nones, au soir, on m'a remis une lettre de Balbus. Il m'annonce que le sénat se réunit le jour des nones, afin d'aviser à l'envoi de Brutus et de Cassius, le premier en Asie, le second en Sicile, avec mission d'acheter des blés et de les expédier à Rome. Quelle honte! Recevoir une mission de ces gens-là! Et à ce titre encore! Après tout, je ne sais trop si cela ne vaut pas mieux que de rester les bras croisés aux bords de l'Eurotas. Le sort en décidera. Balbus ajoute qu'on fera aussi un décret pour leur donner des gouvernements, ainsi qu'aux autres prétoriens. Voila qui vaudrait mieux que le portique des Perses; ne vous y trompez pas au moins. C'est de Lanuvium que j'entends parler, et non de la Sparte de Laconie. Quoi ! direz-vous, plaisanter dans pareil moment! Que voulez-vous? je suis las de pleurer. 733 — A ATTICUS. Tusculum, Juin. Α. XV, 9, 2eme part. Dieux immortels! que j'ai tremblé en lisant la première page de votre lettre ! Qu'est-ce donc, je vous prie, que cette descente armée dans votre maison ? Heureusement, l'orage a passé vite. Je suis impatient de savoir comment vous vous serez lire de cet affligeant et épineux rendez-vous où l'on doit tenir conseil. C'est un embarras inextricable; tant il est vrai que nous sommes serrés et pris par tous les côtés ! La lettre de Brutus, que je comprends que vous ayez lue, m'a jeté dans un trouble inexprimable. Déjà incapable d'une seule idée, je crois que, depuis cette lettre, la douleur m'a encore plus appesanti. Je vous en dirai davantage, lorsque je saurai à quoi m'en tenir sur toutes ces tristes questions. En ce moment je n'aurais rien à vous mander, et je reste d'autant plus dans la réserve que je doute que vous receviez cette lettre; car il n'est pas sur que mon messager vous trouve. J'attends de vos nouvelles avec impatience. |
10 Scr. In Tusculano Non. Iun. Aut postr:die a. 710 (44). CICERO ATTICO SAL.
O Bruti amanter scriptas litteras! o iniquum tuum tempus qui ad eum
ire non possis! ego autem quid scribam? Ut beneficio istorum
utantur? Quid turpius? Vt moliantur aliquid? Nec audent nec iam
possunt. Age, quiescant auctoribus nobis; quis incolumitatem
praestat? Si vero aliquid de Decimo gravius, quae nostris vita,
etiam si nemo molestus sit? Ludos vero non facere! quid foedius? Frumentum imponere! quae est alia Dionis legatio aut quod munus in
re publica sordidius? Prorsus quidem consilia tali in re ne iis
quidem tuta sunt qui dant; sed possim id neglegere proficiens;
frustra vero qui ingrediar? Matris consilio cum utatur vel etiam
precibus, quid me interponam? Sed tamen cogitabo quo genere utar
litterarum; nam silere non possum. Statim igitur mittam vel Antium
vel Circeios. |
734. — A ATTICUS. Tusculum, juin. Α. XV, 10. Quelle affectueuse lettre que celle de Brutus! et qu'il est fâcheux le contretemps qui ne vous permet pas de l'aller voir! En attendant, que dols-je lui conseiller? D'accepter l'offre qu'on leur fait? n'est-ce pas le comble de l'opprobre? De tenter quelque grand coup? la volonté leur manque, et même le pouvoir. Faut-il enfin les encourager dans leur inaction? mais quelle garantie leur donner pour leur sûreté ? Et si la chance tourne mal pour Décimus, quelle sera leur existence, en supposant qu'on les épargne? Ne pas présider aux jeux qu'il donne, quelle honte! Aller ramasser des vivres, quelle mission à la Dion (Denys, qui craignait Dion, l'envoyait souvent en ambassade. C'était un exil continu, coloré d'un prétexte honorable), et dans toute la république quel emploi plus ignoble! Bien de plus dangereux que d'avoir, en pareil cas, un avis à donner. Encore si les conseils étaient utiles! mais pourquoi s'ingérer d'en donner en pure perte; et comment m'interposer entre lui et sa mère, dont il écoute la voix et dont les prières l'entraînent toujours? Je réfléchirai pourtant sur ce que je dois écrire, car le silence ne m'est pas permis. Je ferai immédiatement partir un exprès pour Antium ou Circéi. |
11 Scr. In Antiati a. D. Vi Id. Iun. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. Antium veni a. D. Vi Idus. Bruto iucundus noster adventus. Deinde multis audientibus, Servilia, Tertulla, Porcia, quaerere quid placeret. Aderat etiam Favonius. Ego quod eram meditatus in via suadere ut uteretur Asiatica curatione frumenti; nihil esse iam reliqui quod ageremus nisi ut salvus esset; in eo etiam ipsi rei publicae esse praesidium. Quam orationem cum ingressus essem, Cassius intervenit. Ego eadem illa repetivi. Hoc loco fortibus sane oculis Cassius (Martem spirare diceres) se in Siciliam non iturum. 'egone ut beneficium accepissem contumeliam?' 'quid ergo agis?' inquam. At ille in Achaiam se iturum. 'quid tu' inquam 'Brute?' 'Romam,' inquit 'si tibi videtur.' 'mihi vero minime; tuto enim non eris.' 'quid? Si possem esse, placeretne?' 'atque ut omnino neque nunc neque ex praetura in provinciam ires; sed auctor non sum ut te urbi committas.' dicebam ea quae tibi profecto in mentem veniunt cur non esset tuto futurus. Multo inde sermone querebantur atque id quidem Cassius maxime, amissas occasiones Decimumque graviter accusabant. Ego negabam oportere praeterita, adsentiebar tamen. Quomque ingressus essem dicere quid oportuisset, nec vero quicquam novi sed ea quae cotidie omnes, nec tamen illum locum attingerem, quemquam praeterea oportuisse tangi, sed senatum vocari, populum ardentem studio vehementius incitari, totam suscipi rem publicam, exclamat tua familiaris, 'hoc vero neminem umquam audivi!' ego repressi. Sed et Cassius mihi videbatur iturus (etenim Servilia pollicebatur se curaturam ut illa frumenti curatio de senatus consulto tolleretur), et noster cito deiectus est de illo inani sermone velle esse dixerat. Constituit igitur ut ludi absente se fierent suo nomine. Proficisci autem mihi in Asiam videbatur ab Antio velle. Ne multa, nihil me in illo a itinere praeter conscientiam meam delectavit. Non enim fuit committendum ut ille ex Italia prius quam a me conis ventus esset discederet. Hoc dempto munere amoris atque offici sequebatur, ut mecum ipse, Ἡ δεῦρ' ὁδός σοι τί δύναται νῦν, θεοπρόπε; prorsus dissolutum offendi navigium vel potius dissipatum. Nihil consilio, nihil ratione, nihil ordine. Itaque etsi ne antea quidem dubitavi, tamen nunc eo minus evolare hinc idque quam primum, 'ubi nec Pelopidarum facta neque famam audiam.' Et heus tu! ne forte sis nescius, Dolabella me sibi legavit a. D. Iii Nonas. Id mihi heri vesperi nuntiatum est. Votiva ne tibi quidem placebat; etenim erat absurdum, quae si stetisset res publica vovissem, ea me eversa illa vota dissolvere. Et habent, opinor, liberae legationes definitum tempus lege Iulia nec facile addi potest. Aveo genus legationis ut, cum velis, introire exire liceat; quod nunc mihi additum est. Bella est autem huius iuris quinquenni licentia. Quamquam >quid de< quinquennio cogitem? Contrahi mihi negotium videtur. Sed βλάσφημα mittamus. |
735. — A ATTICUS. Antium, juin. A. XV, 11. Je suis arrivé à Antium avant le 6 des ides. Brutus a paru charmé de me voir. Puis, en présence d'une foule de personnes, de Servilia, de Tertulla, de Porcia (la mère, la sœur et la femme de Brutus), il m'a demandé hautement mes conseils. Favonius aussi était présent. J'ai médité ma réponse en route. Mon avis, lui dis-je, est qu'il faut accepter la mission d'Asie, pour les blés; qu'il ne nous reste rien à faire que de songera votre conservation ; qu'en cela seul nous pouvons encore être utiles à la république. Au moment où je parlais, Cassius est entré. J'ai recommencé : en m'écoutant, ses yeux s'animaient, Mars semblait l'inspirer. Pour moi, s'écria-t-il, je n'irai point en Sicile. Qui, moi, recevoir un affront comme un bienfait ! Que ferez-vous donc, répliquai-je? J'irai en Achaïe. - Et vous, Brutus? — A Rome, si vous n'y voyez pas d'objection. — J'en vois beaucoup au contraire ; vous n'y pouvez être en sûreté. — Mais enfin, si je le pouvais, que diriez-vous? — Je dirais tout à fait oui. Je ne voudrais même d'une mission pour vous ni maintenant, ni à la sortie de votre préture. Mais je ne prends pas sur moi la responsabilité de votre séjour à Rome. — Je lui ai énuméré alors tous les dangers qui l'y attendaient. Ai-je besoin de les dire? Vous les devinez. On vint ensuite a parler des occasions perdues ; on les déplorait, et Cassius plus fortement que les autres. Il s'en prit surtout et avec amertume à Décimus. Je demandai qu'on ne revînt pas sur le passé. Mais je tombai d'accord des faits. Puis je dis quelques mots. Rien de nouveau assurément sur ce qu'il aurait fallu faire; je répétai ce que chacun dit tous les jours; mais je m'abstins même du point délicat, qu'il y avait un homme qu'il eût fallu frapper. Aussi je déclarai seulement qu'on aurait dû assembler sur-le-champ le sénat, profiter de l'exaltation du peuple pour l'entraîner, et se rendre maître de la direction des affaires. Là-dessus votre amie (Servilia) se récriant : Mais c'est la première fois que j'entends pareille chose! je la réduisis au silence. Bref, je crois que Cassius partira. Servilia se fait fort d'obtenir qu'on retranche du sénatus-consulte ce qui est relatif à l'expédition des blés. Notre cher Brutus est lui-même revenu sur les paroles vaines qu'il avait prononcées. Car il avait dit positivement : « Je veux aller à Rome. » Il a été convenu que les jeux auraient lieu sans lui, sous son nom. Il m'a paru que son intention était de partir d'Antium pour l'Asie. Je n'ai plus qu'un mot à ajouter, c'est que je n'emporte d'autre satisfaction de mon voyage que l'acquit de ma conscience. Il ne m'était pas possible de laisser Brutus quitter l'Italie sans le voir. Mais après avoir cédé au besoin de mon cœur et payé ma dette à l'amitié, je peux bien me dire à moi-même, avec le poète grec : « A quoi donc t'a servi d'aller trouver l'oracle? » J'ai trouvé un vaisseau brisé, ou plutôt je n'en ai vu que les débris : plus de combinaison, de calcul, de plan. C'était mon dessein avant de les voir, et c'est mon dessein plus que jamais de battre de l'aile au plus vite, et de chercher des lieux ou « les forfaits des Pélopides et jusqu'à leur nom ne. soient jamais parvenus. » — A propos, afin que vous ne l'ignoriez point, sachez ! que Dolabella m'a nommé son lieutenant le 4 des nones d'avril. J'en ai eu la nouvelle hier. La légation votive ne vous plaisait pas non plus. C'eût été absurde en effet. Moi, qui aurais fait un vœu pour le maintien de la république, j'aurais été l'accomplir après son renversement! D'ailleurs, je crois que la loi Julia a limité la durée des légations libres, et qu'il est difficile à ceux qui en ont d'obtenir la liberté de venir à Rome, et d'en sortir quand ils veulent. Je le pourrai maintenant, et il est fort agréable d'avoir cette faculté pour, cinq ans. Cinq ans? c'est porter mes vues bien loin. Mais pas de mauvais présage! |
12 Scr. In Antiati v aut iv Id. Iun. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. Bene me hercule de Buthroto. At ego Tironem ad Dolabellam cum litteris, quia iusseras, miseram. Quid nocet? De nostris autem Antiatibus satis videbar plane scripsisse, ut non dubitares quin essent otiosi futuri usurique beneficio Antoni contumelioso. Cassius frumentariam rem aspernabatur; eam Servilia sublaturam ex senatus consulto se esse dicebat. Noster vero καὶ μάλα σεμνῶς in Asiam, postea quam mihi est adsensus tuto se Romae esse non posse (ludos enim absens facere malebat), statim ait se iturum simul ac ludorum apparatum iis qui curaturi essent tradidisset. Navigia conligebat; erat animus in cursu. Interea in isdem locis erant futuri. Brutus quidem se aiebat Asturae. L. Quidem Antonius liberaliter litteris sine cura me esse iubet. Habeo unum beneficium, alterum fortasse, si in Tusculanum venerit. O negotia non ferenda! quae feruntur tamen. Τῶνδε αἰτίαν τῶν Βρούτων τις ἔχει. In Octaviano, ut perspexi, sa tis ingeni, satis animi, videbatur que erga nostros ἥρωας ita fore ut nos vellemus animatus. Sed quid aetati credendum sit, quid nomini, quid hereditati, quid κατηχήσει, magni consili est vitricus quidem nihil censebat; quem Asturae vidimus. Sed tamen alendus est et, ut nihil aliud, ab Antonio seiungendus. Marcellus praeclare, si praecipit nostro nostri. Cui quidem ille deditus mihi videbatur. Pansae autem et Hirtio non nimis credebat. Bona indoles, ἐὰν διαμείνῃ. |
736 A ATTICUS. Antium, juin. A. XV, 12. Je suis charmé vraiment du tour que prend l'affaire de Buthrote. Mais moi qui, sur votre ordre, avais envoyé Tiron avec une lettre à Dolabella! Au surplus, quel mal? Je croyais vous avoir écrit assez clairement pour ne vous laisser aucun doute sur la disposition des gens d'Antium (Brutus et Cassius) à demeurer tranquilles, et à accepter l'ignominieux bienfait d'Antoine. Cassius ne veut point de cette commission des blés. Servilia avait promis que l'article serait retranché; notre Brutus, toujours stoïque, s'est décidé à aller eu Asie, après avoir reconnu avec moi qu'il n'y avait aucune sûreté pour lui dans Rome. Il aime mieux que les jeux se fassent sans lui, et son intention est de partir dès qu'il en aura remis le programme à des commissaires. Il réunit des vaisseaux et ne songe qu'à son voyage. En attendant, il se propose de rester dans les environs. Brutus a dit qu'il irait à Asture. — L. Antonius m'a généreusement écrit que je n'eusse rien à craindre : c'est une. première obligation que je lui ai. Puissé-je lui en avoir une seconde, en ne le voyant pas venir à Tusculum ! Que de choses intolérables et qu'on supporte cependant ! A qui des deux Brutus s'en prendre? Je crois de l'esprit et du cœur à Octavianus (Octave, qui fut depuis Auguste), et ses dispositions pour nos héros m'ont paru telles que nous pouvons les désirer. Mais jusqu'à quel point se lier à son âge, à son nom, à l'héritage qu'il recueille, aux impressions qu'on lui a données? La question est capitale. Son beau-père (Philippe), que nous avons vu à Asture, ne sait qu'en dire. Il faut en tout cas le ménager, ne fut-ce que pour l'empêcher de se lier avec Antoine. Marceline fera une bien belle chose, s'il réussit à le gagner à nous et à nos amis. Octavianus m'a semblé lui être tout à fait dévoué; mais il n'a guère de confiance dans Pansa, ni dans Hirtius. Son naturel est bon : puisse-t-il rester toujours le même ! |
3 Scr. In Puteolano viii K Nov. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. viii Kal. Duas a te accepi epistulas. Respondebo igitur priori prius. Adsentior tibi ut nec duces simus nec agmen cogamus, faveamus tamen. Orationem tibi misi. Eius custodiendae et proferendae arbitrium tuum. Sed quando illum diem cum tu edendam putes? Indutias quas scribis non intellego fieri posse. Melior est ἀναντιφωνησία qua me usurum arbitror. Quod scribis legiones duas Brundisium venisse, vos omnia prius. Scribes igitur quicquid audieris. Varronis διάλογον exspecto. Iam probo Ἡρακλείδειον, praesertim cum tu tanto opere delectere; sed quale velis velim scire. Quod ad te antea atque adeo prius scripsi (sic enim mavis), ad scribendum tibi vere dicere fecisti me alacriorem. Ad tuum enim iudicium quod mihi erat notum addidisti Peducaei auctoritatem magnam quidem apud <me> et in primis gravem. Enitar igitur ne desideres aut industriam meam aut diligentiam. Vettienum, ut scribis, et Faberium foveo. Clodium nihil arbitror malitiose; quamquamsed quod egerit. De libertate retinenda, qua certe nihil est dulcius, tibi adsentior. Itane Gallo Caninio? <O> hominem nequam! quid enim dicam aliud? Cautum Marcellum! me sic, sed non tamen cautissimum. Longiori epistulae superiorique respondi. Nunc breviori propiorique quid respondeam nisi eam fuisse dulcissimam? Res Hispanienses valde bonae, modo Balbilium incolumem videam, subsidium nostrae senectutis. De Anniano item, quod me valde observat Visellia. Sed haec quidem humana. De Bruto te nihil scire dicis, sed Servflia venisse M. Scaptium eumque non qua pompa ad se tamen clam venturum sciturumque me omnia; quae ego statim. Interea narrat eadem Bassi servum venisse qui nuntiaret legiones Alexandrinas in armis esse, Bassum arcessi, Cassium exspectari. Quid quaeris? Videtur res publica ius suum reciperatura. Sed ne quid ante. Nosti horum exercitationem in latrocinio et amentiam.
Dolabella vir optimus, etsi, cum scribebam secunda mensa apposita, venisse eum ad Baias audiebam, tamen ad me ex Formiano scripsit, quas litteras cum e balineo exissem accepi, sese de attributione omnia summa fecisse. Vettienum accusat (tricatur scilicet ut monetalis), sed ait totum negotium Sestium nostrum suscepisse, optimum quidem illum virum nostrique amantissimum. Quaero autem quid tandem Sestius in hac re facere possit quod non quivis nostrum. Sed si quid praeter spem erit, facies ut sciam; sin est, ut arbitror, negotium perditum, scribes tamen neque ista res commovebit. Nos hic φιλοσοφοῦμεν (quid enim aliud?) et τὰ περὶ τοῦ καθήκοντος magnifice explicamus προσφωνοῦμενque Ciceroni; qua de re enim potius pater filio? Deinde alia. Quid quaeris? Exstabit opera peregrinationis huius. Varronem hodie aut cras venturum putabant; ego autem in Pompeianum properabam, non quo hoc loco quicquam pulchrius sed interpellatores illic minus molesti. Sed perscribe, quaeso, quae causa sit Myrtili (poenas quidem illum pependisse audivi) et satisne pateat unde corruptus. Haec cum scriberem, tantum quod existimabam ad te orationem esse perlatam. Hui, quam timeo quid existimes! etsi quid ad me? Quae non sit foras proditura nisi re publica reciperata. De quo quid sperem non audeo scribere. |
778. — A ATTICUS. Pouzzol, octobre. A. XV, 13, 1ere part. J'ai reçu deux de vos lettres le 8 des kalendes. Je répondrai premièrement à la plus ancienne. Je suis d'accord avec vous : n'être ni à la tête ni à la queue, mais aider à la marche. Cependant je vous envoie ma harangue. Vous la garderez ou vous la publierez à votre choix. Viendra-t-il le jour où vous croirez pouvoir la rendre publique? Une trêve , dites-vous: je n'y crois point. Ne pas répondre est le mieux , et c'est le parti que je prendrai, je pense. Vous m'annoncez l'arrivée de deux légions à Brindes : vous savez tout avant nous. Tenez-moi donc au courant. J'attends le dialogue de Varron. Eh bien! je ferai quelque chose à la manière d'Héraclide, puisqu'elle est si fort de votre goût. Mais quel sujet voulez-vous? Il faudrait vous expliquer. Quant à ce que je vous ai dit antérieurement, ou plutôt, puisqu'antérieurement vous déplaît, quant à ce que je vous avais dit d'abord, eh bien! c'est vous, je le répète avec vérité, qui me redonnez du cœur. A votre prédilection comme vous ajoutez le suffrage de Péducéus, grande et respectable autorité pour moi. Je vais donc me mettre à l'œuvre et faire de mon mieux. Je ménage Vecténus et Fabérius, comme vous me le conseillez. Je doute qu'il y ait mauvaise intention de la part de Clélius. Cependant... cependant... que fera-t-il en définitif? Oui, gardons la liberté, c'est le. premier des biens. Quoi ! traiter ainsi Caninius Callus! le scélérat! quel autre nom employer? Marcellus prend ses précautions; moi aussi, moins peut-être qu'il ne faudrait. — J'ai répondu à la plus longue et à la plus ancienne de vos lettres ; maintenant que j'en suis à la plus récente et à la plus courte, que vous dirai-je, sinon qu'elle m'a charmé. Les affaires d'Espagne vont à merveille; pourvu que je vole Balbilius revenir sain et sauf, Balbilius l'appui de ma vieillesse. Je forme le même vœu pour Annianus, à cause de Visellia qui me comble de prévenances et de soins. Mais ce sont là les chaînes attachées à l'humanité. Vous ne savez rien de Brutus. D'après Sélieia, Scaptius est arrivé, mais sans son cortège ordinaire. Il veut la voir en secret. Elle me dira tout : je vous en ferai part à l'instant. En attendant, elle prétend qu'un esclave de Bassus est arrivé, annonçant l'insurrection des légions d'Alexandrie. Bassus aurait été appelé par elle. On attendrait Cassius. Que voulez-vous? il semble que la république va reprendre, ses droits; mais ne nous flattons pas avant le temps : vous savez tout ce que ces misérables ont de ressources et d'audace pour le mal. 787. — A ATTICUS. Novembre. A. XV, 13, 2e part. Dolabella est parfait. Au moment où je vous écris, pendant le second service, j'apprends qu'il est à Baies. Mais j'ai reçu de lui, comme je sortais du bain, une lettre qu'il m'a écrite de Formies. En deux mots, il a fait ce que je désirais pour le transport. Il se plaint de Veeténus, qui chicanait, dit-il, suivant l'habitude de ses pareils ; mais Sextius s'est chargé de tout; Sextius, qui est un homme excellent et tout à fait de mes amis. Je demanderai seulement ce que, dans une pareille affaire, Sextius fera que qui que ce soit ne ferait pas comme lui. Si j'ai tort de craindre, dites-le-moi. Si, comme je l'appréhende, l'affaire tourne mal, dites-le-moi encore, j'en prendrai mon parti. — Je m'occupe ici à philosopher. Que puis-je faire de mieux? Je traite tout à fait en grand la question des devoirs, et je dédierai l'ouvrage à Cicéron. Un père peut-il choisir un sujet plus convenable pour un fils? Je ferai ensuite autre chose. Que voulez-vous? J'aurai du moins mis à profit ce voyage. On croit que Varron sera ici aujourd'hui ou demain. Moi, je vais à Pompéi. Ce n'est pas que le séjour ici ne soit charmant ; mais là, il y a moins de visites à craindre. Myrtilus, dit-on, a subi sa peine. Sait-on ce qui le faisait agir et par qui il était gagné? Donnez-moi des détails. Je suppose que vous avez en ce moment ma harangue. Oh ! que je suis inquiet de ce que vous en penserez ! Après tout, pourquoi m'en mettrais-je en peine, puisqu'elle ne doit paraître que lorsque la république aura triomphé? Quand triomphera-t-elle? Je n'ose, hélas! y penser. |
14 Scr. In Tusculano v K. Quint. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. vi Kalend. Accepi a Dolabella litteras. Quarum exemplum tibi misi. In quibus erat omnia se fecisse quae tu velles. Statim ei rescripsi et multis verbis gratias egi. Sed tamen ne miraretur cur idem iterum facerem, hoc causae sumpsi quod ex te ipso coram antea nihil potuissem cognoscere. Sed quid multa? Litteras hoc exemplo dedi: CICERO DOLABELLAE COS. SVO. Antea cum litteris Attici nostri de tua summa liberalitate summoque erga se beneficio certior factus essem cumque tu ipse etiam ad me scripsisses te fecisse ea quae nos voluissemus, egi tibi gratias per litteras iis verbis ut intellegeres nihil te mihi gratius facere potuisse. Postea vero quam ipse Atticus ad me venit in Tusculanum huius unius rei causa tibi ut apud me gratias ageret, cuius eximiam quandam et admirabilem in causa Buthrotia voluntatem et singularem erga se amorem perspexisset, teneri non potui quin tibi apertius illud idem his litteris declararem. Ex omnibus enim, mi Dolabella, studiis in me et officiis quae summa sunt hoc scito mihi et amplissimum videri et gratissimum esse quod perfeceris ut Atticus intellegeret quantum ego te, quantum tu me amares. Quod reliquum est, Buthrotiam a et causam et civitatem, quamquam a te constituta est (beneficia autem nostra tueri solemus), tamen velim receptam in fidem tuam a meque etiam atque etiam tibi commendatam auctoritate et auxilio tuo tectam velis esse. Satis erit in perpetuum Buthrotiis praesidi magnaque cura et sollicitudine Atticum et me liberaris, si hoc honoris mei causa susceperis ut eos semper a te defensos velis. Quod ut facias te vehementer etiam atque etiam rogo. His litteris scriptis me ad συντάξεις dedi; quae quidem vereor ne miniata cerula tua pluribus locis notandae sint. Ita sum μετέωρος et magnis cogitationibus impeditus. |
48. — A ATTICUS. Tusculum, juin. A. XV, 14. Le 6 des kalendes, j'ai reçu une lettre de Dolabella, dont je vous envoie copie. Vous y verrez qu'il avait rempli vos souhaits. Je lui ai sur-le-champ répondu, en insistant beaucoup sur ma reconnaissance. Mais comme je l'avais déjà remercié, j'ai dû, pour expliquer ma seconde lettre, me fonder sur ce que vous ne m'aviez précédemment donné de vive voix aucun détail. Un plus long préambule serait inutile. Voici ma lettre : CICERON A SON CHER DOLABELLA, CONSUL.
« Quand j'eus appris par notre Atticus
vos excellents procédés et l'important service que vous lui aviez
rendu, et lorsque vous m'eûtes mandé vous-même que vous aviez déféré
à notre vœu, je me suis empressé de vous écrire, et j'ai taché de
vous exprimer que rien de votre part ne pouvait m'être plus
agréable. Mais Atticus vient de venir à Tusculum, exprès pour me
parler de sa gratitude, pour me dire combien il est pénétré du zèle
que vous avez mis dans l'affaire de Buthrote, et des précieux
témoignages de votre affection. Je ne puis, à mon tour, résister au
plaisir de vous témoigner une seconde fois plus explicitement encore
mes sentiments et les siens. De toutes les preuves d'intérêt et
d'attachement dont vous m'avez si souvent comblé, aucune, sachez-le
bien, mon cher Dolabella, ne pouvait me plaire et me toucher plus
que celle qui montre à Atticus combien vous m'aimez et combien je
vous aime. Grâce à vous, la cause et la ville des Biithrotiens
seront sauvées : or, on se plaît toujours à continuer son ouvrage.
Ils sont sous votre sauvegarde. Vous savez combien de fois je vous
les ai recommandés; il ne me reste donc qu'à vous demander de leur
conserver votre protection, el d'employer votre autorité à les
défendre. Si vous y consentez pour l'amour de moi, et si désormais
les Buthrotiens peuvent compter sur vous, c'en est fait, vous
devenez, à vous seul, le gage assuré de leur repos, et pour jamais
vous nous délivrez, Atticus et moi, d'un souci, d'un tourment de
tous les jours. Souffrez que je vous adresse encore une fois ici à
cet égard mes plus vives, mes plus pressantes instances. » |
15 Scr. In Antiati Id. Iun. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. L. Antonio male sit, si quidem Buthrotiis molestus est! ego testimonium composui quod cum voles obsignabitun nummos Arpinatium, si L. Fadius aedilis petet, vel omnis reddito. Ego ad te alia epistula scripsi <de> HS C_X_ quae Statio curarentur. Si ergo petet Fadius, ei volo reddi, praeter Fadium nemini. Apud me item puto depositum id scripsi ad Erotem ut redderet. Reginam odi. Id me iure facere scit sponsor promissorum eius Ammonius, quae quidem erant φιλόλογα et dignitatis meae ut vel in contione dicere auderem. Saran autem, praeterquam quod nefarium hominem, cognovi praeterea in me contumacem. Semel eum omnino domi meae vidi. Cum φιλοφρόνως ex eo quaererem quid opus esset, Atticum se dixit quaerere. Superbiam autem ipsius reginae, cum esset trans Tiberim in hortis, commemorare sine magno dolore non possum. Nihil igitur cum istis; nec tam animum me quam stomachum habere arbitrantur. Profectionem meam, ut video, Erotis dispensatio impedit. Nam cum ex reliquis quae Nonis Aprilibus fecit abundare debeam, cogor mutuari, quodque ex istis fructuosis rebus receptum est, id ego ad illud fanum sepositum putabam. Sed haec Tironi mandavi quem ob eam causam Romam misi; te nolui impeditum impedire. Cicero noster quo modestior est eo me magis commovet. Ad me enim de hac re nihil scripsit ad quem nimirum potissimum debuit; scripsit hoc autem ad Tironem, sibi post Kalend. Aprilis (sic enim annuum tempus confici) nihil datum esse. Tibi pro tua natura semper placuisse teque existimasse id etiam ad dignitatem meam pertinere eum non modo perliberaliter a nobis sed etiam ornate cumulateque tractari. Qua re velim cures (nec tibi essem molestus, si per alium hoc agere possem) ut permutetur Athenas quod sit in annuum sumptum ei. Scilicet Eros numerabit. Eius rei causa Tironem misi. Curabis igitur et ad me si quid tibi de eo videbitur scribes. |
739. — A ATTICUS. Pompéi, juin. A. XV, 15. Que tous les maux pleuvent sur L. Antonius, s'il est vrai qu'il veuille mal aux Buthrotiens! J'ai rédigé mon témoignage; vous y mettrez votre cachet quand vous voudrez. Il faut rendre à la ville d'Arpinum son argent, tout son argent, si l'édile L. Fadius le demande. Je vous ai prié dans une lettre précédente de veiller aux cent mille sesterces que me doit Statius. Si donc Fadius demande cet argent, il faut le lui donner, mais à lui et point à d'autre. Je crois aussi qu'il y a un dépôt chez moi ; j'ai écrit à Éros de le rendre. Oui, cette reine d'Egypte m'est odieuse, et ce n'est pas sans raison, elle le sait bien. Ammonius s'était porté garant de ses promesses ; et de quoi s'agissait-il? Uniquement de choses propres a un homme de lettres (Probablement des objets d'art, des curiosités égyptiennes). et compatibles avec ma dignité: je les publierais au besoin en plein forum. Quant a Sara, outre qu'il m'est connu pour un misérable, il a été fort impertinent à mon égard. Il vint une seule fois chez moi, et quand je lui demandai poliment ce qui l'amenait : C'est Atticus que je cherche, me dit-il. Encore aujourd'hui je ne pense pas sans colère à l'arrogance de la reine, dans les jardins d'au delà du Tibre. Qu'on ne me parle donc pas de ces gens-là. Ils me regardent indubitablement comme un homme sans cœur, comme un être dénué de toute sensibilité. — Mon départ, je le vois, sera retardé par le peu d'ordre d'Eros. D'après la situation qu'il m'a remise aux nones d'avril, je devrais avoir de l'avance, et me voilà réduit aux emprunts, .le croyais au moins que le produit de ces loyers avait été mis à part pour le temple. Mais Tiron est chargé de ces détails; c'est pour cela que je l'ai envoyé à Rome, .le n'ai pas voulu ajouter cet embarras aux vôtres. — Plus Cicéron est réservé, et plus je suis porté pour lui. Il ne m'a pas écrit à moi, à qui il devrait s'adresser de préférence; mais il mande à Tiron que, depuis les kaiendes d'avril que son année est finie, il n'a rien reçu. D'après vos propres façons d'agir, et d'après l'idée que vous avez de ce que je me dois à moi-même, je veux me montrer généreux avec mon fils; le traiter même avec une sorte de magnificence et le combler. Je vous prie donc (si je pouvais m'adresser à un autre, je vous épargnerais ce soin, ), je vous prie de lui faire payer à Athènes une année entière de ses dépenses. Éros vous en remettra le montant ; c'est encore pour cela que j'ai envoyé Tiron. Je compte sur vos bons soins, et je vous prie de me mander là-dessus ce que vous jugerez à propos. |
16 Scr. In Antiati iii aut prid. Id. Iun. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. Tandem a Cicerone tabellarius et me hercule litterae πεπινωμένως scriptae, quod ipsum προκοπὴν aliquam significat, itemque ceteri praeclara scribunt; Leonides tamen retinet suum illud 'adhuc,' summis vero laudibus Herodes. Quid quaeris? Vel verba mihi dari facile patior in hoc meque libenter praebeo credulum. Tu velim, si quid tibi est a Statio scriptum quod pertineat ad me, certiorem me facias. 16a Scr. In Arpinati xiv aut xiii K Iun. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. Narro tibi, haec loca venusta sunt, abdita certe et, si quid scribere velis, ab arbitris libera. Sed nescio quo modo οἶκος φίλος. Itaque me referunt pedes in Tusculanum. Et tamen haec ῥωπογραφία ripulae videtur habitura celerem satietatem. Equidem etiam pluvias metuo, si 'prognostica' nostra vera sunt; rarae enim ῥητορεύουσιν. Tu, quaeso, fac sciam ubi Brutum nostrum et quo die videre possim. |
737. — A ATTICUS. Pompéi, juin. Α. XV, 16, 1ere partie. Voilà enfin un messager de Cicéron, et, sur ma parole, une lettre fort bien tournée; c'est un indice de progrès. Tout le monde m'en écrit des merveilles. Le seul Léonidas met toujours sa restriction : jusqu'à présent; mais il n'y a sorte d'éloge qu'Hérode n'en fasse. Que voulez-vous? Il est possible qu'ici l'on me paie de paroles, et j'avoue que je les prends volontiers pour comptant. Si vous avez des nouvelles de Statius sur ce qui me concerne, veuillez m'en faire part. 738. — A ATTICUS. Pompéi, juin. A. XV, 16, 2e partie. Écoutez bien : ces lieux sont charmants, tout à fait solitaires. Si on veut s'y livrer à l'étude, point de visite importune à craindre. Pourtant, je ne sais comment j'aime mieux mon chez moi. Aussi mes pieds me ramènent à Tusculum. D'ailleurs, on doit se rassasier facilement de ce joli rivage. De plus, j'ai à craindre les pluies, si mes pronostics sont exacts, car les grenouilles font assaut d'éloquence. Soyez assez bon pour me mander où et quand je pourrai voir Brutus. |
17 Scr. In Antiati postr. Id. Iun. A. 710 (44). CICERO ATTlCO SAL. Duas accepi postridie Idus, alteram eo die datam, alteram Idibus. Prius igitur superiori. De <D.> Bruto, cum scies. De consulum ficto timore cognoveram. Sicca enim φιλοστόργως ille quidem sed tumultuosius ad me etiam illam suspicionem pertulit. Quid tu autem? 'τὰ μὲν διδόμενα,? Nullum enim verbum a Siregio. Non placet. De Plaetono vicino tuo permoleste tuli quemquam prius audisse quam me. De Syro prudenter. L. Antonium per Marcum fratrem, ut arbitror, facillime deterrebis. Antroni vetui; sed nondum acceperas litteras, ne cuiquam nisi L. Fadio aedili. Aliter enim nec caute nec iure fieri potest. Quod scribis tibi deesse HS c quae Ciceroni curata sint, velim ab Erote quaeras ubi sit merces insularum. Arabioni de Sittio nihil irascor. Ego de itinere nisi explicato Λ nihil cogito; quod idem tibi videri puto. Habes ad superiorem. Nunc audi ad alteram. Tu vero facis ut omnia quod Serviliae non dees, id est Bruto. De regina gaudeo te non laborare, teste m etiam tibi probari. Erotis rationes et ex Tirone cognovi et vocavi ipsum. Gratissimum quod polliceris Ciceroni nihil defuturum; de quo mirabilia Messalla qui Lanuvio rediens ab illis venit ad me, et me hercule ipsius litterae sic et φιλοστόργως et εὐπινῶς scriptae ut eas vel in acroasi audeam legere. Quo magis illi indulgendum puto. De Buciliano Sestium puto non moleste ferre. Ego, si Tiro ad me, cogito in Tusculanum. Tu vero, quicquid erit quod me scire par sit, statim. |
740. — A ATTICUS. Pompéi, juin. A. XV, 17. J'ai reçu deux lettres de vous le lendemain des ides, datées, l'une de la veille, l'autre du jour même des ides. Je réponds d'abord à la plus ancienne. Vous attendez des nouvelles de Brutus pour me parler de lui. Je savais la prétendue peur des consuls (Ils affectaient de craindre quelque coup de main des conjurés.), car Sica, du meilleur cœur du monde, mais un peu à l'étourdie, était venu me donner l'alarme. Mais que me dites-vous? qu'il faut toujours prendre ce qu'on vous donne? Pas un mot de Sirégius : cela ne me plait guère. Il m'est pénible qu'un autre ait su avant moi ce qui concerne votre voisin Plétorius. Très-sagement pour Syrus. Je crois que vous pourrez facilement agir sur L. Antonius par Marcus, son frère. J'avais donné contre-ordre pour Antron ; mais ma lettre ne vous était pas arrivée. Ne payez, je vous prie, qu'à l'édile L. Fadius; il n'y a que lui qui présente sûreté et qui ait qualité. Vous attendez encore, me dites-vous, les cent mille sesterces que vous avez fait payer à Cicéron. Sachez donc d'Eros, je vous prie, ce que deviennent les loyers de mes maisons. Je n'en veux point à Arabion, au sujet de Sitius. Je ne partirai point avant d'avoir mis mes affaires à jour. C'est votre avis aussi, je le suppose. — Voilà pour la première lettre. J'arrive à la seconde. Je vous reconnais dans tout ce que vous faites pour Servilie, c'est-à-dire pour Brutus. Quant à la reine d'Egypte, je vois avec plaisir que vous ne vous en souciez guère et que vous m'approuvez. Tiron m'a mis au fait des comptes d'Eros, que j'ai mandé ici. Que vous me charmez en m'assurant que rien ne manquera à Cicéron ! J'en ai appris des merveilles par Messalla, qui a passé chez moi en revenant de Lanuvium, où sont nos amis. Sa lettre, je vous le jure, est si bien et de sentiment et d'expression, que je ne craindrais pas de la produire même dans une réunion de connaisseurs. Aussi me crois-je obligé d'en agir très-largement avec lui. Sextius, j'espère, ne se formalisera pas à cause de Rucilianus. Si Tiron revient, je partirai pour Tusculum. Quels que soient les événements, donnez-moi toutes les nouvelles qui pourront m'intéresser. |
18 Scr. In itinere ex Antiati in Tusculanum xvi K. Quint a. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. xvii Kal. Etsi satis videbar scripsisse ad te quid mihi opus esset et quid te facere vellem, si tibi commodum esset, tamen cum profectus essem et in lacu navigarem, Tironem statui ad te esse mittendum, ut iis negotiis quae agerentur interesset, atque etiam scripsi ad Dolabellam me, si ei videretur, velle proficisci petiique ab eo de mulis vecturae. Vt in his (quoniam intellego te distentissimum esse qua de Buthrotiis qua de Bruto, cuius etiam ludorum sumptuosorum curam et administrationem suspicor ex magna parte ad te pertinere) ut ergo in eius modi re tribues nobis paulum operae; nec enim multum opus est. Mihi res ad caedem et eam quidem propinquam spectare videtur. Vides homines, vides arma. Prorsus non mihi videor esse tutus. Sin tu aliter sentis, velim ad me scribas. Domi enim manere, si recte possum, multo malo. |
741. — A ATTICUS. Du lac l.ucrin, juin. A. XV, 18. Ma lettre du 17 des kalendes était suffisamment explicite sur ce qui m'est nécessaire et sur ce que j'attends de vous, sans trop vous déranger pourtant. Cependant à peine parti et embarqué sur le lac, j'ai résolu de vous envoyer Tiron pour intervenir dans tous ces détails d'affaires. De plus, j'ai écrit à Dolabella que je désirais me mettre en route, s'il n'y voyait pas d'obstacle, et je lui ai demandé des mules de transport, pour mon voyage. Je comprends à quel point les intérêts des Buthroliens d'un côté, ceux de Brutus de l'autre, doivent vous absorber. Je soupçonne même que c'est sur vous que tombent en grande partie, le soin des préparatifs et même la direction des jeux de Brutus. Aussi je ne vous demande qu'un moment. Il ne m'en faut pas davantage. Tout indique un massacre, et même prochainement. Voyez quels chefs et quels satellites! il est clair que je ne suis pas en sûreté. Si vous en jugez différemment, soyez assez bon pour me l'écrire. Pour peu que la prudence le permette, j'aime bien mieux rester chez moi. |
19 Scr. In Tusculano inter a. D. xv et xi K. Quint a. 710 (44). CICERO ATTICO SAL.
Quidnam est quod agendum amplius de Buthrotiis <sit>? Sat egisse
enim te frustra scribis. Quid autem se refert Brutus? Doleo me
hercules te tam esse distentum, quod decem hominibus referendum est
acceptum. Est illud quidem ἐργῶδες sed ἀνεκτὸν mihique gratissimum.
De armis nihil vidi apertius. Fugiamus igitur et, ut ais, coram.
Theophanes quid velit nescio. Scripserat enim ad me. Cui rescripsi
ut potui. Mihi autem scribit venire ad me se velle ut et de suis
rebus et quaedam quae ad me pertinerent. Tuas litteras exspecto.
Vide, quaeso, ne quid temere fiat. Statius scripsit ad me locutum secum esse Q. Ciceronem
valde adseveranter se haec ferre non posse; certum sibi esse ad
Brutum et Cassium transire. Hoc enim vero nunc discere aveo, hoc ego
quid sit interpretari non possum. Potest aliquid iratus Antonio,
potest gloriam iam novam quaerere, potest totum esse σχεδίασμα; et
nimirum ita est. Sed tamen et ego vereor et pater conturbatus est;
scit enim quae ille de hoc, mecum quidem ἄφατα olim. Plane quid
velit nescio. A Dolabella mandata habebo quae mihi videbuntur, id
est nihil. Dic mihi, C. Antonius voluitne fieri septemvir? Fuit
certe dignus. De Menedemo est ut scribis. Facies omnia mihi nota. |
742. — A ATTICUS. Tusculum, juin. Α. XV, 19. Que tenter désormais pour les habitants de Buthrole, puisque tous vos efforts, dites-vous, ont été vains? Mais à quoi se détermine Brutus? Je m'afflige de vous savoir si occupé : tout cela vient des dix (Commissaires institués par Antoine pour partager les terres aux vétérans.). La chose est difficile, mais elle ne vous fait pas peur. Recevez en tout mes remerciements. On se battra : rien n'est plus clair. Fuyons donc ! mais, comme vous le dites, c'est un parti à prendre après avoir raisonné tête à tête. Je ne sais ce que veut Théophane; il m'avait écrit; je lui ai répondu tant bien que mal, et voilà qu'il m'annonce sa visite pour me parler de ses affaires et de quelques autres qui me regardent. J'attends une lettre de vous. Veillez à ce qu'on ne fasse pas d'incartade. Statius me mande que Q. Cicéron lui a déclaré de la manière la plus formelle ne plus vouloir entendre parler de ses amis, et être irrévocablement dans l'intention de prendre parti pour Brutus et Cassius. Je désire beaucoup apprendre quelque chose de positif là-dessus : je ne sais qu'en penser. C'est peut-être un mouvement d'humeur contre Antoine, peut-être le désir d'un nouveau genre de gloire, peut-être enfin un pur caprice : oui, plutôt cela. Toutefois, je ne suis pas sans crainte, et mon frère est aux champs : il sait en effet ce qu'Antoine lui a dit de son fils. Il m'en a confié des choses qui ne peuvent se répéter. C'est à s'y perdre J'ai des ordres de Dolabella pour tout ce que je voudrai, c'est-à-dire pour rien. Dites-moi, je vous prie, s'il est vrai que C. Antoine ait voulu être septemvir. Il en est bien digne. Je partage votre avis sur Ménédéme. Tenez-moi au courant de tout. |
20 Scr. In Tusculano inter xv et xi K. Quint. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL.
Egi gratias Vettieno; nihil enim potuit humanius. Dolabellae mandata
sint quaelibet, mihi aliquid, vel quod Niciae nuntiem. Quis enim
haec, ut scribis, anteno? Nunc dubitare quemquam prudentem quin meus
discessus desperationis sit, non legationis? Quod ais extrema
quaedam iam homines de re publica loqui et eos quidem viros bonos,
ego quo die audivi illum tyrannum in contione 'clarissimum virum'
appellari subdiffidere coepi. Postea vero quam tecum Lanuvi vidi
nostros tantum spei habere ad vivendum quantum accepissent ab
Antonio, desperavi. Itaque, mi Attice, (fortiter hoc velim accipias,
ut ego scribo), genus illud interitus quo causurus est foedum ducens
et quasi denuntiatum nobis ab Antonio ex hac nassa exire constitui
non ad fugam sed ad spem mortis melioris. Haec omnis culpa Bruti. Pompeium Carteia receptum scribis; iam igitur contra hunc
exercitum. Vtra ergo castra? Media enim tollit Antonius. Illa
infirma, haec nefaria. Properemus igitur. Sed iuva me consilio,
Brundisione an Puteolis. Brutus quidem subito sed sapienter. Πάσχω
τι. Quando enim illum? Sed humana ferenda. Tu ipse eum videre non
potes. Di illi mortuo qui umquam Buthrotum! sed acta missa; videamus
quae agenda sint. Rationes Erotis, etsi ipsum nondum vidi, tamen et ex
litteris eius et ex eo quod Tiro cognovit prope modum cognitas
habeo. Versuram scribis esse faciendam mensum quinque, id est ad
Kal. Nov., HS CC; in eam diem cadere nummos qui a Quinto debentur.
Velim igitur, quoniam Tiro negat tibi placere me eius rei causa
Romam venire, si ea te res nihil offendet, videas unde nummi sint,
mihi feras expensum. Hoc video in praesentia opus esse. Reliqua
diligentius ex hoc ipso exquiram, in his de mercedibus dotalium
praediorum. Quae si fideliter Ciceroni curabuntur, quamquam volo
laxius, tamen ei prope modum nihil deerit. Equidem video mihi quoque
opus esse viaticum; sed ei ex praediis ut cadet ita solvetur, mihi
autem opus est universo. Equidem etsi mihi videtur iste qui umbras
timet ad caedem spectare, tamen nisi explicata solutione non sum
discessurus. Sitne autem explicata necne tecum cognoscam. Hanc
putavi mea manu scribendam, itaque feci. De Fadio, ut scribis,
utique alii nemini. Rescribas velim hodie. |
743. -- A ATTICUS. Tusculum, juin. A. XV, 20. J'ai fait mes remerciement à Vécténus : on n'est vraiment pas plus aimable. Que Dolabella me donne telles instructions qu'il lui plaira, peu importe; ne fut-ce qu'un ordre à porter à Nicias. S'y tromperait-on? Pour peu qu'on ait de réflexion, ne verra-t-on pas bien que je désespère de tout, et que c'est pour cela, non pour une mission, que je pars? Vous dites que nombre de personnes, et de personnes graves, regardent la république comme touchant à ses derniers moments. Mais, moi , le jour où j'ai entendu à la tribune qualifier le tyran de grand homme, je nie suis défié de tout: et quand ensuite j'ai vu à Lanuvium nos amis n'espérer pour leur propre tête que dans les paroles d'Antoine , il ne m'est pas resté le moindre espoir. Mon cher Atticus, prenez ceci, comme je vous l'écris, avec courage. C'est une mort honteuse qui nous attend au dénouement, vous le savez , et Antoine nous l'a bien l'ait entendre. Eh bien ! je veux sortir de cette nasse, non pour fuir la mort, mais pour en chercher une meilleure. Voilà ce que nous devons à Brutus. — Cartéia , dites-vous , a ouvert ses portes à Pompée. Une armée va donc marcher contre lui , et alors quel camp choisir? Pas de neutralité possible avec Antoine. Ici, faiblesse; là, infamie: hâtons-nous de fuir. Mais donnez-moi un conseil: Faut-il que je m'embarque à Brindes ou à Pouzzol? Brutus a pris son parti, et il a fait sagement. Je ne suis pas maître de mon émotion. Hélas! quand le reverrai-je? Mais ce sont là les maux de la vie : il faut se résigner. Vous ne le verrez pas non plus : que tous les Dieux confondent celui qui n'est plus (César), et qui vous a laissé sur les bras les affaires de Buthrote! Mais laissons le passe; avisons au présent. Je sais a peu près a quoi m'en tenir sur les comptes d'Eros, quoique je ne l'aie pas encore vu ; mais il m'en a écrit, et Tiron les a examinés. Vous pensez que j'ai besoin d'un emprunt ; qu'il doit être de deux cent mille sesterces; qu'il me les faut pour cinq mois, jusque l'échéance de pareille somme qui m'est due pur mon l'ivre. Puisque Tiron m'assure que vous n'êtes pas d'avis que j'aille exprès à Rome, soyez assez bon, si cela ne vous gêne en rien, pour me chercher cet argent et le prendre en mon nom ; c'est ce qui presse en ce moment, .le me ferai rendre compte du reste en détail par Éros lui-même, notamment en ce qui concerne le revenu de mes biens dotaux. Si on le fait tenir exactement à mon fils, quelque largement que je veuille le traiter, il doit à peu près suffire. Il est vrai qu'il me faut aussi de l'argent pour mon voyage. Mon fils peut recevoir au fur et à mesure des rentrées. Moi, il faut que je prenne à l'avance tout ce qui me sera nécessaire. Quelque persuadé que je sois que ce malheureux, qui a peur de son ombre, prépare un massacre, je ne veux pourtant pas m'en aller sans laisser mes affaires en ordre. Aurez-vous réussi à conclure, oui ou non? C'est ce que je saurai en vous voyant. J'ai cru utile d'écrire ceci de ma main, et vous vous en apercevrez bien. C'est entendu pour Fadius, mais à personne autre que lui. Je voudrais bien avoir réponse de vous dans la journée. |
21 Scr. In Tusculano x K. Quint. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. Narro tibi, Quintus pater exsultat laetitia. Scripsit enim filius se idcirco profugere ad Brutum voluisse quod, cum sibi negotium daret Antonius ut eum dictatorem efficeret, praesidium occuparet, id recusasset; recusasse autem se ne patris animum offenderet; ex eo sibi illum hostem. 'tum me' inquit 'conlegi verens ne quid mihi ille iratus tibi noceret. Itaque eum placavi. Et quidem CCCC certa, reliqua in spe.' scribit autem Statius illum cum patre habitare velle (hoc vero mirum) et id gaudet. Ecquem tu illo certiorem nebulonem?Ἐποχὴν vestram de re Cani [deliberationis] probo. Nihil eram suspicatus de tabulis, ἀκεραίως restitutam arbitrabar. Quae differs ut mecum coram exspectabo. Tabellarios quoad voles tenebis; es enim occupatus. Quod ad Xenonem, probe. Quod scribo, cum absolvero. Quinto scripsisti te ad eum litteras. Nemo attulerat. Tiro negat iam tibi placere Brundisium et quidem dicere aliquid de militibus. At ego iam destinaram Hydruntem quidem. Movebant me tuae quinque horae. Hic autem quantus πλοῦς! sed videbimus. Nullas a te xi Kal. Quippe, quid enim iam novi? Cum primum igitur poteris, venies. Ego propero ne ante Sextus, quem adventare aiunt. |
744. -- A ATTICUS. Tusculum, juin. A. XV, 21. Écoutez les nouvelles; le père de Quintus bondit de joie : son fils lui écrit qu'il va se joindre à Brutus : Antoine voulait qu'il le fît nommer dictateur, et qu'il s'emparât d'un poste. Quintus aurait refusé, et cela pour ne pas chagriner son père. De là grande inimitié de la part d'Antoine. « Mais je me suis observé, ajoute-t-il à son père, pour qu'il n'allât pas dans sa fureur s'en prendre à vous. Nous avons fait la paix. J'ai quatre cent mille sesterces, et le reste en espérance. " Statius écrit que l'intention de Quintus est de se réunir à son père: n'est-ce pas bien extraordinaire en vérité? Il s'en réjouit. Vit-on jamais pareil mauvais sujet? J'approuve votre hésitation sur l'affaire de Canus. J'étais loin de me douter de cette dette; de bonne foi, je croyais la dot restituée. Je vous attends pour ce que vous vous réservez de traiter de vive voix. Retenez mes messagers tant qu'il vous plaira. Je sais vos occupations. Vous avez bien fait d'écrire à Xénon. Dès que l'ouvrage dont je m'occupe sera fini, je vous l'enverrai. Vous avez écrit à Quintus qu'il avait dû recevoir une lettre de vous ; personne ne lui en a remis. Tiron m'assure que vous n'êtes pas d'avis que j'aille à Brindes, à cause des soldats dont on parle dans ces parages. Je m'étais déjà presque décidé pour Hydrunte (Otrante). Ce sont vos cinq heures de trajet qui me touchent. Mais de ce côté-ci quelle longue navigation! Nous verrons. Point de lettres de vous depuis le 11 des kaiendes : c'est tout simple. Y a-t-il du nouveau? Dès que vous le pourrez, venez ; moi, je me hâte, de peur que Sextus ne me prévienne. On annonce son retour. |
22 Scr. In Tusculano v K. Quint. Mane a. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. Gratulor nobis Quintum filium exisse. Molestus non erit. Pansam bene loqui credo. Semper enim coniunctum esse cum Hirtio scio; amicissimum Bruto et Cassio puto, si expediet (sed quando illos videbit?), inimicum Antonio, quando aut cur? Quousque ludemur? Ego autem scripsi Sextum adventare, non quo iam adesset sed quia certe id ageret ab armisque nullus discederet. Certe si pergit, bellum paratum est. Hic autem noster Cytherius nisi victorem neminem victurum. Quid ad haec Pansa? Utrobi erit, si bellum erit? Quod videtur fore. Sed et haec et alia coram hodie quidem, ut scribis, aut cras. |
747. — A ATTICUS. Tusculum, juin. Α. XV, 22. Félicitons-nous de voir le fils de Quintus parti. C'est une gêne de moins. Je crois aux bons discours de Pansa. Il n'a jamais fait qu'un avec Hirtius : je le sais. Je crois même qu'il sera fort ami de Brutus et de Cassius, s'il y trouve son compte. Hélas! quand les verra-t-il? Mais lui, ennemi d'Antoine? depuis quand? Et pourquoi, je vous prie? Faudra-t-il donc que nous nous laissions toujours ainsi abuser? En vous annonçant que Sextus arrivait, je n'ai pas prétendu dire qu'il fût déjà arrivé. Il se prépare, et ne renonce point à la chance des combats. S'il persiste, la guerre est certaine. Quant à notre amant de Cythéris (Antoine), il répète, lui, que pour vivre il faut vaincre. A cela que. dit Pansa? Avec qui se mettra-t-il, si la guerre a lieu? ici il n'y a que trop d'apparence. Mais nous parlerons de tout cela, et de bien d'autres choses encore, quand je vous verrai. Ce sera, m'avez-vous dit, aujourd'hui ou demain. |
23 Scr. In Tusculano viW aut vii K. Quint a. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. Mirifice torqueor, sine dolore tamen; sed permulta mihi de nostro itinere in utramque partem occurrunt. 'quousque?' inquies. Quoad erit integrum; erit autem usque dum ad navem. Pansa si tuae rescripserit, et meam tibi et illius epistulam mittam. Silium exspectabam; cui hypomnema compositum, si quid novi. Ego litteras misi ad Brutum. Cuius de itinere etiam ex te velim si quid scies cognoscere. |
745. — A ATTICUS. Tusculum, juin. Α. XV, 23. J'ai la fièvre; je ne suis pas malade pourtant, mais il y a un violent combat en moi. Partirai-je, ne partirai-je pas? Jusqu'à quand ces irrésolutions, direz-vous? Jusqu'à ce que le sort en soit jeté, c'est-à-dire jusqu'à ce que je sois à bord. Si Pansa me répond, je vous enverrai ma lettre et la sienne. J'attends Silius, pour qui j'ai fait un mémoire. Mandez-moi ce qu'il y aura de nouveau. J'ai écrit à Brutus: si vous savez quelque chose de son voyage, veuillez aussi me le dire. |
24 Scr. In Tusculano vi K. Quint mane, ut vid., a. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. Tabellarius quem ad Brutum miseram ex itinere rediit vii Kal. Ei Servilia dixit eo die Brutum his profectum. Sane dolui meas litteras redditas non esse. Silius ad me non venerat. Causam composui; eum libellum tibi misi. Te quo die exspectem velim scire. |
746. — A ATTICUS. Tusculum, juin. A. XV, 24. Le messager que j'avais envoyé à Brutus est revenu le 7 des kaiendes. Servilie lui a dit que Brutus était parti le jour même, à la quatrième heure : je regrette beaucoup qu'il n'ait pas ma lettre. Silius n'est pas venu. J'ai terminé le mémoire, et je vous l'envoie. Dites-moi, je vous prie, quel jour je dois vous attendre. |
25 Scr. In Tusculano iii K Quint a. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. De meo itinere variae sententiae; multi enim ad me. Sed tu incumbe, quaeso, in eam curam. Magna res est. An probas, si ad Kal. Ian. Cogitamus? Meus animus est aequus, sic tamen ut si nihil offensionis sit. Et tu etiam scire quo die Olympia cum mysteria scilicet. Vt tu scires, casus consilium nostri itineris iudicabit. Dubitemus igitur. Est enim hiberna navigatio odiosa, eoque ex te quaesieram mysteriorum diem. Brutum, ut scribis, visum iri a me puto. Ego hinc volo pn Kal. |
752. — A ATTICUS. Tusculum, juin. Α. XV, 25. On interprète très-diversement mon projet de départ; j'en puis juger par les questions que l'on me fait de tous cotés. Pensez-y mûrement, je vous prie. La question est grave. Approuveriez-vous le voyage, moyennant que je serais de retour aux kalendes de janvier? Je suis sans crainte, mais je ne veux pas donner prise aux propos. Vous avez dit avec raison le jour du scandale, pour désigner le jour des mystères. Quoi qu'il en soit, les événements seuls décideront de mon voyage. Ainsi ne préjugeons rien. D'ailleurs, les traversées sont bien pénibles en hiver; c'est pour cela que je vous avais parlé de l'époque des mystères. Je suppose, d'après votre lettre, que je verrai Brutus. Je compte partir d'ici la veille des kalendes. |
26 Scr. In Arpinati vi Non. Quint a. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. De Quinti negotio video <a> te omnia facta. Ille tamen dolet dubitans utrum morem gerat Leptae an fidem infirmet filio. Inaudivi L. Pisonem velle exire legatum ψευδεγγράφῳ senatus consulto. Velim scire quid sit. Tabellarius ille quem tibi dixeram me ad Brutum esse missurum in Anagninum ad me venit ea nocte quae proxima ante Kal. Fuit litterasque ad me attulit; in quibus unum alienum summa sua prudentia, idem illud, ut spectem ludos suos. Rescripsi scilicet primum me iam profectum, ut <non> integrum sit; deinde ἀτοπώτατον esse me qui Romam omnino post haec arma non accesserim neque id tam periculi mei causa fecerim quam dignitatis subito ad ludos venire. Tali enim tempore ludos facere illi honestum est cui necesse est, spectare mihi ut non est necesse sic ne honestum. Quidem est. Equidem illos celebrari et esse quam gratissimos mirabiliter cupio idque ita futurum esse confido et tecum ago ut iam ab ipsa commissione ad me quem ad modum accipiantur hi ludi, deinde omnia reliquorum ludorum in dies singulos persequare. Sed de ludis hactenus. Reliqua pars epistulae est illa quidem in utramque partem, sed tamen non nullos interdum iacit igniculos virilis. Quod quale tibi videretur ut posses interpretari, misi ad te exemplum epistulae; quamquam mihi tabellarius noster dixerat tibi quoque se attulisse litteras a Bruto easque ad te e Tusculano esse delatas. Ego itinera sic composueram ut Nonis Quintilibus Puteolis essem; valde enim festino, ita tamen ut quantum homo possit quam cautissime navigem. M. Aelium cura liberabis; me paucos pedes in extremo fundo et eos quidem subterraneos servitutis putasse aliquid habituros. Id me iam iam nolle neque mihi aquam esse tanti. Sed ut mihi dicebas, quam lenissime, potius ut cura liberetur quam ut me suscensere aliquid suspicetur. Item de illo Tulliano capite libere cum Cascellio loquere. Parva res est, sed tu bene attendisti. Nimis callide agebatur. Ego autem si mihi imposuisset aliquid, quod paene fecit nisi tua malitia adfuisset, animo iniquo tulissem. Itaque, ut ut erit, rem impediri malo. Octavam partem tuli luminarum medium ad strane memineris cui Caerellia videris mancipio dare ad eam summam quae sub praecone fuit maxima. Id opinor esse CCCLXXX. Novi si quid erit atque etiam si quid prospicies quod futurum putes, scribas ad me quam saepissime velim, Varroni, quem ad modum tibi mandavi, memineris excusare tarditatem litterarum mearum. Mundus iste cum M. Ennio quid egerit de testamento (curiosus <sum> enim) facias me velim certiorem. Ex Arpinati vi non. |
753. — A ATTICUS. Arpinum, 2 juillet. A. XV, 26. Je vois que vous avez fait tout ce qui était possible dans l'affaire de Quintus : cependant il se désole de ne savoir s'il doit s'en rapporter à Lepta ou se défier de Silius. J'ai ouï dire que Pison s'était procuré un faux ordre du sénat pour une mission; je voudrais savoir ce qui en est. Le messager que j'avais, vous le savez, envoyé à Brutus, à Anagni, est revenu dans la nuit d'avant les kalendes. Il m'a rapporté une lettre ou il y a quelque chose de bien extraordinaire de la part d'un homme aussi sage : il m'engage à assister à ses jeux. Je lui réponds que je serai en chemin, et que je n'ai plus dès lors la liberté du choix; qu'en aucun cas je ne pourrais, sans la dernière inconséquence, aller tout d'un coup à Rome pour des jeux, quand je m'en suis éloigné moins pour éviter des dangers que pour ne pas compromettre mon caractère, depuis qu'on a inondé la ville de soldats; que, dans de telles circonstances, il est fort bien à lui, qui y est obligé, de donner des jeux, mais qu'il serait fort mal à moi, qui ne le suis point, d'y assister; que d'ailleurs je faisais des vœux pour qu'il y eût un grand concours et de grands applaudissements du peuple, ce dont je ne doutais point. A cet égard, je vous prierai de m'écrire, dès le premier jour, comment les jeux auront été reçus, et de me tenir ensuite jour par jour au courant de ce qui se passera. Mais en voilà suffisamment sur ce chapitre. Du reste, ce que m'écrit Brutus est assez pâle, sauf quelques éclairs de vigueur çà et la. Je ne sais trop qu'en dire. Vous en jugerez vous-même; je vous envoie copie de sa lettre. D'ailleurs, si j'en crois mon messager, vous en avez aussi une de lui qui vous a été envoyée de Tusculum. — Suivant ma marche, je compte être à Pouzzol aux nones de, juillet. Je me hâte de toutes mes forces, toutefois en homme qui ne veut pas s'embarquer avant d'avoir pris toutes ses précautions. Rassurez M. Elius, je vous prie, au sujet de ces conduits souterrains qui devaient passer à l'extrémité de son champ. Il craint que cela ne grève sa propriété d'une servitude. Dites-lui que j'y renonce, d'autant mieux que je n'y ai jamais beaucoup tenu; parlez-lui très-amicalement, afin qu'il soit bien tranquille et qu'il ne me suppose pas la moindre irritation. Parlez ferme, au contraire, à Cascellius, au sujet de cette créance de Tullius. C'est peu de chose; mais vous avez bien fait d'y avoir l'œil. C'était par trop de rouerie, Peu s'en est fallu que je ne fusse dupe, et je l'étais si vous n'eussiez été si avisé; j'en serais inconsolable. Au temps comme au temps, il vaudra mieux encore laisser tout là. N'oubliez pas de faire diminuer d'un huitième les fenêtres de mes bâtiments, près du temple de Strénia. Il faut les donner au protégé de Cérellia, pour le prix de la dernière enchère, proposée. C'est, je crois, trois cent mille sesterces. Multipliez vos lettres, je vous prie. Dites-moi ce qui se passe aujourd'hui et ce qui se passera demain. Souvenez-vous aussi de m'excuser auprès de Varron, comme je vous en ai déjà prié, sur ma paresse pour lui écrire. Puisse Mundus avoir raison de celui dont vous me parlez! Donnez-moi quelques détails sur le testament de M. Ennius; j'en suis curieux. |
27 Scr. In Arpinati. V Non. Quint. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. Gaudeo id te mihi suadere quod ego mea sponte pridie feceram. Nam cum ad te vi Nonas darem, eidem tabellario dedi etiam ad Sestium scriptas πάνυ φιλοστόργως. Ille autem, quod Puteolos persequitur, humane, quod queritur, iniuste. Non enim ego tam illum exspectare dum de Cosano rediret debui quam ille aut non ire ante quam me vidisset aut citius reverti. Sciebat enim me celeriter velle proficisci seseque ad me in Tusculanum scripserat esse venturum. Te, ut a me discesseris, lacrimasse moleste ferebam. Quod si me praesente fecisses, consilium totius itineris fortasse mutassem. Sed illud praeclare quod te consolata est spes brevi tempore congrediendi; quae quidem exspectatio me maxime sustentat. Meae tibi litterae non deerunt. De Bruto scribam ad te omnia. Librum tibi celeriter mittam de gloria.' excudam aliquid Ἡρακλείδειον quod lateat in thesauris tuis. De Planco memini. Attica iure queritur. Quod me de Bacchi, de statuarum coronis certiorem fecisti, valde gratum; nec quicquam posthac non modo tantum sed ne tantulum quidem praeterieris. Et de Herode et mettio meminero et de omnibus quae te velle suspicabor modo. O turpem sororis tuae filium! Cum haec scriberem, adventabat αὐτῇ βουλύσει cenantibus nobis. |
755. — A ATTICUS. Arpinum, juillet. A. XV, 27. Votre lettre me charme; ce que vous me conseillez était fait dès hier. Oui, j'ai écrit à Statius, et dans les termes les plus affectueux, ma lettre lui a été remise par le même messager qui vous eu a porté une du 6 des nones. Je suis sensible à sa bonne intention de venir à Pouzzol ; mais c'est à tort qu'il se plaint. Devais-je attendre son retour de sa maison de Cosa? Et n'était-ce pas à lui plutôt à venir d'abord chez moi, au lieu d'aller chez lui et surtout d'y demeurer si longtemps? Il n'ignorait pas que j'avais hâte de partir, et il m'avait promis une visite à Tusculum. — Je regrette que vous n'ayez pleuré qu'après votre départ. Si j'avais vu vos larmes, peut-être aurais-je renoncé à mes projets de voyage. Vous me donnez du moins une bien belle espérance, en me parlant de notre prochaine réunion : cette attente fait toute ma force. Mes lettres ne vous feront pas faute. Tout ce que j'apprendrai de Brutus, vous le saurez. Sous peu vous aurez mon traité De la Gloire. Je m'occupe d'un autre travail, dans le goût d'Héraclide; mais il faudra le mettre avec vos trésors les plus secrets. Je n'oublie pas Plancus. Attica a bien raison de se plaindre. J'aime beaucoup votre histoire de Bacchis et des statues couronnées. Ne me privez d'aucun détail, choses importantes ou bagatelles, n'importe. De mon côté, je me souviendrai d'Hérode et de Meltius, et de tout ce qui peut vous intéresser. Quel sujet que le fils de notre sœur! Il vient d'arriver ce soir pendant que nous soupons. |
28 Scr. In Arpinati v Non. Quint a. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. Ego, ut ad te pridie scripseram, Nonis constitueram venire in Puteolanum. Ibi igitur cotidie tuas litteras exspectabo et maxime de ludis; de quibus etiam ad Brutum tibi scribendum est. Cuius epistulae quam interpretari ipse vix poteram exemplum pridie tibi miseram. Atticae meae velim me ita excuses ut omnem culpam in te transferas et ei tamen confirmes me immutatum amorem meum mecum abstulisse. |
757. — A ATTICUS. Arpinum, juillet. A. XV, 28. Ainsi que je vous l'ai mandé hier, je compte arriver pour les nones à Pouzzol, où j'aurai, j'espère, de vos nouvelles tous les jours. Parlez-moi surtout des jeux. Ne manquez pas d'écrire aussi à Brutus. Je vous ai envoyé hier une copie de sa lettre, dont je ne saisis qu'imparfaitement le sens. Excusez-moi auprès d'Attica, je vous prie, et chargez-vous de tous les torts. Assurez-la bien pourtant que je n'emporte pas eu Grèce toute mon amitié. |
29 Scr. In Formiano prict Non. Quint. A. 710 (44). CICERO ATTICO SAL. Bruti ad te epistulam misi. Di boni, quanta ἀμηχανία! cognosces cum legeris. De celebratione ludorum Bruti tibi adsentior. Ad M. Aelium nullus tu quidem domum sed sicubi inciderit. De Tulliano semisse M. Axianum adhibebis, ut scribis. Quod cum Cosano egisti, optime. Quod non solum mea verum etiam tua <re> me expedis, gratum. Legationem probari meam gaudeo. Quod promittis di faxint! quid enim mihi meis iucundius? Sed istam quam tu excipis metuo. Brutum cum convenero, perscribam omnia. De Planco et Decimo sane velim. Sextum scutum abicere nolebam. De mundo, si quid scies. Rescripsi ad omnia tua; nunc nostra accipe. Quintus filius usque Puteolos (mirus civis, ut tu Favonium Asinium dicas) et quidem duas ob causas, et ut mecum et ut σπείσασθαι vult cum Bruto <et> Cassio. Sed tu quid ais? Scio enim te familiarem esse Othonum. Ait hic sibi Iuliam ferre; constitutum enim esse discidium. Quaesivit ex me pater qualis esset fama. Dixi nihil sane me audisse (nesciebam enim cur quaereret) nisi de ore et patre. Sed quorsus?' inquam. At ille filium velle. Tum ego, etsi ἐβδελυττόμην, tamen negavi probabilia esse vera. Σκοπὸς (hoc est enim) huic nostro nihil praebere, illa autem οὐ παρὰ τοῦτο. Ego tamen suspicor hunc, ut solet, alucinari. Sed velim quaeras (facile autem potes) et me certiorem. Obsecro te, quid est hoc? Signata iam epistula Formiani qui apud me cenabant Plancum se aiebant hunc Buthrotium pridie quam hoc scribebam, id est III non., vidisse demissum, sine phaleris; servulos autem dicere eum et agripetas eiectos a Buthrotiis. Macte! sed, amabo te, perscribe mihi totum negotium. |
750. — A ATTICUS. Forrmies, juillet. A. XV, 29. Je vous envoie une lettre de Brutus : quelle pauvre tête, bons Dieux ! Vous en jugerez en lisant. Je crois comme vous à une grande affluence à ses jeux. Inutile d'aller chez M. Élius : à la première rencontre. Vous avez raison de recourir à M. Axianus pour la dette à douze pour cent de Tullius. Rien de mieux que ce que vous avez fait avec Cosianus. Vous expédiez du même coup vos affaires et les miennes; fort bien. On approuve ma légation : tant mieux ! Puissent les Dieux réaliser vos prophéties! serait-il rien de plus doux pour moi et pour les miens? mais j'ai peur de cette méchante que vous exceptez (Attica, qui s'était peut-être plaint d'avoir été oubliée dans une lettre de Cicéron.). Vous saurez tout de mon entrevue avec Brutus. Mes vœux, à coup sûr, s'accordent avec les vôtres au sujet de Plancus et de Décimus. Mais je m'oppose à ce que Sextus jette son bouclier. Savez-vous quelque chose sur Mundus? Je vous ai répondu sur tous les points : écoutez-moi maintenant. — Le fils de Quintus est venu jusqu'à Pouzzol. C'est un citoyen modèle, comme qui dirait un Favonius ou un Asinius. Il avait un double motif : d'abord d'être avec moi, puis d'aller faire sa paix avec Brutus et Cassius. Mais à propos, vous l'ami des Othons, que pensez-vous de ce qu'il annonce, qu'il veut épouser Julia, dont le divorce est résolu? Le père m'a demandé quelle était la réputation de Julia. Je lui ai dit que je n'avais jamais entendu parler que de sa figure et de son père. J'ignorais son motif. Pourquoi cette question, lui ai-je dit? Mon fils, m'a-t-il répondu, veut l'épouser. Quoique cette alliance me répugne, j'ai cru devoir lui cacher que je tiens pour vrai tout ce qu'on dit d'elle. Mon frère ne voit qu'une chose : c'est de ne rien donner à son fils. Ce ne sera point, dit-on, un empêchement pour Julia. Cependant je soupçonne que notre jeune homme se fait illusion, comme à son ordinaire. Enquérez-vous, je vous prie, de ce qui en est ; vous le pouvez, et vous me réélirez. Mais qu'est-ce encore, je vous en conjure, que ce que me disent des habitants de Formies à souper chez moi, et quand ma lettre est déjà fermée? Hier, dit-on, comme je vous écrivais, c'est-à-dire le 3 des nones, on a vu le Plancus, oui on a vu le Plancus de Buthrote, les deux oreilles basses et bien léger de bagages. Ses esclaves mêmes racontent que lui et ses chercheurs de terres ont été chassés par les Buthrotiens. A merveille! mais mandez-moi toute cette affaire. |