MEMNON
HESIODE : Théogonie L'Aurore donna à Tithon Memnon au casque d'airain, roi de l'Éthiopie et le monarque Hémathion. Elle conçut de Céphale un illustre enfant, l'intrépide Phaéton, homme semblable aux dieux. Phaéton, encore paré des tendres fleurs de la brillante jeunesse, ne pensait qu'aux jeux de son âge, lorsque Vénus, amante des plaisirs, l'enleva, l'établit nocturne gardien de ses temples sacrés et lui accorda les honneurs divins.
|
HOMÈRE
: ODYSSÉE IV
Elle pleurait, Helene, l'Argienne née de Zeus ; et pleuraient aussi Telemaque et l'Atride Ménélas ; même le fils de Nestor ne pouvait retenir ses larmes, car il se souvenait en son coeur de l'irréprochable Antiloque, qu'avait tué l'illustre fils de la brillante Aurore
|
HOMÈRE
: ODYSSÉE X
Mais quel guerrier était le fils de Télèphe, le heros Eurypyle, qu'il tua par le bronze ! et nombre de ses compagnons Cétéens tombèrent autour de lui, à cause de présents faits à une femme ; je n'ai connu aucun autre homme plus beau après l'illustre Memnon. APOLLODORE. V, 3, E. Memnon, le fils de Tithonos (Tithon) et d’Éos, arriva à Troie à la tête d’un puissant contingent d’Éthiopiens. Il tua de nombreux Grecs, parmi lesquels Antilochos, et il mourut lui aussi de la main d’Achille. Après avoir poursuivi les Troyens, Achille fut atteint au talon, d’une flèche lancée par Alexandre (Pâris) et Apollon, aux portes Scées. |
|
PINDARE : Olympique II. C'est dans ces lieux qu'habitent et Cadmus et Pélée ; c'est là qu'admis par les prières de sa mère, habite aussi l'invincible Achille, dont le bras immola Hector, ce rempart inexpugnable de Troie, et terrassa Cycnus et l'Éthiopien fils de l'Aurore.
|
PINDARE : Isthmique V. Maintenant, ô ma Muse ! élance ton char au-dessus de la terre ; dis-moi sous quels coups succombèrent et Cycnus et Hector et l'intrépide Memnon, chef des Éthiopiens ; quel héros, sur les rives du Caïcus, perça de son javelot le vaillant Télèphe : rappelle-moi ces grands hommes à qui toutes les bouches publient qu'Égine donna le jour.
|
PINDARE : Néméenne III Bientôt, formé par de telles leçons, le jeune héros traversa les mers et, conduit par le souffle des vents sur les rivages de Troie, soutint le choc des guerriers de la Lycie, de la Phrygie et de la Dardanie, en vint aux mains avec les fougueux éthiopiens et fit mordre la poussière à l'oncle d'Hélénus, au vaillant Memnon, qui ne devait plus revoir sa patrie.
|
PINDARE : Néméenne VI De
toutes parts l'illustre Égine ouvre à mon génie des routes
magnifiques à parcourir ; de toutes parts elle offre une ample matière
à mes chants. Les nobles enfans d'Éaque, par leurs vertus héroïques,
se sont fait une grande, une immortelle destinée. Volant sur la
terre et par delà les mers, leur renommée est parvenue jusqu'en
ces contrées qu'habitent les Éthiopiens ; elle leur apprit le
funeste sort de leur roi Memnon et l'affreux combat où Achille,
descendant de son char, perça de sa lance homicide ce fils de la
brillante Aurore.
|
DIODORE
DE SICILE II
Sous celui-ci la monarchie des Assyriens passa aux Mèdes après avoir subsisté treize cent soixante et tant d'années, selon la supputation de Ctésias de Cnide en son second livre. Mais il n'a daigné nous rapporter ni le nom de chacun de ces rois ni la durée de leur régne parce qu'on n'en cite rien de remarquable, si ce n'est le secours qui fut envoyé à Troie par les Assyriens sous le commandement de Memnon fils de Tithon : car on dit que Teutamus , vingtième roi de l'Asie depuis Ninyas, étant sur le trône plus de mille ans après la fondation de cet Empire, Agamemnon mena les Grecs au siège de Troie et que Priam roi de la Troade se sentant pressé envoya demander du secours au roi d'Assyrie dont il relevait. Teutamus lui donna, dit-on dix mille Éthiopiens et autant de Susians aves deux cents chariots sous le commandement de Memnon. On ajoute que Tithon qui était le général des Perses, avait la première place dans la faveur du roi et que son fils se trouvant alors à la fleur de son âge surpassait tous les autres satrapes par son courage et par ses autres grandes qualités. Ce fut lui qui bâtit dans la citadelle de Suse un palais qui a subsisté jusqu'au temps de la monarchie des Perses et qui avait retenu son nom, aussi bien qu'un grand chemin qu'il avait fait faire dans cette province. Cependant, les Éthiopiens voisins de l'Egypte rendent douteuses ces dernières circonstances. Car ils prétendent que Memnon est né chez eux, et ils montrent encore de vieux palais qu'ils appellent Memnoniens. Ils conviennent de son voyage à Troie à la tête du secours que nous avons marqué plus haut et ils disent qu'il s'y signala par son courage et qu'il tua plusieurs Grecs de sa main ; après quoi il fut tué lui-même par les Thessaliens dans une embuscade. Les Éthiopiens ayant recouvré son corps le brûlèrent et rapportèrent ses cendres à Tithon. Ces barbares assurent que son histoire est ainsi racontée dans les annales, de leurs rois. |
|||
OVIDE, Métamorhoses, XIII Memnon (XIII, 576-599) Quoique l'Aurore ait favorisé les armes des
Troyens, elle ne peut cependant s'affliger ni de la chute d'Ilion, ni
des malheurs d'Hécube. Un soin plus pressant l'agite, elle déplore
ses propres infortunes. Elle a vu son fils Memnon tomber aux champs
phrygiens, sous les traits d'Achille. Elle l'a vu, et cette vive
couleur dont elle brille à l'Orient en ouvrant les portes du jour,
s'est effacée, et de sombres nuages ont voilé les cieux. Mère désolée,
elle ne peut soutenir la vue du bûcher préparé pour son fils. Les
cheveux épars, elle court en désordre embrasser les genoux de
Jupiter, et lui adresse ce discours, qu'interrompent ses sanglots et
ses larmes. Les Memnonides (XIII, 600-622) Jupiter exauce sa prière, et lorsque le bûcher de
Memnon s'écroule dans les flammes, de noirs tourbillons de fumée
obscurcissent les airs, pareils à ces brouillards nés du sein des
fleuves, que les rayons du soleil ne peuvent pénétrer. La cendre
vole, se réunit, se condense, et forme un corps qui reçoit du feu la
chaleur et la vie. Sa légèreté lui donne des ailes : d'abord
masse informe, pareille à un oiseau, bientôt oiseau véritable, le
bruit de son vol agite l'air; et, en même temps, naît de la même
cendre un peuple ailé de frères. Trois fois ils volent en cercle
autour du bûcher, et trois fois ils frappent lugubrement l'air des mêmes
cris. Au quatrième vol, ils se séparent en deux troupes ennemies, se
font une guerre cruelle, exercent avec fureur leurs becs et leurs
ongles aigus. Ils se heurtent les uns contre les autres, se déchirent,
fatiguent leurs ailes, et, comme des victimes guerrières, tombent et
s'ensevelissent dans la cendre qui les fit naître, attestant ainsi
par leur courage qu'ils tirent leur origine d'un héros. Ce héros
leur donne aussi son nom : on les appelle Memnonides, et lorsque
le soleil a parcouru ses douze signes, ils reviennent, tous les ans,
honorer par un semblable combat le tombeau de Memnon. |
EOS - L'AURORE
Eos est la personnification de l'Aurore. Elle appartient à la première génération divine, celle des Titans. Elle est, en effet, la fille d'Hypérion et de Théia et la soeur d'Hélios et de Séléné ; selon d'autres traditions, la fille de Pallas. Avec Astraeos, un dieu de la même race (il était fils de Crios et d'Eurybié et frère du géant Pallas) , elle engendra les Vents : Zéphyr, Borée et Notos, ainsi que l'Etoile du Matin (Eosphoros) et les Astres. On la représente comme une déesse dont les doigts, - couleur de rose . ouvrent les portes du ciel au char du Soleil. Sa légende est tout entière remplie de ses amours. Autrefois, raconte-t-on, elle s'était unie à Arès, s'attirant ainsi la colère d'Aphrodite, qui l'avait punie en en faisant une éternelle amoureuse.
Ses différents amants furent : Orion, le Géant, fils de Poséidon, qu'elle enleva et emmena à Délos. Puis, Céphale, le fils de Déion et de Diomèdé (la fille de Xouthos), ou, selon d'autres, le fils d'Hersé et d'Hermès. Elle l'enleva et l'emmena en Syrie, où elle lui donna un fils, Phaéthon (qui passe, plus généralement, pour le fils du Soleil. Enfin, elle enleva Tithonos, fils d'Ilos et de Placia (ou de Leucippé), de race troyenne, et l'emmena en Ethiopie, qui, dans les vieilles légendes, est le pays du Soleil. Là, elle lui donna deux fils, Emathion et Memnon. Celui-ci, qui semble avoir été son fils préféré, régna sur les Ethiopiens et mourut devant Troie en combattant contre Achille.
Eos avait obtenu de Zeus que Tithonos devint immortel mais elle avait négligé de demander pour lui la jeunesse éternelle. Aussi Tithonos, en vieillisant, fut-il accablé d'infirmités. A la longue, Eos l'enferma dans son palais, où il menait une vie misérable. Ou bien, à force de vieillir, il perdit l'aspect d'un homme et devint une cigale toute desséchée.
MEMNON : Fils d'Eos et de Tithonos. Son frère était Emathion. Ils avaient tous deux la peau noire car, selon une légende, ils avaient passé leur enfance aux côtés du soleil (Hélios), en compagnie de leur mère, la déesse de l'Aurore ; tous les jours, ils accompagnaient le char du dieu à travers le ciel. Memnon et son frère visitèrent ainsi les pays les plus chauds de la terre, et, le temps venu, Memnon devint roi d'Ethiopie et Emathion, roi d'Egypte. Après une campagne en Perse, où il s'empara de Suse, Memnon se rendit à Troie pendant la dixième année de la guerre, avec une armée d'Ethiopiens, afin d'aider son oncle Priam. Revêtu d'une armure forgée par Héphaïstos, il tua l'ami d'Achille, Antiloque, le fils de Nestor, ainsi que beaucoup d'autres. Enfin Achille l'attaqua, et le combat s'engagea entre les deux héros pendant que leurs mères, toutes deux déesses, plaidaient leur sort devant Zeus.
Cependant, Memnon tomba, et Eos demanda à Zeus de lui accorder un honneur particulier. Selon certains, Zeus lui accorda l'immortalité ; d'autres disent que de la fumée qui s'éleva de son bûcher naquirent des oiseaux ; ceux-ci se divisèrent en deux groupes, entourèrent les flammes et se mirent à lutter les uns contre les autres. Les oiseaux morts tombaient dans le feu en offrandes à l'ombre du héros. Puis, chaque année désormais, ces oiseaux, appelés les Memnonides, s'assemblaient sur la tombe de Memnon et accomplissaient ce même rituel de mort, tombant sans vie au-dessus du tumulus.