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Extraits des auteurs grecs concernant la géographie et l'histoire des Gaules

texte et trad. nouv. publ. par Edm. Cougny et Henri Lebègue

LIVRE V

PRÉFACE.

Avec le présent volume s'achève la plus importante partie de nôtre tâche : les Extraits des Historiens grecs concernant la Gaule et les Gaulois. De ce volume la moitié à peine se trouve dans le recueil de D. Bouquet. En insérant dans notre collection ce qu'il a, à dessein sans doute, exclu de la sienne, nous avons pensé exécuter son plan plus complètement qu'il ne l'a fait lui-même. Ainsi, les deux premiers morceaux de Diogène Laerce que nous donnons, D. Bouquet les cite dans une note sur un passage d'Étienne de Byzance. De Philostrate il n'a rien, pris, et cependant le savant rhéteur nous fournit, soit dans sa Vie d'Apollonius de Tyane, soit dans ses Sophistes, des renseignements précieux pour l'histoire des lettres et des arts en Gaule : ces renseignements ne se trouvent pas ailleurs ; il avait voyagé chez les Celtes; et souvent il parle de ce qu'il a vu, observé, notamment de certains phénomènes de la nature. Élien a été rangé par D. Bouquet parmi les écrivains de genres divers, par le caractère général de ses compilations, Histoire variée, Nature des animaux, il nous a paru que sa place était plutôt parmi les historiens. Porphyre de Tyr (233-304 apr. J.-C. ) et Dexippe d'Athènes (vers 255), omis tous les deux par le savant bénédictin, viennent après Élien, et sont suivis du curieux fragment d'un Eusébios, contemporain de Dioclétien, découvert par M. Wescher, et relatif à l'insurrection de Julius Sacrovir (21 apr. J.- C.). Ce morceau a été publié plusieurs fois; nous en avons enrichi notre collection. Eunape de Sardes (vers 347), à qui D. Bouquet n'a fait qu'un emprunt, nous a fourni sur le séjour du césar Julien dans les Gaules des pages qui, malgré leur caractère déclamatoire, méritent de n'être pas négligées.
Mais ce qui fera, croyons-nous, le principal intérêt de ce volume, le quatrième et dernier des historiens, ce sont les morceaux considérables que nous avons détachés de l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe Pamphile, et les guerres des Francs en Italie racontées, par les historiens de Byzance, Procope et Agathias. Les premiers, de ces extraits se rapportent à l'établissement du christianisme dans les Gaules, particulièrement à l'Église de Lyon et à ses généreux martyrs. Pour les autres, qui. figurent dans le deuxième volume de D. Bouquet (in-f°, 1739 (01)); nous ne saurions mieux faire que de reproduire ici les paroles mêmes d'un vieux traducteur du XVIe siècle, Martin Fumée : « Après avoir leu l'Histoire, laquelle Procope et Agathias nous ont laissée par escrit, et voyant quelques anciennetez de nos premiers François remarquées en icelle autrement que nos Chronicques et Annales ne contiennent, i'ay pensé faire plaisir à ceux de nostre nation, lesquels sont auiourd'huy curieux de veoir et d'apprendre autant et plus que nos prédécesseurs n'ont esté, si ie mettois en nostre langue ceste Histoire. »
En faisant à notre recueil ces importantes additions, nous croyons être entré dans les vues du laborieux compilateur des Rerum Gallicarum et Francicarum Scriptores. Par ses extraits des Histoires ecclésiastiques de Philostorge, de Socrate et de Sozomène, il touchait à plusieurs points des annales chrétiennes et nous incitait en quelque sorte à compléter ses recherches (02). Olympiodore, Zosime, chez qui, comme les autres barbares envahisseurs des Gaules, Goths, Burgondes, etc., les Francs commencent de se montrer avec un rôle de plus en plus considérable, appelaient les écrivains byzantins, témoins de la décadence des uns et du triomphe définitif des autres. Aux derniers, non pas les derniers à paraître sur le théâtre de l'histoire, mais les derniers venus comme conquérants des Gaules, et qui devaient à peu prés seuls y rester, appartient l'honneur n'avoir substitué leur nom aux noms des anciens peuples du pays et du pays lui-même, que les Romains eux-mêmes, ces maîtres puissants, avaient respectés. Nous nous sommes donc naturellement arrêté au moment où ce qui s'était appelé Galli et Gallia s'appellera Franci et Francia, en attendant les Français et la France, c'est-à-dire vers le milieu du vie siècle.
Procope, et Agathias, le premier, ami et secrétaire de Bélisaire, puis sénateur et préfet de Constantinople; l'autre, esprit curieux, chercheur intelligent, tous les deux en position d'être bien informés, avaient vu de près ces hommes vaillants et habiles : ils avaient appris, le second surtout, à les estimer. Peut-être même, comme Tacite l'avait fait pour les Germains de son temps, Agathias exagère-t-il à dessein les vertus des Francs! Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il paraît avoir deviné leurs grandes destinées ; il les distingue avec soin des autres barbares, des Alamans surtout qu'il appelle, d'après Asinius Quadratus; un italien, dit-il, qui les con-naissait bien : « un ramas, un mélange d'hommes de toute sorte car c'est, ajoute-t-il, le sens de leur nom. » Il remarque, que les empereurs d'Orient leur abandonnèrent assez volontiers les Gaules, les désignant pour ainsi dire comme les héritiers de Rome en cette belle province. Nous sommes arrivés au VIe siècle. C'en est fait de la Gaule romaine ; c'en est fait de ce vieux monde qui pourtant laissera de si profondes empreintes de son passage : nous resterons, ne l'oublions pas, une nation latine, avec un caractère original qui se révélera de plus en plus dans notre histoire.
Illa manent immota lacis neque ab ordine cedunt (03).

Janvier 1886.

E. C.

BIBLIOGRAPHIE (04).

XIPHILIN.

1° Édit. de Leunclavius, Hanoviae, 1606, in-f°, à la suite de Dio Cassius. - V. la Bibliographie du t. IV, Dion Cassius, 1°.
2° Édit. Gros-Boissée, à la suite de Dion Cassius, in-8°. V. ibid., 2°.
3° Édit. Louis Dindorf, Leipsig, .Teubner, in-8°, à la suite de Dion Cassius. - V. ibid., 3°.

JEAN XIPHILIN. 

ABRÉGÉ DE L'HISTOIRE ROMAINE DE DION CASSIUS (05).

Livre LXII. 

I (0 (06)) . Pendant qu'à Rome on s'amusait ainsi (sous Néron), un malheur terrible arriva en Brettanie : deux villes (07) furent saccagées, huit myriades d'hommes tant des Romains que de leurs alliés furent exterminés, et l'île nous devint étrangère. Tout cela arriva par le fait d'une femme et c'est ce qui dans cet événement mit pour eux le plus de honte ; d'ailleurs la divinité leur avait d'avance annoncé ces désastres. De la curie (08), en effet, on avait ouï sortir pendant la nuit un bruit sauvage, avec des rires, et du théâtre, un tumulte accompagné de plaintes, sans qu'aucun homme eût parlé ou gémi. On avait vu des espèces de maisons sous l'eau dans le fleuve du Tamésas, et l'océan qui se trouve entre l'île et la Galatie (Gaule) avait été, pendant la pleine mer, grossi de sang.
II (0). Le prétexte de la guerre fut la répétition au profit de l'État de l'argent que Claude avait donné aux principaux des Brettans, et qui devait, au dire de Décianus Catus, administrateur de l'île, faire retour au trésor. Outre ce motif , il y eut encore ceci, que Sénèque, leur ayant prêté malgré eux, et dans l'espoir de gros intérêts, mille myriades (09) [de drachmes], en exigea ensuite et par la force le remboursement intégral. Mais ce fut une [femme] qui les excita surtout, leur persuada de faire la guerre aux Romains et qui, jugée digne d'être à leur tête, les commanda durant toute la guerre. Bunduica, une Brettanide de race royale, qui avait l'âme plus grande qu'une femme. Ayant rassemblé une armée d'environ douze myriades [d'hommes], elle monta sur un tribunal fait à la manière des Romains, avec de la terre de marais. Elle avait la taille haute, l'air terrible, le regard perçant ; sa voix était rude et sa chevelure, qui était très abondante et très blonde, lui descendait jusqu'au bas du dos. Elle portait un grand collier d'or et serrait sur son sein une tunique bariolée sur laquelle elle agrafait une épaisse chlamyde. C'était là son accoutrement habituel, mais alors elle avait pris une lancé pour frapper de terreur tous les assistants, et elle leur tint ce langage :
III (0). « ... Est-il une honte, est-il une douleur que nous n'ayons souffertes, depuis que ces gens-là ont abaissé sur la Brettanie leurs regards? Nous avions de nombreux et magnifiques domaines, n'en avons-nous pas été entièrement dépouillés? et ne payons-nous pas des impôts pour le reste ? Tout pour eux, pâturage, labourage ; et ce n'est pas encore assez, ne leur portons-nous pas tous les ans le tribut de nos corps? Combien ne vaudrait-il pas mieux être vendus une fois, plutôt que d'être, avec de vains noms de liberté, obligés de nous racheter chaque année? Combien ne vaudrait-il pas mieux être égorgés et périr que de promener çà et là nos têtes tributaires? Mais que dis-je là? Pour nous la fin de n'est pas la fin de toute redevance : vous savez combien nous payons même pour les morts....
IV (0). « C'est nous, à vrai dire, qui avons été les auteurs de tous nos maux, nous qui, dans le principe, leur avons permis de fouler le sol de cette île, au lieu de les en chasser sur-le-champ, comme ce fameux J. Caesar ; nous qui ne leur avons pas fait craindre de loin, comme à Auguste et à Caius Caligula, de tenter la traversée. Car, demeurant dans une île si grande, ou, pour mieux dire, dans une sorte de continent au milieu des flots (10), un monde à nous, et séparés de tous les autres hommes par l'océan, au point qu'on croit que nous habitons une autre terre, sous un autre ciel, et que quelques-uns d'entre eux, je dis des plus savants, ne connaissaient pas même auparavant notre nom (11) nous avons été méprisés, foulés aux pieds par des hommes qui n'ont d'autres visées que le gain.
V (0) « ... Eh bien donc, marchons contre eux, ayons confiance dans notre bonne fortune et montrons-leur. qu'ils ne sont que des lièvres et des renards, qui entreprennent de commander à des chiens et à des loups. »
VI (0). A ces mots, usant d'une sorte de divination, elle lâcha de son sein un lièvre, et, lorsque l'animal en courant (12) leur eut donné un heureux présage, toute la multitude. poussa des cris de joie, et Bunduica, étendant la main vers le ciel : « Je te rends grâces, dit-elle, ô Andrastè, et, femme, j'invoque en toi une femme... moi qui commande non.... ; mais, à des hommes, à des Brettans qui, à la vérité, ne savent ni cultiver la terre ni exercer un métier, mais qui ont appris à fond l'art de la guerre, qui estiment que tous les biens sont communs entre eux comme les enfants et les femmes, les femmes, ayant ainsi la même vertu que les mâles... Et toi, ô maîtresse, sois toujours seule, à nous commander. »
VII (0). Après cette harangue, Bunduica mena son armée contre les Romains qui se trouvaient sans chef : Paulinus, leur général, dirigeait alors une expédition contre une île de Môna, située dans le voisinage de la Brettanie. Grâce à cette circonstance, elle mit à sac et pilla deux villes romaïques (romaines), et y fit, comme je l'ai dit, un inénarrable carnage. Il n'est pas d'horreurs qui ne furent infligées à leurs prisonniers. Mais voici ce qu'ils firent de plus horrible et de plus féroce : ils pendirent les femmes les plus nobles et les plus distinguées; ils leur coupèrent les mamelles et les leur cousirent sur la bouche, afin de les leur voir pour ainsi dire manger, après quoi ils leur enfoncèrent des pieux aigus à travers le corps de bas en haut. Et tous ces outrages, c'est pendant leurs sacrifices et leurs festins qu'ils s'y livraient dans leurs temples et notamment dans le bois sacré d'Andrastè (c'est ainsi qu'ils nomment la Victoire), à qui ils avaient une dévotion tonte particulière.
VIII (0). Paulinus avait déjà subjugué l'île de Môna; informé de ce désastre, il s'embarqua aussitôt, pour passer de Môna en Brettanie. Et tout d'abord, il ne voulait pas courir les risques d'un engagement avec les barbares, dont il redoutait le nombre et le désespoir ; il remettait la bataille à un moment plus propice. Mais, comme il manquait de vivres et que les barbares le serraient de près sans relâche, il fut forcé, contre son intention, d'en venir aux mains avec eux. Bunduica avait une armée de vingt-trois myriades d'hommes ; portée sur un char, elle rangeait un à un tous ses soldats. Quant à Paulinus, ne pouvant, pour lui faire face, étendre assez sa phalange (car, même rangés sur une seule ligne, ses hommes n'y arrivaient pas, tant ils étaient inférieurs en nombre), et n’osant pas non plus en venir aux mains sur un seul point de peur d'être enveloppé et taillé en pièces, il partagea son armée en trois corps, afin de combattre sur plusieurs points à la fois, et il fit de chacun de ces corps une masse compacte, pour la rendre difficile à rompre...
XI..(0). « ... Ce n'est pas avec des adversaires que nous allons nous rencontrer, mais avec des esclaves à nous, [des esclaves] à qui nous avons laissé leurs libertés et leurs lois; mais, si l'événement trompait mon espérance, - car je ne craindrai pas de le dire, - il vaut mieux tomber en braves sur le champ de bataille que d'être pris pour être empalés, pour se voir arracher les entrailles, pour être transpercés de pieux enflammés, pour périr consumés dans l'eau bouillante, comme si nous étions tombés parmi des bêtes sauvages, sans lois et sans dieux. Ou soyons vainqueurs, ou mourons ici. Nous aurons dans la Brettanie un beau monument, quand même tout le reste des Romains en serait chassé ; car, par nos corps, de toute manière, nous la posséderons toujours. »
XII (0). Après ces paroles et d'autres semblables, il éleva le signal du combat, et tout de suite on s'avança de part et d'autre, les barbares avec une grande clameur et des chants de menace, les Romains en silence et en bon ordre, jusqu'au moment où ils arrivèrent à portée de javelot. Alors, comme les ennemis ne venaient plus que pas à pas, les Romains, s'élançant à la, fois à un signal convenu, coururent sur eux avec force, et dans la mêlée rompirent sans peine leurs rangs; mais, enveloppés par leur multitude, ils combattirent de tous les côtés à la fois. La lutte se fit de bien des façons diverses : ici les troupes légères assaillent de leurs traits les troupes légèrement armées ; là ce sont les hoplites qui tiennent tête aux hoplites, les cavaliers qui chargent les cavaliers, et contre les chariots des barbares luttent les archers des Romains. Les barbares, en effet, fondant sur les Romains au galop de leurs chars, les culbutaient, et eux-mêmes, combattant sans cuirasses; étaient tenus en respect par les flèches des archers ; un cavalier culbutait un fantassin, un fantassin jetait bas un cavalier ; quelques-uns en groupes serrés marchaient contre les chars et d'autres étaient dispersés par eux ; ceux-ci, allant à la rencontre des archers, les mettaient en fuite, ceux-là s'en garaient de loin. Tout cela se passait non sur un seul point, mais de trois côtés pareillement. La lutte se prolongea avec la même ardeur de part et d'autre et la même audace. À la fin, mais assez tard, les Romains furent vainqueurs ; ils massacrèrent beaucoup d'ennemis dans le combat, auprès des chars et de la forêt, et firent beaucoup de prisonniers. Un grand nombre de barbares échappèrent par la fuite, et ils se préparaient pour une nouvelle bataille ; mais, Bunduica étant morte de maladie (13) à ce moment, ce fut pour eux un deuil terrible ; ils lui firent de somptueuses funérailles et, comme s'ils eussent été dès lors réellement défaits, ils se dispersèrent. Les affaires de Brettanie en étaient là (14)...
XVII. En déplorant ce désastre public (15), on se rappelait qu'autrefois la plus grande partie de la ville avait été ainsi détruite par les Galates (Gaulois) ...
XVII... Tel fut le malheur que la ville éprouva alors que jamais elle ne souffrit le pareil ni avant ni depuis, si ce n'est de la part des Galates (Gaulois) ...

Livre LXIII.

XXII ... (16). Un homme se rencontra, un Galate (Gaulois), Gaius Julius Vindix, Akytan (Aquitain) par ses ancêtres, de race royale du côté dé son père, sénateur des Romains, corps robuste, intelligence ouverte, expérimenté: dans les choses de la guerre ; hardi pour toute grande entreprise; il avait au plus haut degré l'amour de la liberté et l'amour de la gloire; il était alors préteur (17) en Galatie (Gaule). Ce Vindix, ayant rassemblé les Galates (Gaulois) qui longtemps avaient eu à souffrir d'incessantes exactions et maintenant encore en souffraient sous Néron, monte sur un tribunal et s'étend en un long discours contre Néron ; il dit qu'il faut se séparer de lui, s'insurger, contre lui, parce que, dit-il, il a pillé tout le monde romain, parce qu'il a fait périr toute la fleur du sénat, parce qu'il a outragé et tué sa mère et ne conserve pas même les dehors d'un empereur. Des meurtres, des rapines, des violentes, d'autres en ont commis cent fois, mais, le reste de ses crimes, pourrait-on en parler comme ils le méritent?... Levez-vous donc enfin ;venez-vous en aide à vous-mêmes, venez en aide aux Romains, et rendez la liberté au monde entier! (18) »
XXIII. Ce discours de Vindix eût l'approbation de tout le monde. Comme ce n'était pas pour lui qu'il recherchait le pouvoir, Vindix recommanda à leur choix Galba Servius Sulpicius, également distingué par son équité et son expérience de la guerre, qui commandait en Ibérie et avait une armée non sans importance ; et ce général fut proclamé empereur par les soldats. On dit que Néron ayant fait publier qu'il donnerait deux cent cinquante myriades [de drachmes] (19) à qui tuerait Vindix, Vindix, à cette nouvelle, dit « Celui qui, ayant tué Néron, m'apportera sa tête, recevra la mienne en échange. »
XXIV. Tel était Vindix. Rufus, qui commandait en Germanie, partit comme pour faire la guerre à Vindix ; arrivé à Vésontion (20) il assiégea cette ville, sous prétexte qu'elle ne l'avait pas reçu. Vindix étant venu de son côté au secours de la place et s'étant campé non loin de lui, ils s'envoyèrent l'un à l'autre un affidé et finalement ils en vinrent, seul à seul, à des pourparlers où personne autre n'assista et dans lesquels, à ce qu'on crut, ils s'entendirent au sujet de Néron. Après cela, Vindix partit avec son armée comme pour aller prendre la ville, mais les soldats de Rufus, les ayant vus s'avancer et pensant qu'ils marchaient contre eux, firent de leur propre mouvement la même manoeuvre ; ils tombèrent à l'improviste sur les troupes de Vindix qui ne gardaient aucun ordre, et en firent un grand carnage. À ce spectacle, Vindix, pénétré de douleur, se tua lui-même. Telle est la vérité ; plusieurs, cependant, ayant ensuite percé de coups son corps, firent croire faussement qu'ils l'avaient eux-mêmes égorgé.
XXV. Rufus ressentit un violent chagrin de cette perte ; malgré les instances réitérées de ses soldats, il ne voulut pas accepter le pouvoir impérial, qu'il aurait pu facilement obtenir (21).
XXVI. Néron apprit la révolte de Vindix, à Néapolis (22), où, après son dîner, il assistait au spectacle d'une lutte gymnique, et il ne fut point attristé... Il suivait en tout le reste également ses habitudes, joyeux de ce qu'on lui annonçait, d'abord parce qu'il espérait bien écraser Vindix, et ensuite parce qu'il pensait avoir saisi une bonne occasion de faire de l'argent et de tuer (23)...

Livre LXIV.

IV (0) . Je dirai quelle fut sa fin (de Galba) . Les soldats des Germanies, que commandait Rufus, n'ayant obtenu de Galba aucune gratification, en furent d'autant plus enflammés. Ayant manqué le but de leur désir du côté de Rufus, ils cherchèrent à le satisfaire avec un autre, et voici ce qu'ils firent,... ayant pris pour chef Aulus Vitellius, gouverneur de là Basse-Germanie, ils se révoltèrent...

Livre LXV.

I... Vitellius, étant à Lugdunum (24) et à Crémônè, assista à des combats de gladiateurs, comme si ce n'était pas assez de la multitude d'hommes qui avaient péri dans les combats, qui gisaient encore sans sépulture, comme il le vit lui-même, car il traversa toute la plaine jonchée de cadavres, se rassasiant de ce spectacle, comme s'il était au moment de sa victoire, et même alors il n'ordonna pas de les ensevelir (25). 
IX... Les soldats de la Mysie, informés de ses intentions (de Vespasianus), n'attendirent pas même Mucianus, ils savaient qu'il était en route, mais ils choisirent pour leur général Antonius Primus condamné à l'exil sous Néron, rappelé par Galba et commandant l'armée de Pannonie. Primus exerça alors le pouvoir absolu, sans aucune délégation ni de l'empereur ni du sénat...
X (0)... Il (Vitellius) laissa la conduite de la guerre à Aliènus et à d'autres. Aliènus arriva à Crémônè et l'occupa avant tous ; mais, voyant ses soldats pervertis par la vie voluptueuse de Rome et amollis par l'abandon de leurs exercices, et les autres, au contraire, le corps exercé et l'âme vigoureuse; il fut effrayé. Puis, des paroles amiables lui étant venues de la part de. Primus, il convoqua ses soldats, et leur peignant la faiblesse de Vitellius, la force de Vespasianus et la conduite de chacun d'eux, il leur persuada de changer de parti. Alors ces soldats enlevèrent de leurs enseignes les images de Vitellius et jurèrent de se mettre sous le commandement de Vespasianus. Mais, après qu'ils se furent dispersés et retirés dans leurs tentes, ils changèrent d'avis, et soudain, se rassemblant en toute hâte et en grand tumulte, ils proclamèrent de nouveau Vitellius empereur et mirent en prison Aliènus pour les avoir trahis, ne respectant plus en lui la dignité consulaire : et voilà ce qui se fait dans les guerres, surtout dans les guerres civiles !
XI (0)... Les soldats de Vitellius, que, le lendemain, Primus par des messages voulait amener à un accord, lui envoyèrent à leur tour le conseil d'embrasser la cause de Vitellius puis, en étant venus aux mains avec les soldats de ce général, ils luttèrent avec la plus grande ardeur. Et ce fut une bataille rangée, comme s'ils en étaient convenus, et ils mirent de l'ordre dans cette lutte; quoique sans chefs, car Aliènus était prisonnier à Crémônè.
XIV... Au lever du soleil (26), les soldats de la troisième légion, appelée la Galatique (la Gallique), qui a ses quartiers d'hiver en Syrie, mais qui alors, par hasard, se trouvait dans le parti de Vespasianus (27), ayant tout à coup, selon leur coutume, salué l'astre, les soldats de Vitellius, se figurant que Mucianus était arrivé, changèrent d'avis et, vaincus par des cris, prirent la fuite, (0) tant il est vrai que les moindres incidents frappent parfois d'une grande terreur des hommes déjà fatigués ! Retirés dans leurs remparts, ils tendaient les mains et suppliaient. Comme personne ne les écoutait, ils délièrent le consul et, après l'avoir revêtu des insignes de son autorité, l'envoyèrent avec les .faisceaux supplier en leur nom : ils obtinrent une trêve, car Aliènus, à cause de sa dignité et de son malheur, persuada sans peine Primus d'accepter un accommodement ...
XV (0). Cependant, lorsque les portes [de Crémônè] eurent été ouvertes et que tous furent en sûreté, alors soudain, de toutes parts, ils se précipitèrent dans [la ville], la pillèrent et, mirent le feu partout...
XVII (0). Aussi pour ces raisons, et surtout parce que Primus approchait déjà, les consuls Gaius Quintius Atticus et Gnæus Caecilius Simplix, Sabinus, - ce dernier, parent de Vespasianus, - et les premiers des autres [citoyens] prirent un parti et coururent au palais avec ceux des soldats qui étaient dans les mêmes sentiments, pour persuader ou forcer Vitellius de renoncer à l'empire. Mais, ayant rencontré les Celtes de sa garde, ils se tirèrent mal de là et par suite, se réfugièrent dans le Capitole...
XVIII (0). Mais, lorsque les soldats de Vespasianus approchèrent [de Rome], sous la conduite de Q. Pétilius Céréalius (28), un des premiers du sénat, qu'un mariage avait mis dans la parenté de Vespasianus, et Primus Antonius, - Mucianus n'était pas encore arrivé, - Vitellius fut tout à fait effrayé...
XIX (0). Comme personne ne les écouta (les ambassadeurs de Vitellius à Céréalis) et qu'il s'en fallut peu qu'ils ne périssent, ils allèrent trouver Primus qui lui-même approchait déjà, eurent un entretien avec lui, mais n'aboutirent à rien...
XXI (0). Un Celte (29) ne put supporter ce spectacle (des outrages infligés à Vitellius) ; il en eût pitié : « Je te secourrai, dit-il, de la seule façon dont je puis le faire, » et il le perca, puis se tua lui-même...

Livre LXVI.

III. ... En Germanie, il y eut diverses insurrections contre les Romains ; pour moi, il n’y a aucun intérêt à les mentionner ; mais il arriva une chose dont les circonstances sont admirables (30). Un certain Julius Sabinus (31), qui tenait le premier rang parmi les Lingons, rassembla une armée à lui appartenant, et prit le nom de Cæsar, se disant issu de Jules Cæsar. Vaincu dans divers combats, il s'enfuit quelque part aux champs, et s'y cacha dans un monument souterrain, après y avoir mis le feu. On le crut mort, mais il resta neuf ans dans ce refuge avec sa femme dont il eut deux enfants mâles...
XVI ... Sabinus (32), ce Galate (Gaulois) qui s'était donné autrefois le nom de Caesar, qui avait pris les armes et qui, ayant été défait, s'était caché dans un tombeau, fut découvert et conduit à Rome. Avec lui mourut sa femme Péponille (33) qui, en quelque sorte, l'avait sauvé, bien qu'elle eût présenté à Vespasianus ses enfants, et qu'en les. montrant à l'empereur elle eût prononcé ces paroles si propres à l'attendrir : « Je les ai mis au monde dans un tombeau, et je les y ai nourris pour que nous fussions plus nombreux à te supplier. » Elle le fit pleurer, lui et les autres assistants, mais sans obtenir sa grâce.
XX (0). À ce moment, la guerre ayant recommencé en Brettanie, Gnaeus Julius Agricola fit des incursions dans tout le pays des ennemis, et le premier des Romains, que nous sachions, il reconnut que la Brettanie est toute entourée d'eau. Quelques soldats révoltés, après avoir tué des hécatontarques (centurions) et un chiliarque (tribun), se réfugièrent dans des navires, et, ayant levé l'ancre, voguèrent autour de la côte occidentale, selon que les portaient les flots et les vents ; sans le savoir, ils abordèrent de l'autre côté, au camp qui se trouvait dans cette région. À la suite de cet événement, Agricola, ayant envoyé d'autres soldats pour essayer de faire par mer le tour de cette terre, apprit d'eux que ce pays est une île (34).
Voilà ce qui se passa en Brettanie : à l'occasion de ces succès, Titus fut proclamé imperator pour la quinzième fois ... (35)

Livre LXVII.

V. (0). Masyos, roi des Semnons, et la vierge Ganna, - c'était elle qui, depuis Vélèda, parlait au nom des Dieux dans la Celtique (36), - vinrent trouver Domitianus, et, après avoir reçu de lui drs honneurs, s'en retournèrent...

Livre LXIX.

III... Voulant être en toutes choses au-dessus de tous, [Hadrianus] haïssait ceux qui avaient quelque supériorité. C'est ainsi qu'il essayait de ruiner les sophistes Favorinos (37), le Galate (de Gaule), et Dionysios de Milet, de toutes manières, et surtout en . élevant leurs rivaux, des gens de rien ou du plus mince mérite.
IX. (0). Jamais, ni par le chaud, ni par le froid, il (Hadrianus) ne se couvrit la tête. Dans les neiges de la Celtique, comme sous les chaleurs brûlantes de l'Égypte, il allait toujours tête nue... (38)

Livre LXXI.

III (0). Un grand nombre de Celtes d'outre-Rhin poussèrent jusqu'en Italie et maltraitèrent fort les Romains. Marcus (39), allant à leur rencontre, leur opposa Pompèianus et Pertinax qui commandaient sous lui : là se distingua Pertinax, qui fut plus tard empereur. Parmi les morts on trouva du côté des barbares des femmes armées. La lutte avait été rude et la victoire éclatante. Après cette défaite (des Marcomans), il reçut le nom de Germanicus ; car nous appelons Germains tous les habitants des pays hauts (40).
XVI (0) . Aussitôt (après leur défaite) ils (les Iazyges) lui fournirent, à titre d'alliés, huit mille cavaliers, dont il envoya cinq mille cinq cents en Brettanie (41).

Livre LXXIV. 

III... Pendant qu'il (Sévère) commandait à Lugdunum, toute l'armée romaine vint à lui et le salua ; c'est d'un songe que je parle....

Livre LXXV.

V. Numérianus, un de ces grammairiens qui apprennent à lire aux enfants, étant parti de Rome, je ne sais dans quel dessein, pour aller en Galatie (Gaule), se dit sénateur romain, chargé par Sévère de lever une armée : il ramasse d'abord quelques troupes, anéantit quelques cavaliers d'Albinus et fait, dans l'intérêt de Sévère, quelques autres opérations hardies. Sévère l'apprend et, croyant que Numérianus est réellement sénateur, il lui envoie, avec une lettre d'éloges, l'ordre d'ajouter encore à ses forces. Celui-ci, ayant. augmenté ses forces, fit d'autres exploits étonnants, et ramassa mille sept cent cinquante myriades de drachmes qu'il envoya à Sévère ...
VI. Quant à la lutte entre Sévère et Albinus près de Lugdunum (42), voici ce qu'elle fut. De chaque côté cinquante myriades de soldats, les deux chefs présents ; il y allait de leur vie : Sévère, pourtant, n'avait encore pris part à aucun combat. Mais, si Albinus avait l'avantage par la naissance et l'instruction, l'autre était un meilleur soldat et un habile capitaine. (0) Or, il était arrivé que, dans un premier combat, Albinus avait vaincu Lupus, un des généraux de Sévère, et avait anéanti un grand nombre de ses soldats. Mais alors la lutte prit des formes et des tournures très diverses. L'aile gauche d'Albinus fut défaite et se réfugia dans ses retranchements ; les soldats de Sévère, en les poursuivant, s'y jetèrent avec eux, les massacrèrent et pillèrent leurs tentes. Pendant ce temps, les soldats postés à l'aile droite par Albinus, qui avaient devant eux des fosses cachées et des trous recouverts [de terre] à la surface, allèrent jusqu'à cette limite et lancèrent de loin leurs javelots, mais n'avancèrent pas au delà : ils rebroussèrent chemin, comme s'ils avaient peur, afin d'entraîner leurs adversaires à leur poursuite ; et c'est justement ce qui arriva. Les Sévèriens, indignés que leur élan eût si peu duré, et pleins de mépris pour cette reculade à court intervalle, s'élancèrent contre eux, comme si tout le terrain entre les deux armées eût été ferme sous leurs pieds, et, arrivés aux fossés, ils se trouvèrent là dans une affreuse situation. Les premiers rangs, à la rupture soudaine des objets placés à la surface, tombent dans les trous, et ceux qui viennent après, rencontrant cet obstacle, chancellent et tombent. aussi. Le reste, épouvanté, rétrograde ; mais ce retour subit produit un choc ; ils renversent ceux qui viennent en queue, de manière à se culbuter ensemble dans un ravin profond. Il se fit alors un grand carnage et de ceux-là et de ceux qui étaient tombés dans les fosses, hommes et chevaux pêle-mêle. Dans ce trouble, même ceux qui étaient entre le ravin et les fosses, assaillis à coups de javelots et de flèches, sont exterminés. À cette vue, Sévère vient à leur secours avec ses porte-lance (prétoriens), et, loin de leur être d'aucune utilité, peu s'en faut qu'il ne voie périr aussi ses porte-lance (prétoriens) et qu'il ne soit lui-même en danger, ayant perdu son cheval. Mais, quand il vit fuir tous les siens déchirant sa chlamyde (43) et tirant son épée, il s'élança parmi les fuyards afin de les ramener par la honte ou de mourir avec eux. Quelques-uns, en le voyant en cet état, s'arrêtèrent et revinrent sur leurs pas ; puis, en ce moment, ayant soudain fait face à ceux qui les suivaient, ils en taillèrent en pièces un grand nombre, comme si c'eût été des Albiniens, et mirent en déroute tous ceux qui les poursuivaient. Alors les cavaliers de Laetus, ayant chargé par le flanc, achevèrent le reste. Laetus, en effet, tant que la lutte fut à peu près égale, y avait assisté en simple spectateur, espérant que les deux rivaux périraient à la fois et que les soldats restant de chaque côté lui donneraient le pouvoir ; mais lorsqu'il vit que Sévère avait l'avantage, il prit part à l'action.
VII. Sévère ainsi fut vainqueur ; mais la puissance romaine essuya là un rude échec, à cause de la foule innombrable des hommes qui tombèrent de chaque côté. Plusieurs même des vainqueurs déplorèrent ce qui était arrivé; car on voyait la plaine toute remplie de cadavres d'hommes et de chevaux ; et, parmi eux, les uns étaient étendus, couverts de blessures, hachés, les chairs comme en lambeaux, les autres, même sans blessures, étaient en tas ; les armes avaient été jetées, abandonnées, et le sang avait coulé avec tant d'abondance qu'il avait ruisselé jusque dans les fleuves. Albinus, réfugié dans une maison près du Rhodan (Rhône), voyant que tous les alentours étaient gardés, se tua lui-même car je répète ici , non ce que Sévère a écrit, mais ce qui est vraiment arrivé.

Livre LXXVI.

XI (0). Sévère conduisit une armée en Brettanie (44), parce qu'il voyait ses fils mener une vie dissolue et ses armées se relâcher dans l'oisiveté, et pourtant il savait bien qu'il n'en reviendrait pas...
XII (0). Il y a chez les Brettans deux nations très grandes : les Calédonii et les Mceatce; et c'est à elles que se réduisent, pour ainsi dire, sous différents noms, toutes les autres. Les Maeatae habitent tout près de la muraille qui coupe l'île en deux ; les Calédonii sont derrière eux, et les uns et les autres ont pour domaines des montagnes sauvages et sans eau, des plaines désertes et marécageuses, n'ayant ni murailles, ni villes, ni terres labourées, vivant du produit de leurs troupeaux, de la chasse et des fruits de certains arbres ; car ils ne goûtent jamais de poisson, bien qu'ils en aient des quantités immenses. Ils passent leur vie sous des tentes, tout nus, sans chaussures, usant des femmes en commun et élevant tous les enfants qui leur naissent. Leur gouvernement est le plus souvent démocratique ; ils pratiquent très volontiers le brigandage. Ils ont dans leurs armées des chars de guerre avec des chevaux petits et agiles ; ils ont aussi des fantassins très vites à la course et très solides pour tenir ferme [devant l'ennemi]. Leurs armes sont un bouclier, une courte pique portant à l'extrémité inférieure, une pomme d'airain pour faire, quand on l'agite, un bruit qui effraye leurs adversaires ; ils ont aussi des poignards. Ils peuvent supporter la faim, le froid, toute sorte de misères : ils ont, en effet, le courage de rester plusieurs jours enfoncés dans les marais, la tête seule hors de l'eau ; dans leurs forêts, ils se nourrissent d'écorces et de racines : ils préparent aussi pour tous les cas une sorte d'aliment tel qu'ils n'ont qu'à en manger la grosseur d'une fève pour n'avoir plus ni faim ni soif (45).
Telle est l'île de Brettanie ; tels sont les habitants de la contrée où nous faisons la guerre ; car c'est bien une île, on l'a alors, comme je l'ai dit, clairement reconnu. Sa longueur est de sept mille cent trente stades, sa plus grande largeur de deux mille trois cent dix, sa plus petite de trois cents; nous n'en possédons pas beaucoup moins de la moitié.
XIII (0). Sévère donc, voulant la soumettre tout entière, se jeta dans la Calédonie ; il eut, en la traversant, des difficultés inexprimables, coupant les forêts, abattant les hauteurs, construisant des levées dans les, marais, des ponts sur les rivières car il n'engagea point de combats, il ne vit pas même d'ennemis en ordre de bataille. Ses soldats enlevaient des moutons et des boeufs qu'on leur abandonnait à dessein pour que, trompés, entraînés au loin, ils s'usassent ainsi : les eaux leur donnaient un mal, terrible, et, en s'e dispersant, ils étaient exposés aux embûches. Puis, ne pouvant plus marcher, ils étaient tués par leurs propres camarades pour qu'ils ne fussent pas faits prisonniers, et il en périt ainsi jusqu'à cinq myriades entières. Sévère, cependant, ne s'arrêta pas avant d'avoir approché de l'extrémité de l'île, où il observa surtout; et avec la plus grande exactitude, le passage du soleil [à l'horizon] et la longueur des jours et des nuits en été comme en hiver. Après avoir été porté, pour ainsi dire, de cette façon à travers tout le territoire ennemi, - il fut bien, en effet, à cause de ses infirmités, porté dans une sorte de litière couverte, il revint en pays ami, ayant forcé les Brettans à en venir à un accommodement à la condition de céder une partie, non sans importance, de leur territoire...
XV (0). Les insulaires s'étant de nouveau révoltés, Sévère convoqua ses soldats et leur ordonna de se jeter dans le pays et de tuer tous ceux qu'ils rencontreraient, en leur disant textuellement ceci :

.... Que pas un d'eux n'échappe à la mort qui le presse, ni à vos mains; non pas même celui que dans son ventre la mère porte, le petit enfant; qu'il n'échappe pas à la mort qui le presse
(46).
Et cela se fit (47), et les Calédonii s'étant joints aux Maeates, il se préparait à leur faire la guerre en personne, lorsqu'au milieu de ces occupations une maladie l'emporta, le 4 de février, un peu aussi avec l'aide d'Antonin (48) à ce qu'on dit.
XVI (0) ... Il y a bien de la finesse dans la réponse de la femme d'un Calédonien, Argentocoxos, à Julia Augusta qui, après le traité, là raillait du sans-gêne avec lequel les femmes de son pays fréquentaient les hommes ; elle lui dit, à ce qu'on raconte : « Nous satisfaisons aux nécessités de la nature bien mieux que vous autres Romaines ; car nous, c'est au grand jour que nous avons commerce avec les braves, et vous, c'est dans l'ombre que vous vous livrez à vos amants, les plus lâches des hommes. » Voilà ce que dit la Brettane.

Livre LXXVII.

XIV (0): Il (Antonin Caracalla) fit aussi la guerre aux Cennes (49), peuple celtique (germanique), qui, dit-on, tombaient avec une telle ardeur sur les Romains qu'ils arrachaient de leurs chairs avec leur bouche les traits dont ils avaient été blessés par les Osroènes, afin de ne pas fatiguer leurs mains à une autre besogne que le massacre des Romains. Néanmoins, eux aussi, après lui avoir vendu pour beaucoup d'argent une défaite nominale, lui permirent de se sauver dans la Germanie. Leurs femmes, prises par les Romains, répondirent à Antonin, qui leur demandait ce qu'elles aimaient mieux d'être vendues ou d'être tuées, en choisissant la mort; puis, ayant été vendues, elles s'égorgèrent elles-mêmes, quelques-unes avec leurs enfants...
XX (0) Antonin (Caracalla) se décriait lui-même en disant que l'audace, l'insatiable avidité et la perfidie des Celtes (Germains), qu'on ne peut prendre par la force, il en avait triomphé par la ruse.

Livre LXXVIII.

III (0) En Syrie et en Mésopotamie, il (Antonin Caracalla) fit usage de vêtements et de chaussures celtiques. Il inventa une sorte d'habit particulier, d'une forme barbare, coupé et cousu en façon de mandyè (50); il s'en revêtit très souvent, ce qui le fit surnommer Caracallos, et, par ses ordres, les soldats en firent leur principal vêtement (51).
VI (0)... Il avait armé des Scythes et des Celtes (Germains), libres ou même esclaves, après les avoir enlevés à leurs enfants et à leurs femmes, et il les avait toujours autour de lui, comme se fiant plus à eux qu'aux soldats : du reste, il les honorait de l'hécatontarchie (grade de centurion) et les appelait des lions......

HÉRODIEN.

BIOGRAPHIE

1° Édit. d'Ange-Politien. „Hrvdianoè „IstoriÇn biblÛa H'. Herodiani de Imperatorum romanorum praeclare gestis lib. VIII, . graeci et latini. Et propter prima discentium linguas studia, ita disposuimus ut Graeca Latinis e regione exacte per omnia respondeant, conferrique sine, vel negocio. vel impedimento possint. - Basileæ, per Henricum Petrum, in-12. - A la fin : Basileæ. Excudebat Henricus Petrus mense martio, anno M. D. XLIII.
2° Édit. d'Henri Estienne, 1584.
Hrvdianoè „IstoriÇn biblÛa H'. - Herodiani Historiarum lib. VIII. Cum Angeli-Politiani interpretatione et hujus partim supplemento, partim examine Henrici Stephani : utroque margini adscripto. - Eiusdem Henrici Stephani emendationes quorundam Graeci contextus locorum, et quorundam expositiones. Historiarum  Herodianicas subsequentium ,(Zosimi) libri duo, nunc primum græce editi. Excudebat Henricus Stephanus anno M. D. LXXXI,, in-f°.
3° Édit. d'Oxford, 1678, 1699, 1704, in-8°. La dernière est celle qu'a suivie D. Bouquet.
4° Édit. de Fr. Aug. Wolf.
„Hrvdianoè t°w metŒ M‹kron basileÛaw „IstoriÇn biblÛa öktv (05). Herodiani Historiarum libri octo, græce. Ex recensione Frid. AUg. Wolfii. Textui subjecta est argumentorum et annorum notatio, et praemissa notitia litteraria. - Halis, in libraria orphanotrophei, 1792, in-8°.
5° Édit. d'Imm. Bekker. Herodiani ab excessu divi Marci libri octo, ab Immanuele Bekkero recogniti. - Lipsia,. sumtibus et typis B. G. Teubneri,. M DCCC LV, 8°. - Après. une courte préface critique, p. III-VI, le titre grec
Hrvdianoè t°w metŒ M‹kron basileÛaw „IstoriÇn.
6° Hérodien. Histoire romaine depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avènement de Gordien III, traduite du grec par Léon Halévy: Paris, Firmin-Didot et Cie, 1878, in-12. 

HÉRODIEN D'ALEXANDRIE (52).

HISTOIRE DE L'EMPIRE DEPUIS LA MORT DE MARC-AURÈLE.

Livre I.

X. (0). Il ne se passa pas grand temps avant qu'un autre complot pareil (à celui de Pérennis) s'ourdit contre lui (Commode) (53). Il y avait un certain Maternus, ancien soldat, qui avait montré en maintes circonstances une ardeur étonnante. Ayant déserté et persuadé à d'autres soldats employés au même service de fuir avec lui, il eut en peu de temps réuni une troupe nombreuse de malfaiteurs ; et d'abord, courant les bourgades et les campagnes, il y faisait le brigandage. Dès qu'il eut à sa disposition beaucoup d'argent, il réunit une multitude encore plus grande de malfaiteurs par de grandes promesses de récompensés et la mise en commun des prises. Aussi cette troupe ne fut-elle bientôt plus considérée comme une bande de brigands, mais comme une armée ennemie. Déjà ils attaquaient les grandes villes, et, forçant les portes des prisons, ils mettaient en liberté ceux qui, pour telle ou telle cause, y étaient détenus ; en leur promettant l'impunité, ils les attiraient par des bienfaits dans leur alliance. Ils parcoururent ainsi tout le pays des Celtes (les Gaules) et des Ibères, et, entrant dans les plus grandes villes, ils en brûlaient des quartiers, et, après avoir livré le reste au pillage, ils se retiraient.
Dès que Commode eut connaissance de ces désordres, il envoya aux gouverneurs de ces provinces des lettres pleines de colère et de menaces, leur reprochant leur indolence, et leur ordonna de réunir une armée contre ces brigands. Mais ceux-ci, apprenant qu'on rassemblait des forces contre eux, quittèrent les pays qu'ils ravageaient, et, secrètement, par des chemins courts et peu fréquentés, en petites troupes, ils s'introduisirent en Italie.

Livre III.

II, 6 (0). Après leur défaite à Cyzique (54), les soldats de Niger s'enfuirent, chacun aussi vite qu'il pouvait, les uns en longeant les montagnes de l'Arménie, les autres la contrée à côté de la Galatie et de l'Asie (55), parce qu'ils voulaient gagner les devants et franchir le Taurus afin de se trouver dans ses retranchements. L'armée de Sévère, ayant passé au delà du pays de Cyzique, qu'elle avait traversé, se hâtait d'entrer dans la Bithynie, qui en est voisine.
III, 2 (0). L'armée de Sévère, ayant passé à travers la Bithynie et la Galatie, se jeta dans la Cappadocie et vint se poster devant les lignes de défense [du Taurus] pour en faire le siège...
VI, 10... Il (Sévère) envoya une puissante armée occuper les défilés des Alpes et garder les portes de l'Italie.
VII, 1. Quand Albinus reçut la nouvelle que Sévère, ne perdant point de temps, allait arriver, au milieu de son indolence et de ses voluptés, il en conçut un grand trouble. Ayant passé de la Brettanie dans la Gallie, en face, il y campe et dépêche des courriers dans toutes les provinces voisines : il mande aux gouverneurs de lui envoyer de l'argent et des vivres pour son armée. Quelques-uns obéirent, envoyèrent, mais ce fut pour leur perte : ils en furent punis plus tard. Ceux qui n'obéirent pas durent à cette résolution, plus heureuse que sage, leur salut ; car ce fut l'événement, la fortune de la guerre qui jugea la conduite des uns et des autres. 2. L'armée de Sévère arrivée en Gallie, il y eut d'abord quelques escarmouches entre les deux adversaires sur leurs positions ; mais la [bataille] finale se donna près de Lugdunum (56), grande et opulente ville où Albinus se tenait enfermé pendant qu'il envoyait son armée au combat. Le choc fut violent, et bien longtemps se balancèrent entre les deux partis les chances de la victoire ; car les Brettans ne le cèdent en rien aux hommes d'Illyrie pour le courage et l'ardeur sanguinaire. Aussi, dans ce combat de deux braves armées, il n'était pas aisé de faire plier l'une ni l'autre. 3. Suivant quelques historiens d'alors qui ont parlé, non pour plaire, mais pour dire la vérité; la phalange d'Albinlis, sur le point où se trouvait Sévère avec son armée, eut de beaucoup l'avantage; et si bien que l'empereur lui-même prit la fuite, tomba de cheval et mit bas sa chlamyde royale pour passer sans être vu (57). Déjà les Brettans poursuivaient [les fuyards] et chantaient le Paean (58) comme après la victoire, quand se montra Laetus, un des généraux de Sévère, avec le corps d'armée qu'il commandait et qui n'était pas fatigué, ayant été tenu en dehors du combat. 4. Or, on l'accuse d'avoir attendu l'issue de ce combat et d'avoir volontairement tardé ; puis, après avoir gardé, sans la fatiguer, l'armée sous ses ordres, parce qu'il pensait à l'empire pour lui-même, de s'être montré juste à l'heure où il apprit l'échec de Sévère. Ce qui donne créance à cette accusation, c'est la suite des faits. Plus tard, en effet, Sévère, après son plein succès, dans une vie sans inquiétude, récompensa magnifiquement tous ses autres généraux, mais par rancune, comme il est probable, fit mettre à mort le seul Laetus.
5. Mais cela arriva plus tard. Alors, comme il a été dit, Laetus s'étant montré soudain avec son armée toute fraîche, les soldats de Sévère se raffermirent, le replacèrent sur son cheval et lui remirent sa chlamyde. 6. Ceux d'Albinus qui déjà se croyaient vainqueurs et qui se trouvèrent avoir rompu leurs rangs quand soudain fondirent sur eux des troupes vaillantes, n'ayant pas encore pris part à la lutte, plièrent après une courte résistance. Une forte déroute s'ensuivit, et les soldats de Sévère les poursuivirent jusqu'au moment où ils se jetèrent dans la ville; Le nombre de ceux qui de chaque côté furent tués ou pris, chacun des historiens d'alors l'a évalué comme il a voulu. 7. Les soldats de Sévère, ayant pillé et incendié Lugdunum, se saisirent d'Albinus, et, après lui avoir coupé la tête, l'apportèrent à Sévère. Ils érigèrent ensuite deux grands trophées, l'un à l'Orient, l'autre du côté de l'Ourse (au Nord) ...
VIII, 2. Après avoir réglé les affaires de la Brettanie, partagé entre deux gouvernements l'autorité dans cette province, organisé pour le mieux, - à ce qu'il croyait, - l'administration des Gallies, fait mourir et, dépouillé de leurs biens tous les amis d'Albinus, ceux qui étaient entrés dans son parti, soit volontairement, soit par nécessité, il se rendit vite à Rome, menant avec lui toute son armée pour s'y montrer plus redoutable...
XIV, 1 (0). Il (Sévère) était indigné de la vie que menaient ses fils (59) et de leur passion peu honorable pour les spectacles, lorsqu'un message du gouverneur de la Brettanie lui annonça que les Barbares devinaient séditieux, qu'ils couraient par tout le pays, enlevaient du butin, y faisaient les plus grands ravages : il fallait, pour venir en aide à la contrée, des bras plus nombreux ou la présence de l'empereur. 2. Cet avis ne déplut point à Sévère qui, d'ailleurs naturellement amoureux de la gloire et voulant, après ses victoires en Orient et dans le Nord (60) et les surnoms [qu'elles lui avaient valus], dresser des trophées même chez les Brettans, désirait en outre emmener ses fils loin de Rome pour les voir, sevrés des délices et de toutes les habitudes de cette ville, passer leur jeunesse dans la vie sage et saine des camps ; il annonce donc l'expédition de Brettanie, malgré sa vieillesse et la goutte dont il souffrait (61) ; mais, avec la force de son âme, il n'y avait pas de jeunes gens qu'il ne surpassât.
3. Le plus souvent donc porté en litière, il se mit en route, sans jamais s'arrêter longtemps pour se reposer. Ayant ainsi achevé sa route avec ses enfants plus vite qu'on ne saurait dire et qu'on ne pouvait l'espérer, ayant traversé l'Océan, il arriva soudain chez les Brettans : là, rassemblant des soldats de toutes parts et réunissant de grandes forces, il préparait tout pour là guerre. 4. Les Brettans, effrayés de l'arrivée soudaine du roi (62), entendant dire que des forces très grandes étaient réunies contre eux, lui envoyèrent des ambassades, entrèrent en pourparlers au sujet de la paix et voulurent s'excuser de leurs méfaits antérieurs. 5. Mais Sévère, cherchant des moyens de passer le temps, pour n'avoir pas à hâter son retour à Rome, voulant en outre gagner dans la Brettanie une victoire et un nouveau nom, renvoya les ambassadeurs sans avoir rien fait, et prit ses mesures pour une bataille. Son premier soin fut de s'emparer par des ponts du passage dans les marais pour que ses soldats pussent d'un pas assuré courir au travers et combattre en trouvant sous leurs pieds un point d'appui solide. 6. La plus grande partie du pays des Brettans, inondée par l'Océan dans son mouvement perpétuel de va-et-vient,.se change en marais : les barbares ont l'habitude. de les passer à la nage et de courir au travers ayant de l'eau jusqu'aux reins : la plus grande partie de leur corps étant nue, ils ne s'inquiètent pas de la boue. 7. Ils ne connaissent pas, en effet, l'usage des vêtements ; mais ils portent au-dessus du ventre et autour du cou des ornements de fer qui sont pour eux une parure et un signe dé richesse, comme l'or pour les autres barbares. Ils se font sur le corps, au moyen de piqûres, des peintures variées, des images d'animaux de toute espèce (63). Aussi ne s'habillent-ils pas pour ne point recouvrir ces peintures de leur corps. 8. Ils sont au plus haut point batailleurs et sanguinaires, n'ayant pour toute défense qu'un bouclier étroit et une pique (64). Ils portent en outre une épée suspendue au côté sur ce corps tout nu ; ils ne connaissent l'usage ni de la cuirasse ni du casque : ce seraient, à leurs yeux, des entraves au passage des marais. De ces marais s'élèvent des vapeurs, des exhalaisons épaisses dont l'air, en ces contrées, est souvent obscurci. Pour faire face à ces difficultés, Sévère prit toutes les mesures qui devaient être utiles à l'armée des Romains, inquiéter les barbares et entraver leur élan. 9. Dès qu'il crut ses préparatifs suffisants, il laissa le plus jeune de ses fils, celui qu'on appelait Géta, dans le pays soumis aux Romains pour y rendre, la justice et administrer les affaires publiques, en lui donnant, comme assesseurs, les plus anciens de ses amis. Quant à Antonin, il le prit avec lui et marcha vite contre les barbares. 10. L'armée ayant franchi les cours d'eau et les retranchements qui protégeaient l'empire des Romains, il y eut souvent des rencontres et des escarmouches où furent mis en déroute les barbares ; mais la fuite leur était facile, grâce aux bois et aux marais où ils se cachaient, grâce aussi à leur connaissance des lieux ; et tout cela qui était contraire aux Romains faisait traîner la guerre en longueur.
XV, 1... Sévère, qui était déjà vieux, fut pris d'une longue maladie, et, par suite, obligé de garder la maison : il essaya d'envoyer Antonin diriger les opérations militaires. Mais Antonin se souciait médiocrement d'avoir affaire aux barbares... 6. Il traita avec eux, leur donna la paix et, ayant reçu leurs gages de fidélité, il partit de la terre barbare pour rejoindre bien vite son frère et sa mère... 7. Ainsi les deux frères, gouvernant ensemble l'empire, voulurent sortir de la Brettanie avec les mêmes honneurs et le même pouvoir, et ils coururent à Rome, emportant les restes de leur père. 8. Ayant donc pris avec eux l'armée, ils passèrent l'Océan et arrivèrent en triomphateurs des Brettans, sur les côtes de la Gallie, en face...

Livre VI.

VII... 2 (0). Tout à coup des courriers et des lettres troublèrent Alexandre (Sévère) (65), et le jetèrent dans de plus grands soucis : les généraux auxquels était confié le gouvernement de l'Illyride lui mandaient que les Germains, passant le Rhin et l'Ister, ravageaient le territoire de l'empire romain, faisaient avec de grandes forces des incursions contre les camps établis sur les rives [de ces fleuves], contre les villes et les bourgades ; que les peuples illyriques, sur leurs frontières et dans le voisinage de l'Italie, étaient en grand danger; 3. qu'on avait besoin de sa présence et de celle de toute l'armée qu'il avait avec lui. Ces avis troublèrent Alexandre et chagrinèrent les soldats [venus] de I'Illyrique, qui se croyaient en butte à un double malheur; en raison de ce qu'ils avaient souffert en combattant contre les Perses, et parce qu'ils apprenaient que leurs familles étaient détruites par les Germains. Ils s'indignaient donc, ils accusaient Alexandre qui, par incurie ou par crainte, avait abandonné les affaires de l'Orient, et apportait à celles du Nord des délais et des lenteurs. 4. Alexandre et ses amis en étaient déjà à craindre pour l'Italie elle-même : ils ne croyaient pas que du côté des Perses le danger fût tel qu'il était du côté des Germains. Les habitants des contrées orientales entendent à peine parler de l'Italie, dont ils sont séparés par de vastes étendues de terre et de mer ; les nations illyriques, au contraire, à l'étroit comme elles sont et n'occupant pas une grande partie du territoire soumis aux Romains, rendent, à cela près, les Germains limitrophes et voisins des Italiotes. 5. Le prince, bien à contre-coeur et avec chagrin, ordonna le départ, mais la nécessité l'appelait. Ayant donc laissé les forces qu'il croyait suffisantes pour défendre les rives des Romains, entouré de murs avec plus de soin les camps, les postes à garder, et muni chacun d'eux des garnisons réglementaires, il marcha résolument lui-même contre les Germains avec le reste de son armée. 6. La route achevée en grande hâte, il s'arrête sur les rives du Rhin, fait tous ses préparatifs pour la guerre de Germanie, prend le fleuve par le travers au moyen de bateaux qu'il lie les uns aux autres, pensant que le fleuve, ainsi ponté (66), offrirait à ses soldats un passage facile. Ces deux fleuves, les plus grands qui coulent dans les régions de l'Ourse, le Rhin et l'Ister, passent le long l'un de la Germanie, l'autre de la Pæonie. Pendant l'été ils sont navigables à cause de la profondeur et de la largeur de leur courant ; mais, en hiver, gelés par le froid, on y chevauche comme en rase campagne. 7. Ces eaux courantes deviennent parfois si résistantes et si solides que, non seulement elles tiennent bon contre le sabot du cheval et le pied de l'homme, mais que ceux qui veulent en puiser apportent à la rivière non des cruches et autres vaisseaux creux, mais des haches et des hoyaux pour couper cette eau qu'ils prennent sans l'enfermer dans la vase, et qu'ils emportent comme une pierre. Telle est la nature de ces fleuves. 8. Alexandre avait avec lui une multitude de Maurusii (67) et un grand nombre d'archers qu'il amenait de l'Orient et du pays des Osroènes ; il y avait aussi quelques Parthyaei, des transfuges ou des hommes que l'appât de l'argent avait déterminés à le suivre comme auxiliaires. Il les dressait, pour les opposer aux Germains que ce genre de troupes incommode, en effet, au dernier point, les Illaurusii lançant de loin leurs javelots et courant sur [l'ennemi], ou faisant retraite avec la même légèreté ; les archers décochant de loin aussi et avec la plus grande facilité leurs traits sur les têtes nues et les grands corps des barbares qui leur servaient de but.****, Ils couraient sus [à l'ennemi] pour un combat de pied ferme où ils faisaient bonne contenance, et souvent ils pouvaient être mis en balance avec les Romains. 9. Voilà quelle était la situation d'Alexandre. Seulement il lui parut bon d'envoyer aux Germains une députation et. d'entrer en pourparlers pour la paix. Il promettait de leur fournir tout ce dont ils ont besoin et de ne pas épargner l'argent. Car c'est par là surtout que l'on persuade les Germains, qui ont l'amour de l'argent et trafiquent toujours de la paix avec les Romains pour de l'or. Alexandre donc tâchait d'acheter un traité avec eux plutôt que de s'exposer aux dangers d'une guerre. 10. Mais les soldats supportaient avec peine que leur temps s'usât en vain, et qu'Alexandre, au lieu de montrer quelque généreux courage pour la guerre, ne s'occupât que d'exploits de cochers et de molles délices; quand il fallait marcher contre les Germains et, châtier leur audace ...

Livre VII. 

I... 5 (0) . Il y avait un eupatride, un personnage consulaire, nommé Magnus. On l'accusa de rassembler des forces contre lui (Maximin), et de chercher à gagner quelques, soldats pour se faire donner l'empire. Or, voici, disait-on, quelle devait être la trame du complot (68). Maximin, ayant jeté un pont sur le fleuve, était au moment de le passer pour marcher contre les Germains. 6. Car, après avoir reçu l'empire, il s'était mis tout de suite aux travaux de la guerre ; croyant avoir été choisi à cause de sa grande taille, de sa force comme soldat et de son expérience de la guerre, il voulait, par ses actes, justifier sa 'réputation et l'opinion de ses soldats ; il tâchait de prouver aussi que les lenteurs d'Alexandre et sa lâcheté aux travaux de la guerre avaient été à bon droit condamnées, et, en conséquence, il dressait, il exerçait ses soldats sans relâche, toujours sous les armes lui-même, toujours animant ses troupes . 7. Ayant donc jeté le pont [en question], il allait passer [le fleuve et marcher] contre les Germains. Or, on disait que Magnus avait engagé des soldats, non pas en petit nombre, mais les meilleurs et surtout ceux qui étaient préposés à la garde et à l'entretien du pont, à rompre ce pont après le passage de Maximin et à le livrer ainsi aux barbares, en lui ôtant tout moyen de retour. Le fleuve, en effet, étant très grand en largeur et en profondeur, devenait infranchissable, pour lui, car il n'y avait point de bateaux, sur les rives ennemies, et le pont aurait été rompu....
II, 1 (0). Après avoir réglé les choses que j'ai dites (69), il (Maximin) prit avec lui toute son armée, traversa le pont sans crainte et s'occupa de combattre les Germains ; il emmenait une grande multitude et presque toutes les forces des Romains, un nombre très considérable de Maurusii, armés de javelots, d'archers d'Osroène et d'Arménie, les uns sujets, les autres amis et alliés [de Rome] ; il y avait aussi quelques Parthyaei, transfuges attirés par l'appât de l'argent ou prisonniers de guerre au service des Romains (70). 2. Ces multitudes de soldats avaient été ramassées par Alexandre (71), mais, grossies par Maximin et rompues par lui aux exercices de la guerre. Les [hommes] armés de javelots et les archers semblent surtout propres aux combats contre les Germains, courant sur eux légèrement, à l'improviste, et se retirant avec facilité (72). 3. Arrivé sur le territoire ennemi, Maximin en parcourut une grande étendue sans trouver personne devant lui : les barbares s'étaient retirés. Il ravage tout le pays, - c'était le moment où les blés sont mûrs ;- il incendie les bourgades et les livre au pillage de ses soldats. Le feu dévore tout à son aise les villes qu'il y a dans la contrée et toutes les habitations des barbares. 4. Car ils manquent de pierres et de briques cuites, mais ils ont des forêts de haute futaie, d'où ils tirent de longues pièces de bois qui, jointes ensemble et bien ajustées, leur donnent dés espèces de cabanes. Maximin pénétra fort avant dans le pays, faisant ce que j'ai dit, emmenant force butin et abandonnant à ses soldats les troupeaux qu'ils rencontraient. 5. Les Germains s'étaient retirés des plaines et des lieux dépourvus d'arbres ; ils se cachaient dans les forêts et demeuraient aux alentours de leurs marécages : bonnes positions pour le combat et l'attaque, toutes ces plantes réunies, sans vides, détournant sur elles-mêmes et retenant les traits et les javelots des ennemis, et la profondeur des marais devant offrir maints dangers aux Romains, à cause de leur ignorance des lieux, tandis qu'eux-mêmes, connaissant par expérience les endroits impraticables et les fonds résistants, couraient aisément au travers, même avec de l'eau jusqu'aux genoux. Car ils sont bien exercés à nager, ne prenant pas de bains ailleurs que dans les fleuves. 6. Ce fut donc dans ces lieux qu'eurent lieu le plus souvent les rencontres. Là, le roi (l'empereur) commença de combattre, et avec une extrême bravoure. C'était dans un grand marais : les Germains, dans leur fuite, s'y étaient retirés, et les Romains hésitaient à y entrer pour les poursuivre. Maximin, le premier, à cheval, se jette dans le marais, et bien que le cheval ait de l'eau jusqu'au-dessus du ventre, il tue les barbares qui lui tiennent tête. 7. Le reste des soldats, honteux d'abandonner le roi (l'empereur) qui combat pour eux, osent aussi entrer dans les marais. Des deux côtés une multitude d'hommes tombe, presque toutes les forces tant des Romains que des barbares qui se trouvaient alors en présence, et cela malgré la valeur du chef, si bien, que ce marais fut rempli de cadavres, et que le lac, où le sang se mêlait, présentait à une armée de terre l'aspect d'un combat naval. 9. Il (Maximin) faisait ses préparatifs pour une invasion au printemps. Il menaçait, en effet, et il allait accomplir ses menaces, de tailler en pièces et de ranger sous [ses lois] jusqu'à l'Océan les nations barbares de la Germanie.

Livre VIII.

I, 5 (0) Au soleil levant, ils  (73) hâtèrent leur marche vers les Alpes. Ces longues montagnes sont comme une muraille élevée par la nature pour la défense de l'Italie. Leur hauteur dépasse les nues, et telle est leur longueur qu'elles traversent toute l'Italie, allant à droite jusqu'à la mer Tyrrhènée, à gauche jusqu'au golfe d'Ionie. 6. Elles sont couvertes de forêts touffues, épaisses ; elles n'ont que des passages étroits entre des précipices aux pentes abruptes, d'une très grande profondeur, ou dans des lieux hérissés de rochers. Ces étroits passages ont été faits de main d'homme ; ils ont été pratiqués avec beaucoup de peine par les anciennes populations italiôtes. L'armée s'y engageait avec beaucoup de crainte, s'attendant à trouver leurs sommets occupés, leurs passages gardés pour arrêter sa marche, attente et crainte bien justifiées, à en juger par la nature des lieux...

DIOGÈNE DE LAERTE.

BIOGRAPHIE

LaertÛou Diog¡nouw perÜ bÛvn, dogm‹tvn kaÜ Žpofyegm‹tvn tÇn ¤n filosofÛ& eédokimhs‹vtvn biblÛa I' - Laertii Diogenis de vitis, dogmatis et apophthegmatis Eorum qui in Philosophia claruerunt, libri X, Thoma Aldobrandino interprete, cum annotationibus ejusdem, quibus accesserunt annotationes H. Stephani, et utriusque Casauboni, cum uberrimis Ægidii Menagii observationibus. Londini, M DC LXIV, in-f°.
2° Le Diogène françois tiré du grec, ou Diogène Laertien touchant les Vies, doctrines et notables propos des plus illustres Philosophes, compris en dix Livres, traduit et paraphrasé sur le Grec par M. François de Fougerolles, Docteur Médecin, avec des annotations et recueils fort amples aux lieux plus nécessaires. À Lyon, pour Iean Ant. Huguetan. M. D. CII, in-8°.
3° Diogenis Laertii de clarorum phitosophorum vitis, dogmatibus et apophthegmatibus libri decem, ex Italicis codicibus nunc primum excussis recensuit C. Gabr. Cobet Graece et latine cum indicibus. - Parisiis. Editore Ambrosio. Firmin-Didot, Instituti Franciæ typographo. M DCCC LXII, gr. in-8°.

DIOGÈNE DE LAERTE (74).

VIES ET OPINIONS DES PHILOSOPHES ILLUSTRES EN DIX LIVRES.

Livre I.

(0) PRÉAMBULE. 4 . Quelques-uns pensent que l'oeuvre de la philosophie a commencé chez les barbares : qu'en effet il y eut chez les Perses les Mages, ... chez les Celtes et chez les Galates (Gaulois), les [sages] appelés Druides et Semnothées, selon ce que dit Aristotélès en son Magique (75) et Sôtiôn au XXIIIe livre des Successions. 5. Ceux qui disent que la philosophie a commencé chez les barbares exposent aussi ses caractères chez chacun de ces peuples ; ils affirment que les Gymnosophistes et les Druides mettaient leur philosophie dans certaines sentences d'un tour énigmatique : Honorer les dieux, Ne rien faire de mal et S'exercer au courage. 

Livre V.

V, 11 (0) ...(Démétrius) de Byzance écrivit en treize livres une histoire du passage des Galates (Gaulois) d'Europe en Asie.

PHILOSTRATE.

BIOGRAPHIE

TŒ tÇn Filostr‹tvn leipñmena panta. Philostratorum quae supersunt omnia Accessere Apollonii Tyanensis epistolæ, Eusebii liber adversus Hieroclem, Callistrati Descriptio statuarum omnia ex mss. cod. recensuit, notis perpetuis illustravit, versionem totam fere novam fecit Gottfridus Olearius. Lipsiæ, apud Thomam Fritsch. Ann. M. DCC. IX, ,in-f°.
2° Apollonius de Tyane, trad. de M. Chassang.
3° Philostratorum et Callistrati opera recognovit Antonius Westermann, etc., etc. Parisiis, editore Ambrosio Firmin-Didot, etc. M DCCC LXXVII, gr. in-8°. 

PHILOSTRATE (76) .

APOLLONIOS DE TYANE.

V.

II (0). Quant au va-et-vient de l'Océan, j'ai vu moi-même chez les Celtes ce qu'on en raconte ; mais la cause qui fait qu'une immense mer avance ainsi et recule, après bien des conjectures, je crois qu'Apollonios a vu ce qui en est. Dans une de ses lettres aux Indes (Indiens), il dit que l'Océan, poussé par des souffles sous-marins venant de plusieurs gouffres que présente la terre (77) au-dessous de lui et sur ses bords, sort de ses limites et y rentre par un mouvement contraire, lorsque, comme dans la respiration, le souffle est de retour. Apollonios trouve la preuve de son opinion dans ce qui arrive aux malades de Gadires (78) : pendant tout le temps que l'eau monte, l'âme n'abandonne pas les mourants, ce qui ne pourrait arriver si le vent n'avançait sur la terre. Ce qu'on dit des phases de la lune, tour à tour naissante, en son plein et décroissante, je l'ai observé dans l'Océan : il passe par toutes les mesures de l'astre, diminue avec lui et avec lui revient à son plein.

III. Le jour succède à la nuit et la nuit au jour chez les Celtes comme ici, par une retraite insensible des ténèbres ou de la lumière ; mais à Gadires....

X, I (0). Et lui (le gouverneur de la Baetique), il s'en allait après avoir embrassé Apollonios, et le philosophe : « Adieu, lui dit-il, et souvenez-vous de Vindix.» - Que signifiait cela ? - 2. Pendant que Néron chantait en Achaïe, les peuples de l'Occident furent, dit-on, soulevés par Vindix (79) homme bien capable de couper les cordes que Néron touchait comme un ignorant. À l'armée qu'il commandait il tint contre lui un discours tel que de la plus généreuse philosophie il peut s'en exhaler contre un tyran. Il dit que Néron était tout plutôt qu'un joueur de cithare, et plus encore joueur de cithare que roi ; il lui reprochait sa démence, son avarice et ses débauches de toute sorte ; mais il ne lui reprochait pas la plus grande de ses cruautés : s'il avait tué sa mère, c'était justice, puisqu'elle avait enfanté un tel monstre. Apollonios donc, prévoyant ce qui allait arriver, donnait pour allié à Vindix le gouverneur d'une province limitrophe; c'était presque porter les armes pour Rome.

XIII, 2 (0)... Othon mourut chez les Galates (Gaulois) d'occident sans avoir obtenu un illustre tombeau.; il gît comme un simple particulier...

VII.

IV, 2 (0). La philosophie eut tellement peur (sous Domitien) que, parmi ses adeptes, les uns, dépouillant leur manteau, s'enfuirent vers l'Occident, chez les Celtes (80), les autres...

VIII.

VII,27. «... (0). Chez les Scythes ou chez les Celtes (81), ces habitants de l’Ister et du Rhin, une ville a été bâtie qui n'est pas moindre qu'Éphèse en Ionie : cette ville, un repaire de barbares qui ne vous obéissent pas, allait être détruite par la peste, Apollonios l'en a guérie.»

VIES DES SOPHISTES.

I.

VIII. 1 (0). Favorinus aussi était un philosophe, et c'est pareillement la beauté de son langage qui l'a préconisé parmi les sophistes. C'était un Galate (Gaulois) (82) de l'Occident, de la ville dArélaton, bâtie sur les bords du Rhodan. Il était des deux sexes, androgyne, et cela se voyait à sa figure, imberbe même pendant sa vieillesse; cela se voyait aussi à sa voix, dont les sons étaient aigus, grêles, éclatants, selon le diapason naturel des eunuques. Et pourtant il était porté d'une telle ardeur à l'amour qu'il fut accusé d'adultère par un personnage consulaire. D'un différend qu'il eut avec le roi (l'empereur) Adrien il n'eut aucunement à souffrir. Aussi disait-il du ton d'un oracle qu'il y avait dans sa vie trois choses incroyables : il était Galate (Gaulois) et il parlait la langue des Hellènes ; il était eunuque et il était accusé d'adultère ; il avait eu un différend avec le roi (l'empereur) et il s'en était tiré sain et sauf...

XIX, 3 (0). Son voyage (du sophiste, Nicètès) au delà des Alpes et du Rhin eut lieu par ordre du roi (de l'empereur), et voici quelle en fut la cause : un consulaire nommé Rufus était vérificateur des comptes à Smyrne, et il exerçait ses fonctions durement, brutalement. Nicètès: ayant été je ne sais, comment froissé par lui, «. Adieu ! » lui dit-il, et il ne reparut plus à ses audiences. Tout le temps que Rufus eut l'autorité dans une seule ville, il ne crut pas avoir été trop gravement offensé, mais quand il se trouva, à la tête des légions de la Celtique, sa colère lui revint au coeur... et il écrivit à l'empereur Nerva plusieurs lettres malveillantes contre Nicètès. Et l'empereur lui répondit : « Tu entendras toi-même sa défense et, si tu le trouves coupable, tu le puniras... 4. C'est pour cette raison que Nicètès alla aux bords du Rhin et chez les Celtes.

 XXV, 1 (0). L'accusation qu'on portait généralement contre lui (le sophiste Polémon) de se faire suivre en voyage d'un immense bagage... de voyager avec un attelage aux freins d'argent, de fabrique phrygienne où celtique, cette accusation tournait, à la gloire de Smyrne.

23 (0). Le philosophe Timocratès ayant dit un jour à Polémon (83) en parlant de Favorinus, « c'est un être bien bavard, » « oui, » repartit spirituellement Polémon, « c'est aussi toute une vieille femme, » raillerie à l'adresse de cette espèce d'eunuque.

II.

I, 12 (0). Celui qu'on appelait vulgairement l'Héraclès (Hercule) d'Hèrodès, était un jeune homme encore à sa première barbe, de la taille d'un grand Celte, ayant huit pieds (84) de haut.

V, 12 (0). Alexandre (85) eut pour maîtres Favorinus et Dionysios : mais il n'était qu'à moitié instruit quand il quitta Dionysios, rappelé par son père alors malade et sur le point de mourir. Il fut vraiment le disciple de Favorinus à qui surtout il dut la grâce de sa parole. Selon les uns, Alexandre mourut étiez les Celtes, étant encore secrétaire, selon les autres en Italie, ayant déjà cessé ces fonctions...

XXXII, 1 (0) Ce personnage (Héliodore) (86) fut choisi avec un autre pour aller chez les nations celtiques défendre en justice les intérêts de sa patrie. Son collègue tomba malade, et on disait que le roi (l'empereur) rayait [des rôles] un grand nombre d'affaires. Héliodore courut alors, au camp, craignant pour son procès, etc.

LES TABLEAUX.

XXVII (XXVIII)... (0). Ces couleurs (blanche, jaune, noire, rouge), les barbares voisins de l'Océan savent les verser sur du cuivre incandescent, où elles se fixent ensemble, prennent la consistance de la pierre et conservent les figures qu'on y a dessinées (87).

ÉLIEN.

BIBLIOGRAPHIE

1° Éditions complètes. AÞlianoè ta eêriskñmena "panta. A. Claudii Aeliani praenestini pontificis et sophistæ.... operaquae extant omnia, Graece latineque e regione... cura et opera Conradi Gesneri Tigurini.... Tiguri, apud Gesneros fratres ; in-f° sans date. L'épître dédicatoire à J. Jac. Fugger, placée en tête du vol., porte Tiguri scripta VI cal. Maii, an. M. D.. LVI.- B. Élien, etc:, publié par Hercher, édit. A. F.-Didot.
2° Édit. Particulières.
A. Histoires variées.
Kl. AÞlianoè sofistoè PoikÛlhw „IstorÛaw biblÛa ID'. Cl. Aeliani sophistæ Variæ Historiæ libri XIV, cum notis Johannis Schefferi, interpretatione Justi Vulteii, varus item lectionibus trium MSCtorum Codicum e Regia Parisiensi Bibliotheca, notis posthumis Joh. Schefferi, Fragmentis Aeliani, copiosiori Indice Graeco et Latino, Annotationibusque Joachim Kühnii,- editio postrema, curante Joh. Henrico Loderlino. - Argentorati, sumptibus Job. Rheinholdi Dulsseckeri. Anno M DCC XIII; in-8°.
KlaudÛou AÞlianoè PoikÛlh „IstorÛa, „HrakleÛdou ktl. tŒ svzÅmena... ƒEn LicÛ& ¤k toè tupografeÛou Kar. toè TauxnizÛou
. 1819, in-18.
B. Nature des animaux. Aeliani De Natura Animalium Libri septemdecim: Verba ad fidem librorum manuscriptorum constituit et annotationibus illustravit Fridericus Iacobs... Ienae,impensis Friderici Frommanni, bibliopolae et typographi. Anno M DCCC XXXII. 2 vol. in-8°. - Mss. collationnés par Jacobs : Cod. Augustanus, nunc regius Monacensis a,- Venetus V, olim Fuggerianus, nunc reg. Monac. m, - Mediceus, Bibl. Laurent., Plut. LXXXVI, . Cod. VII, M, - alter Mediceus, Medic., - Excerpta ex Aeliano Biblioth. Ambros; Mediolan. A, - Cod. Parisinus, Bibi..regiae, 1694, b, -Parisinus alter, Bibl. reg., 16951 c, - Vaticanus, 997, Vat. et V.

ÉLIEN.

HISTOIRE VARIÉE (88).

Livre II.

XXXI (0). Personne ne s'est fait des dieux une idée comme celle qu'en ont eue Evhémère de Messène, Diogénès de Phrygie, Diagoras, Sosias ou Épicure, non personne, ni Indien, ni Celte, ni Egyptien. Ceux des barbares que nous venons de citer disent qu'il y a des dieux, que ces dieux veillent sur nous et qu'ils nous font d'avance connaître l'avenir par des signes que nous offrent les oiseaux, certaines rencontres, les entrailles [des victimes], et par d'autres moyens qui s'apprennent et qui s'enseignent ; et que cet enseignement est venu aux hommes de la providence divine qui veille sur eux. Ils disent encore que bien des présages nous sont donnés par les songes et par les astres eux-mêmes : ils ont sur tout cela une foi constante ; de là la pureté de leurs sacrifices, la piété qui les garde de toute souillure, leur exactitude à accomplir les cérémonies, à observer la loi des orgies et les autres pratiques [de la religion] ; aussi s'accorde-t-on à reconnaître leur constance dans le culte et les honneurs qu'ils rendent aux dieux.

XXXVII. Loi des Romains et de quelques autres peuples en vertu desquelles l'usage du vin n'était permis ni à toute sorte dé personnes, ni à tout âge :Voici encore une loi des Massaliôtes : La femme ne doit pas connaître le vin ; à tout âge la femme boit de l'eau. 

Livre XII.

XXII. Hardiesse des Celtes.

De tous les hommes il n'en est pas que je sache qui aiment le danger comme les Celtes. Ils prennent pour sujets de leurs chants ceux d'entre eux qui ont trouvé dans la guerre une belle mort. Aux combats, ils ont une couronne sur la tête (89) ; bien plus, ils érigent des trophées, tout à la fois pour se glorifier de leurs hauts faits et pour laisser des monuments de leur vertu, tout comme les Hellènes. Ils voient dans la fuite une telle honte que, si leurs maisons s'écroulent et tombent, souvent ils ne se sauvent pas ; de même quand elles brûlent et que le feu de toutes parts les entoure. Plusieurs, quand la mer inonde ses rivages, tiennent bon devant elle. On en voit qui, saisissant leurs armes, se jettent dans les flots et en reçoivent le choc en brandissant leurs épées nues et leurs lances, comme s'ils pouvaient leur faire peur ou les blesser.

DU MÊME.

DE LA NATURE DES ANIMAUX.

Livre V.

XXXVIII (0). J'entends Charmide le Massaliôte dire que le rossignol, s'il est amoureux de la musique, est aussi amoureux de la gloire : dans les déserts, lorsqu'il chante pour lui-même, son chant est simple et sans apprêt; mais quand il a été pris et qu'il ne manque pas d'auditeurs, les ondulations en sont plus variées, la mélodie s'épanouit en roulades...

Livre VI.

XLIV... Le cheval d'Antiochos vengea son maître et tua le Galate qui l'avait égorgé dans le combat. Le nom de ce Galate était Centoarates ; je n'en dis rien de plus (90).

Livre XII.

XXXIII. Pour garder, les chiens sont moins utiles que les oies : les Romains l'ont bien vu. Les Celtes leur faisaient la guerre et avec une, extrême vigueur ; ils les avaient repoussés et ils étaient déjà dans la ville ; oui, Rome avait été prise par eux à l'exception de la colline du Capitole, qui ne leur était pas d'un accès facile. Les points qui semblaient de nature à laisser passer les assaillants grâce à quelque artifice, ces points-là avaient été fortifiés. C'était le temps où Marcus Mallius, consul, gardait la colline susdite qui lui avait été confiée ; ce Mallius avait mis une couronne sur la tête de son fils qui s'était distingué par sa valeur, puis, parce que ce jeune homme avait quitté son poste, il l'avait envoyé à la mort. Or, quand les Celtes eurent reconnu que de toutes parts la colline leur était inaccessible, ils décidèrent de se tenir en embuscade au moment de la nuit où l'on ne voit rien, pour assaillir ensuite l'ennemi profondément endormi ; ils espéraient trouver un facile accès d'un côté qui n'était pas gardé et où tout était tranquille, les Romains croyant que les Galates ne les attaqueraient point par là. Et cependant c'est par là même qu'aurait été prise, et sans la moindre gloire, la haute demeure de Zeus, si des oies ne s'y fussent trouvées. Car les chiens, à qui l'on jeta de la nourriture (91), restèrent muets ; c'est au contraire, le propre des oies de crier quand on leur jette à manger et de ne pas rester immobiles. Ainsi elles réveillèrent par leurs clameurs Mallius et la garde postée près de là.

Livre XIII.

XVI J'entends dire que les Celtes, les Massaliôtes et toute la [population] ligystique chassent les thons avec des crocs : ces crocs seraient de fer, très grands et très gros.... 

Livre XV.

XIX. J'entends dire que les Celtes donnent à leurs boeufs et à leurs chevaux des poissons à manger. On dit aussi qu'en ces contrées les chevaux, fuyant les exhalaisons qui viennent de l'homme, se portent vers les régions plus méridionales de l'Europe, surtout quand soufflent les vents du sud...

Livre XVII.

XIX. Voici, au dire d'Eudoxe, une coutume des Galates orientaux ; si on la trouve croyable, qu'on y croie, sinon qu'on n'y fasse pas attention. Quand des nuées de sauterelles, envahissant leur pays, endommagent les récoltes, ces Galates font certaines prières et accomplissent certaines cérémonies sacrées qui, parfois, ont la vertu d'appeler les oiseaux. Ces oiseaux obéissent, ils arrivent tous ensemble, en foule, et anéantissent les sauterelles. Un Galate vient-il à en prendre un, les lois du pays lui infligent un châtiment, la mort. S'il obtient son pardon et qu'on le renvoie, il met les oiseaux en colère, lesquels, pour punir le coupable, ne veulent plus obéir si de nouveau on les appelle.

PORPHYRE DE TYR. - DEXIPPE D'ATHÈNES. - EUSÉBIOS.

Pour ces trois auteurs, v. la note sur les textes de chacun d'eux, in fr., pp. 408, 410, 412.

PORPHYRE DE TYR (92).

CHRONIQUES (93)

Fragm., III, 6 (0). Celui-ci (Ptolémos Céraunos) était fils de Lagos et d'Eurydicè, fille d'Antipatros ; ayant tué Séleucos, son bienfaiteur, qui l'avait reçu quand il était exilé, il fut tué lui-même après un an et cinq mois [de règne] ; dans une guerre contre les Galates (Gaulois), il fut taillé en pièces avec son armée et ses éléphants. 7 (0). En ces temps-là, les Galates (Gaulois) s'étaient jetés sur la Macédonie et la pillaient ; ce pays se trouva sans gouvernement...

Fragm., IV, 6 (0). Antipatros était neveu de Casandros et fils de Philippe (94) ; après un règne de quarante-cinq jours, il fut chassé par un simple citoyen; Sosthénès, comme incapable, au moment où le Galate (Gaulois) Brennos envahissait le pays, de conduire une si grande guerre... Sosthénès, ayant chassé Brennos, mourut après être resté . deux ans entiers à la tête des affaires.

DEXIPPE D'ATHÈNES (95).

LES SCYTHIQUES.

... Votre population (96) n'a ni force physique ni force morale. Elle est enfermée entre le Rhodan et nos frontières ; pressée par la disette et par toutes les misères, elle a déjà, elle aura encore bien à souffrir. Ce qui domine chez les Romains, c'est l'ordre dans l'action et l'art ; c'est par là qu'ils vainquirent les Galates (Gaulois). 

EUSÉBIOS (97).

Lire IX.

Ceci, ce n'est pas aux Macédones eux-mêmes que je l'ai ouï dire ; c'est dans un autre siège qu'a été trouvé l'artifice qu'on pouvait opposer à ces traits incendiaires (98). Les Celtes assiégeaient une ville dite des Tyrrhènes (99). Cette ville appartient à une contrée de la Galatie - de celles qui sont situées à l'Occident, - et à la nation Lugdonosie. C'était le temps - il y avait dix ans qu'on était occupé à ce siège - où la Galatie entière et les nations voisines n'obéissaient pas à l'empire romain, mais s'en étaient séparées et faisaient cause commune avec les insurgés. Alors les Celtes d'outre-Rhin (100) étant venus en armes, une partie d'entre eux se détacha du reste et vint assiéger la ville susdite... Beaucoup de leurs machines ayant été brûlées, on recourut à un artifice : derrière les machines, on creusa des réservoirs et on les remplit d'eau ; ensuite on fit des conduits couverts en plomb pour recevoir et [transmettre l'eau...

EUNAPE.

BIOGRAPHIE

1° Vies des Philosophes.

A. EUNAIPIOU toè Sardianoè bÛoi filosñfvn kaÜ sofistÇn. E bililiotheca Ioann. Sambuci Pannonii Tirnauiensis. Antuerpiae, Ex offcina Christophori Plantini, M. D. LXVIII, in-8°.
B... Eunapii vite sophistarum, iterum edidit, Jo. Fr. Boissonnade (à la suite des Philostrates et du Callistrate), Bibi. gr. d'A. Firmin-Didot. Paris, M DCCC LXXVIII. 
2° Pour l'Histoire; suite de celle de Dexippe.
A. Extraits des Ambassades,
…Eklogai perÜ presbeiÇn, Excerpta de Legationibus, ex Dexippo Atheniense (sic), Eunapio Sardiano, etc., dans la grande édition du Corpus Byzantine historiae (v. ci-après Olympiodore, Menandre, Théophylacte). Parisis, e typogra phia regia, t. I, in-f).
B. Eunapius Sardianus, dans les Fragmenta historicorum graecorum de Carl Müller, t. IV, p. 7.-56. - Bibi. grecq: de Firmin-Didot.

EUNAPIOS DE SARDES (101).

VIES DES PHILOSOPHES ET DES SOPHISTES.

Maxime

(0). Caesar (Julien), envoyé en Galatie (Gaule), non pas seulement pour régner dans ce pays, mais pour y périr dans sa royauté (102), en sortit contre toute attente, grâce à la protection des dieux, tout le monde ignorant qu'il servait les dieux ; partout vainqueur parce qu'il servait les dieux, il passa le Rhin, conquit et asservit tous les peuples barbares qui sont au delà duce fleuve.

Prohaerésios.

(0). Il se trouvait que peu de temps auparavant Proharesios avait été appelé dans les Gallies par le prince régnant Constant, et qu'il s'était emparé [de l'esprit] de ce prince tant et si bien qu'il était admis à sa table, avec les personnages les plus considérables, tout ce qu'alors y avait là d'hommes [distingués] ne parvenaient pas à élever leurs regards à la hauteur de ses discours, à pénétrer avec leur admiration dans les secrètes profondeurs de son esprit; transportant donc leur étonnement à ce qu'ils voyaient, à ce qui s'offrait à leurs yeux, ils s'abîmaient dans la contemplation de sa beauté et de sa grande taille, comme s'ils eussent, non sans peine, haussé leur vue vers une statue, vers un colosse ; tant il est vrai que tout chez lui était surhumain ! En voyant sa fermeté; c'était, croyaient-ils, un homme insensible, un homme de fer ; avec un mince et vieux manteau, sans chaussures, il trouvait une volupté infinie au milieu des hivers de la Galatie (de la Gaule), et il buvait les eaux presque glacées du Rhin... Ce présent (103), l'éparque de la Cour (104) devait le confirmer ; car cet éparque venait d'arriver de la Galatie (Gaule) ; et, après ces grandes joutes oratoires, il s'approcha d'Anatolios et lui demanda la confirmation de la faveur [qui lui avait été accordée].

Iônicos.

(0). En ce temps-là, un certain Theôn acquit en Galatie (Gaule) une grande renommée.

Chrysanthios.

(0). C'est ce qui arriva (105) à Hellespontios de Galatie (des Gaules), homme d'un génie, supérieur en tout, qui, si Chrysantios n'eût existé, était évidemment au premier rang.

DU MÉME.

CONTINUATION DE L'HISTOIRE DE DEXIPPE.

Nouvelle publication. Livre II, fragment XI.

(0). Ce Charietton, Julianus l'accueillit, en fit son compagnon inséparable ; un autre s'y joignit, et cela fit nombre. Les Pythagoriciens disent que si la monade passe à la dyade, la nature des nombres n'est plus fixe, elle se répand et coule à la pluralité : de même, lorsque Charietton eut pris avec lui Cercion, les actes se multiplièrent, et le nombre des alliés suivit dans la même proportion que les actes.
Charietton était déjà, même avant cette époque, un personnage illustre, d'une fermeté inébranlable ; il effrayait par l'excès de son énergie ; aussi fit-il cesser tous les brigandages (106).
Il y avait dans son corps quelque chose d'un géant, dans son âme quelque chose de la bête féroce. Grâce à la promptitude de son intelligence, il était plus rusé que tous ses compagnons de brigandage.
Fragm. XII. Julianus marchait sur le pays ennemi (107), les Chamaves le supplièrent d'épargner aussi cette contrée (108) comme la leur propre ; il y consentit et invita leur roi à se montrer. Quand ce chef se fut montré et que Julianus le vit debout sur la rive, il monta sur un bateau, et se tenant hors de la portée du trait, il s'entretint, à l'aide d'un interprète, avec les barbares. Ceux-ci se déclarant prêts à tout faire, et lui, trouvant que la paix avec eux avait l'air honorable, que, de plus, il en avait besoin (car, sans le bon vouloir des Chamaves, il est impossible d'envoyer des convois de vivres de l’île Brettanique aux cantonnements des Romains), il fléchit par nécessité, leur accorda la paix, et leur demanda des otages comme garantie de leur foi. Les barbares lui dirent que c'était bien assez des prisonniers qu'il avait faits ; il répondit que la guerre les lui avait donnés, qu'il ne les avait pas reçus en vertu d'un traité ; il réclamait à présent les plus nobles d'entre eux, [prétention naturelle], si, de leur part, cette paix était exempte d'artifice. Alors les barbares le supplient, le conjurent de désigner ceux qu'il veut, et lui, reprenant la paroles il leur demande par feinte le fils de leur roi qu'il avait parmi les prisonniers, comme s'il ne l'avait pas. Et le roi et les barbares se prosternent, se couchent, avec force cris et lamentations, ils le prient de ne leur ordonner rien d'impossible ; or, il leur était impossible de ressusciter les morts et de lui donner pour otages ceux qui n'étaient plus. Puis, le silence se fit, le roi des barbares s'écriant autant qu'il pouvait : « Plût aux dieux, dit-il, qu'il vécût, cet enfant ! ô César, je te le donnerais en otage, et il trouverait chez toi, dans la servitude, plus de bonheur que chez moi, dans la royauté. Mais il est mort par toi, et peut-être sans avoir eu l'avantage d'être connu. Car, bien jeune encore, il a livré sa personne aux hasards de la guerre, et tu le crois seul un digne garant de la paix. Et à-présent tu le réclames, ô roi, comme s'il vivait encore, et moi, je me prends à gémir en voyant quel fils je n'ai plus. Je pleure sur mon unique enfant, et, en même temps que cet enfant, j'ai perdu la paix publique. Si tu crois à mes malheurs, j'aurai dans ma souffrance cette consolation, d'avoir été malheureux pour tous ; si tu n'y crois pas, on verra en moi tout ensemble un père et un roi bien malheureux. Car à la suite de mes maux ne viendra pas la compassion d'autrui, qui pourtant est due à tous dans une pareille situation, mais il s'y joindra les calamités publiques. Loin d'écarter des autres les malheurs, je les forcerai de partager mes misères; ne devant à ma puissance royale que le triste privilège de ne pouvoir être seul malheureux. » En entendant ces mots, le roi (l'empereur) fut ému jusqu'au fond de l'âme; et l'émotion lui arracha des larmes. De même que, dans les drames, quand les circonstances du fait se compliquent au point qu'on n'y voit pas d'issue et qu'on ne sait quel en sera le dénouement, un dieu qu'on évoque sort d'une machine et vient au beau milieu de l'action ; grâce à lui, tout s'achève, tout prend, une tournure plus claire et bien déterminée ; ainsi, dans cette situation difficile et sans issue, au milieu des gémissements de tout ce monde qui demandait la paix, et protestait n'avoir pas entre les mains celui qu'on réclamait comme otage, Julianus fit amener le jeune prince, le montra à tous les yeux royalement traité par lui, et, l'invitant à s'entretenir avec son père tout à son aise, il attendit ce qui allait arriver. La fin fut digne du commencement. Le soleil ne produisit jamais un jour aussi beau que celui que les témoins de cette scène purent voir et raconter. Plus de trouble, plus de gémissements ils étaient frappés d'étonnement, enchaînés la stupeur, immobiles et cloués à leur place, comme si Julianus leur eût montré non pas le jeune prince, mais son spectre. Le roi (l'empereur), quand il se fut fait un silence plus complet que dans tous les mystères, parlant d'une voix grave au milieu de l'assemblée : « Oui, dit-il, cet enfant, comme vous le croyez vous-mêmes, c'est votre guerre qui l'a perdu, c'est un dieu peut-être et l'humanité des Romains qui l'ont sauvé. Je le garderai comme otage, non que je l'aie reçu de vous par un traité, mais de la guerre, et ma victoire me suffit. Rien ne lui manquera des plus grands honneurs, tant qu'il sera avec moi ; mais vous, si vous tentez de transgresser nos conventions, vous perdrez tout. Je ne dis pas que je punirai l'otage que je n'ai pas reçu de vous comme un gage de la paix, mais qui est entre mes mains comme une preuve de ma générosité envers vous. C'est d'ailleurs chose inique, haïe des dieux, que de mordre et de déchirer celui qui n'a commis aucun crime, à la place des auteurs d'un crime, comme font les bêtes féroces de ceux qu'elles rencontrent, quand elles sont poursuivies mais [je dis] que c'est vous qui mettrez la main à une oeuvre injuste, et il n'y a rien de plus funeste pour les hommes, même quand ils paraîtraient avoir un court succès dans le présent ; en second lieu [j'ajoute] que vous aurez affaire aux Romains et à moi qui leur commande, à moi que vous n'avez vaincu ni quand vous m'avez fait la guerre, ni quand vous m'avez demandé la paix. » A ces mots, ils se prosternèrent tous, et ils le bénissaient, croyant, d'après ces paroles, voir en lui un dieu. Le traité fut donc conclu ; Julianus demanda seulement [comme otage] la mère de Nébisgast, et les barbares, d'accord avec lui, la lui livrèrent. Il partit alors, l'automne tirant à sa fin et l'hiver arrivant déjà avec ses frimas (109).
Fragm. XIII (0). Un certain Badomarios avait, par sa puissance et son audace, le premier rang chez les Germains (110) ; il en était enfumé d'orgueil, au point qu'ayant donné son fils en otage jusqu'à la restitution des prisonniers qu'il avait enlevés dans ses incursions, il réclamait son otage avant d'avoir fait cette restitution, faisant force menaces, en cas de refus. Julianus le lui renvoya, ajoutant seulement qu'un tout jeune homme en otage entre ses mains n'était pas un gage suffisant pour un grand nombre de personnages plus nobles que lui. Il convenait donc ou qu'il rendît ses prisonniers, qui étaient plus de trois mille, aux ambassadeurs qui lui seraient envoyés, et cela dès leur arrivée, ou qu'il sût, bien qu'il faisait une injustice. Voilà ce que Julianus lui écrivit, et il lui envoya une ambassade qu'il suivit de près, allant de chez les Némètes vers le Rhin : il était déjà dans-le pays des Rauraques, où il y avait un camp (111).

(01) Le tome 1 est de 1738, et non de 1728, comme nous l'a fait dire, dans la Préface de notre 1er volume, une faute d'impression que nous prions nos lecteurs de corriger. Nous leur demandons aussi, avec leur indulgence, le même soin pour trois grosses fautes qui ont échappé à notre attention dans le présent volume: P. 137, 1. 17, lisez quatre au lieu de quarante; p. 148, au lieu d’ƒEkklEsistik°w (cette erreur a passé dans le titre courant, pp. 148-160), écrivez ƒEkklHsistik°w ; enfin, p. 272, dernière, ligne du texte, il faut lire ƒArkadÛou V., à la fin du volume, les Additions et Corrections.
(02)
Ce complément nous avait été recommandé par plusieurs membres éminents de la Société de l'Histoire de France, et notre regretté maître, M. Egger, le jugeait indispensable. Nous ne pouvons écrire ici son nom sans nous rappeler avec une vive émotion quel intérêt il prenait à notre travail, avec quelle attention il le suivait, non seulement en qualité de «commissaire responsable » de la Société, mais comme savant, comme helléniste, et, le dirai-je? par affection pour l'auteur qu'il honorait depuis plus de trente ans de son amitié. - Qu'il me soit permis de remercier dès à présent l'homme de savoir et de goût, l'érudit élégant et sûr, M. de Queux de Saint-Hilaire, qui a bien voulu accepter, la tache de représenter là Société dans la publication de ces Documents grecs de notre histoire nationale.
(03
Virg., Énéid., III, 447.
(04
Il demeure entendu que, cette Bibliographie ne comprend que les éditions dont nous nous sommes servi.
(05)
Jean Xiphilin, de Trébizonde, XIe siècle, moine grec, qui vécut à Constantinople sous l'empereur Michel Ducas.
(06)
Nous marquons d'un 0 les passages omis dans l'édit. de D. Bouquet. - An de Rome 814, de J.-C. 61.
(07
Camulodunum (Colchester?) et Verulamium. Cf. Tacit., Ann., XIV, 31 et ss.
(08)
Il s'agit de la curie et du théâtre de Camulodunum. - Tous ces prodiges sont rapportés par Tacite.
(09)  
10.000.000 ; environ 9.000.000 fr..- Suilius, Tacite, XIV, 42, reproche à Sénèque « d'épuiser par des prêts usuraires l'Italie et les provinces. » - V. sur les causes de cette guerre Tacite, ibid., 31.
(10)
Comp, (dans notre t. IV, p. 16-17) Appien, IV, 5.
(11 Comp. Dion, XXXIX, 50, dans notre t. IV, p. 290-291.
(12)
Ce lièvre « qui se met à courir, tremblant et effrayé, était sans doute aussi poursuivi par des chiens bretons. - » Boissec d'après Reimarus.
(13)
Tacite, Ann., XIV, 37, dit qu'elle s'empoisonna : « Boudicca vitam veneno finivit. »
(14)
V. pour la suite des événements dont la Bretagne fut le théâtre, Tacit., ib., 37-39 ; Agricol., 16 et ss.
(15)
L'incendie de Rome sous Néron.
(16
An de J.-C. 68, de Rome 821.
(17)
 Suéton., Nero, XL : ... Initium facientibus Gallis, duce Julio Vindice, qui tum eam provinciam pro prætore obtinebat....

(18
V. ci-après, Extr. de Phitostrate, Vie. d'Apollon., V, 10, le sommaire du discours de Vindex.
(19
2,500,000 drachmes = 2,250,000 francs.
(20
Besançon.
(21
Sur la révolte de Vindex, comp. dans notre t. III, p. 274 et ss., Plutarque, Galba, IV-VI. - V. surtout Tacite, Hist., 1, 8 et 51. Il donne à entendre que Vindex fut taillé en pièces avec toute son armée : caeso cum omnibus copiis Julio Vindice...
(22)
Naples. - Suéton., ibid., 40 : Neapoli de motu Galliarum cognovit die ipso quo matrem occiderat....
(23)
  Dion suit encore Suétone (ibid.) : adeoque lente ac secure tulit, ut gaudentis etiam suspicionem praeberet, tanquam occasione nata spoliandarum jure belli opulentissimarum provinciarum.
(24
Sur le passage de Vitellius à Lugdunum (Lyon), comp. Tacite, Hist., II, 59.
(25)
Allusion au mot fameux rappelé par Suétone, Vitell., X Optima olere occisum hostem, et melius civem. - Comp. Tacite, Hist., II, 70.    
(26)  
An de Rome 822, de J.-C. 69.   
(27)
Au temps de la mort de Néron, elle avait été transportée de Syrie en Moesie. Suéton., Vesp., VI.    
(28)
Forme exacte : Céréalis.   
(29)
Un Germain. Tacite, Hist., III, LXXXV : Obvius e Germanicis militibus Vitellium infesto ictu, per iram vel quo maturius ludibriis eximeret...   
(30 An de Rome 823, après J.C. 70.
(31)
V. dans notre t. III, p. 348-358, le récit de Plutarque et la note de la page 349.
(32)
An de Rome 832, de J.-C. 79.
(33
Tacite, Hist., IV, 67, l'appelle Epponina ou Eponina; Plutarque, 1. c., Empouè.
(34
V. plus haut t. IV, p. 292, et la note 3.
(35
An de Rome 832, de J.-C. 79.
(36)
Il ne faut pas oublier que sous le nom de Celtique Dion désigne une partie plus ou moins étendue de la Germanie.
(37)
Sur le sophiste gaulois Favorinos; v., ci-après Philostr., Apollon., V, 4, Sophist., 1, 8, et pass.; dans notre t. VI, les Extr. de Lucien.
(38)
An de Rome 872, de J.-C. 119.
(39)
Marc-Aurèle. - An de Rome 925, de J.-C. 172. 
(40)
Les pays hauts, c'est-à-dire les pays au nord du Rhin; cf. Hérodote, 1, 142,tŒ nv t°w ƒIvnÛhw xvrÛa; « les contrées au nord de l'Ionie,» et même livre, 72, =¡vn nv pròw bor¡hn nemon (õ †Aluw potamñw).
(41)
An de Rome 927, de J-C. 174.
(42
An de Rome.950, de J.-C. 197.
(43)
La chlamyde, manteau grec, particulièrement en usage à la guerre, désigne ici sans aucun doute le paludamentum romain.   
(44
An de Rome 961, après J.-C. 208.
(45)
 
On trouvera plus loin, p. 62-63, dans Hérodien, quelques détails de plus sur les moeurs des Bretons.
(46)
La répétition aÞpçn öleyron, « la mort qui le presse, » n'est pas dans Homère.
(47
An de R. 963, de J.-C. 210. 
(48)
 
An de R. 964, de J-C. 211.
(49
Dans la Vindélicie (Wurtemberg et Bavière occidentale), branche des Alamans (?).
(50)
C'est la lacerna des Romains. - Spartien, Ant. Caracall., IX : Ipse Caracalli nomen accepit a vestimento quod populo dederat, demisso usque ad talos, quod ante non fuerat, unde hodieque Antonianae dicuntur caracallae hujusmodi, in usu maxime Romance plebis frequentatae.
(51)
   An de R. 970, de J.-C. 217.
(52
(52) Né vers l'an de R. 923, de J.-C.-170, mort vers l'an de R. 993, de J.-C. 240. L'ouvrage d'Hérodien est divisé en huit livres et comprend une période de soixante-dix-huit ans,(180-238. apr. J.-C.), de-la mort de Marc-Aurèle à l'avènement de Gordien le Jeune.
(53)
An de R. 941, de J.-C. 188. 
(54
An de R. 947, de J.-C. 194.
(55)
Indications bien vagues, fausses même ; comment les soldats de Niger, battus à Cyzique, peuvent-ils suivre les montagnes de l'Arménie pour se réfugier dans les lignes du Taurus? Que signifie ici le mot Asie? Le texte est vraisemblablement altéré.
(56
An de R. 950, de J.-C. 197, 19 février. - Aurel. Vict., Caesar, XX, « Lugduni ; » De vita et morib imp. rom., XX, « apud Lugdunum ; » Eutrop., Hist. rom., VIII, 18, « apud Lugdunum. » Paean., trad. grecq., « ¤n LugdÅnÄ »
(57)  Comp. pl. haut,. p. 38-39, Dion, liv. LXXV, 6; v. aussi Spartien, Sévère, X, et Capitol., Albin., IX.
(58
PaivnÛzein = chanter ou crier victoire.
(59) Comparez plus haut Dion-Xiphilin, LXXVI, 11, p. 40-41.
(60) Litt. : « sous l'Ourse. »
(61) An de R. 961, de J.-C. 208.
(62
De l'empereur, toè basil¡vw ; à mesure qu'on s'éloigne des temps de la république, l'habitude prévaut de plus en plus chez les Grecs - d'Orient surtout - de désigner par le nom de rois les empereurs romains.
(63) Comp. Solin, XXII, 20 : Jam Inde a pueris variae animalium effigies incorporantur, inscriptisque visceribus hominis incremento pigmenti notae crescunt...
(64
Comp. Dion-Xiphilin, LXXVI, 12.
(65
Ils était à Antioche. - An de R. 982, de J.-C. 229.
(66) «  Avec batteaux attachez l'un à l'autre, bien foncez et avérez au fonds de l'eaue, fait le comte de Ligny ponter icelle rivière, qui estoit moult large et profonde. » Jean d'Auton, Annales de Louis XII, p. 43, cité par Lacurne.
(67
es Maurusii sont les mêmes que les Maures, habitants de la Mauritanie en Afrique, vis-à-vis de l'Espagne. C'était le nom que leur donnaient les Grecs; les Romains les appelaient Mauri, de leur nom national., Strabon, XVI, III, 2.- Comp. plus bas; VII, II, 1.
(68) An de Rome 988, de J.-C. 235.
(69) L'extermination de ceux qu'il regardait comme des rivaux ou des ennemis, Magnus, Quartinus, etc. - An de Rome 989, de J.-C. 236.
(70) Comp. plus haut, VI, VII, 8, p. 70-71.
(71) Comp. supr., Hérodien, VII, ibidem.
(72) Hérodien répète presque textuellement ce qu'il a dit de la manière de combattre de jaculatores maures ; v. supr. ibid.
(73) Nous avons traduit sans tenir compte de la lacune qu'on suppose y avoir dans le texte. Le seul changement que nous y voudrions introduire serait de substituer
tÇn à kaÜ devant „RvmaÛvn. Les soldats de Maximin allant réprimer la révolte de Rome et de l'Italie. - An de Rome 991, de J.C. 238.
(74) Diogène de Laerte, en Cilicie, sous Septime-Sévère et Caracalla. Son ouvrage est divisé en dix livres. Sur la valeur de cette compilation dénuée de critique, v. la thèse de M. Victor Egger. intitulée Disputationis de Fontibus Diogenis Laertii particula de successionibus philosophorum, 1881, et notamnient ch. VIII, VI.
(75) Le Magique,
Magikñw, attribué par Diogène Laerce ici et dans un autre endroit (I, 6 et ss.) à Aristote, est inconnu d'ailleurs. Il est peu vraisemblable qu'il soit du philosophe de Stagire. Diogène Laerce lui-même ne lui a pas donné place dans le catalogue des oeuvres du maître. Ce qui a pu causer l'erreur, c'est qu'Aristote paraît s'être occupé, comme on le fit, du reste, assez souvent après Alexandre, de la magie (doctrine des Nages) et des questions qui s'y rattachent. - D. Bouquet donne cet extrait et le suivant dans une note sur le passage d'Étienne de Byzance que nous rappelons ci-contre.
(76) Flavius Philostratos de Lemnos florissait sous l'empire de Septime-Sévère. - Ses ouvrages : Apollonios de Tyane, en huit livres; Vies des sophistes, deux livres; l'Héroïque, un livre.; Lettres ; les Tableaux, deux livres.
(77) Cf. Plat., Phaed., op., p. 111.
(78) Gadès.
(79) Comp. supr., p. 14 et ss., Dion-Xiphilin, LXIII, 22, l'éloge que fait Dion du généreux révolté de la Gaule, et le discours qu'il met dans sa bouche. Le trait relatif à Agrippine ne s'y trouve pas.
(80) Evidemment l'auteur ne désigne pas par ces mots la Gaule romaine, la Province surtout, mais l'occident des pays celtiques, les bords de l'Océan, au delà du Rhin peut-être. V. dans notre t. 1V, p. 237, la note sur le ch. XLVII du livre XXXlX de Dion. V. aussi le passage suivant de Philostrate.
(81) Ce passage semble prouver que, pour Philostrate comme en général pour les écrivains de son temps, les Celtes, différents des Galates (Gaulois), habitaient le nord-ouest de la Gaule. - Cf. Diog. Laerce, supr., p. 82-83.
(82) Comp. dans le volume suivant Lucien, Démonax, 12, 13, l'Eunuque, 7.

(83) V. supr., VIII, 1. - Polémon avait été le disciple de Timocratès et de Favorinus.

(84) 1 pied grec = 0,308, 8 pieds = 2,46. - Sur la haute taille des Gaulois ou Celtes, comparez Strabon, IV, IV, 2, dans notre t. 1, p. 132-133; Diodore, V, XXVIII, dans notre t. II, p. 380-381, Timagène, ibid., p. 348-349, Denys d'Halicarn., XIV, IX, ibid., p. 484-485, 490-491. - Caesar, G. G., II, 30 ; Script. libri de Bell. Afric., 40, etc.

(85)
Alexandre dit Peloplaton (Phlopl‹tvn) était de Séleucie en Cilicie.
(86
Il était arabe, ainsi qu'on le voit un peu plus bas, dans ce même passage de Philostrate. Olearius croit que ce fait se rapporte à l'année 213 apr. J.-C. et que l'empereur était Caracalla.
87
) On ne saurait décrire avec plus de brièveté et d'exactitude le travail de l'émailleur. - Ce passage a été rapproché à tort de celui que nous avons extrait de la vie de Polémon, Soph., 1, 25, 4, supr., p. 94-95.
(88)
Cl. Élien ou mieux Aelian, de Préneste, en Italie, sous Adrien. - Histoire variée, XIV livres; De la Nature des animaux, XVII livres. D. Bouquet l'a placé parmi les écrivains de genres divers.
(89)
Comme dans les festins.
(90
(90) Comp. Phylarque : Phylarchus refert Centaretum e Galatis, in proelio occiso Antiocho, potitum equo ejus conscendisse ovantem. At ilium indignatione accensum, domitis frenis ne regi posset, praecipitem in abrupta isse, exanimatumque una.
(91
Ce détail, je crois, ne se trouve pas ailleurs : il n'est pas invraisemblable, mais on peut y voir une hypothèse de l'auteur, qui aura trouvé tout naturel d'introduire cette circonstance dans son récit.
(92)  On croit que ce Porphyre est le même que le philosophe néoplatonicien (233-304 apr. J.-C.).
(93) On ne sait pas bien quel était le titre de l'ouvrage historique, de Porphyre. Est-ce le même que la
Filñsofow ƒIstrorÛa?
(94
Quel était ce Philippe? On l'ignore.
(95
Publ. Herennius Dexippus florissait sous Valérien, vers 255 apr. J.-C. - Il avait composé divers ouvrages historiques, dont il ne reste que des fragments plus ou moins considérables qui se trouvent dans les Hist gr. Fragm. de C. Müller, collection Didot, t. III.
(96
Discours d'Aurélien aux Juthunges.
(97)
Cet Eusèbe (Eusébios) florissait sous Dioclétien. Il écrivit une Histoire des Empereurs romains depuis Auguste jusqu'à la mort de Carus, 283 apr. J.-C. - V. Evagr., Hist. ecclesiast., V, extr. On n'avait de cet historien qu'un fragment du livre IX, concernant le siège de Thessalonique par les Scythes (?) et publié avec plusieurs autres de divers auteurs, sous le titre de Sièges de différentes villes, par Minoïde Minas qui l'avait rapporté d'Orient. Ce titre est probablement de Minas lui-même : ce qui paraît certain, c'est que ces extraits faisaient partie des Recueils formés par les ordres de Constantin Porphyrogénète. Le fragment trouvé par M. Wescher dans le ms. de Paris fait suite à celui qu'avait découvert Minas, et qui fut publié par Carl. Müller à la suite du Josèphe de la collection Didot, et plus tard dans le 3e.vol. des Historic. gr. Fragmenta de la même collection, p. 728.
(98)  
Il en a été question dans le fragment qui précède, sur le siège de Thessalonique. Voir la description et la figure de ces engins de guerre dans la Poliorcétique des Grecs, p. 262, lig. 7, fig. Cl.
(99
Probablement civitas Turonum, Tours. Ce siège pourrait se rapporter à l'insurrection de Julius Sacrovir, 21 apr.. J.-C., les assiégeants seraient les troupes composées probablement en partie d'auxiliaires gaulois et germains que Visellius Varron envoya de la Germanie inférieure. Tacite, Ann., lll, 41.
(100
Nous avons déjà remarqué plusieurs fois, et notamment sur divers passages de Dion Cassius (v. notre t. IV, p. 287 et la note), que les Celtes occupaient les deux rives du Rhin. Vers la fin du ne siècle, le nom de Celtes ne s'appliquait guère qu'aux populations de la rive droite; ceux de la rive gauche s'appelaient Galls, Galli.
(101
Né vers l'an 347 de J.-C. On ne sait pas exactement la date de sa mort : en 404, âgé de soixante-dix ans, il écrivait l'Histoire intitulée „H metŒ D¡jippon ßstorÛa. xronik®, c'est-à-dire Continuation ou Suite de l'Histoire commencée par Dexippe; elle allait jusqu'au règne des fils de Théodose. Il n'en reste que des fragments. L'autre ouvrage d'Eunape, les Vies des philosophes, nous est arrivé moins mutilé; il comprend vingt-trois biographies plus ou moins détaillées.
(102
Cf. ci-après Zosime, III, 2, .4, et dans notre tome VI, Julien lui-même, Lettre aux Athéniens.
(103)
Le don que l'empereur avait fait à Prohærésios d'un certain nombre d'îles pour être tributaires d'Athènes.
(104
Le préfet du prétoire.
(105
De s'effacer, comme beaucoup d'autres, devant le génie de Chrysanthios.
(106)
Cf. ci-après Zosime, ibid. - H. de Valois, Notes sur Ammien,. XVII, 10, 5, attribue ce fragment à Eunape. V. Eunape, éd. Boissonade, fr. 7, Niebuhr, p. 106.
(107)
Après J.- C. 358.
(108)
Celle des Francs-Saliens ; v. ci-après Zosime, ibid.
(109)
Comp. Amm. Marcellin, XVII, 8, et Julien, Lettre aux Athéniens, p. 280, A. 
(110)
Le fait ici raconté paraît se rapporter à l'année 358 ou 359 de J.-C.
(111
Badomare ou Suomare se soumit, provisoirement du moins, et pour laisser passer l'orage. Amm. Marcellin, en constatant cette soumission des rois barbares, remarque qu'ils paraissaient résignés, obsecundabant imperiis ingravate.